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N°2 MAI JUIN JUILLET 2006 revue de formation à comité de lecture

Actualités en perspective - Peste aviaire : les oiseaux sauvages, coupables ou victimes ? - Usages vétérinaires des antibiotiques, résistance bactérienne et conséquences pour la santé humaine

Ruminants - Méthode d’approche diagnostique des morts subites des bovins - Diagnostic des entérotoxémies et mort subite des bovins - Comprendre la fulguration et son expertise chez les bovins - Conduite à tenir diagnostique devant des intoxications induisant des morts subites - Gestes d’urgence lors d’accidents de vêlage chez les bovins

- Observation clinique : Intoxication botulique dans un atelier de veaux de boucherie - Mammites cliniques (suite) :

DOSSIERS :

- LES MORTS SUBITES chez les ruminants - LA MALADIE de Newcastle

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Comprendre l’épidémiologie La représentativité de l’échantillon - Étude de cas de l’internat Cas répétés de coma vitulaire - Synthèse - Transmission par le sperme de Neospora caninum : quels risques ? - Revue de presse internationale - Une sélection des meilleurs articles - Tests de formation - Les réponses

interprétation des résultats bactériologiques au travers du cas des ovins laitiers

Porcs - volailles - La maladie de Newcastle, l’autre “peste” - L’utilisation des antibiotiques en élevage porcin : la problématique de l’antibiorésistance

Comprendre et agir - Enjeux économiques Qualité des produits et mode de production dans la filière porcine - L’abord du troupeau Comment interpréter les index et situer le niveau génétique des bovins laitiers - Management de l’entreprise Délégués médicaux : ennemis ou alliés ?


sommaire Éditorial Jean-Luc Guérin Test clinique - Dermatose inattendue chez un ovin

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Régis Braque, Lydie Briotet

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ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Peste aviaire - les oiseaux sauvages : coupables ou victimes ? Zénon - Usages vétérinaires des antibiotiques, résistance bactérienne et conséquences pour la santé humaine Pascal Sanders

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BOVINS ET PETITS RUMINANTS Dossier mortalités brutales chez les ruminants - Méthode d’approche diagnostique des morts subites des bovins 13 François Schelcher - Diagnostic des entérotoxémies et morts subites des bovins 21 Sébastien Assié, Alain Douart, Arlette Laval, Raphaël Guattéo - Comprendre la fulguration et son expertise chez les bovins 25 Daniel Laurent - Fiche - Le rapport d’expertise vétérinaire suite à une déclaratrion 30 de mortalité animale par fulguration Daniel Laurent - Conduite à tenir devant des intoxications induisant des morts subites 31 chez les ruminants Hervé Pouliquen - Gestes d’urgence lors d’accidents de vêlage chez les bovins 37 Gérard Vignault - Observation clinique - Intoxication botulique dans un atelier de veaux de boucherie Alexis Kiers, Pierre Le Mercier, Caroline Lacroux, Jérome Dufour, 40 Marie-Lise Beau, Daniel Fabié, Delphine Izac, Didier Raboisson, François Schelcher Dossier mammmites (suite) - Mammites cliniques : l’interprétation des résultats bactériologiques au travers du cas des ovins laitiers 45 Dominique Bergonier, Xavier Berthelot

N°2 MAI / JUIN / JUILLET 2006

DOSSIERS - LES MORTS SUBITES chez les ruminants - LA MALADIE DE NEWCASTLE

PORCS - VOLAILLES - La maladie de Newcastle, l’autre “peste” Jean-Luc Guérin, Cyril Boissieu - L’utilisation des antibiotiques en élevage porcin : la problématique de l’antibiorésistance Arlette Laval

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COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - Qualité des produits et des modes de production dans la filière porcine Pierre Sans - L’abord du troupeau - Comment interpréter les index et situer le niveau génétique des bovins laitiers ? Henri Seegers - Management de l’entreprise vétérinaire - Délégués médicaux : ennemis ou alliés ? Philippe Baralon

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FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - Comprendre l’épidémiologie - La représentativité de l’échantillon Bernard Toma 74 - Les études de cas de l’internat - Cas répétés de coma vitulaire indications et limites des différentes méthodes d’abord d’un troupeau Julien Daspet, Sébastien Assié, Raphaël Guattéo, Jean-Louis Bihoreau, 78 Brigitte Siliart, Nathalie Bareille - Synthèse - Transmission par le sperme de Neospora caninum : quels risques pour la mère et le fœtus ? 83 Didier Raboisson, François Schelcher - Revue de presse internationale - Rubrique dirigée par Sébastien Assié, Didier Raboisson, François Schelcher et Henri Seegers notre sélection d’articles par Sébastien Assié, Catherine Belloc, Guillaume Lhermié, Fabrice Razimbaud

- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses

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Souscription d’abonnement en page 76

ACTUALITÉS RUMINANTS PORCS-VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 103


test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

dermatose inattendue chez un ovin

Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (praticien), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Jean-Luc Chatré (praticien), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (E.N.V.N.) Arlette Laval (E.N.V.N.), Marc Savey (A.F.S.SA.) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (E.N.V.N.) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)

Rédacteurs en chef Sébastien Assié (E.N.V.N.) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)

Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie des ruminants, E.N.V.L.) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Baudeau (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Dominique Bergonier (Reproduction, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Didier Calavas (A.F.S.SA., Lyon) Alain Douart (Pathologie des ruminants, E.N.V.N.) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Olivier Gauthier (chirurgie, E.N.V.N.) Norbert Giraud (praticien) Jean-Marie Gourreau (A.F.S.SA. Alfort) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Christophe Hugnet (praticien) Jean-François Jamet (praticien) Frédéric Lemarchand (Terrena) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Milleman ((Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jean-Marie Nicol (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Pascal Sanders (A.F.S.SA. Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Infographie, mise en page : Maxime Roguier Gestion des abonnements et comptabilité : Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37€, U.E. :38€ Tarifs d’abonnement : voir p. 90 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P en cours I.S.S.N. en cours

Lydie Briotet Régis Braque Cabinet vétérinaire Les Vignes de la Fontaine 58 240 St Pierre le Moutier

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Effrayée, la brebis se débat lors de la contention (photos L. Briotet).

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Des pertes de toison par plaques sont notées.

1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 2 Quel traitement conseillez-vous ? Réponses à ce test page 89

comité de lecture

Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et santé 104 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

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endant l’hiver, une éleveuse de brebis allaitantes possédant un élevage de 600 mères appelle pour une brebis dépilée. ● Elle redoute une gale et les conséquences de son éventuelle contagion. En effet, la conduite d’élevage, un peu désorganisée, est à l’origine d’un mélange de tous les animaux du printemps à l’automne, et ils ne sont séparés en lots distincts qu’au moment de l’hivernage en bâtiments. ● La brebis a été isolée. C’est une brebis jeune, un peu farouche selon la propriétaire. Au premier abord, l’animal semble inquiet (photo 1). Il bondit contre les murs pour fuir l’éleveuse et se débat furieusement pendant la contention. ● Lorsqu’elle se calme on peut observer des pertes de toison par plaques, surtout localisées sur le train arrière (photo 2). Sa propriétaire ne rapporte pas de comportement de grattage. L’état général de la brebis est bon, l’examen clinique et la température rectale sont normaux. ● A l’examen rapproché des lésions cutanées, des croûtes et des sérosités jaunâtres en périphérie sont notées ainsi que la présence de petites zones érythémateuses en faible nombre (photo 3 cf. p...). La laine est rase et la peau semble peu ou pas remaniée. Il y a une absence de réflexe de broutement à la stimulation des zones d’alopécie. ● Un prélèvement de laine et un raclage cutané sont réalisés afin d’observer les éléments croûteux au microscope.

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Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Catherine Belloc, Pierre Bézille, Simon Bouisset, André Desmecht, Cyril Boissieu, Alain Bousquet-Melou, Gilles Bourdoiseau, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette,

Eric Collin, Fabien Corbières, Roland Darré, Stéphane Daval, Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Pascal Dubreuil (Québec) Barbara Dufour, Jean-Michel Fabre, Pascal Fanuel, Gilles Fecteau (Québec) Cécile Ferrouillet (U.S.A.), Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji ,

François Gary, Christian Gipoulou, Norbert Gauthier, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Christian Hanzen (Liège), Philippe Jacquiet, Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Xavier Malher, Hervé Morvan, Hervé Navetat, Philippe Le Page,

Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret (Liège), Pierre- Emmanuel Radigue, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart, Henri Viel, Lionel Zenner.


éditorial Le risque de voir ré-émerger subitement des maladies considérées comme rares, voire éradiquées sur notre territoire suppose à la fois une sensibilisation et une formation des indispensables sentinelles que sont les vétérinaires qui œuvrent en productions animales ...

L

es derniers mois ont été riches sur le front de la santé animale et nombre d’entre nous ont été mobilisés sur celui de l’Influenza aviaire. S’il est bien trop tôt pour tirer tous les enseignements de cette crise, on peut d’ores et déjà esquisser « à chaud » quelques premières réflexions.

Jean-Luc Guérin

Les grands classiques de la pathologie ont de l’avenir - Les maladies considérées comme rares, voire éradiquées sur notre territoire, font trop souvent l’objet d’un désintérêt de la part des vétérinaires, à commencer par nos étudiants. Elles sont pourtant susceptibles de ré-émerger subitement, et le risque est exacerbé par l’intensification des mouvements internationaux des personnes, des animaux et de leurs produits. - Depuis un an, les filières avicoles sont en première ligne ; demain, ce sera peut-être le tour du porc, ou à nouveau celui des ruminants, déjà soumis aux feux de l’encéphalopathie spongiforme bovine et de la tremblante. Les risques d’apparition de foyers de peste porcine, de fièvre aphteuse ou de Blue-tongue sont réels et la vigilance doit être de règle : elle suppose à la fois une sensibilisation et une formation des indispensables sentinelles que sont les vétérinaires œuvrant en productions animales. Des enseignements à tirer pour la formation des vétérinaires - Ces constantes et ces évolutions sont à prendre en compte dans la formation vétérinaire, qu’elle soit initiale ou continue. Une vision des choix à faire pourrait reposer sur une analyse du nombre de nos confrères impliqués dans tel ou tel secteur : à ce compte, il faudrait consacrer la quasi totalité des moyens de formation aux animaux de sport et de loisir ! Si la concentration du suivi sanitaire des élevages entre les mains d’un nombre restreint de vétérinaires est d’ores et déjà une réalité pour les filières avicoles et porcine, elle concernera demain mécaniquement les filières ruminants. - L’actualité vient de rappeler cruellement que les enjeux de notre société ne se mesurent absolument pas à cet indicateur numérique : la profession a pu compter sur les vétérinaires compétents en aviculture pour répondre efficacement aux attentes et aux craintes de nos concitoyens face à l’influenza aviaire. Que ce serait-il passé s’ils n’avaient pas été là ? Ce raisonnement vaut en premier lieu pour la formation initiale dans les Écoles Vétérinaires, mais il s’applique évidemment aussi pour la formation continue. - C’est pourquoi, nous ne pouvons que nous réjouir que le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et Santé ait choisi d’accorder, dans sa stratégie éditoriale, un espace dédié aux filières porcine et avicole. Ce second numéro illustre cet équilibre ruminants-monogastriques, avec : - un dossier complet consacré aux mortalités brutales chez les ruminants : dirigé par François Schelcher et coll et Sébastien Assié et coll., il propose un abord complet des différentes facettes d’un sujet complexe où cliniciens, toxicologues, enseignants-chercheurs et praticiens ont apporté chacun le fruit de leurs connaissances et de leurs expériences ; - un Dossier “Porcs et volailles” qui traite de l’antibiothérapie chez le porc (Arlette Laval), et présente une mise au point sur la maladie de Newcastle (Jean-Luc Guérin et Cyril Boissieu), plus que jamais d’actualité dans notre pays où trois épisodes ont été caractérisés en 2005 ; - la mise en perspective de l’actualité permanente (Peste aviaire et oiseaux sauvages Zénon), ou plus conjoncturelle (rapport de l’Afssa sur l’antibiorésistance - Pascal Sanders et coll.) fournit un cadre de lecture plus large, intéressant aussi les deux filières. Enfin, la rubrique “Enjeux économiques” consacrée à l’approche économique de la production porcine (Pierre Sans) et celle sur “L’abord du troupeau” pour l’interprétation des index pour le troupeau laitier (Henri Seegers) soulignent combien les problématiques propres à la santé des animaux de rente sont indissociables de leur contexte économique et zootechnique. ❒ Je vous en souhaite bonne lecture !

Unité Productions animales Clinique des élevages avicoles et porcins E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03

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LE NOUVEAU PRATCIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 107


actualités en perspective peste aviaire

les oiseaux sauvages : coupables ou victimes ?

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epuis l’émergence, en août 2005, hors de la Chine et de l’Asie du Sud Est du virus H5 N1 H.P. (hautement pathogène)1, les oiseaux sauvages, en particulier les grands migrateurs, ont été désignés comme les vecteurs essentiels de l’expansion intercontinentale de ce qui est maintenant devenue la 1ère panzootie de peste aviaire constatée depuis plus d’un siècle. ● Ainsi, l’extension de l’épizootie de la Chine à la Sibérie orientale russe puis, au delà de l’Oural, à la partie européenne de la Russie fut imputée aux oiseaux migrateurs, tout comme son parcours en Turquie et dans l’ensemble des pays touchés au Proche et au Moyen orient. Quelques esprits chagrins remarquèrent assez vite que l’extension d’est en ouest, en Russie, était perpendiculaire aux axes migratoires et suivait le trajet du transsibérien tandis qu’à l’intérieur de la Turquie, la peste aviaire progressait le long d’un grand axe routier est-ouest. ● Il a fallu pourtant attendre l’apparition du H5 N1 H.P. en Afrique de l’ouest, dans des élevages sans contact avec des migrateurs infectés, pour que les premières interrogations sur leur rôle soient formulées.

Annonce de la conférence O.I.E. F.A.O. des 30 et 31 mai dernier à Rome.

QUELLE RESPONSABILITÉ POUR L’AVIFAUNE DANS L’EXTENSION DE LA PESTE AVIAIRE ?

