DOSSIERS : COMPORTEMENT ET SANTÉ DES BOVINS - VOLAILLES : LA MALADIE DE GUMBORO
Volume 3
N°12 JUIN 2009 revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
• Veterinary Bulletin (CAB International)
• CAB Abstracts Database
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
Actualités en perspective - Grippe à H1N1 pandémique : contresens, confusion et santé publique - La baisse observée des naissances en 2009 : quel est l’impact de la F.C.O. ?
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°12 - JUIN 2009
Ruminants - Comportement animal : introduction à son observation chez les bovins - La relation Homme-animal ou comment utiliser le comportement des bovins pour les manipuler ? - Le comportement social et ses applications en élevage chez les bovins
DOSSIERS :
COMPORTEMENT ET SANTÉ des bovins VOLAILLES - LA VACCINATION CONTRE LA MALADIE DE GUMBORO
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Comprendre l’épidémiologie 3e série 2. Le risque relatif
- Étude de cas - Infections intra-mammaires et santé humaine : exemple d’une transmission de S. aureus entre l’homme et les vaches laitières
- Revue de presse internationale - Tests de formation continue et d’épidémiologie
- Synthèse - 2. Sélénium et transfert d’immunité passive : concentration en Se du colostrum et absorption des immunoglobulines colostrales
- Comportement alimentaire et maladies métaboliques chez les bovins - Le comportement des bovins : indicateur de la qualité de leurs conditions de logement - Comportement, stress et maladies infectieuses chez les bovins
Volailles - La vaccination contre la bursite infectieuse aviaire ou maladie de Gumboro
Comprendre et agir - Enjeux économiques F.C.O. : le bilan technico-économique de l’épizootie de 2007 à l’échelle des exploitations
revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
• Veterinary Bulletin
sommaire
(CAB International)
Volume 3
N°12
• CAB Abstracts Database
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC
DOSSIERS
(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
- COMPORTEMENT ET SANTÉ des bovins
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Éditorial par Didier Raboisson Test clinique - Un cortex lumineux chez un jeune bovin Héloïse Ader
- La vaccination
ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Grippe à H1N1 pandémique : contresens, confusion et santé publique Zénon - La baisse observée des naissances en 2009 : quel est l’impact de la F.C.O. ? Béatrice Mounaix
contre la maladie de Gumboro
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RUMINANTS Dossier Comportement et santé des bovins - Comportement animal : introduction à son observation chez les bovins Luc Mounier - La relation homme-animal ou comment utiliser le comportement des bovins pour les manipuler ? Xavier Boivin, Luc Mounier - Le comportement social et ses applications en élevage chez les bovins Luc Mounier, Alain Boissy - Comportement alimentaire et maladies métaboliques chez les bovins Loïc Commun - Le comportement des bovins : indicateur de la qualité de leurs conditions de logement Joop Lensink, Hélène Leruste - Comportement, stress et maladies infectieuses chez les bovins Didier Raboisson, François Schelcher
11 17 23 29 35 39
VOLAILLES - La vaccination contre la bursite infectieuse aviaire ou maladie de Gumboro Nicolas Eterradossi, Didier Toquin
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COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - F.C.O. : le bilan technico-économique de l’épizootie de 2007 à l’échelle des exploitations Béatrice Mounaix
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FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - Comprendre l’épidémiologie - 3e série : L’épidémiologie analytique 2. Le risque relatif Bernard Toma - Synthèse - 2. Sélénium et transfert d’immunité passive : concentration en Se du colostrum et absorption des immunoglobulines colostrales Didier Raboisson, François Schelcher - Étude de cas - Infections intra-mammaires et santé humaine : exemple d’une transmission de Staphylococcus aureus entre l’homme et les vaches laitières Héloïse Ader, Catherine Magras, Gita Brochard, Clément Marhuenda, Nathalie Bareille - Revue de presse internationale sous la direction de François Schelcher, Henri Seegers
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Souscription d’abonnement en page 77
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ACTUALITÉS
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Synthèses rédigées par Héloïse Ader, Sébastien Assié, Didier Raboisson - Activation des cellules immunitaires des sécrétions mammaires - Réponse induite par la vaccination intra-nasale de veaux - Vaccin à ADN : protection clinique et forte réponse immunitaire cellulaire - L’haptoglobine comme indicateur précoce de métrite - Les nouveautés sur la pathogénie du déplacement de la caillette
- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses
RUMINANTS PORCS-VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR 76 62-78
FMC Vét
Résultats originaux ou observation originale
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 3
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr
Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (praticien), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Didier Calavas (A.F.S.SA.), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (E.N.V.N.) Arlette Laval (E.N.V.N.), Marc Savey (A.F.S.S.A.) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (E.N.V.N.) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)
Rédacteurs en chef Sébastien Assié (E.N.V.N.) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)
Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie des ruminants, E.N.V.L.) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Baudeau (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, E.N.V.N.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Alain Chauvin (Parasitologie, E.N.V.N.) Alain Douart (Pathologie des ruminants, E.N.V.N.) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Norbert Giraud (praticien) Jean-Marie Gourreau (A.F.S.SA. Alfort) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann ((Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Pierre Philippe (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Jean-Louis Roque (praticien) Pascal Sanders (A.F.S.SA. Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stephan Zientara (E.N.V.A.) Gestion des abonnements et comptabilité : Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37€, U.E. :38€ Tarifs d’abonnement : voir p. 77 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0513 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des lions Ste-Marie des Champs B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 4 - JUIN 2009
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un cortex lumineux chez un jeune bovin
U
n jeune bovin mâle castré de 6 mois est transporté à l’E.N.V.N. pour que soit réalisé un diagnostic clinique et nécropsique. Il est en décubitus latéral permanent, d’apparition brutale, 48 heures auparavant. Né normalement, il n’a aucun antécédent pathologique.
L’élevage d’origine est de type laitier en race Prim’Holstein. Dans cet élevage, les veaux sont sevrés entre 2 et 3 mois d’âge et sont ensuite conduits en lots de jeunes bovins. Ils reçoivent alors un aliment croissance et du foin à volonté.
Un cas similaire a eu lieu plusieurs semaines avant sur un jeune bovin de 3 mois tout juste sevré. Celui-ci est mort malgré un traitement antibiotique et anti-inflammatoire.
À l’arrivée dans les hôpitaux, le jeune bovin présente un développement staturopondéral correct mais est en décubitus latéral permanent non latéralisé (comportement identique lorsqu’il est placé en décubitus latéral droit ou gauche) et en opisthotonos (hyperextension de l’encolure et des membres). Aucune ataxie n’a été notée avant l’apparition du décubitus.
Un examen neurologique met en évidence les anomalies suivantes : - une vigilance diminuée ; - un décubitus latéral ; - un opisthotonos très marqué avec un animal qui replace systématiquement sa tête en arriè-
Héloïse Ader Interne en médecine Bovine, E.N.V.N. Unité de Médecine des Animaux d’élevage BP 40706 - 44307 Nantes Cedex 3
re après chaque manipulation et une incapacité à se maintenir en décubitus sternal ; - une hyperesthésie marquée, avec des réactions exagérées aux stimuli tactiles et sonores ; - des tremblements de la tête et de l’encolure ; - un strabisme dorso-latéral bilatéral très marqué ; - une absence du réflexe de clignement à la menace et des réflexes photomoteurs négatifs avec un myosis bilatéral ; - un nystagmus parfois vertical, parfois horizontal.
Les réactions posturales ne peuvent être étudiées compte tenu du poids de l’animal et du décubitus. L’animal n’a pas d’autres anomalies décelables à l’examen clinique. 1 D’après l’examen neurologique, où se localise l’atteinte nerveuse ? 2 Quelles sont les maladies les plus probablement responsables de cette atteinte ? À partir des circonstances d’apparition, laquelle retenez-vous comme hypothèse principale ? 3 Quel examen post-mortem (simple) vous permet de confirmer rapidement cette hypothèse ? Réponses à ce test page 76
comité de lecture Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Pierre Bézille, Henri-Jean Boulouis, Cyril Boissieu, Alain Bousquet-Melou, Gilles Bourdoiseau, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, Jean-Luc Chatré,
René Chermette, Eric Collin, Fabien Corbières, Stéphane Daval, Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Gilles Fecteau (Québec) Cécile Ferrouillet (U.S.A.), Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Olivier Gauthier, Norbert Gauthier,
Christian Gipoulou, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Nadia Haddad, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Xavier Malher, Jacques Manière, Hervé Morvan, Hervé Navetat, Jean-Marie Nicol,
Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret, Nicolas Roch, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart, Henri Viel, Lionel Zenner.
éditorial Le comportement concerne tous les domaines de la médecine collective bovine, à la fois comme facteur de risque d’affection, et/ou comme outil diagnostique de ces affections, et la pathologie infectieuse n’est pas oubliée …
L’
analyse du comportement fait partie intégrante de la démarche clinique, à la fois en médecine individuelle ou collective. Ainsi, dans la méthodologie de l’examen clinique des bovins proposée par Gustav Rosenberger en 1964, le comportement est placé au même niveau que l’aspect général, l’état corporel, la fréquence respiratoire ou encore la température, dans l’étape diagnostique que constitue l’examen général ; les troubles du comportement y sont classés en réactions sensitivo-motrices accrues (excitation) ou réduites (dépression, apathie, somnolence, coma, parésie, paralysie) et en comportements pathologiques, parfois presque pathognomoniques d’une affection. L’éthologie, au sens restreint et moderne, soit l’étude objective et scientifique des comportements animaux, reste une science récente, puisque développée dans la première moitié du XXe siècle. En productions bovines, des avancées significatives ont été réalisées aux cours des dernières décennies, dans un objectif à la fois descriptif et analytique des comportements normaux et anormaux, mais aussi dans un souci pragmatique d’interaction homme-animal. Si l’approche rapportée par cet illustre clinicien allemand semble convenir à la médecine individuelle, le champ d’application des approches plus récentes oscille entre l’individu et le troupeau, et s’adapte aisément à la médecine collective bovine. Le comportement représente une entité large, et seuls les points liés à la pathologie ou d’intérêt vétérinaire sont abordés. Les notions d’éthiques et de bien-être animal sont donc écartées. Ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé sur “Comportement et santé” débute logiquement par un rappel des bases de cette science et de l’observation des bovins (L. Mounier), puis des principes et des applications des relations hommeanimal (X. Boivin, L. Mounier) ; il offre au praticien un cadre d’analyse pour une juste appréciation et interprétation des comportements individuels et collectifs. Rosenberger soulevait déjà la nécessité d’une approche rationnelle du comportement en médecine bovine. Le comportement concerne tous les domaines de la médecine collective bovine, à la fois comme facteur de risque d’affection, et/ou comme outil diagnostique de ces affections. Cette double approche s’applique au comportement social (L. Mounier, A. Boissy), alimentaire (L. Commun), environnemental (logement) (J. Lensink, H. Leruste) et sexuel. Les trois premiers types de comportement sont développés, le comportement sexuel a déja été traité dans un précédent numéro*. Les mécanismes physiopathologiques reliant le comportement et la santé restent toutefois assez flous ; des hypothèses d’effets directs et indirects sont avancées (D. Raboisson, F. Schelcher). L’action immunomodulatrice du stress induit par les perturbations des comportements sociaux, environnementaux, alimentaires, voire sexuels, liés aux pratiques d’élevage, reste l’hypothèse majeure à ce jour. ensemble des points abordés devrait donc permettre au lecteur d’appréhender avec rigueur le comportement des bovins au quotidien, et d’utiliser cette information comme outil diagnostique ou facteur de risque d’affection, tant à l’échelle individuelle que collective. Outre ce dossier, ce numéro propose un article sur la vaccination contre la maladie de Gumboro (N. Eterradossi, D. Toquin), qui complète la série des articles consacrés à la vaccination en aviculture, publiés récemment dans le hors-série “Vaccins et vaccination”, dédié aux nouvelles perspectives offertes par le renouveau spectaculaire des outils et des concepts de la vaccination pour les animaux de rente. De même, les articles consacrés à la F.C.O. dans ce numéro (B. Mounaix), sur le bilan technico-économique de l’épizootie 2007, et sur la baisse observée des naissances dans la filière allaitante en 2009, complètent les informations sur l’état actuel et les perspectives de la vaccination contre la F.C.O. du même hors-série, en quantifiant divers aspects de son impact sanitaire. Enfin, l’étude de cas consacrée aux conséquences d’une infection mammaire à Staphylococcus aureus en troupeau laitier permet, pour la 1re fois en France, d’attirer l’attention sur le caractère zoonotique de la contamination en élevage. Bonne lecture. ¿
Didier Raboisson Département Élevage, Produits et Santé publique École Nationale Vétérinaire 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse Cedex 03
NOTE * Dossier spécial “L’infécondité des ruminants : abord individuel”, dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2008;8(2):198-230.
Pour en savoir plus
Rosenberger G. Examen clinique des bovins. Méthodes, résultats, interprétations. Traduction française de J. Espinasse. ed Le point vétérinaire, MaisonsAlfort, 1979;526 p.
L’
Sur le comportement sexuel :
Disenhaus C. La détection des chaleurs chez la vache laitière : du comportement au conseil. Le Nouveau Praticien Vét. élevages et santé, 2008;8(2):215-9.
Gérard O. Le taureau de monte naturelle : mâle aimé ou mal aimé ? Le Nouveau Praticien Vét., élevages et santé, 2008;8(2):226-30.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 5
actualités en perspective
grippe à H1N1 pandémique contresens, confusion et santé publique
L’
annonce de l’émergence explosive d’un nouvel épisode de grippe humaine au Mexique et aux États-Unis le 24 avril dernier a été d’autant plus surprenante qu’aucune information n’avait filtré dans les différents sites internet spécialisés (Promed notamment) sur un épisode qui se développait pourtant depuis plus de 3 semaines, comme les informations, depuis disponibles, le prouvent. Ainsi, l’appel à la “vigilance visà-vis de la grippe” de notre dernière chronique* ne reposait sur aucune information confidentielle concernant la future pandémie, maintenant et bien curieusement dénommé grippe A H1N1 (cf. infra) ou pire “grippe porcine“.
