sommaire Éditorial Alain Douart Test clinique - Prolapsus de la verge chez un taureau Blond d’Aquitaine
5
Christophe Espinasse, Nicole Picard-Hagen, François Schelcher, Christian Saussier
4 6
- Insémination artificielle : un bouleversement du cadre réglementaire François Gary
- LE BVD et Border disease
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BOVINS ET PETITS RUMINANTS
chez les ruminants
Dossier B.V.D. et Border disease - L’histoire naturelle du virus B.V.D. : l’infection individuelle et propagation au niveau du troupeau Renaud Maillard, Alain Douart - Conduite à tenir diagnostique devant une affection par le B.V.D. chez les bovins Renaud Maillard, Alain Douart - Impact économique de l’infection par le virus B.V.D. sur un troupeau bovin
MARS AVRIL MAI 2007
DOSSIERS
ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Tuberculose à Mycobacterium bovis, le retour d’une zoonose oubliée Zénon
N°5
- LA QUARANTAINE
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en élevages porcins 17
Christine Fourichon, François Beaudeau, Henri Seegers
19
- Le diagnostic de la B.V.D./M.D. au laboratoire : indications et limites chez les bovins Jacquemine Vialard - La vaccination contre le virus B.V.D. chez les bovins
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François Schelcher, Fabien Corbiere, Gilles Foucras, Caroline Lacroux, Gilles Meyer
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- Épidémiologie, diagnostic et contrôle de la pestivirose (Border disease) chez les petits ruminants Marie-Anne Arcangioli, Dominique Le Grand, Pierre Bézille - Observations cliniques - Syndrome hémorragique sur des bovins
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Nora Cesbron, Raphaël Guatteo, Alain Douart, Sébastien Assié
38
Dossier (suite) - Mycoplasmes et mycoplasmoses - L’agalactie contagieuse chez les petits ruminants Dominique Bergonier, Xavier Berhelot
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PORCS - VOLAILLES - Porcs - Série reproduction - La quarantaine en élevages porcins Laurent Glattleider, Arlette Laval
- Observation clinique -- Hamartome sudoral eccrine : Première description chez un porcelet Jean-Marie Gourreau, Hervé Morvan, Raoul Triller, Eduardo Marinho - Aviaire et porcs - L’antibiorésistance de Campylobacter en filières avicole et porcine Isabelle Kempf
53 56 59
COMPRENDRE ET AGIR - L’abord du troupeau - Savoir évaluer la qualité de la détection des chaleurs dans un troupeau laitier Henri Seegers, Bénédicte Grimard - Enjeux économiques - La fièvre catarrhale ovine : les conséquences économiques du mal et celles du remède François Gary - Management de l’entreprise vétérinaire - L’insémination artificielle : une opportunité de développement ? Philippe Baralon
63 67 72
FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - 5. Comprendre l’épidémiologie - Y a-t-il réellement une différence entre les résultats des échantillons ? Bernard Toma - Les études de cas de l’internat - Cysticercose ou ladrerie bovine : le dépistage sérologique des bovins atteints Édouard Timsit, Christelle Tresse, Jean-Paul Jacques, Anne Kon-sun-tack, Alain Chauvin
Souscription d’abonnement en page 94
77
81
ACTUALITÉS
- Synthèse - Les endométrites subcliniques chez la vache laitière : faut-il traiter systématiquement en post-partum ? Olivier Pasquin, Xavier Berthelot, Nicole Picard-Hagen - Revue de presse internationale - Rubrique dirigée par François Schelcher et Henri Seegers. Notre sélection d’articles par Pierre Le Mercier, Nicole Picard-Hagen, Catherine Belloc
- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses
RUMINANTS
86
PORCS-VOLAILLES 89 92 94
COMPRENDRE ET AGIR FMC Vét
Résultats originaux ou observation originale
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 375
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
prolapsus de la verge Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (praticien), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Jean-Luc Chatré (praticien), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (E.N.V.N.) Arlette Laval (E.N.V.N.), Marc Savey (A.F.S.SA.) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (E.N.V.N.) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)
Rédacteurs en chef Sébastien Assié (E.N.V.N.) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)
Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie des ruminants, E.N.V.L.) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Baudeau (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Dominique Bergonier (Reproduction, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Didier Calavas (A.F.S.SA., Lyon) Alain Douart (Pathologie des ruminants, E.N.V.N.) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Olivier Gauthier (chirurgie, E.N.V.N.) Norbert Giraud (praticien) Jean-Marie Gourreau (A.F.S.SA. Alfort) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Christophe Hugnet (praticien) Jean-François Jamet (praticien) Frédéric Lemarchand (Terrena) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Milleman ((Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jean-Marie Nicol (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Pascal Sanders (A.F.S.SA. Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Chargée de mission rédaction Isabelle Cruau-Louis Infographie, mise en page : Maxime Roguier Gestion des abonnements et comptabilité : Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37€, U.E. :38€ Tarifs d’abonnement : voir p. 74 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0508 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232
L
e 7 novembre 2006, un éleveur sélectionneur de race Blonde d’Aquitaine fait appel à son vétérinaire pour un de ses taureaux présentant un défaut de rétraction du pénis dans le fourreau (photo 1). ● L’élevage comprend 70 mères, réparties dans trois à quatre lots au pré, avec un taureau. L’éleveur effectue une surveillance régulière de ses vaches deux fois par jour. ● Le taureau âgé de 7 ans, pèse une tonne, il est né de transplantation embryonnaire (père IDEAL). Inscrit au Herd book de la race, il a déjà participé à des concours. Le vétérinaire est appelé en 1re intention. ● L’examen de l’appareil génital du taureau (après une légère sédation), révèle un prolapsus permanent du pénis de 8 à 10 cm, difficilement rétractable. L’extrémité du pénis est œdématiée et saigne légèrement. Une plaie superficielle de 2 à 3 cm est visible à l’extrémité dorsale de la verge (photo 2). ● Un traitement médical est mis en place. Localement, des irrigations quotidiennes avec une solution de Lotagen® dilué à 2 p. cent (désinfectant, bactéricide, cicatrisant) sont suivies de l’application de Cortanmycétine pommade® (prednisolone + chloramphénicol). Par voie générale, une antibiothérapie (Excenel®, ceftiofur) est associée à un traitement antiœdémateux, Diurizone® (hydrochlorothiazide + dexaméthasone) pendant 5 j. Le taureau est isolé dans un box afin d’assurer les soins. ● Lors de la visite suivante, 2 semaines plus tard, le prolapsus de la verge persiste.
comité de lecture
Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et santé 376 - MARS / AVRIL / MAI 2007
chez un taureau Blond d’Aquitaine
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Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Catherine Belloc, Pierre Bézille, Simon Bouisset, André Desmecht, Cyril Boissieu, Alain Bousquet-Melou, Gilles Bourdoiseau, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette,
Eric Collin, Fabien Corbières, Roland Darré, Stéphane Daval, Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Pascal Dubreuil (Québec) Barbara Dufour, Jean-Michel Fabre, Pascal Fanuel, Gilles Fecteau (Québec) Cécile Ferrouillet (U.S.A.), Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji,
Christophe Espinasse1 Nicole Picard-Hagen1 François Schelcher1 Christian Saussier2 1E.N.V.T. Département Élevage et produits 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03 2Route de Varen 82250 Laguepie
1
Taureau Blond d’Aquitaine de haute valeur génétique.
2 Prolapsus
de la verge avec extrémité nécrosée non rétractable dans le fourreau (photos E.N.V.T., service pathologie des ruminants).
Le taureau est alors référé à l’École vétérinaire de Toulouse. ● À l’entrée du taureau, l’état général est bon, l’extrémité du pénis est froide, nécrosée, souillée, œdématiée sur une quinzaine de cm. Des lésions superficielles sont visibles sur le pénis. Une plaie profonde de 2 à 3 cm se distingue sur la face dorsale de la verge. Aucun trouble de la miction n’est observé. 1 Quel est votre diagnostic ? 2 Quel traitement envisagez-vous ? Réponses à ce test page 92
François Gary, Christian Gipoulou, Norbert Gauthier, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Christian Hanzen (Liège), Philippe Jacquiet, Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Xavier Malher, Hervé Morvan, Hervé Navetat, Philippe Le Page,
Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret (Liège), Pierre- Emmanuel Radigue, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart, Henri Viel, Lionel Zenner.
actualités en perspective la tuberculose
à Mycobacterium bovis le retour d’une zoonose oubliée ?
L
a tuberculose reste une maladie d’actualité comme le montre le plus récent rapport européen qui fait le point de la situation en 2005 chez l’Homme. ● De multiples questions restent posées : efficacité du BCG, résistances aux antituberculeux, sensiblité des sujets immunodéprimés, par exemple. ● Dans l’Union Européenne, on dénombrait encore plus de 91 000 cas de tuberculose chez l’Homme en 2005, dont 50 p. cent ne sont pas confirmés par culture, ce qui laisse un peu rêveur … Ainsi, trois États membres de l’UE (Grèce, Italie, Roumanie) ne pratiquent pas systématiquement la culture pour confirmer un diagnostic de tuberculose pulmonaire. L’ensemble des cas recensés dans ces trois pays (plus de 34 000, dont plus de 29 000 pour la seule Roumanie) représentent tout de même un tiers du nombre total des cas. ● Rassurons-nous, l’écrasante majorité des cas constatés chez l’Homme sont liés à Mycobacterium tuberculosis.
NOTES 1 Euro TB, 2007, surveillance of tuberculosis in Europe. Report on tuberculosis cases notified in 2005, INVS . Saint-Maurice, France, 113p. 2 Smith R.M. et coll., 2004, Mycobacterium bovis infection, United Kingdom.Emerging Infectious Diseases, 10(3), 539-541 3 Evans J.T et coll, 2007. Cluster of human tuberculosis caused by Mycobacterium bovis : evidence for person to person transmission in the UK, Lancet, 369,1270-1276.
LES PATIENTS ANGLAIS Néanmoins, plus d’une centaine (104 ou 119 selon les sources1,2) de cas humains à Mycobacterium tuberculosis ont été détectés dans l’Union Européenne en 2005 essentiellement dans deux pays : la GrandeBretagne (26 cas) et l’Allemagne (49 cas). Les rares cas de tuberculose humaine à Mycobacterium bovis sont généralement rencontrés en Europe sur des personnes âgées, signant la réactivation d’une infection initialement contractée, le plus souvent, au cours de leur jeunesse au contact de bovins atteints. Ainsi, dans son dernier rapport consacré aux zoonoses2, l’EFSA (European Food Safety Agency) précise que la plupart des cas sont identifiés chez des personnes âgées de plus de 65 ans. ● En Grande-Bretagne, la situation est différente et beaucoup plus préoccupante puisqu’on y a observé, en 1999, en liaison avec l’explosion du nombre de bovins infectés (passant de 3 132 en 1996 à 19 856 en 2002), une réapparition des cas chez l’Homme âgé de moins de 25 ans alors que ●
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 378 - MARS / AVRIL /MAI 2007
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depuis 1990, aucun cas n’avait été identifié dans cette catégorie. Il s’agissait alors de deux adolescents de 20 et 17 ans, vaccinés par BCG, fils d’éleveur possédant un troupeau de bovins ayant connu des épisodes récurrents de tuberculose en 1993 et 1997. ● Très récemment3, une observation encore plus troublante a été faite grâce à un système de surveillance, incorporant la caractérisation moléculaire et la comparaison des souches d’origine humaines et bovines. Six cas humains, groupés dans un rayon de dix miles du centre de Birmingham, ont été identifiés entre juillet 2004 et mai 2006. Il s’agissait de personnes jeunes (23 à 42 ans) vivants en ville, sans contact pour cinq d’entre elles avec une source animale possible (bovin ou lait infectés). Seul le cas index (36 ans) avait un contact professionnel avec des bovins. ● L’enquête a montré qu’ils étaient tous infectés par la même souche de Mycobacterium bovis (spoligotype SBO263, le plus fréquemment isolé dans cette région de Grande-Bretagne chez les bovins, pratiquement inconnu dans les autres pays) et qu’ils avaient été longuement en contact étroit dans la même boîte de nuit et le même bar du centre ville. Deux patients étaient employés de la boîte de nuit. Cinq d’entre eux étaient vaccinés par BCG (dont le cas index), quatre étaient immunoincompétents. L’un d’entre eux est mort d’une méningite tuberculeuse. ● En conclusion, les auteurs attirent l’attention sur le fait que la pression d’infection par Mycobacterium bovis augmentant en Grande-Bretagne compte-tenu de l’extension de l’infection chez les bovins, il est probable que l’infection humaine devienne plus fréquente, notamment chez des individus immunoincompétents et/ou présentant d’autres facteurs de réceptivité (alcoolisme, diabète, …). Les formes constatées chez les patients anglais étant majoritairement pulmonaires, ils soulignent que la transmission a probablement été favorisée par le confinement et la ventilation réduite des espaces fréquentés où la fumée favorisait la toux … ● La lutte engagée contre la tuberculose bovine en Grande-Bretagne se heurte à de
actualités en perspective - la tuberculose à Mycobacterium bovis multiples difficultés depuis plus de 15 ans. Ces difficultés ont été accentuées par l’épisode de Fièvre aphteuse de 2001 qui a très significativement réduit les contrôles en élevage pendant 18 mois, et accéléré les mouvements de bovins pour repeupler les élevages après contrôle de l’épisode aphteux. Ces difficultés conjoncturelles sont venues s‘ajouter à une difficulté structurelle liée à l’impossibilité, dans le contexte britannique, de réduire les populations de blaireaux qui sont undes réservoirs pérennes de Mycobacterium bovis. La faune sauvage constitue dans tous les pays du monde un réservoir très difficile à contrôler. La France ne fait pas exception à la règle puisque, dans plusieurs régions, cerfs et sangliers ont été trouvés porteurs de lésions et de Mycobacterium bovis. Cependant, on peut estimer que dans la plupart des cas, il n’existe pas de pérennisation de l’infection dans la faune sauvage qui serait plutôt “victime” et révélatrice de l’infection des bovins domestiques que l’inverse. Une seule région fait exception : le massif forestier de Brotonne-Maury (SeineMaritime) qui fait l’objet d’un plan de lutte organisée.
