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DOSSIERS : MAMMITES BOVINES - La visite d’élevage en production porcine

Volume 3

N°15 JUIN / JUILLET 2010 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

Actualités en perspective - Chronique - Un été où tout

bouge en santé animale

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°15 - JUIN / JUILLET 2010

- Un quart de siècle d’ESB

en France et en Europe

Ruminants - Approche pratique :

DOSSIERS :

MAMMITES BOVINES : les nouvelles perspectives LA VISITE D’ÉLEVAGE EN PRODUCTION PORCINE

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Comprendre l’épidémiologie 3e série

- Revue de presse internationale - Tests de formation continue et d’épidémiologie

5. Gestion du risque et communication relative au risque - Étude de cas - Foyer de mammites et de troubles respiratoires à Mycoplasma bovis - Test clinique - Une génisse gonflée

comment définir une stratégie de traitement des vaches laitières au tarissement - Mammites à mouches en Aveyron : comment les prévenir et les traiter ? - Traitement des mammites et résistance bactérienne chez les vaches laitières - Prévalence dans le lait de mammites bovines des bactéries pathogènes et de leurs résistances aux antibiotiques

Porcs - La visite d’élevage

en production porcine

Comprendre et agir - Enjeux économiques -

La production porcine au Danemark : mégafermes, environnement et compétitivité - Étude terrain Circulation du virus BVD dans les ateliers d’engraissement chez de jeunes bovins - Oligoéléments Hormones thyroïdiennes : variations physiologiques et relation avec l’iode et le sélénium chez les bovins


sommaire 5

Éditorial par Arlette Laval

N°15 JUIN / JUILLET 2010

Test clinique - Une génisse gonflée Caroline Oulhen, Hervé Turban, Marleen Bruggink, Raphaël Guattéo

Volume 3

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ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Chronique - Un été où tout bouge en santé animale : fièvre aphteuse, ESB, FCO, ... Zénon - Bilan épidémiologique : un quart de siècle d’Encéphalopathie spongiforme bovine en France et en Europe Carole Sala, Didier Calavas

DOSSIERS

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- MAMMITES BOVINES :

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RUMINANTS Dossier mammites bovines : nouvelles perspectives - Approche pratique : comment définir une stratégie de traitement des vaches laitières au tarissement Henri Seegers, Pierre Billon, Philippe Roussel, Francis Serieys, Marylise Le Guénic, Nathalie Bareille - Mammites à mouches en Aveyron : comment les prévenir et les traiter ? Céline Pouget - Traitement des mammites et résistance bactérienne chez les vaches laitières Émilie Gay, Nathalie Jarrige, Géraldine Cazeau, Didier Calavas - Prévalence dans le lait de mammites bovines des bactéries pathogènes et de leurs résistances aux antibiotiques : résultats d’une enquête en Rhône-Alpes Émilie Gay, Marisa Haenni, Philippe Sulpice, Jean-Yves Madec, Didier Calavas

nouvelles perspectives

- La visite d’élevage

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en production porcine 22 25

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PORCS - La visite d’élevage en production porcine : partie 1 Arlette Laval

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COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - La production porcine au Danemark : mégafermes, environnement et compétitivité Christine Roguet, Boris Duflot - Étude terrain - Circulation du virus BVD dans les ateliers d’engraissement, en région Pays de la Loire (France), chez de jeunes bovins Frédéric Lemarchand, Pascal Fanuel, Roland Gasnier, Sébastien Assié, Christophe Thévenot, Alain Douart, Jean-Luc Cheval, Catherine Couroussé, Sophie Letard - Oligoéléments - Hormones thyroïdiennes : variations physiologiques et relation avec l’iode et le sélénium chez les bovins Odile Arnaudies, François Schelcher, Didier Raboisson, Catherine Viguié, Véronique Gayrard, Nicole Picard-Hagen

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revue de formation à comité de lecture

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indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius

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(CAB International)

FMCvét - formation médicale continue vétérinaire

• Veterinary Bulletin

- Comprendre l’épidémiologie - 3e série : Analyse de risque en santé animale 62 5. Gestion du risque et communication relative au risque Bernard Toma - Étude de cas - Un foyer de mammites et de pneumonies dues à Mycoplasma bovis Sébastien Assié, Noura Cesbron, Raphaël Guattéo, 65 Lucie Trencart, Yves Buret, Dominique Le Grand, Alain Douart - Revue de presse internationale Synthèses rédigées par Sébastien Assié, Nicole Picard-Hagen, Didier Raboisson 77 - Répétabilité des mesures de la température rectale chez les vaches laitières - Mycoplasmose des ruminants en France :

• CAB Abstracts Database

(CAB International)

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

ACTUALITÉS

données récentes du réseau national d’épidémio-surveillance - Évaluation des facteurs associés à une mortalité élevée des vaches laitières aux États-Unis - La monte naturelle avec des taureaux expérimentalement infectés par Neospora caninum n’a pas entraîné de séroconversion des femelles - Approche clinique fondée sur la bactériologie et la cytologie utérine pour déterminer les diagnostics faux positifs d’endométrite clinique établis par examen vaginoscopique chez la vache laitière

- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses Résultats originaux ou observations originales

Souscription d’abonnement en page 77

RUMINANTS PORCS-VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR 75 78

FMC Vét

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 235


test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Conseil scientifique

une génisse gonflée

Jean-Pierre Alzieu (LVD), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Didier Calavas (Anses), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (Oniris) Arlette Laval (Oniris), Marc Savey (Anses) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (Oniris) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)

Caroline Oulhen, Hervé Turban, Marleen Bruggink, Raphaël Guattéo Médecine des Animaux d’élevage Oniris- Ecole Nationale Vétérinaire, de l’Agro-alimentaire et de l’Alimentation, Nantes-Atlantique BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3

Rédacteurs en chef Sébastien Assié (Oniris)

Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)

Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie ruminants, VetAgro Sup) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Beaudeau (Gestion de la santé animale, Oniris) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, Oniris) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, Oniris) Florence Buronfosse (Toxicologie, VetAgro Sup) Alain Chauvin (Parasitologie, Oniris) Alain Douart (Pathologie des ruminants, Oniris) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jean-Marie Gourreau (Anses) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann ((Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Pierre Philippe (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Jean-Louis Roque (praticien) Christophe Roy (praticien) Pascal Sanders (Anses, Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stephan Zientara (E.N.V.A.) Chargée de mission rédaction : Hélène Rose Gestion des abonnements et comptabilité Vanessa De Oliveira - Marie Servent Mise en page - Infographie : Thomas Dobrzelewski Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 40€, U.E. : 41€ Tarifs d’abonnement : voir p. 77 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0513 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des lions Ste-Marie des Champs B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 236 - JUIN/JUILLET 2010

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ne génisse Prim’Holstein de 14 mois, en retard staturo-pondéral marqué, est référée aux hôpitaux de médecine bovine.

Cette génisse a été sevrée à l’âge de 4 mois, sur une période de 15 jours, sans problème apparent. Elle a été mise à l’herbe 3 semaines plus tard, et nourrie à base d’ensilage de maïs, au foin et à la farine. Peu après sa mise à l’herbe, l’éleveur remarque qu’elle maigrit, et qu’elle présente un ballonnement chronique. Un retard de croissance sévère s’installe progressivement.

L’éleveur entreprend deux traitements antiparasitaires, à un mois d’intervalle (à 7 et 8 mois d’âge), à l’aide de doramectine (Dectomax®), sans amélioration notable.

Aucun autre trouble n’est observé. Cette génisse est la seule atteinte du lot.

À son arrivée aux hôpitaux, les principaux signes cliniques lors de l’examen général sont : - un retard de croissance marqué : 1,15 m au garrot pour 150 kg, alors que les courbes de croissance en race Prim’Holstein à cet âge indiquent 1,30 m pour 400 kg) ; - le poil piqué (photo 1) ; - des meuglements rauques et saccadés ; - un jetage séreux bilatéral, peu abondant, avec présence de débris alimentaires ; - une odeur de nécrose de la sphère buccale ; - une bradycardie : 48 mouvements par min, sans bruits surajoutés à l’auscultation ; - une distension abdominale marquée avec

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Distension abdominale marquée avec un profil “pommepoire” (photo Médecine des Animaux d’élevage Oniris).

un profil “pomme-poire”, et des bruits liquidiens spontanément audibles à distance, y compris au niveau de l’encolure.

L’examen rapproché révèle : - une dilatation anormale de la portion ventrale de l’encolure, mise en mouvement à chaque déglutition, molle à ferme selon la zone palpée, d’environ 8 cm de diamètre (photo 2) ; - des bruits ruminaux anarchiques, omniprésents et liquidiens, associés à un bruit de flot à la succussion de l’abdomen à droite et à gauche.

Aucune régurgitation n’a été spontanément observée, mais elles étaient abondantes lors du sondage œsophagien. 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 2 Quels examens complémentaires réaliser ? 3 Quels sont les schémas pathogéniques compatibles avec ces signes cliniques ? Réponses à ce test page 75

comité de lecture Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Pierre Bézille, Henri-Jean Boulouis, Alain Bousquet-Melou, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, Jean-Luc Chatré, René Chermette, Eric Collin,

Fabien Corbières, Stéphane Daval, Luc Descoteaux Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Germaine Égron-Morand Gilles Fecteau (Québec) Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Olivier Gauthier, Norbert Gauthier, Christian Gipoulou,

Norbert Giraud, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Nadia Haddad, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Catherine Magras Xavier Malher, Jacques Manière, Germaine Morand Hervé Morvan,

Hervé Navetat, Jean-Marie Nicol, Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret, Nicolas Roch, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart.


éditorial L’antibiorésistance, les bonnes pratiques d’utilisation des antibiotiques, le bien-être et une zoonose émergente : l’infection par les Staphylococcus aureus sont les dernières préoccupations en filière porcine …

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e 21e congrès international sur les maladies du Porc (IPVS) qui se déroule tous les deux ans s’est tenu mi-juillet à Vancouver. Bien que la Colombie Britannique soit remarquablement dépourvue d’élevages porcins – le site n’était évidemment pas choisi pour le côté attractif de la production !..., la qualité du programme scientifique et de l’organisation pouvaient satisfaire les plus difficiles des très nombreux participants. Nous avons noté avec plaisir le déplacement massif des vétérinaires français, assidus, et à l’origine de communications orales et de posters dont le nombre croissant dans les congrès internationaux témoigne de la vitalité de la filière. C’est aussi pourquoi le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé consacre un article à celle-ci dans chaque numéro. Les thèmes abordés étaient classiques cette année puisque les grandes affections ne soulèvent plus les difficultés majeures que l’on a pu rencontrer ces dernières années. Le Circovirus de type 2, dévastateur sous sa forme de MAP (maladie de l’amaigrissement du porcelet) dans les années 2000 est maintenant bien contrôlé grâce à des vaccins efficaces. Les travaux portent désormais sur l’évaluation des protocoles de vaccination et les autres formes cliniques, en particulier les troubles de la reproduction, justifiant des programmes de vaccination combinant la protection simultanée de la truie et des porcelets. Mycoplasmose, syndrome dysgénésique respiratoire porcin, actinobacillose, troubles digestifs, maîtrise de la reproduction restent des sujets largement étudiés, centrés sur l’évaluation des protocoles vaccinaux et thérapeutiques, ainsi que sur l’épidémiologie et les perspectives d’éradication. Parmi les préoccupations actuelles, on peut noter la montée en puissance des travaux et, sans doute aussi, de la prévalence des infections par Brachyspira hyodysenteriae, en Europe du Nord. Cette bactérie, agent de l’entérite hémorragique (swine dysentery), provoque des diarrhées graves. C’est donc un sujet sur lequel nous devons rester vigilants. Elle avait été introduite en France dans les années 70, puis éradiquée. Très rare jusqu’à ces dernières années, elle semble réapparaître occasionnellement. La grippe porcine a fait l’objet de nombreuses communications, portant soit sur les souches classiquement rencontrées : H1N1, H3N2, H1N2, soit sur le virus pandémique H1N1 2009 très médiatisé. La paranoïa qui a entouré cette infection a maintenant cessé, et l’heure est à la publication des travaux réalisés dans les pays qui ont “osé” reconnaître que le virus circulait chez le porc. L’évaluation des vaccins et la dynamique de l’infection dans les conditions du terrain sont les sujets les plus largement abordés. Autres préoccupations, témoignant de la sensibilisation désormais universelle des opérateurs de la filière et des consommateurs, l’antibiorésistance, les bonnes pratiques d’utilisation des antibiotiques et le bien-être. Les revues de synthèse comme les travaux originaux abordent ces sujets de façon souvent originale mais il est manifeste que leur approche diffère sensiblement selon les continents. Le pragmatisme des anglosaxons est rafraîchissant pour les européens, empêtrés dans des débats politicomédiatiques souvent bien éloignés des réalités scientifiques. Parmi les zoonoses émergentes, nous attacherons un intérêt tout particulier à l’infection par les SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline), à l’origine d’une controverse relayée dans les milieux médicaux. Les élevages de sélection-multiplication hollandais semblent fortement contaminés. Il ne faudrait pas que la mondialisation des échanges conduise à l’extension du portage dans nos élevages français jusqu’alors relativement épargnés. es prochaines destinations resteront exotiques, avec la Corée en 2012 et le Mexique en 2014, reflétant bien le recentrage de la production porcine mondiale sur l’Asie et les Amériques. ¿