NOTE 1. cf. chronique précédente le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé N°1 Mars-Avril 2006 p. 9-11 2. F.A.O : Food and agricultural organisation 3. O.I.E : Office international des épizooties 4. O.M.S : Organisation mondiale de la santé

A l’issue de la conférence organisée à Rome fin mai dernier par la F.A.O.2 (agence des Nations Unies) et l’O.I.E.3, il est bien difficile d’y voir plus clair sur cette question. Rien d’étonnant à cela puisqu’elle fut traitée, notamment par la F.A.O. dès août 2005, d’une façon confuse et approximative. On retrouve là le même processus déjà constaté avec l’O.M.S.4 (autre agence des Nations Unies) pour la “grippe aviaire” chez l’Homme. Il a conduit à la diffusion (et à la reprise automatiquement amplifiée par les médias) d’informations alarmistes, trop souvent infondées au plan scientifique, dans un climat d’extrême nervosité amplifié par la concurrence/cohabitation de deux agences de l’O.N.U. voulant se valoriser aux yeux des bailleurs de fonds et de la communauté internationale. ●

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 108 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

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● Au printemps, le retour d’Afrique, des grands migrateurs n’ayant pas provoqué la multiplication annoncée des foyers de peste aviaire en Europe, a définitivement ruiné l’idée d’une responsabilité unique, celle de l’avifaune, dans leur génèse. Y voit-on pour autant plus clair ? Rien n’est moins sûr. Pour tenter de comprendre ce qui s’est passé, donc de pouvoir mieux interpréter les futurs événements, il paraît intéressant de regarder l’évolution de la situation par grande zone géographique. ● En Asie, le Vietnam et l’Indonésie sont deux pays particulièrement intéressants. - Le Vietnam, un des premiers pays touchés dès le début 2003, a réussi un remarquable rétablissement puisqu’il a pu, en moins de trois ans, contrôler la maladie animale et réduire à zéro le nombre de cas humains constatés en 2006. Les quelques ré-émergences ont été associées au commerce illégal de volailles domestiques (et peut-être de vaccins) avec le grand voisin chinois. - En Indonésie, la situation ne cesse de se dégrader depuis 2005, ce qui se traduit par un développement explosif de la maladie animale (avec en parallèle une multiplication des cas humains, 51 depuis 18 mois avec un taux de létalité de 76 p. cent). Dans ce pays, la progression de la peste aviaire, en particulier ces trois derniers mois, est expliquée par l’insuffisance criante des mesures de contrôle chez les volailles domestiques. Celle-ci est facile à comprendre dans cet immense état où plus d’un tiers des élevages sont des élevages de basse-cour et où la structure vétérinaire est pratiquement impuissante. ● Peut-on alors complètement exonérer de toute responsabilité les oiseaux migrateurs ou certains oiseaux aquatiques capables d’amples déplacements loco-régionaux (plusieurs espèces d’oies et de canards), particulièrement nombreux dans cette partie du monde ? Probablement pas. En effet, si on veut bien distinguer le risque d’introduction (dans un territoire jusqu’alors indemne) du risque de propagation (extension épizootique dans un territoire donné après introduction), il existe un faisceau d’observations qui indiquent que, dans


actualités en perspective - peste aviaire les oiseaux sauvages : coupables ou victimes ? cette partie du monde, les oiseaux sauvages ont joué un rôle dans l’introduction, vraisemblablement à partir de la Chine, de la peste aviaire. Ont-ils constitué l’unique source d’introduction ? Probablement pas ; le commerce légal et illégal d’oiseaux d’élevage, de loisirs (coqs de combat) et d’ornements a probablement lui aussi joué un rôle. Essayer d’estimer, même approximativement, le rôle respectif des uns et des autres n’a aucun sens, compte tenu du contexte socio-économique de ces pays. ● En Afrique de l’Ouest (Nigéria, Cameroun, Niger, Burkinaso Faso, Côte d’Ivoire), le Directeur Général de l’O.I.E. a courageusement reconnu que ce sont essentiellement les échanges commerciaux, légaux ou non qui ont joué un rôle essentiel dans l’introduction et la propagation de la panzootie. DES QUESTIONS ESSENTIELLES SANS RÉPONSES Ceci conduit naturellement à envisager la situation en Europe. Celle-ci offre un paysage très différent de celui observé dans les autres continents. Il est néanmoins marqué par une grande hétérogénéïté géographique particulièrement intéressante à décrypter (encadré). ● Globalement, comme veut bien l’admettre la F.A.O. au décours de la conférence de Rome, de nombreuses questions essentielles pour la compréhension, actuelle et future, de la panzootie restent sans réponse. Ainsi, on ne sait toujours pas s’il existe des oiseaux sauvages réservoirs, permettant la pérennisation du virus notamment pendant les saisons chaudes, ni bien sûr, quelles espèces particulières pourraient jouer ce rôle. Par ailleurs, certains oiseaux très sensibles au virus comme le cygne tuberculé (cygnus olor), le fuligule milouin (Aytyha ferina) ou l’oie à tête barrée (Anser indicus) ont payé un lourd tribut au virus H5 N1 H.P. Si leur rôle de “sentinelle” (leur mortalité, rapportée au H5 N1 H.P, signant sa présence) est maintenant reconnu, leur rôle dans la dynamique de transmission (introduction, propagation) reste difficile à apprécier : s’agit-il de cul-de-sac épidémiologique (pas de transmission possible compte tenu d’une mortalité systématique après une très courte incubation), ou d’hôte messager (capables de transmettre l’infection avant de mourir), ou d’hôte réservoir, au moins pour certains individus au sein de l’espèce ? ●

Encadré - En Europe, les espèces d’oiseaux qui effectuent des déplacements limités seraient en cause En Europe, on peut distinguer la situation chez les oiseaux sauvages et les volailles domestiques. Les cas répertoriés dans l’avifaune sauvage ont été identifiés dans deux grands types de biotopes : - d’une part, des mers quasiment fermées ou des grands migrateurs viennent faire étape (Mer Noire, Mer Baltique) ; - d’autre part, des zones où étangs, lacs et marais favorisent l’agrégation de certaines espèces d’oiseaux aquatiques pendant des durées plus ou moins longues (comme la région de la Dombes ou certaines portions du Danube et de son Delta). ● Ces zones constituent des “points chauds” où l’introduction de la peste aviaire par l’avifaune sauvage est favorisée ; la propagation aux élevages est alors possible. C’est ce qui s’est vraisemblablement produit en Roumanie en octobre 2005 ou en France, comme dans d’autres États membres de l’Union Européenne (UE), l’hiver dernier. ● En Roumanie, le contrôle de la peste aviaire dans les élevages n’a pas été efficace. C’est pour cela que ce pays fait face à une explosion de foyers en élevage depuis début mai (plus d’une centaine de foyers à la mi-juin) après une période sans cas identifié de sept semaines (21 avril - 4 mai). ● En France, le seul foyer identifié (le 24 février) dans un élevage de dindes a été rapidement détecté et l’ensemble des mesures de contrôle mises en œu●

vre a permis qu’il reste unique bien que des cas aient continué à être identifiés (près d’une soixantaine) dans la faune sauvage dans la même zone jusqu’au 18 avril. - Dans notre pays, ainsi que dans les douze autres États membres de l’UE touchés, les cas repérés dans l’avifaune sauvage ne l’ont pas été chez des oiseaux grands migrateurs intercontinentaux (se déplaçant du Nord de l’Eurasie vers l’Afrique centrale et de l’ouest et vice-versa), ni à l’automne (oiseaux en provenance d’Asie, des confins de la Sibérie et du Nord de la Russie) ni au printemps (oiseaux provenant d’Afrique). - Les oiseaux sauvages atteints étaient essentiellement des oiseaux aquatiques, en particulier des anatidés, qui se sont déplacés du Nord-Est au SudOuest de l’Europe, au cours de la période de grands froids, de fin janvier à début février. ● Ce sont donc des espèces d’oiseaux qui effectuent des déplacements relativement limités à l’intérieur du continent qui y ont introduit la maladie et non pas les grands migrateurs intercontinentaux, trop vite désignés comme coupables. Ainsi, au moins pour la période automne 2005/printemps 2006, ceux-ci n’ont vraisemblablement joué le rôle de vecteurs de la peste aviaire pour l’Europe qu’autour de la Mer Noire (Delta du Danube et Crimée) et de la Mer Baltique.

Essentiel

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ous sommes confrontés à une panzootie évoluant à la fois dans l’avifaune domestique et sauvage au sein de nombreuses espèces d’oiseaux présentant une extraordinaire diversité dans leur physiologie, leur biotope et leur relation aux autres espèces domestiques, sans parler de l’Homme. C’est un paysage radicalement nouveau, par rapport aux maladies animales enzootiques ou épizootiques classiques. De même, le caractère zoonotique, même s’il reste très limité, ne peut être négligé dans un monde où la perception du risque, est devenue aussi, sinon plus importante, que la réalité de son occurrence. Combler les lacunes de nos connaissances pour comprendre un phénomène vraiment original et exceptionnel est l’étape préalable indispensable pour son contrôle. Il y a manifestement du pain sur la planche ! ❒ Zénon

❚ Ce sont des espèces d’oiseaux qui effectuent des déplacements (relativement) limités à l’intérieur de l’Union Européenne qui y ont propagé la peste aviaire, et non les grands migrateurs intercontinentaux.

ACTUALITÉS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 109


actualités en perspective usages vétérinaires des antibiotiques, résistance bactérienne et conséquences Pascal Sanders pour la santé humaine Corinne Danan Didier Guillemot Au nom du groupe de travail “Antibiorésistance” de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments 27-31 avenue du général Leclerc B.P. 19 94701 Maisons-Alfort cedex

d’après le rapport Afssa (2006) Le rapport de l’Afssa “Usages vétérinaires des antibiotiques, résistance bactérienne et conséquences pour la santé humaine” vient de paraître (www.afssa.fr). Élaboré par un groupe de travail pluridisciplinaire, dirigé par Dr Didier Guillemot, médecin épidémiologiste, ce rapport est le résultat d’un travail collégial associant médecins et vétérinaires. Revu et validé par trois comités d’experts “Santé Animale”, “Microbiologie“, “Alimentation animale” placés auprès de l’Afssa, il a aussi fait l’objet d’une large consultation auprès des professionnels.

L Essentiel ❚ De même qu’en médecine humaine, des outils sont à développer en médecine vétérinaire, pour évaluer la pertinence des usages des antibiotiques.

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 110 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

e travail du groupe était centré sur l’usage des antibiotiques dans les filières de production animale et n’a pas traité de l’usage des antibiotiques chez les animaux de compagnie ou pour les plantes. ● L’utilisation des antibiotiques vétérinaires est actuellement uniquement à visée thérapeutique en Europe. Les antibiotiques sont utilisés en tant que médicaments vétérinaires, évalués en termes de qualité, sécurité et d’efficacité préalablement à la délivrance d’une autorisation de mise sur le marché. ● Ce sont des médicaments soumis à la prescription vétérinaire dont les conditions d’emploi sont régis par des règlements européens transposés au niveau national. Par un recueil des unités de médicaments vendues par l’industrie pharmaceutique, l’Agence Nationale du Médicament Vétérinaire (A.N.M.V.) estime qu’environ 1300 tonnes d’antibiotiques ont été consommées annuellement. ● Les familles d’antibiotiques, les plus consommées sont les tétracyclines et les sulfamides, suivies des macrolides et des bêta-lactamines. En médecine humaine, la famille la plus couramment utilisée est celle des bêta-lactamines.

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● Le rapport insiste sur la difficulté de comparer les consommations dans trois secteurs très différents : la médecine vétérinaire, la médecine de ville (communautaire) et l’hôpital. En médecine humaine, des indicateurs ont été établis pour suivre la consommation d’antibiotiques afin d’évaluer la pertinence des politiques d’usage et des campagnes de communication, destinées à maîtriser le développement de la résistance.

DES OUTILS D’OBSERVATION ... ● Des outils comparables sont à développer en médecine vétérinaire pour les différentes filières de production afin d’améliorer la connaissance des usages.

... en aviculture ● La démarche de l’observatoire avicole de consommation des antibiotiques, est fondée sur le respect de la réglementation d’enregistrements de traitements thérapeutiques sur la fiche sanitaire d’élevage. Leur analyse régulière démontre la faisabilité d’une telle approche en partenariat avec les acteurs des filières et les services vétérinaires. Cet outil permet d’analyser les fréquences d’utilisation des antibiotiques, les périodes d’intervention et les posologies utilisées. Ces données sont complémentaires de celles générées par la surveillance nationale mise en place par l’A.N.M.V. et utile pour analyser l’évolution des comportements en matière d’usage des antibiotiques par les vétérinaires et les éleveurs.

... chez les ruminants Les différentes raisons d’utilisation des antibiotiques chez les ruminants, sont décrites avec les pratiques les plus courantes, mais, aucune donnée ne permet de décrire les modalités d’usage de manière détaillée. ● Des études épidémiologiques analysant l’effet des conditions de prescription et des modalités d’utilisation sur les résultats cliniques, et l’évolution de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes et commensales des bovins seraient utiles pour ●


méthode d’approche diagnostique des morts subites des bovins Les morts subites des bovins sont à l’origine de multiples interrogations. Les circonstances d’apparition permettent une orientation diagnostique, notamment en prenant en compte le caractère isolé ou multiple de ces mortalités, leur lieu de survenue (stabulation ou extérieur), les événements qui les précèdent et les principaux changements dans la conduite d’élevage. L’examen nécropsique permet le diagnostic, ou tout au moins la réalisation de prélèvements pour examens complémentaires. Les principales entités à l’origine de mort subite sont développées à partir des tableaux lésionnels.

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es morts subites ou inattendues (sudden or unexpected death des anglo-saxons), c'est-à-dire sans prodromes détectés, sont toujours une source d’interrogations et/ou d’inquiétude pour les éleveurs. ● Les morts subites incluent a minima toute affection ou maladie, d'évolution inférieure à 12 ou 24 heures. En effet, cette notion de durée d’évolution est en pratique liée à la périodicité d'observation des animaux, et à la capacité des éleveurs à détecter des symptômes subtils, comme par exemple des changements de comportement. Ainsi, ce caractère d’évolution suraiguë varie-t-il selon les éleveurs ou le contexte (déficit conjoncturel ou structurel en main d'œuvre, à l'origine d'un suivi relâché des animaux). Différentes revues ont été consacrées au sujet, sur un plan général [1, 4, 11], ou dans un contexte particulier de production, comme les élevages de taurillons [5]. ● L’identification des causes de morts subites repose essentiellement sur les circonstances d’apparition, l’examen nécropsique et plus accessoirement sur des examens de laboratoire.

François Schelcher1 Fabien Corbiere1 Gilles Foucras1 Caroline Lacroux2 Gilles Meyer1 1Pathologie

des ruminants, Anatomie Pathologique Département Élevage Produits Santé Publique Vétérinaire ENV Toulouse 31076 Cedex

Notre objectif est de proposer une démarche diagnostique des entités majeures à l’origine de morts subites, sans prétendre à l’exhaustivité. ●

2

1. ÉVALUER LES CIRCONSTANCES D’APPARITION Les circonstances d’apparition permettent souvent une orientation diagnostique, mais sont rarement suffisantes pour atteindre un degré satisfaisant d’exactitude. ● Outre les caractéristiques des animaux, il parait indispensable d’évaluer le caractère isolé ou multiple des morts subites, le lieu de survenue, et les éventuels changements de la conduite d’élevage. ●

Objectif pédagogique ❚ Connaitre la démarche diagnostique et ses spécificités lors de mort subite. ❚ Connaitre l’intérêt et les limites des apports de l’anamnèse et des lésions dans le diagnostic des morts subites.