A
actuellement, la France reste en mesure d’achever l’éradication de la tuberculose chez les bovins, après avoir été reconnue officiellement indemne par l’Union Européenne à la fin de l’année 2000. Néanmoins, le développement de nouveaux foyers chez des mammifères de la faune sauvage autochtone et la persistance de la tuberculose bovine en Grande-Bretagne montrent combien la perspective d’une éradication reste sujette à de nombreux aléas.
Dans ce contexte, la confirmation en Grande-Bretagne du pouvoir zoonotique de Mycobacterium bovis, mais surtout la démonstration de sa réelle contagiosité inter-humaine, en pays développé dans des populations urbaines jeunes fréquentant des lieux de distraction collective, est un véritable événement de santé publique. Il montre l’importance d’une surveillance pérenne et coordonnée en santé publique vétérinaire, évaluant en permanence les situations épidémiologiques et microbiologiques aussi bien chez l’Homme que chez l’animal. ❒ Zénon
ACTUALITÉS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 379
l’histoire naturelle du virus B.V.D. infection individuelle Renaud Maillard1 Alain Douart2
et propagation dans le troupeau
chez les bovins
Le virus de la Border disease ou B.V.D. demeure“ la joie du chercheur et le désespoir du clinicien”, (selon le mot de Joe Brownlie). Cet article présente les caractéristiques du virus lui-même, utiles à la clinique pour comprendre la problématique du diagnostic et du contrôle (biotypes et génotypes), “l’histoire naturelle” du virus : introduction et devenir dans un troupeau ou dans un organisme bovin. L’accent est mis sur le “nœud” épidémiologique et clinique constitué par l’infection du fœtus.
L
e diagnostic de l’infection par le pestivirus B.V.D./M.D. (diarrhée virale bovine/maladie des muqueuses) repose sur des données épidémiologiques, cliniques et analytiques [11]. D’un point de vue épidémiologique, rares sont les régions d’élevage ou les cheptels qui peuvent se dire à l’abri du risque d’introduction ou de ré-introduction du virus. L’achat (reproducteurs achetés gravides, cheptel roulant destiné à un atelier veaux ou taurillons, …) ou le voisinage (pâturages adjacents, troupeaux en estive, …) sont des situations courantes, dont peut profiter le virus en élevage bovin dans notre pays [2, 8]. ● Les conséquences cliniques de l’infection sont connues pour être extrêmement variables. Au niveau de l’individu comme du cheptel, cela va de nul ou inapparent à létal ou abortif. Si l’infection par le virus B.V.D. provoque le plus souvent une maladie de la reproduction [8, 15], le virus peut participer aussi comme cofacteur à l’atteinte d’autres organes, ce qui trouble le tableau clinique (photo 1) [18]. ● Le cas de la maladie des muqueuses est à part, car elle survient uniquement chez les animaux infectés persistants immunotolérants (I.P.I., encore appelés infectés permanents immunotolérants), soit un très faible
1 Unité de pathologie du bétail E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons Alfort cedex 2 Unité de médecine des animaux d’élevage E.N.V.N. Atlanpôle - La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex
Objectif pédagogique
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Hypoplasie cérébelleuse (veau “astronome” ou “col de cygne”) (photo R. Maillard).
nombre d’animaux (de l’ordre de 1 p. cent), et est réputée létale. C’est donc un signe d’alerte très inconstant et très tardif vis-à-vis du moment de la circulation virale [2]. ● Ainsi, dans la plupart des cas, le recours au laboratoire permet seul d’établir un diagnostic de certitude*. Ces outils modernes conçus à partir de l’étude de la nature et de la biologie du virus, permettent d’établir la conduite diagnostique et les plans de contrôle à réaliser [6, 11, 17, 21, 28]. MIEUX CONNAÎTRE LE VIRUS B.V.D. POUR LE DIAGNOSTIC La population virale B.V.D. Par souci de simplification, on parle du virus B.V.D., ou des génotypes 1 et 2 (et de leurs sous-génotypes), alors qu’en fait, il n’existe pas de nombre fini de ce virus [17, 22, 28, 30]. ● Le terme choisi serait “population virale B.V.D”., ou en virologie celui de “quasiespèce”. Aussi, les populations de pestivirus (B.V.D., Border Disease Virus ou B.D.V., peste porcine classique ou Classical Swine Fever C.S.F.) sont schématisées sous forme d’arbres phylogéniques ou de nuages de points, ou en “nuages de mutants” plus ou moins éloignés les uns des autres, l’éloignement ou la proximité matérialisant le voisinage génétique [30] (figure 1). ● Deux grands groupes ont été définis depuis le début des années 1990 : les B.V.D.1 et B.V.D.2 [19, 27]. ●
❚ Comprendre les implications : - de la diversité génétique du virus B.V.D. pour le diagnostic, la vaccination, les particularités régionales, … - de la transmission verticale.
Essentiel ❚ Les souches les plus pathogènes ne sont pas exclusivement et nécessairement du génotype 2 ; il existe pour chaque génotype des souches peu pathogènes ou apathogènes. ❚ Souvent dans un troupeau “fermé” ou introduisant peu de bovins, la souche de virus B.V.D.se stabilise autour d’un variant dominant au sein des populations virales.
RUMINANTS
NOTE * cf. l’article “Diagnostic de la B.V.D./M.D. au laboratoire : indications et limites de J. Vialard, dans ce numéro.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 383
conduite à tenir diagnostique devant une infection par le B.V.D. chez les bovins La conduite diagnostique en matière de B.V.D. est complexe. Cet article distingue l’approche individuelle des affections de lots ou de troupeau. La sérologie est l’examen le moins cher, mais il n’est pas toujours pertinent, sauf dans le cadre des protocoles de contrôle sanitaires. La recherche de virus ou d’antigènes B.V.D. est de peu d’intérêt en dehors de la détection des I.P.I. En terme de diagnostic de troupeau, les cas les plus délicats sont les troubles de la reproduction (mortalité embryonnaire, avortements, si l’on ne travaille pas sur les avortons, mais sur le cheptel des mères).
L
e diagnostic de l’infection par le virus B.V.D. est rarement établi sur des critères épidémiocliniques et nécropsiques. Le recours au laboratoire s’impose. Il importe de distinguer le diagnostic individuel de l’approche du troupeau. Par rapport à l’approche “historique” du B.V.D. (sérologie, puis virologie/antigénémie) sont apparus récemment des outils plus fiables (sensibilité/spécificité), plus pratiques (amplification génomique) et plus économiques (utilisation sur laits ou sérums de mélange) [4, 12, 14, 17, 29]*. Ces derniers ont permis une autre approche (vers l’éradication ?) de la gestion du B.V.D. [3, 17]. En effet, la culture cellulaire, longtemps considérée comme le “golden standard” en matière de recherche virale, présente trop d’inconvénients techniques et économiques, et ne pouvait être appliquée à une recherche massive dans le cas d’une approche médicale collective. Il en est de même en matière de sérologie et d’antigénémie individuelles.
NOTE * Cf. l’article “Diagnotic de la B.V.D. au laboratoire : indications et limites” de J. Vialard dans ce numéro.
CONDUITE À TENIR POUR LE DIAGNOSTIC INDIVIDUEL Concernant le diagnostic individuel de l’infection sur animal vivant, il n’est pertinent de chercher le virus que si l’animal est suspecté d’être I.P.I., lors d’épisode clinique (maladie des muqueuses) ou lors d’introduction dans le troupeau [11]. ● Cette recherche peut être effectuée par culture, antigénémie ou P.C.R., le plus souvent sur prélèvement sanguin, même si, comme le virus est présent dans tous les organes et tous les fluides d’un I.P.I., d’autres recherches (immunohistochimie sur biopsies cutanées par exemple) ont pu être proposées [16]. Seule la culture cellulaire peut apporter la certitude d’une maladie des muqueuses avec la mise en évidence des deux biotypes cytopathogènes et non cytopathogènes sur le même animal, mais il s’agit d’un luxe technique et économique incompatible le plus souvent avec les exigences de terrain. ● En cas de maladie des muqueuses en phase terminale, des résultats paradoxaux (animaux séropositifs et négatifs pour une recherche d’antigènes) ont été rapportés en pratique, qui traduisent peut-être les perturbations immunologiques chez l’I.P.I. Selon les habitudes du laboratoire traitant, le prélèvement est effectué sur anticoagulant ou sur tube sec pour recherche du virus dans le sérum. Normalement, les infectés transitoires et persistants sont détectables seulement par culture cellulaire et P.C.R., car les kits E.L.I.S.A. de recherche d’antigènes sont calibrés pour que les infectés transitoires, dont la charge virale est plus faible que celle des I.P.I., ne soient pas détectables. La certitude d’avoir affaire à un I.P.I. et non à un infecté transitoire a lieu lors d’un 2nd contrôle, 2 à 4 semaines plus tard. ● Trois cas de figure peuvent poser problème : - Les animaux gravides, non I.P.I., mais portant un fœtus I.P.I. - Les veaux ayant tété un colostrum riche en anticorps d’origine maternelle anti-B.V.D. - Les animaux souffrant de malformations congénitales (encadré). ●
Renaud Maillard1 Alain Douart2 1 Unité de pathologie du bétail E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons Alfort cedex 2 Unité de médecine des animaux d’élevage E.N.V.N. Atlanpôle - La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex
Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre les choix techniques pour les examens de laboratoire en pathologie individuelle. ❚ Comprendre les limites des outils sérologiques en pathologie individuelle et collective. Essentiel ❚ Pour le diagnostic individuel de l’infection sur animal vivant, ne chercher le virus que si l’animal est suspecté d’être I.P.I., lors d’épisode clinique ou lors d’introduction dans le troupeau. ❚ Selon les habitudes du laboratoire traitant, le prélèvement est effectué sur anticoagulant ou sur tube sec pour recherche du virus dans le sérum. ❚ Il existe un fichier d’animaux garantis non-I.P.I. (dont les seules limites sont celles des tests utilisés), utile dans le cadre des transactions.
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 389
impact économique de l’infection par le virus B.V.D.
Christine Fourichon, François Beaudeau, Henri Seegers
sur un troupeau bovin
ENVN, INRA, UMR708 Gestion de la Santé Animale, BP 40706, 44307 NANTES Cedex 03
Grâce à des données récentes, il est possible de quantifier l’impact économique de la BVD dans des exploitations laitières. Que ce soit en moyenne ou dans des cas spectaculaires, l’effet sur le revenu est loin d’être négligeable.
Objectifs pédagogiques
1
L
’infection des troupeaux bovins par le virus de la BVD est fréquente. Elle donne parfois lieu à des épisodes cliniques spectaculaires. Elle reste souvent inapparente, c’est-à-dire non détectée par l’éleveur et c’est à l’occasion de dépistages qu’elle est révélée. Cependant, même sans expression clinique marquée, le virus peut dégrader les performances zootechniques. ● Pour évaluer l’intérêt de mettre en place des mesures de prévention, il est nécessaire au préalable de quantifier en termes économiques l’impact du virus sur la productivité d’un troupeau. ● Des données récentes ont été obtenues grâce au suivi d’un grand nombre de troupeaux dans le cadre du dépistage systématique mis en place en Bretagne [8]. LES MÉCANISMES INDUISANT UN IMPACT SUR LE REVENU DE L’EXPLOITATION
Les effets du virus varient beaucoup entre troupeaux. Après une introduction, l’infection peut concerner un nombre d’animaux important ou au contraire s’éteindre rapidement [11, 3]. ● Le virus est directement responsable de signes cliniques sur les animaux infectés. L’infection post-natale peut entraîner des signes respiratoires, digestifs, et provoquer des avortements. ● L’infection fœtale, si le fœtus survit, donne lieu à une fréquence de maladies accrue chez les veaux : soit elle provoque la naissance de veaux infectés persistants immunotolérants (I.P.I.) qui peuvent développer ensuite la maladie des muqueuses, toujours mortelle, soit il s’agit de veaux infectés peu avant la naissance, ou infectés congénitaux, qui ont une fréquence accrue de maladies ●
Dans les troupeaux laitiers, la clinique est associée à plusieurs troubles de reproduction (photo H. Seegers).
Figure 1 - Effet de l’infection par le virus de la BVD dans un troupeau Introduction du virus
❚ Décrire l’ensemble des effets de l’infection par le virus de la B.V.D. sur les performances techniques et sanitaires. ❚ Situer l’impact économique moyen de l’infection d’un troupeau laitier, par rapport aux dominantes pathologiques et au revenu de l’activité lait.
Propagation dans le troupeau Signes cliniques : BVD + autres maladies Baisse des performances zootechniques du troupeau
Traitements
Essentiel Conséquences économiques au niveau exploitation
dans les premiers mois de vie. Par ailleurs, l’infection induit une immunodépression qui favorise l’apparition d’autres maladies. ● L’ensemble de ces signes cliniques augmente les dépenses de traitement et entraîne des pertes dues aux effets sur les performances des animaux malades. ● S’y ajoute un effet direct du virus sur les performances des animaux infectés, même en l’absence de signes cliniques (figure 1).
❚ L’infection par le B.V.D. dans un élevage se traduit par des dépenses de traitement et entraîne des pertes dues aux effets sur les performances des animaux malades. ❚ Dans les troupeaux laitiers, la fréquence des avortements est multipliée par 2 ou 3.
LE CAS DES TROUPEAUX LAITIERS
RUMINANTS
Des effets moyens de l’infection décrits dans les troupeaux non vaccinés Mortalités embryonnaires et avortements
Dans les troupeaux laitiers, l’effet le plus fréquemment rapporté est un tableau clinique associant plusieurs troubles de reproduction (photo 1).
●
19
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 391
le diagnostic de la B.V.D./M.D. au laboratoire
indications et limites
chez les bovins Cet article présente les nombreux tests de laboratoire à la disposition du vétérinaire pour le diagnostic ou le dépistage de l’infection par le virus B.V.D.
