Musée de l’Œuvre Notre-Dame 9 7823 5 1 2517 06
Situé au pied de la cathédrale, le musée de l’Œuvre Notre-Dame propose une promenade à la découverte de sept siècles d’art à Strasbourg et dans la région du Rhin Supérieur. Les riches collections médiévales et Renaissance témoignent du passé prestigieux de la ville, qui fut du XIIIe au XVIe siècle l’un des plus importants centres artistiques de l’Empire germanique. Les chefs-d’œuvre de la statuaire provenant de la cathédrale de Strasbourg y côtoient les plus beaux témoignages de l’art haut rhénan des XVe et XVIe siècles.
Musée de l’Œuvre Notre-Dame Arts du Moyen-Âge
GUIDE
9 €
Statue d’Hercule et gargouille du xvie siècle dans la cour de l’Œuvre Notre-Dame
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Sept siècles d’art
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C’est la mise en valeur du passé artistique prestigieux de la ville de Strasbourg au Moyen Âge et à la Renaissance qui a guidé la création du musée de l’Œuvre Notre-Dame entre 1931 et 1955. Sa conception est due à Hans Haug, conservateur puis directeur des musées de Strasbourg, convaincu de la nécessité d’évoquer « l’une des périodes les plus glorieuses de l’art alsacien », au cours de laquelle la ville libre d’Empire, centre artistique de la région du Rhin supérieur, sut attirer les artistes et permettre la transmission des formes et des idées les plus novatrices. La maison de l’Œuvre Notre-Dame, située au pied de la cathédrale, s’imposa d’emblée pour servir de cadre à ce parcours muséographique. Siège depuis le xiiie siècle de l’organisme du même nom (en allemand Unser Lieben Frauen Werk), chargé de la collecte et de la gestion des fonds nécessaires à la construction et à l’entretien de la cathédrale, elle proposait deux salles au riche décor historique et des espaces variés permettant de présenter les œuvres dans de bonnes conditions. Les deux corps gothique et Renaissance de cet imposant édifice avaient accueilli durant plusieurs siècles la recette et l’administration de l’Œuvre Notre-Dame, le logement du receveur et celui de l’architecte, et enfin la loge des maçons et des tailleurs de pierre de la cathédrale. Les bâtiments abritaient également depuis le xixe siècle le dépôt des sculptures de la cathédrale, constitué en un petit musée pour les visiteurs occasionnels et considérablement augmenté entre 1907 et 1914 par la dépose de la statuaire des grands portails.
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Façade Renaissance de la maison de l’Œuvre Notre-Dame
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Un cadre architectural remarquable
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Le musée est installé dans un ensemble de bâtiments dont le cœur est la maison de l’Œuvre Notre-Dame, fondation chargée depuis le xiiie siècle du chantier de la cathédrale. L’ensemble témoigne de la qualité de l’architecture civile à Strasbourg, du xive au xviie siècle. La maison de l’Œuvre existe à cet emplacement depuis le xive siècle au moins. Elle abrite dès l’origine les activités liées au chantier de la cathédrale et héberge les tailleurs de pierre et les autres artisans. L’aile gothique, à gauche, date de 1347. La sobre façade est animée par un pignon à redans, ou gradins, typique des maisons médiévales strasbourgeoises. Une Vierge à l’Enfant (création moderne), à l’angle, rappelle le vocable de la cathédrale et de la Fondation. À l’origine, le 1er étage était occupé par la vaste salle de réunion des tailleurs de pierre. La moitié arrière du bâtiment a été entièrement reconstruite après les bombardements de 1944. L’aile Renaissance, à droite, reprend les volumes de l’aile gothique, pour former un ensemble monumental symétrique organisé autour d’une cour. Elle est l’un des plus beaux exemples d’architecture du xvie siècle à Strasbourg. Elle a été construite de 1579 à 1582 par le maître d’œuvre de la cathédrale Hans Thoman Uhlberger, à qui l’on doit aussi le buffet de l’horloge astronomique. Elle introduit pour la première fois à Strasbourg un pignon à volutes et pots, propre à la Renaissance maniériste germanique, annonçant presque ici le style baroque. Elle est en particulier influencée par le peintre et théoricien de l’architecture strasbourgeois Wendel Dietterlin (vers
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Du roman au gothique
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Un cloître au musée