Cas isolés ou multiples L’observation d’un seul cas de mort subite est peu informative et ne permet pas de réduire le champ des hypothèses possibles.

A l’opposé, des morts subites sur plusieurs bovins, apparues simultanément ou sur une courte période de temps, suggèrent d’exclure la plupart des affections relevant de la “médecine interne” comme par exemple les hémorragies (hémopéricarde suite à la migration d’un corps étranger, ulcère de la caillette, thromboembolie pulmonaire, hémorragie de la mamelle), certaines affections digestives (torsion du mésentère, syndrome de l’intestin hémorragique, ulcère perforant de la caillette), les affections d’origine traumatique, la plupart des troubles iatrogènes, voire certaines infections aiguës (mammites à coliformes). ● La simultanéité des cas réduit encore le champ des possibilités à certains accidents comme le foudroiement, ou encore à des intoxications majeures. ●

Essentiel ❚ Si les circonstances d’apparition permettent souvent une orientation diagnostique, elles sont rarement suffisantes pour un diagnostic précis.

Une série de morts subites non simultanées mais rapprochées dans le temps, oriente en premier lieu vers l’exposition à un toxique. Cependant, d’autres possibilités existent : des troubles d’origine alimentaire (par exemple météorisation spumeuse aiguë, hypomagnésiémie), certaines infections septicémiques (charbon bactéridien par exemple).

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 113


diagnostic des entérotoxémies

Sébastien Assié Alain Douart Raphaël Guatteo Arlette Laval

et mort subite des bovins Cet article présente comment une entérotoxémie peut aboutir à la mort subite d’un bovin. Il précise les modalités de son diagnostic de certitude.

L

es entérotoxémies sont des affections résultant de la diffusion par voie sanguine dans l’organisme de toxines bactériennes produites dans l’intestin. Chez les bovins, les entérotoxémies dues à des Clostridies toxinogènes se traduisent souvent par une mort brutale, la phase clinique étant très brève et non observée [5]. Ces entérotoxémies sont une cause probablement très fréquente de mort subite chez les bovins. Cependant, le diagnostic de certitude étant parfois (souvent ?) impossible à établir lors de mort subite des bovins, celui d’entérotoxémie est souvent proposé, sûrement par excès [7]. ÉTIOLOGIE ET PATHOGÉNIE

Les entérotoxémies bovines sont causées par l’action pathogène de bactéries anaérobies strictes et sporulées, capables de proliférer dans l’intestin et de produire des toxines. Ces bactéries appartiennent dans la grande majorité des cas au groupe des Clostridium. L’espèce C. perfringens est la plus fréquemment isolée, C. Sordelli beaucoup plus rarement [7]. ● Les toxines protéiques élaborées pendant la phase de croissance de C. perfringens sont excrétées hors de la bactérie. Cinq toxinotypes de C. perfringens (A, B, C, D et E) sont distingués en fonction des exotoxines majeures (alpha, bêta, epsilon et iota) produites par la bactérie. C. perfringens de type D (toxines α et γ) serait, chez les bovins, responsable de la majorité des entérotoxémies, hors période néonatale. Les entérotoxémies dues aux types B et C (toxines alpha et epsilon) surviennent surtout en période néonatale [4]. ● Quels que soient l’espèce et le type de Clostridium en cause, la pathogénie, complexe, semble commune, Clostridium perfringens est un hôte normal de l’intestin. Mais les clostridies, après ingestion, ne s’im●

plantent en général pas en grand nombre dans le tube digestif. Elles ne possèdent pas d’avantages particuliers pour supplanter les autres bactéries de la flore intestinale. Ainsi, le développement en grand nombre de clostridies toxinogènes dans l’intestin ne peut avoir lieu que : - chez le très jeune animal, à la faveur d’une contamination orale par une souche toxinogène, en raison de l’absence de compétition avec la flore intestinale qui n’est pas encore installée ; - chez les sujets plus âgés et les adultes, à la faveur d’une rupture de l’effet barrière de la flore digestive, liée à des modifications alimentaires (brusque changement d’alimentation, suralimentation, rations riches en protéines ou glucides facilement fermentescibles ou de faible fibrosité, défaut d’abreuvement, antibiothérapie par voie orale) associées ou non à une stase intestinale ou à une augmentation de la perméabilité intestinale (parasistisme digestif, lésions de la muqueuse intestinale ...). ● Les toxines secrétées altèrent les membranes à bordure en brosse avant de lyser les entérocytes. Il en résulte une modification de la perméabilité de la muqueuse intestinale : fuite d’eau et d’électrolytes et réduction de l’absorption de glucose. Après passage dans la circulation sanguine, les toxines agissent sur différents organes, principalement le foie, le cerveau et les reins. Elles induisent des augmentations de perméabilité vasculaire, des œdèmes et des nécroses [6]. FACTEURS LIÉS À L’APPARITION DE CAS D’ENTÉROTOXÉMIES

Unité de Médecine des Animaux d'Élevage ENVN BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3

Objectif pédagogique Diagnostiquer les entéroroxémies face à une mort subite.

Essentiel ❚ C. perfringens de type D serait, chez les bovins, responsable de la majorité des entérotoxémies. ❚ Les entérotoxémies dues aux types B et C surviennent surtout en période néonatale. ❚ le développement en grand nombre de clostridies toxinogènes dans l’intestin ne peut avoir lieu que : - chez le très jeune animal, à la faveur d’une contamination orale par une souche toxinogène ; - chez les sujets plus âgés et les adultes, à la faveur d’une rupture de l’effet barrière de la flore digestive.

Comment évaluer les facteurs de risque Au sens épidémiologique strict, les facteurs de risque d’apparition de cas d’entérotoxémies ne sont pas connus. Les connaissances acquises sur les facteurs liés à l’apparition de cas d’entérotoxémies sont issues d’observations cliniques ou d’essais de reproduction expérimentale de la maladie. Aucune étude ne quantifie directement la relation entre le fait d’être exposé ou non à un facteur donné et le risque de développer

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 121


compendre la fulguration et son expertise chez les bovins

Comment effectuer l’expertise d’un animal foudroyé ? Comment examiner le cadavre et établir un diagnostic différentiel ? Cet article rappelle ces points-clé après avoir rappelé les données essentielles sur la physiopathologie du foudroiement.

P

hénomène électrique naturel spectaculaire longtemps associé à des pouvoirs divins, la foudre est un phénomène physique que l’on peut mesurer, simuler, détecter, prévoir [6]. Des méthodes de protection contre la foudre dans les habitations sont maintenant bien connues, mais en pleine nature, les comportements des hommes et des animaux ne sont pas toujours rationnels. Ils sont le fait de la peur. Comme tout courant, la foudre traverse les structures qui lui opposent une moindre résistance (encadré 1). Les effets d’une électrisation dépendent simultanément des conditions de l’électrisation : lieu, surface des ponts de contact (quadrupèdes plus sensibles que les bipèdes), trajet du courant dans le corps, degré d’humidité du milieu, durée du passage du courant.

Daniel Laurent Unité Clinique Rurale de l’ENVL de L’Arbresle UCRA - ENV Lyon Rue Jean Moulin 69210 L’Arbresle

Encadré 1 - La foudre en chiffres Chaque année, 1 000 000 de coups de foudre sont observés en France ; ● 20 à 40 personnes succombent (taux de mortalité de 10 p. cent par fibrillation ventriculaire) ; ● 20 000 animaux sont foudroyés ; ● 20 000 sinistres sont déclarés et vérifiés dus à la foudre dont 15 000 incendies ; ● 50 000 compteurs électriques sont détruits, 250 clochers sont endommagés ou détruits, (données Météorage). En région Rhône-Alpes élargie à huit départements, Groupama enregistre, chaque année 600 animaux qui sont déclarés et vérifiés foudroyés, dont 99 p. cent de bovins et pour plus d’un tiers d’entre eux, de race charolaise dans le département de Saône et Loire. ●

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la physiopathologie du foudroiement. ❚ Savoir faire l’expertise du bovin foudroyé.

LES EFFETS BIOLOGIQUES DE LA FOUDRE Certains effets sont directs : - effets électriques non thermiques qui traversent le corps (asphyxie, tétanie, sidération médullaire, troubles du rythme cardiaque, contractures musculaires violentes) ; - électrothermiques à l’intérieur du corps (congestions diffuses) mais surtout à la surface (brûlures), explosifs (surpression par échauffement et vaporisation (destruction de tissus, avec parfois, apparition de bulles surtout du conjonctif sous-cutané). ● Des effets indirects sont éventuellement observés (comme l’effet de blast, c’est-àdire projection à distance, chutes, ...) et peuvent aider à conclure au passage de la foudre : chute brutale sur le sol qui peut engendrer une fracture de corne, chute d’objets, de branches d’arbres, …). ●

1

Foudroiement d’un troupeau, par tension de pas (photo D. Laurent).

LA PHYSIOPATHOLOGIE DU FOUDROIEMENT Nous devons, lors d’expertise, utiliser le vocabulaire dit international. Le foudroiement est une électrisation par le courant de foudre. Il est dit “foudroiement mortel” en cas de mort directement liée à la foudre [6]. 1. Le foudroiement direct ● Le courant de foudre qui traverse un corps est l’arc en retour. Il est très bref et d’une intensité médiane de 30 000 ampères. La grande majorité du courant s’écoule tout naturellement dans l’arc de contournement externe qui est amorcé par le passage de ●

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 125


fiche

rapport d’expertise vétérinaire Daniel Laurent Unité Clinique Rurale de l’ENVL de L’Arbresle - ENV Lyon Rue Jean Moulin 69210 L’Arbresle

suite à une déclaration de mortalité animale par fulguration

L’assuré - Nom et prénom ....................................... - Adresse...................................................... ..................................................................... - Tél : ........................................................... - N° du contrat : ......................................... - N° du sinistre : .......................................... - Date du sinistre : ...................................... - Nom de la personne intérrogée : ..................................................................... Demande de l’assurance “.......................”

L’animal - Espèce ............................ Race ............... Sexe ...................... - N° d’identification ................................... N° de travail ............................................ - Production laitière : ................................. - État de gestion : ...................................... - État général : Bon ❒ Moyen ❒ Mauvais ❒ - VALEUR D’ESTIMATION : ………………………………………... HT….. A valeur d’expert et non pas valeur de remplacement (accord du propriétaire) : oui ❒ non ❒

Le troupeau Inscription à un contrôle de performance : - Contrôle laitier : oui ❒ non ❒ - Herd Book : oui ❒ non ❒ - UPRA : oui ❒ non ❒ - État général : Bon ❒ Moyen ❒ Mauvais ❒

Expertise - Date de l’expertise : ................................ - En présence de : .……….......................... - L’animal a été trouvé mort le : .................

NOTES * Les muscles gardent longtemps leur texture (ac.lactique post-mortem) ** Unilatérale si agonie *** Autopsie précoce : intestin normal **** Charbon bactéridien, entérotoxémie

- Environnement : Ligne électrique, clôture, objet métallique, arbre foudroyé, ... (Rechercher les traces de fulguration dans un périmètre de 200 m minimum) Orage sur le site : - Date : ………...... Lieu : ………………. Heure : ................ - Témoin : voisin, cafetier, épicier, mairie… : ..................................................................... - Météorage : ..............................................

L’animal expertisé - Le cadavre a-t-il été déplacé : oui ❒ non ❒ - Est-il situé : - sous un arbre : oui ❒ non ❒ - contre une clôture : oui ❒ non ❒ - au milieu d’un pré : oui ❒ non ❒ - ailleurs : préciser ............................... - Couleur des muqueuses : - Normale : - Anémiées : - Congestives : - Cyanosées :

oui ❒ oui ❒ oui ❒ oui ❒

non ❒ non ❒ non ❒ non ❒

- Position : - Anormale : - Décubitus latéral : - Décubitus dorsal : - Tête repliée :

oui ❒ oui ❒ oui ❒ oui ❒

non ❒ non ❒ non ❒ non ❒

- Traces de pédalage :

oui ❒ non ❒

- Herbe couchée souillée par excréments non récents : oui ❒ non ❒ - Présence d’aliments dans la gueule ? - Excrément en petit tas sous l’anus :

oui ❒ non ❒

30

- Kératite zonaire en tranche de melon : oui ❒ - Enfoncé dans l’orbite : oui ❒ - Présence d’œufs de mouches : oui ❒ - Présence d’asticots : oui ❒

non ❒ non ❒ non ❒ non ❒

- Autres éléments : ..................................... .................................................................... - Estimation approximative de la date de la mort : ……………………. impossible : …………......

Autopsie

oui ❒ non ❒

Pratiquée par le Dr.Vétérinaire : ……………................................................... - Congestion des muqueuses : oui ❒ non ❒ - Cyanose : oui ❒ non ❒ - Muqueuses pâles : oui ❒ non ❒ - Congestion de masses musculaires : oui ❒ non ❒ (F) - Non putréfiées sur autopsie précoce* : oui ❒ non ❒ - Muscle qui saigne à la coupe : oui ❒ non ❒ - Brûlures, congestions du conjonctif sous-cutané : oui ❒ non ❒ - Mousse dans les voies respiratoires : oui ❒ non ❒ - Congestion unilatérale du poumon **(NF) : oui ❒ non ❒ - Autolyse de l’intestin*** : oui ❒ non ❒ - Rate hypertrophiée boueuse**** : oui ❒ non ❒ - Cœur droit remplit d’un sang non coagulé : oui ❒ non ❒ - Organes désinsérrés : oui ❒ non ❒ - Diaphragme : oui ❒ non ❒ - Rumen : oui ❒ non ❒ - Autre : oui ❒ non ❒ - Lésion qui exclut la fulguration : oui ❒ non ❒

Conclusion oui ❒ non ❒

- Traces de fulguration : - Brûlures sur le mufle oui ❒ oui ❒ - Sur l’anus : - Sur le corps : oui ❒ - Météorisation : oui ❒ - Mousse qui sort des naseaux : oui ❒ - Aspect de l’œil : - Normal : oui ❒

RUMINANTS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 130 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

Lieu du sinistre : ......................................... Photos : oui ❒ non ❒ - Commune : ............................................... - GPS : ......................... - Description sommaire du site : ..................................................................... .....................................................................

non ❒ non ❒ non ❒ non ❒

- Fulguration certaine :

oui ❒

- Fulguration incertaine : l’autopsie permet de conclure : Positivement ❒ Négativement ❒ Fait le ............................. pour dire et faire valoir ce que de droit

non ❒

Dr. Vet …………………...............................

non ❒

Accord de l’assuré : Signature :

oui ❒ non ❒


conduite à tenir diagnostique devant des intoxications induisant des morts subites chez les ruminants

Les morts subites peuvent avoir des origines toxiques diverses chez les ruminants. Le diagnostic repose principalement sur une enquête épidémiologique et l’identification ou le dosage du toxique dans des prélèvements judicieusement choisis. Identifier le toxique en cause permet la mise en œuvre de mesures préventives à l’égard des autres animaux du troupeau.

