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DOSSIERS : L’INFÉCONDITÉ DES RUMINANTS - PORCS : LA CASTRATION
Couv ELSA
N°8 AVRIL 2008
revue de formation à comité de lecture
Actualités en perspective - Fièvre catarrhale ovine et pénurie alimentaire mondiale : un double choc européen - Fièvre catarrhale ovine : inquiétude et rumeurs sur la fertilité des taureaux en élevage allaitant - Observation clinique Un épisode de F.C.O. dans l’Yonne
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°8 - AVRIL 2008
Ruminants - Fiche - Comprendre l’infécondité individuelle chez la vache : quelques définitions - L’infécondité individuelle chez la vache : démarche diagnostique - La détection des chaleurs : quels sont les problèmes rencontrés chez les vaches laitières hautes productrices ? - La détection des chaleurs chez la vache laitière : du comportement au conseil - Conduite thérapeutique lors d’infécondité individuelle chez la vache
DOSSIERS :
L’INFÉCONDITÉ DES RUMINANTS abord individuel
- Le taureau de monte naturelle : mâle aimé ou mal-aimé ?
LES ALTERNATIVES À LA CASTRATION CHIRURGICALE chez le porcelet
- Les alternatives à la castration chirurgicale chez le porcelet : implications pour le vétérinaire
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Comprendre l’épidémiologie -
2e
série
1. L’ interprétation des résultats d’ana!yses : la sensibilité et la spécificité d’un test
- Étude de cas de l’internat Traitement chirurgical de la parésie spastique : intérêt de la rachianesthésie
- Revue de presse internationale - Synthèse - Comment adapter les bâtiments d’élevage au stress thermique en période caniculaire - Tests de formation
Porcs
Comprendre et agir - Enjeux économiques Le prix de l’aliment et le prix du porc : 2007, une année de rupture - Dépistage et diagnostic Contrôle de la paratuberculose bovine dans l’Orne : évaluation de la P.C.R. et de la sérologie
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sommaire Éditorial par Nicole Hagen Test clinique - Emphysème sous-cutané généralisé chez une vache Prim Holstein Marie-Anne Lefol
AVRIL 2008
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DOSSIERS
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ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Fièvre catarrhale ovine et pénurie alimentaire mondiale : un double choc européen Zénon - Fièvre catarrhale ovine : inquiétude et rumeurs sur la fertilité des taureaux en élevage allaitant Jacques Manière, Chantal Audeval - Observation clinique Un épisode de Fièvre catarrhale ovine dans l’Yonne Adrien Bernard, Hélène Benoît-Valiergue, Isabelle Leroy
N°8
- L’INFÉCONDITÉ 7
DES RUMINANTS : abord individuel
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Les alternatives à la castration chirurgicale chez le porcelet
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BOVINS Dossier L’infécondité des ruminants : abord individuel - Fiche - Comprendre l’infécondité individuelle chez la vache : quelques définitions sur la reproduction Xavier Berthelot - L’infécondité individuelle chez la vache : démarche diagnostique Nicole Hagen-Picard, Xavier Berthelot
18 20
- La détection des chaleurs : quels sont les problèmes rencontrés chez les vaches laitières hautes productrices ? Geert Opsomer, Aart de Kruif - La détection des chaleurs chez la vache laitière : du comportement au conseil Catherine Disenhaus
29 35
- Conduite thérapeutique lors d’infécondité individuelle chez la vache Fabienne Constant, Laure Deguillaume, Sylvie Chastant-Maillard
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- Le taureau de monte naturelle : mâle aimé ou mal-aimé ? Olivier Gérard
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PORCS - Les alternatives à la castration chirurgicale chez le porcelet : les implications pour le vétérinaire Armelle Prunier, Michel Bonneau
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COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - Le prix de l’aliment et le prix du porc : 2007, une année de rupture Hervé Marouby, Michel Rieu
57
- Dépistage et diagnostic - Contrôle de la paratuberculose bovine dans l’Orne : évaluation de la P.C.R. et de la sérologie Arnaud Delafosse, François Hanoy
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FMCvét - formation médicale continue vétérinaire Comprendre l’épidémiologie - 2e série 1. L’ interprétation des résultats d’ana!yses : la sensibilité et la spécificité d’un test Bernard Toma - Les études de cas de l’internat - Traitement chirurgical de la parésie spastique par triple ténectomie de Pavaux : intérêt de la rachianesthésie Florent Lepigeon, Raphaël Guatteo, Delphine Holopherne, Sébastien Assié
- Synthèse - Comment adapter les bâtiments d’élevage au stress thermique en période caniculaire Didier Raboisson, Marie Martorello, François Schelcher - Revue de presse internationale - Rubrique dirigée par François Schelcher et Henri Seegers. Notre sélection d’articles par Sébastien Assié, Catherine Belloc, Marie-Anne Lefol, Didier Raboisson, Frédéric Rollin
- Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue et d’épidémiologie - Les réponses
Souscription d’abonnement en page 85
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ACTUALITÉS 73
RUMINANTS 77
PORCS-VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR
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FMC Vét
Articles originaux ou observation originale
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 183
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NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr
Conseil scientifique Jean-Pierre Alzieu (praticien), Xavier Berthelot (E.N.V.T) Jean-Luc Chatré (praticien), Gérard Desjouis (praticien) Philippe Dorchies (E.N.V.T.), Marc Gogny (E.N.V.N.) Arlette Laval (E.N.V.N.), Marc Savey (A.F.S.S.A.) François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (E.N.V.N.) Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)
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Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie des ruminants, E.N.V.L.) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Baudeau (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, E.N.V.N.) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, E.N.V.N.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Didier Calavas (A.F.S.SA., Lyon) Alain Chauvin (Parasitologie, E.N.V.N.) Alain Douart (Pathologie des ruminants, E.N.V.N.) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Olivier Gauthier (chirurgie, E.N.V.N.) Norbert Giraud (praticien) Jean-Marie Gourreau (A.F.S.SA. Alfort) Jean-Luc Guérin (Élevages avicoles et porcins, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Christophe Hugnet (praticien) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Jean-François Jamet (praticien) Guy-Pierre Martineau (Élevages porcins, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Milleman ((Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Jean-Marie Nicol (praticien) Didier Raboisson (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Liège) Pascal Sanders (A.F.S.SA. Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stephan Zientara (E.N.V.A.) Gestion des abonnements et comptabilité : Marie Servent Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr
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un emphysème sous-cutané généralisé chez une vache Prim Holstein
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ne vache Prim Holstein de 6 ans en fin de gestation, introduite dans l’élevage depuis 15 jours environ, est depuis le matin même, apathique, anorexique et elle se plaint. Une suspicion de réticulo-péritonite entraîne l’administration d’un aimant et d’un traitement à base de pénicilline-dihydrostreptomycine et de flunixine-méglumine. ● Trois jours plus tard, l’état général de l’animal s’est fortement aggravé. La vache présente un emphysème sous-cutané massif, généralisé à l’ensemble du corps. Elle est anorexique avec une détresse respiratoire sévère et les plaintes sont de plus en plus fortes. Par ailleurs, elle est en train d’avorter. Un veau à terme, mais mort, est extrait par l’éleveur. ● La vache est transportée à l’École Nationale Vétérinaire de Nantes 3 jours après. L’état général est sérieusement dégradé, l’animal est maigre, reste debout, immobile en orthopnée avec un fort ptyalisme. - L’emphysème sous-cutané est généralisé et rend l’examen clinique très difficile (photos 1, 2). - Une absence de bruits respiratoires anormaux, voire un silence à l’auscultation du poumon droit. Aucune lésion cutanée ou zone froide n’est mise en évidence. 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 2 Quels examens complémentaires réalisez-vous ? 3 Quelle conduite adoptez-vous pour le reste du troupeau ?
comité de lecture
Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des lions Ste-Marie des Champs B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 184 - FÉVRIER / AVRIL 2008
test clinique
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Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Pierre Bézille, Henri-Jean Boulouis, Cyril Boissieu, Alain Bousquet-Melou, Gilles Bourdoiseau, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette, Eric Collin,
Fabien Corbières, Roland Darré, Stéphane Daval, Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Alain Ducos, Pascal Dubreuil (Québec) Barbara Dufour, Jean-Michel Fabre, Pascal Fanuel, Gilles Fecteau (Québec) Cécile Ferrouillet (U.S.A.), Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, François Gary, Christian Gipoulou,
Marie-Anne Lefol Clinique Bovine E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 4307 Nantes Cedex 03
1
Vache Prim Holstein âgée de 6 ans, qui présente un emphysème sous-cutané généralisé.
2 L’animal est en orthopnée avec un ptyalisme important. - À gauche, l’emphysème a été chassé par pression (photos Médecine des animaux d’élevage E.N.V.N.).
Réponses à ce test page 84
Norbert Gauthier, Denis Grancher, Raphaël Guatteo, Nadia Haddad, Christian Hanzen (Liège), Alain Joly, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Dominique Legrand, Frédéric Lemarchand, Xavier Malher, Jacques Manière, Hervé Morvan, Hervé Navetat, Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège),
Renaud Maillard, Hervé Pouliquen, Xavier Pineau, Jean-Dominique Puyt, Paul-Pierre Pastoret, Pierre-Emmanuel Radigue, Nicolas Roch, Jean-Louis Roque, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Étienne Thiry (Liège), Olivier Salat, Brigitte Siliart, Henri Viel, Lionel Zenner.
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éditorial L’infécondité individuelle, quoi faire ?
