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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°16 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 DOSSIERS : REPRODUCTION BOVINE - BVD - Perception de la santé

Volume 4

N°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

Actualités en perspective - Chronique - Le clonage

en productions animales, une question aux multiples facettes - Diversité de l’épidémiosurveillance des maladies animales et perspectives d’évolution - Surveillance épidémiologique des tremblantes ovines classique et atypique : enjeux et résultats

Ruminants - Principes de l’évaluation

-

DOSSIERS :

NOUVELLES PERSPECTIVES en reproduction bovine GESTION COLLECTIVE DE LA BVD PERCEPTION DE LA SANTÉ en filière porcine

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Comprendre l’épidémiologie 3e série

- Revue de presse internationale - Tests de formation continue et d’épidémiologie

6. L’appréciation qualitative du risque en santé animale - Étude de cas - Carence en sélénium et en magnésium : méthodes de diagnostic, de traitement, et stratégies préventives - Test clinique - Grosseur scrotale chez un taureau

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génomique chez les bovins laitiers La sélection génomique et son développement chez les bovins laitiers Gestion de la BVD par une action collective en Bretagne : résultats et perspectives BVD : comment gérer les risques liés à l’introduction de cheptels Maîtrise collective de la BVD : stratégie de la Bourgogne comparée à la Bretagne Stop BVD en Suisse - histoire d’une éradication en marche

Porcs - La perception de la notion

de santé : enquête auprès des acteurs de la filière porcine

Comprendre et agir - Enjeux économiques -

La production cunicole française aujourd’hui : une filière réactive


sommaire

Volume 4

N°16

Éditorial - La sélection génomique est en marche ! ... par Gilles Foucras

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Test clinique - Grosseur scrotale chez un taureau Blond d'Aquitaine Nicole Picard-Hagen, Patricia Ronsin, Xavier Berthelot

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NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

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DOSSIERS

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- NOUVELLES

ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Le clonage en productions animales, une question aux multiples facettes Zénon - Diversité de l’épidémiosurveillance des maladies animales et perspectives d’évolution Pascal Hendrikx, Didier Calavas - Surveillance épidémiologique des tremblantes ovines classique et atypique : enjeux et résultats Alexandre Fediaevsky, Christian Ducrot, Didier Calavas

PERSPECTIVES en reproduction

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RUMINANTS Dossier nouvelles perspectives en reproduction

- GESTION COLLECTIVE de la BVD

- Principes de l’évaluation génomique chez les bovins laitiers Didier Boichard, François Guillaume, Aurélia Baur, Jean-Jacques Colleau, Pascal Croiseau, Marie-Yvonne Boscher, Vincent Ducrocq, Sébastien Fritz 19 - La sélection génomique et son développement chez les bovins laitiers Didier Boichard, François Guillaume, Aurélia Baur, Jean-Jacques Colleau, Pascal Croiseau, Marie-Yvonne Boscher, Vincent Ducrocq, Sébastien Fritz 22

- Perception de la santé en filière porcine

Dossier gestion collective de la BVD - Gestion de la BVD par une action collective en Bretagne : résultats et perspectives Alain Joly, Rémy Vermesse,Gilles Roger, Thierry Le Falher, Marie-Hélène Garrec, Loïc Maurin

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- BVD : comment gérer les risques liés à l’introduction de cheptels Alain Joly, Rémy Vermesse,Gilles Roger, Thierry Le Falher, Marie-Hélène Garrec, Loïc Maurin

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- Maîtrise collective de la BVD : stratégie de la Bourgogne comparée à la Bretagne Étienne Petit - Stop BVD en Suisse - histoire d’une éradication en marche Patrick Presi, Cathy Maret

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PORCS - La perception de la notion de santé : enquête auprès des acteurs de la filière porcine Morgane Mennessier, Catherine Belloc, Dominique Pécaud, 52 Etienne Zundel, Henri Seegers

revue de formation à comité de lecture

COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - La production cunicole française aujourd’hui : une filière réactive Samuel Boucher

indexée dans les bases de données :

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FMCvét - formation médicale continue vétérinaire

• Index Veterinarius

- Comprendre l’épidémiologie - 3e série : Analyse de risque en santé animale 66 6. L’appréciation qualitative du risque en santé animale Bernard Toma

• Veterinary Bulletin

- Étude de cas de l’internat - Carence en sélénium et en magnésium : méthodes de diagnostic, de traitement, et stratégies préventives

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

Cécile Énault, Nora Cebron, Brigitte Siliart, Raphaël Guatteo - Revue de presse internationale Synthèses rédigées par Sébastien Assié, Nicole Picard-Hagen, Marielle Bruni, François Schelcher - Comparaison du transfert passif d’immunité chez des veaux laitiers nouveau-nés

(CAB International) (CAB International)

• CAB Abstracts Database

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(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

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ACTUALITÉS

nourris soit avec du colostrum soit avec un colostro-remplaceur, puis un colostro-supplément - Données cliniques, histologiques et bactériologiques pour des vaches atteintes de dermatite digitée, un mois après le traitement avec du chlorhydrate de lincomycine ou du chlorhydrate d’oxytétracycline - L’utilisation de la semence sexée et ses effets sur le taux de conception, le sexe du veau, les dystocies et les mort-nés chez les vaches de race Prim’Holstein aux États-Unis - Administration d’hormone gonadotrope chorionique humaine (hCG) 7 jours après une insémination artificielle sur chaleurs induites chez des vaches allaitantes

- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses Résultats originaux ou observations originales

Souscription d’abonnement en page 69

RUMINANTS PORCS-VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR

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FMC Vét

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 311


test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

grosseur scrotale

Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (LVD), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Didier Calavas (Anses), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (Oniris) Arlette Laval (Oniris), Marc Savey (Anses) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (Oniris) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)

chez un taureau blond d'Aquitaine Nicole Picard-Hagen, Patricia Ronsin, Xavier Berthelot Département Élevage et produits et Santé Publique Vétérinaire, École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse cedex

Rédacteurs en chef Sébastien Assié (Oniris)

Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)

Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie ruminants, VetAgro Sup) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Beaudeau (Gestion de la santé animale, Oniris) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, Oniris) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, Oniris) Florence Buronfosse (Toxicologie, VetAgro Sup) Alain Chauvin (Parasitologie, Oniris) Alain Douart (Pathologie des ruminants, Oniris) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jean-Marie Gourreau (Anses) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann ((Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Pierre Philippe (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Jean-Louis Roque (praticien) Christophe Roy (praticien) Pascal Sanders (Anses, Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stephan Zientara (E.N.V.A.) Chargée de mission rédaction : Hélène Rose Gestion des abonnements et comptabilité Vanessa De Oliveira - Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 40€, U.E. : 41€ Tarifs d’abonnement : voir p. 69 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0513 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des lions Ste-Marie des Champs B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 312 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

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n taureau reproducteur Blond d'Aquitaine (photo 1) de 2 ans, classé premier de la catégorie jeune taureau au concours national Blond d'Aquitaine, est présenté à la clinique des ruminants, en octobre, pour une "grosseur" apparue en juillet au-dessus du testicule droit (photo 2).

Fin août, il a reçu un traitement à base de dexaméthasone, pendant 4 jours, mais la grosseur n'a pas régressé.

À l'examen clinique, le taureau présente une circonférence scrotale relativement élevée de 40 cm (valeurs usuelles : 32 à 36 cm). Une grosseur de la taille d'une mandarine, de consistance fluctuante, est palpée au niveau de la tête de l'épididyme, sans que le taureau manifeste de douleur locale.

Les testicules sont symétriques, les glandes annexes sont normales à la palpation transrectale. Après extériorisation, le pénis ne présente aucune anomalie.

À l'examen échographique (sonde linéaire 8 MHz), une structure liquidienne de 6 cm de diamètre est observée au niveau de la tête de l'épididyme droite (photo 3). Le parenchyme du testicule gauche montre quelques foyers hyperéchogènes (photo 4), correspondant à des zones de calcification ou de fibrose. Les queues des épididymes droite et gauche, et la tête de l'épididyme gauche, ont une apparence échographique normale (photo 5).

comité de lecture Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Pierre Bézille, Henri-Jean Boulouis, Alain Bousquet-Melou, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, Jean-Luc Chatré, René Chermette, Eric Collin,

Fabien Corbières, Stéphane Daval, Luc Descoteaux Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Germaine Égron-Morand Gilles Fecteau (Québec) Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Olivier Gauthier, Norbert Gauthier, Christian Gipoulou,

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Azur, taureau Blond d’Aquitaine de 2 ans, dans un travail (photo Département Élevage et produits, ENVT).

Une 1re collecte de sperme, à l'électroéjaculateur, réalisée le jour de la visite, ne permet pas d'obtenir du sperme de bonne qualité. Une 2e collecte, avec un vagin artificiel, réalisée 10 jours plus tard dans l'élevage, permet de récolter du sperme congelable, avec une motilité individuelle de 60 p. cent, et une concentration en spermatozoïdes de 800 millions de spermatozoïdes par mL.

NOTE Les photos 2, 3, 4, et 5 sont placées avec les réponses de ce Test clinique. 1 Quel est votre diagnostic ? 2 Quel est le pronostic pour l’avenir reproducteur de ce taureau ? Réponses à ce test page 80

Norbert Giraud, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Nadia Haddad, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Catherine Magras Xavier Malher, Jacques Manière, Germaine Morand Hervé Morvan,

Hervé Navetat, Jean-Marie Nicol, Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret, Nicolas Roch, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart.


actualités en perspective le clonage

en productions animales une question aux multiples facettes

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ne suspension temporaire, pour 5 ans, du “clonage animal destiné à la production de denrées alimentaires dans l’Union Européenne” a été proposée le 19 octobre dernier par la Commission Européenne.

La formulation française du communiqué de presse [IP/10/1349], manifestement traduit de l’anglais, illustre bien les ambiguités de la terminologie autour du clonage. En effet, le clonage dont il est question est celui qui s’applique à la reproduction d’animaux destinés à la production de denrées alimentaires. Il ne s’agit donc pas de fabriquer directement par de nouvelles technologies des produits d’origine animale mais de suspendre l’utilisation d’une technique de reproduction qui ne constitue probablement qu’une étape dans un processus initié depuis de nombreuses années.

L’évolution des méthodes de diffusion du progrès génétique en productions animales, et par là même, des techniques de reproduction des animaux domestiques, a été spectaculaire au cours des 40 dernières années du 20e siècle.

Essentiel La principale limite du clonage est liée au risque avéré pendant la gestation et les 18 premiers mois de vie des clones puiqu’il faut implanter 1000 clones pour en obtenir 100 vivants au delà de 18 mois. Le clone n’est jamais totalement identique à l’animal cloné.

LE CLONAGE, UNE RUPTURE EN MATIÈRE DE SÉLECTION ET DE REPRODUCTION L’introduction, dès la fin des années 40, puis la généralisation, au cours des années 60 de l’insémination artificielle, a constitué un formidable accélérateur du développement des performances de production particulièrement visible en élevage laitier. Le transfert embryonnaire est venu compléter la gamme des techniques permettant une maîtrise de la reproduction sexuée.

Le clonage des mammifères domestiques, de la brebis Dolly au chat Copycat, n’est devenu opérationnel qu’entre la fin des années 90 et les premières années de ce siècle. Il constitue une véritable rupture puisqu’il permet de s’affranchir de la reproduction sexuée en créant à partir d’un seul animal cloné des quasi jumeaux ou clones.

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 314 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

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Ceux-ci sont issus d’embryons produits, à partir de noyaux de cellules issues de l’animal cloné qui, après transfert dans un ovocyte énucléé et activation du pseudo zygote ainsi formé, produisent un embryon qui, après transfert à une mère porteuse, permet la naissance d’un clone.