Cette mi-juillet, plus de 100 000 cas ont été recensés dans plus de 100 pays dont près de 500 en France et on peut prévoir que la machine médiatique, qui va ralentir pendant les vacances se réveille à la rentrée pour agiter de nouveau la grande peur de la 4e pandémie attendue depuis 4 ans pour “la grippe aviaire”à H5N1 HP.
Ce nouvel épisode est d’ores et déjà marqué par de nombreuses “anomalies” (pour le moins) qui ont successivement intéressé : - la dénomination du virus en cause et l’interprétation médiatique du rôle du porc dans l’origine de cette épidémie ; - la réaction de l’organisation mondiale de la santé (OMS) ; - la perception très confuse des autorités sanitaires nationales sur sa gravité et en conséquence, leur réaction trop souvent difficile à comprendre.
NOTES * cf. Actualités en perspective Dangers et risques : la perception d’aujourd’hui est-elle la réalité de demain ? LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 2009;11(3):452-3. ** - Actualités en perspective Grippe humaine et peste aviaire : la confusion des mots et l’imbroglio des maux LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 2006;1(1):9-11. - Actualités en perspective Peste aviaire : les oiseaux sauvages : coupables ou victimes ? LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 2006;2(1):108-09.
Essentiel Les centers for diseases control (C.D.C.) ont d’emblée confondu, dans leur communication grand public, espèce d’isolement (ici, l’Homme), et espèce d’origine historique (ici, probablement le porc).
ACTE I : LA DÉNOMINATION DU VIRUS EN CAUSE ET SES CONSÉQUENCES
La première souche qui a été identifiée comme une souche de virus influenza type A, sous-type H1N1 (différent de celui circulant depuis quelques années** et participant aux épidémies saisonnières de grippe chez l’Homme) l’a été à partir de deux cas humains en Californie. Elle a donc été très logiquement, et en accord avec les règles de nomenclature internationale, identifiée comme A/California/04/2009.
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 6 - JUIN 2009
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Si elle avait été isolée, par exemple, de porcs au Mexique, elle aurait pu être dénommée A/swine/1/2009 (H1N1).
Pourtant, les C.D.C. (centers for diseases control) ont d’emblée affiché sur leur site internet et dans leur publication (MMWR) les virus identifiés aux USA comme étant d’origine porcine. Ils ont ainsi participé au développement de la confusion entre espèce d’isolement (ici, l’homme), et espèce d’origine historique, ici, probablement le porc compte-tenu des résultats des analyses génétiques, sans que cela soit définitivement prouvé ; l’émergence de cette nouvelle souche chez l’homme pouvant en outre, dater de plusieurs mois.
Les C.D.C. ont donc commis une double faute de communication pendant la dernière semaine d’avril 2009 : ignorer l’espèce humaine d’isolement et confondre l’origine historique supposée avec la source réelle actuelle (contage, au sens le plus classique du terme) du virus à savoir l’homme ou la femme infectés au Mexique ou aux ÉtatsUnis.
Cette grippe humaine est donc devenue porcine avec toutes les confusions associées, et (complaisamment) reliées par les media plus moutonniers que jamais.
Les tentatives tardives de rectification n’ont pu réparer le contresens initial (encadré 1) et la floraison d’appellations aussi diverses que fantaisistes (photo).
Il a donc fallu plus d’un mois pour se rendre à l’évidence épidémiologique : - il s’agit d’une maladie transmissible (très efficacement) entre humains ; - aucune source d’exposition porcine n’est en jeu dans son expansion ; - et les quelques élevages depuis repérés infectés semble bien l’avoir été par un homme.
Ceci n’a pas évité les mesures d’embargo (heureusement rapidement levées) ni surtout, l’abattage de l’ensemble des porcs élevés par les coptes en Égypte (sans qu’aucun cas humain ni porcin n’y ait été alors repéré) victimes de préjugés religieux qui ont trouvé pendant quelques jours une occasion de se manifester en s’appuyant sur un contresens largement relié par les médias.
actualités en perspective - grippe à H1N1 pandémique : contresens et santé publique Encadré 1 - Le choix des mots La nouvelle dénomination officielle en France de “grippe A /H1N1” ne fait qu’ajouter à la confusion puisque depuis plusieurs années, un des deux virus influenza A de la grippe saisonnière humaine est un virus A/H1N1 (à côté de H3N2). Il a donc été nécessaire de caractériser ce nouveau virus par un qualificatif qui le distingue bien de ceux qui l’ont précédé.
Ainsi, très discrètement, l’OMS a annoncé le 6 juin, qu’en accord avec l’OIE (Office international des épizooties) et la FAO (Food and agricultural organization), elle avait décidé d’utiliser l’expression “pandémic (H1N1) 2009 virus” (virus pandémique (H1N1) 2009) pour désigner le virus responsable et “pandemic (H1N1) 2009”
Essentiel
(pandémie 2009 à H1N1) pour nommer la maladie correspondante.
L’OMS a confondu vitesse et précipitation, face à l’expansion transcontinentale d’une nouvelle souche de H1N1 provoquant une maladie bénigne chez la plupart des humains infectés. En négligeant la signification acquise par le mot pandémie dans le grand public, l’OMS a suscité une peur démesurée sans pour autant pouvoir agir efficacement.
Quant aux souches isolées, elles sont caractérisées par l’adjonction d’un “v” à la nomenclature habituelle qui deviendrait ainsi A/California/04/2009 (H1N1) v.
Ce “v” peut être lu comme abréviation de variant, ce qui ne peut que rappeler un autre variant tristement célèbre, celui de la maladie de Creutfeldt-Jakob évoluant chez l’homme suite à l’exposition à l’agent de l’ESB ! À la mi-juillet, les dépêches d’agences de presse maintiennent cependant les appellations grippe A et grippe porcine.
ACTE II : LA RÉACTION DE L’OMS Passablement discréditée par sa prévision de nouvelle pandémie d’origine aviaire qui ne se manifestait pas, l’OMS a fait passer son niveau d’alerte grippe de 4 à 6 en quelques semaines. Pourtant, l’auguste institution a pu rapidement se rendre compte que si le virus pandémique (H1N1) 2009 diffusait rapidement au sein des collectivités humaines infectées, il n’y provoquait qu’un taux de létalité très faible, comparable à celui de la grippe saisonnière.
Ainsi, les 200 morts attribués fin avril à ce virus au Mexique sont rapidement divisés par 10, ce chiffre remonte cependant ensuite parallèlement aux milliers de cas identifiés dans ce pays qui apparaît bien, avec les USA, comme l’épicentre de cette nouvelle vague grippale qui mériterait probablement d’être qualifiée “d’américaine” : au 6 juillet, dernier bilan mis à disposition par l’OMS, on dénombre 24 000 cas aux USA, dont 170 morts, et plus de 10 000 cas au Mexique dont 125 morts.
À la mi-juin, constatant la faiblesse des taux de létalité, l’OMS a tenté de justifier son attitude en redoutant l’évolution du virus pandémique (H1N1) 2009 vers une forme plus pathogène pour l’homme. Si celle-ci ne peut être a priori réfutée, elle ne peut en tout état de cause justifier a posteriori l’affolement des mois de mai et de juin. Les pays de l’hémisphère sud au cours de l’hiver austral devraient en tous cas permettre de mieux apprécier son évolution.
Au total, depuis un siècle les pandémies sont liées à l’apparition de nouveaux soustypes (après “cassure antigénique” et non “dérive antigénique”) (cf. définitions), confrontant des populations sans immunité préalable à ces nouveaux sous-types (appa
Définitions Cassure antigénique : réassortiment génique conduisant à un changement d’identité H et/ou N (par exemple passage du sous-type H2N2 au sous-type H3N2).
Les noms de la grippe porcine évoluent plus vite que la maladie (photo Science - 15 mai 2009).
rition du H2N2 responsable de la pandémie asiatique de 1957-58 dans une population à immunité dirigée contre H1N1). À ce titre, la situation actuelle est bien différente puisqu’un virus H1N1 circule, pour lequel existe un vaccin. On ne sait d’ailleurs rien sur l’efficacité (nulle, modérée, significative) vis-à-vis du virus pandémique (H1N1) 2009 de l’immunité conférée par la vaccination de l’homme avec les souches H1N1 qui circulaient en 2008.
En réalité, une pandémie, au sens commun qu’a pris ce mot pour la grippe humaine, c’est une combinaison entre un virus à transmission interhumaine efficace (ce qui n’est pas le cas pour H5N1), et un taux de létalité significativement plus élevé que le taux moyen des grippes saisonnières. Ce dernier cas de figure est observé en l’absence d’immunité préalable, situation engendrée chez l’homme par la “cassure” antigénique, ou face au développement de souches particulièrement virulentes, comme
Dérive antigénique : évolution à l’intérieur d’un même sous-type par réassortiment ou mutation de certains gènes (H,N ou autres).
ACTUALITÉS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 7
actualités en perspective - grippe à H1N1 pandémique : contresens et santé publique depuis 2004, pour les virus aviaires de soustype H5N1 hautement pathogènes pour les oiseaux.
Comment se fait-il qu’à l’OMS (ou ailleurs) aucun “expert” n’ait pu rappeler ces données pourtant bien classiques ? On peut espérer qu’un jour prochain, le système d’alerte de cette organisation mondiale puisse tenir compte simultanément des deux critères (transmission interhumaine efficace et taux de létalité significatif). Cela permettra de se préparer réellement à une nouvelle pandémie dont on peut seulement dire qu’elle se manifestera un jour. ACTE III : URGENCES NATIONALES ET VACCINATION L’alarmisme de l’OMS a évidemment contraint les autorités sanitaires nationales à réagir. Certaines y ont manifestement vu une superbe occasion pour recycler le plan pandémie aviaire qui a coûté très cher et qui devenait ainsi enfin utile. D’autres ont saisi l’occasion de suivre, en temps réel, la propagation d’un nouveau virus fut-il bénin ! On voit poindre, dans ce dernier cas, les effets non encore pleinement appréciés d’une nouvelle capacité liée au développement (qualitatif et quantitatif) tout à fait extraordinaire et sans précédent des moyens de dépister et de diagnostiquer l’émergence et la diffusion de nouveaux agents transmissibles. Au décours de cette crise, il sera probablement indispensable d’y réfléchir en terme de santé publique (notamment d’allocation de moyen), et de conséquences sur le fonctionnement global du système de santé (encadré 2). Sans cela, de nombreuses fausses alertes entretenues par des medias toujours à la recherche du “sensationnel qui fait peur” viendront alimenter un auto-allumage autour de sujets qui ne font, en fin de compte, que refléter la capacité mobilisatrice d’une peur s’appuyant sur les immenses possibilités de détection qu’offrent la biologie moderne, sans lien avec des enjeux prioritaires nécessairement hiérarchisés sur des critères rigoureux et réalistes.
En laissant “la perception des consommateurs”, largement conditionnée par les medias, déterminer l’importance en terme de santé publique d’un événement sanitaire, une véritable boîte de pandore s’est ouverte où le virtuel a pris le dessus sur le
Essentiel La vaccination des populations humaines de l’hémisphère nord vis-à-vis du virus pandémique (H1N1) 2009 va poser de nombreux problèmes liés à la disponibilité du nouveau vaccin, à sa compatibilité avec le vaccin contre la grippe saisonnière et à d’éventuels effets secondaires du type de ceux déjà observés aux USA en 1976.
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 8 - JUIN 2009
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Encadré 2 - Urgences Dans les grandes agglomérations françaises, les urgences ne sont plus prises en charge par la médecine de ville. Ce sont les services d’urgences / SAMU des centres hospitaliers qui doivent faire face chaque nuit et chaque week-end à l’afflux de l’ensemble de la pathologie allant de la “bobologie” aux affections engageant le pronostic vital.
Cet état de fait n’a pu qu’être aggravé par les conseils officiels de ne recourir qu’au centre 15 en cas de suspicion de grippe pandémique à H1N1. Ceux-ci ont été rapidement débordés dans chaque agglomération où un foyer a été signalé. On n’ose imaginer la situation si à l’automne, une véritable épidémie devait être prise en charge par ce type de dispositif …
réel comme moteur de décisions lourdes et coûteuses. Que se passera-il si un danger réel est de retour et que le risque correspondant n’est pas perçu comme élevé ?
Q
uoiqu’il en soit, un nouvel épisode se prépare : celui de la vaccination précoce (début de l’automne) des populations humaines sensibles de l’hémisphère nord à l’aide d’un vaccin fabriqué à partir du virus pandémique (H1N1) 2009.
De nombreuses questions ne vont pas manquer de se poser, outre celles liées à la disponibilité probablement limitée du vaccin ; il va falloir déterminer quelles sont les tranches d’âge sensibles à protéger et décider si l’on va continuer aussi à vacciner vis-àvis des souches de virus influenza A (H1N1 et H3N2) identifiées au cours de l’hiver 2008/2009.
Par ailleurs, le spectre d’un précédent épisode de H1N1 “d’origine porcine” ayant sévi au printemps 1976 dans un camp d’entraînement militaire à Fort Dix (USA) ne peut que ressurgir. Il avait conduit, entre septembre et décembre 1976, à vacciner 40 millions d’habitants aux USA. La vaccination massive avait provoqué l’apparition d’un nombre très significatif (532 dont 32 mortels) d’atteintes neurologiques de type syndrome de Guillain-Barré. À la mi-décembre 1976, il avait donc fallu cesser brutalement la vaccination devant l’ampleur de ses effets secondaires. L’épisode est resté connu sous le nom de “swine flu fiasco“ démontrant le danger d’une mobilisation excessive face à une “menace épidémique” qui ne fit aucun autre mort que le premier soldat atteint de Fort Dix. À suivre donc … ¿ Zénon
actualités en perspective
résultats originaux
la baisse observée
Béatrice Mounaix Institut de l’Élevage Service Bien-être animal Santé Hygiène et Traçabilité Antenne du Rheu 35652 Le Rheu Cedex
des naissances en 2009 quel est l’impact de la F.C.O. ?
