N°4 NOVEMBRE FÉVRIER 2007
revue de formation à comité de lecture
Actualités en perspective - La bluetongue dans le nord de l’Europe et quelques autres émergences ... - L’Herpèsvirose du canard un nouveau visage ?
Ruminants -
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Les points clés sur les diarrhées virales des veaux La cryptosporidiose chez les ruminants non sevrés La giardiose et les diarrhées néonatales des veaux Le diagnostic des entérites du veau au laboratoire Entérites néonatales : troubles hydro-électrolytiques et acido-basiques La réhydratation orale du veau en diarrhée : avec ou sans lait ? Les agents pathogènes mis en évidence dans les troupeaux bovins de Vendée Connaître les facteurs de pathogénicité de Escherichia coli Comment les identifier : intérêt d’une méthode de diagnostic par P.C.R. multiplex
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DOSSIERS :
LES GASTRO-ENTÉRITES du jeune veau MYCOPLASMES ET MYCOPLASMOSES chez les porcs
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Comprendre l’épidémiologie Comment exprimer les résultats d’une enquête ? - Étude de cas de l’internat Endocardite végétante et abcès intracardiaque chez une vache laitière - Revue de presse internationale
- Tests de formation - Les réponses
Observation clinique Trombose de l’aorte chez des veaux nouveau-nés
Porcs - volailles - Les infections liées aux mycoplasmes chez le porc - Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique - Aviaire - Un foyer d’herpèsvirose dans un élevage de canards mulards
Comprendre et agir Enjeux économiques L’impact de l’Influenza aviaire sur les marchés français et international - Management de l’entreprise Le laboratoire de proximité en médecine bovine - Témoignage - Les analyses en clientèle bovine -
sommaire
N°4
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NOVEMBRE FÉVRIER 2007
- La bluetongue dans le nord de l’Europe et quelques autres ré-émergences dans le monde Zénon - L’Herpésvirose ou “peste”du canard, un nouveau visage ?
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DOSSIERS
Jean-Luc Guérin, Thierry Gavaret, Cyril Boissieu
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- LES GASTRO ENTÉRITES du jeune veau
Éditorial Stéphane Daval Test clinique - Dyschromie dentaire chez un veau charolais Régis Braque
ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE
BOVINS ET PETITS RUMINANTS les gastroentérites du jeune veau - Les points clés sur les diarrhées virales des veaux Sébastien Assié, Alain Douart - La cryptosporidiose chez les ruminants non sevrés : le pouvoir pathogène de Cryptosporidium parvum Muriel Naciri, Sonia Lacroix-Lamandé, Fabrice Laurent - La giardiose et les diarrhées néonatales des veaux Alain Chauvin, Sébastien Assié - Connaître les facteurs de pathogénicité des Escherichia coli chez le veau Pierre Mathevet, Philippe Nicollet, Cyril Maingourd - Le diagnostic au laboratoire des entérites du veau Jacquemine Vialard Épidémiologie - Les agents pathogènes mis en évidence lors de gastro-entérites néonatales dans les troupeaux bovins de Vendée Jean-Michel Quillet, Sébastien Assié - Comment identifer les facteurs de pathogénicité des Escherichia coli chez le veau : intérêt d’une méthode de diagnostic par P.C.R. multiplex Philippe Nicollet, Cyril Maingourd, Pierre Mathevet Thérapeutique - La réhydratation orale du veau en diarrhée : avec ou sans lait ? Germain Nappert, Jonathan M. Naylor, Hervé Spennick - Entérites néonatales chez le veau : les troubles hydro-électrolytiques et acido-basiques : l’intérêt des examens complémentaires Gilles Foucras, Hervé Navetat, François Schelcher - Observation clinique - Thrombose de l’aorte chez des veaux nouveau-nés : étude de dix cas Jean-Louis Roque, Virginie Denizot, Christophe Roy, Pierre-Michel François
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- MYCOPLASMES ET MYCOPLASMOSES chez les porcs
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PORCS - VOLAILLES - Porcs - Les affections liées aux mycoplasmes chez le porc Marylène Kobisch - Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique face aux mycoplasmoses et aux infections respiratoires en élevage de porcs Laurent Glattleider, Arlette Laval - Aviaire - Un foyer d’herpèsvirose dans un élevage de canards mulards Antoine Mercier, Thierry Gavaret, Jean-Luc Guérin
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COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - L’impact de l'influenza aviaire sur les marchés français et international des volailles de chair Pascale Magdelaine - Management de l’entreprise vétérinaire - Le laboratoire de proximité en médecine bovine Gilles Foucras, Philippe Baralon - Témoignage - Comment gérer les analyses en clientèle bovine Olivier Legay
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Souscription d’abonnement en page 97
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FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - 4. Comprendre l’épidémiologie - Comment exprimer les résultats d’une enquête ? Bernard Toma - Les études de cas de l’internat - Endocardite végétante et abcès intracardiaque chez une vache laitière Sébastien Buczinski, David Francoz - Revue de presse internationale - Rubrique dirigée par François Schelcher et Henri Seegers. Un panorama des meilleurs articles : notre sélection par Sébastien Assié, Catherine Belloc, Pierre Philippe, Alexis Kiers, Raphaël Guattéo, Edouard Timsit
- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses
ACTUALITÉS
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RUMINANTS
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PORCS-VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR
91 95 97
FMC Vét
Résultats originaux ou observation originale
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 279
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
dyschromie dentaire chez un veau charolais
Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (praticien), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Jean-Luc Chatré (praticien), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (E.N.V.N.) Arlette Laval (E.N.V.N.), Marc Savey (A.F.S.S.A.) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (E.N.V.N.) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)
Rédacteurs en chef Sébastien Assié (E.N.V.N.) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)
Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie des ruminants, E.N.V.L.) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Baudeau (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Dominique Bergonier (Reproduction, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Didier Calavas (A.F.S.SA., Lyon) Alain Douart (Pathologie des ruminants, E.N.V.N.) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Olivier Gauthier (chirurgie, E.N.V.N.) Norbert Giraud (praticien) Jean-Marie Gourreau (A.F.S.SA. Alfort) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Christophe Hugnet (praticien) Jean-François Jamet (praticien) Frédéric Lemarchand (Terrena) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Milleman ((Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jean-Marie Nicol (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Pascal Sanders (A.F.S.SA. Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Infographie, mise en page : Maëlle Brard, Maxime Roguier Gestion des abonnements et comptabilité : Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr
2 Quel examen complémentaire peut-on envisager ?
Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37€, U.E. :38€ Tarifs d’abonnement : voir p. 97 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0508 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232
Régis Braque Cabinet Les vignes de la Fontaine 41, rue du faubourg de Moulins 58240 Saint-Pierre le Moutier
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Les dents sont roses saumon, les muqueuses sont très pâles (photos R. Braque).
➜ 2
La juxtaposition d’une feuille de papier blanc ➜ permet de mieux apprécier sa coloration de l’émail.
1 Qu’évoque ce dernier signe ?
Directeur de la publication
3 Quel est votre pronostic ? Réponses à ce test pages 95-96
comité de lecture
Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 280 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
U
n éleveur de Charolais appelle le cabinet vétérinaire pour soigner un veau atteint de gastroentérite. L’élevage, bien tenu, se compose de 80 vaches, entretenues en stabulation l’hiver. L’alimentation est classique (foin, farine). Tous les animaux sont vaccinés contre la maladie des muqueuses, et régulièrement vermifugés. ● Une réhydratation est réalisée et un traitement antibiotique est instauré. ● Deux jours plus tard, alors qu’il ne note pas d’amélioration, l’éleveur demande que l’animal soit revu par un autre vétérinaire du cabinet. ● Ce veau mâle, âgé de 10 jours, est chétif. Sa température corporelle est subnormale (38,6 °C) pour son âge. La queue et l’arrière des cuisses sont souillés par des matières fécales liquides, muqueuses, jaune clair. Le veau n’est pas déshydraté et est même assez vif, malgré sa maladie. L’examen des muqueuses oculaires et nasales révèle une forte pâleur. ● À l’exploration de la cavité buccale, les muqueuses sont presque blanc porcelaine. Les dents contrastent beaucoup par leur coloration rose saumon (photos 1, 2). L’émail parait très finement granuleux, uniformément coloré dans sa masse, sans stries ni taches.
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Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Catherine Belloc, Pierre Bézille, Simon Bouisset, André Desmecht, Cyril Boissieu, Alain Bousquet-Melou, Gilles Bourdoiseau, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette,
Eric Collin, Fabien Corbières, Roland Darré, Stéphane Daval, Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Pascal Dubreuil (Québec) Barbara Dufour, Jean-Michel Fabre, Pascal Fanuel, Gilles Fecteau (Québec) Cécile Ferrouillet (U.S.A.), Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji,
François Gary, Christian Gipoulou, Norbert Gauthier, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Christian Hanzen (Liège), Philippe Jacquiet, Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Xavier Malher, Hervé Morvan, Hervé Navetat, Philippe Le Page,
Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret (Liège), Pierre- Emmanuel Radigue, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart, Henri Viel, Lionel Zenner.
éditorial Il me semble que le motif d’appel “veau à perfuser” représente une opportunité d’asseoir notre implication dans la santé des bovins ... Le praticien doit améliorer la qualité de l’acte individuel afin que sa place de conseiller d’élevage s’affirme, dans le cadre d’un abord global adapté à chaque élevage …
L
es entérites néo-natales constituent une préoccupation majeure en pratique vétérinaire rurale. Néanmoins, le visage de ces affections a évolué au cours des dernières années. La généralisation de la vaccination contre les entérites néonatales a permis une nette amélioration de la situation sanitaire des troupeaux. En parallèle, nous avons assisté à l’émergence de “nouveaux” agents pathogènes, dont l’implication dans ces troubles était précédemment considérée de façon différente, tels que des Escherichia coli avec des facteurs de virulence particuliers et les cryptosporidies. Par ailleurs, l’environnement du veau malade s’est modifié : la taille des élevages tend à augmenter avec une diminution de la main d’œuvre disponible. La mise aux normes a permis dans de nombreux cas une amélioration du logement des jeunes veaux. Enfin, et surtout, l’éleveur est devenu un acteur de la thérapeutique et de ce fait, le vétérinaire sera de moins en moins souvent appelé pour “un veau à perfuser” puisque l’éleveur réalise parfois cet acte.
Stéphane Daval 10, route de Rocheservière, 44650 Legé
Nous pourrions dès lors en conclure que la place du vétérinaire n’est plus au chevet du veau diarrhéique. Il me semble au contraire que nous devrions voir dans ce motif d’appel une opportunité de maintenir, voire d’asseoir notre implication dans la santé des bovins comme de faire évoluer l’exercice de notre métier. Le praticien doit améliorer la qualité de l’acte individuel afin que sa place de conseiller d’élevage s’affirme. En effet, des évolutions récentes dans les méthodes de diagnostic avec la possibilité de réaliser des examens complémentaires (glycémie, test IgG, trou anionique, hospitalisation), au niveau individuel, constituent des outils à utiliser pour conforter notre légitimité comme médecin de l’élevage en suscitant l’écoute de l’éleveur. Certes, dans l’abord des entérites néo-natales, l’analyse des matières fécales avec la recherche des agents pathogènes reste une étape essentielle afin de valider nos prescriptions vaccinales. En complément, la sensibilisation des éleveurs à la prise colostrale est une nécessité. En effet, de nombreuses études ont montré son impact sur la santé du jeune veau ainsi que sur sa carrière future. L’évaluation du transfert immunitaire est donc une étape essentielle. Ainsi, un test IgG défaillant sur le sang d’un veau de moins de six jours peut permettre d’entamer le dialogue sur la qualité du colostrum, l’alimentation des mères, le logement et la conduite d’élevage, dans le cadre d’un abord global adapté à chaque élevage. D’un diagnostic plus précis découle naturellement une utilisation plus raisonnée des médicaments, et notamment des antibiotiques, dont il est permis de penser que la prescription systématique par voie orale n’est pas une obligation pour le traitement des veaux à diarrhée. Grâce à la professionnalisation de la démarche clinique et en raison de l’impact économique des diarrhées, une proposition d’approche globale peut être faite à l’éleveur. Écrite et chiffrée, elle sera accompagnée d’un rapport résumant les conclusions de l’examen du ou des premiers veaux malades. Que le risque de se voir refuser cette proposition de service ne nous interdise pas de prendre en compte les futurs veaux à naître ou les veaux contemporains apparemment sains.
U
ne approche raisonnée, claire et technique avec mise en œuvre de “procédures” justifiées, outre son intérêt thérapeutique, confère au vétérinaire praticien une place stratégique de spécialiste des entérites et de la santé du jeune veau en général. Cela constitue le tremplin pour une visite d’élevage programmée et rémunérée. Nous avons ce savoir-faire. Alors, acquerrons le “savoir-être” qui nous fera relever ce qui reste, à la fois, un défi et une opportunité ! ❒
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 281
actualités en perspective
la bluetongue dans le nord de l’Europe et quelques autres ré-émergences dans le monde
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'hiver venu, fut-il (très) doux, les culicoïdes, vecteurs du virus de la bluetongue, entrent dans une longue période d'inactivité qui dure aussi longtemps que les températures ambiantes ne dépassent pas nettement 10°C pendant au moins dix jours consécutifs. On peut donc profiter de la période actuelle pour dresser un bilan de la situation qui restera valable au moins jusqu'à la fin de l'hiver.
LA BLUETONGUE AU NORD DE L’EUROPE : 1ER BILAN D’UNE ÉMERGENCE SURPRISE ● Les principales tendances qui se dessinaient dès la fin septembre, suite à l'émergence de la bluetongue à la mi-aôut dans la région de Maastricht (que la Commission Européenne s'obstine à désigner par une périphrase “région où la Belgique, la Hollande et l'Allemagne partage une frontière commune” craignant peut-être une résonance inopportune chez certains européens peu satisfaits du traité éponyme), se sont confirmées et les questions qui se posaient alors restent toujours sans réponse*. Néanmoins, au 30 janvier 2007, un bilan peut être dressé pour les six mois précédents. ● Près de 2100 foyers (1070 en élevage bovin et 950 en élevage ovin) ont été repérés dans les trois pays les plus sévèrement atteints : Hollande (458 foyers), Belgique (695 foyers) et Allemagne (913 foyers). ● La situation de ce dernier pays est devenue de plus en plus préoccupante au cours des deux derniers mois puisqu'il concentre près de la moitié de la totalité des cas, et près des deux tiers de ceux reconnus chez les bovins. ● De plus, ces cas sont observés non seulement autour de la région de Maastricht, mais aussi et surtout dans la vallée du Rhin, approximativement de Coblence à Cologne, région où la faible densité des élevages rend cette constatation particulièrement surprenante (EFSA-Bluetongue serotype 8 epidemic bulletin N° 14 du 26/01/2007). ● Sur l'ensemble des trois États membres les plus touchés (Allemagne, Belgique, Hollande), la très grande majorité des cas
NOTES * cf. Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé : “La bluetongue au nord dans le nord de la France” 2006;3:194-95. **cf. dans le même numéro : “La fièvre catarrhale ovine ou bluetongue de S. Zientara et coll. 2006;3:196-202.
