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DOSSIERS : MALADIES VECTORIELLES - LA PESTE PORCINE AFRICAINE
COUV ELSA 6 BAT 2
N°6 JUILLET / SEPTEMBRE 2007 revue de formation à comité de lecture
Actualités en perspective - Les maladies animales transmissibles en Europe : un été d’évolution ou de révolution L’E.S.B. en France après l’interdiction des farines animales dans l’alimentation des bovins : les résultats des études épidémiologiques Observations cliniques de fièvre catarrhale ovine chez des bovins dans les Ardennes
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°6 - SEPTEMBRE 2007
Ruminants - Tiques et babésioses : transmission et aspects cliniques chez les bovins - Diagnostic et thérapeutique des babésioses chez les bovins Les infections à Bartonella chez les ruminants - Diagnostic et traitement des anaplasmoses chez les bovins et les ovins - L’anaplasmose à Anaplasma phagocytophilum ou ehrlichiose granulocytaire bovine Diagnostic et thérapeutique de l’anémie chez les bovins
DOSSIERS :
LES MALADIES VECTORIELLES chez les ruminants LA PESTE PORCINE africaine
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Comprendre l’épidémiologie La différence est significative !
-
Étude de cas de l’internat -
Des vulvo-vestibulites en élevage allaitant - Synthèse - Les conséquences de la perfusion - Revue de presse internationale - Tests de formation
lente et rapide de solutés glucosés sur la phosphatémie chez les bovins
Porcs - volailles -
Aviaire - Le botulisme aviaire : une maladie réémergente chez les volailles de chair - Porcs - La peste porcine africaine : un risque sanitaire majeur
Comprendre et agir - Enjeux économiques La fin des quotas laitiers : à vos marques, prêts ... Techniques de laboratoire Les mycoplasmoses caprines : épidémiologie moléculaire - Management de l’entreprise vétérinaire Gestion de trésorerie : comment évaluer une offre de stockage contre remise ?
P 3 Sommaire ELSA 6 BAT
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sommaire Éditorial par Philippe Jacquiet Test clinique - Des masses dépilées chez un veau Holstein de 2 mois
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Edouard Timsit, Sébastien Assié
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Nathalie Jarrige, David Abrial, Géraldine Cazeau, Mathilde Paul, Eric Morignat, Christian Ducrot, Didier Calavas
- LES MALADIES VECTORIELLES chez les ruminants
6
- LA PESTE PORCINE AFRICAINE
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- Observations cliniques de fièvre catarrhale ovine chez des bovins dans les Ardennes Alain Mayer, Guillaume Belbis, Jean-Luc Mercier, Émilie Geoffroy, Yves Millemann
JUILLET / SEPTEMBRE 2007
DOSSIERS
ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Les maladies animales transmissibles en Europe : un été d’évolution ou de révolution Zénon - L’E.S.B. en France après l’interdiction des farines animales dans l’alimentation des bovins : les études épidémiologiques confirment la persistance des sources d’infection liées à l’alimentation
N°6
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BOVINS ET PETITS RUMINANTS Dossier Maladies vectorielles - Tiques et babésioses : transmission et aspects cliniques chez les bovins Monique L’Hostis, Sébastien Chauvet, Philippe Devers, Alain Chauvin
21
- Diagnostic et thérapeutique des babésioses chez les bovins Alain Chauvin, Laurence Malandrin, Sarah Bonnet, Monique L’Hostis
28
- Les infections à Bartonella chez les ruminants Henri-Jean Boulouis, Muriel Vayssier-Taussat, Nadia Haddad, Renaud Maillard
35
- Diagnostic et traitement des anaplasmoses chez les bovins et les ovins Philippe Jacquiet
39
- L’anaplasmose à Anaplasma phagocytophilum ou ehrlichiose granulocytaire bovine Renaud Maillard, Élisabeth Petit, Fanny Alario, Nadia Haddad, Henri-Jean Boulouis
42
- Diagnostic et thérapeutique de l’anémie chez les bovins François Schelcher, Hervé Cassard, Fabien Corbière, Gilles Foucras, Gilles Meyer, Caroline Lacroux
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PORCS - VOLAILLES - Aviaire - Le botulisme aviaire : une maladie réémergente chez les volailles de chair Jean-Luc Guérin, Jean-Yves Douet - Porcs - La peste porcine africaine : un risque sanitaire majeur
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Vincent Michaud, Emmanuel Albina
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COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - La fin des quotas laitiers : à vos marques, prêts ... Alain Le Boulanger
61
- Techniques de laboratoire - Les mycoplasmoses caprines à Mycoplasma mycoïdes subsp. mycoides biotype Large Colony : épidémiologie moléculaire Florence Tardy, Pascale Mercier, François Poumarat
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- Management de l’entreprise vétérinaire - Gestion de trésorerie : comment évaluer une offre de stockage contre remise ? Philippe Baralon
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Souscription d’abonnement en page 75
FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - 6. Comprendre l’épidémiologie - La différence est significative ! Bernard Toma 72 - Synthèse - Les conséquences de la perfusion lente et rapide de solutés glucosés sur la phosphatémie chez les bovins Clément Mestdagh, Didier Raboisson, François Schelcher
ACTUALITÉS
76
- Les études de cas de l’internat - Des vulvo-vestibulites en élevage allaitant Christophe Espinasse, Xavier Nouvel, Gilles Meyer, Francis Enjalbert, Alain de La Rochette, Christine Citti, Hervé Cassard, Didier Raboisson, François Schelcher - Revue de presse internationale - Rubrique dirigée par François Schelcher et Henri Seegers. Notre sélection d’articles par Sébastien Assié, Catherine Belloc, Clément Mestdagh, Nicole Picard-Hagen, Didier Raboisson
- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses
RUMINANTS 79
PORCS-VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR
85 89 90
FMC Vét
Articles originaux ou observations originales
3
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé JUILLET / SEPTEMBRE 2007 - 3
P 4 Test clinique Questions BAT
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test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
des masses dépilées
Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (praticien), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Jean-Luc Chatré (praticien), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (E.N.V.N.) Arlette Laval (E.N.V.N.), Marc Savey (A.F.S.S.A.) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (E.N.V.N.) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)
Rédacteurs en chef Sébastien Assié (E.N.V.N.) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)
Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie des ruminants, E.N.V.L.) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Baudeau (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, E.N.V.N.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Didier Calavas (A.F.S.SA., Lyon) Alain Chauvin (Parasitologie, E.N.V.N.) Alain Douart (Pathologie des ruminants, E.N.V.N.) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Olivier Gauthier (chirurgie, E.N.V.N.) Norbert Giraud (praticien) Jean-Marie Gourreau (A.F.S.SA. Alfort) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Christophe Hugnet (praticien) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Jean-François Jamet (praticien) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Milleman ((Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Jean-Marie Nicol (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Pascal Sanders (A.F.S.SA. Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stephan Zientara (?, E.N.V.A.)
Secrétaire de rédaction Marie Chesneau Gestion des abonnements et comptabilité : Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr
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chez un veau Holstein de 2 mois
U
n veau mâle de race Holstein âgé de 2 mois présente des signes digestifs de “ténesme, anorexie, colique”. Il est traité en 1re intention avec du Sorbilax® (dioctylsulfosuccinate de sodium et sorbitol) et une amélioration est observée. ● Dix jours plus tard, le veau est revu pour “dépilation des cuisses et présence de masses en dessous de l’anus”. ● L’examen général révèle une hyperthermie modérée (39,8 °C) ainsi qu’une forte odeur urineuse de l’ensemble de l’arrière-main. ● À distance, huit à dix masses dépilées de 5 à 6 cm de diamètre qui s’étendent de l’anus jusqu’au prépuce sont notées (photo 1). Les faces externes et internes des cuisses ainsi que la région périnéale sont dépilées (photo 2). ● À la palpation, ces masses sont froides, fluctuantes et avec un signe du godet positif en surface. Les zones dépilées sont suintantes, froides et séparées des tissus sains par un sillon disjoncteur. ● À l’examen de l’abdomen, un bruit de flot bilatéral à la succussion de l’abdomen sans douleur associée est observé.
Clinique bovine E.N.V.N. Atlanpôle, La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3
1
Une succession de masses dépilées de l’anus au prépuce (photos P. Timsit).
1 Quel est votre diagnostic ? 2 Quels examens réaliser pour confirmer et préciser ce diagnostic ? 3 Quelle conduite à tenir proposez-vous ?
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray
2 Les cuisses sont dépilées.
Réponses à ce test page 89
Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37€, U.E. :38€ Tarifs d’abonnement : voir p. 97 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0508 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232
comité de lecture
Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 4 - JUILLET / SEPTEMBRE 2007
Édouard Timsit Sébastien Assié
4
Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Pierre Bézille, Henri-Jean Boulouis, Cyril Boissieu, Alain Bousquet-Melou, Gilles Bourdoiseau, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette, Eric Collin,
Fabien Corbières, Roland Darré, Stéphane Daval, Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Pascal Dubreuil (Québec) Barbara Dufour, Jean-Michel Fabre, Pascal Fanuel, Gilles Fecteau (Québec) Cécile Ferrouillet (U.S.A.), Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, François Gary, Christian Gipoulou,
Norbert Gauthier, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Nadia Haddad, Christian Hanzen (Liège), Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Frédéric Lemarchand, Xavier Malher, Hervé Morvan, Hervé Navetat, Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège),
Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret, Pierre-Emmanuel Radigue, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart, Henri Viel, Lionel Zenner.
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éditorial La règle générale “infection n’égale pas maladie”, sans être remise en cause, doit toutefois être nuancée notamment dans les zones d’extension de ces maladies, ou lors d’introductions d’agents pathogènes dans un cheptel “naïf” ...
A
utrefois considérées comme essentiellement “exotiques” à l’exception notable de la babésiose à Babesia divergens, les maladies à vecteurs des ruminants sont à nouveau d’actualité et doivent être, désormais, considérées avec le plus grand intérêt par les vétérinaires praticiens. Bien sûr, au moment où s’ouvre le “Grenelle de l’environnement”, je ne peux qu’évoquer l’influence du “global change” pour expliquer la recrudescence de certaines d’entre elles. ll y a sans doute une part de réalité dans tout cela mais est-on vraiment en mesure de la quantifier ? Car les mots, les concepts, même savants, même employés par des néoconvertis, ne doivent pas cacher la triste réalité de l’entomologie française : les compétences comme les données épidémiologiques font cruellement défaut dans notre pays et c’est tout à l’honneur de certaines équipes de parasitologues d’avoir su maintenir une expertise et une veille dans leur domaine respectif. Tous, collectivement, nous pouvons les en remercier. Sous le terme de “maladies à vecteurs”, on trouve une grande diversité d’agents étiologiques (protozoaires, bactéries ou virus) et de vecteurs (tiques, diptères hématophages). Toutefois, ces maladies ont une particularité commune : l’infection est bien plus répandue que la maladie proprement dite. Les effets de la persistance à long terme de ces agents pathogènes dans l’organisme d’un ruminant asymptomatique sont souvent négligés car en fait, ils ne sont pas bien connus : importance économique par diminution des productions, ou bien immunomodulation conférant une plus grande sensibilité à d’autres pathogènes ou une moindre réactivité à la vaccination ? Ce domaine des “maladies à vecteurs”, largement sous-exploré, mériterait plus d’attention de la part de la recherche. La règle générale “infection n’égale pas maladie”, sans être remise en cause, doit toutefois être nuancée, notamment dans les zones d’extension de ces maladies ou lors d’introductions d’agents pathogènes dans un cheptel “naïf”. Ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé n’a pas vocation à l’exhaustivité (il faudrait plus d’un numéro !) mais il traite aussi bien d’une maladie en pleine expansion comme la fièvre catarrhale ovine (cf. l’article d’Alain Meyer, Jean-Luc Mercier, Yves Millemann et collaborateurs), que de nombreuses autres moins explosives dans leur développement. Aussi, les points suivants sont abordés : - Laissons d’abord la plume à Monique L’Hostis, à Alain Chauvin et à leurs collaborateurs pour nous présenter une synthèse de la bio-écologie des principales espèces de tiques des bovins en France ainsi que du diagnostic et des difficultés de la gestion de la babésiose à Babesia divergens. - Puis, Renaud Maillard, Henri-Jean Boulouis et leurs collaborateurs évoquent les actualités en matière de Bartonella spp. et d’ehrlichiose à Anaplasma phagocytophilum. - Pour ma part, je rappelle les éléments fondamentaux en matière d’anaplasmoses des globules rouges dans les espèces bovine (Anaplasma marginale) et ovine (A. ovis). - François Schelcher et son équipe clôturent les articles de ce dossier avec une mise au point très complète sur le diagnostic différentiel des anémies chez les bovins.
Philippe Jacquiet Service de Parasitologie E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 3
NOTE * Sur la besnoitiose bovine, une des synthèses de la revue internationale présente, dans ce numéro, une étude parue dans Veterinary parasitology 2006;141:216-25 Sur le diagnostic immunologique de l’infection par Besnoitia besnoiti par E.L.I.S.A. et Western Blot (cf. p. 86).
pour en savoir plus ... ** cf. les articles déjà publiés dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline - N°24 Dossier Les maladies vectorielles du chien et du chat août/septembre 2004, p. 281-321 - Hors-série 2006 Les maladies infectieuses du chien et du chat Comment diagnostiquer et prévenir la maladie de Lyme chez le chien et le chat de Henri-Jean Boulouis et coll. p. 409-12
D’
autres aspects auraient pu être abordés, comme la maladie de Lyme**, la récente introduction de Trypanosoma evansi, agent du surra en France, et la besnoitiose bovine*. Ces sujets ont déjà fait l’objet d’articles dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline (cf. ci-contre) et feront l’objet dans cette revue d’articles dans de prochains numéros, tant il est vrai que ce dossier ouvert sur les maladies vectorielles n’est pas prêt de se refermer. ❒
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actualités en perspective les maladies animales
transmissibles en Europe un été d’évolution ou de révolution ?