Objectif pédagogique Connaître l’impact de la F.C.O. sur la reproduction des vaches en troupeau allaitant notamment.
U
ne baisse des naissances de veaux nés viables (hors mort-nés) est observée au niveau national sur le 1er semestre 2009 dans la filière allaitante (figure). Ce sont plus de 120 000 veaux nés en moins par rapport aux naissances 2007 (photo). Issus du traitement des données de la Base de Données Nationale d’Identification (B.D.N.I.), ces résultats, indiquent une baisse du pic des naissances de veaux de race allaitante.
Une telle baisse n’est pas observée dans la filière laitière. Cette diminution des naissances peut être interprétée comme un effet des deux épizooties concomitantes observées en 2008 (B.T.V. 1 et B.T.V. 8) sur le déroulement des gestations pendant l’été. La différence entre les filières peut s’expliquer par les différences de conduite, c’est-àdire une part beaucoup plus importante des inséminations artificielles et des contrôles de gestation dans les élevages laitiers, et une surveillance plus facile des laitières grâce à la traite biquotidienne.
Essentiel La baisse des naissances de veaux de race allaitante observée sur le 1er trimestre 2009 pourrait résulter des deux épizooties de F.C.O. (sérotype 1 et sérotype 8).
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 10 - JUIN 2009
En 2008, 120 000 veaux nés en moins par rapport aux naissances 2007 (photo M. Barbaray).
Figure - Evolution des naissances de veaux de race allaitante nés viables depuis 2007 (données B.D.N.I.) (Source : Service Identification et Traçabilité animale Institut de l’Élevage)
Effectif en milliers
Veaux de races allaitantes nés viables
En été, les animaux de race allaitante majoritairement au pâturage font l’objet de moins de surveillance que les femelles laitières. Un échec de reproduction est dans ces conditions moins facilement détecté.
Une analyse détaillée de ces résultats est indispensable pour conforter cette première hypothèse. - Au niveau national, l’étalement des vêlages et le rattrapage n’est toujours pas observé 3 mois plus tard : le rattrapage des effectifs ne se fait pas et une diminution de -12 p. cent de naissances dans les races viande est observée. - Dans les grands bassins de production en allaitant, les informations de terrain laissent penser que malgré un décalage certain des vêlages, le nombre de vaches vides reste anormalement élevé .
Les veaux morts nés ont été éliminés de l’analyse car leur recensement dans la B.D.N.I. est loin d’être exhaustif : nous avons considéré que cette donnée n’était pas suffisamment fiable.
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- Les naissances recensées ont été corrigées des variations de cheptel des femelles. - Les veaux mort-nés n’ont pas été pris en compte.
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es observations doivent être approfondies par une étude détaillée pour confirmer ou infirmer l’hypothèse d’un effet F.C.O. Il nous semble utile d’alerter d’ores et déjà les praticiens sur ce qui nous semble être un premier indice des impacts à moyen et à long terme de cette épizootie. ¿
comportement animal
introduction à son observation chez les bovins
L’observation du comportement animal apporte des informations complémentaires, précieuses et faciles à obtenir. Cette science s’est fortement développée ces dernières années. Les données pratiques, voire trucs et astuces, ne sont réellement profitables qu’avec une connaissance précise des mécanismes qui sous-tendent le comportement animal.
A
vec l’augmentation du nombre d’animaux dans les troupeaux, l’observation des animaux prend une place de plus en plus importante dans la gestion de l’élevage comme dans la pratique vétérinaire. L’observation du cheptel concerne aussi bien celle des caractéristiques corporelles (note d’état corporelle, remplissage du rumen par exemple) de l’état sanitaire des animaux (blessures et boiteries par exemple), que, de plus en plus souvent, celle du comportement animal. De récents ouvrages insistent sur le comportement en soulignant qu’une observation attentive permet souvent de repérer des signes avant-coureurs et d’anticiper nombre de problèmes (Hulsen, 2007 ; Lensink et Lerustre, 2006) [3, 4].
Les vétérinaires ne dominent pas souvent assez bien les bases du comportement pour effectuer une observation efficace, dans un temps relativement bref.
Avant d’étudier des comportements spécifiques, alimentaire ou social par exemple, il nous semble donc utile de préciser certaines notions de comportement : les éléments de son déclenchement, son déroulement ou encore les bases permettant une observation dans de bonnes conditions. Dans un souci de simplicité, les notions abordées sont parfois simplifiées, il peut donc exister des exceptions qui n’ont pas été développées ici. LE DÉCLENCHEMENT DU COMPORTEMENT Le comportement d’un animal peut être défini comme une manifestation observa-
Luc Mounier E.N.V.L. Unité Gestion des élevages I.N.R.A. - UR 1213 Herbivores 63122 Saint-Genès Champanelle
Figure 1 - La classification fonctionnelle des comportements
Objectif pédagogique
Les comportements exploratoires
Connaître les mécanismes sous-jacents aux comportements pour faciliter leur observation et leur interprétation.
ensemble des comportements par lesquels un animal se déplace dans un nouvel environnement et prend connaissance des éléments qui le composent
Le comportement alimentaire et dipsique
ensemble des comportements mis en œuvre lors de la recherche, la reconnaissance et l'ingestion des aliments et de l’eau de boisson
Le comportement d’élimination ensemble des comportements associés à la défécation et à la miction
Le comportement social ensemble des comportements mis en œuvre lors de toute interaction avec un ou plusieurs congénères, à l'exclusion des comportements de reproduction
Le comportement reproducteur
Essentiel
ensemble des comportements associés au comportement sexuel, à la mise bas, au comportement maternel et paternel, au comportement néonatal, …
Le comportement de toilette ensemble des comportements associés aux soins corporels
Le comportement de veille / sommeil
concerne l'alternance entre les périodes d'activité et de repos, la recherche du lieu de couchage
Le comportement thermorégulateur
peu développé chez les bovins
ble, elle résulte de l’interaction de celui-ci avec son environnement. Ces manifestations observables peuvent être des activités motrices, des émissions sonores ou toutes autres modifications perceptibles. De nombreux comportements, ou anomalies du comportement sont donc souvent utilisés comme signes cliniques : boiterie, grincement de dents, vocalisation, apathie, …
L’éthogramme correspond à l’ensemble des comportements d’une espèce. Plusieurs classifications permettent de grouper les comportements d’une espèce dont une qui regroupe les comportements par grande fonction (figure 1).
Un comportement dépend de l’interaction entre un stimulus et une motivation de l’animal à agir. L’éthogramme de l’espèce et son budget temps doivent être bien connus pour détecter les comportements anormaux. Des questions simples (quel est le stimulus, comment s’est-il développé ?) sont essentiels à une bonne interprétation du comportement.
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RUMINANTS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 11
la relation homme-animal ou comment utiliser le comportement des bovins pour les manipuler ?
Xavier Boivin1 Luc Mounier2
1 INRA UR1213 Herbivores 63122 Saint-Genès Champanelle
Le bien-être animal, le travail et la sécurité de l’éleveur, ainsi que la production de l’animal d’élevage sont directement influencés par la relation homme-animal. Comment réfléchir à ces pratiques lorsqu’on a l’habitude de manipuler les animaux.
L
a peur est une émotion qui conduit généralement les êtres vivants qui la ressentent à fuir ou à éliminer le danger. La perception du danger peut être réelle ou imaginaire, mais dans tous les cas, a des conséquences physiologiques et comportementales. L’émotion ressentie entraîne d’abord une accélération très rapide de la fréquence cardiaque destinée à envoyer le sang dans tous les organes et à répondre en urgence à la situation (fuite/attaque). Puis, un mécanisme hormonal plus durable se met en place permettant au corps de mobiliser son énergie.
Les conséquences de la peur en élevage sont multiples [3, 10] : 1. les risques d’accidents pour l’homme et l’animal sont évidents. La facilité et le temps passé à manipuler dépendent des réactions de peur des animaux ; 2. les répercussions sur la production : baisse de croissance, de production laitière, de reproduction, de santé, voire de caractéristiques de la viande. Il est facile à comprendre que l’énergie dépensée par peur ne profite pas à l’animal de la même manière et qu’une vache peureuse ne donne pas tout son lait. Aussi, tout manipulateur doit chercher à réduire cette peur (photo 1).
Plusieurs questions se posent aussi bien du point de vue de l’éleveur que du vétérinaire : comment la peur se génère-t-elle ? Comment la diminuer ? Pour l’éleveur, avoir des animaux calmes demande-t-il d’y passer beaucoup de temps ? Dans le contexte actuel, l’éleveur manque de temps, les animaux ne sont plus à l’attache, comment faire ? Pour le vétérinaire, la peur vient souvent du comportement de l’éleveur, que peut-il faire ?
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Unité Gestion des élevages E.N.V. Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectifs pédagogiques Connaître l’importance de la relation hommeanimal en élevage. Connaître les recommandations pratiques pour mieux manipuler les animaux.
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L’alimentation est un moment privilégié du contact homme-animal en stabulation libre (photo X. Boivin).
Son comportement influe-t-il aussi sur la peur de l’animal ? La peur ne permet-elle pas d’aller plus vite pour manipuler les animaux, notamment pour les faire aller là où ils ne veulent pas ? L’absence de peur n’est-elle pas aussi dangereuse chez des animaux qui ne voudraient pas obéir ou ne respecteraient plus l’homme ? Cet article cherche à expliquer le point de vue de l’animal face à l’homme et lors des manipulations.
Il est inspiré des formations à la manipulation/contention développées par l’Institut de l‘Élevage avec la MSA [7] et d’un programme de formation multimédia intitulé Quality Handling (2009)*, qui a pour objet d’améliorer les opinions et le comportement des éleveurs face à leurs animaux et diminuer le stress de manipulation.
Deux grands facteurs rentrent en ligne de compte pour déterminer la peur chez l’animal : la nature de l’animal, la relation homme-animal. Nous les envisageons successivement. PRENDRE EN COMPTE LA NATURE DE L’ANIMAL POUR COMPRENDRE SA PEUR : “PENSER BOVIN”
Essentiel Avoir des animaux faciles à manipuler est un élément fondamental pour une bonne gestion technique de l’élevage. Production, plaisir de travail, sécurité et bien-être animal sont tous dépendants de la relation homme-animal. Le vétérinaire, par son intervention, peut influer sur la relation homme-animal. La formation de l’éleveur et de tout manipulateur est essentielle dans ce domaine.
Pour bien comprendre la réaction de l’animal, il est essentiel de prendre en compte
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NOTE * Quality Handling-Formation à la manipulation des bovins (2009). Programme de formation multi-média développé dans le cadre du programme Européen Welfare Quality®. Concepteurs X. Boivin, B. Mounaix, S. Waiblinger, I. Windschnurer, M. Ruis, G. Coleman. Contact xavier@clermont.inra.fr ou beatrice.mounaix@inst-elevage.asso.fr.
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le comportement social et ses applications en élevage chez les bovins
Luc Mounier1,2 Alain Boissy2 E.N.V.L. Unité Gestion des élevages I.N.R.A. - UR 1213 Herbivores 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile 1
Les bovins sont des animaux sociaux. Connaître leur comportement social est important, tant pour réduire les tensions sociales engendrées par les conduites d’élevage, que pour essayer de limiter certains accidents lors de manipulations. Une bonne connaissance du comportement social permet aussi de tirer profit des effets bénéfiques du groupe, notamment comme effet apaisant pour les animaux.
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es bovins sont des animaux sociaux qui tendent à vivre en groupe et ont la capacité de se reconnaître individuellement. En conditions naturelles, la structure sociale des bovins est fondée sur des groupes stables de femelles accompagnées de jeunes, mâles et femelles [9] (encadré 1). En élevage, toutes les conditions sociales se rencontrent avec des groupes de jeunes mâles, de jeunes, de femelles adultes ou des groupes tels que rencontrés en conditions naturelles (photo 1). Ces modes d’élevage ne correspondent pas toujours aux besoins sociaux des bovins et peuvent provoquer des difficultés d’adaptation à l’origine de tensions sociales dans le groupe ou de difficultés de manipulations par l’Homme.
Ces difficultés sont accentuées par l’évolution actuelle des systèmes d’élevages : augmentation de la taille des troupeaux, réduction de l’espace disponible par animal, modifications des groupes sociaux relativement fréquentes, …
2 INRA UR 1213 Herbivores 63122 Saint-Genès Champanelle
Objectif pédagogique Connaitre les bases du comportement social des bovins : communication, organisation du groupe pour pouvoir l’utiliser en élevage.
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NOTE
Certaines vaches ont une forte affinité et supportent un contact étroit (photo J. Lensink).
Une meilleure cohésion du groupe devrait être bénéfique pour atténuer les tensions et pour améliorer l’autonomie comportementale des animaux en réponse à la moindre disponibilité de l’éleveur.
L’objectif de cet article est de présenter les bases du comportement social des bovins afin de mieux adapter les conduites d’élevage aux caractéristiques des bovins, et de réduire ainsi les conséquences négatives des modes d’élevages actuels pour profiter au maximum des effets bénéfiques des bonnes relations entre les animaux.
LA COMMUNICATION CHEZ LES BOVINS Le comportement d’un individu s’organise grâce aux informations qui lui parviennent du milieu dans lequel il vit*. Certaines de ces informations proviennent des congénères
* cf. l’article “Comportement animal : introduction à son observation chez les bovins”, de L. Mounier, dans ce numéro.
Essentiel Les bovins sont capables de se reconnaître individuellement. Le groupe social est fondé sur des besoins de contacts sociaux, des relations de dominance, des relations d’affinité et des processus de recrutement.