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 282 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
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sont constatés à l'intérieur d'une “zone épidémiologiquement active” (Z.E.A.), initialement caractérisée dans un avis de l'Afssa (Avis du 22 novembre 2006 sur le risque de développement de la fièvre catarrhale ovine au cours des prochains mois dans le nord de l'Europe), au sein d'un pentagone irrégulier bien visible sur la dernière carte diffusée par l'EFSA (figure). ● La France (comme le Luxembourg) avec un très petit nombre de cas (sept chez des bovins autochtones et cinq issus de bovins en provenance de Belgique ou d'Allemagne avant l'instauration des mesures d'interdiction de déplacement) apparaît particulièrement peu touchée et uniquement dans des zones frontalières, laissant la quasi totalité du territoire national, sauf la Corse, indemne. ● Nul ne sait ce qui va se passer au printemps prochain et quelle sera l'évolution de la bluetongue (quasi-disparition, résurgence limitée à la Z.E.A., …) dans la zone nordeuropéenne où des cas ont été constatés. ● La gestion de la bluetongue, associée au sérotype 8 dans le nord de l’Europe, devrait néanmoins pouvoir tenir compte d'une dynamique épidémiologique manifestement différente de celle observée dans l'épisode qui sévit dans le bassin méditerranéen depuis mi-2000** et qui a influencé toute la construction réglementaire actuelle, qu'elle soit communautaire ou nationale. LA PESTE AVIAIRE DÉSORMAIS PÉRENNISÉE EN AFRIQUE ET EN ASIE Pendant cette période hivernale, la panzootie de peste aviaire (ou Influenza aviaire hautement pathogène) à H5 N1 HP s'est durablement installée en Afrique et en Asie. Elle s'y propage essentiellement grâce aux échanges d'oiseaux domestiques, impossibles à contrôler dans des communautés villageoises où ils jouent un rôle essentiel dans la vie sociale et économique. ● L'évolution observée dans ces deux continents a permis de mieux apprécier le rôle réel, probablement très limité, qu'ont joué les oiseaux sauvages dans le développement intra- et inter-continental de cette ●
actualités en perspective - la blue-tongue et quelques autres ré-émergences panzootie. Elle a conforté les analyses mesurées*** qui refusaient de faire de l'avifaune sauvage le bouc-émissaire d'une situation mal comprise par les Agences des Nations Unies (F.A.O. et O.M.S.) et d'une information totalement focalisée sur la peur d'une pandémie, annoncée depuis début 2004 et qui, fort heureusement, n'est toujours pas constatée. ● Les deux foyers récemment constatés en Hongrie et en Angleterre ne changeront probablement rien à ces constatations, même si leur identification a pu surprendre …
Figure - Répartition géographique et densité des cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 8 en Europe, toutes espèces confondues*
LES VRAIS DANGERS EXISTENT TOUJOURS Serons-nous pour autant toujours confrontés à de “fausses alertes” et /ou à des “bulles médiatiques” ? Probablement pas, car de véritables dangers existent, même et peut-être surtout, s'ils ne font pas la une des média. Pour la seule période des fêtes de fin d'année 2006-2007, on a pu ainsi noter : 1. en Israël, la réapparition de la fièvre aphteuse : elle est habituelle à cette période de l'année, mais témoigne d'une forte pression infectieuse dans un pays où la vaccination est très rigoureusement mise en oeuvre chez tous les ruminants domestiques. L'ensemble de la région proche-orientale semble d'ailleurs fortement exposée avec des foyers identifiés fin janvier en Jordanie et en Turquie. 2. En Mongolie, la 1re identification (officielle) depuis 1976 de la clavelée qui semble, par ailleurs, enzootique en Chine et dans d'autres États voisins : elle a été aussi identifiée, fin janvier, dans l'île grecque de Lesbos au large des côtes turques. 3. Au Kenya, la réapparition explosive d'un vaste foyer de Fièvre de la Vallée du Rift (F.V.R.) : ce foyer, observé dans une région deshéritée du nord-est du Kenya, déjà touchée en 1997, a été détecté suite à la mort d'un éleveur début décembre 2006. Le 30 janvier 2007, 169 morts étaient officiellement recensés dans la vaste région, englobant l'est du Kenya et le sud de la Somalie adjacente (par ailleurs, ravagée par la guerre civile) qui est maintenant touchée. Ce nombre est comparable à celui (164) des décès imputés à la “grippe aviaire” en Asie et en Afrique depuis trois ans … L'épizootie animale associée n'a pas été initialement rapportée à l'action du virus de la F.V.R., laissant aux hommes le rôle peu ●
*Source : EFSA (European food safety agency), Bulletin du 26 Janvier 2007 et avis du groupe d’expertise Collective d’urgence du Comité d’experts spécialisés Santé animale de l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments).
enviable de “sentinelles”. Cette constatation est d'autant plus cruelle que la FAO , en s'appuyant sur un programme de surveillance météorologique mis en oeuvre par la NASA, avait prévu, en novembre 2006, que les conditions climatiques de la région (grande sécheresse suivie de pluies diluviennes avec inondations) étaient particulièrement propices à une résurgence de la F.V.R. dans les quelques semaines ou les mois suivants. Hélas, cet avertissement n'a pu être pris en compte opérationnellement au plan local.
À
la lumière de cette triste réalité, on peut sincèrement s'interroger sur la façon dont sont identifiés les sujets prioritaires par les agences des Nations Unies et souhaiter que des choix plus cohérents avec la réalité des menaces puissent être faits. Il faudra en tous cas y réfléchir sérieusement dans une Europe beaucoup plus exposée que les Amériques ou l'Océanie, en raison de ses proximités géographique, sociale et commerciale, aux risques issus des continents asiatique et africain. Dans cette perspective, l'émergence surprise de la bluetongue et le retour de l'influenza aviaire en Europe, tout comme la réapparition de la clavelée et de la fièvre aphteuse à ses confins constituent un avertissement qu'il conviendrait de prendre au sérieux en ne confondant pas “actualité médiatique” et risque réel. ❒ Zénon
NOTE *** cf. Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé : “Peste aviaire les oiseaux sauvages : coupables ou victimes” 2006;2:108-09.
ACTUALITÉS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 283
actualités en perspective l’herpèsvirose ou “peste” du canard un nouveau visage ?
Jean-Luc Guérin1 Thierry Gavaret2 Cyril Boissieu3 1 U.M.R. INRA E.N.V.T. Intéractions Hôtes Agents Pathogènes E.N.V.T. 2 Labovet, 53, route de Nantes, 85300 Challans Réseau Cristal 3 E.N.V.T. Unité Productions animales Clinique des élevages avicoles et porcins 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03
De “nouvelles” formes plus frustres d’herpèsvirose du canard ont été constatées en 2006 sur des lots en gavage. Leur diagnostic est délicat et fait appel à une vigilance accrue sur le terrain et à de nouveaux outils de laboratoire pour confirmer les suspicions.
L
’herpèsvirose du canard est une maladie classique, réputée rare et spectaculaire par ses manifestations cliniques et la mortalité qu’elle provoque. Une incidence accrue de cette maladie avait été notée en 2005 notamment dans les pays de Loire*. ● Dans les cas de canards en gavage connus jusqu’ici, les manifestations cliniques étaient aiguës et concernaient des lots provenant de sites d’élevage dans lesquels le diagnostic d’herpèsvirose était déjà établi.
NOTE * cf. dossier Herpèsvirose dans Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - élevages et santé, 2006;1:67-70, et l’observation clinique : “Un foyer d’herpèsvirose dans un élevage de canards Mulards” de Antoine Mercier et coll. dans ce même numéro.
Encadré - Conduite à tenir face à ces nouvelles formes d’herpèsvirose
1 Histologie et P.C.R. - Concernant la démarche diagnostique, si l’autopsie est toujours un temps déterminant, la confirmation d’un cas fait appel à l’histologie et à des outils de diagnostic moléculaire (P.C.R. en temps réel) désormais disponibles. Leur mise en œuvre est réaliste sur le terrain. - La P.C.R. est une technique utilisée très récemment et il nous faudra du recul pour interpréter sûrement les résultats, notamment lorsque la positivité est faible. - Dans les cas douteux, l’association de la P.C.R. et de l’histologie permet de valider le diagnostic.
2 Évaluer la prévalence exacte du portage
- En raison de sa capacité à devenir latent chez son hôte, l’herpèsvirus est difficile à détecter. - À la faveur d’une baisse de l’immunité (maladie intercurrente, stress), la multiplication virale peut se réactiver subitement et l’animal est alors malade et fortement excréteur dans les fèces et les LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 284 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
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sécrétions nasales. - Il semble donc important d’évaluer la prévalence exacte du portage de l’herpesvirus dans la population des canards français.
3 Mesures sanitaires et biosécurité - En l’absence de traitement efficace, la lutte contre la maladie est fondée sur les mesures sanitaires et de biosécurité : l’herpèsvirose est une maladie hautement contagieuse, via les matières fécales qui peuvent renfermer de grandes quantités de virus. Le virus étant peu résistant dans le milieu extérieur, le risque épidémiologique est représenté par les sujets infectés latents. La contamination indirecte par le matériel souillé et les personnes est le risque majeur de diffusion du virus. - Il est donc essentiel de prendre des précautions autour des rotations des camions de ramassage d’animaux et d’aliment (nettoyage-désinfection) et de limiter les échanges de matériel et les visites. La vaccination peut être un outil complémentaire de maîtrise, mais ne peut à elle seule apporter une réponse satisfaisante.
La mortalité était alors très élevée (30 p. cent et plus) et les lésions très aiguës d’ulcération nécrotique fortement évocatrices. DES FORMES ATYPIQUES ● Lors du printemps 2006, des mortalités de canard en gavage ont été décrites, donnant lieu à des investigations complémentaires, car le tableau clinique et nécropsique n’était pas caractéristique. La mortalité débutait vers le 10e repas pour atteindre une moyenne cumulée de 8 p. cent. L’analyse bactériologique écarte du diagnostic différentiel les septicémies bactériennes (pasteurellose, riemerellose) classiquement rencontrées en gavage et les lésions ne sont pas évocatrices d’entérotoxémie. En revanche, des lésions ulcéronécrotiques discrètes sur les muqueuses digestives tout au long du tractus, font suspecter l’herpèsvirose et des examens complémentaires confirment cette hypothèse (histologie et P.C.R.) ● D’un point de vue épidémiologique, ces formes sont également atypiques. Si le lien reliant deux salles de gavage à un même site d’élevage a pu être établi, l’historique du lot de canards “prêts à gaver” ne fait pas état de mortalité anormale et aucun symptôme particulier n’y a été décrit. Le site d’élevage est bien tenu, éloigné de points d’eau et des palmipèdes sauvages n’ont pas été vus sur ses parcours. En revanche, depuis plusieurs bandes, la mortalité en gavage des lots issus de cet élevage a augmenté. Dans les deux salles de gavage, elle débute de manière synchrone et avec le même tableau clinique et lésionnel (8.5 p. cent). Ces éléments font penser à une contamination en élevage et à une expression clinique différée tardive et très modérée, en gavage. Les cas se sont multipliés au cours du printemps, pour s’estomper durant l’été. ● Les conclusions à tirer de ces nouveaux cas se déclinent en trois points (encadré).
CONCLUSION Ces épisodes montrent que de “vieilles” maladies, que l’on croyait disparues peuvent prendre des formes plus frustres et poser de nouveaux problèmes de diagnostic et de maîtrise. Nous n’en sommes sans doute pas au bout de nos surprises ! ❒
les points clés sur les diarrhées virales
Sébastien Assié Alain Douart
des veaux
Médecine des Animaux d’Élevage, ENV Nantes BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Les connaissances sur l’étiologie virale des diarrhées du veau ont beaucoup progressé. Elles permettent de mieux comprendre les modalités de leur diagnostic et de leur contrôle.
L
es gastro-entérites du veau qui représentent l’essentiel des troubles du nouveau-né ont des causes multiples. Les virus prennent une part importante dans l’apparition de ces troubles. Dans cet article, seules les données spécifiques à ces virus sont développées.
ÉTIOLOGIE - PATHOGÉNIE ● Différents virus appartenant à plusieurs familles virales sont cause de diarrhées néonatales chez les bovins : ce sont les rotavirus, les coronavirus. ● Le virus BVD dont l’implication en pathologie bovine ne se limite pas aux seules diarrhées néonatales, n’est pas abordé dans cet article*. Les rotavirus, responsables de diarrhées chez les veaux, les moutons, les chevreaux Les rotavirus sont responsables de l’apparition de diarrhées chez les veaux, les moutons, les chevreaux. ● La contamination s’effectue, dès les premiers jours de vie, par voie orale (encadré 1). ●
Objectif pédagogique ❚ Connaître les virus impliqués dans les diarrhées du jeune veau et les bases de leur contrôle vaccinal. Rotavirus et Coronavirus peuvent être
1 isolés sur le même veau
ou sur des veaux différents d’un même élevage (photo J.-M Nicol).
Les rotavirus parviennent dans l’intestin où ils infectent, et détruisent, les cellules matures de la bordure en brosse des villosités intestinales de l’intestin grêle et, dans une moindre mesure, du gros intestin. Les villosités partiellement atrophiées sont rapidement recouvertes par des cellules peu différenciées provenant des cryptes, insensibles au pouvoir infectieux du virus. ● À cette phase de l’infection virale, l’activité de la lactase (produite normalement par les cellules matures de la bordure en brosse des villosités intestinales) est diminuée, ce qui entraîne une rémanence du lactose dans la lumière intestinale. La malabsorption faisant suite à ces modifications morphologiques et fonctionnelles de l’intestin explique la diarrhée, la déshydratation, les pertes d’électrolytes et l’acidose. ● Les lésions apparaissent 24 heures après l’infection. La régénération des cellules se fait en 4 à 6 jours après le début de la diarrhée. Les villosités intestinales redeviennent normales 7 jours après la fin de la diarrhée.
NOTE * Cf. articles du dossier spécial BVD et pestiviroses à paraître dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé N°5, 2007.
Essentiel ❚ Lors d’infection par les rotavirus, la malabsorption faisant aux modifications morphologiques et fonctionnelles de l’intestin explique la diarrhée, la déshydratation, les pertes d’électrolytes et l’acidose. ❚ Les lésions apparaissent 24 heures après l’infection.
Encadré 1 - Les particularités des rotavirus bovins Les rotavirus sont extrêmement résistants dans le milieu extérieur pour des valeurs moyennes de température et d’humidité. De plus, ils sont résistants aux désinfectants usuels [18]. ● Les rotavirus bovins appartiennent à la famille des Reoviridae et au genre Rotavirus. - Ces virus ont une morphologie commune (en forme de roue). - Le génome du virus est composé de 11 segments d’ARN bicaténaire codant chacun pour une protéine. Il est entouré par une double capside protéique. ● La protéine virale de la capside interne VP 6 permet de classer les rotavirus en sept sérogroupes (A à G), sans relations sérologiques connues ●
entre eux : trois (les groupes A, B et C) ont été identifiés dans l’espèce bovine. Le sérogroupe A est très largement dominant chez les bovins. - Les protéines VP 7 et VP 4 de la capside externe induisent des anticorps neutralisants autorisant le classement des rotavirus en sérotypes. Les variants de VP 7 ont permis jusqu’à présent de déterminer 14 sérotypes dominants G différents. Les variants de la protéine VP 4 définissent les 20 sérotypes mineurs P actuellement connus des rotavirus du groupe A. ● La diversité des sérotypes des rotavirus bovins est plutôt restreinte. Les sérotypes G communs sont G 6 (majoritairement) et G 10, les sérotypes P courants sont P 5 et P 11.
RUMINANTS
9
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 285
la cryptosporidiose chez les jeunes ruminants non sevrés le pouvoir pathogène de Cryptosporidium parvum Cryptosporidium est une des principales causes de diarrhées néonatales chez les ruminants nouveau-nés. Le pouvoir pathogène de cet agent zoonotique dépend essentiellement du statut immunitaire de l’hôte. La stimulation du système immunitaire du nouveau-né pourrait permettre de mieux contrôler l’infection.
LE PARASITE Une taxonomie en évolution La position taxonomique exacte des cryptosporidies est encore en discussion. En effet, bien que le cycle de Cryptosporidium sp. présente des similitudes avec le cycle des Eimeria, certaines données récentes de la biologie moléculaire suggèrent que les cryptosporidies seraient plus proches des grégarines que des coccidies (encadré 1). ● Dans le genre Cryptosporidium, l’analyse moléculaire d’isolats a fait augmenter le nombre d’espèces connues de manière considérable. À ce jour, au moins 15 espèces seraient validées. ●
Unité d’Infectiologie et Santé Publique I.N.R.A Centre de Tours-Nouzilly 37380 Nouzilly
Objectif pédagogique Connaître les conséquences physiopathologiques et les manifestations cliniques du développement de C. parvum. 1 Mérozoïtes de C. parvum (photo M. Naciri).
Essentiel
L
a cryptosporidiose est l’une des principales causes de diarrhées néonatales chez les ruminants (bovins, ovins et caprins). L’agent responsable est un parasite : Cryptosporidium parvum (photo 1). ● Sa prévalence dans les élevages est élevée, mais varie selon le type d’élevage (allaitant ou laitier), l’état de santé des veaux, l’échantillonnage, le moment du prélèvement, etc. ● La contamination des animaux est quasi inévitable au cours des premières semaines de vie, mais tous n’expriment pas la maladie (photo 2). Cet article fait le point sur le pouvoir pathogène de C. parvum ainsi que sur les conséquences physiopathologiques et les manifestations cliniques de son développement.
Muriel Naciri Sonia Lacroix-Lamandé Fabrice Laurent
2
La contamination des animaux est quasi inévitable au cours des premières semaines de vie (photo J.-M Nicol).
C. parvum est l’espèce zoonotique qui infecte un grand nombre de mammifères : l’Homme, les animaux de rente et les animaux de compagnie. C’est l’espèce la plus importante d’un point de vue médical, vétérinaire et économique. En outre C. hominis serait spécifique à l’Homme (figure 1). ● Chez le veau, C. parvum est responsable de diarrhées néonatales. Après le sevrage ou chez l’adulte, les espèces les plus fréquentes sont C. bovis, le génotype deer-like et C. andersoni, qui infecte l’abomasum [6]. ●
❚ La cryptosporidiose est une cause fréquente de diarrhée néonatale chez les ruminants. ❚ C. Parvum représente plus de 85 p. cent des cas de cryptosporidioses chez les veaux avant le sevrage. ❚ Les oocystes de C. parvum peuvent survivre plusieurs mois dans les effluents, les lisiers et sur les pâtures. ❚ Le pouvoir pathogène d’une souche de C. parvum avec une virulence donnée, dépend surtout de l’âge, des statuts nutritionnel et immunitaire, et des traitements de l’hôte.
RUMINANTS
Cette classification est en constante évolution. En effet, C. hominis vient d’être décelée chez un veau de 3 jours et un bovin de 6 ans infectés naturellement, ce qui remet en cause l’impossibilité de transmission zoonotique de C. hominis [15]. ●
15
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 291
la giardiose et les diarrhées néonatales des veaux Les connaissances générales sur l’épidémiologie et l’effet pathogène de la giardiose, protozoose émergente, sont encore fragmentaires.
