Prix : 35 euros
HÉRITAGE INESPÉRÉ
OBJETS CACHÉS AU CŒUR DES SYNAGOGUES
Une genizah est un dépôt rituel d’écrits portant le nom de Dieu et, par extension, d’objets de culte usagés qui ne doivent pas être jetés et sont donc déposés dans une cache à l’intérieur de la synagogue, dans l’attente d’un éventuel enterrement au cimetière. La découverte exceptionnelle, en 2012, d’une genizah sous le plancher des combles de la synagogue de Dambach-la-Ville en Alsace a mis au jour un ensemble d’une richesse exceptionnelle, tant par la variété que par l’ancienneté de certains objets (parchemins des xive et xve siècles, imprimés du xvie siècle, mappot du début du xviie siècle…). Le présent catalogue offre, pour la première fois en France, une étude approfondie de cet ensemble. Il présente aussi d’autres genizot régionales plus modestes tout en replaçant le propos dans un contexte européen. Le lecteur y découvrira, au-delà de la charge émotionnelle de ces humbles vestiges, la vie quotidienne d’une petite communauté juive rurale sous ses aspects les plus variés et son évolution des débuts de l’ère moderne à la fin du xixe siècle.
SOMMAIRE ABRÉVIATIONS Deut. : Deutéronome Gen. : Genèse Eccl. : Ecclésiaste Ez. : Ezéchiel Ex. : Exode Is. : Isaïe Jér. : Jérémie Lev. : Lévitique Nb. : Nombres Ps. : Psaumes Pr. : Proverbes TB : Talmud de Babylone
NB : Les versets bibliques en hébreu sont traduites selon la Bible du rabinat (Zadoc Kahn, 1899) ADBR : Archives départementales du Bas-Rhin ADHR : Archives départementales du Haut-Rhin ADM : Archives départementales de la Moselle AIF : Archives Israélites de France AIU : Alliance israélite universelle AN : Archives nationales BNF : Bibliothèque nationale de France Coll. part. : Collection particulière DRAC : Direction régionale des affaires culturelles MAHJ : Musée d’art et d’histoire du Judaïsme MAL : Musée alsacien SHIAL : Société d’histoire des israélites d’Alsace-Lorraine
REMARQUE SUR LES TRANSCRIPTIONS La langue hébraïque étant structurellement très différente du français (formation des mots à partir de lettres-racines, lettres et sons sans équivalents…), la translittération des textes est complexe et par essence imparfaite. En l’absence de norme universelle, on peut trouver le même mot écrit de manière différente d’une source à l’autre. Pour des raisons de commodité et d’harmonisation des textes, nous avons choisi d’appliquer ici des règles simples, inspirées de celles de l’Encyclopaedia Judaïca (anglais), en les adaptant à la prononciation française : le hé final הest rendu par H, le het חpar H, le kaf כ/ ךpar K ou KH, le qof קpar Q, le shin ש par SH, les articles ou prépositions par un tiret. Les formes du pluriel sont en ot au féminin, en im ou é, si elles sont suivies d’un complément, au masculin. Sont parfois indiquées des variantes en yiddish (yid.).
14 LA GENIZAH DE DAMBACH-LA-VILLE : UNE DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE MAJEURE
47 — L’ÉCOLE JUIVE DE BERGHEIM ET SA BIBLIOTHÈQUE SCOL AIRE
Paul Salmona
17 ARRACHER LA TRACE À LA BRÛLURE DES FLAMMES Freddy Raphaël
21 INTRODUCTION : QU’EST-CE QU’UNE GENIZAH ?
Claire Decomps et Élisabeth Shimells
LES GENIZOT ALSACIENNES 25 LA DÉCOUVERTE DE LA GENIZAH DE DAMBACH-LA-VILLE. L’ÉTUDE DES GENIZOT ALSACIENNES : QUESTIONS MÉTHODOLOGIQUES Claire Decomps
29 — LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE DAMBACH-LA-VILLE Jean-Pierre Lambert
30 — LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE BERGHEIM Jean-Camille Bloch
32 — LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE MACKENHEIM Jean-Camille Bloch
33 — LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE HORBOURG
Claire Decomps
Claire Decomps
39 L’APPORT DES GENIZOT À LA CONNAISSANCE DES COMMUNAUTÉS JUIVES ALSACIENNES Claire Decomps
45 — LE YIDDISH ET LES GENIZOT ALSACIENNES Astrid Starck-Adler
12
198 LEXIQUE
LES GENIZOT DE L’ESPACE ASHKÉNAZE
200 BIBLIOGRAPHIE
51 LA RECHERCHE SUR LES GENIZOT EN ALLEMAGNE Elisabeth Singer-Brehm
57 LE PROJET GENIZAH DU MUSÉE DE LA CULTURE JUIVE DE VEITSHÖCHHEIM Martina Edelmann
61 VINGT ANS APRÈS : RETOUR SUR LES GENIZOT DE BOHÊME ET DE MOR AVIE Olga Sixtová
69 ET EN LORRAINE…
Henry Schumann
71 ADAPTATION ET RÉINTERPRÉTATION DES TRADITIONS JUIVES, DES GENIZOT DE FRANCE AUX MAPPOT D’AMÉRIQUE Adrien Bernard
77 CATALOGUE DES OBJETS EXPOSÉS Claire Decomps
ANNEXES
Claire Decomps
34 UNE EXCEPTIONNELLE COLLECTION DE MAPPOT
196 ORIGINE DES IMPRESSIONS HÉBRAÏQUES IDENTIFIÉES PAR PÉRIODE
Claire Decomps
176 CHRONOLOGIE 178 CARTE DES GENIZOT ASHKÉNAZES 180 LISTE DES IMPRIMÉS FRANÇAIS ET ALLEMANDS IDENTIFIÉS 188 LISTE SOMMAIRE DES IMPRIMÉS HÉBRAÏQUES IDENTIFIÉS
13
SOMMAIRE ABRÉVIATIONS Deut. : Deutéronome Gen. : Genèse Eccl. : Ecclésiaste Ez. : Ezéchiel Ex. : Exode Is. : Isaïe Jér. : Jérémie Lev. : Lévitique Nb. : Nombres Ps. : Psaumes Pr. : Proverbes TB : Talmud de Babylone
NB : Les versets bibliques en hébreu sont traduites selon la Bible du rabinat (Zadoc Kahn, 1899) ADBR : Archives départementales du Bas-Rhin ADHR : Archives départementales du Haut-Rhin ADM : Archives départementales de la Moselle AIF : Archives Israélites de France AIU : Alliance israélite universelle AN : Archives nationales BNF : Bibliothèque nationale de France Coll. part. : Collection particulière DRAC : Direction régionale des affaires culturelles MAHJ : Musée d’art et d’histoire du Judaïsme MAL : Musée alsacien SHIAL : Société d’histoire des israélites d’Alsace-Lorraine
REMARQUE SUR LES TRANSCRIPTIONS La langue hébraïque étant structurellement très différente du français (formation des mots à partir de lettres-racines, lettres et sons sans équivalents…), la translittération des textes est complexe et par essence imparfaite. En l’absence de norme universelle, on peut trouver le même mot écrit de manière différente d’une source à l’autre. Pour des raisons de commodité et d’harmonisation des textes, nous avons choisi d’appliquer ici des règles simples, inspirées de celles de l’Encyclopaedia Judaïca (anglais), en les adaptant à la prononciation française : le hé final הest rendu par H, le het חpar H, le kaf כ/ ךpar K ou KH, le qof קpar Q, le shin ש par SH, les articles ou prépositions par un tiret. Les formes du pluriel sont en ot au féminin, en im ou é, si elles sont suivies d’un complément, au masculin. Sont parfois indiquées des variantes en yiddish (yid.).
14 LA GENIZAH DE DAMBACH-LA-VILLE : UNE DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE MAJEURE
47 — L’ÉCOLE JUIVE DE BERGHEIM ET SA BIBLIOTHÈQUE SCOL AIRE
Paul Salmona
17 ARRACHER LA TRACE À LA BRÛLURE DES FLAMMES Freddy Raphaël
21 INTRODUCTION : QU’EST-CE QU’UNE GENIZAH ?
Claire Decomps et Élisabeth Shimells
LES GENIZOT ALSACIENNES 25 LA DÉCOUVERTE DE LA GENIZAH DE DAMBACH-LA-VILLE. L’ÉTUDE DES GENIZOT ALSACIENNES : QUESTIONS MÉTHODOLOGIQUES Claire Decomps
29 — LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE DAMBACH-LA-VILLE Jean-Pierre Lambert
30 — LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE BERGHEIM Jean-Camille Bloch
32 — LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE MACKENHEIM Jean-Camille Bloch
33 — LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE HORBOURG
Claire Decomps
Claire Decomps
39 L’APPORT DES GENIZOT À LA CONNAISSANCE DES COMMUNAUTÉS JUIVES ALSACIENNES Claire Decomps
45 — LE YIDDISH ET LES GENIZOT ALSACIENNES Astrid Starck-Adler
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198 LEXIQUE
LES GENIZOT DE L’ESPACE ASHKÉNAZE
200 BIBLIOGRAPHIE
51 LA RECHERCHE SUR LES GENIZOT EN ALLEMAGNE Elisabeth Singer-Brehm
57 LE PROJET GENIZAH DU MUSÉE DE LA CULTURE JUIVE DE VEITSHÖCHHEIM Martina Edelmann
61 VINGT ANS APRÈS : RETOUR SUR LES GENIZOT DE BOHÊME ET DE MOR AVIE Olga Sixtová
69 ET EN LORRAINE…
Henry Schumann
71 ADAPTATION ET RÉINTERPRÉTATION DES TRADITIONS JUIVES, DES GENIZOT DE FRANCE AUX MAPPOT D’AMÉRIQUE Adrien Bernard
77 CATALOGUE DES OBJETS EXPOSÉS Claire Decomps
ANNEXES
Claire Decomps
34 UNE EXCEPTIONNELLE COLLECTION DE MAPPOT
196 ORIGINE DES IMPRESSIONS HÉBRAÏQUES IDENTIFIÉES PAR PÉRIODE
Claire Decomps
176 CHRONOLOGIE 178 CARTE DES GENIZOT ASHKÉNAZES 180 LISTE DES IMPRIMÉS FRANÇAIS ET ALLEMANDS IDENTIFIÉS 188 LISTE SOMMAIRE DES IMPRIMÉS HÉBRAÏQUES IDENTIFIÉS
13
LA GENIZAH DE DAMBACH-LA-VILLE : UNE DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE MAJEURE
L’événement scientifique et patrimonial n’a pas été appréhendé à sa juste mesure, mais le sauvetage, en 2012, de la genizah – un dépôt d’objets et de textes religieux, destinés à être enterrés en bonne et due forme – de la synagogue de Dambach-la-Ville doit être considéré, à tous égards, comme une découverte archéologique majeure. En effet, la mise au jour, dans les combles du bâtiment, de plus de neuf cents objets et documents liés au judaïsme, dont les dates s’échelonnent sur six siècles, est sans précédent en France. C’est la première fois dans notre pays qu’une genizah est identifiée in situ, permettant la préservation raisonnée d’une part importante des objets déjà dégagés mais menacés de destruction ; c’est aussi la première fois que l’on applique des méthodes de documentation archéologique au dégagement du mobilier encore recelé dans le bâtiment. Les objets « exhumés » concernent un large spectre chronologique, éclairant la vie des communautés juives alsaciennes du xive au xixe siècle ; ils illustrent notamment la circulation des hommes et des idées dans le monde juif européen, largement au-delà de l’aire rhénane. En outre, la typologie des documents est beaucoup plus large que ne le laisseraient supposer les prescriptions religieuses s’appliquant à une genizah ; ce corpus inattendu met en évidence la réalité des usages et non la norme, comme il advient fréquemment avec les vestiges archéologiques. Enfin, pour l’exposition « Héritage inespéré. Objets cachés au cœur des synagogues », le corpus de Dambach a été mis en relation avec ceux d’autres genizot alsaciennes, permettant des comparaisons portant sur plus de deux mille items, avec des méthodes de traitement quantitatif analogues à celles utilisées en archéologie. Le caractère fortuit de la découverte de Dambach et les conditions précaires de l’intervention des « sauveteurs » de la Société d’histoire des israélites d’Alsace et de Lorraine (SHIAL), sous la conduite de Claire Decomps, conservatrice à l’Inventaire de Lorraine, montrent à quel point la France est encore mal informée de l’existence de ce patrimoine. Car la transformation, tout à fait officielle, de ce bel édifice synagogal du xixe siècle en centre culturel aurait dû susciter, de la part des services de l’archéologie, une prescription de diagnostic archéologique et une surveillance des travaux de nature à repérer la genizah dans les combles ; d’autant que sa présence est normale eu égard aux prescriptions religieuses du judaïsme. Comme Claire Decomps le rappelle dans cet ouvrage, les sauvetages partiels, dans des conditions plus précaires encore, du contenu des genizot de Mackenheim (1981), de Bergheim (années 1990) et de Horbourg (2015) démontrent à l’envi que la configuration de Dambach n’est pas un cas unique. Mais il a fallu la vigilance et le formidable engagement des bénévoles de la SHIAL, ainsi que l’investissement personnel du seul conservateur de l’Inventaire spécialiste de l’histoire du judaïsme en France pour que le trésor de Dambach ne parte pas à la benne. Cette situation n’est pas spécifique à Dambach. En effet, malgré le développement, depuis les années 1990, de l’archéologie préventive en France (la recherche précédant les travaux d’aménagement du territoire), rares sont encore les sites fouillés, diagnostiqués ou simplement repérés concernant le judaïsme : quatre synagogues attestées ou présumées (Lagny, Montpellier, Provins, Trets), trois cimetières (Châlons-en-Champagne, Châteauroux, Ennezat), une crypte à vocation funéraire (Lyon), deux bains rituels 14
(Cavaillon, Oloron-Sainte-Marie), deux stèles funéraires hors contexte (Bourges et Chartres), une stèle à la vocation discutée (Paris), un dépotoir (Metz), une école talmudique (Orléans), sans omettre les graffiti de Drancy et les dessins muraux du camp des Milles. Il s’agit d’une modeste moisson si l’on se souvient que les archives textuelles et la toponymie nous renseignent sur des communautés juives au Moyen Âge dans plus de cinq cents villes et villages de France. Parmi des milliers de fouilles conduites depuis deux décennies – toutes périodes et tous domaines confondus – on devrait voir apparaître des vestiges, urbains notamment, témoignant de la présence juive médiévale. Mais trop rares encore sont les archéologues informés de l’existence d’un patrimoine archéologique légué par les communautés qui vécurent dans notre pays jusqu’aux expulsions qui s’échelonnèrent entre 1182 et 1501. Trop rares aussi ceux qui s’intéressent au patrimoine des communautés qui purent subsister ou se reconstituer aux marges du royaume (Comtat Venaissin, Lorraine, côte Aquitaine, Alsace) jusqu’à l’Émancipation, puis dans toute la France à partir de 1791. Cette petite vingtaine de sites permet néanmoins de faire progresser la connaissance sur deux mille ans de présence que l’historiographie, comme l’archéologie, a tendance à omettre. Car, hormis quelques spécialistes d’histoire juive, les historiens oublient eux aussi trop souvent que des communautés juives vivaient sur le territoire de la France actuelle dès l’Antiquité. Sans les expulsions médiévales, on connaîtrait des synagogues dans nombre de villes et de villages ; les bâtiments existent probablement encore dans les centres anciens, que l’on ne sait pas situer faute d’étude systématique. On peut espérer que les recherches futures, associant archéologues et historiens, permettront de les retrouver : au-delà de l’histoire des communautés juives, c’est de l’histoire de France qu’il s’agit. Mais il est plus que probable que leurs genizot auront disparu. On n’en mesure que mieux l’importance de celle de Dambach.