L’intérêt, tout comme les limites et les risques associés au clonage, ont été surtout discutés dans son application à l’espèce humaine, ce qui a probablement contribué à la confusion du débat en ce qui concerne les espèces d’animaux domestiques destinées à produire du lait ou de la viande pour la consommation humaine. En effet, en production animale, le clonage ne pourrait constituer qu’une des étapes de la chaine de diffusion du progrès génétique. Si ce stade pose de réelles et de nouvelles questions éthiques et biologiques, les contraintes liées à l’amont (sélection des reproducteurs) et à l’aval (diffusion du progrès génétique) de cette étape resteront identiques.

De la même façon, les évolutions, en aval ou en amont, peuvent être tout aussi, ou plus déterminantes. Ainsi, les nouvelles modalités de qualification des reproducteurs par sélection génomique (cf. les articles de D. Boichard et coll dans ce numéro : “Principes de la sélection génomique” et “La sélection génomique et son développement chez les bovins laitiers”) viendront probablement bouleverser d’une façon plus radicale et plus rapide que le clonage, la sélection des bovins laitiers dans les années à venir. UNE ÉVALUATION DES RISQUES COMPLEXE ET MULTIDIMENSIONNELLE

Pour pouvoir évaluer les multiples questions posées par le clonage, notamment dans l’espèce bovine où le nombre de clones obtenus est probablement significatif, il convient de s’appuyer sur deux types d’expertise sans les confondre. L’une devra être dédiée aux aspects biologiques et sanitaires, l’autre aux aspects socio-économiques et éthique.


actualités en perspective - le clonage en productions animales

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ment - Com men en cha t pre en clie rge les ndre urg ntèle - La amb ences réa ulat resp nimatio oire iratoire n - Com prendr néo natale e l’im - Con du poumunité dui lain hypoga te à ten ir face mm - La septicé aglobu à - Rec linémieune mie onn néo natale et dia aître les colignostiq uer rités - Com ques dig particula men - Les les coli t trai estives et inté base de l’an rapidem des décision, le clinicie ement ter que ent la - Con du trait ropathies l’âne s dig les fraisgrer la vale amnèse gravité s parfois n respons dui et devant te à ten estives des arth tives chez s diagnos engend ur potent de l’exame de la situ difficiles. able du pou les dia ir apeutique dégénéra ielle atio tiques rés par n rrhé és thér lain r - Éch es et thé la mise du poulain clinique, n, de s possibilit pour traite e. ogr - Ges rapeut en , et ses aphie 0 à 15 te ulair Différenteau praticien iques œuvre des jou dre sont Tran - Nut - Pha Observ annexe de l’ombilic rs ... tive artic ures à pren sfus moyen ritio s’offrent dégénéra s ion n mes atio n - - rmacolo - Un - Com s et séro die gie e me kyste n cliniqu préventioible rose, les por urgiCom la mala ues Con - Le à l’arth de l’Ou e - Chirtementeptiqnt ures de naître thérapie alim poss trai logie antis - L’im enter chez raque les par mato Mais, facelement des mes e le plus tôt méd tement Quels en trau pré le la ical ticularit pou gna jum et chir de la lain tion essentiel mettre en plac al sportif ... ent choisir ? rupture suitée és pha : myt urgical - Com rmacolo cutanée he ou du chev qu’il faut vésical gie men tions carrière giques réalité érolo la trau t e affec - Canc cipales dans mat traiter du pou ismes les chez lain Les prin ues nger RE VU - Dia le poulainthoraci lasiq s à l’étra uine : que E DE gno oculaires néop paru nou xes s stic les des : d’éq FO RM souffle différe veau-n des anneéquidés des artic s articles À CO é tifier les s card ntiel atique leur MI TÉ ATI ON CO chez 2007) iaqu e thém a des meil t les iden - avril DE LEC es - Revu NT commenproposer ? oram er - mars ation - Les TU RE INU E - Un pan ction (févri et que administr conditionné par séle hrite : e de la ticulari notre Ostéo-art um autologu giques chez néonat tés é hèse l’ânon alogie et le muleto n

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Réf. NPc 46

D’autres aspects de la biologie du clonage continuent aussi d’attirer l’attention, il s’agit de la réduction de la variabilité génétique, intrinsèquement liée aux techniques de reproduction sexuée, et de la non identité stricte entre animal cloné et clones, liée en grande partie aux modifications épigénétiques (modifiant les interactions entre le génome et son environnement sans modifier le code génétique) influençant l’ontogénèse de chaque clone.

On comprend facilement que l’ensemble de ces éléments aient pu induire de nombreux questionnements sur l’acceptabilité du clonage et de nombreuses interrogations éthiques concernant non seulement l’animal mais aussi la science, les scientifiques, le progrès génétique et la nature.

Ce type de problématique qui lie étroitement le développement de la connaissance en biologie, son application au développement des productions animales et de véritables émergences pathologiques ne peut laisser indifférent. On ne peut néanmoins espérer participer aux débats qu’il suscite dans la société, sans faire l’effort d’élargir notre point de vue et de le croiser avec celui issu d’autres disciplines. ¿ Zénon

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2007

LE CLONAGE RESTERA ENCORE LONGTEMPS UN OBJET DE DÉBAT

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Ce sont ces dernières constatations qui qualifiées “d’inquiétudes en matière de bienêtre animal” ont largement justifié la prise de position de la Commission.

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ÉQUID ÉS

En France, ces deux types de travaux existent et ont été publiés en 2005 et 2008 ; il s’agit d’expertises collégiales respectivement conduites par l’Afssa (devenue Anses depuis juillet 2010) et le CNA (Conseil National de l’Alimentation). A leur lecture, on peut facilement comprendre les hésitations et la difficulté des prises de position des autorités sanitaires européennes.

Il semble exister un double contresens en ce qui concerne les risques liés au clonage animal, situation qui n’est pas sans rappeler celle des OGM (organismes génétiquement modifiés) végétaux. D’une part, le risque sanitaire lié à la consommation de produits issus d’animaux clonés, qui sont quasiment identiques à ceux produits issus d’animaux sélectionnés et produits de façon classique, est estimé extrêmement faible pour ne pas dire nul, alors qu’il est le risque le plus redouté par le consommateur et par le décideur. D’autre part, le seul risque clairement démontré est lié pour les clones au développement de maladies déjà connues mais très rarement constatées dans les systèmes de reproduction sexuées.

On constate ainsi une fréquence particulièrement importante d’hydramnios et d’hydrallantoïdes en cours de gestation chez les clones, tout comme une importante mortalité peri et post-partum liée au syndrome LOS (Large Offspring Syndrom). Ainsi, il a été estimé que pour 1000 embryons implantés après clonage, moins de 200 naissaient vivants, dont près de la moitié allait mourir avant 18 mois.

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LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire équine

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Date d’échéance

N° CVx2

Signature


actualités en perspective diversité de l’épidémiosurveillance

des maladies animales

Pascal Hendrikx1 Didier Calavas2 1. Anses,

et perspectives d’évolution

Direction scientifique

des laboratoires

La surveillance épidémiologique de la santé animale s’appuie sur un grand nombre de dispositifs de natures, de structures et de performances très diverses. La communauté des approches et des méthodes employées, et le recours fréquent aux mêmes intervenants, ainsi que la nécessaire amélioration de l’analyse des données produites par ces dispositifs, justifient une meilleure mutualisation des actions de surveillance à l’échelon national. C’est ce qui va être mis en œuvre par la plate-forme nationale d’épidémiosurveillance, qui devrait voir le jour en 2011, en application des conclusions des récents États généraux du sanitaire.

2. Anses, Laboratoire de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

Objectif pédagogique Montrer la diversité de la surveillance épidémiologique des maladies animales en France, en soulignant la nécessité d’en améliorer la performance et d’en mutualiser l’organisation.

Essentiel Environ 80 dispositifs de surveillance sont actifs en France, qu’ils aient des activités de surveillance ponctuelles ou qu’ils soient de véritables réseaux structurés. La performance des dispositifs de surveillance est variable, et il est impératif de pouvoir les évaluer pour les améliorer.

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ACTUALITÉS

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 316 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

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e concept de surveillance épidémiologique en santé animale a commencé à se développer à la fin des années 1970 [17, 18]. Il a bénéficié au départ d’un fort engouement sur des bases méthodologiques pas toujours très solides. Au fil des années et des expériences de mise en œuvre, les bases théoriques se sont consolidées, et force est de constater que la mode n’est pas passée, voire s’est renforcée.

La surveillance est devenue aujourd’hui un outil incontournable des services vétérinaires d’État pour les maladies réglementées, ou des organisations professionnelles pour les maladies d’élevage. Cependant, l’intérêt croissant pour l’épidémiosurveillance tient au moins autant à l’évidence de sa nécessité, pour permettre une bonne gestion de la santé animale, qu’à l’évidence de son efficacité, qui est encore trop souvent insuffisante, ou insuffisamment démontrée.

La nécessité n’étant pas synonyme d’efficacité, les dispositifs de surveillance ne résistent donc pas à l’incontournable examen de leur justification en regard de la charge

financière qu’ils représentent. Est passé le temps où faire de l’épidémiosurveillance se justifiait presque en soi. Il convient désormais de démontrer que les moyens investis sont effectivement en adéquation avec les besoins identifiés, et que les résultats produits servent réellement à quelque chose.

Ces problématiques ont été au centre des débats des États généraux du sanitaire, convoqués par le Ministre en charge de l’agriculture, au cours du 1er semestre de 2010. Ils ont réuni l’ensemble des parties prenantes de la santé animale, dans le but de dessiner des pistes consensuelles pour l’avenir de la surveillance épidémiologique en santé animale et végétale en France.

Pour bien comprendre les enjeux auxquels doit faire face aujourd’hui l’épidémiosurveillance, cet article dresse d’abord un portrait de sa diversité, tant en matière méthodologique qu’organisationnelle, puis aborde les principes qui rassemblent tous ces systèmes, avant d’évoquer quelques perspectives de leur évolution. UNE MOSAÏQUE DE DISPOSITIFS DE SURVEILLANCE ÉPIDÉMIOLOGIQUE Définition de la surveillance épidémiologique

La dernière édition de l’ouvrage de Toma et coll. “Épidémiologie animale appliquée” nous rappelle que la surveillance épidémiologique est une “méthode fondée sur des enregistrements permettant de suivre de manière régulière et prolongée l’état de santé ou les facteurs de risque d’une population définie, en particulier de déceler l’apparition de processus pathologiques et d’en étudier le développement dans le temps et dans l’espace, en vue de l’adoption de mesures appropriées de lutte” [20].

Cette définition permet de constater d’emblée la largeur du champ d’application de la surveillance, qui s’intéresse à tous types de populations (animales, humaines, végétales, …), et à tous types d’agents pathologiques (infectieux, contaminants, etc).

Ce principe est confirmé par le panorama de la surveillance épidémiologique dans le domaine de la santé animale en France, qui est particulièrement vaste.


actualités en perspective

résultats originaux

surveillance épidémiologique des tremblantes ovines classique et atypique Alexandre Fediaevsky1 Christian Ducrot2 Didier Calavas3

enjeux et résultats

1. Ministère de l’alimentation de l’agriculture et de la pêche Direction générale de l’Alimentation Bureau de la santé animale

Cet article fait le point sur la situation épidémiologique de la tremblante atypique et de la tremblante classique chez les ovins en France et en Europe, en rappelant les motivations et les moyens de la surveillance épidémiologique de ces maladies.

B

ien que rare, la tremblante constituait, contrairement à certaines idées reçues, une préoccupation pour les éleveurs bien avant la crise de la vache folle. Des témoignages suggèrent qu’il s’agissait d’une maladie ignorée des vétérinaires, mais faisant l’objet d’attention et d’une gestion empirique de la part des éleveurs, notamment par la sélection des béliers [2, 11]. Il a toutefois fallu attendre les années 1990, et les crises de la vache folle, pour que des efforts de lutte collective soient entrepris contre la tremblante dans la plupart des pays européens. Même si l’impact économique de cette maladie n’était pas négligeable dans certaines zones enzootiques, comme les Pyrénées Atlantiques, où la mortalité pouvait être élevée, la principale motivation de ces actions de santé était liée au caractère potentiellement zoonotique des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) ovines (encadré 1).

