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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°11 - FÉVRIER 2009 DOSSIERS : BRONCHOPNEUMOPATHIES DES BOVINS - PORCS : AFFECTIONS BACTÉRIENNES CUTANÉES

N°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

Actualités en perspective - Dangers et risques, la perception d’aujourd’hui est-elle la réalité de demain ?

Ruminants - Physiopathologie des infections bactériennes respiratoires - Troubles respiratoires et croissance des bovins à l’engrais - Impact technique et économique des troubles respiratoires des jeunes bovins lors de l’engraissement - Métaphylaxie et antibioprévention des jeunes bovins élevés en lots

- Dossier reproduction suite - Origine infectieuse des troubles de la reproduction en élevage bovin : moyens d'investigation

DOSSIERS :

BRONCHOPNEUMOPATHIES des bovins allotés

AFFECTIONS BACTÉRIENNES CUTANÉES des porcins partie

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FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Comprendre l’épidémiologie 3e série 1. Le risque : introduction à l’épidémiologie analytique

- Étude de cas - Besnoitiose bovine sur un troupeau de bovins

- Revue de presse internationale - Tests de formation continue et d’épidémiologie

- Synthèse - 1. Sélénium et transfert d’immunité passive : statut sélénique de la vache et concentration en Ig G du colostrum

Porcs - Diagnostic et traitement des affections bactériennes cutanées des porcins 2e partie

Comprendre et agir - Observation clinique - Un foyer de mammites à Mycoplasma putrefaciens en élevage caprin

- Enjeux économiques - Bilan de santé de la Politique Agricole Commune : quoi de neuf, Docteur ?


Volume 2 revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données :

sommaire

• Index Veterinarius

N°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

(CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

DOSSIERS - BRONCHOÉditorial par Jean-François Valarcher Test clinique - Un abcès intracrânien chez un jeune bovin Audrey Labouyrie, Christophe Roy, Jean-Louis Roque, Pierre-Michel François

PNEUMOPATHIES des bovins allotés

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ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Dangers et risques, la perception d’aujourd’hui est-elle la réalité de demain ? Zénon

- Les affections bactériennes cutanées des porcins

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RUMINANTS Dossier Bronchopneumopathies des bovins allotés - Physiopathologie des infections bactériennes respiratoires François Schelcher, Hervé Cassard, François Corbière, Gilles Foucras, Caroline Lacroux, Gilles Meyer, Didier Raboisson - Troubles respiratoires et croissance des bovins à l’engrais Fabien Corbière, Vivien Philis, Romain Besse, Caroline Lacroux, François Schelcher - Impact technique et économique des troubles respiratoires des jeunes bovins lors de l’engraissement Nathalie Bareille, Henri Seegers, Géraldine Denis, Jean-Michel Quillet, Sébastien Assié - Métaphylaxie et antibioprévention des jeunes bovins élevés en lots Sébastien Assié, Édouard Timsit, Nathalie Bareille - Dossier reproduction suite L’origine infectieuse des troubles de la reproduction en élevage bovin : les moyens d'investigation Xavier Berthelot, Nicole Picard-Hagen

2e partie

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PORCS - Diagnostic et traitement des affections bactériennes cutanées des porcins : partie 2 Jean-Marie Gourreau

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COMPRENDRE ET AGIR - Observation clinique - Un foyer de mammites à Mycoplasma putrefaciens en élevage caprin Florence Tardy, Marie-Anne Arcangioli, P. Devillechaise, François Poumarat, Dominique Le Grand - Enjeux économiques - Bilan de santé de la Politique Agricole Commune : quoi de neuf, Docteur ? Pierre Sans

48 53

FMCvét - formation médicale continue vétérinaire 58

Souscription d’abonnement en page 77

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ACTUALITÉS

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RUMINANTS

- Comprendre l’épidémiologie - 3e série : Le risque 1. Introduction à l’épidémiologie analytique Bernard Toma - Synthèse - 1. Sélénium et transfert d’immunité passive : statut sélénique de la vache et concentration en Ig G du colostrum Didier Raboisson, François Schelcher - Étude de cas - Besnoitiose bovine sur un troupeau de bovins Frédéric Bordes - Revue de presse internationale - Rubrique dirigée par François Schelcher et Henri Seegers. Notre sélection d’articles par Héloïse Ader, Catherine Belloc, Pauline Bories, Cécile Énault, Sébastien Jacquinet, Lucie Trencart, Émilie Videmont

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- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses

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PORCS-VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR FMC Vét

Résultats originaux ou observation originale

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 447


test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (praticien), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Didier Calavas (A.F.S.SA.), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (E.N.V.N.) Arlette Laval (E.N.V.N.), Marc Savey (A.F.S.S.A.) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (E.N.V.N.) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)

Rédacteurs en chef Sébastien Assié (E.N.V.N.) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)

Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie des ruminants, E.N.V.L.) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Baudeau (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, E.N.V.N.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Alain Chauvin (Parasitologie, E.N.V.N.) Alain Douart (Pathologie des ruminants, E.N.V.N.) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Norbert Giraud (praticien) Jean-Marie Gourreau (A.F.S.SA. Alfort) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Milleman ((Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Pierre Philippe (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Jean-Louis Roque (praticien) Pascal Sanders (A.F.S.SA. Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stephan Zientara (E.N.V.A.) Gestion des abonnements et comptabilité : Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37€, U.E. :38€ Tarifs d’abonnement : voir p. 77 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0513 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des lions Ste-Marie des Champs B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 page - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

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des troubles nerveux chez une génisse de 3 mois

A

u printemps, l’éleveur nous appelle pour une génisse de 3 mois, croisée Salers Charolais, en décubitus sternal. Il s’agit d’un élevage traditionnel : les mères sont à l’attache et les veaux sont en box commun sur litière de paille. Les veaux tètent matin et soir, ils ont du foin à disposition et des abreuvoirs alimentés par l’eau du réseau. ● L’élevage est qualifié A en I.B.R., indemne en B.V.D. L’éleveur n’a réalisé aucune intervention durant l’hiver si ce n’est une vaccination 3 mois avant, contre le V.R.S.B., le virus Parainfluenza-3 et Mannheimia hæmolytica (Bovilis Bovigrip®). ● À l’examen clinique, le vétérinaire constate une douleur abdominale. La génisse reçoit alors un A.I.N.S. et un antispasmodique dans 500 ml de NaCl isotonique. Quelques heures plus tard, elle présente une tachycardie ainsi que des troubles nerveux : des tremblements d’intention, une hyperesthésie cutanée et un déficit visuel. ● Dans l’hypothèse d’une méningite ou d’un œdème cérébral, un antibiotique (enrofloxacine Baytril 10%®), un diurétique et un analeptique cardio-respiratoire sont alors administrés lors d’une perfusion à base de bicarbonates. Étant un peu mieux mais toujours couchée en fin de journée, la génisse est perfusée au mannitol. ● Le lendemain, l’animal est debout. Le traitement à base d’enrofloxacine est poursuivi ; des injections de vasodilatateurs cérébraux,

Audrey Labouyrie Christophe Roy Jean-Louis Roque Pierre-Michel François Cabinet Vétérinaire 15400 Riom-ès-Montagnes

de strychnine et d’un anti-hémorragique sont ajoutés. ● Cinq jours plus tard, l’état de la génisse est stationnaire. Rien à signaler à l’examen clinique. ● Un examen neurologique complet est réalisé : - Comportement et attitude : abattue, la génisse se lève et se couche mais ne réagit pas à son environnement (la vache, l’éleveur, les veaux). Son air “absent” est accentué par une ptose palpébrale bilatérale, mais elle cligne parfois des yeux. Elle tient les oreilles en arrière. Elle porte la tête dans l’axe du corps et la déplace un peu latéralement. Elle est nourrie par l’éleveur qui trait sa mère car elle ne va jamais téter. En revanche, elle boit bien à la bouteille ; de la même façon, elle boit si on lui met le museau dans l’abreuvoir. Elle tourne lentement la tête en réponse à des sifflements et au flash de l’appareil photographique. - Locomotion : la génisse se déplace très peu et après stimulation. Elle avance lentement avec une parésie des postérieurs. - Réactions posturales : le test d’appréciation de la proprioception révèle un déficit.

comité de lecture Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Pierre Bézille, Henri-Jean Boulouis, Cyril Boissieu, Alain Bousquet-Melou, Gilles Bourdoiseau, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, Jean-Luc Chatré,

René Chermette, Eric Collin, Fabien Corbières, Stéphane Daval, Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Gilles Fecteau (Québec) Cécile Ferrouillet (U.S.A.), Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Olivier Gauthier, Norbert Gauthier,

Christian Gipoulou, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Nadia Haddad, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Xavier Malher, Jacques Manière, Hervé Morvan, Hervé Navetat, Jean-Marie Nicol,

Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret, Nicolas Roch, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart, Henri Viel, Lionel Zenner.


test clinique - des troubles nerveux chez une génisse de 3 mois Elle peut rester debout sur la face dorsale d’un antérieur ou d’un postérieur et ne le retourner qu’après plusieurs minutes (photo 1). - Innervation périphérique : étant donné que la génisse pèse environ 150 kg et qu’elle se lève et se couche, les nerfs principaux des membres n’ont pas été explorés, ni les réflexes patellaires et tricipitaux. Les réflexes cutanés et périnéaux ainsi que le tonus musculaire sont bons. - Examen des nerfs crâniens : port de tête normal, symétrie faciale, hyperesthésie de la face, ptose palpébrale bilatérale, oreilles portées en arrière. Le tonus lingual est normal, et le réflexe de déglutition positif. Elle présente un nystagmus physiologique à la manipulation de la tête, pas de strabisme, un réflexe de clignement à la menace négatif ; les réflexes cornéen, palpébral, et photomoteurs (directs et indirects) sont positifs. L’animal exprime une douleur légère à l’hyperextension de la tête et à l’hyperflexion de la tête à gauche (photo 2). À l’issue de cet examen, un A.I.N.S. et des vitamines B1 et B6 sont administrés. ● L’état de la génisse n’a pas évolué 6 jours après ce traitement.

1

Examen neurologique : déficit proprioceptif visible après manipulation. La génisse reprend une position normale après quelques minutes (photos A. Labouyrie).

1 Que concluez-vous de l’examen neurologique ? 2 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 3 Des examens complémentaires nous aideraient-ils ? Que proposeriez-vous ? Réponses à ce test page 76

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Examen des nerfs crâniens : ptose palpébrale bilatérale, oreilles en arrière.

Pour le développement de ses activités éditoriales et la réalisation de ses trois revues de formation NÉVA recherche deux vétérinaires (H/F) (25-35 ans) > Animateur(trice) d'un réseau d'auteurs et de lecteurs, vous prendrez en charge les articles de la commande à la publication. > Vous développerez, à l’aide des rédacteurs en chef et des comités de lecture la stratégie éditoriale des trois titres : LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline équine élevages et santé Vous aurez également des responsabilités commerciales et marketing.

Une expérience pratique, ou une spécialisation, en canine, équine ou rurale,

de même que de bonnes connaissances en thérapeutique sont souhaitées. ● Une excellente maîtrise de la langue française, un goût prononcé pour son emploi comme support de communication scientifique et la maîtrise du matériel informatique et du multimedia sont indispensables.

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Disponible rapidement poste salarié plein temps ou 3 jours par semaine, basé à Créteil (94).

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Rémunération et poste évolutifs

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - page


éditorial Approche préventive des troubles cliniques, vaccinations, mesures sanitaires, ... que font les autres pays européens ?

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e contrôle des maladies infectieuses chez les animaux est une des activités principales du vétérinaire praticien en productions animales et à l’échelle mondiale. Cependant, les stratégies mises en place varient considérablement entre les pays, au sein même de l’Europe. Dans les pays d’Europe du nord, l´approche préventive des troubles cliniques est systématique, de même que la volonté d’éradiquer les maladies infectieuses qui ont des conséquences médicales, économiques, en bien-être animal ou à impact zoonotique. Le virus herpès bovin de type 1 a été éradiqué, le virus de la maladie des muqueuses l’est quasiment, des programmes d’éradication contre, par exemple, les salmonelloses, existent et certains chercheurs évoquent la mise en place de futurs programmes contre le virus respiratoire syncytial bovin, le coronavirus bovin ou Escherichia coli O157. La vaccination n’est que très rarement envisagée et les mesures sanitaires sont privilégiées. Il est clair que l’éradication de certaines infections est facilitée par la faible densité d’exploitations (bien que relative dans le sud de la Suède ou au Danemark), ou encore, parce que la quasi totalité des filières de productions sont intégrées, mais ce ne sont pas les seules raisons. Au niveau de l’élevage, les producteurs, avec l’aide et l’adhésion des professionnels de la santé animale, ont opté pour la mise en place et le respect de mesures simples de biosécurité permettant de prévenir l’introduction d’agents infectieux. Par exemple, les intervenants extérieurs à un élevage doivent respecter des procédures de désinfection entre chaque élevage pour les habits de protection et les bottes, ou bien encore utiliser du matériel unique ou qui puisse être désinfecté entre chaque élevage. D’autre part, sur la base de résultats scientifiques, pour une bonne partie obtenues lors d’études financées par les producteurs, les organisations agricoles en partenariat avec les groupements professionnels vétérinaires et les centres de recherche en santé animale, identifient les mesures prioritaires et les programmes à mettre en place dans les élevages. Il en résulte que les différents acteurs de la production concernée sont en plein accord pour l’application et le respect des actions décidées. La stratégie en matière de santé animale des pays nordiques correspond aussi à un besoin qui peut être qualifié de “culturel” car bon nombre de consommateurs veulent avoir accès à des produits dits “bio” et obtenus dans les conditions optimales de respect du bien être-animal. Le désir d’utilisation minimale d’antibiotiques en médecine animale (comme humaine) correspond à la fois à une volonté de limiter l’émergence de résistances bactériennes et surtout, traduit le fait que des conditions optimales de bien-être animal ont été mises en place dans les différents systèmes de productions animales. Mais depuis peu, la Scandinavie doit faire face à un réel challenge avec l’émergence de maladies transmises par des arthropodes comme la Fièvre Catarrhale Ovine : dans ce cas, les mesures de biosécurité ne sont que très peu efficaces contre les Culicoïdes !