D
epuis quelques années, le panel de techniques disponibles en laboratoire, pour l’identification de l’infection par le virus B.V.D. s’est considérablement élargi. Les performances des tests proposés sont variables et leur emploi optimal dépend à la fois du contexte, des objectifs et du type de prélèvement utilisé. Cet article a pour but de faire le point sur ces différents aspects, en se limitant aux tests utilisés en routine.
Jacqueline Vialard E.N.V.L. Laboratoire Vétérinaire Départemental du Rhône 1, avenue Bourgelat BP 35 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique ❚ Connaître les tests de laboratire disponibles pour le diagnostic de la B.V.D. /M.D.
1
Test ELISA de recherche des anticorps (4 barrettes de gauche) et antigène (2 barrettes de droite). - Pour l’ELISA B.V.D. Ac : A1/ A2 témoins négatifs, B1/B2 témoins positifs, 3 sérums négatifs (incolores) - ELISA B.V.D. Ag (p80) sur les 3 séronégatifs: A5/ A6 témoins négatifs, B5/B6 témoins positifs : 2 positifs (colorés) en C5 et E5 : Virémiques - D5 : Négatif en Ag p80 : Animal à re-tester dans 15 jours pour vérifier la séroconversion (photos J. Vialard).
Les tests de diagnostic direct : virologie ou antigénémie
Les tissus doivent être recueillis sur un cadavre frais, car les altérations cadavériques peuvent occasionner des erreurs par excès ou par défaut.
La culture virale
Les tests P.C.R.
La culture virale est réalisable à partir de différents types de prélèvements (tableau 1). Le délai de réponse est d’environ 15 jours. ● Considérée comme technique de référence, ses performances (sensibilité) sont cependant inférieures à celles d’une P.C.R. Le résultat du test peut se révéler faussement négatif sur des échantillons sanguins provenant d’individus sous couverture colostrale. De plus, certains prélèvements s’avèrent toxiques ou sont responsables de contaminations bactériennes ou fongiques de la culture cellulaire et donnent lieu à un résultat ininterprétable. La culture n’est pratiquée que par quelques laboratoires en France.
●
●
LES TESTS DISPONIBLES
●
Les tests E.L.I.S.A.
Deux tests E.L.I.S.A. sont utilisés (photo 1) : - L’E.L.I.S.A. antigène p80 ; - L’E.L.I.S.A. E0 (gp 48 ou Erns), apparu sur le marché après l’E.L.I.S.A. Ag p80 (encadré 1). L’immunofluorescence
L’immunofluorescence est essentiellement utilisée sur coupes d’organes congelés (poumon, colon, rectum ou caillette). ● Le prélèvement doit être effectué de préférence, à cheval sur une zone saine et une zone malade, correspondant au “front d’attaque virale”. ●
Les tests P.C.R. correspondent à la dernière génération de tests virologiques et sont désormais disponibles dans la quasitotalité des laboratoires de diagnostic. ● Il s’agit de R.T.-P.C.R., ou reverse transcriptase P.C.R. puisqu’une étape de conversion de l’A.R.N. viral en A.D.N. précède l’amplification (encadré 2, photo 2) . Les tests de diagnostic indirect : la sérologie La séroneutralisation ● Test de référence, la séroneutralisation n’est que très rarement utilisée en laboratoire de routine. Méthode quantitative, elle permet d’apprécier l’existence et la dynamique d’une réponse immunitaire active (séroconversion ou augmentation significative du taux d’anticorps) ou de déceler une immunité passive (élimination des anticorps maternels). ● Cette technique est également, par définition, la méthode d’évaluation de la protection immunitaire, et est largement employée lors du développement des vaccins.
2
Appareil à PCR temps réel (ou quantitative) (Light Cycler ROCHE) : Pour les tests P.C.R., il est recommandé d’effectuer l’analyse dans les meilleurs délais (48 à 72 h après prélèvement).
Essentiel ❚ Technique de référence, le délai de réponse pour la culture virale est d’environ 15 jours. Mais ses performances (sensibilité) sont inférieures à celles d’une P.C.R. ❚ Avec les tests E.L.I.S.A., des résultats faussement négatifs, même sur fraction leucocytaire, peuvent être observés chez les veaux sous couverture colostrale, au moins jusqu’à l’âge de 3 à 4 mois chez un I.P.I.
RUMINANTS
Les tests E.L.I.S.A.
1. L’E.L.I.S.A. Ac totaux est le 1er test sérologique qui a été disponible. Il est assez peu employé à l’heure actuelle . Ce test est intéressant car il met en évidence plusieurs
23
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 395
la vaccination
contre le virus B.V.D chez les bovins
François Schelcher Fabien Corbière Gilles Foucras Caroline Lacroux Gilles Meyer Département Élevage, Produits Santé Publique Vétérinaire E.N.V.T. 23 chemin des capelles BP87614 31076 Toulouse cedex
Les vaccins dirigés contre le B.V.D. selon leurs caractéristiques propres ont des performances différentes en termes d’innocuité, et d’efficacité. Les critères d’efficacité peuvent être liés à la protection vis-à-vis d’une infection horizontale ou d’une infection verticale transplacentaire qualifiée de protection fœtale. La durée d’immunité, l’immunité croisée, l’immunité du veau nouveau-né sont autant de points particuliers à documenter. La vaccination s’intègre dans les programmes de lutte à l’échelle individuelle et collective vis-à-vis de l’infection par le virus B.V.D.
Objectifs pédagogiques ❚ Expliquer les différents objectifs de protection. ❚ Expliquer la place de la vaccination dans les mesures de maîtrise de l’infection par le B.V.D.
NOTE * cf. l’article “L’histoire naturelle du virus B.V.D.” de R. Maillard et A. Douart dans ce numéro.
L
Essentiel ❚ Sept vaccins sont commercialisés en France dont quatre vaccins inertes et trois vaccins vivants modifiés. ❚ La protection fœtale est une indication moyenne d’efficacité. ❚ La vaccination s’intègre dans les programmes d’assainissement des élevages.
RUMINANTS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 400 - MARS / AVRIL / MAI 2007
'infection par le virus B.V.D. (Bovine Viral Diarrhea) conduit à des troubles cliniques polymorphes : troubles de la reproduction, avortements, entérites, pneumonies, malformations anatomiques congénitales, … La pathogenèse dépend de la virulence des souches virales, de la réceptivité des bovins et pour une grande part, des modalités d'infection transitoire suite à une contamination horizontale, ou persistante suite à une contamination du fœtus dans les quatre premiers mois de gestation (photo). ● Le virus B.V.D. se caractérise par une variabilité marquée, ayant potentiellement un impact sur l’efficacité vaccinale. Deux groupes, qualifiés de type 1 et 2, sont communément distingués sur des critères génétiques et antigéniques [1]. Ces deux groupes sont eux-mêmes subdivisés en plusieurs sous-groupes (sous types) dont la liste s’allonge tous les jours*. ● La vaccination a été développée initialement pour la maîtrise des infections transitoires. La protection du fœtus constitue à l'évidence un objectif différent et se révèle une condition indispensable pour l'arrêt de la circulation virale dans une population.
28
La pathogenèse dépend pour une grande part, des modalités d'infection transitoire suite à une contamination horizontale, ou persistante suite à une contamination du fœtus dans les 4 premiers mois de gestation (photo M. Barbaray).
Dans ce cas, les enjeux sont épidémiologiques et non plus strictement cliniques. ● L'objet de cet article est de présenter quelques données actuelles sur l’utilisation de la vaccination dans la maîtrise des infections par le virus B.V.D., après avoir rappelé la nature des vaccins disponibles et leurs performances. LES VACCINS Le nombre de vaccins commercialisés contre le B.V.D. est de plus de 180 aux ÉtatsUnis [21], et de sept en France (tableau 1). Les vaccins vivants ● Les vaccins vivants modifiés contre le B.V.D. ont été produits dès le début des années 60 aux États-Unis [34]. Les vaccins actuellement commercialisés dans cette catégorie, contiennent le plus souvent une souche de biotype cytopathogène (cp), du génogroupe 1. ● L'atténuation a été obtenue par passages en série (exemple Oregon C24 VMucosiffa®) ou par mutagenèse chimique (exemple de la souche thermosensible RIT 4350 - Rispoval B.V.D.®). Le degré réel d'atténuation de certains vaccins et les bases moléculaires de la perte de virulence ne sont pas connus [34].
Les vaccins inactivés ● Les vaccins inertes (ou inactivés) ont été développés ultérieurement. Différents procédés d'inactivation et divers adjuvants sont utilisés. ● Les souches vaccinales sont beaucoup plus diverses et incluent des souches de biotype
épidémiologie, diagnostic et contrôle de la pestivirose (Border disease) chez les petits ruminants
Marie-Anne Arcangioli Dominique Le Grand Pierre Bézille Pathologie du Bétail E.N.V.L. 69280 Marcy l’Étoile
La pathogénie et l’épidémiologie de la diarrhée virale bovine (B.V.D.) et de la Border disease (B.D.) sont identiques avec une contamination in utero qui entraîne la naissance d’animaux infectés permanents, responsables de la propagation et de la transmission du virus. Elle affecte essentiellement les femelles gestantes provoquant infécondité, stérilité, résorption embryonnaire, avortements, malformations congénitales.
L
a Border Disease (B.D.) est une affection des petits ruminants, ovins surtout, due à un pestivirus extrêmement proche du virus de la diarrhée virale bovine (B.V.D.) chez les bovins. ● Décrite pour la première fois en 1959 en Grande-Bretagne, cette maladie tient son nom du fait que la 1re série de cas a été identifiée sur la frontière entre le Pays de Galles et l’Angleterre [8]. Elle est aussi connue sous le nom de maladie des agneaux trembleurs. ● Affection consécutive à la contamination par un pestivirus de femelles ovines ou caprines en gestation, elle est caractérisée par des mortalités embryonnaires, des avortements, des naissances d’animaux faibles à croissance ralentie ou présentant des anomalies de la toison avec des troubles nerveux. ● La particularité clinique est la naissance d’agneaux faibles, “hirsutes et trembleurs”. La mortalité de ces animaux est forte, immédiatement ou au sevrage. Une forme particulière, la “petega”, avec diarrhée, saignements, panleucopénie et thrombocytopénie, a sévi en 1984 en France. ● Devenue rare, elle nécessite une surveillance attentive. La prévention consiste pour l’essentiel à contrôler le statut des animaux entrant ou partant en alpage ou en transhumance.
Objectif pédagogique ❚ Savoir diagnostiquer et contrôler la Border disease dans les élevages d’ovins et de caprins. 1
Agneau hirsute à qui la laine raide confère un aspect de chevreau (photo P. Bézille).
ÉTIOLOGIE ET PATHOGÉNIE Classification ● Les pestivirus sont des virus de petite taille enveloppés, et de faible résistance dans le milieu extérieur. Ils possèdent un ARN monocaténaire et, de ce fait, présentent une capacité de mutation génétique et de dérive antigénique importante. Cette variabilité permet la classification spécifique des souches (encadré). ● Pour le virus de la B.D., comme pour le virus de la B.V.D., on distingue une protéine de surface E2 et une protéine non structurale NS2-3. - La protéine E2 est liée à la spécificité d’hôte et porte de nombreuses mutations. Les anticorps (Ac) protecteurs sont dirigés contre cette protéine. - La protéine non structurale est moins variable, régulièrement exprimée, commune à de nombreuses souches de pestivirus. Elle est la cible de la détection antigénique et sérologique. Les souches de type cytopathogène associées à la forme maladie des muqueuses chez les bovins sont très rares chez les petits ruminants [12].
Essentiel ❚ Aussi connue sous le nom de maladie des agneaux trembleurs, la Border disease est une affection consécutive à la contamination par un pestivirus de femelles ovines ou caprines en gestation. ❚ Cette maladie se caractérise par des mortalités embryonnaires, des avortements, des naissances d’animaux faibles à croissance ralentie ou présentant des anomalies de la toison avec des troubles nerveux. ❚ La Border Disease n’est pas obligatoirement déclenchée par un virus de type B.D., elle est plutôt l’expression clinique d’une infection par un pestivirus chez les petits ruminants.
Pathogénie La pathogénie est très proche de celle du virus B.V.D. avec une voie d’entrée oronasale après contact avec un excréteur (malade ou porteur immuno-tolérant), et tropisme épithélial et leucocytaire. ● Les conséquences de l’infection par le virus de la B.D. dépendent de la virulence de la souche, de la dose infectante, mais surtout du moment de la contamination. ●
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007- 405
observations cliniques
observation originale
syndrome hémorragique sur des bovins
Nora Cesbron, Raphaël Guatteo, Alain Douart, Sébastien Assié
infectés par le B.V.D., type 1B
Médecine des Animaux d’Élevage - E.N.V.N. BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3
Objectif pédagogique ❚ Savoir suspecter et faire confirmer au laboratoire l’implication d’un virus B.V.D. dans un syndrome hémorragique chez de jeunes bovins. ❚ Symptômes - 1er cas : diarrhée hémorragique avec hyperthermie ; saignements au niveau des membres, du dos et des oreilles. - 2e cas : abattement, anorexie, sans hyperthermie.
2 Peau : purpura et hémorragie.
Deux cas de B.V.D. avec une manifestation de type “syndrome hémorragique” ont été diagnostiqués dans le contexte d’une circulation du virus au sein des troupeaux. Ces observations ont été effectuées, après avoir exclu les autres causes de syndrome hémorragique dans le cadre des hospitalisations de bovins à l’E.N.V.N.
1
Peau : hémorragie et purpura (photos N. Cesbron).