L

es ruminants suspects de mort subite se définissent comme des animaux retrouvés morts moins de 12 à 24 heures après avoir été observés en apparente bonne santé. La brièveté de la phase morbide et l’absence de trouble clinique détecté avant la mort caractérisent la mort subite. ● Les intoxications sont l’une des causes de mort subite chez les ruminants. Il est difficile de proposer une liste exhaustive des toxiques responsables de ces morts subites. En effet, souvent suspectées, les intoxications ne sont que rarement mises en évidence de façon formelle, en raison parfois du coût élevé des analyses toxicologiques à mettre en œuvre. ● Les intoxications par des toxiques à usage phytosanitaire et les végétaux, sont les deux principales catégories d’intoxications responsables de mort subite chez les ruminants (photo 1). LA DÉMARCHE CLINIQUE L’observation des animaux morts et du troupeau ● Par définition, aucun signe clinique n’a été observé par l’éleveur ou le vétérinaire chez les ruminants suspects de mort subite d’origine toxique. ● Néanmoins, l’observation attentive du cadavre des animaux et de ses alentours peut parfois permettre de noter certains éléments cliniques intéressants. Par exemple, des signes d’hypersécrétions (ptyalisme, diarrhée) notés sur le cadavre peuvent faire émettre une suspicion d’intoxication à domi-

Hervé Pouliquen Unité de Pharmacologie et Toxicologie, ENVN, Atlanpole - La Chantrerie, BP 40706, 44307 Nantes cedex 03

Objectif pédagogique Déterminer l’étiologie des morts subites d’origine toxique chez les ruminants afin de permettre la mise en place de mesures préventives et curatives dans le troupeau.

1

Les toxiques à usage phytosanitaires et certains végétaux sont souvent incriminés lors d’intoxication (photo J.-M. Nicol).

nante clinique digestive ou nerveuse. De même, des marques de piétinements aux alentours du cadavre peuvent faire penser à une intoxication à dominante nerveuse convulsive. ● Des signes cliniques, même frustes, peuvent parfois être observés sur d’autres animaux du troupeau encore vivants. Il importe donc de réaliser un examen clinique complet des congénères encore survivants. - Des signes à dominante nerveuse convulsive peuvent être évocateurs d’une intoxication par les organochlorés, l’if, la strychnine ou le métaldéhyde. - Des signes à dominante digestive peuvent être évocateurs d’une intoxication par les dipyridiliums, la colchique ou le ricin. L’association de signes nerveux et digestifs peut par exemple conduire à envisager une intoxication par les inhibiteurs des cholinestérases, l’urée, l’ammoniaque, le plomb ou l’œnanthe safranée. - Des signes à dominante respiratoire peuvent être évocateurs d’une intoxication par les ions chlorate ou nitrite, les plantes cyanogénétiques ou le galéga (tableaux 1, 2). ● Lors de mort subite, le diagnostic clinique d’une intoxication n’est pas possible car le vétérinaire ne dispose au mieux que de quelques éléments cliniques.

Essentiel ❚ Penser à réaliser un examen clinique complet des congénères encore vivants. ❚ Pour une même intoxication : - le temps de latence ; - la durée d’évolution ; - l’intensité des signes cliniques sont variables, en fonction de la quantité de toxique reçue par l’animal. ❚ L’autopsie est l’un des éléments de la démarche diagnostique.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 131


gestes d’urgence

lors d’accidents de vêlage chez les bovins

L

CHEZ LA VACHE Les urgences vraies se produisent soit au moment du vêlage, soit à la suite du renversement utérin. ● Elles sont liées à l’évolution d’hémorragies graves qui s’accompagnent d’un état de choc, qu’il convient de corriger après contrôle de l’hémorragie (photo 1). ●

Les hémorragies : un diagnostic plus délicat qu’il n’y paraît La rupture de l’artère vaginale

La priorité est d’agir très rapidement. - Si l’accident survient en présence du vétérinaire, celui-ci pratique l’hémostase sans difficulté. - Si c’est l’éleveur qui a provoqué cette hémorragie, il est important qu’il puisse être rapidement informé car il doit assurer une compression jusqu’à l’arrivée du vétérinaire. Le geste d’urgence est simple, il faut repérer l’artère lésée et la clamper. Classiquement, la pince hémostatique était laissée en place 10 jours ou tombait d’elle-même. Nous considérons qu’il est plus simple et plus sûr de mettre en place une ligature. ● L’affaire est plus complexe lorsque les deux artères vaginales sont rompues : ce cas est rare mais nous l’avons déjà rencontré ! Chaque artère est alors clampée l’une après l’autre, sans pouvoir comprimer les deux en même temps. ●

Groupe vétérinaire 58800 Corbigny

Objectif pédagogique

Cet article rappelle quelques gestes d’urgence qui peuvent sauver l’animal et la conduite que nous tenons, face à ces accidents, au sein de notre clientèle. es cas “d’urgence autour du vêlage” qui peuvent affecter le pronostic vital d’une vache ou de son veau sont nombreux. Nous ne considérons ici que les accidents dont l’issue mortelle peut survenir dans un délai très court, (ainsi sont exclus les cas de déchirures utérine, parésie post-partum ou fracture chez le veau qui ne présentent pas un caractère d’urgence immédiate.

Gérard Vignault

Savoir réagir rapidement et efficacement dans des situations pouvant affecter le pronostic vital de la vache ou de son veau en période post-partum.

1

Après le contrôle de l’hémorragie, la priorité du praticien est celui de l’état de choc (photo J.-M. Nicol).

Encadré - La transfusion de la vache en pratique - Mettre en place une voie veineuse sur l’animal à transfuser (poche de Ringer Lactate® en 5 litres). - Tranquilliser l’animal à prélever, poser un garrot, faire une injection locale anesthésique en regard de la jugulaire, inciser la peau, cathéteriser la veine jugulaire avec le trocart à saignée, récolter le sang dans un récipient très propre en ayant additionné du citrate trisodique (5 g par litre de sang), prélever le volume nécessaire (4 litres pour une vache encore debout, à 6 litres pour une vache en décubitus), enlever le trocart, poser une pince hémostatique sur la plaie qui est suturée plus tard. - Couper un coin supérieur de la poche de Ringer Lactate®, et transvaser le sang. - Vitesse de transfusion : la moitié du volume en 3 à 5 min, le reste en 5 à 10 min. ● Une fois l’hémostase effectuée, il est peutêtre nécessaire de rétablir un volume sanguin acceptable : la transfusion sanguine est le remède de choix (encadré).

La rupture de l’artère utérine

Gestes ❚ En cas de rupture de l’artère utérine, repérer l’artère lésée et la clamper. ❚ Plutôt que de laisser en place la pince hémostatique 10 jours, il est plus simple et plus sûr de mettre en place une ligature. ❚ En cas de rupture de deux artères vaginales, clamper chaque artère, l’une après l’autre à l’aide d’une pince hémostatique avant de les suturer, puisqu'il n'est pas possible de comprimer les deux artères en même temps.

La cause la plus fréquente de rupture de la (ou des) artère(s) utérines est le renversement utérin qui étire exagérément et sectionne ces artères. Dans ce cas, l’hémorragie peut se produire d’emblée, l’utérus prolabé est alors souvent de volume important et flasque, l’animal est essoufflé, les muqueuses blanchissent. Elle peut aussi survenir immédiatement après la réduction du prolapsus utérin, la compression sur les artères rompues ou déchirées étant alors levée. ●

RUMINANTS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 137


observation clinique intoxication botulique dans un atelier

Alexis Kiers1 Pierre Le Mercier1 Caroline Lacroux2 Jérôme Dufour1 Marie-Lise Beau3 Daniel Fabié3 Delphine Izac1 Didier Raboisson1 François Schelcher1 1 Département Elevage, Produits et Santé Publique Unité de pathologie des ruminants 2 Unité pédagogique d’anatomo-pathologie 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 3 3 12200 Villefranche-de- Rouergue

Objectif pédagogique Décrire la démarche diagnostique, ayant conduit à une forte suspicion de botulisme dans un élevage de veaux de boucherie.

Motifs de la visite ❚ Morbidité et mortalité sévères et suraiguës.

Hypothèses diagnostiques ❚ Botulisme. ❚ Intoxication criminelle.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 140- MAI / JUIN / JUILLET 2006

de veaux de boucherie Le botulisme est classiquement décrit sur des bovins ruminants, suite à l’ingestion d’aliments ou d’eau, contaminés par des spores ou des toxines de Clostridium botulinum. Dans un élevage de veaux de boucherie, sont apparus brutalement des troubles nerveux caractérisés par des paralysies rapidement généralisées, survenant avec une très forte incidence (82 veaux atteints sur 84 en moins de 7 jours). Les examens complémentaires suggèrent une toxiinfection par C. botulinum type C. Les modalités d’exposition n’ont pu être déterminées avec certitude.

L

e botulisme bovin se caractérise par des signes nerveux dominés par une paralysie flasque. La paralysie des muscles respiratoires conduit à la mort de l’individu. Le botulisme est dû à Clostridium botulinum, bactérie gram +, anaérobie et sporulée, productrice de neurotoxines, suite à l’ingestion d’aliment ou d’eau de boisson, contaminés par des cadavres porteurs de spores botuliques. En général, cette maladie se manifeste sous forme de foyers limités à l’exploitation. Les pertes par mortalité peuvent devenir rapidement catastrophiques [4, 16].

1

Les veaux ont les mandibules pendantes (photos Pathologie des ruminants, E.N.V.T.).

2 Ptose de la paupière, mufle sec, mandibule pendante.

CIRCONSTANCES D’APPARITION L’élevage est un atelier d’engraissement de veaux de boucherie. Deux bâtiments acceuillent respectivement 84 veaux (n°1) et 92 veaux (n°2) (encadré 1). ● Les 176 veaux de race Prim’Holsteim, âgés de 1 semaine à 1 mois, ont été répartis sur les deux bâtiments, en vide sanitaire depuis 5 semaines. Ces veaux, provenant de plusieurs départements, sont sortis le lundi ou le mardi matin des fermes de naissance et ont été rassemblés dans un seul centre. Les 40 veaux de plus faibles poids (en moyenne 45 kg), et les 44 veaux les plus gros ●

40

3 Mandibule pendante.

(en moyenne 56 kg) ont été transportés dans un même camion paillé, ayant déjà servi dans la journée et ont été logés dans le bâtiment N°1. Les 92 veaux de poids intermédiaire (en moyenne 49,5 kg) ont été transportés dans un camion sans paille et ont été placés dans le bâtiment N°2. Les deux lots sont arrivés dans l’élevage simultanément le mardi vers 23 h, après un transport d’environ 20 min entre le centre de rassemblement et l’élevage.


mammites cliniques : l'interprétation des résultats bactériologiques

au travers du cas des ovins laitiers Dominique Bergonier Xavier Berthelot

Cet article présente les bases bactériologiques et épidémiologiques de l'interprétation des résultats de laboratoire sur les mammites cliniques. Il fait suite à l'article “Les mammites cliniques ovines viennent de livrer leurs derniers secrets étiologiques”*. Prenant comme illustration le cas des ovins laitiers, il s'applique très largement aux mammites bovines.

A

près avoir présenté trois études originales (E.N.V.T. et L.V.D.) relatives à l'étiologie et à l'épidémiologie des mammites cliniques ovines*, nous abordons dans cet article la synthèse de ces informations sous l'angle diagnostique : comment interpréter les différents types de résultats de laboratoires sur la microbiologie du lait ? Quels sont les micro-organismes présentant réellement un pouvoir pathogène pour la mamelle ? L’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DE LABORATOIRE La négativité

Que penser d’une négativité bactériologique sachant que la fréquence de ce résultat et le coût de l’analyse** peuvent paraître relativement élevés ? Les résultats présentés dans la 1ère partie de cet article montrent qu’en fonction des études, 10 à 20 p. cent des laits ne donnent pas lieu à une culture en routine. Les valeurs élevées de cette fourchette sont obtenues lors du traitement de laits de mammites chroniques ou après congélationdécongélation (à - 20 °C). ●

1. Outre l’antibiothérapie préalable possible, l’une des principales causes de résultats faussement négatifs est la localisation bactérienne aux plans anatomique ou cytologique. - Les bactéries les plus fréquemment à l’origine des mammites ovines (staphylocoques,

E.N.V.T.-I.N.R.A. UMR 1225 Département Élevage et produits (Pathologie de la reproduction) 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique Savoir interpréter les résultats de recherches étiologiques relatives aux mammites cliniques des ruminants.

1

Mammite chronique à Arcanobacterium pyogenes (à gauche) sur une brebis allaitante. Abcès parenchymateux et ganglionnaire (en bas) en partie fistulisés (forme évocatrice de cet agent) (photos E.N.V.T, pathologie de la reproduction).

…) sont plutôt situées dans le compartiment sécrétoire de la mamelle, et non dans la lumière des canaux ou citernes comme E. coli et S. agalactiae en particulier. Dans le parenchyme, les staphylocoques déterminent des infections chroniques par extension au travers du tissu conjonctif (production de hyaluronidases) et abcédation (y compris micro-abcès). - De plus, ces bactéries sont intracellulaires facultatives. - Il en résulte que le nombre de staphylocoques ayant une localisation luminale (alvéolaire ou canaliculaire) et extra-phagocytaire peut être faible. 2. Les deux autres raisons ne sont pas spécifiques à tel ou tel genre bactérien. - L’inflammation mammaire induit en général un effet bactériostatique ou bactéricide plus ou moins marqué en fonction de son degré. - Pour les mammites chroniques, la concentration en micro-organismes revivifiables varie fréquemment au cours du temps, de manière ample et sinusoïdale. Nous avons caractérisé ces fluctuations pour S. aureus et pour certaines entérobactéries (figure 1) : dans ce dernier cas (26 brebis étudiées), l’amplitude moyenne entre valeurs minimales et maximales est de 3,3.105 bactéries/ml et la période moyenne de la sinusoïde est de 5 jours (dans le cas d’une traite quotidienne). Les fluctuations des comptages cellulaires, du même type, sont concomitantes mais asynchrones.

NOTES * Cf. Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE, Élevages et santé, N° 1, Mars-Avril 2006 27-32). ** Environ 40 € pour une analyse avec antibiogramme, le même prix moyen qu’une Lacaune de réforme. (source : Institut de l’Élevage).