Jean-François Valarcher Ruminant medicine and epidemiology Department of Clinical Sciences Veterinary Faculty Swedish University of Agricultural Sciences P.O. Box 7054 SE-750 07 Uppsala Sweden

I

l serait sûrement irréaliste de vouloir transposer la stratégie de contrôle des maladies animales mise en œuvre dans les pays nordiques à celles des pays du reste de l´Europe. Cependant, chez ces derniers, il est légitime de se demander si les affections et les pratiques curatives observées dans certaines productions sont une réalité avec laquelle nous devons vivre, ou bien si le développement ou la généralisation des mesures préventives ne pourraient pas être accentuée pour limiter les pertes économiques et les interventions thérapeutiques. L’état actuel des pratiques vis-à-vis des bronchopneumopathies des bovins allotés qui constitue le thème central de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé illustre bien la nécessité d’un tel questionnement, à la fois pour des raisons d’efficacité et d’image, vis-à-vis de la société. La réponse à cette question aura sûrement des conséquences décisives sur l’attitude du consommateur, qui est au final le décideur, donc sur la pérennité à long terme de certains types de productions animales. ❒

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 451


actualités en perspective dangers et risques

la perception d’aujourd’hui est-elle la réalité de demain ?

L

es notions de risque et de danger sont au cœur de notre quotidien. De l’aggravation continue de la crise économique aux homicides et accidents mortels de la vie quotidienne, nul ne peut plus y échapper à moins de s’abstenir systématiquement de tout contact direct ou indirect avec les media. Ces deux notions allégrement confondues sont pourtant bien distinctes. Deux préoccupations récurrentes depuis plus de 3 ans, la F.C.O. et l’Influenza aviaire, permettent d’illustrer les difficultés d’analyse des dangers correspondants et des risques associés, tout particulièrement dans le cadre de la mise en œuvre de mesures de prévention et de contrôle.

NOTES 1 Statement of the standing

committee on the food chain and animal health on 04-03-2009 ec.europa.eu/food/animal/diseases/controlmeasures/bluetonguen. htm. 2 cf. la chronique “Fièvre catarrhale

LA F.C.O. : LA BELGIQUE ET LA HOLLANDE COMME INCUBATEUR PERMANENT ? ● Dès l’apparition du B.T.V. 8 dans la région de Maastricht à la mi-août 2006, puis au cours de sa fulgurante expansion à travers l’Europe pendant les étés 2007 et 2008, de nombreuses questions ont été posées et sont restées sans réponse sur son origine, les insectes le vectorisant et le spectre des espèces animales réceptives et sensibles. ● Plus récemment, deux autres sérotypes de B.T.V. : les sérotypes 6 et 11 ont été respectivement détectés à la frontière germanohollandaise (fin octobre 2008) et en Belgique (identifiés à la mi-janvier 2009 à partir d’un bovin sentinelle initialement prélevé fin novembre 2008). Si le B.T.V. 6 a été repéré dans quelques élevages, le B.T.V. 11 ne semble pas avoir circulé en Belgique. Aucun de ces deux sérotypes ne semble avoir provoqué de formes cliniques. Au vu de ces constatations, les autorités communautaires ont décidé de lever les mesures de restriction de circulation des animaux à partir du 5 mars 20091. ● L’évaluation du risque s’est appuyée d’une part, sur une circulation absente (B.T.V. 11) ou très limitée (B.T.V. 6), d’autre part, sur la très forte proximité, sinon sur l’identité, des souches de B.T.V. 6 et B.T.V. 11 identifiées dans les élevages européens avec celles contenues dans les vaccins à virus vivant atténué (V.V.V.A.) disponibles en Afrique du Sud, mais cependant interdits d’usage sur le continent européen. Ces souches vaccinales

ovine, le fracas européen” dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2008;2(10):362. 3 cf. l’article “Neuropathologie du jeune veau dans les cheptels infectés FCO : étude dans six exploitations de l’Yonne” de A. Bernard et coll dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2008; 2(10):428-35. 4 Promed, 2008 1028.3410 Bluetongue-Europe (66) : Nether-lands, B.T.V. 6 vaccine strain suspected. 5 Promed 2009.218.0684. Bluetongue-Europe (05) : Belgium, BTV-11.

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 452 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

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n’ont (quand même) qu’un impact clinique très limité, au moins au décours immédiat de l’infection aiguë (cf. infra). ● Cette évaluation pose de nombreuses questions sur, à la fois, l’origine concrète de ces souches et plus encore, sur leur devenir. En effet, les souches vaccinales semblent acquérir une capacité d’infection transplacentaire (provoquant une hydranencéphalie chez certains ruminants infectés in utero), expérimentalement caractérisée2, et aussi retrouvée dans les conditions de terrain pour les souches B.T.V. 8 en Belgique et en France3. Ceci a renforcé l’hypothèse d’une origine vaccinale de cette souche sans qu’une preuve définitive ne puisse être apportée. On ne connaît en tous cas rien sur l’influence que peut avoir ce mécanisme sur la pérennisation de ce type de souche dans les conditions d’élevage européen. ● Les constatations faites pour les souches B.T.V. 6 et B.T.V. 11 apparaissent d’autant plus troublantes que les V.V.V.A. disponibles en Afrique du Sud sont généralement multivalents et qu’ils associent les sérotypes 1, 4, 6, 12 et 14 dans une 1ère préparation et les sérotypes 3, 8, 9, 10 et 11 dans une 2è ; la 2è devant être administrée 3 semaines après la 1ère selon les instructions du fabricant4. Si ces deux préparations ont été utilisées en Europe du Nord ou si des animaux vaccinés à l’aide de l’une ou l’autre y ont été importés, il y a là une source de nouveaux sérotypes qui n’est peut-être pas encore tarie. ● Si l’on ajoute à cela que les souches vaccinales à virus vivant atténué (ou leur réassortant avec des souches sauvages) peuvent être transmises par les insectes vecteurs5, on ne peut qu’être inquiet pour l’avenir. En effet, les deux plus récents sérotypes isolés l’ont été pendant une période d’activité vectorielle décroissante et nul ne peut prévoir ce qui va se passer au cours de la période d’intense activité vectorielle du prochain été. Si la compétence vectorielle des culicoïdes présents en Europe était suffisante vis-à-vis des souches actuelles de B.T.V. 6 et/ou B.T.V. 11 (ou de leurs futurs réassortants), c’est une nouvelle vague épizootique qui pourrait se constituer, s’exprimant à l’automne 2009 ou en été 2010 ; il ne resterait plus qu’à espérer que l’immunité acquise par infection naturelle ou vaccination, vis-à-vis du B.T.V. 8 et du B.T.V. 11 en France, puisse amortir ses effets …


actualités - dangers et risques, la perception d’aujourd’hui est-elle la réalité de demain ? ● Il convient en tout cas, particulièrement dans notre pays, de s’y préparer en renforçant la surveillance épidémiologique et en exigeant que toute information ayant trait à l’émergence de nouveaux sérotypes ou à la réemergence de B.T.V. 6 ou B.T.V. 11 dans les États membres du nord de l’Union Européenne, soit partagée en temps réel, ce qui n’a pas toujours été le cas au cours de l’automne 2008. Il faut aussi mobiliser, toutes les capacités de recherche des E.M. afin d’avoir enfin, les indispensables réponses aux questions qui se posent depuis bientôt 3 ans sur les conditions de l’émergence de la Bluetongue dans le Nord de l’Europe6.

INFLUENZA AVIAIRE : EN L’ATTENTE D’UNE PANDÉMIE QUI NE VIENT PAS ET À LAQUELLE ON CROIT DE MOINS EN MOINS ... ● Depuis plus de 3 ans, soit depuis l’apparition de foyers d’Influenza aviaire hautement pathogène (I.A.H.P.) à virus H5N1 aux frontières de l’Europe, la panzootie d’I.A.H.P. à H5N1 est décrite dans tous les medias et par les plus hautes autorités médicales nationales et internationales (O.M.S. et F.A.O. en particulier) comme la source inéluctable de la prochaine (4e) pandémie grippale humaine. ● Cette alerte permanente qui a déjà coûté très cher (on songe, entre autres, aux stocks d’oseltamivir (Tamiflu®) achetés depuis 2006, aujourd’hui périmés) n’a pas empêché les épidémies saisonnières de grippe hivernale humaine de continuer à prélever leur tribu (36 000 décès par an aux USA) ; elle a aussi, semble-t-il, décrédibilisé durablement auprès de la “population ordinaire” les messages et mises en garde anxiogènes qui ne semblent pas a posteriori avoir été justifiés. Cette constatation a fait l’objet d’un article plutôt inhabituel, dans son ton et sa teneur, dans Le Monde du 15 janvier 2009 où la séquence des événements a été analysée par un sociologue et un journaliste spécialisé (encadré). ● Au delà des croyances, des perceptions et de ce qui est présenté comme des erreurs de communication, c’est l’idée même d’une pandémie à point de départ aviaire qui commence “à avoir du plomb dans l’aile”. En effet, le bilan au plan humain reste très modeste depuis plus de 6 ans (2003-2009). L’O.M.S., à la date du 11 mars 2009 recensait 411 cas humains confirmés (en Asie et en Afrique) ayant provoqué 256 décès ; 300 cas (180 morts) ont été détectés entre 2005 et 2007. En France, depuis janvier 2004, 45 cas suspects ont été infirmés après analyse

virologique. Néanmoins, tout se passe comme si le niveau de la menace restait le même depuis 2004. C’est d’ailleurs ce qu’affirme l’O.M.S. sur son site internet. Pourtant, le même organisme a enregistré pendant les 6 premières semaines de l’année 2009 près de 7000 cas de méningite à Neisseria meningitidis en Afrique équatoriale, provoquant plus de 500 morts, des enfants le plus souvent. SI l’on ajoute que la méningite à méningocoque peut être prévenue par des vaccins existants et soignée efficacement par injection de chloramphénicol, on mesure le décalage de perception provoquée dans les pays développés par “la confusion des mots et l’imbroglio des maux”7 autour du terme “grippe aviaire”. La vague épidémique 2009 de méningite à méningocoque étant la 4e vague annuelle (depuis 2006), on mesure peut-être mieux le caractère disproportionné et presque indécent de la surmédiatisation du danger “grippe aviaire” dans le cadre du risque de pandémie grippale. ● Le spectre d’une 4e pandémie grippale estil pour autant totalement écarté ? Au moment même où celui d’une pandémie d’origine aviaire semble progressivement regresser, des constatations préoccupantes concernant aux États-Unis un virus grippal, déjà parfaitement adapté à l’Homme, le H1N1, ne permettent plus de répondre par la négative. ● La situation s’y est brusquement dégradée quand des résultats concordants ont démontré que la quasi-totalité des souches H1N1 circulant aux USA au cours de la saison 20082009 (octobre 2008-mi-février2009) était résistante à l’oseltamivir, décuplant presque un niveau de résistance déjà élevé (11 p. cent) constaté pendant la saison 2007-2008. L’origine de ce brusque changement observé aussi sur les au-tres continents, dont l’Europe durant la saison 2007-2008, n’est pas connue et ne paraît pas liée au taux d’utilisation de l’oseltamivir8. ● Si cette brutale évolution de l’épidémiologie des souches humaines associée à la grippe saisonnière reste bien maîtrisable, elle n’en modifie par moins profondément le paysage de la classique grippe hivernale et pourrait peut-être nous réserver quelques surprises dans l’avenir, les virus grippaux ayant été depuis probablement des siècles, à la fois des témoins et des acteurs de la globalisation.

Encadré - Alerte et grippe aviaire dans le journal “Le Monde”

Sous le titre “Le public croit de moins en moins à une pandémie” de “grippe aviaire“, on retrouve quelques solides constatations : “Il existe clairement un phénomène d’érosion de la crédibilité accordée aux messages d’alerte à la pandémie grippale (…). Nous sommes en train de vivre, dans notre modernité soucieuse d’anticipation les situations illustrées dans le désert des Tartares (…). Plutôt que de n’être que les amplificateurs d’annonces catastrophiques, les journalistes gagneraient en efficacité à (…) rendre compréhensibles par le public des messages trop souvent (…) contradictoires et confus”.

NOTES 6 cf. la chronique

“La Bluetongue dans le Nord de l’Europe : beaucoup de questions restent sans réponse” dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2006; 3 (1):194-5. 7 cf. la chronique “Grippe humaine et peste aviaire” dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2006;1(1):9-11. 8 Infections with oseltamivirresistant Influenza A (H1N1) virus in the United states de N. J. Dharan et coll, JAMA.Online, March 2, 2009, E1-E8.