Paul Salmona, Directeur du musée d’art et d’histoire du Judaïsme 15
LA GENIZAH DE DAMBACH-LA-VILLE : UNE DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE MAJEURE
L’événement scientifique et patrimonial n’a pas été appréhendé à sa juste mesure, mais le sauvetage, en 2012, de la genizah – un dépôt d’objets et de textes religieux, destinés à être enterrés en bonne et due forme – de la synagogue de Dambach-la-Ville doit être considéré, à tous égards, comme une découverte archéologique majeure. En effet, la mise au jour, dans les combles du bâtiment, de plus de neuf cents objets et documents liés au judaïsme, dont les dates s’échelonnent sur six siècles, est sans précédent en France. C’est la première fois dans notre pays qu’une genizah est identifiée in situ, permettant la préservation raisonnée d’une part importante des objets déjà dégagés mais menacés de destruction ; c’est aussi la première fois que l’on applique des méthodes de documentation archéologique au dégagement du mobilier encore recelé dans le bâtiment. Les objets « exhumés » concernent un large spectre chronologique, éclairant la vie des communautés juives alsaciennes du xive au xixe siècle ; ils illustrent notamment la circulation des hommes et des idées dans le monde juif européen, largement au-delà de l’aire rhénane. En outre, la typologie des documents est beaucoup plus large que ne le laisseraient supposer les prescriptions religieuses s’appliquant à une genizah ; ce corpus inattendu met en évidence la réalité des usages et non la norme, comme il advient fréquemment avec les vestiges archéologiques. Enfin, pour l’exposition « Héritage inespéré. Objets cachés au cœur des synagogues », le corpus de Dambach a été mis en relation avec ceux d’autres genizot alsaciennes, permettant des comparaisons portant sur plus de deux mille items, avec des méthodes de traitement quantitatif analogues à celles utilisées en archéologie. Le caractère fortuit de la découverte de Dambach et les conditions précaires de l’intervention des « sauveteurs » de la Société d’histoire des israélites d’Alsace et de Lorraine (SHIAL), sous la conduite de Claire Decomps, conservatrice à l’Inventaire de Lorraine, montrent à quel point la France est encore mal informée de l’existence de ce patrimoine. Car la transformation, tout à fait officielle, de ce bel édifice synagogal du xixe siècle en centre culturel aurait dû susciter, de la part des services de l’archéologie, une prescription de diagnostic archéologique et une surveillance des travaux de nature à repérer la genizah dans les combles ; d’autant que sa présence est normale eu égard aux prescriptions religieuses du judaïsme. Comme Claire Decomps le rappelle dans cet ouvrage, les sauvetages partiels, dans des conditions plus précaires encore, du contenu des genizot de Mackenheim (1981), de Bergheim (années 1990) et de Horbourg (2015) démontrent à l’envi que la configuration de Dambach n’est pas un cas unique. Mais il a fallu la vigilance et le formidable engagement des bénévoles de la SHIAL, ainsi que l’investissement personnel du seul conservateur de l’Inventaire spécialiste de l’histoire du judaïsme en France pour que le trésor de Dambach ne parte pas à la benne. Cette situation n’est pas spécifique à Dambach. En effet, malgré le développement, depuis les années 1990, de l’archéologie préventive en France (la recherche précédant les travaux d’aménagement du territoire), rares sont encore les sites fouillés, diagnostiqués ou simplement repérés concernant le judaïsme : quatre synagogues attestées ou présumées (Lagny, Montpellier, Provins, Trets), trois cimetières (Châlons-en-Champagne, Châteauroux, Ennezat), une crypte à vocation funéraire (Lyon), deux bains rituels 14
(Cavaillon, Oloron-Sainte-Marie), deux stèles funéraires hors contexte (Bourges et Chartres), une stèle à la vocation discutée (Paris), un dépotoir (Metz), une école talmudique (Orléans), sans omettre les graffiti de Drancy et les dessins muraux du camp des Milles. Il s’agit d’une modeste moisson si l’on se souvient que les archives textuelles et la toponymie nous renseignent sur des communautés juives au Moyen Âge dans plus de cinq cents villes et villages de France. Parmi des milliers de fouilles conduites depuis deux décennies – toutes périodes et tous domaines confondus – on devrait voir apparaître des vestiges, urbains notamment, témoignant de la présence juive médiévale. Mais trop rares encore sont les archéologues informés de l’existence d’un patrimoine archéologique légué par les communautés qui vécurent dans notre pays jusqu’aux expulsions qui s’échelonnèrent entre 1182 et 1501. Trop rares aussi ceux qui s’intéressent au patrimoine des communautés qui purent subsister ou se reconstituer aux marges du royaume (Comtat Venaissin, Lorraine, côte Aquitaine, Alsace) jusqu’à l’Émancipation, puis dans toute la France à partir de 1791. Cette petite vingtaine de sites permet néanmoins de faire progresser la connaissance sur deux mille ans de présence que l’historiographie, comme l’archéologie, a tendance à omettre. Car, hormis quelques spécialistes d’histoire juive, les historiens oublient eux aussi trop souvent que des communautés juives vivaient sur le territoire de la France actuelle dès l’Antiquité. Sans les expulsions médiévales, on connaîtrait des synagogues dans nombre de villes et de villages ; les bâtiments existent probablement encore dans les centres anciens, que l’on ne sait pas situer faute d’étude systématique. On peut espérer que les recherches futures, associant archéologues et historiens, permettront de les retrouver : au-delà de l’histoire des communautés juives, c’est de l’histoire de France qu’il s’agit. Mais il est plus que probable que leurs genizot auront disparu. On n’en mesure que mieux l’importance de celle de Dambach.
Paul Salmona, Directeur du musée d’art et d’histoire du Judaïsme 15
INTRODUCTION : QU’EST-CE QU’UNE GENIZAH ? Claire Decomps et Élisabeth Shimells
Une genizah1, mot hébreu signifiant littéralement « archives » ou « trésor »2, est un dépôt rituel d’écrits portant le nom de Dieu, et par extension, d’objets de culte usagés. AU COMMENCEMENT, ÉTAIT LA LETTRE HÉBRAÏQUE
Le Sefer Yetsirah ou « livre de la Création », le plus ancien traité de cosmogonie juive composé entre les iiie et vie siècles, décrit la création du monde à partir de la combinaison des 22 lettres de l’alphabet hébraïque, investies chacune d’une part des attributs divins. La Torah, révélée à Moïse au mont Sinaï, serait antérieure à la création du monde, la langue hébraïque étant sacrée en elle-même car réputée celle de Dieu. Le mot Davar désigne à la fois la parole et la chose, le pouvoir créateur du Verbe surgissant dès le troisième verset de la Genèse : « Dieu dit, que la Lumière soit, et la lumière fut. » La Kabbale3 repose en grande partie sur le décryptage du sens des lettres et des mots, à commencer par le nom de Dieu, imprononçable. Ses déclinaisons pratiques s’appuient sur le pouvoir magique des lettres. Ainsi selon la légende, le Maharal de Prague (1520-1609) aurait créé un Golem, créature artificielle, pour protéger la communauté, en animant une forme d’argile par la gravure sur son front des trois lettres hébraïques du mot emet ou « vérité ». Lorsque ce dernier, devenu fou, se serait révolté en occasionnant de graves dégâts, il l’aurait neutralisé en effaçant la première lettre, les deux dernières – met – signifiant « mort ». Il n’est pas anodin de noter que cette créature était logée sous le toit de la vieille synagogue, pour garder la genizah ! LES PRESCRIPTIONS ET PRATIQUES EN MATIÈRE DE GENIZOT
Les premières règles concernant l’écriture et le sort des textes sacrés apparaissent entre les iie et ve siècles de l’ère commune, dans la Mishnah puis le Talmud, époque à laquelle le rouleau de Torah devient le cœur du judaïsme, égalant en sainteté le Temple de Jérusalem détruit par les Romains en 70. Chacune de ses 304 805 lettres recelant selon la tradition au moins 70 interprétations, et l’absence d’une seule suffisant à le rendre passoul ou invalide, le sefer Torah est défini selon une forme immuable jusqu’à nos jours : un rouleau manuscrit, sur parchemin, écrit par un scribe ou sofer4, selon des règles extrêmement précises. À sa « mort »5, le rouleau ne doit pas être jeté ou brûlé mais enterré à l’instar d’une personne ou relégué dans une cache le mettant à l’abri de toute profanation. Le Talmud évoque des enterrements dans une jarre à l’intérieur de la tombe d’un sage6. Les rabbins ont défini sept noms divins dont la présence dans un écrit, quelle qu’en soit la nature, requiert le versement dans la genizah7. Sont aussi concernés les textes sacrés traduits en langue étrangère8, puis par extension tous les écrits en caractères hébraïques comme le judéo-arabe ou le yiddish, et les textes hérétiques, cette fois pour éviter leur propagation9. Certains objets peuvent aussi y être déposés. Le Talmud précise que ceux « qui ont été utilisés pour une mitsvah (commandement) peuvent être jetés, mais que ceux utilisés dans un but de sainteté doivent être mis à la genizah »10, distinction pouvant donner lieu à des interprétations variables selon les lieux et les époques. En fait, il semble que ce soit au cours du Moyen Âge que les différents usages en matière de genizot se soient fixés. Lors des pogromes, hélas fréquents à partir du xiie siècle, les rabbins s’inquiètent du sort des livres abandonnés par les juifs dans leur fuite ou pillés par les chrétiens, parfois pour les brûler mais 21
1 Le terme de genizah est aussi utilisé par un
programme européen d’inventaire dans les bibliothèques des parchemins hébraïques remployés dans la reliure d’ouvrages chrétiens, programme ayant fait émerger maints ouvrages inconnus. Voir Lehnardt, 2010, 398 p. (mention abrégée, voir bibliographie en fin d’ouvrage). 2 TB Pessahim, 118b. 3 Pour tous les termes hébraïques ou techniques, voir le lexique en fin d’ouvrage. 4 Par sa racine, ce mot signifie littéralement « celui qui compte [les lettres] ». 5 L’analogie avec un être vivant nous semble très parlante. Si certaines fautes ou altérations peuvent être corrigées par un scribe, d’autres ne sont pas réparables, notamment lorsqu’elles touchent un nom divin. Certains parchemins sont ainsi versés à la genizah avant même leur achèvement. Constitués d’extraits de la Torah, les tefillin et mezouzot sont soumis aux mêmes règles. 6 TB Megilot, 26b. 7 TB Shavouot, 35a. 8 TB Shabbat, 115a. Le même passage permet d’enfreindre les lois du shabbat pour sauver d’un incendie ces textes en raison de leur sainteté. 9 TB Shabbat, 13b et 30b. 10 TB Megilot, 26b.