Essentiel ❚ Chez les brebis comme chez les vaches laitières, les espèces de staphylocoque à coagulase négative les plus fréquentes et les plus pathogènes sont S. epidermidis, S. simulans, S. chromogenes et S. xylosus. ❚ La somme des résultats "négatifs" et "contaminés" représente 12 à 36 p. cent des laits de mammites cliniques. Le risque de faux-négatifs est accru pour les mammites chroniques.

RUMINANTS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 145


la maladie de Newcastle Jean-Luc Guérin Cyril Boissieu Unité Productions animales Clinique des élevages avicoles et porcins E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique ❚ Suspecter un cas de maladie de Newcastle et mettre en œuvre une prophylaxie vaccinale rationnelle.

l’autre “peste” Dans un contexte médiatique largement dominé par l’influenza aviaire, la maladie de Newcastle est pourtant bien présente sur le terrain : après plusieurs années sans cas décrit en France, plusieurs foyers ont été déclarés en 2005. Face à une maladie qui peut être sournoise dans ses manifestations cliniques, la vigilance des professionnels est essentielle pour prévenir et détecter au plus tôt un éventuel foyer.

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nfection virale pouvant affecter la plupart des espèces d’oiseaux domestiques et sauvages, avec des expressions cliniques variées, la maladie de Newcastle, maladie de la liste A de l’O.I.E. est considérée comme un risque sanitaire majeur en aviculture. À ce titre, elle fait l’objet d’une régle-

1

Troubles respiratoires sur un poulet atteint de maladie de Newcastle (photo J.-L. Guérin, E.N.V.T Toulouse).

mentation internationale très stricte et a été confondue jusqu’en 1927 avec l’influenza aviaire hautement pathogène au sein du groupe des “pestes aviaires”, d’où le nom de “pseudo-peste aviaire” qui n’est plus guère utilisé. LES DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES La plupart des espèces aviaires sont réceptives, mais la forme clinique s’exprime surtout chez le poulet et dans une moindre mesure, chez la dinde (photo 1).

Essentiel ❚ Le virus est résistant dans le milieu extérieur et persiste pendant de longues périodes à température ambiante, principalement dans les fèces. ❚ Le virus est sensible à l’éther et au chloroforme. Il est détruit par la chaleur : 30 minutes à 56°C, 1 mois à 22°C. ❚ Il résiste en revanche des semaines dans l’eau à 4°C.

PORCS- VOLAILLES

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 154 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

Encadré 1 - Les foyers de maladie de Newcastle décrits en 2005 En 2005, trois foyers de maladie de Newcastle sont apparus alors que la France n’en avait plus connu depuis 1999. 1. Le 1er foyer dans un élevage de faisans et de perdrix Le 1er foyer dans un élevage de faisans et de perdrix a été diagnostiqué au début de l’été 2005 en Loire Atlantique. - Suite à une suspicion de maladie de Newcastle dans un élevage de faisans en Angleterre, une enquête épidémiologique a montré des liens avec des élevages français qui avaient livré les faisandeaux. En France comme en Angleterre, les faisandeaux présentaient des signes paralytiques non spécifiques, sans aucune lésion à l’autopsie. - Des prélèvements et une surveillance des élevages français ainsi que des zones de protection et de surveillance autour de ces élevages ont été mis en place. - La sérologie s’est avérée positive le 18 juillet 2005 dans l’élevage de Loire Atlantique. - La confirmation virologique (protéine de fusion, groupe 5B) est intervenue le 26 juillet et entraîne la notification du foyer à l’OIE. Entre temps et dès la sérologie positive, il a été décidé l’abat-

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tage des 55 000 oiseaux de l’élevage (35 000 perdrix et 20 000 faisans).

2. À l’automne 2005, un autre foyer a été identifié dans le Pas-de-Calais sur des faisans. - Il concernait un élevage de 1500 faisans mis en place le 9 juillet. - Les premiers symptômes sont apparus le 20 septembre et 300 oiseaux sont morts. - La confirmation du laboratoire, intervenue le 21 octobre, a mis en cause le paramyxovirus aviaire de type 1 variant pigeon, dont l'indice de pathogénicité intracérébrale (I.P.I.C.) est 1,61. - Les 1200 survivants ont été éliminés et les mesures classiques de police sanitaire mises en place. 3. Le 31 octobre 2005, des signes cliniques (mortalité, signes nerveux et respiratoires) sont apparus dans un élevage de 8500 pigeons de chair en Ille-et-Vilaine. - Le laboratoire a confirmé la suspicion de maladie de Newcastle avec la mise en cause d’un paramyxovirus aviaire de type 1 (A.P.M.V.1) (variant pigeon), d’indice de pathogénicité intracérébrale de 1,04. Les 8200 pigeons survivants ont été détruits.


l’utilisation des antibiotiques en élevage porcin : la problématique de l’antibiorésistance L’utilisation des antibiotiques s’est banalisée dans de nombreux systèmes de productions animales. L’émergence et le développement de l’antibiorésistance ont des conséquences qu’il convient de tenter de maîtriser à la fois pour garantir l’efficacité des traitements en santé animale, et pour prévenir la diffusion, à partir de souches animales, de facteurs de résistance, dont les conséquences en santé publique peuvent être redoutables.

Département Santé des animaux d’élevage et Santé publique Unité de médecine des animaux d’élevage E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

Objectif pédagogique

1

LES INDICATIONS MAJEURES DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE EN ÉLEVAGE PORCIN Chez la truie

Les porcelets en maternité

Les infections ciblées sont essentiellement les infections urinaires, détectées à l’occasion de troubles de la reproduction. Ces derniers étant en général la conséquence d’infections ascendantes, l’étiologie bac-

Les infections les plus fréquentes sont les entérites néonatales. Elles sont dues soit à des colibacilloses et, dans ce cas, on utilise les quinolones, ou l’association amoxicillinecolistine, ou ampicilline-colistine, soit à des

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Cet article donne ici des indications générales sur l’utilisation des anti-infectieux, telles qu’elles ressortent du rapport de l’Afssa*** et suite à différents entretiens que nous avons conduits avec des praticiens et des opérateurs de cette filière [2]. Il précise les précautions nécessaires pour éviter la sélection de bactéries résistantes.

❚ Savoir utiliser les antibiotiques à bon escient et prendre des précautions pour limiter la séléction des bactéries résistantes.

Avant de traiter, il est nécessaire de connaître la nature des contaminants présents dans chaque élevage (photo C. Belloc).

térienne est identique et relève d’une colibacillose, parfois associée à des bactéries pyogènes à Gram positif. Eubacterium suis, autrefois appelée Corynebacterium suis, longtemps considérée comme l’agent étiologique des néphrites de la truie, a disparu avec l’insémination artificielle car c’est un contaminant classique du prépuce du verrat. ● Les truies sont traitées en cours de gestation, avant ou après la mise bas, avant ou après la saillie. Lorsque les infections urinaires constituent un problème de troupeau important, diagnostiqué à l’aide de bandelettes urinaires pendant la gestation ou plus précisément, par examen cytobactériologique urinaire, des cures systématiques peuvent être pratiquées. En général, celles-ci sont effectuées au cours de la 2de moitié de la gestation, par voie orale, soit par l’intermédiaire de l’aliment soit, plus souvent, dans l’eau de boisson, sur des périodes de 5 à 10 jours. ● Lors d’infection aiguë, des traitements individuels injectables sont instaurés. Les antibiotiques utilisés sont les sulfamides, toujours associés au triméthoprime, l’amoxicilline, la fluméquine pour la voie orale, les fluoroquinolones de 3e génération ou les céphalosporines, ceftiofur et cefquinome pour la voie parentérale.

l est difficile de contrôler les maladies infectieuses du porc sans recourir à des anti-infectieux. Leur utilisation est de mieux en mieux maîtrisée et réservée à des indications strictement médicales. En effet, la suppression de leur usage zootechnique comme facteur* de croissance devrait permettre à la production porcine de corriger une image souvent négative**. La prescription doit s’inscrire dans le cadre d’un usage prudent et nécessite bien évidemment au préalable un diagnostic étiologique précis afin de bien cerner l’infection en cause (photo 1).

Arlette Laval Catherine Belloc

NOTES * L’utilisation des antibiotiques comme facteur de croissance est complètement interdite depuis le 1er janvier 2006. ** cf. article Les enjeux économiques : “Qualité des produits et des modes de production dans la filière porcine” de Pierre Sans dans ce numéro. *** cf. article Actualités en perspective : “Usages vétérinaires des antibiotiques, résistance bactérienne et conséquences pour la santé humaine” de P. Sanders et coll. dans ce numéro.

PORCS- VOLAILLES

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 159


enjeux économiques qualité des produits et des modes de production

dans la filière porcine Cet article dresse un bilan de la perception actuelle des produits d’origine porcine, la confronte aux résultats du développement de la filière et propose quelques pistes de réflexion pour le futur.

Pierre Sans E.N.V.T Département Élevage et produits / santé publique vétérinaire Unité pédagogique Productions animales 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03

Tableau 1 - Occasions de consommation des produits porcins (en pourcentage des consommateurs)

Viande Jambon Charcuteries fraîche blanc ●

Repas ordinaire

- 63,2

- 80,1

- 54,2

Repas festif

- 1,6

- 0,4

- 7,3

Les deux

- 35,1

- 19,5

- 38,5

Objectif pédagogique ❚ Comprendre les défis qui se posent à la filière porcine.

E

n dépit des interdits religieux qui la frappe dans certaines régions du monde, la viande porcine est la première viande produite et consommée. Pourtant, dans certains pays de l’Union Européenne, le développement de cette production semble remis en cause par les préoccupations croissantes en matière de santé et de protection de l’environnement (photo 1).

QUELLE IMAGE DES PRODUITS PORCINS ET DES MODES DE PRODUCTION ? La viande fraîche de porc et ses dérivés : des produits souvent banalisés et perçus comme peu sûrs Différentes études récentes se sont intéressées en France à la perception de la viande porcine par les consommateurs [1, 2]. ● En dépit de caractéristiques positives (commodité d’emploi, faible prix relatif), la viande de porc est considérée comme peu sûre. Les problèmes d’environnement associés à l’élevage intensif (odeur, pollutions de l’eau), altèrent son image selon l’étude qualitative menée par Carpentier et al. Cazes-Valette confirme ces données auprès d’un échantillon de 1 000 personnes interrogées en France entre octobre et décembre 2003. ● La consommation de viande porcine est très largement répandue : seulement 9 p. cent des personnes interrogées déclarent ne jamais en manger (7 p. cent pour le jambon blanc ou d’York, 13 p. cent pour les charcuteries). Le pourcentage plus élevé de non consommateurs absolus pour les charcuteries est lié à des préoccupations de santé déclarées par les répondants. Le caractère banalisé de la consommation de ces produits peut être évalué par les ●

1

La production porcine décriée par certains citoyens (photo P. Sans).

occasions de consommation : seules certaines charcuteries (jambons secs par exemple) sont invitées au menu des occasions festives (tableau 1). ● Sur la sécurité sanitaire perçue par les consommateurs, l’enquête conduit à des résultats très défavorables aux produits porcins, à l’exception du jambon blanc (figure 1). En effet, sur une échelle de 1 (risque sanitaire perçu comme nul) à 10 (risque perçu maximum), les charcuteries arrivent en tête du classement devant … le porc frais ! ● À l’exception du jambon blanc très éloigné de la forme originelle de la matière première, les produits issus de l’espèce porcine sont donc perçus comme risqués : d’un point de vue anthropologique, le porc est souvent considéré comme une espèce porteuse de multiples maladies et dont la viande se corrompt aisément. Par ailleurs, l’animal vivant est perçu dans cette enquête comme le plus distant de l’homme : il est rejeté par la majorité des répondants et ce, indépendamment de leur appartenance religieuse [2].

Essentiel ❚ La consommation de produits issus du porc suscite des inquiétudes tant en ce qui concerne les caractéristiques du produit que les modes de production.

COMPRENDRE ET AGIR

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 163


l’abord du troupeau

comment interpréter les index et situer le niveau génétique

des bovins laitiers Des index sont déjà disponibles sur des caractères de reproduction et santé. Prochainement, des index “mammites cliniques” pourraient être créés en France. Le vétérinaire proposant une offre de prestations de type “suivi de troupeau” devrait connaître et savoir interpréter ces index, mais aussi ceux de production et de morphologie, ainsi que les index de synthèse.

L

a sélection repose sur le choix de reproducteurs qui vont permettre de produire les animaux de renouvellement. Le progrès génétique réalisé par génération est alors d’autant plus fort que : ● ce choix est sévère (c’est-à-dire la pression de sélection élevée : retenir peu d’animaux parmi les candidats) ;

● la variabilité est forte parmi les candidats : (les “meilleurs” très différents des “moyens“) ; ● et, “last but not least”, que l’information sur la valeur des différents candidats est de bonne qualité, ce qui permet d’effectivement choisir les reproducteurs de valeur supérieure. Pour la plupart des caractères, la valeur génétique d’un individu ne peut pas être mesurée directement. ● L’index est une estimation de cette valeur génétique additive. Il est calculé à partir l’ensemble des informations disponibles à un moment donné : performances mesurées sur les ascendances, sur les descendants, les collatéraux et éventuellement, sur l’animal lui-même. L’index permet de classer les reproducteurs, puis de choisir les meilleurs. ● Pour situer le niveau génétique d’un animal, on considère son index par rapport à l’index moyen du troupeau ou de la population de la race dans le pays. Pour situer un troupeau ou un lot, il s’agit de son index moyen par rapport à cette population.

Henri Seegers Nathalie Bareille François Beaudeau UE Zootechnie-Économie et U.M.R. Gestion de la Santé animale E.N.V.N./I.N.R.A. Atlanpôle La Chantrerie B.P. 40 706, 44307 Nantes cedex

Objectif pédagogique ❚ Comprendre et connaître l’interprétation des index laitiers français.

Encadré 1 - La notion de l’index Le phénotype d’un animal pour un ou plusieurs caractères, c’est-à-dire la performance zootechnique ou l’état sanitaire par exemple, renseigne plus ou moins sur son génotype, notamment sa valeur génétique additive en tant que reproducteur. Les facteurs de milieu modulent en effet l’expression du génotype pour la plupart des caractères zootechniques ou sanitaires. Cette modulation varie en sens inverse de l’héritabilité : elle est forte pour les caractère à héritabilité faible, et vice-versa. ● La valeur génétique additive d’un reproducteur est en moyenne transmise pour moitié à ses descendants. Il s’en suit que la valeur génétique additive “attendue” d’un individu à concevoir, à naître ou non encore évalué, est la moyenne de celle de ses parents. C’est la valeur la plus probable, mais les aléas de méiose font que, pour les caractères régis par plusieurs gènes, la valeur effectivement obtenue est plus forte ou plus faible que ce niveau “attendu”. ● L’index est une estimation de la valeur génétique additive d’un animal comme reproducteur pour un ou plusieurs caractères à améliorer par sélection. Cette estimation permet toutefois de mieux prédire la supériorité transmise à un descendant que la seule information constituée par son phé●

notype, qui plus est, peut parfois ne pas exister (la production laitière ou la sensibilité aux mammites pour les mâles, par exemple) ou ne pas encore être disponible (la production laitière pour les femelles n’ayant pas encore vêlé). ● Un index est exprimé en termes de supériorité (ou d’infériorité) relative par rapport à la moyenne de la race. Ainsi, deux reproducteurs, indexés à +1500 kg de lait et à +500 kg de lait pour le taureau et la vache respectivement, donneront naissance à un individu dont la valeur la plus probable (obtenue en moyenne s’il y a un grand nombre de descendants) descendants, ou “en espérance” pour un descendant unique) est de +1000 kg. ● Étant une estimation par définition, l’index est entaché d’une erreur par définition. Mais cette erreur est plus ou moins forte. Le C.D. ou coefficient de détermination (grandeur compris entre 0 et 100 p. cent) évalue la confiance à accorder à l’index : plus il est fort, et plus l’intervalle de confiance de l’estimation est faible, donc l’estimation précise.

