RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt - couv 18-02-16 14h42 Page1
32
Marie-Martine Bourtonbourt La vie de Marie-Martine Rigaux (1660-1732), épouse de Philippe Bourtonbourt, fut tout entière orientée vers Dieu et le prochain, dans une charité sans limites. Sa foi, enracinée dans son baptême, a fait de cette Namuroise, une femme au cœur universel. Elle fonda par testament, en 1732, à Namur, les Sœurs de la Charité, qui devaient se consacrer aux pauvres et aux malades. Son œuvre, originale par sa fondation et par son charisme trinitaire, n’est autre qu’une réponse à la volonté de Dieu dans un décentrement d’elle-même et dans l’attention aux besoins de son temps. Le présent ouvrage nous aide à découvrir les lignes de force de son intense vie spirituelle. Après s’être implanté en Europe, l’Institut des Sœurs de la Charité de Namur s’étend aujourd’hui aussi dans plusieurs pays d’Afrique et au Brésil. ISBN 978-2-87356-691-3 Prix TTC : 9,95 €
9 782873 566913
Marie-Martine
Bourtonbourt Fondatrice des Sœurs de la Charité de Namur
Marie-Martine Bourtonbourt
Sur la route des saints
Marie-Flore Pessleux
Marie-Flore Pessleux
Sur la route des saints
32
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page2
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page3
Sur la route des saints
32
Marie-Martine
Bourtonbourt Fondatrice des SĹ“urs de la CharitĂŠ de Namur Marie-Flore Pessleux, s.c.d.n.
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page4
Dans la même collection (derniers titres parus) : Lambert Louis Conrardy, no 22 Alberto Hurtado, no 23 Ignace de Loyola, François Xavier, Pierre Favre, no 24 Eustache van Lieshout, no 25 Marie-Eugénie Milleret, no 26 Claude La Colombière, Marguerite-Marie Alacoque, no 27 Joseph Anciaux, no 28 Anne de Jésus, no 29 Mgr Oscar Romero, no 30 Saint Jean Eudes, no 31
Collection dirigée par Hubert Jacobs, s.j.
L’auteur, Marie-Flore Pessleux, née à Lesve (Profondeville) en 1973, a fait profession chez les Sœurs de la Charité de Namur en 2002. Infirmière, elle est engagée dans le travail hospitalier et pastoral auprès des personnes âgées. Elle est également active dans le service des vocations du diocèse, et collabore à la revue Vies consacrées.
© 2016, Éditions jésuites Belgique : 7, rue Blondeau • 5000 Namur France : 14, rue d’Assas • 75006 Paris info@editionsjesuites.com • www.editionsjesuites.com Dépôt légal : D.2016, 4323.11 ISBN : 978-2-87356-691-3 Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Imprimé en Belgique
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page5
Puisque, moi aussi, je l’aime. (Extrait de la prière de la sœur rwandaise Cassilda, s.c.d.n., avant son assassinat le 4 juillet 1994)
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page6
Pour dire « merci » au Seigneur de m’avoir mise sur le chemin de l’Amour ! Pour rendre grâce à toutes les sœurs de la Charité qui m’ont précédée dans la foi, à toutes celles d’aujourd’hui, et à toutes celles à venir. Pour exprimer ma reconnaissance au P. Hubert Jacobs, s.j., pour sa prière et sa relecture attentive.