O
n attendait la canicule, ce fut l’été le plus humide en France depuis 1945, au moins pour la moitié nord jusqu’à fin août. Dans le même temps, l’Angleterre était submergée par les inondations, ce qui allait probablement concourir début août à la réapparition de la fièvre aphteuse dans le Surrey, au sud-ouest de l’agglomération londonnienne, autour de Guilford (encadré). Pendant cet été, pas d’accalmie non plus pour les autres maladies qui avaient beaucoup occupé l’actualité des six premiers mois de l’année 2007 : l’influenza aviaire hautement pathogène, la peste porcine, et la fièvre catarrhale ovine. L’INFLUENZA AVIAIRE HAUTEMENT PATHOGÈNE EN ALLEMAGNE ... ET EN FRANCE L’influenza aviaire hautement pathogène (I.A.H.P.) à H5 N1 continue à prospérer en Allemagne dans la faune sauvage. Un très important élevage de canards a été atteint fin août en Bavière (165 000 canards de 4 semaines présents, près de 400 morts
NOTE
●
cf. l’article : 1 “Peste aviaire : les oiseaux sauvages : coupables ou victimes ?” du même auteur dans Le Nouveau Praticien Vétérinaire élevages et santé n°2 p. 108-109.
dans un parquet de 40 000) et deux autres, appartenant à la même firme que le précédent, ont dû être abattus dans la région de Nuremberg début septembre. Les liens commerciaux existant entre ces foyers relancent le débat sur les contributions respectives de la faune sauvage et des échanges d’animaux domestiques dans la dynamique de l’I.A.H.P. à H5 N11. ● En France, sept cas ont été identifiés dans la faune sauvage (cinq cygnes tuberculés et deux canards colverts) dans des étangs du sud-ouest de la Moselle entre fin juin et miaoût, ce qui a conduit à restreindre l’usage des canards appelants à la façade maritime ouest du pays, perturbant l’ouverture généralisée fin août de cette chasse si particulière. LA PESTE PORCINE AFRICAINE EN GÉORGIE ● L’épizootie de peste porcine africaine (P.P.A.) en Géorgie a connu cet été un développement dramatique. En effet, longtemps considérée comme totalement exotique et confinée à l’Afrique sub-saharienne et à
Encadré - La réapparition de la fièvre aphteuse en Angleterre : un épisode peu banal Épisode peu banal que la réapparition de la fièvre aphteuse en Angelterre, puisque c’est la souche de l’avant-dernière épizootie (celle de 1967) qui en est responsable. Son origine est liée à une fuite à partir "d’un laboratoire vieillissant" mais en pleine rénovation, sur le site prestigieux de Pirbright, qui abrite, entre autres, le laboratoire mondial et communautaire de référence pour la fièvre aphteuse. Il n’est pas sans intérêt, pour la modestie de chacun et l’édification de tous, de résumer la genèse de l’événement à la lumière des résultats des différentes enquêtes promptement mises en œuvre. On y apprend que la combinaison d’une fuite, dans un tuyau amenant du virus encore vivant vers son site d’inactivation, de travaux de rénovation et d’une circulation mal contrôlée des véhicules sur le site, dans un paysage passablement inondé, a permis au virus d’atteindre deux élevages bovins début août. ● La situation a connu un nouveau rebondissement lorsque deux autres foyers ont été découverts les 12 et 14 septembre près de la ville d’Egham, en dehors et au nord de la zone de surveillance établie autour des foyers du mois ●
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 6 - JUILLET / SEPTEMBRE 2007
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d’août. Si on ajoute que la nouvelle zone de surveillance englobe à la fois le domaine royal de Windsor et l’aéroport d’Heathrow et que trois autres cas y ont été identifiés entre le 18 et le 24 septembre, on comprend l’émotion et l’inquiétude suscitées en Angleterre et dans l’Union Européenne. ● De plus, la 2e série de foyers est apparue plus d’un mois après l’abattage du dernier foyer de Guilford (le 7 août) et quelques jours seulement après la levée (le 8 septembre) des dernières mesures de restriction qui étaient appliquées dans la zone correspondante. Leur genèse est donc difficile à comprendre sans remettre en cause la qualité des mesures mises en œuvre. Quoi qu’il en soit, leur suivi est d’autant plus délicat que le mois de septembre en Grande-Bretagne est une période d’intenses échanges commerciaux pour l’ensemble des ruminants et, tout particulièrement, pour les ovins. Les échanges avec l’Union Européenne vont sans doute être interdits, au moins pour le bétail vivant, jusqu’à la fin octobre, ce qui ne manquera pas d’aggraver les difficultés de filières déjà lourdement éprouvées depuis 15 ans.
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actualités en perspective - les maladies animales transmissibles en Europe Tableau 1 - Le nombre total de foyers
Figure - Carte des zones de protection continentales françaises
de Bluetongue au nord-est de l’Europe
instituées par arrêté du 22 septembre 2007
au 1er octobre 2007 (Sources ADNS et SCFCAH/EU)
État membre
Nombre cumulé en 2006
Nombre cumulé depuis
62
juillet 2007
80
●
Belgique
695
4 138
●
Allemagne
885
11 312
●
France
6
2 117
5
937
456
5 051
●
Luxembourg
●
Pays-Bas
●
Royaume-Uni (depuis le 22 septembre)
0
76
LA FIÈVRE CATARRHALE OVINE : UNE ÉMERGENCE SPECTACULAIRE C’est au cœur de l’Europe qu’a éclaté, cet été, la plus grande épizootie depuis 2001. Elle concerne la fièvre catarrhale ovine (F.C.O. ou Bluetongue) à sérotype 4 dont on peut qualifier dès maintenant l’émergence, non seulement de réussie - nous le savions depuis 2006 - mais de spectaculaire, imposant une nouvelle préoccupation majeure en santé animale pour toute l’Europe, bien au-delà des cinq pays initialement touchés en 20063. ● Quelques données qualitatives et quantitatives permettent d’objectiver l’ampleur et la nouveauté, par rapport à 2006, de cette vague épizootique : - les premiers cas 2007 sont apparus entre début (Allemagne, Belgique) et fin juillet
02
08
60 50
14
27
95 78
61 35
53
28 72
49
91
51
57
55
67
54
77 10
45
18
Madagascar, cette maladie est brutalement apparue dans ce pays aux confins de l’Union Européenne au mois d’avril2. ● Son évolution peut être aisément expliquée dans un pays particulièrement pauvre en laboratoires et en structures vétérinaires opérationnelles pour faire face à ce qui apparaît déjà comme une émergence réussie, puisque l’ensemble du pays est touché et que l’Arménie voisine l’a été à son tour au cours du mois d’août. ● Là aussi, il est intéressant de noter que l’origine de l’introduction est l’objet de beaucoup d’interrogations. Le facteur le plus couramment mis en cause est lié aux "eaux grasses" des navires arrivant dans les ports de la Mer Noire issus de zones africaines où la P.P.A. est enzootique. Les "eaux grasses" étant aussi un vecteur reconnu d’introduction de la fièvre aphteuse, une vigilance renouvelée concernant leur contrôle est probablement l’une des mesures de "biosécurité" les plus pertinentes à mettre en œuvre actuellement et dans les semaines à venir.
●
59
88
52
68
89
70
41
90
21
37
25
58
18 36
39
71
86
03 01
23 87
63
42
Zone de surveillance Zone de protection
69
Périmètres interdits Zone de regroupement de la majorité des cas constatés
(Pays-Bas, France), alors qu’ils n’avaient été repérés qu’à la mi-août en 2006 ; - leur nombre a cru de façon spectaculaire, entre le début et la fin du mois de septembre 2007, puisque l’on est passé de moins de 3 000 à plus de 13 000 foyers identifiés sur l’ensemble de la zone nord-est européenne. Ces chiffres doivent être comparés au nombre total de cas repérés dans la même zone entre août et décembre 2006 de l’ordre de 2 000 ; - l’extension de la zone touchée, en 2007, notamment vers le sud, est spectaculaire puisqu’en Allemagne, des cas ont été recensés en Bavière et au Bade-Wurtemberg, que le Luxembourg, qui avait été très peu atteint en 2006 (quelques cas), recense déjà plus de 800 cas et qu’en France, 17 départements (au lieu de cinq en 2006) sont atteints. Si l’on ajoute que l’Angleterre (épargnée en 2006) a identifié son 1er cas le 22 septembre dernier, on mesure le véritable séisme qui secoue l’élevage des ruminants dans les six pays de l’Union Européenne maintenant touchés. Le tableau 1 présente, au 1er octobre, une estimation du nombre de cas recensés par pays. Ce sont les ordres de grandeur plus que les chiffres eux-mêmes, en constante évolution, qui sont intéressants et significatifs. ● En France, 17 départements ont reconnu au moins un cas. Si la majorité d’entre eux (plus de 1 000) ont été identifiés dans cinq départements du nord de la France (Aisne,
NOTES cf. les articles : - 2 “La peste porcine africaine” de V. Michaud et E. Albina dans ce même numéro. - 3 “La blue-tongue dans le nord de l’Europe et quelques autres ré-émergences dans le monde” du même auteur dans Le Nouveau Praticien Vétérinaire élevages et santé n°4 p. 282-283.
ACTUALITÉS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé JUILLET / SEPTEMBRE 2007 - 7
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actualités en perspective - les maladies animales transmissibles en Europe Tableau 2 - La situation de la Bluetongue en France au 1er octobre 2007 Nombre total de foyers : 2 117 dont 1 834 dans les départements frontaliers du nord Origine des foyers
Especes atteintes (80%) (9%) (11%)
1 698 foyers cliniques ● 189 foyers sérologiques ● 230 origine inconnue ●
1 145 bovins (68%) 318 ovins/caprins (15%) ● 354 inconnue ● ●
Taux de mortalité : - Bovins < 1% - Ovins : 15 à 30%
Ardennes, Meuse, Nord et Pas-de-Calais), d’autres départements adjacents (Meurtheet-Moselle, Moselle, Oise, Somme) voient le nombre de cas repérés croître très rapidement. Des foyers sont aussi identifiés depuis la mi-septembre dans des départements très éloignés de la frontière nord-est (SeineMaritime, Eure, Yonne, Nièvre, Côte d’Or). C’est donc plus d’un tiers des départements français qui sont maintenant soumis aux restrictions de commerce des ruminants (tableau 2). ● Au total, on ne sait pas réellement jusqu’où va progresser l’épizootie dans notre pays, le mois de septembre chaud et humide se révélant par ailleurs très propice à la multiplication et à l’activité des culicoïdes. Seule la mise en œuvre d’une vaccination massive peut espérer apporter un moyen de contrôle efficace. Des vaccins sont en cours de fabrication, mais nul ne peut savoir quand ils seront réellement disponibles en quantité suffisante. Ils sont d’autant plus attendus que les taux de morbidité et de létalité constatés en élevage sont loin d’être négligeables4.
NOTES cf. les articles : - 4 “Aspects cliniques de la fièvre catarrhale ovine dans le nord-est de la France” de J.-L. Mercier, G. Belbis, et Y. Millemann et coll. dans ce numéro. - 5 “Enjeux économiques : le jeune bovin en France : les raisons d’un regain d’intérêt” de P. Sarzeaud dans Le Nouveau Praticien Vétérinaire élevages et santé n°3 p. 59-62.
● Déjà, des inquiétudes apparaissent quant au marché des broutards destinés à l’Italie et les pertes économiques se comptent en dizaine de millions d’euros5. ous avons assisté, pendant cet été, à une multiplication des émergences et des réémergences de maladies transmissibles un peu hâtivement qualifiée de “maladies du passé” à l’aube du nouveau millénaire. ● Leur réapparition souligne la pertinence du maintien d’un trépied indispensable à leur maîtrise, associant les praticiens (pour une détection précoce et la surveillance terrain), le réseau de laboratoires départementaux de proximité et nationaux de référence (diagnostic et typage des agents) et un service vétérinaire d’État, apte à mettre en œuvre (donc à imposer) les indispensables mesures de contrôle. ● On peut donc penser que l’été 2007 sera caractérisé, dans quelques années, comme celui du début de la révolution en matière d’épizooties ou peut être plus simplement, du retour aux véritables priorités face aux vrais dangers. ❒ Zénon
N
Erratum Dans la précédente chronique consacrée à la tuberculose à Mycobacterium bovis, il fallait lire sous le sous-titre “Les patients anglais” : “Néanmoins plus d’une centaine (104 ou 109 selon les sources) de cas humains à Mycobacterium bovis ont été détectés dans l’Union Européenne” (et non Mycobacterium tuberculosis, comme indiqué par erreur). Les lecteurs attentifs auront rectifié d’eux-mêmes !
rectificatifs Tableau 3 - Indications et schémas de vaccination Dans le N°5 du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE, élevages et santé :
contre les infections par le virus B.V.D. Vaccin
Indication protection fœtale (A.M.M.)
Schéma vaccinal PrimoRappel vaccination
●
Bovilis BVD® (Intervet)
+
2 injections
0,5 an
●
Mucobovin® (Mérial)
-*
2 injections
1 an
●
Mucosiffa® (Mérial)
-*
1 injection
1 an
●
Pregsure® (Pfizer)
+
2 injections
1 an
●
Rispoval BVD® (Pfizer)
-
2 injections
1 an
-
2 injections
1 an
-
0,5 an 2 injections ( pour le
RS-BVD® (Pfizer)
●
Rispoval
●
Rispoval RS-BVD-PI3® (Pfizer)
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 8 - JUILLET / SEPTEMBRE 2007
V.R.S.)
8
Précautions d’emploi
- Ne pas vacciner entre 0 et 6 mois de gestation
● Dans l’article “La vaccination contre le virus B.V.D. chez les bovins” : F. Schelcher et coll. ont bien indiqué dans le tableau 3 : Indications et schémas de vaccination contre les infections par le virus B.V.D. que Mucosiffa® ne nécessite qu’une seule injection en primo-vaccination (tableau ci-contre).
Dans l’article “Les mycoplasmoses chez les petits ruminants”, les photos de kératoconjonctivites ovines sont du Pr Alain Régnier, de l’E.N.V. Toulouse. ❒
●
* Une démonstration de protection fœtale a été publiée lors d’utilisation en primovaccination de Mucobovin® et rappel avec Mucosiffa® [28].
P 9-15 Actu ESB BAT
18/10/07
9:27
Page 9
actualités en perspective l'E.S.B. en France
article original
après l’interdiction des farines animales dans l’alimentation des bovins Nathalie Jarrige1 David Abrial2 Géraldine Cazeau1 Mathilde Paul2 Eric Morignat1 Christian Ducrot2 Didier Calavas1
les études épidémiologiques confirment la persistance des sources d’infection liées à l’alimentation La législation de l’E.S.B., profondément remaniée fin 2000, devrait être l’objet d’une nouvelle évolution dans les mois à venir. Les résultats des recherches et études épidémiologiques permettent d’estimer rétrospectivement l’effet des mesures prises depuis 1990.
L
es résultats de plusieurs études épidémiologiques menées en partenariat entre l'A.F.S.S.A.* et l'I.N.R.A.**, sur l'Encéphalopathie Spongiforme Bovine (E.S.B.) en France après l’interdiction des farines de viande et d’os dans l’alimentation des bovins viennent d'arriver à leur terme. Ces études confirment par différentes approches épidémiologiques les sources d’infection alimentaire des cas d'E.S.B. nés en France après 1990. DES MESURES SUCCESSIVES POUR ENRAYER L'ÉPIZOOTIE Dès 1988, la voie de contamination alimentaire est apparue comme l'hypothèse la plus probable pour expliquer l'épizootie d'E.S.B., appelée “maladie de la vache folle”, tant en Grande-Bretagne qu'en France. Les farines de viande et d'os (F.V.O.), sous-produit de l'activité d'abattoir et d'équarrissage, alors fréquemment incorporées dans les aliments du commerce pour animaux, ont rapidement été mises en évidence comme principale source infectieuse de cette maladie, par le recyclage dans les aliments pour animaux et pour bovins en particulier, d'animaux déjà infectés par l'E.S.B. ● Des mesures réglementaires ont été prises pour enrayer le phénomène en France, d'autant plus inquiétant que le lien entre l'E.S.B. chez la vache et un variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez l'Homme est découvert en 1996 (encadré 1). Parmi celles-ci, deux marquent un tournant décisif dans la gestion de l’épizootie d'E.S.B. : 1. l'interdiction des farines d'origine animale dans l'alimentation des bovins en juillet 1990 ; ●
Encadré 1 - Les principales mesures
1 A.F.S.S.A. Lyon Unité Épidémiologie 69364 Lyon 2 I.N.R.A. UR346 Épidémiologie Animale 63122 Saint Genès Champanelle
de contrôles mises en place successivement en France
£ Juillet 1990 : les farines de viande et d'os (F.V.O.) autres que celles issues du lait, des œufs ou des poissons, sont interdites dans l’alimentation des bovins. £ Décembre 1994 : les F.V.O. autres que celles issues du lait, des œufs ou des poissons sont interdites dans l’alimentation de tous les ruminants. £ Juin 1996 : mise en place d'une sécurisation des F.V.O. - retrait des matériaux à risque spécifié (M.R.S.) de la chaîne alimentaire humaine et animale et destruction par incinération ; - destruction systématique par incinération des cadavres d’animaux de toute espèce et des saisies sanitaires ; - traitement thermique renforcé (133 °C, 20 min, 3 bars, particules de 50 mm), pour les protéines de mammifères destinées à l’alimentation des volailles, porcins et poissons. £ Novembre 2000 : suspension de l’utilisation des F.V.O. et de certaines graisses dans l’alimentation de toutes les espèces animales dont les produits sont destinés à la consommation humaine.
