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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°7 - JANVIER 2008

DOSSIERS : THÉRAPEUTIQUE ET PRÉVENTION - DÉTECTION DES CHALEURS

Couv ELSA

N°7 OCTOBRE / JANVIER 2008 revue de formation à comité de lecture

Actualités en perspective - Productions animales et épizooties en Europe : 2007, une rupture sans précédent, 2008, une année pivot ?

Ruminants - Soins, nursing et réanimation chez le veau nouveau-né - Les cellules du colostrum : quel rôle dans la défense du veau nouveau-né ? - Les substituts de colostrum : comment les utiliser ? - L’antibiothérapie dans les entérites infectieuses néonatales du veau - La réhydratation du veau par voie intraveineuse lors de gastro-entérite néonatale - La cryptosporidiose bovine : du traitement à la prévention - Nutrition Comprendre l’interaction entre alimentation et reproduction chez la brebis

Porcs - volailles

DOSSIERS :

THÉRAPEUTIQUE ET PRÉVENTION chez le jeune veau LA DÉTECTION DES CHALEURS chez la truie

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Comprendre l’épidémiologie - Un élevage ou une région indemne d’une maladie ?

- Étude de cas de l’internat La dermatose ulcéreuse du mouton

- Synthèse - Les effets de la pasteurisation du colostrum - Revue de presse internationale - Tests de formation

sur sa viscosité, sa teneur en IgG, le transfert d’immunité passive et l’élimination d’agents infectieux

- Porcs Les troubles de la reproduction : la détection des chaleurs et les retours réguliers chez la truie - Aviaire - Salmonelloses aviaires : les réglementations européennes et françaises

Comprendre et agir - Enjeux économiques Les productions animales en agriculture biologique : état des lieux et perspectives - L’abord du troupeau Diagnostiquer un bilan énergétique négatif en troupeau bovin laitier - Management de l’entreprise vétérinaire Substitution d’un service de diagnostic à un traitement économique - Témoignage Un exemple de remplacement d’un traitement systématique par une approche raisonnée


Sommaire ELSA 7 25/02/08

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sommaire Éditorial par Sébastien Assié Test clinique - Absence d’embryon après des ovulations multiples chez une vache de haute valeur génétique

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Pascal Bourdin, Alexis Ferrieres, Serge Lacaze, Nicole Picard-Hagen

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- THÉRAPEUTIQUE ET PRÉVENTION chez le jeune veau

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BOVINS ET PETITS RUMINANTS Thérapeutique et prévention chez le jeune veau

- LA DÉTECTION DES CHALEURS chez la truie

- Soins, nursing et réanimation chez le veau nouveau-né Édouard Timsit

9

- Les cellules du colostrum : quel rôle dans la défense du veau nouveau-né ? Didier Raboisson, François Schelcher, Gilles Foucras

OCTOBRE / JANVIER 2008

DOSSIERS

ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Productions animales et épizooties en Europe : 2007, une rupture sans précédent, 2008, une année pivot ? Zénon

N°7

13

- Les substituts de colostrum : comment les utiliser ? Clément Mestdagh, Didier Raboisson, François Schelcher

19

- L’antibiothérapie dans les entérites infectieuses néonatales du veau Pierre-Louis Toutain, Alain Bousquet-Mélou

27

- La réhydratation du veau par voie intraveineuse lors de gastro-entérite néonatale Allen J. Roussel, Sébastien Assié - La cryptosporidiose bovine : du traitement à la prévention

32

François Schelcher, Arnaud Rébillard, Didier Raboisson

41

Nutrition - Comprendre l’interaction entre alimentation et reproduction chez la brebis Francis Enjalbert, Sylvain Bareille

51

PORCS - VOLAILLES - Porcs - Les troubles de la reproduction : la détection des chaleurs et les retours réguliers chez la truie Laurent Glattleider, Arlette Laval - Aviaire - Salmonelloses aviaires : les réglementations européennes et françaises Nathalie Ruvoen

55 60

COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - Les productions animales en agriculture biologique : état des lieux et perspectives Anne Glandières, Pierre Sans - L’abord du troupeau - Diagnostiquer un bilan énergétique négatif en troupeau bovin laitier Nathalie Bareille, Jos Noordhuizen - Management de l’entreprise vétérinaire Substitution d’un service de diagnostic à un traitement économique : approche du prix d’intérêt Philippe Baralon - Témoignage - Un exemple de remplacement d’un traitement systématique par une approche raisonnée Michaël Lallemand, Régis Rupert

63 67 71 73

FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - 7. Comprendre l’épidémiologie - Un élevage ou une région indemne d’une maladie ? Bernard Toma - Synthèse - Les effets de la pasteurisation du colostrum sur sa viscosité, sa teneur en IgG, le transfert d’immunité passive et l’élimination d’agents infectieux Pierre Philippe, Didier Raboisson, François Schelcher

Souscription d’abonnement en page 93 75

ACTUALITÉS 79

RUMINANTS

83

PORCS-VOLAILLES

- Étude de cas - La dermatose ulcéreuse du mouton Virginie Rodier, Dominique Rémy, Bérangère Ravary, Jean-Marie Gourreau

- Revue de presse internationale Rubrique dirigée par François Schelcher et Henri Seegers. Notre sélection d’articles par Sébastien Assié, Catherine Belloc, Clément Prunelle

- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses

COMPRENDRE ET AGIR

88 92 94

FMC Vét

Résultats originaux ou observation originale

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 91


PP 4 Test clinique

questions

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NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (praticien), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Jean-Luc Chatré (praticien), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (E.N.V.N.) Arlette Laval (E.N.V.N.), Marc Savey (A.F.S.S.A.) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (E.N.V.N.) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)

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test clinique absence d’embryon après des ovulations multiples chez une vache de haute valeur génétique

Rédacteurs en chef Sébastien Assié (E.N.V.N.) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.)

Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie des ruminants, E.N.V.L.) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Baudeau (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, E.N.V.N.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Didier Calavas (A.F.S.SA., Lyon) Alain Chauvin (Parasitologie, E.N.V.N.) Alain Douart (Pathologie des ruminants, E.N.V.N.) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Olivier Gauthier (chirurgie, E.N.V.N.) Norbert Giraud (praticien) Jean-Marie Gourreau (A.F.S.SA. Alfort) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Christophe Hugnet (praticien) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Jean-François Jamet (praticien) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Milleman ((Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Jean-Marie Nicol (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Pascal Sanders (A.F.S.SA. Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stephan Zientara (E.N.V.A.) Gestion des abonnements et comptabilité : Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37€, U.E. :38€ Tarifs d’abonnement : voir p. 97 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0508 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232

Pascal Bourdin1 Alexis Ferrieres1 Serge Lacaze2 Nicole Picard-Hagen1 1 Département Élevage et Produits École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 2 Midatest, Domaine Sensacq Cidex 55A, 64230 Denguin

1

Vaches présentées lors d’un concours, la vache de droite, donneuse d’embryons est celle examinée (photo S. Lacaze).

1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 2 Quels moyens diagnostiques complémentaires permettraient de vérifier vos hypothèses ? Réponses à ce test page 92

comité de lecture

Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des lions Ste-Marie des Champs B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 92 - OCTOBRE 2007 / JANVIER 2008

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ne vache Prim’Holstein âgée de 6 ans, de haute valeur génétique, est une donneuse d’embryons hébergée à la station d’amélioration génétique de Denguin (64) depuis août. ● La vache a vêlé une première fois à 2 ans en 2003, et une seconde fois, 16 mois plus tard après quatre inséminations artificielles. Elle a été normalement cyclée et mise à la reproduction cinq fois sans être fécondée. ● Compte tenu de la valeur génétique de la femelle, elle a été superovulée avec un traitement gonadotrope classique à base de F.S.H. et de L.H. porcine purifiée (Stimufol®). ● La réponse superovulatoire (palpation de six corps jaunes sur les ovaires 7 jours après insémination artificielle) était moyenne. La femelle a donc été collectée mais, aucun embryon n’a été récolté. ● L’examen de l’appareil génital en décembre est normal, la femelle est cyclée, en phase lutéale. - Un kyste de 5 cm de diamètre de la glande vestibulaire majeure (ou glande de Bartholin) gauche a été détecté à la palpation transrectale. - Aucune anomalie de la bourse ovarique ni des trompes utérines n’a été mise en évidence à la palpation ou à l’échographie transrectale.

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Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Pierre Bézille, Henri-Jean Boulouis, Cyril Boissieu, Alain Bousquet-Melou, Gilles Bourdoiseau, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette, Eric Collin,

Fabien Corbières, Roland Darré, Stéphane Daval, Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Pascal Dubreuil (Québec) Barbara Dufour, Jean-Michel Fabre, Pascal Fanuel, Gilles Fecteau (Québec) Cécile Ferrouillet (U.S.A.), Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, François Gary, Christian Gipoulou,

Norbert Gauthier, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Nadia Haddad, Christian Hanzen (Liège), Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Frédéric Lemarchand, Xavier Malher, Hervé Morvan, Hervé Navetat, Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard,

Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret, Pierre-Emmanuel Radigue, Nicolas Roch, Jean-Louis Roque, François Roumegous, Christophe Roy, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart, Henri Viel, Lionel Zenner.


Editorial corr lect Helene ELSA 7

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éditorial Un outil de transmission du savoir pour la formation continue …

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our agir efficacement, il est nécessaire de connaître et de comprendre les difficultés auxquelles on est confronté. Personne, surtout pas un enseignant, n’oserait affirmer que les connaissances acquises sur les bancs de l’École suffisent. Fidèle au projet éditorial, ce dernier numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, qui ouvre l’année 2008, réussit encore et toujours le pari d’être un outil de transmission du savoir pour la formation continue. Connaître Connaissances en thérapeutique et prévention chez le jeune veau ● En France, les diarrhées des veaux âgés de moins d’un mois sont des affections fréquentes, avec des conséquences financières notables pour les éleveurs. En élevage allaitant, ces diarrhées comptent pour 60 p. cent à 80 p. cent de la pathologie des veaux. Leur incidence moyenne varie selon les études entre 15 et 20 p. cent, avec une mortalité moyenne voisine de 3 p. cent. Des taux plus élevés sont rapportés dans les élevages à problèmes. Ces diarrhées sont plus fréquentes pendant les mois d’hiver, période traditionnelle des vêlages. ● Durant le premier mois de vie, les entérites d’origine microbienne prédominent largement. Elles se caractérisent cependant par la diversité des germes en cause. Les quatre agents pathogènes majoritairement isolés des matières fécales diarrhéiques sont les Escherichia coli F5 (K 99) et CS 31A, les rotavirus et les coronavirus, ainsi que Cryptosporidium parvum. Ces agents peuvent être présents en même temps au sein d’un élevage atteint. Ces germes sont aussi fréquemment isolés d’élevages sans difficultés pathologiques particulières. L’origine des diarrhées néonatales est alors volontiers plurifactorielle ; interviennent ainsi d’autres facteurs que les facteurs infectieux, liés au veau (réceptivité particulière par défaut d’immunité spécifique), à son environnement, aux circonstances de sa naissance et de ses premières semaines de vie, ou au mélange de veaux d’âges différents. Le dossier spécial “Thérapeutique et prévention chez le jeune veau” de ce numéro est consacré aux éléments majeurs de la maîtrise des diarrhées néonatales. La transmission de l’immunité via le colostrum est exposée dans les articles de D. Raboisson et coll et de C. Mestdagh, F. Schelcher et coll. Deux synthèses sur la réhydratation par voie intraveineuse (A. Roussel et coll) et sur l’antibiothérapie (P.L. Toutain et coll) font le point sur l’état des connaisances disponibles. Enfin, le traitement et la prévention des cryptosporidioses, toujours difficiles à maîtriser en élevage bovin, sont exposés dans l’article de F. Schelcher et coll. Ce dossier est complété par une synthèse sur les effets du traitement thermique du colostrum (P. Philippe et coll.) et P. Baralon nous présente un outil du management de l’entreprise vétérinaire, enrichi d’un témoignage (M. Lallemand et R. Rupert).

Sébastien Assié Unité de Médecine des Animaux d’élevage E.N.V.N. BP 40706 44307 Nantes Cedex

Connaissances en Porc et volailles La lecture de ce numéro est aussi l’occasion de renforcer ses connaissances sur les troubles de la reproduction chez la truie (L. Glattleider et A. Laval) mais aussi sur les salmonelloses aviaires (N. Ruoven) que la réglementation - si le besoin était - a replacé sous les feux de l’actualité. Comprendre Les thématiques classiquement abordées dans les cahiers “Comprendre et agir” et “FMCvet-Formation médicale continue vétérinaire” s’enrichissent de nouveaux articles. B. Toma termine la première série d’articles “Comprendre l’épidémiologie” en exposant avec clarté la notion épidémiologique d’élevage ou de zone indemne de maladie. L’article sur le diagnostic d’un bilan énergétique négatif en troupeau laitier de N. Bareille et coll. complète les connaissances nécessaires à la réalisation d’audits d’élevages laitiers. Une étude de cas décrit la réapparition de la dermatose ulcéreuse du mouton, non observée depuis plusieurs décennies en France (V. Rodier, J.-M. Gourreau et coll.) Bonne lecture et à vous d’agir …

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 93


Actualité N°7 VERSO 25/02

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actualités en perspective productions animales et épizooties en Europe 2007 : une rupture sans précédent, 2008 : une année pivot ?

A

u début d’une année, il est d’usage d’établir un bilan de la précédente et de tenter quelques prévisions. L’exercice ne présente qu’un intérêt très limité si la probabilité de la continuité l’emporte très nettement sur celle d’un net changement, en un mot, d’une rupture.

NOTES * cf. article : “La fin des quotas laitiers” de A. Le Boulanger dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et santé 2007, n°6 p. 61-64.

Dans le domaine des productions et des maladies animales, il se dégage quelques perspectives en faveur d’une rupture déjà amorcée. On peut donc essayer d’analyser leur situation en précisant toutes les interrogations associées.

