Consoles d’entre-fenêtres du salon d’assemblée et vase balustre porcelaine, Chine, vers 1750-1780
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Histoire du palais, famille Rohan, et de la création du musée
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Lieu de résidence de quatre cardinaux de Rohan, hôtel de ville sous la Révolution, puis palais impérial et royal, le palais Rohan est un remarquable témoignage de l’art de vivre princier au xviiie siècle. Le nouvel essor que prend à cette époque l’ancienne ville libre du Saint-Empire romain germanique ne commence pas immédiatement après son rattachement à la France en 1681. C’est en 1727 seulement qu’il est enfin question de construire, sur l’emplacement de l’ancienne résidence épiscopale abandonnée par les évêques retirés de Strasbourg depuis la Réforme, un palais digne du rang qu’occupe en Alsace, désormais province française, l’un des plus grands seigneurs de son temps : Armand-Gaston-Maximilien de Rohan-Soubise, prince-évêque de Strasbourg depuis 1704 et, en tant que tel, Landgrave de Basse-Alsace et prince du Saint-Empire, cardinal depuis 1712, grand aumônier de France en 1713, commandeur de l’Ordre royal du SaintEsprit. Ayant obtenu en 1727, par lettres patentes du roi, l’autorisation de prélever un impôt sur les habitants de l’évêché pour la construction du nouveau palais épiscopal, c’est à Robert de Cotte, premier architecte du roi, que le cardinal va demander les plans. L’ambition du prince-évêque est double : en tant que lieu de pouvoir spirituel et temporel, le bâtiment doit magnifier l’Église au travers du prince de Rohan et le royaume de France au travers du roi. En conséquence, cette demeure se doit d’être avant tout à la disposition du roi et, ce faisant, de participer au prestige de l’orgueilleuse maison de Rohan.
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Architecture
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Le palais Rohan est l’exemple parfait de cette grande architecture classique française dont le château de Versailles est l’illustration la plus éloquente et le modèle auquel puisent tous les souverains bâtisseurs d’Europe. Il reprend les codes de ce langage architectural où dominent noblesse et grandeur : inspiration de l’Antiquité, prédominance des lignes droites et compositions symétriques. L’architecte Robert de Cotte est chargé par Armand-Gaston de Rohan d’établir le plan de l’édifice. Sa construction s’étend sur dix années, de 1732 à 1742, durant lesquelles les divers corps de métier qui s’activent sur le chantier sont exemptés des contraignantes règles corporatives locales.
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Architecture
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1 Façade d’entrée
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2 Portail d’entrée
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Architecture
Le palais Rohan, un bâtiment exceptionnel
Résidence royale par destination, le palais Rohan a pour vocation d’accueillir le roi et les têtes couronnées séjournant à Strasbourg. Il est édifié dans une région devenue française depuis peu (1681) et dans laquelle, par conséquent, le culte catholique est réintroduit. La mission de l’architecte est de traduire dans la pierre les fonctions politiques, ecclésiastiques et mondaines dévolues à Armand-Gaston de Rohan. Construit à l’emplacement de l’ancienne demeure des princes-évêques, le palais bénéficie d’un vaste espace ; il est en outre dégagé sur toutes ses faces, augmentant ainsi son caractère de résidence palatiale. L’édifice se différencie du tissu urbain préexistant par sa polychromie qui lui confère son style parisien. Des pierres de grès jaune, rappelant le calcaire parisien, sont utilisées pour les façades nobles, tandis que des ardoises recouvrent les toitures. Ces matériaux se distinguent du grès rose et des tuiles en terre cuite habituellement employés dans les constructions alsaciennes.