C
hez les bovins, l’infection par ce protozoaire est de plus en plus étudiée, en raison d’une part de son pouvoir zoonotique potentiel, et d’autre part de son implication dans certaines diarrhées des jeunes veaux et dans certains retards de croissance des veaux (encadrés 1, 2).
Alain Chauvin1 Sébastien Assié2 1 Parasitologie Générale Parasitologie des animaux d'élevage Faune Sauvage 2 Unité de Médecine des Animaux d'Élevage E.N.V.N. BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3
Encadré 2 - La giardiose bovine, une zoonose ? La giardiose bovine est-elle une zoonose ? Cette question ne semble pas être encore totalement élucidée. ● Le génotypage des souches de Giardia duodenalis apporte quelques éléments de réponse. Certains génotypes (assemblage E) de G. duodenalis sont spécifiques aux ruminants. D’autres (assemblage A/B) sont actuellement décrits comme zoonotiques. ● Cependant, des approches plus fines semblent indiquer qu’à l’intérieur de ces assemblages, certains génotypes sont réellement zoonotiques et d’autres pas [18]. La question reste donc ouverte … ●
Objectifs pédagogiques ❚ Identifier les critères de suspicion clinique d’une giardiose chez le veau. ❚ Connaître le traitement spécifique des giardioses du veau.
PRÉVALENCE PARASITAIRE
Giardia duodenalis semble très présent en élevage bovin. - Les études menées en Europe en élevage laitier montrent que 80 à 100 p. cent des animaux prélevés sont infectés par ce parasite [10, 19]. Dans une étude récente, l’ensemble des élevages Danois apparaissent contaminés [7]. En Allemagne, G. duodenalis a été observé en élevage allaitant avec une prévalence maximale de 38 p. cent chez des veaux âgés de 4 semaines, et avec une incidence cumulée de 58 p. cent 9 semaines après la naissance avec des intensités d’excrétion faibles [6]. ●
- Les études menées en France, en Pays de la Loire (élevage laitiers et veaux de boucherie) et en Auvergne (élevages allaitants) aboutissent à des résultats comparables à ceux de l’étude sur les élevages danois : 100 p. cent des élevages, et de 70 à 90 p. cent des animaux sont contaminés [17]. POUVOIR PATHOGÈNE ● La multiplication asexuée des trophozoïtes est responsable d’une atrophie des villosités et d’une hyperplasie des cellules des cryptes du duodénum et du jéjunum proximal [15].
Encadré 1 - Comment s’effectue la contamination par le parasite : Giardia duodenalis ● Giardia duodenalis est un parasite protozoaire flagellé, présent sous deux formes : le trophozoïte (forme de multiplication asexuée) et les kystes. ● Essentiellement indirecte, la contamination se fait par l’ingestion de kystes via les aliments souillés ou l’eau de boisson. Néanmoins, l’excrétion de kystes de Giardia par les femelles gravides au moment de la parturition, et pendant les 4 semaines post-partum, pourrait être un facteur de contamination directe des veaux. Dans une étude menée en Normandie, aucun kyste de protozoaire n’a été mis en évidence dans les fèces des mères des animaux contaminés [12]. En revanche, grâce à l’utilisation d’une méthode plus sensible, l’existence d’une faible excrétion par les mères a été confirmée [5]. ● Après contamination, le passage de la forme kyste à la forme trophozoïte se déroule dans l’intestin grêle. Les trophozoïtes produits
colonisent rapidement le duodénum et le jéjunum proximal, par multiplication asexuée dans les cryptes intestinales. L’enkystement a lieu le plus souvent dans le jéjunum. ● Les kystes végétatifs sont rejetés avec les selles dans le milieu extérieur de façon intermittente. L’excrétion atteint son intensité maximale pour des veaux âgés de 1 à 4 mois [11]. ● Les kystes peuvent survivre une semaine dans les fèces et jusqu’à 7 semaines dans le sol [10]. - Les températures basses et l’humidité forte favorisent la survie des kystes dans le milieu extérieur [8]. - Lorsque les trophozoïtes sont très nombreux ou que les selles sont très liquides, des trophozoïtes peuvent être retrouvés dans les fèces. Cependant, ces derniers ne survivent pas dans le milieu extérieur et ne sont donc pas contaminants.
Essentiel ❚ Giardia duodenalis semble très présent en élevage bovin. ❚ Selon les études menées en France en Pays de la Loire et en Auvergne, 100 p. cent des élevages, et 70 à 90 p. cent des animaux sont contaminés. ❚ Les tropozoïtes peuvent être retrouvés dans les fèces mais ils ne survivent pas dans le milieu extérieur et ne sont donc pas contaminants.
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 297
connaître les facteurs de pathogénicité des Escherichia coli Pierre Mathevet1 Philippe Nicollet2 Cyril Maingourd2
chez le veau
1 Laboratoire Merial 13 B, avenue Einstein, 69100 Villeurbanne 2
Encadré 1 - Biotypes, sérotypes et groupes de E. Coli
Les principes de classification des E. coli et les mécanismes qui conditionnent leur pouvoir pathogène chez le veau sont présentés dans cet article ainsi que les conséquences sur la vaccination.
P
armi les nombreuses souches que comprend l’espèce Escherichia coli, certaines sont des hôtes normaux du tube digestif, d’autres sont pathogènes avec un tropisme particulier pour les appareils digestif, urinaire ou pour la mamelle ; ils peuvent également être responsables de septicémie. Les affections associées touchent l’Homme comme des espèces animales. L’aspect zoonotique a été démontré avec certaines souches particulières (O 157 H 7) : le bovin est un hôte réservoir, il peut entraîner la contamination humaine. ● Les souches pathogènes se distinguent des autres par la production de multiples facteurs spécifiques ; ceux-ci sont reliés à l’apparition du pouvoir pathogène : propriétés d’attachement, sécrétion de toxines, facteurs de résistance à la phagocytose et à l’activité du complément. ● La perte de certaines séquences génétiques, et surtout l’acquisition de certains gènes, expliquent la capacité de produire ou non ces facteurs spécifiques. ● Leur identification directe ou indirecte permet d’améliorer la différenciation entre
● Le biotype représente le profil biochimique des souches de E. coli, comme les propriétés d’oxydase ou de catalase [7]. ● Le sérotype est défini par la combinaison de plusieurs antigènes de surface : - les antigènes somatiques O (de l’Allemand "Ohne Kapsel") de nature lipopolysaccharidique (L.P.S.) ; - les antigènes capsulaires K (ou antigènes de Kauffmann) de nature polysaccharidique - les antigènes ciliaires ou flagellaires H (de l’Allemand "Hauch") de nature protéique. ● Actuellement, environ 180 groupes O, 80 groupes K et 70 groupes H sont recensés [32] ● Lors de colibacilloses bovines, on identifie fréquemment les sérogroupes O 8, O 9, O 20, O 26, O 101, O 111, O 118. Les sérogroupes O 8, O 35, O 78, O 137 et O 153 ont été isolés lors de septicémies colibacillaires chez le veau [33].
souches pathogènes et souches commensales, et de mieux cerner le type d’affections qu’elles peuvent entraîner. ● Afin de mieux comprendre l’apport des dernières techniques, notamment celles de biologie moléculaire, nous examinons les principes de classification des E. coli. Les conséquences sur la vaccination sont ensuite discutées, ainsi que les perspectives sur les plus récentes techniques de diagnostic. LES PRINCIPES DE CLASSIFICATION DE E. COLI ● En santé animale, une multitude de souches qui appartiennent à l’espèce E. coli peuvent être différenciées en déterminant
Tableau 1- Définitions des principaux groupes d’E. coli pathogènes à tropisme intestinal chez les animaux domestiques [26] Acronyme
●
E.T.E.C.
E.P.E.C. (= A.E.E.C.)
●
●
E.H.E.C.
S.T.E.C. (= V.T.E.C.)
●
Nom-Pathotype
●
●
●
●
Pathogénicité
Espèces cibles
Entérotoxigènes
- Production d’entérotoxines avec accumulation de fluide dans l’intestin
- Ruminants - Porcs - Homme - (Chien)
Entéropathogènes (attachants et effaçants)
- Production de lésions d’attachement et d’effacement
- Animaux - Homme
Entérohémorragiques
- Responsables d’une entérocolite souvent hémorragique
- Homme - Ruminants
Shiga toxinogènes (= Vérotoxinogènes)
- Production de toxines actives sur cellules Véro en cultures (Toxines Shiga-like)
Laboratoire Vétérinaire Départemental des Deux Sèvres 210 avenue de la Venise Verte BP 570, 79270 NIORT Cedex
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la classification des E. coli, et leurs mécanismes de pathogénicité.
NOTE * Cf. article : “Comment identifier les E. coli chez le veau : intérêt d’une méthode par P.C.R. multiplex” de Ph. Nicollet et coll. dans ce même numéro.
Essentiel ❚ L’identification directe ou indirecte des facteurs de pathogénicité de E. coli permet d’améliorer la différenciation entre souches pathogènes et souches commensales, et de mieux cerner le type d’affections qu’elles peuvent entraîner.
RUMINANTS
- Ruminants - Hommes - Porcelets (maladie de l’œdème)
25
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 301
le diagnostic au laboratoire
article original
des entérites du veau
Jacquemine Vialard Unité LVD École Nationale Vétérinaire de Lyon 1, Avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Bien connaître les caractéristiques des techniques de laboratoire utilisables dans les cas des entérites néonatales, pour mieux les utiliser et les interpréter.
Le diagnostic étiologique des diarrhées bactériennes, virales et parasitaires du veau fait appel à des techniques de laboratoire. Parmi celles-ci, les méthodes de biologie moléculaire ont récemment fait leur apparition. Le panel des agents recherchés est cependant limité.
Figure 1 - Les principaux agents infectieux et parasitaires intervenant dans les diarrhées du veau : agents habituellement recherchés * Bactéries - Colibacilles* - Clostridies* Parasites - Cryptosporidies* - Gardia*
Essentiel ❚ Il est souhaitable de réaliser plusieurs analyses avant la mise en place d’une prophylaxie médicale. ❚ Les techniques de biologie moléculaire permettent d’identifier des colibacilles de types entéropathogène, entérohémorragique, vérotoxinogène, nécrotoxinogène ou à potentialité septicémique. ❚ Prendre du recul vis-à-vis des résultats de ces analyses, et en vérifier la cohérence clinique et épidémiologique.
RUMINANTS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 308 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
COMMENT RÉALISER LES PRÉLÈVEMENTS ● Il est souhaitable de réaliser plusieurs analyses (au moins trois) avant la mise en place d’une prophylaxie médicale (encadré 1). En effet, les travaux réalisés par le Groupement de défense sanitaire (G.D.S.) de la Creuse montrent que lors de prélèvements répétés dans une même exploitation, le résultat des analyses est différent dans plus de la moitié des cas, au sein d’une même saison de vêlage. ● Il est très probable que la variabilité des agents pathogènes détectés résulte d’une augmentation de la réceptivité des animaux ; il est nécessaire d’en déterminer la ou les cause(s) avant toute vaccination. Le coût d’analyses répétées est sans commune mesure avec celui d’une prophylaxie médicale mal ciblée.
32
- Coccidies*
Virus - Rotavirus* - Diarrhée virale bovine* (B.V.D.) - Parvovirus - Astrovirus - Entérovirus - Herpèsvirus
C
hez le veau, les gastroentérites constituent un motif fréquent de consultation, puisque l’on estime qu’elles représentent 60 à 80 p. cent des affections néonatales. ● La difficulté de l’identification étiologique d’une entérite tient à la diversité des agents potentiellement impliqués (figure 1) et à leurs fréquentes associations. ● Le recours au diagnostic de laboratoire est donc indispensable, mais le nombre d’agents pathogènes recherchés est limité, il comprend : les entérobactéries (colibacilles et salmonelles), les clostridies, les Rotavirus, les Coronavirus, le virus de la diarrhée virale bovine (B.V.D.), et des parasites (Cryptosporidium, Eimeria sp., Giardia).
- Salmonelles* - Bacillus piliformis
- Coronavirus* - Torovirus - Calicivirus (Norovirus) - Adénovirus
LE DIAGNOSTIC DES ENTÉRITES BACTÉRIENNES L’entérite colibacillaire ● Différents types de colibacilles pathogènes peuvent intervenir dans les entérites du veau et il est nécessaire de les différencier de ceux appartenant à la flore normale intestinale. Cette distinction est réalisée, dans la majorité des cas, par la mise en évidence de facteurs de pathogénicité, traduisant la capacité de colonisation du tractus intestinal (facteurs d’attachement) ou bien l’aptitude à sécréter différents types de toxines (tableau). ● D’autres approches, n’excluant pas la précédente, sont également employées, telles que la numération ou le sérotypage (encadré 2).
L’entérite salmonellique L’approche diagnostique d’une salmonellose est plus aisée, car cette bactérie ne fait pas partie de la flore normale de l’intestin du veau. Sa présence a donc ipso facto une signification pathologique, le simple portage chez le veau étant rare. Il est souhaitable de spécifier sa recherche sur la demande d’analyse. ● L’hypothèse de l’intervention d’une salmonelle s’appuie le plus souvent sur le caractère fibrineux à hémorragique de la ●
étude de terrain
article original
gastro-entérites néonatales : les agents pathogènes mis en évidence Jean-Michel Quillet1 Sébastien Assié2 Myriam Ogier de Beaulny3 Johanna Lepeule3 Henri Seegers2
dans les troupeaux bovins de Vendée Cette étude, réalisée en Vendée entre 2002 et 2004, sur des veaux de moins d’un mois, atteints de gastro-entérite néonatale, permet de décrire l’implication relative des principaux agents pathogènes dans cette affection.
L’objectif de cette étude est de fournir des données sur les niveaux d’implication des agents majeurs dans les gastro-entérites néonatales des veaux en Vendée. Après avoir précisé les matériels et méthodes (encadré 1), cet article analyse les résultats et les discute en les comparant aux résultats obtenus dans d’autres régions d’élevage françaises. ●
RÉSULTATS
P
eu de données d’épidémiologie étiologique sont disponibles dans l’ouest de la France sur les gastro-entérites néonatales des veaux , alors que la fréquence de la maladie est élevée [6]. Différents agents pathogènes sont impliqués : plusieurs espèces de bactéries, dont des colibacilles porteurs de différents antigènes d’attachement, ainsi que des virus et des parasites*.
Beaucoup d’éleveurs mettent en œuvre des mesures de prévention, fondées sur la vaccination dirigée contre certains agents pathogènes, voire contre une partie des antigènes d’attachement dans le cas d’Escherichia coli (E. coli)*.
●
Au total, 154 prélèvements de fèces réalisés dans 127 élevages (122 en Vendée et cinq localisés sur des cantons limitrophes de la Vendée : trois en Charente-Maritime, un en Maine et Loire, et un en Loire-Atlantique) ont été retenus. Les observations et les données cliniques Les caractéristiques des troupeaux
Les troupeaux sont de type allaitant (76 p. cent de l’effectif), laitier (17 p. cent) ou mixte (7 p. cent). ● Le nombre de vêlages par an varie de 23 à 260, avec une médiane de 72. ●
1
G.T.V. de Vendée E.N.V.N.-I.N.R.A. Gestion de la Santé Animale Atlanpôle la Chantrerie 44307 Nantes cedex 03 3 Laboratoire départemental d’analyses Les Oudairies 85000 La Roche-sur-Yon 2
Objectif pédagogique Connaître l’implication des agents pathogènes lors de gastro-entérites néonatales dans les troupeaux bovins de Vendée. NOTE * cf. les articles de ce même numéro : - “Les points clés sur les diarrhées virales des veaux” de S. Assié et coll. - “La cryptosporidiose chez les ruminantsnon sevrés : pouvoir pathogène de Cryptosporidium parvum” de M. Naciri et coll. - “La giardiose et les diarrhées néonatales des veaux” de A. Chauvin et coll. - “Connaître les facteurs de pathogénicité de Escherichia coli chez le veau” de P. Mathevet et coll.