Arlette Laval Département Santé des Animaux d’Élevage et Santé Publique Unité de Médecine des Animaux d’Élevage. Oniris Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

Une participation active des vétérinaires français avec une soixantaine de participants, 13 communications et 40 posters, au 21e congrès international sur les maladies du porc à Vancouver.

revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

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(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 237


actualités en perspective

un été où tout bouge en santé animale : fièvre aphteuse, ESB, FCO, … L’été devient de plus en plus intéressant. Loin de la classique “douceur estivale” qui précédait la grande torpeur d’août, le mois de juillet est devenu depuis quelques années celui des événements marquants ou des changements de perspective. Ainsi, a-t-il pu être celui des émergences surprises en Europe (la Fièvre catarrhale ovine en 2006), ou aux Amériques (l’Influenza H1N1 pandémique en 2009), mais aussi celui des bilans inquiétants (émergence réussie de la peste porcine africaine en Géorgie en 2007).

Essentiel Au Japon, en Corée du Sud et en Chine, de nombreux foyers de fièvre aphteuse sont apparus au cours du 1er semestre 2010. Un nouveau foyer a été identifié en Russie, aux confins de la Mongolie et de la Chine à la mi-juillet. En matière d’ESB, devant la regression spectaculaire du nombre de cas, la Commission européenne propose de faire évoluer certaines mesures de contrôle.

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e mois de juillet 2010 est lui aussi marqué par trois types d’événements. En Asie, il s’agit du dénouement heureux d’un retour très offensif de la fièvre aphteuse au Japon dans un contexte asiatique global préoccupant ; en Europe, il s’agit d’une nouvelle perspective en matière d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et en France, de l’annonce d’un changement radical en matière de contrôle de la Fièvre catarrhale ovine pour la campagne 2010-2011. Fièvre aphteuse : succès au Japon, inquiétudes en Asie et au delà ?

Confronté à la mi-avril 2010 à la réémergence, la première depuis 2000, de la fièvre aphteuse, le Japon a su faire face en contenant l’épisode à la portion la plus méridionale de son territoire national : l’île de Kyushu (préfecture de Miyazaki sur la côte occidentale de l’île). 291 foyers ont conduit à l’abattage de près de 300 000 animaux (bovins et porcs).

La souche virale associée (sérotype 0, topotype Southeast Asia-SEA, lignée Mya 98) a été aussi retrouvée, début avril, dans des foyers en Corée du Sud et à Taïwan où de nombreux porcs, ainsi que des bovins, ont été atteints.

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 238 - JUIN/JUILLET 2010

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En Chine, de nombreux foyers ont été aussi identifiés pendant la même période.

Le laboratoire mondial de référence pour la fièvre aphteuse à Pirbright (Angleterre) a rappelé à cette occasion que la panzootie aphteuse qui avait sévi de 1999 à 2001 avait provoqué des foyers en Chine, en Corée du Sud et au Japon, avant d’atteindre l’Afrique du Sud et la Grande-Bretagne en février 2001 [1].

À la mi-juillet, la même souche a été identifiée en Russie, à une dizaine de kilomètres de la frontière chinoise, aux confins de la Mongolie [2].

Si le virus aphteux est capable “d’emprunter” le transsibérien, comme l’avait fait le virus influenza H5N1 en 2005, l’automne devra être vigilant en Europe.

Une nouvelle perspective pour l’ESB en Europe et ses conséquences en France

À la mi-juillet, la Commission européenne a proposé d’entamer la deuxième étape de sa feuille de route (TSE Road Map 2) pour le contrôle des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST), après que les objectifs de la première étape (2005-2009) aient été atteints ; ceux-ci témoignent d’une amélioration très sensible de la situation dans tous les pays de l’Union européenne (UE), notamment en matière d’ESB.

En effet, le nombre de cas d’ESB constatés dans l’UE a spectaculairement diminué de 2001 à 2009, passant respectivement de plus de 2 100 à moins de 70, tandis que le coût moyen de chaque cas détecté à l’abattoir est passé de 1,2 million d’euros en 2001 à 14 millions en 2008. Le coût a commencé à régresser à 10 millions en 2009, à la suite du relèvement de 30 à 48 mois de l’âge minimum du dépistage obligatoire des bovins (abattoir et équarrissage) dans 17 pays de l’UE (regroupant essentiellement les 15 premiers États membres) dont la France.

La Commission propose donc de faire évoluer, à niveau de protection de la santé publique constant, certaines mesures dont le rapport coût/efficacité et/ou la justification épidémiologique deviennent de plus en plus discutable compte-tenu, non seule


actualités en perspective - un été où tout bouge en santé animale ment du nombre d’animaux atteints, mais aussi de leur âge moyen de plus en plus élevé, indiquant que la source de contamination est quasiment tarie.

La Commission propose ainsi de mettre fin à l’abattage des cohortes dans les troupeaux touchés, de réintroduire certaines farines animales pour les monogastriques, d’augmenter les limites d’âge des tests de dépistage systématique (dans la continuité de ce qui a déjà été fait) et d’aligner la liste des matériels à risques spécifiés (MRS) sur celle de l’Organisation Mondiale de la santé animale (OIE), plus restrictive que celle de l’UE, notamment en ce qui concerne l’intestin (entier) et le mésentère des ruminants.

À ce propos, on ne peut manquer de souligner la condamnation (annoncée début juillet 2010) par le Conseil d’État, certes bien longtemps après l’événement, de l’interdiction à la vente du (délicieux) ris de veau, début novembre 2000 à l’un des pires moments de l’hystérisation de l’opinion publique française sur la “vache folle” et de ses conséquences en matière de variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. La dépêche précise que le Conseil d’État envisage d’autres avis concernant d’autres décisions de l’État français relatives à l’ESB. Mieux vaut tard que jamais ! En France : changement de pied pour la FCO

En matière de Fièvre catarrhale ovine, on se souvient des difficultés de mise en œuvre de la première campagne 2008-2009 de vaccination obligatoire contre les sérotypes 1 et 8 dans notre pays*, suivie d’une deuxième campagne 2009-2010), dont on peut maintenant apprécier les résultats. Le nombre de foyers constatés a spectaculairement régressé passant de plus de 32 000 en 2008 à moins de 100, fin 2009.

Au cours du 1er trimestre 2010, quelques bovins ont été reconnus positifs par le système d’épidémiosurveillance sans que cette information ne puisse être interprétée de façon univoque, l’essentiel de l’activité des vecteurs et les cas correspondants se manifestant au cours du 2e semestre de chaque année.

Si le taux de vaccination des bovins est apparu satisfaisant (de l’ordre de 80 p. cent), celui des ovins et des caprins semble avoir beaucoup faibli au cours de la dernière campagne. Compte-tenu de l’ensemble de ces données, une recommandation de mise en œuvre d’une troisième campagne (2010-2011) de vaccination généralisée a été

émise fin juin (cf. avis Afssa 2010-SA-040 du 22 juin 2010). Cette recommandation sans surprise repose sur de solides arguments.

Fin juillet, une dépêche AFP annonce la position du ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche (MAAP) à l’issue d’une concertation entre pouvoirs publics et professionnels. Elle pose les principes qui seront mis en œuvre dans la décision officielle qui, fin septembre, fixera les modalités de la campagne 2010-2011 (à compter du début novembre 2010).

Le MAAP ne suit pas la recommandation de l’Afssa, mais surtout et bien au delà, c’est en fait une petite révolution qui est annoncée : cette campagne verra en effet pour la première fois dans l’histoire des MaRC (maladies animales réputées contagieuses) l’instauration d’une vaccination, volontaire et facultative (sic), mise en œuvre par les éleveurs eux-mêmes.

Le problème des animaux exportés vers l’Italie et l’Espagne, dont la vaccination doit être officiellement certifiée par un vétérinaire sanitaire, devrait être résolu au cours de l’été … dans le cadre de négociations dédiées aux échanges intracommunautaires.

Au delà des possibles économies budgétaires et d’un positionnement pouvant atténuer les conflits avec la confédération paysanne (dont plusieurs membres sont poursuivis devant les tribunaux pour refus de vacciner vis-à-vis de la FCO), on ne peut que s’interroger sur la logique à l’œuvre en matière de contrôle de la FCO, maladie qui n’a pourtant cessé de nous surprendre depuis juillet 2006.

Bien sûr, pendant ce temps, la FCO a refait sa réapparition annuelle en Afrique du Nord (sérotypes 4 et 1).

Essentiel Les principales mesures de contrôle de l’ESB que la Commission européenne souhaite voir évoluer concernent : - l’abattage des cohortes dans les troupeaux touchés ; - la réintroduction de certaines farines animales chez les monogastriques ; - l’augmentation des limites d’âge des tests de dépistage systématique ; - la liste des matériels à risques spécifiés (MRS). Pour la 3e campagne de vaccination 2010-2011 contre la Fièvre catarrhale ovine, la vaccination pourrait être “volontaire et facultative”, mise en œuvre par les éleveurs eux-mêmes.

NOTE * cf. la chronique “Fièvre catarrhale ovine : le fracas européen”, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 2008;2(10):362.

Références 1. Paton J, King DP, Knowles NJ, Hammond J. Recent spread of foot and mouth disease in the Far East. Vet. Rec., 2010;166:569-70. 2. Promed 2010 0720. 2432 - Foot and mouth disease - Russia (ZabayKalye) OIE, serotype O, SEA topotype.

La rage continue aussi d’évoluer

La rage poursuit son bonhomme de chemin aux États-Unis, sur l’ensemble du territoire et chez l’ensemble des espèces mammifères sensibles (domestiques et sauvages), y compris chez des chats qui ont griffé des enfants.

Dans le même ordre d’idée, une petite région de l’Italie du Nord (Provinces d’Udine et de Belluno), proche de l’Autriche, a subi une réintroduction depuis octobre 2008 de la rage vulpine ; celle-ci continue à se propager vers le sud et a fait perdre récemment à l’Italie son statut de pays indemne acquis en 1997. n été, vraiment rien ne s’arrête plus ! ¿ Zénon

ACTUALITÉS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°14 JUIN/JUILLET 2010 - 239


actualités en perspective

résultats originaux

un quart de siècle

d’encéphalopathie spongiforme bovine Carole Sala Didier Calavas

en France et en Europe L’épidémiologie complexe de l’encéphalopathie spongiforme bovine a été progressivement élucidée, mais des interrogations subsistent. Les mesures réglementaires de surveillance, de dépistage et de contrôle de la maladie ont évolué en parallèle avec les connaissances acquises, et sous la pression de l’opinion publique.

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ar son caractère épizootique et zoonotique, l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) a touché durement et durablement la filière bovine et a marqué les esprits au travers de trois importantes crises sanitaires européennes (1990, 1996, 2000) [25].

Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la description des premiers cas en GrandeBretagne. Au cours de ces années, l’effort de recherche a permis d’accroître considérablement les connaissances sur les encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) (encadré 1), et plus spécifiquement sur l’ESB, contribuant à la mise en place de mesures de contrôle et de surveillance efficaces.