** cf. “The end of cheap food” : The Economist 2007, 385, 8558, 11-12 et 77-79.

LA FIN DE LA NOURRITURE BON MARCHÉ : UNE RUPTURE SANS PRÉCÉDENT AU PLAN MONDIAL En matière agricole, le cadre de cette réflexion ne peut être qu’européen, compte tenu de l’existence d’une politique agricole commune (PAC) depuis 1962* et de l’émergence ou de l’installation à l’échelle continentale de grandes maladies épizootiques comme la fièvre catarrhale ovine ou la peste aviaire. ● Pourtant, en 2007, la rupture majeure a eu lieu au plan mondial et au plan économique : c’est la fin de la nourriture bon marché**. Ce phénomène est unique depuis qu’existent des index économiques consacrés à l’alimentation (1845). Cette rupture est aussi d’une brutalité sans précédent puisque l’index de référence (The Economist food index) a augmenté de 75 p. cent depuis 2005, mais surtout depuis le printemps 2007, alors que le prix des matières premières alimentaires (exprimé en dollars) n’avait cessé de baisser de 1974 à 2005, perdant alors les trois quarts de sa valeur en terme réel. En Europe, notamment en France, la part des ressources des ménages consacrée à l’alimentation est ainsi passée de 24 à 17 p. cent. Bien sûr, ces chiffres très globaux mériteraient d’être discutés en détail, ils n’en reflètent pas moins une réalité qui s’est traduite par une évolution spectaculaire de l’agriculture européenne (intensification des productions, réduction du nombre d’exploitations, augmentation de la productivité,…) ●

Essentiel ❚ La fin de la nourriture bon marché est une rupture d’une brutalité sans précédent au plan mondial depuis 1845. ❚ La quasi-disparition des stocks européens de poudre de lait et de beurre, et l’explosion des cours ont ramené les prix payés aux producteurs au niveau de ceux de 2002, soit une augmentation de 30 p. cent en 2007.

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 94 - OCTOBRE / JANVIER 2008

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La couverture de la revue “The Economist” du 8-14 décembre 2007.

en réaction à cette contrainte pendant cette période. ● L’évolution en termes quantitatif et économique de la production laitière en Europe, de 1984 à 2006, montre bien l’impact de cette dégradation du marché mondial. Pendant cette période, l’Europe a dû gérer d’énormes surplus (beurre et poudre de lait) tout en organisant, par un système de quotas, une régression de la production associant force subventions (aux producteurs et aux industriels) à une baisse des prix payés aux producteurs. Ainsi, de 2002 à 2006, des États membres comme la France n’ont pu réaliser leur quota européen et ont constaté un déclin inexorable du nombre de producteurs. UN RENVERSEMENT SPECTACULAIRE POUR LES PRODUITS LAITIERS ● Le renversement de la situation en 2007 résulte d’une progression spectaculaire de la demande mondiale. La quasi-disparition des stocks européens de poudre de lait et de beurre, et l’explosion des cours (augmentation de plus de 75 p. cent, alors qu’il était prévu des diminutions de respectivement 15 et 25 p. cent, entre 2004 et 2007*) ont


PP 9-12 Soins du veau nouveau-né

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soins, nursing

et réanimation chez le veau nouveau-né Le management du troupeau et des veaux nouveau-nés influe sur la survie des veaux. Certaines procédures de nursing, qui ont fait l’objet d’essais contrôlés, peuvent être recommandées pour améliorer l’adaptation des veaux nouveau-nés à la vie extra-utérine. Des manœuvres de réanimation, calquées sur les résultats d’études menées en médecine humaine, peuvent permettre de réanimer les nouveau-nés hypoxiques.

L

a morbidité et la mortalité périnatales causent des pertes économiques importantes. La majorité des pertes provient d’une mal-adaptation des veaux à la vie extra-utérine. L’hypoxie au moment de la mise bas et l’acidose métabolique qui en découle sont les principales perturbations physiologiques entraînant cette mortalité. Les mises bas dystociques constituent un facteur de risque majeur d’hypoxie, donc d’apparition de maladies néonatales [7]. Après quelques courts rappels de physiologie, cet article présente les procédures de nursing applicables aux veaux pour améliorer leur adaptation physiologique à la vie aérienne, puis les manœuvres de réanimation du veau nouveau-né hypoxique. ÉVALUER L’ÉTAT DE SANTÉ DU VEAU NOUVEAU-NÉ

● L’état de santé du veau nouveau-né peut être évalué par un examen clinique rapide. - Un veau normal est capable de tenir sa tête droite après quelques minutes et se place en 2 à 7 minutes de façon spontanée en décubitus sternal. - Ses mouvements sont normaux (photo 1). - Il répond aux stimuli et a conscience de son environnement. Lorsqu’on lui met un doigt ou un brin de paille dans le nez, il remue la tête (réflexe pituitaire normal). Lorsqu’on lui met de l’eau dans les oreilles, il secoue la tête (réflexe du conduit auditif normal).

Édouard Timsit Pathologie des ruminants E.N.V.N. Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03

Objectif pédagogique ❚ Connaître les procédures de nursing du veau nouveau-né et les manœuvres de réanimation du veau hypoxique.

Essentiel 1

❚ Le délai entre la naissance et le décubitus sternal spontané est un critère qui permet d’objectiver les chances de survie du veau. ❚ À la naissance, le veau est confronté à : - une hypoxie ; - une acidose ; - une perte de chaleur - un besoin en glucose. ❚ Une acidose métabolique et respiratoire est présente en général pendant 1 à 4 h, le temps que le veau s’adapte. ❚ L’ordre des procédures de réanimation du veau nouveau-né peuvent se mémoriser par le sigle “A.B.C.” : Airway, Breathing, Circulation.

L’état de santé du veau nouveau-né peut être évalué par un examen clinique rapide (photo D. Raboisson, E.N.V.T.).

- Sa fréquence cardiaque est supérieure à 120 batts par minute. - Sa respiration débute 30 secondes après la naissance. Elle a tendance à être irrégulière au début, puis devient rapidement régulière, entre 45 et 60 mvts par minute. - Sa température corporelle diminue de moins d’un degré au cours de la première heure pour se stabiliser vers 38,8 °C à l’âge de 4 ou 5 heures (encadré 1). ● Un veau nouveau-né qui souffre reste en décubitus latéral et ne parvient pas à se positionner en décubitus sternal. Son tonus musculaire est faible, il ne tient pas sa tête tout seul. Sa fréquence cardiaque est souvent inférieure à 120 batts par minute. Sa respiration est irrégulière, haletante, d’une fréquence inférieure à 30 mvs par minute. ● Lors d’hypoxie sévère avec perturbation de l’oxygénation cérébrale, le veau est comateux, présente des mouvements erratiques et respire de manière saccadée. ● Le délai entre la naissance et le décubitus sternal spontané est un critère qui permet d’objectiver les chances de survie du veau. Un délai supérieur à 15 minutes est très prédictif de la mort du veau (84 p. cent de mortalité après 15 minutes) [4]. ● La présence de tonus musculaire et de réflexes normaux sont indicatifs d’un veau bien oxygéné, et qui a un statut acidobasique plutôt normal.

RUMINANTS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 97


PP 13-17 Colostrum D. Raboisson

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résultats originaux

les cellules du colostrum : quel rôle dans la défense

Didier Raboisson François Schelcher Gilles Foucras

du veau nouveau-né ? Le colostrum apporte au veau une grande quantité d’immunoglobulines, ce qui lui confère une protection passive immédiate et spécifique. Le rôle stimulateur des cellules présentes dans le colostrum, sur l’immunité du veau, a longtemps été négligé. Sa prise en considération pourrait modifier la gestion du colostrum en élevage.

C

hez les bovins, la placentation syndesmo-choriale agit comme une barrière entre la mère et son veau. Celuici naît avec un système immunitaire fonctionnel, mais immature et naïf. Ainsi, pendant les premières semaines de vie, le veau peut répondre à une stimulation antigénique, mais l’intensité et la rapidité de cette réponse sont réduites par rapport à un bovin adulte. ● Le rôle du colostrum est souvent réduit au transfert d’une immunité passive, via l’apport d’immunoglobulines G (Ig G). Cependant, le colostrum possède des qualités nutritives et métaboliques particulières, et contient des cytokines et des cellules immunitaires (environ 2,3 x105 cellules/ml). Les leucocytes colostraux se répartissent entre macrophages (40 à 50 p. cent), lymphocytes (22 à 25 p. cent) et neutrophiles (22 à 25 p. cent). Les lymphocytes sont principalement des cellules T (88 à 89 p. cent), NK (5 à 15 p.

cent) et des cellules B (2,5 à 3,5 p. cent) [2]. ● L’objectif de cet article est d’évaluer les fonctions de la fraction cellulaire du colostrum, en particulier sa place dans la défense du très jeune veau et son rôle dans le développement du système immunitaire du veau. LES LEUCOCYTES COLOSTRAUX PASSENT DANS LA CIRCULATION SANGUINE DU VEAU Le statut leucocytaire du veau nouveau-né et du jeune veau ● La numération et la composition leucocytaires du jeune veau varient fortement au cours des 1ères semaines de vie (encadré 1). Ces variations sont particulièrement importantes, à la fois qualitativement et quantitativement, les 1ers jours de vie (forte diminution des leucocytes dont des granulocytes neutrophiles (G.N.N.), augmentation des cellules mononucléées (M.N.L.)). L’ ingestion de colostrum semble impliquée dans ces modifications précoces. Son statut leucocytaire se rapproche de celui de l’adulte à partir de quelques mois d’âge (3-6 mois, selon les paramètres considérés). ● Le rôle des cellules du colostrum sur le statut leucocytaire du veau a été démontré dans plusieurs essais. Par exemple, chez des veaux ayant reçu du colostrum sans cellules (n=16), la baisse du nombre de neutrophiles et l’augmentation du nombre de lymphocytes est plus faible que chez les veaux ayant reçu le colostrum entier (n=16). Ces effets sont observés pendant la 1ère semaine de vie, avec une différence significative le second jour [8, 10]. La composante acellulaire soluble (Ig, hormones et cytokines) du

Université de Toulouse Département Élevage, Produits et Santé publique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique ❚ Évaluer les fonctions de la fraction cellulaire du colostrum dans la défense du jeune veau, et son rôle dans le développement du système immunitaire.

Essentiel ❚ Le colostrum possède des qualités nutritives et métaboliques particulières, et contient des cytokines et des cellules immunitaires. ❚ Le statut leucocytaire du veau se rapproche de celui de l’adulte à partir de quelques mois d’âge. ❚ À l’instar des Ig G, les leucocytes colostraux traversent l’épithélium de l’intestin pour passer dans le sang du veau. ❚ Le rôle direct des molécules ou récepteurs cellulaires dans le passage trans-intestinal des cellules immunitaires a été récemment démontré.

Encadré 1 - Les numération-formules des jeunes bovins [3, 4, 5] Élevé à la naissance (8-9 x 106 cellules/ml), le nombre de leucocytes sanguins diminue rapidement, et se situe autour de 6-7 x 106 cellules/ml après quelques jours de vie (3 à 5 jours selon les études), et jusqu’à environ 2 mois [4, 5]. Il augmente alors légèrement pour atteindre 8-9 x 106 cellules/ml jusqu’à l’âge adulte. Il est inférieur chez les bovins âgés [3, 4, 5]. ● Le nombre de G.N.N. (granulocytes neutrophiles) diminue de 6 x 106 cellules/ml à la naissance à 2 x 106 cellules/ml entre 1 et 2 mois, puis aug●

mente à nouveau pour se situer autour de 3-3,5 x 106 cellules/ml. Entre la naissance et 3 mois, le nombre de M.N.L. (cellules mononucléées) augmente progressivement de 3,5 x 106 à 6 x 106 cellules/ml [4, 5]. Les nombres de G.N.N. (granulocytes neutrophiles) et de M.N.L. diminuent ensuite avec l’âge. ● Aussi, la formule sanguine, de type lymphocytaire chez les bovins adultes, est de type neutrophilique chez le veau et se rapproche de celle de l’adulte à partir de quelques mois d’âge [3, 4, 5].

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RUMINANTS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 101


PP 19-25 Colostro remplaceurs corr cha 25-02-08

26/02/08

11:55

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résultats originaux

les substituts de colostrum Clément Mestdagh Didier Raboisson François Schelcher

comment les utiliser ?

Université de Toulouse Département Élevage, Produits et Santé publique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03

Quels sont les principaux critères de distinction entre les colostroremplaceurs et les colostrosuppléments, produits qui présentent des différences de composition importantes ? Comment les utiliser ? Comment bien les choisir ?

L

e colostrum a un rôle clé dans le transfert de l’immunité passive chez le veau. La consommation de 3 à 4 litres de colostrum de bonne qualité dans les 24 premières heures de vie, dont la moitié dans les 6 premières heures, est une recommandation fréquente pour assurer l’efficacité du transfert de l’immunité passive [16]. Afin de pallier les inconvénients d’un transfert d’immunité passive, une pratique courante est la distribution de colostrum préalablement stocké. La qualité de ce colostrum varie fortement selon les individus, mais dépend aussi des pratiques d’obtention (numéro de traite), de stockage (congélation) et de distribution (chauffage, …).* ● Aux États-Unis, environ un tiers des veaux laitiers souffrirait d’un défaut partiel de transfert d’immunité passive. Aussi, les substituts de colostrum - colostro-remplaceurs (C.R.) et colostro-suppléments (C.S.) - ont-ils été développés pour en limiter les effets, une augmentation de la morbidité et de la mortalité. De plus, le colostrum naturel est impliqué dans la transmission de certains pathogènes de la mère à son veau (par exemple, Mycobacterium avium paratuberculosis, …). Les colostro-remplaceurs peuvent alors être une alternative au traitement thermique du colostrum, délicat et fastidieux. ● L’objectif de cet article est d’analyser les critères habituellement utilisés pour évaluer l’efficacité des colostro-remplaceurs (C.R.) et des colostro-suppléments (C.S.) et de préciser l’intérêt et les limites de l’utilisation pratique de ces produits. COMPOSITION DU COLOSTRUM ET TRANSFERT D’IMMUNITE PASSIVE

● La richesse du colostrum provient de la diversité de ses constituants et de leurs concentrations. La composante immunitaire

Objectif pédagogique ❚ Connaître les avantages et les limites des colostro-remplaceurs et des colostro-suppléments par rapport au colostrum. 1

La richesse du colostrum provient de la diversité de ses constituants et de leurs concentrations. (photo Pathologie des ruminants, E.N.V.T.).

du colostrum est souvent abusivement résumée aux immunoglobulines G1 (Ig G1) avec une sous-estimation du rôle des autres composants, pourtant impliqués dans le transfert d’immunité passive (photo 1). ● Les Ig G1 représentent la majorité des Ig du colostrum. Elles sont absorbées passivement à travers la paroi intestinale, par pinocytose. La quantité d’Ig G1 transférée du colostrum au sang du veau est un critère majeur d’efficacité du transfert d’immunité passive ; aussi, une concentration en Ig G de 10 g/l dans le sang du veau est généralement considérée comme satisfaisante. ● La spécificité des anticorps (Ac) absorbés doit être prise en compte pour évaluer la protection vis-à-vis des pathogènes majeurs. En raison de la diversité des agents infectieux et de leur coût, de telles recherches ne sont pas réalisées en pratique courante, que ce soit dans le colostrum ou dans le sang du veau. ● Le colostrum contient d’autres composants immunitaires : d’autres isotypes d’Ig (Ig M, Ig A, ...) en concentrations très faibles, des cytokines et des leucocytes en quantité non négligeable, et des molécules à actions anti-infectieuse telle que la lactoferrine. ● Le colostrum est une source majeure de nutriments, en particulier d’énergie. Les protéines et les lipides constituent les principaux apports énergétiques du colostrum, moins riche que le lait en lactose. Il contient aussi des vitamines, des oligo-éléments et des facteurs de croissance (IGFα, GH, …).