INTRODUCTION : QU’EST-CE QU’UNE GENIZAH ? Claire Decomps et Élisabeth Shimells
Une genizah1, mot hébreu signifiant littéralement « archives » ou « trésor »2, est un dépôt rituel d’écrits portant le nom de Dieu, et par extension, d’objets de culte usagés. AU COMMENCEMENT, ÉTAIT LA LETTRE HÉBRAÏQUE
Le Sefer Yetsirah ou « livre de la Création », le plus ancien traité de cosmogonie juive composé entre les iiie et vie siècles, décrit la création du monde à partir de la combinaison des 22 lettres de l’alphabet hébraïque, investies chacune d’une part des attributs divins. La Torah, révélée à Moïse au mont Sinaï, serait antérieure à la création du monde, la langue hébraïque étant sacrée en elle-même car réputée celle de Dieu. Le mot Davar désigne à la fois la parole et la chose, le pouvoir créateur du Verbe surgissant dès le troisième verset de la Genèse : « Dieu dit, que la Lumière soit, et la lumière fut. » La Kabbale3 repose en grande partie sur le décryptage du sens des lettres et des mots, à commencer par le nom de Dieu, imprononçable. Ses déclinaisons pratiques s’appuient sur le pouvoir magique des lettres. Ainsi selon la légende, le Maharal de Prague (1520-1609) aurait créé un Golem, créature artificielle, pour protéger la communauté, en animant une forme d’argile par la gravure sur son front des trois lettres hébraïques du mot emet ou « vérité ». Lorsque ce dernier, devenu fou, se serait révolté en occasionnant de graves dégâts, il l’aurait neutralisé en effaçant la première lettre, les deux dernières – met – signifiant « mort ». Il n’est pas anodin de noter que cette créature était logée sous le toit de la vieille synagogue, pour garder la genizah ! LES PRESCRIPTIONS ET PRATIQUES EN MATIÈRE DE GENIZOT
Les premières règles concernant l’écriture et le sort des textes sacrés apparaissent entre les iie et ve siècles de l’ère commune, dans la Mishnah puis le Talmud, époque à laquelle le rouleau de Torah devient le cœur du judaïsme, égalant en sainteté le Temple de Jérusalem détruit par les Romains en 70. Chacune de ses 304 805 lettres recelant selon la tradition au moins 70 interprétations, et l’absence d’une seule suffisant à le rendre passoul ou invalide, le sefer Torah est défini selon une forme immuable jusqu’à nos jours : un rouleau manuscrit, sur parchemin, écrit par un scribe ou sofer4, selon des règles extrêmement précises. À sa « mort »5, le rouleau ne doit pas être jeté ou brûlé mais enterré à l’instar d’une personne ou relégué dans une cache le mettant à l’abri de toute profanation. Le Talmud évoque des enterrements dans une jarre à l’intérieur de la tombe d’un sage6. Les rabbins ont défini sept noms divins dont la présence dans un écrit, quelle qu’en soit la nature, requiert le versement dans la genizah7. Sont aussi concernés les textes sacrés traduits en langue étrangère8, puis par extension tous les écrits en caractères hébraïques comme le judéo-arabe ou le yiddish, et les textes hérétiques, cette fois pour éviter leur propagation9. Certains objets peuvent aussi y être déposés. Le Talmud précise que ceux « qui ont été utilisés pour une mitsvah (commandement) peuvent être jetés, mais que ceux utilisés dans un but de sainteté doivent être mis à la genizah »10, distinction pouvant donner lieu à des interprétations variables selon les lieux et les époques. En fait, il semble que ce soit au cours du Moyen Âge que les différents usages en matière de genizot se soient fixés. Lors des pogromes, hélas fréquents à partir du xiie siècle, les rabbins s’inquiètent du sort des livres abandonnés par les juifs dans leur fuite ou pillés par les chrétiens, parfois pour les brûler mais 21
1 Le terme de genizah est aussi utilisé par un
programme européen d’inventaire dans les bibliothèques des parchemins hébraïques remployés dans la reliure d’ouvrages chrétiens, programme ayant fait émerger maints ouvrages inconnus. Voir Lehnardt, 2010, 398 p. (mention abrégée, voir bibliographie en fin d’ouvrage). 2 TB Pessahim, 118b. 3 Pour tous les termes hébraïques ou techniques, voir le lexique en fin d’ouvrage. 4 Par sa racine, ce mot signifie littéralement « celui qui compte [les lettres] ». 5 L’analogie avec un être vivant nous semble très parlante. Si certaines fautes ou altérations peuvent être corrigées par un scribe, d’autres ne sont pas réparables, notamment lorsqu’elles touchent un nom divin. Certains parchemins sont ainsi versés à la genizah avant même leur achèvement. Constitués d’extraits de la Torah, les tefillin et mezouzot sont soumis aux mêmes règles. 6 TB Megilot, 26b. 7 TB Shavouot, 35a. 8 TB Shabbat, 115a. Le même passage permet d’enfreindre les lois du shabbat pour sauver d’un incendie ces textes en raison de leur sainteté. 9 TB Shabbat, 13b et 30b. 10 TB Megilot, 26b.
LES GENIZOT ALSACIENNES
LES GENIZOT ALSACIENNES
UNE EXCEPTIONNELLE COLLECTION DE MAPPOT Claire Decomps
Détail d’une mappah de 1703 avec un pichet, une coupe, un poisson et une bretzel pour illustrer les « bonnes actions » (CAT. 49). —
Plus de 400 mappot ont été extraites des genizot alsaciennes (voir tableau, p. 38). L’ensemble le plus important est de loin celui de Dambach (249 mappot)1, sans compter plusieurs dizaines restées vierges, en raison de la mort précoce de l’enfant. Une cinquantaine sont très fragmentaires mais 75 sont complètes ou quasi complètes, proportion plutôt importante pour une genizah2 ; 155 présentent une date, dont 25 du xviie siècle et près d’une centaine du xviiie siècle, la première remontant à 1614 (CAT. 46)3. Moins anciennes mais mieux conservées, 141 mappot provenant du grenier de la synagogue de Mackenheim ont été exhumées d’une benne à ordures par Günther Boll en 1983 et ainsi sauvées ; 122 sont datées dont 3 du xviie siècle (la plus ancienne de 1669) et 45 du xviiie 4. La genizah de Horbourg n’en contenait plus que 11 (1697-1855)5, celle de Bergheim aucune.
Détail de la fin d’une mappah de 1686 dont la dernière partie de l’inscription apparaît en petits caractères sous la houppah (CAT. 48). —
UN CORPUS EXCEPTIONNEL PAR SA TAILLE ET SON ANCIENNETÉ
— Détail d’une mappah de 1815 avec rouleau de Torah et houppah (CAT. 61).
— Détail d’une mappah à décor patriotique de 1864 (CAT. 68).
34
Si des tissus divers sont utilisés dans le monde juif pour protéger le rouleau de Torah, la confection de ces bandelettes à partir d’un lange de circoncision est une coutume (minhag) propre aux communautés rhénanes6, dont l’origine est attribuée à Jacob Moellin dit le Maharil (Mayence, 1360 - Worms, 1427), un des principaux fondateurs du rite ashkénaze. En l’absence de lange, il aurait utilisé un manteau de Torah pour revêtir l’enfant après l’intervention, consacrant le lien symbolique entre les deux objets. Cette bandelette est solennellement offerte à la synagogue par l’enfant, à l’âge de 3 ans7, au moment où, sorti des brumes de la petite enfance, il s’apprête à commencer l’apprentissage des lettres hébraïques. Cet objet rituel est attesté pour la première fois en 1530, sous l’appellation allemande de Wimpel, mot évoquant autant l’idée d’enroulement que celle d’étendard8, par Anthonius Margaritha (vers 1492-1542), fils de rabbin converti au christianisme9, puis décrit au milieu du xviie siècle par une source juive, le livre de coutumes de Juspa Shammes (1604-1678), bedeau de la synagogue de Worms. La plus ancienne mappah connue (1570), retrouvée dans le grenier de la synagogue de Worms en 1905, au milieu de 600 autres10, a malheureusement été détruite par les nazis en 1938. Les plus anciens exemplaires conservés à ce jour seraient donc, dans l’état actuel de nos connaissances, quatre mappot de 1590, 1592, 1602 (voir p. 54) et 160911 découvertes en 1984 dans la genizah de Westheim en Franconie (coll. part.) et un exemplaire de 1606 appartenant au trésor de la synagogue portugaise d’Amsterdam12. Les mappot du xviie siècle sont rarissimes dans les musées13. La collection du musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris n’en compte que six14, le Musée alsacien n’en avait qu’une seule, de 1681, sur un total de 137, avant le don de la genizah de Dambach. De par leur taille et leur ancienneté – surtout pour celle de Dambach – les genizot alsaciennes constituent donc un corpus tout à fait exceptionnel, y compris comparées aux autres genizot retrouvées. Parmi les ensembles les plus importants, figurent, après Westheim déjà cité, Lengnau près de Bâle (219 mappot entre 1655 et 1906)15, Schnaittach en Franconie (160), Ichenhausen dans le Souabe (93 entre 1665 et 1784)16, Kassel (50) et Marburg (40) en Hesse 17. 35
1 Cet article se veut une synthèse, les mappot
de Dambach ayant déjà été présentées en détail in Decomps, 2013, p. 200-207. 2 Quelques fragments ont pu être réunis a posteriori par recoupement de données (hauteur de la bande, noms et date à partir des listes d’enfants établies par les généalogistes, style de décor…). 3 Deux mappot, dont l’usure de la broderie rend la date illisible, même par transparence (M198 et M245), nécessiteraient un examen approfondi en laboratoire, étant très probablement antérieures à 1640. 4 Boll, 1997, p. 59-65, et « The Jewish community of Mackenheim », in Armbruster, Friedlander et Weber, 1997, p. 22-29 et 148-157. 5 La genizah a été pillée il y a une trentaine d’années par des Israéliens qui ont emporté tous les objets de valeur. Une douzaine de mappot du xixe siècle, en bon état, ont ensuite été déposées au consistoire du Haut-Rhin. Les onze mappot retrouvées en 2015 (une de la fin du xviie siècle et dix du xixe siècle) ne représentent donc qu’une petite partie de l’ensemble initial, duquel ont notamment disparu toutes celles du xviiie siècle. 6 Originaire de Rhénanie, elle s’est diffusée dans tout l’ouest de l’Allemagne, ainsi qu’en Alsace, en Lorraine, en Suisse, au Danemark et jusqu’en Bohême (où coexistent aussi d’autres types de mappot). À partir du xixe siècle, elle gagne des communautés d’émigrés en Angleterre, en Amérique et même en Terre sainte. 7 Il s’agit de la pratique alsacienne mais des variantes existent. Voir Joseph Gutmann, « Die Mappe Schuletragen », in Armbruster, Friedlander et Weber, 1997, p. 65-69. 8 Sperber, 2008, p. 143. 9 Anthonius Margaritha, Der Gantz Jüdisch Glaub […], Augsburg, 1530. 10 Rothschild, 1913, p. 25-28. Beaucoup étaient antérieures à 1689, époque de la destruction de la ville par les Français, la synagogue ayant déjà été ravagée en 1615. Outre les symboles habituels illustrant la bénédiction, ces mappot se distinguaient par des motifs variés renvoyant (comme sur les tombes du cimetière) à la maison habitée par le père de l’enfant. 11 Cette dernière est reproduite in Wiesemann, Armbruster, Baum et Scherg, 1992, p. 213. 12 Vlaardingerbroek, 2013, p. 160. 13 Les plus anciennes se trouvent au MAHJ à Paris (1646-1647), au Stadtmuseum de Göttingen (1647) et au Jewish Museum de Londres (1647). 14 Réunissant 51 mappot, elle a été constituée avant 1913 par Achille Nordmann (1863-1927), plus des deux tiers d’entre elles provenant de Buschwiller et d’Hégenheim dans le Sundgau, dont son père, Isaac (1818-1890), avait été rabbin. 15 Ces mappot ont été retrouvées dans un placard de la tribune des femmes où elles avaient été déposées de longues années auparavant et oubliées. Voir le descriptif in GuggenheimGrünberg, 1967. Aujourd’hui, quatre sont en dépôt au Musée juif de Bâle et trois au musée Eretz Israël de Tel-Aviv. Rapp-Buri, 2008, p. 20-22. 16 Armbruster, Friedlander et Weber, 1997, p. 92-98 et 124-147. 17 Ces deux derniers exemples sont fournis par Hagen, Davidovitch, Busch et Günther, 1978, p. 13.
