« L’homme de Bosc est piteux, grégaire, calamiteux et sans avenir professionnel. Pas sans avenir tout court : il est de toutes les époques, plus particulièrement de toutes celles où l’homme est un produit de série. Nous nous reconnaissons tous dans son humble aventure. » Alexandre Vialatte
BOSC
Dès le début des années 1950, Bosc fait partie du groupe de jeunes dessinateurs qui, sur le modèle des humoristes américains, choisit le gag visuel pour traduire en rire un regard désenchanté sur le monde de l’après-guerre. La presse accueille à bras ouverts cette nouvelle génération d’illustrateurs, et c’est ainsi que, dans les pages de Paris Match, Lui ou Hara-Kiri notamment, Bosc livre au lecteur sa vision de la société contemporaine, du couple et, en définitive, de l’homme tout court. Si la guerre, l’armée et le général de Gaulle comptent parmi les premières cibles de l’artiste, le mimétisme de masse, qu’il caricature par une longue série de cortèges – qu’ils soient menés par un char funèbre, des travailleurs en grève ou des féministes enragées –, n’échappe pas à son trait acéré. Encrés dans les années 1950-1970, les dessins de Bosc nous racontent l’histoire des Boscaves, petite société qui ressemble étrangement à la nôtre. Mais c’est Blaise, le personnage au nez trop long, coincé dans la médiocrité d’une vie ordinaire, qui reste inoubliable. D’une actualité surprenante, ces dessins savent encore nous faire rire de nous-mêmes. Le musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration consacre pour la première fois en France une grande exposition à Bosc, dont cet ouvrage propose une sélection significative de l’œuvre graphique. Inclus dans ce livre, le DVD de Voyage en Boscavie, film d’animation réalisé par Claude Choublier et Jean Vautrin à partir des dessins de Bosc (prix Émile Cohl 1958).
ISBN 978-2-35125-113-3
25 €
Sommaire Bienvenue en Boscavie !
11
Nelly Feuerhahn Bosc & Cie
27
Thérèse Willer Exposition de Bosc et condition nasale de l’homme
33
Alexandre Vialatte Dessins
37
Repères biographiques
183
Liste des dessins, livres et périodiques
184
Sommaire Bienvenue en Boscavie !
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Nelly Feuerhahn Bosc & Cie
27
Thérèse Willer Exposition de Bosc et condition nasale de l’homme
33
Alexandre Vialatte Dessins
37
Repères biographiques
183
Liste des dessins, livres et périodiques
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11
10
Nelly Feuerhahn
Bienvenue en Boscavie !
« Pour Bosc, l’étrange, c’est plus qu’un exercice de style, c’est une façon d’être au centre de son île intérieure. » Lui, no 107, 1972
Alain Blaise, « Portrait de Bosc », 1988.
Tandis qu’après 1948 la guerre et les restrictions de papier sont passées, la presse retrouve les moyens matériels de son existence et ouvre ses pages à de jeunes dessinateurs, dont Mose, Chaval et André François 1 . Refusant l’anecdote humoristique traditionnellement constituée d’un contrepoint entre un motif et une légende souvent grivoise, ces artistes lui préfèrent des jeux graphiques et des gags visuels. Cette nouvelle inspiration est née de leur découverte des humoristes d’outre-Atlantique dont une sélection tirée du New Yorker avait été exposée à l’ambassade des États-Unis à Paris en 1945, en particulier de Saul Steinberg 2 . Au début des années 1950, cette nouvelle manière donne à Bosc le coup d’envoi à ce qui devient très vite son meilleur talent. Signés « J.-M. Bosc 3 », huit de ses premiers dessins sans paroles sont publiés d’emblée dans Paris Match en novembre 1952 – un succès fulgurant pour ce nouveau venu. Un bandeau de présentation avec la photo du jeune homme surmonte la légendaire page du magazine dédiée au dessin d’humour où triomphe souvent Chaval en champion de l’absurde : « Pour une fois — une seule — l’assurance des maîtres de l’humour fait place, en cette page, à la fraîcheur malhabile du débutant. » Très vite, le débutant se hausse au rang des meilleurs et impose un style qui lui est propre 4. L’art de Bosc repose sur un trait d’un minimalisme extraordinairement expressif et sur l’esprit du gag. Les meilleurs spécialistes ne s’y trompent pas qui savent qu’en humour l’originalité se trouve dans l’adéquation entre une idée et un style graphique 5 .