Objectif pédagogique ❚ Savoir pourquoi des cas d’E.S.B. ont été observés en France, malgré les mesures mises en place pour enrayer l’épizootie.
NOTES * A.F.S.S.A. : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments ** I.N.R.A. : Institut National de la Recherche Agronomique
2. d’autres mesures sont venues compléter le dispositif pendant l’été 1996 afin de sécuriser les farines animales encore disponibles sur le marché pour d'autres espèces que les bovins. Ces mesures visaient à la fois une meilleure maîtrise de la composition des farines (exclusion des cadavres, des saisies d'abattoir et de certains organes ou tissus issus de bovins pour lesquels on avait des raisons de penser qu'ils pouvaient être à risque) et l'utilisation de traitements thermiques renforcés. ● Malgré ces mesures, des cas d'E.S.B. ont continué d'apparaître en France parmi des bovins nés après 1990 - cas dits NAIF -, puis en moins grand nombre parmi les bovins nés après la sécurisation des F.V.O. en 1996 - cas Super NAIF (figure 1). Ces cas n'ont commencé à être détectés dans le cheptel bovin que beaucoup plus tard, à partir de 2001 surtout, en raison de la durée d'incubation assez longue de l'E.S.B. (environ 5 ans), et de la mise en place au début des années 2000 de différents programmes de surveillance et de détection des animaux atteints.
Essentiel ❚ À partir de 2001, l’origine de la contamination des cas NAIF et Super NAIF (respectivement 834 et 114 cas détectés au 1er janvier 2007) a fait l’objet d’études épidémiologiques.
ACTUALITÉS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé JUILLET / SEPTEMBRE 2007 - 9
P 16-20 Actualité fièvre catarrhale BAT
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actualités en perspective observations cliniques
observation originale
de fièvre catarrhale ovine Alain Mayer1 Guillaume Belbis2 Jean-Luc Mercier1 Émilie Geoffroy2 Yves Millemann2
chez des bovins dans les Ardennes
1 Clinique
vétérinaire des 5 vallées 08400 Vouziers 2 Unité de pathologie du bétail E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex
Objectif pédagogique ❚ Connaître les symptômes de la fièvre catarrhale ovine qui peuvent alerter le praticien.
NOTE * http://agriculture.gouv.fr/ sections/thematiques/santeprotection-animaux/maladiesanimales/fievre-catarrhale-ovine
Essentiel ❚ La morbidité au sein des élevages bovins touchés est variable selon les clientèles. ❚ Les complications les plus fréquentes semblent être la métrite aiguë si la F.C.O. touche un animal en peri-partum, et la pneumonie, consécutive à l’œdème pulmonaire généré par le virus.
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 16 - JUILLET / SEPTEMBRE 2007
Depuis fin juillet 2007, l’épizootie de fièvre catarrhale ovine (F.C.O.) due au sérotype 8 s’étend inexorablement en Europe. À côté des milliers de cas belges, néerlandais, luxembourgeois et allemands, la France a déclaré plus de 2 800 cas (au 28/09/07), et ce nombre ne cesse d’augmenter de façon exponentielle.
L
e premier cas a été déclaré en France le 31 juillet 2007, non loin de la clientèle de Vouziers. Après une accalmie hivernale sous haute surveillance, l’épizootie n’a cessé de s’étendre en France depuis la zone nordest, frontalière de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg et de l’Allemagne. L’extension récente à la Grande-Bretagne (1er cas déclaré le 22 septembre dernier, et 26 cas à la date du 5 octobre) est inquiétante, et souligne les difficultés à juguler et à maîtriser la dissémination de cette infection vectorisée. ● Le vecteur de l’épizootie actuelle semble être un Culicoides différent de celui rencontré dans le bassin méditerranéen (C. imicola). Ce moucheron hématophage est abondant en zone tempérée à la fin de l’été ou au début de l’automne. Il a en outre une survie et une activité (crépusculaire et nocturne) dépendante des conditions climatiques : inactif (ou peu actif) en dessous de 15-18°C, il est en revanche très actif à 24°C (encadré 1) [6]. ● Au sein des régions affectées, l’expression clinique de la fièvre catarrhale ovine varie chez les ovins comme les bovins, aussi bien en ce qui concerne les symptômes que les lésions observés, la sévérité et le taux de morbidité et de mortalité. Les animaux détenus dans les parcs zoologiques ne sont pas à l’abri : des cas ont été décrits sur des antilopes, des daims, des bisons, etc. [1bis]. ● Cet article décrit les symptômes observés chez les bovins infectés par le sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine (F.C.O.) dans le nord-est de la France et, dans le contexte
16
1
Vache avec atteinte oculo-nasale : conjonctivite, exophtalmie, strabisme divergent et jetage (photo Y. Millemann).
actuel d’extension rapide de l’épizootie, le recensement des symptômes qui peuvent alerter le praticien de la survenue de cette maladie dans un élevage de sa clientèle. Il convient de souligner que cela s’applique uniquement à la situation rencontrée à la miseptembre 2007. ÉPIDÉMIOLOGIE L’extension de l’épizootie en France La progression de l’épizootie a repris cet été, après une période de froid fin juillet, suivie d’une remontée très nette des températures début août. ● Elle peut être suivie "en temps réel", sur le site du ministère de l’agriculture, rubrique “faits marquants”* [1]. ●
Les aspects épidémiologiques de l’affection dans la clientèle de Vouziers Les types d’élevages affectés ● Tous les élevages bovins sont affectés, laitiers comme allaitants, quelle que soit la taille du troupeau.
P 21-26 Tiques et babésioses BAT
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tiques et babésioses transmission et aspects cliniques chez les bovins
Monique L’Hostis Sébastien Chauvet Philippe Devers Alain Chauvin E.N.V.N. Atlanpole La Chantrerie 44307 Nantes Cedex 03
Connaître les cycles biologiques et la répartition géographique des tiques responsables de babésioses en France métropolitaine permet d’appréhender la problématique des babésioses, de manière globale, aussi bien pour le diagnostic que pour la gestion des troupeaux.
Objectif pédagogique ❚ Connaître les différents types de babésioses bovines, leurs caractéristiques et les formes cliniques.
L
a babésiose est une maladie d’intérêt et d’actualité, car zoonotique d’une part, et “émergente” d’autre part (encadré 1). Depuis quelques années, des travaux concernant le parasite et son vecteur, ainsi que leurs relations ont permis de cerner quelques éléments de biologie et d’épidémiologie. Si la babésiose à B. divergens est peu fréquente, car la prévalence clinique est faible, le parasite est très présent puisque de nombreux bovins en sont porteurs asymptomatiques. ● Étant donné cette transmission vectorielle, l’épidémiologie des babésioses est complexe. ● Les babésioses bovines sont des protozooses infectieuses dues au développement, à la multiplication et au maintien dans les globules rouges de protozoaires spécifiques du genre Babesia. Elles sont transmises par l’intermédiaire de tiques dures ou ixodidés : en région tempérée, Babesia divergens surtout, transmis par Ixodes ricinus et Babesia major transmis par Haemaphysalis punctata. ● En France métropolitaine, Ixodes ricinus et Haemaphysalis punctata sont actuellement les tiques les plus impliquées dans la transmission de babésiose sensu stricto (hormis les cas de babésiose à B. bovis signalés en Corse) (tableau 1). LES TIQUES DES BOVINS : CYCLE ÉVOLUTIF, RÉPARTITION ET SITE DE FIXATION Les principales espèces de tiques des bovins en France métropolitaine En France métropolitaine, cinq espèces de tiques sont rencontrées chez les bovins. Il s’agit de Ixodes ricinus (photo 1), Dermacentor marginatus, Dermacentor ●
1
Ixodes ricinus (femelle), vecteur de Babesia divergens (photo S. Chauvet).
2
Haemaphysalis punctata (photo parasitologie E.N.V.N.).
Encadré 1 - Babésioses bovines et zoonoses ● Parmi les espèces de Babesia des bovins, seul Babesia divergens est zoonotique. Le parasite se contracte à l'occasion d'une piqûre de tiques (Ixodes ricinus), et donne lieu à un syndrome hémolytique grave chez l'Homme. ● Les personnes à risque sont les personnes splénectomisées (la quasi-totalité des cas confirmés), et ayant un habitat et/ou un métier à risque. ● Depuis 1957, moins de 50 cas ont été identifiés en Europe, dont moins d'une quinzaine en France (1er cas en 1974).
reticulatus, Haemaphysalis punctata (photo 2), et Rhipicephalus bursa [2]. ● Une diagnose rapide du genre, voire de l’espèce, notamment des stases adultes peut se réaliser, soit à l’œil nu, soit plus facilement à l’aide d’une loupe. Le tableau 2 regroupe des éléments succincts de diagnose de genre [5]. L’encadré 2 rappelle le cycle évolutif des tiques et l’encadré 3 expose les données récentes sur leur biotope et leur répartition géographique. ● Concernant la transmission de babésiose bovine, dans l’état actuel des connaissances, en France, seule la diagnose de genre est importante, la tique la plus importante étant I. ricinus.
Essentiel ❚ Ixodes ricinus est l’espèce la plus fréquente et la plus cosmopolite, elle est très abondante dans tout l’hexagone, à l’exception des zones sèches du pourtour méditerranéen. ❚ Les facteurs climatiques entraînent l’alternance de périodes d’activité et de diapause, car les tiques passent la majeure partie de leur vie dans l’environnement.
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé JUILLET / SEPTEMBRE 2007 - 21
P 28-34 Diagnostic babésioses BAT
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diagnostic et thérapeutique
Alain Chauvin Laurence Malandrin Sarah Bonnet Monique L’Hostis E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie 44307 Nantes Cedex 03
Objectif pédagogique ❚ Savoir diagnostiquer les babésioses chez les bovins, de l’animal au troupeau.
NOTE cf. les articles dans ce numéro : * “Tiques et babésioses : transmission et aspects cliniques chez les bovins” de M. L’Hostis ; ** “Conduite diagnostique et thérapeutique devant l’anémie chez les bovins” de F. Schelcher.
Essentiel ❚ Les signes cliniques lors de babésiose sont : - prostration ; - hypogalaxie ; - hyperthermie ; - anémie ; - hémoglobinurie ; - des signes d’ictère ; - des diarrhées en “jet de bois”. ❚ Le diagnostic de certitude repose sur la mise en évidence du parasite dans les hématies.
RUMINANTS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 28 - JUILLET / SEPTEMBRE 2007
des babésioses chez les bovins Lors de babésioses chez les bovins, la prise en charge thérapeutique, individuelle et du troupeau est effectuée en fonction de la typologie de l’exploitation (stabilité ou instabilité enzootique).
L
a gestion de la babésiose bovine relève de deux démarches de la part du praticien : - une démarche thérapeutique individuelle, lors d’apparition d’un cas clinique, de préférence après avoir caractérisé l’espèce en cause ; - une démarche de conseil en élevage, en tentant de classer les exploitations en élevage négatif, en élevage en stabilité enzootique et en élevage en instabilité enzootique, et en adoptant une démarche globale de prévention du risque clinique, donc économique dans l’élevage. ● Le diagnostic de la babésiose est un préalable indispensable à la mise en œuvre de mesures thérapeutiques et de gestion adaptées. Comme dans bon nombre de protozooses, il est indispensable pour la babésiose bovine de distinguer l’état d’infection asymptomatique, de l’expression clinique de la maladie. En France, la babésiose bovine est principalement provoquée par Babesia divergens. ● Certaines espèces de Babesia sont peu pathogènes, notamment B. major. ● En ce qui concerne B. divergens, les jeunes bovins, de même que la plupart des adultes s'infectent le plus souvent sans présenter de manifestations cliniques. Ces animaux développent ainsi une immunité concomitante (prémunition) liée à la présence de parasites maintenus à un taux de multiplication contrôlé. Si l'immunité est par la suite, régulièrement entretenue par les morsures des tiques vectrices infectées par B. divergens, la totalité des animaux du troupeau peut ne jamais présenter de manifestations de babésiose alors que la prévalence de l'infection est élevée dans le troupeau [24, 32]*. ● Après avoir envisagé le diagnostic individuel de la maladie, puis le diagnostic collectif de l’infection, nous exposons comment
28
1
Babesia divergens (coloration au May-Grünwald et Giemsa) (photo A. Chauvin).
traiter un cas clinique et comment gérer l’infection dans le cadre du conseil en élevage. COMMENT DIAGNOSTIQUER UNE BABÉSIOSE Deux abords diagnostiques doivent être considérés. Le 1er concerne le diagnostic classique effectué sur un animal malade, le 2e abord vise à déterminer la typologie du troupeau : - “troupeau indemne” ; - “troupeau en stabilité enzootique” ; - “troupeau en instabilité enzootique”. Le diagnostic sur un animal atteint de babésiose ● Suggéré par le contexte épidémiologique et clinique, le diagnostic est conforté par quelques examens complémentaires (encadré 1). ● Une suspicion de babésiose est établie lorsque les troubles surviennent sur un animal adulte, le plus souvent au printemps, voire à l’automne. Cet animal est ou a été dans un pâturage connu pour être un biotope à Ixodes ricinus “pré à tiques” (bien connu des éleveurs) [23]. Il peut s’agir d’un animal nouvellement intégré (animal sain, non-immun) dans une exploitation considérée comme indemne (“mal du pays”) [15]. Ce cas clinique est le révélateur de la présence de tiques infectées dans l’exploitation et d’un troupeau en stabilité enzootique*. ● La plupart des animaux qui expriment une atteinte de babésiose présentent les signes
P 35-37 Bartonellose BAT
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les infections
article original
à Bartonella chez les ruminants
Henri-Jean Boulouis1 Muriel Vayssier-Taussat2 Nadia Haddad1 Renaud Maillard1 1
Les Bartonella sont des bactéries hémotropes infectant de nombreux mammifères. Les ruminants domestiques et sauvages constituent un important réservoir de bartonelles, ils hébergent au moins quatre espèces parmi les 25 actuellement décrites. Au sein des ruminants, le mode de transmission majeur est représenté par les arthropodes hématophages, en particulier les Hippoboscidae. Seule Bartonella bovis est connue pour avoir une action pathogène chez les bovins, par exemple sous forme d’endocardite.