ACTUALITÉS

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our ne par tomber dans les travers dénoncés plus haut, appelons à la vigilance sans pour autant “prévoir” une 4e pandémie ; pourtant qui sait de quoi demain sera fait ? ❒ Zénon

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 453


physiopathologie des infections bactériennes respiratoires des bovins

L’étude des facteurs d’interaction hôte-bactérie, pour les bactéries responsables de bronchopneumonies chez les bovins, permet de comprendre aussi bien les mécanismes d’échappement de l’hôte, que ceux du développement des lésions. Ces mécanismes sont essentiellement connus pour Mannheimia haemolytica.

L

es bronchopneumonies des bovins résultent de l’action synergique de nombreux facteurs, souvent classés pour des raisons opérationnelles en facteurs d’élevage et en facteurs infectieux. ● La connaissance des pathogènes et de la physiopathologie des infections, est indispensable pour optimiser la conduite thérapeutique et les mesures préventives, notamment vaccinales. ● Les principales bactéries à l’origine des bronchopneumonies bovines appartiennent à deux groupes majeurs : - les pasteurelles au sens large, incluant Mannheimia haemolytica (anciennement Pasteurella haemolytica), Pasteurella multocida et Histophilus somni (anciennement Haemophilus somnus) ; - les mycoplasmes au sens large, incluant Mycoplasma bovis, Mycoplasma dispar, Ureaplasma diversum. ● Les autres bactéries associées à des troubles respiratoires ne sont pas évoquées ici, soit parce qu’elles provoquent des maladies spécifiques (tuberculose, péripneumonie), soit parce que les mécanismes à l’origine des troubles respiratoires sont mal documentés dans les espèces de ruminants (Coxiella burnetii, Salmonella spp par exemple). ● Notre objectif est de décrire les interactions entre les bactéries et l’hôte, afin de disséquer les mécanismes de colonisation pulmonaire, puis afin de comprendre la genèse des lésions, donc des symptômes respiratoires.

François Schelcher1-2 Hervé Cassard1-2 François Corbière1-2 Gilles Foucras1-2 Caroline Lacroux1-2 Gilles Meyer1-2 Didier Raboisson1

COLONISATION PULMONAIRE La colonisation pulmonaire est permise par : - l’action de facteurs viraux et environnementaux qui réduisent les défenses respiratoires ; - et par différentes stratégies développées par les bactéries elles-mêmes pour croitre et échapper aux mécanismes immunitaires.

1 Université de Toulouse E.N.V.T. Élevage Produits et Santé publique 31076 Toulouse - France

Réduction des défenses respiratoires par des facteurs viraux et environnementaux Sur un bovin sain, les segments distaux de l’appareil respiratoire sont considérés comme stériles. Pourtant, à chaque inspiration, des bactéries sont inhalées et se déposent sur la muqueuse bronchique. En effet, une fraction de la population héberge des bactéries potentiellement pathogènes (M. haemolytica par exemple) dans le nasopharynx [10]. Une inoculation expérimentale de bactéries pathogènes dans les cavités nasales ne permet pas de reproduire une pneumonie. Seuls des mécanismes efficaces de clairance sont susceptibles d’empêcher la colonisation pulmonaire. ● Les mécanismes de défense innés, immédiatement ou très rapidement disponibles, non spécifiques d’antigène et sans mémoire, sont constitués : - d’effecteurs physiques, notamment l’appareil mucociliaire, des premières voies respiratoires jusqu’aux bronchioles, dont la fonction est de piéger et d’expulser les éléments particulaires ou gazeux ; - d’effecteurs chimiques, comme les protéines du surfactant (alvéoles) qui, en recouvrant la surface des pathogènes facilite leur phagocytose, le lysozyme ayant une activité antibactérienne, les interférons de type I, les protéines du complément ; - d’effecteurs cellulaires, comme les macrophages, population cellulaire majoritaire dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire, les cellules dendritiques, les granulocytes neutrophiles, les cellules NK (Natural Killer). ● Les mécanismes de défense adaptatifs (apparition après un délai, spécificité d’antigène, mémoire) regroupent : - des éléments cellulaires, les lymphocytes B, et les lymphocytes T qui ont des fonc●

2 INRA - UMR 1225 31076 Toulouse - France

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les interactions entre les bactéries et l’hôte, afin de disséquer les mécanismes de colonisation pulmonaire. ❚ Comprendre la genèse des lésions, donc des symptômes respiratoires.

Essentiel ❚ Sur un bovin sain, à chaque inspiration, des bactéries sont inhalées et se déposent sur la muqueuse bronchique. ❚ Les mécanismes de défense innés sont constitués : - d’effecteurs physiques ; - d’effecteurs chimiques ; - d’effecteurs cellulaires. ❚ Différents facteurs viraux, environnementaux réduisent l’efficacité des défenses respiratoires.

11

RUMINANTS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 455


troubles respiratoires

résultats originaux

et croissance

des bovins à l’engrais importance des affections associées

Fabien Corbière Vivien Philis Romain Besse Caroline Lacroux François Schelcher

et de la période d’observation

Université de Toulouse École Nationale Vétérinaire Département Élevage et Produits Santé Publique vétérinaire Pathologie des Ruminants 31000 Toulouse I.N.R.A. - UMR 1225 31000 Toulouse

Objectifs de l’étude ❚ Évaluer l'impact des troubles respiratoires sur la croissance de bovins à l'engrais. ❚ Évaluer les relations entre les troubles respiratoires et les lésions pulmonaires à l'abattoir.

L

Essentiel ❚ Une étude portant sur 897 bovins à l'engrais a été menée en s'attachant aux aspects cliniques et lésionnels des troubles respiratoires. ❚ Dans cette étude, l'impact des troubles respiratoires sur la croissance est majeur pendant la phase précoce d'engraissement. ❚ Sur la totalité de la période d'engraissement, le G.M.Q. des animaux traités pour troubles respiratoires ne diffère pas significativement de celui des animaux non traités.

RUMINANTS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 460 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Cette étude a pour objectifs de décrire les caractéristiques des troubles respiratoires chez de jeunes bovins à l’engraissement, en s’attachant aux aspects cliniques et lésionnels, d’évaluer l’impact des troubles respiratoires cliniques sur la croissance, la présence et l’intensité des lésions pulmonaires détectées à l’abattoir, et enfin d’évaluer l’influence des lésions pulmonaires et de leur intensité sur la croissance, en prenant en compte l’existence d’autres affections. es troubles respiratoires sont la première cause de morbidité et de mortalité et dans les ateliers d’engraissement de jeunes bovins : une étude rétrospective menée sur une période de 15 ans chez de jeunes bovins élevés en feedlots rapporte des taux annuels de morbidité de 4,6 p. cent à 43,6 p. cent [7]. ● L’impact économique, en termes de coût des traitements mis en place, de mortalité et de réduction de la croissance des bovins atteints, est souvent considéré comme majeur, mais demeure rarement quantifié. ● L’impact des troubles respiratoires sur la croissance des jeunes bovins à l’engraissement est généralement évalué rétrospectivement par la mesure de la variation du gain moyen quotidien (G.M.Q.) entre la mise en lots et l’abattage. Cependant, la très grande majorité des troubles respiratoires cliniques est observée dans les premières semaines suivant la mise en lots. Ainsi, selon une étude menée aux USA pendant 9 ans, portant sur plus de 8 millions d’animaux, de 65 à 80 p. cent des troubles respiratoires se manifestent avant le 45e jour d’engraissement, et 85 à 94 p. cent avant le 90e jour [4]. ● Ces observations justifient que l’évaluation de l’impact des troubles respiratoires soit réalisée : - pendant la phase précoce d’engraissement ; - sur la totalité de la période d’engraissement.

16

● Ces approches complémentaires permettent d’évaluer séparément : - l’effet des troubles respiratoires aux alentours de la phase clinique ; - leur impact global sur la croissance et l’efficacité des traitements mis en place [8]. ● Par ailleurs, la seule prise en compte des animaux cliniquement atteints conduit à sous-estimer très largement la fréquence réelle des troubles respiratoires et à biaiser l’estimation de leur impact sur la croissance. Ainsi, l’observation des lésions à l’abattoir autorise une évaluation a posteriori plus fine car elle prend en compte, au moins en partie, l’existence de troubles subcliniques [2, 8]. ● Dans l’idéal, l’évaluation de l’impact des troubles respiratoires sur la croissance des jeunes bovins à l’engrais doit tenir compte des autres affections majeures : - les troubles locomoteurs, au sens large, sont, en fréquence, le 2e trouble de santé chez les jeunes bovins à l’engraissement et ont un impact important sur l’ingestion ; - de même, les abcès hépatiques, fréquemment mis en évidence à l’abattoir sur les foies des jeunes bovins à l’engraissement ont été associés à des réductions de G.M.Q. [1].

OBJECTIFS DE L’ÉTUDE Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer : 1. les caractéristiques des troubles respiratoires chez des jeunes bovins à l’engraissement, en s’attachant aux aspects cliniques et aux aspects lésionnels ; 2. l’influence des troubles respiratoires cliniques sur la croissance, la présence et l’intensité des lésions pulmonaires détectées à l’abattoir, en fin de période d’engraissement ; 3. l’influence des lésions pulmonaires et de leur intensité sur la croissance, en prenant en compte l’existence d’autres affections. ●

MATÉRIEL ET MÉTHODES Animaux ● L’étude a été menée dans deux ateliers d’engraissement. - Le 1er atelier comprenait 407 bovins mâles de race Blonde d’Aquitaine entrés en quatre lots successifs ;


impact technique et économique

résultats originaux

des troubles respiratoires des jeunes bovins

Nathalie Bareille1 Henri Seegers1 Géraldine Denis2 Jean-Michel Quillet3 Sébastien Assié1

lors de l’engraissement

1

UMR Bioagression Epidémiologie et Analyse de Risques ENVN-INRA Atlanpôle-Chantrerie - BP 40706 44307 Nantes 2 CAVAC 12, boulevard Réaumur - BP 27 85001 La Roche sur Yon 3 URGTV de Vendée 6, rue Maréchal de Lattre de Tassigny 85430 Nieul Le Dolent

Les troubles respiratoires, en plus de désorganiser le travail de l'éleveur, pénalisent lourdement le revenu des ateliers d'engraissement. L'article donne des éléments chiffrés pour motiver les éleveurs à agir ...

L

es troubles de santé chez les jeunes bovins diminuent l’efficacité technique et économique des ateliers d’engraissement. Les mesures de maîtrise préventives sont très développées dans cette filière. Malgré tout, la situation sanitaire de nombreux lots de jeunes bovins est médiocre, notamment en raison des troubles respiratoires fréquents en début d’engraissement [1]. Afin de mieux raisonner l'utilisation des mesures de maîtrise existantes, les professionnels (éleveurs, groupements de producteurs, vétérinaires) souhaitent disposer de données économiques évaluées. Cette étude évalue les effets des troubles respiratoires sur la mortalité et les performances de croissance et d’abattage des jeunes bovins, et estime l’impact économique de ces troubles dans différentes situations sanitaires, et en fonction du prix des intrants et de la viande bovine. Les données utilisées sont issues d’une étude régionale avec participation de tous les acteurs de cette filière.

Objectifs de l’étude ❚ Connaître les répercussions des troubles respiratoires sur la croissance et l'impact de ces troubles sur le revenu des ateliers d'engraissement spécialisés.

1

Les troubles respiratoires sont le principal problème des ateliers d'engraissement de jeunes bovins (photo E. Timsit, E.N.V.N.).

Essentiel

MATÉRIELS ET MÉTHODES

❚ En moyenne, les jeunes bovins traités pour troubles respiratoires ont : - un G.M.Q. dégradé de 60 à 110 g /j ; - un allongement de la durée d'engraissement de 45 ou 60 jours.

RUMINANTS

Population d’étude et échantillon Le nombre d'animaux inclus dans l'étude est de 1167, principalement de race charolaise. Mais des données manquantes sur les poids des animaux ont conduit à ne retenir que 810 jeunes bovins dans 70 lots. ● L'étude s’est intéressée à la diversité des systèmes d'élevage engraissant des animaux de race à viande en Pays de la Loire. ●

Les modalités de collecte des données Des visites des ateliers ont été réalisées par des vétérinaires et des techniciens tout au long de la phase d’engraissement des jeunes bovins, de septembre 2005 à juin 2007. ● Des fiches sanitaires élaborées sur le modèle du cahier sanitaire d’élevage ont ●

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 468 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

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servi à l’éleveur pour consigner au jour le jour les dates de début et de fin du trouble, le numéro de l’animal concerné, les motifs de traitement, les médicaments administrés et l’intensité des signes cliniques observés : intensité faible, intermédiaire ou importante. Les animaux transitant par un centre de tri ont été pesés le jour de la mise en lots. Les effets sur les performances de croissance et d’abattage ● La durée d’engraissement a été calculée selon les dates de mise en lots et d’abattage. Le poids vif à l’abattage d’un jeune bovin a été estimé à partir de son poids de carcasse, et d’une valeur de rendement d’abattage fixe par type génétique. Le gain moyen quotidien (G.M.Q.) moyen sur la période d’engraissement a ainsi pu être estimé. ● Les effets des troubles respiratoires ont été évalués au niveau individuel car les bovins atteints de cet échantillon ont été traités chaque fois que nécessaire, au cas par cas. ● Cette évaluation a pris en compte l’intensité des signes cliniques du jeune bovin et pour les jeunes bovins non malades, il a été tenu compte de leur séjour ou non dans un lot avec des jeunes bovins malades. ● Les troubles de santé autres que les troubles respiratoires étant de faible incidence, les effets des autres troubles à expression clinique ont été évalués globalement (atteint d’une maladie non respiratoire quelle qu’elle soit versus sain). ● Les effets de l’infestation parasitaire à la mise en lots ont également été appréciés en prenant en compte leur séropositivité : dosage du pepsinogène (infestation strongles digestifs) et anticorps vis-à-vis de fasciola hepatica à la mise en lots ainsi que la mise en place éventuelle d’un traitement antiparasitaire jugé efficace. ● Les effets de ces troubles respiratoires, des autres troubles et de l’infestation ont été estimés simultanément par régression multivariée avec effet aléatoire élevage et ajustement sur la race et le G.M.Q. du broutard de la naissance à la mise en lots.


métaphylaxie

et antibioprévention

lors de maladies respiratoires des jeunes bovins élevés

Sébastien Assié Édouard Timsit Nathalie Bareille

en lots

La métaphylaxie est un terme compliqué car il recouvre des définitions différentes selon les pays, donc selon les publications. Afin de comparer les résultats des essais menés depuis 10 ans sur celle-ci ou sur l’intérêt de la prévention systématique versus au cas par cas, un rappel précis des définitions de la métaphylaxie et de l’antibioprévention ou de l’antibioprophylaxie permet d’apprécier ces résultats et leurs limites.