16 Le plan de l’édifice correspond à celui des grands hôtels parisiens, disposés entre cour et jardin. Le palais étant situé au cœur d’une ville médiévale, l’espace est contraint et ne permet pas l’implantation de parterres et de jardins. Robert de Cotte leur substitue une terrasse qui intègre le passage public longeant la façade du palais côté rivière. Il doit également composer avec les particularités d’un terrain en pente de la cathédrale jusqu’à l’Ill en contrebas. L’architecte contourne brillamment la difficulté en absorbant la différence de niveau au sein même du corps de logis principal : une façade de trois niveaux côté rivière et de deux niveaux côté cour ! Avant même la fin des travaux, le palais sert de modèle aux architectes locaux qui y empruntent des formules, souvent de véritables citations, dans les plans qu’ils donnent pour la construction ou la modernisation d’hôtels strasbourgeois.
Aile des écuries en grès rose de Soultz et façade sur l’Ill en grès jaune de Wasselonne 2012
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Architecture
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François-I. Guérin Élévation du palais Rohan, façades côté place et côté terrasse vers 1780, Cabinet des estampes et des dessins
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Appartements du palais
Savoir recevoir
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L’antichambre du roi
Première grande salle d’accès aux apparte- La salle des évêques, lambrissée et parquetée ments, la salle du synode est constituée de mais d’esprit encore architectural par son deux pièces jumelles séparées par une parti à motif d’arcades pour le décor des rangée d’arcades. Dans l’axe du vestibule boiseries, servait d’antichambre royale. d’honneur, elle servait de hall d’entrée Elle tire son nom de huit portraits en pied pour les grands et les petits appartements, des princes-évêques de Strasbourg – le et, dans la partie orientale, de salle à mancardinal Armand-Gaston de Rohan et ses ger. L’ordonnance des murs reprend le sept prédécesseurs – enchâssés dans les parti à arcades et pilastres cannelés du lambris. Détruits en 1793, ces tableaux ont vestibule, ce dernier prolongeant le motif été remplacés par les allégories des vertus d’arcatures entourant la cour d’honneur civiques, l’ancien palais épiscopal étant qui le précède. La répétition de ce motif devenu hôtel de ville au lendemain de la ménage la transition entre architecture Révolution. Le plafond est agrémenté en extérieure et intérieure. Le caractère minéson centre d’une rosace en forme de croix ral de la pièce est accru par le pavement du Saint-Esprit, allusion au cardinal en tant en pierre. Le programme iconographique que grand aumônier de France et comde la seconde moitié de la salle du synode mandeur de l’ordre du Saint-Esprit depuis rappelle sa destination : trophées évo1713. L’abondant mobilier de la pièce comquant le thème des repas au travers de la prenait consoles d’entre-fenêtre en bois chasse, de la pêche, du vin et de la musique, doré et dessus de marbre, banquettes et sculptés dans les ébrasements des arcades tabourets recouverts de tapisserie de la séparant les salles jumelles ; vasques en Savonnerie, chaises « à la Reine » garnies marbre de Rance surmontées de niches de velours d’Utrecht cramoisi, fauteuils ornées de fresques et de reliefs en stuc foncés de canne et dix-huit tables à jouer. bronzé sur le thème de l’eau ; fresque axiale représentant Cérès, déesse romaine 13 Salle des évêques des moissons. 12 Salle du synode
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14 Chambre du roi
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Appartements du palais
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Suite royale
La chambre du roi compte, avec le salon d’assemblée qui lui succède, parmi les chefsd’œuvre de la décoration française du xviiie siècle, par la perfection de ses boiseries en chêne sculpté, peint en gris et doré, et par celle de son plafond en stuc, l’ensemble étant exécuté dans le style rocaille le plus épanoui. Les motifs ornementaux évoquent de façon allégorique soit le sommeil, soit la maison de Rohan. L’abondance de la sculpture, et par conséquent de la dorure, et la présence de glaces, extrêmement onéreuses à l’époque, concourent au luxe qui se dégage de la chambre et en font le point culminant de la décoration de l’appartement. L’alcôve est théâtralement encadrée par des piliers engagés dans la paroi et accouplés à des colonnes libres, reliés par la balustrade dorée. Le fond de l’alcôve est tendu de trois des neuf tapisseries de la Tenture de l’Histoire de Constantin. 14 Chambre du roi
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Appartements du palais
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Scènes bibliques
Dans les bras de Morphée