L
es animaux vertébrés occupent une place prépondérante, comme réservoirs, dans l’histoire naturelle des infections à Bartonella (encadré 1). Parmi eux, le chat et les bovins sont les mieux connus. Ils ont longtemps été considérés comme des réservoirs asymptomatiques. Cependant, la notion de réservoir asymptomatique est remise en question à la lumière de constats cliniques récents, en particulier pour les bovins. Après avoir rappelé les éléments essentiels de bactériologie (encadré 2), cet article présente les manifestations cliniques des bartonelloses, l’essentiel des données biologiques et épidémiologiques, du diagnostic et du traitement. Encadré 1 - Le
École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort 2 UMR BIPAR ENVA/INRA/AFSSA/UPVM 23, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons Alfort
Objectif pédagogique ❚ Connaître les manifestations cliniques des bartonelloses, leur diagnostic et leur traitement. 1
Sérologie par immunofluorescence indirecte (photo H.-J. Boulouis).
LES MANIFESTATIONS CLINIQUES Les manifestations cliniques des bartonelloses sont plus frustes chez les réservoirs tels que les bovins et le chat, alors qu’elles commencent à être bien décrites chez le chien qui exprime un tableau clinique voisin de celui décrit chez l’Homme. ● Chez les bovins, deux cas d’endocardite à Bartonella bovis ont été récemment décrits dans une série portant sur 22 cas (Maillard R. et coll, 2007). Il s’agissait d’endocardites atteignant les valves aortique et mitrale d’animaux âgés respectivement de 13 et 15 ans (figure). L’une d’entre elles était une découverte d’autopsie après une mort subite, l’autre avait été diagnostiquée à partir de symptômes classiques d’endocardite (amaigrissement et baisse de l’état général, auscultation cardiaque anormale). ● Par ailleurs, Maillard et coll ont décrit une corrélation entre le caractère bactériémique genre Bartonella ●
Essentiel ❚ Les manifestations cliniques des bartonelloses sont plus frustes chez les réservoirs tels que les bovins et le chat que chez le chien qui exprime un tableau clinique voisin de celui décrit chez l’Homme. ❚ L’infection par Bartonella se caractérise, chez l’hôte vertébré, par une bactériémie prolongée avec des épisodes de récurrence.
et les espèces décrites Les Bartonella persistent au sein de leurs réservoirs mammifères grâce à une transmission par le biais de vecteurs arthropodes hématophages variés. ● Depuis 1992 et la description de Bartonella henselae (agent de la maladie des griffes du chat), le nombre d’espèces décrites dans ce genre a connu une augmentation considérable puisque, actuellement, plus de 25 espèces ou sous-espèces sont décrites, dont 11 comme agents de zoonoses et cinq infectant les ruminants domestiques et sauvages. ●
Le genre Bartonella regroupe des bactéries hémotropes à l’origine de maladies considérées comme émergentes ou ré-émergentes, compte-tenu de l’amélioration des techniques de diagnostic, chez l’Homme et les animaux. Il doit son nom à Alberto Barton qui décrivit en 1909 l’agent de la fièvre de Oroya, Bartonella bacilliformis. Cette infection humaine (et sa forme chronique, la verruga perruana constitue, avec la fièvre des tranchées ou fièvre quintane et la maladie des griffes du chat, les trois maladies humaines majeures associées à ce genre.
●
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé JUILLET / SEPTEMBRE 2007 - 35
P 42-46 Anaplasmose des ruminants BAT
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l’anaplasmose à Anaplasma phagocytophilum Renaud Maillard1-2 Élisabeth Petit2 Fanny Alario2 Nadia Haddad2-4
ou ehrlichiose granulocytaire bovine
Henri-Jean Boulouis2-3 1
Unité de pathologie du bétail UMR 956 BIPAR 3 Unité de microbiologie 4 Unité des maladies contagieuses ENVA 7 avenue Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex 2
Objectifs pédagogiques ❚ Relier la biologie du vecteur à l’épidémiologie de la maladie. ❚ Connaître les signes d’appel de la maladie chez les bovins et savoir adapter les examens paracliniques à la suspicion clinique. Essentiel ❚ Jusqu’en 2001, A. phagocytophilum était nommée Ehrlichia phagocytophila, d’où le terme synonyme d’ehrlichiose toujours employé pour la maladie bovine, l’ehrlichiose granulocytaire bovine. ❚ L’ehrlichiose granulocytaire bovine est une hémobactérie, inoculable mais non contagieuse. ❚ De nombreuses espèces sont infectées : ruminants domestiques, chien, chat, cheval, raton laveur, écureuil gris, nombreux rongeurs sauvages et l’Homme.
RUMINANTS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 42 - JUILLET / SEPTEMBRE 2007
Les maladies transmises par les tiques aux bovins (Lyme, ehrlichiose/anaplasmose, bartonellose, piroplasmose, …) connaissent un regain d’intérêt, mais elles restent méconnues. C’est d’autant plus regrettable que les signes cliniques sont peu équivoques (syndrome fébrile, avortements, toux d’été, …) et que la suspicion de zoonose pèse sur certaines d’entre elles. L’anaplasmose due à Anaplasma phagocytophilum doit être recherchée dans de nombreuses affections des bovins de tout âge au pâturage. Les dispositifs de lutte (écologique et chimique) demeurent délicats.
P
arler d’anaplasmose des ruminants est équivoque : plusieurs bactéries du genre Anaplasma peuvent infecter les ruminants comme A. marginale, A. centrale, A. ovis, A. bovis et A. phagocytophilum. Cet article se limite à cette dernière. Un article est consacré aux autres anaplasmoses dans ce numéro : “Diagnostic et traitement des anaplasmoses chez les bovins et les ovins” par P. Jacquiet. ● Jusqu’en 2001, A. phagocytophilum était nommée Ehrlichia phagocytophila, d’où le terme synonyme d’ehrlichiose toujours employé pour la maladie bovine (ou plus précisément ehrlichiose granulocytaire bovine, E.G.B., sur le modèle de l’anaplasmose granulocytaire humaine (H.G.A.), due au même agent) [5]. La maladie des ruminants possède en France d’autres noms, comme “fièvre des pâtures”, “maladie des gros pâturons”, parfois déclinés localement dans d’autres langues (“Belar Joa” au Pays Basque) [8]. ● L’ehrlichiose granulocytaire bovine (E.G.B.) est une hémobactériose, inoculable mais non contagieuse. La transmission usuelle se produit par la morsure d’une tique Ixodes ricinus, en Europe, ce qui n’a été montré qu’en 1989 [7]. Il est donc logique de
42
1
Diagnostic par immunofluorescence sur lame (photo H.-J. Boulouis).
Encadré 1 - Anaplasma phagocytophilum ● Anaplasma phagocytophilum appartient à l’ordre des Rickettsiales, famille des Anaplasmataceae (photo 1). ● C’est un germe intracellulaire strict bien adapté à la survie dans les vacuoles des cellules polynucléaires neutrophiles (P.N.N.). À l’examen direct (étalement sanguin puis coloration de Wright ou de May-Grünwald-Giemsa), la bactérie apparaît comme un amas mûriforme (pseudo morula). Elle ne prend pas la coloration de Gram. ● L’ensemble de son génome (1,6 Mbp) est maintenant connu, ce qui ouvre notamment la voie à l’étude moléculaire des isolats retrouvés, à la conception d’outils diagnostiques plus efficaces et à l’étude des liens entre la bactérie et ses espèces hôtes [3].
postuler que la carte des cas d’E.G.B. (ou du risque d’E.G.B.) peut se superposer à celle de la présence d’I. ricinus [4]. ● La maladie a été décrite en Écosse chez le mouton en 1932 et son agent causal identifié en 1940 sous le nom initial de Rickettsia phagocytophila. Depuis lors, cette affection a fait l’objet de nombreuses observations en Amérique du Nord et en Europe. En France, la 1re description publiée date de 1992, à la suite de cas observés dans les Côtes d’Armor [1]. ● Outre l’intérêt de l’ehrlichiose granulocytaire bovine (E.G.B.) en pathologie des ruminants domestiques, l’étude de l’infection par A. phagocytophilum pose le problème des éventuels réservoirs de cette bactérie au
P 47-54 Anémie des bovins BAT
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diagnostic
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et traitement
de l’anémie chez les bovins
Les maladies vectorisées majeures à l’origine d’anémie sont des hémoparasitoses (babésioses) et une hémobactériose (anaplasmose à A. marginale). La démarche diagnostique consiste à établir l’existence de l’anémie, sa durée d’évolution et ses modalités d’apparition. Les symptômes d’hémoglobinurie, d’hémorragie détectable cliniquement et d’ictère servent de base au diagnostic différentiel. Le traitement symptômatique majeur est la transfusion sanguine.
François Schelcher1 Hervé Cassard1 Fabien Corbière1 Gilles Foucras1 Gilles Meyer1 Caroline Lacroux2 1Pathologie
des ruminants pathologique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse Cedex 03 2Anatomie
Objectif pédagogique ❚ Savoir diagnostiquer et traiter une anémie.
1
Pâleur marquée et ictère léger des muqueuses oculaires (photos Pathologie des ruminants, E.N.V.T.).
L’
anémie est caractérisée par une diminution de la concentration sanguine en hémoglobine (Hb), associée à une réduction du nombre de globules rouges, qui se traduisent par une diminution des capacités de transport de l’oxygène. ● Trois mécanismes principaux sont identifiés dans la genèse des anémies : - une insuffisance de production médullaire (non régénérative) ; - des pertes sanguines (régénérative) ; - et une hémolyse (régénérative). Ces mécanismes peuvent être associés, avec par exemple, une perte érythrocytaire et une érythropoïèse insuffisante. ● L’anémie ne constitue un élément majeur et évocateur du tableau clinique que de certaines maladies vectorisées des bovins, comme la babésiose et l’anaplasmose à A. marginale. D’autres maladies, non vectorisées, notamment parasitaires digestives (fasciolose, strongylose, coccidiose) ou cutanées (phtiriases) sont des causes majeures d’anémie. ● L’objet de cet article est de décrire le diagnostic différentiel des maladies vectorisées s’accompagnant d’anémie ainsi que la démarche thérapeutique associée. COMMENT IDENTIFIER ET CARACTÉRISER UNE ANÉMIE
● Les symptômes d’appel sont peu spécifiques : dépression/faiblesse, caractère
2
Ictère marqué sur des muqueuse oculaires.
fatigable, anorexie ou hypophagie, chute de la production laitière chez les femelles. ● À l’examen à distance, il est fréquent d’observer une polypnée, chez les animaux à peau non pigmentée, une pâleur cutanée est perceptible lors d’anémie sévère, notamment sur la mamelle des vaches laitières. ● À l’examen rapproché, le symptôme majeur est la pâleur des muqueuses. La température rectale varie selon la maladie en cause. ● À l’auscultation cardiaque, une tachycardie est fréquente, parfois accompagnée d’un souffle anorganique qualifié d’“anémique”. ● Selon l’intensité de l’anémie, son évolution aiguë ou chronique, et les mécanismes compensateurs mis en œuvre, les conséquences fonctionnelles (tachycardie, polypnée) s’expriment à des degrés variables. Une demande accrue en oxygène comme lors d’efforts violents (course), accroit les symptômes cardiaques et respiratoires, qui dans certains cas, peuvent aller jusqu’au collapsus. ● Lors d’évolution chronique et d’apparition progressive, même lorsque l’anémie est sévère, les symptômes sont peu perceptibles.
Essentiel ❚ Le diagnostic différentiel peut être structuré à partir des critères cliniques, notamment l’hémoglobinurie, les pertes sanguines. ❚ Les pertes sanguines détectables aisément à l’examen clinique peuvent être d’origine pulmonaire, digestive, génitale ou urinaire.
RUMINANTS
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé JUILLET / SEPTEMBRE 2007 - 47
P 55-56 Botulisme aviaire BAT
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article original
le botulisme aviaire
une maladie réémergente chez les volailles de chair
Jean-Luc Guérin Jean-Yves Douet Clinique des Élevages Avicoles et Porcins E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 3
Considérée comme rare en élevage avicole, cette maladie connaît, cette année, une forte recrudescence dans les élevages pour des raisons encore inexpliquées.
L’
incidence du botulisme aviaire connaît courant 2007 une augmentation spectaculaire en France, dans toutes les régions d’élevage et la plupart des espèces avicoles. ● Les plus affectées sont la dinde et le poulet de chair, surtout en fin d’élevage. Plusieurs foyers ont été décrits en élevage de pintade, de gibier (faisans, perdrix) voire de canards de Barbarie. ● Toutes les espèces aviaires, quelles que soient leurs conditions d’élevage, leur état sanitaire et leur niveau de performance, peuvent être touchées par le botulisme. ● Cet article n’est pas une synthèse exhaustive sur le botulisme aviaire mais attire l’attention sur cette maladie dont l’incidence devient préoccupante, et sur le diagnostic parfois délicat. DES SOURCES DE CONTAMINATION MULTIPLES ● Il est actuellement difficile de disposer de données fiables sur la prévalence réelle de cette maladie, parce que ces chiffres sont fondés sur le nombre de déclarations et qu’il n’est toujours possible d’aboutir à un diagnostic de certitude. ● Le botulisme est une toxi-infection animale et humaine caractérisée par une atteinte nerveuse, causée par l’action d’une toxine produite par une bactérie, Clostridium botulinum. ● Le botulisme aviaire relève essentiellement de toxi-infections, par ingestion de spores de C. botulinum, plus que d’intoxinations. Les volailles se contaminent par ingestion de spores bactériennes présentes dans l’environnement et dans les déjections. Dans les conditions normales, les spores ingérées ne se développent pas ou peu dans le tube digestif. Leur développement massif et la sécrétion de toxines botuliniques ne surviennent qu’en cas de perturbation de la flore digestive. À ce titre, les forts potentiels de croissance, souvent
Objectif pédagogique ❚ Savoir réaliser un diagnostic de botulisme et bien connaître le cadre réglementaire.
1
Postures caractéristiques de poulettes en phase clinique terminale de botulisme (photos J.L. Guérin).
associés à des déséquilibres chroniques de la flore digestive représentent un facteur de risque supplémentaire. ● Les spores et les neurotoxines contaminant les volailles viennent de différentes sources : - les cadavres de volailles contaminées sont un bon milieu de développement pour C. botulinum (ingestion d’insectes se développant sur ces cadavres, cannibalisme…) ; - les mammifères (les rongeurs, notamment) s’introduisant dans les élevages sont souvent porteurs et leurs cadavres sont contaminants ; - les oiseaux sauvages porteurs peuvent être à l’origine de la contamination des volailles de plein air ; - l’environnement est une source de contamination car C. botulinum est très répandu dans le sol et l’eau (germe hydrotellurique) ; - les aliments peuvent être à l’origine d’une contamination, sans doute en relation avec la contamination d’une matière première par des spores. L’APPROCHE DIAGNOSTIQUE EST DÉLICATE Les signes cliniques L’atteinte nerveuse se traduit par une variété de signes cliniques, tous associés à la paralysie de muscles locomoteurs, respiratoires ou viscéraux (photo 1). ● La suspicion repose sur la clinique, souvent évocatrice. ● Les signes cliniques correspondent à une paralysie flasque des pattes qui progresse vers les ailes, le cou et la tête. - Le cou devient mou, la tête et le bec reposant sur la litière, les paupières sont tombantes. Les oiseaux présentent en général un comportement comateux (photo 2). ●
2
Essentiel ❚ Les sources de contamination peuvent être : - les cadavres de volailles contaminées ; - les mammifères s’introduisant dans les élevages ; - les oiseaux sauvages porteurs ; - l’environnement ; - les aliments. ❚ Le botulisme est devenu une maladie aviaire réputée contagieuse. Chez les bovins et les oiseaux sauvages, c’est une maladie à déclaration obligatoire.