Anses-Laboratoire de Lyon Unité Epidémiologie 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

La maîtrise de l’épizootie d’ESB dans la plupart des pays européens qui ont reconnu la maladie a récemment conduit à poser la question de l’allègement des mesures de surveillance et de contrôle.

Cette synthèse propose de revenir sur l’ESB classique, sur les différents aspects de son épidémiologie, et sur la manière dont celle-ci a influencé les différentes mesures réglementaires prises au niveau européen pour le suivi et la maîtrise de la maladie.

Objectif pédagogique Connaître les données disponibles sur l’encéphalopathie spongiforme bovine et apprécier l’efficacité des différentes mesures de lutte.

UNE MALADIE AUX CARACTÉRISTIQUES PARTICULIÈRES La source de contamination des animaux

Dès 1988, les première études épidémiologiques ont permis d’identifier les farines de viande et d’os (FVO) comme la principale source de contamination des animaux [28]. Au moment où l’ESB a pris une forme épizootique au Royaume-Uni, l’utilisation des FVO n’était cependant pas nouvelle. Il a alors été suggéré que la modification du processus d’extraction des graisses et l’abaissement des températures de chauffage, mis en place pour des raisons économiques et technologiques à la fin des années 80, pouvaient être à l’origine de la moindre inactivation de l’agent pathogène et de son

Essentiel L’utilisation des farines de viande et d’os a été la principale source de contamination des bovins. L’origine de l’ESB classique n’est pas encore totalement élucidée. Récemment, la mise en évidence de formes atypiques d’ESB (types L et H) et les résultats des transmissions de ces souches dans des modèles expérimentaux ont relancé le débat sur l’origine de l’ESB.

Encadré 1 - Les encéphalopathies spongiformes transmissibles animales et humaines Les EST sont des maladies neuro-dégénératives affectant les mammifères, d’évolution lente et systématiquement fatale. L’étiologie des EST est variée : elle peut être acquise, génétique ou le plus souvent dite “inconnue” [25].

Les EST sont réparties en maladies : - animales : tremblantes classique et atypique, ESB classique et atypiques L et H, encéphalopathie transmissible du vison, maladie du dépérissement chronique des cervidés, l’encéphalopathie transmissible des félidés [25] ; - humaines : maladie de Creutzfeldt-Jakob (formes sporadiques, génétiques, iatrogènes et variant lié à l’ESB), Kuru, Insomnie Familiale Fatale et syndrome de Gerstmann-Sträussler-Scheinker.

Toutes les EST sont transmissibles, certaines sont contagieuses : tremblante classique, maladie du dépérissement chronique des cervidés.

D’un point de vue anatomopathologique, les EST sont caractérisées par des lésions localisées

dans le système nerveux central (SNC), suite à l’accumulation dans les cellules d’une forme anomale [notée PrPsc (Protéine Prion scrapie like)] d’une protéine cellulaire [notée PrPc (Protéine Prion cellulaire)] naturellement encodée par le génome de l’hôte. - La mise en évidence des lésions et de la PrPsc est l’élément clé du diagnostic de certitude des EST. En effet, les EST sont caractérisées par l’absence de réaction immunitaire tout au long du processus infectieux. La faible spécificité de la clinique, reflétant l’atteinte du SNC, ne permet d’établir qu’une suspicion de la maladie. - Le diagnostic de certitude des EST est tardif puisqu’il est possible uniquement post-mortem et l’accumulation de PrPsc n’est décelable qu’à la fin de la période d’incubation de la maladie. Celle-ci peut durer de quelques années à plus d’une dizaine d’années.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 241


approche pratique : comment définir une stratégie de traitement des vaches laitières au tarissement

Henri Seegers1 Pierre Billon1 Philippe Roussel1 Francis Sérieys2 Marylise Le Guénic3 Nathalie Bareille1

Quelles sont les stratégies de traitement au tarissement pertinentes pour un contexte épidémiologique donné de troupeau ? Au vu du contexte actuel et à venir, est-il possible d’utiliser moins d’antibiotiques ?

1 UMT Santé des Bovins, Institut de l’Elevage-Oniris-INRA, UMR BIOEPAR, BP 40706, 44307 Nantes Cedex 03 2 Filière Blanche, 12 Quai Duguay Trouin, 35000 Rennes 3 Chambres d’Agriculture de Bretagne, Recherche Appliquée - Pôle Herbivores, BP 398, 56009 Vannes Cedex

L

e traitement antibiotique systématique des vaches laitières au moment de leur tarissement est l’un des fondements des programmes de maîtrise des infections mammaires développés à partir des années 70. Il est actuellement appliqué par la très grande majorité des éleveurs, pour guérir les infections persistantes survenues pendant la lactation et prévenir l’apparition des nouvelles infections pendant la période tarie.

Aujourd’hui, le recours systématique au traitement antibiotique au tarissement est remis en cause, pour de multiples raisons : - le développement des exploitations agrobiologiques : dans leur cahier des charges, les antibiotiques ne sont autorisés qu’à des fins curatives ; - l’inquiétude croissante vis-à-vis de l’antibiorésistance ; - les risques de résidus inhibiteurs ; - et la limitation des coûts de production.

Des stratégies alternatives au traitement antibiotique systématique au tarissement se sont développées, comme le traitement sélectif, qui consiste à ne réaliser un traitement antibiotique que sur une partie des animaux taris, ou à mettre en place un obturateur interne de trayon.

Une assez large gamme de possibilités est donc disponible, à base d’association ou d’usage complémentaire d’un traitement antibiotique et de l’obturateur de trayon. Les règles de sélection varient lorsque ces traitements sont utilisés de manière sélective.

Afin de formuler des recommandations ou des indications à valeur générale, il convient d’évaluer les différentes stratégies de traitement au tarissement en fonction de situations épidémiologiques. Plusieurs cas de figures ont donc été étudiés.

Objectifs pédagogiques Connaître les différentes stratégies à adopter, pour un troupeau de vaches laitières. Savoir prendre en compte le contexte épidémiologique.

Caractériser la situation épidémiologique du troupeau avant de choisir une stratégie proprement dite (photo H. Seegers)

Encadré 1 - Les points clés pour les stratégies de traitement Les points clés sont : - les interactions entre la prévalence des infections au tarissement et l’efficacité curative du traitement ; - le risque de nouvelles infections au cours de la période tarie et l’efficacité préventive du traitement.

Ceci a fait l’objet d’un programme de recherche et de synthèse des connaissances acquises, grâce notamment à des travaux de modélisation/ simulation [1, 5, 6].

Ces résultats permettent de proposer une méthode pratique. Nous ne reprenons pas ici les travaux dans leur ensemble, ni la bibliographie, mais nous montrons comment : 1. caractériser la situation épidémiologique du troupeau ; 2. choisir une stratégie proprement dite (encadré 1, photo).

La réduction du nombre de traitements antibiotiques s’intègre dans une stratégie d’ensemble.

Essentiel Pour évaluer la fréquence des infections chez les vaches à tarir, s’appuyer sur les valeurs de concentrations du lait en cellules somatiques des 12 derniers mois de l’ensemble des vaches du troupeau : elles reflètent assez bien la fréquence des infections chez les vaches.

RUMINANTS

CARACTÉRISER LA SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE DU TROUPEAU La situation d’un troupeau peut être appréciée en deux temps principaux, et un 3e temps plus secondaire.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

17

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 249


mammites à mouches

Céline Pouget FODSA-GDS12 Avenue des Ebénistes ZA Bel-Air 12032 Rodez Cedex

Objectif pédagogique Connaître les mammites d’été et leur étiologie.

en Aveyron comment les prévenir et les traiter ? Les mammites d’été sont reconnues depuis plus de 20 ans. Elles sont difficilement contrôlables en l’état actuel des connaissances, et laissent trop souvent les éleveurs démunis devant leurs conséquences significatives. Cet article témoigne des observations et des actions menées en Aveyron.

L

es cas de mammites d’été ou mammites à mouches ont explosé depuis quelques années sur le département de l’Aveyron. En 2008 et en 2009, le nombre d’animaux atteints a été particulièrement élevé, entraînant des pertes économiques importantes. Nous proposons de faire le point sur ces mammites ainsi que sur les actions préventives et curatives conduites sur le département de l’Aveyron.

Essentiel Les mammites à mouches

CLINIQUE ET IMPACT DANS LES CHEPTELS AVEYRONNAIS

taries touchées dans une seule exploitation ; 2. sur 21 exploitations de bovins lait touchées : en moyenne, deux génisses et une vache tarie sont atteintes par exploitation, soit 19 p. cent des génisses et 5 p. cent des vaches.

Données épidémiologiques

Signes cliniques

Les mammites d’été surviennent généralement de juin à septembre, au pâturage. Dans l’Aveyron, la majorité des animaux atteints sont des vaches allaitantes taries, ainsi que des génisses allaitantes et laitières. Des cas de mammites ont été recensés sur des génisses d’un an.

Trois régions aveyronnaises ont été très touchées en juin-juillet : l’Aubrac, le Lévézou et les Monts Lacaune. Ce sont trois régions d’altitude (altitude > à 600-700 m) (photo 1).

En Angleterre, les zones boisées, de faible altitude et peu ventées ont été identifiées comme des zones à risque [2].

Une enquête réalisée dans la région du Lévézou dans des exploitations atteintes de mammites, au cours de l’été 2008, a permis de dresser un 1er bilan : RUMINANTS 1. sur 86 exploitations bovins viande touchées : - en moyenne, une génisse et quatre vaches taries sont atteintes par exploitation, soit 14 p. cent des génisses et 8 p. cent des vaches ; Crédit Formation Continue : - le nombre d’animaux atteints peut être très 0,05 CFC par article important, avec un maximum de 40 vaches touchent essentiellement des vaches taries et des génisses. Le quartier atteint est en général perdu. Les mouches Hydrotaea irritans sont fortement suspectées comme vecteur responsable, mais une seule étude a été capable de montrer leur implication.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 254 - JUIN/JUILLET 2010

1

Relief de l’Aveyron et zones de mammites à mouches (photo CAUE Midi-Pyrénées).

22

Les animaux atteints présentent un trayon gonflé, et le quartier correspondant devient rapidement dur et douloureux. Les sécrétions lactées prennent une consistance épaisse, purulente, et dégagent une odeur nauséabonde.

Un ou plusieurs quartiers peuvent être infectés.

Des abcès se développent dans les quartiers atteints, et peuvent percer à travers la peau ou vers d’autres quartiers.

L’animal est fiévreux et souvent boiteux. La gravité clinique est variable d’une vache à l’autre. La mammite peut ne devenir apparente qu’après la mise bas suivante.

Le pronostic est sombre car les lésions sont souvent importantes, et le quartier est en général perdu.

ÉTIOLOGIE DES MAMMITES À MOUCHES

Plusieurs espèces bactériennes ont été incriminées. Arcanobacterium pyogenes est l’agent pathogène prédominant, mais d’autres agents ont aussi été isolés, tels que


résultats originaux

traitemement des mammites et résistance bactérienne chez les vaches laitières

L’antibiorésistance est une conséquence de mieux en mieux connue de l’utilisation des antibiotiques. En élevage bovin laitier, le traitement et la prévention des mammites sont associés à un large usage des antibiotiques. On peut s’interroger sur l’importance de l’antibiorésitance chez les germes associés aux mammites (cliniques ou subcliniques) et sur la corrélation entre l’importance de l’utilisation d’un antibiotique et celle du développement de l’antibiorésitance associée.

L

a place spécifique des traitements contre les mammites n’est pas bien connue, les données sur les outils thérapeutiques utilisés en filière bovine sont en effet peu nombreuses [5, 8, 9]. Parmi les traitements utilisés, les antibiotiques tiennent une place importante. Leur bon usage est indispensable pour :

- maximiser l’efficacité thérapeutique ; - garantir l’innocuité du traitement pour l’animal ;

- éviter la présence de résidus dans le lait et la viande ; - limiter la sélection de micro-organismes résistants, afin de préserver l’efficacité à plus large échelle du médicament antibiotique.

Émilie Gay Nathalie Jarrige Géraldine Cazeau Didier Calavas AFSSA Lyon 31, avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

Figure 1 - Formulaire d’enquête auprès des vétérinaires Enquête sur l’utilisation des antibiotiques Vous et votre activité Date de renseignement du questionnaire

Objectif pédagogique Connaître les principaux antibiotiques utilisés pour le traitement des mammites et les résistances qui leur sont liées.