NOTE * cf. l’article “Les cellules du colostrum : quel rôle dans la défense du veau nouveau-né ?” de D. Raboisson, dans ce numéro.

Essentiel ❚ La composante immunitaire du colostrum est souvent abusivement résumée aux immunoglogulines G1 avec une sous-estimation du rôle des autres composants. ❚ Les colostro-remplaceurs peuvent être une alternative au traitement thermique du colostrum, ou lors d’absence de banque colostrale.

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RUMINANTS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 107


PP 27-30 antibiotherapie des enterites neonatales du veau

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l’antibiothérapie

dans les entérites infectieuses néonatales Pierre-Louis Toutain Alain Bousquet-Mélou

du veau L’antibiothérapie n’est pas toujours indiquée dans le traitement des entérites infectieuses néonatales du veau. Dans les cas les moins sévères, une réhydratation et le respect des mesures d’hygiène suffisent. Dans les autres cas, bien connaître les antibiotiques disponibles permet de les utiliser à bon escient.

L

es entérites néonatales restent la première cause de mortalité au cours des premières semaines de vie chez le veau. Compte tenu de l’implication d’agents infectieux dans leur physiopathologie, elles ont fait historiquement l’objet de traitements de routine, voire de recommandations prophylactiques, par les antibiotiques. Encore aujourd’hui, plus de 100 spécialités pharmaceutiques correspondant à plus de 20 principes actifs appartenant aux principales classes d’antibiotiques ont des autorisations de mise sur le marché (A.M.M.) en France, avec des revendications en matière d’infections intestinales. ● Le consensus qui se dégage actuellement privilégie les traitements symptomatiques de soutien, notamment de réhydratation, qui doivent représenter la première ligne de traitement des diarrhées du veau, et non le recours en 1ère intention aux antibiotiques. ● À une utilisation plus sélective et prudente des antibiotiques dans le traitement des entérites néonatales du veau, s'ajoute une 2nde exigence thérapeutique : les antibiotiques sélectionnés doivent pouvoir développer une action systémique. ● L’indication la plus justifiée des antibiotiques concerne les infections les plus sévères, notamment celles qui sont dues à des pathogènes entéro-invasifs (salmonelles, certains pathotypes d’Escherichia coli), c'est-à-dire des situations qui peuvent être à l’origine de bactériémie (simple passage des bactéries dans le sang), voire de septicémie (infection généralisée) par rupture de la barrière intestinale intestinale. ● Cette revue rappelle d’abord les éléments physiopathologiques qui justifient le recours

aux antibiotiques, et notamment la question des bactériémies associées aux entérites. La seconde partie propose une synthèse de ce qui est connu et surtout inconnu en matière d’efficacité des antibiotiques (pour une revue exhaustive récente [2]). ALTÉRATIONS DE LA FLORE INTESTINALE CHEZ LE VEAU À DIARRHÉE ● Une antibiothérapie n’est généralement justifiée que pour contrôler ou éradiquer une flore bactérienne (pathogène ou devenue excessive). Ce sont les virus (rotavirus et coronavirus) qui sont les agents pathogènes les plus fréquemment impliqués dans les diarrhées du veau nouveau-né. Les antibiotiques n’agissent pas sur les virus, même si le potentiel anti-inflammatoire des tétracyclines et les propriétés immunomodulatrices des macrolides mériteraient d’être mieux précisées vis-à-vis de l’action destructrice et pro-inflammatoire des virus sur les entérocytes. Il en est de même pour les cryptosporidies, les coccidies et les infections à Giardia. ● En pratique, les antibiotiques ne sont indiqués que pour contrôler le développement exagéré dans l'intestin grêle d’une flore dominée par E. coli, ou en présence de Salmonella spp.

Les données physiopathologiques indiquent que la taille de la population résidente (banale) d’E. coli augmente en cas de diarrhée, et cela, quelle que soit l’origine de l’entérite (virale, due à un E. Coli entérotoxinogène (E.T.E.C.), ...). La flore résidente peut voir augmenter sa taille d’un facteur de 103 à 104 dans l’intestin grêle. Cette “surcolonisation” peut persister alors que l’agent étiologique primaire qui a déclenché ce déséquilibre de la flore a disparu. ● L’augmentation de la taille de la flore digestive est associée à un syndrome inflammatoire (entérite) caractérisé sur le plan fonctionnel par un syndrome de malabsorption des glucides (lactose) et des lipides. Le lactose non digéré fermente en aval par la flore colique, ce qui participe aux désordres fonctionnels du tube digestif ●

U.M.R.181 Physiopathologie et Toxicologie Expérimentales I.N.R.A. E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 3

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les éléments physiopathologiques qui justifient le recours aux antibiotiques, et savoir choisir les antibiotiques.

Essentiel ❚ Les antibiotiques sont indiqués pour contrôler le développement exagéré dans l'intestin grêle d’une flore dominée par E. coli, ou en présence de Salmonella spp. ❚ Les antibiotiques peuvent être efficaces et utiles dans le traitement des entérites néonatales du veau, s’ils sont administrés de façon sélective, dans des situations justifiées : symptômes sévères et risques de septicémie.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 115


PP 32-38 Réhydratation du veau

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la réhydratation du veau par voie intraveineuse Allen J. Roussel1 Sébastien Assié2

lors de gastro-entérite néonatale

1 Department

of Large Animal Clinical Sciences, College of Veterinary Medicine and Biomedical Sciences Texas A&M University, MS 4475 College Station TX 77843, USA 2 Médecine des Animaux d’Elevage E.N.V.N. BP 40706 - 44307 Nantes Cedex 03

Objectif pédagogique ❚ Comprendre et connaître les bases de la réhydratation par voie intraveineuse.

Essentiel ❚ L’hématocrite est un indicateur beaucoup plus fiable des changements de volume plasmatique que les protéines plasmatiques totales. ❚ Une déshydratation rapide entraîne une diminution du volume plasmatique, suivie par une diminution du liquide interstitiel, puis par une diminution du compartiment intracellulaire. ❚ La plupart des ruminants cliniquement déshydratés ont une perte de liquide iso-osmolaire : il est donc nécessaire de remplacer les électrolytes.

Les principes de la thérapeutique liquidienne sont relativement simples : avec un peu de créativité, les praticiens peuvent surmonter les contraintes physiques, logistiques et économiques. L'administration de solutés, efficaces et peu coûteux, peut être réalisée par tous les vétérinaires en pratique rurale. Les éléments de physiopathologie et les méthodes d’évaluation du veau atteint de gastro-entérite présentés dans cet article doivent permettre un plan de réhydratation intra-veineuse raisonné.

B

ien que sa mise en œuvre soit techniquement difficile, peu pratique et qu’elle exige beaucoup de travail, la thérapeutique liquidienne produit des résultats cliniques qu'aucune technique chirurgicale sophistiquée ou qu'aucun médicament “miraculeux” et cher ne peut reproduire. L'eau et les sels, connus depuis des siècles pour être des éléments indispensables à la vie, sont aussi nécessaires à la survie aujourd'hui que par le passé. Après de brefs rappels physiologiques sur les mécanismes de déshydratation (encadré 1), l’évaluation de l’animal est décrite, puis les principes de la réhydratation intra-veineuse sont exposés. LA DÉSHYDRATATION ET SES CONSÉQUENCES Le traitement des diarrhées néonatales est l’indication la plus fréquente pour la fluidothérapie des veaux. Quel que soit l'agent étiologique, les changements métaboliques induits par une diarrhée néonatale sont identiques. Ils incluent : - une déshydratation ; - une acidose ; - un déséquilibre électrolytique ; - un bilan énergétique négatif et/ou une hypoglycémie. ●

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 120 - OCTOBRE / JANVIER 2008

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1

Évaluation de l’état de déshydratation d’un veau (photo A. Douart). ● La principale cause de déshydratation des veaux diarrhéiques est la perte d'eau par les fèces, qui peut atteindre 13 p. cent du poids corporel en 24 h. La diminution de la prise d'eau à cause de l'anorexie ou la diète aggravent la déshydratation (photo 1). ● L’acidose résulte de la perte de bicarbonates et de cations forts, de l'accumulation d'acide lactique dans les tissus, d'une diminution de l'excrétion rénale de protons et d’une augmentation de la production d'acide organique dans le colon lors de diarrhées par malabsorption. Avec l'eau et les bicarbonates, le sodium, les chlorures, et le potassium sont perdus dans les fèces, ce qui entraîne un déficit de ces ions dans l’organisme tout entier.* ● Un bilan énergétique négatif peut apparaître chez les veaux diarrhéiques suite à la diminution de la prise de lait, à la diminution de la digestion ou de l'absorption des nutriments, ou à l’administration de réhydratants oraux de faible valeur énergétique en remplacement du lait. ● Une hypoglycémie aiguë peut être observée chez certains veaux qui ont des troubles causant de la malabsorption. L'augmentation de la demande énergétique, à cause du froid ou d'une fièvre, aggrave ces dysfonctionnements.

NOTES * cf. les articles publiés dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et Santé N°4 de novembre / février 2007 : - “La réhydratation orale des veaux” de G. Nappert et coll. 2007;4:325-7. - “Entérites néonatales chez le veau : les troubles hydro-électrolytiques et acido-basiques : l’intérêt des examens complémentaires” de G. Foucras et coll. 2007;4:52-8.


PP 41-48 Cryptosporidiose

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résultats originaux

la cryptosporidiose bovine du traitement à la prévention

François Schelcher1, 2 Arnaud Rebillard1 Didier Raboisson1

Les cryptosporidies peuvent être considérées comme une des cibles majeures du traitement étiologique. De multiples molécules à visée thérapeutique et/ou préventive ont été testées en laboratoire, ou de manière foisonnante sur le terrain. Seules quelques unes ont émergé, avec un intérêt démontré ou controversé, dans la maîtrise de la cryptosporidiose.

C

hez les ruminants, la cryptosporidiose est une des parasitoses majeures associées aux diarrhées néonatales. Cryptosporidium parvum a été considérée, pendant longtemps, comme un parasite opportuniste. Toutefois, son rôle pathogène a été clairement démontré, notamment par des reproductions expérimentales en station, sur les espèces hôtes naturelles. ● En élevage, la fréquence des infections asymptomatiques est très élevée. Par ailleurs, de nombreux facteurs d’élevage et/ou des co-infections accroissent la sensibilité des bovins [8, 31]. Ainsi, et sans réduire leur rôle pathogène, l’imputation des troubles cliniques aux seules cryptosporidies doit systématiquement être l’objet d’une évaluation critique dans la démarche diagnostique. ● Nous nous proposons, dans cet article, de revoir les moyens curatifs et de prévention de la cryptosporidiose en élevage bovin.* TRAITEMENT SPÉCIFIQUE

● Près de 200 molécules ont été testées visà-vis de Cryptosporidium parvum au cours de ces 20 dernières années. ● Chez les ruminants seules quelques molécules sont créditées d’une réelle efficacité. Le lactate d’halofuginone est le principe actif du seul médicament, l’Halocur®, ayant une A.M.M. avec l’indication cryptosporidiose des bovins.

L’halofuginone ● L’halofuginone est une molécule synthétique appartenant au groupe des quinazolinones, dont l’activité anti-protozoaire est démontrée notamment contre les coccidies.

Université de Toulouse - E.N.V.T. 1 Élevage, Produits, Santé Publique Vétérinaire 2 INRA UMR 1225 Interactions Hôtes-Agents Pathogènes BP 87614 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique ❚ Connaître les moyens curatifs et de prévention de la cryptosporidiose en élevage bovin.

1

Compte tenu de la précocité de l’exposition des veaux aux ookystes de cryptosporidies, le traitement est à mettre en œuvre le plus rapidement possible après la naissance (photo D. Raboisson).

Sur le plan pharmacodynamique, l’halofuginone est cryptosporidiostatique. - Son activité est maximale sur les stades libres et asexués, c'est-à-dire sur les phases initiales du cycle parasitaire. - Ces données suggèrent que le traitement doit être mis en œuvre le plus rapidement possible (48 premières heures) après la naissance, compte tenu de la précocité de l’exposition des veaux aux ookystes de cryptosporidies (photo 1). ● La toxicité de l’halofuginone est décelable dès 500 μg/kg de poids vif (P.V.), et se caractérise sur le plan clinique par de la diarrhée, de l’anorexie et une perte de poids [44]. Par ailleurs et afin d’éviter une irritation digestive, il est recommandé par le laboratoire producteur de ne pas utiliser le lactate d’halofuginone sur des veaux à jeun, mais de l’administrer en mélange avec du lait ou une solution d’électrolytes [13]. ● Lors d’un essai de type dose-réponse, les doses actives étaient comprises dans la fenêtre de 60 à 250 μg/kg P.V. [44]. Une dose thérapeutique de 100 μg/kg PV d’halofuginone base (soit 120 μg de lactate d’halofuginone) a été retenue [44, 30]. Cette dose assure un facteur de sécurité de 5 par rapport aux doses toxiques. ● L’efficacité de l’halofuginone, administrée dès les premières phases de l’infection, et avant l’apparition des signes cliniques, se caractérise, selon les essais, par une réduction ou une inhibition totale de l’excrétion d’oocystes, pendant la durée du traitement (7 jours), et par une réduction de la prévalence des animaux excréteurs (tableau 1). ●

NOTE * cf. l’article “La cryptosporidiose chez les ruminants non sevrés : le pouvoir pathogène de Cryptosporidium parvum”, de M. Naciri et coll., paru dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et Santé N° 4 (novembre / février 2007) .

Essentiel ❚ Le traitement à l’halofuginone doit débuter dans les 48 premières heures après la naissance. ❚ Il est recommandé de ne pas utiliser le lactate d’halofuginone sur des veaux à jeun, mais de l’administrer en mélange avec du lait ou une solution d’électrolytes.

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RUMINANTS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 129


Alimentation et repro brebis F. Enjalbert verso

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alimentation et reproduction Francis Sylvain

Enjalbert1 Bareille2

chez la brebis

1 E.N.V.T.

Service alimentation Département élévage et Produits 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse Cedex 03 2 Responsable de Gamme Petits Ruminants Intervet SA Schering-Plough Corporation Angers Technopole BP 17144 49071 Beaucouzé Cedex

L’activité sexuelle des ovins de nos régions est liée à plusieurs facteurs : la race, la température ambiante, les relations inter-individus et les apports nutritionnels. Ces apports sont variables en fonction des moments du cycle de reproduction : ante-partum, agnelage, post-partum et de l’état corporel des animaux.

