Perahim, La parade sauvage

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39 €

La parade sauvage

Perahim

Perahim

• La Vie antérieure • Autoportrait • Gherasim Luca • Proverbes et Dictons • Conseil d’administration • Profil d’une morale • Le Discours • La Ville désenchantée • La Rue • La Grève • Mains-d’œuvre • Lumpenprole­tariat et Aristocratie • La Mitrailleuse • Le Petit Fantôme de la guerre • Bourreau • Le Voleur d’orages • Ubu en Afrique • La Guerre africaine • La Traversée du désert • Tribu des Lozi • Promenade sur une ligne conventionnelle • L’Herbe à l’aube • Équilibre parfait • Un arbre se promène • Un peuplier traverse la mer • Le Paradis sans hom­m es • Dictionnaire illustré • Sentier dans les Carpates • Fin d’été • Maison à vendre : la loi de la multi­plication • Citadelle pour une archéologie future • La Nostalgie d’un lieu • Les Rescapés du Minotaure • Le Congrès • Le Rêve • Le Balcon • La Barque de l’amour s’est brisée contre les vagues de la vie courante • L’Œuf de la colombe ou la découverte de l’Amérique • L’Animal ange • La Nuit dans la forêt • Le Témoin • Le Promeneur • Vingt-huit visibles • Lamed, arcane 12 • Déclaration enflammée ou travailler du chapeau • Histoire d’un mythe • Naissance d’Il n’y a pas • Pouvoir de dé­doublement • Oiseaux possibles • Mon ami le Sphinx, Démonologie paradisiaque • Métamorphose en rouge • L’Enfance heureuse de Pythagore • Les Cinq saisons •



Perahim

la parade sauvage MusĂŠes de la Ville de Strasbourg



Perahim

J’ai commencé à peindre en étant très jeune : en 1932, à un peu moins de dix-huit ans, j’ai ouvert ma première exposition personnelle. Je m’étais déjà approché du noyau très restreint de l’avant-garde en Roumanie, groupé autour de la revue Unu. J’ai publié avec deux ou trois amis poètes la revue non-conformiste et provocatrice Alge (Algues). J’aime Rimbaud, Baudelaire, Apollinaire et Jarry, les romantiques allemands et quelques poètes roumains qui pratiquent « l’alchimie du verbe ». Je suis fasciné par les étranges récits hassidiques racontés par un comédien de la troupe du théâtre de Vilnius de passage à Bucarest et hébergé dans notre maison. Je suis attiré par les pages bizarres d’un vieux traité de chimie et par quelques ustensiles surprenants hérités du laboratoire de mon père « Docteur en pharmacie ». Je lis le livre de Papus Le Tarot des bohémiens, je dessine quelques images et peins Équilibre parfait (1932) sur le thème des arcanes du Tarot et leur analogie avec les lettres hébraïques (préoccupation reprise plus tard dans L’Alphabet, Paris, 1974). En 1938 je me trouve à Prague et je passe des journées entières sur les rouelles des alchimistes. Je marche sur les traces du Golem. Le grenier dans lequel se 11



Sommaire

Extrait de la réponse de Perahim à Arturo Schwartz Préfaces

La trajectoire graphique de Perahim

Roland Ries, Joëlle Pijaudier-Cabot et Alain Jouffroy Serge Fauchereau

Sélection d'œuvres

La ligne et la lance Un monde de mondes L’air Perahim Perahénigmes

Petr Král

Francis Hofstein Dan Stanciu

Pierre Vandrepote

Biographie et œuvres exposées

Un diamant caché sous les feuilles

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Entretien entre Estelle Pietrzyk et Marina Vanci-Perahim

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La trajectoire graphique de Perahim

Serge Fauchereau

Le dessin dénote-t-il la probité d’un art, comme l’affirmait Ingres ? Quoi qu’il en soit, il est des artistes pour lesquels dessiner est un acte primordial ; chez Perahim, on le voit jusque dans ses peintures toujours si soigneusement dessinées. Au demeurant, outre ses expositions spécifiques d’œuvres graphiques, il n’est guère d’expositions de ses peintures où ne figurent aussi des dessins. Les réflexions qui vont suivre négligeront volontairement les talents de coloriste du peintre pour s’attacher au tracé, au graphisme, ce qui ne va pas sans arbitraire puisque beaucoup de ses dessins et de ses estampes sont en couleur.