LES GENIZOT ALSACIENNES
LES GENIZOT ALSACIENNES
UNE EXCEPTIONNELLE COLLECTION DE MAPPOT Claire Decomps
Détail d’une mappah de 1703 avec un pichet, une coupe, un poisson et une bretzel pour illustrer les « bonnes actions » (CAT. 49). —
Plus de 400 mappot ont été extraites des genizot alsaciennes (voir tableau, p. 38). L’ensemble le plus important est de loin celui de Dambach (249 mappot)1, sans compter plusieurs dizaines restées vierges, en raison de la mort précoce de l’enfant. Une cinquantaine sont très fragmentaires mais 75 sont complètes ou quasi complètes, proportion plutôt importante pour une genizah2 ; 155 présentent une date, dont 25 du xviie siècle et près d’une centaine du xviiie siècle, la première remontant à 1614 (CAT. 46)3. Moins anciennes mais mieux conservées, 141 mappot provenant du grenier de la synagogue de Mackenheim ont été exhumées d’une benne à ordures par Günther Boll en 1983 et ainsi sauvées ; 122 sont datées dont 3 du xviie siècle (la plus ancienne de 1669) et 45 du xviiie 4. La genizah de Horbourg n’en contenait plus que 11 (1697-1855)5, celle de Bergheim aucune.
Détail de la fin d’une mappah de 1686 dont la dernière partie de l’inscription apparaît en petits caractères sous la houppah (CAT. 48). —
UN CORPUS EXCEPTIONNEL PAR SA TAILLE ET SON ANCIENNETÉ
— Détail d’une mappah de 1815 avec rouleau de Torah et houppah (CAT. 61).
— Détail d’une mappah à décor patriotique de 1864 (CAT. 68).
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Si des tissus divers sont utilisés dans le monde juif pour protéger le rouleau de Torah, la confection de ces bandelettes à partir d’un lange de circoncision est une coutume (minhag) propre aux communautés rhénanes6, dont l’origine est attribuée à Jacob Moellin dit le Maharil (Mayence, 1360 - Worms, 1427), un des principaux fondateurs du rite ashkénaze. En l’absence de lange, il aurait utilisé un manteau de Torah pour revêtir l’enfant après l’intervention, consacrant le lien symbolique entre les deux objets. Cette bandelette est solennellement offerte à la synagogue par l’enfant, à l’âge de 3 ans7, au moment où, sorti des brumes de la petite enfance, il s’apprête à commencer l’apprentissage des lettres hébraïques. Cet objet rituel est attesté pour la première fois en 1530, sous l’appellation allemande de Wimpel, mot évoquant autant l’idée d’enroulement que celle d’étendard8, par Anthonius Margaritha (vers 1492-1542), fils de rabbin converti au christianisme9, puis décrit au milieu du xviie siècle par une source juive, le livre de coutumes de Juspa Shammes (1604-1678), bedeau de la synagogue de Worms. La plus ancienne mappah connue (1570), retrouvée dans le grenier de la synagogue de Worms en 1905, au milieu de 600 autres10, a malheureusement été détruite par les nazis en 1938. Les plus anciens exemplaires conservés à ce jour seraient donc, dans l’état actuel de nos connaissances, quatre mappot de 1590, 1592, 1602 (voir p. 54) et 160911 découvertes en 1984 dans la genizah de Westheim en Franconie (coll. part.) et un exemplaire de 1606 appartenant au trésor de la synagogue portugaise d’Amsterdam12. Les mappot du xviie siècle sont rarissimes dans les musées13. La collection du musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris n’en compte que six14, le Musée alsacien n’en avait qu’une seule, de 1681, sur un total de 137, avant le don de la genizah de Dambach. De par leur taille et leur ancienneté – surtout pour celle de Dambach – les genizot alsaciennes constituent donc un corpus tout à fait exceptionnel, y compris comparées aux autres genizot retrouvées. Parmi les ensembles les plus importants, figurent, après Westheim déjà cité, Lengnau près de Bâle (219 mappot entre 1655 et 1906)15, Schnaittach en Franconie (160), Ichenhausen dans le Souabe (93 entre 1665 et 1784)16, Kassel (50) et Marburg (40) en Hesse 17. 35
1 Cet article se veut une synthèse, les mappot
de Dambach ayant déjà été présentées en détail in Decomps, 2013, p. 200-207. 2 Quelques fragments ont pu être réunis a posteriori par recoupement de données (hauteur de la bande, noms et date à partir des listes d’enfants établies par les généalogistes, style de décor…). 3 Deux mappot, dont l’usure de la broderie rend la date illisible, même par transparence (M198 et M245), nécessiteraient un examen approfondi en laboratoire, étant très probablement antérieures à 1640. 4 Boll, 1997, p. 59-65, et « The Jewish community of Mackenheim », in Armbruster, Friedlander et Weber, 1997, p. 22-29 et 148-157. 5 La genizah a été pillée il y a une trentaine d’années par des Israéliens qui ont emporté tous les objets de valeur. Une douzaine de mappot du xixe siècle, en bon état, ont ensuite été déposées au consistoire du Haut-Rhin. Les onze mappot retrouvées en 2015 (une de la fin du xviie siècle et dix du xixe siècle) ne représentent donc qu’une petite partie de l’ensemble initial, duquel ont notamment disparu toutes celles du xviiie siècle. 6 Originaire de Rhénanie, elle s’est diffusée dans tout l’ouest de l’Allemagne, ainsi qu’en Alsace, en Lorraine, en Suisse, au Danemark et jusqu’en Bohême (où coexistent aussi d’autres types de mappot). À partir du xixe siècle, elle gagne des communautés d’émigrés en Angleterre, en Amérique et même en Terre sainte. 7 Il s’agit de la pratique alsacienne mais des variantes existent. Voir Joseph Gutmann, « Die Mappe Schuletragen », in Armbruster, Friedlander et Weber, 1997, p. 65-69. 8 Sperber, 2008, p. 143. 9 Anthonius Margaritha, Der Gantz Jüdisch Glaub […], Augsburg, 1530. 10 Rothschild, 1913, p. 25-28. Beaucoup étaient antérieures à 1689, époque de la destruction de la ville par les Français, la synagogue ayant déjà été ravagée en 1615. Outre les symboles habituels illustrant la bénédiction, ces mappot se distinguaient par des motifs variés renvoyant (comme sur les tombes du cimetière) à la maison habitée par le père de l’enfant. 11 Cette dernière est reproduite in Wiesemann, Armbruster, Baum et Scherg, 1992, p. 213. 12 Vlaardingerbroek, 2013, p. 160. 13 Les plus anciennes se trouvent au MAHJ à Paris (1646-1647), au Stadtmuseum de Göttingen (1647) et au Jewish Museum de Londres (1647). 14 Réunissant 51 mappot, elle a été constituée avant 1913 par Achille Nordmann (1863-1927), plus des deux tiers d’entre elles provenant de Buschwiller et d’Hégenheim dans le Sundgau, dont son père, Isaac (1818-1890), avait été rabbin. 15 Ces mappot ont été retrouvées dans un placard de la tribune des femmes où elles avaient été déposées de longues années auparavant et oubliées. Voir le descriptif in GuggenheimGrünberg, 1967. Aujourd’hui, quatre sont en dépôt au Musée juif de Bâle et trois au musée Eretz Israël de Tel-Aviv. Rapp-Buri, 2008, p. 20-22. 16 Armbruster, Friedlander et Weber, 1997, p. 92-98 et 124-147. 17 Ces deux derniers exemples sont fournis par Hagen, Davidovitch, Busch et Günther, 1978, p. 13.
LES GENIZOT DE L’ESPACE ASHKÉNAZE
18 Edelmann, Singer et Weinhold, 2010. 19 http://genisa.ikgbayreuth.net/
Le président de l’Israelitische Kultusgemeinde de Bayreuth, Felix Gothart, fit aussitôt arrêter les travaux et prit contact avec le « Projet Genizah Veitshöchheim ». Soutenue par le district de Haute-Franconie et le Land de Bavière, l’Israelitische Kultusgemeinde élabora finalement un petit projet autonome de sauvetage et d’inventaire de la genizah, conforme aux exigences scientifiques, qui s’acheva avec succès dès l’été 201018. Tous les documents de la genizah de Bayreuth sont désormais accessibles gratuitement dans une présentation en ligne19. En dépit de toutes ces réalisations remarquables, surtout au cours des deux dernières décennies, les spécialistes des genizot ont encore beaucoup de travail à effectuer en Allemagne. On est loin d’avoir restauré toutes les anciennes synagogues, comme on est loin d’avoir cherché dans toutes les anciennes synagogues non rénovées une éventuelle genizah ; par conséquent, on continuera dans l’avenir à découvrir de nouvelles genizot, même si la majorité d’entre elles s’avère d’ampleur modeste. Par ailleurs, celles qui ont été exhumées jusqu’à présent sont loin d’avoir fait l’objet d’une investigation exhaustive. Alors que le travail d’inventaire a bien progressé, une analyse approfondie des contenus, dépassant le classement statistique des documents par genres, reste encore largement à accomplir. Traduit de l’allemand par Aude Virey-Wallon.
— Détail de la genizah de Mönchsroth.
— Détail de la genizah de Bayreuth au moment de son extraction. 56
LES GENIZOT DE L’ESPACE ASHKÉNAZE
LE PROJET GENIZAH DU MUSÉE DE LA CULTURE JUIVE DE VEITSHÖCHHEIM Martina Edelmann
Le projet Genizah a vu le jour en 1998 au musée de la Culture juive de Veitshöchheim. Ce musée, inauguré en 1994, occupe une ancienne synagogue restaurée comprenant le logement du hazan et le miqveh, ainsi qu’un ancien immeuble d’habitation juif du xviiie siècle et une nouvelle construction. Celle-ci abrite une salle où sont organisés des séminaires et des événements artistiques et culturels (lectures, concerts) et héberge aussi les archives du musée1. C’est à l’aube des temps modernes que se développe à Veitshöchheim une communauté juive, dont les premiers témoignages remontent à 16442. Aux environs de 1730, Schmul Isak, dit Moses, juif fortuné de Veitshöchheim, fait construire une synagogue pour cette communauté encore assez restreinte3. Elle sera le centre de la vie juive locale pendant deux siècles environ, jusqu’en 1938, date à laquelle la communauté juive, qui ne compte plus que douze membres, doit la céder à la municipalité pour sa valeur estimée de démolition, soit quelque 200 reichsmarks. Dans la nuit du 9 novembre 1938 (Nuit de Cristal), la synagogue, qui n’est déjà plus la propriété des juifs, est gardée par des policiers. On craint qu’en cas d’incendie, les immeubles voisins ne soient endommagés. De plus, la municipalité envisage d’en faire à l’avenir une caserne de pompiers et veille donc aussi pour cette raison à ce qu’elle ne soit pas détruite. La synagogue est transformée en caserne de pompiers en 1940. L’aménagement intérieur est démantelé et les débris sont utilisés comme matériau de comblement pour le sol, qui doit être surélevé au niveau de la chaussée. Le terrain et le bâtiment ayant été sous-évalués lors de la vente de 1938, la municipalité de Veitshöchheim verse, en 1950, une compensation à la Jewish Restitution Successor Organisation (IRSO) et devient légalement propriétaire de la synagogue. Jusqu’en 1964 environ, l’ancienne salle de prière est utilisée pour entreposer l’équipement des sapeurs-pompiers, puis du matériel de chantier municipal. Au début des années 1980, la commune de Veitshöchheim décide de transformer le bâtiment, devenu entre-temps inoccupé, en une galerie et un lieu d’exposition. Une plaque apposée sur la façade rappelle qu’il abritait jadis une synagogue. Au début des travaux de construction, en 1986, on découvre dans les matériaux de comblement du sol des restes des anciennes installations. La commune décide donc, avec l’accord du Bureau régional pour la conservation des monuments historiques et de la communauté israélite de Würzburg, de restaurer en totalité le bâtiment de la synagogue ainsi que l’espace de culte. Les fragments sont assemblés et les restes du mobilier et des équipements remis en état à l’aide de deux photographies datant de 19264. En mars 1994, la synagogue est inaugurée pour la seconde fois et déclarée utilisable à des fins cultuelles5. Aujourd’hui, des offices sont de nouveau célébrés dans la salle de prière, très rarement toutefois, car la synagogue est avant tout un musée. Les travaux de rénovation de la synagogue de Veitshöchheim conduisent à une autre découverte stupéfiante : en 1986, une genizah est mise au jour dans les combles du bâtiment6. Pourtant, lors du lancement des travaux, ceux-ci ont déjà été explorés à la recherche d’éventuels restes d’une genizah, mais en vain. Ils sont donc vidés pour pouvoir assainir le toit et la charpente. C’est sous les déblais déposés dans deux conteneurs devant la synagogue que seront découverts de vieux fragments de livres, des magazines, des 57
— L’intérieur de la synagogue de Veitshöchheim après restauration. Au centre l’almemor (pupitre de lecture), au fond la tribune des femmes au-dessus de l’entrée.