Encadré 1 - Les conditions naturelles des bovins Par l’observation des quelques populations de bovins domestiques redevenues sauvages, il est possible d’appréhender la structure sociale des bovins en conditions naturelles, c'est-à-dire non contrôlées par l’Homme.
Trois types de groupes sont rencontrés : 1. des groupes de femelles de tous âges accompagnées de leurs jeunes et de quelques
mâles subadultes ;
2. des petits groupes des mâles adultes et sub-
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adultes sachant qu’une forte proportion des mâles adultes est solitaire ; 3. des groupes mixtes, surtout pendant la période de reproduction. La cohésion des groupes de mâles est moins bonne que celle des groupes de femelles.
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comportement alimentaire et maladies métaboliques chez les bovins
Chez les bovins, les activités d’ingestion et de rumination représentent plus des 2/3 d’une journée. Leurs dérèglements sont souvent causes ou conséquences de maladies métaboliques, comme l’acidose, la cétose, la fièvre vitulaire, … Connaître et comprendre le comportement alimentaire offre au vétérinaire praticien un outil supplémentaire pour gérer les maladies métaboliques à l’échelle du troupeau. Après s’être approprié des indicateurs permettant de diagnostiquer ces affections, il peut communiquer des recommandations pour les éviter.
D
ans la plupart des élevages, les bovins ont un accès libre à la nourriture, que l’on soit dans un système de rationnement basé sur une ration mixte mélangée, ou dans un système extensif où il y a, à priori, toujours de l’herbe disponible même si elle est en quantité et en qualité variables. Malgré ce libre accès, il est fréquent que l’animal modifie son comportement alimentaire, augmentant ou diminuant sa quantité d’aliments spontanément ingérés et son activité masticatoire. Les facteurs qui influent et contrôlent le comportement alimentaire des bovins ne sont pas encore totalement compris. Une meilleure connaissance de ce qui a d’ores et déjà été validé permet de mieux appréhender ces paramètres pour gérer plus efficacement les affections métaboliques qui y sont associées dans les élevages.
Après quelques rappels généraux sur le comportement alimentaire des bovins (encadré), cet article s’intéresse aux facteurs influant sur ce comportement et favorisant ainsi certaines maladies métaboliques, pour proposer des indicateurs utilisables lors d’un audit d’élevage.
Loïc Commun1,2 1
Unité Gestion des élevages École Nationale Vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile 2 INRA - UR 1213 Herbivores 63122 Saint-Genès Champanelle
Objectifs pédagogiques Connaître les valeurs physiologiques du comportement alimentaire des bovins et les comportements alimentaires à risque. Comprendre le comportement alimentaire comme un indicateur de maladies dans le troupeau. Savoir conseiller l’éleveur pour assurer un comportement alimentaire à moindres risques.
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Tamis “Penn State” pour l’évaluation de la taille des particules des foins ou des rations mixtes mélangées (photo Jud Heinrichs).
LES FACTEURS FAVORISANT CERTAINES MALADIES MÉTABOLIQUES Les facteurs nutritionnels Les qualités organoleptiques de la ration, sa composition chimique, physique et son mode de distribution conditionnent le comportement alimentaire des animaux. Qualité organoleptique
Un aliment doit tout d’abord être reconnu comme comestible pour être ingéré.
Le niveau d’ingestion des aliments est donc lié à la palatabilité (ou l’appétibilité) de ceux-ci, d’où l’importance d’une bonne conservation des aliments, évitant leur altération (exemple : rancissement des graisses tourteaux).
Fibrosité
La capacité des aliments à faire mastiquer est liée à la fibrosité de la ration. En rationnement, il convient de distinguer deux types de fibrosité : - la fibrosité physique, c’est la “structure” de la ration, caractérisée par le pourcentage de brins moyens ou longs, que l’on détermine par tamisage directement dans l’élevage (photo 1) [12]. - la fibrosité chimique, qui caractérise la composition en constituant pariétaux, comme la cellulose brute, à laquelle on préfère aujourd’hui la valeur de NDF (Neutral Detergent Fiber), déterminée par analyse dans un laboratoire spécialisé.
Plus la fibrosité augmente et plus l’animal mastique, plus il salive. Pour mesurer cette mastication, on peut utiliser l’indice de
Essentiel Une vache Prim’Holstein en lactation fait 10 et 15 repas par jour, pour une durée totale de 5 à 9 heures. Quatre heures après la distribution, 70 p. cent des vaches devraient être en train de ruminer. En dessous de 35 p. cent de N.D.F. (Neutral Detergent Fiber), la ration présente un risque acidogène important.
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le comportement des bovins : indicateur de la qualité de leurs conditions de logement
Joop Lensink Hélène Leruste Institut Supérieur d’Agriculture (ISA) 48, boulevard Vauban 59046 Lille Cedex
La stabulation est un facteur déterminant du confort des animaux. L’observation de leur comportement, notamment autour du repos et du déplacement, permet de faire une évaluation de la qualité de leur logement. Cet article présente les comportements et les signes majeurs d’un environnement non optimal.
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es bovins laitiers, et dans un certain nombre de cas les allaitants également, passent une grande partie de leur temps en stabulation, surtout en période hivernale. Les conditions de vie à l’intérieur de cette stabulation sont déterminantes pour le confort des bovins. Les paramètres comme l’ambiance, la luminosité, le réglage et l’entretien des équipements, mais aussi le type de logement influent directement sur l’état sanitaire des bovins, l’apparition de blessures et le niveau de stress global.
Un certain nombre d’éléments fondamentaux sont à envisager lors de la conception d’une stabulation pour bovins, et pour les stabulations existantes, il est important de réaliser régulièrement un état des lieux en observant d’une manière précise l’état des animaux. Les bovins sont eux-mêmes “les indicateurs de qualité de leur environnement” au travers de leur comportement, mais également de leur état corporel, des baisses de performances, voire des blessures. Une observation précise et régulière des bovins permet d’optimiser leur environnement, et de limiter les pertes économiques.
Cet article synthétise quelques éléments qui renseignent sur le confort des bovins en stabulation. L’observation du comportement autour du repos et du déplacement des bovins laitiers permet de statuer sur le confort du couchage, l’ambiance, ou la bonne construction des équipements. L’interprétation de ces observations a ensuite pour but d’améliorer l’environnement des animaux, leur état sanitaire et leurs performances.
Objectifs pédagogiques Connaître les comportements et les blessures révélateurs de la qualité du repos, de l’ambiance et des équipements chez les bovins. Savoir donner des conseils appropriés sur le logement des bovins.
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Exemple d’une position de repos fréquente : allongée sur le sternum, tête ramenée sur le flanc (photo J. Lensink).
LE COMPORTEMENT DE REPOS : INDICATEUR DE LA QUALITÉ DU LOGEMENT Un bovin adulte se repose entre 10 et 15 heures par jour en partie en fonction de son logement [2]. Le repos nécessite de la tranquillité et suffisamment d’espace.
Chez les bovins, la majorité du temps de repos est passée en position allongée. La position sur le sternum (décubitus sternal) est très fréquente. Dans cette position, la tête est soit droite, soit reposée sur le sol, ou ramenée sur le flanc (notamment en absence de rumination). Les membres postérieurs peuvent être éloignés ou rapprochés du corps. La vache tend souvent un membre antérieur (photo 1).
Pour que le repos soit possible, l’animal doit pouvoir se coucher librement, et se lever sans contrainte. Dans des conditions non contraignantes comme au pâturage, une vache se lève et se couche avec facilité et sans hésitation (un seul essai).
Pour se coucher ou se lever, la vache effectue un mouvement de bascule de l’avant vers l’arrière. - En pâture, et dans la majorité des aires paillées, le sol donne une adhérence suffisante pour que l’animal ne glisse pas. - En étable, sur un sol dur (par exemple des logettes), les conditions sont différentes. Si une surface est trop glissante, les pieds manquent d’adhérence au sol ; les animaux lourds éprouvent alors des difficultés à reporter leur poids lors de ces mouvements. Il existe un risque de glissade très important.
Il est donc essentiel que les animaux puis
Essentiel Le lever et le coucher des bovins sont des indicateurs de la qualité des conditions de couchage. La répartition spatiale des bovins dans la stabulation renseigne sur l’ambiance dans la stabulation. Les blessures aux articulations révèlent une surface de couchage non optimale.
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comportement, stress
et maladies infectieuses chez les bovins
Chez les bovins, le lien entre comportement et maladies infectieuses est souvent sous-estimé et mal apprécié en pratique. Les mécanismes physiopathologiques entre comportement et santé sont partiellement connus.
Didier Raboisson François Schelcher Département Élevage, Produits et Santé publique École Nationale Vétérinaire 23, chemin des Capelles - BP 87614 31076 Toulouse Cedex 03
Objectifs pédagogiques Connaître les relations complexes entre comportement, stress, immunité et santé.
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e comportement des bovins est très souvent pris en compte dans les troubles de la santé. La maitrise des maladies métaboliques et l’analyse des facteurs de risque s’appuient par exemple sur le comportement alimentaire ; la gestion de la reproduction n’est pas envisageable sans l’observation des comportements sexuels. Concernant les maladies infectieuses, le lien entre le comportement et la santé semble moins direct, même s’il n’en demeure pas pour autant moins important. L’objectif poursuivi est d’analyser comment le comportement peut influencer les maladies infectieuses. Les quelques possibilités d’impact du comportement sur le risque microbiologique sont d’abord citées. Dans un 2e temps, cet article décrit les liens complexes entre le stress et les défenses de l’organisme, qui sont en relation directe avec le comportement. COMPORTEMENT ET RISQUE MICROBIOLOGIQUE Réallotement et redistribution du risque microbiologique ?
Pour la plupart des maladies infectieuses, le nombre de bovins constituant le lot représente un facteur de risque majeur de contracter la maladie, voire de sévérité de
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Le nombre de bovins constituant le lot représente un facteur de risque majeur de contracter la maladie, voire de sévérité de l’atteinte (photo D. Raboisson).
l’atteinte. Par exemple, le risque de broncho-pneumonies infectieuses (BPI) des animaux allotés pendant une semaine donnée varie parallèlement au nombre total d’entrées de la semaine et au nombre d’exploitations dont proviennent les animaux [28] (photo 1).
Le risque maximal de contamination est donc lié au mélange d’animaux d’origines différentes. La mise en place de la hiérarchie intra lots contribue à la contamination entre individus. - Une fois la situation stabilisée, la contamination directe entre lots voisins, voire indirecte via aérosols reste possible, mais réduite par rapport à la période post-allotement. - La transmission par aérosols a été démontrée pour la plupart des agents infectieux, même s’il s’agit parfois d’un mode de contamination secondaire. La contamination par aérosols entre animaux à distance dépend
Essentiel Les pratiques de réallotement contribuent redistribuer le risque microbiologique directement par le mélange d’animaux, en modifiant la hiérarchie sociale, et en favorisant des comportements agonistes.
Encadré 1 - La contamination par aérosols entre animaux à distance La contamination par aérosols entre animaux à distance dépend entre autre des conditions de température et d’humidité de l’air : - pour Salmonella thyphimurium, 4 et 25 p. cent des bactéries initialement déposées dans l’air sont retrouvées après 5 minutes, pour respectivement des humidités relatives de 32 et 72 p. cent [33] ; - pour Mannheimia haemolytica, 0,059 à 0,94 p.
cent des bactéries déposés par aérosols sont retrouvées après 5 minutes, pour des températures de +2 à +30°C et des humidités relatives de 60 à 90 p. cent [11] ; - pour le BHV-1, la stabilité du virus dans l’environnement est d’un mois à + 4°C, mais elle baisse avec l’élévation de la température et la baisse de l’humidité relative [35].
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la vaccination
contre la bursite infectieuse aviaire Nicolas Eterradossi Didier Toquin
ou maladie de Gumboro Identifiée depuis plus de 40 ans, partout dans le monde, la maladie de Gumboro reste une dominante pathologique dont la prévention vaccinale doit être rigoureusement mise en place.
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ffection virale très répandue chez l'espèce poule (Gallus gallus), la bursite infectieuse aviaire ou maladie de Gumboro est bien présente dans la plupart des pays dotés d'une aviculture organisée.
Le virus est immunodépresseur et la maladie peut se manifester sous une forme aiguë, accompagnée de mortalité et facilement diagnostiquée, sous une forme subclinique, pouvant se traduire par des échecs de vaccination et des performances d'élevage dégradées.
Le contrôle de la maladie est essentiel pour une production avicole de qualité, mais il est difficile. Il passe par un strict respect des règles de prophylaxie sanitaire, le plus souvent accompagné par la mise en place d'une prophylaxie vaccinale dont il importe de bien connaître les points critiques qui en garantissent - ou au contraire en limitent - l'efficacité.
Ces différents points sont abordés après de brefs rappels concernant l’étiologie et l’épidémiologie de la maladie. ÉTIOLOGIE La bursite infectieuse aviaire est provoquée par le virus dénommé I.B.D.V. (infectious bursal disease virus) appartenant au genre Avibirnavirus (photo 1). Non enveloppé, donc résistant aux solvants des lipides, l'I.B.D.V. est doté d'un génome bisegmenté constitué d'ARN bicaténaire et susceptible de muter fréquemment. Les mutations affectant la protéine de capside externe V.P.2, qui induit les anticorps neutralisants, peuvent retentir sur l’antigénicité du virus.
L'ensemble des souches pathogènes ou vaccinales d'I.B.D.V. sont regroupées au sein d’un même sérotype (sérotype 1). Il existe, chez le poulet et chez la dinde, des
Afssa Unité de Virologie, Immunologie et Parasitologie Aviaires et Cunicoles (V.I.P.A.C.) Laboratoire O.I.E. de référence pour la bursite infectieuse aviaire BP 53 - 22440 Ploufragan
Objectif pédagogique Savoir réaliser une campagne de vaccination et connaître les points critiques qui en garantissent l’efficacité. 1
Virus de la bursite infectieuse, réplication massive dans le cytoplasme d’un fibroblaste d‘embryon de poulet (microscopie électronique à transmission) (photo J.-P. Picault, Afssa-Ploufragan/Brest).