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orce est de constater que la fertilité a beaucoup diminué dans les troupeaux bovins laitiers durant ces 30 dernières années : entre 1975-1982 et 1995-1998, le taux de réussite à la 1ère insémination a diminué de 55,6 p. cent à 39,7 p. cent 5 [1]. Pour l’éleveur, la reproduction constitue trop souvent une préoccupation permanente. Ainsi, le vétérinaire praticien est confronté quotidiennement à la vache “qui ne vient pas en chaleur”, ou à la vache “qui ne prend pas”. Que faire face à une vache inféconde ? - Puiser dans notre arsenal thérapeutique le traitement symptomatique “miracle” pour tenter de résoudre le problème ; - proposer la réforme … ; - ou mettre en place une démarche diagnostique afin d’approfondir l’origine du dysfonctionnement et d’orienter le choix du traitement à mettre en œuvre et le pronostic de l’affection. L’échographie s’est beaucoup développée au cours des 20 dernières années, notamment pour le diagnostic de gestation précoce. Elle permet aussi de visualiser plus précisément les structures ovariennes. Ainsi, les vétérinaires impliqués dans les suivis de reproduction ont largement recours à cette technique au quotidien. Si l’infécondité d’origine lésionnelle est facilement mise en évidence par des examens cliniques courants, il n’en est pas de même de l’infécondité sine materia (ou repeat breading). La non fécondation et la mortalité embryonnaire précoce représentent les causes d’échec de l’insémination les plus fréquentes, pour lesquelles le clinicien est quasiment dépourvu de moyens d’investigation.
Nicole Picard-Hagen Département Élevage Produits et Santé Publique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Référence 1. Royal MD, Darwash AO, Flint APF, coll. Declining fertility in dairy cattle: changes in traditional and endocrine parameters of fertility Anim. Sci. 2000;70:487-502.
chez le porc ... - Un sujet d’actualité sur les alternatives à la castration chirurgicale du porcelet et les implications pour le vétérinaire vous est proposé (A. Prunier et coll.). Cet article met en effet en exergue l’importance de la prise en compte du bien-être animal en productions animales. - Autre sujet d’actualité : la très nette augmentation des coûts de production du porc charcutier décrite dans l’article de H. Marouby et coll. Elle provoque une nouvelle crise, majeure en élevage porcin.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 186 - FÉVRIER / AVRIL 2008
Les thérapeutiques hormonales à la disposition du praticien ne sont pas toujours rationnelles, souvent décevantes, et généralement palliatives. C’est pourquoi, il est important d’intégrer dans la démarche diagnostique l’environnement global de l’animal, de façon à envisager la mise en place de mesures préventives. Après un préambule rappelant quelques définitions essentielles pour comprendre la description des troubles de la reproduction (X. Berthelot), ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé sur l’infécondité individuelle présente des synthèses sur la conduite diagnostique (N. Picard-Hagen et coll.), et thérapeutique à tenir (F. Constant et coll.), face à un problème d’infécondité individuelle chez la vache. Il souligne des éléments opérationnels, l’intérêt et les limites des méthodes diagnostiques, et propose un certain nombre de moyens thérapeutiques à la disposition du praticien. L’infécondité du taureau est également un facteur clé. En élevage bovin, le mâle représente environ 1/80e de la population adulte. Il constitue souvent un élément oublié du troupeau qui pourtant, conditionne la fécondité et la rentabilité des élevages utilisant la monte naturelle. Le vétérinaire est rarement confronté à l’infertilité du mâle. C’est pourquoi, O. Gérard décrit la démarche diagnostique à mettre en œuvre lorsque l’on suspecte l’infertilité sur un taureau de monte naturelle. La détection des chaleurs constitue toujours un élément majeur limitant la fécondité des troupeaux bovins. Ce dossier spécial infécondité consacre deux articles de synthèse sur la détection des chaleurs chez la vache, et sur l’optimisation des méthodes de détection des chaleurs (G. Opsomer et coll., C. Disenhaus). Les problèmes rencontrés chez les vaches laitières hautes productrices sont analysés par rapport à leurs caractéristiques physiopathologiques et à leur conduite d’élevage. Ces articles rappellent les comportements associés aux chaleurs, leur évolution et donnent des éléments de réponse au praticien pour conseiller l’éleveur sur leur interprétation chez les vaches des troupeaux actuels, de façon à mieux cibler le moment d’insémination. ’ensemble de ces articles constituent, de par leur caractère ciblé et opérationnel, une mise au point utile pour les praticiens qui cherchent à comprendre l’origine de l’infécondité individuelle pour apporter des solutions adaptées. En attendant que de nouvelles thérapeutiques aient démontré leur efficacité, la connaissance de l’origine de l’infécondité reste une condition nécessaire à l’amélioration de sa maîtrise. ❒
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actualités en perspective
fièvre catarrhale ovine
et pénurie alimentaire mondiale
un double choc européen
“L
’économie mondialisée est fertile en surprises. Alors que la crise financière née à l’été 2007 se transforme en un effondrement du crédit, prend corps un choc alimentaire” nous rappelle Nicolas Baverez dans une “carte blanche” du quotidien Le Monde (23/04/08) intitulée “l’agriculture, richesse des nations”. LES PREMIÈRES CONSÉQUENCES PERCEPTIBLES DU CHOC ALIMENTAIRE Cette rupture sans précédent1 trouve son origine dans le renchérissement accéléré des matières premières alimentaires, depuis le printemps 2007, qu’elles soient destinées à l’Homme ou aux animaux (un peu oubliés initialement). La fin de la nourriture bon marché est devenue en quelques semaines une évidence pour tous et plus particulièrement, pour les consommateurs français qui peuvent l’apprécier objectivement dans leurs supermarchés préférés. ● L’augmentation des prix alimentaires ne devrait pas ralentir en 2008 puisqu’il est prévu, entre autres, une augmentation des prix à la consommation de 5 à 10 p. cent pour les yaourts, les fromages et le beurre. Les prix payés aux producteurs de lait auraient ainsi augmenté de plus de 30 p. cent au 1er trimestre 2008 et la hausse devrait continuer au 2nd. Les 90 000 producteurs français s’en réjouissent probablement, mais l’augmentation des coûts de production, notamment ceux liés à l’alimentation et à l’énergie, devra être prise en compte avant de pouvoir faire de véritables bilans qui devraient être disponibles rapidement, après la fin de la campagne 2007-2008. ● Pour tenter de maîtriser, là comme ailleurs, la spirale inflationnniste des coûts, l’Union Européenne (U.E.) a prévu une augmentation des quotas laitiers de 2 p. cent pour la campagne 2008-2009. Reste à savoir si l’appareil productif français pourra répondre à cette incitation dans un pays qui ne fournit plus son quota laitier communautaire depuis 2002. ● Les élevages hors-sol (porcs et volailles), entièrement dépendants des céréales et de sources protéïques (soja importé notamment) en pleine flambée des prix, sont entrés dans une phase critique. Notons que la nouvelle Commissaire européenne à la santé ●
a proposé début avril au Parlement européen de réintroduire les farines de viande de monogastriques dans leur alimentation “sans revenir sur l’interdiction du cannibalisme entre espèces (sic), ni sur l’interdiction des farines animales pour les ruminants”. ● La production porcine est confrontée à une dégradation brutale de ses marges car ses coûts de production explosent alors que le prix de vente des éleveurs stagne ou diminue.2 Pour l’élevage des volailles, le phénomène ne fera probablement qu’accélérer le processus de délocalisation vers le Brésil d’une partie de la production. ● Au total, après la rupture de 2007, 2008 apparaît bien comme l’année pivot, celle de tous les dangers, dans une Union Européenne qui va devoir établir le bilan de santé de sa Politique Agricole Commune.
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Agneau mort-né dans un élevage ovin atteint de F.C.O. (photo A. Bernard).
NOTES 1
cf. la chronique “Productions animales et épizooties en Europe : 2007, une rupture sans précédent, 2008, une année pivot ?” dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2008, n°7, 94-95. 2 cf. l’article “Enjeux économiques - Le prix de l’aliment et le prix du porc : 2007, une année de rupture” de H. Marouby dans ce numéro. 3 cf. la chronique “La Bluetongue dans le nord de l’Europe et quelques autres ré-émergences dans le monde” dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2007, n°4, 282-283. 4 cf. la chronique “Les maladies transmissibles en Europe : un été d’évolution ou de révolution” dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2007, n°6, 6-8.
UNE SITUATION TRÈS MENAÇANTE SUR LE FRONT DES ÉPIZOOTIES ● Un malheur n’arrivant jamais seul, l’horizon sanitaire s’assombrit aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des frontières de l’U.E. ● À l’extérieur des frontières de l’U.E., l’Influenza aviaire hautement pathogène (ou peste aviaire) à H5N1 et sa variante grippale chez l’Homme reste toujours présente, et non maîtrisée en Asie et en Afrique. ● En Afrique de l’Est, la Fièvre de la vallée du Rift (F.V.R.) semble avoir continué sa progression à partir du Kenya et de la Somalie3 vers les autres États de l’Afrique orientale pour atteindre Madagascar où plusieurs centaines de cas humains de F.V.R., dont une vingtaine mortels, ont été identifiés à la mi-avril. ● Les souches de peste porcine africaine (P.P.A.) issues des cas identifiés en Géorgie et en Arménie durant l’été 20074, ont été analysées par le laboratoire mondial de référence de l’office international des épizooties (O.I.E.) à Pirbright. Il a conclu (après génotypage) qu’elles étaient probablement issues du cône sud de l’Afrique de l’Est, et non pas d’Afrique centrale ou occidentale ni de Sardaigne (où la P.P.A., identifiée depuis plus de dix ans, n’est pas encore complètement éradiquée). ● Plus préoccupant, la P.P.A. a continué à s’étendre durant l’hiver 2008 dans un certain nombre de régions, plus ou moins en
ACTUALITÉS
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actualités en perspective - fièvre catarrhale ovine et pénurie alimentaire mondiale état de sécession par rapport au pouvoir central, en Azerbaidjan (région du NagornyKarabat jouxtant l’Arménie) et en Géorgie (région d’Abkhazie jouxtant la Russie, sur les bords de la Mer Noire). Dans ces régions, et probablement dans tout le Caucase, des sangliers infectés ont été identifiés, y compris en Russie (région de la Tchéchénie). Si cette tendance s’affirmait, l’identification de la P.P.A. aux confins de l’U.E. pourrait rapidement poser de sérieux problèmes, compte tenu de la difficulté intrinsèque de son contrôle (comme l’exemple de la Sardaigne le montre) et de la destructuration des services officiels dans les régions touchées.