1. Chaval et André François sont nés en 1915, Mose en 1917. 2. L’influence de Steinberg fut majeure dans l’histoire de cette génération de dessinateurs ; c’est en 1953 que Tomi Ungerer (né en 1931) – loin de la vie parisienne – découvrit le premier album de Steinberg, All in Line (1945), au Centre culturel américain de Strasbourg. 3. Bosc signe encore « J.-M. Bosc » avant de s’en tenir à son seul patronyme « Bosc », avec d’abord une graphie ronde, puis très vite et jusqu’à la fin de ses productions une autre, anguleuse, à la manière des écrits de la Grèce ancienne. 4. Plus encore, sa notoriété internationale lui permet en 1953 d’introduire chez l’éditeur Diogenes un autre débutant dont il apprécie le talent et avec lequel il se lie d’amitié, son cadet Jean-Jacques Sempé (né en 1934), pour la publication de son premier album. 5. En particulier Sempé dans son introduction à Bosc, J’aime beaucoup ce que vous faites (Denoël, 1985), précise : « C’est Bosc qui a fait en France, avec Chaval, les meilleurs dessins. Avec peu de moyens apparents, il dessinait parfaitement des situations d’une grande drôlerie et d’une rigoureuse intelligence. » Cabu partage cet enthousiasme dans une préface plus récente à Bosc, Alors on se promène ? (Le Cherche Midi, 2005) : « Dans les années 1960, c’était très gonflé de dessiner comme Bosc. Ce n’est pas un dessin académique, mais il n’y a pas d’erreur
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10
Nelly Feuerhahn
Bienvenue en Boscavie !
« Pour Bosc, l’étrange, c’est plus qu’un exercice de style, c’est une façon d’être au centre de son île intérieure. » Lui, no 107, 1972
Alain Blaise, « Portrait de Bosc », 1988.
Tandis qu’après 1948 la guerre et les restrictions de papier sont passées, la presse retrouve les moyens matériels de son existence et ouvre ses pages à de jeunes dessinateurs, dont Mose, Chaval et André François 1 . Refusant l’anecdote humoristique traditionnellement constituée d’un contrepoint entre un motif et une légende souvent grivoise, ces artistes lui préfèrent des jeux graphiques et des gags visuels. Cette nouvelle inspiration est née de leur découverte des humoristes d’outre-Atlantique dont une sélection tirée du New Yorker avait été exposée à l’ambassade des États-Unis à Paris en 1945, en particulier de Saul Steinberg 2 . Au début des années 1950, cette nouvelle manière donne à Bosc le coup d’envoi à ce qui devient très vite son meilleur talent. Signés « J.-M. Bosc 3 », huit de ses premiers dessins sans paroles sont publiés d’emblée dans Paris Match en novembre 1952 – un succès fulgurant pour ce nouveau venu. Un bandeau de présentation avec la photo du jeune homme surmonte la légendaire page du magazine dédiée au dessin d’humour où triomphe souvent Chaval en champion de l’absurde : « Pour une fois — une seule — l’assurance des maîtres de l’humour fait place, en cette page, à la fraîcheur malhabile du débutant. » Très vite, le débutant se hausse au rang des meilleurs et impose un style qui lui est propre 4. L’art de Bosc repose sur un trait d’un minimalisme extraordinairement expressif et sur l’esprit du gag. Les meilleurs spécialistes ne s’y trompent pas qui savent qu’en humour l’originalité se trouve dans l’adéquation entre une idée et un style graphique 5 .