L’iconographie religieuse des peintures en dessus-de-porte et en dessus-de-glace de l’appartement du roi surprend – on l’aurait, en effet, davantage attendue dans l’appartement voisin du cardinal. La chambre du roi et le salon d’assemblée forment un ensemble cohérent, par la conception décorative mais aussi par le programme des peintures enchâssées dans les lambris sculptés. Le souverain pontife, dont le potrait occupait la place d’honneur au-dessus du dosseret du lit du roi, renvoyait implicitement à ce groupe de peintures, particulièrement aux dessus-de-porte qui sont des copies d’après les Loges de Raphaël au Vatican. Les cinquante-deux scènes tirées de la Bible à la demande de Léon X pour orner les loges du palais apostolique mettent l’accent sur le soutien que Dieu ne cesse d’apporter à son peuple. Parmi celles-ci, le princeévêque en retient huit qu’il fait copier à Rome par Pierre-Ignace Parrocel (17021775). Les quatre copies de la chambre rappellent au roi qu’il reçoit le pouvoir de Dieu par l’intermédiaire de l’Église, alors que les quatre copies du cabinet lui recommandent la confiance en Dieu.
L’ornementation de la chambre du roi crée un univers où grandeur et richesse sont tempérées par la sensualité du style rocaille. Tout y ondule, que ce soient les moulurations des portes et des panneaux de parclose qui leur répondent, les somptueuses bordures des peintures en dessusde-porte, les encadrements des trumeaux de glaces ou la corniche du plafond dessinant de puissantes accolades en arbalètes. Dans le registre décoratif, un certain nombre d’ornements contiennent un sens allégorique en lien avec le sommeil. Une guirlande de fleurs de pavot s’enroule autour des bordures des deux grands trumeaux de glaces. La fleur aux vertus narcotiques, rendue avec un naturalisme extrême, réapparaît à plusieurs reprises dans la décoration de la chambre. Les ailes d’oiseaux et de chauves-souris que l’on découvre au sommet des vantaux de portes, sur les bordures des dessus-deporte et mêlées aux arabesques de la corniche évoquent le sommeil et la nuit, de même que les sphinges aux ailes de chauve-souris encadrant les cartouches dédiés aux quatre parties du jour, distribuées aux angles du plafond.
15 Chambre du roi Pierre-Ignace Parrocel, d’après Raphäel, Le Baptême du Christ
16 Chambre du roi Corniche du plafond, Diane ou L’Heure du soir
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Appartements du palais
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15 Pierre-Ignace Parrocel, d’après Raphäel, Le Baptême du Christ
16 Corniche du plafond, Diane ou L’Heure du soir
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17 Bibliothèque
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Aile des arts décoratifs
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28 Terrine en forme de grand tétras disposé sur un tertre
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Aile des arts décoratifs
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29 Terrine et son présentoir en forme de chou
30 Pots-pourris en forme de dromadaire et d’éléphant
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Aile des arts décoratifs
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Horlogerie
Né en Suisse, Isaac Habrecht fonde à Strasbourg une dynastie d’horlogers célèbres dont les membres entretiendront successivement l’horloge de la cathédrale jusqu’au début du xviiie siècle. La salle d’horlogerie présente des œuvres de deux Les premières horloges entièrement mécade ses descendants, son petit-fils, Isaac III niques apparaissent dans les églises au Habrecht, et le fils de celui-ci, Abraham III xiiie siècle. Strasbourg abrite successiveHabrecht, tous deux spécialisés dans ment dans sa cathédrale trois horloges l’horlogerie de petites dimensions. À astronomiques à la pointe du progrès, l’image des Habrecht, les horlogers strasmobilisant les meilleurs spécialistes de bourgeois passeront peu à peu de l’horloleur temps. De la première, l’Horloge des gerie monumentale vers la petite horlogeTrois Rois (1352-1354), seul le coq en bois rie, alors strictement réservée à une et métal est conservé. Définitivement clientèle privilégiée. Plusieurs pièces hors d’état de marche à la fin du xve siècle, exposées dans cette salle illustrent à mercelle-ci est remplacée en 1571-1574 par veille ce changement d’orientation dans une deuxième horloge qui restera dans la production. la cathédrale jusqu’en 1838. Cet ouvrage exceptionnel, tant par la complexité de ses mécanismes astronomiques et la précision de ses calculs, que par la qualité de ses peintures et automates, a fait la renommée de ses concepteurs et réalisateurs, le mathématicien Conrad Dasypodius, le peintre Tobias Stimmer et les deux frères horlogers Isaac et Josias Habrecht. Le corps de l’horloge, conservé par Jean- Baptiste Schwilgué (1776-1856) qui y intègre ses propres rouages en 1840, est toujours visible à la cathédrale, de même que les peintures de Stimmer et quelques statuettes d’origine. De spectaculaires éléments provenant de cette horloge sont exposés dans la salle du musée des Arts décoratifs consacrée à l’horlogerie.