L

es troubles respiratoires représentent 75 p. cent des troubles de santé des jeunes bovins élevés en lots [3]. Les mesures préventives sont très développées mais insuffisantes à elles seules pour maîtriser ces troubles. ● Elles sont alors associées à des mesures curatives principalement fondées sur l’utilisation d’antibiotiques. Ces traitements antibiotiques sont principalement mis en œuvre au cas par cas, chez les seuls animaux détectés malades. Cependant, sous certaines conditions, ces traitements concernent parfois l’ensemble des jeunes bovins d’un lot, et correspondent alors à des traitements métaphylactiques. ● L’objectif de cet article est de définir le concept de métaphylaxie, de présenter les objectifs poursuivis et sa mise en œuvre lors de maladies respiratoires des jeunes bovins mais aussi de mettre l’accent sur les principaux manques de connaissances scientifiques concernant cette pratique. LE CONCEPT DE MÉTAPHYLAXIE Définitions Une acception fréquente du terme métaphylaxie, retrouvée dans la plupart des publications anglo-saxonnes, est une antibiothérapie systématique, à un moment stratégique pour prévenir les symptômes cliniques [23]. Ces antibiotiques peuvent être administrés avant ou après le transport

UMR Bioagression Epidémiologie et Analyse de Risques ENVN-INRA Atlanpole-Chantrerie - BP 40706 44307 Nantes

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les définitions de la métaphylaxie et savoir comment elle est mise en œuvre. ❚ Connaître les essais terrain publiés depuis 10 ans et leurs résultats. ❚ Savoir relativiser ces résultats compte tenu des limites et des essais.

Définitions 1 En France, la métaphylaxie correspond au traitement d’un groupe d’animaux au sein duquel se développe une maladie (photo S. Assié).

et le rassemblement des animaux [12, 14], de manière indifférenciée [16] ou sélectivement, en fonction de la température rectale de l’animal [26]. Très souvent, les jeunes bovins à plus de 39,7°C de température rectale (parfois 40°C dans certains feedlots) sont traités de manière systématique [15]. ● L’acception la plus largement admise en France, et retenue dans certaines publications anglo-saxonnes, diffère sensiblement. - Le terme métaphylaxie désigne alors l’administration d’antibiotiques à la totalité d'un lot (malades, sains, en incubation) audessus d'un certain seuil de morbidité [21]. - La métaphylaxie correspond alors au traitement d’un groupe d’animaux au sein duquel se développe une maladie [13] (photo 1). ● Ainsi, en France, on différencie la métaphylaxie de l’antibioprévention ou de l’antibioprophylaxie. - L’antibioprophylaxie est un traitement préventif, mis en place dès l'arrivée des bovins dans l'élevage, avant toute expression clinique de la maladie. - La métaphylaxie est un traitement précoce associant le traitement des animaux déjà atteints, et la prévention chez ceux qui sont exposés [28].

❚ Dans la plupart des publications anglo-saxonnes, la métaphylaxie est une antibiothérapie systématique à un moment stratégique pour prévenir les symptômes cliniques. ❚ En France (et dans certaines publications anglo-saxonnes), la métaphylaxie désigne l’administration d’antibiotiques à la totalité d'un lot (malades, sains, en incubation) au-dessus d'un certain seuil de morbidité. ❚ L’antibioprophylaxie est un traitement préventif mis en place dès l'arrivée des bovins dans l'élevage avant toute expression clinique de la maladie. ❚ La métaphylaxie est un traitement précoce associant le traitement des animaux déjà atteints et la prévention chez ceux qui sont exposés.

RUMINANTS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 473


l’origine infectieuse

des avortements en élevage bovin les moyens d'investigation

Le diagnostic des causes d'avortements chez les bovins est souvent un véritable casse-tête pour le praticien et l'éleveur. L'envoi au laboratoire d'une prise de sang et d'un morceau de placenta accompagnés d'une ordonnance demandant la "recherche des causes d'avortements, merci" donne en général des résultats décevants ... Il est donc nécessaire d'orienter les recherches en donnant une description aussi précise que possible des problèmes observés.

ANAMNÈSE, DESCRIPTION ÉPIDÉMIOLOGIQUE, ORIENTATIONS ET 1res HYPOTHÈSES Le diagnostic d'un problème d'avortement commence par une phase de description épidémiologique qui aboutit (ou non) à la formulation de premières hypothèses. Il convient donc de décrire les caractéristiques du troupeau (effectif, nombre de femelles gravides, ...), de la (ou des) femelle(s) avortée(s), le stade de gestation au moment de l'avortement (tableau 1, figure 1), la clinique lors de l’avortement, le type de logement (stabulation, pâture, ...), la conduite d'élevage (alimentation, introduction d'animaux, éventuels traitements et/ou vaccins mis en œuvre, ...), les problèmes cliniques relevés durant la gestation, … et décrire le (ou les) avorton(s) (cf. infra). ●

Département Elevage et Produits, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex

Objectif pédagogique ❚ Connaître les grandes lignes de la démarche diagnostique lors d'avortement bovin et les conditions d'un recours optimal au laboratoire.

Tableau 1 - Répartition des avortements

L

es troubles infectieux de la reproduction ont un impact sur les performances économiques des troupeaux, une importance majeure du point de vue de la santé animale et, quelquefois, de la santé publique ; la maîtrise de ces troubles constitue donc un enjeu majeur pour les filières. ● La recherche de leur origine en élevage bovin est un préalable à leur maîtrise ; elle peut viser à : - évaluer le statut sanitaire d'animaux (individus) ou de troupeaux (collectivités) en dehors d'un contexte de pathologie clinique ; - identifier la cause d'un trouble de la reproduction chez un indivudu ou dans un troupeau (avortements, par exemple). ● Nous nous limitons ici au diagnostic d'infection* (ou d'infestation*) d'un individu et/ou d'un troupeau après un épisode clinique d'avortements (mortalité embryonnaire comprise) et ne traitons pas les aspects relatifs au mâle et aux affections transmises lors de la monte naturelle. ● Le diagnostic comprend d'abord une phase d'anamnèse et de description épidémiologique ; le recours au laboratoire doit être ensuite systématique car il est indispensable pour identifier la cause de l'épisode abortif.

Xavier Berthelot Nicole Picard-Hagen

en fonction du stade de gestation Stade de gestation Agent le plus fréquent lors de l'avortement (mois) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 ●

Brucella

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Coxiella

x x x

Chlamydophila

x x x

Listeria

Salmonella

● ●

Leptospira Bactéries non spécifiques

BVD

IBR

F.C.O.

Neospora Agents mycosiques (Aspergillus, ...)

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- À titre d'exemple, la B.V.D. peut provoquer des avortements à tous les stades de gestation mais les principales pertes ont lieu en début de gestation (mortalité embryonnaire). - Coxiella burnetii provoque essentiellement des avortements en fin de gestation mais peut aussi provoquer des métrites responsables de mortalité embryonnaire. - L'infection par le virus de la fièvre catarrhale ovine (F.C.O.) a été associée à de la mortalité embryonnnaire précoce mais les avortements et surtout, les malformations fœtales et la mortinatalité ont été décrites récemment.

x x x x x x x x x

RUMINANTS

NOTE * On réserve classiquement en français le terme infection au développement des microbes (bactéries, virus, prions) et infestation à celui des parasites (champignons, helminthes, protozaires, ...). En anglo-américain, infection renvoie au développement de tout agent transmissible qu’il soit de nature microbienne ou parasitaire.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 479


diagnostic

des affections bactériennes cutanées des porcins

Jean-Marie Gourreau 20 bis, rue des Arts 94100 St Maur des fossés

Objectif pédagogique ❚ Savoir différencier, à partir de lésions cutanées, une maladie systémique comme les pestes ou la fièvre aphteuse d’une affection purement cutanée.

NOTE *cf. article ”Diagnostic des affections bactériennes cutanées des porcins” du même auteur, dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et santé 2008;10(2):411-5.

Les affections bactériennes (l’actinomycose et l’actinobacillose, les streptococcies, la botryomycose, la spirochétose ulcérative, la septicémie à salmonelles, la cellulite clostridienne et la dermatophilose) autres que le rouget et les affections staphylococciques du porc* sévissent généralement sous une forme non grave et ne causent pas souvent de grosses pertes. Mais, il est important de savoir les reconnaître, de savoir effectuer le diagnostic différentiel de ces maladies entre elles et vis-à-vis de maladies animales réputées contagieuses (M.R.C.) comme la peste porcine classique, la fièvre aphteuse, ou le rouget.

1

Nécrobacillose de l’oreille consécutive aux morsures que s’infligent les animaux entre eux.

C

hez le porc, les dermatoses bactériennes sont souvent le reflet d’un état général déficient et, surtout, d’un mode d’élevage inadapté. ● Un défaut d’aération, une humidité excessive des locaux, une promiscuité trop importante favorisent souvent la prolifération des germes pathogènes et l’apparition de maladies cutanées. ● Cet article présente une synthèse des données épidémiologiques et cliniques de l’actinomycose et de l’actinobacillose, des streptococcies, de la botryomycose, de la spirochétose ulcérative, de la septicémie à salmonelles, de la cellulite clostridienne et de la dermatophilose afin de permettre le diagnostic différentiel de chacune de ces affections. LA NÉCROBACILLOSE Données épidémiologiques

PORCS- VOLAILLES

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 486 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

● Due au bacille de la nécrose, Fusobacterium necrophorum, la nécrobacillose se caractérise chez le porc par l’apparition de

42

2

Nécrobacillose de la queue : infection consécutive à la coupe de la queue (photo J.-M. Gourreau).

lésions ulcératives, suppuratives et nécrotiques, généralement situées à l’extrémité distale des membres (nécrose plantaire) ou dans la cavité buccale (nécrose buccale). Plus rarement, les lésions peuvent se rencontrer en d’autres régions du revêtement cutané de l’animal, notamment les lèvres, les oreilles et la queue (photos 1, 2). ● C’est par excellence la maladie des animaux vivant dans de mauvaises conditions sanitaires. ● En l’absence de traitement spécifique et d’amélioration de la conduite de l’élevage, tant au plan de l’hygiène que celui de l’alimentation, la maladie évolue lentement


observation clinique

observation originale

un foyer de mammites à Mycoplasma putrefaciens en élevage caprin

Florence Tardy1 Marie-Anne Arcangioli2 Pierre Devillechaise3 François Poumarat1 Dominique Le Grand2 1

UMR Mycoplasmoses des Ruminants AFSSA-ENVL AFSSA, site de Lyon 31, av. Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

2

UMR Mycoplasmoses des Ruminants AFSSA-ENVL Pathologie du Bétail - ENV Lyon

1, av. Bourgelat - 69280 Marcy l'Étoile 3

La Condamine – 26400 Crest

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir suspecter et diagnostiquer une infection à Mycoplasma putrefaciens chez les caprins. ❚ Connaître la conduite à tenir lors d’un foyer de mammites à mycoplasmes.

Les infections à mycoplasmes ont des conséquences économiques et médicales importantes en élevage caprin. À travers la description d’un foyer de mammites à M. putrefaciens survenu en 2008 dans un élevage caprin de la région Rhône-Alpes, nous soulignons les particularités cliniques de cette affection et rappelons quelques éléments de contrôle des infections mammaires à mycoplasmes.

L

es mycoplasmoses sont très fréquentes en élevage caprin et leurs conséquences économiques importantes (chutes de production laitière, pertes par mortalité ou par réforme, dépenses liées au traitement). Sous la dénomination générique de “mycoplasmoses”, on désigne communément les infections dues à différentes espèces de bactéries du genre Mycoplasma (encadré).