comme « para-surréaliste » p. 107, 108, 110 et 111 . Dans ses mémoires, Pană révèle avoir connu Perahim dans la crèmerie que tenait alors le poète Stephan Roll p. 106. Il le décrit comme « un garçon de 14-15 ans, timide et gentil » dont il remarque le talent de dessinateur 1. Significativement, c’est par un dessin paru dans cette revue que se manifeste un nouvel artiste, sous le nom de S. (Sade) Perahim. Notons que, d’Arghezi à Tzara, c’est un usage courant dans l’avant-garde roumaine de prendre un pseudonyme, et que, souvent, celui-ci finit par devenir un nom officiel. Introduit dans la revue Unu, Perahim y fréquente non seulement des poètes connus dans les Le premier signe conservé d’une Fig. 1 − Lampadaire, 1932 préoccupation artistique chez le petits milieux novateurs, comme futur artiste est un autoportrait Ilarie Voronca et Geo Bogza, mais à l’âge de dix ans. Le jeune Jules aussi des peintres comme Max Blu­menfeld s’est représenté en train de se portraituHermann Maxy, Hans Mattis-Teutsch et Victor Brau­ner auquel il sera particulièrement lié d’amitié. rer, assis dans le salon familial p. 105. La précision du personnage et de tous les détails des meubles et des Sa collaboration à Unu consiste en illustrations pour objets qui l’entourent sont déjà une prouesse pour la revue ou pour les livres qu’elle publie parallèleun si jeune enfant, or la seule formation académique ment. Son portrait d’Urmuz est célèbre cependant, qu’il recevra jamais, des cours privés auprès de maîcomme celui de Lautréamont par Dalí, il est imagitres conventionnels, n’interviendra qu’en 1928-1929. naire puisqu’il n’a pu connaître l’écrivain qui s’était Ces peintres avaient-ils conscience du tour de main suicidé en 1923. Une illustration typique que Pană exceptionnel de leur élève ? Il est probable, en revandate de 1932 représente une scène urbaine superposant plusieurs plans de réalité autour d’une femme che, que le métier orthodoxe qu’ils enseignaient ne pouvait satisfaire longtemps un adolescent en quête sans tête accotée à un réverbère dont la lumière de nouveau, comme d’autres de ses amis lycéens eux n’éclaire que la partie supérieure de la rue ; dans la aussi promis à une belle carrière, Gherasim Luca partie obscure du lavis, la femme vient d’arracher et Aurel Baranga tout juste un peu plus âgés que le bras d’un passant aussi dépourvu de tête qu’ellelui. Leur trio va vite s’immiscer parmi les avantmême ; sur le bas-côté s’entassent ainsi des bras sans gardistes qui gravitent autour de la revue Unu (un) corps, comme s’il s’agissait d’une scène de prostitufondée par Saşa Pană en 1928 et qu’on définirait tion chez des mannequins sado-masochistes Fig. 1. 21


Sans titre, planche de Proverbes et Dictons, 1957

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Sans titre, planches de Proverbes et Dictons, 1957

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La Ville désenchantée, 1938

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La Rue, 1936

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Tribu des Lozi, 1976

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Promenade sur une ligne conventionnelle, 1986

