Corps en mouvement. Les danseuses de François-Rupert Carabin

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musée d’art moderne et contemporain de strasbourg

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le cabinet de l’amateur

CORPS EN MOUVEMENT

les danseuses de françois-rupert carabin

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« Toute époque qui a compris le corps humain, ou qui a éprouvé, du moins, le sentiment du mystère de cette organisation, de ses ressources, de ses limites, des combinaisons d’énergie et de sensibilité qu’il contient, a cultivé, vénéré la Danse. » Paul Valéry, Philosophie de la danse, 1936


« Toute époque qui a compris le corps humain, ou qui a éprouvé, du moins, le sentiment du mystère de cette organisation, de ses ressources, de ses limites, des combinaisons d’énergie et de sensibilité qu’il contient, a cultivé, vénéré la Danse. » Paul Valéry, Philosophie de la danse, 1936






François-Rupert Carabin, le « sensationiste1 » le roman de Félicien Champsaur L’Amant des danseuses, publié en 1888 à Paris, débute ainsi : « …Peintre de modernités, toujours en quête de sensations extrêmes, de perversités élégantes, connaissant à merveille et à satiété les dessous parisiens, – un peu partout, dans les loges de théâtre, les couloirs de cirque, attrapant, en croquis rapides, des danseuses, des divas d’opérette, des écuyères, des figurantes, des filles, – M. Georges Decroix a saisi encore nombre d’entre elles, dans son atelier, en des poses familières2. »    À l’instar de l’écrivain Félicien Champsaur et de son personnage, M. Georges Decroix, le sculpteur et l’artisan de Montmartre François-Rupert Carabin (1862-1932) a aimé la danse, toutes les danses : le ballet, la danse espagnole, le folklore, Loïe Fuller et les revues parisiennes. L’artiste commence à exposer au Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1891 et y participe chaque année jusqu’en 1920, quand il rejoint Strasbourg pour diriger l’École des arts décoratifs de la ville. Tout au long de ces années, alors qu’il milite activement en faveur des arts décoratifs et lutte contre la hiérarchie des arts, la danse devient pour lui un sujet d’étude fabuleux et un thème privilégié. Elle lui permet d’être un artiste, tout à la fois dessinateur, modeleur, orfèvre, sculpteur en ronde bosse, graveur, artisan et photographe, qui exalte à l’envi le mouvement et la vie. Parallèlement à sa production de mobilier imposant où les corps féminins, exhalaisons de la nature, se libèrent difficilement de la fonction porteuse dont il les dote et du regard viril, voire misogyne, auxquels ils sont soumis, Carabin a produit des dizaines de petites sculptures de danseuses. Il a ainsi pu abandonner le caractère allégorique et symbolique qu’il avait souvent attribué au corps féminin dans ses tables, fauteuils ou bibliothèques, et produire des œuvres de dimensions plus modestes mais plus accessibles, plus animées et plus libres. 1. L'orthographe « sensationiste » reprend celle employée par Félicien Champsaur dans son roman L’Amant des danseuses, Paris, J. Ferenczi et fils, 1926, 2de édition. – 2. Ibid., p. 11.


François-Rupert Carabin, le « sensationiste1 » le roman de Félicien Champsaur L’Amant des danseuses, publié en 1888 à Paris, débute ainsi : « …Peintre de modernités, toujours en quête de sensations extrêmes, de perversités élégantes, connaissant à merveille et à satiété les dessous parisiens, – un peu partout, dans les loges de théâtre, les couloirs de cirque, attrapant, en croquis rapides, des danseuses, des divas d’opérette, des écuyères, des figurantes, des filles, – M. Georges Decroix a saisi encore nombre d’entre elles, dans son atelier, en des poses familières2. »    À l’instar de l’écrivain Félicien Champsaur et de son personnage, M. Georges Decroix, le sculpteur et l’artisan de Montmartre François-Rupert Carabin (1862-1932) a aimé la danse, toutes les danses : le ballet, la danse espagnole, le folklore, Loïe Fuller et les revues parisiennes. L’artiste commence à exposer au Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1891 et y participe chaque année jusqu’en 1920, quand il rejoint Strasbourg pour diriger l’École des arts décoratifs de la ville. Tout au long de ces années, alors qu’il milite activement en faveur des arts décoratifs et lutte contre la hiérarchie des arts, la danse devient pour lui un sujet d’étude fabuleux et un thème privilégié. Elle lui permet d’être un artiste, tout à la fois dessinateur, modeleur, orfèvre, sculpteur en ronde bosse, graveur, artisan et photographe, qui exalte à l’envi le mouvement et la vie. Parallèlement à sa production de mobilier imposant où les corps féminins, exhalaisons de la nature, se libèrent difficilement de la fonction porteuse dont il les dote et du regard viril, voire misogyne, auxquels ils sont soumis, Carabin a produit des dizaines de petites sculptures de danseuses. Il a ainsi pu abandonner le caractère allégorique et symbolique qu’il avait souvent attribué au corps féminin dans ses tables, fauteuils ou bibliothèques, et produire des œuvres de dimensions plus modestes mais plus accessibles, plus animées et plus libres. 1. L'orthographe « sensationiste » reprend celle employée par Félicien Champsaur dans son roman L’Amant des danseuses, Paris, J. Ferenczi et fils, 1926, 2de édition. – 2. Ibid., p. 11.






le cabinet de l’a mateur

№18


le cabinet de l’a mateur

№18


– prix  9 €

les danseuses de françois-rupert carabin, musée d'art moderne et contemporain de strasbourg

François-Rupert Carabin (1862-1932) a aimé la danse, toutes les danses : le ballet, la danse espagnole, le folklore, Loïe Fuller et les revues parisiennes. Il les a aimées en sculpteur, c’est-à-dire en spécialiste du corps, de son anatomie, mais aussi de son énergie vitale. Inlassablement, en sculptant des séries de délicates statuettes tourbillonnantes ou dévêtues, il a tenté de saisir l’énigme de son mouvement.

isbn 978 · 2 · 3512 · 5184 · 3

le cabinet de l’amateur  numéro dix-huit


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