Objectif pédagogique ❚ Savoir adapter l’alimentation des agnelles et des brebis pour optimiser la reproduction.

D

Essentiel ❚ La sous-alimentation des agnelles dès la période de vie fœtale, et surtout pendant les 8 premières semaines de vie, perturbe les performances de reproduction futures. ❚ Le taux d’ovulation dépend de la croissance folliculaire pendant les 6 mois précédant l’ovulation. ❚ Les altérations folliculaires, conséquences d’une faible note d’état corporel (< 2,5) des brebis, quelques semaines avant la mise à la reproduction ne peuvent qu’être partiellement rattrapées par un flushing.

ans les régions tempérées, les ovins manifestent d’importantes variations de leur activité sexuelle, en relation avec la photopériode : les jours courts la stimulent, alors que les jours longs l’inhibent. ● La longueur de la saison sexuelle varie selon la race des animaux. Parmi les types génétiques classiquement utilisés en France, trois catégories se distinguent : - les races à durée d’activité sexuelle longue (majorité des races rustiques) ; - les races à durée d’activité sexuelle courte (races herbagères) ; - les races intermédiaires (Berrichon, Ile-deFrance). La température ambiante, les relations interindividuelles interviennent également sur la vie sexuelle des ovins. Le succès de la reproduction chez la brebis dépend étroitement des apports nutritionnels, surtout énergétiques, à la fois à long et court terme. Aussi, pour optimiser la reproduction, la conduite de l’alimentation doit prendre en compte le rythme de reproduction choisi. ● Pour chacun des stades de la vie reproductive d’une brebis, cet article présente l’alimentation adéquate. L’ALIMENTATION DE L’AGNELLE ET LA REPRODUCTION FUTURE Dès la période fœtale, puis pendant la 1re année de vie, la sous-alimentation peut perturber les performances futures de reproduction (photo 1). L’effet est surtout marqué lorsque la sous-alimentation intervient dans les 8 premières semaines [6, 15]. ● L’âge de la puberté des agnelles est directement influencé par le développement corporel, donc par l’alimentation [5]. ●

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 138 - OCTOBRE / JANVIER 2008

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1 Les excès protéiques sont à éviter autour de la fécondation, en particulier lorsqu’il s’agit d’excès d’azote dégradable (photo S. Bareille).

Une restriction des apports énergétiques ou protéiques conduit à retarder l’âge de la puberté. Un développement corporel retardé prolonge en effet l’état de prépuberté, en raison d’une faible fréquence des pics de sécrétion de GnRH (gonadotropin releasing hormone). ● Pour des raisons de photopériode, l’âge de la puberté est plus faible chez les agnelles nées au printemps que chez celles nées à l’automne : ces dernières sont donc moins sensibles à la sous-alimentation. LE RÔLE DE L’ALIMENTATION DANS LA MISE À LA REPRODUCTION La relation entre alimentation et taux d’ovulation ● Une alimentation énergétique très insuffisante retarde la date d’entrée en cyclicité [5, 12]. - Un faible niveau énergétique peut également affecter la durée des chaleurs, donc diminuer la probabilité pour une brebis d’être saillie. Cependant, une suralimentation de quelques semaines peut corriger cette anomalie. - Les déficits protéiques pénalisent aussi la fertilité. ● Chez la brebis, le paramètre le plus étudié lors de la mise à la reproduction est le taux d’ovulation, dépendant de l’alimentation : - à long terme : par le biais de l’état corporel de l’animal quelques semaines avant la mise à la reproduction (effet statique) ;


Détection chaleurs et retours réguliers chez la truie BAT 22/02/2008

26/02/08

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les troubles de la reproduction

la détection des chaleurs et les retours réguliers chez la truie Les troubles de la reproduction aigus ou chroniques constituent une dominante pathologique dans l’espèce porcine. C’est pourquoi les éleveurs sollicitent souvent la visite d’un vétérinaire pour réaliser un diagnostic et pour mettre en place une stratégie qui leur permettent de retrouver un niveau de production satisfaisant.

L

es résultats technico-économiques d’un élevage naisseur ou naisseur engraisseur sont largement tributaires des performances de reproduction. Celles-ci relèvent de causes multiples liées à l’éleveur, à la conduite de l’élevage, au bâtiment, à la génétique, à l’alimentation, au microbisme, et leur analyse est souvent complexe. ● Lorsque le vétérinaire réalise un audit ou un bilan sanitaire, il doit systématiquement évaluer le niveau des performances en prenant connaissance des résultats de la gestion technique du troupeau de truies" (G.T.T.T.) et de la gestion technico-économique (G.T.E.) de l’élevage. ● Nous nous intéressons d’abord à la détection des chaleurs et aux retours réguliers. Les retours irréguliers sont traités dans un prochain article.

1 Le passage du verrat devant les truies est la meilleure façon de détecter les chaleurs (photo Synthèse Élevage).

LES INDICATEURS DE PRODUCTIVITÉ ● De mauvaises performances ou des performances insuffisantes peuvent être la conséquence d’une mauvaise maîtrise technique, mais aussi de problèmes sanitaires plus ou moins occultes, dont il faut évaluer l’incidence. ● Les troubles de la reproduction chez la truie requièrent une attention particulière aux déclarations du propriétaire et des porchers. Elles sont à recouper avec un examen soigneux des documents d’élevage. Les indicateurs des performances sont aisément mis en évidence à partir de la gestion technique du troupeau de truies. ● Les points de productivité numérique à surveiller sont résumés dans la figure 1. Ils concernent le nombre de porcelets

(données Bretagne, d’après EDE 2005)

Bon

Intervention souhaitable Nés par portée

11

Nés vivants par portée

9,9

Mort-nés par portée

1,1

Intervalle sevrage-saillie fécondante

11 jours

Intervalle sevrage-réforme

50 jours

Avortement (%)

1,5 %

Porcelets sevrés par truie productive par an

24

12,7

0,6

8,4 jours

30 jours

0,5 % 27

5 prad tora dilliec 56250 Saint Nolff 2 E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03

❚ Savoir évaluer et identifier les causes de retours réguliers en chaleur chez la truie.

Figure 1 - Les indicateurs de productivité

1

Objectif pédagogique

issus de la Gestion Technique du Troupeau de Truies

13,8

Laurent Glattleider1 Arlette Laval2

NOTE * cf. l’article "La quarantaine en élevage porcin" de L. Glattleider et A. Laval dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE, élevage et santé N°5, mars/avril/mai 2007, 425-427.

Essentiel ❚ Les troubles de la reproduction chez les truies peuvent être : - des mauvaises performances des nullipares ; - des mauvaises venues en chaleur après sevrage ; - des retours réguliers en chaleur ; - des retours irréguliers en chaleur ; - une insuffisance de nés totaux ; - une insuffisance de nés vifs ou trop de mort-nés ; - des avortements.

PORCS- VOLAILLES

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 143


Salmonelloses aviaires réglementation N. Ruvoen verso

26/02/08

15:02

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salmonelloses aviaires les réglementations Nathalie Ruvoen

européennes et françaises

Unité des maladies réputées contagieuses, zoonoses et réglementation sanitaire générale. Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex

Le dispositif anti-salmonelles aviaires français et européen est complexe. La réglementation a beaucoup évolué ces dernières années. Après des changements importants intervenus en janvier 2007, la seconde étape de la nouvelle réglementation communautaire devrait se concrétiser en février 2008.

Objectif pédagogique ❚ Connaître les dernières réglementations françaises et européennes sur les salmonelloses aviaires.

NOTE * Réglement sur le contrôle des salmonelles et d’autres agents zoonotiques présents dans la chaîne alimentaire.

Essentiel

LES DISPOSITIONS RÉGLEMENTAIRES POUR LES POULES PONDEUSES ET LES ŒUFS

Dans l’espèce Gallus gallus, depuis le 1er janvier 2007, le dépistage de S. enteritidis, S. typhimurium, S. hadar, S. infantis et S. virchow est obligatoire. - L’objectif à atteindre vis-à-vis des cinq séomparé aux arrêtés de 1998, le nou- rovars a été fixé à moins de 1 p. cent chez les veau dispositif français des arrêtés de reproducteurs en 2009 (pour une prévalence 2007 prend en compte les principaux actuelle estimée à 3 p. cent). objectifs du règlement européen CE - Pour les poules pondeuses d’œufs de 2160/2003 du 17 novembre 2003* pour le consommation, la prévalence vis-à-vis de dépistage des salmonelles aviaires afin de S. enteritidis et typhimurium doit diminuer rendre plus performant le dispositif de lutte de 10 p. cent chaque année à partir de 2008. et plus efficace le dispositif d’accompagne- ● La seconde étape communautaire devrait donc intervenir en février 2008. À partir de ment financier. cette date, le dépistage des troupeaux de ● Après les principaux points de la situation épidémiologique française (encadré 1), poules pondeuses d’œufs de consommanous détaillons les nouvelles mesures des tion doit être élargi à S. typhimurium. Encadré 1 - La situation épidémiologique française ●

C

❚ La lutte contre les salmonelloses, initiée en France dans les années 1980, a visé en 1er lieu les infections à S. enteritidis et S. typhimurium dans l’espèce Gallus gallus. ❚ Les enquêtes communautaires de prévalence ont montré que la situation française est bonne par rapport à la situation de certains autres États membres. ❚ Aucune mesure n’est encore appliquée pour l’espèce Meleagridis gallopavo (dinde). ❚ Une étude de prévalence de l’infection salmonellique dans les troupeaux de dindes reproductrices est actuellement conduite en France.

PORCS- VOLAILLES

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 148 - OCTOBRE / JANVIER 2008

arrêtés du 15 mars 2007 dans l’espèce Gallus gallus, après avoir rappelé l’évolution de la réglementation (encadré 2).

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et les données européennes Une réglementation française En France et en Europe, les salmonelloses sont les principales toxi-infections alimentaires collectives. Elles sont liées principalement à la consommation d’œufs et d’ovoproduits contaminés par Salmonella enteritidis ou Salmonella typhimurium, ou à la consommation de viande de volailles. ● En Europe, si S. enteritidis est la première cause de toxi-infection (52,5 p. cent en 2005) devant S. typhimurium (9,1 p. cent en 2005), les données des systèmes communautaires de surveillance indiquent que d’autres sérovars comme S. hadar, S. virchow, et S. infantis, sont incriminés. ● Chez les volailles, les infections salmonelliques sont souvent non apparentes. Leur importance est liée essentiellement à leur impact hygiénique et aux limitations commerciales qu’elles peuvent entraîner. ● La lutte contre les salmonelloses, initiée en France dans les années 1980, a visé en premier lieu les infections à S. enteritidis et S. typhimurium dans l’espèce Gallus gallus (poule). Elle a été renforcée en 1992 par l’organisation d’un contrôle hygiénique et sanitaire (C.O.H.S.) avant de devenir en 1995 une maladie réputée ●

contagieuse (M.R.C.) et de faire l’objet en 1998 d’une prophylaxie collective obligatoire. ● L’ensemble des mesures appliquées a permis de réduire l’incidence de ces infections. La prévalence des salmonelloses aviaires française et européenne Les enquêtes communautaires de prévalence ont montré que la situation française est bonne par rapport à la situation de certains autres États membres. ● En effet, l’enquête de prévalence effectuée en France à la demande de l’Union européenne en 2004-2005 sur des poules pondeuses d’œufs de consommation (511 troupeaux) a révélé que 17 p. cent des élevages étaient infectés par des salmonelles, alors que la moyenne est de 30,8 p. cent dans l’ensemble des pays européens, 4 p. cent sont infectés par S. typhimurium, 3,5 p. cent par S. enteritidis et 0,9 p. cent par S. infantis. ● Une enquête analogue réalisée en 2005-2006 sur des poulets de chair (381 troupeaux) a révélé un taux global d’infection de 6,2 p. cent alors que la moyenne européenne est de 23,7 p. cent ; le taux d’infection par S. typhimurium ou S. enteritidis est seulement de 0,5 p. cent. ●


PP 63-66 Productions animales en agri bio

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enjeux économiques les productions animales en agriculture biologique

Anne Glandières1 Pierre Sans2

état des lieux et perspectives L’agriculture biologique a été mise en avant lors du Grenelle de l’environnement*, comme une des modalités de l’agriculture durable devant être soutenue. Même si ce mode de production est assez ancien, son développement s’est accéléré depuis une dizaine d’années en France.

F

ace à la situation de l’agriculture biologique française, le Ministre de l'Agriculture et de la Pêche a lancé en septembre 2007 le Plan Barnier [4]. Son objectif, partagé par le ministère de l'Environnement, est d'amener l'offre française à un niveau suffisant pour satisfaire en 2012 la demande des consommateurs. Afin de mieux comprendre ce plan d’action, nous proposons de faire le point sur l’état du marché, les freins à son développement et les perspectives envisageables au regard du nouveau contexte politique et réglementaire. LE PLAN D'ACTION “AGRICULTURE BIOLOGIQUE - HORIZON 2012” Mobilisant les agriculteurs, les transformateurs et les distributeurs et s'appuyant sur le potentiel de recherche et de développement, le plan d’action “Agriculture biologique - horizon 2012” doit amener l'offre française à un niveau suffisant pour satisfaire la demande en 2012. ● Il se décline en six axes (encadré). ●

LE DÉVELOPPEMENT POUR LES PRODUCTIONS ANIMALES BIOLOGIQUES ● Depuis 1999, le marché des produits alimentaires issus de l'agriculture biologique est en évolution constante avec une augmentation moyenne de 9,5 p. cent dans un contexte où l'ensemble du marché alimentaire ne progresse que de 3,6 p. cent par an. En 2005, ce marché était évalué à 1,6 milliard d'euros en France. Il est actuellement évalué à 1,9 milliards d’euros.

1Chargée

de Mission Agriculture biologique Chambre Régionale d’Agriculture de Midi-Pyrénées 24, chemin de Borde Rouge - Auzeville BP 22107 31321 Castanet Tolosan Cedex 2 Productions

animales - Économie E.N.V.T. BP 87614 31076 Toulouse Cedex 3

Objectif pédagogique ❚ Connaître le marché de l’agriculture biologique et son évolution

1

Les viandes et volailles représentent 11 p. cent du marché des produits, vendus sous la mention “Agriculture biologique” (photo M. Barbaray).