1. Chaval et André François sont nés en 1915, Mose en 1917. 2. L’influence de Steinberg fut majeure dans l’histoire de cette génération de dessinateurs ; c’est en 1953 que Tomi Ungerer (né en 1931) – loin de la vie parisienne – découvrit le premier album de Steinberg, All in Line (1945), au Centre culturel américain de Strasbourg. 3. Bosc signe encore « J.-M. Bosc » avant de s’en tenir à son seul patronyme « Bosc », avec d’abord une graphie ronde, puis très vite et jusqu’à la fin de ses productions une autre, anguleuse, à la manière des écrits de la Grèce ancienne. 4. Plus encore, sa notoriété internationale lui permet en 1953 d’introduire chez l’éditeur Diogenes un autre débutant dont il apprécie le talent et avec lequel il se lie d’amitié, son cadet Jean-Jacques Sempé (né en 1934), pour la publication de son premier album. 5. En particulier Sempé dans son introduction à Bosc, J’aime beaucoup ce que vous faites (Denoël, 1985), précise : « C’est Bosc qui a fait en France, avec Chaval, les meilleurs dessins. Avec peu de moyens apparents, il dessinait parfaitement des situations d’une grande drôlerie et d’une rigoureuse intelligence. » Cabu partage cet enthousiasme dans une préface plus récente à Bosc, Alors on se promène ? (Le Cherche Midi, 2005) : « Dans les années 1960, c’était très gonflé de dessiner comme Bosc. Ce n’est pas un dessin académique, mais il n’y a pas d’erreur
ill. 7
« Le cheval de cirque »,
19
18
Paris Match, no 608, 3 décembre 1960, p. 154 ; Lui, no 119, décembre 1973, p. 85. Motif repris en couleur et légèrement modifié dans un format pleine page du magazine.
Pour Bosc, à la sensibilité anarchiste, il n’y a pas de paradoxe à ces contributions de tous bords, car ses dessins expriment une forme d’engagement humaniste personnel qui pointe tous les manquements aux principes de son éducation protestante. Ainsi cette voiture officielle arrivant dans un village, accueillie par une banderole portant l’inscription « Bienvenue », est-elle saluée au sortir du village par une autre mentionnant, cette fois, « Bon débarras » ; tandis que des badauds sont rassemblés le long du trajet, dans un pré, une vache reste dos tourné à la route et broute en toute indifférence 20 [ill. 8]. Véritable désaveu du général de Gaulle assis dans le véhicule, le dessin se trouve dans Minute (8 juin 1962) et, quelques années plus tard, dans L’Enragé (8 juillet 1968, en dos de couverture). Plus tard encore, les mentions précisent « Welcome – Go home » dans le magazine anglophone Oui (1er janvier 1972), repris en couleurs dans J’aime beaucoup ce que vous faites (Denoël, 1985), édité à l’initiative de Jean-Pierre Desclozeaux. Lors de la grande grève des mineurs dans les bassins du Nord et de Lorraine, assortie d’une immense marche jusqu’à Paris, l’annonce fait la une de France Observateur (28 mars 1963) avec un dessin de Bosc. Aux manifestants réclamant « Du pain », emblème d’un salaire et d’un emploi dignes, un quignon de pain est jeté d’une fenêtre de l’Élysée [ill. 9 et p. 96]. Terrible rappel des mots de Marie-Antoinette en 1789 : « Les Français n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche ! » Privé de son contexte politique dans différentes revues, le dessin devient un simple gag visuel sans lien avec la situation sociale, comme dans Lui (août 1971, en couleurs).
20. La formule prêtée à de Gaulle selon laquelle les Français seraient des veaux trouve ici sa réponse implicitement vengeresse. Les politologues ne l’ont pas oubliée ; voir l’article daté du 9 avril 2013 dans la page web d’Atlantico : http://www. atlantico.fr/decryptage/crise-politique-etrevolutionnaires-canape-francais-sontencore-veaux-que-voyait-gaulle-christiandelporte-bruno-cautres-edouard-691811. html.
ill. 8
« Bienvenue – Bon débarras », « Le cri du cœur ! » ;
L’Enragé, no 7, 8 juillet 1968, quatrième de couverture (« Bienvenue – Bon débarras » sur des banderoles rouges, en haut à gauche) ; Lui, no 72, janvier 1970, p. 45, et Hara-Kiri, no 141, juin 1973, p. 38. Version couleur reprise dans J’aime beaucoup ce que vous faites (Denoël, 1985), p. 69, avec les mentions « Welcome – Go home » (en haut à droite et en couleur).
ill. 7
« Le cheval de cirque »,
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Paris Match, no 608, 3 décembre 1960, p. 154 ; Lui, no 119, décembre 1973, p. 85. Motif repris en couleur et légèrement modifié dans un format pleine page du magazine.