Amas Membrane plasmique de particules virales Cytoplasme
I.B.D.V. de sérotype 2, apathogènes.
La principale caractéristique physicochimique de l'I.B.D.V. est sa très grande résistance dans le milieu extérieur. Comme il peut survivre 4 à 6 mois dans les locaux contaminés en l'absence de désinfection, il est illusoire d'espérer l'éliminer sans mettre en œuvre des procédures de nettoyage, de désinsectisation, de désinfection et de prophylaxie sanitaire particulièrement rigoureuses.
Noyau
Membrane nucléaire
DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES
La bursite infectieuse aviaire a été identifiée dans la plupart des pays du monde, de 1962 au milieu des années 1970. Les virus isolés à cette époque induisaient expérimentalement une mortalité modérée. Ils sont qualifiés de "classiques".
À partir de 1984, des souches d'I.B.D.V. dites “variantes”, car présentant une antigénicité modifiée, ont été isolées aux U.S.A., puis occasionnellement dans différents pays d'Afrique, ou plus récemment, d'Europe. Une autre lignée génétique de souches variantes semble enzootique à l’Australie. Les virus variants sont surtout dotés de propriétés immunodépressives.
Depuis 1987, des virus particulièrement pathogènes (notés v.v.I.B.D.V. pour "very virulent IBDV") ont été isolés en Europe, puis dans le monde entier (Australie, NouvelleZélande exceptées), et tout récemment, en Californie. Ils provoquent des formes particulièrement aiguës de la maladie, avec jusqu’à 40, voire 60 p. cent de mortalité.
Essentiel Le virus I.B.V.D est très résistant dans le milieu extérieur.
PORCS- VOLAILLES
45
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 45
enjeux économiques
résultats originaux
F.C.O. : le bilan technico-économique de l’épizootie de 2007 à l’échelle des exploitations
une très forte hétérogénéité des impacts
Béatrice Mounaix Institut de l’Élevage Service Bien-être animal Santé Hygiène et Traçabilité Antenne du Rheu 35652 Le Rheu Cedex
Par sa progression rapide et préoccupante, l’épizootie de fièvre catarrhale ovine (F.C.O.) de 2007 a pris les éleveurs au dépourvu, malgré une 1re apparition en France en 2006. Devant la diversité des situations observées, l’analyse des impacts sanitaires, zootechniques et technico-économiques s’avère nécessaire pour les trois types de production touchées : ovin allaitant, bovin viande et bovins lait.
Objectif pédagogique Mieux appréhender la variabilité des impacts sanitaires et zootechniques de la F.C.O. au niveau de l’élevage et les impacts économiques en résultant pour l’éleveur.
D Essentiel Une très forte variabilité de l’impact de la F.C.O. a été observée entre les élevages. Des élevages foyers ont été peu ou pas touchés par la maladie. Les facteurs qui expliquent cette variabilité ne sont toujours pas connus. Les élevages bovins laitiers ont présenté des taux de mortalité plus faibles et des taux de morbidités plus élevés que les élevages bovins allaitants. Cette différence peut s’expliquer par des modes de conduite différents et une surveillance plus élevée (traite biquotidienne) en élevage laitier.
ès décembre 2007, une étude nationale a été initiée par l’Institut de l’Élevage* pour évaluer rétrospectivement les impacts sanitaires, zootechniques et économiques de la F.C.O., sur le 2nd semestre 2007, en combinant trois approches : - l’analyse des bases de données nationales ; - des enquêtes dans des élevages situés dans les foyers (nommés élevage foyer dans la suite de l’article) ; - une modélisation économique des impacts de la maladie dans les élevages foyers. En effet, en 2007, la F.C.O. B.T.V. 8 est une maladie émergente en Europe du Nord et ses effets sur les ovins et les bovins ont été peu évalués [1]. COMMENT ESTIMER OBJECTIVEMENT LES IMPACTS SANITAIRES, ZOOTECHNIQUES ET ÉCONOMIQUES DE LA F.C.O. Un risque de mortalité accru mais variable et une diminution des performances de reproduction mesurée à partir des bases de données nationales
À partir des données de la base de données nationale d’identification (B.D.N.I.), et de la base des foyers F.C.O., le risque de mortalité**, des bovins viande et des bovins laitiers a été calculé dans les 14 264 élevages foyers recensés au 31 décembre 2007 et dans 14 000 élevages non foyers appariés sur les races d’animaux. Par hypothèse, la différence de risque de
COMPRENDRE ET AGIR
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 52 - JUIN 2009
52
1
Les différences de mortalité à la F.C.O. diffèrent selon les catégories d’âge : en élevage laitier, elles sont significatives chez les veaux de moins d’1 mois et chez les vaches de plus de 2 ans (photo X. Berthelot).
mortalité a été attribuée à la F.C.O., événement sanitaire majeur de ce semestre dans les départements touchés. Les différences liées aux systèmes de production ont été réduites au minimum grâce à l’appariement des élevages témoins et foyers. Les différences témoins/foyers ont été testées sur les valeurs de risque de mortalité, et sur l’évolution de ces valeurs entre 2 années consécutives (2006 et 2007, même trimestre).
Cette analyse a mis en évidence un risque de mortalité supérieur dans les élevages foyers (figure 1). - En élevage bovin viande (B.V.), les différences de mortalité ne sont pas significatives quelle que soit la catégorie d’âge considérée, en raison de variances élevées. - En élevage bovin et laitier (B.L.), les différences sont significatives chez les veaux de moins d’1 mois et chez les vaches de plus de 2 ans. Elles ne le sont pas dans les autres catégories d’âge. La très grande variabilité des données de mortalité au niveau national peut expliquer cette constatation.
NOTES * Étude réalisée en concertation avec la FNGDS, l’APCA, FUS et l’UNCEIA, en partenariat avec l’Afssa et plusieurs GDS et Chambres d’Agriculture, avec le soutien financier de la CNE, de la Dgal et de l’Office de l’Élevage. ** R = 1 – e -(DI * d) avec DI = densité d’incidence, c’est-à-dire les mortalités recensées dans la B.D.N.I. rapportées à la durée de présence des animaux. - d = durée de l’étude, c’est-à-dire le 2e semestre 2007. - R exprimé en % traduit la probabilité qu’un animal meure dans un élevage donné durant la période d’étude.
FORMATION MÉDICALE
CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie
3e série
revue internationale
d’articles
un panorama des meilleurs articles
l’épidémiologie analytique
Page 71
2. le risque relatif
Sous la direction de François Schelcher et Henri Seegers
Cette nouvelle série d’articles sur le risque aborde successivement les deux grands domaines de l’épidémiologie analytique et de l’analyse de risque : - L’épidémiologie analytique : 1. Introduction (N°11) 2. Le risque relatif 3. L’odds ratio
avec Sébastien Assié et Didier Raboisson
- L’analyse de risque : 4. Les principes 5. L’appréciation du risque. par Bernard Toma Page 58
- Réponse induite par la vaccination intra-nasale de veaux avec des vaccins formulés pour administration générale après inoculation d’épreuve avec une souche virulente de virus respiratoire syncitial bovin par Didier Raboisson (E.N.V.T.)
synthèse sélénium et transfert d’immunité passive concentration en Se du colostrum et absorption des immunoglobulines colostrales
- Activation des cellules immunitaires des sécrétions mammaires
par Didier Raboisson, François Schelcher
Après l’article “Sélénium et transfert d’immunité passive : statut sélénique de la vache et concentration en IgG du colostrum”, des mêmes auteurs publié dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé N°11, cette synthèse s’intéresse à l’intérêt d’une complémentation des vaches en fin de gestation pour la concentration sérique en IgG. L’absorption intestinale des immunoglobulines par le veau semble en effet varier selon les apports en Ig dont bénéficie la mère. Page 60
par le sérum bovin traité au zymosan par Didier Raboisson (E.N.V.T.)
- Protection clinique et forte réponse immunitaire cellulaire après vaccination de veaux
observation originale
avec un vaccin à ADN utilisant un plasmide codant pour les protéines de fusion et nucléocapside du virus respiratoire syncitial bovin par Didier Raboisson (E.N.V.T.)
étude de cas infections intra-mammaires et santé humaine exemple d’une transmission de S. aureus entre l’homme et les vaches laitières
- L’haptoglobine comme indicateur précoce de métrite par Héloïse Ader (E.N.V.N.)
par Héloïse Ader, Catherine Magras, Clément Marhuenda, Nathalie Bareille, Gita Brochard
- Les nouveautés sur la pathogénie
Agent étiologique majeur des mammites de la vache, Staphylococcus aureus est un germe à réservoir mammaire réputé se transmettre entre animaux au cours de la traite. Longtemps ignorée, la contamination croisée homme/mammelle est de plus en plus fréquemment caractérisée ou fortement suspectée. Page 63
du déplacement de la caillette par Héloïse Ader.
57
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 57
comprendre l’épidémiologie l’épidémiologie analytique 2. le risque relatif
Bernard Toma Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
L
e risque relatif correspondant à un facteur de risque pour une maladie est déterminé par une enquête de type exposés/non exposés*.
Objectif pédagogique Savoir définir et interpréter un risque relatif.
LE PRINCIPE ET COMMENT RÉALISER UNE ENQUÊTE EXPOSÉS/NON EXPOSÉS Le principe d’une enquête exposés/non exposés est de comparer la fréquence d’apparition (taux d’incidence) de la maladie dans deux groupes de sujets qui en sont initialement indemnes, l’un composé des seuls sujets exposés au facteur de risque supposé, l’autre des seuls sujets non exposés à ce facteur.
Au commencement de l’enquête, tous les sujets sont donc indemnes. Ils sont suivis pendant un temps, plus ou moins long (des mois, voire des années en fonction de la durée d’incubation et de la fréquence de la maladie) en attendant l’apparition de cas de la maladie : pour cette raison, l’enquête est qualifiée de “prospective” puisque les investigations se déroulent dans l’avenir (par rapport à la date de début de l’enquête).
Une partie des sujets indemnes sont spontanément exposés au facteur de risque supposé, les autres ne le sont pas.
La figure 1 schématise le principe d’une enquête exposés/non exposés.
À la fin de la période d’observation, on dénombre les cas de maladie apparus,
Tableau - Enquête exposés/non exposés sur la leucose bovine enzootique et l’écornage Infectés Non infectés
Total
Écornés
22
15
37
Non écornés
3
36
39
NOTE * cf. l’article précédent, dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2009;11(3)502-4.
Essentiel Le principe d’une enquête exposés/non exposés est de comparer la fréquence d’apparition (taux d’incidence) de la maladie chez des sujets exposés au facteur de risque supposé, et chez des sujets non exposés à ce facteur. Une étude exposés/ non exposés bien conduite permet de connaître l’incidence de la maladie et d’estimer correctement le risque relatif.
du principe d’une enquête exposés/non exposés Inclusion des sujets
Recueil de l'information t0
Enquête
t1
E+ M-
M+
EM-
M+
M-
M-
L’observation commence à t0 et se termine à t1. - E+ : sujets exposés - E- : sujets non exposés - M+ : sujets malades - M- : sujets non malades
FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 58 - JUIN 2009
Figure 1 - Représentation schématique
58
d’une part, parmi les exposés, d’autre part, parmi les non exposés. On dispose alors de tous les éléments permettant de calculer le taux d’incidence chez les exposés et celui chez les non exposés. COMMENT CALCULER ET INTERPRÉTER LE RISQUE RELATIF Un exemple permet d’illustrer le calcul et l’interprétation du risque relatif : une enquête de type exposés/non exposés pour le facteur de risque supposé “écornage” et la maladie, leucose bovine enzootique.
Dans des élevages infectés, 37 génisses indemnes de leucose ont été écornées et 39 ne l’ont pas été. Les nombres de bovins infectés ultérieurement dans chacun des deux groupes sont indiqués dans le tableau.
Le taux d’incidence (donc le risque) parmi les génisses écornées (exposées) a été : IE+ = 22 = 59 p. cent 37 Et chez les génisses non écornées (non exposées) : IE- = 3 = 8 p. cent 39 Le risque relatif (RR) est égal au rapport du risque chez les animaux exposés (59 p. cent) sur le risque chez les animaux non exposés (8 p. cent) : RR = IE+ = 59 = 7,4 IE8 Il s’agit là d’un chiffre moyen. Pour interpréter un risque relatif, il convient, soit de vérifier au préalable qu’il existe une différence significative entre les groupes comparés (ici, les génisses écornées et les génisses non écornées), soit de calculer l’intervalle de confiance correspondant.
Un calcul de χ2 fournit un nombre de 23, ce qui correspond à p < 0,001 ; la différence est significative entre les deux groupes de bovins.
synthèse
sélénium
et transfert d’immunité passive concentration en Se du colostrum
Didier Raboisson François Schelcher
et absorption des immunoglobulines colostrales
Département Élevage, Produits et Santé publique École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles - BP 87614 31076 Toulouse cedex 03
Objectif pédagogique Connaître l’intérêt d’une complémentation des vaches en fin de gestation pour la concentration sérique en IgG.
NOTE * cf. l’article “Sélénium et transfert d’immunité passive : statut sélénique de la vache et concentration en IgG du colostrum”, de D. Raboisson, F. Schelcher, dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 2009;11(2):505-7.
Synthèse d’après l’étude : - Kamada H, Nonaka I, Ueda Y, coll. Selenium addition to colostrum increases immunoglobulin G absoption to newborn calves. J Dairy Sci. 2007;90:5665-70.
L’absorption intestinale des immunoglobulines semble varier selon les apports en Ig dont bénéficie la mère en fin de gestation.