L
es signes observés lors d’infection par la diarrhée virale bovine (B.V.D.) et la maladie des muqueuses sont très diversifiés et fortement liés à la variabilité des souches virales circulantes [5, 4]. Les tableaux cliniques de sont largement et classiquement décrits. Cet article présente deux descriptions cliniques de B.V.D. dans sa forme “syndrome hémorragique”. À partir de ces cas, les examens complémentaires sur la recherche du virus B.V.D., notamment le typage des souches, nous amènent à discuter de cette clinique atypique sur certains animaux (infecté transitoire ou I.P.I.), de la circulation du virus et de son impact au sein du troupeau. PRÉSENTATION DES CAS CLINIQUES Cas N°1 : un veau de 15 jours Ce 1er cas concerne un veau issu d’un élevage allaitant qui comprend 65 mères Rouge des Prés. Aucune difficulté sanitaire particulière n’est rapportée dans cet élevage. Le dernier animal I.P.I. a été détecté en 1990 et le dernier animal acheté, en 2003, était un taureau reproducteur. - Le veau atteint est une femelle Rouge des Prés, née le 7 octobre 2005 d’un vêlage facile. Âgé de 15 jours, il manifeste brutalement une diarrhée hémorragique avec hyperthermie (39,5°C), ainsi que des saignements au niveau des membres, du dos et des oreilles (“gouttes de sang perlant au travers de la peau”) (photo 1). Un traitement antibiotique est mis place (Lincospectin®). - Le lendemain, l’animal est abattu, ses muqueuses sont pâles et recouvertes de pétéchies. Le veau est alors transfusé avec
3
Gencive : suffusion et hémorragie.
Tableau 1 - Numération formule sanguine du veau (cas N°1) Animal
Valeurs usuelles 5 à 10 106/mm3
●
Globules rouges 1,4 10 /mm
●
Hématocrite
6%
28 à 36 %
●
Hémoglobine
19 g/l
80 à 150 g/l
●
Plaquettes
●
Globules blancs 2,2 103/mm3
6
3
24 103/mm3 100 à 800 103/mm3
5 à 10 103/mm3
●
4 Peau : purpura et hémorragie.
RUMINANTS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 410 - MARS / AVRIL / MAI 2007
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du sang de sa mère. Aucune amélioration n’est notée. Une hyperthermie très sévère (41°C) persiste trois jours après les 1ers signes cliniques. Un 2nd traitement est mis en place (Excenel®, Hemostat®). - Le 3e jour, le veau est en décubitus latéral, très abattu et incapable de se relever seul. Le réflexe de succion est présent, mais faible. Les principaux signes cliniques sont des saignements localisés sur l’ensemble du corps, de préférence au niveau de la tête et autour des yeux. Des pétéchies et des suffusions sont visibles au travers de la peau des quatre membres et des muqueuses oculaire et buccale (photos 2, 3, 4). Il présente aussi une diarrhée avec des matières fécales hémorragiques. L’animal meurt finalement ce 3e jour.
les mycoplasmoses chez les petits ruminants
Dominique Bergonier Xavier Berthelot
l’agalactie contagieuse Dominante pathologique chez les caprins notamment, les mycoplasmoses peuvent affecter très sévèrement toutes les classes d’âge de différentes filières de petits ruminants. Ces infections peuvent cependant, être discrètes et sont souvent sous-diagnostiquées et mal maîtrisées.
Objectifs pédagogiques ❚ Savoir établir une suspicion et une certitude de mycoplasmose chez les petits ruminants. ❚ Connaître les modalités et les limites des programmes de contrôle. NOTE * cf. Le Dossier Mycoplames et mycoplasmoses article “Les mycoplasmes : stratégies d’adaptation et de persistance de bactéries minimales” dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE, élevages et santé N°3, août/octobre 203-209.
L
'agalactie contagieuse est un syndrome qui regroupe principalement des atteintes mammaires, articulaires, oculaires et respiratoires. Le premier agent historiquement décrit est Mycoplasma agalactiae (Ma), mais M. mycoides subsp. mycoides Large Colonies (MmmLC) et M. capricolum subsp. capricolum (Mcc) sont responsables de tableaux cliniques analogues. Dans certaines conditions, M. putrefaciens (Mp) peut être à l'origine d’une symptomatologie similaire. M. mycoides subsp. capri (Mmc) est génétiquement très proche de MmmLC, avec qui il pourrait, à l’avenir être regroupé. ● Différents mycoplasmes peuvent cependant être isolés, en particulier chez les caprins, à l'intérieur d'un même élevage ou chez un même animal [1, 2, 3, 8, 11, 22]. ● Cet article rappelle les bases nécessaires pour améliorer le délicat contrôle des mycoplasmoses, dans le cas de plus importante d’entre elles : l’agalactie contagieuse. ● Les caractéristiques générales des mycoplpasmes ont été données dans l’article de C. Citti. paru récemment. La figure 1 en rappelle les plus importantes. SYMPTÔMES Les caractères généraux ● L'agalactie contagieuse présente un caractère protéiforme. Une triple expression clinique est possible : mammaire, articulaire et oculaire, et n'exclut pas une atteinte respiratoire, voire génitale. ● Les trois types de symptômes majeurs constituent une triade évocatrice, mais qui apparaît le plus souvent dissociée chez un même animal. L'expression la plus typique
E.N.V.T. Département élevage et produits, santé publique vétérinaire UMR 1225 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Essentiel ❚ Comme la majorité des
1 Polyarthrite due à M. capricolum subsp. capricolum chez une chèvre (photo D. Bergonier).
est observée chez les femelles en lactation, pour lesquelles l'atteinte mammaire domine en général. Des formes partielles ou subcliniques peuvent exister. ● L'évolution de ces tableaux cliniques dépend de la forme en cours, aiguë à chronique, de l’âge et de l’espèce hôte, et des mesures instaurées. Des exemples de récupération fonctionnelle totale ont été décrits. À l'opposé, dans des troupeaux nouvellement atteints par MmmLC et Mcc en particulier, beaucoup de caprins meurent ou deviennent des nonvaleurs économiques [1, 2, 3, 5, 6, 7, 11, 31].
mycoplasmoses, l'agalactie contagieuse est une infection chronique, souvent inapparente et cliniquement protéiforme. ❚ Les principaux sites de portage de mycoplasmes pathogènes dans les troupeaux sains sont l'oreille externe et la mamelle (mammites subcliniques). ❚ La transmission s’effectue principalement à partir de sources animales, elle peut revêtir diverses modalités effectives ou suspectées.
Les caractères différentiels (tableau 1)
RUMINANTS
Les caractères différentiels sont liés aux espèces de mycoplasmes en cause : - M. agalactiae ; - Mycoplasma mycoides subsp. mycoides LC ; - Mycoplasma capricolum subsp capricolum ; - Mycoplasma putrefaciens (encadré 1).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 415
la quarantaine en élevage porcin Une quarantaine de bonne qualité et bien gérée est indispensable à l’élevage.
L
a quarantaine est le lieu où les jeunes reproductrices provenant d’un élevage de multiplication ou de sélection sont reçues. Ce passage constitue une étape intermédiaire indispensable dans la vie des animaux, afin de permettre leur observation, de compléter et de renforcer leur statut immunitaire, de préparer et de synchroniser l’insémination. ● Les cochettes de renouvellement sont nécessaires à la vie du troupeau reproducteur. L’effectif de truies est renouvelé chaque année à hauteur de 40 p. cent en moyenne, pour optimiser les résultats zootechniques et économiques. Les nullipares représentent donc entre 15 et 25 p. cent des animaux du troupeau reproducteur. Leur coût représente un intrant important, non couvert par la vente des animaux de réforme. ● Leur réception dans les meilleures conditions est donc essentielle des points de vue économique et sanitaire (encadré 1). La situation la plus favorable est d’avoir un seul fournisseur, de statut sanitaire en harmonie avec le statut sanitaire de réception (meilleur, mais pas trop décalé), et de planifier les livraisons chaque année, ce qui permet une gestion du troupeau indépendante des aléas économiques. La confirmation de la commande doit se faire quand la bande à compléter est en 2e moitié de gestation. ● La quarantaine se déroule classiquement en deux temps : une phase d’adaptation et une phase d’observation. LES OBJECTIFS SANITAIRES DE LA QUARANTAINE Le statut microbien du multiplicateur est souvent meilleur que celui de l’élevage receveur (c’est en tous cas ce qui est recherché). ● Il faut donc ménager deux phases dans la période de quarantaine : - une d’observation et de contrôle des jeunes reproductrices (phase d’observation) ; - une d’adaptation aussi rapide que possible du jeune animal à son nouvel environnement, pour permettre son incorporation au sein du troupeau sans induire de troubles ●
(phase d’adaptation ou de contamination) (encadré 2). ● Classiquement, sur une durée totale de 42 j (soit 6 sem), 1 sem est consacrée à l’observation, 5 à l’adaptation. En pratique, les durées respectives de chaque phase, de même que la durée totale de la quarantaine, sont variables.
Laurent Glattleider1 Arlette Laval2 1
5 prad tora dillec 56250 Saint Nolff 2 Département Santé des animaux d’élevage et Santé publique Unité de médecine des animaux d’élevage E.N.V.N. - Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03
Objectif pédagogique ❚ Connaître les différentes étapes de la quarantaine.
La quarantaine peut être un local neuf ou un ancien bâtiment, à condition qu'il soit confortable et isolé, non soumis aux vents dominants.
Encadré 1 - Le bâtiment de quarantaine : conseils pratiques ● Dans l’idéal, le bâtiment de quarantaine est un local isolé des bâtiments principaux de l’élevage, et constitué de plusieurs cases. Il doit être confortable pour éviter l’apparition de troubles divers, en particulier respiratoires, et pour assurer la solidité des aplombs. En effet, les animaux qui arrivent n’ont pas terminé leur croissance et leur squelette est encore très vulnérable. ● Le bâtiment doit de préférence être conduit en tout plein/tout vide par salle, avec lavage et désinfection entre chaque lot, et avec une livraison toutes les 6 semaines. ● Les surfaces recommandées sont de 1,8 m2 sur paille, et de 1,3 m2 par animal sur caillebotis. Dans ce cas, la température doit être comprise entre 20 et 22°C, en évitant les grands écarts thermiques, ce qui nécessite du chauffage en hiver. ● L’éclairage doit assurer 16 h de lumière naturelle ou artificielle par jour. ● Le local de quarantaine doit être situé à au moins 50 m du reste du troupeau pour : - éviter la contamination des animaux de l’élevage, au cas où les jeunes repro-
ducteurs seraient infectés par un agent jusqu’alors inconnu dans l’élevage récepteur ; - protéger les animaux entrants d’un choc brutal avec le microbisme des animaux résidents [1]. ● En pratique, il est souvent impossible de respecter cet impératif, car les bâtiments existent déjà, et l’autorisation administrative de construire de nouveaux locaux est difficile à obtenir. - Il convient alors de veiller à l’étanchéité des lieux et à la discipline du personnel en matière d’hygiène et de biosécurité, pour limiter les risques ; - la bonne connaissance du statut sanitaire de l’élevage d’origine, et le choix d’un schéma de multiplication sérieux, respectant une bonne transparence sur les aléas sanitaires qui peuvent survenir dans l’élevage fournisseur, apportent des garanties souvent suffisantes.
PORCS- VOLAILLES
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 425
observation originale
Jean-Marie Gourreau1 Hervé Morvan2 Raoul Triller3 Eduardo Marinho4 1. A.F.S.S.A. L.E.R.P.A.Z. 22, rue Pierre Curie BP 67 94703 Maisons-Alfort 2. Laboratoire de Développement et d’analyses des Côtes d’Armor 5-7, rue du sabot, 22440 Ploufragran 3. Centre international de Dermatologie 12 rue Barbès 92300 Levallois-Perret 4. Anatomie et cytologie pathologiques 60, rue de Wattignies 75012 Paris
Objectif pédagogique ❚ Savoir reconnaître des malformations épidermiques circonscrites congénitales chez un porcelet.
4 Ulcération du front supposée être provoquée par le frottement répété de la tête du porcelet sur la mamelle de la truie.
Essentiel ❚ Les hamartomes sont des malformations épidermiques congénitales bien connues chez l’Homme, chez le chien et le chat. ❚ Ces malformations sont très rarement identifiées chez d’autres espèces, comme la chèvre et le cheval. Leur origine reste inconnue.
PORCS- VOLAILLES
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 428 - MARS / AVRIL / MAI 2007
observation clinique
hamartome sudoral eccrine : première description chez un porcelet L’hamartome sudoral eccrine est une nouvelle affection dermatologique congénitale chez le porc qui vient d’être découverte en France. Bien connu chez les carnivores domestiques et chez l’Homme, ce type de tumeur n’a encore jamais été décrit dans l’espèce porcine.
1
L
es hamartomes sont des malformations épidermiques circonscrites, congénitales, habituellement présentes à la naissance ou apparaissant dans les jours qui la suivent. Ce sont souvent des tumeurs des glandes eccrines et des capillaires qui les irriguent. ● Au plan histologique, elles correspondent à une dysplasie de constituants normaux de l’épiderme ou de ses annexes, sans composante naevo-cellulaire. Littéralement, le terme d’hamartome désigne une prolifération tumorale de cellules qui font normalement partie de l’épiderme, de ses annexes ou du derme dans lequel elles se développent. ● En médecine vétérinaire, ce terme était souvent utilisé en synonymie avec celui de naevus. Actuellement, le terme de naevus ne doit plus être utilisé que pour les proliférations mélanocytaires [19]. Nous rapportons ici la première description de ce type de tumeur dans l’espèce porcine. PRÉSENTATION DU CAS
● En mai 2005, un éleveur naisseur-engraisseur des environs de St Brieuc (Côtes d’Armor) apporte, par pure curiosité, au Laboratoire Départemental Vétérinaire de Ploufragan, un porcelet femelle vivant, âgé de 48 h environ, qui pèse 1,2 kg et présente des tumeurs nodulaires cutanées de couleur lie de vin, localisées sur la tête, le cou et l’épaule. C’est la 1re fois qu’il constate de telles lésions dans son élevage et souhaite en connaître la nature, et si possible l’origine. ● Ce porcelet est le seul animal atteint d’une portée issue d’insémination artificielle. La truie qui l’a mis au monde, provient de divers croisements, est en parfait état géné-
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2
3 Aspect anatomique des lésions chez le porcelet vivant : on note la présence de tumeurs bourgeonnantes avec l’aspect de framboise en différents endroits du corps, notament sur la tête (photos L.V.D. de St Brieuc).
ral et ne présente aucune lésion cutanée. ● Les masses tumorales rouge-violacé, glabres, cérébriformes et bourgeonnantes, à contours irréguliers et de taille très variable d’un à 10 cm de diamètre, siègent principalement sur le sommet de la tête en débordant largement du côté droit, ainsi que sous la mandibule droite, la face postéro-latérale droite du cou et la face inférieure de l’épaule droite (photos 1 à 4). Elles ne semblent pas faire souffrir l’animal. En outre, un ulcère profond, ovale, de 4 cm x 2 cm, est présent au milieu du front (photo 4). La fragilité cutanée de cet hamartome expliquerait, par le frottement de la tête aux tétines de la truie, la présence de cet ulcère. EXAMENS DE LABORATOIRE ● Bien que semblant parfaitement viable, l’animal a été euthanasié. Aucune anomalie macroscopique viscérale n’a été décelée à l’autopsie. Les ganglions ne présentent aucune hypertrophie. Le tissu musculaire et le revêtement cutané, en dehors des lésions, sont normaux.
l’antibiorésistance de campylobacter
Isabelle Kempf
en filières avicole et porcine La volaille, et dans une moindre mesure le porc, sont des sources de Campylobacter pour l’Homme. Il est donc intéressant de suivre l’antibiorésistance dans ces filières, et d’analyser les facteurs de risque de sélection de la résistance dans ce genre bactérien.