Pour Bosc, à la sensibilité anarchiste, il n’y a pas de paradoxe à ces contributions de tous bords, car ses dessins expriment une forme d’engagement humaniste personnel qui pointe tous les manquements aux principes de son éducation protestante. Ainsi cette voiture officielle arrivant dans un village, accueillie par une banderole portant l’inscription « Bienvenue », est-elle saluée au sortir du village par une autre mentionnant, cette fois, « Bon débarras » ; tandis que des badauds sont rassemblés le long du trajet, dans un pré, une vache reste dos tourné à la route et broute en toute indifférence 20 [ill. 8]. Véritable désaveu du général de Gaulle assis dans le véhicule, le dessin se trouve dans Minute (8 juin 1962) et, quelques années plus tard, dans L’Enragé (8 juillet 1968, en dos de couverture). Plus tard encore, les mentions précisent « Welcome – Go home » dans le magazine anglophone Oui (1er janvier 1972), repris en couleurs dans J’aime beaucoup ce que vous faites (Denoël, 1985), édité à l’initiative de Jean-Pierre Desclozeaux. Lors de la grande grève des mineurs dans les bassins du Nord et de Lorraine, assortie d’une immense marche jusqu’à Paris, l’annonce fait la une de France Observateur (28 mars 1963) avec un dessin de Bosc. Aux manifestants réclamant « Du pain », emblème d’un salaire et d’un emploi dignes, un quignon de pain est jeté d’une fenêtre de l’Élysée [ill. 9 et p. 96]. Terrible rappel des mots de Marie-Antoinette en 1789 : « Les Français n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche ! » Privé de son contexte politique dans différentes revues, le dessin devient un simple gag visuel sans lien avec la situation sociale, comme dans Lui (août 1971, en couleurs).
20. La formule prêtée à de Gaulle selon laquelle les Français seraient des veaux trouve ici sa réponse implicitement vengeresse. Les politologues ne l’ont pas oubliée ; voir l’article daté du 9 avril 2013 dans la page web d’Atlantico : http://www. atlantico.fr/decryptage/crise-politique-etrevolutionnaires-canape-francais-sontencore-veaux-que-voyait-gaulle-christiandelporte-bruno-cautres-edouard-691811. html.
ill. 8
« Bienvenue – Bon débarras », « Le cri du cœur ! » ;
L’Enragé, no 7, 8 juillet 1968, quatrième de couverture (« Bienvenue – Bon débarras » sur des banderoles rouges, en haut à gauche) ; Lui, no 72, janvier 1970, p. 45, et Hara-Kiri, no 141, juin 1973, p. 38. Version couleur reprise dans J’aime beaucoup ce que vous faites (Denoël, 1985), p. 69, avec les mentions « Welcome – Go home » (en haut à droite et en couleur).
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Bosc à Antibes en mars 1967. Allongé sur une chaise longue, il pouvait passer ainsi une après-midi entière en quête d’inspiration.
Plage de Salis, été 1967.
30 décembre 1924 : naissance à Nîmes (France) de Jean-Maurice Bosc. Années 1940 : CAP de tourneur-ajusteur. 1er septembre 1944 : après avoir fait partie d’un chantier de jeunesse, il signe un engagement de quatre ans pour servir à la Compagnie mixte de transmissions. Novembre 1945-février 1948 : engagement en Indochine. Novembre 1952 : premiers dessins parus dans Paris Match (no 193). C’est le début d’une collaboration de dix-huit ans avec le magazine, qui publiera 628 dessins de lui. À partir de cette date, il travaille pour de nombreux journaux français et étrangers. 1953 : The Best Cartoons from France, Simon & Schuster, États-Unis, première publication de ses dessins dans un recueil collectif. 1954 : Cherchez la femme et Wird eingefahren !, recueils collectifs chez Diogenes Verlag, Zurich, qui publiera de son vivant vingthuit ouvrages, dont vingt recueils collectifs. 1955 : Gloria Viktoria !, Buchheim Verlag, premier livre entièrement consacré à Bosc. Juin 1956 : Petits riens, Hazan, premier livre entièrement consacré à Bosc en France. 1958 : prix Émile Cohl pour le film d’animation Voyage en Boscavie (réalisé avec Claude Choublier et Jean Herman). 1959 : Mort au tyran et Boscaves au feu, Jean-Jacques Pauvert. 1965 : Les Boscaves, Denoël. Grand prix de l’humour Lui pour le dessin « Mon château… Mon cul ! ». Installation à Antibes et travail de la céramique. 1968 : La Fleur dans tous ses états, Tchou ; Si de Gaulle était petit, Jean-Jacques Pauvert. Octobre 1970 : grand prix de l’humour noir Grandville pour Je t’aime (Albin Michel, 1969). 1972 : grand prix de l’humour de la ville d’Avignon. 3 mai 1973 : décès à Antibes de Jean-Maurice Bosc.