L’
apport de sélénium (Se) aux vaches en fin de gestation permet d’améliorer significativement la qualité et la quantité de colostrum produit, ainsi que la concentration sérique en IgG du veau à quelques jours d’âge. L’absence de corrélation entre les concentrations en IgG du colostrum et celles du sérum du veau, après son ingestion, suggère une efficacité de l’absorption intestinale des Ig variable selon les apports en Se dont la mère bénéficie en fin de gestation [12, 6].
Le transfert du sélénium de la mère au veau se fait majoritairement via le passage transplacentaire, les quantités transférées par le colostrum restant faibles. Lors d’apports faibles chez la mère, le fœtus tend à séquestrer le Se, et le veau nait avec un statut sélénique faible, mais supérieur à celui de sa mère.
Les concentrations du colostrum varient parallèlement au statut sélénique de la mère [5]. Ainsi, lors de supplémentation ou de complémentation des mères en Se, les concentrations du colostrum en IgG et en Se augmentent.
Récemment, l’absorption intestinale des Ig colostrales a été reliée à la concentration en Se du colostrum. L’AJOUT DE SÉLÉNIUM AU COLOSTRUM AMÉLIORE L’ABSORPTION DES IMMUNOGLOBULINES CHEZ LE VEAU NOUVEAU-NÉ
L’ajout de sélénium (Se) dans du colostrum a permis de décrire l’effet dose dépendant de cet oligo-élément sur l’absorption intestinale des Ig.
Dans un 1er essai, 12 veaux nouveau-nés Prim’holstein reçoivent 2 l de colostrum à 0,06-0,1 ppm de Se (témoins) à 2, 12, 24 et 36 heures après la naissance et 12 veaux reçoivent le même colostrum selon les mêmes modalités, mais enrichi en Se après la traite afin d’obtenir des concentrations de 0,2, 1 et 5 ppm de Se. La concentration sérique moyenne en IgG sérique des veaux à 24 h augmente avec une concentration en Se à 1 ppm, pour atteindre 120 p. cent (p < 0,04) des valeurs moyennes des témoins (tableau 1).
Dans un 2nd essai, 18 veaux nouveau-nés Prim’holstein reçoivent 2 l de colostrum à 0,06-0,1 ppm de Se (témoins) à 2 heures après la naissance et 18 veaux reçoivent le même colostrum selon les mêmes modalités, mais enrichi en Se après la traite afin d’obtenir des concentrations de 1, 2, 3, 4 et 5 ppm de Se ; les deux lots de veaux reçoivent ensuite du colostrum non enrichi à 12,
Tableau 1 - Concentrations sériques en IgG des veaux recevant du colostrum avec ajout de Se par rapport aux veaux témoins*, exprimé en pourcentage, et en fonction de la concentration finale du colostrum en Se
Rapport des concentrations sériques en IgG des veaux recevant du colostrum avec/sans ajout de sélénium (Se) Concentration en Se du colostrum
FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 60 - JUIN 2009
Essai 1
Essai 2
0,2 ppm
105 % (n = 3)
1,0 ppm
120 %** (n = 5)
2,0 ppm
105 % (n = 2)
3,0 ppm
140 %** (n = 5)
4,0 ppm
5,0 ppm
120 % (n = 3)
120 % (n = 4) 90 % (n = 4)
105 % (n = 4)
* Les concentrations en sélénium du colostrum des veaux témoins est de 0,06 - 0,1 ppm ** p < 0,04 au sein du même essai.
60
observation originale
étude de cas
infections intra-mammaires et santé humaine
exemple d’une transmission de Staphylococcus aureus entre l’homme et les vaches laitières Agent étiologique majeur des mammites de la vache, Staphylococcus aureus est un germe à réservoir mammaire réputé se transmettre entre animaux au cours de la traite. Longtemps ignorée, la contamination croisée homme/mammelle est de plus en plus fréquemment caractérisée ou fortement suspectée.
D
ans le cadre d’un audit “qualité du lait” dans un élevage, nous avons été interpellés par une dynamique d’infections intra-mammaires assez inhabituelle. Lors de la visite de restitution des résultats de cet audit, nous apprenons que le trayeur a été atteint d’une pyodermite staphylococcique. L’apparition des premières lésions cutanées du trayeur a été concomitante du pic d’infections intra-mammaires chez les animaux.
Staphylococcus aureus est une bactérie connue pour son pouvoir pathogène tant chez l’homme que chez l’animal (photos 1, 2). C’est en effet l’un des pathogènes majeurs impliqués dans les infections intramammaires de la vache laitière ; la prévalence de cette bactérie est de 7 p. cent* à 11 p. cent** de quartiers infectés, atteints de mammites cliniques ou subcliniques.
Cette étude de cas illustre l’intérêt de l’analyse des défauts de qualité du lait et montre la possibilité d’un cycle de contaminations croisées par S. aureus entre les vaches et l’homme engendrant ainsi des infections. Le rôle que peut jouer le vétérinaire pour l’information des personnes sur les risques et la préconisation de mesures d’hygiène renforcées est aussi développé. LES INFECTIONS INTRAMAMMAIRES CHEZ LES ANIMAUX
1 2 3
ENVN Interne en Clinique bovine
UE Hygiène et Qualité des Aliments
Unité de Diagnostic et de Consultance 4
UE Zootechnie et Économie E.N.V. Nantes Atlanpôle La Chantrerie - BP 40706 44307 Nantes Cedex 3 5 Conseiller médical en santé au travail Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) 30, rue Olivier Noyer - 75680 Paris Cedex 14
1
Staphylococcus aureus est un pathogène majeur impliqué dans les infections intra-mammaires (photo UE Zootechnie et Économie).
NOTES * d’après une étude sur 4 ans en Bretagne. ** d’après une étude réalisée sur 532 prélèvements en octobre 2007 et juillet 2008.
2
Lésions de dermite à Staphylococcus aureus sur les mains (photo obstreatmentdiscovery.blogspot.com).
Holstein, qui ont un niveau de production moyen de 7000 à 7500 kg, pour un quota laitier annuel de 293 600 l. Les vaches sont logées en aire paillée. Le système de traite est une salle en épi 2 x 4 postes.
Deux personnes travaillent à temps plein sur l’exploitation mais une seule effectue quotidiennement la traite.
En octobre 2008, lors de notre 1re intervention, les éleveurs ont noté une dégradation de la concentration cellulaire du lait livré en laiterie, qui évolue depuis 7 mois.
Face à la menace d’arrêt de la collecte, ils ont fait appel à leur vétérinaire traitant qui nous a référé le cas.
Motif d’appel Menace d’arrêt de collecte pour concentration en cellules somatiques du tank trop élevée.
Essentiel Chez l’Homme, S. aureus est responsable de maladies d’origine alimentaire, fréquemment secondaires à une consommation de lait et de produits laitiers mais également de dermite.
Étude des documents
Présentation de l’exploitation et motif d’appel
L’atelier laitier est composé d’environ 40 vaches laitières, de races Normande et Prim’
individuelles (C.C.S.I.), mesurées environ 9 fois par an sur l’ensemble des vaches en
Héloïse Ader1 Catherine Magras2 Gita Brochard5 Clément Marhuenda3 Nathalie Bareille4
Notre analyse s’est fondée sur l’étude :
- des concentrations en cellules somatiques
FMC Vét
63
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 63
revue internationale les meilleurs articles parus dans les revues internationales - Journal of the American Veterinary Medical Association (JAVMA) ..............................................2007;230(15):233-43 - Journal of Dairy Science (J Dairy Sci.)..........................................................................2008;91:1852-64; 2009;92:621-25 - Journal of virology ......................................................................................................................................2007;92:621-25 - The Veterinary Journal (Vet J) ...................................................................................................................2009;181:90-96
- Activation des cellules immunitaires des sécrétions mammaires par le sérum bovin traité au zymosan - Réponse induite par la vaccination intra-nasale de veaux avec des vaccins formulés pour administration générale après inoculation d’épreuve avec une souche virulente de virus
respiratoire syncitial bovin - Protection clinique et forte réponse immunitaire cellulaire après vaccination de veaux avec un vaccin à ADN utilisant un plasmide codant pour les protéines de fusion et nucléocapside du virus respiratoire syncitial bovin
- L’haptoglobine comme indicateur précoce de métrite - Les nouveautés sur la pathogénie du déplacement de la caillette Synthèses rédigées par Héloïse Ader, Didier Raboisson
un panorama des meilleurs articles RÉPONSE INDUITE PAR LA VACCINATION INTRA-NASALE DE VEAUX avec des vaccins formulés pour administration générale après inoculation d’épreuve avec une souche virulente de virus respiratoire syncytial bovin
Inoculation : - V.R.S.B., brumisateur, 40 ml à 104 ufp/ml ; - 12 semaines d’âge (essais 1 et 2) ou 3 semaines d’âge (essai 3).
comparaison des veaux témoins vaccinés sans la valence V.R.S.B. ; - réduire la durée d’excrétion virale de 4,5 jours pour les témoins (3 à 6 j) à 1 jour pour les vaccinés V.R.S.B. (0 à 3 j) (p < 0,001), sans pour autant réduire le nombre de veaux excrétant du virus (8/9 pour les vaccinés V.R.S.B. versus 9/9 pour les témoins) ; - réduire l’étendue des lésions pulmonaires de 23 p. cent de la surface pour les témoins (11 à 31 p. cent) à 0,5 p. cent pour les vaccinés V.R.S.B. (0 à 13 p. cent) (p < 0,001) ; - augmenter les titres locaux (intra-nasaux) en IgA anti-V.R.S.B., mais uniquement 8 j après l’inoculation et pas après la vaccination. Aucune réponse sérique en IgG n’est détectée. Par ailleurs, les titres locaux en IgA sont corrélés négativement aux signes cliniques (r = -0,71 ; p = 0,048).
Résultats
Discussion et conclusions
Dans les deux premiers essais, la vaccination a un effet protecteur (critères cliniques, lésionnels, virologiques et immunitaires) en comparaison avec les veaux témoins.
Cet essai confirme l’intérêt de la vaccination intra-nasale avec un vaccin atténué dirigé contre le V.R.S.B., sur des veaux de plus de 15 j d’âge. La protection reste cependant partielle, comme pour la plupart des essais avec des vaccins dirigés contre le V.R.S.B.
Matériels et Méthodes Animaux : - veaux séronégatifs immunisés à 6 et 9 semaines d’âge (essai 1, n=3), 9 semaines d’âge (essai 2, n=3) et 2 semaines d’âge (essai 3, n=9) ; - témoins non vaccinés (essais 1 et 2, n=3) ou vaccinés (essai 3, n=8).
Vaccins : - vaccin atténué Bovishield B.R.S.V.® (essais 1 et 2) ; - vaccin atténué Bovishield 4® (PI3, B.R.S.V., B.D.V., BHV-1) et Bovishield 3® (sans B.R.S.V. (témoins)) (essai 3).
La double vaccination par voie intra-nasale (essai 1) ne semble pas apporter de protection supplémentaire à la vaccination intra-nasale simple (essai 2). Cependant, les effectifs sont faibles et la variabilité individuelle est forte.
La vaccination intra-nasale avec valence V.R.S.B. de veaux de 15 jours d’âge (essai 3) permet de : - réduire les signes cliniques après l’inoculation du V.R.S.B. (fréquence respiratoire maximale (p = 0,06), durée avec fréquence respiratoire élevée (p = 0,08) et hyperthermie (p = 0,01)), en
Tous les veaux étant initialement séronégatifs, la levée d’inhibition colostrale, un des objectifs recherchés lors de vaccination par voie locale n’a pas été évaluée.
Objectif de l’étude Évaluer la protection immunologique et clinique d’un vaccin atténué dirigé contre le V.R.S.B., mais formulé pour une administration parentérale et administré par voie intra-nasale.
JAVMA 2007;230(15):233-43 Response of calves to challenge exposure with virulent bovine respiratory syncytial virus following intranasal administration of vaccines formulated for parenteral administration. Ellis J, Gow S, West K, Waldner C, Rhodes C, Mutwiri G, Rosenberg H.
Synthèse par Didier Raboisson, Département élevages et produits E.N.V.T.
Sur des veaux de plus de 15 j d’âge, la double administration intra-nasale d’un vaccin à 3 semaines d’intervalle ne semble pas apporter de protection supérieure à une vaccination unique. ¿
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 71
revue internationale - un panorama des meilleurs articles ACTIVATION DES CELLULES IMMUNITAIRES DES SÉCRÉTIONS MAMMAIRES par le sérum bovin traité au zymosan Objectif de l’étude Évaluer l’effet du zymosan sur les polynucléaires neutrophiles (P.N.N.) et les cellules mononuclées de la mamelle.
Journal Dairy Sci. 2008;91:1852-64 Activation of Immune Cells in Bovine Mammary Gland Secretions by Zymosan-Treated Bovine Serum. Kimura K, Goff JP, Schmerr MJ, Stabel JR, Inumaru S, Yokomizo Y.
Les stratégies de protection de la mamelle pendant la période sèche reposent encore fortement sur l’utilisation préventive d’antibiotiques, même si quelques alternatives sont désormais disponibles ; les possibilités de vaccination sont limitées, et non utilisées en Europe.
Le sérum traité par le zymosan se comporte comme une source du facteur du complément C5a, potentiel chémo-attracteur et activateur du système immunitaire.
Matériels et Méthodes Animaux : - 8 vaches taries depuis 2-3 semaines, avec bactériologies de lait négatives.
Traitements : - Injection intra-mammaire de 12,5 ml /quartier d’un sérum traité au zymosan (2 quartiers par vache) ou de solution saline (les 2 autres quartiers).
Mesures : - Prélèvements des sécrétions lactées à J 0, J 1, J 8 et J 15 après le traitement (P.T.) et J-7, J 0, J 7 et J 14 autour du vêlage (V) ; - comptages cellulaires et pourcentage de P.N.N. dans les cellules des sécrétions mammaires ; - pourcentage des cellules mononuclées ou des P.N.N. produisant de l’I.F.N.-γ ou de l’Il-8 ; - pourcentage des cellules mononuclées avec CD4+ (LTh) et pourcentage de LTh produisant l’I.F.N.-γ.