Encadré 1 - Matériels et méthodes L’obtention des données et des prélèvements ● Les vétérinaires d’une vingtaine de clientèles ont réalisé des prélèvements de fèces de veaux atteints de gastro-entérite néonatale (G.E.N.N.), à la faveur d’une visite dans 140 exploitations au cours des périodes de vêlage sur les deux campagnes 2003 et 2004 (du 15 février 2003 au 5 février 2004). ● Les veaux prélevés (de un à quatre par exploitation), ont moins d’un mois. 180 prélèvements individuels de matières fécales ont ainsi été transmis au laboratoire départemental d’analyses, à La Roche-sur-Yon. ● L’échantillonnage n’a pas été strictement aléatoire. En effet, les modalités du choix des exploitations et des veaux diarrhéiques ont varié selon les praticiens. ● Au moment du prélèvement, les vétérinaires ont enregistré : - l’âge du veau ; - le rang de sa naissance dans l’élevage ; - le type de troupeau (allaitant, mixte, laitier); - les vaccinations réalisées contre les G.E.N.N. ; - le tableau clinique des veaux malades : température rectale (hyperthermie au-dessus de
39,5°C), état général de l’animal, aspect des diarrhées (liquides, mucoïdes ou pâteuses), la mortalité (date, cause) chez les veaux. La mise en évidence des agents pathogènes Pour éviter des résultats faux-négatifs, seuls les fèces de veaux non traités avant ont été prises en compte, et l’ensemble des analyses a été effectué le lendemain du prélèvement (encadré 2). L’analyse des données Pour chaque agent pathogène, une fréquence de mise en évidence, correspondant au rapport nombre de fèces positives/nombre de fèces analysées, a été calculée. Les relations entre la fréquence de mise en évidence d’un agent pathogène donné et le type de troupeau, l’âge du veau, le rang de naissance (1re ou 2e moitié des vêlages), la vaccination et le tableau clinique, ont été décrites. ● Lorsque les effectifs étaient suffisants, des tests statistiques ont été réalisés (test de Student pour les variables quantitatives, test du Chi-2 de Pearson au test exact de Fisher pour les variables qualitatives). ●
Essentiel ❚ E. coli est l’agent pathogène le plus souvent mis en évidence dans cette étude. ❚ Les fréquences des agents recherchés sont du même ordre dans les élevage allaitant, laitier ou mixte.
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 313
comment identifier les facteurs de pathogénicité des Escherichia Coli chez le veau
article original
Philippe Nicollet1 Cyril Maingourd1 Pierre Mathevet2 1
Laboratoire Vétérinaire Départemental des Deux Sèvres 210 avenue de la Venise Verte BP 570, 79270 Niort Cedex 2 Laboratoire Merial 13 B, avenue Einstein, 69100 Villeurbanne
Objectif pédagogique Connaître une nouvelle technique d’analyse par PCR pour identifier les E. Coli chez le veau.
NOTE * Cf. article “Connaître les facteurs de pathogénécité d’E. Coli chez le veau” de P. Mathevet et coll. dans ce numéro.
Essentiel ❚ Si bon nombre d’E. coli sont non pathogènes dans l’espèce bovine, le caractère non typable ne suffit pas pour les écarter comme agent étiologique de la pathologie digestive des veaux. ❚ Des souches classées comme non typables par la méthode d’agglutination possèdent en réalité, un ou plusieurs gènes codant pour des facteurs de pathogénécité.
intérêt d’une méthode de diagnostic par PCR multiplex La méthode de diagnostic par PCR multiplex est une nouvelle technique d’analyse, mise à la disposition du praticien, pour le diagnostic des colibacilloses chez les veaux. Elle permet d’affiner les connaissances sur les facteurs de pathogénicité des souches associées.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 318 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
colibacilles isolés (492 souches) : résultats des agglutinations sur E. coli (source enquête Mérial 2004-2005)
L
es souches d’Escherichia coli pathogènes chez les bovins sont classiquement divisées en souches à tropisme intestinal (entérotoxinogènes, entéropathogènes, entérohémorragiques, vérotoxinogène) et en souches à tropisme extra-intestinal (nécrotoxinogènes, uropathogènes et invasives). Les propriétés et les facteurs spécifiques de virulence des souches à tropisme intestinal sont relativement bien connus et caractérisés, mais les possibilités d’investigation demeurent limitées avec les techniques classiques de laboratoires*. ● La technique P.C.R. Multiplex permet une identification spécifique et rapide des souches d’E.Coli E.T.E.C., N.T.E.C., E.H.E.C., A.E.E.C. et S.T.E.C. chez les bovins, grâce à la caractérisation des facteurs de virulence les plus fréquemment rencontrés. ● Cet article présente les résultats de l’analyse moléculaire sur 150 souches d’E. coli, isolées à partir de prélèvements de fécès de veaux, préalablement caractérisées par séro-agglutination (CS 31A, F 5, F 41 et F 17). Puis, les différents pathotypes ainsi identifiés chez les veaux, sont répertoriés en insistant sur l’apport de l’analyse P.C.R., notamment pour identifier les E. coli non typables par la méthode d’agglutination. LES OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
RUMINANTS
Figure 1 - Répartition des différents
Une étude terrain sur les entérites néonatales bovines a été menée dans les départements du Grand Ouest français au cours des périodes de vêlage des années 2002/03 et 2003/04, à l’initiative du laboratoire Mérial. ● À l’issue de cette étude, 492 souches de E. coli isolées à partir de fèces de veaux diar●
42
rhéiques ont été caractérisées par technique d’agglutination. Plus de 30 p. cent sont non typables avec les quatre adhésines majeures (F 5, F 17, F 41 et CS 31A) par technique d’agglutination sur lame à l’aide d’un antisérum (figure 1). ● Ces résultats sont comparables à ceux d’autres études annuelles menées en Saône et Loire (20 à 40 p. cent d’E. coli non typables entre 1998 et 2004) (Very, données non publiées). Même si bon nombre d’E. Coli sont non pathogènes dans l’espèce bovine, le caractère non typable de plus de 30 p. cent des E. coli de l’étude ne suffit pas pour les écarter comme agent étiologique de la pathologie digestive des veaux. En effet, le mode de recrutement des échantillons de cette étude épidémiologique (contexte d’entérite néonatale) permet de suspecter l’implication de certaines souches de E. coli non typables par agglutination car, si certaines souches sont isolées en même temps qu’un autre agent pathogène tel que les rotavirus ou les cryptosporidies, d’autres sont isolées seules sur ces veaux malades. De plus, il existe d’autres facteurs de pathogénicité que les adhésines F 5, F 17, F 41 ou CS 31A susceptibles d’expliquer l’expression clinique des symptômes digestifs (ou extra-digestifs). L’étude menée au Laboratoire Vétérinaire Départemental (L.V.D.) des Deux Sèvres a donc deux objectifs : 1. évaluer un outil complémentaire aux méthodes classiques d’agglutination
la réhydratation orale du veau en diarrhée : Germain Nappert1 Jonathan M. Naylor2 Hervé Spennick3
avec ou sans lait ?
1 Hôpital
vétérinaire Lachute Québec, Canada 2 Ross University School of Veterinary Medicine St. Kitts, West Indies 3 C.E.V.A. Santé Animale Libourne, France
Chez les veaux de moins de 30 jours qui présentent une diarrhée, la réhydratation orale vise à corriger en priorité les déséquilibres hydro-électrolytiques, mais aussi l'acidose métabolique, identifiée comme un facteur majeur de troubles. La nécessité d’assurer des besoins nutritionnels du veau avec ou sans buvée lactée, pendant la réhydratation orale, est toujours discutée.
C
hez les veaux diarrhéiques encore capables de s’alimenter, il a longtemps été recommandé d’interrompre quelques jours l’alimentation lactée, par crainte de fermentation intestinale du substrat et d’une aggravation de la diarrhée. Cette recommandation est quelquefois délicate à mettre en œuvre, particulièrement en élevage allaitant, et ses conséquences sur la digestion après reprise de l’alimentation lactée, ont été discutées [8]. ● Le maintien de l’alimentation lactée, associée à une réhydratation orale adaptée est actuellement préconisé, car l’administration de lait en quantité adéquate n’a pas d’effet négatif sur la durée de la diarrhée et présente, au contraire, de nombreux avantages [1, 3, 13]. ● Les bénéfices de l’apport de lait sont maintenant reconnus et la compréhension de la physiologie digestive du veau permet d’éclairer les résultats positifs obtenus, tant aux plans clinique que zootechnique. Un traitement efficace repose sur le choix d’une solution de réhydratation orale adéquate. ● Aussi, après avoir évoqué les besoins nutritionnels en tenant compte de la physiologie de la digestion chez le veau (encadré), cet article aborde les conséquences pratiques sur la gestion des cas de diarrhées chez le veau. COMMENT SATISFAIRE LES BESOINS NUTRITIONNELS ● La glycémie reste normale durant les premiers stades de la diarrhée, excepté lors de troubles prolongés ou graves justifiant d’emblée une réhydratation intraveineuse.
Objectif pédagogique ❚ Comprendre les bases de la réhydratation orale et de l’association avec un alimentation lactée.
1 Chez les veaux laitiers en diarrhée,
Contrairement aux idées reçues, la priorité d’une bonne thérapeutique n’est pas de couvrir les besoins énergétiques, mais d’optimiser les apports. ● Les solutions réhydratantes orales (S.R.O.) ne remplacent pas la richesse nutritive du lait, et si l’alimentation lactée est interrompue trop longtemps, le veau peut montrer un amaigrissement marqué, voire développer une cachexie [1, 12]. En effet, un veau de 45 kg requiert environ 2250 kcal ou 3,4 l de lait par jour (7,6 p. cent de son poids corporel) pour couvrir ses besoins énergétiques d’entretien, et 3 kcal/g de gain de poids [10]. Or, en supposant une digestibilité de 100 p. cent des nutriments, 4 litres par jour de la plupart des solutions réhydratantes orales ne procurent que 15 à 25 p. cent des besoins énergétiques, et celles à forte teneur en glucose ne les couvrent qu’à 50 p. cent [5, 7, 8]. ● À l’inverse, les veaux nourris avec du lait, à 10 p. cent de leur poids corporel, présentent un meilleur gain de poids malgré leur diarrhée [1]. Des études ont aussi montré que des veaux en diarrhée, nourris au lait, atteignent des gains de poids quotidiens identiques à ceux des veaux sains, sans effet négatif sur la durée de l’affection [3]. ● Le lait maternel est aussi plus intéressant qualitativement que les solutions réhydratantes orales conventionnelles ou riches en glucose, mais pauvres en acides aminés et en matières grasses, et dépourvues de vitamines, d’oligoéléments et de lactoglobulines [8]. Le lait apporte des nutriments utilisés par les entérocytes pour leur régénéra-
l’utilisation conjointe d’une solution réhydratante orale avec du lait en poudre dépend de la proportion de protéines sous forme de caséine dans la ration (photo G. Nappert).
Essentiel ❚ Malgré la diarrhée, un veau nourri avec du lait présente un meilleur gain de poids. ❚ Le lait maternel est plus intéressant qualitativement que les solutions réhydratantes orales.
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 325
entérites néonatales chez le veau : les troubles hydro-électrolytiques article original et acido-basiques l’intérêt des examens complémentaires Gilles Foucras1 Hervé Navetat2 François Schelcher1
1
Pathologie des ruminants, ENVT, 23 chemin des Capelles, BP 87614, 31076 Toulouse cedex 03 2 6 rue du Général de Gaulle, 03130 Le Donjon
Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre les bases de la caractérisation des troubles hydroélectrolytiques et acido-basiques dans les entérites néonatales du veau. ❚ Savoir utiliser les résultats des analyses biochimiques pour améliorer la prise en charge thérapeutique.
L
Essentiel ❚ Le traitement de la déshydratation a pour objectif de corriger l’essentiel du déficit hydrique par l’administration d’un volume de liquide suffisant. ❚ Avec une déshydratation moyenne à sévère, il existe de façon assez constante, une hyponatrémie et une acidose métabolique.
RUMINANTS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 328 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
Lors d’entérites néonatales chez le veau, les examens complémentaires sont utiles pour une meilleure efficacité des mesures correctrices, lorsque le tableau clinique n’est pas suffisamment indicatif, ou lorsqu’il s’agit d’un traitement en deuxième intention. e traitement des troubles hydriques, électrolytiques et acido-basiques associés à une entérite, durant la période néonatale chez le veau, est surtout fonction de l’intensité et de l’évolution cliniques. ● Dans une large majorité des cas d’entérite, l’administration orale d’un soluté contenant du glucose et du sodium suffit à rétablir un état d’hydratation, un pH et une osmolarité du liquide extracellulaire, compatibles avec un rétablissement rapide et complet des fonctions. ● Cependant, les veaux vus en consultation sont ceux chez qui l’atteinte est très sévère, ou ceux pour lesquels le traitement par voie orale a échoué. Le traitement par voie veineuse devient alors indispensable. Il importe alors de connaître la nature et l’intensité des perturbations afin de réaliser une correction la plus adaptée possible. LA NATURE ET L’ORIGINE DES TROUBLES HYDRO-IONIQUES ET ACIDO-BASIQUES Différents déséquilibres, qui sont assez fortement liés entre eux, apparaissent lors d’affection diarrhéique chez le jeune veau. Si au début, les modifications sont relativement simples, elles deviennent au bout de quelques heures (ou quelques jours selon l’évolution), assez complexes, en raison de l’apparition de phénomènes de compensation ou en raison de conséquences différées sur le métabolisme cellulaire et les fonctions organiques. ● Nous envisageons tout d’abord le cas le plus classique des veaux avec une déshydratation moyenne à sévère, chez lesquels ●
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1
Le pli de peau est un signe qui permet d’apprécier la déshydratation (photo J.-M. Nicol).
il existe de façon assez constante, une hyponatrémie et une acidose métabolique. Ensuite, nous décrivons des situations plus complexes, où la déshydratation est généralement peu marquée, et les perturbations difficiles à évaluer à partir des critères cliniques seuls. Cas de déshydratation marquée à sévère Lors d’entérite, la déshydratation est d’emblée plus ou moins forte ; elle est un des éléments majeurs, parmi ceux qui sont responsables des perturbations. La déshydratation
La déshydratation est un phénomène banal lors de diarrhée chez le jeune. Elle apparaît de façon parfois rapide, notamment lors de colibacillose entéro-toxinogène. ● Son intensité est variable, de 6 à 12 p. cent du poids du corps, et plusieurs signes permettent assez facilement de l’apprécier (photo 1) [2]. ● Elle résulte d’un bilan hydrique négatif entre les phénomènes de sécrétion et d’absorption. Ces flux sont le résultat de l’activité spécialisée des cellules épithéliales de l’intestin, qui évolue au cours de leur maturation. En effet, au fur et à mesure que les cellules migrent depuis les glandes, où elles prennent naissance, vers l’apex des villosités, leurs fonctions changent. Si les cellules des glandes sont plutôt responsables de la sécrétion, les cellules des villosités intestinales ont un rôle majeur dans l’absorption de ●
observation clinique thrombose de l’aorte :
article original
étude de 10 cas
chez les nouveau-nés Face à un cas de paralysie postérieure chez un veau, la thrombose de l’aorte fait partie du diagnostic différentiel. Grâce à dix cas observés entre 2003 et 2005, cet article illustre les éléments des examens clinique, complémentaire et nécropsique à rechercher pour en établir le diagnostic.
Cabinet Vétérinaire 3, rue du 8 Mai 1945 15400 Riom ès Montagnes
Objectif pédagogique Savoir diagnostiquer une thrombose de l’aorte chez un veau nouveau-né.
1
Veau paralysé atteint de thrombose de l’aorte (photos C. Roy).
D
❚ Symptômes - une hypothermie légère à modérée ; - un décubitus sternal, voire latéral ; - une déshydratation moyenne à sévère ; - une baisse d’appétit ; - une apathie ; - une froideur marquée de l’extrémité ; - une bouleture ; - une perte de sensibilité.
COMMÉMORATIFS ●
L’EXPRESSION CLINIQUE Les symptômes ● Bien que les éleveurs se focalisent surtout sur la “paralysie“ de leur animal, l’examen clinique complet révèle plusieurs anomalies. En effet, lors de la première consultation, trois des dix veaux étudiés sont atteints de diarrhée, un présente une omphalite, et un autre une bronchopneumonie, ainsi qu’une diarrhée semi-liquide et hémorragique (tableau 1). Les cinq autres n’ont aucun symptôme associé au moment de l’apparition de la paralysie (ces cinq veaux ont toutefois connu un
Motifs d’appel ❚ Veau couché ou veaux à diarrhée.
es cas de veaux nouveau-nés atteints de paralysie des membres postérieurs évoluant presque toujours vers la mort, sont observés en clientèle depuis plusieurs années. À l’autopsie, la présence d’un volumineux thrombus dans l’aorte abdominale permet le diagnostic de certitude. ● L’échec thérapeutique est lié à la difficulté d’établir un diagnostic précoce et, surtout, du vivant de l’animal. ● Cette étude présente dix cas que nous avons rencontrés entre 2003 et 2005.
Les principaux motifs d’appels sont “un veau couché“ et/ou “un veau à diarrhée“. L’âge des sujets est compris entre 6 et 10 jours. ● Les symptômes sont observés aussi bien chez des mâles que chez des femelles, et dans plusieurs races (Salers, Montbéliarde, Holstein, croisés, …).
Jean-Louis Roque Virginie Denizot Christophe Roy Pierre-Michel François
2
Veau atteint d’une thrombose : remarquer la position fléchie des membres postérieurs.
épisode diarrhéique aigu 1 à 4 jours plus tôt, traité médicalement et en voie de guérison). ● Lors de l’examen, les veaux présentent une hypothermie légère à modérée. L’état général est souvent altéré, l’animal est en décubitus sternal, voire latéral, et présente une déshydratation moyenne à sévère, une baisse d’appétit et une apathie (photo 1). Selon la gravité du cas, l’animal peut se trouver dans l’impossibilité de se lever seul ou de se tenir debout. L’auscultation cardiaque révèle une tachycardie modérée à sévère. ● Un seul ou les deux membres postérieurs présentent les signes suivants : - froideur marquée de l’extrémité (parfois jusqu’au-dessus du jarret) ;
Essentiel ❚ En cas de thrombose de l’aorte, l’échec thérapeutique est lié à la difficulté d’établir un diagnostic précoce.