N° dépt jj

mm

aa

Type d’exercice Exercice libéral (SCP, SCI…) Vétérinaire conseil (coopératives, GDS, …) , précisez Indiquez les deux principales espèces auprès desquelles vous intervenez (bovine, ovine, caprine, canine, équine…) Principale Secondaire En filière bovine, dans quel type de production intervenez-vous majoritairement ? (une seule réponse possible) Allaitant Atelier jeunes bovins de boucherie Laitier Atelier de veaux Autre, précisez

Votre dernière prescription d’antibiotiques sur un bovin Le bovin traité Les antibiotiques utilisés Date de la prescription jj

mm

aa

Médicament utilisé Antibiotique 1 (nom déposé)

Antibiotique 2 Motif (nom déposé) préventif Voie d’administration (IV, intramammaire, sous-cutanée, …) curatif Antibiotique 1 métaphylaxie (nom déposé) Antibiotique 2 (nom déposé) Type de production concerné Dose par administration Allaitant

Traitement individuel de groupe

NOTES * L’Afssa : agence française de sécurité sanitaire des aliments devenue l’Anses : agence nationale de sécurité sanitaire **SNGTV : société nationale des groupemtns techniques vétérinaires.

(précisez ml/kg ou mg/kg)

Laitier Atelier de jeunes bovins de boucherie Atelier de veaux Autre, précisez

Antibiotique 1 (nom déposé)

Antibiotique 2

Essentiel

(nom déposé)

Fréquence d’administration

Les bêta-lactamines

(x/jour, x tous les 2 jours, …)

Antibiotique 1 (nom déposé)

Diagnostic

et les fluoroquinolones sont les molécules les plus fréquemment prescrites par les vétérinaires. Les aminosides et les polypeptides sont les molécules les plus souvent employées directement par les éleveurs.

Antibiotique 2 (nom déposé)

Le contexte de la prescription Il s’agit d’un traitement de 1re intention

(sans intervention préalable de l’éleveur ou d’un autre vétérinaire)

après échec thérapeutique

Nombre total d’administrations prescrites Antibiotique 1 (nom déposé)

Antibiotique 2 (nom déposé)

Ce traitement a eu lieu sans prélèvement avec prélèvement pour isolement bactérien sans antibiogramme avec prélèvement pour isolement bactérien et antibiogramme après un résultat d’antibiogramme Indiquez les deux principaux critères de choix de l’antibiotique (efficacité, facilité d’emploi, coût, temps d’attente, résultat d’antibiogramme, …)

Antibiotique 1

1 2

Antibiotique 2

1 2

Si la résistance des germes isolés de mammites reste globalement faible, celle-ci est à surveiller, et le lien entre utilisation des antibiotiques et résistances est à étudier [6].

Dans cette perspective, cet article présente les résultats de deux enquêtes, l’une sur l’utilisation des antibiotiques par les vétérinaires et par les éleveurs en filière bovine, l’autre sur les bactéries isolées de laits de mammites cliniques et subcliniques.

Le registre sanitaire a-t-il été renseigné à l’occasion de cette prescription ? oui non ne sais pas pas de registre sanitaire d’élevage

RUMINANTS LES ANTIBIOTIQUES UTILISÉS POUR LE TRAITEMENT DES MAMMITES

Une enquête a été mise en place auprès des vétérinaires [3, 4], et une autre auprès des éleveurs, en 2006 et en 2007 par l’Afssa*-Lyon et par la SNGTV**.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

25

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 257


prévalence dans les laits de mammites bovines résultats originaux

des bactéries pathogènes

et de leurs résistances aux antibiotiques

résultats d’une enquête Rhône-Alpes Le traitement des mammites des vaches laitières repose souvent sur l’usage d’antibiotiques. La connaissance des agents pathogènes responsables et de leurs résistances, qui permet le choix d’antibiotiques appropriés, est rendue nécessaire, à la fois pour préserver l’efficacité des traitements et pour répondre à l’inquiétude actuelle sur les répercussions en santé humaine.

E

n filière bovine laitière, les antibiotiques sont principalement utilisés pour le traitement et la prévention des mammites [14], et ils représentent un coût économique important [7].

Or, il a été démontré qu’utiliser des antibiotiques peut sélectionner des bactéries résistantes [3], même si ce phénomène semble moins avéré dans le cas des pathogènes isolés de mammites [6]. Ainsi, l’antibiorésistance peut être une cause d’échec de traitement, elle peut aussi entraîner des échecs thérapeutiques lors d’autres affections, par transfert de gènes de résistance.

Dans un contexte où l’interdiction éventuelle pour les soins aux animaux de certains antibiotiques communs à la médecine humaine pourrait avoir de lourdes conséquences pour la santé animale, il est indispensable d’identifier et de quantifier les agents pathogènes et leurs résistances, afin d’évaluer l’adéquation de l’arsenal thérapeutique disponible, de l’adapter, et de préserver son efficacité à plus large échelle.

L’étude présentée dans cet article a été conçue et mise en place par les unités Épidémiologie et Bactériologie de l’Afssa* Lyon, en collaboration avec les vétérinaires de la Fédération des éleveurs et vétérinaires en convention (FEVEC), dans la région Rhône-

NOTE * Afssa : agence française de sécurité sanitaire des aliments, devenue Anses : agence nationale de sécurité sanitaire.

Émilie Gay1 Marisa Haenni1 Philippe Sulpice2 Jean-Yves Madec1 Didier Calavas1 1 AFSSA Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07 2 Fédération des Eleveurs et Vétérinaires En Convention Le Thévenon 69850 Saint Martin en Haut

Objectifs pédagogiques Connaître les principales

1

Culture de Staphylocoques (photo Afssa Lyon).

Alpes, en 2007 et en 2008, afin de décrire les bactéries impliquées dans les mammites cliniques et subcliniques dans la filière bovine laitière en Rhône-Alpes, et de quantifier leurs résistances aux antibiotiques [2].

bactéries impliquées dans les mammites cliniques et subcliniques chez les bovins. Connaître les principales résistances des bactéries à l’origine de mammites bovines.

PROTOCOLE DE L’ÉTUDE Le recrutement des cas, les modalités du recueil des prélèvements et les analyses réalisées sont présentés dans l’encadré. LES RÉSULTATS Les élevages enquêtés et les échantillons collectés Un total de 264 éleveurs a participé à l’étude. Parmi eux, 217 éleveurs ont réalisé des prélèvements de mammites cliniques, et 232 ont fourni des prélèvements de mammites subcliniques.

Durant les 15 mois de la période d’enquête (incluant la période de recrutement des éleveurs), 1770 échantillons ont été collectés, parmi lesquels 1420 étaient exploitables : 707 de mammites cliniques, et 713 de mammites subcliniques. Ceci a permis de constituer une base de 1631 isolats.

Essentiel Les bactéries les plus fréquemment isolées de lait : - de mammites cliniques sont : Streptococcus uberis, Escherichia coli, les staphylocoques coagulase positive ; - et de mammites subcliniques : les staphylocoques (coagulase positive et coagulase négative), les streptocoques (S. dysgalactiae et S. uberis).

Les bactéries isolées de mammites

RUMINANTS

Lors de mammites cliniques

Parmi les 707 échantillons, 612 ne contenaient qu’une seule espèce bactérienne, et 95 en contenaient deux, ce qui a conduit à 802 isolats.

Les trois bactéries les plus fréquemment isolées de mammites cliniques étaient (figure 1) :

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

31

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 263


la visite d’élevage en production porcine 1re partie La compétence du vétérinaire intervenant en élevage porcin est étroitement liée à son aptitude à analyser tous les paramètres de l’élevage, sans se limiter aux aspects infectieux, qui restent sa prérogative.

L

a visite d’élevage est un acte banal pour tout vétérinaire, mais il n’est pas toujours facile de faire un point exhaustif des éléments essentiels.

De mieux en mieux codifiée, la visite d’élevage telle qu’elle est pratiquée par le vétérinaire doit prendre en compte tous les aspects de l’écosystème porcin pour aborder les difficultés sanitaires sous un angle large et complet que Tillon a qualifié “d’écopathologie” (Tillon, 1980, 1986). Nous essayons ici de les balayer en insistant sur les plus importants. Le descriptif n’est pas détaillé car le sujet est vraiment large, mais il reprend la présentation qu’en a fait Tillon dans les années 80, dans une perspective de l’évolution de la production. Celle-ci est marquée par l’amélioration des conditions de logement, par l’augmentation de la taille des élevages et par la multiplication des élevages sur plusieurs sites avec délocalisation de l’engraissement. Le même type de démarche est développé et codifié dans d’autres pays (Blocks et coll, 1994). LES DIFFÉRENTES SORTES DE VISITES La réglementation française prévoit au moins une visite annuelle générale de l’élevage et une visite pour la réévaluation du protocole de soins. La visite annuelle La visite annuelle permet de dresser un bilan sanitaire d’élevage (BSA). Elle est indispensable pour que le vétérinaire puisse prescrire des médicaments. Que l’élevage rencontre ou non des difficultés particulières, la situation doit être examinée en détail, pour faire un état des lieux et diagnostiquer la cause des troubles et proposer des mesures correctives, ou simple-

Arlette Laval Département Santé des Animaux d’Élevage et Santé Publique Unité de Médecine des Animaux d’Élevage Oniris Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

Objectif pédagogique Savoir analyser les paramètres d’un élevage pour en optimiser la santé et les performances.

1

Jeune verrat Piétrain de race pure : dans la plupart des cas, le diagnostic porte sur les animaux faisant l’objet des troubles (photo A. Laval).

ment pour améliorer la rentabilité ou le fonctionnement de l’élevage. Il est en effet toujours possible de proposer des mesures qui améliorent la rentabilité de la production, même si aucune difficulté particulière n’est mentionnée à première vue.

Cette visite suit un programme qui se déroule de manière rigoureuse afin d’évaluer tous les postes de l’élevage. Elle permet d’établir le protocole de soins aux animaux (PSA), c’est-à-dire le programme de prévention adapté à l’élevage qui permet au vétérinaire de prescrire sans faire de visite pour chaque renouvellement d’ordonnance.

Ce programme doit prendre en compte toutes les informations disponibles : - résultats d’analyses ; - problèmes médicaux rencontrés au cours de l’année ; - programmes de vaccination, en faisant l’inventaire des affections diagnostiquées sur la base d’analyses de laboratoire et de contrôles à l’abattoir.

Le protocole de soins aux animaux est mis à jour au moins une fois par an. Tout changement nécessite une visite préalable et, dans tous les cas, une visite de suivi est obligatoire une fois par an, en plus du BSA (bilan sanitaire d’élevage).

D’autres visites réglementaires peuvent être mises en œuvre dans le cadre de la certification du statut de l’élevage (contrôles sanguins pour la Maladie d’Aujeszky, le SDRP, …) ou des contrôles pour l’exportation. Dans ce cas, le vétérinaire rend compte de son travail à l’administration et doit néces-

Essentiel La visite du vétérinaire ne doit pas se limiter aux aspects strictement médicaux. Tous les paramètres de l’élevage doivent être pris en compte même si certains sont plus importants que d’autres, selon les troubles dominants. La réalisation des autopsies et des examens de laboratoire sont indispensables. Les grands effectifs facilitent le choix des sujets à prélever et rendent les coûts financièrement acceptables.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

PORCS

37

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 269


enjeux économiques

la production porcine au Danemark mégafermes, environnement et compétitivité Avec 10 p. cent de la production porcine européenne, le Danemark est le 4e pays producteur de porcs de l’Union Européenne à 15. Alors que plus de 90 p. cent de sa production est exportée, dont 25 p. cent hors de l’UE, il est particulièrement confronté à la concurrence internationale. Cet article fait la synthèse d’une étude réalisée par l’IFIP* en 2008/09** sur l’évolution des structures d'élevages dans ce pays, leur niveau de performances, de compétitivité, et sur les choix faits pour maîtriser l’impact environnemental.

