Traces de plumes

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Barbara Lanthemann

ĂŠditions monographic



A Romaine A Rose-Marie A Manu A l’Amour A l’Amitié A tout ce qui nous rend meilleures Juin 2015





Visite dominicale J’ai fait un beau voyage ce dimanche, je suis tombée en amour avec une voix merveilleuse et ses mélodies renversantes. Une chanson qui passait à la radio lors d’un voyage retour dans la nuit m’avait mis la puce à l’oreille, une autoroute qui n’en finissait pas et là, un ange passe. Un clic plus tard, le nom de la magicienne apparaissait sur l’écran et je savais que je devais partir en exploration. Le plus rapidement possible. Il m’arrive de parcourir le net à la recherche d’une musique inconnue, de sons nouveaux. C’est un peu comme s’il me manquait une inspiration pour respirer correctement et qu’une fois trouvée, elle me permettra de boucler un cycle, de revenir au rythme initial de mon pouls. C’est comme un voyage vers de nouveaux territoires, c’est comme grimper à un arbre qui dépasse les autres pour enfin voir au loin. C’est comme entamer une montée vers une cime qui promet un panorama exceptionnel. Parfois, la recherche est infructueuse, on revient bredouille. Et puis parfois, rarement, on découvre des perles suspendues à une partition inconnue, une suite de mots en musique, de notes récitées sur un piano, une guitare, accrochées à une voix. J’ai écrit le nom de l’artiste sur le moteur de recherche, Vienna Teng, et le voyage a débuté…

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Le bouleversement est total, l’émotion est immense, comme une vague, elle entraîne tout sur son passage, elle renverse tout. Il faudrait alors trouver le moyen d’arrêter le temps. Il faudrait alors se coucher quelque part dans l’herbe et suspendre à notre tour notre cœur à la même partition. Transpercer notre peau et retourner à l’intérieur de soi pour se retrouver. Il faudrait trouver le moyen de fuguer quelque part et prendre le temps de se saouler à cette émotion suffisamment longtemps… Ne revenir que lorsqu’on en aura suffisamment entendu… suffisamment profité, savouré, quand chacune de nos veines se sera suffisamment imbibée de cette eau-de-vie puissante.

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Femme et mère Fête des mères Tu prends des airs de louve et ta main se pose délicatement sur son front. Non, il n’a pas de fièvre. Puis tu effaces d’un coup de pouce le reste de cacao qui lui dessine une moustache, tu recoiffes sa mèche et tu lui souris. Lui, l’enfant, peut affronter le monde maintenant, tu viens de lui donner ce beau regard qui le protège, le rassure, le réchauffe. Tu le suis jusqu’au virage, après, il faudra bien que tu le lâches. Quand il s’en va sur le chemin de sa journée, toi, tu commences ton autre journée. Tu es une femme. Ton ventre a abrité quelques mois ce petit homme qui grandit maintenant hors de toi. Le cordon coupé, tu l’as laissé partir et vivre sa vie sans vraiment le perdre des yeux, toujours aux aguets, inquiète, pour le restant de tes jours. Tu es une femme, et ton corps n’est pas que berceau. Il est aussi porteur de messages, tous ceux qu’on lui attribue, tous ceux qu’on prétexte. Il doit être beau, fin, modelé et gracieux, pour plaire et rester conforme aux standards, aux images. Le moindre écart vaut un blâme, rien ne t’est pardonné, pas même les années qui passent et te fatiguent. Tu es une femme. On oublie souvent de rendre ce que toi tu donnes. Comme cet enfant que tu accompagnes et qui peut-être ne saura le reconnaître, tu es aussi l’amie qui écoute, la confidente à toute épreuve, qui doit rester douce, aimable et compatissante. C’est un rôle tout préparé, tout écrit, qu’il te faudra apprendre et jouer, faute de quoi, tu seras jugée et condamnée. Mauvaise mère, mauvaise amie, mauvaise épouse.

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Tu es une femme. Et ta vie se multiplie en deux, en trois, voire en quatre. Tu jongles entre trousseaux de clés et emplois du temps parallèles, à te souvenir de ce que les autres oublient ou te laissent décider. Créature multifonctions, ouvrière et top model, travailleuse et super belle, faut être tout ça à la fois, sans jamais faillir, sans accrocs, sans tourments. Tu devrais passer du tablier aux porte-jarretelles, artiste insoupçonnée, ton one woman show doit être parfaitement rôdé pour assurer, et soutenir la comparaison. Parce que tu es femme tu es aussi rivale, dangereuse et fatale. Coupable de tous les désirs, de toutes les trahisons et de toutes les défaillances. Rien ne te prépare à choisir, c’est toi que l’on désigne, c’est de toi que tout dépend, par toi que tout commence et que tout se termine. Tu es une femme. Et quand soudain tu demandes ta part, on te dévisage comme une ingrate, trop gourmande, on s’étonne, on s’offusque. Ton corps, justement, n’est pas que berceau ni vitrine, il est aussi ardent, sensible, il aime les rivières de tendresses et les orages de plaisirs, il aime qu’on le désire et qu’on l’embrasse. Tu n’es pas objet, tu es vivante, différente. Tu n’es pas un schéma ou modèle, tu es unique et rebelle. C’est la fête des mères, comme si une fois par an il fallait se souvenir de ton ventre rond qui a donné la vie. Et le reste du temps, on oublie ce que tu es, multiple et complexe, femme simplement, ou femme, justement ! Pour les 364 autres jours, je te souhaite une belle fête, des fleurs autant que tu mérites, des amours autant que tu souhaites, des amis autant que tu espères. Pour aujourd’hui, je te dis bonne fête aussi, parce que la vie que tu donnes est si belle, et que près de toi elle vaut la peine !

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