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 335
les affections
liées aux mycoplasmes Marylène Kobisch
chez le porc
Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments LERAP - Zoopôle - Les Croix BP 53- 22 440 Ploufragan
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les différentes espèces de mycoplasmes chez le porc. ❚ Savoir diagnostiquer une mycoplasmose porcine à Mycoplasma hyopneumoniae.
NOTE * Cet article et le suivant : “Les mycoplasmoses chez le porc : conduite à tenir diagnostique et thérapeutique” de L. Glattleider et A. Laval complètent le dossier “Mycoplasmes et mycoplasmoses” publié dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2006;3:203-242.
Essentiel ❚ M. hyopneumoniae induit une légère hyperthermie et de la toux. ❚ La phase aiguë de l’infection à M. hyopneumoniae se caractérise par une broncho-pneumonie interstitielle. ❚ M. hyopneumoniae provoque une infection chronique, caractérisée par une forte morbidité, mais une faible mortalité des animaux.
PORCS- VOLAILLES
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 340 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
Les mycoplasmes jouent un rôle déterminant dans certaines affections du porc. Difficiles à cultiver ou à mettre en évidence, leur rôle est sous-estimé. Cet article décrit Mycoplasma hyopneumoniae, agent étiologique primaire de la pneumonie enzootique du porc, M. hyorhinis responsable de polysérites, et les autres espèces mycoplasmiques retrouvées chez le porc.
C
hez le porc, plusieurs espèces, du genre Mycoplasma et du genre Acholeplasma ont été décrites : - Mycoplasma hyopneumoniae est l’agent étiologique primaire de la pneumonie enzootique du porc, une maladie qui concerne les élevages industriels du monde entier [15] ; - Mycoplasma hyorhinis et Mycoplasma hyosynoviae présents dans l’appareil respiratoire sont respectivement à l’origine de polysérites et polyarthrites ; - d’autres espèces, Mycoplasma flocculare, de Mycoplasma hyopharyngis, ainsi que des Acholeplasma, isolées des voies respiratoires du porc, n’ont pas de pouvoir pathogène clairement décrit. Mycoplasma suis est une cause d’anémie chez le porc. L’AGENT DE LA PNEUMONIE ENZOOTIQUE DU PORC : MYCOPLASMA HYOPNEUMONIAE ● Les maladies respiratoires du porc arrivent au premier rang des préoccupations des producteurs du monde entier, en raison des pertes économiques qu'elles entraînent. Les agents infectieux impliqués, seuls ou en association, sont des bactéries et des virus. ● Parmi les bactéries, Mycoplasma hyopneumoniae joue un rôle prépondérant : il est à la fois l'agent étiologique primaire de la pneumonie enzootique du porc et du complexe respiratoire porcin, bien connus des éleveurs de porcs.
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1
Trachée d’un porc infecté expérimentalement par M. hyopneumoniae. Examen en microscopie électronique à balayage : disparition d’une forte proportion des cils de l’épithélium, M. hyopneumoniae à l’apex des cils persistants, présence de mucus (photo M. Kobisch, AFSSA - Ploufragan).
Isolé pour la 1re fois en France, en 1975 [8], M. hyopneumoniae est considéré comme l’un des mycoplasmes les plus difficiles à isoler et à cultiver. En effet, sa croissance est très lente (7 à 30 j sont nécessaires pour un isolement primaire), sous atmosphère enrichie en CO2 (5 p. cent), à 37°C [8] (encadré). ●
La pathogenèse de l’infection à M. hyopneumoniae ● L’adhésion de M. hyopneumoniae aux cellules ciliées de l’épithélium trachéal, bronchique et bronchiolaire, constitue la 1re phase de l’infection. Des études, effectuées chez le porc infecté expérimentalement, montrent que l’adhésion précède la ciliostase, la perte ciliaire et la desquamation progressive des cellules [2] (photo 1). ● Les mycoplasmes sont capables d’adaptations particulières pour échapper au système immunitaire. Le phénomène le plus répandu, la variabilité antigénique, consiste à moduler le caractère antigénique des composants de la surface membranaire, principales cibles du système immunitaire.
conduite à tenir diagnostique et thérapeutique face aux mycoplasmoses et aux infections respiratoires en élevage de porcs La maîtrise des infections respiratoires porcines implique nécessairement le contrôle de Mycoplasma hyopneumoniae, l’agent de la pneumonie enzootique du porc. Cet article présente les mesures médicales et sanitaires disponibles pour contrôler ces infections.
L
a quasi-totalité des élevages porcins conventionnels terminaux, destinés à la production de porcs pour l’abattoir, sont contaminés par Mycoplasma hyopneumoniae. La plupart des pays producteurs sont concernés. C’est une constatation qui se vérifie sur tous les continents. Seuls restent indemnes les centres d’insémination artificielle, certains élevages de sélection et, plus rarement, quelques élevages de multiplication, qui respectent des contraintes de biosécurité draconiennes. ● En France, dans les circonstances actuelles, les élevages de production récemment peuplés ou repeuplés avec des reproducteurs indemnes ne peuvent pas espérer le rester plus de quelques mois. ● Le vétérinaire a connaissance de ce statut. Aussi, tous ses conseils et les contrôles qu’il réalise, aussi bien sur les truies que sur les porcs en croissance, ont pour but de suivre précisément la présence et l’évolution des différentes infections bactériennes et virales. ● Dans ces élevages, en présence de tout signe d’affection respiratoire, des examens de laboratoire sont effectués afin d’identifier les agents infectieux en cause : mycoplasmes mais aussi les autres infections bactériennes et virales.De nombreux agents bactériens peuvent en effet, être impliqués à côté de Mycoplasma hyopneumoniae, comme Actinobacillus pleuropneumoniae, Haemophilus parasuis qui sont des agents pathogènes primaires. Pasteurella multocida, Streptococcus suis sont fréquemment isolés mais ce sont des agents secondaires qui se développent sur des poumons préalablement lésés. Par ailleurs, de nombreux virus ont été associés au développement de la pathologie
Laurent Glattleider1 Arlette Laval2 1.
5 prad tora dillec 56250 Saint Nolff 2. Département Santé des animaux d’élevage et Santé publique Unité de médecine des animaux d’élevage E.N.V.N. - Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03
Objectifs pédagogiques
1
Pleuropneumonie à Actinobacillus pleuropneumoniae : hémorragie / nécrose / pleurésie.
❚ Savoir diagnostiquer et traiter les infections respiratoires porcines. ❚ Connaître les principes de contrôle en élevage porcin des infections respiratoires, en particulier celles à Mycoplasma hyopneumoniae.
2
Pleuropneumonie à actinobacillus pleuropneumoniae : section du poumon (photos H. Morvan - LDA 22).
pulmonaire porcine : virus du Syndrome Dysgénésique Respiratoire Porcin (SDRP), Circovirus Porcin de type II (PCV2), virus grippaux (H1 ou H3), Coronavirus Respiratoire Porcin (CVRP), et, dans les pays où l’éradication n’est pas terminée, virus de la maladie d’Aujeszky. LE DIAGNOSTIC Orientation clinique et nécropsique Les signes cliniques des maladies respiratoires (toux, dyspnée, fièvre, avec un taux de morbidité et parfois même de mortalité élevés), sont rarement univoques et pathognomoniques. On parle souvent de complexe respiratoire porcin associant à la fois des bactéries, des virus et le stress lié à l’environnement et à l’ambiance des salles, en particulier en engraissement. ● L’examen nécropsique d’individus morts récemment, ou mieux encore, de sujets malades euthanasiés non traités, apporte de précieux renseignements. Certaines lésions orientent le diagnostic : - une pleuropneumonie avec adhérences pleurales et/ou des foyers de nécrose (actinobacillose) (photos 1, 2) ; ●
Essentiel ❚ Lors de complexe respiratoire porcin, les lésions n’ont souvent rien de spécifique. ❚ Toute affection respiratoire doit faire l’objet d’examens de laboratoire pour identifier les agents infectieux qui peuvent y être associés.
PORCS- VOLAILLES
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 345
observation clinique
un foyer d’herpèsvirose dans un élevage de canards mulards
Antoine Mercier1 Thierry Gavaret2 Jean-Luc Guérin3 1Anilab,
56140 Malestroit Réseau Cristal 53 route de Nantes, 85300 Challans Réseau Cristal 3E.N.V.T. Unité Productions animales Clinique des élevages avicoles et porcins 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03 2Labovet,
Un foyer d’herpèsvirose ou “peste du canard” a été diagnostiqué en mai dans un élevage de plus de 4000 canards Mulards. L’élevage est décimé en l’espace de quelques jours.
S
Motifs de consultation ❚ Forte mortalité ❚ Conjonctivites ❚ Hémorragies intestinales après un 1er traitement
Hypothèses diagnostiques ❚ Yersiniose ❚ Herpèsvirose
ur un site d’élevage de canards Mulards localisé en Bretagne, sont présentes deux bandes : - une bande de 4 080 canards de 8 semaines (sur parcours) ; - une bande de 2 jours (en poussinière). L’exploitation héberge aussi deux bâtiments de dindes de chair en claustration et des volières de perdrix. ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS La bande de canards de 8 semaines a connu : - un pic de mortalité au démarrage avec du tri (30 morts à J 3) ; - et un épisode de mortalité à J 22 et à J 23 suite à la prédation par un animal terrestre. ●
Les canards sont vaccinés contre la pasteurellose à 4 et 7 semaines.
●
Signes cliniques ❚ Conjonctivite ❚ Fientes hémorragiques ❚ Mobilité réduite avec la tête rentrée ❚ Écoulement hémorragique rouge-noir du bec
A 46 jours d’âge, quelques jours après le rappel de vaccination contre la pasteurellose, une élévation de la mortalité est observée : quatre, puis six, puis 38 morts. Outre la mortalité, certains oiseaux présentent de la conjonctivite. ●
● Une suspicion de yersiniose conduit à mettre en place un traitement antibiotique à base de doxycycline. Aucune amélioration n’est notée, et un nouvel examen à 51 jours révèle des hémorragies intestinales.
EXAMEN CLINIQUE ●
Une visite de l’élevage est alors effectuée.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 350 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
AUTOPSIES La suspicion d’herpèsvirose ou “peste du canard” est alors forte, et des autopsies sont réalisées*. - On observe sur tous les œsophages des lésions d’ulcères “en coup d’ongle”, avec un aspect hémorragique et parfois nécrotique (photo 1). - Le thymus est hypertrophié. - Quelques sujets ont l’intestin rempli d’un contenu séro-muqueux ou hémorragique (photo 2). - Sur d’autres, on voit des hémorragies en anneaux sur la muqueuse intestinale. - La muqueuse du colon est rouge, plus ou moins érodée. - Les rates ne sont pas hypertrophiées. - Il n’y a pas d’atteinte pulmonaire ou péricardique, ni de foyers nécrotiques sur les foies. DIAGNOSTIC ET EXAMENS COMPLÉMENTAIRES En se fondant sur ce tableau lésionnel, le diagnostic d’herpèsvirose, ou peste du canard, est établi. ● Des prélèvements pour histologie sont réalisés pour confirmer le diagnostic : ces examens se révèlent positifs. Les outils de diagnostic par P.C.R. n’étaient pas encore disponibles. ●
ÉVOLUTION ET DISCUSSION Le seul vaccin autorisé en France (Vaxiduck®) est alors indisponible en raison de ruptures de stock. Il est décidé d’évacuer tous les cadavres dans des sacs étanches et d’interdire l’accès de l’exploitation à tout autre éleveur de volailles.
●
Cette bande de canard présente un comportement et un aspect quasiment normal.
NOTE
Outre la mortalité, d’autres signes sont notés : - la présence de fientes hémorragiques ;
*cf. article ”L’herpèsvirose ou peste du canard, une maladie mésestimée ?” de C. Boissieu et coll. dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 2006,1, 67-70.
●
PORCS- VOLAILLES
- quelques sujets présentent une mobilité réduite avec la tête rentrée ; - deux canards sont trouvés agonisant, la tête sous l’abreuvoir ; - un écoulement hémorragique rouge-noir s’écoule du bec d’un sujet trouvé mort.
●
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enjeux économiques
article original
l’impact de l’influenza aviaire sur les marchés français et international des volailles de chair
Pascale Magdelaine Directeur du service économie de l’I.T.A.V.I. 4, rue de la Bienfaisance 75008 Paris
La crise sanitaire et médiatique de l’Influenza aviaire a fortement modifié le marché de la viande de volaille de chair en Europe et dans le monde. La filière avicole française, en difficulté structurelle depuis la fin des années 90, déjà fragilisée, a été particulièrement touchée par cette crise.
Objectif pédagogique ❚ Connaître l’impact de la crise de l’Influenza aviaire sur les marchés français et international de viande de volaille.
Essentiel ❚ La crise de l’Influenza aviaire est intervenue dans un contexte de crise structurelle de la filière avicole française. ❚ L’impact de la médiatisation de cette crise sur la consommation et les prix des volailles a été très différent selon les États membres.
L
a production et la consommation de volailles dans le monde ont connu un développement important au cours des 30 dernières années. Celui-ci s’est accompagné d’une forte augmentation des échanges internationaux, en relation avec l’émergence de nouveaux acteurs majeurs sur ces marchés. ● Cette tendance à la croissance de la consommation et des échanges se confirme sur les dernières années, malgré un ralentissement lié notamment à l’épizootie d’Influenza aviaire qui sévit depuis 2003.
Figure 1 - Dynamique de la production de volailles par filière depuis 10 ans (base 100 = 1995)
COMPRENDRE ET AGIR
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 352 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
* NOTE S.C.E.E.S. : Service central des enquêtes et études statistiques du ministère de l’agriculture.
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Dans ce contexte, la place de l’Union Européenne tend à se réduire, malgré l’adhésion de nouveaux États membres dont les marchés sont plus dynamiques. ● Au sein de l’Union européenne (UE), la France accuse le repli le plus important depuis 1998 ; ses débouchés à l’exportation, sur les pays tiers comme sur le marché intra-communautaire ont fortement diminué depuis la fin des années 90, alors que ses importations sont en constant développement. UNE FILIÈRE AVICOLE FRANÇAISE EN PLEINE CRISE STRUCTURELLE ● En 2005, les bilans du S.C.E.E.S.* font apparaître un nouveau recul de la production française de volailles à 1,918 millions de tonnes, soit une baisse de 2,8 p. cent par rapport à 2004. ● De 1995 à 2005, la production française a ainsi reculé de près de 9 p. cent, et de 17 p. cent depuis le point haut de 1998. ● Cette diminution s’est poursuivie et aggravée et 2006 (figure 1). ● Ce repli de la production française de 1998 à 2005 (environ 400 kt) est essentiellement lié à une perte de compétitivité relative de la filière française, qui s’est traduite par un repli des exportations extra et intraUE (perte de marchés de 290 kilo-tonnes équivalent carcasse, (kt EC), soit un recul de 18 p. cent en 8 ans). Dans le même temps, les importations progressaient de 85 p. cent, pour atteindre 280 kt EC, soit près de 20 p. cent de la consommation intérieure. ● Sans détailler les principaux facteurs de cette crise structurelle, citons : - l’impact des accords de Marrakech signés en 1994, qui ont pénalisé les exportations vers les pays tiers, notamment vers le Proche et le Moyen Orient ; - la forte accélération des importations allemandes et britanniques en provenance des pays tiers (Brésil, Thaïlande), qui ont concurrencé les ventes en congelé sur ces deux marchés importants pour la filière française ; - le développement des productions avicoles nationales allemandes et polonaises notamment, qui sont très concurrentielles sur le marché du frais, en particulier en Allemagne.
management de l’entreprise le laboratoire de proximité en médecine bovine Gilles Foucras E.N.V.T. 23,chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03
Dans quelles situations, le recours au laboratoire est-il justifié en médecine bovine ?
A
u cours des dernières années, le recours aux examens complémentaires s’est développé en médecine bovine. L’accès facilité aux équipements d’analyse, qui sont dans la large majorité des cas, partagés avec l’activité canine de la structure vétérinaire, a favorisé leur utilisation en médecine bovine. En outre, certains cabinets se sont progressivement dotés d’un laboratoire d’analyses structuré, le plus souvent dopé par les activités liées aux élevages de porcs ou de volailles. BIOCHIMIE ET HÉMATOLOGIE
● Les analyses de biochimie et d’hématologie cliniques sont les plus utilisées (encadré).