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Hydranencéphalie chez un veau (photo A. Bernard).
LA FIÈVRE CATARRHALE OVINE (F.C.O.) À B.T.V. (BLUETONGUE VIRUS) 8 : UNE SITUATION DE MOINS EN MOINS SOUS CONTRÔLE À l’intérieur de l’U.E. et en France, c’est bien évidemment l’épizootie de F.C.O. à B.T.V. 8 qui continue à poser le plus grave problème, après un hiver doux qui fait craindre le pire sur son évolution future, même si le développement de nouveaux foyers à B.T.V. 1 dans le Sud-Ouest de la France est lui aussi inquiétant. Quatre points continuent d’évoluer de façon préoccupante : les vecteurs, le pouvoir pathogène du B.T.V. 8, la vaccination et la circulation des bovins dans l’U.E., notamment des broutards entre la France et l’Italie. ● En ce qui concerne les vecteurs, un nouvel arrivant est signalé par une équipe hollandaise (E.Dijkstra et coll, Vet. Rec., 162, 13, 422). Il s’agit de Culicoïdes chiopterus dont le nom s’ajoute ainsi à la liste des autres Culicoïdes vecteurs identifiés : C.dewulfi, C.obsoletus et C.scoticus. C.chiopterus se reproduit exclusivement dans les bouses de bovins et les crottins des chevaux qu’il attaque. Comme les autres culicoïdes vecteur de B.T.V., il pourrait transmettre aussi la peste équine … ● Le pouvoir pathogène du B.T.V. 8 reste encore mal connu dans les conditions naturelles. Si son expression clinique chez les bovins adultes a été bien décrite en France1, elle reste peu caractérisée en troupeau ovin en Europe. - L’article de A. Bernard et coll dans ce numéro apporte une contribution d’autant plus significative qu’elle quantifie son impact sur les résultats de gestion technicoéconomique d’un troupeau (photo 1). Chez les bovins, de nombreuses rumeurs concernent l’impact sur la capacité fécondante du sperme de taureaux atteints. ●
NOTES 1 cf. l’article “Observations cliniques de fièvre catarrhale ovine chez des bovins dans les Ardennes” de Mayer et coll. dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2007, n°6, 16-20. 2 Article de A. Bernard et coll, à paraître dans le prochain numéro. 3 cf. la chronique “Productions animales et épizooties en Europe : 2007, une rupture sans précédent, 2008, une année pivot ?” dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2008, n°7, 94-95.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 188 - FÉVRIER / AVRIL 2008
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- Le point de vue présenté dans ce numéro par un praticien en région allaitante (J. Manière) apporte des éléments concrets pour mieux apprécier un risque d’une grande importance économique. Enfin, très récemment une autre publication hollandaise (Wonda W. et coll, Vet. Rec., 2008, 162, 13, 422-423) a attiré l’attention sur l’apparition durant les deux premiers mois de l’année 2008 de veaux hydranencéphales (hémisphères cérébraux réduits à une poche liquidienne issus de mères infectées (photo 2). Ces constatations ont été aussi faites récemment en France et feront l’objet d’un prochain article.2 ● Conformément à ce qui pouvait être attendu,3 aucun schéma cohérent de vaccination contre la F.C.O. n’a pu être élaboré au niveau de l’U.E. Par ailleurs, la disponibilité du vaccin contre le B.T.V. 8 apparaît extrêmement limitée fin avril 2008 ; il y a donc de grandes chances que la majorité des ruminants sensibles ne puissent être vaccinés qu’après la relance de la vague épizootique ; cela risque de produire de sérieux “effets secondaires” dans toute l’Europe. ● Contrairement à ses propres intentions, la Commission européenne n’a pu maintenir les conditions (édictées dans un nouveau règlement F.C.O. d’octobre 2007) favorisant une circulation organisée des bovins, face à la clause de sauvegarde déclenchée par l’Italie (début mars 2008) pour “se protéger” des broutards d’origine française. Cet épisode, peu glorieux pour notre sœur transalpine et la Commission, s’est terminé à la mi-avril par une véritable capitulation de cette dernière devant des propositions qui ont induit, au delà du raisonnable, un renforcement des contrôles, pour les échanges intra-communautaires des bovins, sur les animaux vaccinés ou “naturellement immunisés” (doux euphémisme pour “infectés, non virémiques“). enchérissement du coût alimentaire des productions animales, épizooties menaçantes à l’extérieur et en plein développement à l’intérieur ; sur tous ces sujets, on peut se demander si, pour l’U.E., il s’agit de “la fin du commencement ou du commencement de la fin” (Winston Churchill, 1941). On perçoit en tout cas dans tous ces domaines une impuissance et un flottement en son sein. Curieuse impression qui nous ramène plus de 10 ans en arrière avant un changement de Commission lié, entre autres, à une crise “d’origine animale” celle de l’E.S.B. ❒ Zénon
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actualités en perspective
résultats originaux
fièvre catarrhale ovine : inquiétudes et rumeurs
sur la fertilité des taureaux
Jacques Manière Clinique vétérinaire route de Champvert 58300 Decize
en élevage allaitant dans la Nièvre
Dans la Nièvre, l’épizootie de fièvre catarrhale ovine a provoqué de nombreuses inquiétudes chez les éleveurs, notamment sur les performances de reproduction des taureaux de monte naturelle. Les praticiens et le laboratoire vétérinaire départemental ont réalisé des recherches virales pour connaître la qualité du sperme des reproducteurs.
C
ette épizootie de fièvre catarrhale ovine (F.C.O.) est une valeur sûre dans l’art du contre-pied. - Elle devait arriver par le Sud depuis l’Espagne, et c’est par le Nord, où on ne l’attendait pas, qu’elle nous a envahi. - Elle devait s’éteindre spontanément durant l’hiver 2007, avec la disparition des animaux virémiques et des moucherons. Elle a dépassé les prévisions les plus alarmistes durant l’été suivant. - Jusqu’en juin 2007, pour nos clients éleveurs du centre de la France et leurs dirigeants, il s’agissait d’une maladie purement économique. Celle-ci, plus que bénigne, était dotée d’une législation communautaire pour le moins trop draconienne qui perturbait les échanges communautaires, principalement nos exportations italiennes. - Six mois plus tard, la rumeur fait état de pertes très importantes principalement en matière de reproduction et de production laitière. - Cette maladie se dénomme fièvre catarrhale ovine (F.C.O.), mais elle affecte les bovins (chez qui elle aurait dû rester bénigne), tout autant que les ovins. - Durant l’été et l’automne 2007, le front de l’épizootie s’est étendu régulièrement à partir du Nord-Est de l’Hexagone, puis s’est propagé rapidement vers le Centre pour atteindre et dépasser le Massif central. - Les moucherons, qui devaient vivre au grand air, ont finalement l’air d’apprécier les
1 Les demandes de testage des taureaux reproducteurs ont augmenté avec l’inquiétude des éleveurs (photo J. Manière).
bâtiments d’élevage, dans lesquels pourtant, nous n’avons pas toujours si chaud durant nos césariennes nocturnes. ● Nous pourrions continuer cette liste ; il est indéniable que tous les “caprices”de cette épizootie ont créé un climat d’inquiétude, aggravé par des rumeurs de catastrophes sanitaires dans tel ou tel élevage véhiculées par le bouche à oreille. ● Cette inquiétude, voire cette psychose, a eu des répercussions au niveau du suivi des accidents de la reproduction avec une forte augmentation des déclarations d’avortements, ainsi que des demandes de testage de taureaux reproducteurs.
Essentiel ❚ Les déclarations d’avortements ont quasiment doublé entre les campagnes 2006-2007 et 2007-2008. ❚ La Nièvre se trouve sur le front de l’épizootie : le nord du département est très touché, avec un pourcentage de broutards séropositifs proche de 90 p. cent, alors que dans la partie sud, le taux de séropositivité est de l’ordre de 10 p. cent.