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page7
Introduction Climat politique à la naissance de Marie-Martine Rigaux, future Mme Bourtonbourt Quel jour de joie et de fête le 12 octobre 1660 ! MarieMartine Rigaux sort du sein maternel et pousse son premier cri. La ville de Namur ne sait pas encore que ce poupon marquera son histoire. Namur est alors le chef-lieu d’un comté intégré géographiquement dans les Pays-Bas espagnols. Une courte trêve permet de respirer, la guerre religieuse et politique a cessé et le traité de Westphalie (Autriche) a été conclu en 1648. La ville pourrait être prospère : les cours d’eau comme la Meuse et la Sambre favorisent le commerce, la terre est riche en cultures, beaucoup de métiers artisanaux sont développés : tanneurs, batteurs de cuir… Parmi eux, un certain Philippe Bourtonbourt, maître-plombier, réputé dans la ville pour son savoir-faire. Après cette accalmie, la population se rend compte que la puissance de la France se renforce. Des conséquences socio-économiques sont encore à venir. Toute son enfance, la petite fille connaîtra les environs de Namur en état de guerre. Cela se prolongea durant quasiment tout le règne de Louis XIV (1661-1715). On peut deviner les retombées sur la vie civile dans la ville. Les cultures saccagées, les soldats envahissant les foyers pour être logés… et nourris avec le 7
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page8
bétail des agriculteurs. Les familles déchirées d’où les jeunes sont enlevés pour contribuer aux travaux de fortification ou pour l’assaut des places fortes. Même si les batailles n’ont pas lieu au centre de Namur, la cité en subit les effets. Les parents de la jeune Marie-Martine auront dû payer la contribution des civils aux efforts de guerre français et être submergés par l’afflux des villageois vers la ville, fuyant les combats ou la misère. Grandir dans ce contexte n’a certainement pas été simple. Dans son cœur, l’Esprit Saint est à l’œuvre. Il fortifie en silence sa foi déjà bien robuste. Tous les événements dramatiques de la ville ne la laissent certainement pas indifférente. Le temps de sa croissance spirituelle et affective est aussi le temps de Dieu, qui prépare le cœur de celle qui va devenir la mère de nombreuses « filles » qui auront une vie mêlée de prière et de service. Elle choisira, avec la grâce de Dieu, de fonder une Congrégation par testament : les « sœurs de la Charité de Namur ».
Les débuts de la vie mêlée Au xviie et au xviiie siècle, les Pays-Bas sont riches en béguinages. En effet, des jeunes filles ou des veuves pieuses se regroupent dans un enclos pour se couper du reste de la région. Elles se distinguent par la demi-clôture, c’est-àdire qu’elles vivent en recluses tout en ayant un apostolat en dehors du béguinage. Quelques caractéristiques les différencient de la vie religieuse : elles n’ont pas de vie communautaire, chacune vit séparée. Aussi, elles subsistent avec leurs propres ressources, de la prébende reçue du béguinage et du surplus de leur commerce. Cette organisation crée parfois de grandes inégalités sociales. Une autre spécificité est qu’elles ne prononcent pas de vœux1. 8
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page9
Au sein du béguinage, peuvent naître des vocations à une vie totalement recluse. Des jeunes filles ou des veuves y voient une plus haute perfection, fascinées par la clôture stricte de la vie érémitique. Mais cette expérience tourna court. Une expérience contraire vit le jour en 1636, avec les filles de sainte Agnès, fondées à Arras par Jeanne Biscot. Elle recueille des enfants miséreux, des orphelins venus de la campagne. Au fil du temps, elle est conduite à fonder une association de charité regroupant des filles zélées et dévorées par l’amour des autres. Ainsi apparut dans nos régions une vie de piété jointe à un service actif du prochain. Les filles de sainte Agnès ne dédaignaient ni la vie contemplative ni la vie active. Pour décrire la vie que menaient ces « filles », M. de Martre, en 1691, trouva l’expression « vie mêlée ». D’ailleurs, comme titre de la biographie de Jeanne Biscot, il choisit La vie mêlée. Ces filles vivaient sans cloître, sans grille et sans vœux de religion. Elles exerçaient leurs activités « dans leur maison sans sortir du monde, au milieu d’une vie séculière et commune. » L’accent était mis sur la pauvreté, bien plus que dans l’idéal des béguines. Jeanne Biscot ne voulait ni bien, ni plaisir, ni honneur. Rester dans le monde imposait une retraite, mépriser les vanités et un temps d’oraison quotidien. La règle de la maison, reproduite par l’historien A. de Cardevacque, stipulait : « Rien ne peut être agréable à Dieu sans obéissance, partant chascune tâchera de faire tout avec congié et allégrement ce qu’il sera commandé. » À la mort de Jeanne Biscot, la fondation était solidement implantée2. La « vie mêlée » reprenait la « vie mixte » louée par saint Thomas d’Aquin et embrassée notamment par les Capucins. 9