LA SURVEILLANCE CLINIQUE DES ENCÉPHALOPATHIES SPONGIFORMES TRANSMISSIBLES OVINES ● La surveillance clinique a donc été organisée, à partir des années 1990, dans un nombre croissant de pays, en réseaux d’épidémiosurveillance bien formalisés, souvent basés sur l’obligation réglementaire pour l’éleveur et le vétérinaire de notifier les suspicions cliniques à une autorité sanitaire. La vigilance de l’éleveur et l’expertise du clinicien étaient au cœur du dispositif. Des efforts de sensibilisation et de formation ont été

2. Inra,

UR346 Epidémiologie animale 63122 Saint Genès Champanelle 3. Anses,

Laboratoire de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

Objectif pédagogique ❚ Connaître la situation épidémiologique des tremblantes ovines classique et atypique en France et en Europe.

1

En France, le réseau Action Tremblante Grand Sud a permis de détecter 94 cas de tremblante, avec un taux de confirmation des suspicions de 54 p. cent (photo P. Sans).

Encadré 1 - Les trois formes d’EST ovines Les encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) se caractérisent par des lésions histologiques caractéristiques, localisées principalement dans le système nerveux central. ● Trois formes d’EST sont décrites chez les ovins : - la tremblante classique ; - la tremblante atypique ; - l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Toutes trois sont réglementées au titre des maladies réputées contagieuses. ● Les mêmes formes sont décrites chez les caprins, mais en raison d’une plus grande rareté, les connaissances dans cette espèce sont moins avancées. Cet article s’intéresse donc seulement à l’espèce ovine. Rappel : ces encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST), ou “maladies à prion”, constituent un groupe de maladies neuro-dégénératives, fatales, à durée d’incubation longue, qui affectent de nombreux mammifères, dont l’homme. ●

conduits en conséquence et ont permis de conférer une certaine efficacité à ces réseaux. ● En France, le réseau Action Tremblante Grand Sud, qui a fonctionné à l’échelle interrégionale de 1991 à 1996, a permis de détecter 94 cas de tremblante, avec un taux de confirmation des suspicions de 54 p. cent (photo 1). ● Le réseau de surveillance clinique national, qui lui a succédé à partir de 1996, a permis de détecter 282 élevages ovins infectés en 5 ans, avec un taux de confirmation des suspicions de 80 p. cent [5].

Essentiel ❚ La surveillance clinique seule sous-estime la prévalence de la tremblante ovine. ❚ Le rapport coût/bénéfice de la surveillance clinique, ramené au cas détecté, est sans commune mesure avec celui de la surveillance active. ❚ Le coût du dépistage mené depuis une décennie à l’échelle européenne s’élève à plusieurs dizaines de millions d’euros, pour quelques milliers de cas détectés.

ACTUALITÉS

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

13

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 321


principes de l’évaluation génomique

Didier Boichard1 François Guillaume1, 3 Aurélia Baur2 Jean-Jacques Colleau1 Pascal Croiseau1 Marie-Yvonne Boscher4 Vincent Ducrocq1 Sébastien Fritz2

chez les bovins laitiers À la suite du séquençage du génome de plusieurs espèces d’élevage, des outils de génotypage à grande échelle sont disponibles et permettent de mettre en œuvre des approches de prédiction directe du potentiel génétique à partir de l’ADN. Ces méthodes révolutionnent la sélection, jusqu’à présent basée sur les performances exprimées et sur les généalogies.

L

a sélection des animaux est un procédé très ancien, qui repose sur le choix, parmi les animaux présents à un instant donné, de reproducteurs à accoupler pour procréer la génération suivante. Dès la domestication, l’homme a orienté le choix des reproducteurs. Le procédé a été ensuite formalisé et optimisé, pour aboutir aujourd’hui à des programmes de sélection reposant sur une base scientifique solide.

Les informations utilisées en sélection sont longtemps restées les mêmes : - les généalogies : les candidats sont choisis parmi les produits des meilleures familles ; - les performances observées : une partie de la supériorité phénotypique est transmise aux descendants.

Cette sélection, qui repose sur des modèles mathématiques, est robuste et efficace. Elle ne suppose pas de connaître le déterminisme génétique précis des caractères, ni les gènes en cause.

Aujourd’hui, le génome est de mieux en mieux connu, et il est envisageable d’améliorer les procédures de sélection, en prenant en compte un 3e type d’information en sélection : les polymorphismes de l’ADN (acide désoxyribonucléique) sur le génome.

Cet article présente les caractéristiques des marqueurs génétiques, puis expose les principales phases de l’évaluation génomique. LES MARQUEURS GÉNÉTIQUES

Un marqueur génétique est un fragment d’ADN, pour lequel différentes formes (ou allèles) peuvent être identifiées au sein de la population. Cette séquence d’ADN peut

être variable entre individus, et entre les deux copies portées par chaque individu.

Il existe de nombreux types de marqueurs : il peut s’agir de substitutions de bases, de délétions, d’insertions, d’inversions, de duplications. Les variations peuvent être d’une ou de plusieurs bases, voire de tout un segment.

Les polymorphismes les plus utilisés aujourd’hui sont des substitutions d’une base d’ADN par une autre, et sont appelés S.N.P. (pour single nucleotide polymorphism).

Les travaux de séquençage du génome des espèces d’élevage ont montré que ces S.N.P. sont très abondants (plusieurs millions ou dizaines de millions dans une espèce donnée), et bien répartis sur tout le génome. Bien que peu informatifs individuellement car ils n’ont que deux allèles, les S.N.P. sont devenus les marqueurs de choix pour le génotypage, en raison du développement récent de “puces à S.N.P.” (photo). Celles-ci permettent de déterminer le génotype d’un individu pour plusieurs dizaines de milliers de S.N.P., voire plusieurs centaines de milliers de S.N.P., simultanément et à un coût raisonnable, à partir d’un simple échantillon de tissu (sang, muscle, sperme, frottis buccal ou nasal, …) dont est extrait l’ADN.

Les différents allèles de la très grande majorité des marqueurs n’ont pas d’effets biologiques connus, et ils sont supposés neutres vis-à-vis des caractères sélectionnés. En revanche, ils peuvent être localisés à proximité de gènes d’intérêt, et se transmettre avec eux. En effet, ce sont de grands segments chromosomiques, qui sont transmis du parent au descendant au cours de la méiose, de sorte que deux locus proches sont le plus souvent transmis ensemble, sauf quand une recombinaison se produit dans l’intervalle qui les sépare.

Le génotypage des individus permet ainsi de suivre la transmission des marqueurs au cours des générations, donc de suivre les régions chromosomiques entourant ces marqueurs.

Les marqueurs permettent de localiser les régions chromosomiques influençant les caractères, appelées Q.T.L. (pour quantitative trait locus). Un Q.T.L. est caractérisé par son effet sur le caractère et par sa localisa-

1.INRA,

UMR1313 GABI, 78352 Jouy-en-Josas 2.UNCEIA, 149 rue de Bercy, 75595 Paris 3. Institut de l’Élevage, 149 rue de Bercy, 75595 Paris 4.Labogena, 78350 Jouy-en-Josas

Objectifs pédagogiques Connaître la notion de polymorphisme, et les méthodes d’analyse du génome. Savoir prédire la valeur génétique à partir de l’analyse du génome.

La Puce SNP 54k d’Illumina® (Bovine SNP 50 Beadchip) (photo site www.genengnews.com).

RUMINANTS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 327


la sélection génomique et son développement chez les bovins laitiers

Didier Boichard1 François Guillaume1, 3 Aurélia Baur2 Jean-Jacques Colleau1 Pascal Coiseau1 Marie-Yvonne Boscher4 Vincent Ducrocq1 Sébastien Fritz2

La sélection génomique présente des avantages majeurs en sélection des bovins laitiers, et constitue une alternative au testage sur descendance, long et coûteux. Ceci explique son développement rapide. Devenue une réalité en l’espace de 2 ans, cette technique offre de nouvelles opportunités pour définir un objectif de sélection équilibré, pour obtenir un progrès élevé et une bonne gestion de la variabilité.

1 INRA, UMR1313 GABI, 78352 Jouy-en-Josas 2 UNCEIA, 149 rue de Bercy, 75595 Paris 3 Institut de l’Élevage, 149 rue de Bercy, 75595 Paris 4. Labogena, 78350 Jouy-en-Josas

Objectif pédagogique Connaître les applications de la sélection génomique chez les bovins laitiers.

L’

évaluation génomique permet de connaître la valeur génétique d’un individu à n’importe quel âge, potentiellement dès la naissance (voire dès le stade embryonnaire), avec une précision assez élevée. Cela bouleverse les idées classiques en sélection et ouvre de nouvelles possibilités, particulièrement quand la sélection classique était peu efficace.

Cet article présente l’intérêt de la sélection génomique telle qu’elle est pratiquée chez les bovins laitiers, puis indique les conséquences de son développement pour le progrès génétique et pour une meilleure gestion des reproducteurs.

Essentiel L’évaluation génomique est assez précise pour éviter le testage sur descendance. La précision des index est homogène entre mâles et femelles, et entre caractères. Le progrès génétique potentiel est fortement augmenté et plus équilibré. Les habitudes de reproduction devront changer, en utilisant de nombreux jeunes taureaux.

INTÉRÊT DE LA SÉLECTION GÉNOMIQUE

RUMINANTS

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 330 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

La sélection génomique est d’autant plus intéressante que la sélection classique atteint ses limites. Au contraire, lorsque la sélection classique est très efficace et remplit les besoins à un coût réduit, la sélection génomique offre moins d’intérêt relatif.

La sélection génomique est donc d’autant plus intéressante que : - l’intervalle de génération est allongé par la sélection classique, par exemple pour obtenir une information génétique suffisante (figure 1) ; - le caractère n’est pas mesurable sur le candidat à la sélection : par exemple, un caractère exprimé dans un seul sexe, ou

22

exprimé très tardivement, ou incompatible avec le statut de reproducteur, ou nécessitant l’abattage de l’animal ; - le caractère est très coûteux à mesurer ; - le caractère est peu héritable, et ne permet donc pas de prédire précisément la valeur d’un individu ; - le coût de la population de référence est réduit. Des conditions favorables chez les bovins laitiers Chez les bovins laitiers, la sélection classique est très efficace, mais elle est coûteuse.

Les conditions très favorables à la sélection génomique sont à l’origine de son développement précoce : - la plupart des caractères recherchés s’expriment uniquement chez les femelles, alors que le potentiel de sélection et de diffusion concerne surtout les mâles ; - le testage sur descendance des taureaux a un coût très élevé, et une durée longue (5 ans) ; - une puce de génotypage à un tarif abordable a été rapidement commercialisée ; - les partenaires en sélection assistée par marqueurs sont impliqués depuis longtemps ; - des bases de phénotypes très développées et un testage sur descendance des taureaux sont disponibles.

L’importance de la population de référence

La disponibilité des bases de phénotypes très développées et du testage sur descendance des taureaux sont des points particulièrement importants : les taureaux d’insémination sont une population de référence très efficace. En effet, chaque taureau d’insémination artificielle dispose d’index sur descendance. Plus exactement, le phénotype considéré est la performance moyenne de ses filles, après correction pour différents effets parasites (ou daughter yield deviation : D.Y.D.) [4].

Ce phénotype est analogue à une performance propre du taureau, d’héritabilité égale à la précision de l’index sur descendance. Cette précision élevée rend le dispositif particulièrement efficace.


gestion de la B.V.D.

résultats originaux

par une action collective Alain Joly1,2 Rémy Vermesse1 Gilles Roger1 Thierry Le Falher1 Marie-Hélène Garrec1 Loïc Maurin1

résultats et perspectives en Bretagne Les plans d’assainissement vis-à-vis de la diarrhée virale bovine (B.V.D.) sont une entreprise de longue haleine. De 1986 à 2010, ils ont motivé études et actions de maîtrise collective, grâce à l’action conjointe des éleveurs et des vétérinaires.