FIÈVRE CATARRHALE OVINE ET AVORTEMENTS Un quasi doublement des déclarations d’avortements a été ainsi enregistré dans la Nièvre (878 en 2006-2007 pour 1680 en 20072008) (tableau 1). ● La Nièvre se trouve sur le front de l’épizootie : le nord du département est très touché, avec un pourcentage de broutards séropositifs proche de 90 p. cent, alors que dans la partie sud, le taux de séropositivité est de l’ordre de 10 p. cent. ● Certains de ces avortements sont probablement dus à la F.C.O., mais comme une augmentation du nombre d’avortements est également notée dans la zone moins touchée par la maladie, d’autres causes à cette
ACTUALITÉS
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PP 11-17 Obs clinique Actu FCO
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observation clinique un épisode
résultats originaux
de fièvre catarrhale ovine
dans le département de l’Yonne : étude sur le terrain dans l’élevage ovin du Centre d’application de l’E.N.V.A. à Champignelles
L
DESCRIPTION DE L’ÉPISODE Contexte Par souci de clarté et de compréhension, nous représentons l’organisation de l’agnelage d’hiver sous forme de diagramme : les différentes périodes clés (mise à l’herbe des brebis, mise à l’herbe des béliers, période de lutte, agnelage théorique, agnelage réel) y sont représentées dans le temps (figure 1). ● Nous rapportons sur ce même schéma les événements qui ont retenu notre attention concernant l’épisode de fièvre catarrhale ovine (F.C.O.) entre les mois de mai 2007 et de janvier 2008. ● La classification de ces événements nous a permis de séparer notre cheptel (béliers, ●
1E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex 2Centre
d’Application de Champignelles E.N.V.A. Domaine de Croisil 89300 Champignelles
Au décours de l’épizootie ovine à sérotype 8 sur le territoire français, cette étude a pour objectif, à partir d’une analyse clinique et nécropsique, d’estimer l’impact clinique et zootechnique de la maladie dans un élevage ovin. Ce type d’information n’est en effet pas disponible malgré l’abondance des cas observés en France [1, 2]. e 19 octobre 2007, après cinq sérologies réalisées par l’Institut départemental de l’environnement et analyses (I.D.E.A.), l’atelier ovin composé de 210 brebis du Centre d’application de l’E.N.V.A.* est déclaré infecté par la fièvre catarrhale ovine (F.C.O.) à B.T.V. 8 (Bluetongue virus, sérotype 8) [6]. L’épisode clinique sur le troupeau est sévère. Concernant le troupeau bovin, la séroprévalence est restée faible (20 p. cent d’animaux testés séropositifs le 12 novembre), et les manifestations cliniques ont été minimes et passagères [3]. Aucune manifestation clinique n’a été observée sur le troupeau de cervidés. ● Après avoir rappelé les signes cliniques de la F.C.O. (encadré), cet article présente cet épisode d’infection, sa gestion, son impact sur les performances du troupeau et les traitements mis en place.
Adrien Bernard1 Hélène Benoit-Valiergue2 Isabelle Leroy2
Objectifs pédagogiques ❚ Mesurer l’impact clinique
1
et zootechnique d’un épisode de fièvre catarrhale ovine dans un élevage bénéficiant d’une gestion technico-économique. ❚ Préciser les modalités de prise en charge des malades.
Zone hémorragique interdigitée (photo Centre d’application E.N.V.A.).
brebis et agneaux) en cinq lots. Principaux tableaux cliniques et nécropsiques Lot 1
Le 5 juillet 2007, alors que les béliers sont à la lutte au pré avec les brebis, nous avons constaté les 1ers signes cliniques caractéristiques de la F.C.O. chez un bélier : - diminution de l’état général, diminution de la prise alimentaire ; - hyperthermie sévère (40,5°C - 41,5°C) ; - symptômes locomoteurs : boiterie, pododermatite, lésions hémorragiques de l’espace interdigité (photo 1) ; - symptômes respiratoires : tachypnée, dyspnée ; - rhinite modérée associée à un jetage nasal séro-muqueux abondant, conjonctivite sévère associée à un larmoiement séreux (photo 2). ● Durant le mois de juillet, les symptômes se sont généralisés chez les béliers avec une certaine variabilité individuelle dans l’expression clinique de la maladie. ● Le 3 août, tous les béliers (12) ont été atteints cliniquement. ●
Essentiel ❚ Pendant l’épisode de F.C.O., les signes cliniques d’appel observés chez les ovins adultes sont : - un abattement ; - une hyperthermie ; - un œdème ; - la triade céphalique : rhinite, conjonctivite, stomatite ; - une boiterie ; - une dépilation.
ACTUALITÉS
NOTE * Le Centre d’application de l’E.N.V.A à Champignelles est composé d’une plateforme de formation associée à un internat, d’un laboratoire d’analyses, d’une salle d’autopsie et d’un atelier agroalimentaire lié à l’exploitation. Celle-ci est composé de trois ateliers de production viande : ovins (cheptel de race 50 p. cent vendéenne, et 50 p. cent inra 401), bovins et cervidés.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 191
PP 18-19 Fiche def infecondite
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comprendre
Fiche
l'infécondité individuelle
quelques définitions sur la reproduction
chez la vache
Xavier Berthelot Université de Toulouse Département Élevage Produits et Santé Publique, E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 03
Objectif pédagogique ❚ Connaître les définitions des concepts essentiels en reproduction.
a description de la reproduction normale ou pathologique de la vache repose sur des termes dont la définition n'est pas toujours univoque. Un même terme peut avoir, selon les circonstances, des significations assez différentes. Cette fiche se propose de rappeler un ensemble de définitions qui pourrait faire l'objet d'un consensus.
- Une vache est considérée comme féconde si elle met bas une fois par an, c'est-à-dire si l'intervalle entre deux vêlages successifs est d'un an. Cet objectif "historique" (un veau par vache et par an) est discuté en élevage laitier où, d'un point de vue économique, des intervalles entre vêlages de de 13-14 mois (voire plus) peuvent être acceptés.
La fertilité
- La durée de l'intervalle entre vêlages (intervalle vêlage-vêlage ou I.V.V.) est fonction du niveau de la fertilité de la femelle (nombre d'inséminations pour obtenir la fécondation), et du moment de sa mise à la reproduction (intervalle vêlage-1ère insémination) (figure 1). - Ce moment est lui-même fonction de la femelle (involution utérine, reprise d'activité ovarienne, ...) et de la décision de l'éleveur.
L
- La fertilité (fertility) est définie comme l'ap-
Essentiel ❚ L'infertilité (infertility) est la perte temporaire de l'aptitude à reproduire. ❚ La stérilité (sterility) est la perte définitive de l'aptitude à reproduire.
titude à se reproduire, c'est-à-dire la capacité de procréer que possède normalement tout individu sexuellement mature et en bonne santé. - Chez la femelle, il s’agit donc de la capacité de produire des ovocytes, d'être fécondée et de mener à terme une gestation. - Chez le mâle, il s’agit de la capacité de produire et d'émettre des spermatozoïdes viables capables de féconder un ovocyte. - Le terme de "fertilité" ne doit pas être confondu avec celui de "fécondité". Un individu peut être fertile, mais non fécond s'il n'a pas été placé en condition de se reproduire. La fécondité
- La fécondité (fecundity) est définie comme le degré de reproduction approprié pour une espèce donnée.
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Œstrus
Metœstrus
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Prœstrus
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L'involution utérine
- L’involution utérine désigne l'ensemble des modifications (anatomiques, histologiques, cytologiques, métaboliques, ...) qui surviennent après le vêlage, et qui permettent le retour de l'utérus à un état pré-gravidique autorisant à nouveau l'implantation d’un œuf. - En l'absence de pathologie, l'involution utérine doit être achevée 30 à 40 jours après le vêlage. L'anœstrus
- L’anœstrus (anœstrie, anaphrodisie, frigidité)
Figure 1 - Cycle sexuel avant la fécondation Prœstrus
L’intervalle vêlage-vêlage
0 Jours 21
est un syndrome caractérisé par l'absence de manifestations de chaleurs (essentiellement des manifestations comportementales). - L'absence des chaleurs à un moment où elles devraient avoir lieu, est considérée comme pathologique. - Après le vêlage, la reprise d'activité ovarienne a lieu dans un délai de 2 à 9 semaines selon que la femelle est tarie, traite ou allaitante. - Chez la vache laitière, les 1ères ovulations sont précoces, mais elles ont lieu le plus souvent en l'absence de chaleurs (ovulations "silencieuses"). Ainsi, 50 p. cent des femelles sont cyclées dans les 20 jours post-partum et 95 p. cent dans les 50 jours (photo 1). - Chez la vache allaitante, on observe souvent moins de 50 p.cent de femelles cyclées à 50 jours post-partum.
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l’infécondité individuelle Nicole Picard-Hagen Xavier Berthelot Département Élevage Produits et Santé Publique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la démarche diagnostique face à une vache inféconde. ❚ Savoir quand et comment recourir aux examens complémentaires pour approfondir l’origine de l’infécondité. NOTE * cf. l’article de C. Disenhaus, dans ce numéro “La détection des chaleurs chez les vaches laitières”.
Essentiel ❚ La non fécondation et/ou la mortalité embryonnaire précoce, représentent les causes d'échec de gestation les plus fréquentes. ❚ Une dégradation de la fécondité, associée à la sélection intensive sur la production laitière, est observée depuis 20 ans chez la vache laitière haute productrice, en raison notamment de la difficulté à maîtriser le déficit énergétique en début de lactation.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 200 - FÉVRIER / AVRIL 2008
chez la vache démarche diagnostique Le vétérinaire praticien est confronté quotidiennement en élevage à la vache “qui ne prend pas”, ou qui ne présente pas de chaleurs. Face à ces syndromes, sa démarche diagnostique lui permet d’approfondir l’origine du dysfonctionnement, et oriente le choix du traitement à mettre en œuvre, ainsi que le pronostic de l’affection.