PORCS- VOLAILLES
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P 57-60 Peste porcine africaine BAT
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la peste porcine africaine Vincent Michaud Emmanuel Albina
un risque sanitaire majeur
CIRAD UPR Contrôle des maladies 34398 Montpellier
Encadré 1 - La distribution
Dans l’Union Européenne, la peste porcine africaine (P.P.A.) est absente à l’exception de la Sardaigne. Toutefois, l’introduction en 2007 de la P.P.A. en Géorgie, puis en Arménie, place ce risque sanitaire majeur aux portes de l’Union.
géographique et historique
P
lus de 50 000 porcs sont morts de la peste porcine africaine en Géorgie, au 13 août 2007 (taux de mortalité de 13 p. cent). Au 29 août, l’introduction de la P.P.A. en Arménie, dans la région nord, bordant le sud de la Géorgie, était notifiée à l’Office International des Épizooties (O.I.E.) : six foyers impliquant plus de 2 000 porcs ont été déclarés avec un taux de mortalité de 30 p. cent (encadré 1). Cet article décrit la maladie ainsi que le virus ASFv, qui en est l’agent responsable.
● En Afrique du Sud et de l’Est, la peste porcine africaine (P.P.A.) suit un cycle selvatique impliquant les phacochères et les potamochères ainsi qu’une espèce de tique molle, Ornithodoros moubata qui infeste leurs terriers (figure 2).
de la peste porcine africaine ● Le berceau de la peste porcine africaine (P.P.A.) est l’Afrique de l’Est (figure 1). Décrite pour la 1re fois en 1921 au Kenya, elle s’est propagée jusqu’en l’Afrique de l’Ouest, puis en l’Europe via la péninsule ibérique avec une 1re introduction au Portugal en 1957, le virus touche ensuite l’Espagne en 1960 [6]. ● Dans les années 1960 et 1970, la P.P.A. a été détectée en France, en Italie et à Malte. De là, elle a été introduite dans les Caraïbes ainsi qu’en Amérique du Sud. ● Depuis 1986 et une dernière apparition en Belgique, la P.P.A. n’était plus présente qu’en Sardaigne. ● Cependant, l’Europe orientale vient d’être touchée par la maladie, par la Géorgie (juin 2007), puis l’Arménie (août 2007). - Les 1ers signes cliniques pouvant être attribués à la P.P.A. en Georgie ont été notifiés fin avril 2007. Au 30 juin, pratiquement toute la Géorgie était touchée : plus de 30 000 porcs étaient morts de cette maladie et plus de 20 000 porcs avaient été abattus sur une population porcine totale estimée à 480 000 porcs.
Asymptomatique chez ces suidés sauvages, elle entraîne une fièvre hémorragique chez le porc domestique occasionnant des ravages dans les élevages porcins des pays en développement.
●
Figure 1 - La répartition géographique de la peste porcine africaine au niveau mondial
Europe
Antilles Afrique
Objectif pédagogique ❚ Connaître l’épidémiologie de la peste porcine africaine et savoir la diagnostiquer chez le porc.
Essentiel ❚ Le virus est persistant dans les tiques quiescentes pendant de nombreuses années. ❚ La transmission ne nécessite pas de vecteur, mais peut se faire par contact direct entre porcs. ❚ Des formes chroniques atténuées peuvent apparaître après passages successifs chez le porc domestique. ❚ Le contrôle de la maladie se fait par l’abattage des cheptels porcins contaminés et/ou suspects. ❚ Malgré 30 ans de recherches, aucun vaccin n’est disponible.
Brésil
Amérique du Sud
Épizooties Enzooties
PORCS- VOLAILLES
Foyers sporadiques, suidés sauvages infectés Pays où le virus a été éradiqué
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P61- 64 Fin des quotas laitiers BAT
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enjeux économiques la fin des quotas laitiers : à vos marques, prêts …
Alain Le Boulanger C.E.R. France Normandie 37, rue Fred Scamaroni 14053 Caen Cedex 4
Lors du bilan de santé de la Politique Agricole Commune (PAC), qui aura lieu en 2008, la Commission Européenne proposera des aménagements de la politique laitière européenne, afin de préparer la fin des quotas laitiers mis en place depuis 1984. Pour nombre d’acteurs, cette échéance s’avère cruciale.
Figure 1 - La cotation du beurre en vrac (d’après les données de l’Office de l’Élevage)
Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre le contexte des négociations de la fin des quotas laitiers. ❚ Connaître le véritable enjeu : la mise en place de la période de transition.
D
epuis la mise en place des quotas laitiers en 1984, l’Organisation Commune de Marché (O.C.M.) du lait et des produits laitiers est longtemps restée à l’écart des grandes réformes de la Politique mondiaux. Outre cet objectif de compétitiviAgricole Commune (PAC) (encadré 1). Lors de la réforme de la PAC en 2003, la poli- té des exploitations et des industries laitiètique laitière européenne a connu de pro- res européennes, le découplage des aides, anciennement appelées “compensatrices”, fonds remaniements avec notamment : - la baisse des prix d’intervention sur les pro- vise la conformité des soutiens directs avec les règles en vigueur à l’Organisation duits industriels (beurre et poudre de lait) ; - la mise en place d’une Aide Directe Lai- Mondiale du Commerce (OMC). tière (A.D.L.) destinée à compenser partiel- ● Près de 4 ans après l’annonce de la réforlement la baisse du prix du lait ; me, les experts n’avaient pas pronostiqué, - la mise en place du découplage des aides même dans leur scénario le plus favorable, depuis 2006. une telle résistance du prix du lait sur la place européenne (figures 1, 2). ● La baisse des prix d’intervention du beurre et de la poudre poursuit la volonté initiée ● La remontée des cours mondiaux du beurpar la Commission européenne en 1992 re, et des poudres de lait (grasse et écréavec les céréales, de rapprocher les cours mée), qui caractérise actuellement la du marché européen de ceux des cours conjoncture, s’explique en partie par une Encadré 1 - La réforme de la PAC vise à libéraliser l’agriculture Par son ampleur, la politique agricole commune (PAC) constitue toujours la 1re politique commune au sein de l’Union Européenne. ● Mise en place en 1962 et réformée à plusieurs occasions, elle a successivement poursuivi plusieurs objectifs : soutenir la production, favoriser l’exportation, limiter les importations, réguler la production. ● Pour atteindre ces objectifs, l’Union Européenne a mis en place de multiples outils tels que les prix garantis, les aides à la production, les restitutions à l’exportation, les droits à l’importation, les retraits du marchés, le gel des terres, les quotas de production, etc. ● Dans le cadre du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) devenu l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en 1994, les négocia●
tions commerciales au niveau mondial ont été étendues au domaine de l’agriculture et visent à réduire tous les freins au libre échange. ● Depuis 1994 et les accords de Marrakech, aboutissement du cycle de l’Uruguay Round, toute politique agricole doit tenir compte des règles en vigueur au sein de l’OMC, qui vise notamment à limiter fortement tout système jugé comme élément de distorsion à la concurrence. ● Aussi, toute réforme de la PAC vise à libéraliser l’agriculture pour passer progressivement d’un système très protégé à un système ouvert à la concurrence. Ces réformes passent entre autres par la modification du système des aides à la production, la réduction des droits de douanes, et la diminution des prix d’intervention, etc.
Essentiel ❚ Le système des quotas laitiers sera réexaminé par la Commission Européenne en 2008. ❚ La position de l’Union Européenne doit être compatible avec les négociations en cours à l’O.M.C. ❚ La majorité des États membres de l’Union Européenne sont favorables à la suppression des quotas laitiers. ❚ Le rapport de force au sein des 27 États membres étant à ce jour clairement en faveur de l’arrêt des quotas laitiers, la question ne semble plus être de savoir s’il y aura suppression ou non des quotas laitiers, mais quand elle aura lieu et comment elle pourra s’opérer.
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P65-68 Mycoplasme caprin
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techniques de laboratoire
article original
épidémiologie moléculaire : les mycoplasmoses caprines Florence Tardy1 Pascale Mercier2 François Poumarat1
à Mycoplasma mycoides subsp. mycoides biotype L.C. L’intensification récente de la production laitière caprine et l’amélioration des techniques de diagnostic ont conduit à ré-évaluer à la hausse l’impact économique des mycoplasmoses à Mycoplasma mycoides subsp. mycoides Large Colony (MmmLC). Cet article propose d’étudier l’épidémiologie de ces infections à l’aide de la technique d’électrophorèse en champ pulsé.
C
hez les ruminants, les mycoplasmes appartenant aux espèces du groupe M. mycoides sont reconnues comme des pathogènes majeurs*. Au sein de ce groupe, Mycoplasma mycoides subspecies mycoides biotype Large Colony (MmmLC) est en bonne place parmi les agents responsables du syndrome mycoplasmique chez les chèvres, syndrome alliant mammites, arthrites et troubles respiratoires [1 bis]. ● Au sein d’un troupeau, la maladie s’exprime de diverses manières allant de la forme insidieuse avec des signes cliniques discrets touchant un nombre limité d’animaux, jusqu’à la véritable explosion clinique. Ce tableau épidémiologique contrasté ainsi que l’existence potentielle de chèvres porteuses asymptomatiques rendent difficile la compréhension et le contrôle sanitaire des mycoplasmoses caprines [1, 3]. ● Par ailleurs, certains facteurs liés à l’animal et à l’environnement d’élevage (plus ou moins stressant), mais aussi l’agent bactérien lui-même, qui peut être plus ou moins virulent, peuvent favoriser l’émergence de l’affection. ● À l’heure actuelle, on ignore si des souches de portage peuvent initier des épisodes infectieux ou si ceux-ci sont le fait exclusif des souches pathogènes spécifiques. ● Le développement d’outils moléculaires visant à caractériser individuellement
1 UMR AFSSA-ENVL “Mycoplasmoses des Ruminants” Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, Site de Lyon 31 avenue Tony Garnier, 69364 Lyon cedex 07 2 AFSSA Site de Niort Laboratoire d'Etudes et de Recherches Caprines, 60 rue de Pied-de-Fond BP 308, 179012 Niort cedex
Objectif pédagogique
1
Prélèvement dans l’oreille externe d’une chèvre par écouvillonnage.
chaque souche au sein du taxon MmmLC devrait permettre d’améliorer notre compréhension des infections à MmmLC chez la chèvre (encadré 1). Dans ce cadre, nous avons évalué la capacité de la technique d’électrophorèse en champ pulsé (E.C.P.) à sous-typer des souches de MmmLC issues de trois contextes épidémiologiques différents (encadré 2, figure 1) : 1. souches de portage isolées dans l’oreille externe de chèvres saines ; 2. souches isolées de chèvres malades au sein d’un seul et même foyer ; 3. souches isolées de différents foyers cliniques. ● Après avoir rappelé la méthode de récolte des échantillons, cet article donne les résultats de l’analyse de ces échantillons par E.C.P. ÉPIDÉMIOLOGIE DESCRIPTIVE ET RÉCOLTE DES ÉCHANTILLONS Les isolats de portage ● La présence de mycoplasmes a été recherchée en région Poitou-Charente dans différents troupeaux ne présentant aucun signe de mycoplasmose, soit à partir d’écouvillons de l’oreille externe (photo 1), soit dans des prélèvements de laits de tank. ● 4,7 p. cent des laits de tank analysés (soit 20 échantillons sur 448) contenaient des MmmLC et 8 p. cent (14 sur 173) des chèvres étaient porteuses de MmmLC dans l’oreille externe [7].
❚ Comprendre l’épidémiologie des mycoplasmoses caprines à Mycoplasma mycoides subsp. mycoides biotype Large Colony à l’aide de l’électrophorèse en champ pulsé.
NOTE * cf. les articles du Dossier spécial Mycoplasmes et mycoplasmoses : - “Les mycoplasmes : stratégies d’adaptation et de persistance de bactéries minimales” de C. Citti ; - “VIGIMYC : le réseau français d’épidémio-surveillance des mycoplasmoses des ruminants (bilan 2003-2005)” de F. Poumarat et coll. ; - “Diagnostic de laboratoire et mesures de contrôle de Mycoplasma bovis” de D. Le Grand et coll. ; - “La prévalence des infections à Mycoplasma bovis en France dans la filière laitière” de F. Poumarat et coll. dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé N°3 (p. 203-224) - “L’agalactie contagieuse chez les petits ruminants” de D. Bergonier et X. Berthelot dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé N°5 (p. 415-423).
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P 69-70 Management BAT
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management de l’entreprise gestion de trésorerie : comment évaluer une offre de stockage contre remise ? Comment comparer le coût du stockage d’un produit acheté par anticipation et la remise supplémentaire ?
M
algré les différents mouvements de concentration intervenus dans l'industrie pharmaceutique, la concurrence y reste très vive. Les laboratoires rivalisent d'imagination pour proposer aux entreprises vétérinaires des offres susceptibles de favoriser leurs produits. Parmi celles-ci, les remises attribuées en échange du stockage d'un produit ne reçoivent pas toujours un accueil favorable des praticiens. Un tel scepticisme vient essentiellement de la difficulté à évaluer l'impact financier de ce type d'offre. ● Les offres de stockage consistent à attribuer une remise supplémentaire aux entreprises vétérinaires qui acceptent de commander une quantité significative d'un produit, généralement majeur, correspondant à plusieurs mois de consommation. Il s'agit pour le laboratoire initiateur de s'assurer de l'exclusivité des achats de l'entreprise sur une période longue. ● Écartons d'emblée les objections souvent entendues et rarement pertinentes. Les offres de stockage ne sont pas destinées à "écouler" des produits proches de leur date de péremption. Elles restent dans des volumes compatibles avec les capacités des locaux des cabinets vétérinaires concernés, sans nécessiter la construction d'entrepôts, l'achat de chariots élévateurs ou l'embauche d'une brigade de magasiniers ! COMPARER LE COÛT DE STOCKAGE À LA REMISE
L'appréciation de l'impact financier d'une offre de ce type repose sur la comparaison du coût du stockage et de la remise supplémentaire. Pour présenter un intérêt, la remise doit être très supérieure au coût qu'elle engendre. ● Dans la mesure où l'opération reste marginale, ce qui est toujours le cas, l'immobilisation des fonds correspondant au "surstock", i.e. le stock requis par l'offre diminué du stock habituel pour ce produit, représente le seul coût significatif que le bénéficiaire doit supporter. En particulier, il est clair que le fait d'accepter ou non une offre de ●
stockage ne fait varier que le volume de stock et reste sans impact sur le délai de règlement des clients. ● Le coût de l'immobilisation des fonds se calcule en multipliant le temps correspondant au "sur-stock" par le coût périodique de l'argent. CALCULER LE TEMPS DE STOCKAGE ● Le 1 er problème est de déterminer le temps de stockage. Une erreur souvent commise consiste à l'assimiler à la durée nécessaire pour consommer la totalité du volume commandé. Ainsi, accepter d'acquérir en une seule fois 6 mois de consommation d'un antiparasitaire représenterait un "surstock" de 6 mois. Cette assertion n'est vérifiée que dans l'hypothèse, peu probable, où la totalité de la commande serait conservée intacte jusqu'au dernier jour des 6 mois, où elle serait brutalement écoulée. Au contraire, si les ventes de cet antiparasitaire sont régulières, le premier flacon sera vendu le premier jour, le dernier trouvant preneur après 6 mois. La durée moyenne de stockage sera donc de 3 mois. ● L'hypothèse des ventes régulières permet de faire une première évaluation rapide de la durée du stock, et le calcul exact fondé sur un planning prévisionnel des ventes (généralement extrapolé des résultats obtenus l'année précédente) n'apporte le plus souvent qu'une précision supplémentaire (encadré). N'oublions pas qu'il est nécessaire de retrancher à la durée calculée le niveau habituel des stocks de la clinique. ● Une offre de stockage exigeant de commander 6 mois de consommation d'un produit dont les ventes sont régulières, ce qui correspond à une durée de stockage moyenne de 3 mois, soit 90 jours, et dont le stock habituel se situe à 20 jours de consommation, correspond à un "sur-stock" de 70 jours seulement.