Essentiel ❚ C’est seulement pour un caractère à héritabilité forte (taux protéique ou butyreux par exemple), que la performance mesurée sur un individu est un assez bon indicateur de sa valeur génétique additive, mais l’index est plus précis. ❚ Ce n’est pas le cas pour les caractères à héritabilité faible, fertilité par exemple, où l’index est indispensable.

Exemple : Pour un risque d’erreur accepté de 10 p. cent, l’intervalle de confiance d’un index T.P. sera de + 1,4 g/kg pour un C.D. de 50 p. cent et de +0,7 g/kg pour un C.D. de 85 p. cent

COMPRENDRE ET AGIR

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 167


management de l’entreprise

délégués médicaux : ennemis ou alliés ?

Philippe Baralon Phylum BP 17530 31675 Labège Cedex

Comment gérer la relation avec les délégués commerciaux dans une clientèle ? Comment s’organiser pour établir une relation durablement équilibrée ? Que peut-on attendre et ne pas attendre d’un délégué ?

Objectif pédagogique ❚ Comprendre l'équilibre de la relation vétérinairedélégué et en déduire un plan d'action pour la gérer.

L

'activité des entreprises vétérinaires repose partiellement sur l'interaction, technique et économique, avec les laboratoires pharmaceutiques. En productions animales, cette relation joue un rôle plus important que dans le reste de la médecine vétérinaire. En terme d'organisation, les délégués médicaux constituent l'interface entre les laboratoires et les cliniques ; au plan humain, ils sont les interlocuteurs directs des praticiens. Dès lors, optimiser la relation avec eux représente un enjeu stratégique.

NOTE * “Les 100 mots de la communication”, PUF éd.

LES MULTIPLES RÔLES DES DÉLÉGUÉS

Essentiel ❚ Les délégués jouent avant tout un rôle commercial. ❚ Ils représentent une source d'informations intéressantes bien que partiales. ❚ La relation entre vétérinaires et délégués est plus équilibrée qu'il n'y paraît. ❚ La relation doit se concentrer sur les enjeux professionnels.

COMPRENDRE ET AGIR

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 170 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

● Constituant la "force de vente" du laboratoire, les délégués jouent avant tout un rôle commercial : ils sont là pour développer les ventes de leur entreprise sur le secteur géographique dont ils ont la charge.

Leur rémunération en dépend pour une part significative. Leur avenir professionnel en dépend totalement. ● Cette primauté du rôle commercial ne doit jamais être oubliée, même après de nombreuses années de collaboration fructueuse, même lorsque la sympathie, voire l'amitié s'installe.

Il serait néanmoins réducteur d'ignorer ou de négliger l'autre rôle des délégués des laboratoires : une fonction d'information : - informations techniques sur les produits qu'il promeut bien sûr, mais aussi sur les pathologies visées ; - informations économiques sur le marché, sur les attentes des clients (encadré 1). La question qui vient à l'esprit est alors celle de la compatibilité entre mission commerciale et rôle d'information. Maurice Lévy, PDG de Publicis, considère dans son dernier ouvrage* que le discours publicitaire est le plus honnête qui soit, dans la mesure, précisément où il est parfaitement clair pour celui qui le reçoit que celui qui le tient cherche à séduire et à vendre. Paradoxalement donc, plus on s'éloigne de la publicité pure et dure, plus le discours devient difficile à décrypter avec un risque de mélange des genres. ●

Encadré 1 - Que peut-on attendre et ne pas attendre d'un délégué ? Au-delà des informations de base sur les caractéristiques de ses produits et les conditions commerciales qu'il peut offrir, le délégué représente une source d'informations, parmi d'autres, dans plusieurs domaines. ● En matière technique, les délégués diffusent des informations de base, mais peuvent être sollicités pour aller plus loin, soit directement, soit en mobilisant les spécialistes du laboratoire (support technique, voire recherche et développement). ● Au plan commercial, le délégué dispose d'une vue d'ensemble d'un marché local et peut, là encore, mobiliser des ressources internes disposant d'un point de vue plus global (commercial ou marketing). ● Au plan concurrentiel, il est parfois possible d'obtenir des informations via les délégués, par exemple sur les niveaux de prix pratiqués par

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d'autres types d'ayant-droit. Attention toutefois à ne pas se reposer sur cette seule source d'information. ● Attention à deux limites dans les informations fournies par les délégués. - La tendance fréquente à dire au vétérinaire ce qu'il a envie d'entendre : compatir sur son sort ou s'indigner avec lui, pour créer, généralement de bonne foi, un effet d'empathie. Un délégué qui vous dit des choses désagréables est généralement digne de confiance ! - Les délégués ne savent pas tout, même et peut-être surtout à propos de ce qui se passe dans leur propre laboratoire. Dans certains cas, le siège les informe longtemps à l'avance pour préparer le terrain ; dans d'autres configurations, notamment lorsque le laboratoire est en difficulté, il arrive que la force de vente soit prise par surprise …


FORMATION MÉDICALE

CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie la représentativité de l’échantillon

revue internationale

par Bernard Toma

Pas d’étude fiable sans échantillon représentatif ! Un échantillon est représentatif d’une population lorsque ses caractéristiques sont en tout point semblables à celles de cette population. Cette propriété essentielle doit être distinguée des paramètres propres à l’étude conduite sur la population qu’il représente : l’exactitude et la précision. Page 74 découvrez les

exercices pratiques d’épidémiologie ... ... et leurs réponses

Page 76 Page 89

rubrique dirigée par Sébastien Assié, Didier Raboisson, François Schelcher, Henri Seegers Page 85 - induction d’acidose latente chez la vache laitière

étude de cas de l’internat

par Fabrice Razimbaud (E.N.V. T)

cas répétés de coma vitulaire indications et limites des différentes méthodes d’abord d’un troupeau

- hypocalcémie chez la vache laitière : méta-analyse et réexamen du rôle du BACA par Guillaume Lhermi (E.N.V. T)

- étude du rôle de Chlamydophila spp. dans les affections du tractus respiratoire supérieur des bovins

par Julien Daspet, Sébastien Assié, Raphaël Guattéo, Jean-Louis Bihoreau, Brigitte Siliart, Nathalie Bareille

par Sébastien Assié (E.N.V. N)

La “fièvre de lait” ou coma vitulaire est une affection bien connue au plan individuel et de diagnostic relativement aisé, en période peripartum. Le problème de la compréhension de ses facteurs étiologiques et déclenchants est plus complexe. Il faut pourtant l’aborder quand les cas de coma vitulaire se répètent dans un même troupeau. L’utilisation de quelques indicateurs fiables et faciles à caractériser permet d’identifier les facteurs de risque propres à ce troupeau et de proposer une démarche préventive, rationnelle et efficace ... Page 78

- gangrène sèche des extrémités chez les veaux associées à une infection à Salmonella dublin ; une possible réaction immunitaire par Sébastien Assié (E.N.V. N)

- concordance entre trois tests ELISA pour Mycobacterium avium subsp. Paratuberculosis chez les bovins laitiers par Sébastien Assié (E.N.V. N)

- les effets du circovirus de type 2 (P.C.V2)

synthèse

transmission par le sperme de Neospora caninum : quels risques pour la mère et le fœtus ? par Didier Raboisson, François Schelcher

un panorama des meilleurs articles

Page 83

sur les anticorps maternels lors d’infections expérimentales de porcelets avec le P.C.V2 par Catherine Belloc (E.N.V. N.)

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 173


comprendre l’épidémiologie la représentativité de l’échantillon

Bernard Toma Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général-de-Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Objectif pédagogique Comprendre ce qu'est la représentativité, comment l'obtenir et ce qu'elle conditionne. Définitions ❚ La représentativité : Un échantillon est représentatif d'une population dont il est issu lorsque ses caractéristiques sont en tous points semblables à celles de la population. Ainsi, quelle que soit la caractéristique considérée (chez les animaux par exemple, la proportion de mâles et de femelles, la proportion des différentes races, la distribution de l'âge, etc.), l'échantillon est un modèle réduit de la population et a la même proportion de cette caractéristique que la population. ❚ L’exactitude : Une estimation est exacte lorsque le nombre qui l'exprime correspond à la valeur réelle, dans la population, de la caractéristique mesurée. Ainsi par exemple, le pourcentage d'animaux infectés estimé par une enquête sur échantillon est exact s'il correspond au pourcentage réel d'animaux infectés dans la population. ❚ L’effectif : C’est le nombre de sujets dans l'échantillon. ❚ La précision : La précision de l'estimation correspond à l'étroitesse de l’intervalle de confiance : plus l'intervalle de confiance exprimant l'estimation est étroit, meilleure est la précision.

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 174 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

La fiabilité des résultats de toute étude faite à partir d'un “échantillon” dépend des caractéristiques de cet échantillon. La ”représentativité” de l'échantillon est une propriété majeure. Elle conditionne la qualité de l'estimation de la prévalence qui résulte de l'étude.

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ans la quasi-totalité des cas, pour des raisons matérielles et financières, les enquêtes d'épidémiologie descriptive se font, non pas sur la population entière, mais sur un échantillon issu de cette population. LE CHOIX DE L’ÉCHANTILLON

Le choix de cet échantillon est important car de ses caractéristiques dépend la fiabilité de l'estimation de la prévalence qui résulte de l'enquête. Le tableau résume les notions essentielles dans ce domaine. ● Un échantillon représentatif d'une population conduit à une estimation exacte. À l’inverse, un échantillon non représentatif (qualifié de “biaisé”) conduit à une estimation inexacte, d'autant plus erronée qu'il est fortement biaisé. Toute estimation obtenue sur un échantillon doit obligatoirement s'exprimer sous forme d'un intervalle de confiance, c'est-à-dire d'une gamme de valeurs au sein de laquelle se trouve probablement (c'est-à-dire avec un certain niveau de probabilité) la valeur réelle de la caractéristique de la population. ●

Le résultat d'une enquête de prévalence s'exprimant sous forme d'un intervalle de confiance de 20 p. cent ± 2 p. cent de troupeaux infectés (soit entre 18 p. cent et 22 p. cent) est plus précis que celui exprimé par l'intervalle de confiance 20 p. cent ± 5 p. cent (soit entre 15 p. cent et 25 p. cent), pour une même probabilité d'avoir la vraie valeur en son sein. ● La règle liant effectif de l'échantillon et précision de l'estimation est simple : plus l'effectif de l'échantillon est élevé, meilleure est la précision. INDÉPENDANCE DE L'EXACTITUDE ET DE LA PRÉCISION La figure illustre le type de résultat pouvant être obtenu (en ce qui concerne l'exactitude et la précision) en fonction de l'échantillon utilisé. ● Avec l'échantillon n°1 (représentatif et de faible effectif), le résultat obtenu est exact : l'intervalle de confiance contient la vraie valeur de la caractéristique étudiée dans la population, mais est peu précis (l'intervalle de confiance est large). Si on répète de nombreuses fois l'étude sur un échantillon semblable, la probabilité pour que la vraie valeur dans la population ne se trouve pas dans l'intervalle de confiance est faible. ● L'échantillon n°2 (représentatif et d'effectif important) fournit un résultat exact et plus précis que le précédent (intervalle de confiance étroit). ● L'échantillon n°3 (non représentatif, c'està-dire biaisé, et d'effectif réduit) conduit à un résultat inexact (l'intervalle de confiance ne renferme pas la vraie valeur de la caractéristique étudiée dans la population), et peu ●

Tableau - Le degré de fiabilité du résultat obtenu dans une enquête descriptive, en fonction des caractéristiques de l'échantillon utilisé : les notions essentielles Échantillon

Estimation

Représentativité

Exactitude

Effectif

Précision

La représentativité de l'échantillon conditionne l'exactitude de l'estimation ; l'effectif de l'échantillon conditionne la précision de l'estimation.

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étude de cas de l’internat cas répétés de coma vitulaire indications et limites des différentes méthodes d’abord d’un troupeau

Julien Daspet* Sébastien Assié** Raphaël Guattéo** Jean-Louis Bihoreau*** Brigitte Siliart** Nathalie Bareille**

La gestion des dernières semaines avant le part est un facteur déterminant d’apparition des maladies du peri-partum, notamment de coma vitulaire. L’utilisation de plusieurs méthodes complémentaires pour rechercher les facteurs déclenchants est nécessaire pour prévenir leur apparition.

* Interne en clinique bovine, École Nationale Vétérinaire, B.P. 40706, 44307 Nantes Cedex 3 ** École Nationale Vétérinaire, BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3 *** Vétérinaire praticien, Ani Médic, 85120 La Tardière.

Objectif pédagogique Savoir mettre en évidence les facteurs de risque de coma vitulaire pour les modifier.

L

Hypothèses diagnostiques ❚ Excès d’apports calciques ; excès d’apports en potassium ; risque d’alcalose métabolique ; insuffisance hépatique.

Essentiel ❚ La conduite alimentaire au tarissement, la préparation au vêlage lors des 15 derniers jours de gestation, et l’état des animaux au vêlage sont des causes de forte incidence de coma vitulaire.

L’ÉLEVAGE L’élevage étudié est situé en Vendée et présente les caractéristiques suivantes : - 55 vaches laitières Prim Holstein ; - niveau de production : 8700 Kg de lait standard ; - vêlages répartis de septembre à janvier ; - séparation des vaches taries des vaches en lactation ; - cinq cas de coma vitulaire en un an : incidence qualifiée de très élevée (classée dans le quart supérieur des élevages laitiers des pays de la Loire).