NUMÉRATION - FORMULE SANGUINE, … La numération et la formule sanguines permettent de confirmer la présence de syndromes infectieux ou inflammatoires, ou de quantifier l’intensité d’une anémie. ● Dans le cadre de l’évaluation du profil métabolique d’un troupeau, certains composés (glucose, urée), couramment mesurés en biochimie clinique, peuvent être dosés. Ils sont, cependant, de moindre intérêt chez les bovins, comparés à d’autres qui sont plus pertinents (oligo-éléments tels que le cuivre et le zinc, les acides gras non estérifiés ou le βhydroxybutyrate sanguins), mais dont les dosages ne peuvent pas être réalisés en routine dans un cabinet vétérinaire. ● L’utilisation de l’examen coproscopique (strongyloses, fasciolose) ou hématologique (babésiose) pour le diagnostic des maladies parasitaires est très variable en fonction des régions ou des cabinets vétérinaires. Facile à mettre en œuvre, leur utilisation mériterait d’être plus systématique, notamment dans le cadre du suivi du statut parasitaire des troupeaux. ● Plus récemment, la commercialisation de trousses diagnostiques a facilité le diagnostic étiologique de certaines maladies. À titre d’exemple, citons les trousses permettant la mise en évidence des antigènes ●
du virus respiratoire syncytial, ou ceux des principaux pathogènes digestifs (rotavirus, coronavirus, E coli K 99 et CS 31A, et cryptosporidies), responsables d’entérite néonatale chez le veau. La sensibilité et la spécificité de ces tests, utilisés dans un contexte clinique et épidémiologique, sont satisfaisants. ● Il est possible de rechercher l’étiologie des mammites, au moyen des techniques traditionnelles d’isolement adaptées au contexte particulier du cabinet vétérinaire, ou grâce à l’utilisation de tests rapides. La 1re approche utilise des géloses adaptées à l’isolement des principaux genres bactériens responsables de mammites chez les ruminants, et nécessite des connaissances minimales en bactériologie. La 2nde révèle, après une première étape d’enrichissement, la présence de bactérie(s) en fonction de leurs caractéristiques biochimiques. e développement de tests rapides, dont l’utilisation requiert un faible niveau de technicité, peut faciliter le recours aux examens complémentaires en médecine bovine. Deux questions majeures restent cependant posées : quel contrôle qualité est appliqué à ces “laboratoires” intégrés au sein de cabinets vétérinaires ? Quelle valorisation de leur utilisation sera faite dans le contexte de l’élevage moderne ? ❒
L
Objectif pédagogique ❚ Connaître les utilisations les plus fréquentes du laboratoire en médecine bovine.
* NOTE cf. Témoignage “Comment gérer les analyses en clientèle bovine” de O. Legay dans ce même numéro.
Encadré - Les analyses de biochimie et d’hématologie clinique les plus effectués en pratique
- Il s’agit en premier lieu de la mesure des électrolytes sanguins pour la correction des troubles hydro-électrolytiques chez le jeune ou l’adulte. - Lors de chirurgie de la caillette, connaître l’intensité des perturbations, notamment de la kaliémie, permet une correction ajustée des déficits pour une récupération fonctionnelle plus rapide. Les déséquilibres acido-basiques devraient idéalement être appréciés par mesure du pH sanguin ou de la pression partielle en CO2. Le plus souvent, ils sont estimés de façon indirecte à travers la mesure de la bicarbonatémie. La fonction rénale est évaluée par dosage de l’urée, et de la créatinine. - Les analyses biochimiques peuvent être utiles chez la vache post-parturiente, pour confirmer les troubles de l’homéostasie Ca/P, mais aussi pour la
mesure des activités enzymatiques de l’ASAT ou de la gGT lors de suspicion de cétose/stéatose. En outre, le dosage de marqueurs spécifiques (CK) ou non spécifiques (ASAT) permet d’apprécier l’intensité des lésions musculaires chez un bovin en décubitus, ou lors de myopathie carentielle. - Le dosage des protéines totales, réalisé facilement à l’aide d’un réfractomètre, permet de rechercher la présence d’un syndrome inflammatoire chronique ou d’une hypoprotéinémie (le plus souvent d’origine digestive ou rénale). - Le dosage du fibrinogène permet de mettre en évidence une inflammation aiguë, quelle qu’en soit l’origine.
COMPRENDRE ET AGIR
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 357
témoignage comment gérer les analyses en clientèle bovine Olivier Legay Clinique vétérinaire 10, route de Rocheservière 44650 Legé
Objectif pédagogique ❚ Proposer une organisation pour la réalisation des analyses en médecine bovine.
Cet article décrit les modalités de mise en œuvre d’analyses en clientèle bovine au sein d’une clinique vétérinaire à activité essentiellement rurale.
S
i les bottes et la blouse cachou sur laquelle brillait le stéthoscope furent longtemps les attributs du vétérinaire rural, la médecine des grands animaux a su elle aussi profiter des nouvelles technologies de diagnostic, d’abord pour les maladies légalement réputées contagieuses (M.L.R.C.), puis pour des affections individuelles ou d’élevage. L’ère de la prise de sang et du laboratoire débutait dans les élevages. L’ORGANISATION INTERNE
2
Nous avons fait l’acquisition d’un Cobas-Mira qui travaille en chimie liquide (photos O. Legay).
Essentiel ❚ Les examens de laboratoire sont de loin les examens complémentaires les plus faciles à mettre en œuvre en médecine bovine. ❚ Grâce aux analyses effectuées, un diagnostic plus précis et un pronostic plus affiné permettent de ne pas persévérer dans des soins inutiles, d’un point de vue thérapeutique et financier.
La structure dans laquelle nous travaillons repose sur 10 vétérinaires. Notre activité est pour 80 p. cent rurale (50 p. cent lait - 50 p. cent viande) et 20 p. cent canine, distribuée sur deux sites installés chacun dans deux bourgades d’environ 4 000 habitants et sans laboratoire d’analyses médicales. ● Devant l’éloignement de tels établissements et les difficultés d’y faire parvenir rapidement les prélèvements dont la diligence d’exécution et de résultat est primordiale, il nous est apparu indispensable de s’équiper en homme et matériel. ● En 1991, profitant de nouveaux locaux et bien que l’activité canine était alors balbutiante, nous avons ouvert notre ”laboratoire”. ● Actuellement, une laborantine présente 20 h par semaine effectue les manipulations les plus délicates et les plus techniques. Elle veille aussi à la préparation des différents milieux de culture, à la gestion des stocks de matériels et des consommables ainsi qu’au contrôle des analyses (photo 1). En dehors de son temps de présence, les analyses biochimiques ”urgentes” sont réalisées par les vétérinaires ou de rares fois par les ASV. ●
LES SERVICES OFFERTS
COMPRENDRE ET AGIR
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Les services offerts à la clientèle sont variés : - biochimie en chimie sèche ou liquide ; - sérologie ELISA (B.V.D., paratuberculose, ●
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1
Une laborantine présente 20 h par semaine effectue les manipulations les plus délicates et techniques.
néosporose, fièvre Q) ; - parasitologie (helminthes, giardia, coccidies, cryptosporidies, … ; mais aussi dermatologie) ; - bactériologie (surtout fèces de bovin, lait mais aussi urines, écouvillons auriculaires, …) ; - analyses d’eau bactériologique et/ou chimique ; - comptage cellulaire sur lait de vache. ● A côté d’un matériel de base (microscope, centrifugeuse, colorants, réfrigérateur, nécessaire de stérilisation, …) nous avons investi dans des outils plus importants (analyseurs, étuves, lecteur ELISA, compteur cellulaire DCC pour le lait). ● En ce qui concerne la biochimie, chacun d’entre nous est équipé d’un glucomètre. Après avoir longtemps travaillé en chimie sèche -Vet Test- nous avons depuis peu fait l’acquisition d’un Cobas-Mira qui travaille en chimie liquide. Moins coûteux en consommable, plus facile d’utilisation (pas de dilution pour le sérum de bovin), il nécessite cependant beaucoup de temps pour la calibration et le contrôle (photo 2). ● Nous disposons d’un analyseur d’hématologie qui nous sert actuellement surtout en canine, et dont l’utilisation en bovine serait à développer. ● Nous ne réalisons pas les analyses demandant un équipement lourd – dosages des minéraux et oligo-éléments, hormonologie, PCR, test ADN, … – et/ou des compétences dont nous ne disposons pas comme pour l’histologie. Aussi, pour ce type d’examen nous faisons appel à des laboratoires spécialisés.
FORMATION MÉDICALE
CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre
l’épidémiologie comment exprimer les résultats d’une enquête ?
revue internationale un panorama des meilleurs articles
par Bernard Toma
Les résultats d’une étude faite sur un échantillon sont souvent extrapolés à toute la population concernée, de manière erronée. Pourquoi ne faut-il pas confondre la valeur trouvée sur l’échantillon, et la valeur réelle dans la population ? Quelles précautions respecter systématiquement pour présenter les résultats ?
rubrique dirigée par Sébastien Assié, Didier Raboisson, François Schelcher, Henri Seegers Page 91 Page 85
les exercices pratiques d’épidémiologie ... ... et leurs réponses
- Traitements et scores Page 86 Page 97
des lésions pulmonaires chez les jeunes bovins par Pierre Philippe (E.N.V. Toulouse)
- Évaluation des paramètres
étude de cas de l’internat endocardite végétante et abcès intracardiaque chez une vache laitière par Sébastien Buczinski, David Francoz
Les endocardites bovines peuvent être difficiles à diagnostiquer cliniquement. Les signes cliniques sont non spécifiques, de même que les résultats de l’examen cardiologique. Ainsi, différents examens complémentaires doivent souvent être entrepris afin d’établir le diagnostic définitif. Parmi ces examens, l’échocardiographie est un moyen non invasif et assez sensible pour détecter ce type d’anomalies cardiaques, comme l’illustre ce cas clinique ... Page 87
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de détection de l’acidose subclinique de rumen chez les vaches laitières par Alexis Kiers (E.N.V. Toulouse)
- Le syndrome hémorragique jéjunal chez la vache laitière rôle possible du Clostridium perfingens Type A dans ce syndrome par Edouard Timsit (E.N.V. Nantes)
- Obstruction intestinale par un trichobézoar chez les bovins 15 cas (1992-2002) par Raphaël Guattéo (E.N.V. Nantes)
- Position actuelle des vétérinaires ruraux face à la douleur et à l’utilisation des analgésiques chez les bovins par Sébastien Assié (E.N.V. Nantes)
- Mise en évidence de l’implication du virus du S.D.R.P., du P.C.V.2., du virus Influenza et du virus de la maladie d’Aujeszky dans des cas de pneumonie proliférative nécrosante en Espagne par Catherine Belloc (E.N.V. Nantes)
comprendre l’épidémiologie 4.
l’expression des résultats d’une enquête
Trop souvent, les résultats d’une étude faite sur un échantillon sont extrapolés à toute la population concernée, de manière erronée. Cet article explique pourquoi il ne faut pas confondre la valeur trouvée sur l’échantillon, et la valeur réelle dans la population. Il indique les précautions à respecter systématiquement pour présenter les résultats.
D
ans la quasi-totalité des cas, les résultats d’une enquête descriptive sont obtenus sur un échantillon. ● Leur exactitude et leur précision dépendent respectivement de la représentativité et de l’effectif de l’échantillon, comme indiqué dans les articles précedents*. ● Même en l’absence de tout biais (le test utilisé est sensible et spécifique, l’échantillon est représentatif et de taille suffisante), à cause du hasard, donc des fluctuations d’échantillonnage qu’il entraîne, la valeur trouvée sur l’échantillon, 10 p. cent de prévalence par exemple, n’est pas forcément tout à fait celle de la population, qui peut être de 12 p. cent. - Une nouvelle enquête faite dans les mêmes conditions que la précédente pourrait d’ailleurs, conduire à une valeur de 13 p. cent, par exemple, pour la prévalence dans l’échantillon, et une 3e enquête à une prévalence de 11 p. cent en raison du hasard. - La valeur obtenue sur un échantillon est donc une valeur mesurée, qui s’exprime par un nombre (10 p. cent ou 13 p. cent). ● La valeur réelle de la même caractéristique dans la population est inconnue, sauf si la totalité de la population est étudiée. Elle ne peut être qu’estimée à partir de la valeur trouvée sur l’échantillon, et doit, dans tous les cas où l’étude a été faite sur un échantillon, être exprimée sous forme d’une zone de valeurs, c’est-à-dire d’une fourchette ou intervalle de confiance (encadré).
Encadré - L’expression du résultat d’une enquête descriptive
Le résultat obtenu sur un échantillon, et qui estime la valeur d’une caractéristique de la population, doit toujours être exprimé par un intervalle de confiance.
COMMENT DÉTERMINER L’INTERVALLE DE CONFIANCE Si, dans une population donnée, on effectuait plusieurs dizaines d’enquêtes semblables sur autant d’échantillons au même moment, les résultats de prévalence obtenus sur ces échantillons seraient distribués sous forme d’une courbe en cloche (asymétrique pour des valeurs de prévalence proches de 0 ou de 1), autour de la valeur réelle dans la population. ● Cette distribution, dite ”normale”, peut être appliquée, sous certaines conditions, au résultat unique, que l’on obtient à partir d’un seul échantillon issu d’une population. Ainsi, si le nombre de sujets dans l’échantillon est suffisant, il est possible de considérer que la probabilité d’avoir la valeur réelle dans la population, au sein de zones définies à partir de la valeur trouvée sur l’échantillon, correspond à celle de la loi normale : - Valeur ± un écart-type : 68 p. cent - Valeur ± deux écarts-type : 95 p. cent - Valeur ± trois écarts-type : 99 p. cent ● En définissant le risque que la valeur réelle soit située à l’extérieur de la zone de valeur retenue (“risque d’erreur accepté”), on peut donc exprimer le résultat d’une enquête sur un échantillon, en prenant l’intervalle où peut se trouver cette valeur réelle. Si ce risque d’erreur accepté est de 5 p. cent (habituel), la valeur située de part et d’autre du résultat obtenu est de deux écarts-type, soit : Intervalle de confiance de pp = pe ± 2σ avec : - pp : prévalence dans la population - pe : prévalence dans l’échantillon - σ : écart-type ●
Bernard Toma Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons Alfort cedex
Objectif pédagogique Savoir distinguer le résultat obtenu sur l’échantillon et sa valeur dans la population.
NOTE *Cf. les articles “Comprendre l’épidémiologie” du même auteur parus dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé : 1. ”Incidence et prévalence” N°1, 2006,88-90. 2.”La représentativité de l’échantillon” N°2, 2006,174-176. 3.”Quel est le nombre de sujets nécessaires dans un échantillon” N°3, 2006,259-262.
Essentiel ❚ Même en l’absence de tout biais, à cause du hasard, donc des fluctuations d’échantillonnage qu’il entraîne, la valeur trouvée sur l’échantillon n’est pas forcément tout à fait celle de la population. ❚ Le résultat obtenu sur un échantillon doit toujours être exprimé sous forme d’une zone de valeurs, c’est-à-dire d’une fourchette ou intervalle de confiance.
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étude de cas de l’internat endocardite végétante et abcès intracardiaque chez une vache laitière Le diagnostic d’une affection cardiaque chez un bovin nécessite la mise en œuvre d’examens complémentaires, parmi lesquels l’échocardiographie joue un rôle essentiel.
ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS ● Une vache Holstein de grande valeur, âgée de 5 ans, non gestante, au 4e mois de lactation, présente une anorexie, une distension des veines jugulaires et un très léger œdème du fanon. ● Cette vache provient d’un troupeau de bonne valeur génétique, sans troubles particuliers, hormis des boiteries liés à une acidose sub-clinique. L’animal a d’ailleurs été traité pour une boiterie d’un onglon antérieur dans les mois qui précèdent. ● Une semaine avant la consultation, la vache a présenté une augmentation de la température, une hypermotilité ruminale et des fécès en faible quantité, contenant des aliments mal digérés. Elle a été traitée pour une suspicion de corps étranger (antibiothérapie et aimant), et semble avoir bien répondu à ce traitement. ● Le vétérinaire traitant suspecte une complication de réticulo-péricardite traumatique, en raison de l’apparition de signes de défaillance cardiaque. L’animal est référé afin de déterminer si une péricardiostomie est possible et indiquée [4].
EXAMEN CLINIQUE ● A son arrivée au Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire (C.H.U.V.) de SaintHyacinthe, la vache est en faible état corporel (note d’état de 2,5/5).
Département des Sciences Cliniques Faculté de Médecine Vétérinaire 3200 rue Sicotte, Saint-Hyacinthe Québec, Canada J2S 7C6
Objectifs pédagogiques Identifier et différencier les affections cardiaques chez les bovins, à l’aide d’examens complémentaires, l’échographie notamment.
L
es endocardites bovines peuvent être difficiles à diagnostiquer cliniquement. Les signes cliniques sont non spécifiques, de même que les résultats de l’examen cardiologique. Ainsi, différents examens complémentaires doivent souvent être entrepris afin d’établir le diagnostic définitif. Parmi ces examens, l’échocardiographie est un moyen non invasif et assez sensible pour détecter ce type d’anomalies cardiaques, comme l’illustre ce cas clinique.