DÉTERMINER LE COÛT PÉRIODIQUE DE L'ARGENT
Philippe Baralon Phylum BP 17530 31675 Labège Cedex
Objectif pédagogique ❚ Savoir évaluer l'impact financier d'une offre de stockage contre remise.
Essentiel ❚ Le coût d'un stockage additionnel vient de l'immobilisation des fonds sous forme de stock. ❚ La durée moyenne du stockage n'est jamais égale au temps nécessaire pour consommer toute la quantité commandée, il est plus proche de la moitié de ce temps et doit être diminué de la durée habituelle du stock. ❚ Le coût de l'argent varie en fonction de la situation de trésorerie de l'entreprise.
Gestion ❚ Il est indispensable de négocier une ouverture de crédit avec sa banque, avant d'en avoir besoin. ❚ Les taux proposés aux entreprises sont très inférieurs à ceux en vigueur à destination des particuliers.
Combien cela coûte-t-il à une clinique vétérinaire d'immobiliser de l'argent sous forme de produits pharmaceutiques ? À ce stade deux cas se présentent. 1. Si l'entreprise dispose d'un excédent net de trésorerie, immobiliser de l'argent dans son stock la prive du produit du placement, ●
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P71 couv FMC Vét BAT
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FORMATION MÉDICALE
CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie 6. la différence est significative !
revue internationale un panorama des meilleurs articles
par Bernard Toma
Comment comparer les différences apparentes observées entre deux populations échantillonnées ? Il faut avoir recours au test du khi-deux (χ2). Cet article présente son principe, ses modalités de calcul, les conditions de son application et l’interprétation de ses résultats
Les exercices pratiques d’épidémiologie ... ... et leurs réponses
Page 85 - La prévalence de Chlamydia chez des taureaux Page 72
issus de 6 taurelleries en Allemagne
Page 75 Page 90
par Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)
- La place à l’auge influence le comportement social et alimentaire des vaches laitières en lactation
étude de cas de l’internat
par Didier Raboisson (E.N.V.T.)
- Diagnostic immunologique de l’infection par Besnoitia besnoiti par E.L.I.S.A. et Western Blot
des vulvo-vestibulites en élevage allaitant
par Clément Mestdagh (E.N.V.T.)
- Mise au point d’une P.C.R. conventionnelle et d’une P.C.R. temps réel
par Christophe Espinasse, Xavier Nouvel, Gilles Meyer, Francis Enjalbert, Alain de La Rochette, Christine Citti, Hervé Cassard, Didier Raboisson, François Schelcher
Dans un élevage allaitant de race Aubrac persistent de façon endémique et depuis plusieurs années des vulvo-vestibulites aiguës à chroniques. Les examens complémentaires ont mis en évidence une infection par Ureoplasma diversum. La récurrence des lésions d’une année sur l’autre rend le contrôle de cette maladie difficile ...
pour la détection des infections par Besnoitia besnoiti dans les biopsies cutanées des bovins par Clément Mestdagh (E.N.V.T.)
- L’ivermectine est un traitement efficace de la papillomatose cutanée des bovins par Sébastien Assié (E.N.V.N.)
- Le développement de l’immunité cellulaire systémique chez le porcelet en période néo-natale :
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corrélation avec l’expression clinique de la maladie de l’amaigrissement du porcelet
synthèse
par Catherine Belloc (E.N.V.N.)
les conséquences de la perfusion lente et rapide
- La mise en évidence d’Histomonias meleagridis chez la dinde à l’aide d’un test P.C.R. contenant un contrôle d’amplification interne
de solutés glycosés sur la phosphatémie chez les bovins par Clément Mestdagh, Didier Raboisson, François Schelcher
par Catherine Belloc (E.N.V.N.)
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P 72-75 La différence est significative BAT
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comprendre l’épidémiologie 6. la différence Bernard Toma
est significative !
Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître le principe du χ2 et son calcul. ❚ Savoir interpréter les résultats obtenus.
Définition ❚ La table de χ2 est un tableau de correspondance entre des probabilités d’obtention, et les valeurs d’un indice exprimant l’écart entre le résultat obtenu sur un échantillon et la valeur réelle.
Cet article présente le principe du χ2, le calcul du χ2, les conditions de son application, l’interprétation de ses résultats.
L
ors d’étude sur échantillons, il n’est pas possible d’emblée, à cause des fluctuations d’échantillonnage, d’affirmer qu’il existe une différence entre les résultats obtenus, pour une même caractéristique, au sein de deux populations. Ainsi, si une enquête descriptive conduit aux résultats indiqués dans le tableau 1, comment être sûr que le taux d’élevages infectés dans le département A est plus élevé que dans le département B ? En effet, la “différence apparente” constatée (28 p. cent versus 24 p. cent) peut n’être due qu’au hasard, c’est-à-dire aux fluctuations d’échantillonnage qu’il entraîne. ● Avant de se prononcer, il va falloir comparer la différence apparente observée, avec les différences qui peuvent résulter des seules fluctuations d’échantillonnage. ● C’est le principe même d’un test statistique, en l’occurrence, le χ2 (khi-deux ou khicarré). LE PRINCIPE DE χ2 Si, à partir d’une seule et même population, on estime la valeur d’une caractéristique de cette population (par exemple, le taux d’élevages infectés) sur deux échantillons représentatifs, la probabilité est élevée pour que, à cause du hasard, la valeur trouvée dans chacun des deux échantillons ne soit pas la même.
●
Essentiel ❚ Le principe du χ2 consiste à déterminer un risque d’erreur accepté.
Exemple du tableau 1 : Si dans le département A, une 2e enquête était faite immédiatement sur un échantillon représentatif de 100 élevages, il est très probable que le nombre trouvé d’élevages à réponse positive soit différent de 28 ; il serait alors soit un peu plus élevé, soit un peu plus faible.
Intuitivement, nous comprenons que la probabilité de trouver dans cette 2e enquête un résultat proche de 28 est élevée, alors qu’un résultat éloigné de 28 est faible, et d’autant plus faible que plus éloigné de 28. ●
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Tableau 1 - Résultats d’une enquête descriptive faite dans deux départements Département
Élevages à réponse
Total
positive
négative
A
28
72
100
B
24
76
100
Total
52
148
200
● En recommençant ainsi de nombreuse fois, les résultats obtenus seraient distribués sous forme d’une courbe en cloche, centrée sur la valeur réelle dans la population du département A. ● À partir d’un modèle simple (par exemple, une urne contenant 50 p. cent de boules rouges et 50 p. cent de boules blanches), il est possible par tirages successifs d’échantillons, d’établir la distribution des résultats obtenus sur chaque échantillon et d’avoir la répartition des écarts (+1 ; +2 ; +3, … ; -1 ; -2 ; -3, …) par rapport à la valeur réelle dans la population (50 p. cent). ● Il est donc possible de déterminer les pourcentages d’obtention de tel ou tel écart à cause des seules fluctuations d’échantillonnage et, par conséquent, d’en déduire la probabilité d’obtenir telle ou telle valeur d’écart par rapport à la valeur réelle au sein de la population. ● Ceci permet d’aboutir à un tableau de correspondance (table de χ2) (définition). ● Les probabilités sont élevées pour des écarts faibles entre le résultat obtenu sur un échantillon et la valeur réelle ; elles diminuent au fur et à mesure que les écarts augmentent. ● Le principe du χ2 consiste à déterminer un risque d’erreur accepté (risque d’erreur par excès, c’est-à-dire d’affirmer l’existence d’une différence alors qu’il s’agit simplement de fluctuations d’échantillonnage). Ce risque d’erreur correspond à une certaine valeur de l’indice exprimant l’écart. Il est souvent fixé à 5 p. cent. - La valeur de l’indice découlant des résultats de l’enquête (comparaison des départements A et B) est ensuite comparée avec la valeur de l’indice correspondant au risque choisi.
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synthèse
les conséquences de la perfusion lente et rapide Clément Mestdagh Didier Raboisson François Schelcher
de solutés glucosés sur la phosphatémie chez les bovins
Département Élevage, Produits et Santé publique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03
Objectif pédagogique ❚ Connaître les conséquences biochimiques de la perfusion de solutés glucosés chez la vache laitière en lactation, et en déduire les précautions thérapeutiques.
Synthèse d’après les articles de : Constable P, Grünberg W, Morin DE, Drackley JK, Barger AM. - Effect of continuous administration of 50 % dextrose solution on phosphorus homeostasis in dairy cow. J Am Vet Med Assoc 2006;229:413-20. Constable P, Grünberg W, Morin DE, Drakley JK. - Effect of rapid intravenous administration of 50 % dextrose solution on phosphorus homeostatis in postparturient dairy cows. J Vet Intern Med 2006;20:1471-8.
Essentiel ❚ Chez les humains ou d’autres monogastriques, l’administration parentérale de solutés glucosés induit une hypophosphatémie sévère, parfois mortelle. ❚ Les perfusions rapides et continues de glucose chez les vaches laitières provoquent une hyperglycémie d’intensité marquée : les valeurs atteintes sont entre trois et sept fois les valeurs usuelles.
Les troubles métaboliques et nutritionnels représentent des affections fréquentes de la vache laitière, autour de la mise bas. Le maintien de l’homéostasie sanguine des animaux en période de peri-partum reste un enjeu sanitaire majeur en troupeau bovin laitier, aussi bien à l’échelle individuelle que collective.
L
a thérapeutique - voire la prévention des troubles du métabolisme énergétique (cétose ou stéatose hépatique) repose, entre autres, sur l’administration de solutés glucosés. Ces solutés sont aussi utilisés comme traitement de soutien médical ou chirurgical (mammites, déplacement de caillette). L’administration des solutés glucosés peut être unique et rapide, souvent avec 500 ml d’une solution de dextrose à 40 ou 50 p. cent (soit une dose approximative de 0,5 g/kg), ou lente et continue, à raison de 0,1 à 0,2 g/kg/h de dextrose. ● Chez les humains ou d’autres monogastriques, l’administration parentérale de solutés glucosés induit une hypophosphatémie sévère, qui peut être mortelle [1, 2]. ● Chez les bovins, l’hypophosphatémie est régulièrement rencontrée sur des animaux en décubitus ; de plus, la perfusion de bovins avec des solutés glucosés est fréquente. ● Récemment, deux publications évaluent les conséquences biochimiques de la perfusion de solutés dextrosés chez des vaches en lactation [3, 4]. L’HYPERGLYCÉMIE ET L’HYPERINSULINÉMIE CONSÉCUTIVES À LA PERFUSION DE DEXTROSE
Dans un 1er essai, cinq vaches multipares de race Jersey, qui ont vêlé depuis 80 à 120 j ont reçu pendant 5 jours, une perfusion continue de dextrose à 50 p. cent à la dose de 0,3 g/kg/h [3]. ●
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Figure 1 - Les variations de la glycémie et de l’insulinémie lors de perfusion continue de dextrose [3] Glycémie Témoins Insulinémie Témoins
140 120 100 80
mg/dl
60 40 20
µU/ml
0 0
6
36
Début de perfusion
60
84
108
144
192 Heures
Fin de perfusion
Figure 2 - Les variations de la glycémie et de l’insulinémie lors de perfusion rapide de dextrose [4] 320 280
Glycémie Témoins Insulinémie Témoins
240 200 160 120 80
mg/dl
40
µU/ml 0 0
in in in in in h 0 0 0 0 0 h m m m m m 1 h1 h2 h3 h4 h5 2 1 1 1 1 1 10 20 30 40 50
Dans un 2nd temps, cinq vaches multipares de race Prim’holstein et une vache multipare de race Jersey, entre 8 et 15 j de lactation, ont reçu une perfusion unique, rapide, de 500 ml de dextrose à 50 p. cent correspondant à une dose de 0,4 g/kg, au débit de 55 à 64 ml/min [4]. ● Les perfusions rapides et continues de glucose provoquent dans les deux cas une hyperglycémie d’intensité marquée : les valeurs atteintes sont entre trois et sept fois les valeurs usuelles (figures 1, 2). L’apparition du pic est plus précoce pour la perfu-
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étude de cas de l’internat
observation originale
des vulvo-vestibulites
Christophe Espinasse1 Xavier Nouvel1 Gilles Meyer1 Francis Enjalbert1 Alain de la Rochette2 Christine Citti1 Hervé Cassard1 Didier Raboisson1 François Schelcher1
en élevage allaitant Dans un élevage allaitant de race Aubrac persistent de façon endémique et depuis plusieurs années des vulvo-vestibulites aiguës à chroniques. Les examens complémentaires ont mis en évidence une infection par Ureoplasma diversum. La récurrence des lésions d’une année sur l’autre rend le contrôle de cette maladie difficile. Seul un traitement préventif destiné à limiter l’expression clinique peut être tenté.
L
es vulvo-vestibulites sont décrites chez la vache, la brebis et se caractérisent lors d’évolution aiguë par des lésions ulcéronécrotiques ou purulentes, et lors d’évolution chronique par des nodules de 2 mm de diamètre, en surélévation, principalement sur la muqueuse péri-clitoridienne (vulvite granuleuse) [4, 19]. ● Dans certains élevages, la vulvite granuleuse serait associée à de l’infécondité et serait alors responsable de pertes économiques. Toutefois, l’impact de cette affection sur les performances de reproduction reste très controversé, et doit être considéré, a minima, comme variable. La spécificité des lésions de vulvite granuleuse suscite également de nombreuses questions.
1 Département
Élevage et Produits Santé publique vétérinaire E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03 2 Cabinet vétérinaire 6, rue Docteur Yves Dalle 48200 Saint Chély d'Apcher
Objectif pédagogique ❚ Savoir détecter et discuter des hypothèses diagnostiques en cas de vulvo-vestibulites en élevage. 1
Souillures périvulvaires associées à un léger prurit (photo E.N.V.T.).