Encadré - Les six axes du plan d'action

NOTE

“Agriculture Biologique - horizon 2012”

1. La recherche, le développement, la formation ● Une coordination des actions de recherche et de développement en Bio avec un doublement des moyens ; ● une meilleure collaboration entre la recherche et les instituts techniques et les Chambres d’agriculture. 2. La mobilisation de l'enseignement agricole ● Un module de sensibilisation à l’agriculture biologique ; ● une plus forte mobilisation des fermes des lycées agricoles. 3. L’organisation et la structuration des filières ● La création d’un fond de structuration des filières géré par l’Agence Bio ; ● le maintien de l’implication des Offices. 4. Le développement de la restauration collective ● La promotion de la consommation de produits biologiques dans la restauration collective scolaire. 5. Reconnaître les spécificités de l’agriculture biologique ● La prise en compte des particularités de l’agriculture biologique dans les dispositifs législatifs et réglementaires ; ● une procédure simplifiée pour la mise en marché de préparations commerciales phytosanitaires d’origine naturelle ; ● la rédaction d’un guide des intrants utilisables en agriculture biologique. 6. Favoriser les conversions et la pérennité des exploitations ● La prise en compte des objectifs de développement de l’agriculture biologique et les besoins en matière de conversion dans le cadre du bilan de santé de la Politique Agricole Commune (2008) ; ● des mesures fiscales (crédit d’impôt) pour pérenniser les conversions.

* Le Grenelle de l’environnement qui a présenté ses conclusions les 24,25 et 26 octobre 2007 à Paris, a notamment entériné le plan Barnier “Agriculture biologique, horizon 2012”. Le groupe de travail chargé des questions de réfléchir à de nouvelles formes de production et de consommation durable était présidée par Jean-Robert Pitte.

Essentiel ❚ La production française des produits issus de l’agriculture biologique a du mal à faire face à la croissance du marché. ❚ Le plan national de développement initié en 1997 n’a pas suffi à redonner à la France une place prépondérante au niveau européen. ❚ La nouvelle dynamique impulsée autour des systèmes durables de production constitue une opportunité pour que l’agriculture biologique sorte de son statut de niche.

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Rubrique Conduite du troupeau BAT 22/02

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l’abord du troupeau diagnostiquer un bilan énergétique négatif Nathalie Bareille Jos Noordhuizen

en troupeau bovin laitier

L

e Bilan Énergétique Négatif (B.E.N.) représente un état dont la fréquence est sous-estimée dans les troupeaux de vaches laitières. Ses conséquences sont variées et importantes. Il influe sur les troubles métaboliques comme l’acétonémie et la cétose clinique, sur les troubles de la reproduction comme la non expression des chaleurs et l’infertilité, et sur les autres troubles de la santé comme une sensibilité augmentée aux mammites et au déplacement de la caillette. ● L’impact économique du Besoin Énergétique Négatif est estimé à 50 € à 80 € par vache et par an dans les troupeaux touchés. ● Le vétérinaire peut être un conseiller privilégié pour effectuer le diagnostic des B.E.N. chez les vaches laitières afin de réduire les pertes économiques associées.

U.M.R. Gestion de la santé animale E.N.V.N. / I.N.R.A. Atlanpole La Chantrerie BP 40706 Nantes Cedex 03

Figure 1 - Évolution au cours de la lactation de la production laitière et du bilan énergétique chez les vaches primipares ou multipares.

38

kg

34

Multipares

30

Objectif pédagogique ❚ Comprendre la genèse du Bilan Énergétique Négatif en début de lactation et savoir l’identifier dans un troupeau bovin laitier.

26 22

Primipares

18 14

0

10

20 30 40 Semaines de lactation

UFL

2

L’ORIGINE DU BILAN ÉNERGÉTIQUE NÉGATIF EN DÉBUT DE LACTATION L’apparition d’un Bilan Énergétique Négatif (B.E.N.) se produit en général en début de lactation. S’il s’agit initialement d’un phénomène physiologique, il peut se convertir en une situation pathologique plus ou moins sévère (figure 1). ● Le Bilan Énergétique Négatif est causé par un manque relatif d’énergie : la consommation alimentaire (donc d’énergie) est plus faible que le besoin en énergie nécessaire pour supporter la production lactée après le vêlage et se traduit par un amaigrissement des vaches. ● L’ingestion des aliments est maximale seulement 12 à 16 semaines après vêlage. ● Chez la vache laitière, le bilan énergétique correspond à la somme des besoins d’entretien, de production laitière de gestation, et de reconstitution des réserves corporelles pour les vaches en deuxième moitié de lactation, à laquelle il faut ajouter les besoins de croissance pour les primipares. ● Le bilan énergétique est le plus négatif vers 3-4 semaines de lactation et redevient positif autour de 40 jours après vêlage (variation entre 2 et 10 semaines). Cependant, chez les vaches hautes productrices, le B.E.N. est très bas et/ou de très longue durée (plusieurs mois) lorsque l’éleveur ●

Primipares Multipares

1 0 -1

Essentiel

-2 -3 -4 -5

0

10

20 30 40 Semaines de lactation

leur fait exprimer leur pic de production. ● Outre le niveau de production de la vache, l’intensité du B.E.N. peut être aggravée dans plusieurs situations : - des vaches taries qui ont des notes d’état corporel élevées et qui, après vêlage, ont une perte d’état corporel importante (vaches grasses qui souffrent d’une stéatose hépatique, renforcée par la lipomobilisation de début de lactation, et à terme, d’une insuffisance hépatique) ; - des vaches malades au vêlage (mammite, fièvre de lait ou dystocie sévère) ; - des stress subis en fin de gestation qui entravent la consommation alimentaire de la vache : la vache laitière diminue sa consommation entre 4 et 2 jours avant vêlage ; cependant, dans des conditions plus difficiles, la vache peut réduire son ingestion dès 10 jours avant vêlage. ● Dans la plupart des cas de B.E.N. de début de lactation, il y a une acétonémie, c’est-à-

❚ Compte tenu de leurs répercussions sur la reproduction (chaleurs silencieuses ; intervalle entre vêlages augmenté) et sur la santé (mammites ; boiteries infectieuses), les bilans énergétiques négatifs sont des troubles coûteux ❚ La sensibilité des tests diagnostiques d’un B.E.N. marqué pour un individu est basse : il est donc nécessaire de combiner plusieurs approches diagnostiques dans un troupeau.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé OCTOBRE / JANVIER 2008 - 155


Management P. Baralon bat 22/02/2008

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management de l’entreprise la substitution d'un service de diagnostic à un traitement économique :

approche du prix d'intérêt

Comment il est possible de remplacer des pratiques systématiques par des pratiques raisonnées ?

U

n des principes fondamentaux de la médecine vétérinaire expose que la démarche diagnostique conduit au choix d'un traitement adapté. Néanmoins, dans de nombreuses circonstances, le diagnostic conduit à identifier un syndrome plus qu'une maladie précise et le traitement comporte certains éléments systématiquement mis en œuvre sans qu'une évaluation précise de la situation ait permis d'en fonder l'utilité. ● L'évolution des moyens de diagnostic permet parfois de disposer de nouveaux outils pour objectiver l'utilité de tel ou tel élément de traitement, jusque là mis en œuvre de manière systématique. La question se pose alors du raisonnement économique, du point de vue de l'éleveur et du point de vue du vétérinaire, de l'intérêt comparé des deux stratégies suivantes : - je traite systématiquement dès que la présomption d'indication est constatée ; - je commence par vérifier l'indication, par une étape diagnostique supplémentaire, avant de traiter. ● Intuitivement, on comprend que l'intérêt du diagnostic est maximal pour l'éleveur s'il est beaucoup moins coûteux que le traitement et qu'il permet de supprimer le traitement dans un grand nombre de cas. Ce qui est moins intuitif, c'est que l'intérêt du vétérinaire est strictement convergent. ● Pour analyser économiquement cette situation, nous nous baserons sur l'exemple développé par Michaël Lallemand et Régis Rupert (témoignage ci-après). LE POINT DE VUE DE L'ÉLEVEUR ● Les veaux présentant des signes d'entérite recevaient systématiquement, outre la réhydratation raisonnée et un traitement enzymatique per os, un traitement antibiotique par voie parentérale pour "couvrir" le risque septicémique. La mise en place d'un test urinaire permettant d'objectiver la septicémie, associée à l'examen clinique, a permis de supprimer ce traitement dans un cas sur deux.

● Financièrement, pour l'éleveur cela se traduit par un surcoût de 5,50 €* sur tous les veaux présentés à la clinique et par une économie de 13,26 € pour un veau sur deux. Statistiquement, l'éleveur est donc gagnant car il économise en moyenne 1,13 € par veau : (13,26 € x 50 p. cent) – 5,50 €. ● Ce montant étant modeste, il apparaît que l'éleveur dispose, pour un coût équivalent, d'une technique plus précise et économe en antibiotiques.

Philippe Baralon Phylum BP 17530 31675 Labège Cedex

Objectif pédagogique ❚ Raisonner économiquement les processus de création de valeur associés à un diagnostic plus précis.

LE POINT DE VUE DU VÉTÉRINAIRE ● Pour la clinique, la suppression du traitement se traduit par une perte de marge de 4,41 €, dans un cas sur deux et par un gain de marge de 2,35 € sur tous les veaux. Statistiquement, la clinique gagne donc 15 centimes par veau : 2,35 € – (4,41 € x 50 p. cent). ● Cette fois encore, compte tenu des sommes en jeu, on conclut modestement que les vétérinaires, pour un gain équivalent, mettent en œuvre une technique plus précise et économe en antibiotiques. Notons toutefois, que le test en question est très rapide à mettre en œuvre, ce qui nous a permis de négliger le temps de travail qui lui est associé.

GÉNÉRALISATION DE L'APPROCHE Pour mieux comprendre le raisonnement, il est utile de faire varier les hypothèses. En conservant les prix et les marges de l'exemple, observons l'impact du taux de suppression du traitement. La figure 1 montre, en fonction de ce paramètre, l'évolution du prix maximal acceptable par l'éleveur, i.e. le prix du test qui correspond à un coût équivalent à celui du traitement systématique, et du prix minimal profitable pour le vétérinaire, i.e. le prix du test qui correspond à une marge équivalente pour la clinique. ● Sans surprise, le prix maximum acceptable par l'éleveur augmente avec le taux de suppression du traitement. Sans surprise également, le prix minimum profitable pour le vétérinaire suit la même progression. En revanche, la différence de pente entre les deux courbes permet de dégager une ●

NOTE * Tous les prix sont indiqués H.T.

Essentiel ❚ L'intérêt de l'éleveur et de la clinique convergent pour raisonner des traitements systématiques coûteux que l'on peut remettre en cause par un meilleur diagnostic. ❚ La marge de manœuvre pour fixer le prix du service de diagnostic s'accroît avec le taux de suppression du traitement, et le prix de ce traitement.

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Management Témoignage Lallemand-Rupert BAT 22/02

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témoignage

un exemple de remplacement d'un traitement systématique

par une approche raisonnée

Michaël Lallemand Régis Rupert Clinique Vétérinaire Saint-Léonard 49120 Melay

Comment la mise en œuvre d’un test de diagnostic permet de prescrire une antibiothérapie de manière plus raisonnée ? Comment cette démarche est un “plus” pour notre clinique ?

N

otre clinique a entrepris une démarche globale de remise en cause et d’amélioration de ses pratiques courantes. Dans ce cadre, depuis plusieurs mois, nous proposons divers examens complémentaires (échographie abdominale, ionogramme, gaz du sang, …) destinés à préciser le diagnostic sur les veaux qui sont conduits à la clinique pour omphalite ou pour entérite néonatale (photo 1). ● L’un de ces examens, le test Uriscreen*, nous permet de raisonner notre administration d’antibiotiques par voie générale aux veaux souffrant d’entérite, dans un esprit de bonnes pratiques de l’usage des antiinfectieux (photo 2). Cette démarche s'est substituée à la pratique antérieure qui incluait un traitement systématique pour "couvrir" le risque septicémique. ● Basé sur la détection de l’activité catalase, ce test permet de révéler la présence de cellules somatiques et de bactéries dans les urines. Nous nous fondons sur la corrélation positive entre bactériémie et bactériurie, établie chez l’Homme et le veau nouveau-né, pour évaluer le "potentiel septicémique" des veaux grâce à ce test [1]. En pratique, face à un veau atteint d'entérite, nous le faisons systématiquement. ● En fonction des signes cliniques observés et du résultat du test, nous raisonnons le recours à une antibiothérapie large spectre par voie générale (à titre indicatif, 2 mg/kg de cefquinome pendant 6 jours). ● En parallèle à cette dichotomie sur l’usage des antibiotiques, tous les animaux, quel que soit leur statut, reçoivent un traitement per os utilisant les systèmes enzymatiques bactériostatiques du lait (lactoferrine/lactoperoxydase et hypothiocyanite/hypoiodite) [1]. ● Depuis que nous utilisons ce schéma thérapeutique, associé à une correction raisonnée

Objectif pédagogique

1

❚ Savoir prescrire des examens complémentaires pour l’aide au diagnostic sur des veaux.

Michaël Lallemand et Régis Rupert : “ Nous avons entrepris une démarche globale pour améliorer les pratiques courantes dans notre clinique” (photos M Lallemand).

des déséquilibres hydro-électrolytiques (en particulier grâce au calcul du déficit de base), nous estimons que nous ne prescrivons que dans environ un cas sur deux une antibiothérapie par voie générale. Cette évaluation subjective mériterait d’être précisée et comparée à celle d’autres confrères, mais notre sentiment est qu’en de très nombreuses occasions, cette approche remet en cause l’administration quasi-dogmatique d’antibiotiques aux veaux nouveau-nés atteints d’entérite. ● En termes économiques, lorsque nous supprimons le traitement antibiotique par voie générale, cela représente une économie pour l'éleveur de 13,26 € H.T. et une perte de marge pour la clinique de 4,41 €. En contrepartie, nous facturons chaque test 5,50 € H.T. ce qui correspond à une marge de 2,35 € (cf. dans ce numéro “Substitution d'un service de diagnostic à un traitement économique: approche du prix d’intérêt” de Philippe Baralon).

A

u-delà de ces seuls éléments financiers, cet examen complémentaire valorise notre attitude diagnostique et thérapeutique, qui repose alors sur une base concrète. Nous pensons que ce type de démarche donne un véritable contenu intellectuel à la prescription et la distingue clairement de la délivrance systématique de médicaments. Cela constitue donc un élément important pour renforcer notre image de technicité et d'efficacité auprès des éleveurs. ❒

2

Test Uriscreen positif (à droite), à côté d’un test négatif (photo R. Rupert).

Essentiel ❚ Avec le test Uriscreen, nous évaluons le “potentiel scepticémique” des veaux. ❚ En fonction des signes cliniques observés et du résultat du test, une antibiothérapie à large spectre par voie générale est prescrite.