D

epuis 1986, les G.D.S. bretons ont mis en place, en collaboration étroite avec les vétérinaires praticiens, des plans d’assainissement vis-à-vis de la diarrhée virale bovine (B.V.D.) ou maladie des muqueuses (encadré 1).

Ces plans se sont avérés extrêmement efficaces, et faciles à transposer d’un élevage à un autre, en raison d’une méthodologie d’intervention bien rodée [7]. L’arrivée sur le marché de la technique d’antigénémie en 1992 a, en outre, facilité l’organisation des plans de lutte.

Cependant, de nombreux exemples de recontamination d’élevages préalablement assainis (10 p. cent des nouveaux dossiers en 1996) ont conduit les G.D.S. à réfléchir à un plan de maîtrise collective. En effet, les éleveurs dont les élevages étaient recontaminés étaient insatisfaits, tout comme les responsables techniques des G.D.S., les vétérinaires praticiens, et les éleveurs administrateurs du G.D.S., qui avaient l’impression d’investir à fonds perdus.

L’idée d’une action collective a donc émergé. Toutefois, démarrer une telle action a nécessité de définir au préalable des objectifs précis, et d’améliorer les connaissances pour la mettre en œuvre. C’est pourquoi, de 1996 à 2000, plusieurs études ont été conduites, afin d’évaluer la faisabilité d’une action de maîtrise collective, et d’en choisir les modalités (photo 1).

Les principes et les résultats de ces études préliminaires, réalisées entre 1998 et 2001, sont présentés en première partie de cet article. La seconde partie présente les principes du plan de maîtrise qui en a découlé et qui a été mis en œuvre à partir de 2001 ainsi que ses principaux résultats, observés de 2001 à 2010.

1UBGDS

BP 110 – 56003 Vannes cedex 2UMR BioEpAR INRA ONIRIS, Atlanpole-Chantrerie BP 40706 44307 Nantes

Objectif pédagogique Connaître les mesures mises en place pour une gestion collective de la BVD en bretagne. 1

Pour connaître l’incidence, la prévalence et la dynamique de l’infection par le virus de la BVD en Bretagne, une étude préliminaire a été menée sur un échantillon représentatif de la population bovine bretonne (photo A. Joly).

chiffres La Bretagne est une région détenant aujourd’hui : - près de 2 000 000 bovins, répartis dans environ 13 670 cheptels laitiers ou mixtes ; - environ 3 000 cheptels

Encadré 1 - Rappel sur l’historique des plans d’assainissement de la BVD en Bretagne À partir de 1986, la mise en place des plans d’assainissement vis-à-vis de la diarrhée virale bovine (B.V.D.) ou maladie des muqueuses a concerné, au départ, les élevages atteints de manifestations cliniques avérées. Fondés sur la détection et sur l’élimination des bovins infectés persistants immunotolérants (I.P.I.), ces plans d’assainissement des élevages atteints ont été complétés, si nécessaire, par un protocole de vaccination des animaux séronégatifs, en particulier des génisses, avant leur mise à la reproduction.

De 1990 à 1996, en Bretagne, 600 à 800 élevages, soit environ 3 à 4 p. cent des cheptels bretons, ont été concernés chaque année par un plan d’assainissement.

RÉFLEXION ET ACTION PRÉALABLES À LA MISE EN PLACE D’UNE ACTION COLLECTIVE

allaitants ou mixtes.

Essentiel Un plan de maîtrise collectif a été décidé en 1996, pour une meilleure gestion de la BVD, et une diminution des coûts de l’assainissement.

Définition des besoins de connaissance

Avant de définir une action de maîtrise collective, il est indispensable d’en évaluer la faisabilité. Plusieurs groupes de réflexion, composés des représentants professionnels, des GDS et des GTV, et de partenaires scientifiques, se sont réunis afin d’identifier les besoins de connaissance. Ils ont proposé des études préliminaires, afin de répondre aux principales questions identifiées, résumées dans le tableau 1.

RUMINANTS

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

27

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 335


résultats originaux

B.V.D. : comment gérer les risques

Alain Joly1,2 Rémy Vermesse1 Gilles Roger1 Thierry Le Falher1 Marie-Hélène Garrec1 Loïc Maurin1 1UBGDS

liés à l’introduction de cheptels Lors de la commercialisation des animaux, leur statut I.P.I. ou non I.P.I. est un point important. La mise en place d’un fichier des animaux garantis non I.P.I. (F.A.G.) permettra d’apporter une garantie avant la vente.

BP 110 - 56003 Vannes cedex

2UMR

BioEpAR INRA ONIRIS, Atlanpole-Chantrerie BP 40706 44307 Nantes

Objectif pédagogique Connaître le principe des modalités d’obtention d’une garantie individuelle non I.P.I., ses avantages, ses limites et les modalités de surveillance et d’amélioration du dispositif.

L

Essentiel Au 31 décembre 2009, 46 p. cent des bovins bretons commercialisés ont été garantis non I.P.I., et répertoriés dans le fichier des animaux garantis. Pour rechercher des I.P.I., les bovins sont testés par PCR et/ou par antigénémie.

ors d’une transaction commerciale, le test le plus souvent utilisé pour rechercher les I.P.I. était jusqu’à 2005 l’antigénémie. Ce test est basé sur la recherche d’un antigène viral qui peut être soit l’antigène Ns2-3 (encore appelé P80) soit l’antigène Eo (gp44/48). Comme toutes les techniques d’analyse utilisées en routine, elle présente des avantages et des inconvénients. En particulier, la sensibilité et la spécificité de l’ensemble des kits disponibles sur le marché ne sont pas réellement connues, puisqu’il n’existe pas de laboratoire de référence, ni même de gold standard, en matière de B.V.D.

Récemment, plusieurs techniques de RTPCR (reverse transcriptase polymerase chain reaction) ont été commercialisées. Elles présentent l’avantage théorique d’une meilleure sensibilité, et probablement d’une meilleure spécificité, que les techniques basées sur la recherche de l’antigène. Cependant, la RT-PCR permet de repérer des animaux virémiques transitoires, ce qui n’est pas forcément le but recherché lors de transactions commerciales. En outre, le coût d’une P.C.R. reste élevé. Elle est donc peu utilisée lors des transactions commerciales. LIMITES DE L’APPLICATION D’UN TEST DIRECT EN ROUTINE Dans un contexte de prévalence de I.P.I. comprise entre 1 et 2 p. cent, si l’on applique un test recherche direct (RT-PCR, Antigénémie, voire culture cellulaire, …) la valeur prédictive d’un résultat négatif (VPN), c’est à dire la probabilité qu’un résultat négatif corresponde au fait que l’animal testé ne soit pas I.P.I., peut être estimée à 99,99 p. cent, pour une sensibilité du test de 99 p. cent (et une spécificité de 98 p. cent). Cette valeur prédictive d’un résultat négatif est probable-

RUMINANTS

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 PAGE - 2010

34

ment meilleure si le test utilisé est la PCR. Elle est plus faible sur les veaux sous immunité colostrale.

La valeur prédictive positive ou VPP (probabilité qu’un résultat positif corresponde effectivement à un I.P.I.) est médiocre (50 p. cent pour ce même test, dans le même contexte). Elle se dégrade très fortement avec un test comme la PCR, capable de détecter les animaux virémiques transitoires.

La mise en place d’un fichier des animaux garantis non I.P.I. (F.A.G.) est donc intéressante, si la probabilité qu’un animal inscrit dans le fichier soit effectivement non I.P.I. est supérieure à la valeur prédictive négative du test le plus communément utilisé. L’objectif visé est donc de moins d’un animal garanti à tort sur 10 000 animaux inscrits dans le fichier. La problématique de la valeur prédictive positive ne se pose pas pour les animaux présents dans le fichier.

Les éleveurs bénéficiant d’analyses individuelles ne comprennent pas que des résultats individuels ne soient pas valorisés de la même manière selon le contexte : si un animal est non I.P.I. dans le cadre d’un assainissement, il doit également l’être dans le cadre d’une transaction. Il n’était donc pas logique de recommander des contrôles à l’introduction sur des animaux disposant par ailleurs d’un statut favorable.

Ces éléments ont conduit à entreprendre une démarche très rigoureuse pour élaborer, mettre à jour et gérer le fichier des animaux garantis non I.P.I. (F.A.G.), pour définir des critères d’inclusion des animaux, des anomalies, et leurs traitements [5]. Un groupe de travail, piloté par l’U.B.G.D.S. (Union bretonne des groupements de défense sanitaire), et composé d’acteurs de terrain (G.D.S., U.R.G.T.V., L.D.A.) et de scientifiques (E.N.V.T., E.N.V.N.), a été constitué, et se réunit régulièrement. CRITÈRES DU FICHIER DES ANIMAUX GARANTIS Définition des critères Les critères actuellement retenus pour un fichier des animaux garantis sont exposés dans le tableau 1.


maîtrise collective

résultats originaux

de la B.V.D.

stratégie de la Bourgogne comparée à la Bretagne

Étienne Petit F.R.G.D.S. Bourgogne 42, rue de Mulhouse 21000 Dijon

La maîtrise collective de la diarrhée virale bovine ou maladie des muqueuses (B.V.D.) a fait l’objet de nombreux débats à l’échelle française, et si en 1993, la maîtrise des cas cliniques a été retenue comme une priorité, le plan de maîtrise proposé alors guide aujourd’hui encore les interventions des G.D.S. dans les élevages touchés par la forme clinique de la B.V.D. Cet article présente les stratégies adoptées par la Bourgogne dans ses grandes lignes, en les comparant avec celles suivies pour la Bretagne. Il souligne la place des vétérinaires dans ces schémas, et tente de brosser les perspectives.

Objectifs pédagogiques Connaître les stratégies de maîtrise collective de la BVD qui répondent à des besoins exprimés par les éleveurs et à leur situation épidémiologique spécifique. Connaître deux approches différentes (la Bretagne et la Bourgogne) qu'il convient de connaître pour conseiller au mieux les éleveurs.

Essentiel En Bourgogne, la lutte contre la B.V.D. repose sur : - la maîtrise de l’expression clinique de la maladie, par la vaccination dans les élevages exposés aux contaminations (introduction, voisinage) ; - un éventuel renforcement des mesures de biosécurité dans les élevages isolés et sensibles.

D

ans les zones allaitantes, la stratégie de protection ou d’assainissement pour laquelle a opté une région comme la Bretagne (encadré 1) n’était pas

La question de la B.V.D., notamment celle de son impact en élevage allaitant, a fait l’objet de débats et de recherches en région Bourgogne au milieu des années 90. Une enquête sérologique, menée alors avec le G.T.V. Bourgogne, a montré une circulation assez importante du B.V.D.V., puisqu’un jeune bovin sur cinq se révèlait séropositif. À l’échelle des élevages, la circulation virale n’a cependant pas été statistiquement associée à l’expression d’une affection néonatale [6].

Comme dans l’ensemble des départements à dominante allaitante, les G.D.S. de Bourgogne suivent les orientations nationales

Au niveau national

- Ce constat a conduit les responsables profes-

En 1993, une réflexion animée par la Fédération nationale des groupements de défense sanitaire du bétail (F.N.G.D.S.B) a réuni scientifiques, vétérinaires et groupements de défense sanitaire (G.D.S.) pour faire le point sur les connaissances sur cette maladie, et pour étudier les actions à envisager à l’échelle collective [12].

Cette réflexion s’est poursuivie en 1999, au sein de l’Association pour la certification en santé animale (A.CER.S.A.), qui a étudié l’opportunité de créer une certification relative à cette maladie. - Considérant qu’une telle certification mènerait à une éradication, l’A.CER.S.A. a réalisé un calcul économique, pour évaluer le rapport coût/bénéfice d’une stratégie d’éradication [7]. Le retour sur investissement a été estimé à un minimum de 15 ans, pour un département moyen français, sous certaines hypothèses jugées optimistes.

sionnels nationaux à rejeter une telle option.