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ne mise à la reproduction réussie dans un délai de 80 à 100 jours post-partum nécessite le déroulement normal de plusieurs processus qui se succèdent : - l'involution utérine ; - la reprise d’une activité ovarienne cyclique ; - l’expression et l’observation des chaleurs ; - l’ovulation d’un ovocyte de bonne qualité ; - l’insémination avec du sperme fécondant ; - une bonne synchronisation entre l’ovulation et l’insémination. ● Ces mécanismes sont contrôlés par des facteurs individuels, ou de conduite d’élevage, qui peuvent agir bien en amont du dysfonctionnement de la reproduction (la croissance des génisses, la gestion du tarissement, la pathologie peripartum, …). Par exemple, la folliculogenèse s’étalant sur 5 à 6 mois, des déséquilibres alimentaires (déficit énergétique en post-partum) peuvent avoir des répercussions sur la qualité de l’ovocyte, donc sur la fertilité, plusieurs mois plus tard [35]. ● Une dégradation progressive de la fécondité, associée à la sélection intensive sur la production laitière, a été observée depuis les 20 dernières années chez la vache laitière haute productrice [31], en raison notamment de la difficulté à maîtriser le déficit énergétique en début de lactation. ● Les vaches hautes productrices présentent une expression plus fruste des chaleurs*, des altérations de la qualité des ovocytes ou des embryons, et sont plus sensibles aux infections utérines [4]. Ces animaux sont en permanence à la limite du déséquilibre, et une modification, même
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L’échographie de l’appareil génital est un examen complémentaire indispensable et généralement plus précis que la palpation rectale (photo O. Pasquin).
minime, de leur équilibre (nutrition, stress ou autre) peut entraîner de l’infertilité. ● Chez la vache laitière, les principales entités pathologiques observées sont donc le subœstrus, les endométrites, les kystes ovariens et le repeat breeding (infertilité à chaleurs normales). ● La non fécondation et/ou la mortalité embryonnaire précoce, représentent les causes d'échec de gestation les plus fréquentes (32 p. cent des I.A. ou 75 p. cent des interruptions précoces de gestation), alors que les mortalités embryonnaires tardives représentent une part plus limitée des échecs (15 p. cent des I.A.) (photo 1) [18]. ● En élevage allaitant, les problèmes individuels de reproduction sont essentiellement liés au mode d’élevage (allaitement, alimentation des vaches) responsable de l’anœstrus post-partum, et aux répercussions des dystocies sur la fonction de reproduction, notamment les lésions du tractus génital qui favorisent les métrites [27]. ● L’expression des chaleurs et les troubles de l’ovulation posent moins de problème chez les vaches allaitantes comparativement aux femelles laitières, car l’élevage est plus extensif, et le mode de reproduction
PP 29-34 La détection hautes productrices
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la détection des chaleurs : quels sont les problèmes rencontrés chez les vaches laitières hautes productrices ?
En raison du développement important de l’insémination artificielle en élevage laitier, la détection des chaleurs est devenue un élément incontournable pour optimiser la fertilité. La maîtrise de l’intervalle vêlage-vêlage est conditionnée par la mise à la reproduction le plus tôt possible des vaches, après une période d’attente volontaire. Celle-ci correspond au nombre de jours de repos après vêlage, consenti à une vache avant sa mise à la reproduction. Aussi, une détection insuffisante des chaleurs est, dans de nombreux élevages, le principal facteur de dégradation de la fécondité.
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a fécondation et le développement embryonnaire sont fortement dépendants de l’intervalle entre l’insémination et l’ovulation. C’est pourquoi, l’insémination artificielle doit être réalisée au moment optimal pendant les chaleurs.
● Cette synchronisation souligne l’importance d’une détection des chaleurs précise, et explique pourquoi, dans la plupart des troupeaux avec des problèmes de détection de chaleur, une diminution importante de la proportion d’animaux inséminés et de la proportion de femelles gravides après insémination est observée (photo 1). ● Actuellement, la taille des troupeaux laitiers augmente de façon considérable partout dans le monde, et plus particulièrement en Europe, et cette tendance se confirme pour les prochaines années. Compte tenu de cette intensification de l’élevage, associée à une augmentation de la production laitière individuelle, toutes les personnes, quelle que soit leur fonction (chercheurs, conseillers techniques et vétérinaires, chefs d’exploitation ou animalier), impliquées dans la reproduction et la gestion technico-économique de l’élevage laitier,
Geert Opsomer Aart de Kruif Département de reproduction, d’obstétrique et de santé de troupeau, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Gand, Belgique .
Traduction Nicole Hagen-Picard Département élevage Produits et santé publique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre l’importance de la détection des chaleurs. ❚ Savoir répérer le moment idéal pour une insémination artificielle.
1
Comportement spécifique de chaleur : l’acceptation du chevauchement (photo faculté de médecine vétérinaire de Gand).
doivent réfléchir aux stratégies à mettre en œuvre pour maîtriser le problème de détection des chaleurs dans les années à venir. ● L’objectif de cet article est de présenter une revue synthétique de l’importance de la détection des chaleurs, ses difficultés actuelles et futures, et de proposer un certain nombre de solutions. L’IMPORTANCE DE LA DÉTECTION DES CHALEURS ● “Si la semence reste dans la paillette, les vaches ne pourront jamais être gravides !” Ce truisme souligne clairement l’importance de la détection des chaleurs. En effet, dans la plupart des troupeaux, une mise à la reproduction tardive des vaches en postpartum constitue la principale cause des pertes économiques associées à l’allongement de l’intervalle vêlage-vêlage. ● La plupart des vaches laitières hautes productrices sont cyclées et devraient donc être vues en chaleur, même si celles-ci ont une reprise d’activité ovarienne retardée en raison de leur balance énergétique négative (1ere augmentation des concentrations de progestérone à 37 jours post-partum) [4], au moment où les éleveurs devraient commencer à inséminer (approximativement à partir de 50 à 60 jours post-partum). ● Les événements biologiques qui conditionnent le moment de l’insémination artificielle et la fécondation sont la durée de vie des gamètes (spermatozoïdes et ovocyte), le temps de transport des spermatozoïdes,
Essentiel ❚ La durée de vie des gamètes, le temps de transport des spermatozoïdes du lieu de dépôt de la semence jusqu’au site de la fécondation et le moment de l’ovulation par rapport à l’insémination, conditionnent le moment de l’insémination artificielle et de la fécondation. ❚ L’immobilisation au chevauchement, signe comportemental spécifique des chaleurs, est un bon indicateur du moment de l’ovulation. ❚ L’asynchronisme entre le moment de l’insémination et le moment de l’ovulation affecte le taux de fécondation, et la qualité des embryons.
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PP 35-39 Detection chaleurs comportement
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la détection des chaleurs chez la vache laitière du comportement au conseil Cet article synthétise les récentes connaissances sur l'évolution de l'expression des chaleurs dans les conditions actuelles d’élevage. Les avantages et les limites des aides à la détection sont replacés dans ce contexte.
L
a détection des chaleurs, ou plus exactement la détection des ovulations, est le facteur le plus important pour obtenir des performances satisfaisantes de reproduction en troupeau laitier. Celle-ci est souvent difficile. L’abondante littérature disponible sur ce sujet permet de dégager une hiérarchie des facteurs jouant sur l'ensemble des performances de reproduction. ● Ainsi, au plan individuel, les performances de reproduction sont altérées par : - l’existence d’une affection génitale postpartum ; - une baisse de la détection des chaleurs ; - une augmentation du niveau de production laitière ; - une alimentation inadéquate, énergétique notamment, avant et après le vêlage. ● Au niveau du troupeau, sauf dans le cas d'une fréquence anormalement élevée de métrites, la hiérarchie des facteurs est un peu différente : - une baisse de la détection des chaleurs ; - l’augmentation du niveau de la production laitière et une alimentation inédéquate sont au même niveau et sont généralement combinées ; - des affections post-partum [9]. ● La détection des chaleurs résulte de la combinaison de l'expression par les vaches de signes comportementaux accompagnant les ovulations, et de leur observation par l'éleveur. L'éleveur ne peut observer des chaleurs, que s'il y a des comportements à observer ; donc que les vaches ovulent, que les ovulations soient accompagnées de signes comportementaux, et que les comportements soient visibles par l'Homme. ● Enfin, pour que l'observation soit bonne, l'éleveur doit avoir "l'œil sur les vaches" et disposer du temps nécessaire à l'observa-
Catherine Disenhaus Agrocampus Rennes E.N.S.A. 65, rue de St Bireuc 35402 Rennes Cedex
Objectif pédagogique ❚ Connaître les avantages et les inconvénients des aides à la détection des chaleurs.
NOTE * cf. l’article “La détection des chaleurs : quels sont les problèmes rencontrés chez les vaches laitières hautes productrices ?” de G. Opsomer et coll. dans ce numéro.
1
Les détecteurs de chevauchements sont très utiles au pâturage où les acceptations du chevauchement sont fréquentes mais l’éleveur souvent absent (photo L. Delaby, domaine expérimental I.N.R.A. du Pin au Haras).
tion de ses animaux. Le temps disponible de l'éleveur pour chacune de ses vaches décroit avec l’augmentation du troupeau, et le souci des éleveurs de gérer leur temps de travail dans des exploitations de plus en plus importantes (photo 1).* ● Au cours des 30 dernières années, certaines évolutions des systèmes d'élevage auraient pu être favorables à l'expression des chaleurs comme la proportion grandissante de stabulations libres en aire paillée ou l'augmentation du nombre de jours de pâturage [11]. Mais dans le même temps, les vaches, elles-mêmes, ont beaucoup évolué. Dans les élevages, la race Prim'Holstein est devenue très largement dominante avec l’accroissement du potentiel et de la productivité laitière. COMMENT DÉFINIR LES CHALEURS ? Par définition, l'œstrus est l'ensemble des modifications comportementales précédant et/ou accompagnant l'ovulation. ● La plupart des références comportementales couramment utilisées ont été établies entre 1970 et 1980 [7]. Dans ces études, les chaleurs étaient définies comme la période entre le premier et le dernier comportement spécifique : l'acceptation du chevauchement ou le chevauchement d'une autre vache (par l'avant). ● Devant la persistance des difficultés des éleveurs à repérer cette acceptation du chevauchement, Agrocampus-Rennes et l'I.N.R.A. ont réalisé, depuis 7 ans, un ●
Essentiel ❚ La détection des chaleurs résulte de la combinaison de l'expression par les vaches de signes comportementaux qui accompagnent les ovulations, et de leur observation par l'éleveur. ❚ Chaque vache en œstrus se déplace significativement plus et reste moins longtemps couchée, que cette même vache en phase lutéale. ❚ Le principal facteur de variation de l'acceptation du chevauchement est la présence d'au moins une autre vache en chaleurs.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 215
PP 40-44 Conduite therapeutique
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conduite thérapeutique Fabienne Constant Laure Deguillaume Sylvie Chastant-Maillard Unité de Reproduction Animale E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex
Objectif pédagogique ❚ Connaître les traitements des endométrites et des kystes ovariens.
lors d’infertilité individuelle chez la vache Le praticien est souvent démuni face à une demande forte de l'éleveur qui souhaite faire reproduire sa vache. La mise en place d’un traitement individuel de l’infertilité doit reposer sur un diagnostic étiologique.