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Le RĂŞve, 1939

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Le Balcon, 1939

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(de vraies photographies pour la plupart) y exécutent avec d’autres de nouvelles figures de danse, d’une frénésie d’autant plus étonnante que plusieurs parmi ces fragments prennent la forme allongée d’un gisant (Collage, vers 1999). Il est bien difficile de retrouver sans trouble ce rejaillissement de l’invention plastique – et ce souci de l’artiste de renouveler constamment ses thèmes et procédés personnels – encore au seuil de la mort ; voilà l’exemple frappant du fait entre tous pathétique qu’avec le départ d’un créateur véritable, tout un monde singulier et irremplaçable disparaît à jamais de celui-ci. Francis Hofstein On peut certes penser que le remplacement d’une Jules Perahim allait sa route et moi la mienne quand transformation souhaitée du monde par rien qu’une elle nous devint commune. Nous n’avions ni le même danse, par d’infinies combinaisons de signes et de pas ni les mêmes raccourcis, mais la même langue, figures auxquelles il n’est donné de déboucher sur née du silence et de l’acquiescement à cette sorte aucune conquête durable, d’ordre autant esthétique de hasard qui se passe de serments comme de jugequ’ontologique – ou existentiel –, que cette substiments. Notre amitié se forgea là, dans la durée, et tution est en fin de compte bien désolante ; qu’il n’y c’est d’elle que je m’autorise aujourd’hui à mettre a que désespoir et sentides mots et des phrases ment de vide à constater sur une œuvre qui n’en a qu’un tel jeu de combipas besoin. Et cela à la naisons est tout ce que façon d’un de ses libila peinture et la poésie doptères survenant sous nous offrent, et tout ce une forme ou une autre qu’elles peuvent. Chez dans les espaces improPerahim, pourtant, ce bables qu’il leur offre jeu demeure assez conavec une précision mesucret et constamment rée ; à l’image des titres inspiré pour déboucher qui donnent à chaque chaque fois sur un vertableau la clarté d’une tige, un plaisir, un requestion ; dans le désir gard sur les choses et avoué de me joindre au Fig. 1 − La Révolution impossible, 1970 un hommage au réel difbonheur des pierres qui férent : sur une autre parsèment le monde de ronde ou bataille de masPerahim. ques, un autre envol d’oiseaux gonflables ou un nouNous sommes, et il ne m’a jamais démenti, voivel effondrement d’hommes-étagères, voir de simsins de mémoire et frères en histoire. Nous avons ples colonnes un peu ivres de paillettes et de petits de toute éternité un lieu commun où il n’a jamais carrés de couleur. Et sur une nouvelle surprise que été question de retrouvailles, puisque, sans nous y chacune de ses trouvailles engendre. attendre, nous y étions déjà : une rencontre de pasPrague, le 26 mai 2014 sants dont l’imprévu organise une traversée partagée qu’il n’est pas présomptueux de décrire comme une arrivée à sa hauteur – parce que c’est ainsi que Perahim pratiquait l’accueil. Peu de mots. Ciel et eau, un regard. On perçoit la tension, l’attention. Une présence. Une présence comme sa peinture, ouverte, lumineuse. On entre aisément et, tout soudain, énigme, l’œil et le sourire esquissé nous ont menés au carrefour de l’histoire. Elle commence, Perahim a dix ans avec un autoportrait p. 105 où, déjà de l’autre côté du miroir, il se dessine gaucher. Il le sera bien des années plus tard,