Référence 1. Radigue PE, Journal JP, Raboisson D, coll. Scepticémie et entérite néonatale du veau. Comment et quand utiliser les antiobiotiques à bon escient. Proc Journées nat GTV,.2007; 477-87.

COMPRENDRE ET AGIR

NOTE * Test distribué par la société NBVC

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FMC Vét verso p 74

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FORMATION MÉDICALE

CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie 7. un élevage ou une région indemne d’une maladie

un panorama des meilleurs articles

par Bernard Toma

Cet article présente les modalités de réalisation de tests pour déterminer si un élevage ou une région sont idemnes d’une maladie.

Les exercices pratiques d’épidémiologie ... ... et leurs réponses

revue internationale

Page 88

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- Tropismes entérique et respiratoire du coronavirus Page 94

de la dysenterie d’hiver chez le veau par Clément Punelle, E.N.V.T.

synthèse les effets du traitement thermique du colostrum sur sa viscosité, sa teneur en IgG, le transfert d’immunité passive et l’élimination d’agents infectieux par Pierre Philippe, Didier Raboisson, François Schelcher

étude de cas la dermatose ulcéreuse du mouton par Virginie Rodier, Dominique Rémy, Bérangère Ravary, Jean-Marie Gourreau

Cette étude de cas décrit la réapparition de la dermatose ulcéreuse du mouton, non observée depuis plusieurs décennies en France, dans une exploitation ovine de l’Yonne ... Page 83 LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 162 - OCTOBRE / JANVIER 2008

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- L’effet de devenir indemne de B.V.D. sur la fertilité et la santé de la mamelle dans les troupeaux laitiers aux Pays-Bas par Sébastien Assié , E.N.V.N.

- Infection à coronavirus dans un troupeau laitier à la saison chaude par Clément Punelle, E.N.V.T.

- Mycoplasma bovis et otites chez des veaux laitiers au Royaume-Uni par Sébastien Assié, E.N.V.N.

- Effet de la vaccination des truies contre Mh sur l’infection des animaux, leur séroconversion, ainsi que les lésions pulmonaires à l’abattoir chez des veaux laitiers au Royaume-Uni par Catherine Belloc (E.N.V.N.)

- La stratégie de colonisation de Campylobacter jejuni entraîne une infection persistante du tube digestif du poulet par Catherine Belloc (E.N.V.N.)


Elevage ou région indemne B Toma BAT 22/02

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comprendre l’épidémiologie 7.

un élevage ou une région indemne d’une maladie ?

Cet article présente les modalités de réalisation de tests pour déterminer si un élevage ou une région sont idemnes d’une maladie.

D

émontrer l’absence d’une maladie dans un élevage ou dans un ensemble d’élevages est difficile et coûteux. Ceci oblige souvent à travailler sur un échantillon. Dans ce cas, à cause du hasard, il est nécessaire de définir le niveau de risque d’erreur par défaut que l’on accepte, et de déterminer le taux de prévalence limite que l’on souhaite être capable de détecter. On peut alors en déduire l’effectif de l’échantillon à étudier, puis interpréter les résultats obtenus. COMMENT DÉMONTRER L’ABSENCE D’UNE MALADIE ?

Affirmer l’absence de quelque chose est toujours délicat. Démontrer une absence est souvent plus difficile que de prouver une présence. ● En pathologie animale, certaines maladies ne se traduisent cliniquement que rarement : la plupart des sujets infectés le sont de manière sub-clinique. Il faut donc avoir recours à un test de dépistage pour détecter la présence éventuelle de tels sujets. ● Si l’on dispose de moyen(s) fiable(s) pour identifier une maladie, il est plus facile de détecter sa présence dans un élevage (et ce, d’autant plus que la prévalence est élevée) que d’en démontrer l’absence. En effet, pour démontrer l’absence, il faudrait avoir examiné la totalité de l’effectif de l’élevage avant de se prononcer ; alors que pour affirmer la présence d’une maladie, il suffit d’examiner quelques animaux, si cette maladie est fréquente. ● Affirmer qu’un élevage, une région ou un pays est indemne d’une maladie se heurte à plusieurs obstacles : 1. les performances de la méthode d’identification de la maladie ; 2. le temps qui passe ; 3. le hasard. ●

Les performances de la méthode d’identification de la maladie Il est facile de comprendre, donc d’admettre, qu’une méthode d’identification peu sensible entraîne un grand nombre de “faux négatifs” et, par conséquent, que le risque de ne pas détecter une maladie bien présente est inversement proportionnel à la sensibilité de la méthode d’identification. ●

Bernard Toma Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Objectif pédagogique ❚ Savoir déterminer si un élevage ou une région est indemne d’une maladie.

Exemple - Avec un test de dépistage de sensibilité 99 p. cent, j’ai 1 p. cent de risque de ne pas avoir une réponse positive sur un animal infecté. - Avec un test de dépistage de sensibilité 60 p. cent, j’ai 40 p. cent de risque de ne pas avoir une réponse positive sur un animal infecté. ● Pour surmonter ce premier obstacle, la solution est d’utiliser une méthode d’identification de la maladie qui a une très bonne sensibilité. C’est pourquoi, pour simplifier les choses, nous considérerons que la sensibilité du test utilisé est de 100 p. cent. ● Le risque corollaire d’un test doté d’une très bonne sensibilité est celui d’une spécificité limitée (c’est-à-dire d’obtenir des “faux positifs”). Ceci signifie que, lorsque l’on intervient dans un milieu très peu infecté (a fortiori, réellement indemne), il est nécessaire de vérifier, par des moyens complémentaires, toute réponse positive obtenue. C’est bien la problématique actuelle : alors que la prophylaxie de la tuberculose et de la brucellose bovines sont dans une phase terminale, l’emploi de l’intradermotuberculination comparée et de la brucelline s’est développé.

Le temps qui passe ● Le temps qui passe signifie simplement que l’état “indemne d’une maladie” est provisoire, menacé qu’il est à tout moment par un retour de ladite maladie. En admettant que l’on ait pu prouver incontestablement, par des moyens et une méthode parfaits, qu’un élevage ou qu’une région est réellement indemne d’une maladie à un instant donné, cela n’empêcherait pas le fait que 2 jours, 8 jours ou 3 semaines après, cet élevage ou cette région puisse s’infecter !

Essentiel ❚ Pour identifier une maladie, utiliser une méthode d’identification qui a une très bonne sensibilité. ❚ Lorsque l’on intervient dans un milieu très peu infecté (a fortiori, réellement indemne), il est nécessaire de vérifier, par des moyens complémentaires, toute réponse positive obtenue.

FMC Vét

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Synthese ELSA 7

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synthèse

les effets du traitement thermique du colostrum Pierre Philippe Didier Raboisson François Schelcher

sur sa viscosité, sa teneur en Ig G, le transfert d’immunité passive et l’élimination d’agents infectieux Le transfert de l’immunité passive, via le colostrum, est un point clé dans la défense du veau nouveau-né. L’efficacité du transfert repose sur la qualité du colostrum, la quantité absorbée par le veau, et le délai entre la naissance et l’ingestion, influençant l’absorption intestinale des immunoglobulines.

L

a qualité du colostrum dépend de sa concentration en immunoglobulines (Ig) et en nutriments, de la présence de cellules à rôle immunitaire, ainsi que de l’absence d’agents infectieux. ● Les bactéries de contamination (salmonelles, coliformes fécaux, …) pourraient être à l’origine directe d’entérites ou de septicémies, et diminuer l’efficacité du transfert de l’immunité passive [1, 5, 12]. Environ 80 p. cent des colostrums contiendraient des bactéries de contamination à des niveaux supérieurs à 100 000 UFC/ml [7]. ● Par ailleurs, le colostrum contaminé par Mycobacterium avium paratuberculosis ou par le virus du C.A.E.V. (Caprine Arthritis Encephalitis Virus) peut contribuer à la transmission verticale de ces maladies : jusqu’à un quart des vaches contaminées, mais sans signes cliniques, excréteraient M. avium paratuberculosis dans le colostrum [13]. ● La pasteurisation du colostrum frais est une solution efficace pour éliminer les agents infectieux, mais elle réduit la quantité d’Ig G du colostrum d’environ 30 p. cent [4, 10, 11]. L’efficacité du transfert colostral est alors diminuée de moitié (titres d’Ig G sériques des veaux de 19,1 mg/ml (témoins) à 9,7 mg/ml (pasteurisation), à moins de doubler la quantité de colostrum ingérée lors de la première tétée (photo 1).[3]. ● Un traitement thermique moins important (63 °C, 30 min) induit une diminution identique de la concentration en Ig G, mais ne modifie pas l’appétence du colostrum, fortement diminuée lors de pasteurisation (viscosité élevée) [4, 9]. ● Aussi, plusieurs publications récentes visent à définir une température critique qui

Université de Toulouse Département Élevage, Produits et Santé publique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique ❚ Connaître les effets du traitement thermique sur les propriétés physicochimiques du colostrum et leurs conséquences sur l’immunité chez le veau.

1 Le colostrum peut contribuer à la transmission verticale de maladies : jusqu’à un quart des vaches contaminées, mais sans signes cliniques, excréteraient M. avium paratuberculosis dans le colostrum (photo Pathologie des ruminants, E.N.V.T).

permet d’éliminer les agents pathogènes du colostrum, sans en modifier la viscosité, ni diminuer l’efficacité du transfert colostral [2, 6, 8]. LA VISCOSITÉ ET LA CONCENTRATION EN IMMUNOGLUBULINES DU COLOSTRUM : les effets d’un traitement thermique à 60°C pendant 120 minutes

Synthèse d’après les articles de :

La température critique permettant de minimiser les effets sur le colostrum a été récemment déterminée [8] (tableau 1). 1. Dans un 1er essai, six échantillons de colostrum (50 ml), congelés à - 20 °C, sont chauffés progressivement à 38 °C (témoin), à 59 °C, à 60 °C, à 61 °C, à 62 °C et à 63 °C, maintenus à cette température pendant 120 min, puis refroidis progressivement à 38,5 °C pendant 30 min. La viscosité et la concentration en Ig G sont mesurées. 2. Dans un 2e essai, 30 échantillons de colostrum (50 ml), congelés à - 20°C, sont chauffés progressivement à 60°C ou à 63°C, maintenus à cette température pendant 120 min, puis refroidis progressivement à 38,5°C pendant 30 min. La viscosité, la concentration en Ig G et l’activité des Ig G (via un test de séroneutralisation) sont mesurées. ● Dans l’essai 1, la concentration des Ig G et la viscosité ne varient plus lors du traitement thermique lorsque la température est inférieure ou égale à 60 °C. Au-delà, les résultats de viscosité, puis de concentration, en Ig G sont détériorés. ●

Mc Martin S, Godden SM, Metzger L, Feirtag J, Bey R, Stabel J, Goyal S, Fetrow J, Wells S, Chester-Jones H. - Heat-treatment of bovine colostrum : I Effects of temperature on viscosity and immunolobulin G level. J Dairy Sci. 2006;89:2110-18. Godden SM, Mc Martin S, Feirtag J, Stabel J, Bey R, Goyal S, Metzger L, Fetrow J, Wells S, Chester-Jones H. - Heat-treatment of bovine colostrum : II Effects of heating duration on pathogen viability and immunoglobulin G. J Dairy Sci. 2006;89:3476- 83. Johnson JL, Godden SM, Molitor T, Ames T, Hagman D. - Effect of feeding heat-treated colostrum on passive transfer of immune and nutritional parameters in neonatal dairy calves. J Dairy Sci. 2007;90(11):5189-98.

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PP 83-86 etude de cas dermatose ulcéreuse mouton

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observation originale

étude de cas

la dermatose ulcéreuse du mouton

1 E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons Alfort cedex 2 AFSSA- LERPAZ 23, Av. du Gén. De Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Cette étude de cas décrit la réapparition de la dermatose ulcéreuse du mouton, non observée depuis plusieurs décennies en France, dans une exploitation ovine de l’Yonne.

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les critères d’identification de la dermatose ulcéreuse en élevage ovin. ❚ Savoir émettre un pronostic individuel et de troupeau.

L

a dermatose ulcéreuse se manifeste sous deux formes cliniques souvent associées : ulcérations granuleuses multifocales circonscrites à l’épiderme sur les lèvres, les narines, les membres (“lip and leg ulceration”) pour la première, sur la peau et les muqueuses des organes génitaux externes pour la seconde. Elle semble ne pas avoir été retrouvée depuis le milieu du siècle dernier et passait pour disparue. ● La dermatose ulcéreuse est en effet une affection cutanée du mouton identifiée au début du XXème siècle mais dont la dernière description remonte à 1961 [12]. Très voisine de l’ecthyma contagieux, elle se caractérise par une destruction localisée de l’épiderme et des tissus sous-cutanés.

Virginie Rodier1 Dominique Rémy1 Bérangère Ravary1 Jean-Marie Gourreau2

1

Lésions croûteuses sur les lèvres et la partie antérieure de la face chez une brebis (photos J.-M. Gourreau).

ÉTUDE CLINIQUE ● L’affection apparaît en août dans un élevage de 400 brebis des environs de Champignelles (Yonne) qui produit des agneaux de bergerie et des agneaux d’herbe. Séparées en trois lots, les animaux sont répartis sur six parcelles différentes regroupées deux par deux. Seuls deux lots sont touchés. Les adultes sont atteints les uns après les autres, par dizaines simultanément. ● Lors de notre 1ère visite, un mois plus tard, plusieurs brebis présentent des lésions bourgeonnantes, ulcérées et sanieuses sur les lèvres supérieure et inférieure (photos 1, 2), œdémateuses et ulcérées sur la vulve (photos 3 à 6, 10). Certaines d’entre elles sont même localisées à la mamelle (photo 7). Quelques béliers présentent en outre une atteinte ulcéreuse du fourreau. Plus rarement, sur quelques animaux des lésions de même nature sont notées sur les joues, les oreilles (photo 8) et les membres (photos 9, 11).

4

2

Lésion ulcéreuse et sanieuse à bords découpés sur la vulve d’une brebis.

Ulcère profond sanieux de la lèvre inférieure chez un autre animal.

Essentiel ❚ La dermatose ulcéreuse est probablement plus ignorée qu’inexistante. ❚ C’est une affection persistante au sein d’un troupeau, touchant les adultes, mâles et femelles, par épisodes successifs.

3

Volumineux œdème et début d’ulcère sur la vulve d’une brebis. Lésion débutante.

L’état général de ces ovins est relativement satisfaisant, mis à part les agneaux et les brebis pleines qui sont maigres, ainsi que les animaux qui boitent. On n’observe pas d’hyperthermie notable et l’appétit est conservé.

