Aujourd’hui, j’ai trente-six ans. Mon père est mort du Sida. Je ne connais personne dont le père est mort du Sida. Nous n’avons toujours été que deux avec ça.
L’autre jour, au creux d’un Val d’ici, au cœur de cette drôle de terre que, finalement, j’ai accepté, ou qui m’a adopté, je n’en sais rien, je me suis accroupie sur une pierre. J’ai bien et longuement observé les veines, les liserés, les reliures, les complications. C’est ma mémoire que je détaillais. Ce soir, c’est elle que j’affronte. C’est ma douleur que je regarde et c’est mon père que je quitte.