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 178 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

es facteurs liés à une forte incidence de coma vitulaire concernent principalement la conduite alimentaire au tarissement, la préparation au vêlage lors des 15 derniers jours de gestation, et l’état des animaux au vêlage. ● Face à une situation d’incidence élevée de coma vitulaire dans un troupeau, nous avons utilisé différentes méthodes permettant d’apprécier les différents facteurs déclenchants : - l’étude des apports phosphocalciques de la ration de préparation au vêlage ; - l’étude du Bilan Anions Cations (B.A.C.A.), de la ration de préparation au vêlage ; - l’évaluation des fonctions hépatiques des vaches taries ; - le dosage des minéraux sanguins et urinaires ; - la mesure du pH urinaire. Cela nous a permis d’identifier les indications et les limites de chacune d’entre elles, et de proposer une démarche d’intervention fondée sur celles que nous avons trouvées les plus complémentaires, les plus simples et pertinentes.

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1

La brusque baisse de la calcémie est induite par la “fuite” de calcium dans le lait (photo J.-M. Nicol).

Encadré - Le coma vitulaire ou fièvre de lait ● Le coma vitulaire “fièvre de lait” est une maladie métabolique des vaches adultes qui intervient le plus souvent dans les 48 h suivant le vêlage, mais parfois aussi dans les jours qui le précèdent ou qui le suivent. ● Il est caractérisé cliniquement par une hypocalcémie, une faiblesse musculaire généralisée, un collapsus circulatoire et une dépression du système nerveux central [9].

1ère MÉTHODE : L’ÉTUDE DES APPORTS EN CALCIUM, PHOSPHORE ET MAGNÉSIUM DE LA RATION DE FIN DE GESTATION Rappels sur les mécanismes de régulation de la calcémie et sur l’apparition du coma vitulaire Les hypocalcémies post-partum résultent d’un défaut d’utilisation des stocks de calcium existants, et non d’une carence vraie (figure 1). En début de lactation, les exportations de calcium dans le lait croissent rapidement. Le délai nécessaire à l’activation des mécanismes de régulation du calcium est de quelques heures à quelques jours [3], ce qui est souvent trop long par rapport à la brusque baisse de la calcémie induite par la “fuite” de calcium dans le lait (photo 1). ● Dans un élevage, il est donc recommandé de limiter : - les apports journaliers de calcium à 60 g dans la ration des vaches taries durant les 15 derniers jours avant le vêlage, afin d’anticiper sur la baisse de la calcémie et de stimuler les mécanismes hypercalcémiants ●


synthèse

transmission par le sperme de Neospora caninum : quels risques pour la mère et le fœtus ?

N

eospora caninum est un pathogène majeur des ruminants, impliqué, entre autre, dans des épisodes abortifs. Chez les bovins, hôtes intermédiaires, la transmission verticale par voie transplacentaire lors d’infection de la mère pendant la gestation, ou lors de réactivation du parasite latent, contribue au maintien de la maladie dans l’élevage infecté. La transmission horizontale par l’ingestion d’ookystes présents dans les fécès de chien, l’hôte définitif permet la diffusion du parasite [4]. LA PROBABLE PRÉSENCE DE TACHYZOITES DANS LE SPERME Récemment, la présence de Neospora caninum a été démontrée dans le sperme de taureau. En effet, la recherche de parasite par P.C.R. quantitative, nichée sur dix prélèvements de sperme frais de cinq taureaux séropositifs, s’est révélée positive chez quatre taureaux, avec un à trois échantillons positifs par animal ; trois des dix échantillons de sperme dilués et congelés des mêmes taureaux ont donné un résultat positif en P.C.R. [6]. ● Sur de la semence diluée et congelée de 20 taureaux séropositifs, huit (40 p. cent) ont montré au moins un résultat positif en P.C.R, et 7,8 p. cent des 180 paillettes ont été retrouvées positives [3]. - La recherche du parasite par P.C.R. dans le sang et le sperme de 10 taureaux séropositifs a été positive pour huit d’entre eux, avec une forte hétérogénéité : présence d’ADN dans le sang seulement (n=1), dans le sperme seulement (n=1), dans le sang et le sperme (n=6), forte variation du nombre de prélèvement positif par taureau dans le sang et le sperme (un à cinq prélèvements positifs sur 22), absence de corrélation entre les résultats positifs du sperme et du sang [5]. - La P.C.R. quantitative (en temps réel) a aussi permis d’évaluer l’intensité de la contamination du sperme frais à 1-10 parasites par ml, les études, contre moins de 0,1 tachyzoïte par prélèvement sur le sperme dilué et congelé [3, 5, 6]. ● Dans tous les cas, l’ADN du parasite a été retrouvé quasi exclusivement dans la frac●

tion cellulaire du sperme, et non dans le liquide séminal ; les macrophages sont probablement les cellules porteuses des parasites [3, 5, 6]. ● L’ADN a été attribué à la présence de tachyzoïtes ; cependant, la contagiosité du sperme contaminé par N. caninum, par injection à des souris et par ensemencement sur culture de cellules in vitro n’a pas pu être démontré [5, 6].

Didier Raboisson François Schelcher Département Élevage, Produits et Santé publique École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03

● Ainsi, la présence du parasite Neospora caninum dans le sperme des taureaux, même en faible quantité et de manière ponctuelle, conduit à s’interroger sur le risque de contamination de la mère séronégative lors de l’insémination artificielle ou de la saillie, et le risque de transmission de la maladie au fœtus.

L’INFECTIOSITÉ DES TACHYZOITES DANS LE SPERME Dans l’étude de Serrano [7], 18 génisses séronégatives pour la majorité des agents abortifs ont été synchronisées et inséminées avec le sperme frais d’un taureau séronégatif. - Pour les neuf 1res génisses, les paillettes contenaient 250 µl de semence et 107 tachyzoïtes dans 250 µl de P.B.S. (diluant), alors que les neuf autres femelles ont été inséminées avec des paillettes contenant 250 µl de semence et 250 µl de P.B.S. (absence de tachyzoïtes). - Neospora caninum a été retrouvé par P.C.R. dans le sang, des neuf génisses inséminées avec des paillettes contenant des tachyzoïtes. De plus, les résulats de P.C.R. ont été positifs sur les différents tissus des femelles inséminées : l’encéphale (trois génisses), le foie (une génisse), le poumon (une génisse), la corne utérine gauche (deux génisses). La P.C.R. réalisée sur le seul embryon retrouvé était négative (tableau). - Six des neuf génisses inséminées avec des paillettes sans tachyzoïtes avaient un embryon à 35 jours. Tous les résulats P.C.R. des génisses témoins sont négatifs (sang, organes, embryons) [7]. ● Canada (2006) a évalué l’effet de l’insémination de vaches avec des paillettes contenant 107 tachyzoïtes. Le contenu de quatre paillettes a été mélangé à 37°C avec les tachyzoïtes, puis reconditionné en quatre ●

Essentiel ❚ L’ADN de Neospora caninum a été retrouvé dans le sperme de taureaux séropositifs et attribué à la présence de tachyzoïdes. ❚ L’infection de la mère par de la semence contaminée par des tachyzoïtes semble ainsi possible. ❚ L’infectiosité de la semence contaminée par des tachyzoïtes a été démontrée à travers la parasitémie et la dissémination du parasite dans plusieurs organes.

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FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 183


revue internationale un panorama des meilleurs articles

INDUCTION D’ACIDOSE LATENTE chez la vache laitière L’acidose chronique ou latente du rumen (subacute ruminal acidosis, en anglais) est caractérisée par des pics d’acidité d’intensité modérée à pH < 5,6 et récurrents sur une assez longue période. C’est un enjeu économique et sanitaire majeur en élevage laitier et d’engraissement. ●

Matériel et méthodes ● Animaux : ce sont des vaches laitières produisant 35 kg/j en moyenne. La ration complète, distribuée une fois par jour à volonté, est constituée de 30 p. cent d’ensilage de maïs (hâché à 19 mm), 20 p. cent d’ensilage de luzerne (hâché à 10 mm), 47 p. cent de maïs grain humide, et 3 p. cent de granulés blé-orge. ● Conception de l’étude : trois essais distincts sont réalisés : 4 vaches multipares (essai 1) ; 3 vaches primipares et 3 multipares (essai 2) ; 3 vaches primipares (essai 3). ● Rationnement : - 4 jours de ration complète à volonté, puis 1 jour de restriction à 50 p. cent des quantités ingérées, puis 1 jour (essais 1 et 3) ou 2 jours (essai 2) avec concentrés supplémentaires (repas acidogène). - Quantité de concentrés supplémentaires = 20 p. cent de la matière sèche ingérée (M.S.I.) au cours des 4 premiers jours (soit 4,6 kg pour essai 1 et 2, et 3,5 kg pour essai 3). - Enfin, 2 jours de récupération avec la ration complète. ● Paramètres évalués : - mesures de pH du contenu ruminal toutes les minutes par la cannule intraruminale, identification des minima journaliers et courbe d’évolution moyenne sur 24 h ; - mesure de la M.S.I., de la production laitière, évaluation de la qualité du lait, et suivi clinique.

Résultats et discussion ● La parité primipares ou multipares n’a pas eu d’effet sur les paramètres évalués.

Le pH moyen est 6,31 avec le régime de base, et de 5,85 avec la ration acidogène ; la période de récupération de 2 j après la période de repas acidogènes (1 ou 2 jours) permet une augmentation progressive du pH, sans retour au pH du régime de base. ● Avec le repas acidogène, le pH est resté à 5,6 pendant plus de 8 h (entre 6 h 30 et 15 h après le repas), avec un minimum à pH = 5,1, alors que le minimum atteint avec la ration de base est de pH = 5,8. - Ce pic d’acidité est également associé à un pic (16 mmol/L) de la concentration en lactates dans le contenu ruminal (niveau de base proche de 0 mmol/L). ● Les résultats sont ininterprétables pour la matière sèche ingérée car il y a une variabilité très importante entre les vaches, et le sens de variation n’a pas été le même en fonction des essais. ● La production laitière moyenne est significativement diminuée de 35 kg/j à 31,5 kg/j entre le régime de base et la ration acidogène. Mais quelle est la part de la journée de restriction dans cette diminution ? ●

Les apports alimentaires en calcium, phosphore, magnésium, ainsi que le Bilan Alimentaire Cation Anion (BACA) sont des facteurs de risque fréquemment impliqués dans l’apparition des fièvres de lait. ● La réalisation d’une méta-analyse permet d’établir avec précision l’effet de ces différents facteurs, et de déterminer l’équation permettant la meilleure prédiction des fièvres de lait. Matériels et méthode ● 35 publications ont été retenues, soit un total de 137 essais et 2545 vaches. ● Critères de sélection des publications : - essai randomisé ; - population de vaches laitières gestantes, ayant

❚ Évaluer les effets d’une acidose latente du rumen induite chez la vache laitière sur : - l’ingestion alimentaire ; - la production laitière ; - la qualité du lait.

Journal of Dairy Science 2005;88:3633-39 Inducing Subacute Ruminal Acidosis in Lactating Dairy Cows Krause KM, Oetzel GR

Conclusion - Le taux butyreux a été significativement augmenté pendant la période de distribution de la ration acidogène. Le taux protéique est resté inchangé tout au long de l’étude. - Les effets de l’acidose latente du rumen, autres que ceux concernant le pH, sont difficilement interprétables dans cette étude ; les effets de cette acidose latente étant liés en pratique à la “chronicité”, alors qu’ici la ration acidogène n’est distribuée que pendant 1 ou 2 jour. - Néanmoins, cette expérience permet de mieux comprendre le déterminisme de l’acidose latente du rumen notamment des circonstances de son déclenchement) et la relation pH/taux de lactates dans le rumen au cours de l’acidose la❒ tente du rumen débutante.

HYPOCALCÉMIE CHEZ LA VACHE LAITIÈRE : méta-analyse et réexamen du rôle du BACA ●

Objectifs de l’étude

Synthèse par Fabrice Razimbaud, E.N.V.T.

Objectifs de l’étude

vêlé pendant l’essai ; - calcul du BACA possible ; - pas d’hypocalcémie induite sur les animaux testés ; - pas d’utilisation de somatotropine. Informations retenues : - concentrations en calcium, magnésium, phosphore, potassium, sodium, chlorures, soufre, protéines brutes alimentaires ; - BACA.

Résultats Prédiction des fièvres de lait : sur 4 modèles émis dans différentes études retenues pour l’évaluation, deux modèles semblent

❚ Déterminer des équations de prédictions des fièvres de lait, et le rôle des concentrations alimentaires des ions.

Journal of Dairy Science 2006;89(2):669-84 Hypocalcemia in dairy cows : meta-analysis and dietary cation anion difference theory revisited. Lean IJ, DeGaris PJ, McNeil DM, Block E

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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 185


revue internationale - un panorama des meilleurs articles dégager des performances similaires pour la prédiction des fièvres de lait. ● Modèle 1 : LT1 = -5.76 + 5.48 (Ca) – 5.05 (Mg) + 1.85 (P) + 0.02 (BACA) – 2.03 (Ca)2 + 0.03 t (temps d’exposition à la ration prepartum en jours). ● Modèle 2 : LT1 = -5.17 + 5.74 (Ca) – 8.66 (Mg) + 2.30 (P)+ 0.78 (K) – 2.16 (Ca)2 + 0.04 t (temps d’exposition à la ration prepartum (en jours)) % fièvre de lait = eLT / (1+eLT) x 100 Cependant, aucun modèle ne prend en compte l’âge des animaux, et la quantité de protéines brutes de la ration. ● Influence de la quantité d’ions dans la ration - une augmentation de la quantité de phosphore dans la ration augmente le risque de fièvre de lait ; - une augmentation de la quantité de sodium et potassium dans la ration augmente le risque de fièvre de lait ; - une diminution des apports en magnésium augmente le risque de fièvre de lait ; - une augmentation de la quantité de soufre diminue le risque de fièvre de lait.

Synthèse par Guillaume Lhermie, E.N.V.T.

Le potassium pourrait intervenir par un effet négatif sur l’absorption du magnésium ; le magnésium, sous forme de MgSO4, aurait un possible effet laxatif, qui augmenterait les pertes corporelles en HCO3-. Bien que plusieurs articles fassent état d’un effet linéaire positif de la concentration en calcium dans la ration sur les fièvres de lait, l’effet du calcium dans les modèles retenus est quadratique : le risque de fièvre de lait augmente avec la quantité de calcium jusqu’à un pic pour un pourcentage de calcium égal à 1.5 p. cent de matière sèche, puis diminue de novo. Toutefois, la durée d’exposition à la période de transition n’a pas été prise en compte. Conclusion Il est possible de déterminer un modèle permettant de déterminer le risque de fièvre de lait dans un élevage. Le BACA est un indicateur intéressant pour la prédiction.

Toutefois, la connaissance des concentrations alimentaires en calcium, phosphore, magnésium permet une approche plus précise de ce risque. ❒

ÉTUDE DU RÔLE DE CHLAMYDOPHILA SPP. dans les affections du tractus respiratoire supérieur des bovins Objectif de l’étude

The Veterinary Journal 2006;171:574-76 An investigation into the role of Chlamydophila spp. in bovine upper respiratory tract disease. Twomey DF, Griffiths PC, Horiganc MW, Hignett BC, Martin TP.