L Définitions ❚ Infécondité : incapacité d’une femelle de mener à terme une gestation. ❚ Infertilité : incapacité temporaire d’une femelle à produire des ovocytes fécondables.
es causes d'infécondité chez la vache sont nombreuses, souvent mal connues et difficiles à diagnostiquer. Dans ces conditions, un traitement adapté à l'étiologie est en général difficile à mettre en place. ● L'infécondité, en particulier l’infertilité, pose de plus en plus de problèmes, surtout en élevage laitier où une baisse d’un point du taux de non retour en 1ère insémination par an, est observée depuis 20 ans (cf. définitions). ● L’endométrite chronique est une cause majeure d’infertilité. Chez les vaches laitières surtout, les kystes ovariens sont une composante forte de l’infécondité. ● Cet article passe en revue successivement les traitements de ces deux affections. Il décrit ensuite les traitements des autres causes supposées de l'infertilité.
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Ecoulement vaginal purulent lié à une endométrite chronique clinique (photo F. Constant).
COMMENT TRAITER LES ENDOMÉTRITES CHRONIQUES
Essentiel ❚ Plus les endométriques chroniques sont traitées précocement, plus la guérison est rapide et efficace.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 220 - FÉVRIER / AVRIL 2008
Il est conseillé de traiter les endométrites chroniques cliniques le plus précocement possible, car le délai pour obtenir la guérison est d’autant plus court que le traitement est précoce (photos 1, 2). ● Deux stratégies thérapeutiques sont possibles : - favoriser l’élimination des bactéries en renforçant les contractions utérines par la prostaglandine F2-α (PGF2-α) ; - réduire la population bactérienne en utilisant un antibactérien in utero. ● De nombreuses études avec un vrai groupe témoin (vaches atteintes d’endométrites et non traitées) ont montré que ces deux traitements ont un intérêt médical et économique [14, 15, 22]. Dans ces études, les deux traitements avaient la même efficacité. ●
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Il est conseillé de traiter les endométrites chroniques cliniques le plus précocement possible (photo O. Pasquin).
Récemment, il a également été montré que ces traitements offrent un intérêt pour des vaches avec une endométrite subclinique (vaches apparemment saines, mais avec un taux de granulocytes polynucléaires neutrophiles dans l’endomètre élevé) [13]. La prostaglandine F2-α et ses analogues ● La PGF2-α et ses analogues provoquent des contractions utérines par une action directe sur la musculature lisse du myomètre, quelle que soit la phase du cycle [12]. Néanmoins, l’intérêt de la PGF2-α est principalement indirect, il réside dans son action
PP 46-50 Taureau
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le taureau de monte naturelle
“mâle aimé” ou mal-aimé ? Olivier Gérard Département R&D Service andrologie et technologie de la semence U.N.C.E.I.A. 13, rue Jouët 94704 Maisons-Alfort cedex
Objectifs pédagogiques ❚ Savoir diagnostiquer une infertilité chez le taureau. ❚ Appréhender le taureau dans son environnement.
NOTE * D’après les statistiques de la Mutualité sociale agricole, les accidents dus au taureau sont la 2e cause de mortalité pour les éleveurs après les accidents d’engins agricoles.
Essentiel ❚ Souvent les taureaux de races allaitantes présentent une libido moins développée que ceux des races laitières. ❚ L’examen macroscopique et miscroscopique du sperme est indispensable pour objectiver la qualité du sperme.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 226 - FÉVRIER / AVRIL 2008
Peu abordés en pratique vétérinaire, les problèmes d’infertilité du taureau doivent être diagnostiqués selon une démarche sémiologique complète.
A
nimal sacré par excellence dans l'Egypte antique, le taureau était symbole de force physique, de fertilité et de puissance sexuelle ; sa queue était l'un des attributs des pharaons. Attaché à la ceinture du roi tel un trophée, il offrait à celui-ci la puissance de l'animal sacré. L’élevage moderne a eu raison de cette image de “mâle aimé”. ● En France, la population de taureaux de monte naturelle est estimée à environ 100 000 têtes pour un cheptel de 8 millions de femelles. ● Sa réputation d’animal dangereux* en a fait un mal-aimé. Pourtant, son importance zootechnique est indéniable, surtout en production allaitante. Il demeure actuellement méconnu et trop souvent négligé. ● Cet article donne quelques pistes diagnostiques au praticien face à un taureau suspecté d’infertilité. L’approche du taureau infertile en exploitation doit être menée de façon globale et cohérente en intégrant quatre éléments déterminants : - l’individu et son intégrité physique ; - son comportement en fonction de son environnement ; - l’intégrité de son appareil génital ; - la qualité de son sperme. VÉRIFIER LES APLOMBS ET LA LOCOMOTION
● De mauvais aplombs, des douleurs dorsolombaires liées à l’âge ou à des traumatismes antérieurs, une parésie spastique avancée qui se traduit par des jarrets droits voire inversés, constituent autant de freins au chevauchement et à la saillie. Les pieds doivent également être sains et sans lésion génératrice de douleur lors de la monte (cerise, limace, fourbure, …). ● La 1ère approche du taureau consiste donc à le faire marcher en liberté sur un sol
46
1
Anneau nasal associé à une têtière pour la contention du taureau (photo U.N.C.EI..A.).
plan, souple (sable, terre battue ou herbe) et stable sur lequel il se sent en confiance, afin d’apprécier la qualité des aplombs. En cas de boiterie, l’animal est placé dans une cage de contention afin d’examiner les pieds. ● Une affection du rachis est suspectée si, malgré une bonne préparation sexuelle et une libido marquée, le taureau refuse la monte et/ou le coup de rein. ● Les lésions lombaires ne sont pas la seule cause de refus du saut. Parfois, une douleur abdominale liée à une plaie, à un hématome situés sur le fourreau, ou plus souvent à un vieil abcès ombilical, ou encore des omphalites et des vésiculites mal soignées ou trop tardivement peuvent provoquer ce refus. Un abcès persiste en effet, se réveille sur des taureaux adultes et empêche le saut. ÉVALUER LA LIBIDO ET LE COMPORTEMENT SEXUEL Même si les caractéristiques du sperme restent satisfaisantes, la fertilité est affectée en cas de mauvaise libido. La libido constitue en effet, un aspect essentiel de la fonction de reproduction chez le taureau. Son absence peut être héréditaire ou d’origine psychologique, résulter de dérèglements endocriniens ou être liée à des facteurs environnementaux. ● De manière générale, les taureaux de races allaitantes présentent une libido moins développée que ceux des races laitières, mais les variations individuelles au sein d’une même race sont marquées. ●
PP 51-56 castration du porcelet
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résultats originaux
les alternatives
à la castration chirurgicale chez le porcelet les implications pour le vétérinaire La castration chirurgicale des porcs mâles évite les défauts d'odeurs des viandes. Pratiquée sans anesthésie, cette méthode est douloureuse et contestée, si bien que la règlementation pourrait évoluer progressivement vers son interdiction. Comment les éleveurs qui castrent habituellement les porcs mâles peuvent-ils faire face à cette situation ? Quelles alternatives sont envisageables et quelles seraient les conséquences pour les vétérinaires praticiens ou pour la direction des services vétérinaires ?
Armelle Prunier Michel Bonneau U.M.R. I.N.R.A. Agrocampus-Rennes Systèmes d'Élevage Nutrition Animale et Humaine 35590 Saint Gilles
Objectif pédagogique ❚ Connaître la méthodologie, les intérêts et les inconvénients des techniques alternatives à la castration chirurgicale des porcelets. 1
Arrière-train d’un porcelet âgé de 5 jours juste avant de subir la castration (photos A Prunier).
A
u Royaume-Uni, en Irlande, au Portugal et en Espagne, l’élevage de porcs mâles non castrés est une pratique courante alors que dans la plupart des autres pays européens, les porcs mâles sont habituellement castrés pour protéger les consommateurs contre les odeurs sexuelles des viandes. Ces odeurs résultent de l’accumulation dans les graisses de deux composés malodorants : l’androsténone synthétisée par les testicules, et le scatol qui résulte du métabolisme du tryptophane dans le gros intestin mais dont la dégradation est contrôlée par les hormones sexuelles. ● En France, la méthode habituelle consiste à réaliser une ablation chirurgicale des testicules sans anesthésie, théoriquement avant 8 jours d’âge mais souvent plus tard (photos 1, 2). Au nom du bien-être animal, cette pratique douloureuse pour les animaux, est remise en cause [9, 11]. ● Des restrictions existent déjà. Ainsi, la directive européenne 2001/93/EC autorise la castration chirurgicale sans anesthésie seulement jusqu’à 7 jours d’âge dans les pays de l’UE. - En Norvège, la loi prévoit l’interdiction de la castration à partir de 2009, et a prohibé sa pratique sans anesthésie depuis 2002. - En Suisse, la loi prévoit d’interdire la castration chirurgicale sans anesthésie à partir de 2009.
2
Arrière-train d’un porcelet âgé de 25 jours qui a été castré 18 jours plus tôt.