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TROPISMES ENTÉRIQUE ET RESPIRATOIRE du coronavirus de la dysenterie d’hiver chez le veau ● Chez les bovins, le coronavirus est responsable de diarrhées chez le veau, et de la dysenterie d’hiver chez l’adulte. ● Sa pathogénécité respiratoire peut être reliée à un rôle initiateur lors de broncho-pneumonies. ● Peu de différences génétiques ont été retrouvées entre les souches d’isolats digestifs ou respiratoires, qu’ils proviennent ou non des mêmes animaux.

Objectifs de l’étude ❚ Localiser et décrire les lésions causées par le coronavirus sur les tractus digestif et respiratoire du veau. ❚ Évaluer les modes de propagation du virus au sein de l’organisme.

Matériels et Méthodes Animaux : Huit veaux Prim’holstein, âgés de 2 à 4 jours, qui n’ont pas reçu de colostrum. ● Inoculation : - Inoculum : - coronavirus (souche KWD3), isolé d’une vache atteinte de dysenterie d’hiver ; - virus vivant (n = 6), virus inactivé (n = 1), sans virus (n = 1). - Inoculation (J 0) par voie orale (buvée) : 40 ml à 1,5 105 ifu/l. ● Autopsie : - Euthanasie des veaux inoculés : J 1 (n = 1), J 3 (n = 1) et J 5 (n = 1) ; - Mort naturelle des veaux inoculés : J 3 (n = 1) et J 8 (n = 2) ; - Euthanasie des veaux témoins : J 3 (n = 1) et J 4 (n = 1) ; ● Paramètres évalués : - Histologie et immuno-histochimie sur tissus pulmonaires et digestifs ; - RT-P.C.R. et P.C.R. nichée sur écouvillons nasaux, fécaux et sur sang. ●

XArch. Virol. 2007;152:1885-900 Dual enteric and respiratory tropisms of winter dysentery bovine coronavirus in calves. Park SJ, Kim GY, Choy HE, Hong HY, Saif LJ, Jeong JH, Park SI, Kim HH, Kim SK, Shin SS, Kang MI, Cho KO

Résultats Clinique : - diarrhée sévère, hyperthermie, mais absence de signes respiratoires chez les inoculés ; - absence de signes cliniques chez les témoins.

Synthèse par Clément Punelle, E.N.V.T.

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Discussion et conclusion ● Cet essai confirme le tropisme digestif et respiratoire d’une même souche de coronavirus d’origine digestive. ● La contamination du tractus respiratoire par voie endogène à partir du tractus digestif est suggérée par la détection d’ARN viral dans le sang, mais une contamination respiratoire lors de l’inoculation n’est pas exclue (inoculum administré par buvée). En effet, l’existence d’une virémie lors d’infection par un coronavirus est suggérée par la détection de l’ARN viral (P.C.R.) dans le sang, mais seule une culture positive permet de conclure à une virémie. ● L’absence de signes cliniques respiratoires, malgré la présence de virus dans les poumons, relativise l’importance de cet agent infectieux dans les broncho-pneumonies des bovins, sauf dans un rôle initiateur. ❒

L’EFFET DE DEVENIR INDEMNE DE B.V.D. SUR LA FERTILITÉ ET LA SANTÉ

Objectif de l’étude ❚ Évaluer si les élevages infectés par le B.V.D.V. ont une meilleure fertilité et une meilleure santé de la mamelle lorsqu’ils deviennent indemnes de B.V.D.V.

Lésions : - lésions marquées à sévères de la muqueuse intestinale, sur tous les segments (intestin grêle et gros intestin) ; - lésions légères à modérées du tractus respiratoire, en particulier du poumon, avec hyperplasie des pneumocytes de type II et infiltration interstitielle par des macrophages (pneumonie interstitielle). ● Détection antigénique : - bonne corrélation entre la localisation et la densité d’antigènes détectés par immuno-histochimie, et la localisation et la sévérité des lésions histologiques ; - excrétion virale fécale dès le 1er jour post-inoculation (P.C.R.) ; - présence du virus dans les sécrétions nasales dès le 3e jour P.C.R. ; - présence du virus dans le sang dès le 3e j et jusqu’au 8e jour P.C.R. ●

de la mamelle dans les troupeaux laitiers aux Pays-Bas ● L’incidence des mammites cliniques est élevée dans les troupeaux exposés au virus de la diarrhée virale bovine (B.V.D.V.). Cependant, les études de l’association entre l’immunosuppression causée par le B.V.D.V. et l’incidence des mammites bovines sont rares. Or, l’infection par le B.V.D.V. pendant la gestation peut causer de nombreuses malformations congénitales et des avortements, et la plupart des études expérimentales mettent en avant un effet négatif de l’infection par le B.V.D.V. sur la fertilité. Cette relation fertilité-infection par le B.V.D.V. n’a

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cependant été que peu étudiée dans des études de terrain. ● Aux Pays-Bas depuis 1996, les éleveurs peuvent participer à un programme d’éradication du B.V.D.V. pour que leurs élevages deviennent indemnes : c'est-à-dire dans lesquels les recherches antigénémiques sont négatives ; certaines vaches peuvent cependant être porteuses d’anticorps. Cette étude a pour but d’évaluer si les élevages infectés par le B.V.D.V. ont une meilleure fertilité et une meilleure santé de la mamelle lorsqu’ils deviennent indemnes de B.V.D.V., par comparaison


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avec la période avant qu’ils soient indemnes et en comparaison avec des élevages témoins. Matériels et Méthodes Programme d’éradication du BVDV Ce programme recherche et élimine des animaux infectés persistants immunotolérants (I.P.I.). Un élevage est ensuite déclaré indemne lorsque tous les veaux âgés d’au moins 4 mois sont négatifs en recherche d’antigènes. L’élevage est contrôlé deux fois par an : la présence d’anticorps est recherchée sur 5 animaux âgés de 8 à 12 mois au hasard. ● Population d’étude - L’étude est de type cas-témoin et porte sur des données obtenues entre 1998 et 2003. - Un élevage-cas est un élevage dans lequel au moins un animal positif en antigènes a été détecté, et qui a rejoint le programme d’éradication et maintenu son statut indemne pendant au moins 2 ans. - Un élevage-témoin est un élevage qui ne participe pas au programme d’éradication et qui a donc un statut B.V.D.V. inconnu. Chaque cas a été apparié à deux témoins qui sont des élevages de taille équivalente issus de la même région. ● Données sur la fertilité et la production laitière Ces données ont été extraites d’une base de données nationale gérée par le Dutch Royal Cattle Syndicate. ● Analyse des données - Les données sur la fertilité et la santé de la mamelle ont été agrégées au niveau de l’élevage. Les différences entre les paramètres de fertilité des cas et des deux témoins appariés ont été calculées. - Les analyses ont été réalisées avec ces différen●

ces comme variable dépendantes. Des modèles mixtes et G.E.E (Generalized estimating equations, en français : “équations d’estimation généralisées”) ont été réalisés. Résultats

XPreventive Veterinary

Les élevages-cas ont un taux d’avortement plus bas lorsqu’ils sont devenus indemnes de B.V.D.V. que chez les élevage-témoins (10,3 p. cent vs 11,6 p. cent, P<0,01). Aucun autre paramètre décrivant la fertilité ne différe. ● Aucun effet n’a été observé sur les taux de cellules somatiques de lait de tank mais l’incidence des mammites a significativement diminuée pour les cas lorsqu’ils sont devenus indemnes de B.V.D.V.

Medicine:2007 Article sous presse Disponible en ligne

The effect of becoming B.V.D.V.free on fertility and udder health in Dutch dairy herds. Berends IMGA, Swart WAJM, Frankena K, Muskens J, Lam TJGM, Van Schaik G.

Discussion ● L’effet de devenir indemne de B.V.D.V. peut avoir été sous-estimé dans cette étude pour plusieurs raisons : - le statut des élevages-témoins n’est pas connu. Certains sont indemnes de B.V.D.V., ce qui minimise les différences observées ; - le moment de l’infection par le B.V.D.V. n’est pas connu. Certains élevages-cas semblaient déjà être immunisés contre le B.V.D.V. ; - le niveau de management des élevages n’était pas connu. Les éleveurs qui s’engagent dans un programme d’éradication sont ceux à plus forte technicité. Dans ces élevages les effets du B.V.D.V. peuvent avoir été mieux maîtrisés par l’éleveur (élimination plus rapide des animaux...).

Conclusion ● Dans cette étude, devenir indemne de B.V.D.V. a été associé, au niveau de l’élevage, à une diminution de l’incidence des mammites cliniques et du taux d’avortement chez les vaches laitières. ❒

Synthèse par Sébastien Assié, E.N.V.N.

INFECTION À CORONAVIRUS DANS UN TROUPEAU LAITIER à la saison chaude Commémoratifs et Clinique Commémoratifs : - septembre 2006, Italie, période de grandes chaleurs (moyenne mensuelle = 30 °C) ; - troupeau de Prim’holstein : 40 vaches en lactation, 20 vaches taries ou génisses, 20 veaux ; - J -20 : introduction de deux veaux ; - J -7 : modification de la ration des vaches en lactation ; - J -1 : vaccination contre la diarrhée virale bovine (B.V.D.) du troupeau (protocole de vaccination avec injection tous les 6 mois d’un vaccin atténué). ● Clinique : - J 0 : diarrhée à tendance hémorragique, hyperthermie (41-41,5 °C), anorexie et hypo-agalactie (litrage journalier du tank : 70 l au lieu de 850 l) chez toutes les vaches en lait ; - J 1 : jetage, congestion oculaire et toux sur 27/40 vaches ; - J 3 : signes cliniques sur vaches taries et génisses (20/20) et veaux (10/20). ●

Traitement : - J 2 : traitement à base d’oxytétracycline (25 mg/kg de poids vif). ● Évolution : - J 0-J 10 : disparition progressive des signes cliniques ; - J 15 : persistance de jetage et diarrhée sur cinq vaches en lactation et trois vaches taries. ●

Prélèvements et Analyses Animaux : - J 2 : 10 vaches, 10 génisses et 10 veaux ; - J 15 : trois vaches et trois génisses encore avec symptômes. ● Bouses : - Bactériologie et coproscopie parasitaire ; - Torovirus, rotavirus et calicivirus (RT-P.C.R.). ● Écouvillons oculaires et nasaux : - Coronavirus (culture et isolement viral, RT-P.C.R. et séquençage) ; - B.H.V.-1 et B.H.V.-4 (P.C.R.) et V.R.S.B. (P.C.R. nichée). ●

Objectif de l’étude ❚ Décrire un épisode clinique marqué de coronavirose à la saison chaude.

XVet. Microbiol. 2008 : sous presse. Severe outbreak of bovine coronavirus infection in dairy cattle during the warmer season. Decaro N, Mari V, Desario C, Campolo M, Elia G, Martella V, Greco G, Cirone F, Colaiann ML, Cordioli P, Buonavoglia C.

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revue internationale - un panorama des meilleurs articles Sang : Sérologie coronavirus (ELISA) et virémie B.V.D. (RT-P.C.R.). ● Ration : Recherche de mycotoxines. ●

Résultats J2: - Coproscopie parasitaire, bactériologie, recherche de mycotoxines et P.C.R. virales (autres que coronavirus) : négatif ; - Sérologie : positif (tous les animaux) ; - P.C.R. et isolement viral : - prélèvements fécaux positifs : 30/30 (P.C.R.), 25/30 (culture) ; - prélèvements nasaux positifs : 28/30 (P.C.R.), 11/30 (culture) ; - prélèvements oculaires positifs : 23/30 (P.C.R.), 14/30 (culture). ● J 15 : P.C.R. et isolement viral : - Prélèvements fécaux positifs : 6/6 (P.C.R.), 4/6 (isolement) ; - Prélèvements nasaux positifs : 5/6 (P.C.R.), 1/6 (isolement) ; - Prélèvements oculaires positifs : 5/6 (P.C.R.), 1/6 (isolement). ●

Synthèse par Clément Punelle, E.N.V.T.

❚ Un épisode d’otites associées à M. bovis est décrit dans un élevage laitier du Royaume-Uni.

XThe Veterinary Journal:2007 Article sous presse Disponible en ligne Mycoplasma bovis and otitis in dairy calves in the United Kingdom. Foster AP, Naylor RD, Howie NM, Nicholas RAJ, Ayling RD.

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Discussion et conclusion Cet essai illustre la clinique liée à un épisode de coronavirose en élevage bovin. Il confirme le pouvoir pathogène respiratoire du virus, avec une clinique particulièrement marquée. ● La persistance du virus au-delà de 2 semaines chez certains animaux, en association avec des signes cliniques, conduit à s’interroger sur la possibilité de portage chronique du coronavirus bovin, et des éventuels facteurs déclencheurs de la clinique. ● Les fortes homologies doivent être nuancées par le choix des régions amplifiées, fortement conservées. ❒ ●

MYCOPLASMA BOVIS ET OTITES

Objectif de l’étude

Synthèse par Sébastien Assié, E.N.V.N.

J2: Séquençages : - 99-100 p. cent d’homologie (protéine S) entre 10 souches choisies au hasard entre différents isolats (fécaux, respiratoires ou oculaires) et différents animaux ; - 98-99 p. cent d’homologie (protéines S et HE) entre ces 10 souches et les séquençages des bases de données du coronavirus bovin.

chez des veaux laitiers au Royaume-Uni Les otites des veaux sont associées à différents agents pathogènes : Histophilus somnus, Mannheimia haemolytica, Pasteurella multocida, Streptococcal spp, Actinomyces spp, Arcanobacterium pyogenes et Mycoplasma bovis (M. bovis). La pathogénie des otites dues à M. bovis n’est pas parfaitement comprise. L’infection peut provenir du pharynx et gagner l’oreille moyenne via la trompe d’Eustache et s’étendre ensuite à l’oreille interne. ● Les signes cliniques peuvent inclure une tête penchée et des signes neurologiques chez des veaux de 2 à 18 mois. ●

Données cliniques et examens complémentaires réalisés ● Sur une période de 6 mois, 20/100 génisses Holstein âgées de 1 à 4 semaines ont développé une otite sévère unilatérale ou bilatérale. Le statut sanitaire de cet élevage de haut niveau génétique était bon. Des problèmes de mammites ont été notés sur les vaches laitières dans les 12 mois précédents. ● Les signes cliniques comprenaient de l’hyperthermie, une douleur évidente à la palpation du canal auriculaire, les oreilles basses, et, parfois, la présence d’un exsudat auriculaire. Les génisses ont répondu de manière variable au traitement antibiotique et anti-inflammatoire. ● Un mois après le début de l’épisode, des sérums couplés prélevés sur cinq veaux en phase clinique aiguë et en convalescence ont été testés à l’aide d’un E.L.I.S.A indirect pour la recherche de M. bovis. Un veau sur cinq a séroconverti.