Crédit Formation Continue :

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 346 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

LA STRATÉGIE CHOISIE EN BOURGOGNE

Encadré 1 - Le contexte historique avant la mise en place des plans d’action

RUMINANTS

0,05 CFC par article

envisageable, pour des raisons pratiques et économiques. Les G.D.S. de la zone allaitante ont d’abord suivi les orientations nationales, mais le développement du programme breton a suscité une réflexion plus adaptée à leur spécificité (encadré 2).

En 2003, les représentants des G.D.S., des Groupements Techniques Vétérinaires (G.T.V.) et des Laboratoires Départementaux d'Analyses (L.D.A.) de Bourgogne se sont donc réunis pour analyser la situation, et pour définir une stratégie régionale.

38

En Bretagne, région d’élevage laitier

En Bretagne, la situation épidémiologique, et surtout la motivation des professionnels, étaient différentes des réflexions nationales. Les G.D.S. bretons souhaitaient en effet sortir du programme, apparemment sans fin, de maîtrise des cas cliniques (près de 500 cas par an), qui devenaient récurrents pour certains élevages.

Inspirés par le programme d’éradication suédois, les G.D.S. de Bretagne ont entrepris, dès 1998, une phase expérimentale basée sur le suivi sérologique de laits de tank, issus d’élevages laitiers d’une zone géographique limitée (projet Brocéliande).

En 2001, ils ont décidé d’étendre ce suivi à tous les cheptels bretons, pour leur proposer une stratégie de protection ou d’assainissement, selon leur situation épidémiologique.


stop BVD en Suisse

résultats originaux

histoire d’une éradication en marche

Patrick Presi1 Cathy Maret2 1 Veterinary

Public Health Institute, Université de Berne, Suisse

2 Office

La Suisse est en passe de devenir indemne de BVD, la diarrhée virale bovine. La prévalence de la BVD s’élève aujourd’hui à 0,1 p. cent parmi les bovins nouveau-nés, contre 1,6 p. cent en 2008. Cette diminution résulte d’un programme d’éradication coordonné, conduit ces dernières années sur tout le territoire suisse. Pourquoi et comment ? Retour sur l’histoire d’une éradication sans précédent.

L’

idée d’une éradication de la diarrhée virale bovine, ou maladie des muqueuses (BVD) a été mûrement réfléchie en Suisse. Le soutien des professionnels de l’agriculture et des services vétérinaires, un diagnostic fiable, et une logistique appropriée étaient indispensables.

Depuis le début des années 1990, plusieurs pays européens, notamment les pays scandinaves, ont mis sur pied des programmes d’éradication [1, 3, 4, 6, 8]. Leurs expériences encourageantes ont montré qu’ils pouvaient s’avérer efficaces. C’est pourquoi, en 2005, l’Office vétérinaire fédéral (l’OVF) a réuni tous les acteurs concernés pour leur proposer de lancer un programme d’éradication de la BVD au niveau national.

Cet article présente les principales modalités du plan d’éradication suisse. Il expose les différentes phases de sa réalisation, puis indique les résultats obtenus à ce jour. UN PROGRAMME CONTRAIGNANT, MAIS RAPIDE

Les discussions ont montré que la filière bovine était prête à relever le défi de l’éradication de la BVD. Le financement du programme a été décidé, et réparti entre la Confédération helvétique, les services vétérinaires des cantons (unité administrative), et les agriculteurs (encadré 1).

Les services vétérinaires et les associations agricoles ont plébiscité cette idée. Ils se sont

Vétérinaire Fédéral , Suisse

Objectifs pédagogiques Comprendre la démarche d’éradication de la BVD en Suisse. Connaître les éléments clés pour la réussite d’un tel programme.

chiffres Le cheptel bovin suisse est réparti dans 41 903 exploitations dont 77 p. cent ont des vaches laitières. La taille moyenne d’un troupeau est de 30 animaux. Parmi ces exploitations, 55 p. cent estivent en moyenne 30 p. cent de leur cheptel à l’alpage.

1

Tous les bovins sont identifiés par une boucle, même ceux de race Highland (photo Office vétérinaire fédéral).

Encadré 1 - Coûts et bénéfices du programme Selon un projet pilote conduit à l’Institut vétérinaire de virologie de l’Université de Bern, les pertes économiques liées à la BVD ont été estimées entre 6 à 12 millions de CHF par année (5 à 10 millions d’euros).

Une estimation conduite a montré que les coûts du programme seraient amortis par les bénéfices, à partir de la 6e année après le lancement du programme.

Cette estimation est sans doute optimiste. Un projet est en cours pour faire le bilan économique du programme et affiner ces estimations.

prononcés pour un programme coordonné et généralisé à toute la Suisse (début du programme dans toutes les exploitations de Suisse en même temps), plutôt qu’un programme échelonné région par région.

Si le modèle choisi est plus contraignant pour les agriculteurs, il offre l’avantage d’être plus rapide à réaliser.

Après cette décision de principe, 2 ans de travail ont été nécessaires pour affiner le concept, et pour organiser la logistique, afin de commencer le programme début 2008.

Essentiel Un programme d’éradication doit être accompagné par une vaste campagne de communication. La réussite d’un programme d’éradication passe par une logistique efficace, et par des ressources importantes.

RUMINANTS

Contexte de départ En 2000, la séroprévalence de la BVD a été estimée à 57,6 p. cent au niveau de la population bovine, et 100 p. cent des troupeaux avaient des animaux présentant des anticorps contre le virus BVD [5].

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45

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 353


la perception

résultats originaux

de la notion de santé

enquête auprès des acteurs de la filière porcine

Morgane Mennessier1 Catherine Belloc1 Dominique Pécaud2 Étienne Zundel3 Henri Seegers1

Réalisée auprès de 43 vétérinaires et scientifiques, de 13 techniciens, et de 13 éleveurs, cette étude a pour but de décrire comment les intervenants de la filière porcine perçoivent la notion de santé.

1 UMR INRA-Oniris 1300 BIOagression Épidémiologie Analyse de Risque, BP 40703 44307 Nantes 2 Institut de l’Homme et de la Technologie, École Polytechnique Université de Nantes 3 INRA, Département Santé Animale 37380 Nouzilly

B

Objectifs pédagogiques Recueillir la perception de la notion de santé, de l’animal et du troupeau, auprès des acteurs de la filière porcine. Comparer les perceptions entre catégories d’acteurs (vétérinaires, techniciens, éleveurs).

Essentiel Le concept de santé est perçu de manière homogène entre acteurs. Le critère performances est le plus souvent cité pour caractériser la bonne santé de l’animal ou de l’élevage. La mauvaise santé est objectivée par des signes cliniques et par une diminution des performances.

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PORCS- VOLAILLES

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 360 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

ien que la santé soit au cœur de la médecine vétérinaire, elle est rarement définie dans les ouvrages vétérinaires [3]. Lorsqu’elles existent dans la bibliographie, les définitions sont assez différentes les unes des autres (encadré 1). Le concept de santé englobe un certain nombre de paramètres. La définition de la santé dépend de facteurs subjectifs, comme la perception du bien-être, ainsi que d'une certaine forme de philosophie.

Il nous a semblé intéressant d'aller au contact des acteurs de terrain, afin de recueillir leurs définitions de la santé. En effet, la manière dont un éleveur ou un vétérinaire envisage la santé peut avoir une influence sur sa pratique au quotidien, donc sur les conditions de vie des animaux et/ou sur les traitements médicamenteux auxquels ils sont soumis.

Nous avons dans ce but rencontré des acteurs de la filière porcine, afin de leur permettre d'exprimer leurs critères de définition de la santé. Cet article présente les modalités de notre étude et les résultats obtenus,

1

À l’examen visuel, ce porcelet en post-sevrage semble en bonne santé : son état d’embonpoint est correct, et son comportement est normal (photo C. Belloc).

qu’il compare ensuite aux critères retrouvés dans la littérature. MATÉRIELS ET MÉTHODES L’échantillon choisi, les questions posées et le traitement des données recueillies sont décrits dans l’encadré 2. RÉSULTATS Définition d’un animal en bonne santé Le tableau 1 présente les principaux critères cités pour définir la bonne santé d’un animal (performances, absence de signes cliniques, comportement, aspect de l’animal, absence de traitement, portage possible : statut sanitaire/état de santé, état d’équilibre), ainsi que le nombre de personnes les ayant cités.

Encadré 1 - La santé, un concept à définir La santé est à la fois définie par l’absence de maladie, par le fonctionnement normal de l’organisme, et par des comportements normaux de l’animal. Celle-ci se fonde sur l’observation d’un certain nombre d’individus, qui déterminent la norme de la bonne santé [1].

Dans certains contextes, comme dans les filières de production, la santé est considérée comme l’état qui permet les meilleures performances en termes de productivité. Cette définition peut sembler réductrice, elle est souvent enrichie par les notions d’équilibre entre l’animal et son milieu, et de bien-être physique de l’animal.

Ceci est sans doute en lien avec l’évolution

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observée en médecine vétérinaire, vers une approche plus préventive que curative, prenant de plus en plus en compte l’environnement de l’animal [3]. Le concept de santé positive se définit dans ce cadre.

La santé positive est celle qui résulte d’un environnement favorable, tant sur le plan alimentaire que sur celui du confort ou de l’absence de facteurs de stress ou de menaces (y compris les agents pathogènes), et non d’une médication.

Sainsbury considère qu’un animal dont on contrôle l’état de santé par des traitements n’est pas en bonne santé au même titre qu’un animal dont les conditions de vie sont suffisantes pour assurer la santé [4].


enjeux économiques

résultats originaux

la production cunicole française aujourd’hui une filière réactive La filière cunicole, si elle est petite, est néanmoins réactive, à l’écoute de ses acheteurs et de ses producteurs. Face aux différentes crises économiques ou sanitaires qu’elle subit ou a subi, elle sait rebondir. Après une très grave crise sanitaire suite à la découverte de l’entéropathie épizootique du lapin en 1996, elle a su mettre en place une réelle révolution zootechnique qui lui a permis de vivre. Aujourd’hui confrontée à une crise économique due à l’augmentation du prix des matières premières alimentaires, elle rebondit encore, en diminuant ses coûts de production.

A

vec ses 4000 élevages professionnels ou semi-professionnels qui regroupent 1 187 000 lapines en 2008, et qui produisent près de 80 000 tonnes de viande, la France est le 3e producteur européen de lapin de chair, derrière l’Italie et l’Espagne. Au niveau mondial, la France se place au 4e rang, derrière la Chine [4, 9]. Depuis l’adhésion des nouveaux pays membres, l’Union Européenne à 25 représente une production de 515 000 tonnes. C’est donc la première zone productrice du monde, talonnée par la Chine. Ces quatre pays représentent près de 72 p. cent de la production mondiale, estimée à environ 1,2 millions de tonnes selon la FAO (Food and Agriculture Organization).

La France a exporté, en 2009, 6100 t de viande, a importé 1900 t, et a “autoconsommé” 71200 t, produites par 116 abattoirs agréés. Quarante entreprises fabriquent 490 000 t d’aliment destiné aux lapins [4].

Depuis le début des années 90, une rationalisation importante et constante de la filière (la conduite en bandes et l'insémination artificielle sont maintenant largement pratiquées)

Samuel Boucher Labovet Conseil (Réseau Cristal) BP 539 85505 Les Herbiers cedex.

Figure 1 - Répartition géographique des élevages de lapins en France

Objectif pédagogique

Nord Normandie Bretagne

Connaître les atouts et les difficultés de la filière cunicole.

5,5 %

5,6 %

10,4 % Pays de la Loire

48,3 % PoitouCharente

16,8 %

Massif Central

2,9 %

Sud-Ouest

Sud-Est

5,7 %

4,8 %

entraîne une hausse de la taille moyenne des élevages professionnels.