1 Otto Lohr, « Jüdisches Kulturmuseum und
Synagoge Veitshöchheim in Unterfranken », in Museum heute, 8, 1994, p. 3 sq. ; Martina Edelmann, Jüdisches Kulturmuseum Veitshöchheim, Haigerloch, 1999. 2 Karen Heußner, « Jüdisches Kulturmuseum und Synagoge Veitshöchheim. Auf den Spuren einer ehemaligen jüdischen Landgemeinde », in Schönere Heimat 79, 1990, p. 246-248 ; « Die ehemalige jüdische Gemeinde und ihre Synagoge », in Martina Edelmann et Karen Heußner, dir., 900 Jahre Veitshöchheim, Veitshöchheim, 1997, p. 61-65. 3 Axel Töllner, « Veitshöchheim », in Wolfgang Kraus, Hans-Christoph Dittscheid, Gury Schneider-Ludorff, dir., Mehr als Steine… Synagogen-Gedenkband Bayern, t. III.1 : Unterfranken, Lindenberg im Allgäu, 2015, p. 819-839. 4 À propos de la restauration de la synagogue de Veitshöchheim, voir Wamser, 1987. 5 Roland Flade, « “Veitshöchheim hat ein helles Licht entzündet” – Wiedereinweihung der Synagoge », Jüdisches Leben in Bayern. Mitteilungsblatt des Landesverbandes der Israelitischen Kultusgemeinden, 9, 1994, p. 10. 6 Références générales sur la genizah de Veitshöchheim : Süß, 1987 ; Timm, 1988 ; Wiesemann, 1992 ; Wiesemann, Armbruster, Baum et Scherg, 1992 ; Armbruster, Friedlander et Weber, 1997 ; Przybilski, 2001 ; Edelmann, 2005 et 2010 ; Elisabeth Singer, « Die Geschichte vom Fischer und seinem Sohn », in Bayerische Blätter für Volkskunde 33/34, 2006-2007, p. 18 sq. ; Rebekka Denz et Gabi Rudolf, dir., Genisa-Blätter, Potsdam, 2015.
LES GENIZOT DE L’ESPACE ASHKÉNAZE
18 Edelmann, Singer et Weinhold, 2010. 19 http://genisa.ikgbayreuth.net/
Le président de l’Israelitische Kultusgemeinde de Bayreuth, Felix Gothart, fit aussitôt arrêter les travaux et prit contact avec le « Projet Genizah Veitshöchheim ». Soutenue par le district de Haute-Franconie et le Land de Bavière, l’Israelitische Kultusgemeinde élabora finalement un petit projet autonome de sauvetage et d’inventaire de la genizah, conforme aux exigences scientifiques, qui s’acheva avec succès dès l’été 201018. Tous les documents de la genizah de Bayreuth sont désormais accessibles gratuitement dans une présentation en ligne19. En dépit de toutes ces réalisations remarquables, surtout au cours des deux dernières décennies, les spécialistes des genizot ont encore beaucoup de travail à effectuer en Allemagne. On est loin d’avoir restauré toutes les anciennes synagogues, comme on est loin d’avoir cherché dans toutes les anciennes synagogues non rénovées une éventuelle genizah ; par conséquent, on continuera dans l’avenir à découvrir de nouvelles genizot, même si la majorité d’entre elles s’avère d’ampleur modeste. Par ailleurs, celles qui ont été exhumées jusqu’à présent sont loin d’avoir fait l’objet d’une investigation exhaustive. Alors que le travail d’inventaire a bien progressé, une analyse approfondie des contenus, dépassant le classement statistique des documents par genres, reste encore largement à accomplir. Traduit de l’allemand par Aude Virey-Wallon.
— Détail de la genizah de Mönchsroth.
— Détail de la genizah de Bayreuth au moment de son extraction. 56
LES GENIZOT DE L’ESPACE ASHKÉNAZE
LE PROJET GENIZAH DU MUSÉE DE LA CULTURE JUIVE DE VEITSHÖCHHEIM Martina Edelmann
Le projet Genizah a vu le jour en 1998 au musée de la Culture juive de Veitshöchheim. Ce musée, inauguré en 1994, occupe une ancienne synagogue restaurée comprenant le logement du hazan et le miqveh, ainsi qu’un ancien immeuble d’habitation juif du xviiie siècle et une nouvelle construction. Celle-ci abrite une salle où sont organisés des séminaires et des événements artistiques et culturels (lectures, concerts) et héberge aussi les archives du musée1. C’est à l’aube des temps modernes que se développe à Veitshöchheim une communauté juive, dont les premiers témoignages remontent à 16442. Aux environs de 1730, Schmul Isak, dit Moses, juif fortuné de Veitshöchheim, fait construire une synagogue pour cette communauté encore assez restreinte3. Elle sera le centre de la vie juive locale pendant deux siècles environ, jusqu’en 1938, date à laquelle la communauté juive, qui ne compte plus que douze membres, doit la céder à la municipalité pour sa valeur estimée de démolition, soit quelque 200 reichsmarks. Dans la nuit du 9 novembre 1938 (Nuit de Cristal), la synagogue, qui n’est déjà plus la propriété des juifs, est gardée par des policiers. On craint qu’en cas d’incendie, les immeubles voisins ne soient endommagés. De plus, la municipalité envisage d’en faire à l’avenir une caserne de pompiers et veille donc aussi pour cette raison à ce qu’elle ne soit pas détruite. La synagogue est transformée en caserne de pompiers en 1940. L’aménagement intérieur est démantelé et les débris sont utilisés comme matériau de comblement pour le sol, qui doit être surélevé au niveau de la chaussée. Le terrain et le bâtiment ayant été sous-évalués lors de la vente de 1938, la municipalité de Veitshöchheim verse, en 1950, une compensation à la Jewish Restitution Successor Organisation (IRSO) et devient légalement propriétaire de la synagogue. Jusqu’en 1964 environ, l’ancienne salle de prière est utilisée pour entreposer l’équipement des sapeurs-pompiers, puis du matériel de chantier municipal. Au début des années 1980, la commune de Veitshöchheim décide de transformer le bâtiment, devenu entre-temps inoccupé, en une galerie et un lieu d’exposition. Une plaque apposée sur la façade rappelle qu’il abritait jadis une synagogue. Au début des travaux de construction, en 1986, on découvre dans les matériaux de comblement du sol des restes des anciennes installations. La commune décide donc, avec l’accord du Bureau régional pour la conservation des monuments historiques et de la communauté israélite de Würzburg, de restaurer en totalité le bâtiment de la synagogue ainsi que l’espace de culte. Les fragments sont assemblés et les restes du mobilier et des équipements remis en état à l’aide de deux photographies datant de 19264. En mars 1994, la synagogue est inaugurée pour la seconde fois et déclarée utilisable à des fins cultuelles5. Aujourd’hui, des offices sont de nouveau célébrés dans la salle de prière, très rarement toutefois, car la synagogue est avant tout un musée. Les travaux de rénovation de la synagogue de Veitshöchheim conduisent à une autre découverte stupéfiante : en 1986, une genizah est mise au jour dans les combles du bâtiment6. Pourtant, lors du lancement des travaux, ceux-ci ont déjà été explorés à la recherche d’éventuels restes d’une genizah, mais en vain. Ils sont donc vidés pour pouvoir assainir le toit et la charpente. C’est sous les déblais déposés dans deux conteneurs devant la synagogue que seront découverts de vieux fragments de livres, des magazines, des 57
— L’intérieur de la synagogue de Veitshöchheim après restauration. Au centre l’almemor (pupitre de lecture), au fond la tribune des femmes au-dessus de l’entrée.
1 Otto Lohr, « Jüdisches Kulturmuseum und
Synagoge Veitshöchheim in Unterfranken », in Museum heute, 8, 1994, p. 3 sq. ; Martina Edelmann, Jüdisches Kulturmuseum Veitshöchheim, Haigerloch, 1999. 2 Karen Heußner, « Jüdisches Kulturmuseum und Synagoge Veitshöchheim. Auf den Spuren einer ehemaligen jüdischen Landgemeinde », in Schönere Heimat 79, 1990, p. 246-248 ; « Die ehemalige jüdische Gemeinde und ihre Synagoge », in Martina Edelmann et Karen Heußner, dir., 900 Jahre Veitshöchheim, Veitshöchheim, 1997, p. 61-65. 3 Axel Töllner, « Veitshöchheim », in Wolfgang Kraus, Hans-Christoph Dittscheid, Gury Schneider-Ludorff, dir., Mehr als Steine… Synagogen-Gedenkband Bayern, t. III.1 : Unterfranken, Lindenberg im Allgäu, 2015, p. 819-839. 4 À propos de la restauration de la synagogue de Veitshöchheim, voir Wamser, 1987. 5 Roland Flade, « “Veitshöchheim hat ein helles Licht entzündet” – Wiedereinweihung der Synagoge », Jüdisches Leben in Bayern. Mitteilungsblatt des Landesverbandes der Israelitischen Kultusgemeinden, 9, 1994, p. 10. 6 Références générales sur la genizah de Veitshöchheim : Süß, 1987 ; Timm, 1988 ; Wiesemann, 1992 ; Wiesemann, Armbruster, Baum et Scherg, 1992 ; Armbruster, Friedlander et Weber, 1997 ; Przybilski, 2001 ; Edelmann, 2005 et 2010 ; Elisabeth Singer, « Die Geschichte vom Fischer und seinem Sohn », in Bayerische Blätter für Volkskunde 33/34, 2006-2007, p. 18 sq. ; Rebekka Denz et Gabi Rudolf, dir., Genisa-Blätter, Potsdam, 2015.
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INTRODUCTION : QU’EST-CE QU’UNE GENIZAH ?
I
I—1 LA DÉCOUVERTE DE LA GENIZAH DE DAMBACH-LA-VILLE
CAT. 1 —
ARHARDT, JOHANN-JACOB (1613-1674), DAMBACH IM ELSASS Alsace, 1643 – Encre sur papier ; 15,7 × 24,3 – Signature : « Joh. Jac. Arhardt fecit / An 1643 » – Strasbourg, Cabinet des estampes et des dessins, CE LXXIII.65
Ce dessin annoté figurant la cité de Dambach pendant la guerre de Trente Ans, à l’abri de ses remparts, a servi de modèle à Matthäus Mérian dit l’Ancien (1593-1650) pour sa gravure sur cuivre de 1644, reprise dans sa Topographia Alsatiae (Francfort-sur-le-Main : 1643-1644, puis 1663), un des 16 volumes de son immense description géographique du monde germanique, dont le texte est dû à Martin Zeiller (1589-1661). — CAT. 2
ANTOINE RINGEISEN (1811-1889)
Identifié par Abraham Malthète, ce bifeuillet non folioté présentant 20 réglures de stylet à froid et 19 lignes de texte est le plus ancien fragment de la genizah de Dambach-la-Ville et l’un des plus vieux découverts à ce jour dans une genizah de l’aire ashkénaze. Il s’agit d’une compilation de règles de droit commercial régissant la vente de bétail et de blé. Dans les marges, les références renvoient au chapitre 16, Hilhot Mehira, du célèbre code de Maïmonide. Il est par exemple précisé qu’un juif peut vendre un bœuf pour la sheritah (abattage rituel) et le labour, ou juste pour la sheritah mais pas uniquement pour le labour. Si la cursive rhénane ne permet pas de localiser précisément son lieu de production, il témoigne à la fois de la réception précoce dans la région de l’œuvre du grand décisionnaire espagnol et de l’intérêt pour des métiers (marchands de bestiaux ou de céréales) ensuite très largement exercés par les juifs alsaciens à l’époque moderne. Son format « de poche » indique un usage utilitaire puisqu’il peut être aisément transporté par un marchand lors de ses déplacements.