Parmi les espèces de mycoplasmes responsables du syndrome Agalactie Contagieuse, Mycoplasma putrefaciens représente la 3e espèce la plus fréquemment isolée dans les élevages caprins sur l’ensemble du territoire. ● À travers la description d’un épisode clinique, cet article présente quelques particularités de l’infection à M. putrefaciens (Mp) chez la chèvre. ●

COMMÉMORATIFS Ce cas clinique concerne un élevage caprin traditionnel de 60 chèvres de race Alpine-Chamoisée qui présente une épizootie de mammites cliniques. Les animaux sont au pré toute l’année et rentrés à l’étable pour la traite au pot trayeur (photo 1). ● L’alimentation est composée d’herbe, de foin, de céréales (maïs) et d’un aliment concentré du commerce. La production laitière annuelle est de 25 000 litres, livrés à la laiterie. ● Le statut sanitaire du troupeau est : - séropositif vis-à-vis de l’Arthrite-Encéphalite Virale Caprine (C.A.E.) ; - négatif vis-à-vis de la paratuberculose mais soumis à une pression parasitaire importante, ce que révèle l’augmentation de la fréquence des traitements anti-parasitaires et des résultats des analyses coproscopiques effectuées. Des cas d’ecthyma ont été signalés au cours de l’année, ainsi que quelques problèmes respiratoires enzootiques (Pasteurelloses). ●

CHRONOLOGIE

1

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 492 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Environnement de l’élevage suivi : étable traditionnelle avec traite au pot trayeur (photo Pathologie du Bétail-E.N.V.L.).

48

● En 2006, le cheptel a connu un épisode de mycoplasmose à MmmLC qui a entraîné la réforme de sept animaux. La moyenne mensuelle du comptage cellulaire de tank, en juin, était alors de 2,7 millions de cellules/ml. ● En juin 2008, 25 chèvres ont présenté une mammite sans agalactie (tout au plus une légère diminution de la production) mais avec, pour 75 p. cent d’entre elles, une hypertrophie bilatérale marquée des nœuds lymphatiques rétro-mammaires. - Ces mammites n’étaient pas associées à une atteinte marquée de l’état général et selon l’éleveur, les animaux étaient moins abattus que lors de l’épisode de mammites dues à MmmLC.


enjeux économiques bilan de santé

de la Politique Agricole Commune

quoi de neuf, Docteur ? Par la voix de son Ministre de l’Agriculture et de la Pêche, la France a fait connaître fin février dernier ses premières orientations sur l’application du bilan de santé de la Politique Agricole Commune (PAC). Quelles sont les grandes lignes du bilan de santé ? Comment les nouveaux outils seront-ils utilisés par notre pays pour accompagner l’évolution de l’agriculture française ?

S

ous l’influence de contraintes internes comme les modalités de financement, l’impact des intégrations successives de nouveaux membres et de contraintes externes (négociations internationales), la Politique Agricole Commune (PAC) a fait l’objet de plusieurs réformes [7]. ● La dernière décennie a vu le rythme de ces dernières s’accélérer sur fond de remise en cause de la légitimité même de la PAC. ● L’objet de cet article est de dresser un état des dernières décisions prises et des discussions en cours, dans le cadre du bilan de santé de la PAC préalable à une nouvelle réforme prévue en 2013 (encadré 1, figure).

E.N.V.T. Département Élevage et Produits / santé publique vétérinaire Unité pédagogique Productions animales – Économie 23, chemin des Capelles - BP 87614 31076 Toulouse Cedex 03

Objectif pédagogique

1

Le bilan de santé renforce le poids du second pilier (développement durable) (photo D. Raboisson).

❚ Présenter les principales décisions prises dans le cadre du bilan de santé de la PAC en les replaçant dans le contexte général d’évolution de cette politique.

LES MESURES ADOPTÉES PAR L’UNION EUROPÉENNE Le Conseil européen des ministres de l’agriculture a adopté le 20 novembre 2008 des mesures modifiant les mécanismes de la PAC, au terme de la concertation entre trois acteurs : la Commission, initiatrice de la proposition de révision, les États membres représentés par leurs ministres de l’agriculture au sein du conseil “agriculture et développement rural“ et le Parlement Européen qui émet un avis. ● Ces mesures portent sur les instruments de gestion de l’offre et sur les instruments de soutien au revenu (encadré 2) [4]. ●

Encadré 1 - Le bilan de santé : une philosophie fidèle à l’esprit de la réforme de 2003 ● Comme elle l’avait prévue lors de la dernière 1. mieux cibler le soutien direct aux agriculréforme de la PAC en 2003, la Commission européenne a présenté le 20 novembre 2007 un état des effets induits par cette dernière et sa vision de la PAC. En communiquant ce bilan de santé, accompagné de premières pistes d’ajustement, elle a ouvert une phase de discussions et de négociations impliquant trois acteurs : la Commission, initiatrice de la proposition de révision, les États membres représentés par leurs ministres de l’agriculture au sein du conseil “agriculture et développement rural“ et le Parlement Européen qui émet un avis (figure). ● En mai 2008, lors de sa présentation de propositions législatives pour le bilan de santé de la PAC, la Commission affiche trois objectifs :

Pierre Sans

teurs ; 2. mieux répondre aux signaux des prix ; 3. mieux répondre aux nouveaux défis : gestion de l’eau, changement climatique et biodiversité [4]. ● La poursuite de ces objectifs la conduise à proposer des ajustements sur les deux grands types d’outils de la PAC (tableau 1). 1. les instruments de gestion de l’offre induisant un soutien des prix : gel des terres, quotas, intervention par achat public sur le marché intérieur doublée d’outils de régulation aux frontières de l’Union européenne : droit de douanes et restitutions ; 2. les instruments de soutien au revenu : aides directes couplées et découplées.

Essentiel ❚ La volonté de généraliser le découplage des aides directes est confirmée. ❚ Le mouvement de transfert des aides du premier vers le deuxième pilier (développement rural) est amplifié. ❚ Les États Membres sont mis à contribution pour définir les règles nationales d’application et participer à leur financement.

COMPRENDRE ET AGIR

53

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 497


FORMATION MÉDICALE

CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie

revue internationale

3e série

un panorama des meilleurs articles Page 70

d’articles

le risque

Sous la direction de François Schelcher et Henri Seegers, avec Sébastien Assié et Didier Raboisson - Réponses métaboliques suite à l’administration parentérale de glucagon

1. L’épidémiologie analytique : introduction La notion de risque est fréquemment rencontrée, dans différents domaines, notamment en médecine vétérinaire, en tant que telle ou dans diverses formulations : risque relatif, facteur de risque, analyse de risque, gestion du risque, … Le même mot (“risque”) peut avoir des significations différentes en fonction de son contexte d’emploi. Ainsi, d’une manière générale, dans son sens commun, le risque est “la probabilité qu’un événement donné survienne pendant une période déterminée”. Mais, dans le cadre d’une analyse de risque, il se complexifie en associant, à cette probabilité, l’importance des conséquences résultant de la survenue du danger. Le risque devient alors “la probabilité d’un danger, combinée à l’importance de ses conséquences indésirables”. Afin de se repérer au sein de ce dédale d’expressions relatives au risque, il peut être utile de les replacer dans leur contexte d’emploi, afin d’en comprendre leur signification et leur utilisation. C’est l’un des buts de cette nouvelle série d’articles du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé. Elle abordera successivement les deux grands domaines de l’épidémiologie analytique et de l’analyse de risque : - L’analyse de risque : - L’épidémiologie analytique : 4. Les principes 1. Introduction 5. L’appréciation du risque. 2. Le risque relatif 3. L’odds ratio par Bernard Toma Page 58

et/ou orale de glycérol chez des vaches laitières en postpartum par Pauline Bories (E.N.V.T.)

- Concentrations en Ig G sériques chez les veaux avant la prise colostrale par Sébastien Jacquinet (E.N.V.T.) - La pasteurisation du colostrum réduit l’incidence de la paratuberculose chez des veaux laitiers nouveau-nés par Lucie Trencart (E.N.V.N.) - Efficacité curative et préventive du lactate d’halofuginone contre

Cryptosporidium parvum chez des veaux infectés naturellement un essai avec placebo – en double aveugle – randomisé – centralisé par Héloïse Ader (E.N.V.N.)

synthèse sélénium et transfert d’immunité passive le statut sélénique de la vache

- Comparaison de quatre méthodes de dosage des Ig G

et concentration en Ig G du colostrum par Didier Raboisson, François Schelcher

colostrales chez la vache laitière par Cécile Enault (E.N.V.N.) - Les causes de mortalité et les motifs de réforme chez les lapins reproducteurs (femelles et mâles) par Catherine Belloc (E.N.V.N.) - Une dermatose sous-diagnostiquée en médecine aviaire par Émilie Videmont (E.N.V.L.) - Évaluation de la durée d’infection par Mycoplasma hyopneumoniae chez des porcs expérimentalement infectés par Catherine Belloc

Page 61

observation originale

étude de cas

besnoitiose bovine sur un troupeau de bovins par Frédéric Bordes Cette étude de cas présente une forme originale de besnoitiose bovine, avec l’apparition d’une phase d’excoriations majeures, “intercalée” entre les phases classiques d’œdèmes et de sclérodermie et l’absence de kystes oculaires. Page 65

57

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 501


comprendre l’épidémiologie le risque 1. introduction à l’épidémiologie analytique Bernard Toma Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la signification de la notion de risque relatif. ❚ Connaître les deux types d’enquête en épidémiologie analytique et leur relation au risque relatif. ❚ Savoir distinguer association et cause.

Quel que soit le type de maladie, infectieuse ou non infectieuse, il peut être intéressant de connaître le ou les facteurs qui en favorisent l’apparition, dans un but de prévention.

M

ême si la cause d’une maladie est bien connue (maladie monofactorielle, infectieuse, majeure, comme la tuberculose ou la rage par exemple), bien connaître les facteurs qui la favorisent (introduction d’animaux dans un élevage sans précaution, voisinage d’une exploitation infectée, …) permet de maîtriser sa transmission. ● Lorsque la cause précise d’une maladie n’est pas bien déterminée (maladie multifactorielle, comme les broncho-pneumopathies infectieuses enzootiques chez les bovins allotés), sur un plan pragmatique, il est capital d’essayer d’identifier les facteurs constitutionnels, environnementaux ou comportementaux qui semblent lui être associés, sans pour autant être capable de démontrer qu’ils ont une responsabilité causale dans cette maladie. ● Dans tous les cas, il est intéressant d’essayer de déterminer quels sont les “facteurs de risque” d’une maladie, c’est-à-dire, les facteurs associés à une probabilité plus élevée de la maladie.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 502

La description d’une maladie La 1ère étape, qui précède celle d’épidémiologie analytique, est celle de la description de la maladie considérée, selon trois composantes : 1. la population ; 2. le temps ; 3. l’espace. ● Grâce à l’épidémiosurveillance et à des enquêtes d’épidémiologie, il est possible de connaître les caractéristiques de distribution d’une maladie dans une population (une espèce animale, par exemple), son évolution dans le temps et dans l’espace. Il s’agit là de l’objectif de l’épidémiologie descriptive.* Cette description peut conduire à des hypothèses sur l’existence de facteurs “associés” ●

Marqueur de risque

Étude descriptive des caractéristiques et de l’évolution dans le temps et dans l’espace de phénomènes liés à la santé dans une population.

Facteur non maîtrisable de risque (âge, sexe, race, …).

Épidémiologie analytique ou explicative

Outil de mesure d’association statistique d’un facteur de risque avec une maladie.

Étude des causes apparentes et des événements, directement ou indirectement, associés à un phénomène de santé. Risque

Facteur de risque

58

Différents termes définis dans l’encadré sont rencontrés dans le cadre de l’épidémiologie analytique. ●

Épidémiologie descriptive

Probabilité qu’un événement donné survienne pendant une période déterminée.

FMC Vét

LA TERMINOLOGIE DU RISQUE

Encadré - Définition de termes rencontrés en épidémiologie du risque

Essentiel ❚ La description d’une maladie prend en compte : - la population ; - le temps ; - l’espace. ❚ La représentativité d’un échantillon détermine l’exactitude du résultat obtenu.

C’est l’objectif même de la démarche d’épidémiologie analytique ou explicative. Celle-ci permet de confirmer ou d’infirmer ces hypothèses de facteurs de risque. Les principes de l’épidémiologie analytique sont présentés dans cet article, après un rappel de terminologie en matière de risque.

Facteur associé à une probabilité plus élevée de la maladie.

Indicateur de risque

Risque relatif Rapport du risque dans le groupe exposé sur le risque dans le groupe non exposé (enquête exposés/non exposés). Odds ratio Valeur approchée du risque relatif (enquête cas/témoins).


synthèse

sélénium

et transfert d’immunité passive statut sélénique de la vache

Didier Raboisson François Schelcher

et concentration en Ig G du colostrum L’apport de sélénium s’avère indispensable dans les zones à sols carencés, le grand Massif central pour la France. La carence en sélénium est associée à des troubles divers (baisse de la croissance, diminution des défenses immunitaires, troubles de la reproduction, ...) et peut conduire à la mortalité chez le veau. Récemment, le rôle du sélénium dans le transfert d’immunité passive a été mis en avant.