A

vec 12,8 millions de têtes en 2010, le cheptel porcin danois s’est accru de 36 p. cent par rapport à 1990. La croissance de la production s’accompagne d’une mutation du modèle d’élevage, et de l’ensemble de la filière, qui s’accélère ces dernières années : le nombre d’exploitations se réduit, leur taille moyenne s’accroît rapidement, et leur statut évolue vers celui de l’entreprise. La crise financière et économique mondiale de 2009 a cependant stoppé, au moins pour un temps, cette croissance continue. En 2 ans, le cheptel de truies du pays a recu-

lé de 8 p. cent, mais la reprise semble amorcée au 1er semestre 2010.

Cet article présente les modalités de cette restructuration très rapide qui affecte la production porcine danoise, et s’interroge sur les facteurs qui l'ont rendue possible. LA GRANDE MUTATION L’ancien modèle

L’ensemble des phases de production de la viande de porc étaient traditionnellement réalisées au Danemark même, depuis des décennies : - naissance et engraissement des animaux ; - abattage / découpe ; - transformation, en pièces et en produits finis. La plus grande partie de la viande produite (de 80 à 90 p. cent) était ensuite exportée. La stratégie économique danoise était résolument celle de produire une valeur ajoutée maximale sur son territoire, jouant la segmentation à partir d’études de marché des pays cibles, et d’infrastructures commerciales internationales très développées.

L’évolution récente

En 2009, le Danemark a exporté sept millions de porcelets, et plus d’un million de porcs charcutiers, principalement vers l’Allemagne, ce qui représente près de 30 p. cent des 27 millions de porcelets produits.

Initiées à la fin des années 90, ces exportations en vif ont triplé depuis 2004, année de l’élargissement de l’Union Européenne

Figure 1 - Production et consommation du porc export en vif par le Danemark (IFIP d’après Statistics Denmark)

Production et consommation de porcs

Milliers de tec

2 000

300

Production

Pôle Economie, IFIP-Institut du porc La Motte au Vicomte BP 35104 35651 Le Rheu Cedex

Objectif pédagogique Connaître la mutation de grande ampleur de la production porcine au Danemark, et en identifier les raisons.

NOTES * IFIP - Institut du porc : French institute for pig and pork industry ** Étude financée par le CASDAR, rapport complet disponible à l’IFIP http://www.ifip.asso.fr/publications-ifip-institut-du-porc.html

Essentiel Au Danemark, l’exploitation familiale des années 90, avec 50 à 100 truies associant le naissage et l’engraissement, a laissé place à une entreprise de naissage de 1000 à 2000 truies, qui repose sur une main-d’œuvre salariée et sur des capitaux importants, et qui vend ses porcelets à des engraisseurs.

Exportation de porcs vivants

Milliers de tonnes équivalent carcasses (tec) 1 900

Christine Roguet Boris Duflot

250

1 800

200

Crédit Formation Continue :

1 700

150

0,05 CFC par article

1 600

100

Abattages

1 500 1 400 1995 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10* *Prévision

50

COMPRENDRE ET AGIR

0 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10* *Prévision

43

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 275


étude-terrain

résultats originaux

circulation du virus B.V.D. dans les ateliers d’engraissement en région Pays de la Loire (France) chez de jeunes bovins

Frédéric Lemarchand1 Pascal Fanuel2 Roland Gasnier3 Sébastien Assié4 Christophe Thévenot4 Alain Douart4 Jean-Luc Cheval5 Catherine Couroussé5 Sophie Letard5

Le virus de la maladie des muqueuses, ou diarrhée virale bovine, participe à l’étiologie des troubles respiratoires, qui sont un problème majeur dans la filière des jeunes bovins de boucherie. La prévalence de ce virus en atelier d’engraissement rend la vaccination systématique intéressante.

1 130,

rue des Aubépines, 44440 Pannece La Blanchardière, BP 11, 44522 Mesanger (jusqu’en mars 2007) 3 Vétérinaire Consultant 44470 Carquefou 4 Médecine des animaux d’élevage, Oniris BP 40706, 44307 Nantes Cedex 5 Institut Départemental d’Analyse et Conseil, IDAC, 44000 Nantes 2 TER’ELEVAGE,

D

Objectifs pédagogiques Connaître la prévalence d'infection par le virus BVD de jeunes bovins de boucherie à la mise en lot. Connaître la dynamique de circulation du virus BVD dans les 150 premiers jours d'engraissement. Établir un schéma de prévention vaccinal sur la base de données épidémiologiques.

e nombreuses études soulignent l’importance du virus de la maladie des muqueuses, ou diarrhée virale bovine (B.V.D.), dans l’étiologie des maladies respiratoires des jeunes bovins à l’engraissement [4, 10].

Les troubles respiratoires représentent à eux seuls 75 p. cent de la morbidité en début d’engraissement, dans une étude récente sur les jeunes bovins en atelier d’engraissement [2], et 13 p. cent des animaux mis en lot développent une maladie respiratoire.

La recherche de méthodes de gestion zootechniques et médicales, économiquement rentables, de ces troubles est donc une des préoccupations principales des acteurs de la filière jeunes bovins.

Deux études complémentaires ont été menées en élevage, sur 2 ans, pour juger de l’opportunité d’associer systématique-

1

les jeunes bovins de boucherie sont allotés vers 9 à 18 mois et sont ensuite abattus vers 18 mois.

ment la valence B.V.D. dans la stratégie vaccinale mise en place au centre d’allotement, dans le cadre du plan sanitaire d’élevage de l’union de groupement Ter’Élevage, groupe Terrena*, coopérative agricole de l’ouest de la France (encadré 1). Ces deux études avaient pour objet : 1. pour l’étude n°1, d’estimer la prévalence des jeunes bovins infectés permanents immunotolérants (I.P.I.) au virus B.V.D. à l’entrée en atelier d’engraissement ; 2. pour l’étude n°2, d’estimer la séroprévalence des jeunes bovins vis-à-vis du virus B.V.D. à la mise en lot et après 150 jours

NOTE

* Terrena, La Noëlle BP 199, 44155 Ancenis.

Encadré 1 - La production de jeunes bovins en Pays de la Loire

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

ÉTUDES TERRAIN

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 280 - JUIN/JUILLET 2010

Dans la région Pays de la Loire, l’engraissement est réalisé dans différentes catégories d’ateliers : - des engraisseurs spécialisés, qui n’ont pas d’autre activité d’élevage ; - des engraisseurs non spécialisés (naisseursengraisseurs avec ou sans achat), pour lesquels l’engraissement de petits lots est un complément d’activité, à un atelier d’élevage laitier, allaitant, ou de polyculture par exemple.

Les animaux, d’origine laitière ou de race à viande selon les ateliers, sont allotés vers 9 à 10 mois d’âge (poids moyen de l’ordre de 350 kg), et sont ensuite abattus vers 18 mois, avec un objectif de poids de sortie de 750 à 800 kg (gain moyen quotidien de l’ordre de 1500 g/j).

48

Hormis dans les élevages “naisseurs-engraisseurs sans achat” qui n’engraissent que des animaux nés sur l’exploitation, des jeunes bovins achetés viennent constituer ou compléter les lots d’engraissement.

Ces jeunes bovins proviennent en général de plusieurs élevages naisseurs, issus de différents bassins français de production de jeunes bovins.

Les jeunes bovins sont d’abord regroupés dans des centres d’allotement, avant d’être envoyés chez les engraisseurs (photo 1). Chiffres : Avec 8 700 éleveurs et 221 600 jeunes bovins mis en place, la région Pays de la Loire a produit, en 2002, 25 p. cent des jeunes bovins engraissés en France [1].


oligoélements

résultats originaux

hormones thyroïdiennes variations physiologiques

et relation avec l’iode et le sélénium Arnaudies1

Odile François Schelcher1 Didier Raboisson1 Catherine Viguié2 Véronique Gayrard2 Nicole Picard-Hagen1, 2

chez les bovins L’interprétation des profils dits “métaboliques” fréquemment réalisés en élevage lors de trouble chronique, récurrent ou mal identifié, est difficile. Une étude sur les profils en oligoéléments et sur les concentrations en hormones thyroïdiennes, déterminés sur 101 bovins, permet d’évaluer l’hormone thyroïdienne la plus pertinente pour explorer la fonction thyroïdienne, et les relations entre l’iode, le sélénium et les hormones thyroïdiennes.

1 Département

Élevage et Produits, École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex

2 UMR

181 INRA/ENVT Physiopathologie et Toxicologie Expérimentales

Objectifs pédagogiques Connaître la signification biologique des profils en oligoéléments, classiquement réalisés, qui incluent la thyroxine. Savoir interpréter les profils en oligoéléments et en thyroxine, lors d’affection dans un troupeau.

L

Essentiel Seules des carences conjointes en iode et en sélénium peuvent modifier le statut thyroïdien. La thyroxine (T4) est le principal marqueur de l’activité de la glande thyroïdienne.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

COMPRENDRE ET AGIR

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 286 - JUIN/JUILLET 2010

es hormones thyroïdiennes participent à la régulation des métabolismes énergétique, lipidique et protéique, et agissent sur la croissance et le développement du fœtus et du jeune, notamment au niveau du système nerveux central [15].

Un dysfonctionnement thyroïdien peut donc entraîner des modifications du métabolisme, qui se traduisent par des perturbations de la production ou de la santé des ruminants (photo 1).

À l’inverse, toute affection générale, non thyroïdienne, aiguë ou chronique, peut être associée à des perturbations du bilan thyroïdien, en raison notamment du mécanisme adaptatif de l’organisme, limitant le catabolisme. Ces dysfonctionnements sont appelés chez l’homme “dyshormonémies des affections non thyroïdiennes” [6].

L’iode est un oligo-élément constitutif des hormones thyroïdiennes, et le sélénium intervient dans la biosynthèse des hormones thyroïdiennes, notamment dans la désiodation de la thyroxine (T4) en triiodo-thyronine (T3) par une enzyme sélénodépendante, la 5’désiodase (encadré 1, figure 1 cf. infra dans discussion).

Lors de troubles observés dans un troupeau ou de maladies de production en élevage bovin, il est classique de réaliser un profil en oligoéléments (iode, zinc, cuivre, activité glutathion peroxydase ou GSH per-

54

Goitre chez une vache Prim’Holstein : la glande thyroïde est augmentée de volume (animal non inclus dans l’étude) (photo Pathologie de la reproduction, ENVT).

oxydase, qui reflète les apports de sélénium), associé à un dosage de la thyroxine.

Dans la majorité des troupeaux bovins, des concentrations faibles en iode organique plasmatique sont observées, et ne sont pas toujours associées à des concentrations basses en thyroxine (T4). L’interprétation de ces examens complémentaires est donc difficile, et la conduite à tenir n’est pas évidente pour le praticien. Le statut iodé à lui seul a-t-il une importance biologique ou faut-il l’interpréter en regard du statut thyroïdien ?

Le but de cette étude expérimentale est de donner un sens biologique aux profils en oligoéléments qui incluent la thyroxine, et de répondre aux questions suivantes : - quelle hormone thyroïdienne (T4 ou T3, forme libre ou forme liée) est la plus pertinente pour évaluer le statut thyroïdien chez les bovins : l’hormone produite par la glande thyroïdienne, la T4 (activité de la glande), ou l’hormone thyroïdienne active, la T3 (effets des hormones thyroïdiennes) ? - existe-t-il une relation entre les hormones thyroïdiennes et deux oligoéléments qui interagissent avec la fonction thyroïdienne, l’iode et le sélénium ? MATÉRIELS ET MÉTHODES L’étude a été réalisée sur une plasmathèque de 101 vaches, prélevées en 2006,


FORMATION MÉDICALE

CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie

3e série

revue internationale

d’articles

un panorama des meilleurs articles

analyse de risque en santé animale

Page 70 Sous la direction de François Schelcher et Henri Seegers avec Sébastien Assié, Nicole Picard-Hagen, Didier Raboisson

5. Démarche générale : gestion du risque

et communication relative au risque Cette série d’articles sur le risque aborde successivement les deux grands domaines de l’épidémiologie analytique et de l’analyse de risque : - L’épidémiologie analytique : 1. Introduction (N°11) 2. Le risque relatif (N°12) 3. Le rsique relatif estimé (calcul de l’odds ratio) (N°13) - L’analyse de risque : 4. Démarche générale : l’identification du

- Répétabilité des mesures de la température rectale chez les vaches laitières par Sébastien Assié, Oniris

danger et l’appréciation du risque (N°14) 5. Démarche générale : la gestion du risque et communication relative au risque (N°15) 6. Appréciation du risque en santé animale par Bernard Toma Page 62

- Mycoplasmose des ruminants en France : données récentes du réseau national d’épidémio-surveillance par Sébastien Assié, Oniris

observation originale

étude de cas

- Évaluation des facteurs associés à une mortalité élevée des vaches laitières aux États-Unis par Didier Raboisson (E.N.V.T.)

un foyer de mammites et de pneumonies dues à Mycoplasma bovis Sébastien Assié, Noura Cesbron, Raphaël Guattéo, Lucie Trencart, Yves Buret, Dominique Le Grand, Alain Douart

- La monte naturelle avec des taureaux expérimentalement infectés par Neospora caninum n’a pas entraîné de séroconversion des femelles par Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.) - Approche clinique fondée sur la bactériologie et la cytologie utérine pour déterminer les diagnostics faux positifs d’endométrite clinique établis par examen vaginoscopique chez la vache laitière par Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)

La fréquence des infections mammaires à mycoplasmes est mal connue en France. Cet épisode de mammites et de pneumonies dues à M. bovis survenu récemment dans un grand troupeau de l’Ouest de la France est donc particulièrement intéressant. Page 65

61

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 293


comprendre l’épidémiologie

analyse de risque en santé animale

Bernard Toma

5. gestion du risque et communication relative au risque

Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Objectifs pédagogiques Connaître les différentes étapes de la gestion du risque en santé animale. Savoir apprécier la notion de risque acceptable.