Cet article présente la production cunicole française, en indiquant les régions de production, les principaux modes d’élevage, les contraintes économiques et les atouts de cette filière. UNE PRODUCTION CONCENTRÉE DANS L’OUEST

La production cunicole française est encore aujourd’hui difficile à apprécier avec précision. En 2000, le recensement général agricole comptabilisait 4880 exploitations cunicoles détenant plus de 20 femelles reproductrices.

Ces élevages sont concentrés, pour 72 p. cent, dans quatre grandes régions du grand ouest de la France : les Pays de la Loire, la Bretagne, le Poitou-Charentes, et la Normandie (figure 1).

La Vendée conforte sa position de premier département producteur, avec 28,7 p. cent des ateliers en production organisée, suivie du Maine-et-Loire (11,5 p. cent), des Deux-Sèvres (9,3 p. cent), et du Morbihan (4,9 p. cent) [6, 9].

La proportion d'exploitations spécialisées est maximale en Bretagne (35 p. cent) et en Auvergne (44 p. cent). Elle est minimale en région Pays de la Loire (18 p. cent) et dans le Centre (22 p. cent).

Essentiel La France est le 3e producteur européen de lapin de chair, et le 4e producteur mondial. Les élevages sont concentrés dans quatre grandes régions du grand ouest de la France : - les Pays de la Loire ; - la Bretagne ; - le Poitou-Charentes ; - la Normandie.

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COMPRENDRE ET AGIR

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 365


FORMATION MÉDICALE

CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie

3e série

revue internationale

d’articles

un panorama des meilleurs articles

analyse de risque en santé animale 6. L’appréciation qualitative du risque en santé animale

Page 77 Sous la direction de François Schelcher et Henri Seegers avec Sébastien Assié, Nicole Picard-Hagen

Cette série d’articles sur le risque aborde successivement les deux grands domaines de l’épidémiologie analytique et de l’analyse de risque : - L’épidémiologie analytique : 1. Introduction (N°11) 2. Le risque relatif (N°12) 3. Le rsique relatif estimé (calcul de l’odds ratio) (N°13) - L’analyse de risque : 4. Démarche générale : l’identification du danger et l’appréciation du risque (N°14)

- Comparaison du transfert passif d’immunité chez des veaux laitiers nouveau-nés nourris soit avec du colostrum soit avec un colostro-remplaceur, puis un colostro-supplément par Sébastien Assié, Oniris

5. Démarche générale : la gestion du risque et communication relative au risque (N°15) 6. L’appréciation qualitative du risque en santé animale (N°16) 7. L’appréciation quantitative du risque en santé animale par Bernard Toma Page 66

- Données cliniques, histologiques et bactériologiques pour des vaches atteintes de dermatite digitée, un mois après le traitement avec du chlorhydrate de lincomycine ou du chlorhydrate d’oxytétracycline par Sébastien Assié, Oniris

observation originale

étude de cas carence en sélénium et en magnésium chez deux veaux discussion des méthodes de diagnostic, de traitement et des stratégies préventives

- L’utilisation de la semence sexée et ses effets sur le taux de conception, le sexe du veau, les dystocies et les mort-nés chez les vaches de race Prim’Holstein aux États-Unis par Marielle Bruni, Francois Schelcher, Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)

Cécile Énault, Nora Cebron, Brigitte Siliart, Raphaël Guattéo

- Administration d’hormone gonadotrope chorionique humaine (hCG), 7 jours après une insémination artificielle sur chaleurs induites chez des vaches allaitantes par Nicole Picard-Hagen, (E.N.V.T.)

Au travers de deux cas cliniques de carence combinée en sélénium et en magnésium, cet article expose les aspects cliniques de ces affections, propose au praticien des outils diagnostiques et thérapeutiques, et présente les options préventives envisageables pour l’ensemble du troupeau. Page 70

65

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 373


comprendre l’épidémiologie Bernard Toma Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Objectif pédagogique Savoir apprécier qualitativement le risque en santé animale, et utiliser les tableaux de croisement d'expression qualitative du risque.

NOTES * cf. l’article à paraître, du même auteur, dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé N°17. ** cf. les articles du même auteur, parus dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - “L’analyse du risque en santé animale - Les principes” N°14 p222-5 ; - “Gestion du risque et communication relative au risque” N°15 p294-6.

Essentiel Pour apprécier le risque, les informations les plus fiables possibles sur la situation de la maladie sont indispensables. L’approche qualitative est intéressante, car elle permet de se faire une idée du niveau de risque, de manière simplifiée. Son point faible est d’être trop dépendante des interprétations personnelles.

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 374 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

analyse de risque en santé animale 6. l’appréciation qualitative du risque en santé animale L’appréciation du risque en santé animale peut être qualitative, elle permet alors d’envisager les différents aspects du risque de façon simplifiée, mais elle est sujette à des variations d’interprétation des qualificatifs utilisés. Elle peut être également quantitative*.

D

ans une démarche d’analyse de risque**, l’appréciation de celui-ci est la deuxième phase. Pour déterminer le niveau de risque, elle examine trois types d’informations : - l’émission de l’agent pathogène ; - l’exposition à cet agent ; - les conséquences de la survenue du danger.

Ces informations peuvent être utilisées de manière qualitative (elle aboutit à un qualificatif du risque “élevé”, “faible”, ...), ou de manière quantitative (elle exprime en valeurs chiffrées la probabilité de survenue et l’importance des conséquences).

Une appréciation qualitative du risque est plus rapide qu’une appréciation quantitative. Elle peut être effectuée en première intention et, en fonction des résultats et/ou des moyens disponibles, être jugée suffisante ou bien être complétée par une appréciation quantitative.

La démarche générale est la même dans les deux cas ; les mêmes types d’informations sont utilisés, mais, dans la méthode qualitative, chaque étape est “qualifiée”, tandis que dans la méthode quantitative, elle est exprimée par des valeurs numériques. APPRÉCIER LA SURVENUE DU DANGER

Pour apprécier la survenue du danger, la partie initiale est commune aux deux méthodes : elle consiste à établir la séquence des événements conduisant à la manifestation du danger. Cette séquence peut être schématisée sous forme d’un arbre séquentiel ou arbre de probabilité.

66

Un exemple permet d’illustrer cette démarche : il s’agit de l’appréciation du danger “rage canine”, introduite en France à partir d’un pays imaginaire, le Baroc. Le risque à considérer pour apprécier l’émission est celui de l’introduction en France d’un chien en incubation de rage.

La période prise en considération est tout d’abord à définir. La période prise en compte est habituellement d’un an dans ce cas de figure ; il s’agit donc de la “probabilité d’introduction en France d’un chien en incubation de rage provenant du Baroc, en un an”.

L’étude des circonstances d’introduction en France de chiens en provenance de ce pays fait apparaître deux grandes catégories : - ceux qui sont introduits, par leur maître, dans le respect des obligations réglementaires ; - et ceux qui sont introduits de manière illégale. Pour chacune de ces deux populations, une certaine proportion (différente entre elles deux) se trouve en incubation de rage au moment de l’entrée en France. Ces éléments peuvent être représentés dans un arbre séquentiel qui devient un arbre de probabilité quand des valeurs qualitatives (démarche qualitative) ou quantitatives (valeurs chiffrées) de probabilité y sont introduites (figure).

Les informations nécessaires sont : - le nombre annuel de chiens importés (venant ou revenant) de ce pays, dans le respect des obligations réglementaires ; - le nombre annuel de chiens importés du Baroc dans l’illégalité ; - l’incidence annuelle de la rage canine au Baroc ; - le nombre de chiens dans ce pays.

Dans l’arbre séquentiel, les deux feuilles correspondant au risque annuel d’introduction d’un cas de rage canine à partir du Baroc sont celles représentées sur la figure.

Un point capital, commun aux approches qualitative et quantitative, est la qualité et la fiabilité des informations, notamment épidémiologiques, disponibles sur la situation de la maladie prise en compte.


revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - Journal of American Veterinary Medical Association, - J. Anim. Science - Journal of Dairy Science

2010,237(8):949-54, 2010;237:555-60 2010,88:2337-45 .................................................................................................................................................................................................................................................. 2010,93:3880-90 ..............................................................................................................

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Néonatologie - Comparaison du transfert passif d’immunité chez des veaux laitiers nouveau-nés nourris soit avec du colostrum soit avec un colostro-remplaceur, puis un colostro-supplément

Dermatologie - Données cliniques, histologiques et bactériologiques pour des vaches

atteintes de dermatite digitée, un mois après le traitement avec du chlorhydrate de lincomycine ou du chlorhydrate d’oxytétracycline

Reproduction

- Administration d’hormone gonadotrope chorionique humaine (hCG), 7 jours après une insémination artificielle sur chaleurs induites chez des vaches allaitantes

- L’utilisation de la semence sexée et ses effets sur le taux de conception, le sexe du veau, les dystocies et les mort-nés chez la Prim’Holstein aux États-Unis

Synthèses rédigées par Sébastien Assié, Nicole Picard-Hagen, Marielle Bruni, François Schelcher

un panorama des meilleurs articles COMPARAISON DU TRANSFERT PASSIF D’IMMUNITÉ chez des veaux laitiers nouveau-nés nourris soit avec du colostrum soit avec un colostro-remplaceur, puis un colostro-supplément Lorsque la formation, l’ingestion ou l’absorption des facteurs immunologiques présents dans le colostrum est inadéquate, les veaux ont un défaut de transfert passif d’immunité. Lorsque l’on utilise un test d’immunodiffusion radiale, le transfert passif d’immunité est considéré comme adéquat quand les concentration en immunoglobulines G sériques des veaux nouveaux nés sont supérieures à 1000 mg/dL.

Peu d’éleveurs disposent de banques de colostrum de bonne qualité. Différents produits ont été commercialisés comme colostro-remplaceur ou colostro-supplément* .

Les colostro-suppléments ne constituent pas des substituts à la prise de colostrum.

Une seule prise de colostro-remplaceur ne permet pas d’atteindre dans le sérum des veaux des concentrations en immunoglobulines G (IgG) équivalentes à ce que l’on obtient après une prise de colostrum. Utilisés en une prise, ils n’assurent pas un bon transfert passif d’immunité.

Matériel et méthode Cette étude est un essai clinique contrôlé et randomisé, réalisé aux États-Unis.

Les veaux nouveau-nés femelles (18 de race Jersey et 269 de race Holstein) ont été répartis en deux groupes : - 141 veaux ont reçu 4 L de colostrum en un ou deux repas (le premier ou seul repas dans les 2 heures suivant la naissance ; le second, s’il a eu lieu, entre 2 h et 12 h suivant la naissance) ; - 146 veaux ont reçu 2 L de colostro-remplaceur dans les 2 heures suivant la naissance et 2 L de colostro-supplément entre 2 h et 12 h suivant la naissance.

La concentration en protéines totales et la concentration sérique sont mesurées en IgG entre 1 et 7 jours.

Résultats La concentration en protéines totales (P.T.) et la concentration sérique en IgG sont significativement différentes entre les deux groupes. Chez les veaux ayant reçu du colostrum et chez les veaux nourris recevant un colostro-remplaceur, puis un colostro-supplément, les médianes des concentrations en protéines totales étaient respectivement de 5,58 (+/-0,67) g/dl et de 5,26 (+/- 0,54) g/dl, et les médianes des concentrations en IgG sériques étaient respectivement de 1868 (+/-854) mg/dl et de 1320 (+/-620) mg/dl.

Les pourcentages des veaux ayant un échec du transfert passif d’immunité ne sont pas significativement différents entre les deux groupes.

Discussion Les auteurs concluent que l’administration successive d’un colostro-remplaceur, puis d’un colostro-supplément à des veaux nouveau-nés est une bonne alternative à l’administration de colostrum pour obtenir un transfert passif d’im¿ munité adéquat.

NOTE * - La distinction entre colostro-remplaceur et colostro-supplément repose sur la quantité d’IgG présente dans une dose. - En France, actuellement, il n’existe que des produits utilisables en supplément d’une prise colostrale (assurant entre 6 et 26 g d’IgG par dose).