La salle d’horlogerie
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Aile des arts décoratifs
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Pleine lune
Cocorico
Ce cadran lunaire provient de la deuxième horloge astronomique de Strasbourg, celle conçue par le mathématicien Conrad Dasypodius au xvie siècle. Il comporte deux grands disques, correspondant l’un à la pleine lune, l’autre à la nouvelle lune, qui disparaissent à tour de rôle derrière la voûte céleste étoilée pour former les divers quartiers de la lune. L’aiguille qui suit le mouvement de l’astre indique l’âge et les phases de la lune sur le cadran gradué de deux fois vingt-neuf jours peints à l’or. Autour de ce cadran, huit petites lunes de sept centimètres de diamètre font référence aux phases lunaires ; elles correspondent aux portions de lune éclairées par le soleil et perceptibles depuis la terre. Le panneau, en tôle découpée et peinte, est orné quant à lui de nuages et d’un semis de petites étoiles à six branches. La lune, elle-même en tôle rehaussée d’or, représente un visage à l’expression énigmatique peint avec une grande finesse.
Entièrement constitué de bois et de fer forgé polychromés, ce coq est le seul élément subsistant de l’Horloge des Trois Rois, première horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg (1352-1354) qui a cessé de fonctionner après un siècle d’existence. Il est le plus ancien automate conservé en Occident, chef-d’œuvre anonyme de mécanique médiévale reproduit dans toute l’Europe et réutilisé pour la deuxième horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg. Ses dimensions sont imposantes : 1,20 m de hauteur, 40 cm de largeur et 1,10 m de profondeur. Le coq de l’horloge astronomique actuelle est situé au sommet d’une tourelle qui contient l’essentiel des poids moteurs de la plupart des rouages du mécanisme. Comme son prédécesseur, à l’heure de midi, il chante à trois reprises et bat des ailes pendant le défilé des Apôtres devant le Christ bénissant.
36 Cadran lunaire de la deuxième horloge astronomique tôle découpée et polychromée, cathédrale de Strasbourg, xvie siècle, H. 124 cm ; L. 137 cm ; prof. 16 cm
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37 Coq de la première horloge astronomique vers 1350, bois et fer forgé polychromés, H. 121 cm ; L. 40 cm ; prof. 111 cm
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Musée des Arts décoratifs Palais Rohan
Installé au rez-de-chaussée du palais Rohan, ancienne résidence des princes-évêques élevée de 1732 à 1742, le musée des Arts décoratifs présente au visiteur les somptueux appartements des cardinaux de Rohan ainsi que les collections d’arts décoratifs strasbourgeois, principalement axées sur l’histoire des arts appliqués à Strasbourg au XVIIIe siècle.
Musée des Arts décoratifs Palais Rohan
GUIDE
9 7823 5 1 2517 20 9 €
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