- En Belgique et aux Pays-Bas, un accord a été signé entre les organisations de protection animale et les représentants des producteurs pour interdire à terme la castration, avec comme étape, la castration sous anesthésie. ● Cet article passe en revue les techniques alternatives à la castration chirurgicale sans anesthésie et évalue les conséquences pour les vétérinaires. LES TECHNIQUES ALTERNATIVES À LA CASTRATION CHIRURGICALE SANS ANESTHÉSIE
Essentiel ❚ L’anesthésie locale à la lidocaïne réduit efficacement la douleur de la castration chirurgicale. ❚ L’immunocastration est un substitut efficace à la castration chirurgicale. ❚ La sélection génétique et l’adaptation des modes d’élevage pourraient permettre d’éviter la castration.
La castration chirurgicale sous anesthésie générale La plupart des méthodes d'anesthésie générale, par injection (kétamine, par exemple) ou par inhalation (isoflurane ou halothane par exemple), sont difficiles à pratiquer
●
PORCS- VOLAILLES
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 231
PP 57-60 Enjeux eco porc
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enjeux économiques
résultats originaux
prix de l’aliment
et prix du porc Hervé Marouby Michel Rieu
2007, une année de rupture
Pôle économie I.F.I.P. Institut de la filière porcine 34, boulevard de la Gare 31500 Toulouse
Malgré quelques signes avant-coureurs, la brutalité de la hausse du prix des aliments pour les animaux a pris le monde de l’élevage au dépourvu. La filière porcine est particulièrement touchée puisque, en 2007, le prix du porc a baissé et n’a montré aucun signe d’ajustement à ce contexte perturbé. L’année 2007 traduit donc une rupture brutale par rapport aux années passées, et 2008 verra vraisemblablement cette tendance s’accentuer.
L
es principaux déterminants (prix du porc, coût de revient) des résultats économiques de l’élevage porcin français ont suivi, depuis le début des années 90, des tendances relativement régulières compte tenu de l’évolution brutale survenue en 2007 (figure 1). ● Entre 1990 et 2006, le prix du porc acheté à l’éleveur a baissé tendanciellement de 20 p. cent à la production, avec des fluctuations importantes chaque année, dues au cycle de production (tableau).
Figure 1 - Prix et coût de production du porc 1990-2007 (Source Institut de la filière porcine - I.F.I.P.)
Objectif pédagogique
€/kg
Prix du porc acheté
1,60
❚ Comprendre la hausse du prix de l’aliment pour les porcs et son impact sur les coûts de production.
Coût total
1,20 Coût alimentaire
0,80
Charges non alimentaires
Essentiel
0,40 1990
1993 1996
1999
2002 2005
2008
❚ Entre 1990 et 2006, la diminution des prix de l’alimentation du porc, et l’amélioration de la productivité dans les élevages porcins, ont permis de faire baisser de 20 p. cent le prix du porc. ❚ En 2007, le prix de l’aliment pour les porcs a augmenté, de près de 30 p. cent : 14 p. cent au 1er semestre, et 49 p. cent au 2nd semestre, par rapport aux mêmes périodes de 2006.
Dans le même temps, le coût de revient du kilo de porc a lui aussi diminué de façon assez régulière : la décroissance totale atteint presque 16 p. cent. ● Cette différence entre le prix du porc et le coût de revient est faible, mais elle traduit les effets de la compétition internationale qui soumet les éleveurs français à une concurrence qui s’accroît et qui pèse sur la rentabilité. ● Le coût de l’aliment pour les porcs a diminué de 23 p. cent durant la même période. Cette évolution combine des tendances divergentes (figure 2). - Le prix du blé a baissé de près de 40 p. cent entre 1990 et 2006, surtout dans les
Tableau - Évolution des prix en production porcine en France selon les tendances 1990/2006 et les valeurs observées en 2007 (source I.F.I.P. d’après G.T.E. - gestion technico-économique)
Tendance 2006/19901
Valeurs observées Valeurs Valeurs observées 2006 tendancielles 20074 2007
Tendances 2007/valeurs observées 2007
●
Prix du porc2
- 20 %
1,39 €
1,22 €
1,25 €
+
●
Prix de l'aliment du porc charcutier en €/tonne
- 23 %
158 €
151 €
204 €
++++
●
Coût de revient total3
- 16 %
1,22 €
1,21 €
1,36 €
+++
●
Coût alimentaire3
- 26 %
0,70 €
0,68 €
0,83 €
+++
●
Charges hors aliment3
+3%
0,52 €
0,53 €
0,53 €
-
NOTES 1. Évolution de 1990 à 2006, en monnaie courante, mesurée sur les valeurs tendancielles appréciées par une régression linéaire. 2. Prix moyen du porc charcutier en carcasse perçu par les producteurs, toutes qualités (source G.T.E. et estimations I.F.I.P.).
COMPRENDRE ET AGIR
3. Coût de revient naisseur-engraisseur d'un kilo de porc (estimation I.F.I.P., d'après G.T.E.Tableau de Bord). 4. Selon le calcul sur la période d’évolution 1990-2006.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 237
PP 61-66 Paratuberculose bovine A. Delafosse
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dépistage et diagnostic le contrôle
résultats originaux
de la paratuberculose bovine dans l’Orne : évaluation de la P.C.R. et de la sérologie
Une étude a été menée dans 10 cheptels ornais, reconnus infectés par Mycobacterium paratuberculosis, afin de déterminer l’intérêt relatif de la coproculture, de la sérologie E.L.I.S.A. et de la P.C.R. En parallèle, une étude sérologique a été réalisée sur un échantillon représentatif du cheptel allaitant ornais pour évaluer la prévalence de la paratuberculose dans cette population.
L
a paratuberculose est provoquée par la multiplication de Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis dans la muqueuse intestinale, à l’origine d’une entérite chronique associée à un amaigrissement progressif qui conduit à la mort. Elle revêt une importance économique considérable pour les éleveurs de ruminants (coût estimé entre 200 et 250 millions de dollars annuels pour l’industrie laitière américaine [13]). ● Cette affection chronique entraine des baisses de production importantes chez les bovins, les ovins ou les caprins (photo 1). ● Les pertes économiques d’un bovin atteint d’une paratuberculose clinique concernent : - la diminution de la production laitière annuelle (estimée à 15-25 p. cent pour une vache laitière) ; - le coût des soins et des analyses ; - les pertes économiques liées à l’élimination de la descendance femelle ; - le manque à gagner lié à la réforme prématurée des animaux excréteurs, à la réforme des animaux atteints de mammites ou de problèmes de fertilité ; - la difficulté ou l’impossibilité d’accès à certains débouchés commerciaux (vente de reproducteurs, exportation). ● C’est dans ce contexte que plusieurs études ont été réalisées afin d’améliorer la gestion technique et financière de cette affection dans le département de l’Orne. ● Après une présentation de la situation épidémiologique dans l’Orne et de la démar-
Arnaud Delafosse François Hanoy Groupement de Défense Sanitaire de l’Orne BP 138 - 61004 Alençon
Objectifs pédagogiques ❚ Apprécier l’intérêt relatif des outils diagnostiques disponibles dans le cadre du programme de contrôle de la paratuberculose bovine dans l’Orne. ❚ Évaluer la prévalence de la paratuberculose bovine en cheptel allaitant dans l’Orne.
1
La paratuberculose a des conséquences économiques importantes en élevage (photo A. Delafosse).
che entreprise pour améliorer la gestion technique et financière de la paratuberculose, les matériels et méthodes sont décrits dans l’encadré 1, les résultats de cette étude sont ensuite discutés. LA SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE En France La prévalence sérologique de la paratuberculose chez les bovins en France serait comprise entre 0,02 p. cent et 4,57 p. cent, en fonction des régions [16]. Cette affection est particulièrement répandue dans les zones où les conditions climatiques (température, humidité) favorisent la survie du germe, comme en Basse-Normandie, région caractérisée par un climat océanique tempéré et humide. ● Avec la disparition en 2004 du seul vaccin commercialisé en France, le principal moyen de lutte contre la paratuberculose est un programme fondé sur le dépistage et l’élimination des animaux positifs, associé en élevage à la mise en œuvre de mesures destinées à prévenir la contamination des jeunes, plus sensibles à l’infection [6]. Pour être efficace, ce programme de contrôle doit être poursuivi pendant plusieurs années (5 à 10 ans). Il est donc très coûteux et ne peut être financé sans l’appui de fonds mutualisés gérés par les Groupements de Défense Sanitaire départementaux. ●
Essentiel ❚ Dans l’état actuel de son développement, la P.C.R. classique n’est pas fiable pour le diagnostic de la paratuberculose bovine. ❚ La sérologie E.L.I.S.A. est globalement moins sensible que la coproculture, notamment sur les jeunes animaux, mais sa sensibilité augmente sur les bovins fortement excréteurs. ❚ Près d’un cheptel allaitant sur deux est infecté. Une réforme des bovins positifs devrait permettre d’assainir les cheptels à faible coût.
COMPRENDRE ET AGIR
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 241
PP 67 couv FMC Vet
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Page 1
FORMATION MÉDICALE
CONTINUE VÉTÉRINAIRE FMCvét comprendre l’épidémiologie
2e série d’articles
l’interprétation des résultats d’analyses 1. la sensibilité et la spécificité d’un test
revue internationale un panorama des meilleurs articles
par Bernard Toma
Des analyses sont fréquemment utilisées, tant en médecine vétérinaire, qu’en médecine humaine, pour dépister une maladie ou aider à établir son diagnostic. Elles s’avèrent donc un outil précieux du dépistage et du diagnostic que le progrès scientifique a beaucoup perfectionné, notamment au cours des dernières décennies, et auquel les praticiens ont de plus en plus recours. Toutefois, comme tout ce qui peut conduire à la conclusion : “Positif” ou “Négatif”, elles ne sont pas à l’abri de défaillances et, par conséquent, l’interprétation de leurs résultats nécessite le respect de précautions destinées à limiter les erreurs “par excès” et les erreurs “par défaut”. Cette série d’articles est destinée à fournir les éléments de base permettant d’interpréter de façon pertinente les résultats d’analyses, tant au plan individuel que collectif, et d’en comprendre les valeurs prédictives. Elle permettra donc de rencontrer successivement : - les qualités intrinsèques d’un test, à savoir sa sensibilité et sa spécificité, évaluées au plan d’un sujet ; - la notion de valeur prédictive d’un résultat, soit positif, soit négatif, c’est-à-dire la confiance que l’on peut avoir en présence de ces résultats ; - l’interprétation des résultats, non plus au plan individuel, mais au plan collectif d’un troupeau, notion capitale en médecine vétérinaire, notamment pour les animaux de rente. Page 69
Page 80 Sous la direction de François Schelcher et Henri Siegers, avec Sébastien Assié et Didier Raboisson
- Incidence des mammites cliniques dans les fermes laitières au Canada par Florent Lepigeon (E.N.V.N.)