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Repères biographiques
Bosc dans les rues d’Antibes, mars 1967.
Bosc à Antibes en mars 1967. Allongé sur une chaise longue, il pouvait passer ainsi une après-midi entière en quête d’inspiration.
Plage de Salis, été 1967.
30 décembre 1924 : naissance à Nîmes (France) de Jean-Maurice Bosc. Années 1940 : CAP de tourneur-ajusteur. 1er septembre 1944 : après avoir fait partie d’un chantier de jeunesse, il signe un engagement de quatre ans pour servir à la Compagnie mixte de transmissions. Novembre 1945-février 1948 : engagement en Indochine. Novembre 1952 : premiers dessins parus dans Paris Match (no 193). C’est le début d’une collaboration de dix-huit ans avec le magazine, qui publiera 628 dessins de lui. À partir de cette date, il travaille pour de nombreux journaux français et étrangers. 1953 : The Best Cartoons from France, Simon & Schuster, États-Unis, première publication de ses dessins dans un recueil collectif. 1954 : Cherchez la femme et Wird eingefahren !, recueils collectifs chez Diogenes Verlag, Zurich, qui publiera de son vivant vingthuit ouvrages, dont vingt recueils collectifs. 1955 : Gloria Viktoria !, Buchheim Verlag, premier livre entièrement consacré à Bosc. Juin 1956 : Petits riens, Hazan, premier livre entièrement consacré à Bosc en France. 1958 : prix Émile Cohl pour le film d’animation Voyage en Boscavie (réalisé avec Claude Choublier et Jean Herman). 1959 : Mort au tyran et Boscaves au feu, Jean-Jacques Pauvert. 1965 : Les Boscaves, Denoël. Grand prix de l’humour Lui pour le dessin « Mon château… Mon cul ! ». Installation à Antibes et travail de la céramique. 1968 : La Fleur dans tous ses états, Tchou ; Si de Gaulle était petit, Jean-Jacques Pauvert. Octobre 1970 : grand prix de l’humour noir Grandville pour Je t’aime (Albin Michel, 1969). 1972 : grand prix de l’humour de la ville d’Avignon. 3 mai 1973 : décès à Antibes de Jean-Maurice Bosc.
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Repères biographiques
Bosc dans les rues d’Antibes, mars 1967.
« L’homme de Bosc est piteux, grégaire, calamiteux et sans avenir professionnel. Pas sans avenir tout court : il est de toutes les époques, plus particulièrement de toutes celles où l’homme est un produit de série. Nous nous reconnaissons tous dans son humble aventure. » Alexandre Vialatte
BOSC
Dès le début des années 1950, Bosc fait partie du groupe de jeunes dessinateurs qui, sur le modèle des humoristes américains, choisit le gag visuel pour traduire en rire un regard désenchanté sur le monde de l’après-guerre. La presse accueille à bras ouverts cette nouvelle génération d’illustrateurs, et c’est ainsi que, dans les pages de Paris Match, Lui ou Hara-Kiri notamment, Bosc livre au lecteur sa vision de la société contemporaine, du couple et, en définitive, de l’homme tout court. Si la guerre, l’armée et le général de Gaulle comptent parmi les premières cibles de l’artiste, le mimétisme de masse, qu’il caricature par une longue série de cortèges – qu’ils soient menés par un char funèbre, des travailleurs en grève ou des féministes enragées –, n’échappe pas à son trait acéré. Encrés dans les années 1950-1970, les dessins de Bosc nous racontent l’histoire des Boscaves, petite société qui ressemble étrangement à la nôtre. Mais c’est Blaise, le personnage au nez trop long, coincé dans la médiocrité d’une vie ordinaire, qui reste inoubliable. D’une actualité surprenante, ces dessins savent encore nous faire rire de nous-mêmes. Le musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration consacre pour la première fois en France une grande exposition à Bosc, dont cet ouvrage propose une sélection significative de l’œuvre graphique. Inclus dans ce livre, le DVD de Voyage en Boscavie, film d’animation réalisé par Claude Choublier et Jean Vautrin à partir des dessins de Bosc (prix Émile Cohl 1958).
ISBN 978-2-35125-113-3
25 €