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page10
Vivre un temps de prière puis travailler pour le prochain se réclamait d’une interprétation traditionnelle de l’épisode évangélique de Marthe et de Marie. Dans la fondation de Marie-Martine Bourtonbourt, cette expression de « vie mêlée » va être reprise avec toute sa profondeur. La fondatrice va demander à ses filles de vivre continuellement leur vie de charité dans la mystique trinitaire. Elle-même, durant sa vie, a creusé cette spiritualité sans relâche. Les historiens ne s’y sont pas trompés. L’un d’eux écrit : « Les Sœurs de la Charité de Namur visitent les malades pauvres à domicile et se dévouent à d’autres œuvres de miséricorde. Elles unissent la vie contemplative à la vie active3. »
Pourquoi laisser dormir notre foi reçue au baptême ? Marie-Martine Bourtonbourt est un exemple de femme robuste dans sa foi qui a, durant sa vie, laissé grandir ce trésor déposé en son cœur. Pour recevoir la joie de Dieu, elle a cherché à savoir ce qu’Il voulait d’elle. Répondre à Sa volonté nécessitait un cœur disponible. Pour lui plaire, elle lui a donné toujours plus d’espace. Désormais, sa foi au Dieu trinitaire va lui inspirer une fondation hors du commun : « Ses filles » seront « sœurs de la Charité » où la qualité de leur relation et de leur service sera inspirée de la sainte Trinité et de la sainte Famille. Ce projet, mûri dans ses méditations, rejoint celui de Dieu. À la différence que Dieu lui a demandé un détachement énorme : celui de ne connaître ses filles qu’au Ciel. C’est donc par testament qu’elle fondera sa Congrégation.
10
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page11
Jusqu’où sommes-nous capables de nous détacher de notre propre gloire ? Où trouvons-nous la vraie joie ? En nous glorifiant nous-mêmes ou en nous laissant glorifier en Dieu ? Avec Marie-Martine Bourtonbourt, nous apprendrons à « demander à Dieu que sa volonté soit faite et à ne demander que cela4 ».
« Cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! » (Lc 22, 42) Ce verset est la base de la vie de Marie-Martine Bourtonbourt. Une fois le germe de la foi déposé en son cœur le jour de son baptême, elle ne centrera plus sa vie sur ses propres désirs. Son décentrement lui permettra de toujours chercher à faire la volonté de Dieu. Chaque chapitre de notre livre ajoutera un élément pour enrichir notre analyse de ce thème central du décentrement chez Marie-Martine. Nous partirons du quotidien de la future fondatrice : sa vie au foyer, son activité professionnelle et sa vie de baptisée accompagnée spirituellement par un père capucin. En reprenant des éléments clés de sa biographie, nous entrerons dans sa manière de vivre. Son combat spirituel, que nous pouvons qualifier de surnaturel, et sa vie mystique nous amèneront au thème central : le décentrement. Moment de don total de son âme à Dieu pour déjà entrer dans l’éternité, au sein de la Trinité. Sa gloire passe par un décentrement quasi parfait, « une première mort » qui conduira à une naissance : la fondation par testament de la Congrégation. 11
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page12
Nous méditerons à la lumière de la Sainte Famille ce que Marie-Martine Bourtonbourt attend de ses filles. Aussitôt après, la vie « mêlée » de prière et de service nous entraînera vers les derniers chapitres où nous nous apercevrons que Marie Martine Bourtonbourt vit toujours aujourd’hui ! Oui, elle vit à travers chaque geste de charité de ses filles : les chapitres 13 et 14 nous donneront la recette pour ressusciter les cendres de la fondatrice. Le dernier chapitre est un cadeau exceptionnel de deux de « ses filles » aujourd’hui auprès d’elle ! Il est le testament de deux de nos sœurs rwandaises décédées lors des événements tragiques de 1994. Leurs prières, enrichies du témoignage poignant de sœur Marie-Christine, nous aideront à toujours suivre la volonté de Dieu dans notre vie, quoi qu’il arrive. O