PROJET DE CONSTRUCTION D’UNE
I—2 À QUOI RESSEMBLE UNE GENIZAH ?
SYNAGOGUE À DAMBACH A) FAÇADE PRINCIPALE ET COUPE TRANSVERSALE B) COUPE LONGITUDINALE ET FAÇADE LATÉRALE Sélestat, le 23 janvier 1865 –
I—2–1 ÉTAT ET CONDITIONNEMENT DES OBJETS
Encre, lavis et mine de plomb sur papier ; 41,6 × 32,4 et 32,7 × 42,1 – Strasbourg, Archives départementales du Bas-Rhin, 390 D 497 – Baumann, 2005
La genizah occupait tout l’espace disponible entre les poutres supportant le plancher du comble supérieur (en rose clair sur les coupes) sur une surface d’environ 20 m sur 4. Son extraction a été conduite travée par travée – une fois les lattes soulevées –, nous contraignant à travailler assis ou couchés sur des sortes de passerelles posées sur les poutres. CAT. 3 [p. 22] [D’APRÈS MOÏSE BEN MAÏMON DIT MAÏMONIDE (1135-1204), COMPILATION DU MISHNE TORAH] Espace rhénan, XIVe siècle – Manuscrit en hébreu cursif, encre sur parchemin ; 10 × 19 – Genizah de Dambach, PA118 / MAL inv. 66.2015.4.3.12
La plupart des livres et objets étaient jetés en vrac mais on a aussi retrouvé des sortes de pelotes, des petits paquets ficelés ou des sacs en tissu bourrés de fragments hétéroclites. Tous présentent des traces importantes d’usage, certains étant même totalement disloqués.
CAT. 4 —
ENSEMBLE DE LANIÈRES DE TEFILLIN Alsace, XVIIIe-XIXe siècles Cuir, papier, tissu, éléments végétaux – Genizah de Dambach, D8 / MAL inv. 66.2015.4.4.8
Ces lanières servent à fixer le boîtier contenant les parchemins placés par les hommes sur le front et le bras au moment de la prière du matin ou tefillin (voir CAT. 72). Elles ont été retrouvées totalement emmêlées, formant une grosse pelote à laquelle étaient accrochés divers débris (fragments de page de livre, bandelettes de tissu, brindilles…).
78
— CAT. 5
PELOTE DE « DÉCHETS »
Alsace, XVIIIe-XIXe siècles – Parchemin ; 17 × 11 × 10 – Genizah de Dambach, PA50 / MAL inv. 66.2015.4.3.8
Dans cette pelote, sans doute jetée directement par un scribe, sont enchevêtrés des parchemins allongés, à l’écriture inachevée, destinés à des mezouzot et tefillin, ainsi que des chutes diverses du même matériau.
CAT. 1 —
CAT. 6 —
ENSEMBLE DE FRAGMENTS INITIALEMENT NOUÉS DANS UNE FEUILLE DE PAPIER JOURNAL
— CAT. 2
Alsace, XIXe siècle – Papier, carton, parchemin, cuir – Insc (hébreu) : « […] l’enfant le dimanche 9 Shevat 621 LPQ [20 janvier 1861] / le jour du S[aint] Sh[abbat] 13 Kislev 619 LPQ [20 novembre 1858] l’enfant Daniel fils de Moshe Cohen D[e mémoire] B[énie] ; (français) : « […] M Parr, Le 17 janvier / J Monsieur salomon / Veuillez cy » – Genizah de Dambach, D103 / MAL inv. 66.2015.4.4.12
Probablement versé par un scribe puisqu’on y retrouve des essais de plume, des fragments de tefillin et de mezouzot inachevées, cet ensemble disparate était ficelé dans une feuille de papier journal datable de la fin du xixe siècle (voir p. 27 et détail p. 2-3), présentant sur une face un feuilleton historique en allemand (non identifié) et de l’autre une lithographie signée Godefroy Durand (1832-1890), artiste français ayant illustré de nombreux drames et romans historiques. Si certains fragments portent des inscriptions en caractères hébraïques justifiant pleinement leur versement dans la genizah, en même temps que les tefillin et la mezouzah, on y distingue aussi des chutes de matériaux (papier, parchemin et cuir) et surtout deux cartes à jouer, apparemment dépourvues d’inscription, dont la présence est plus étonnante.
CAT. 4 —
— CAT. 5
CAT. 6 —
79
INTRODUCTION : QU’EST-CE QU’UNE GENIZAH ?
I
I—1 LA DÉCOUVERTE DE LA GENIZAH DE DAMBACH-LA-VILLE
CAT. 1 —
ARHARDT, JOHANN-JACOB (1613-1674), DAMBACH IM ELSASS Alsace, 1643 – Encre sur papier ; 15,7 × 24,3 – Signature : « Joh. Jac. Arhardt fecit / An 1643 » – Strasbourg, Cabinet des estampes et des dessins, CE LXXIII.65
Ce dessin annoté figurant la cité de Dambach pendant la guerre de Trente Ans, à l’abri de ses remparts, a servi de modèle à Matthäus Mérian dit l’Ancien (1593-1650) pour sa gravure sur cuivre de 1644, reprise dans sa Topographia Alsatiae (Francfort-sur-le-Main : 1643-1644, puis 1663), un des 16 volumes de son immense description géographique du monde germanique, dont le texte est dû à Martin Zeiller (1589-1661). — CAT. 2
ANTOINE RINGEISEN (1811-1889)
Identifié par Abraham Malthète, ce bifeuillet non folioté présentant 20 réglures de stylet à froid et 19 lignes de texte est le plus ancien fragment de la genizah de Dambach-la-Ville et l’un des plus vieux découverts à ce jour dans une genizah de l’aire ashkénaze. Il s’agit d’une compilation de règles de droit commercial régissant la vente de bétail et de blé. Dans les marges, les références renvoient au chapitre 16, Hilhot Mehira, du célèbre code de Maïmonide. Il est par exemple précisé qu’un juif peut vendre un bœuf pour la sheritah (abattage rituel) et le labour, ou juste pour la sheritah mais pas uniquement pour le labour. Si la cursive rhénane ne permet pas de localiser précisément son lieu de production, il témoigne à la fois de la réception précoce dans la région de l’œuvre du grand décisionnaire espagnol et de l’intérêt pour des métiers (marchands de bestiaux ou de céréales) ensuite très largement exercés par les juifs alsaciens à l’époque moderne. Son format « de poche » indique un usage utilitaire puisqu’il peut être aisément transporté par un marchand lors de ses déplacements.
PROJET DE CONSTRUCTION D’UNE
I—2 À QUOI RESSEMBLE UNE GENIZAH ?
SYNAGOGUE À DAMBACH A) FAÇADE PRINCIPALE ET COUPE TRANSVERSALE B) COUPE LONGITUDINALE ET FAÇADE LATÉRALE Sélestat, le 23 janvier 1865 –
I—2–1 ÉTAT ET CONDITIONNEMENT DES OBJETS
Encre, lavis et mine de plomb sur papier ; 41,6 × 32,4 et 32,7 × 42,1 – Strasbourg, Archives départementales du Bas-Rhin, 390 D 497 – Baumann, 2005
La genizah occupait tout l’espace disponible entre les poutres supportant le plancher du comble supérieur (en rose clair sur les coupes) sur une surface d’environ 20 m sur 4. Son extraction a été conduite travée par travée – une fois les lattes soulevées –, nous contraignant à travailler assis ou couchés sur des sortes de passerelles posées sur les poutres. CAT. 3 [p. 22] [D’APRÈS MOÏSE BEN MAÏMON DIT MAÏMONIDE (1135-1204), COMPILATION DU MISHNE TORAH] Espace rhénan, XIVe siècle – Manuscrit en hébreu cursif, encre sur parchemin ; 10 × 19 – Genizah de Dambach, PA118 / MAL inv. 66.2015.4.3.12
La plupart des livres et objets étaient jetés en vrac mais on a aussi retrouvé des sortes de pelotes, des petits paquets ficelés ou des sacs en tissu bourrés de fragments hétéroclites. Tous présentent des traces importantes d’usage, certains étant même totalement disloqués.
CAT. 4 —
ENSEMBLE DE LANIÈRES DE TEFILLIN Alsace, XVIIIe-XIXe siècles Cuir, papier, tissu, éléments végétaux – Genizah de Dambach, D8 / MAL inv. 66.2015.4.4.8
Ces lanières servent à fixer le boîtier contenant les parchemins placés par les hommes sur le front et le bras au moment de la prière du matin ou tefillin (voir CAT. 72). Elles ont été retrouvées totalement emmêlées, formant une grosse pelote à laquelle étaient accrochés divers débris (fragments de page de livre, bandelettes de tissu, brindilles…).
78
— CAT. 5
PELOTE DE « DÉCHETS »
Alsace, XVIIIe-XIXe siècles – Parchemin ; 17 × 11 × 10 – Genizah de Dambach, PA50 / MAL inv. 66.2015.4.3.8
Dans cette pelote, sans doute jetée directement par un scribe, sont enchevêtrés des parchemins allongés, à l’écriture inachevée, destinés à des mezouzot et tefillin, ainsi que des chutes diverses du même matériau.
CAT. 1 —
CAT. 6 —
ENSEMBLE DE FRAGMENTS INITIALEMENT NOUÉS DANS UNE FEUILLE DE PAPIER JOURNAL
— CAT. 2
Alsace, XIXe siècle – Papier, carton, parchemin, cuir – Insc (hébreu) : « […] l’enfant le dimanche 9 Shevat 621 LPQ [20 janvier 1861] / le jour du S[aint] Sh[abbat] 13 Kislev 619 LPQ [20 novembre 1858] l’enfant Daniel fils de Moshe Cohen D[e mémoire] B[énie] ; (français) : « […] M Parr, Le 17 janvier / J Monsieur salomon / Veuillez cy » – Genizah de Dambach, D103 / MAL inv. 66.2015.4.4.12
Probablement versé par un scribe puisqu’on y retrouve des essais de plume, des fragments de tefillin et de mezouzot inachevées, cet ensemble disparate était ficelé dans une feuille de papier journal datable de la fin du xixe siècle (voir p. 27 et détail p. 2-3), présentant sur une face un feuilleton historique en allemand (non identifié) et de l’autre une lithographie signée Godefroy Durand (1832-1890), artiste français ayant illustré de nombreux drames et romans historiques. Si certains fragments portent des inscriptions en caractères hébraïques justifiant pleinement leur versement dans la genizah, en même temps que les tefillin et la mezouzah, on y distingue aussi des chutes de matériaux (papier, parchemin et cuir) et surtout deux cartes à jouer, apparemment dépourvues d’inscription, dont la présence est plus étonnante.
CAT. 4 —
— CAT. 5
CAT. 6 —
79
I
INTRODUCTION : QU’EST-CE QU’UNE GENIZAH ?
CAT. 26 —
CAT. 27 —
— CAT. 30
— CAT. 28
CAT. 29 —
CAT. 31 —
92
93
I
INTRODUCTION : QU’EST-CE QU’UNE GENIZAH ?