C
ampylobacter n’est pas une bactérie pathogène pour la volaille, ni pour le porc. La surveillance de la résistance aux antibiotiques des souches de Campylobacter issues des filières avicoles et porcines ne vise en aucun cas le traitement de ces animaux, mais est indispensable dans un contexte de santé publique. En effet, si toutes les campylobactérioses humaines ne nécessitent pas un traitement, les infections les plus graves peuvent justifier l’administration d’antibiotiques. Il a été montré aux USA que la résistance aux fluoroquinolones chez Campylobacter est associée à une durée plus longue des diarrhées [16]. De plus, au Danemark, Helms et coll ont observé que les souches résistantes aux fluoroquinolones ou aux macrolides, les deux traitements de choix pour cette infection, entraînent un risque accru d’infections invasives ou de mortalité [11]. LES MÉTHODES D’ÉTUDE DE LA RÉSISTANCE DES CAMPYLOBACTER L’analyse de la sensibilité des souches de Campylobacter est de préférence réalisée par la méthode de référence de dilution en milieu gélosé [7, 15], mais d’autres tests (antibiogramme, E-test®) sont parfois utilisés au laboratoire. ● Les principales molécules testées appartiennent aux familles des bêta-lactamines (ampicilline ou amoxicilline), aux quinolones (acide nalidixique) et fluoroquinolones (enrofloxacine ou ciprofloxacine), aux macrolides (érythromycine), aux phénicolés, aux tétracyclines et aux aminosides (gentamicine, kanamycine, streptomycine). ●
AFSSA site de Ploufragan BP 53 22440 Ploufragan
Objectifs pédagogiques
1
Chez les volailles, les souches de C. coli sont plus souvent résistantes aux quinolones, fluoroquinolones, macrolides et tétracyclines que les souches de C. jejun. ● Il n’existe actuellement pas de critère international de référence pour classer les souches en sensibles, intermédiaires ou résistantes. Des travaux en ce sens sont réalisés au niveau européen (EUCAST). En France, les seuils sont définis chaque année par le CA-SFM* et sont donc susceptibles d’être modifiés d’une année sur l’autre. Cette variabilité des techniques et des seuils rend très difficile la comparaison des résultats d’études d’un pays à l’autre. ● En France, la surveillance de la résistance chez Campylobacter est réalisée par l’AFSSA dans le cadre d’une convention avec la DGAl, dans les filières aviaire, porcine et bovine depuis respectivement 1999, 2000 et 2002. Les prélèvements de caeca ou de peaux de cou de poulets de chair ou de matières fécales de porcs sont prélevés dans une dizaine d’abattoirs, représentatifs de la production française et répartis sur le territoire. Les souches isolées sont envoyées à l’AFSSA site de Ploufragan, où elles sont identifiées et analysées de manière monocentrique, par dilution en milieu gélosé, selon le protocole du CA-SFM*. Une seule souche par lot est analysée, car l'objectif est de surveiller l'évolution de la résistance dans la production française et non celle d'un élevage en particulier.
❚ Comprendre l’importance de la surveillance de Campylobacter. ❚ Bien évaluer les risques lors de l’utilisation de fluoroquinolones.
NOTE * CA-SFM expliciter ce sigle SVP Comité de l’Antibiogramme de la société française de microbiologie
Essentiel ❚ Il n’existe pas actuellement de critère international de référence pour catégoriser les souches en sensibles, intermédiaires ou résistantes. ❚ En France, la surveillance de la résistance chez Campylobacter est réalisée par l’AFSSA dans les filières aviaire, porcine et bovine.
LES RÉSULTATS DES PLANS DE SURVEILLANCE
PORCS- VOLAILLES
Les pourcentages de souches résistantes observés en 2002, 2003 et 2004 sont présentés dans le tableau 1. Ainsi, les souches de Campylobacter de poulets ou de porcs sont ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 431
l’abord du troupeau
savoir évaluer la qualité de la détection des chaleurs
dans un troupeau laitier
I
l est difficile de rechercher l’origine de médiocres performances de fertilité post-partum/fécondité d’un troupeau laitier. Si la dégradation est récente, le consultant identifie en général un changement qui peut avoir été associé au début de l’évolution défavorable, par exemple une évolution dans le statut sanitaire. En revanche, les situations chroniques de mauvaise performance installée depuis plusieurs campagnes amènent, en général, à mettre en cause les “accusés classiques”. ● Les deux accusés zootechniques principaux mis en cause dans ces situations sont l’exposition au déficit énergétique prolongé ou prononcé ; la mauvaise détection des chaleurs. Ce 2e facteur est difficile à quantifier. Parfois, l’éleveur lui-même est mis en cause, sans que des insuffisances objectives ne lui aient été présentées. ● L’évolution du génotype des animaux de race Holstein et des systèmes de production laitiers au cours des dernières décennies a, en général, affecté négativement à la fois l’expression (donc la détectabilité) et les efforts dédiés à la détection des chaleurs. ● Notre propos n’est pas de revenir sur les caractéristiques des œstrus, des vaches laitières actuelles à forte production, qui s’éloignent des valeurs classiquement enseignées, ou sur les pratiques de surveillance
Henri Seegers1 Bénédicte Grimard2 1. Zootechnie
et Gestion de la santé animale E.N.V.N./I.N.R.A. Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 Nantes cedex 03 2. Zootechnie et Biologie du Développement et de la Reproduction E.N.V.A./I.N.R.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maison-Alfort cedex
incomplètes. Cet article propose simplement des méthodes pour évaluer les pratiques existantes dans une exploitation à partir de plusieurs paramètres (encadré 1). COMMENT ÉVALUER LA QUALITÉ DE LA DÉTECTION DES CHALEURS à partir des déclarations de l’éleveur et des facteurs de risque L’évaluation à partir des déclarations de l’éleveur et des facteurs de risque est l’approche habituelle. Celle-ci est réalisée à partir des réponses données à une série de questions sur les pratiques d’élevage : temps passé à la surveillance, sa répartition dans la journée et par rapport aux périodes d’affouragement, les signes retenus comme critères absolus ou critères partiels, … c’est-à-dire en trois mots : “qui, quand, comment” ? Souvent cette approche est peu informative car les réponses peuvent ne pas refléter la réalité des pratiques (notamment si plusieurs personnes interviennent dans le même troupeau). ● Il est aussi souvent fait appel aux facteurs de risque de mauvaise détection, tels que : - la non tenue d’un planning de reproduction ; - l’absence d’affectation claire de la tâche de détection lorsque plusieurs personnes s’occupent du troupeau ; - le défaut d’éclairage des aires de stabulation ; ●
Objectif pédagogique ❚ Conduire une évaluation rationnelle de la détection des chaleurs.
NOTE * cf. “Savoir interpréter les comptages cellulaires dans un troupeau bovin laitier”, de H. Seegers et N. Bareille LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE, élevages et santé N°1, mars/avril 2006, p 80-82.
Essentiel ❚ Privilégier l’information objectivable. ❚ L’utiliser pour la communication avec l’éleveur.
Encadré 1 - Les paramètres pour mesurer la qualité de la détection des chaleurs ● Deux paramètres sont des estimateurs intrinsèques (non dépendants de la prévalence) de la qualité d’une méthode de détermination d’un état physiologique* avec application de ces notions aux cellules somatiques du lait] :
1. La sensibilité (Se) : pourcentage de vaches en œstrus effectivement détectées (aptitude à éviter les vaches faussement négatives). C’est ce paramètre qui est souvent mis à mal par l’interaction entre l’expression des chaleurs des vaches Holstein des troupeaux actuels, et une éventuelle baisse des efforts de surveillance.
2. La spécificité (Sp) : pourcentage de vaches non en œstrus correctement détectées (aptitude à éviter les erreurs par excès).
Le risque d’avoir des vaches “fausses positives” tend à augmenter lorsque la détection s’appuie sur les signes secondaires d’œstrus. Toutefois, les niveaux de spécificité sont en général plus élevés que ceux de la sensibilité [2]. ● Pour envisager les conséquences des défauts de sensibilité et de spécificité, ce sont deux autres paramètres qui sont à considérer : les valeurs prédictives des résultats positifs et négatifs. Ils conditionnent, en effet, d’éventuelles décisions erronées, mais il s’agit d’estimateurs influencés par la prévalence des vaches effectivement en chaleurs parmi celles surveillées. Cette prévalence dépend du regroupement des vêlages et du type de vaches surveillées : vaches pour la détection du 1er œstrus post-partum (prévalence faible), ou vaches inséminées il y a 3
semaines (prévalence faible à modérée), ou encore, femelles qui ont fait l’objet d’un traitement de synchronisation aux prostaglandines pour être inséminées sur chaleurs observées (prévalence élevée). Ainsi : - la valeur prédictive du résultat positif (V.P.P) est le pourcentage de vaches détectées comme en œstrus qui le sont effectivement (il dépend d’autant plus fortement de la spécificité que la prévalence est faible) ; - la valeur prédictive du résultat négatif (V.P.N.) est le pourcentage de vaches détectées comme non en œstrus qui sont effectivement bien dans cet état (il dépend d’autant plus fortement de la sensibilité que la prévalence est forte).
COMPRENDRE ET AGIR
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 435
enjeux économiques
fièvre catarrhale ovine : les conséquences économiques du mal et celles du remède
L’ampleur prise par l’épizootie de la fièvre catarrhale ovine dans les pays voisins de la France et les limitations induites de circulation des animaux ont eu des conséquences économiques bien supérieures à celles qui avaient été envisagées.
J
usqu’à l’été 2006, la fièvre catarrhale ovine (F.C.O.) était considérée comme une maladie tropicale qui allait épargner les grands bassins d’élevage de ruminants du Nord de l’Europe (au Nord du 40° parallèle). Certes, elle était en tête des maladies résurgentes qui profiteraient du réchauffement climatique. Mais, elle était attendue au sud où elle a conquis, depuis la fin des années 90 de plus en plus de territoire (Sardaigne, Corse, Sud de l’Espagne..), s’exprimant de la façon la plus classique en élevage ovin [1, 7, 8, 9]. En août 2006, elle est apparue au cœur d’un grand bassin d’élevage sur une zone touchant significativement trois grands pays européens (Pays-Bas, Belgique, Allemagne) plus marginalement, la France et le Luxembourg [8] (encadré 1). Le 31 août 2006, les deux premiers cas de fièvre catarrhale ont été signalés sur le territoire continental de la France. À compter de cette date, des mesures sanitaires réglementant strictement les déplacements des ruminants ont été mises en place pour tenter de stopper la dissémination de la maladie et permettre son éradication. DES PERTES ZOOTECHNIQUES INDIVUELLES PEU IMPORTANTES Un impact limité chez les bovins
● La symptomatologie chez les bovins associée aux sérotypes existant en Europe du Sud est inexistante ou fugace (hyperthermie passagère avec signes d’œdème des muqueuses buccales et faciales …) [2, 4, 9, 16]. ● Même si le sérotype 8 en cause dans le Nord de l’Europe semble avoir des conséquences pathologiques plus marquées que les autres sérotypes en cause dans le sud
de l’Europe, la rémission des symptômes est la règle. Au pire, des retards de croissance (qui peuvent être compensés par la suite) et une baisse de lactation passagère sont observés. ● L’impact zootechnique sur le cheptel bovin est donc assez limité, et comparable à celui de tout épisode pathologique classique.
François Gary Phylum, BP 17530, 31675 Labege Cedex
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître et comprendre les conséquences économiques de l’épizootie de fièvre catarrhale ovine en 2006, 2007 et au delà.
Un impact très significatif chez les ovins Les conséquences de la maladie sont classiquement très marquées chez les ovins où l’hyperthermie, associée aux atteintes des différentes muqueuses, provoque des pertes significatives liées à l’apparition d’avortements, au taux de mortalité ou, par défaut à une période de convalescence très longue. ● L’impact zootechnique de la maladie, liée aux sérotypes peut donc être très significatif en élevage ovin [2, 4, 9, 16]. C’est pourquoi la vaccination est réservée aux ovins, dans les zones où la maladie sévit de manière enzootique après une vague introduction épizootique, cas en France de la région Corse [9]. Pour les cas nord-européens liés au sérotype 8, les informations disponibles semblent indiquer que l’impact est beaucoup moins important, souvent inférieur à celui constaté en troupeau bovin [7].