Résultats Seule une hyperthermie modérée est notée chez une vache après l’injection intra-mammaire.
Les comptages cellulaires et les poucentages de polynucléaires neutrophiles (P.N.N.) diminuent progressivement de J 0 P.T. (5 106 c/ml - 5 p. cent) à J 14 V (22-53 000 c/ml- 2-5 p. cent) pour tous les quartiers, mais un pic marqué est observé à J 1 P.T. (107 c/ml – 50 p. cent) pour les quartiers traités.
Le pourcentage de cellules I.F.N.-γ est toujours supérieur pour les quartiers traités, et de manière
Synthèse par Didier Raboisson, Département élevages et produits E.N.V.T.
marquée et significative à J 1 P.P., J-14 V et J 0 V pour les cellules mononucléées et de J 1 P.P. à J 14 V pour les P.N.N.
Le nombre total de LTh est identique entre les deux groupes, mais plus de LTh de quartiers traités produisent de l’I.F.N.-γ comparé aux non traités.
Le pourcentage de cellules Il-8 est significativement supérieur pour les quartiers traités à J 1 P.P. pour les cellules mononuclées, et toujours significativement supérieur pour les P.N.N.
Pour les quartiers traités ou non, le nombre de cellules mononuclées et de P.N.N. produisant l’Il8 et l’I.F.N.-γ est largement plus élevé autour du vêlage qu’en période de tarissement. Discussion et conclusion L’augmentation du nombre de cellules suite à l’injection de zymosan est très limitée dans le temps, à l’instar des observations faites avec d’autres molécules.
L’activation des cellules des sécrétions mammaires par le zymosan, observée les jours après l’injection intra-mammaire, est systématiquement retrouvée en période peripartum ; l’activation des P.N.N. est observée pendant toute la durée du tarissement.
Ainsi, le zymosan s’avère une alternative ou un adjuvant intéressants aux traitements antibiotiques utilisés lors du tarissement.
Les modalités d’activation des lymphocytes et des neutrophiles restent cependant floues. Leur durée de vie une fois activés est beaucoup plus longue qu’en absence d’activation (1 semaine). Par ailleurs, les cellules épithéliales de la glande mammaire pourraient avoir un rôle direct ou indirect dans la sécrétion de cytokines et être sensibles au zymosan. Parallèlement, la composition du colostrum en cytokines et en cellules pourrait être modifiée par le zymosan. ¿
PROTECTION CLINIQUE ET FORTE RÉPONSE IMMUNITAIRE CELLULAIRE après vaccination de veaux avec un vaccin à ADN utilisant un plasmide codant pour les protéines de fusion et nucléocapside du virus respiratoire syncytial bovin
Objectif de l’étude Évaluer la protection immunologique et clinique d’un protocole vaccinal dirigé contre le V.R.S.B. incluant un vaccin à ADN (deux injections) et un vaccin atténué (rappel).
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 72 - JUIN 2009
Matériels et méthodes 16 veaux âgés d’un mois séronégatifs. - Vaccination : 2 lot “vaccin à ADN seul” (n=4) : vaccination à J0 et J21 avec le plasmide contenant les gènes codant pour les protéines F et N ; 2lot “vaccin à ADN + vaccin inactivé” (n=4) : vaccination à J0 et J21 avec le plasmide contenant les gènes codant pour les protéines F et N et à J42 avec un vaccin commercial inactivé (Bovipast®) ;
72
2lot “vaccin inactivé seul” (n=4) : vaccination à J0 et J21 avec le plasmide sans les gènes codant pour les protéines F et N et à J42 avec un vaccin commercial inactivé (Bovipast®) ; 2 lot témoin (n=4) : pas de vaccination. - Inoculation du V.R.S.B. à J63 (n=16) ; - Euthanasie des veaux : pour chaque lot, successivement à J67 (n=1), J69 (n=1) et J82 (n=2).
Paramètres évalués (J0, J21, J42, J56, J63, J69, J82) : - réponse clinique : lésions pulmonaires, dosage
revue internationale - un panorama des meilleurs articles sérique de l’haptoglobine (inflammation pulmonaire), détection des antigènes viraux sur le poumon (immunofluorescence, RT-PCR) ; - réponse humorale : évaluation des IgG, IgG1, IgG2 et anticorps Ac neutralisants ; - réponse cellulaire : tests de lymphoprolifération (évaluation de la réponse des cellules immunitaires du sang stimulées in vitro par le V.R.S.B.) ; - profil cytokinique (orientation Th1 vs Th2) : INF-γ (ELISA et PCR), Il-4 (PCR). Résultats Clinique, lésions et charge virale pulmonaire post-inoculation : Par rapport aux veaux du lot “vaccin inactivé seul” et ceux du lot témoin, les veaux des deux lots “vaccins à ADN”, avec ou sans rappel inactivé, ont : - significativement (p < 0,05) moins de signes cliniques (score clinique) ; - une charge virale pulmonaire significativement plus faible (p < 0,001) ; - des lésions macroscopiques (score lésionnel et haptoglobine sérique) et une distribution de virus dans le poumon (IFI et RT-PCR) plus faible (mais différence non significative).
Réponse immunitaire : - la réponse lymphoproliférative post-vaccination et post-inoculation est maximale pour le lot “vaccin à ADN + vaccin inactivé”. La réponse est intermédiaire (p < 0,05) pour le lot “vaccin à ADN seul” et très faible à nulle pour le lot “vaccin inactivé seul” ou le lot témoin ;
- après inoculation, le titre en Ac neutralisants est maximal pour le lot “vaccin à ADN + vaccin inactivé”. Le vaccin à ADN utilisé seul induit une réponse très faible en Ac neutralisants, et le vaccin inactivé utilisé seul une réponse intermédiaire (p < 0,05) ; - par contre, le titre d’Ac anti-V.R.S.B. totaux est maximal avec le vaccin inactivé utilisé seul ; - les profils en IFN-γ, Il-4 et les rapports IgG1/IgG2 suggèrent que la vaccination à ADN associée au vaccin inactivé oriente la réponse immunitaire vers le type Th1.
Discussion et conclusions
Journal of virology 2007;6879-89 DNA vaccination with plasmids encoding Fusion and Nucleocapsid proteins of bovine repiratory syncytial virus induces a strong cell-mediated immunity and protect against challenge. Boxus M, Tignon M, Roels S, Toussaint JF, Walravens K, Benoit MA, Coppe P, Letesson JJ, Letellier C, Kerkhofs P.
La vaccination à ADN permet de cibler la réaction immunitaire vers des épitopes d’intérêts (ici F et N), et favorise une réponse de type Th1, qui est classiquement associée aux mécanismes de défense contre le V.R.S.B.
Le vaccin inactivé adjuvé assure une réponse humorale satisfaisante (Ac neutralisants), ce à quoi les vaccins à ADN utilisés seuls ne peuvent pas aboutir.
Par ailleurs, l’immunisation avec un vaccin à ADN pourrait limiter l’inhibition colostrale de la réponse humorale (non évalué ici).
La production commerciale de vaccins à ADN reste cependant limitée à ce jour. De plus, la protection de l’animal serait tardive (pas avant 2 mois d’âge) et nécessiterait trois injections. ¿
Synthèse par Didier Raboisson, Département élevages et produits E.N.V.T.
L’HAPTOGLOBINE COMME INDICATEUR PRÉCOCE DE MÉTRITE Les métrites puerpérales sont des infections utérines caractérisées par un écoulement vulvaire fétide et des répercussions systémiques (fièvre, anorexie, abattement), survenant dans les premiers jours après vêlage. C’est une affection fréquente entraînant des troubles de la reproduction et des chutes de production.
De nombreuses études ont montré une corrélation entre la concentration circulante d’haptoglobine et les infections utérines après vêlage. Cependant, elles n’ont pas identifié clairement si les modifications de l’haptoglobine circulante précèdent ou sont une conséquence de la métrite.
Tableau 1 - Notation des écoulements
vaginaux (V.D.)
Note 0
- Pas de mucus ou mucus clair
Note 1
- Mucus discrètement opaque
Note 2
- Mucopurulent (< 50 p. cent de pus
Note 3
- Purulent (> 50 p. cent de pus présent)
Note 4
- Putride (couleur rouge/brunâtre,
ou avec des particules de pus présent) et odeur nauséabonde
L’étude porte sur 32 primipares et 69 multipares. Les vaches sont logées dans des cases pré et postpartum, qui comportent des nourrisseurs et des abreuvoirs électroniques permettant de mesurer les quantités ingérées.
La note d’état corporelle (N.E.C.) prepartum est évaluée à J-20+/-2 et J-10+/-2 (par rapport à la date de vêlage prévue) et le poids prepartum estmesuré 3 jours consécutifs à J-20+/-2. La facilité de vêlage était enregistrée (assisté ou non assisté). Les rétentions placentaires sont diagnos-
Décrire de quelle manière varie le niveau d’haptoglobine par rapport au début de la métrite clinique et déterminer si l’haptoglobine peut être utilisée pour identifier les vaches à risque pour les métrites.
et odeur nauséabonde odeur nauséabonde)
Sujets, matériel et méthode
Objectif de l’étude
tiquées 24 h après vêlage et sont traitées avec de la procaïne pénicilline G I.M. pendant 2 jours.
Des échantillons de sang ont été prélevés à la veine coccygienne à 9 h 00 à J-20+/-5, J-6+/-2, J2+/-1, J 0, J 3, J 6, J 9, J 12, J 15, J 18, J 21. L’haptoglobine est mesurée avec un analyseur Hitachi 911. Les écoulements vaginaux (V.D.) sont notés pendant la traite, tous les 3 jours après vêlage jusqu’à J 21. L’apparence et l’odeur sont évaluées et classées dans une catégorie (tableau 1), et la température rectale est prise quotidiennement après vêlage.
Journal of Dairy Science 2009;92:621-5. Haptoglobin as an early indicator of metritis. Huzzey JM, Duffield TF, LeBlanc SJ, Veira DM, Weary DM, von Keyserlingk MAG.
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 73
revue internationale - un panorama des meilleurs articles Tableau 2 - Classement des animaux atteints ou non de métrite
Tableau 3 - Mesures des seuils de concentration d’haptoglobine (Hp)
Caractéristiques de la catégorie
Catégories
Nombre d’animaux*
Variable
- Une note de V.D. = 4
Métrite sévère
et une température > 39,5°C dans un intervalle d’un jour autour de l’obtention de la note 4
12
- Une note de V.D. = 4 sans hyperthermie
Métrite modérée
ou au moins une note de V.D. de 2 ou 3 et pas de note 4 quelle que soit la température
Vaches saines
- Une note de V.D. maximale de 1 et pas de fièvre après vêlage
32
23
Les animaux sont classés en trois catégories en fonction des différents facteurs (tableau 2).
NOTE * Les vaches ayant des signes d’une autre affection durant cette période (mammite, vaches avec des notes de 0/1 et avec une hyperthermie inexpliquée) ont été exclues.
Une série de seuils de concentration d’Hp relative à une série de jours post-vêlage est évaluée pour l’association avec l’incidence de métrite à suivre. La sensibilité est la proportion d’animaux diagnostiqués comme ayant une métrite et qui sont au-dessus du seuil, et la spécificité est la proportion d’animaux n’ayant pas de métrites et qui étaient en dessous du seuil.
Résultats Les vaches avec métrites (modérée ou sévère), ont des concentrations en Hp supérieures entre J 0 et J 12 par rapport aux vaches saines.
Synthèse par Héloïse Ader, interne en médecine bovine, E.N.V.N.
Les vaches saines ont un pic d’Hp à J 3 suivi par une diminution progressive jusqu’à J 12 (J 3 : 0,58 +/- 0,12g/l et J 6 : 0,31 +/- 0,08g/l) où la concentration en Hp se stabilise aux environs de 0,1g/l. - Ceci montre que la période peripartum est associée avec une réponse de la phase aiguë de l’inflammation. - La concentration en Hp atteint un pic à J 3 chez les vaches à métrites modérées (1,06 +/- 0,15g/l) et à J 6 chez les vaches à métrites sévères (1,62 +/- 0,47g/l).
Les premiers signes d’écoulements vulvaires
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 74 - JUIN 2009
≥ 0,2
6,0
94,4 %
26,1 %
≥ 0,4
3,8
83,3 %
43,5 %
≥ 0,6
4,6
66,7 %
69,6 %
≥ 0,8
3,2
52,8 %
73,9 %
≥ 1,0
6,7
50,0 %
87,0 %
≥ 1,2
4,2
38,9 %
87,0 %
≥ 1,4
5,3
33,3 %
91,3 %
≥ 1,6
3,0
22,2 %
91,3 %
anormaux apparaissent à 8,6 +/- 3,9j et 5,3 +/1,9j après vêlage pour les métrites modérées et les métrites sévères respectivement. Discussion et conclusion Les vaches ayant une concentration en Hp >à 1g/l à J 3 ont 6,7 fois plus de chance d’être diagnostiquées par la suite avec une métrite. La spécificité est assez élevée : 87 p. cent, mais la sensibilité n’est que de 50 p. cent, ce qui suppose que ce seuil ne permet de détecter que la moitié des animaux qui vont avoir une métrite.
L’élévation de la concentration en haptoglobine n’est pas corrélée aux rétentions placentaires. L’élévation de l’haptoglobine n’est par ailleurs, pas seulement liée à la présence ou l’absence de dystocie au moment du vêlage.
Le seuil de 1g/l a la meilleure combinaison sensibilité/spécificité. Cependant, le seuil fixé dépend de ce que l’on recherche. Il est donc nécessaire d’optimiser la sensibilité ou la spécificité ou des applications sur le terrain.