NOTE * cf. l’article “Démarche générale, l’identification du danger et l’appréciation du risque”, de Bernard Toma, dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2010;14(3):70-3 .

Après avoir défini la démarche générale d’analyse de risque, identifié le ou les dangers et vu comment apprécier le risque*, cet article explique comment évaluer le risque et comment communiquer sur ce risque.

L

a gestion du risque est le 3e grand volet, chronologique, de la démarche d’analyse du risque. C’est celui qui correspond à la phase d’évaluation du risque (à ne pas confondre avec l’estimation du risque). À l’issue de cette phase, le gestionnaire du risque prend la décision d’accepter ou de refuser le niveau de risque estimé et décide, si besoin, d’étudier les mesures de réduction du risque, nécessaires pour diminuer le risque jusqu’à, ou en dessous d’un niveau jugé acceptable. L’ÉVALUATION DU RISQUE

L’évaluation du risque consiste à comparer son niveau estimé (grâce à la démarche d’appréciation du risque) avec le risque acceptable (encadré).

Initialement, dans la méthode d’analyse de risque en santé animale de l’OIE, la phase d’évaluation du risque était placée au sein du 2e grand volet, celui de l’appréciation du risque, comme étape finale de ce volet. Cette phase d’évaluation a été récemment déplacée et introduite comme étape initiale du 3e volet, la gestion du risque.

Essentiel L'évaluation du risque consiste à comparer le risque acceptable et le risque estimé d'un danger. C’est le décideur qui effectue l’évaluation du risque, et qui décide ou non de la mise en place de mesure de gestion.

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 294 - JUIN/JUILLET 2010

Cette translation est intéressante. Ce nouveau classement indique que : - la définition du niveau acceptable de risque appartient au gestionnaire du risque (le décideur) ; - et que l’évaluation du risque est effectuée par le décideur pour accepter ou non le risque estimé, et pour décider ou non de la mise en place de mesures de gestion du risque. En conséquence, au plan théorique : - si le risque estimé est considéré comme plus élevé que le risque acceptable, des mesures de réduction du risque sont à envisager et une nouvelle appréciation du risque, “réduit” par ces mesures de lutte, est à programmer afin de vérifier si le “risque réduit” est devenu plus faible que le risque acceptable. - En revanche, si le risque estimé est considéré comme inférieur au risque acceptable, il n’est pas nécessaire de poursuivre la démarche de gestion du risque. Cependant, au plan pratique : - Il est rare que le niveau de risque acceptable soit précisément défini. La tendance est souvent d’aller vers un niveau quasi nul pour un risque acceptable, tant pour la décision de mise en œuvre de mesures de gestion du risque que pour celle de la poursuite (ou de l’arrêt) des mesures de gestion du risque. L’exemple de l’ESB et de la poursuite des mesures de dépistage de l’infection à l’abattoir illustre bien cette tendance.

Encadré - La notion de “risque acceptable” Pierre angulaire de toute analyse de risque, la notion de “risque acceptable” se définit comme “un niveau jugé compatible avec la santé, compte tenu d’un ensemble de données épidémiologiques, sociales et économiques”.

Pour un même danger, le niveau de risque acceptable est différent dans l’espace (d’un pays à l’autre) et varie au cours du temps (au sein d’un même pays). Ainsi, il est incontestable que : - en 2010, le risque acceptable d’infection d’origine alimentaire est bien plus bas en France qu’au Bengladesh ; - en France, ce risque acceptable est bien plus bas en 2010 qu’en 1910.

62

Le risque acceptable varie selon qu’il est choisi ou subi. Ainsi, le risque accepté par les fumeurs (risque choisi) est infiniment plus élevé que celui accepté par ces mêmes personnes pour leur alimentation (risque subi, par exemple pour la viande à l’occasion des crises ESB et Influenza aviaire).

La perception du risque peut être très variable et se répercute sur l’acceptabilité du risque. Un risque nouveau, mal connu, est en général perçu de façon plus intense qu’un risque bien connu et ancien (par exemple, la perception plus forte du risque alimentaire d’Influenza aviaire en 2006 par rapport au risque de salmonelloses).


revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème -Journal of Dairy Science (J Dairy Sci) - BMC Veterinary Research - Theriogenology

2010;93(2):624-7, 2008;91:1423-32 2010;6:32 ................................................................................................................................................................................................................................. 2010;sous presse, 2009;71:639-42 ............................................................................................................................... ........................................

............................................................................................................................... ........................................................................................................................................

Physiologie - Zootechnie

Parasitologie - Reproduction

à une mortalité élevée des vaches laitières aux États-Unis

- Répétabilité des mesures de la température rectale chez les vaches laitières

- La monte naturelle avec des taureaux expérimentalement infectés par Neospora caninum n’a pas entraîné de séroconversion des femelles

Reproduction

Épidémiosurveillance - Mycoplasmose des ruminants en France : données récentes du réseau national d’épidémio-surveillance

Zootechnie - Évaluation des facteurs associés

- Approche clinique fondée sur la bactériologie et la cytologie utérine pour déterminer les diagnostics faux positifs d’endométrite clinique établis par examen vaginoscopique chez la vache laitière

Synthèses rédigées par Sébastien Assié, Didier Raboisson, Nicole Picard-Hagen

un panorama des meilleurs articles Physiologie Zootechnie

RÉPÉTABILITÉ DES MESURES DE LA TEMPÉRATURE RECTALE chez les vaches laitières

Objectifs de l’étude

Matériel et méthode

Expérimentation n°5

Déterminer la variabilité des mesures de la température rectale. Évaluer les différences de valeurs obtenues entre quatre thermomètres. Déterminer les effets de la profondeur d’insertion du thermomètre dans le rectum et de la défécation sur la valeur de la température rectale.

Les animaux de l’étude sont des vaches laitières post-partum, traites à 7 h et à 17 h, et qui sont nourries à 6 h et à 16 h.

Pour obtenir les données, toutes les mesures de la température rectale ont été réalisées entre 9 h et 11 h.

Cinq expérimentations ont été conduites.

Pour tester l’effet de la défécation, la température a été mesurée deux fois avant, et deux fois après une défécation.

Expérimentation n°1 La température rectale a été mesurée plusieurs fois pour chaque vache, par le même investigateur, en utilisant le même thermomètre électronique.

Les mesures ont été réalisées pour 33 vaches, dont 16 ayant une température rectale > à 39,4°C.

Dix mesures ont été réalisées en 5 min pour chaque vache.

Expérimentation n°2 La température rectale de 38 vaches a été mesurée par deux investigateurs.

15 de ces 38 vaches avaient une température rectale > à 39,4°C.

Journal of Dairy Science, 2010;93(2):624-7. Repeatability of measures of rectal temperature in dairy cows. Burfeind O, Von Keyserlingk MAG, Weary DM, Veira DM, Heuwieser W. Synthèse par Sébastien Assié, Médecine des Animaux d’Élevage, Oniris, BP 40706 44307 Nantes Cedex 03

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 302 - JUIN/JUILLET 2010

Expérimentation n°3 La variabilité des valeurs obtenues en utilisant quatre thermomètres différents a été testée in vitro et in vivo. Expérimentation n°4 Un investigateur a mesuré la température rectale de 33 vaches (neuf ayant une température > à 39,4°C) en utilisant un seul thermomètre, mais inséré à deux profondeurs différentes dans le rectum (11,5 cm ou 6 cm).

Chacune de ces deux mesures a été réalisée deux fois en 2 min.

70

Résultats Les mesures réalisées par un seul investigateur sont très comparables, signant une répétabilité très élevée (coefficient de variance : 0,2 p. cent).

De même, les mesures inter-investigateurs sont aussi très répétables (différence médiane entre deux investigateurs : 0,1 +/- 0,2°C)

Les valeurs des températures rectales obtenues en utilisant les quatre thermomètres sont très corrélées, mais très légèrement différentes.

Les différences de température rectale avant (38,6 +/- 0,2°C) et après défécation (38,5 +/0,2°C) sont minimes.

Les mesures réalisées à deux profondeurs d’insertion différentes sont très corrélées, mais la température rectale mesurée sont plus élevée quand le thermomètre sont inséré plus profondément (38,8 +/- 0,7°C vs 39,2 +/- 0,8°C).

Discussion La température rectale peut être mesurée de manière répétable entre les vaches laitières.

Le type de thermomètre et la profondeur d’insertion du thermomètre dans le rectum peuvent influencer la mesure obtenue.

Lorsque des procédures standard (SOP ou Standard Operating Procedure), nécessitant la prise de température rectale, sont établies, par exemple pour des protocoles de traitement ou des protocoles expérimentaux, le type de thermomètre et la profondeur d’insertion du ¿ thermomètre devraient être définis.


revue internationale - un panorama des meilleurs articles MYCOPLASMOSE DES RUMINANTS EN FRANCE : données récentes du réseau national d’épidémio-surveillance Méthode

Principaux résultats

VIGIMYC est un réseau national d’épidémiosurveillance des mycoplasmoses de type “passif”, géré par l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire, ex Afssa)*. La décision de rechercher des mycoplasmes est à l’entière initiative du vétérinaire praticien.

Cette recherche est réalisée dans des laboratoires d’analyses vétérinaires locaux.

Quand un laboratoire isole un mycoplasme, il l’envoie à l’Afssa-Lyon pour qu’il soit identifié.

Les résultats sont enregistrés, avec la description du cas, dans une base de données de l’Afssa. Ils sont transmis au vétérinaire et au laboratoire local.

Entre 2003 et 2008, 34 laboratoires ont participé au réseau national d’épidémio-surveillance, et 1904 isolats de mycoplasmes provenant des principales régions d’élevage françaises ont été identifiés.

1. Chez les bovins : - les résultats indiquent une forte prévalence

de Mycoplasma bovis dans les bronchopneumonies, notamment chez les jeunes animaux ; - la non émergence des espèces M. alkalescens et M. canis ; - l’agent de la pleuropneumonie contagieuse n’a jamais été isolé. 2. Chez les chèvres, la principale mycoplamose est l’agalactie contagieuse, avec M. mycoides subsp capri comme agent principal. 3. Chez les ovins : - la plupart des mycoplasmoses sont associées aux pneumonies des agneaux, mais seuls quelques rares cas ont été rapportés ; - l’agalactie contagieuse ovine (due à M. agalactiae) est en réémergence dans les Pyrénées ; elle est également décrite en Corse, qui était jusqu’alors considérée comme indemne. ¿

ÉVALUATION DES FACTEURS ASSOCIÉS À UNE MORTALITÉ ÉLEVÉE des vaches laitières aux États-Unis

La mortalité des vaches laitières est un enjeu économique, et soulève des questions de bienêtre. Peu d’études sont disponibles sur les facteurs de risque, même si le taux de mortalité augmente régulièrement depuis plusieurs décennies.