CAT. 26 —
CAT. 27 —
— CAT. 30
— CAT. 28
CAT. 29 —
CAT. 31 —
92
93
176
Avant 1250 création des communautés d’Haguenau, Rosheim et Obernai Avant 1300 une douzaine de nouvelles communautés 1270 accusation de crime rituel à Wissembourg Communautés urbaines, surtout dans trois zones : baillage impérial de Haguenau et villes d’Empire ; possessions des Habsbourg en Haute-Alsace ; évêché de Strasbourg 1339 les juifs de Haute-Alsace sont persécutés 1349 immenses bûchers. Extermination de la communauté de Strasbourg et massacres dans une trentaine d’autres villes 1390 expulsion des juifs de Strasbourg (jusqu’à la Révolution) ; ils doivent quitter la ville le soir, avant la fermeture des portes annoncée par le Grüsselhorn 1479 expulsion des villes impériales de la Décapole, excepté Haguenau, seule ville d’Alsace où leur présence est ininterrompue. Fin du judaïsme urbain. Dispersion dans de multiples villages dépendant de seigneuries diverses XVIe ne reste plus que 120 familles juives en Alsace environ
1234 les juifs sont protégés par l’Empereur, contre des taxes
XIIIe-XIVe les juifs sont exclus des corporations et interdits de posséder des terres. Ils se
1336-1339 persécution de juifs dans tout le sud de l’Allemagne (bande d’Armleder) 1347-1352 Peste noire dans toute l’Europe (décès de plus du tiers de la population). Les juifs sont accusés d’empoisonner les puits. Grands massacres 1394 expulsion définitive des juifs de France 1450-1520 expulsion de 90 villes allemandes. Migrations vers l’Est 1475 1er livre imprimé en hébreu (Italie) 1477 expulsion des juifs du duché de Lorraine 1492 expulsion des juifs d’Espagne 1516 création du ghetto de Venise
1674 les juifs d’Alsace obtiennent en théorie le même statut que ceux de Metz 1681 création d’un rabbinat d’Alsace. Strasbourg devient française mais refuse toujours les juifs
XVIIe-XVIIIe grande dispersion des communautés juives dans l’espace ashkénaze. Judaïsme
1789 les Alsaciens sont très hostiles aux juifs. « Grande peur » : les paysans s’en prennent aux juifs pour récupérer leurs créances
2 consistoires du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Seuls départements où les « décrets infâmes » sont strictement appliqués, toute installation nouvelle étant interdite, sauf pour pratiquer l’agriculture. Beaucoup de juifs quittent l’Alsace pour les départements voisins
1789 Révolution française. 50 000 juifs en France dont 50 % en Alsace et 20 % en Lorraine L’abbé Grégoire défend les juifs de l’Est 1791 (27 sept.) Émancipation des juifs de France 1793 Terreur et persécutions religieuses 1808 prise de patronymes. Organisation du culte israélite par Napoléon : création du Consistoire central et de 8 consistoires locaux. « Décrets infâmes » à la demande des députés alsaciens
177
6 000 juifs alsaciens victimes de la Shoah
1939-1945 les nazis exterminent plus de 6 millions de juifs en Europe (75 000 en France)
1962 début du concile Vatican II. Arrivée en France de 120 000 rapatriés juifs d’Algérie
1958 inauguration de la nouvelle synagogue de la Paix à Strasbourg
La Moselle et l’Alsace sont annexées au iiie Reich Nazification de la région. Les juifs encore présents sont expulsés en France Été 1940 pillage et destruction des synagogues et cimetières juifs
1940 (22 juin) armistice signé par Pétain Sept.-oct. les juifs mis au ban de la société
1948 création de l’État d’Israël
1939 25 000 juifs en Alsace. Beaucoup sont évacués vers le sud-ouest de la France, en même temps que le reste de la population
1919 retour à la France célébré avec enthousiasme
1914-1918 les juifs sont enrôlés, comme tous les Alsaciens, dans l’armée allemande. Certains désertent pour intégrer l’armée française
1939 début de la Seconde Guerre mondiale. 330 000 juifs en France dont 140 000 étrangers
1938 (9-10 nov.)« Nuit de cristal » en Allemagne
1933 Hitler chancelier du Reich
1914-1918 Première Guerre mondiale
1905 fondation de la SHIAL par le rabbin Moïse Ginsburger 1908 inauguration d’une salle juive au Musée alsacien
1871-1918 annexion de la Moselle et de l’Alsace. Env. 25 % des juifs « optent » pour la France
CHRONOLOGIE
1870 guerre franco-allemande 1894-1906 affaire Dreyfus
1848 nombreuses émeutes anti-juives en Alsace, notamment dans le Sundgau
1848 révolutions dans toute l’Europe
Milieu-XIXe apogée du judaïsme rural alsacien. 1849 111 communautés dans le Bas-Rhin ; 49 dans le Haut-Rhin 1861 35 000 juifs, restant la 1re communauté juive de France
Construction / reconstruction de nombreuses synagogues
1831 loi permettant le financement du culte israélite
1828 fondation du séminaire rabbinique de France à Metz
1784 nouveau statut des juifs d’Alsace les autorisant à travailler la terre mais expulsion de tous ceux en situation irrégulière. Grand dénombrement : 22 000 juifs (3 % de la population d’Alsace) ; 187 communautés dont 160 rurales. Les plus importantes : Bischheim (473) et Wintzenheim (381)
1779 les non-catholiques peuvent intégrer les corporations 1784 suppression du péage corporel 1786 Cerf Berr préposé des juifs d’Alsace et de Lorraine
1775 Cerf Berr (1726-1793) préposé général de la Nation juive d’Alsace
XVIIIe forte croissance des communautés juives. 1700 : 3 600 juifs ; 1732 : 10 000 ; 1754 : 13 000
2e moitié XVIIe « Grand retour » des juifs. Création de nombreuses communautés dans les campagnes jusqu’à la Révolution. Vivent de petits prêts d’argent aux paysans, de vente de bétail et de colportage. Sauf exceptions, très pauvres
1666 conversion à l’islam du faux messie Sabbataï Tsevi. Persistance du sabbataïsme (mouvement messianique juif)
rural. Seules communautés urbaines importantes : Francfort-sur-le-Main, Worms, Prague… et Metz
Climat d’insécurité. Les juifs se réfugient dans les villes fortifiées 1648 l’Alsace devient française. Ruinée, elle a perdu la moitié de sa population. Environ 2 000 juifs
1574 expulsion des terres relevant des Habsbourg (mais exceptions)
1618-1648 Guerre de Trente Ans / épidémies de peste
1615 Louis XIII confirme le bannissement des juifs de France
1555 accueil dans le sud-ouest de la France de « nouveaux chrétiens » (juifs convertis venus de la péninsule Ibérique). 1567 4 familles autorisées à Metz 1595 première reconnaissance officielle d’une communauté juive en France depuis le Moyen Âge
Isaac Louria Ashkénazi (1534-1572) et l’école de Safed en Galilée. Grande influence aux siècles suivants sur les pratiques juives populaires
1525 Guerre des paysans (Bundschuh). Les Rustauds mettent à feu et à sang une bonne partie du Saint Empire Entre 1523 et 1552 Josselmann de Rosheim défend les juifs de tout le Saint Empire
La Renaissance et l’humanisme n’atténuent pas le mépris pour les juifs. La Réforme attise les violences 1522 Des juifs et de leurs mensonges de Martin Luther 1522 Josselmann de Rosheim (1478-1558) préposé des juifs d’Alsace. En 1525, il sauve sa ville de Rosheim
Dans les pays rhénans, un chapeau pointu jaune
1215 concile de Latran : les juifs sont contraints de porter un signe distinctif
consacrent surtout au commerce de l’argent, en principe interdit aux chrétiens
XIe-XIIe création d’une importante communauté juive à Strasbourg
L’Alsace semble à l’écart des grands courants migratoires juifs
ALSACE
1095-1096 première croisade. Massacres de juifs 1140 1re accusation de crime rituel (fabrication de pain azyme avec le sang d’un enfant chrétien) en Angleterre
1040-1105 Rashi de Troyes : le plus grand commentateur de la Bible et du Talmud
IXe-Xe nombreuses communautés juives en France. En Lorraine : Metz, Toul, Verdun…
500 achèvement du Talmud de Babylone
Fin IIe communautés juives en Gaule
70 destruction du second Temple de Jérusalem par les Romains
FRANCE, ALLEMAGNE ET MONDE ANNEXES CHRONOLOGIE
176
Avant 1250 création des communautés d’Haguenau, Rosheim et Obernai Avant 1300 une douzaine de nouvelles communautés 1270 accusation de crime rituel à Wissembourg Communautés urbaines, surtout dans trois zones : baillage impérial de Haguenau et villes d’Empire ; possessions des Habsbourg en Haute-Alsace ; évêché de Strasbourg 1339 les juifs de Haute-Alsace sont persécutés 1349 immenses bûchers. Extermination de la communauté de Strasbourg et massacres dans une trentaine d’autres villes 1390 expulsion des juifs de Strasbourg (jusqu’à la Révolution) ; ils doivent quitter la ville le soir, avant la fermeture des portes annoncée par le Grüsselhorn 1479 expulsion des villes impériales de la Décapole, excepté Haguenau, seule ville d’Alsace où leur présence est ininterrompue. Fin du judaïsme urbain. Dispersion dans de multiples villages dépendant de seigneuries diverses XVIe ne reste plus que 120 familles juives en Alsace environ
1234 les juifs sont protégés par l’Empereur, contre des taxes
XIIIe-XIVe les juifs sont exclus des corporations et interdits de posséder des terres. Ils se
1336-1339 persécution de juifs dans tout le sud de l’Allemagne (bande d’Armleder) 1347-1352 Peste noire dans toute l’Europe (décès de plus du tiers de la population). Les juifs sont accusés d’empoisonner les puits. Grands massacres 1394 expulsion définitive des juifs de France 1450-1520 expulsion de 90 villes allemandes. Migrations vers l’Est 1475 1er livre imprimé en hébreu (Italie) 1477 expulsion des juifs du duché de Lorraine 1492 expulsion des juifs d’Espagne 1516 création du ghetto de Venise
1674 les juifs d’Alsace obtiennent en théorie le même statut que ceux de Metz 1681 création d’un rabbinat d’Alsace. Strasbourg devient française mais refuse toujours les juifs
XVIIe-XVIIIe grande dispersion des communautés juives dans l’espace ashkénaze. Judaïsme
1789 les Alsaciens sont très hostiles aux juifs. « Grande peur » : les paysans s’en prennent aux juifs pour récupérer leurs créances
2 consistoires du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Seuls départements où les « décrets infâmes » sont strictement appliqués, toute installation nouvelle étant interdite, sauf pour pratiquer l’agriculture. Beaucoup de juifs quittent l’Alsace pour les départements voisins
1789 Révolution française. 50 000 juifs en France dont 50 % en Alsace et 20 % en Lorraine L’abbé Grégoire défend les juifs de l’Est 1791 (27 sept.) Émancipation des juifs de France 1793 Terreur et persécutions religieuses 1808 prise de patronymes. Organisation du culte israélite par Napoléon : création du Consistoire central et de 8 consistoires locaux. « Décrets infâmes » à la demande des députés alsaciens
177
6 000 juifs alsaciens victimes de la Shoah
1939-1945 les nazis exterminent plus de 6 millions de juifs en Europe (75 000 en France)
1962 début du concile Vatican II. Arrivée en France de 120 000 rapatriés juifs d’Algérie
1958 inauguration de la nouvelle synagogue de la Paix à Strasbourg
La Moselle et l’Alsace sont annexées au iiie Reich Nazification de la région. Les juifs encore présents sont expulsés en France Été 1940 pillage et destruction des synagogues et cimetières juifs
1940 (22 juin) armistice signé par Pétain Sept.-oct. les juifs mis au ban de la société