Un monde de mondes

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mais ce n’est pas cela qui explique qu’à de rares d’une frontière tout en circonvolutions cérébrales exceptions près, il ne dessinera ni ne peindra plus dont les métaphores contradictoires, qu’elles soient que des corps en métamorphose. De Victor Braud’automne ou d’été, ont l’art de vous inclure totalener privé de regard à Marina Vanci interdite de ment à son monde. À ses mondes. parole p. 133 en passant par lui-même en cyclope, les Dans son Paradis sans hommes p. 58 et 124, la pomme visages se découpent, fondent, se masquent, devienn’est pas croquée et repose repose sur une ligne nent porte-chapeaux, fables, proverbes et dictons, conventionnelle qui sert à Perahim l’équilibriste à pointent un doigt accusateur vers un ciel duquel on franchir l’océan. C’est bien le moins après sa lonrefuse tout nouvel envoi de prophètes. Aux corps gue traversée du désert, durant laquelle il a failli suspendus répondent les corps qui se morcellent, cesser de peindre. De là peut-être les chaises vides, tandis qu’un petit homme replet en imperméable les maisons inhabitables, les tunnels murés, les p. 43 et chapeau porte sous un bras les Mains-d’œuvre  usines improbables. Il n’en faut pas moins remaret 114 qui, sans jamais rien laisser dans l’informe, quer, noter la similitude des formes et des couleurs vont permettre au peintre un nouvel autoportrait entre les costumes, les masques et les décors qu’il a à la découpe, comme une annonce que le réel n’est conçus pour le théâtre où s’est poursuivie sa mise pas la réalité. en question du monde, et sa peinture éclatante, Perahim est en révolte et il le fait savoir. Par le joyeuse mais jamais oublieuse, comme en témoigne dessin, Lampadaire p. 21 et 111, La Rue p. 41 et 115, Décharge Le Discours de 1978 p. 39 et 123. p. 47 et 109 publique… et la peinture, Bourreau  , La Comme lui, son œuvre pratique l’accueil et s’ofMitrailleuse p. 45 et 110 … fre non seulement au et cette interprétation regard, à la contempladu joueur de flûte de tion, mais à l’interrogaHamelin, peinte en 1934 tion, à l’aventure. « Enp. 128, qui annonce clairetrez, nous dit-elle, n’ayez ment les camps d’extercrainte. Je suis humaine mination nazis. On sait malgré les apparences, la suite, les trains de et si vous croyez que la mort, les chambres ce que je représente à gaz, la guerre dans ne vous ressemble pas, toute l’Europe, bieneh bien courez vers le tôt coupée en deux par miroir le plus proche une paix glacée. et laissez-vous rêver. Perahim est du côté Laissez-vous rêver par Fig. 2 − Poursuite, 1983 où son inventivité n’est un peintre qui peint pas la bienvenue, il lui et dessine la vie non faut prendre cet exil de pas pour vous endorlui-même en patience et, quand reviendront les mir mais pour que vous la viviez. Comme lui. » corps, passés par un Congrès p. 66 et 120 en douze desPerahim peint juste. Dans son rythme. Soit une sins torrides, ils seront en lambeaux : Demain matin, pulsation qui ordonne la pulsion et l’installe dans le Le Débarquement, où se défait un corps de femme et temps et la durée. Dans une articulation des formes dont on ne sait s’il est mémoire de celui de juin 1944 qui la mène à un équilibre dont la stabilité, comme ou métonymie universelle, La barque de l’amour s’est chez Thelonious Monk, tient au mouvement. Chez brisée contre les vagues de la vie courante p. 70 et 120, triste Perahim, tout passe et tout demeure, tandis que  Fig. 1 constat confirmé par La Révolution impossible . sans cesse le même revient différent. C’est un tournant : Perahim est enfin à Paris, il Il n’est que d’observer ces personnages bâtis va pouvoir peindre l’amour sous toutes ses formes, d’oiseaux et de poissons venus de l’enfance de Lettre, Poursuite Fig. 2 caché, sur un zèbre… et surl’homme, cadavres exquis affairés, faits d’antennes, tout libérer Les Feux du génie, dont les piquants et de damiers et d’Afrique, de plumes, de poils et de l’air arrogant sont autant de rappels à l’ordre de jambes usant de toutes les ressources de la géoméson regard à la fois sérieux et narquois. Cet habitrie et de l’anthropomorphisme, à la sensualité exutant d’un arbre calme, en effet, est aussi un voleur bérante et assumée, aux couleurs vibrantes, prodide paysages, prompt au camouflage, déguisé là gues. Jaillissant comme des évidences de l’armoire en oiseau, ici en promeneur, passager clandestin à desseins, chroniques et dessins de Perahim, ils 99


Le Petit Fantôme de la guerre, 1937 Gouache et encre sur carton, 20,8 × 17,8 cm Musée national d’art de Roumanie, Département des dessins et peintures

Autoportrait, s. d. [1938]

Crayon et aquarelle sur papier, 46 × 37 cm

La Ville désenchantée, 1938 Collage et encre de Chine sur papier, 12,8 × 12 cm

Sans titre, s. d. [1938] Crayon sur papier, 10,5 × 13,6 cm

Le Balcon, 1939 Encre de Chine sur papier, 28 × 43 cm

Sans titre, s. d. [1938] Crayon sur papier, 10,5 × 13,6 cm

Le Rêve, 1939 Encre de Chine sur papier, 28 × 43 cm

Perahim par Aurel Bauch, 1938

1938 En février, Perahim se dirige vers Paris.

En route, il s’arrête à Prague, où il rencontre John Heartfield, qui s’y est exilé. Il expose seize gouaches et treize dessins dans le foyer du théâtre D 38 dirigé par A. F. Burian, où quelques semaines plus tôt, ont été montrés les surréalistes tchèques, Toyen et Styrsky. Le catalogue reproduit trois gouaches ; figurent dans la liste d’ œuvres exposées : Quand je serai grand j’aurai des moustaches (en français), J’aime la nuit, Homme mangeant le paysage, Le Petit Fantôme de la guerre (MNAR), Réfugiés de Bilbao (référence directe à la guerre civile d’Espagne). Perahim projette de réaliser avec Burian un spectacle d’après Les Chants de Maldoror de Lautréamont. Ni ce projet, ni celui de rejoindre Paris, ne pourront être réalisés. Les événements tragiques que traverse l’Europe centrale l’obligent à revenir dans une Roumanie où l’extrême-droite est en pleine ascension.