C

hez les bovins, le colostrum possède un rôle immunitaire et nutritionnel. Son rôle immunitaire repose sur le transfert de la vache au veau, d’une part, d’anticorps (Ac) dont il est quasiment dépourvu à la naissance, d’autre part, de cellules immunitaires maternelles et de cytokines, améliorant vraisemblablement la mise en place de ses propres réponses immunitaires [6]. ● Au delà du rôle nutritionnel énergétique, le colostrum apporte aussi des quantités variables d’hormones, de minéraux et d’oligoéléments, par ailleurs absorbés de manière plus ou moins efficace via le placenta*. ● Plusieurs publications récentes suggèrent des relations ou des interactions étroites entre les différents composants du colostrum, et en particulier, un effet du statut sélénique des animaux sur le transfert d’immunité passive (photo 1). LES EFFETS DE LA SUPPLÉMENTATION DES VACHES EN SÉLÉNIUM SUR LA CONCENTRATION SÉRIQUE EN IMMUNOGLOBULINES DU VEAU ● La supplémentation de vaches en sélénium (Se) a été associée à une augmentation de la concentration sérique en Ig des veaux [7]. ● Dans ce premier essai, quatre lots de 20 vaches reçoivent des apports en Se équivalents à des rations contenant 0,02-0,06 ppm (lots 1 et 2) et 0,6 ppm de Se (lots 3 et 4).

Département Élevage, Produits et Santé publique Université de Toulouse - E.N.V.N. 23, chemin des Capelles - BP 87614 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique Connaître les objectifs secondaires de la supplémentation des vaches taries en sélénium.

NOTE

1

Le statut sélénique des animaux sur le transfert d’immunité passive est mis en exergue dans plusieurs publications récentes (photo D. Raboisson).

Ces apports sont réalisés du milieu de la gestation au vêlage, sous forme d’aliment minéral vitaminé (A.M.V.) (lots 3 et 4) et/ou d’injections (lots 2 et 4). Dans les 3 heures suivant la naissance, chaque veau reçoit 1 l de colostrum de sa mère, puis est laissé avec celle-ci. ● Les concentrations sériques en Se des vaches au vêlage et des veaux à la naissance, les concentrations en Ig du colostrum et les concentrations sériques en Ig G des veaux sont significativement plus élevées pour les lots ayant reçu des apports en Se supérieurs aux recommandations (lots 3 et 4), par rapport aux animaux avec des apports faibles (lots 1 et 2) (tableau 1). ● L’augmentation de la concentration du colostrum en Ig G lors de supplémentation des vaches en sélénium pourrait être liée à deux mécanismes : 1. l’intervention du sélénium sur les récepteurs non spécifiques à Ig G1 de la mamelle, favorisant le passage des Ac du sérum maternel au colostrum ; 2. l’enrichissement du colostrum via l’augmentation des Ig sériques chez la mère. ● L’augmentation des Ig G1 sériques de la mère sous l’effet de la supplémentation sélénique est compatible avec les effets positifs du Se sur les fonctions immunitaires.

* cf. les articles dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé : - “Les cellules du colostrum : quel rôle dans la défense du veau nouveau-né ?”, de D. Raboisson, F. Schelcher, G. Foucras, 2008;7(2):101-5. - “Synthèse - Les effets du traitement thermique du colostrum sur sa viscosité, sa teneur en Ig G, le transfert d’immunité passive et l’élimination d’agents infectieux”, de P. Philippe, D. Raboisson, F. Schelcher, 2008;7(2):167-70.

Synthèse d’après les études : - Swecker WS Jr, Thatcher CD, Eversole DE, coll. Effect of selenium supplementation on colostral IgG concentration in cows grazing selenium-deficient pastures and on postsuckle serum IgG concentration in their calves. Am J Vet Res. 1995;56(4):450-3. - Lacetera N, Bernabucci U, Ronchi B, Nardone A. Effects of selenium and vitamin E administration during a late stage of pregnancy on colostrum and milk production in dairy cows, and on passive immunity and growth of their offspring. Am J Vet Res. 1996;57(12):1776-80.

61

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 505


étude de cas

observation originale

besnoitiose bovine sur un troupeau de bovins Cette observation clinique présente une forme originale de besnoitiose bovine, ou anasarque des bovins avec l’apparition d’une phase d’excoriations majeures, “intercalée” entre les phases classiques d’œdèmes et de sclérodermie et l’absence de kystes oculaires évocateurs tout au long du tableau clinique.

Frédéric Bordes Clinique vétérinaire 5 et 7, rue Louison Bobet 66130 Ille-sur-Têt

Objectif pédagogique ❚ Savoir diagnostiquer une besnoitiose bovine en l’absence de kystes oculaires.

D

ébut juillet sur une estive dans le massif du Canigou (Pyrénées Orientales), nous sommes appelés pour une vache limousine de 4 ans présentant des œdèmes marqués sur les quatre membres. Le vacher qui surveille les troupeaux de la zone a observé ces symptômes 2 jours auparavant. Il est difficile de connaître le début exact de l’affection car ce troupeau de 50 animaux est en estive depuis un mois, les bovins sont donc dispersés sur un grand secteur. Le cas est isolé.

1

Œdème des antérieurs marqué (photos F. Bordes).

2

Œdème de la région ventrale en portion déclive ombilicale.

EXAMEN CLINIQUE ● L’examen clinique à distance confirme la présence d’œdèmes majeurs sur les quatre membres (quatre “poteaux”), mais aussi dans la région du fanon et la portion la plus déclive de l’abdomen (photos 1, 2, 3, 4). Un épiphora et une démarche difficile sont aussi notés (photo 5). ● L’examen de la tête révèle une blépharoconjonctivite et un léger écoulement du mufle avec des croûtes en formation en surface (photo 6). ● À l’ouverture et à l’inspection de la cavité buccale, aucune lésion n’est observée. Il n’y a pas de ptyalisme. L’animal urine lors de l’examen, et l’aspect macroscopique des urines semble normal (ni hématurie, ni hémoglobinurie macroscopique). ● La température rectale est normale, l’animal s’alimente et rumine normalement. Il ne semble pas abattu, il est alerte et seule sa démarche semble ralentie.

Essentiel

3

Œdèmes des quatre membres.

L’observation des mouvements respiratoires, ainsi que l’auscultation cardiopulmonaire, ne permettent de déceler aucune anomalie. Les nœuds lymphatiques ne sont pas hypertrophiés. ● L’examen rapproché des œdèmes montre qu’ils sont inflammatoires (durs, douloureux et chauds avec présence de croûtes).

❚ La besnoitiose bovine est endémique dans le Piémont pyrénéen oriental. ❚ Le tableau clinique classique de la besnoitiose bovine évolue en trois temps : 1. une phase fébrile de 3 à 10 jours ; 2. une phase des œdèmes de 2 semaines ; 3. une longue phase de sclérodermie, mortelle à terme.

FMC Vét

65

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 509


revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - Journal of the American Veterinary Medical Association (JAVMA) - Preventive Veterinary Medicine - Veterinary Microbiology (Vet Microbiol) - Journal of Dairy Science - The Veterinary Journal (Vet J)

2008:233(5) 2009:88 ................................................................................................................................................................................................................................. 2009:134 ............................................................................................................................... ............................................................................................................................................... 2008:91 ............................................................................................................................... ............................................................................................................................ 2008:177 ................................................................................................................................................

............................................................................................................................... ...........................................................................................................................

Métabolisme - Réponses métaboliques suite à l’administration parentérale de glucagon et/ou orale de glycérol chez des vaches laitières en postpartum

Néonatalogie - Concentrations en Ig G sériques chez les veaux avant la prise colostrale - La pasteurisation du colostrum réduit l’incidence de la Paratuberculose chez des veaux laitiers nouveau-nés - Efficacité curative et préventive

du lactate d’halofuginone contre Cryptosporidium parvum chez des veaux infectés naturellement un essai avec placebo, en double aveugle, randomisé et centralisé - Comparaison de quatre méthodes de dosage des Ig G colostrales chez la vache laitière

- Une dermatose sous-diagnostiquée en médecine aviaire

Porcs - Évaluation de la durée d’infection par Mycoplasma hyopneumoniae chez des porcs expérimentalement infectés Synthèses rédigées par

Aviaire - Les causes de mortalité et les motifs de réforme chez les lapins reproducteurs (femelles et mâles)

Héloïse Ader, Catherine Belloc, Pauline Bories, Cécile Enault, Sébastien Jacquinet, Lucie Trencart, Émilie Videmont

un panorama des meilleurs articles Objectif de l’étude

RÉPONSES MÉTABOLIQUES SUITE À L’ADMINISTRATION PARENTÉRALE DE GLUCAGON ET/OU ORALE DE GLYCÉROL chez des vaches laitières en postpartum

❚ Comparer les effets de l’administration parentérale de glucagon et/ou orale de glycérol sur le profil métabolique des vaches en postpartum.

● Les possibilités de traitement des vaches avec stéatose hépatique restent limitées et les résultats décevants.

Matériel et méthode ●

Animaux

- 20 vaches Prim’holstein multipares avec note

Journal of Dairy Science 2008;91:3311-22. Acute metabolic responses of postpartal dairy cows to subcutaneous glucagon injections, oral glycerol, or both. Osman MA, Allen PS, Mehyar NA, Coetzee JF, Koehler KJ, Beitz DC.

d’état corporel > 3,5 ; - Alimentation : o 6 semaines avant vêlage (J 0) : ration vaches taries + 6 kg de céréales + foin à volonté (favorisant l’apparition de stéatose) ; o Après vêlage (J 0) : ration vaches en lactation haute productrice. Groupes expérimentaux : - Témoin (n = 4) : 60 ml NaCl 0,9% S.C. à 8, 16 et 24 h (J 0 à J 14) ; - “Glucagon” (n = 4) : 5 mg de glucagon S.C. à 8, 16 et 24 h (J 0 à J 13), à 8 et 24 h (J 14) et à (J 15) ; - “Glycérol” (n = 6) : 400 ml de glycérol + 100 ml d’eau par voie orale, une fois par jour à 6 h (J 0 à J 14) ; - “Glucagon + Glycérol” (n = 6) : protocoles des groupes “Glucagon” et “Glycérol” appliqués simultanément. ●

Synthèse par Pauline Bories, E.N.V.T.

REVUE INTERNATIONALE

+ 480 min de chaque administration S.C./V.O., à J 1, J 7 et J 13. Résultats ●

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / No 11 514 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Paramètres évalués :

- Examen général, et suivi biochimique urinaire ; - Suivi biochimique sanguin de -15 min à

70

Aucune différence entre les quatre groupes n’a

été observée pour l’examen général et les paramètres biochimiques urinaires (corps cétoniques). L’administration simultanée de glucagon et de glycérol : - augmente significativement les concentrations plasmatiques en glucose, en glucagon et en insuline à J 1, J 7 et J 13 ; - diminue significativement la concentration plasmatique en Acides Gras Non Estérifiés à J 1, J 7, J 13 et en bOHbutyrate à J 1 et J 7. ●

● Les administrations de glucagon ou de glycérol seuls conduisent à des effets similaires, mais d’intensité plus faible, et retrouvés quasi exclusivement à J 7.

Conclusion ● Chez les vaches laitières avec stéatose hépatique, l’administration simultanée de glucagon (5 mg S.C.) et de glycérol (400 ml V.O.) améliore les paramètres métaboliques (bilan énergétique), sans induire les effets néfastes rencontrés lors de l’administration d’un seul des deux composés ; cependant, aucun contrôle sur la présence et la sévérité de la stéatose n’a été réalisé dans cet essai.

De plus, aucune spécialité contenant du glucagon n’est actuellement disponible sur le marché vétérinaire, et l’utilisation d’une spécialité humaine reste, entre autre raison, limitée par le coût prohibitif du traitement d’un bovin adulte. ❒


revue internationale - un panorama des meilleurs articles Objectif de l’étude

CONCENTRATIONS EN Ig G SÉRIQUES chez les veaux avant la prise colostrale Chez les bovins, la placentation syndesmochoriale conduit à la naissance de nouveau-nés hypogammaglobulinémiques (faible concentration en immunoglobulines (Ig) avant la prise colostrale). Matériel et méthode Animaux 170 veaux Prim’holstein, issus de mères vaccinées chaque année (vaccin multivalent atténué (I.B.R., B.V.D. type 1 et 2, P.I.-3, V.R.S.B., Campylobacter fetus et Leptospira spp. et vaccin E. coli). ● Paramètres évalués Sur sérum prélevé 1 heure après la naissance, avant absorption colostrale : - Ig G (immunodiffusion radiale ; seuil de détection = 0,16 g/l) ; - B.V.D. type 1 (épreuve de neutralisation sérique) ; - N. caninum (test ELISA : Se = 97,6 p .cent ; Sp = 98,6 p .cent). Résultats ● 53 p .cent des veaux ont une concentration sérique en Ig G ≥ 0,16 g/l avant la prise colostrale (moyenne = 0,64 ± 0,05 g/l ; médiane environ 0,20 g/l ; maxi = 2,34 g/l) ● 1 (0,6 p .cent) et 7 (4,1 p .cent) des 170 veaux sont respectivement séropositifs vis-à-vis du virus B.V.D. et de N. caninum. ●

❚ Évaluer la concentration en Ig G sériques des veaux avant toute prise colostrale, et identifier les éventuels facteurs de variations.