Néonatologie Objectif de l’étude Comparer les concentrations en protéine totale sérique (PT) et les concentrations en IgG de veaux laitiers recevant du colostrum, avec des veaux laitiers recevant un colostroremplaceur, puis un colostro-supplément.

XJournal of American Veterinary Medical Association, 2010,237(8):949-54 Comparison of passive transfer of immunity in neonatal dairy calves fed colostrum or bovine serum-based colostrum replacement and colostrum supplement products. Poulsen KP, Foley AL, Collins MT, McGuirk SM.

Synthèse par Sébastien Assié, Médecine des Animaux d’Élevage, Oniris, BP 40706 44307 Nantes Cedex 03

REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 385


revue internationale - un panorama des meilleurs articles

Dermatologie

DONNÉES CLINIQUES, HISTOLOGIQUES ET BACTÉRIOLOGIQUES pour des vaches atteintes de dermatite digitée, un mois après le traitement avec du chlorhydrate de lincomycine ou du chlorhydrate d’oxytétracycline

Objectif de l’étude Déterminer si : - un traitement à la lincomycine est aussi efficace qu’un traitement à l’oxytétracyline lors de dermatite digitée ; - la détection des lésions macroscopiques à l’examen clinique équivaut à l’évaluation des lésions histologiques ; - la flore cutanée dans les lésions de dermatite digitée est la même que la flore cutanée de doigts sains.

Problématique

3. trois vaches ne sont pas traitées.

Les traitements habituellement utilisés contre la dermatite digitée sont des désinfectants et/ou des antibiotiques, souvent hors AMM (autorisation de mise sur le marché), qui sont appliqués en pâte sous des bandages, par pulvérisation, ou ajoutés à des bains de pédiluves.

La lincomycine et l’oxytétracycline sont deux antibiotiques connus pour être des traitements efficaces losqu’ils sont administrés par pulvérisation, directement sur la lésion, ou sous un bandage.

La réapparition de lésions après un traitement antibiotique est très fréquente. Les valeurs reportées dans la littérature vont de 48 p. cent, 49 jours après traitement, à 60 p. cent, 100 jours après traitement.

Des biopsies et des examens histologiques sont effectués avant le traitement et à 30 jours (J30) après le traitement.

Les lésions sont évaluées macroscopiquement à J1, J14 et J30. Résultats

Aucune différence macroscopique ni histologique n’est observée entre les vaches traitées à la lincomycine et les vaches traitées à l’oxytétracycline : - à J14 : 16 vaches sur 22 apparaissent guéries ; - à J30 : 15 vaches sur 22 ( 8/11 pour le groupe lincomycine, et 7/11 pour le groupe oxytétracycline) semblent guéries.

À J30, sept des vaches à dermatite digitée sur les 15 semblant guéries ont des lésions histologiques, classées comme actives (ulcération et contamination bactérienne) pour deux d’entre elles, ou comme débutantes pour cinq d’entre elles.

XJ Am Vet Med Assoc 2010;237:555-60. Clinical, histologic, and bacteriologic findings in dairy cows with digital dermatitis (footwarts) one month after topical treatment with lincomycin hydrochloride or oxytetracycline hydrochloride. Berry SL, Read DH, Walker RL, Famula TR.

Matériel et méthode

Cette étude est un essai clinique contrôlé et randomisé. Elle porte sur 25 vaches avec des lésions de dermatite digitée, dans un élevage Holstein, aux États-Unis.

Les animaux sont répartis en trois groupes, en fonction du traitement réalisé à J1 (jour 1 ou 2) :

1. 11 vaches sont traitées avec de la lincomycine. Elles reçoivent un traitement topique, avec 10 g de chlorydrate de lincomycine en poudre soluble. La lincomycine est mélangée à de l’eau désionisée (3 à 4 mL) pour obtenir une pâte, et appliquée sur une gaze, maintenue en place par un bandage. Le bandage est enlevé 4 jours après ;

2. 11 vaches sont traitées à l’oxytétracycline. Synthèse par Sébastien Assié, Médecine des Animaux d’Élevage, Oniris, BP 40706 44307 Nantes Cedex 03

Un traitement topique est appliqué, avec 10 g de chlorydrate d’oxytétracycline en poudre soluble, Le traitement a été appliqué de la même manière que le traitement à la lincomycine ;

Déterminer l'évolution de l’utilisation de la semence sexée aux États-Unis en race Prim’Holstein. Comparer la fertilité, les caractéristiques des vêlages (mortinatalité, dystocies, gémellité) et des filles (production laitière et fertilité) des vaches et des génisses inséminées, avec de la semence non sexée et sexée. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 386 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

Les auteurs concluent que la guérison clinique des lésions de dermatite digitée ne diffère pas selon que les vaches sont traitées localement à l’oxytétracycline ou à la lincomycine.

Avant le traitement, la détection des lésions macroscopiques à l’examen clinique et l’évaluation des lésions histologiques donne des résultats cohérents.

En revanche, un mois après le traitement, la relation entre les résultats de ces deux examens est variable. L’évaluation histologique des lésions n’a pas permis de faire la distinction entre des lésions en voie de guérison ou des lésions débutantes. ¿

L’UTILISATION DE LA SEMENCE SEXÉE ET SES EFFETS sur le taux de conception, le sexe du veau, les dystocies et les mort-nés chez les vaches de race Prim’Holstein aux États-Unis

Reproduction

Objectifs de l’étude

Conclusion et importance clinique

La semence sexée femelle a été mise sur le marché par les organismes d’insémination artificielle aux États-Unis en 2005. Elle connaît depuis un essor important.

Le sexage de la semence est fondé sur la différence de contenu en ADN (+ 3,8 p. cent) entre le chromosome X et le chromosome Y.

Les spermatozoïdes X et Y sont d'abord marqués en fluorescence, puis séparés par cytométrie de flux, permettant ainsi d’obtenir une semence sexée d’une pureté allant de 88 à 92 p. cent. Cependant, la diffusion de cette technique est limitée techniquement et économiquement à une utilisation sur les génisses en première IA,

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en raison d'une baisse de la fertilité de la semence sexée. Matériels et Méthodes

L’étude a été réalisée à partir de la base de données de l’USDA (US Departement of Agriculture ou bien ministère de l’Agriculture américain), soit sur plus de 1,5 million de génisses et 12,1 millions de vaches ayant vêlé entre janvier 2006 et décembre 2008 sur tout le territoire des États-Unis.

Critères de sélection 1. des troupeaux : - un taux de fertilité compris entre 10 et 90 p. cent ;


revue internationale - un panorama des meilleurs articles - au moins 50 p. cent des vaches du troupeau mises à la reproduction chaque année, dont au moins 80 p. cent en IA. 2. des vaches : - rang de lactation compris entre 1 et 5 ; - rang d’IA compris entre 1 à 7. 700 taureaux ont été utilisés en semence conventionnelle et 260 en semence sexée.

Résultats et discussion L'utilisation de la semence sexée (en pourcentage de semence) a fortement augmenté chez les génisses (de 1,4 p. cent en 2006 à 17,8 p. cent en 2008). Elle est restée faible chez les vaches (0,1 p. cent en 2006 contre 0,4 p. cent en 2008) pour des raisons technico-économiques (prix plus élevé et taux de fertilité faible).

L’utilisation de la semence sexée a diminué nettement avec le rang d’IA et le rang de lactation.

En 2008, la semence sexée a été utilisée dans 34,2 p. cent des troupeaux de génisses et 10,6 p. cent des troupeaux adultes. Il existe des différences géographiques, la semence sexée a été plus utilisée sur les grands troupeaux à haut potentiel laitier.

Les caractéristiques génétiques (production laitière et taux utiles, taux de gestation des filles et facilité de vêlage) des taureaux sélectionnés pour produire de la semence sexée sont en moyenne supérieures à celles des animaux utilisés en semence conventionnelle. Ainsi, l'utilisation d'un taureau en semence sexée permettrait d'augmenter la production de lait des filles de 75 kg.

L’utilisation de semence sexée femelle conduit à une diminution importante des dystocies en raison du plus faible poids des veaux femelles.

Le taux de réussite à l'IA en semence sexée est inférieur à celui en semence conventionnelle (39 p. cent versus 56 p. cent pour les génisses et 25 et 30 p. cent pour les vaches).

Matériels et Méthodes

Cette étude a été réalisée dans le Minnesota et le Kansas sur six sites, sur des femelles allaitantes de races Angus, Hereford et Simmental.

Un dispositif vaginal de progestérone (CIDR) est mis en place pendant 7 jours, associé à une administration de GnRH (100 μg) au début du traitement, et à une administration de prostaglandine F2α au retrait du CIDR. Une injection de GnRH a été réalisée 64 h après le retrait du dispositif progestéronique (au moment de l’IA).

Les vaches sont réparties en deux lots en fonction de leur rang de vêlage, du délai postpartum et de leur note d’état corporel.

Le lot traité (n=254) reçoit 1000 UI d’hCG par voie intramusculaire 7 jours après IA, le lot témoin (n=252) reçoit le solvant. Un taureau a été introduit dans les troupeaux 10 jours après IA.

2010,93:3880-3890.

Use of sexed semen and its effect on conception rate, calf sex, dystocia, and stillbirth of Holsteins in the United States. HD Norman, JL Hutchinson, RH Miller.

Conclusion L’utilisation de la semence sexée permet d'obtenir entre 89 et 91 p. cent de femelles, elle permet d’accélérer le renouvellement du troupeau et le progrès génétique, améliorant ainsi les performances laitières.

Pour des raisons technico-économiques, la semence sexée peut être utilisée principalement chez les génisses en 1ère IA. ¿

ADMINISTRATION D’HORMONE GONADOTROPE CHORIONIQUE HUMAINE (HCG) 7 jours après une insémination artificielle (IA) sur chaleurs induites chez des vaches allaitantes

Des niveaux de progestérone élevés sont nécessaires au maintien de la gestation ; ils stimulent la croissance du conceptus.

Par conséquent, la stimulation par l’hCG (human chorionic gonadotrophin ou hormone gonadotrope chorionique humaine) de la sécrétion de progestérone, en début de gestation, pourrait permettre d’optimiser les méthodes hormonales de synchronisation des chaleurs.

XJournal of Dairy Science,

Des diagnostics de gestation sont réalisés par échographie 33 et 68 j après IA. Les organites ovariens sont évalués 14 jours après IA. Les concentrations de progestérone sont suivies 7, 14, 33 et 68 j après IA.

Résultats

A J33, le taux de gestation du groupe traité à l’hCG tend à être supérieur à celui du groupe témoin (56 versus 50 p. cent, p = 0.07) alors qu’à J68, le taux de gestation cumulé a été similaire entre les deux groupes.

A J14, le volume du tissu lutéal et le pourcentage de formations lutéales multiples (91 versus 0 p. cent) sont augmentés chez les femelles traitées à l’hCG. Les concentrations de progestérone plasmatiques ont été augmentées à J14 (6,8 ± 0,4 versus 5,4 ± 0,5 ng/mL) et J33 chez les femelles traitées à l’hCG.

Discussion et conclusion L’hCG augmente le volume du tissu lutéal 14 j après IA et les concentrations de progestérone 14 et 33 j après IA.

Synthèse bibliographique Marielle Bruni, Francois Schelcher, Nicole Picard-Hagen, Département Élevage et Produits, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse

Reproduction

Objectif de l’étude Évaluer l’effet de l’administration d’hCG 7 jours après une IA sur chaleurs induites sur la réponse ovarienne et le taux de gestation chez des bovins allaitants.

XJ. Anim. Sci. 2010, 88:2337-45.