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h41 Page13
1
Le bonheur et l’épreuve
«M
arie-Martine Rigaux vient d’épouser Philippe Bourtonbourt ! — Je croyais qu’elle ne se marierait pas, dit Mme Lafontaine. — Il est vrai qu’elle a pris son temps ! Mais son époux sera un homme heureux5 ! »
Encore jeune fille, Marie-Martine ne faisait rien sans avoir prié pour discerner si ce qu’elle projetait était vraiment la volonté de Dieu. A fortiori quand l’objet de sa réflexion fut le mariage. Impatient, son père lui disait : « Mais, ma fille, vous ne faites pas attention que ce jeune homme est un bon marchand, qu’il a une maison bien établie, et que ce serait le meilleur parti que vous pourriez prendre6. » Le prétendant, en effet, était maître plombier, reconnu comme l’artisan le plus habile de la ville de Namur et de la région. En parlant ainsi M. Rigaux reconnaissait également en lui une excellente éducation. Mais à vrai dire il voulait surtout assurer un bon avenir économique pour sa fille ! Marie-Martine n’allait pas si vite en besogne. Elle mena de son côté les plus discrètes enquêtes et reconnut que le tempérament de son futur époux s’harmonisait aisément avec le sien. « Par déférence pour son père et, sans doute aussi, parce que les qualités du prétendant ne la laissaient 13
En lecture partielle‌
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h42 Page109
Table des matières Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1. Le bonheur et l’épreuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 2. Le professionnalisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 3. À la source de l’Amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 4. L’obéissance dans l’accompagnement spirituel. . . . . . . . . 27 5. Plaire à Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 6. Un combat quotidien pour se décentrer d’elle-même . . . . 41 7. L’œuvre novatrice de saint François de Sales . . . . . . . . . . . 47 8. La Très Sainte Trinité, la richesse de son testament . . . . . . 53 9. De la mystique à la pratique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 10. Le don total de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 11. La Charité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 12. La vie mêlée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 13. À la suite de Mme Bourtonbourt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 14. Ressusciter ses cendres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 15. Notre Espérance est en Toi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Notes de l’ouvrage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
O
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h42 Page110
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h42 Page111
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt 18-02-16 14h42 Page112
Achevé d’imprimer le 25 février 2016 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique).
RDS 32 Marie-Martine Bourtonbourt - couv 18-02-16 14h42 Page1
32
Marie-Martine Bourtonbourt La vie de Marie-Martine Rigaux (1660-1732), épouse de Philippe Bourtonbourt, fut tout entière orientée vers Dieu et le prochain, dans une charité sans limites. Sa foi, enracinée dans son baptême, a fait de cette Namuroise, une femme au cœur universel. Elle fonda par testament, en 1732, à Namur, les Sœurs de la Charité, qui devaient se consacrer aux pauvres et aux malades. Son œuvre, originale par sa fondation et par son charisme trinitaire, n’est autre qu’une réponse à la volonté de Dieu dans un décentrement d’elle-même et dans l’attention aux besoins de son temps. Le présent ouvrage nous aide à découvrir les lignes de force de son intense vie spirituelle. Après s’être implanté en Europe, l’Institut des Sœurs de la Charité de Namur s’étend aujourd’hui aussi dans plusieurs pays d’Afrique et au Brésil. ISBN 978-2-87356-691-3 Prix TTC : 9,95 €
9 782873 566913
Marie-Martine
Bourtonbourt Fondatrice des Sœurs de la Charité de Namur
Marie-Martine Bourtonbourt
Sur la route des saints
Marie-Flore Pessleux
Marie-Flore Pessleux
Sur la route des saints
32