Encadré 1 - Les dates clés de l’épizootie
●
D’IMPORTANTES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES POUR LES ÉLEVAGES EN ZONES RÉGLEMENTÉES Si l’apparition d’un cas de fièvre catarrhale dans un élevage ne provoque pas le traumatisme économique et psychologique des maladies dont l’éradication est fondée sur le stamping out, les mesures prises dans un élevage atteint (confinement des animaux, désinsectisation, …) représentent cependant des contraintes économiques : coût des produits de désinsectisation, coût alimentaire en confinant des animaux qui vont puiser sur les ressources fourragères hivernales, blocage des ventes des animaux destinés à être commercialisés, coût des éventuels traitements, … ● L’impact économique de la maladie se situe sur tous les élevages des zones réglementées qui voient les perspectives de marché pour leurs produits se réduire considérablement ●
Août - Le 17 : 1er cas déclaré en Hollande - Le 18 : 1er cas déclaré en Belgique - Le 19 : 1er cas déclaré en Allemagne - Le 31 : - 1er cas déclaré en France dans les Ardennes - 1er zonage en France (définition des périmètres interdits, zone de protection et zone de surveillance) Septembre - Le 1er : actualisation du zonage avec l’apparition du 2e cas dans le Nord - Le 5 : actualisation du zonage avec l’apparition du 4e cas dans les Ardennes - Le 29 : actualisation du zonage suite à un cas à la frontière belge Octobre - Le 13 : actualisation du zonage suite à un cas à la frontière belge et 5e cas déclaré en France dans la Meuse Novembre - Le 10 : actualisation du zonage suite à un cas à la frontière allemande - Le 11 : 6e cas déclaré en France dans le Nord - Le 20 : assouplissement des règles de transport des animaux. Décembre - Le 19 : fusion des zones de protection et des zones de surveillance en une seule zone règlementée.
COMPRENDRE ET AGIR
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI. 2007 - 439
management de l’entreprise insémination artificielle : une opportunité Philippe Baralon1 1 Phylum
de développement ?
BP 17530 31675 Labège Cedex
Objectif pédagogique ❚ Identifier un modèle économique permettant d'organiser un service d'insémination artificielle bovine au sein d'une entreprise vétérinaire.
Les vétérinaires ont toujours eu des relations complexes avec l'insémination artificielle bovine. Avec le changement de contexte réglementaire, effectif depuis le début de l'année 2007, qui permet aux entreprises vétérinaires d'exercer légalement, et assez facilement, une activité de stockage et de mise en place de semence bovine, les vétérinaires vont-ils proposer cette nouvelle offre de service : "la meilleure génétique, le meilleur service au prix de votre génétique et de votre service habituel" ?
Le changement de contexte réglementaire, effectif depuis le début de l'année 2007, modifie complètement les termes de l'analyse en permettant aux entreprises vétérinaires d'exercer légalement, et assez facilement, une activité de stockage et de mise en place de semence bovine*. De plus, il apparaît que l'évolution attendue du contexte de l'élevage et de son environnement peut favoriser l'émergence de réseaux alternatifs de mise en place, pour peu qu'ils apportent la génétique recherchée, un service de qualité à un coût modéré. ● Dès lors, la seule question qui se pose pour valider l'intérêt de l'insémination artificielle pour les entreprises vétérinaires est celle du modèle économique : dans quel contexte et avec quelle organisation des entreprises vétérinaires pourraient-elles proposer avec succès – commercial et économique – des services dans ce domaine ? ●
UN DÉFI COMMERCIAL Entrer sur un marché occupé par des "opérateurs historiques" de statut coopératif, bien implantés sur le territoire et disposant, par leurs réseaux d'inséminateurs et d'administrateurs de relais solides dans le milieu de l'élevage, ne coule pas de source. ● Le premier point à régler est donc celui du positionnement. Que peut apporter cette offre nouvelle, proposée par une ou plusieurs entreprises vétérinaires ? ● Trois types d'avantages clients sont potentiellement accessibles . 1. Un accès simple aux meilleurs taureaux, français et étrangers. Par définition indépendants des entreprises de sélection, les vétérinaires seront capables d'acheter les semences les mieux adaptées aux élevages de leurs clientèles. Les structures d'achat collectives, mises en place par les praticiens dans les années 70 pour répondre à des besoins analogues, n'auraient probablement pas trop de difficultés à doter les entreprises vétérinaires d'une capacité différenciatrice dans ce domaine. 2. Une bonne intégration du service d'insémination artificielle au sein d'une gamme complète de services de gestion de la reproduction, intégrant ses aspects physio●
NOTE * Cf. article “Insémination artificielle : un bouleversement du cadre réglementaire” de François Gary dans ce même numéro.
A
lors même que la technique a été développée avant la seconde guerre mondiale dans les écoles vétérinaires, puis diffusée dans l'immédiat après-guerre avec le concours de nombreux praticiens, la profession a renoncé à s'impliquer dans le développement de l'insémination artificielle dans les années 50, préférant se consacrer à des activités plus rémunératrices, comme la prophylaxie de la fièvre aphteuse. Ce non-choix des vétérinaires, que beaucoup considèrent comme une erreur stratégique, a été entériné par la Loi sur l'élevage de 1966, qui a fondé tout le système français d'amélioration génétique sur un réseau national de coopératives d'élevage et d'insémination artificielle disposant chacune d'une exclusivité territoriale.
COMPRENDRE ET AGIR
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 444 - MARS / AVRIL / MAI 2007
Dans ce cadre réglementaire, les diverses initiatives, isolées ou collectives, de vétérinaires pour intervenir sur le marché de l'insémination artificielle étaient vouées à l'échec, notamment parce qu'elles se situaient en marge du dispositif national d'amélioration génétique, voire en opposition avec lui. De fait, elles ont toutes échoué.
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FORMATION MÉDICALE
CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie
5. y-a-t-il réellement une différence entre les résultats des échantillons ?
revue internationale un panorama des meilleurs articles
par Bernard Toma
Comment peut-on savoir si la différence entre les résultats obtenus sur deux ou plusieurs échantillons est liée à la technique de mesure, à l’intervenant ou au hasard ?
Les exercices pratiques d’épidémiologie ... ... et leurs réponses
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Page 80 Page 93
étude de cas de l’internat cysticercose ou ladrerie bovine le dépistage sérologique des bovins atteints
- Prévalence à l’échelle individuelle et collective de la dermatitie digitée aux Pays-Bas, et facteurs de risques associés par Pierre Le Mercier (E.N.V. T)
- Excrétion fécale de Klebsiella pneunomiae par des vaches laitières par Pierre Le Mercier (E.N.V. T)
par Édouard Timsit, Christelle Tresse, Jean-Paul Jacques, Anne Kon-sun-tack, Alain Chauvin
Cette étude présente la démarche suivie lors d’un cas d'infestation massive de 54 jeunes bovins par Cysticercus bovis. L’identification de la source de contamination a nécessité une approche méthodique et le recours au dépistage sérologique des bovins infestés ... Page 81
- Étiologie des avortements chez les bovins en Suisse de 1986 à 1995 - étude rétrospective par Nicole Picard-Hagen (E.N.V. T)
- Effet de la vaccination avec un vaccin vivant atténué contre le syndrome dysgénésique et respiratoire porcin chez des porcs infectés par une souche virale hétérogène
synthèse
par Catherine Belloc (E.N.V. N)
- Prévalence et facteurs de risque de l’entérite nécrotique
les endométrites subcliniques chez la vache laitière :
en élevages de poulets de chair au Royaume-Uni : étude transversale
faut-il traiter systématiquement en postpartum ? par Olivier Pasquin, Xavier Berthelot, Nicole Picard-Hagen
rubrique dirigée par Sébastien Assié, Didier Raboisson, François Schelcher, Henri Seegers Page 89
Page 86
75
par Catherine Belloc (E.N.V. N)
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 447
comprendre l’épidémiologie 5. y a-t-il réellement une différence Bernard Toma
entre les résultats des échantillons ? Affirmer ou exclure l’existence d’une différence dans les résultats obtenus sur des échantillons est une affaire délicate ! Ceci fait en effet courir les deux risques d’erreurs qualifiées d’alpha et de bêta. Le 1er, lié aux fluctuations d’échantillonnage, correspond à une erreur par excès ; la solution passe par un test statistique. Le 2nd, conditionné notamment par l’importance de la différence, correspond à une erreur par défaut ; la solution passe par l’augmentation de l’effectif des échantillons.
I
l est fréquent de comparer deux éléments ou deux groupes d’éléments, pour identifier l’existence d’une différence. Ainsi, par exemple, en épidémiologie animale, on peut se demander si le taux estimé d’élevages infectés dans le département A est différent ou non de celui du département B. Et, bien sûr, on peut se tromper dans un sens ou dans l’autre, en affirmant l’existence d’une différence, alors qu’elle n’existe pas ou, au contraire, en l’excluant alors qu’elle existe. Divers facteurs interviennent dans la genèse de ces erreurs : - Lorsque la comparaison porte sur deux unités (ou davantage) : objets, sujets, ou deux groupes d’unités (ou davantage) : objets, sujets, la variabilité de la réponse (mesure) peut être due, notamment, à la technique de mesure (l’outil, l’appareil, etc.) ou à l’intervenant. - Ceci conduit à la notion de répétabilité, c’est-à-dire la capacité à obtenir le même résultat dans des conditions les plus semblables de répétition de la mesure (même personne, même technique, même endroit, mais à des moments différents), et à celle de reproductibilité, c’est-à-dire la capacité à obtenir le même résultat dans des conditions différentes de réalisation de la mesure (personnes différentes, lieux différents,
même technique mais appareil différent, etc.). - Lorsque la comparaison porte sur deux échantillons, un élément supplémentaire s’ajoute à ces facteurs de variabilité : le hasard, générateur d’inévitables fluctuations d’échantillonnage. En effet, comme nous l’avons déjà vu*, le résultat obtenu sur un échantillon n’est pas forcément strictement le même que la valeur réelle de la caractéristique correspondante dans la population d’où est issu l’échantillon. - C’est à cause des fluctuations d’échantillonnage que la valeur réelle de la caractéristique dans la population (par exemple, le pourcentage de sujets infectés dans la population) ne peut être qu’estimée à partir du résultat obtenu sur l’échantillon et qu’il faut, dans tous les cas d’étude sur échantillon, exprimer sous forme d’un intervalle de confiance la valeur estimée dans la population. - Il n’est donc pas possible de conclure directement à l’existence, ou à l’absence, de différence, en comparant le résultat obtenu sur deux échantillons car le hasard (fluctuations d’échantillonnage) peut conduire à deux situations différentes et opposées :
1. des résultats semblables sur deux échantillons issus de populations dont la caractéristique est différente Exemple : Obtenir 18 élevages à réponse positive sur deux échantillons de 100 élevages issus, l’un d’un département à taux de prévalence des élevages infectés de 15 p. cent, l’autre d’un département à taux de prévalence des élevages infectés de 20 p. cent ;
2. des résultats “apparemment” différents sur deux échantillons, issus d’une seule et même population.
Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général-de-Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Objectif pédagogique ❚ Savoir si la différence entre les résultats obtenus sur deux ou plusieurs échantillons est liée à la technique de mesure, à l’intervenant ou au hasard.
NOTE *Cf. l’article “Comprendre l’épidémiologie” du même auteur parus dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé : ”Quel est le nombre de sujets nécessaires dans un échantillon ?” N°3, 2006,259-262.
Essentiel ❚ Lorsque la comparaison porte sur deux unités, ou deux groupes d’unités, la variabilité de la réponse peut être due, notamment, à la technique de mesure ou à l’intervenant. ❚ Lorsque la comparaison porte sur deux échantillons, un élément supplémentaire s’ajoute à ces facteurs de variabilité : le hasard. ❚ Il n’est pas possible de conclure directement à l’existence, ou à l’absence, de différence, en comparant le résultat obtenu sur deux échantillons car le hasard (fluctuations d’échantillonnage) peut conduire à deux situations différentes et opposées.
Exemple : A partir d’un département comportant 18 p. cent d’élevages infectés, obtenir sur un 1er échantillon représentatif de 100 élevages, 15 élevages à réponse positive et, à partir d’un 2nd échantillon représentatif de même taille, 20 élevages à réponse positive).
FMC Vét
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 449
synthèse
les endométrites subcliniques chez la vache laitière : faut-il traiter systématiquement
Olivier Pasquin Xavier Berthelot Nicole Picard-Hagen
en postpartum ?
Département Élevage et Produits, École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex
Il existe actuellement une controverse sur la définition des endométrites et sur l’efficacité des stratégies de traitement généralement fondées sur l’administration de prostaglandines F2α et/ou d’antibiotiques.
Objectifs pédagogiques ❚ Diagnostiquer les endométrites subcliniques chez la vache laitière. ❚ Évaluer la pertinence d’un traitement.
L
es métrites post-partum constituent une pathologie dominante chez la vache ; elles entraînent une détérioration des performances de reproduction et ont des répercussions technico-économiques importantes en élevage laitier [3]. La diversité des méthodes de traitement et des critères diagnostiques (palpation transrectale, examen échographique et vaginoscopique (photos 1, 2), mise en culture des liquides utérins, biopsie ou cytologie utérine), la variation des stades postpartum sont à l’origine des divergences sur la définition, sur le choix des traitements et sur leur caractère systématique ou non.
2
L’examen échographique des cornes utérines permet de vérifier l’absence de liquide inflammatoire (photos E.N.V.T.).
COMMENT DÉFINIR LES ENDOMÉTRITES ? Différentes études se sont attachées à définir les endométrites sur des critères cliniques en relation avec une altération des performances de reproduction [2, 12]. ● Les endométrites chroniques cliniques sont définies par la présence de sécrétions purulentes d’origine utérine et/ou un diamètre cervical supérieur à 7,5 cm et par la présence de sécrétions mucopurulentes au-delà de, respectivement, 20 et 26 jours postpartum [9]. Cette définition est en accord avec la démarche diagnostique mise en œuvre classiquement par les vétérinaires dans le cadre des suivis de reproduction : l’examen systématique des sécrétions utérines environ un mois après la mise bas, associé à la palpation transrectale de l’appareil génital, constitue la méthode de choix, sensible et spécifique utilisée en routine pour détecter les endométrites cliniques [13] (photos 2, 3). Récemment, un dispositif vaginal Metricheck a été utilisé pour dépister les endométrites [10] (photo 4). Inséré jusqu’à l’exocol, ce dispositif permet de récupérer des sécrétions endométriales sur la partie siliconnée. Sur 214 ●
3
L’examen des glaires cervicales, notamment au moment des chaleurs, est un outil diagnostique indispensable pour détecter les métrites.
FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 458 - MARS / AVRIL / MAI 2007
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2
Examen vaginoscopique de la vache (photo E.N.V.T.).
femelles présentant une pathologie peripartum, la prévalence des endométrites dépistées avec ce dispositif est supérieure à celle observée avec l’examen vaginoscopique (60 p. cent versus 43 p. cent ). Toutefois, les écoulements cervicaux peuvent être irréguliers ou absents, en raison notamment de la fermeture du col ou d’une atonie des cornes utérines. Aussi, cette méthode ne permet pas de mettre en évidence les infections utérines chez toutes les femelles affectées. ● Des critères diagnostiques complémentaires pour détecter des endométrites subcliniques ont été évalués par Kasimanickam et coll. dans une étude récente réalisée sur 228 vaches laitières Prim’Holstein, dans deux élevages laitiers en Caroline du Nord [7]. Les femelles incluses dans l’étude étaient cliniquement saines lors de deux examens gynécologiques réalisés entre 20 et 33 jours (V 1), puis entre 34 et 47 j postpartum (V 2). - Une échographie et un examen de la cytologie endométriale (sur un échantillon prélevé par cytobrosse) ont été réalisés lors des deux visites pour mettre en évidence une inflammation utérine subclinique (sécrétion utérine ou cellules inflammatoires). - À l’issue de la 1re visite, les vaches ont été réparties de manière aléatoire en trois groupes correspondant aux traitements suivants : 1. 500 µg de cloprosténol par voie I.M. ; 2. 500 mg de céfapirine (antibiotique de la famille des céphalosporines) par voie intrautérine ; 3. non traitées. Les vaches ont été mises à la reproduction et différents paramètres (fertilité, réforme, ...) ont été enregistrés durant 8 mois à partir de
revue internationale un panorama des meilleurs articles
PRÉVALENCE À L'ÉCHELLE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE de la dermatite digitée aux Pays-Bas, et facteurs de risques associés Matériels et méthodes L’étude a été réalisée aux Pays-Bas dans 383 fermes (effectif moyen de 58,6 vaches), choisies au hasard parmi des élevages qui réalisent régulièrement un parage de tout le cheptel. ● Les 22 454 vaches étaient à 90 p. cent de race Prim’holstein ou issues de croisement Prim’holstein. Le logement était constitué de logettes avec caillebotis dans 92 p. cent des fermes. ● Lors du parage, les 20 pareurs : - recueillaient des informations sur la conduite d’élevage (questionnaire) ; - notaient les affections observées sur les pieds postérieurs après une formation commune préalable, et avec une nomenclature standardisée (Espinasse et coll, 1982). ● Une analyse des facteurs de risque a été réalisée sur un mode uni-varié, puis multi-varié. ● La fraction de la prévalence totale de la dermatite digitée (D.D.), attribuable aux affections podales infectieuses (P.A.F.), a été évaluée. ●
Résultats et discussions 1. Descriptifs ● La prévalence à l’échelon individuel de la D.D. était de 21,2 p. cent (SE = 0,3). Cette prévalence élevée semble en augmentation par rapport à une précédente enquête de1991 (8,1 p. cent pendant la période de pâturage et 13.8 p. cent pendant la période de stabulation) (Frankena et coll, 1991), et est attribuée à une période de stabulation plus longue. ● La prévalence à l’échelon des élevages variait de 0 p. cent des animaux dans 9 p. cent des élevages, à 83 p. cent des animaux dans 0,3 p. cent des élevages. Une prévalence individuelle intratroupeau de 5 à 10 p. cent était la plus fréquente (15 p. cent des élevages). ● La lésion de D.D. était unilatérale sur 70 p. cent des bovins (environ autant du côté droit que gauche) et bilatérale sur 30 p. cent.
2. Facteurs de risque Facteurs liés à la vache - Race : la Prim’holstein est apparue plus sensible que la Meuse Rhin Yssel - Parité : le risque de D.D. décroissait quand la parité augmentait. L’explication n’est pas claire : mise en place d’une immunité ? Réforme des vaches atteintes ? Changements environnementaux et alimentaires majeurs pour les primipares ? - Stade de lactation : le risque de D.D. est apparu moindre en période sèche par rapport à la lactation. Les explications avancées se rapportent à l’impact de la conduite alimentaire sur la consistance des bouses et sur leur pH. - Affections podales infectieuses - La dermatite interdigitée (OR = 2,8 et p <0,05) ●
et le phlegmon interdigité (OR = 4,4 et p <0,05) étaient associés à un risque accru de D.D. Ces résultats suggèrent des causes communes ou une partie commune dans les mécanismes d’apparition. - La liaison constatée entre hyperplasie interdigitée (tyloma ou limace) et D.D., pourrait s’expliquer par l’effet favorisant d’une irritation cutanée chronique sur le développement de l’hyperplasie interdigitée. L’étude de la fraction de la prévalence totale attribuable, suggère que si la dermatite interdigitée, l’hyperplasie interdigitée, et le phlegmon interdigité avaient été absents, respectivement 32 p. cent, 9 p. cent et 1 p. cent des cas de D.D. auraient pu être évités. - Affections podales non infectieuses : les hémorragies de la sole, la fourbure chronique, les ulcères de la sole, et les affections de la ligne blanche n’ont pas été associés à la D.D.
Objectif de l’étude ❚ Objectiver la prévalence de la dermite digitée en élevage bovin laitier. ❚ Tenter de caractériser les facteurs de risque.
Journal of dairy science 2006;89(2):580-588 Herd- and cow-level prevalence of digital dermatitis in the Netherlands and associated risk factors Holzhauer M, Hardenberg C, Bartels JM, Frankena K
Facteurs liés à l’élevage - Accès au pâturage Un accès au pâturage (> 8 h/j) était positivement associé à la D.D. Ce résultat est en contradiction avec les études précédentes. - Fréquence des parages : Un intervalle long entre deux parages (>12 mois) est négativement lié à la D.D. Ces résultats sont en contradiction avec des résultats précédents. - Autres facteurs d’élevage évalués : type de sol et de logement, achat de génisses, utilisation et caractéristique d’un pédiluve, évacuation du lisier, taille du troupeau. Aucun effet de ces facteurs n’a été démontré dans cette étude. Les résultats obtenus concernant les facteurs de risque liés à l’élevage, en apparente contradiction avec les études précédentes, illustrent bien les difficultés d’interprétation de ce type d’enquête où il est quasiment impossible de distinguer une cause d’une conséquence quand une association significative existe entre deux évènements.
●
Conclusions Cette étude fournit des résultats intéressants sur la prévalence de la dermatite digitée (22 p. cent des animaux et 91 p. cent des élevages avec au moins un cas) dans les conditions néerlandaises. ● Les résultats suggèrent une plus grande réceptivité/sensibilité des primipares par comparaison aux multipares. ● L’évaluation des facteurs de risque à l’échelon des élevages n’est pas concluante sur le plan opérationnel. ● Toutefois, la prévention de la D.D. devrait bénéficier des mesures de maîtrise de la dermatite interdigitée et, de façon plus générale, des affections podales à composante infectieuse. ❒ ●
Synthèse par Pierre Le Mercier, E.N.V.T.
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 461
revue internationale - un panorama des meilleurs articles EFFET DE LA VACCINATION AVEC UN VACCIN VIVANT ATTÉNUÉ contre le syndrome dysgénésique et respiratoire porcin chez des porcs infectés par une souche virale hétérologue
Objectif de l’étude ❚ Déterminer l’intérêt d’un vaccin vivant atténué (Ingelvac® PRRS MLV) sur la persistance du virus S.D.R.P. chez les animaux infectés dans le cadre de programmes de contrôle et/ou d’éradication.
L’importance médicale et économique du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (S.D.R.P.) justifie la mise en œuvre de programmes de contrôle pour lesquels la vaccination constitue un moyen. Toutefois, cette vaccination a été évaluée dans le contexte de la protection d’animaux sains contre l’infection. En revanche, l’intérêt de la vaccination dans un contexte d’infection en élevage conventionnel n’a été que peu documenté.
●
Cet article a pour objet de décrire l’effet de la vaccination à l’aide d’un vaccin vivant atténué (Ingelvac® PRRS MLV) sur la persistance du virus S.D.R.P. chez les animaux infectés, ainsi que sa transmission à des animaux sentinelles. De plus, les conséquences cliniques et virologiques d’une infection ultérieure par une souche hypervirulente hétérologue ont été évaluées.
●
J.vaccine.2007; doi :10.1016 /03.031 Impact of a modified-live porcine reproductive and respiratory syndrome virus vaccine intervention on a population of pigs infected with a heterologous isolate. Cano JP, Dee SA, Murtaugh MP, Pijoan C Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V.N.
352 porcelets sevrés indemnes de S.D.R.P. ont été inclus dans l’étude, et, selon les groupes, infectés par une souche de terrain, vaccinés (une, deux ou trois injections), puis éprouvés avec une souche hétérologue hypervirulente.
●
Des animaux sentinelles ont été introduits à dif-
● La vaccination (quel que soit le protocole) n’a pas eu d’effet sur la persistance du virus sauvage chez les animaux infectés.
La transmission du virus aux animaux sentinelles a eu lieu dans tous les groupes entre 37 et 97 jours post-infection, mais n’a pas été mise en évidence dans les groupes vaccinés au cours de la dernière période étudiée (97 à 127 jours).
●
● Enfin, après épreuve par une souche virale hétérologue hypervirulente, les animaux vaccinés ont présenté des symptômes moins sévères et une moindre réduction des performances de croissance.
Les auteurs concluent à l’intérêt de l’utilisation de la vaccination de masse contre le S.D.R.P., à l’aide d’un vaccin vivant atténué, dans le cadre de programmes de maîtrise de cette infection, même si son efficacité doit être évaluée plus précisément en contexte de terrain. ❒
PRÉVALENCE ET FACTEURS DE RISQUE DE L’ENTÉRITE NÉCROTIQUE
Objectif de l’étude
en élevages de poulets de chair au Royaume Uni :
❚ Quantifier la fréquence des épisodes d’entérite nécrotique en évaluant leur prévalence et en étudiant les facteurs de risque de leur survenue.
étude transversale Depuis l’interdiction des facteurs de croissance d’amoxicilline (le plus souvent) ou de tylosine. dans l’aliment des volailles, les observateurs s’ac- ● Le risque d’entérite nécrotique était d’autant cordent à rapporter une augmentation de la fré- plus élevé que la taille de l’élevage était imporquence des épisodes d’entérite nécrotique. tante. De plus, la présence d’une litière humide ou un épisode de coccidiose ont été décrits Matériels et Méthodes comme associés. ● 857 élevages, répartis dans 9 des 11 principales organisations de production de poulet de chair Discussion au Royaume-Uni, ont été sondés à l’aide d’un et conclusions questionnaire postal. ● Plusieurs éléments (notamment chronolo● Parallèlement, les rapports d’autopsie corgiques) incitent à identifier la litière humide et la respondants au dernier lot de l’élevage ont été coccidiose comme des facteurs de risque et non fournis par les vétérinaires, lorsqu’ils étaient seulement comme des circonstances associées, disponibles. même si la nature du processus pathogénique impliqué dans cette relation reste à préciser. Résultats
Avian Pathology 2007; 36(1):43-51. Prevalence and associated risk factors of necrotic enteritis on broiler farms in the United Kingdom; a cross-sectional survey. Hermans PG, Morgan KL
Le taux de réponse a été de 75 p. cent en moyenne et 32 ,8 p. cent des éleveurs ont déclaré avoir eu au moins un cas au cours de l’année précédant l’enquête (2001), les cas étant plus nombreux d’octobre à mars. ● L’examen en parallèle des rapports d’autopsie a fait apparaître une certaine discordance, puisque tous les cas déclarés par les éleveurs au cours du dernier lot n’étaient pas confirmés au laboratoire. ● L’âge médian des cas était de 26 jours d’âge (de 10 à 49 jours) et la plupart des épisodes ont donné lieu à un traitement antibiotique à base ●
Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V.N.
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 462 - MARS / AVRIL / MAI 2007
Résultats
Conclusion
Matériels et Méthodes
●
férentes périodes dans les lots et laissés pendant 30 jours au contact des animaux de l’essai.
90
● Plusieurs variables en lien avec les pratiques d’hygiène et de biosécurité ont été significativement associées à la prévalence des épisodes d’entérite nécrotique, mettant en évidence l’importance de ces pratiques dans la maîtrise de cette affection.
À la différence d’études antérieures, la composition de l’aliment, (et notamment la présence de blé), n’est pas apparue comme à risque. Les auteurs attribuent cette discordance à la difficulté d’obtention d’information sur la composition de l’aliment. ❒
revue internationale - un panorama des meilleurs articles EXCRÉTION FÉCALE DE KLEBSIELLA PNEUMONIAE par des vaches laitières Les mammites à Klebsiella pneumoniae se rencontrent assez fréquemment. Leur gravité, leur pronostic et leur traitement semblent plus problématiques que pour Escherichia coli. Elles sont couramment associées à une litière avec sciure, contrairement aux litières inorganiques (sables) et semblent liées à des facteurs environnementaux dominants. ● Avec des litières inorganiques, le niveau de contamination augmente lors de l’utilisation pour le couchage : l’hypothèse d’excrétion fécale de Klebsiella pneumoniae a été avancée. ●
Matériels et méthodes Étude longitudinale Des prélèvements bimensuels ont été réalisés dans deux troupeaux pendant 6 mois sur : - les bouses (n=100) ; - le sable non utilisé (n=1) ; - le sable du tiers arrière de 10 p. cent des stalles. ● Étude transversale Des prélèvements aléatoires uniques de bouses de 10 vaches de 10 troupeaux (n=100) ont été effectués. ● Bactériologie sur bouses ou sable - Une identification sur l’aspect de la colonie et le profil biochimique est réalisée. - La méthode standard est utilisée : pré-enrichissement de quatre heures (plus long si négatif, sans enrichissement si la croissance est intempestive). ●
Résultats ● Il n’y a pas de K. pneumoniae dans le sable avant utilisation, mais 78 p. cent (14/18) des
stalles ont un sable contaminé par K. pneumoniae (de 104,4 à 105,8 ufc). ● La prévalence de l’excrétion fécale des animaux dans l’élevage varie mensuellement de 77 à 82 p. cent. ● 84 p. cent des vaches ont une excrétion fécale positive, avec entre 3 et 10 vaches positives par troupeau.