Dans l’espèce bovine, des mycoplasmes au sens large ont souvent été incriminés, notamment Ureaplasma diversum [4]. Les uréaplasmes se distinguent du genre Mycoplasma principalement par la production d’uréase et l’utilisation de l’urée comme facteur de croissance [12]. ●
Nous nous proposons de décrire, dans un élevage allaitant sur deux années consécutives, l’évolution de vulvites granuleuses, associées à la mise en évidence d’U. diversum et à la circulation du Bo.H.V.-1 (virus de la rhinotrachéite infectieuse bovine - I.B.R.). ●
LES TROUBLES CLINIQUES Les 1ers cas de vulvo-vestibulite sont apparus pendant la saison hivernale 1998-1999,
●
Encadré 1 - Les caractéristiques de l’élévage L’élevage est situé en moyenne montagne (environ 1 000 m d’altitude). L’effectif bovin femelle de race Aubrac comprend 76 animaux de plus de 2 ans, dont 10 génisses pubères avant la 1re saillie. Les broutards produits sont destinés à l’exportation. ● La reproduction est majoritairement assurée par de la monte naturelle avec trois taureaux Aubrac et un taureau Charolais. Néanmoins, chaque année, 10 à 25 p. cent des vaches sont inséminées. Les vêlages ont lieu en hiver, principalement en janvier et février. Le renouvellement femelle est exclusivement assuré par les génisses de l’exploitation. ●
Deux stabulations hébergent les adultes au cours de la période hivernale, de fin novembre à début mai : - une étable construite en 1998, avec 40 vaches adultes et leurs veaux, deux taureaux. Les vaches sont à l’attache avec les stalles organisées autour d’un couloir central d’alimentation, et caillebotis métallique à l’arrière (80 cm de profondeur). Les déjections sont collectées dans une fosse à lisier, située à distance du bâtiment et vidée en moyenne trois fois/an ; - une étable traditionnelle, entravée, avec râteliers au mur, abrite une vingtaine de vaches adultes, les génisses prêtes à saillir ainsi qu’un taureau.
●
Essentiel ❚ L’impact de la vulvite granuleuse sur les performances de reproduction reste très controversé. ❚ Sur les vaches, les premiers symptômes détectables sont une souillure blanchâtre à rougeâtre, plus ou moins marquée, de la région périvulvaire et de la queue, et une tuméfaction de la vulve. Les écoulements vulvaires, blanchâtres, sont fréquents. ❚ La sévérité des lésions est très variable d’une vache à l’autre.
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LA PRÉVALENCE DE CHLAMYDIA CHEZ DES TAUREAUX issus de 6 taurelleries en Allemagne L’infection chlamydiale du tractus génital mâle soulève la question de la transmission possible de la chlamydophilose par voie vénérienne chez les bovins. Matériels et Méthodes ● La bactérie a été recherchée par P.C.R. dans la semence, le liquide de lavage prépucial et les fèces de 122 taureaux issus de six centres d’insémination artificielle dans cinq États fédéraux d’Allemagne. ● La méthode P.C.R. est basée sur l’amplification du gène Omp1 codant pour la protéine majeure de membrane externe. Différentes amorces ont permis de différencier Chlamydophila (Cp) abortus, Chlamydia trachomatis, Cp psittaci, Cp abortus et Cp pecorum. Les anticorps anti-Chlamydia ont été mis en évidence sur les sérums par une méthode E.L.I.S.A. indirecte (CHEKIT-Chlamydia, Bommeli Diagnostics, Bern, Suisse).
Résultats ● Sur les 122 taureaux étudiés, Chlamydia a été mise en évidence respectivement dans 9, 11 et 18 p. cent des échantillons de semence, de liquide préputial et de fèces. ● Chlamydophila psittaci prédomine dans les échantillons de semence et de liquide prépucial,
tandis que Cp pecorum est l’espèce majoritairement retrouvée dans les fèces. Cp abortus a été mise en évidence sur trois échantillons de sperme et quatre échantillons de liquide prépucial. ● Des anticorps anti-Chlamydia ont été détectés chez 51 p. cent des taureaux, mais il n'a pas été observé de relation entre la réponse sérologique et la détection de Chlamydia dans les trois types d'échantillons étudiés. ● La qualité de la semence n’a pas été modifiée par la présence de Chlamydophila. Discussion et Conclusions ● Cette étude confirme l’excrétion de Chlamydophila dans la semence de 9 p. cent des taureaux, suggérant un risque potentiel de transmission par voie vénérienne ou par la semence. Les Chlamydophila retrouvées dans la semence pourraient provenir des fèces, de la cavité prépuciale ou encore du tractus génital. La présence de Chlamydophila dans les fèces chez 18 p. cent des taureaux confirme le portage gastro-intestinal de cette bactérie chez les bovins. ● La mise en évidence d’anticorps anti-Chlamydia ne permet pas d’identifier les taureaux qui excrétent la bactérie. La sérologie ne peut donc pas être utilisée seule dans le cadre d’un programme de contrôle de la maladie. ❒
Objectifs de l’étude ❚ Évaluer la présence de Chlamydophila dans la semence et les fèces de taureaux issus de six centres d’insémination en Allemagne. ❚ Déterminer la prévalence de la chlamydiose dans la population de taureaux et identifier des sources potentielles de contamination de la semence.
XAnim. Reprod. Sci 2007; sous presse The prevalence of chlamydiae of bulls from six bull studs in Germany. Kauffold J, Henning K, Bachmann R, Hotzel H, Melzer F
Synthèse par Nicole Picard-Hagen, E.N.V.T.
LA PLACE À L'AUGE INFLUENCE LE COMPORTEMENT SOCIAL ET ALIMENTAIRE des vaches laitières en lactation Un accès à l’auge adéquat est l’une des conditions de la bonne valorisation de la ration. ● En élevage à haut niveau de production, une place de cornadis par vache est indiquée. Une barre au garrot sans compartimentation verticale favorise une compétition à l’auge plus importante, particulièrement lors de lot hétérogène. ●
Matériel et Méthode ● Trois groupes de trois primipares et cinq multipares, en lactation (n = 24) ● Trois types d’auge : - libres : 0,64 et 0,92 m/vache ; - compartimentée verticalement sans blocage des vaches : 0,87 m/vache.
Résultats Les comportements d’agressivité diminuent presque de moitié (9,7 à 5,6 déplacements forcés des animaux) lors de l’augmentation de la place disponible par vache à l’auge (de 0,64 à 0,92 m/vache), et de trois quart (9,7 à 2,5 déplacements non spontanés) avec le système de compartimentation. ● De plus, les comportements d’agressivité sont dirigés vers la partie avant ou arrière de l’animal dominé, respectivement lors d’absence ou de présence de compartimentation. ● Le temps passé devant l’auge (attente) diminue ●
avec la largeur disponible par vache (93 vs 70 min/j ; p < 0,05), et avec la compartimentation (64 min/j ; p = 0,1). ● Le temps passé à manger augmente avec la largeur disponible par vache (314 vs 328 min/j ; p < 0,05), et avec la compartimentation (339 min/j ; p = 0,06). ● Ces deux effets sont plus importants lors des pics de prise alimentaire.
Objectif de l’étude ❚ Déterminer les effets de la largeur et de la compartimentation verticale des places à l’auge en stabulation libre sur la compétition d’accès à la nourriture.
Discussion et Conclusion ● En l’absence de système de compartimentation, une largeur à l’auge supérieure à 0,6 m/vache permet d’améliorer la prise alimentaire des vaches, particulièrement pour les animaux dominés (faibles, malades, primipares, …). ● Un intérêt particulier peut être vu pour des primipares dans des systèmes avec un seul lot de vaches en lactation, par exemple pour la lutte contre le déficit énergétique. ● La compartimentation simple verticale est un bon compromis entre barre au garrot simple et cornadis. Elle permet, entre autres, d’éviter que les vaches dominées ingèrent une ration “triée” par les précédentes. Dans une moindre mesure, un système de compartimentation verticale pourrait être mis à profit en atelier d’engraissement pour diminuer les comportements agressifs. ❒
XJ. Dairy Sci. 2006; 89:3522-31 Feed stalls affect the social and feeding behavior of lactating dairy cows DeVries T, von Keyserlingk M
Synthèse par Didier Raboisson, E.N.V.T.
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revue internationale - un panorama des meilleurs articles DIAGNOSTIC IMMUNOLOGIQUE DE L’INFECTION PAR BESNOITIA BESNOITI par E.L.I.S.A. et Western Blot
Objectifs de l’étude ❚ Comparer les techniques E.L.I.S.A. et Western Blot et montrer l’intérêt de leur utilisation et de leur association.
XVeterinary parasitology 2006;141:216-25 Immunodiagnostisis of Besnoitia besnoiti infection by ELISA and Western blot Cortes HCE, Nunes S, Reis Y, Staubli D, Vidal R, Sager H, Leitao A, Gottstein B
matériel et méthodes Le gold standard utilisé est l’histologie (détection de kystes à bradyzoïtes sur biopsie cutanée), couplée à l’I.F.I. (détection d’anticorps). ● 104 sérum bovins classés en différents groupes : - bovins infectés (n = 23) : avec signes cliniques, histologie + et I.F.I. + (n = 13), et sans signe clinique mais histologie + (n = 10) ; - vaches ayant avorté et P.C.R. + pour Neospora caninum (n = 12) ou Toxoplasma gondii (n = 10) ; - vaches saines (histologie et I.F.I. -) issues d’une zone endémique au Portugal (n = 39) ou non endémique en Suisse (n = 25). ● L’E.L.I.S.A. et le Western Blot détectent les anticorps spécifiques à B. besnoiti. Ces techniques utilisent un antigène issu de tachyzoïtes cultivés. ●
Synthèse par Clément Mestdagh, E.N.V.T.
La besnoitiose est causée par un protozoaire de la famille des Toxoplasmatinae, Besnoitia besnoiti, et est actuellement présente en Europe du Sud et dans le sud de la France. ● La clinique se manifeste en 3 phases : - phase fébrile (hyperthermie, anorexie) ; - phase d’œdèmes ; - phase finale (dépilations, épaississements cutanés, kystes conjonctivaux et scléraux) aboutissant à la mort ou à la chronicité. Les animaux asymptomatiques ont des kystes comme seuls signes cliniques. ● Le diagnostic est difficile : il repose sur des signes cliniques peu spécifiques des phases aiguës, et plus spécifiques de la phase finale ou chronique (kystes et épaississements cutanés). Le diagnostic expérimental peut être utilisé en phase finale ou chronique pour confirmation, mais aussi dans la détection d’animaux asymptomatiques. Il repose sur l’histologie cutanée (mise en évidence de kystes) et sur les méthodes de détection d’anticorps par immunoflurescence indirecte (I.F.I.), E.L.I.S.A. ou Western Blot. Le choix de la méthode dépend de la phase de la maladie et de l’objectif affiché. ●
Résultats E.L.I.S.A. En fixant le seuil de positivité à une valeur d’absorbance de 0,39 p. cent, pour maximiser les sensibilité et spécificité, deux faux-positifs et quatre faux-négatifs ont été obtenus : - les faux-positifs sont un animal positif pour T. gondii et un animal négatif en histologie pour B. besnoiti, mais issus de la zone endémique du Portugal ; - les quatre faux-négatifs sont des animaux positifs en histologie, mais qui n’ont pas été détectés par l’E.L.I.S.A. avec ce seuil. La sensibilité et la spécificité obtenues sont respectivement de 87 et 97,5 p. cent. Les valeurs prédictives positives (V.P.P.) et négatives (V.P.N.) sont : - V.P.P. de 72,9 p. cent et V.P.N. de 99,0 p. cent au Portugal (prévalence de 10 p. cent) ; - V.P.P. de 3,5 p. cent et V.P.N. de 100 p. cent en Suisse (prévalence de 0,001 p. cent). ●
Western Blot Aucune réaction croisée avec N. caninum ou T. gondii n’a été mise en évidence. En comparaison avec l’histologie et l’I.F.I., deux animaux apparaissent comme faux positifs et deux comme faux négatifs avec le Western blot. La sensibilité et la spécificité obtenues sont respectivement de 91,3 et 97,5 p. cent. Les valeurs prédictives positives et négatives sont : - V.P.P. de 73,8 p. cent et V.P.N. de 99 p. cent pour une prévalence de 10 p. cent (Portugal) ; - V.P.P. et V.P.N. de 100 p. cent pour une prévalence de 0,001 p. cent (Suisse). ● Comparaison et association des deux techniques Le pourcentage de corrélation entre les deux méthodes est de 91,3 p. cent pour les animaux infectés et de 95,1 p. cent pour les animaux sains. L’utilisation concomitante des deux méthodes permet d’obtenir une sensibilité de 82,3 p. cent et une spécificité de 100 p. cent. ●
Conclusion L’intérêt de ces deux méthodes dans le diagnostic de la besnoitiose concerne principalement la détection de porteurs asymptomatiques, dans un contexte d’assainissement de cheptels ou de contrôle à l’introduction. En effet, l’histologie chez les porteurs asymptomatiques nécessite d’une part, une biopsie cutanée, et d’autre part, de multiplier la lecture de lames pour améliorer la sensibilité (nombre réduit de kystes). ● Les réactions croisées avec d’autres parasites sont rares. ● Le test E.L.I.S.A. présente un intérêt dans l’évaluation du statut sérologique des troupeaux, en raison de son faible coût. ● Dans les zones de prévalence moyenne, le Western Blot, utilisé en complément, permet de limiter les faux positifs : la spécificité obtenue est alors de 100 p. cent. ● Dans les zones à très faible prévalence, il est possible d’utiliser les deux techniques couplées, en raison de la faible valeur prédictive positive de l’E.L.I.S.A. utilisée seule. ❒ ●
MISE AU POINT D’UNE P.C.R. CONVENTIONNELLE ET D’UNE P.C.R. TEMPS RÉEL pour la détection des infections par Besnoitia besnoiti dans les biopsies cutanées des bovins
Objectif de l’étude ❚ Présenter l’intérêt et l’efficacité des P.C.R. conventionnelle et temps réel sur biopsie de peau dans la détection de la besnoitiose.
Le diagnostic expérimental de la besnoitiose repose sur l’histologie cutanée (mise en évidence de kystes) et sur les méthodes de détection d’anticorps par immunofluorescence indirecte (I.F.I.), E.L.I.S.A. ou Western Blot. ● Leur efficacité et pertinence dépendent de la phase de la maladie (fébrile, finale, chronique ou asymptomatique, présence d’œdèmes), et de l’objectif affiché (confirmation de diagnostic clinique, éradication). ●
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Matériels et Méthodes Mise au point des P.C.R. - Le marqueur utilisé pour la P.C.R. est spécifique de la famille des Toxoplasmatinae, l’ITS1 (internal transcribed spacer). - La sensibilité et la spécificité des P.C.R. conventionnelle ou temps réel ont été préalablement testées : détection possible jusqu’à un parasite in vitro, absence de réaction croisée avec de l’A.D.N. d’un grand nombre de parasites ●
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(N. caninum, T. gondii, S. neurona, …) - Un contrôle d’inhibition (détection des faux négatifs) est réalisé à chaque analyse. ● Animaux Le gold standard utilisé est l’immunofluorescence indirecte (détection d’anticorps). 43 biopsies de peau ont été traitées et classées : - animaux sains : I.F.I. - et histologie - (n = 21) ; - animaux infectés : I.F.I. + et histologie - (n = 10), ou I.F.I. + et histologie + (n = 12), dont un animal avec des lésions cutanées macroscopiques. Résultats ● Inhibition des P.C.R. Trois échantillons inhibés en P.C.R. conventionnelle : - I.F.I. - et histologie - (n = 1) ; - I.F.I. + et histologie - (n = 2). ● Résultats des P.C.R. - animaux I.F.I. + et histologie + : tous positifs (n = 12) en P.C.R. conventionnelle et temps réel ; - animaux I.F.I. + et histologie - : 3/10 positifs
en P.C.R. temps réel, 2/10 positifs avec la P.C.R. conventionnelle ; - animaux I.F.I. - et histologie - : tous négatifs (n = 21) en P.C.R. conventionnelle et temps réel. ● Sensibilités (Se) et spécificités (Sp) - P.C.R. conventionnelle : Se = 100 p. cent, Sp= 92,8 p. cent ; - P.C.R. temps réel : Se = 100 p. cent, Sp = 93,5 p. cent. Conclusion Les P.C.R. conventionnelle et temps réel sur biopsie cutanée montrent un intérêt dans la détection de la maladie en phase chronique et asymptomatique, avec une meilleure sensibilité que l’histologie. ● La P.C.R. temps réel est à favoriser en raison de l’absence d’inhibition dans les échantillons testés. ● Les résultats sont cependant obtenus sur un nombre réduit d’échantillons. ● La P.C.R. nécessite une biopsie cutanée. ❒ ●
XVeterinary parasitology 2007;146:352-6 Application of conventional and real time fluorescent ITS1 rDNA PCR for detection of Besnoitia besnoiti infections in bovine skin biopsies. Cortes HCE, Reis Y, Gottstein B, Hemphill A, Leitao A, Müller N
Synthèse par Clément Mestdagh, E.N.V.T.