Synthèse par Sébastien Assié, E.N.V.N.

Les bactéries du genre Chlamydophila sont associées à un grand nombre de syndromes chez les mammifères et les oiseaux.

❚ Décrire un épisode d’affection et ses effets sur le système respiratoire supérieur, chez des jeunes veaux où le rôle de Chalmydophila spp a été exploré.

● Chez les bovins, ces bactéries ont été isolées lors d’avortements et autres atteintes de l’appareil reproducteur, de pneumonies, d’entérites, de polyarthrites, de kératoconjonctivites, de mammites et d’atteintes du système nerveux.

Animaux Groupe des malades : 17 veaux âgés de 4 mois dans une grande exploitation avec un atelier de 178 vaches laitières, un autre de 280 bovins allaitants de différents âges et 350 brebis.

Au moment de l’épisode, ils étaient logés dans une grande case adjacente à une autre contenant 13 veaux issus du troupeau allaitant. Ils n’avaient aucun autre contact avec d’autres animaux de l’exploitation. ●

Épisode clinique Affections de l’appareil respiratoire supérieur de sévérité variable : hyperthermie, écoulement nasal muqueux, conjonctivite et épiphora. Pas d’atteinte de l’appareil respiratoire profond.

● Morbidité : 100 p. cent. Mauvaise réponse au traitement antibiotique (florfénicol).

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 186 - MAI / JUIN / JUILLET 2006

Concomitamment à ce problème, les 13 veaux allaitants ont eu des kératoconjontivites.

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Résultats et examens complémentaires Mise en évidence de Chlamydophila abortus et Chlamydophila psitacci par P.C.R. sur écouvillons conjonctivaux pour 6 veaux laitiers (pas de veau allaitant positif mais mise en évidence de Moraxella bovis et de Mycoplasma boviculi. ● Sérologie IBR sur les veaux atteints et sur le lait du tank : négatives (pas d’historique d’IBR dans cette exploitation) ● Recherche d’anticorps Chlamydophila abortus par fixation du complément pour les 178 vaches laitières : les résultats sont en faveur d’une exposition des mères à Chlamydophila spp. ●

Discussions et conclusions Les auteurs pensent que la cause probable de l’affection des veaux est Chlamydophila spp. (IBR exclus). ● Bien que la présence d’anticorps chez les mères ne soit pas une preuve formelle, ils estiment que les mères sont la source de contamination la plus probable. ● Les recherches étiologiques n’ont pas été réalisées lors de la phase aiguë de la maladie. Aussi, le fait que les Chlamydophila spp puissent n’être que des agents opportunistes ne peut pas être totalement rejeté. ● Les auteurs concluent cependant que Chlamydophila spp doit être considéré comme une étiologie possible des affections du tractus respiratoire supérieur des bovins. ❒ ●


revue internationale - un panorama des meilleurs articles GANGRÈNE SÈCHE DES EXTRÉMITÉS CHEZ LES VEAUX ASSOCIÉES à une infection à Salmonella dublin ; une possible réaction immunitaire ● Dans toutes les espèces animales, après une septicémie bactérienne peut parfois apparaître une nécrose des extrémités (oreilles, bout de la queue, extrémités des membres). ● Un grand nombre d’hypothèses pathogéniques ont été proposées : CIVD, ischémie sévère, embolie bactérienne et endotoxémie, formation de thrombus lors d’arrêt de la circulation fœtale. Une réaction immunitaire, impliquant des agglutinines froides, pourrait jouer un rôle dans la pathogénie. Des IgM, formés lors d’une première réaction immunitaire, réagiraient avec les érythrocytes, sous l’effet du froid, formant ainsi des agrégats obstruant les vaisseaux.

Matériels et méthodes Animaux - Trois veaux avec nécroses des extrémités issus de différentes exploitations, âgés de 9 jours, 6 semaines et 5 semaines, tous élevés dans des bâtiments ouverts et exposés à des températures froides (en dessous de zéro) ; - 12 veaux en contact des veaux atteints ; - 5 veaux témoins.

Méthodes - Examen nécropsique, histologique et bactériologique. - Mise en évidence des agglutinines froides et recherche des anticorps anti-S. dublin.

Résultats

Objectifs de l’étude

● L’examen histologique des lésions de nécrose au niveau des tarses des 3 veaux a montré : - une nécrose de coagulation sévère de l’os et des tissus mous, une zone de tissu granuleux pour 2 veaux sur 3 à la jonction tissu sain et du tissu nécrosé avec des lésions de thrombose et de vascularite. - S. dublin a été isolé sur 2 veaux sur 3 (un veau avait reçu une antibiothérapie). - Les 3 veaux atteints et 5 des veaux en contact avaient des titres élevés de S. dublin. Des agglutinines froides ont été mises en évidence pour les 3 veaux atteints et les 12 veaux en contact.

❚ Décrire les données récoltées lors d’épisodes de salmonellose à S. dublin. ❚ Évaluer le rôle du système immunitaire dans la pathogénie.

Conclusion ● Les auteurs concluent que les lésions de gangrène des extrémités étaient associées à une infection à S. dublin. ● Les résultats montrent que l’agglutination froide est le mécanisme pathogénique impliqué. Le fait que seuls 3 des animaux (sur les 15 positifs à l’agglutination froide) aient présenté des lésions des extrémités pourrait être dû à des variations individuelles de la réponse immunitaire, par exemple à des taux d’IgM circulant différents. ● Les futures recherches devraient inclure des veaux avec des lésions similaires mais d’une étiologie différente. ❒

CONCORDANCE ENTRE TROIS TESTS ELISA pour Mycobacterium avium subsp. Paratuberculosis chez les bovins laitiers Les plans de contrôle de la paratuberculose nécessitent des tests pour estimer la prévalence ou définir le statut des individus. De nombreux kits ELISA sont disponibles. ● Plusieurs études ont été réalisées sur la sensibilité, la spécificité, la répétabilité et la reproductibilité de ces tests. ● Mais la concordance entre les résultats de différents tests ELISA n’est pas documentée. ●

Matériels et méthodes Échantillons 994 vaches laitières pour lesquelles du sérum et une portion de l’iléon terminal et des nœuds lymphatiques associés ont été prélevés à l’abattoir.

ELISA trois ELISA indirects : deux nord-américains (Herdcheck ELISA, Iddex et Parachek ELISA, Pfizer Animal Health) et un européen (Svanovir ELISA, Svanova biotech)

Test statistique Kappa*.

J. Comp. Path

article in press 2006

Dry gangrene of the extremities in calves associated with Salmonella dublin infection; a possible immune-mediated reaction Loeb E, Toussaint MJM, Rutten VPMG, Koeman JP.

Synthèse par Sébastien Assié, E.N.V.N.

Objectifs de l’étude

Résultats ● Globalement, sur l’ensemble des échantillons, la concordance entre les tests est mauvaise. ● Quand seuls les échantillons positifs (en culture) sont comparés, la concordance des trois ELISA est meilleure (kappa = 0,37-0,51). ● La proportion de tests positifs est significativement différente pour les trois tests.

Conclusion et implication clinique ● La mauvaise concordance entre ces tests est d’autant plus problématique que leurs sensibilités sont faibles. ● Ces tests ne doivent pas être utilisés au niveau individuel pour tirer des conclusions sur un animal en particulier. En effet, sur un animal en phase pré-clinique, si un résultat obtenu à l’aide d’un test ELISA est positif, l’utilisation d’un autre test ELISA donnera très probablement un résultat négatif. ● Ces tests ELISA sont potentiellement utiles pour estimer la prévalence de l’infection au sein ❒ d’un troupeau.

❚ Étudier la concordance des résultats obtenus avec trois tests ELISA.

Veterinary Microbiology 2006;114:285-91 Agreement between three ELISAs for Mycobacterium avium subsp. Paratuberculosis in dairy cattle Mc Kenna SLB, Barkema HW, Keef GP, Sockett DC.

NOTE * - Le coefficient de Kappa, est un coefficient permettant de mesurer la concordance de deux tests. - On admet que la concordance est : - bonne si Kappa > 0,6 ; - mauvaise si Kappa < 0,3 ; - intermédiaire entre les 2.

Synthèse par Sébastien Assié, E.N.V.N.

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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 187


revue internationale - un panorama des meilleurs articles LES EFFETS DU CIRCOVIRUS DE TYPE 2 (P.C.V2) SUR LES ANTICORPS MATERNELS lors d’infections expérimentales de porcelets avec le P.C.V2 Objectifs de l’étude ❚ Évaluer l’effet de la présence d’anticorps dirigés contre le circovirus porcin de type 2 (P.C.V2), agent de la maladie de l’amaigrissement du porcelet (M.A.P.), dans le sérum des porcelets sur le résultat d’une infection expérimentale par ce virus.

Effects of Porcine Circovirus Type 2 (P.C.V2) maternal antibodies on experimental infection of piglets with PCV2. McKeown NE, Opriessnig T, Thomas P, Guenette DK, Elvinger F, Fenaux M, Halbur PG, Meng XJ.

Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V.N.

Matériels et méthodes

Résultats

● Pour cette étude, 24 porcelets conventionnels indemnes de Mycoplasma hyopneumoniae et de virus Syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (S.D.R.P) et âgés de 12 jours ont été sélectionnés sur la base de la concentration en anticorps anti-P.C.V2 dans leur sérum.

• La séroconversion est observée 35 jours postinfection chez les séronégatifs et plus tardivement (J 42 ou J 49) chez les séropositifs. • La présence de virus est détectée par P.C.R. quantitative à partir de 14 jours post-infection chez les séronégatifs, et plus tardivement chez les séropositifs.

Ainsi, ont été inclus dans l’étude, six porcelets séronégatifs, cinq porcelets faiblement séropositifs et 13 porcelets avec un taux d’anticorps plus élevé. 19 porcelets ont été inoculés avec le P.C.V2 deux fois par voies intra-nasale (J 0), puis intra-nasale et intra-musculaire (J 42). • Cinq porcelets parmi ceux à fort taux d’anticorps ont été inoculés à J 42 seulement. Le virus P.C.V2 et les anticorps anti- P.C.V2 ont été recherchés dans le sérum des porcelets par P.C.R. quantitative et ELISA, respectivement, une fois par semaine, entre J 0 et J 63. • La cinétique de décroissance des anticorps maternels est décrite.

• De plus, parmi les porcelets présentant les plus fort taux d’anticorps maternels, la proportion d’animaux virémiques est moindre et la charge génomique virale mesurée dans le sérum est plus faible. Conclusion ● Ces résultats suggèrent donc une protection partielle contre l’infection conférée par des taux élevés d’anticorps maternels (le ratio S/P (rapport échantillon/témoin positif) est supérieur à 5 dans cette étude). ❒

gestes et gestion

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Lydie Briotet Régis Braque

une infestation par des poux broyeurs

1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● Cette dermatose peut évoquer une entité parasitaire type gale ou phtiriose, ou encore un cas de tremblante. En effet, les troubles nerveux tels que l’appréhension et l’agressivité ainsi que l’aspect hirsute de la toison sont fortement évocateurs de la tremblante. Mais la stimulation des zones dépilées ne révèle pas de sensibilité cutanée particulière et la brebis, en bon état général, ne présente pas de troubles locomoteurs. ● Parmi les hypothèses parasitaires, on peut éliminer la gale sarcoptique qui atteint surtout les zones peu lainées, en particulier la tête et le périnée, ainsi que la gale chorioptique qui touche principalement l’extrémité des membres. L’absence apparente de prurit et de comportement de grattage n’est également pas en faveur d’une gale psoroptique, malgré les lésions dorso-lombaires des zones enlainées assez évocatrices. ● Reste l’hypothèse de l’infestation par des poux broyeurs ou piqueurs, ces derniers étant surtout localisés au niveau des zones dépourvues de toison. ● L’examen au microscope d’une touffe de toison prélevée en périphérie de lésion, permet le diagnostic définitif de cette infestation avec la mise en évidence de poux adultes. L’aspect “en chapeau de gendarme” de la tête de l’insecte observé est typique d’un Damalinia (Bovicola) ovis, pou broyeur de mouton (photo 4). Une observation attentive à l’œil nu de la toison bien éclairée permet d’ailleurs de visualiser quelques poux de couleur claire et longs d’environ 1,80 mm. 2 Quel traitement conseillez-vous ? ● Les poux broyeurs se nourrissent de débris cutanés et peuvent attaquer l’épiderme. Ils ne sont en aucun cas hématophages, un traitement systémique n’est donc pas adapté. ● Un traitement topique à base d’organophosphorés ou de pyréthrinoïdes est mis en place. La deltaméthrine (Butox®) en solution concentrée ou en pour-on ou le dimpylate (Dimpygal®) en solution sont des exemples de traitements possibles. ● Une balnéation est préférable à une pulvérisation afin que le produit pénètre la laine à cœur.

Cabinet vétérinaire Les Vignes de la Fontaine 58 240 St Pierre le Moutier.

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Des lésions cutanées, des croûtes et des sérosités jaunâtres en périphérie sont notées ainsi que la présence de petites zones érythémateuses en faible nombre (photo L. Briolet).

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L’examen au microscope permet d’identifier Damalinia (Bovicola) ovis, pou broyeur de mouton (photo R. Braque).

En effet, l’infestation par les poux ayant surtout lieu l’hiver, les brebis sont pourvues d’une toison épaisse. ● Cette parasitose étant contagieuse, tous les animaux du même lot doivent être traités. Dans ce cas, il aurait fallu traiter tout le troupeau en raison du mélange des individus. L’éleveuse a préféré limiter les manipulations des brebis prêtes à agneler et s’est contentée d’un traitement individuel en maintenant la brebis relativement isolée. DISCUSSION ● La phtiriose est une affection banale des ruminants hivernés. Les poux hématophages sont les plus faciles à mettre en évidence. ● Chez les ovins, même si l’infestation par les poux broyeurs est plus rarement diagnostiquée, elle est la plus fréquente. La confusion avec une gale psoroptique est possible. ● Dans ce cas, il était intéressant de faire le diagnostic différentiel avec la gale mais aussi avec la tremblante, celle-ci étant d’actualité avec l’E.S.B. (encéphalopathie spongiforme bovine) et mise en avant par deux cas atypiques nivernais et berrichons au mois de mars dernier. ❒

Pour en savoir plus ● Brugère-Picoux J. Maladies des moutons. Ed. France agricole, 1994: 227. ● Newson, Marsh H. Les maladies du mouton. Ed. Vigot Frères, Paris 1961: 202-203. ● Pugh DG. Sheep and goat medicine. Saunders ed., 2002:210-211 ● Scott DW. Large animal dermatology. WB Saunders ed, Philadelphia. 1988; 235-238.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MAI / JUIN / JUILLET 2006 - 189


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