Le grand Pierre Favre. 1506-1546

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André Ravier, s.j.

Le grand

PIERRE FAVRE 1506-1546



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Toujours en chemin, dans une Europe en pleine effervescence, Pierre Favre s’adapte facilement et se fait vite des amis. Homme de confiance et conseiller spirituel des grands de ce monde qui participent au grand débat qui agite alors l’Europe et divise l’Église, il est aussi tout à son aise avec les petites gens. Pierre marque par sa bonté, sa douceur, son attention aux personnes. L’admiration de François de Sales pour « le grand Pierre Favre » souligne la proximité spirituelle de ces deux Savoyards. L’un et l’autre ont développé une spiritualité du cœur qui parle bien à l’homme contemporain. Pierre se serait bien reconnu dans François lorsque celui-ci écrivait : « Qui a gagné le cœur de l’homme a gagné tout l’homme. » Ses frères jésuites aimaient souligner combien Pierre Favre était « un bon compagnon ». Cette petite brochure est une invitation à le découvrir et à le choisir comme bon compagnon, et à faire chemin avec lui ! + Yves Boivineau Évêque d’Annecy

! Saint Pierre Favre, l’un des premiers compagnons de saint Ignace, est le patron de la Province jésuite d’Europe occidentale francophone. Ce Savoyard a élargi ses horizons aux dimensions de l’Europe, traversant les frontières et s’engageant dans l’aventure des premiers jésuites, unis malgré leurs différences dans un même désir de servir le Christ. Pierre Favre est aussi l’homme de la conversation spirituelle, celle qui partant de la vie ordinaire conduit au plus essentiel. Voilà pourquoi il est bien de notre époque. En découvrant ce qui fonde son élan, nous voici invités à faire de même : rejoindre tout homme pour parler avec lui du seul trésor qui vaille. François Boëdec, s.j. Provincial d’Europe occidentale francophone


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ui était-il donc, ce « grand » Pierre Favre, pour que saint François de Sales lui décoche cet admirable mot qu’il réservait aux plus grands saints ? Un enfant de la Savoie, que ses parents destinaient à n’être qu’un petit pâtre, puis un « cultivateur » et qui, en fait, fut un « pasteur d’âmes » d’une carrure exceptionnelle : Dieu le dota des dons qui font les grands apôtres et notamment d’un don de sympathie, de relations, de conversations. Il attirait. Tous ceux qui l’ont une fois rencontré sont d’accord : il était « charmant ». « Je ne me connais pas d’ennemi ! » dira-t-il un jour. Aussi, dès que commença à se former un groupe d’« amis dans le Christ », qui deviendrait la Compagnie de Jésus, Pierre Favre joua-t-il un rôle d’unificateur et, à l’occasion, de conciliateur. Ces neuf premiers compagnons d’Ignace de Loyola étaient tous, certes, des cœurs généreux, enflammés de Dieu, mais ils avaient leur caractère et les tensions entre eux n’étaient pas rares. Qui choisiraient-ils pour unifier, arbitrer, réconcilier ? Pierre Favre. — Quand, en 1535, Ignace dut quitter Paris sur l’ordre des médecins, il fallut quelqu’un pour maintenir entre les compagnons l’unité, la fidélité, l’amitié. Qui choisit-il ? Pierre Favre ; il sera pour le groupe « comme un frère aîné ». Ignace l’autorise même à donner à sa place les Exercices spirituels et Pierre s’en tire si bien que trois nouveaux étudiants s’adjoignent au groupe. — Lorsqu’à Rome les Compagnons se réunissent pour savoir s’ils fonderaient un ordre religieux, qui choisissent-ils comme secrétaire de leurs houleux débats ? Pierre Favre. — Et voici plus significatif encore : lorsque, pour le nouvel ordre dûment approuvé, il s’agit d’élire un « préposé général », les suffrages se porteront évidemment sur Ignace, mais 3


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photo © V. Duperthuy 2017

trois des votants, obligés de partir avant l’élection, envisagèrent le cas où Ignace viendrait à décéder : et leurs trois votes se portèrent sur Pierre Favre. Le « charme » de Pierre Favre ! Il est peut-être possible de s’en faire une idée en examinant le portrait — le plus authentique sans soute — qui orne la couverture de cet opuscule. Que lit-on sur ce visage ? La solidité et l’équilibre, la sérénité, une douceur sans mièvrerie et surtout la « bonté » de l’être profond. Et quel regard ! Deux yeux grands ouverts sur le monde et sur l’homme, mais une certaine tristesse les voile, la tristesse de l’apôtre que désole le péché… Joie et tristesse : c’est tout le cœur de Pierre… Suivons-le sur le terrain…

Le site du Villaret (Haute-Savoie).