L’objectif de l’étude est de définir les caractéristiques et les pratiques d’élevages associées à la mortalité des vaches laitières aux États-Unis.

Matériel et méthodes 953 exploitations comportant au moins 30 vaches, et situées dans différents États, ont été sélectionnées par échantillonnage randomisé stratifié.

Des enquêtes sur les pratiques d’élevage ont été réalisées, elles portent sur : - la gestion générale de l’élevage ; - la santé animale ; - la structure du troupeau ; - la gestion des effluents et des déchets ; - les pratiques de traite ; - la biosécurité ; - l’identification et la traçabilité.

Les taux de mortalité sont répartis en trois catégories : < 2,5 p. cent, compris entre 2,5 et 6,25 p. cent, et > 6,25 p. cent.

L’association entre le taux de mortalité et chacun des 119 facteurs définis à l’échelle de l’exploitation a été évaluée par un test du Khi2* (test d’indépendance).

L’association entre le taux de mortalité et les facteurs sélectionnés par le test du Khi2 est évaluée par une régression logistique.

Épidémiosurveillance Objectif de l’étude Déterminer la prévalence des différentes mycoplasmoses en France, chez les bovins, les ovins et les caprins.

NOTE * cf. le dossier “Mycoplasmes et mycoplasmoses”. LE NOUVEAU PRATICIEN vét. élevages et santé 2006;3(1):203-32.

BMC Veterinary Research 2010;6:32. Mycoplasmoses of ruminants in France: recent data from the national surveillance network. Chazel M, Tardy F, Legrand D, Calavas D, Poumarat F. Synthèse par Sébastien Assié, Médecine des Animaux d’Élevage, Oniris, BP 40706 44307 Nantes Cedex 03

Zootechnie

Résultats

Objectif de l’étude

Les variables associées à la mortalité de manière significative sont : - le pourcentage de vaches ayant présenté un épisode respiratoire dans l’année (OR = 1,71 si 0,1 à 3,4 p. cent, et 2,75 si > 3,4 p. cent, comparé à 0 p. cent) ; - le pourcentage de vaches ayant présenté une boiterie dans l’année (OR = 2,34 si 3,4-16,1 p. cent, et 2,89 si > 16,1 p. cent, comparé à <3,4 p. cent) ; - le pourcentage de vaches malades traitées au moins une fois avec des antibiotiques dans l’année (OR = 1,61 si 12,8-41,2 p. cent, et 2,27 si > 41,2 p. cent, comparé à <12,8 p. cent) ; - le taux de réforme avant 50 jours de lactation, en p. cent (OR = 1,48 si >20,8 p. cent, et 1,97 si <2,1 p. cent, comparé à 2,1-20,8 p. cent) - l’intervalle vêlage-vêlage (OR 1,78 si > 13,9 mois, comparé à 2 <13,0 mois) ; - l’alimentation en ration complète (OR = 2,08) ; - la zone géographique (OR= 2,07-2,53).

Définir les caractéristiques et les pratiques d’élevages associées à la mortalité des vaches laitières aux États-Unis.

Conclusion Ces résultats confirment l’importance des facteurs “physiques” ou sanitaires (épisodes respiratoires, boiteries, traitements) sur la mortalité, et le rôle clé des décisions prises dans la gestion de l’élevage sur les indicateurs globaux de santé (alimentation, réforme précoce).

L’association entre des résultats zootechniques et/ou sanitaires à priori non liés est clairement démontrée, avec l’association mortalité

NOTE * cf. définition du Khi2 dans “Comprendre l’épidémiologie : le risque relatif”. LE NOUVEAU PRATICIEN vét. élevages et santé 2009;12(3):58-9.

Journal of Dairy Science 2008;91:1423-32 Evaluation of Factors Associated with Increased Dairy Cow Mortality on United States Dairy Operations. Mc Connel CS, Lombard JE, Wagner BA, Garry FB.

Synthèse par Didier Raboisson Département Élevage et Produits, École Nationale Vétérinaire de Toulouse

REVUE INTERNATIONALE

71

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 JUIN/JUILLET 2010 - 303


revue internationale - un panorama des meilleurs articles intervalle vêlage-vêlage ; celle-ci représente l’effet facteur humain, et montre qu’il convient de ne pas se focaliser sur les pratiques d’élevages, indépendamment des éléments humains. Cependant, la variabilité des données de cette étude n’est pas renseignée.

Parasitologie Reproduction

Objectif de l’étude Évaluer la possibilité d’une transmission vénérienne de la néosporose bovine dans des conditions de monte naturelle.

Theriogenology 2009;71:639-42. Natural breeding with bulls experimentally infected with Neospora caninum failed to induce seroconversion in dams. Osoro K, Ortega-Mora LM, Martinez A, Serrano-Martinez E, Ferre I.

Synthèse par Nicole Picard-Hagen Département Élevage et Produits, École Nationale Vétérinaire de Toulouse

LA MONTE NATURELLE AVEC DES TAUREAUX EXPÉRIMENTALEMENT INFECTÉS PAR NEOSPORA CANINUM n’a pas entraîné de séroconversion des femelles De l’ADN de Neospora caninum a été mis en évidence dans des semences fraîches et congelées de taureaux naturellement infectés. La charge parasitaire est toutefois sporadique et faible.

L’infection intra-utérine de génisses avec du sperme fortement contaminé (104 tachyzoïtes) a été démontrée.

Ces données soulèvent la question d’une transmission vénérienne de la néosporose bovine.

Matériels et Méthodes

Quatre taureaux de race Asturiana de los Valles ont été infectés expérimentalement deux fois à 13 mois d’intervalle, avec un isolat de N. caninum (Nc-1, et Nc-Spain-7, 108 tackyzoïtes vivants, par voie IV).

40 jours après l’infection, les taureaux ont été utilisés pour saillir 56 génisses cyclées : 24 génisses en 2006, puis, en 2007, les mêmes femelles de venues primipares, et 32 autres femelles.

Des prélèvements de sang ont été effectués sur les taureaux et les vaches, tous les 7 jours ou 15 jours, pendant 30 semaines, ainsi que sur les veaux avant la prise colostrale.

Reproduction

REVUE INTERNATIONALE

Le diagnostic des endométrites cliniques chez les vaches est classiquement établi sur la mise en évidence de sécrétions génitales mucopurulentes plus de 21 jours après la mise bas par examen vaginal. Toutefois, ces sécrétions mucopurulentes observées dans le vagin ne reflètent pas nécessairement le statut inflammatoire de l’utérus, et pourraient donc amener le praticien à établir un diagnostic de métrite par excès (faux positifs).

La cytologie utérine met en évidence une inflammation utérine et permet de détecter les métrites cliniques ou subcliniques. Cette méthode pourrait donc améliorer le diagnostic clinique de métrite fondé sur l’examen des glaires génitales.

Matériels et Méthodes

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 304 - JUIN/JUILLET 2010

Les anticorps anti-Neospora ont été recherchés par une méthode ELISA (Civtest®). Un index relatif > à 8,2 a été considéré positif.

Résultats Les taureaux expérimentalement infectés ont présenté une augmentation significative et persistante des immunoglobulines G spécifiques, respectivement 13 jours (Nc-Spain-7) et 21 jours (Nc-1) post-infection.

Les résultats sérologiques des femelles ont été négatifs.

Le taux de gestation a été de 100 p. cent chez les génisses, et de 91 p. cent chez les primipares.

70 p. cent des veaux nouveau-nés ont été prélevés. Aucun anticorps vis-à-vis de N. caninum n’a été mis en évidence.

Conclusion et discussion Cette étude indique que la transmission de la néosporose par voie vénérienne en monte naturelle est peu probable.

Il est toutefois regrettable qu’aucune recherche de N. caninum dans le sperme des taureaux n’ait été effectuée. ¿

APPROCHE CLINIQUE FONDÉE SUR LA BACTÉRIOLOGIE ET LA CYTOLOGIE UTÉRINE POUR DÉTERMINER LES DIAGNOSTICS FAUX POSITIFS D’ENDOMÉTRITE CLINIQUE établis par examen vaginoscopique chez la vache laitière

Objectif de l’étude Déterminer le pourcentage de diagnostics d’endométrite chronique clinique par excès, fondés sur l’examen des glaires génitales, en utilisant comme méthode de référence l’examen bactériologique et cytologique utérin.

Ces résultats montrent par ailleurs qu’une centaine de paramètres techniques d’élevage ou de nombreuses pratiques (biosécurité, structure du troupeau, …), habituellement évalués lors de visites d’élevages, ne semblent pas associés à la mortalité, dans le système laitier américain. ¿

72

L’étude a été réalisée sur 1164 femelles Prim’-

Holstein issues de deux élevages laitiers en Allemagne. Les vaches ont été examinées entre 21 et 27 jours postpartum.

Les sécrétions vaginales ont été classées en fonction des scores suivants :

1. mucus contenant des flammèches de fibrine ; 2. et 3. sécrétions mucopurulentes contenant respectivement moins de 50 p. cent et plus de 50 p. cent de pus.

Les prélèvements utérins pour l’examen cytologique et bactériologique (bactéries aérobies uniquement) ont été réalisés par cytobrosse. En raison de l’absence de critères diagnostics précis, deux seuils, 5 p. cent et 18 p. cent de taux de polynucléaires neutrophiles (PNN) dans le liquide utérin ont été utilisés pour définir une inflammation utérine.


revue internationale - un panorama des meilleurs articles Conclusion

Résultats et discussion

Cette étude confirme la forte implication d’A. pyogenes dans les métrites chroniques, associée à une réponse cellulaire utérine prononcée.

En revanche, les SCN et les streptocoques αhémolytiques sont considérées comme des bactéries peu pathogènes, elles ne sont pas associées à une modification de la réponse inflammatoire utérine et pourraient avoir un rôle protecteur de l’utérus vis-à-vis des bactéries pathogènes.

En prenant en compte la présence de bactéries pathogènes aérobies (A. pyogenes et E coli) et les deux seuils (>5 p. cent et > 18 p. cent) de polynucléaires neutrophiles, le pourcentage de diagnostics faux positifs de métrites chroniques est de 17,3 et de 28,5 p. cent. Ce taux diminue avec le score de la métrite.

Pour le praticien, ces résultats soulèvent la question de l’interprétation du diagnostic de métrite, et de l’intérêt du traitement antibiotique des métrites chroniques de score 1. En l’absence de méthode de référence (l’histologie est difficilement réalisable en pratique vétérinaire), les critères diagnostiques de métrites devraient être fondés sur leur impact sur les performances de reproduction. ¿

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ÉTÉRINAIR E élevag es et san té

mythe ou réalité ? 44 réponses

d’intérêt, un renouveau conceptuel et une spectaculaire progression

A clinical approach to determine false positive findings of clinical endometritis by vaginoscopy by the use of uterine bacteriology and cytology in dairy cows. Westermann S, Drillich M, Kaufmann TB, Madoz LV, Heuwieser W.

Synthèse par Nicole Picard-Hagen Département Elevage et Produits, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse

Volume 3

HORS-SÉR IE 2008

Vaccin

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VACCINS ET VACC INATION : LE REN OUVEAU

La prévalence des endométrites cliniques est élevée, respectivement de 39,7 p. cent et 42,2 p. cent dans les deux élevages (230 vaches).

Sur 20 p. cent des écouvillons utérins, aucune bactérie aérobie n’a été isolée, ce qui pourrait suggérer une mauvaise sensibilité de l’examen bactériologique fondé sur la culture. - Arcanobacterium pyogenes et E. coli ont été isolées respectivement sur 33,5 et 10,4 p. cent des prélèvements utérins. - Les autres bactéries étaient des SCN (Staphylocoques coagulase négatives, 41,7 p. cent des cas) et des streptocoques α-hémolytiques (33,5 p. cent).

La probabilité d’isoler A. pyogenes a été plus élevée dans les sécrétions génitales de scores 2 et 3 comparativement à celles de score 1. Une relation inverse a été observée pour les SCN.

La proportion d’animaux présentant des taux de polynucléaires neutrophiles utérins supérieurs à 5 et 18 p. cent est respectivement de 78 et 62 p. cent. Ce taux augmente avec le score de la métrite clinique et avec la présence d’A. pyogenes.