Objectif de l’étude ❚ Déterminer la prévalence et la variabilité dans le temps de l’excrétion fécale de K. pneumoniae et le niveau de contamination des litières par cette bactérie dans le nord est des États-Unis.
Discussion et Conclusion ● Ainsi, l’excrétion fécale de Klebsiella pneunomiae contribue à entretenir le niveau de contamination de la litière. Pour des litières avec paille, il est probable que le même mécanisme soit impliqué. ● Cependant, la nature de la litière semble déterminante, puisque la fréquence des mammites à Klebsiella pneunomiae avec litière paillée semble inférieure à celle rencontrée lors de litière avec sciure. De plus le turn-over du sable utilisé pour le couchage est généralement plus faible que ceux des litières organiques (sciure et paille). Par ailleurs, les auteurs suggèrent 106 ufc comme seuil à atteindre pour considérer un germe comme pathogène dans l’environnement, mais ce seuil a été déterminé de manière empirique. Dans cet essai, le niveau de contamination du sable est inférieur. ● Aussi, le risque des litières paillées vis-à-vis des mammites à Klebsiella pneunomiae nécessiterait d’être validé. ❒
J. Dairy Sci 2006. 89 : 3425-3430 Fecal shedding of Klebsiella pneumoniae by dairy cows Munoz M, Ahlström C, Rauch B, Zadochs R
Synthèse par Pierre Le Mercier, E.N.V.T.
ÉTIOLOGIE DES AVORTEMENTS CHEZ LES BOVINS EN SUISSE, de 1986 à 1995 - Étude rétrospective Matériels et Méthodes Prélèvements Des fœtus et des placentas ont été prélevés lors de 347 avortements de vaches de 3 à 10,5 mois de gestation. ● Analyses réalisées - Neospora caninum, Toxoplasma gondii : immunohistochimie sur encéphale (n= 223), P.C.R. temps réel sur encéphale (n=76) et examen histologique de l’encéphale (n=66). - B.V.D. : immunohistochimie sur encéphale (n=223) et sur placentas (n=72). - Chlamydiales : immunohistochimie sur placentas (n=249) et P.C.R. vis-à-vis de Chlamydophila abortus (gène Omp1) (n=19). ●
Résultats Un agent infectieux susceptible d’être impliqué dans les avortements a été mis en évidence dans 28,5 p. cent des cas (99 cas sur 347). Cinq cas (1,4 p. cent) présentaient une infection multiple. Dans 3,8 p. cent des cas, l’étiologie non infectieuse était associée notamment à des malformations.
●
● L’origine de l’avortement n’a pas été déterminée dans 235 cas sur 347 (68 p. cent). ● Les agents abortifs potentiels suivants ont été mis en évidence par P.C.R. (excepté pour le virus de la B.V.D.) dans : - 16,1 p. cent des cas pour Neospora caninum ; - 0 p. cent pour Toxoplasma gondii ; - 9,9 p. cent pour le B.V.D. ; - 0,8 p. cent des cas pour les Chlamydiales.
Objectif de l’étude ❚ Déterminer dans le cadre d’une étude rétrospective menée en Suisse de 1986 à 1995, les causes infectieuses des avortements bovins, notamment la prévalence de Neospora caninum et de Toxoplasma gondii.
Discussion et conclusions Le pourcentage de cas pour lesquels aucune étiologie n’a été identifiée est élevé et pourrait être expliqué par la qualité des prélèvements. ● Dans cette étude, l’immunohistochimie n’est pas suffisamment sensible ni spécifique pour détecter avec exactitude les deux protozoaires. Sur les échantillons d’avortons ou de placentas, la P.C.R. constitue la méthode d’investigation la plus adaptée pour mettre en évidence les protozoaires ou Chlamydophila abortus. ●L’immunohistochimie s’est avérée performante pour mettre en évidence le virus de la B.V.D., même si la P.C.R. est une méthode plus largement utilisée en France. r
J. Vet. Med. A 2007;54:15-22.
●
Aetiology of bovine abortion in Switzerland from 1986 to 1995 A retrospective Study with emphasis on detection of Neospora caninum and Toxoplasma gondii by PCR. Reitt K, Hilbe M, Voegtlin A, Corboz L, Haessig M, Pospischil A Synthèse par Nicole Picard-Hagen, E.N.V.T.
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 463
test clinique
les réponses
Christophe Espinasse1 Nicole Picard-Hagen1 François Schelcher1 Christian Saussier2
amputation du pénis chez un taureau Blond d’Aquitaine 1 Quel est votre diagnostic ? Le diagnostic différentiel doit prendre en compte : - une tumeur du pénis (fibropapillome invasif) : ces tumeurs sont le plus souvent fibreuses et non malignes avec un aspect en “chou-fleur” ; - un hématome pénien : il survient le plus souvent au moment de l’éjaculation et entraîne assez fréquemment un prolapsus du pénis à l’origine d’une balanoposthite ; - une éversion préputiale, associée à une absence ou à un manque de développement des muscles préputiaux : le prolapsus est intermittent, il survient au moment des mictions ou précède l’érection ; - le priapisme correspond à une érection persistante du pénis (en l’absence de stimulation sexuelle) liée à une perturbation de la circulation sanguine pénienne. Le priapisme prolongé aboutit à la formation d’un œdème, augmente les risques de lésion, entraîne une dessiccation et un risque de nécrose de l’extrémité du pénis. Toutefois, cette affection est rarissime, en particulier chez les espèces présentant un pénis de type fibroélastique, pauvre en tissu érectile ; - des lésions d’origine traumatique. L’apparition soudaine du prolapsus chez un taureau adulte au pré ainsi que la présence d’une plaie profonde nous ont orientés vers une origine traumatique, probablement lors de la monte naturelle (fil barbelé par exemple).
1 E.N.V.T.
Département Élevage et produits 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03 2 Route de Varen 82250 Laguepie
3
Mise en place du garrot et préparation chirurgicale du pénis (photos E.N.V.T., service pathologie des ruminants).
2 Quel traitement envisagez-vous ? Le traitement médical anti-inflammatoire mis en œuvre en 1re intention n’a pas permis de réduire le prolapsus de la verge. L’extrémité du pénis est froide, insensible, nécrosée. ● Un traitement chirurgical est donc envisagé en accord avec l’éleveur (encadré). - Un jeûne préalable de 24 h permet de réduire le risque potentiel de régurgitation fausse déglutition pendant l’intervention chirurgicale. - Une antibiothérapie pré-opératoire : Penijectyl® 100 ml I.M. (pénicilline procaïne G) associée à un anti-inflammatoire, Kétofen® 30 ml I.V. est instaurée 1 h avant le début de la chirurgie. - L’animal est anesthésié pour une durée approximative d’une heure avec une perfu●
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 464 - MARS / AVRIL / MAI 2007
92
Encadré - Les principaux temps opératoires
- Une sonde urinaire stérile est mise en place pour repérer l’urètre et préserver son intégrité.
- Un garrot est posé 5 à 10 cm en amont de la zone à amputer (photos 3, 4). - Un triangle est disséqué en zone saine sur la face ventrale du pénis, jusqu’à l’urètre, puis celui-ci est ouvert longitudinalement (le sommet du triangle se trouve en position médio-caudale avec une base de 3 cm et des côtés de 4 cm de longueur). - Les bords de l’urètre sont éversés sur les bords de la plaie en triangle, puis suturés avec des points simples (P.D.S. II déc. 3). - La portion nécrosée du pénis (15 à 20 cm) est sectionnée obliquement vers le bord dorsal du pénis (figure). - Quelques points d’hémostase sont posés. La tunique albuginée est suturée de manière à recouvrir le corps caverneux à l’aide de points simples. Le premier point est placé médialement et les suivants de part et d’autre.
4
Section de la portion nécrosée.Le cathétérisme de l’urètre permet de l’identifier facilement et de préserver son intégrité.
Figure - Section de la partie nécrosée après éversion des bords de l’urètre Corps caverneux du pénis Urètre
sion intraveineuse de glucose 5 p. cent contenant 5 ml de Rompun® 2 p. cent, 10 ml de Clorkétam® 10 p. cent et 50 g de Gaïacolate de Glycéryl Ether par litre de soluté.
test clinique - amputation d’un pénis chez un taureau Blond d’Aquitaine Tableau - Spermogramme
Pour en savoir plus
du taureau Blond d’Aquitaine Paramètres séminologiques
5 Aspect du pénis après l’amputation (photo E.N.V.T., service pathologie des ruminants).
- La perfusion est rapide jusqu’au couchage de l’animal, puis plus lente (1 ml/kg/h). Le débit est ajusté en fonction de la profondeur de l’anesthésie. - Le taureau est placé en décubitus latéral. Il est couché sur un matelas épais pour réduire le risque de lésions musculaires ou nerveuses périphériques. ● Un traitement médical post-opératoire d’une semaine est instauré. L’injection par voie veineuse tous les 2 jours de 10 ml de Vetranquil® (hors AMM) facilite l’extériorisation partielle du pénis et l’inspection de la plaie. Une pommade antiseptique, calmante, décongestionnante et cicatrisante est appliquée à chaque examen (Sulmidol®). ● L’antibiothérapie est poursuivie pendant une semaine associée à un anti-inflammatoire, Metacam®, 25 ml S.C. ● L’évolution est favorable, le prolapsus de la verge est totalement réduit (photo 5). ● Le taureau regagne son cheptel le 9 décembre 2006.
Taureau blond Valeurs usuelles* (monte naturelle) d’Aquitaine
●
Volume
- 10 ml
●
Couleur
- Blanc laiteux
●
Consistance
●
Motilité massale
●
Motilité individuelle
●
Concentration - 250 millions/ml - > 300 millions/ml
Pourcentage des morts ● Pourcentage d’anomalies ● Présence de cellules étrangères : test de Schalm ●
- Laiteuse
- 3-8 ml - Blanc laiteux à jaunâtre - Laiteuse à crémeuse
- 1 (sans platine chauffante)
-2à5
- 50 %
- > 30-40 %
Hopkins FM, Spitzer JC.The new Society for Theriogenology breeding soundness evaluation system. Vet Clinics of North America: Food Animal Practice. 1997;13:283-293. ● Hooper N. Surgical management of preputial injuries in bulls. In : Proceedings of the 23rd World Buiatrics Congress. Canada, 2004. Québec: WAB;2004:1-5. ● Fubini SL, Ducharme NG. Farm Animal Surgery. Philadelphia:WB Saunders;2004:624 p. ● Andrews AH, Blowey RW, Boyd H. Bull infertility. In: Bovine medicine, diseases and husbandry of cattle. 2nd ed. London : Blackwell publishing;2003:1232 p. ● Walker DF, Vaughan JT. Bovine and equine urogenital surgery. Philadelphia : Lea and Febiger;1980. Hooper N. Surgical management of preputial injuries in bulls. In : Proceedings of the 23rd World Buiatrics Congress. Canada, 2004. Québec: WAB;2004:1-5. ● Fubini SL, Ducharme NG. Farm Animal Surgery. Philadelphia:WB Saunders;2004:624 p. ● Andrews AH, Blowey RW, Boyd H. Bull infertility. In: Bovine medicine, diseases and husbandry of cattle. 2nd ed. London : Blackwell publishing;2003:1232 p. ● Walker DF, Vaughan JT. Bovine and equine urogenital surgery. Philadelphia : Lea and Febiger;1980. ●
(12 mars 2007)
- 50 %
- < 40 %
- 12 %
- < 25 % - < 40 %)
-0
- Réaction 0 à 1+
*d’après Hopkins FM, Spitzer JC (cf. Pour en savoir plus)
Chez l’éleveur, le taureau déverge difficilement lors des mictions compte tenu de l’étendue de la zone amputée. Une collecte de sperme par électroéjaculation est réalisée le 12 mars 2007. Le sperme est de bonne qualité bien que faiblement concentré en spermatozoïdes (tableau). ●
La congélation de la semence est donc envisagée afin d’inséminer des génisses au printemps et de conserver ainsi la valeur génétique de ce taureau d’élite. ❒
comprendre l’épidémiologie exercice pratique ... les réponses ➜ da la page 80 Est-ce que je peux considérer :
1. Qu’il y a une différence entre les nombres de clients ayant consulté au cours des trois derniers jours et si oui, qu’elle est significative ? - Les clients venus chaque jour en consultation correspondent à la “population quotidienne” de consultants. - Il est possible d’affirmer qu’il y a une différence dans le nombre de consultants, à l’évidence le plus grand nombre, lundi (32), un peu moins, mardi (29) et encore moins mercredi (27). - Quant à savoir si cette différence est “significative”, disons qu’elle est modérée : trois clients de moins le mardi par rapport à une trentaine, soit une différence relative de l’ordre de 10 p. cent, et un peu inférieure le mercredi (2/29 = 7 p. cent). En fait, le terme de “différence significative” s’utilise lorsqu’on applique un test
statistique à des résultats obtenus par échantillonnage.
2. Qu’il y a une différence entre les pourcentages de réponses positives et, si oui, qu’elle est significative ? - En ce qui concerne les réponses positives, elles ont été obtenues sur un échantillon puisqu’une personne sur deux est interrogée. Dans ce cas, les fluctuations d’échantillonnage peuvent, du seul fait du hasard, être à l’origine de variations dans le nombre de réponses positives en fonction des jours. - L’utilisation d’un test statistique permettrait de comparer la différence observée avec celle résultant des seules fluctuations d’échantillonnage et de se prononcer sur l’existence éventuelle d’une “différence significative au plan statistique” par rapport à un risque d’erreur déterminé.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé MARS / AVRIL / MAI 2007 - 465