Discussion et conclusion La fréquence des veaux gammaglobulinémiques avant la prise colostrale (53 p. cent) doit être relativisée par la très faible concentration en Ig chez ces veaux. Les anticorps retrouvés avant la prise colostrale proviennent de réponses immunitaires propres du veau, réduites par rapport à l’adulte, mais possibles à partir d’environ 4 mois de vie fœtale. Cependant, les agents infectieux communément présents et transmissibles in utero (B.V.D., N. caninum, …) semblent peu impliqués chez ces nouveau-nés. ● Le type d’antigène, la durée d’exposition et l’âge du fœtus lors de l’infection pourraient expliquer la variabilité des concentrations en IgG sériques obtenues. ● Dans cet essai, 19/170 (11 p. cent) des veaux naissent avec des concentrations en Ig G sériques > 1 g/l, et la concentration maximale atteinte est de 2,3 g/l. ● Ainsi, dans de rares cas, le dosage des Ig G sériques du veau à quelques jours d’âge, considéré comme strict témoin de l’absorption colostrale, pourrait surestimer l’évaluation du transfert passif d’immunité. ❒ ●

American Journal of Veterinary Research 2008;69(6):791-5. Frequency of detectable serum Ig G concentrations in precolostral calves. Chigerwe M, Tyler JW, Nagy DW, Middleton JR.

Synthèse par Sébastien Jacquinet, E.N.V.T.

LA PASTEURISATION DU COLOSTRUM RÉDUIT L’INCIDENCE DE LA PARATUBERCULOSE chez des veaux laitiers nouveau-nés Matériel et méthode L'étude a été réalisée dans le troupeau du National Animal Disease Center (Iowa) sur 12 mois. ● Le statut vis-à-vis de la paratuberculose des vaches de ce troupeau a été défini par dosage des antigènes spécifiques de la réponse I.F.N.-ω, la mesure du titre en anticorops et l’évaluation du portage fécal 21 jours avant vêlage. ●

Paratuberculose Subclinique Réponse I.F.N.-ω +

● ●

Titre en anticorps

Portage fécal

-

Clinique +

< 10 cfu/slant >100 cfu/slant

L’étude a porté sur 11 veaux : neuf nés de mères infectées sub-cliniquement par la paratuberculose, et deux nés de mères infectées cliniquement. Les 11 veaux ont été répartis à la naissance en deux groupes (un veau issu de mère infectée cliniquement par groupe). ● Un groupe de six veaux a reçu du colostrum de leur mère (CoM) et un groupe de cinq veaux du colostrum pasteurisé (CoP). - Les veaux du groupe CoM ont été séparés de leur mère 8 h après la naissance et ont reçu du lait de celles-ci pendant 3 semaines avant d'être nourris avec du lait de remplacement. - Les veaux du groupe CoP ont été séparés dès la naissance et nourris avec un pool de colostrum (2 fois 2 litres) issu de mères du troupeau non infectées par la paratuberculose (3 tests négatifs ●

successifs, sérologie et culture fécale négatives) pasteurisés (30 min à 65°C), suivi par du lait de remplacement. ● Des cultures des fèces de chaque veau ont été réalisées 1 fois par mois pendant 12 mois. ● Les veaux ont été euthanasiés à la fin de l’étude et 25 échantillons tissulaires ont été prélevés et analysés par veau. Résultats ● La réponse en I.F.N.-ω (mesure de l'exposition des veaux aux bactéries pathogènes) débute après 3 mois d'âge pour les veaux CoM, et après 5 mois pour les veaux CoP. Après 5 mois d'âge, la réponse est supérieure pour le groupe CoM par rapport à CoP. ● La plus faible réponse en I.F.N.-ω chez les veaux CoP suggèrent que l'exposition aux bactéries est plus faible chez ces veaux. ● Le nombre d’échantillons tissulaires positifs est plus élevé chez les veaux CoM par rapport aux veaux CoP. Ceci montre que le pathogène est capable de se disséminer plus efficacement chez les veaux qui ont bu le colostrum de leurs mères infectées. Discussion et conclusion ● Associée à la séparation précoce de la mère, la distribution de colostrum pasteurisé issu de vaches non paratuberculeuses peut diminuer, l'exposition initiale à l'agent de la paratuberculose des veaux nés de mères infectés. ● Cependant, les bénéfices à long terme d’une telle mesure sont encore à étudier. ❒

Objectif de l’étude ❚ Évaluer si la pasteurisation du colostrum peut être potentiellement bénéfique, pour retarder l'infection de veaux nés de mères infectées par l’agent de la paratuberculose, en comparaison avec des veaux qui reçoivent le colostrum et le lait de leurs mères.

Journal of Dairy Science. 2008;91:3600-6. Pasteurization of colostrum reduces the incidence of paratuberculosis in neonatal dairy calves. Stabel JR.

Lucie Trencart, Interne en Médecine Bovine, E.N.V.N.

REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 515


revue internationale - un panorama des meilleurs articles EFFICACITÉ CURATIVE ET PRÉVENTIVE DU LACTATE D’HALOFUGINONE CONTRE CRYPTOSPORIDIUM PARVUM CHEZ DES VEAUX INFECTÉS NATURELLEMENT un essai avec placebo, en double aveugle, randomisé et centralisé

Objectif de l’étude ❚ Comparer les effets d’une utilisation de l’halofuginone-lactate (H.F.L.) durant une période de 7 jours à une dose de 0,1 mg/kg comme recommandé par l’A.M.M. pour la prévention et le traitement de la cryptosporidiose chez des veaux spontanément infectés.

● Cryptosporidium parvum est reconnu comme un agent majeur d’entérite et de diarrhée néonatale chez le veau ; cependant, le traitement est difficile. ● Le lactate d’halofuginone semble être une molécule intéressante, et est recommandée tant pour la prévention que pour le traitement curatif.

Matériel et méthode L’étude s’est déroulée de novembre 2004 à mars 2005, sur 260 veaux Holstein d’une ferme du centre de la Bohème en République Tchèque dans laquelle la prévalence de la cryptosporidiose chez les nouveau-nés est élevée (100 p. cent chez les veaux entre 9 et 13 jours d’âge). ● Pendant toute la période d’étude, tous les nouveau-nés ont été répartis en 4 groupes en fonction de l’ordre de naissance : A. 64 veaux ont reçu l’halofuginone-lactate entre 1 et 7 jours d’âge ; B. 64 veaux ont reçu un placebo au même âge ; C. 65 veaux ont reçu de l’halofuginone-lactate entre 8 et 14 jours d’âge ; D. 67 veaux ont reçu un placebo au même âge. ● L’halofuginone-lactate (H.F.L.) a été administré oralement une fois par jour à une dose de 0,1 mg/kg, 1 h après le repas du matin, sous forme de solution aqueuse à 0,05% (Halocur®, Intervet-Schering Plough). Une solution de la même composition mais sans l’agent actif a été administrée dans les même conditions dans les lots témoins. ● La qualité des fèces a été notée chaque jour pour chaque veau. Des échantillons fécaux ont été collectés directement dans le rectum, pour un ●

The Veterinary Journal 2008;177:429-31. Preventive and therapeutique efficacy of halofuginone-lactate against Cryptosporidium parvum in spontaneusly infected calves : a centralised, randomised, double-blind, placebo-controlled study. Klein P.

Héloïse Ader, Interne en Médecine Bovine, E.N.V.N.

Objectifs de l’étude ❚ Déterminer la sensitivité et la spécificité de 4 méthodes (réfractomètre, hydromètre de sortes, pèse colostrum) pour juger de la qualité du colostrum (c’est-à-dire Ig G ≥ 50 g/l). ❚ Déterminer la valeur pivot optimale pour chacune de ces méthodes.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 516 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Résultats L’halofuginone-lactate (H.F.L.) diminue significativement l’excrétion d’oocystes ainsi que l’intensité de la diarrhée pendant les 31 premiers jours de vie, qu’il soit administré préventivement ou curativement. ● Le pic d’excrétion dans les lots non traités de situe entre les 12e et 14e jours. L’évolution de l’excrétion d’oocystes dans le temps se fait selon le même schéma dans les deux groupes placebo et le groupe traité entre 8 et 14 jours (avec un pic d’excrétion moins élevé chez ce dernier), alors que dans le groupe traité préventivement (entre 1 et 7 jours), les comptages d’oocystes ont été basaux pendant les 9 premiers jours, puis ont augmenté ensuite pour atteindre un pic au 20e jour, correspondant à une prévalence plus élevée de diarrhées. ●

Discussion et conclusion L’halofuginone-lactate (H.F.L.) diminue l’excrétion de Cryptosporidium parvum ainsi que l’intensité des symptômes associés, mais ceci indépendamment de l’utilisation préventive ou curative. La seule différence entre ces deux stratégies est un allongement du délai d’apparition de l’excrétion et des symptômes lors d’une utilisation préventive. ● L’intérêt d’une utilisation préventive de l’H.F.L. est donc essentillement de retarder l’apparition des symptômes à une période où les veaux, un peu plus âgés, sont plus résistants aux troubles provoqués par les diarrhées. ❒ ●

COMPARAISON DE QUATRE MÉTHODES DE DOSAGE DES Ig G COLOSTRALES chez la vache laitière ● L’importance du transfert colostral d’Ig pour la survie et la santé du veau implique le développement de plusieurs méthodes de mesure de la concentration Ig G. ● La méthode de référence est l’immunodiffusion (non utilisable sur le terrain car le délai d’obtention des résultats est de 2 à 3 jours). ● Les autres possibilités sur le terrain sont : - les hydromètres (mesure la masse volumique d’un liquide) ; - les réfractomètres électroniques ; - les pèse-colostrum. ● Il n’existe pas de données sur la sensitivité et la spécificité de ces techniques.

tillons de colostrum dans les 2 h suivant le part. Calcul de la sensibilité et de la spécificité de chacune des méthodes pour différentes valeurs pivot. La valeur pivot optimale est déterminée en choisissant le seuil permettant d’obtenir le meilleur couple sensibilité, spécificité.

Résultats Seuil

Sensibilité* Spécificité**

Hydromètre 1

70 g/l

0,75

0,78

Hydromètre 2

87,5 g/l

0,76

0,66

Réfractomètre

22 p. cent

0,75

0,78

Matériel et méthodes

Pèse colostrum

8,5 kg

0,42

0,74

Animaux : 160 vaches Holstein (primipares et multipares) suivies sur 3 années (logettes, ration complète, libre accès au pâturage). ● Protocole expérimental : recueil de 171 échan-

* Sensibilité : capacité du test à détecter les colostrums inadéquats (IgG < 50 g/l) ; ** Spécificité : capacité du test à détecter les colostrums adéquats (IgG ≥ 50 g/l).

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comptage des oocystes, chaque jour pendant les 31 premiers jours de vie.

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revue internationale - un panorama des meilleurs articles Discussion Les facteurs de variation de la concentration en Ig G sont : - le délai entre la mise bas et la collecte du colostrum ; - le moment de récolte par rapport à la traite (plus faible en fin de traite) ; - la gestion de l’élevage, l’alimentation, l’environnement (un seul élevage pris en compte dans cette étude). ● Les hydromètres et le réfractomètre électronique sont sensibles à la température qui conditionne la répétabilité des mesures. Le réfractomètre présente un avantage : il n’est pas nécessaire que le colostrum soit réfrigéré. ●

● Limites à l’utilisation des hydromètres : [Ig G] ≠ densité (= concentration en protéines) affectée par saison, n° de lactation, température, élevage.

Journal of American Veterinary Medical Association 2008;233(5):761-6

Conclusion

Comparison of four methods to assess colostral Ig G concentration in dairy cows. Chigerwe M, Tyler JW, Middleton JR, Spain JN, Dill JS, Steevens BJ.

L’hydrométrie ou la réfractométrie électronique sont des méthodes satisfaisantes pour juger d’une qualité insuffisante du colostrum (concentration en Ig G < 50 g/l). ● Les seuils doivent être déterminés pour chacun des appareils. Les données du fabricant surestiment la concentration en Ig G. ● Les pèse-colostra ont une sensibilité insuffisante pour servir à la détection des “mauvais” colostrums. ❒ ●

LES CAUSES DE MORTALITÉ ET LES MOTIFS DE RÉFORME chez les lapins reproducteurs (femelles et mâles) Les taux de mortalité et de réforme des reproducteurs constituent des critères déterminants pour la rentabilité économique des élevages cunicoles. ● Des études antérieures dans différents pays européens (France, Italie, Portugal) ont mis en évidence des taux mensuels variant de 5 à 9 p. cent pour la réforme et de 2 à 4 p. cent pour la mortalité. ●

Matériel et méthode ● Entre 2000 et 2005, une enquête a été réalisée dans 130 élevages dont la taille médiane était 595 femelles (de 131 à 5500). Les informations concernant les mâles ont été collectées dans 19 sites (élevages commerciaux ou centres d’insémination artificielle). ● Les taux mensuels médians ont été respectivement 3,4 p. cent (1,1 à 9,9) pour la mortalité et de 5,7 p. cent (1,7 à 13) pour la réforme chez les femelles. Une mise à la reproduction trop précoce et un intervalle entre des mises bas faibles était associé à une augmentation du taux de réforme. ● Dans 16 élevages dans lesquels les données étaient disponibles, les causes de réforme des femelles ont été en premier lieu une productivité insuffisante, c’est-à-dire principalement l’inferti-

lité (valeur médiane 1,3 p. cent), puis les mammites (0,5 p. cent), un état corporel dégradé (0,5 p. cent) et les maux de pattes (0,3 p. cent). ● Les taux de mortalité et de réforme étaient les plus élevés au cours des trois premières gestations, avec deux périodes à risque au cours desquelles le risque de mortalité est plus élevé : - entre 10 et 15 jours de gestation (0,1 à 0,2 p. cent de mortalité quotidienne) ; - puis entre 25 et 33 jours de gestation (0,3 p. cent de mortalité quotidienne).