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1506-1516 Enfance savoyarde « Notre Seigneur me fit entrer dans le monde en 1506, durant les fêtes de Pâques (le lundi 13 avril), avec la grâce d’être baptisé et d’être élevé par de bons parents, catholiques et très pieux. C’étaient des cultivateurs qui avaient assez de biens. » Et Pierre apporte encore cette précision : « Je suis né au village qu’on nomme Le Villaret, au Grand-Bornand [sic, Le Villaret a toujours dépendu de Saint-Jean-de-Sixt], dans le diocèse de Genève, alors tout entier très catholique. » Pierre rédige ces souvenirs en 1542, alors qu’il missionne en Rhénanie. Le Villaret est un village qui dépend de Saint-Jeande-Sixt. Il fait donc partie du duché de Savoie. De ses origines savoyardes, Pierre gardera toujours une légitime fierté ; lorsque, dans le Mémorial, il citera le duc de Savoie, il dira : « Mon duc » ou « Mon prince ». Parlant du Villaret dans l’Introduction à la vie dévote, François de Sales le situe « entre nos plus âpres montagnes ». Voici le décor : à l’ouest, les falaises abruptes d’Entremont ; au sud, la chaîne des Aravis avec ses sommets longtemps crêtés de neige. À l’ouest, par des échancrures de la montagne, quelques échappées dans la direction du lac bleu d’Annecy. « Les plus âpres montagnes » feraient plutôt à cette vallées un collier de roches, forêts, torrents, et c’est de ce magnifique cirque alpin, avec ses prairies et ses jardins, que se formera la première « vision du monde » du petit Pierre. Car, dès qu’il fut grandelet, son père lui confia la garde du troupeau, et le petit berger put contempler 5


En lecture partielle‌


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1872 et 2013 Béatification et canonisation (par Pierre Pluymackers, s.j.)

Pierre Favre a été béatifié par le pape Pie IX en 1872 et canonisé en 2013 par le pape François. Ce n’est que le 17 décembre 2013 que le pape François, jésuite, le jour de son 77e anniversaire, proclame « saint » Pierre Favre, le jésuite haut-savoyard, un des modèles préférés de Jorge Bergoglio. Dans son entretien aux revues jésuites, en juillet 2013, le pape François le décrivait ainsi : « Le dialogue avec tous, même avec les plus lointains et les adversaires de la Compagnie ; la piété simple, une certaine ingénuité peut-être, la disponibilité immédiate, son discernement intérieur attentif, le fait d’être un homme de grandes et fortes décisions, capable en même temps d’être si doux… » Pierre Favre, ami de saint Ignace de Loyola et cofondateur de la Compagnie de Jésus, est aujourd’hui inscrit au catalogue des saints. Il sera désormais honoré par l’Église universelle. Dans le diocèse d’Annecy, la paroisse du bienheureux Pierre Favre des Aravis est devenue la paroisse Saint-Pierre-Favre. Et la nouvelle province jésuite d’Europe occidentale francophone (EOF) regroupant la province de France et la province de Belgique méridionale et du Luxembourg a choisi comme patron saint Pierre Favre.

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Table des matières 1506-1516. Enfance savoyarde ........................................

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1516-1525. L’écolier de Thônes et de La Roche-sur-Foron

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1525-1536. Paris : au collège Sainte-Barbe......................

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1529-1530. La rencontre avec Ignace de Loyola............ 12 L’an de grâces 1534............................................................ 15 1535-1536. Favre remplace Ignace absent ...................... 18 1537-1539. Rome : Faut-il fonder un ordre ? Et lequel ?

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1539-1540. Parme : la première mission pontificale de Favre ................................................................ 23 1540-1541. Aux colloques de Worms et à la Diète de Ratisbonne ...................................................... 28 1541-1542. Découverte de l’Espagne .............................. 31 1542-1543. Mission en Rhénanie .................................... 34 1544-1545. Mission jésuite au Portugal .......................... 36 1545-1546. Mission de « fourrier » en Espagne ............ 39 1546. Dernière mission, dernier voyage ........................ 42 1872 et 2013. Béatification et canonisation .................... 47

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Achevé d’imprimer le 30 juin 2017 sur les presses de l’imprimerie Bietlot (6060 Gilly, Belgique).



Photo : © A.M. Duperthuy 2015

La chapelle Saint-Pierre-Favre du Villaret (Haute-Savoie). En 1600, deux « enfants du Villaret », dont le prêtre Jean Favre, constatant que la ferme des Favre tombe en ruines, décident de bâtir, sur son em placement, une chapelle à la mémoire de Pierre Favre (longueur 6,60 m × largeur 4,60 m × hauteur 6,27 m). À Pâques 1794, des révolutionnaires pillent et ravagent le sanctuaire. En 1823-1826, le curé de Saint-Jean-de-Sixt, J. d’Entremont, relève la chapelle. En 1970, cette chapelle se délabrait : il fallait la restaurer. Au cours de l’année 1982, grâce à une collaboration efficace de la commune de Saint-Jean-deSixt, de la paroisse, des pères jésuites d’Annecy, la chapelle fut restaurée ; l’inauguration eut lieu le 1er août 1982, par une radieuse journée d’été. ISBN 978-2-87356-764-4 Prix TTC : 5,00 €

9 782873 567644

www.editionsjesuites.com


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