Un vitrail magnétique
La première salle du musée plonge le visiteur dans l’ambiance d’un cloître roman. Cette suite d’arcatures évoque une galerie du cloître disparu de l’abbaye Sainte-Sophie d’Eschau, un monastère de femmes fondé au viiie siècle sur une île à dix kilomètres au sud de Strasbourg. Le cloître fut démoli dès 1298 mais l’église Saint-Trophime, du xie siècle, existe toujours. La reconstitution met en scène les éléments retrouvés lors de fouilles entreprises en 1866 et 1917. Parmi eux, onze tailloirs (couronnements de chapiteaux) historiés, en faible relief, qui comptent parmi les plus beaux exemples de la sculpture romane alsacienne. Plusieurs tailloirs sont ornés de scènes de la vie du Christ : sans doute le cycle complet allait-il de la Nativité à la Résurrection. D’autres sont consacrés à des scènes de l’Ancien Testament : Samson et le lion, David jouant de la harpe. D’autres encore portent des représentations symboliques d’animaux et de végétaux. Chaque sujet est identifié par une inscription.
La Tête de Christ, longtemps datée vers 1060, a été considérée comme l’un des plus anciens vitraux figurés conservés en Europe. Des études récentes l’ont rajeunie en la plaçant à la fin du xiie siècle et ont authentifié la provenance de l’ancienne abbatiale de Wissembourg. Il s’agit très probablement du vestige d’une figure monumentale de Christ en pied ou trônant. Sa stricte frontalité et son dessin très stylisé lui donnent une grande force d’expression, sans doute à l’origine de son succès. Constitué d’une unique plaque de verre, ce visage de Christ offre un très bon exemple de la technique dite « des trois valeurs » décrite par le moine Théophile au début du xiie siècle dans son traité sur les techniques de l’art. La grisaille est appliquée au pinceau en trois couches d’intensité différente : l’une, très légère par endroits, l’autre, moins diluée pour les ombres, et la troisième, très sombre pour les traits. Certains des verres de couleur qui entourent la tête ont, quant à eux, été placés vers 1950, lors d’une restauration.
1 Vestiges du cloître de l’abbaye d’Eschau vers 1130-1140, grès Inv. MOND 367 (1 à 13)
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2 Tête de Christ Fin du xiie siècle, restaurée vers 1950, vitrail, diam. 25 cm, provient de l’ancienne abbatiale de Wissembourg (Bas-Rhin) Inv. MAD XXIII.21
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Du roman au gothique
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4 L’Église et la Synagogue
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Du roman au gothique
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5 Tête d’apôtre (saint Jean)
6 Chien
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7 Apôtre
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La fin du Moyen Âge
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Favorisée par sa situation géographique, Strasbourg connaît un extraordinaire essor artistique à la fin de l’époque gothique. Située au centre de l’axe rhénan, la ville assure sa position de centre économique et intellectuel de la plaine du Rhin supérieur et attire des compétences et des talents de toute sorte : peinture, vitrail, sculpture … L’achèvement en 1439 de la flèche de la cathédrale – la plus haute de la chrétienté médiévale – ne freine pas le développement de la vie artistique et l’aménagement des nombreuses églises donne lieu à des commandes ambitieuses jusqu’au début du xvie siècle.
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La fin du Moyen Âge
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19 Châsse reliquaire gravée
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La fin du Moyen Âge
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20 Les Amants trépassés
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La fin du Moyen Âge
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Jardin médiéval
Le jardin, métaphore du paradis, était l’un des cadres préférés de la vie médiévale courtoise. À chaque plante correspondaient une signification religieuse, un symbolisme amoureux et des vertus curatives. Dans la littérature alsacienne et rhénane du Moyen Âge, les plantes jouent un rôle considérable. Le jardin du musée perpétue la tradition des jardins alsaciens transmise par les tableaux, gravures et livres imprimés du xve siècle. Un ensemble de monuments lapidaires et de pierres tombales y trouve un cadre privilégié.