Une dermatose prurigineuse chronique, lentement extensive et peu contagieuse, est rapportée chez deux poules. Les lésions siègent de préférence sur la tête et le cou et se traduisent par une aptérylie (zone de peau sans pennes), des squames adhérentes et une peau épaissie. ● L’acarien Epidermoptes bilobatus est mis en évidence par raclage cutané, réalisation de scotch-test et examen du bulbe des plumes. ● Les oiseaux sont efficacement traités avec de

Objectif de l’étude ❚ Déterminer les taux de mortalité et de réforme dans les élevages espagnols, décrire les causes et évaluer l’effet du rang de portée et du stade de la gestation sur le risque de mortalité/réforme.

Résultats et conclusion Des autopsies réalisées sur des lapines mortes ou malades euthanasiées ont mis en évidence la prédominance des phénomènes infectieux, respiratoires ou digestifs qui ont pu entraîner la mort (56,4 p. cent des cas). Les troubles de la reproduction (métrite, pyomètre, torsion utérine, gestation extra utérine, fœtus momifiés) étaient impliqués dans 15,5 p. cent des cas. ● Au cours de la période d’étude, les auteurs ont observé une tendance à la raréfaction des informations disponibles concernant les causes de mortalité et de réforme, ainsi qu’une augmentation de la fréquence des euthanasies en élevage. ❒ ●

UNE DERMATOSE SOUS-DIAGNOSTIQUÉE en médecine aviaire ●

Cécile Enault, Interne en Médecine Bovine, E.N.V.N.

(Stronghold®),

la sélamectine à la dose de 12 mg/kg toutes les 2 semaines pendant 2 mois. Cette ectoparasitose rare pourrait être sousdiagnostiquée. Elle doit faire partie du diagnostic différentiel des dermatoses prurigineuses chez les oiseaux. ❒

NOTE Cette communication a été présentée

Preventive Veterinary Medicine 2009;88:120-27 Culling and mortality in breeding rabbits. Rosell JM, De La Fuente LF.

Catherine Belloc, E.N.V.N.

Objectif de l’étude ❚ Connaître l’existence de la dermatose à Epidermoptes bilobatus chez la poule. Epidermoptes bilobatus, a rare cause of dermatitis in birds : two clinical cases. Bruet V and Bourdeau P. Synthèse par Émilie Videmont, résidente dermatologie, E.N.V.L.

au congrès mondial de dermatologie en novembre 2008 à Hong-Kong.

REVUE INTERNATIONALE

73

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 517


revue internationale - un panorama des meilleurs articles Objectif de l’étude

ÉVALUATION DE LA DURÉE D’INFECTION PAR MYCOPLASMA HYOPNEUMONIAE chez des porcs expérimentalement infectés

❚ Déterminer la durée du portage asymptomatique de Mycoplasma hyopneumoniae en utilisant une approche expérimentale.

● L’infection des porcs par Mycoplasma hyopneumoniae constitue une préoccupation majeure en élevage porcin, dans toutes les zones de production porcine dans le monde car cette bactérie : - est responsable de la pneumonie enzootique, maladie économiquement pénalisante ; - et elle favorise l’infection du tractus respiratoire par d’autres agents pathogènes. ● La maîtrise de cette infection, qui constitue donc un enjeu important, implique une bonne connaissance de l’infection, notamment des modalités de transmission de Mycoplasma hyopneumoniae au sein des élevages. ● Or, il a été montré qu’après un épisode clinique, les porcs peuvent être porteurs asymptomatiques des Mycoplasma hyopneumoniae, donc susceptibles de transmettre la bactérie à leurs congénères. Les travaux précédents n’ont investigué ce portage asymptomatique post-clinique que jusqu’à 185 j post-infection et n’ont pas évalué la capacité de transmission entre animaux.

Veterinary Microbiology 2009;134:261-6 An assessment of the duration of Mycoplasma hyopneumoniae infection in an experimentally infected population of pigs. Pieters M, pijoan C, Fano E, Dee S.

● L’excrétion de la bactérie a été mise en évidence avant l’apparition des signes cliniques mais la capacité des animaux à transmettre au cours de cette phase d’incubation n’a pas été évaluée. ● Tous les animaux inoculés étaient infectés 94 j post-infection, la proportion d’infectés diminuait ensuite (61 p. cent à 214 j post-infection, puis 0 p. cent à 254 j post-infection). ● Une transmission aux animaux au contact a eu lieu à 80 et 200 j post-infection. Toutefois, ces animaux sentinelles n’ont pas séroconverti, suggérant qu’un contact plus long est nécessaire pour la séroconversion. ● Cette étude renseigne de plus sur la concordance entre les différents moyens d’investiguer le statut vis-à-vis de Mycoplasma hyopneumoniae : les animaux peuvent devenir séronégatifs alors qu’ils sont encore infectés (exemples à 214 j post-infection) ou des lésions pulmonaires peuvent ne pas être présentes alors que les animaux sont capables de transmettre Mycoplasma hyopneumoniae à des porcs sentinelles. ❒

Soixante porcs ont été infectés expérimentalement avec une souche de Mycoplasma hyopneumoniae. La capacité de transmettre à des congénères a été évaluée par trois séries de contacts de 15 jours : 80 à 94 jours post-infection, 200 à 214 j post-infection, et 240 à 254 j post-infection. ● Le statut infectieux a été évalué par : - recherche de l’ADN bactérien par P.C.R. nichée ●

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Résultats et conclusion

Matériel et méthode

Catherine Belloc, E.N.V.N.

sur écouvillonnage des cavités nasales et des bronches ; - une analyse sérologique ; - un examen clinique (enregistrement de toux) ; - l’observation des lésions pulmonaires.

6 6

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test clinique les réponses

abcès intracrânien

Audrey Labouyrie Christophe Roy Jean-Louis Roque Pierre-Michel François

chez une génisse de 3 mois 1 Que concluez-vous de l’examen neurologique ? ● Étant donné les troubles de la vigilance et du comportement notés, on s’oriente vers une atteinte du système nerveux central, atteinte située au niveau de l’encéphale. ● Les signes nerveux observés ne permettent pas de préciser la localisation de l’atteinte.

Cabinet Vétérinaire 15400 Riom-ès-Montagnes

2 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● Les signes nerveux observés ne permettent pas d’évaluer plus précisément l’atteinte de l’encéphale. Les hypothèses diagnostiques sont donc multiples : - un traumatisme : il n’y a pas de signes nerveux caractéristiques. En effet, ceux-ci sont dus le plus souvent à un hématome sousdural et dépendent de la localisation de ce dernier ; - une méningo-encéphalo-myélite : les signes nerveux, le plus souvent en hyper, font suite à un syndrome fébrile et à une autre infection (omphalophlébite, arthrite, …) ; - une intoxication au plomb : cette hypothèse est à considérer compte tenu du contexte (élevage dans un bâtiment ancien). Les signes nerveux sont souvent en hyper, avec bruxisme, amaurose, tremblements, pousser au mur. Des troubles digestifs sont en général associés : diarrhée noirâtre, salivation, anorexie, … ; - une nécrose du cortex subaiguë : carence en vitamine B1 donnant le plus souvent, un animal en opisthotonos présentant des Tableau - Résultats de la numération-formule de l’animal avant l’autopsie Génisse croisée de 3 mois

Valeurs usuelles de l’adulte

32 %

24-46 %

9 070 000 / mm3

5 à 10 000 000 / mm3

6 300 / mm3

4000-12000 / mm3

- Lymphocytes

2463 39,1 %

2500-7500 45-75 %

- P. neutrophiles

3534 56,1 %

600-4000 15-45 %

- P. basophiles

50 0,8 %

0-200 0-2 %

- P. éosinophiles

57 0,9 %

0-2400 2-20 %

Monocytes

195 3,1 %

25-800 2-7 %

Plaquettes

1 445 000 / mm3

100 000 à 800 000 / mm3

Hématocrite

Hématies

Leucocytes

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 2 / n°11 520 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

76

3

L’abcès intracrânien recouvrant et comprimant tout l’hémisphère gauche de l’encéphale (photo A. Labouyrie).

symptômes oculaires importants (strabisme dorso-médial, amaurose), ainsi qu’ataxie, pousser au mur, alternance de phases de convulsions et de phases de prostration. Elle survient généralement chez des animaux ayant une alimentation riche en céréales (animaux à l’engraissement) ou après un changement brutal de ration ; - une coccidiose de forme nerveuse : après une phase de dépression, d’ataxie et d’hyperesthésie, les animaux sont en décubitus, en opisthotonos, avec nystagmus et salivation ; - une hypomagnésémie : elle se produit chez des animaux nourris au lait maternel, et âgés de plus de 3 mois en général. Elle entraîne une hyperesthésie, des convulsions toniques et cloniques. La mort survient en quelques heures. 3 Des examens complémentaires nous aideraient-ils ? Que proposeriez-vous ? ● Malgré un examen clinique complet, il n’est pas possible d’établir un diagnostic précis. ● Des prélèvements sanguins sont effectués avant l’euthanasie de l’animal afin d’essayer d’évaluer leur utilité diagnostique. ● Une numération-formule sanguine est demandée (tableau). ● Les résultats montrent que la génisse présente une neutrophilie, signe d’une inflammation subaiguë à chronique. ● Deux paramètres biochimiques ont également été demandés : les protéines totales pour évaluer une inflammation, et la créatinine, dont l’augmentation pourrait traduire une souffrance rénale, notamment en cas de septicémie. Les valeurs obtenues sont dans les intervalles des valeurs usuelles :


test clinique - abcès intracrânien chez une génisse de 3 mois

- créatinine : 150,5 µmol/l VU : 67-175 µmol/l - protéines totales : 69,0 g/l VU : 57-81 g/l. Ces examens sanguins n’apportent donc pas ici d’informations utilisables pour un diagnostic du vivant de l’animal. ● Étant donné l’état stationnaire de la génisse, l’euthanasie a été réalisée. L’autopsie est réalisée 8 heures après la mort. - Rien d’anormal n’est constaté à l’examen visuel de l’animal. - À l’examen des viscères et des cavités, une légère entérite sur toute la longueur de l’intestin grêle est notée. - À l’ouverture de la boîte crânienne, un abcès, recouvrant et comprimant tout l’hémisphère gauche de l’encéphale, est présent, avec un pus crémeux jaunâtre (photo 3). ● Une analyse bactériologique sur le prélèvement d’encéphale conclut à la présence de Citrobacter freundii. ● Une analyse histologique sur l’hémisphère gauche de l’encéphale montre que le cortex cérébral est le siège d’une réaction inflammatoire avec présence de cellules macrophagiques et infiltration lymphocytaire.

l’hypothèse d’une contamination de l’encéphale lors de l’autopsie a été tout d’abord envisagée, celle-ci ayant été réalisée par terre dans l’élevage. Cependant, un article relatif aux méningites néonatales humaines a remis cette hypothèse en question, car il démontre que plusieurs bactéries et notamment Citrobacter freundii passent la barrière hémato-méningée. Selon la littérature, Arcanobacterium pyogenes serait souvent identifié dans ces abcès cérébraux. Un Citrobacter, Citrobacter koseri, a été isolé lors de méningites et d’abcès de cerveau chez des nouveau-nés humains. ● Une analyse du liquide céphalo-rachidien aurait certainement été intéressante mais n’a pas été réalisée en raison de sa difficulté en pratique courante (examen cytologique dans les 2 heures suivant le prélèvement). Enfin, un article japonais présente l’intérêt de la tomographie sur un cas d’abcès intracrânien mais cet examen n’est pas réalisable sur le terrain.

Pour en savoir plus Achard C, Giraud N, Arcangioli M. Méningoencéphalite après une infection de l’ombilic. Point Vét. 2004;250:66-70. ● Collectif. Bulletin des GTV. Hors série Neuropathologie des Ruminants. ed. NÉVA, Créteil. 2003;146 pp. ● El-Khodery S, Yamada K, Aoki D, coll. Brain abcess in a Japanese black calf : utility of computed tomography. J Vet Med Sci. 2008;70(7):727-30. ● Euzéby JP. Dictionnaire de Bactériologie Vétérinaire. http://www.bacdico.net. ● Huang SH, Stins MF, Kim KS. Bacterial penetration across the blood-brain barrier during the development of neonatal meningitis. Microbes Infect. 2000;2(10):1237-44. ● Radostits OM, Blood DC, Gay CC. Veterinary Medicine. Ed. Saunders Elsevier. 10th ed. 2007;2156 pp. ●

CONCLUSION

DISCUSSION L’abcès intracrânien n’a pas été retenu dans les hypothèses diagnostiques, car, selon la littérature, il entraîne des signes nerveux asymétriques, et fait en général suite à un foyer primaire de germes (omphalophlébite, arthrite septique, sinusite, …). Les signes nerveux seraient une hémiparésie, une ataxie, un déficit de certains nerfs crâniens (signes vestibulaires notamment). ● La question de l’origine de cet abcès restant en suspens. ● Citrobacter freundii est présent dans les fécès et dans le milieu extérieur (eau, boues, …), ●

Trois éléments sont particulièrement intéressants dans ce cas clinique. 1. l’apparition brutale des signes cliniques contraste avec la taille importante de l’abcès, qui permet de supposer un développement progressif pendant une longue période ; 2. l’absence de signes neurologiques latéralisés malgré un abcès comprimant l’hémisphère gauche de l’encéphale ; 3. l’autopsie n’a pas permis d’identifier la porte d’entrée de la bactérie (omphalophlébite notamment). ❒ ●

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