Sébastien Buczinski David Francoz
1 Aspect échographique de la coupe
Les muqueuses sont pâles. La température (38,7 ºC) et la fréquence respiratoire (20 respirations/min) sont normales. L’animal présente en revanche une légère tachycardie (92 battements/min). ● Une distension jugulaire sans pouls jugulaire est notée. La veine mammaire semble également être sous tension, car elle est beaucoup moins souple qu’à l’habitude. Un œdème du fanon est objectivé par un signe de godet positif. L’animal présente aussi une légère épistaxis unilatérale droite. ● L’auscultation respiratoire est normale. Les bruits cardiaques sont d’intensité normale, mais un souffle protosystolique (lors du premier bruit cardiaque) est constaté au niveau basal droit. Il n’est pas audible à gauche. ● L’auscultation digestive révèle un rumen hypomotile (2 contractions incomplètes par 3 minutes). À l’examen transrectal, le contenu rectal est peu abondant. La vache n’est pas gestante et présente une bonne involution utérine. Aucune autre anomalie n’est révélée par l’examen clinique. ●
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ● La vache présente des signes d’insuffisance cardiaque congestive droite, pour laquelle les principales hypothèses diagnostiques sont : - une réticulo-péricardite traumatique ; - une endocardite bactérienne végétante ; - un cœur pulmonaire, associé à une maladie pulmonaire chronique et à une hypertension pulmonaire ;
4 cavités du cœur de la vache. L’abord est réalisé par le thorax droit [2]. - Les ventricules droit et gauche (VD et VG) sont séparés par le septum inter-ventriculaire (SIV). - Les oreillettes droites et gauches sont également visibles. - La valve tricuspide (T) est anormalement épaissie et irrégulière. - La valve mitrale n’est pas visualisée sur cette vue (photo S. Buczinski, C.H.U.V. Saint-Hyacinthe).
Hypothèses diagnostiques ❚ Réticulo-péricardite traumatique. ❚ Endocardite bactérienne végétante. ❚ Cœur pulmonaire. ❚ Leucose bovine.
Motifs du référé ❚ Anorexie, distension des veines jugulaires, très léger œdème du fanon. ❚ Suspicion de complication de réticulo-péricardite.
FMC Vét
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TRAITEMENTS ET SCORES DES LÉSIONS PULMONAIRES chez les jeunes bovins Matériel et méthode Animaux - 2036 jeunes bovins entre 5 et 10 mois d’âge (150 à 300 kg) en deux lots de mâles castrés ou de femelles, en Afrique du Sud. - Intervention systématique lors de l’allotissement : - vaccination : RS, BVD, IBR, Pi3, botulisme, anthrax ; - anabolisants : zéranol (36 mg), trenbolone (140 mg), 17‚ œstradiol (28 mg) - Poids moyen à l’abattage : 433,1 kg - Durée moyenne d’engraissement : 137 jours ● Traitements lors de maladie respiratoire - critères d’inclusion : animal avec dyspnée, jetage et/ou température rectale > 40°C - schéma thérapeutique : - J1 : oxytétracycline (10 mg/kg IV) et tylosine (10 mg/kg I.M.). - J2 : oxytétracycline (10 mg/kg I.M.) - J3 : triméthoprime sulfamide (15 mg/kg I.M.) - lésions pulmonaires à l’abattoir : score broncho-pneumonie de 0 à 2 ; score de pleurésie de 0 à 2 - enregistrement des G.M.Q. ●
Résultats et discussion ● L’incidence maximale des maladies respiratoires est survenue 18 jours après la mise en lots.
Sur 2036 animaux, 22 p. cent (461/2036) ont reçu un traitement et 43 p. cent (872/2036) étaient atteints de lésions pulmonaires (8,6 p. cent avec bronchopneumonie et 38,8 p. cent avec pleurésie). Parmi ces derniers, 70 p. cent (607/872) n’avaient eu aucun traitement. ● Le critère ‘‘traitement’’ a été associé à + 2,69 jours d’engraissement par rapport aux bovins non traités et sans lésion, comparativement au critère ‘‘lésions pulmonaires’’ (+ 5,52 jours) et aux critères ‘‘traitement et/ou lésions’’ (+ 5,1 jours). ● Les lésions de pleurésie (plus de 50 p. cent de la surface atteinte) ont été associées à une diminution de la croissance (- 0,22 kg/jour) des jeunes bovins en début de période d’engraissement (0 à 35 jours), tandis que les lésions extensives de broncho-pneumonie l’ont été (- 0,088 kg/jour) en fin de période d’engraissement (35 jours à l’abattage).
Objectif de l’étude ❚ Évaluer ; - les relations entre les lésions pulmonaires détectées à l’abattoir et/ou les traitements pour maladies respiratoires - l’impact des lésions pulmonaires sur la croissance.
Journal of Animal Science 2006;84(2):488-98 Use of treatment records and lung lesion scoring to estimate the effect of respiratory disease on growth during early and late finishing periods in South African feedlot cattle.
Conclusion
Thompson PN, Stone A, Schultheiss WA
L’utilisation du seul critère traitement conduit à une sous-évaluation marquée de la fréquence des lésions respiratoires. ● Les maladies respiratoires (traitement et/ou lésions) ont été associées à un retard de croissance moyen de 24 g/jour, à l’échelle du troupeau sur toute la période d’engraissement, par rapport aux animaux non atteints de troubles respiratoires. ❒ ●
Synthèse par Pierre Philippe, E.N.V.T.
ÉVALUATION DE PARAMÈTRES DE DÉTECTION DE L’ACIDOSE SUBCLINIQUE du rumen chez les vaches laitières Matériel et méthode ● Les observations ont été réalisées au Danemark, dans six troupeaux d’effectif moyen de 54,7 vaches laitières (extrêmes 37 et 92), de production moyenne comprise entre 6 901 à 8 720 kg de lait / vache /an, et avec des rations différentes sur les plans qualitatif et quantitatif, comportant notamment de l’ensilage d’herbe et des betteraves. Dans ces six troupeaux, une suspicion d’acidose subclinique du rumen (ASR) a été initialement établie sur les dires du vétérinaire praticien. ● Les données de production laitière, les événements sanitaires et le rationnement ont été enregistrés. ● Sur 9 à 10 vaches laitières (4 à 5 en début de lactation et en milieu de lactation) par troupeau, sans historique récent de maladie ou de période d’anorexie, plusieurs analyses ont été effectuées à partir de : - liquide ruminal : pH (pHmètre), acides gras à courte chaine (acétate, propionate, (iso) butyrate, (iso) valérate) ; - plasma hépariné : lactate déshydrogénase (LDH), bétahydroxybutyrate (BHB) ; - sérum : dosage de la fructosamine (FR) ; - urine : pH, dosage de la créatinine et du
Objectifs de l’étude
phosphate inorganique, évaluation de l’excrétion acido - basique nette (NABE = Net Acid Base Excretion) ; - des bouses : pH. ● Le liquide ruminal a été prélevé par sondage (SR), à l’aide d’une sonde théoriquement conçue pour éviter une contamination salivaire et par ruminocentèse (RC) (aiguille 160 x 2 mm sous anesthésie locale). Résultats - Discussion ● Sur les 12 mois précédant l’étude, la prévalence globale des affections cliniques (cétose, déplacement de la caillette, anorexie, fourbure) était comprise dans trois troupeaux entre 11 et 30 p. cent des vaches laitières ; dans deux élevages, cette prévalence était inférieure à 4 p. cent, et dans un élevage les informations n’étaient pas disponibles. ● Le pH ruminal moyen des 9 ou 10 vaches prélevées après ruminocentèse, était compris entre 5,64 et 6,25 selon l’élevage. ● Sur les 58 animaux prélevés par les deux méthodes, ruminocentèse et sondage ruminal, la médiane des pH ruminaux par ruminocentèse était de 5,96 contre 6,67 par sondage ruminal. La corrélation entre les deux techniques est faible (0,33 ; p = 0,019).
❚ Comparer le sondage ruminal et la ruminocentèse pour évaluer le pH ruminal. ❚ Étudier la distribution des valeurs de pH obtenues en fonction des facteurs troupeau, parité et stade de lactation et les relations entre le pH ruminal, et différents paramètres sanguins, urinaires, fécaux et du lait.
Veterinary Research Communications 2004 ;28 : 687-709 An evaluation of parameters for the detection of subclinical rumen acidosis in dairy herds. Enemark JMD, Jorgensen RJ, Kristensen NB
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 367
revue internationale - un panorama des meilleurs articles Le pH ruminal était corrélé positivement au stade de lactation (r = 0,29, p = 0,026) mais sans différence significative entre les deux groupes du début de lactation et de milieu de lactation. ● Le pH ruminal obtenu par ruminocentèse était significativement (p = 0,014) plus faible chez les primipares que chez les multipares. ● Le pH moyen des bouses (valeurs extrêmes 5,71et 6,62) est apparu comme très mal corrélé (r = - 0,078 ; p= 0,65) au pH ruminal obtenu après ruminocentèse. ● Le pH moyen de l’urine était de 8,11 +/- 0,32 (valeurs extrêmes 7,87 et 8,51). Le pH moyen des vaches dans le premier mois de lactation était significativement plus faible qu’après 1 mois de lactation (7,92 vs 8,19). Le pH urinaire était logiquement bien corrélé à l’excrétion nette acido-basique (r = 0,57 ; p< 0.001), et inversement corrélé à l’excrétion urinaire de phosphore (r = - 0,51 ; p<0,001). ● Le taux butyreux était très mal corrélé avec le pH ruminal sur les vaches dans leur premier mois ●
Synthèse par Alexis Kiers, E.N.V.T.
NOTE * - Décrit pour la première fois en France dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé n°3, 263-267.
Physiol Pathol Clin Med. 2006;53(10):518-23. Haemorrhagic Bowel Syndrome in Dairy Cattle : possible role of Clostridium perfringens type A in the disease complex. Ceci L, Paradies P, Sasanelli M, de Caprariis D, Guarda F, Capucchio MT, Carelli G.
● Le syndrome hémorragique jéjunal (S.H.J.) se caractérise par une entérite nécro-hémorragique aiguë de l'intestin grêle, avec formation de caillots sanguins intraluminaux touchant préférentiellement le jéjunum. ● L’étiologie, la pathogénie et les facteurs prédisposant sont encore peu connus. Cependant, des chercheurs américains ont indiqué l’implication potentielle de Clostridium perfringens type A, et notamment du Clostridium perfringens type A avec le gène ß2.
Matériel et méthodes 11 vaches Brune des Alpes ayant montré une dépression, une anorexie, une agalactie, une hypomotilité ruminale, des douleurs abdominales et du méléna entre avril et juillet 2004, ainsi que 2 vaches laitières de réforme comme témoins. ● Pour chaque animal, un examen clinique, une analyse sanguine (hématologie, biochimie) et urinaire ainsi qu’un examen parasitologique des matières fécales ont été réalisés. - 9 animaux sur 11 ont été euthanasiés dès l’apparition des signes cliniques et autopsiés dans les 3 heures suivant la mort. De nombreux prélèvements (caillette, intestins, nœuds lymphatiques, foie, rein, cœur et vessie) ont été réalisés en vue d’examens histologiques et bactériologiques. - Une P.C.R. multiplex (polymerase chain reaction) a été réalisée, afin de génotyper les souches de Clostridium isolées et d’identifier les gènes codant pour les toxines α, ß, ß2, ε, ι et les entérotoxines. ●
Résultats
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 368 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
Conclusion L’intérêt de cette étude est limité : - par l’absence de critères objectifs utilisés comme “gold standard” pour définir les élevages à acidose subclinique du rumen ; - par la diversité des élevages retenus, tant sur le plan des résultats sanitaires que des systèmes de rationnement. ● Malgré de faibles différences de pH mesuré entre le sondage ruminal et la ruminocentèse, il apparaît qu’une contamination salivaire, même de faible intensité, n’a pas pu être évitée lors de sondage ruminal. La technique de ruminocentèse, bien tolérée, est donc à recommander. ❒ ●
LE SYNDROME HÉMORRAGIQUE JÉJUNAL CHEZ LA VACHE LAITIÈRE* : rôle possible du Clostridium perfringens type A dans ce syndrome
Objectif de l’étude ❚ Démontrer le rôle possible du Clostridium perfringens type A dans le syndrome hémorragique jéjunal chez la vache laitière.
de lactation. En revanche, sur les vaches à plus de 1 mois lactation, une liaison positive (r = 0,31 ; p= 0,059) a été observée entre pH ruminal après ruminocentèse et le taux butyreux. ● Les autres critères notamment sanguins ont semblé peu liés au pH ruminal.
Lors des examens cliniques, les signes suivants ont été observés : dépression, anorexie, agalac-
●
92
tie, hypomotilité ruminale, douleurs abdominales et méléna, caillots sanguins dans les matières fécales et constipation, mais aussi bruxisme, tremblements, normo/hypothermie, tachycardie, tachypnée, et signes de choc. ● Les examens hématologiques et biochimiques ont révélé une leucocytose avec une neutrophilie et une lymphopénie, une augmentation de l’activité sérique des enzymes : créatine kinase (C.K.), gamma glutamyl transférase (Á-G.T), lactate désydrogénase (L.D.H.), aspartate amino transférase (A.S.T.) et une hyperglycémie. ● A l’examen post-mortem, 8 vaches sur 11 présentaient une entérite nécro-hémorragique diffuse avec des caillots adhérents à la muqueuse et une dilatation des intestins en amont de ces derniers. Deux vaches répondant à une thérapie de soutien n’ont pas été euthanasiées. ● Les examens histologiques ont montré une entérite nécro-hémorragique modérée à sévère, souvent associée à une destruction totale de la muqueuse, à une hémorragie sévère et à la présence d’hématomes dans la sous-muqueuse, la musculeuse et la séreuse du jéjunum. ● Les analyses bactériologiques post-mortem et le génotypage des souches ont permis d’isoler Clostridium perfringens type A sur 7 animaux dont 4 Clostridium perfringens type A avec le gène codant pour la toxine ß2. Discussion ● Les examens réalisés ont permis de diagnostiquer 8 cas de syndrome hémorragique jéjunal et 1 cas de péritonite aiguë. Pour les 2 vaches qui ont répondu au traitement de soutien, le diagnostic reste incertain. ● La neutrophilie observée est probablement secondaire à une infection bactérienne.
revue internationale - un panorama des meilleurs articles ● L’hyperglycémie est liée à la libération d’hormones de stress. ● L’augmentation des enzymes hépatiques (Á-G.T., L.D.H., A.S.T.) signe une atteinte du foie, sans doute induite par le passage de toxines dans le sang au niveau de la zone intestinale lésée. ● L’augmentation des C.K. marque une dégénérence musculaire induite par une toxémie et/ou un décubitus. ● La présence de Clostridium perfringens type A (dont 4 ayant le gène β2) sur 7 animaux suggère
une implication de Clostridium perfringens dans le syndrome hémorragique jéjunal (S.H.J.). Cependant, à l’heure actuelle, on ne sait pas s’il peut induire seul un S.H.J. ou si des facteurs prédisposant sont nécessaires. ● Une vaccination à l’aide d’un vaccin inactivé contenant les différentes toxines de Cl. Perfrigens (mais pas la toxine β2) pourrait être mise en place. Cependant, aucune protection contre le syndrome hémorragique jéjunal n’a été démontrée.
❒
OBSTRUCTION INTESTINALE PAR UN TRICHOBÉZOAR CHEZ LES BOVINS : 15 cas (1992-2002) Matériel et méthode
Données de l’examen clinique général
Données : - Recensement des dossiers médicaux du centre vétérinaire du Saskatchewan (Western college), pour lesquels un diagnostic d’obstruction intestinale par un trichobézoar a été posé. - Pour chaque dossier, les commémoratifs, le motif de consultation, le signalement de l’animal, la période de l’année, l’examen clinique, la nature du traitement, les résultats de ce dernier et le devenir de l’animal ont été recensés. ● Analyses statistiques : Les données ont été traitées à l’aide de méthodes statistiques purement descriptives. ●
Résultats 15 dossiers ont ainsi pu être ainsi recensés. 13 animaux sur 15 sont de race à viande (7 mâles et 8 femelles), 10 animaux sur 15 ont moins d’1 an. ● Période de l’année : 3 pics : 3 cas en Avril, 4 en Mai et 2 en Novembre. ● Anamnèse rapportée par les éleveurs : dysorexie à anorexie, diminution de la quantité de fèces, distension abdominale, coliques, sur une période de 1 à 11 jours.
Paramètres
Médiane
Min-Max
●
Température rectale
38,6°C
32,4 - 40,3°C
●
Fréquence respiratoire
16 mpm
16 - 96
●
Fréquence cardiaque
98 bpm
60 - 160
Résultats complémentaires Signe clinique
Nombre d’animaux
●
Déshydratation
10
●
Hypomotilité ruminale
8
●
Succussion liquidienne abdomen droit
8
●
Ping à l’auscultation percussion abdominale droite
4
●
Décubitus
4
●
Cétose
2
●
Diarrhée
1
●
Prolapsus rectal
1
●
Synthèse par Edouard Timsit, E.N.V.N.
Objectif de l’étude ❚ Étude rétrospective visant à décrire l’historique, les données cliniques, le traitement et le devenir de 15 bovins atteints d’obstruction intestinales par un trichobézoard.