Sans titre, s. d. [1938] Crayon sur papier, 10,5 × 13,6 cm

Couverture de Le Poumon sauvage de Paul Păun, Bucarest, 1939

116


En août 1944, la Roumanie se détache des puissances de l’Axe et se range du côté des Alliés. Au mois de septembre, Perahim rejoint enfin la Roumanie et retrouve ses amis qui le croyaient mort depuis longtemps. Les images d’épouvante demeurent et lui inspirent une série de gouaches intitulée Les Horreurs de la guerre (exposée à Bucarest en juin 1945).

Couverture de Proverbes et dictons, Édition d’état pour la littérature et l’art, Bucarest, 1957

Sans titre, dans Le Poumon sauvage de Paul Păun, 1939

194o À la fin de l’année est instaurée la dictature fasciste en Roumanie. Poursuivi et menacé de mort pour ses dessins anti-nazis, Perahim est obligé de se réfugier en novembre en Bessarabie, province devenue soviétique, convaincu qu’il y sera à l’abri de la guerre qui sévit dans le reste de l’Europe.

Perahim, au retour de la guerre, 1944

1946 Décors, costumes et masques pour

Macbeth de Shakespeare dans une mise en scène d’Ion Sava.

1948 Instauration de la dictature du prolétariat

Hommage à Mateiu Caragiale, 1941

Crayon sur papier, 32 × 23,5 cm

1941 En juin 1941, après l’invasion de l’armée allemande, Perahim se déplace avec la 1943 population civile dans des wagons de marchandises, se soumet au travail obligatoire et exerce des métiers divers : travailleur sur un chantier, kolkhozien éleveur de poules, etc. Chassé par la percée du front nazi, il traverse à pied le Caucase jusqu’en Arménie où il arrive gravement malade. Il gagne sa vie comme décorateur dans un théâtre pour blessés de guerre près d’Erevan.

1944 En mars 1944, il est mobilisé à Moscou

pour assurer la mise en forme et l’illustration de la revue Graiul Nou (la nouvelle parole) et dessine des manifestes antinazis, censés informer la population de l’issue immanente de la guerre et de l’intention de l’Armée rouge à combattre le nazisme jusqu’à sa chute finale à Berlin, en libérant les pays occupés ou alliés à l’Allemagne, comme c’est le cas de la Roumanie.

117

en Roumanie. Si Perahim adhère d’abord au rêve d’un monde nouveau, il déchante rapidement. L’arrivée des conseillers soviétiques dans le domaine de l’art oblige les artistes à une soumission, non seulement dans le choix des sujets mais aussi dans les moyens d’expression. Perahim est nommé professeur de scénographie et d’art graphique à l’Institut d’art théâtral et cinématographique de Bucarest, ainsi qu’à l’Institut d’art plastique (1948‑1956). En 1949, il épouse Ania Bogoslava, comédienne. Naissance de Matei en 1949 et de Rosalia en 1954.

Sans titre, planche de Proverbes et Dictons, 1957 Linogravure, 50 × 35 cm

1958 Il expose à la Triennale des Arts décoratifs

de Milan où il obtient une médaille d’argent pour ses céramiques. Il est rédacteur en chef de la revue Arta plastica (Art plastique) de 1956 à 1964. Perahim est auteur de quelques cycles de gravures, dont Proverbes et Dictons, présentées à Bucarest en 1957 (exposées aussi à Milan en 1962).

195o Perahim cesse de peindre pendant plus décennie et se consacre à un art 196o d’une grand public : il réalise plusieurs décora-

tions murales pour les édifices publics dont la Maison des Droits intellectuels (Genève), la Maison de la Culture de Mangalia ou la salle des Sports à Constanta (Roumanie). Il accompagne de dessins des livres de littérature universelle ou des classiques de la littérature roumaine (Anatole France, Dostoïevski, Tolstoï, Traven et Eminescu, Macedonski), ainsi que des livres pour enfants (Gellu Naum, Victor Eftimiu, Nina Cassian). Il remporte une médaille d’or pour ses illustrations à la Foire du Livre à Leipzig en 1959). Perahim entouré de ses céramiques et quelques gravures dans son atelier à Bucarest, 1958


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La parade sauvage

Perahim

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