Administration of human chorionic gonadotropin 7 days after fixed-timed artificial insemination of suckled beef cows. Dahlen CR, Bird SL, Martel CA, Olson KC, Stevenson JS, Lamb GC

Synthèse par Nicole Picard-Hagen Département Élevage et Produits, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse

L’activité lutéotrope de l’hCG pourrait permettre de soutenir le développement du conceptus et expliquer ainsi l’augmentation du taux de gestation chez les femelles traitées. ¿

REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - PAGE


observation originale

étude de cas de l’internat

carence en sélénium

et en magnésium chez deux veaux

Cécile Énault1 Nora Cebron1 Brigitte Siliart2 Raphaël Guattéo1

discussion des méthodes de diagnostic, de traitement et des stratégies préventives

1 Médecine des Animaux d’Élevage ONIRIS, Atlanpole-Chantrerie BP 40706 44307 Nantes 2 Laboratoire des dosages hormonaux ONIRIS, Atlanpole-Chantrerie BP 40706 44307 Nantes

Au travers de deux cas cliniques de carence combinée en sélénium et en magnésium, cet article expose les aspects cliniques de ces affections, propose au praticien des outils diagnostiques et thérapeutiques, et présente les options préventives envisageables pour l’ensemble du troupeau. Les méthodes de diagnostic, les traitements et les stratégies préventives sont discutées.

Objectif pédagogique Savoir diagnostiquer et traiter les affections liées aux carences en sélénium et en magnésium, et mettre en place des mesures préventives.

D Essentiel La carence en vitamine E/sélénium et l’hypomagnésémie sont souvent associées.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 378 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

eux veaux, âgés de 2 et 3 mois, issus d’un même élevage, présentant une parésie progressive des postérieurs, sont référés simultanément à l’École nationale vétérinaire de Nantes-Oniris pour diagnostic.

Ils proviennent d’un cheptel allaitant, de race Rouge des Prés, qui compte environ 60 vêlages par an. Les veaux sont élevés “sous la mère”. Les animaux sont rentrés à l’étable de décembre à février, ils reçoivent alors de l’ensilage d’herbe. En fin de saison de pâture, de septembre à novembre, de l’ensilage d’herbe est mis à disposition.

Lors de la rentrée à l’étable, fin novembre, l’éleveur remarque deux veaux qui présentent une démarche chancelante et une faiblesse des postérieurs. Ces veaux sont issus de vêlages eutociques. Ils sont âgés de 1 et de 2 mois.

Les veaux reçoivent alors trois injections intra-musculaires de Biodyl® (sélenium, potassium, et magnésium), à raison de 10 mL par injection, à 24 h d’intervalle, indiqué pour prévenir et traiter une dystrophie musculaire, suspectée par le vétérinaire traitant. Ils se montrent “nerveux” lors des manipulations (injections).

Deux semaines plus tard, en l’absence d’amélioration, une antibiothérapie et une cor-

70

ticothérapie (Cortexiline®) sont mises en place par l’éleveur, pendant 15 jours, car il redoute une méningite. Aucune amélioration significative n’est observée.

Depuis 2 ans, quatre veaux de cet élevage, âgés de 2 à 3 mois, ont présenté des signes similaires.

L’évolution est progressive : elle débute par une démarche chancelante, et par un fléchissement des membres postérieurs, de plus en plus marqué. Les veaux présentent ensuite des difficultés au relevé, et une atteinte des membres antérieurs. Des tremblements apparaissent dans un 2nd temps, puis le décubitus évolue vers la mort. D’après l’éleveur, les animaux sont nerveux lorsqu’ils sont manipulés. Il n’existe pas de parenté génétique entre les veaux atteints. Examen clinique Les principales modifications observées lors de l’examen clinique des deux veaux sont rapportées dans le tableau 1. Diagnostic clinique

Les deux veaux ont une atteinte du système nerveux central, caractérisée par une hyperexcitabilité neuromusculaire (hyperesthésie, myoclonies). De plus, le veau n°1 souffre d’une parésie postérieure.

Une atteinte de l’appareil respiratoire, probablement secondaire au décubitus, est présente chez les deux animaux.

Hypothèses et démarche diagnostiques

Plusieurs hypothèses sont envisageables d’après ce tableau clinique (les examens complémentaires à réaliser pour vérifier ces hypothèses sont indiqués entre parenthèses) : 1. une origine nutritionnelle : - une hypomagnésémie compliquée d’une hypocalcémie et d’une hypokaliémie (dosage du magnésium sérique) ; - une carence en vitamine E/sélénium (dosage de la glutathion peroxydase érythrocytaire, histologie musculaire) ;


test clinique

observation originale

les réponses

un kyste au niveau de la tête

Nicole Picard-Hagen Patricia Ronsin Xavier Berthelot

de l’épididyme

Département Élevage et produits et Santé Publique Vétérinaire, École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse cedex

1 Quel est votre diagnostic ?

Le taureau présente un kyste au niveau de la tête de l'épididyme droit.

Cette lésion doit être distinguée :

- d’un abcès, dont le contenu purulent pré-

2

Vue latérale droite du scrotum et de la région inguinale (photos Département Élevage et produits, ENVT).

Kyste de l'épididyme droit 2

4

6

3 Image échographique de la tête de l’épididyme droit présentant une structure kystique de 6 cm.

Travées 8

10

Scrotum Calcifications testiculaires Septum

4 a Images échographiques de coupes longitudinales du testicule gauche et du testicule droit.

2

Scrotum Tête de l'épididyme

4

Plexus pampiniforme

6 8 10

Partie ventrale du testicule gauche Testicule droit

Image échographique d’une coupe longitudinale de la tête de l’épididyme gauche et du plexus pampiniforme. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 388 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

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5

4b

sente une échostructure hétérogène et plus échogène que celle d’un kyste, contenant un liquide anéchogène ; - d’une épididymite aiguë, qui se serait traduite par une douleur à la palpation lors de l'examen par le vétérinaire en juillet ; une inflammation chronique aurait entraîné une induration de l'épididyme palpable en octobre ; - d’une tumeur épididymaire, qui est une affection rarissime (métastase d’un sertolinome).

Ce kyste siégeant au niveau de l'épididyme peut correspondre à : - un spermatocèle, qui est une collection spermatique dans un canal épididymaire dilaté, consécutive à l'oblitération partielle ou totale des canaux efférents de l'épididyme, conduisant à une hémi-azoospermie d'origine sécrétoire. Cette affection peut avoir une origine infectieuse, suite à une épididymite, ou congénitale, associée au développement de tubules épididymaires aberrants et borgnes, qui entraînent une spermiostase et une distension des tubules en amont ; - un galactocèle, c'est-à-dire un kyste contenant un liquide proche du sérum, sans spermatozoïde.

Si ces kystes proviennent du développement de tubules aberrants et borgnes à partir du mésonéphros, le type de tubule obstrué détermine la formation d’un spermatocèle ou d'un galactocèle (encadré) : - si le tubule est connecté à un système sécrétoire (rete testis ou épididyme), l'obstruction du tubule conduit à un spermatocèle ; - si le tubule vestigial des canaux de Wolff est isolé, il peut être à l'origine de kystes des canaux mésonéphrotiques ou paramésonéphrotiques, proches de l'épididyme ou du canal déférent. Ces kystes, appelés galactocèles, sont en général bénins, et sont confondus avec des kystes de l'épididyme à la palpation.


test clinique - un kyste au niveau de la tête de l'épididyme chez un taureau reproducteur Encadré - Rappels sur l’anatomo-histologie de l’épididyme L’épididyme est une structure tubulaire issue de la différenciation du mésonéphros. Elle présente de nombreuses circonvolutions, et mesure 30 à 35 cm chez les bovins. Les spermatozoïdes transitent du rete testis vers la tête de l’épididyme via des canaux efférents, au nombre de 13 à 16 chez les bovins [4].

Au niveau de cette structure, des tubules épididymaires aberrants ont été décrits chez différentes espèces (porc, ruminants et équidés). Une étude histologique a mis en évidence des

tubules efférents aveugles ou aberrants chez huit taureaux sur 25 [4]. Ces tubules borgnes pourraient favoriser la spermiostase.

D’autres tubules aveugles, non connectés au système sécrétoire épididymaire, ont également été décrits dans l’albuginée ou à l’extérieur de l’albuginée (figure) [1]. Ces tubules pourraient être à l’origine de galactocèles (kystes ne contenant pas de spermatozoïdes).

Le spermatocèle peut évoluer vers un granulome spermatique, qui correspond à une extravasation du sperme dans l'interstitium de l'épididyme.

Son apparence échographique est alors modifiée : le spermatocèle apparaît anéchogène, alors que le granulome est plus échogène, et entouré d'une capsule fibreuse. En effet, lors d'obstruction, le sperme en amont est mis sous pression, jusqu'à la rupture des parois du canal ; le sperme est alors libéré dans le stroma de l'épididyme. En réponse, l'organisme déclenche une sévère réaction inflammatoire, et produit des anticorps anti-spermatozoïdes.

La spermiostase associée à un spermatocèle ou à un granulome spermatique se développe assez lentement chez les individus jeunes. Les animaux mâles peuvent donc être fertiles pendant quelques années, avant que le tissu fibreux du granulome n'obstrue complètement le canal mésonéphrotique. Les spermatozoïdes et les liquides épididymaires sont produits dans les canaux efférents. Si l'obstruction est située dans la portion distale, ils sont résorbés dans la tête de l'épididyme. Si l'obstruction est située dans une portion proximale de la tête, la spermiostase et la pression en amont du granulome peuvent occasionner une dégénérescence testiculaire et, secondairement, une calcification du parenchyme.

Les quelques foyers de calcification observés sur le testicule droit ne concernent qu'un faible pourcentage de tubes séminifères. Ils ont probablement peu d'incidence sur la production spermatique [2]. Ces lésions sont relativement fréquentes chez les ruminants [3].

Figure - Représentation schématique

Quel est le pronostic pour l’avenir 2 reproducteur de ce taureau ?

Lors de la consultation à l'école nationale vétérinaire de Toulouse, il n’a pas été possible de faire la distinction entre un spermatocèle et un galactocèle : il a donc été difficile

du système tubulaire testiculaire et épididymaire chez le taureau (d’après Blom et Christensen, 1960 [1]) Les tubules aberrants peuvent être reliés au système sécrétoire épididymaire ou isolés dans la tunique albugynée ou à l’extérieur de l’albugynée Tubules aberrants "paradidymis externus"

Tubules aberrants de l'épididyme

Références

Tête de l'épididyme Tubules efférents Rete epididymis Tubules aberrants "paradidymis internus Testicule Rete testis Tubes droits

Canal déférent Canal épididymaire

Tubes séminifères Corps de l'épididyme Queue de l'épididyme

de prévoir l'évolution de l'affection et d’évaluer son pronostic. Compte tenu de la valeur génétique du reproducteur, les éleveurs co-propriétaires de ce taureau ont décidé de tenter de conserver sa semence. Il a été collecté deux fois par Midatest, et la bonne qualité des éjaculats a permis de produire 400 doses de semence.

1. Blom E, Christensen NO. The etiology of spermiostasis in the bull. Nord VetMed 1960;12:453-70. 2. Eilts BE, Pechman RD. B-mode ultrasound observations of bull testes during breeding soundness examinations. Theriogenology 1988;30:1169-75. 3. Guillot J. La calcification testiculaire chez les boucs de centres d’insémination artificielle: étude clinique et répercussion sur la production de semence. Thèse Doct Vét Toulouse, 2002 ;113p. 4. Hemeida NA, Sack WO, McEntee K. Ductili efferentes in the epididymis of boar, goat, ram, bull, and stallion. Am J Vet Res 1978;39:1892-900. 5. Roberts SJ. Infertility in male animals. In: Vet Obstetrics and Genital Diseases Theriogenology. 3rd ed. SJ Roberts, Woodstock, 1986;841-54.

NOTE Pour toute information complémentaire sur l’échographie de l’appareil génital du taureau, voir le site : http://forumecho.unceia.fr/

Conclusion

D'une manière surprenante, le kyste a régressé macroscopiquement environ 8 mois après notre examen clinique, ce qui est en faveur d'un galactocèle. Ce taureau a maintenant 5 ans, il est toujours utilisé comme reproducteur, et il féconde les femelles qui lui sont présentées. ¿

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 4 / n°16 NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010 - 389


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