• Veterina ry Bulletin (CAB Inter national) • CAB Abs tracts Data

DOSSIE

VACCIN RS : S ET VAC C LE REN INATION : OUVEA U

mythe ou réalité ?

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- Compre ndre l’im munité mu pour le dév cosale de vaccins eloppement - Vaccina tion et imm des pop unité ulations animales - Les pro céd en Europe ures d’A.M.M. et la rég lementatio - L’effica cité n et le résu du vaccin mé du produi des caractéristiq t (R.C.P) ues - Apports et de la vac limites cination dan des malad ies épizoo s la maîtrise tiques - Condui te face à desà tenir échecs vac - La vac cinaux cina catarrha tion contre la fièv le ovine ou Blueto re - L’intérê ngue t de l’ut ilisation des vaccins marqués contre la rhinotra infectieuse chéite bovine - La vac cination B.V.D. : les caract éristiques de l’outil vaccinal, nouvelles exigences et difficul - Vaccina tés tion B.V .D. et protec tion fœt ale - Protoz oos (Neospo es abortives ra des répons et Toxopl caninum asma gon à des que es relation dii) : autour de s stio hôt la vaccina ns, es par et implica nous nou tions pou asites s interrog tion, sur lesquell eons sou r la vaccina es - La vac vent ... tion cina respiratoiretion contre le viru s contraintes syncytial bov in : et stratégi es vaccina - Pasteurelle les et bronch s pneumopatho gènes o-p neu monies infectieuse s enzoot physiop iqu es : athologe et immuni - Les E. té coli - La vaccina pathogène et les virus ent tion che éroz le porc - La vaccina connaître s chez les vea : principe ux : tion con s et progra pour mie l’immunité tre le circ - La vac cination mmes ovirus de ux vaccine orale con typ r du porc Vac e 2 ciner la (P.C.V. 2) tre l’entéro à Lawson faune sau pathie pro pour pro ia intrace - Contrôl vage liférative téger les e des llularis domesti espèces des vaccins salmonelles che ques et z les vol l’Homm au service - Conséq ailles : - Comme e? de l’éradi uences nt évalue cation ? pour la r la qua anti-salmo vac lité de la nelles che des progrè cinologie vac cina z les pou s en imm les pondeu tion unologie - Les futu ses rs contre la vaccins Blu eto ngu état des recherch e : es

Date d’échéance


test clinique

observation originale

les réponses

un mégaœsophage

Caroline Oulhen Hervé Turban Marleen Bruggink Raphaël Guattéo Médecine des Animaux d’élevage Oniris- Ecole Nationale Vétérinaire, de l’Agro-alimentaire et de l’Alimentation, Nantes-Atlantique BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3

ou un jabot œsophagien 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?

Dans le cas de cette génisse, la dilatation de l’œsophage peut être due à un mégaœsophage ou à un jabot œsophagien. - Un mégaœsophage peut être congénital ou acquis, il est alors consécutif à une lésion du nerf vague ou à une lésion du cardia (traumatisme, actinobacillose). - Un jabot œsophagien peut être congénital, par persistance du IVe arc aortique, ou consécutif à un traumatisme de l’œsophage.

Une dilatation chronique “pomme-poire” de l’abdomen, ou syndrome d’Hoflund, peut s’expliquer par une lésion primaire du nerf vague (à l’origine également du mégaœsophage), ou par une compression du nerf vague provoquée par le mégaœsophage. 2 Quels examens complémentaires réaliser ?

Des examens complémentaires peuvent être proposés pour rechercher chacune des hypothèses (tableau ).

Une échographie de l’œsophage en région extra-thoracique (à l’aide d’une sonde sectorielle de 3,5 MHz) montre un diamètre de l’œsophage très augmenté crânialement (> 10 cm), moins marqué à l’entrée de la poitrine (4 cm).

Une endoscopie de l’œsophage révèle une œsophagite modérée, sauf à proximité du cardia où la muqueuse est normale. Elle confirme la diminution du diamètre de l’œsophage à proximité du cardia. La muqueuse est très difficile à observer avec la présence très abondante de débris alimentaires, elle est plus facilement visible à proximité du cardia.

Un test à l’atropine est réalisé, avec un contrôle électrocardiographique et une mesure de la fréquence cardiaque (FC) : il consiste à injecter, par voie IV lente, 2 mg d’atropine, diluée dans 20 mL de NaCl à 0,9 p. cent. La fréquence cardiaque augmente pendant 3 min, 12 min après l’injection (FC à T0 = 48 battements par min ou bpm, FC à T 12 min = 56 bpm, soit une augmentation de 14,3 p. cent). Ce test “positif” oriente plutôt vers une lésion du nerf vague, compte tenu notamment des autres signes cliniques.

Un dosage des aspartate animo-transférases (ASAT) et des créatinine kinases CK, ne

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 307 - JUIN/JUILLET 2010

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2

À droite, l’œsophage de l’animal. À gauche, un œsophage normal d’un bovin du même âge (photo Médecine des Animaux d’élevage Oniris).

montre pas d’anomalie (ASAT= 69 U/L ; CK= 105 U/L) ; ceci est en défaveur d’une lésion musculaire de l’œsophage.

L’état général de la génisse se dégrade, elle est euthanasiée.

À l’autopsie, les lésions suivantes ont été observées : - mégaœsophage important, notamment dans la portion crâniale (photo 2) ; - aucun rétrécissement cicatriciel et/ou de compression externe de l’œsophage sur le trajet compris entre l’entrée et la sortie (cardia) du thorax ; - aucune hypertrophie ganglionnaire, et absence d’abcès dans la carcasse ; - orifice réticulo-omasal sans lésion visible ; - rumen distendu, papilles ruminales atrophiées, et contenu très liquidien, avec très peu de fibres.

Un examen histologique de la paroi de l’œsophage a montré : - des cellules musculaires lisses normales ; - une absence de lésions cicatricielles sur la portion prélevée ; - une absence d’adipocytes en grand nombre. Cet aspect histologique est en défaveur d’un mégaœsophage congénital. 3 Quels sont les schémas pathogéniques compatibles avec les signes cliniques observés ? Plusieurs hypothèses sont à envisager : 1. une lésion primaire du nerf vague (par exemple, un traumatisme externe ou un abcès en région cervicale) provoque le mégaœsophage (figure 1) ; 2. un mégaœsophage (congénital ou acquis) induit une lésion du nerf vague (figure 2 ;


test clinique - un mégaœsophage ou un jabot œsophagien Figure 1 - 1re hypothèse : une lésion primaire du nerf vague (type traumatisme externe / abcès en région cervicale) provoque le mégaœsophage Lésion primaire du nerf vague

Mégaœsophage

Défaut de motilité du cardia, des préestomacs, de la caillette

Jetage avec débris alimentaires

induit une lésion du nerf vague Mégaœsophage Fausse déglutition, jetage avec débris alimentaires

Lésion secondaire du nerf vague

Bradycardie

Modification de la voix

Dilatation “pomme-poire” (syndrome d’Hoflund), ruminations anarchiques

Figure 3 - 3e hypothèse : aucune lésion du nerf vague n’est impliquée dans la genèse des signes cliniques Mégaœsophage

Occlusion de l’œsophage

Défaut de motilité du cardia

Dilatation “pomme” du flanc gauche

Références 1. Kasari R. Dilatation of the lower cervical esophagus in a cow.http://ukpmc.ac.uk/classic/picrender. cgi?artid=881247&blobtype=pdf 2. Kelefl I, Altu N, Kaya A, coll. Atropine sulphate test can be an aetiologic indicator of vagal bradycardia developed in a megaoesophagus case. http://bulletin. piwet.pulawy. pl/archive/51-1/34_ 851_keles.pdf 3. Radostits OM, Gay CC, Blood DC, coll. Veterinary Medicine: A textbook of the diseases of cattle, sheep, pigs, goats and horses (9th ed). Bailliere Tindall, London, UK, 2000;1877 pp. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 3 / n°15 308 - JUIN/JUILLET 2010

3. aucune lésion du nerf vague n’est impliquée dans la genèse des signes cliniques (figure 3).

Les résultats des examens pratiqués, nécropsie comprise, sont plutôt en défaveur d’un mégaœsophage congénital. Aucune séquelle de traumatisme n’a été retrouvée. Une atteinte du nerf vague (primitive ou secondaire) reste l’hypothèse la plus probable (notamment au regard du test à l’atropine).

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Modification de la voix

Dilatation “pommepoire” (syndrome d’Hoflund)

Figure 2 - 2e hypothèse : un mégaœsophage (congénital ou acquis)

Défaut de motilité du cardia, des préestomacs, de la caillette

Bradycardie

Discussion : à propos du mégaœsophage chez les bovins

Le mégaœsophage est une affection rare et sporadique chez les bovins. Il est soit congénital, soit acquis.

Aucune composante héréditaire n’a été démontrée à ce jour dans la survenue d’un mégaœsophage congénital.

Les causes du mégaœsophage acquis sont bien identifiées : - une actinobacillose ; - une lésion du nerf vague ; - un traumatisme de l’œsophage, qui entraîne plutôt un jabot œsophagien, selon sa localisation ; - un dysfonctionnement neuromusculaire.

Les circonstances d’apparition des 1ers signes peuvent orienter vers une hypothèse congénitale ou acquise : - lors de mégaœsophage congénital, les 1ers troubles apparaissent le plus souvent à partir du sevrage, lors de l’ingestion d’aliments solides ; - lors de mégaœsophage acquis, ces troubles surviennent peu de temps après la cause primaire (traumatisme, administration de bolus, actinobacillose, …), et peuvent donc apparaître à tout âge.

Quelle que soit la cause du mégaœsophage, l’animal atteint perd sa valeur économique.

La littérature rapporte un cas de traitement avec succès, sur une vache Prim’Hostein de 6 ans, souffrant d’un probable dysfonctionnement neuromusculaire ayant entraîné un mégaœsophage [1]. Des mesures hygiéniques (alimentation fréquente, en faible quantité, et avec peu de fibres longues) ont été associées à un traitement des surinfections.

Toutefois, en pratique, aucun traitement n’est disponible ni préconisé. ¿


Tableau - Hypothèses argumentées et examens complémentaires réalisables Arguments en faveur

Moyens d’investigation

en défaveur

Mégaœsophage Congénital

Jetage avec débris alimentaires

Consécutif à une lésion du nerf vague

Date d’apparition

Bradycardie

Jetage avec débris alimentaires

Consécutif à une lésion du cardia (traumatisme, actinobacillose)

Jetage avec débris alimentaires

Date d’apparition Régurgitations non spontanées

Biopsie de l’œsophage : remplacement des cellules musculaires lisses par des adipocytes

Régurgitations non spontanées

Test à l’atropine positif : si la bradycardie s’atténue lors d’administration d’atropine, on suspecte une lésion du nerf vague. Dans le cas contraire, on suspecte une atteinte cardiaque pure)

Régurgitations non spontanées

Endoscopie de l’œsophage : visualisation des lésions sur le cardia

Jabot œsophagien

Congénital par persistance du IVe arc aortique

Consécutif à un traumatisme de l’œsophage

Date d’apparition Régurgitations non spontanées

Transit baryté : visualisation d’une éventuelle zone de sténose

Examen nécropsique

Absence d’historique d’obstruction de l’œsophage ou de gêne à la déglutition : - Ptyalisme, - Encolure en extension vers l’avant, ... Régurgitations non spontanées

Transit baryté : visualisation d’une éventuelle zone de sténose

Endoscopie de l’œsophage : visualisation d’une sténose et d’éventuelles cicatrices

Examen nécropsique

Jetage avec débris alimentaires

Date d’apparition

Jetage avec débris alimentaires

Syndrome d’Hoflund Date d’apparition

Bradycardie

Jetage avec débris alimentaires

Absence de météorisation sensu stricto : arumination, silence ruminal, impossibilité d’éructer, dilatation gazeuse ou spumeuse mais météorisation intermittente présente

Date d’apparition

Bradycardie

Jetage avec débris alimentaires

Absence de météorisation sensu stricto : arumination, silence ruminal, impossibilité d’éructer, dilatation gazeuse ou spumeuse mais météorisation intermittente présente

Par lésion primaire du nerf vague entraînant le mégaœsophage

-

-

Par compression du nerf vague par le mégaœsophage

Réf. : NP Elsa 15

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