Ceci montre que l’élévation de l’haptoglobine précède les signes cliniques de métrites, et pourrait être utilisés pour la détection précoce des métrites, mais les seuils les plus pertinents à utiliser restent à déterminer. ¿
LES NOUVEAUTÉS SUR LA PATHOGÉNIE du déplacement de la caillette
Objectif de l’étude Connaître les données actuelles sur l’étiologie et la pathogénie du déplacement de caillette chez les vaches laitières.
Concentration en Hp àJ3
Cut- Odds point ratio Sensibilité Spécificité
Depuis les années 50, l’incidence de déplacement de caillette (D.C.) n’a cessé d’augmenté. Des études récentes aux USA rapportent une incidence de 3 à 5 p. cent sur une lactation. Les pertes économiques importantes incluent : les chutes de production laitières (7,5 à 11 p. cent) et le coût du traitement ou de la réforme.
De nombreux facteurs de risques ont été identifiés, mais la cause primaire reste inconnue.
L’hypothèse d’un trouble de la motilité de la caillette, empêchant les gaz de s’échapper et provoquant la dilatation de l’organe, et par la suite son déplacement a été avancée.
La plupart des études se sont focalisées sur les facteurs qui prédisposent au déplacement de
74
caillette à gauche (D.C.G.), l’étiopathogénie du déplacement de caillette à droite (D.C.D.) est considérée comme similaire.
Données épidémiologiques et expérimentales concernant les causes de déplacement de caillette 1. Race, âge et production laitière Les déplacements de caillette surviennent dans les races laitières classiques comme : la Prim‘ Holstein, la Jersiaise, la Brown swiss, ... La sélection afin d’augmenter les profondeurs thoracique et abdominale et la stature pourrait expliquer ces prédispositions raciales.
revue internationale - un panorama des meilleurs articles
La relation entre le D.C. et la production laitière ou le rang de lactation n’est pas confirmée, et les résultats des différentes études sont contradictoires.
2. Génétique L’observation de D.C. plus fréquent dans des lignées a mené à la supposition qu’il pouvait y avoir les prédispositions génétiques. Dans une population de filles descendant de deux taureaux, des incidences de 29,4 p. cent et 22,6 p. cent de D.C. ont été calculé.
L’héritabilité est estimée entre 0,11 et 0,41. Il semblerait que le D.C.G. et le D.C.D. soient fortement corrélés génétiquement et il est admis qu’ils sont déterminés par les mêmes gènes.
3. Nutrition
Les rations riches en concentrés et pauvres en fibres augmentent l’incidence de D.C. Il semblerait que la teneur en fibre soit un facteur de risque plus important que la teneur en concentrés de la ration. Cependant, si le fourrage est de mauvaise qualité, cela entraîne une diminution de l’ingestion et favorise les D.C.
Les données concernant les rations complètes mélangées sont contradictoires. Le facteur clé de l’interprétation est la composition de la ration. - Un mélange déséquilibré, trop broyé ou avec une proportion trop importante d’ensilage de maïs, se traduit par une fibrosité inadaptée de la ration pouvant favoriser les D.C. - Un fourrage adapté avec des particules fibreuses de taille suffisante est nécessaire pour maintenir un bon fonctionnement ruminal et prévenir les D.C. (16 à 25 p. cent de fibre grossière). La Pennsylvania state-Nasco shaker box (tamis à plusieurs étages) est le premier outil permettant de mesurer la fibrosité de la ration, et recommande 8 à 10 p. cent d’éléments dans le casier supérieur. La relation pathophysiologique repose sur l’élévation de la concentration en acides gras à courte chaîne qui inhibent la motilité abomasale.
Différentes autres pistes sont étudiées pour expliquer les causes de l’atonie abomasale : - une surcharge en eau et en électrolytes, qui s’accompagne d’une surcharge gazeuse majoritairement issue des gaz ruminaux ; - des endotoxines (mammites, métrites, translocation gastro-intestinale, déficit de clairance hépatique, aliments contenant des endotoxines), agissant directement ou en provoquant une hypocalcémie. Cependant, des études récentes montrent que les endotoxémies ne surviennent pas plus fréquemment chez les vaches ayant un D.C. que chez les vaches saines.
4. Stress, désordres métaboliques et autres maladies De mauvaises conditions d’élevage, des problèmes de hiérarchie et la parturition provoque assez de stress pour accroître le risque de D.C.* Ce risque a été statistiquement prouvé lors de gestation multiples, de dystocie, de rétention placentaire ou de métrites.
Les conditions météorologiques et saisonnières peuvent aussi influencer les D.C. Le stress thermique augmenterait l’incidence. Elle est plus élevée en hiver et en début de printemps (la qualité moindre des aliments stockés entraînerait un moindre remplissage ruminal).
L’hypocalcémie est connue comme inhibant la motilité abomasale ; cependant, les études sont contradictoires et n’établissent pas toutes une corrélation entre hypocalcémie et D.C.
Les vaches en peripartum avec un déficit énergétique marqué ont un risque plus élevé de D.C. De plus, une corrélation génétique positive entre la cétose et le D.C. a été observée et la résistance à l’insuline à été avancé comme explication pathogénique. Les vaches avec un état d’embonpoint excessif au moment du vêlage sont prédisposées à la lipomobilisation, donc au D.C.
De plus, tout animal avec une diminution de l’ingestion due à une autre maladie est plus sujet au D.C. (en lien avec la diminution de réplétion du rumen). Des maladies concomitantes telles que : rétention placentaire, endométrite, mammite ou boiterie sont classiques chez les vaches avec des D.C., et les animaux présentant ces affections ont plus de risques de présenter un D.C.
The Veterinary Journal 2009;181:90-6. New aspects in the pathogenesis of abomasal displacement. Doll K, Sickinger M, Seeger T.
5. Atteintes su système nerveux autonome digestif Des études récentes se sont intéressées à des possibles désordres du système nerveux digestif. Des dysfonctionnements des neurones pourraient exister chez les vaches avec des D.C., notamment une activité plus intense des neurones inhibiteurs de la motilité de la caillette. Il est toutefois difficile de savoir si c’est une cause ou une conséquence de l’affection.
De plus, une étude montre des variations importantes dans les proportions de neurotransmetteurs inhibiteurs ou stimulateurs en fonction de la race.
NOTE * cf. l’article “Comportement, stress et maladies infectieuses chez les bovins” de D. Raboisson, F. Schelcher dans ce numéro.
Conclusion
En se fondant sur les données actuelles, on peut affirmer que l’inhibition de la motilité abomasale est l’événement-clé dans la plupart des déplacements de caillette (D.C.) qui pourraient être liés à une altération des fonctions du système nerveux digestif. De plus, les prédispositions génétiques semblent être un facteur de risque important et les autres facteurs de risque (nutrition, stress, désordres métaboliques) sont à prendre en compte dans la gestion de l’élevage.
Une alimentation adéquate avec un taux de fibres grossière adapté pendant la période de transition est primordiale. Le principe de base est de s’assurer que le rumen est correctement rempli avant et après le vêlage.
Optimiser les conditions d’élevage, la prophylaxie et le traitement précoce des désordres métaboliques et des autres affections peuvent contribuer à diminuer l’incidence des D.C. ¿
Synthèse par Héloïse Ader, interne en médecine bovine, E.N.V.N.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 JUIN 2009 - 75
test clinique les réponses
Héloïse Ader Interne en médecine Bovine, E.N.V.N. Unité de Médecine des Animaux d’élevage BP 40706 44307 Nantes Cedex 3
une nécrose du cortex chez un jeune bovin 1 D’après l’examen neurologique où se localise l’atteinte nerveuse ?
L’atteinte concerne le système nerveux central. L’absence de déficit des nerfs crâniens n’est pas en faveur de lésions à localisation vestibulaire ou au niveau du tronc cérébral. L’absence de commémoratifs d’ataxie et l’existence de troubles de la vigilance permettent d’exclure une atteinte cérébelleuse. L’absence d’atteinte des nerfs crâniens n’est pas en faveur d’une lésion du tronc cérébral.
La concomitance d’un trouble de la vigilance avec une amaurose et un opisthotonos oriente vers une lésion du cortex ou des noyaux sous corticaux [5]. 2 Quelles sont les maladies les plus probablement responsables de cette atteinte ? À partir des circonstances d’apparition, laquelle retenez-vous comme hypothèse principale ? D’après les signes cliniques et les circonstances d’apparition, la nécrose du cortex cérébral est l’affection la plus probable (tableau).
1
Coupe de l’encéphale (photo E.N.V.N.).
3 Quel examen post-mortem (simple) vous permet de confirmer rapidement cette hypothèse ?
Une autopsie avec extraction de l’encéphale pour le soumettre à la lampe de Wood (ultraviolets 365 nm) permet de confirmer ce diagnostic.
À l’autopsie, des zones anormales de teinte discrètement jaunâtre au niveau des circonvolutions du cortex cérébral sont observées (photo 1). Cependant, ces zones sont difficiles à visualiser. Suite à l’exposition à la lampe de Wood, les zones anormales au niveau des circonvolu-
Tableau - Principales maladies liées à l’atteinte corticale non congénitale chez un jeune bovin sevré (d’après [4]) Maladie
Signes cliniques
Circonstances d’apparition
- Amaurose - Strabisme dorso-médial
NOTE * En gras : les signes cliniques et les circonstances d’apparition effectivement observés au cours de l’hospitalisation du cas.
- Tremblements musculaires de la tête et du cou - Nystagmus - Opisthotonos - Pousser au mur - Convulsions
- Préférentiellement jeunes bovins (6 à 15 mois)
- Nourris avec des rations riches en grain
- Ration carencée en vitamine A :
Hypovitaminose A
Méningo-encéphalite thrombo-embolique (Histophilus somni)
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°12 76 - JUIN 2009
Nécrose du cortex cérébral (Polioencéphalomalacie)
76
Empoisonnement au plomb
- Cécité diurne et/ou nocturne - Mydriase aréflective - Convulsions
- Somnolence - Décubitus - Ataxie - Hyperthermie - Arthrites concomitantes - Amaurose - Hyperexcitabilité - Tremblements - Convulsions - Diarrhée noirâtre
- pâture sèche et pauvre - très peu de fourrage et - Absence de complémentation en vitamine A - Veaux sevrés de vaches ayant une ration carencée en vitamine A
- Mélange de bovins de différentes origines sans vaccination - Troubles respiratoires dans le lot de jeunes bovins - Exposition au plomb (batterie usagée, peinture au plomb, …)
test clinique - un cortex lumineux tions du cortex cérébral apparaissent alors fluorescentes et vertes (photo 2).
La fluorescence de la substance grise est due à la présence de lipofuscine et est caractéristique des lésions de nécrose ; dans ce cas des lésions du cortex cérébral [1, 3]. La lipofuscine est un pigment brun, qui s’accumule dans des lipophages, provenant des membranes cellulaires des neurones endommagés. La fluorescence se situe donc spécifiquement au niveau des zones de nécrose de la substance grise et permet une bonne visualisation des lésions [2]. N.B. : L’examen histologique révèle l’existence de lésions de nécrose cérébrocorticale aigue laminaire profonde œdémateuse et démyélinisante, caractéristiques de “nécrose du cortex cérébral”.
Les principaux intérêts de cet examen à la lampe de Wood sont : - une fluorescence pathognomonique ; - une visualisation directe et immédiate des lésions de nécrose du cortex ; - la précocité de la fluorescence en lampe de Wood au cours de l’évolution de la maladie : celle-ci apparaît avant l’apparition de lésions visibles macroscopiquement ; - le faible coût de l’examen (par rapport à l’histologie) ; - et sa facilité de mise en œuvre : une lampe de Wood est souvent disponible au sein des cabinets d’exercice mixte car également utilisée pour l’activité canine.
La principale limite de cet examen tient au fait qu’il s’effectue post-mortem. De plus, l’extraction de l’encéphale de la boîte crânienne est nécessaire et il n’est pas toujours aisé de réaliser une autopsie dans l’élevage.
Contrairement à l’examen histologique, cet examen ne permet qu’un diagnostic positif de la nécrose du cortex. Il ne permet
2
Encéphale sous la lampe de Wood. Les flèches indiquent la fluorescence en lampe de Wood : caractéristique d’une nécrose du cortex cérébral (photo E.N.V.N.).
pas de diagnostiquer les autres affections.
Les autres examens complémentaires qu’il est possible de mettre en œuvre sont l’histologie et le diagnostic thérapeutique par injection de vitamine B1. Cependant, ce dernier est peu sensible car il n’est pas efficace en cas de nécrose du cortex due à un excès de souffre alimentaire (souvent associé à la consommation de brassicacées - choux ou colza -) ou si les lésions sont trop importantes avant mise en place du traitement. En outre, il est nécessaire de traiter, le plus précocement possible, avec des doses et une fréquence d’administration suffisantes (10 mg/kg d’hydrochloride de thiamine I.V. puis une dose équivalente I.M. toutes les 3 heures pendant 12 h [4]).
Références 1. Gould DH. Polioencephalomalacia. J Anim Sci. 1998;76:309-14. 2. Mc Gavin MD, Zachary JF. Pathologic basis of veterinary disease. Ed. Mosby. 2007;1476 pp. 3. Mc Guirk SH. Polioencephalomalacia. Vet Clin Food animal. 1987;23(1):107-17. 4. Radostits OM, Blood DC, Gay CC. Veterinary Medicine. Saunders Elsevier. 10th ed. 2007;2156 pp. 5. Schelcher F, Lacroux C, Corbière F, coll. Démarche diagnostique dans les maladies nerveuses des ruminantes. Bull des GTV, Hors série Neuropathologie des ruminants, NÉVA ed. Créteil, 2003;9-17.
CONCLUSION Ce cas illustre l’intérêt de l’utilisation de la lampe de Wood, pour le diagnostic lésionnel post-mortem immédiat de nécrose du cortex cérébral chez les bovins. ¿
Souscription d’abonnement LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé J e s o u h a i t e s o u s c r i re u n a b o n n e m e n t
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2
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