L’IVERMECTINE EST UN TRAITEMENT EFFICACE de la papillomatose cutanée des bovins Problématique ● Les papillomes cutanés sont des tumeurs prolifératives bénignes. Certaines formes sont causées par des papillomavirus. Elles sont très fréquentes chez les bovins, en particulier chez les animaux de moins de 2 ans. Elles régressent souvent spontanément en une année. ● L’administration de médicaments ou substances qui stimulent l’immunité non spécifique est un des nombreux traitements proposés, sans preuve réelle d’efficacité. ● L’ivermectine est utilisée chez les bovins comme antiparasitaire. Des effets bénéfiques de l’ivermectine, par le biais d’une modulation de la réponse immunitaire, ont été observés pour certaines maladies. De plus, certains auteurs soulignent son effet anti-tumoral. Aucune étude n’évalue l’utilisation de l’ivermectine lors de papillomatose. Matériel et méthode ● 24 bovins de race Holstein, âgés de 9 à 17 mois, et élevés dans le même troupeau, ont des papillomes cutanés diagnostiqués cliniquement et histologiquement. ● Les animaux ont été répartis en trois groupes : - Groupe 1 : six animaux : témoins ; - Groupe 2 : neuf animaux : injection d’une simple dose d’ivermectine, en sous-cutané, 0,2 mg/kg ; - Groupe 3 : neuf animaux : injection de deux doses à 15 jours d’intervalle d’ivermectine, en souscutané, 0,2 mg/kg. ● Observation des animaux tous les 15 jours pendant 3 mois. Résultats Groupe 1 : pas de guérison pour les animaux témoins pendant la durée de l’étude ; ●
● Groupe 2 : - pour trois animaux : disparition des papillomes à 45 jours post-injection ; - pour cinq animaux : disparition à 90 jours ; - pour un animal, les papillomes ont nettement régressé, mais ils n’ont pas complètement disparu à 90 jours. ● Groupe 3 : - pour deux animaux : disparition des papillomes à 45 jours post-injection ; - pour trois animaux disparition à 60 jours ; - pour un animal disparition à 75 jours ; - pour un animal disparition à 90 jours.
Discussion ● L’administration d’ivermectine apparaît simple à mettre en œuvre, en comparaison aux autres méthodes décrites dans le traitement des papillomes (cautérisation, excision, cryothérapie, vaccination autologue ou hétérologue, auto-hémothérapie, administration de lévamisole). ● Le système immunitaire joue un rôle dans la modulation de la sévérité des papillomes. La régression des lésions est plutôt liée à l’immunité cellulaire qu’à l’immunité humorale. L’ivermectine stimule à la fois l’immunité cellulaire et l’immunité humorale. Dans cette étude, l’amélioration observée pourrait alors être liée à une immunostimulation, et l’absence de guérison chez trois animaux à une stimulation insuffisante de leur système immunitaire.
Conclusion
Objectif de l’étude ❚ Évaluer le rôle de l’ivermectine dans le traitement de la papillomatose cutanée bovine.
XResearch in Veterinary science 2007;83:3603 Ivermectin is an effective treatment for bovine cutaneous papillomatosis. Borku MK, Atalay O, Kibar M, Cam Y, Atasever A.
Synthèse par Sébastien Assié, E.N.V.N.
Les auteurs concluent que les résultats de cette étude ont montré que l’ivermectine a été un traitement efficace de la papillomatose cutanée des bovins. ❒
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé JUILLET / SEPTEMBRE 2007 - 87
P 85-88 Revue internationale BAT
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revue internationale - un panorama des meilleurs articles LE DÉVELOPPEMENT DE L’IMMUNITÉ CELLULAIRE SYSTÉMIQUE CHEZ LE PORCELET en période néo-natale : corrélation avec l’expression clinique de la maladie de l’amaigrissement du porcelet (M.A.P.)
Objectif de l’étude ❚ Déterminer la corrélation entre le développement de l’immunité cellulaire systémique et l’expression clinique de la maladie de l’amaigrissement du porcelet.
XVeterinary immunology and immunopathology 2007;10:1016 Ontogeny of systemic cellular immunity in the neonatal pig: correlation with the development of post-weaning multisystemic wasting syndrome. Grierson SS, King DP, Tucker AW, Donadeu M, Mellencamp MA, Haverson K, Banks M, Bailey M.
● L’étiologie de la maladie de l’amaigrissement du porcelet (M.A.P.) n’est pas complètement élucidée. S’il est admis que le circovirus porcin de type 2 joue un rôle important dans l’expression clinique de ce syndrome, des études sur le terrain et expérimentales ont mis en évidence la nécessaire intervention de co-facteurs. Parmi ces co-facteurs ont été proposés la stimulation du système immunitaire (via des co-infections par d’autres agents pathogènes ou à l’occasion de vaccinations), ainsi que l’intervention d’un nouvel agent pathogène. ● Cette étude a pour objectif de rechercher les caractéristiques des leucocytes de porcelets nouveau-nés qui peuvent prédisposer à la survenue de la M.A.P.
Matériel et Méthodes ● 125 porcelets dans cinq élevages ont fait l’objet de prélèvements sanguins hebdomadaires, de 1 à 8 semaines d’âge. ● L’expression d’antigènes de surface des cellules mononucléées du sang périphérique a été étudiée par cytométrie de flux. La surveillance clinique a été menée jusqu’à 20 semaines.
Résultats Quatre groupes d’animaux ont pu être distingués : - sans signes cliniques (n=68) ; - avec signes cliniques autres que ceux de la M.A.P. (n=34) ; - cas suspectés de M.A.P. (n=17) ;
Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V.N.
- cas avérés de M.A.P. (n=5). Par ailleurs, un animal a présenté un syndrome dermatite/néphrite. Discussion ● Chez les animaux cliniquement sains, une augmentation de la proportion des lymphocytes B et T et une diminution des monocytes ont été observées. De plus, l’expression de molécules de surface tendait à montrer que ces lymphocytes perdaient leur statut naïf et évoluaient vers des phénotypes effecteurs ou mémoire. L’élevage d’origine des porcelets a eu un effet significatif sur cette évolution, ce qui suggère un effet de l’exposition des animaux aux agents pathogènes. ● En comparant les animaux cliniquement sains aux cas de M.A.P. confirmés, il est apparu que les animaux malades présentaient une plus grande proportion de lymphocytes exprimant des marqueurs d’activation dans leur jeune âge, avant l’apparition de la maladie. Conclusion ● Il apparaît donc que l’état d’activation des lymphocytes est un facteur-clé dans la prédisposition à la M.A.P., éventuellement lié au fait que les lymphocytes activés permettent une réplication du PCV-2 plus importante comme cela a été démontré in vitro. ● Il reste toutefois à déterminer quels sont les facteurs qui conduisent à cette activation. ❒
LA MISE EN ÉVIDENCE D’HISTOMONAS MELEAGRIDIS CHEZ LA DINDE à l’aide d’un test P.C.R. contenant un contrôle d’amplification interne
Objectif de l’étude ❚ Mettre au point un test P.C.R. à contrôle d’amplification interne pour détecter Histomonas meleagridis
XVeterinary parasitology 2006;143:206-13 Specific detection of Histomonas meleagridis in turkeys by a P.C.R. assay with an internal amplification control. Bleyen N, De Gussem K, De Gussem J, Gooderis BM
● L’histomonose est une maladie des gallinacés, due à Histomonas meleagridis, à laquelle les dindes sont particulièrement sensibles. ● Les méthodes de diagnostic classiques de cette parasitose reposent sur des observations cliniques, l’examen microscopique du contenu digestif, voire la culture du parasite. Elles manquent de spécificité (clinique et examen microscopique) ou sont difficiles à mettre en œuvre (culture du parasite). ● Dans ce contexte, un test P.C.R. pourrait donc constituer une alternative intéressante. Toutefois, les fientes ou le contenu intestinal, sur lesquels la recherche du parasite est fréquemment réalisée, contiennent des inhibiteurs de la réaction d’amplification. ● Pour détecter ces résultats faussement négatifs, l’inclusion dans le test d’un contrôle interne d’amplification est donc indispensable.
Matériel et Méthodes Cette étude a eu pour objectif la mise au point d’un test P.C.R., fondé sur l’amplification d’une fraction du gène qui code pour l’ARNr 18S et qui contient un contrôle interne ajouté lors de l’amplification. ● Les performances de ce test ont été évaluées ●
Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V.N.
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 88 - JUILLET / SEPTEMBRE 2007
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sur des échantillons (foies et cæca) provenant d’animaux infectés expérimentalement ou de leurs témoins, ainsi que d’animaux infectés naturellement, en comparaison avec trois autres tests P.C.R. précédemment décrits dans la littérature. Résultats et Conclusion La spécificité du test s’est avérée bonne : aucune amplification n’a été observée à partir d’organes d’animaux non infectés (six échantillons) ou d’ADN d’autres parasites éventuellement présents dans les cæca de dinde. ● Sa limite de détection est de 50 parasites par mg d’échantillon (tissu hépatique ou contenu cæcal). ● Tous les échantillons de foie (n = 13) provenant d’animaux infectés et présentant des lésions ont été positifs avec le test P.C.R. En revanche, parmi les 11 échantillons de cæca lésionnels testés, un s’est avéré négatif et un phénomène d’inhibition a été mis en évidence pour deux échantillons. ● De plus, la sensibilité apparente du test était supérieure à celle des trois tests précédemment décrits, pour lesquels le nombre d’échantillons de cæcum lésionnels négatifs était supérieur (8, 7 et 4 respectivement sur les 11 testés). ❒ ●
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test clinique
les réponses
Édouard Timsit Sébastien Assié
obstruction urétrale et péritonite secondaires à une urolithiase
Clinique bovine E.N.V.N. Atlanpôle, La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3
chez un veau Holstein de 2 mois 1 Quel est votre diagnostic ? L’examen clinique du veau suggère une infiltration d’urine et une nécrose des tissus sous-cutanés, très probablement dues à une rupture urétrale associée à un épanchement péritonéal, avec répercussion sévère sur l’état général. 2 Quels examens réaliser pour confirmer et préciser ce diagnostic ? ● La palpation de masses froides dépressibles avec un signe du godet positif permet de conclure a une infiltration de liquide dans les tissus sous-cutanés. L’aspiration du liquide infiltrant le tissu sous-cutané permet de collecter de l’urine (couleur jaune et concentration très élevée en urée et créatinine). L’odeur d’urine est plus forte si le liquide est chauffé. ● La présence d’urine dans les tissus souscutanés, en zone périnéale, ne peut provenir que d’une rupture de l’urètre. ● À ce stade, il est nécessaire de réaliser un examen local méticuleux du pénis, du bulbe jusqu’à la partie préputiale, pour localiser une obstruction urétrale, cause majeure de rupture urétrale [3]. Lors de cet examen : - la palpation du pénis de l’extrémité libre préputiale jusqu’au bulbe permet de localiser une zone douloureuse et gonflée, située à 5 cm du prépuce (lieu de l’obstruction) (photo 3) ; - la sécheresse des poils de l’extrémité du fourreau confirme l’anurie secondaire à cette obstruction. Remarques : - Une autre méthode pour voir si le bovin urine consiste à placer l’animal sur un sol sec et non paillé (éviter les diurétiques !). - Une cathétérisation de l’urètre à partir du prépuce (après tranquillisation ou anesthésie épidurale) peut être réalisée afin de localiser une obstruction distale par rapport à l’inflexion sigmoïde du pénis. Cependant, il est très difficile de cathétériser l’urètre chez les bovins mâles, en raison du diverticule urétral et de sa valve [3]. ● L’abdominocentèse est le prélèvement de choix pour le recueil et l’analyse du liquide péritonéal, qui peut être de l’urine (uropéritoine), un exsudat (péritonite) ou un transsudat (ascite vraie) [2]. ● La nature du liquide péritonéal récolté lors de la ponction, riche en protéines (3 g/dl)
3
4
Prélèvement abdominal de liquide péritonéal.
Lieu de l’obstruction (photos P. Timsit).
et pauvre en créatinine, confirme une péritonite exsudative et permet ainsi d’écarter un uropéritoine (photo 4, tableau). La concentration normale en protéines totales du liquide péritonéal chez le veau est de 2,5 g/dl [1]. L’uropéritoine est confirmé par dosage simultané de la créatinine sérique et de la créatinine du liquide péritonéal lorsque le rapport [Créatinine] liquide péritonéal sur [Créatinine] sérique est au moins de 2 [3]. 3 Quelle conduite à tenir poposez-vous ? ● Le traitement des obstructions urétrales est l’urétrostomie [3]. ● Sur des animaux de grande valeur, l’échographie présente un intérêt en préopératoire. Elle permet de déterminer le nombre de calculs et leur localisation, ainsi que les dommages éventuels au niveau de l’appareil urinaire qui pourraient assombrir le pronostic. ● Dans un contexte d’urolithiase affectant plusieurs bovins, une analyse des cristaux et/ou des calculs doit être effectuée afin de mettre en place une prévention adaptée. ● En raison du stade avancé de nécrose cutanée associé à la sévère péritonite exsudative et à la faible valeur économique, ce veau a été euthanasié. L’autopsie a révélé : - de nombreux cristaux de type phosphoammoniaco-magnésien, formant un fin dépôt sablonneux obstruant la lumière, 5 cm en arrière du prépuce (photo 5) ; - une rupture de l’urètre, localisée au niveau du bulbe du pénis (photo 6) ; - une péritonite exsudative ; - une cystite chronique purulente. L’obstruction urétrale et la rupture étaient donc secondaires à une urolithiase. ● Les facteurs de risque d’urolithiase (ration riche en magnésium, privation d’eau, etc.) n’ont pas été recherchés car ce cas était le seul dans cet élevage. ❒
Tableau - Taux d’urée et de créatinine dans le sang et le liquide de ponction abdominale chez ce veau Sang
Liquide péritonéal
●
Urée
- 0,4 g/l
- 0,5 g/l
●
Créatinine
- 8 mg/l
- 6 mg/l
●
Protéines totales
-
- 3 g/l
5
De nombreux cristaux forment un dépôt obstruant la lumière.
6
L’autopsie révèle une rupture de l’urètre au niveau du bulbe du pénis.
Références 1. Anderson DE, Cornwell DC, Anderson LS. Comparative analyses of peritoneal fluid from calves and adult cattle. Am. J. Vet. Res. 1995;56(8):973-6. 2. Guattéo R, Assié S, Cesbron N. L’abdominocentèse chez les bovins. Point Vet. 2005;253:56-7. 3. Radostits M. Urolithiasis in ruminant. Veterinary medecine 9th ed. London:Saunders, 2000:493-8.
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