Hans Weiditz L’Hellébore planche de l’Herbarius d’Otto Brunfels, Strasbourg, 1530
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Maître alsacien Vierge au jardinet premier quart du xvie siècle, huile sur bois, 45 × 36 cm
Monument funéraire de Louis V, baron de Lichtenberg Strasbourg, vers 1470, église Saint-Adelphe de Neuwiller-lès-Saverne
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Le jardinet gothique
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De la Renaissance à la fin du xviie siècle
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La salle des comptes
Au frais pour l’été
Au 1er étage de l’aile Renaissance est située la salle de conseil et de délibération des administrateurs de l’Œuvre Notre-Dame, qui rassemblait et gérait les fonds nécessaires à la construction de la cathédrale de Strasbourg, d’où la présence d’une table à compter du xviie siècle. Il s’agissait aussi d’un lieu solennel où le receveur devait chaque année rendre compte de sa gestion devant les délégués du Magistrat de la ville. La salle s’ouvre sur la chambre forte où étaient conservés les fonds et les archives, parmi lesquelles les plans et les dessins de la cathédrale. Les boiseries marquetées de style Renaissance et le plafond à caissons datent de la fin du xvie siècle ou du début du xviie. Les murs, scandés de pilastres cannelés et de niches, et le motif en étoile du plafond sont animés par la variété des essences de bois ; partout, le chêne du bâti, le frêne des panneaux, l’érable ondé des arcatures créent de subtiles nuances. Un décor mural peint dans les tons verts est visible autour des fenêtres.
Une salle monumentale occupe tout le rezde-chaussée de l’aile Renaissance et abrite aujourd’hui la statuaire de la cathédrale datant des xve et xvie siècles. De même que l’ensemble du bâtiment, on la doit au maître d’œuvre de la cathédrale, Hans Thoman Uhlberger. La date de 1582 se lit sur les boiseries. À la création du musée, la salle est identifiée comme lieu de réunion de la loge des tailleurs de pierre. Il s’agit en réalité d’un « Sommerhaus », salle non chauffée destinée à se réunir au frais en été. Dès la porte donnant sur la cour, en arc brisé gothique mais à vantaux Renaissance, la salle marie les deux styles. Le plafond charpenté est supporté par deux colonnes à chapiteaux ioniques et des consoles maniéristes, mais dans un angle, c’est une voûte gothique surbaissée qui soutient la chambre forte du premier étage. Uhlberger a fait figurer sa marque et celle de l’Œuvre Notre-Dame sur les deux clefs de voûte. Le décor de grotesques – motifs de rinceaux et de figures extravagantes – des murs et de la voûte est attribué au peintre Wendel Dietterlin ; il fut partiel lement remanié autour de 1900.
29 Salle des administrateurs de l’Œuvre Notre-Dame 1582 – début du xviie siècle
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Hans Thoman Uhlberger 30 Salle de réunion, dite « salle de la Loge » 1579-1582 Voir aussi p. 62-63
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De la Renaissance à la fin du xviie siècle
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29 Salle des administrateurs de l’Œuvre Notre-Dame
30 Voûte de la salle de réunion, dite « salle de la Loge »
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31 Escalier en vis
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De la Renaissance à la fin du xviie siècle
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32 Vierge à la treille
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De la Renaissance à la fin du xviie siècle
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33 Portrait du chanoine Ambrosius Volmar Keller
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Musée de l’Œuvre Notre-Dame
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Situé au pied de la cathédrale, le musée de l’Œuvre Notre-Dame propose une promenade à la découverte de sept siècles d’art à Strasbourg et dans la région du Rhin Supérieur. Les riches collections médiévales et Renaissance témoignent du passé prestigieux de la ville, qui fut du XIIIe au XVIe siècle l’un des plus importants centres artistiques de l’Empire germanique. Les chefs-d’œuvre de la statuaire provenant de la cathédrale de Strasbourg y côtoient les plus beaux témoignages de l’art haut rhénan des XVe et XVIe siècles.
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