1948 création de l’État d’Israël
1939 25 000 juifs en Alsace. Beaucoup sont évacués vers le sud-ouest de la France, en même temps que le reste de la population
1919 retour à la France célébré avec enthousiasme
1914-1918 les juifs sont enrôlés, comme tous les Alsaciens, dans l’armée allemande. Certains désertent pour intégrer l’armée française
1939 début de la Seconde Guerre mondiale. 330 000 juifs en France dont 140 000 étrangers
1938 (9-10 nov.)« Nuit de cristal » en Allemagne
1933 Hitler chancelier du Reich
1914-1918 Première Guerre mondiale
1905 fondation de la SHIAL par le rabbin Moïse Ginsburger 1908 inauguration d’une salle juive au Musée alsacien
1871-1918 annexion de la Moselle et de l’Alsace. Env. 25 % des juifs « optent » pour la France
CHRONOLOGIE
1870 guerre franco-allemande 1894-1906 affaire Dreyfus
1848 nombreuses émeutes anti-juives en Alsace, notamment dans le Sundgau
1848 révolutions dans toute l’Europe
Milieu-XIXe apogée du judaïsme rural alsacien. 1849 111 communautés dans le Bas-Rhin ; 49 dans le Haut-Rhin 1861 35 000 juifs, restant la 1re communauté juive de France
Construction / reconstruction de nombreuses synagogues
1831 loi permettant le financement du culte israélite
1828 fondation du séminaire rabbinique de France à Metz
1784 nouveau statut des juifs d’Alsace les autorisant à travailler la terre mais expulsion de tous ceux en situation irrégulière. Grand dénombrement : 22 000 juifs (3 % de la population d’Alsace) ; 187 communautés dont 160 rurales. Les plus importantes : Bischheim (473) et Wintzenheim (381)
1779 les non-catholiques peuvent intégrer les corporations 1784 suppression du péage corporel 1786 Cerf Berr préposé des juifs d’Alsace et de Lorraine
1775 Cerf Berr (1726-1793) préposé général de la Nation juive d’Alsace
XVIIIe forte croissance des communautés juives. 1700 : 3 600 juifs ; 1732 : 10 000 ; 1754 : 13 000
2e moitié XVIIe « Grand retour » des juifs. Création de nombreuses communautés dans les campagnes jusqu’à la Révolution. Vivent de petits prêts d’argent aux paysans, de vente de bétail et de colportage. Sauf exceptions, très pauvres
1666 conversion à l’islam du faux messie Sabbataï Tsevi. Persistance du sabbataïsme (mouvement messianique juif)
rural. Seules communautés urbaines importantes : Francfort-sur-le-Main, Worms, Prague… et Metz
Climat d’insécurité. Les juifs se réfugient dans les villes fortifiées 1648 l’Alsace devient française. Ruinée, elle a perdu la moitié de sa population. Environ 2 000 juifs
1574 expulsion des terres relevant des Habsbourg (mais exceptions)
1618-1648 Guerre de Trente Ans / épidémies de peste
1615 Louis XIII confirme le bannissement des juifs de France
1555 accueil dans le sud-ouest de la France de « nouveaux chrétiens » (juifs convertis venus de la péninsule Ibérique). 1567 4 familles autorisées à Metz 1595 première reconnaissance officielle d’une communauté juive en France depuis le Moyen Âge
Isaac Louria Ashkénazi (1534-1572) et l’école de Safed en Galilée. Grande influence aux siècles suivants sur les pratiques juives populaires
1525 Guerre des paysans (Bundschuh). Les Rustauds mettent à feu et à sang une bonne partie du Saint Empire Entre 1523 et 1552 Josselmann de Rosheim défend les juifs de tout le Saint Empire
La Renaissance et l’humanisme n’atténuent pas le mépris pour les juifs. La Réforme attise les violences 1522 Des juifs et de leurs mensonges de Martin Luther 1522 Josselmann de Rosheim (1478-1558) préposé des juifs d’Alsace. En 1525, il sauve sa ville de Rosheim
Dans les pays rhénans, un chapeau pointu jaune
1215 concile de Latran : les juifs sont contraints de porter un signe distinctif
consacrent surtout au commerce de l’argent, en principe interdit aux chrétiens
XIe-XIIe création d’une importante communauté juive à Strasbourg
L’Alsace semble à l’écart des grands courants migratoires juifs
ALSACE
1095-1096 première croisade. Massacres de juifs 1140 1re accusation de crime rituel (fabrication de pain azyme avec le sang d’un enfant chrétien) en Angleterre
1040-1105 Rashi de Troyes : le plus grand commentateur de la Bible et du Talmud
IXe-Xe nombreuses communautés juives en France. En Lorraine : Metz, Toul, Verdun…
500 achèvement du Talmud de Babylone
Fin IIe communautés juives en Gaule
70 destruction du second Temple de Jérusalem par les Romains
FRANCE, ALLEMAGNE ET MONDE ANNEXES CHRONOLOGIE
178 MOSELLE Thionville Metz Forbach Maizières-lès-Vic Schalbach Phalsbourg
1 2 3 4 5 6 7 8
HAUT-RHIN Bergheim Horbourg Reguisheim Mulhouse Hagenthal Hegenheim 19 20 21 22 23 24
179
MECKLENBURG-VORPOMMERN (MECKLEMBOURG-POMÉRANIE OCCIDENTALE) 30 Waren (Müritz)
NORDRHEIN-WESTFALEN (RHÉNANIE DU NORD – WESTPHALIE) 28 Detmol 29 Stommeln
ALLEMAGNE
25 Bâle 26 Délémont 27 Lengnau
S UISSE
BADEN-WÜRTEMBERG (BADE-WURTEMBERG) Oberdorf Michelbach Merchingen Sennfeld-Adelsheim Bad-Rappenau Freudental Hochberg Nordstetten Baisingen Hechingen Kippenheim-Schmieheim 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57
61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76
D MITTELFRANKEN (MOYENNE-FRANCONIE) Schnodsenbach Mülhausen ühlfeld Wilhermsdorf Kairlindach Schnaittach Ansbach Zirndorf Nürmberg (Nuremberg) Schwabach Roth Mönchsroth Cronheim Georgensmünd Hipolstein Pappenheim
D* SCHWABEN (SOUABE) 58 Fellheim 59 Ichenhausen 60 Kriegshaber
BAYERN (BAVIÈRE)
HESSEN (HESSE) Bensheim-Auerbach Marburg Wohratal Kassel Richelsdorf-Wildeck 42 43 44 45 46
31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
RHEINLAND-PFALZ (RHÉNANIE-PALATINAT) Schweich Ediger-Eller Niederzissen Bruttig Odenbach-Glan Obermoschel Alsenz Mainz-Weisenau Worms-Pffedersheim Weisenheim-am-Berg Worms
ALL E M AG N E
BOHÈME 109 Bezdružice 110 Kdyně 111 Janovice nad ùhlavou 112 Ùhlavou 113 Kasejovice 114 Březnice 115 Zalužany 116 Všeradice 117 Praha (Prague) 118 Jicin 119 Lŭze 120 Rychnov nad Kněžnou 121 Doubleby nad Orlici
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
D OBERPFALZ (HAUT-PALATINAT) 108 Sulzbach
D OBERFRANKEN (HAUTE-FRANCONIE) 101 Ansbach 102 Reckendorf 103 Lichtenfels 104 Altenkunstadt 105 Bayreuth 106 Dormitz 107 Ermreuth
D UNTERFRANKEN (BASSE-FRANCONIE) 77 Röllbach 78 Rieneck 79 Hammelburg 80 Westheim 81 Massbach 82 Westheim-bei-Hammelburg 83 Niederwerrn 84 Kleinsteinach 85 Untermerzbach 86 Urspringen 87 Veitshöchheim 88 Arnstein 89 Würzburg (Wurzbourg) 90 Goβmannsdorf 91 Obernbreit 92 Hüttenheim 93 Weisenbronn 94 Altenschönbach 95 Memmelsdorf 1 96 Memmelsdorf 2 97 Gaukönigshofen 98 Weikersheim 99 Aub 100 Heidingsfeld
ITAL IE
GENIZAH ÉTUDIÉE
* D = district
125 Eisenstadt
AUTRICHE
MORAVIE 122 Ùsov 123 Loštice 124 Holešov
FRONTIÈRES ACTUELLES DES ÉTATS
GENIZAH PRIVÉE
PSEUDO-GENIZAH
GENIZAH
GENIZAH ATTESTÉE MAIS DÉTRUITE AVANT ÉTUDE
A U T R IC H E
R É P U BL IQ U E TC H ÈQ U E
P OL O G N E
LES GENIZOT ASHKÉNAZES
SUISSE
BAS-RHIN Weiterswiller Dettwiller Haguenau Bischwiller Marmoutier Balbronn Mutzig Dambach-la-Ville Scherwiller Mackenheim 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
ALSACE
MEURTHE-ET-MOSELLE Toul Nancy
LORRAINE
FRANCE
F R A N CE
PAYS-B A S
ANNEXES LES GENIZOT ASHKÉNAZES
178 MOSELLE Thionville Metz Forbach Maizières-lès-Vic Schalbach Phalsbourg
1 2 3 4 5 6 7 8
HAUT-RHIN Bergheim Horbourg Reguisheim Mulhouse Hagenthal Hegenheim 19 20 21 22 23 24
179
MECKLENBURG-VORPOMMERN (MECKLEMBOURG-POMÉRANIE OCCIDENTALE) 30 Waren (Müritz)
NORDRHEIN-WESTFALEN (RHÉNANIE DU NORD – WESTPHALIE) 28 Detmol 29 Stommeln
ALLEMAGNE
25 Bâle 26 Délémont 27 Lengnau
S UISSE
BADEN-WÜRTEMBERG (BADE-WURTEMBERG) Oberdorf Michelbach Merchingen Sennfeld-Adelsheim Bad-Rappenau Freudental Hochberg Nordstetten Baisingen Hechingen Kippenheim-Schmieheim 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57
61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76
D MITTELFRANKEN (MOYENNE-FRANCONIE) Schnodsenbach Mülhausen ühlfeld Wilhermsdorf Kairlindach Schnaittach Ansbach Zirndorf Nürmberg (Nuremberg) Schwabach Roth Mönchsroth Cronheim Georgensmünd Hipolstein Pappenheim
D* SCHWABEN (SOUABE) 58 Fellheim 59 Ichenhausen 60 Kriegshaber
BAYERN (BAVIÈRE)
HESSEN (HESSE) Bensheim-Auerbach Marburg Wohratal Kassel Richelsdorf-Wildeck 42 43 44 45 46
31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
RHEINLAND-PFALZ (RHÉNANIE-PALATINAT) Schweich Ediger-Eller Niederzissen Bruttig Odenbach-Glan Obermoschel Alsenz Mainz-Weisenau Worms-Pffedersheim Weisenheim-am-Berg Worms
ALL E M AG N E
BOHÈME 109 Bezdružice 110 Kdyně 111 Janovice nad ùhlavou 112 Ùhlavou 113 Kasejovice 114 Březnice 115 Zalužany 116 Všeradice 117 Praha (Prague) 118 Jicin 119 Lŭze 120 Rychnov nad Kněžnou 121 Doubleby nad Orlici
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
D OBERPFALZ (HAUT-PALATINAT) 108 Sulzbach
D OBERFRANKEN (HAUTE-FRANCONIE) 101 Ansbach 102 Reckendorf 103 Lichtenfels 104 Altenkunstadt 105 Bayreuth 106 Dormitz 107 Ermreuth
D UNTERFRANKEN (BASSE-FRANCONIE) 77 Röllbach 78 Rieneck 79 Hammelburg 80 Westheim 81 Massbach 82 Westheim-bei-Hammelburg 83 Niederwerrn 84 Kleinsteinach 85 Untermerzbach 86 Urspringen 87 Veitshöchheim 88 Arnstein 89 Würzburg (Wurzbourg) 90 Goβmannsdorf 91 Obernbreit 92 Hüttenheim 93 Weisenbronn 94 Altenschönbach 95 Memmelsdorf 1 96 Memmelsdorf 2 97 Gaukönigshofen 98 Weikersheim 99 Aub 100 Heidingsfeld
ITAL IE
GENIZAH ÉTUDIÉE
* D = district
125 Eisenstadt
AUTRICHE
MORAVIE 122 Ùsov 123 Loštice 124 Holešov
FRONTIÈRES ACTUELLES DES ÉTATS
GENIZAH PRIVÉE
PSEUDO-GENIZAH
GENIZAH
GENIZAH ATTESTÉE MAIS DÉTRUITE AVANT ÉTUDE
A U T R IC H E
R É P U BL IQ U E TC H ÈQ U E
P OL O G N E
LES GENIZOT ASHKÉNAZES
SUISSE
BAS-RHIN Weiterswiller Dettwiller Haguenau Bischwiller Marmoutier Balbronn Mutzig Dambach-la-Ville Scherwiller Mackenheim 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
ALSACE
MEURTHE-ET-MOSELLE Toul Nancy
LORRAINE
FRANCE
F R A N CE
PAYS-B A S
ANNEXES LES GENIZOT ASHKÉNAZES
Prix : 35 euros
HÉRITAGE INESPÉRÉ
OBJETS CACHÉS AU CŒUR DES SYNAGOGUES
Une genizah est un dépôt rituel d’écrits portant le nom de Dieu et, par extension, d’objets de culte usagés qui ne doivent pas être jetés et sont donc déposés dans une cache à l’intérieur de la synagogue, dans l’attente d’un éventuel enterrement au cimetière. La découverte exceptionnelle, en 2012, d’une genizah sous le plancher des combles de la synagogue de Dambach-la-Ville en Alsace a mis au jour un ensemble d’une richesse exceptionnelle, tant par la variété que par l’ancienneté de certains objets (parchemins des xive et xve siècles, imprimés du xvie siècle, mappot du début du xviie siècle…). Le présent catalogue offre, pour la première fois en France, une étude approfondie de cet ensemble. Il présente aussi d’autres genizot régionales plus modestes tout en replaçant le propos dans un contexte européen. Le lecteur y découvrira, au-delà de la charge émotionnelle de ces humbles vestiges, la vie quotidienne d’une petite communauté juive rurale sous ses aspects les plus variés et son évolution des débuts de l’ère moderne à la fin du xixe siècle.