J. Am. Vet. Med. Assoc., 229(10):1627-1630 Obstruction of the small intestine by a trichobézoar in cattle: 15 cases (1992-2002) Abutarbush SA, Naylor JM
Résultats des examens complémentaires Paramètre
Médiane
Min - Max
103/mm3
103/mm3
Valeurs normales 4000 - 12000 103/mm3
●
Leucocytes
●
Fibrinogène
8 g/l
5-12 g/l
2 - 7 g/l
pH veineux ● Bicarbonates ● Sodium ● Potassium ● Chlore
7,4 28,9 mEq/l 135 mEq/l 3,4 mEq/l 77 mEq/l
7,2-7,5 20,2 - 62,6 mEq/l 118 - 146 mEq/l 1,9 - 5,3 mEq/l 50 - 104 mEq/l
7,35 - 7,50 20 - 30 mEq/l 132 - 152 mEq/l 3,9 - 5,8 mEq/l 95 - 110 mEq/l
●
14600
● Une laparotomie a été pratiquée chez 9 bovins : pour 8 d’entre eux, le trichobézoar a été extrait par entérotomie, tandis que pour le dernier un taxis externe a suffi à déliter le trichobézoar. Certains animaux ont dû faire l’objet d’une abomasotomie pour retirer de volumineux trichobezoar de la caillette. Parmi ces 9 bovins, 7 ont survécu et 2 sont morts des suites d’une bronchopneumonie par fausse déglutition (lors de l’intervention chirurgicale) et d’une péritonite diffuse. Les bovins ayant fait l’objet uniquement d’un traitement médical sont tous morts.
5000-24000
Les segments concernés par l’obstruction étaient : le duodénum (n=3), le jéjunum (n=10) et l’iléon (n=10).
●
Discussion ● La période hivernale semble plus propice (mais faible nombre de cas pour conclure) : période de changement de pelage. ● Anamnèse de type occlusion intestinale mais pas suraiguë ou aiguë (caractère languissant) : critère d’alerte pour suspecter un trichobézoar. ● Les jeunes animaux sont les plus touchés :
Synthèse par Raphaël Guattéo E.N.V.N.
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 369
revue internationale - un panorama des meilleurs articles comportement de léchage plus développé. ● La palpation transrectale n’a pas permis (exception faite pour un bovin) de suspecter cette affection : l’échographie transabdominale paraît plus prédictive. ● Les données des examens complémentaires rapportées sont en accord avec un phénomène d’occlusion intestinale avec stase. ● L’acidose (paradoxale si stase intestinale) observée peut être expliquée par une déshydrata-
POSITION ACTUELLE DES VÉTÉRINAIRES RURAUX
Objectif de l’étude
face à la douleur et à l’utilisation des analgésiques chez les bovins
❚ Évaluer la prise en compte et la perception de la douleur des bovins par les vétérinaires ruraux travaillant en Grande-Bretagne.
MATÉRIEL ET MÉTHODE Un questionnaire a été envoyé à 2391 vétérinaires ruraux de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Une lettre d’accompagnement expliquait les objectifs du projet, assurait les vétérinaires de l’anonymat des réponses, estimait le temps nécessaire pour remplir le questionnaire. ● Le questionnaire comportait quatre séries de questions permettant au vétérinaire interrogé : 1. de se présenter (état civil, parcours scolaire réalisé, année de sortie, formations continues, caractéristiques de leur clientèle, …) ; 2. de citer les A.I.N.S., les ß2-agonistes, les anesthésiques locaux et tout autre agent analgésique utilisés en pratique ; 3. d’exposer la procédure analgésique qu’il réaliserait pour une liste de procédures chirurgicales et d’affections des bovins adultes proposées ; 4. d’estimer la douleur ressentie par les bovins, à l’aide d’une échelle de douleur graduée de 1 à 10 subissant certaines interventions chirurgicales ou souffrant de certaines affections proposées. ●
Veterinary record 2006;159:662-668 Current attitudes of cattle practitioners to pain and use of analgesics in cattle Huxley JN, Whay HR.
Résultats et discussion
Synthèse par Sébastien Assié, E.N.V.N
●
Au final, 615 questionnaires ont été exploités.
Les vétérinaires ayant répondu avaient fini leurs études entre 1961 et 2004. 72,6 p. cent des répondants étaient des hommes et 27,4 p. cent des femmes. ● Les AINS les plus cités étaient la flunixine, le meloxicam et le ketoprofen. ● Le ß2-agoniste le plus cité était la xylazine, les anesthésiques locaux les plus cités étaient la procaïne et la lidocaïne. ● Les interventions perçues comme les plus douloureuses étaient : - chez les bovins adultes : l’amputation d’onglon ; - chez les veaux : la chirurgie de l’ombilic et la fracture appendiculaire basse. ● Les vétérinaires ayant terminé leurs études récemment estimaient un score de douleur significativement plus élevé par rapport aux vétérinaires plus âgés pour de nombreuses affections. ● L’utilisation d’analgésique est largement répandue, mais pourrait ne pas avoir évolué en Angleterre depuis l’année 2000. La proportion de vétérinaires qui administrent des A.I.N.S. après césarienne est comparable à celle trouvée dans une étude réalisée cette année-là. ❒ ●
MISE EN ÉVIDENCE DE L’IMPLICATION DU VIRUS DU S.D.R.P., DU P.C.V.2., DU VIRUS INFLUENZA ET DU VIRUS DE LA MALADIE D‘AUJESZKY
Objectif de l’étude ❚ Rechercher les agents pathogènes viraux à tropisme respiratoire dans les lésions de 74 cas de pneumonie proliférative nécrosante sur des porcs de post-sevrageen Espagne.
dans des cas de pneumonie proliférative nécrosante en Espagne Matériel et méthode ● La pneumonie proliférative et nécrosante du porc est une forme sévère de pneumonie interstitielle, caractérisée sur le plan histologique par une prolifération des pneumocytes de type 2 et la présence de cellules nécrosées dans la lumière des alvéoles pulmonaires. Plusieurs virus ont été incriminés dans l’étiologie de cette affection : le virus du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (S.D.R.P.), notamment en Amérique du Nord, mais également le virus de la grippe porcine et le circovirus porcin de type 2 (P.C.V.2). ● Un examen histologique a été pratiqué et les virus ont été recherchés par hybridation in situ (pour le P.C.V. 2) et par immuno-histochimie pour le virus du S.D.R.P., le virus de la grippe porcine et le virus de la maladie d’Aujeszky.
Veterinary Microbiology 2007;119:144-151 Detection of porcine reproductive and respiratory syndrome virus, porcine circovirus type 2, swine influenza virus and Aujeszky’s disease virus in cases of porcine proliferative and necrotizing pneumonia (P.N.P.) in Spain Grau-Roma L, Segales J
Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V.N.
Conclusion ● Les agents les plus fréquemment retrouvés ont été le P.C.V.2 (63 cas), le S.D.R.P. (33 cas),
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 370 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
tion intense, une hypoperfusion et la production massive d’acide lactique. ● La chirurgie est la thérapeutique de choix, le pronostic étant assombri notoirement si l’abomasum doit être ouvert pour retirer d’autres trichobézoars. ● Le pronostic d’une obstruction limitée à l’intestin par un trichobézoar est plutôt bon, la laparotomie doit se pratiquer dès la suspicion d’occlusion formulée. ❒
94
le P.C.V.2 étant le seul agent détecté dans 29 prélèvements, alors que le S.D.R.P. était seul présent dans trois cas. Les virus de la grippe et de la maladie d’Aujeszky n’ont été mis en évidence que rarement (trois et un prélèvement(s) respectivement) et toujours associés au P.C.V. 2. Dans huit cas, aucun des virus recherchés n’a été mis en évidence. De plus, la quantité de virus présent dans les lésions était supérieure en cas d’infection par le P.C.V. 2.
●
Ces résultats mettent en évidence l’implication du P.C.V. 2. comme cause majeure de pneumonie nécrosante en Europe, rôle plutôt dévolu au virus du S.D.R.P. en Amérique du Nord. Il est possible que la répartition géographique de souches de ces virus avec des pouvoirs pathogènes différents soit à l’origine de cette discordance. ❒
●
test clinique
les réponses
un cas de dyschromie dentaire chez un veau charolais 1 Qu’évoque ce dernier symptôme ? ● Ce dernier symptôme évoque une porphyrie érythropoïétique (coloration rose saumon homogène). ● Mis à part le précipité jaunâtre, puis noir, lié au dépôt physiologique de tartre au collet, et aux bords mésiaux et distaux des dents, l’émail est normalement blanc, lisse et poli par les frottements. Les autres colorations sont pathologiques. 2 Quel examen complémentaire peut-on envisager ? ● Le seul test complémentaire réalisable au chevet de l’animal est l’exposition des dents à la lumière ultraviolette, qui révèle une fluorescence rose, contrastant avec la blancheur des dents normales. Les urines, également fluorescentes, ont une coloration tendant vers le brun. 3 Quel est votre pronostic ? ● Il n’existe pas de traitement. Les précautions à prendre consistent à conserver les animaux atteints à l’abri des rayons ultraviolets. ● Le pronostic vital est toujours réservé à moyen terme. COMMENTAIRES ET DISCUSSION Diagnostic différentiel des dyschromies dentaires Les dyschromies dentaires peuvent avoir plusieurs origines chez les bovins : - certaines porphyries ; - la fluorose ; - les intoxications médicamenteuses ; - les traumatismes ; - les paralysies du nerf facial.
●
Les causes des dyschromies non uniformes
La fluorose est une intoxication chronique par absorption de résidus toxiques, qui sévissait, en France, sous forme anazootique, dans certaines vallées où sont situées les industries de l’aluminium (rejet d’acide hydrofluorique, tétrafluorures de silice). Les troubles observés dépendent de la quantité de fluor ingérée (27 parties par million dans la ration suffisent pour provoquer, expérimentalement, des taches dentaires). ● La fluorose dentaire atteint les dents définitives des animaux exposés au toxique pendant leur croissance. ● Les dents sont tâchées de points ou de stries transversales, pigmentées en jaune, en vert ou en noir. L’émail est atteint, ●
Observation originale
Régis Braque
décalcifié, ce qui entraîne une usure rapide. Les atteintes des gencives sont plus tardives. Cette affection provoque également une hypoplasie de la dentine. ● Certaines intoxications médicamenteuses bien connues sont responsables de dyschromies. Les tétracyclines s’accumulent dans les tissus osseux et dentaires (nouveau-nés, prématurés), en chélatant les ions calcium. Les dents sont alors marquées de stries jaunes ou brunes. ● En cas de traumatisme dentaire, l’hémorragie pulpaire donne à la dent une coloration violacée. La dent peut s’avérer douloureuse à la percussion, mais ce symptôme n’est pas flagrant chez les ruminants. De plus, ces traumatismes sont rares ou sousdiagnostiqués, et ils n’intéressent en général qu’une ou deux dents, rarement plus. ● Lors de paralysie faciale, un dépôt noir se forme sur les dents. La coloration progresse de l’incisive latérale vers l’incisive centrale du coté atteint. Cette coloration noire unilatérale est presque pathognomonique (photo 3). Lors de la guérison, cette coloration disparaît dans le sens inverse de son apparition. ● Contrairement à toutes ces dyschromies, la coloration rencontrée dans la porphyrie érythropoïétique congénitale bovine est uniforme.
Cabinet Les vignes de la Fontaine 41, rue du faubourg de Moulins 58240 Saint-Pierre le Moutier
3 Paralysie faciale droite. Noter le dépôt de tartre noir du côté atteint (photo R. Braque).
Les causes de dyschromies uniformes ● La porphyrie érythropoïetique congénitale ou ostéohémochromatose, a été identifiée à travers le monde (USA, Canada, Argentine, Europe…), dans diverses races (Holstein, Shorthorn, Danoise, Rouge et Noir de la Jamaïque). ● Le trouble métabolique est un déficit en urobilinogène cosynthétase, qui entraîne une surproduction d’uroporphyrine I et de coproporphyrine I (figure). Ces deux éléments s’accumulent dans l’organisme, en particulier au niveau de la peau et des tissus osseux et dentaires. La coproporphyrine colore les os en brun et les dents (déciduales surtout) en rose saumon ou brun. ● Les autres signes cliniques sont frustres : anémie chronique par hémolyse, retard de croissance et photosensibilisations dès le plus jeune âge, en cas d’exposition aux rayons ultraviolets, avec l’apparition de croûtes dans les zones non pigmentées, et d’une dermite exsudative.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé NOVEMBRE / FÉVRIER 2007 - 371
test clinique - un cas de dyschromie dentaire chez un veau charolais Tableau - Quelques porphyries humaines et animales Déficits enzymatiques
Métabolisme ●
●
●
Porphyries érythropoïétiques Porphyries hépatiques aiguës
- Aminolévulinate synthétase γ-aminolévulinate (A.L.A.) - Aminolévulinate déshydrase Porphobilinogène (P.B.G.) - Porphobilinogène désaminase
Glycine + Succinyl-CoA
●
Pré-urobilinogène
●
Uroporphyrinogène III
●
Coproporphyrinogène III
●
Protoporphyrinogène IX
●
Protoporphyrine IX
Porphyries hépatiques cutanées
Glycine
- Ferrochélatase
Succinyl-CoA
γ-aminolévulinate (A.L.A.) Porphobilinogène Pré-urobilinogène Urobilinogène cosynthétase Uroporphyrinogène I Uroporphyrinogène III Uroporphyrine I
Uroporphyrine III Coproporphyrinogène III
Coproporphyrinogène I
Coproporphyrine I
Hème
Lors de déficit en urobilinogène cosynthétase, le métabolisme est orienté vers la production d’uroporphyrine I et coproproporphyrine I
La transmission de cette maladie génétique a été étudiée chez le bovin. Elle est de type mendélien autosomal récessif. Les deux parents doivent être porteur de l’anomalie.
●
Pour en savoir plus Rhode EA, Cornelius CE. Congenital porphyria (pink tooth) in Holstein-Friesian calves in California, J A V M A, 1958;112-16. ● Schelcher F, Delverdier M, Bézille P, Cabanié P, Espinasse J. Observation on bovine congenitale erythrocytic protoporphyria in the blonde d’aquitaine breed. The Veterinary Record 1991;403-06. ● Scott DW. Large Animal Dermatology. Philadelphia : W. B. Saunders Company, 1988:487p. ● Sterry W, Paus R. Checklists de médecine Dermatologie, 3e éd. Paris : Thienne et Maloine, 2002:722p. ● Wass WM, Hoyt HH. Bovine congenital porphyria : studies on heredity. Am J Vet Res 1965;26(112):654-65. ●
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 372 - NOVEMBRE / FÉVRIER 2007
Classification des porphyries ● En médecine humaine, les porphyries sont des maladies rares mais bien connues . Elles sont caractérisées par l’accumulation de pigments photosensibilisants, produits lors de troubles du métabolisme de l’hémoglobine ou de l’hème (tableau). ● Les porphyries acquises sont représentées principalement par le saturnisme, les autres sont congénitales et héréditaires. L’absence ou l’insuffisance d’une enzyme provoque la surproduction de certains métabolites et leur accumulation dans l’organisme.
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- Porphyrie de Doss
- Porphyrie aiguë intermittente - Porphyrie - Urobilinogène érythropoïétique cosynthétase congénitale (maladie de Günther) - Porphyrie cutanée - Urobilinogène tardive décarboxylase familiale/sporadique - Coproporphyrinogène - Coproporphyrie oxydase héréditaire - Protoporphyrinogène - Porphyrie variegata oxydase
Figure - Le métabolisme du porphobilinogène
Coproporphyrine III
Porphyries Maladies humaines Maladies bovines
- Protoporphyrie érythropoïétique
- Porphyrie érythropoïétique congénitale ou ostéohémochromatose
- Protoporphyrie bovine
● Il est habituel de différencier selon le tissu où prédomine le trouble métabolique, les porphyries érythropoïétiques et les porphyries hépatiques. Ces dernières sont ellesmêmes scindées en porphyries aiguës (crises avec douleurs abdominales, troubles neurologiques et psychiatriques) et porphyries cutanées (photosensibilisation). ● En médecine vétérinaire, les porphyries érythropoïétiques sont connues sous les deux formes existant chez l’Homme. Outre les bovins, la porphyrie érythropoïétique a aussi été décrite chez le porc, chez le lapin et chez le chat. ● La protoporphyrie bovine n’a été reconnue qu’en race limousine. C’est une maladie héréditaire autosomale recessive, provoquant un déficit de l’activité de la ferrochélatase et une accumulation de protoporphyrine. L’exposition aux rayons ultraviolets provoque une dermite exsudative (photosensibilisation).
CONCLUSION ● Les examens complémentaires n’ont pu être pratiqués dans notre observation puisque le veau est mort après quelques jours, sans qu’il soit possible de savoir si la mort a été provoquée par la porphyrie ou par la gastro-entérite. ● Cette observation voudrait attirer l’attention sur la possible existence des porphyries congénitales en race charolaise, afin de permettre une investigation plus poussée des éventuelles suspicions. ● Si elles étaient confirmées, cette observation pourrait constituer le premier cas décrit en race charolaise. ❒