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● Six mois après le début de l’épisode, des écouvillons auriculaires et nasaux ont été réalisés sur quatre veaux ayant une rupture du tympan avec un écoulement purulent blanc crémeux au niveau des oreilles. M. bovis a été mis en évidence sur les quatre veaux. Aucun autre isolement bactérien significatif n’a été obtenu. Trois veaux et 10 vaches n’ont pas eu de mammites, ils ont aussi séroconvertis à M. bovis. Dix échantillons de lait de vaches en lactation choisis au hasard ont été testés pour M. bovis. Un dixième a été positif. ● Neuf mois après le début de l’épisode, des écouvillons auriculaires et nasaux réalisés sur quatre veaux ont été positifs à M. bovis. Aucun mycoplasme n’a été détecté dans les échantillons de lait testés.

Déductions cliniques ● Les signes cliniques observés sont ceux d’une atteinte vestibulaire. La présence d’une tête penchée sans autres signes neurologiques est compatible avec une otite moyenne ou interne. ● Même si la présence de M. bovis n’a pas été recherchée chez des veaux sains de l’élevage et si des examens histopathologiques n’ont pas pu être réalisés, M. bovis est sûrement l’agent causal de cet épisode. ● La source de contamination la plus probable est le lait de vaches contenant M. bovis distribué aux veaux. Implication clinique

M. bovis doit être recherché chez des veaux ayant des signes cliniques d’otite ❒


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revue internationale - un panorama des meilleurs articles EFFET DE LA VACCINATION DES TRUIES CONTRE MYCOPLASMA HYOPNEUMONIAE sur l’infection des animaux, leur séroconversion, ainsi que les lésions pulmonaires à l’abattoir chez des veaux laitiers au Royaume-Uni ● La pneumonie enzootique due à Mycoplasma hyopneumoniae (Mh) affecte les porcs en croissance et en engraissement. Une vaccination des porcelets est fréquemment mise en œuvre en élevage dans le but de limiter l’impact de la pneumonie enzootique à Mh, ce qui se traduit par une atténuation des lésions pulmonaires à l’abattoir. La vaccination des truies pourrait permettre de diminuer la transmission verticale de cet agent pathogène aux porcelets et favorise le transfert de l’immunité passive. ● Dans un troupeau naisseur-engraisseur préalablement non vacciné présentant des lésions pulmonaires évocatrices de pneumonie enzootique après vérification de l’infection des porcs par Mh, 50 truies (25 vaccinées par deux injections de vaccin inactivé 5 et 3 semaines avant la mise bas et 25 non vaccinées) et cinq porcelets par truie, ont été sélectionnés. Les statuts infectieux et sérologique ont été déterminés une semaine après la mise bas pour les truies, et au sevrage pour les porcelets.

Conclusion Le pourcentage de truies et de porcelets pour lesquels la P.C.R. a permis la mise en évidence de Mh dans les écouvillons nasaux, n’a pas été significativement diminuée par la vaccination. ● En revanche, le pourcentage de truies et de porcelets séropositifs était significativement plus élevé dans le groupe des vaccinés. ● Les lésions pulmonaires étaient significativement moins importantes chez les animaux vaccinés. ● La séropositivité était de plus significativement associée à une moindre importance des lésions pulmonaires. ❒ ●

Pour en savoir plus : cf. les articles parus dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et Santé : - “Les affections liées aux mycoplasmes chez le porc” de M. Kobisch 2007;4:340-3. - “Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique face aux mycoplasmes et aux infections respiratoires en élevage de porcs” 2007;4:345-9 de L. Glattleider, A. Laval.

LA STRATÉGIE DE COLONISATION DE CAMPYLOBACTER JEJUNI entraîne une infection persistante du tube digestif du poulet ● Campylobacter jejuni , responsable de gastroentérites chez l’Homme, est fréquemment présent dans le tube digestif des volailles, parfois à une concentration élevée (jusqu’à 108 Unités Formant Colonie/g) sans conséquence sur la santé des animaux. Il a été montré qu’une infection systémique par cette bactérie était possible chez le poulet. Toutefois, le mécanisme par lequel ce portage s’établit et persiste avec une telle fréquence n’est pas élucidé. ● Des poulets exempts d’organismes pathogènes spécifiés (E.O.P.S.) ont été infectés expérimentalement. Quatre souches isolées de volailles et quatre souches d’origine humaine ont ainsi été étudiées.

Conclusion Il est apparu que Campylobacter jejuni, est capable d’adhérer aux cellules de l’épithélium

cæcal de poulet, d’y pénétrer, d’en ressortir avant d’y pénétrer de nouveau. Cette bactérie ne survit que peu de temps dans la cellule et ne s’y multiplie pas. Ce phénomène d’entrée-sortie ne s’accompagne pas d’une inflammation de l’épithélium digestif mais il est associé à une multiplication intense de la bactérie dans le mucus intestinal. L’ensemble de ce processus permettrait d’expliquer que la bactérie n’est pas expulsée du tube digestif.

● En fonction des souches, des différences de potentiel de colonisation ont été observées in vitro sur explants primaires de cæcum. Ce potentiel n’était pas corrélé à des observations similaires in vivo (colonisation des cæca des poulets infectés expérimentalement), mais plutôt à la capacité à induire une infection systémique. ❒

Objectif de l’étude ❚ Comparer le statut de truies vaccinées ou non vis-à-vis de l’infection (évalué par la recherche de Mh par PCR sur écouvillons nasaux) et de la sérologie. ❚ Évaluer l’effet de cette vaccination sur les statuts infectieux et sérologiques des porcelets au sevrage, ainsi que sur la présence de lésions pulmonaires évocatrices de pneumonie enzootique à l’abattoir.

XVet. Microbiol. 2008;127:165-70. Effect of sow vaccination against Mycoplasma hyopneumoniae on sow and piglet colonization and seroconversion, and pig lung lesions at slaughter. Sibila M, Bernal R, Torrents D, Riera P, Llopart D, Calsamiglia M, Segales J. Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V.N.

Objectif de l’étude ❚ Étudier le mécanisme de colonisation du tube digestif in vitro par infection d’une culture primaire de cellules épithéliales de cæcum, et de fibroblastes embryonnaires de poulet pour décrire la capacité à entraîner une infection systémique.

XVet. Microbiol. 2008 doi:10.1016/ j.vetmic.2007.11.027 Colonization strategy of Campylobacter jejuni results in persistent infection of the chicken gut. Van Deun K, Pasmans F, Ducatelle R, Flahou B, Vissenberg K, Martel A, Van den Broeck W, Van Immerseel F, Haesebrouck F. Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V.N.

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PP 92-93 Test Clinique Reponse

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test clinique

les réponses

obtruction d’une trompe utérine chez une vache Prim’Holstein de haute valeur génétique

Pascal Bourdin1 Alexis Ferrières1 Serge Lacaze2 Nicole Picard-Hagen1 1 Département Elevage et Produits Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 2 Midatest, Domaine Sensacq Cidex 55A, 64230 Denguin

Geste ❚ Facile à réaliser ; ❚ Totale innocuité ; ❚ Coût limité essentiellement au temps de réalisation du test.

1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● La femelle présente un fonctionnement ovarien normal, alors qu’aucun embryon n’a été retrouvé dans l’utérus 7 jours après des ovulations multiples. ● Le kyste de la glande vestibulaire majeure est généralement consécutif à une obstruction du canal glandulaire et n’a pas de conséquence pathologique. Il n’a aucune relation avec l’infécondité observée. L’ensemble de ces éléments diagnostiques pourrait suggérer une obstruction des trompes utérines. 2 Quels moyens diagnostiques complémentaires permettent de vérifier vos hypothèses ? ● Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, nous avons réalisé un test de perméabilité des trompes utérines à la phénylsulfone-phtaléine sur la femelle en phase lutéale (encadré) [1, 3]. ● Une 1 re sonde souple de collecte d’embryons à deux voies (charrière 14) a été mise en place dans la vessie, et une 2nde dans le tiers supérieur de la corne droite. Le ballonnet est gonflé au niveau de la courbure de la corne utérine : il permet de maintenir la sonde et de garantir l’étanchéité de la corne (figure 1, photo 2). - À T0, un prélèvement urinaire témoin est réalisé. Environ 40 ml de solution de P.S.P. sont injectés dans la corne de façon à mettre

Encadré - Comment réaliser un test de perméabilité des trompes utérines [5] Le test à la phényl-sulfone-phtaléine (P.S.P.) consiste à injecter une solution de P.S.P. dans une corne utérine, puis à récupérer l’urine par sondage vésical (figure 1). - Si l’oviducte est perméable, la solution colorée diffuse dans la cavité abdominale où elle est rapidement résorbée par le péritoine, puis éliminée dans l’urine en moins de 20 min : l’urine présente alors une coloration rose à rouge foncé. - Si l’oviducte n’est pas perméable, aucun changement de coloration n’est observé plus de 20 min après l’administration. La vidange de l’utérus est alors réalisée et la 2e trompe utérine peut être testée le lendemain ou au minimum 4 h après la 1re. ● Interprétation du test : - Noter T1, le temps à partir duquel apparaît une légère coloration rosée et T2, le temps à partir duquel apparaît une coloration rose ou rouge prononcée. - Si T1 < 12 min et/ou T2 < 20 min : l’oviducte est perméable. - Si T1 > 12 min et T2 > 20 min, ou T1 < 12 min et T2 > 30 min : l’oviducte est partiellement ou totalement obstrué. ●

la corne sous une pression modérée [4, 5]. L’alcalinité de l’urine (pH = 8) est vérifiée avec un papier pH. L’urine est prélevée 8, 10 et 17 min après l’administration de P.S.P. (figure 2). - Une coloration rosée apparaît dès 8 min, et à 17 min les urines sont roses foncées. - La trompe utérine droite est donc perméable.

Figure 1 - Représentation schématique du dispositif de réalisation du test de perméabilité des trompes utérines à la phényl-sulfone-phtaléine (d’après Monnet, 1986) Vagin

Cervix Utérus

Ballonnets de contrôle 2

Réalisation du test à la phénylsulfone-phtaléine (photo E.N.V.T).

Sonde de Foley Pavillon Vessie Ovaire Oviducte Solution de P.S.P.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevage et santé 180- OCTOBRE / JANVIER 2008

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PP 92-93 Test Clinique Reponse

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test clinique - obstruction d’une trompe utérine - La solution colorée est ensuite aspirée à la seringue et la corne est lavée à plusieurs reprises avec environ 500 ml de tampon phosphate. ● Quatre heures plus tard, la même opération est réalisée pour vérifier la perméabilité de la trompe utérine gauche. - L’urine recueillie avant l’administration de P.S.P. présente un pH de 7, les prélèvements urinaires sont donc systématiquement alcalinisés (pH = 9) en ajoutant quelques gouttes d’une solution de soude normale. - Une légère coloration rosée apparaît progressivement de 8 à 27 min. Une coloration rose foncée prononcée est obtenue 38 min après l’injection de P.S.P. (figure 2). - Ce résultat signifie que la vache présente une obstruction partielle ou totale de la trompe utérine gauche. DISCUSSION En définitive, le test de perméabilité des trompes utérines nous a permis de conforter notre hypothèse diagnostique. L’altération de la perméabilité tubaire pourrait expliquer en partie le repeat breeding et l’absence d’embryon après superovulation de la femelle donneuse [1, 3, 5]. L’incidence des anomalies des trompes utérines s’élève en moyenne à 9 p. cent, et seulement la moitié d’entre elles sont mises en évidence par palpation transrectale [2]. ● Par conséquent, le test P.S.P. présente un intérêt diagnostique pour déterminer si la trompe est perméable à un liquide. Notons toutefois que le transport des gamètes ou des embryons met en œuvre des mécanismes physiologiques complexes (hormones, cellules ciliées, contractions des cellules musculaires lisses et sécrétions) qui ne sont pas explorés par le test P.S.P. [3]. Ainsi, la perméabilité des trompes est nécessaire mais pas suffisante pour garantir le déroule●

Figure 2 - Résultats du test de perméabilité des trompes utérines Trompe droite

Trompe gauche

T0 T0

8 min

10 min

2 min

8 min

12 min 27 min 38 min

17 min

ment normal de la fécondation et de la descente des embryons dans la cavité utérine. ● Le test à la P.S.P. présente également un intérêt thérapeutique. Lors d’obstruction partielle de l’oviducte par des secrétions épaisses et visqueuses, notamment lors d’hyperplasie glandulokystique de la muqueuse ou d’hydrosalpynx provoqué par une inflammation chronique, l’injection de P.S.P. sous une pression modérée permet d’éliminer ces sérosités et de restaurer la perméabilité de la trompe. Un antibiotique peut être ajouté au colorant, permettant ainsi d’augmenter sa diffusion dans l’oviducte et de traiter d’éventuelles infections des trompes utérines [5]. ● Ce test est facile à réaliser en élevage, il est d’une totale innocuité et présente un coût limité essentiellement au temps de réalisation du test. Il représente pour le praticien un moyen d’investigation complémentaire de l’intégrité de l’appareil génital de femelle de haute valeur génétique, donneuse d’embryons ou repeat breeders. ● Pour conserver la valeur génétique de cette femelle, la méthode alternative à la production d’embryons in vivo est l’O.P.U.F.I.V. (récolte d’ovocytes par ponctions folliculaires transvaginales échoguidées et fécondation in vitro). Les embryons se développent in vitro jusqu’au stade morula ou blastocyste où ils sont remis en place dans des receveuses. ❒

Prélèvements urinaires de la vache Prim’Holstein collectés avant (T0), 8, 10 et 17 min après l’administration de phényl sulfone phtaléine dans la corne utérine droite et 8, 12, 27 et 38 min après l’administration de P.S.P. dans la corne gauche.

Références 1. Kessy BM, Noakes DE. The use of the starch grain and phenolsulphonphthalein tests to investigate infertile cows. Vet. Rec 1979;105:489-91. 2. Kessy BM, Noakes DE. Uterine tube abnormalities as a cause of bovine infertility. Vet. Rec 1985;117:122-4. 3. Kelly EF, Renton JP, Munro CD. Assessment of oviduct potency in the cow. Vet. Rec 1981;108:357-60. 4. Kothary B, Renton JP, Munro CD. Use of the phenolsulphonphthalein dye test for fallopian tube patency in cattle. Vet. Rec 1978;103:229-32. 5. Monet JC. Contribution à l’étude de la perméabilité tubaire chez la vache à l’aide du test P.S.P. Incidences pratiques et économiques. Thèse Doct. Vétérinaire, Toulouse, 1986.68 p. 6. Roberts SJ. Infertility in the cow. In: Veterinary Obstetrics and Genital Diseases Theriogenology. 3rd Ed. Woodstock: SJ Roberts, 1986:535-8.

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