- Transmission horizontale de Mycobacterium avium paratuberculosis : transmission de l’infection entre veaux par Frédéric Rollin (E.N.V.T.)
- Traitement par voie systémique des mammites subcliniques
étude de cas de l’internat
chez les vaches en lactation avec le iodhydrate de pénéthamate
traitement chirurgical de la parésie spastique par triple ténectomie de Pavaux
par Marie-Anne Lefol (E.N.V.N.)
- Pathologie placentaire associée à une mort fœtale
chez un veau :
lors d’inoculation de Neospora caninum durant la première partie de la gestation des bovins
intérêt de la rachianesthésie par Florent Lepigeon, Raphaël Guatteo, Delphine Holopherne, Sébastien Assié
par Frédéric Rollin (E.N.V.T.)
- Facteurs associés à l’utilisation collective systématique d’antibiotiques
synthèse
stress thermique
chez les porcs charcutiers dans une zone de forte densité d’élevages porcins
en période caniculaire comment adapter les bâtiments d’élevage des bovins par Didier Raboisson, Marie Martorello, François Schelcher
par Catherine Belloc (E.N.V.N.)
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 247
PP 69-72 Epidemio
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Page 69
comprendre l’épidémiologie l’interprétation
des résultats d’analyses 1. la sensibilité et la spécificité d’un test Dans cette série d’articles, on entend par “test”, toute méthode d’analyse utilisée en médecine, tant au laboratoire que par un praticien, qui permet de faciliter le diagnostic d’une maladie ou d’en assurer le dépistage.
L
a notion essentielle, pour un praticien qui reçoit une réponse “Positive” ou “Négative” d’un laboratoire qui a effectué une analyse, est de savoir quelle est la confiance qu’il peut accorder à ce résultat. Le sujet qui a fourni une réponse positive au test est-il réellement atteint ? Quel est le risque pour qu’il soit simplement “Positif” mais, en fait, indemne de la maladie suspectée ou recherchée ? Le sujet qui a fourni une réponse négative au test, est-il réellement indemne de la maladie ? Quel est le risque pour qu’en fournissant une réponse négative il soit, en fait, déjà infecté ? ● Ces questions sont centrées sur les valeurs prédictives d’un résultat positif et d’un résultat négatif d’un test. ● Afin de pouvoir y répondre, il convient d’abord de préciser quelques définitions relatives à la fiabilité du résultat d’une analyse, puis d’évoquer les qualités (et les défauts) d’un test, quel qu’il soit, ce qui nous conduira aux notions de sensibilité et de spécificité d’un test. DÉFINITIONS Quel que soit le test utilisé, les résultats peuvent être justes (les “vrais”) ou erronés (les “faux”). Les “vrais” et les “faux”
Pour un test donné, l’immense majorité des résultats positifs correspondent à des sujets infectés ou atteints de la maladie recherchée (les “vrais positifs”), mais certains proviennent de sujets indemnes de cette maladie (les “faux positifs”) (tableau 1). Il en est de même pour les sujets fournissant une réponse négative au test. ●
Bernard Toma Service Maladies contagieuses E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Tableau 1 - Les “vrais” et les “faux” Réalité Résultat du test
Infecté
Indemne
Positif
Vrais positifs (V. P.)
Faux positifs (F. P.)
Négatif
Faux Vrais négatifs (F. N.) négatifs (V. N.)
Ceci conduit à définir quatre catégories de sujets, numériquement très différents, les “vrais” (positifs ou négatifs), largement majoritaires et les “faux” (également positifs ou négatifs), minoritaires : - les “Vrais positifs” sont des sujets infectés (ou atteints ou malades …) qui ont fourni une réponse positive au test ; - les “Vrais négatifs” sont des sujets non infectés (ou indemnes) qui ont fourni une réponse négative au test ; - les “Faux positifs” sont des sujets non infectés (ou indemnes) qui ont fourni une réponse positive au test ; - les “Faux négatifs” sont des sujets infectés (ou malades) qui ont fourni une réponse négative au test. ● La proportion respective de ces quatre catégories de résultats (ou de sujets) détermine la confiance (fiabilité) et l’erreur liées d’une part, aux résultats positifs du test, d’autre part, aux résultats négatifs.
Objectif pédagogique ❚ Présenter de manière simple les concepts de sensibilité et de spécificité d’un test.
●
La confiance et l’erreur ● Les résultats positifs d’un test sont d’autant plus “fiables” que la proportion de vrais positifs parmi les résultats positifs est élevée (et la proportion de faux positifs, faible). ● Ceci correspond à la notion de “valeur prédictive d’un résultat positif” ou “valeur prédictive positive” (V.P.P.). Le complément de cette valeur prédictive positive correspond à l’erreur faite en considérant à tort comme infecté un sujet à réponse positive, soit l“erreur prédictive positive”.
- La “Valeur prédictive positive” (V.P.P.) est la proportion de résultats “vrais positifs” au sein de l’ensemble des résultats positifs ; - l’“Erreur prédictive positive” est la proportion de résultats “faux positifs” au sein de l’ensemble des résultats positifs ; c’est-à-dire le complément à 1 (ou à 100 p. cent) de la V.P.P. C’est donc le risque que l’on prend de se tromper par excès
Essentiel ❚ Les résultats positifs d’un test sont d’autant plus “fiables” que la proportion de vrais positifs parmi les résultats positifs est élevée. ❚ En présence d’un résultat positif ou négatif d’un test, il est important que le praticien connaisse l’ordre de grandeur de la valeur prédictive du résultat, ainsi que le niveau du risque d’erreur qu’il prend en faisant l’extrapolation : positif donc infecté, ou négatif, donc indemne. ❚ Les valeurs prédictives d’un test dépendent de sa sensibilité et de sa spécificité, mais surtout de la fréquence (prévalence) de la maladie étudiée.
FMC Vét
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 249
PP 73-76 Cas internat paresie spastique
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étude de cas de l’internat
traitement chirurgical
de la parésie spastique par triple ténectomie de Pavaux chez un veau laitier
Florent Lepigeon1 Raphaël Guatteo2 Delphine Holopherne3 Sébastien Assié2
intérêt de la rachianesthésie
1 Interne
en clinique bovine
2 Unité
de médecine des animaux d’élevage
Cette étude présente un cas clinique de “jarret droit” traité par triple ténectomie de Pavaux sous rachianesthésie. Cette technique opératoire est rapide et facile d’exécution.
L
a parésie spastique, également appelée “jarret droit”, est une affection neuromusculaire d’évolution progressive. Elle atteint plus fréquemment les jeunes bovins de race Charolaise, Prim’holstein ou Simmental française [13]. Les signes cliniques apparaissent de préférence à l’âge de 2 à 9 mois [1]. Malgré la mise en place sur le terrain, dans les cas peu accusés, de certaines médications (manganèse, lithium, vitamines, …), le traitement est uniquement chirurgical [3]. ● Plusieurs techniques ont été proposées. L’objectif est de supprimer la contraction musculaire : - soit par section totale du tendon gastrocnémien superficiel et partielle du tendon planto-perforé (ténotomie de Götze), améliorée ensuite par la résection des tendons gastrocnémiens superficiels et profonds dans sa gaine (triple ténectomie de Pavaux) ; - soit par névrectomie par résection des rameaux du nerf tibial qui innervent les chefs médial et latéral du gastrocnémien (névrectomie de Bouckaert et De Moore améliorée par Bouisset et Pavaux). ● Technique d’anesthésie locorégionale, la rachianesthésie permet l’anesthésie des membres postérieurs et de la partie caudale de l’abdomen (cf définition). Elle est utilisée chez les petits ruminants pour la castration par exemple. Son intérêt pour la cure chirurgicale des affections ombilicales chez le veau a été récemment démontré [5, 7]. COMMÉMORATIFS Un veau mâle de 3 mois de race Prim’holstein, qui pèse 95 kg, est reçu à l’École Nationale Vétérinaire de Nantes. Ce veau de génisse est né d’un vêlage dystocique. L’éleveur a rapporté une boiterie du
●
3 Unité de chirurgie, imagerie médicale, anesthésie, E.N.V.N. BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Objectifs pédagogiques
1
Profil du membre postérieur gauche avant l’intervention (photo E.N.V..N.).
membre postérieur gauche apparue lors de la mise en case collective à l’âge de 15 jours. ● L’animal est hospitalisé à 2 mois et demi car sa démarche est anormale. EXAMEN CLINIQUE
❚ Connaître le traitement chirurgical par triple ténectomie de Pavaux. ❚ Comprendre l’intérêt de la rachianesthésie.
Définition
Malgré un bon état général, l’animal est très fréquemment en décubitus sternal. Il peut cependant se relever sans difficulté notable (photo 1). ● L’examen statique de l’animal debout révèle : 1. pour le membre postérieur gauche : - l’ensemble du membre postérieur gauche est en hyperextension : il est étendu vers l’arrière et ne repose pas sur le sol ; - les muscles gastrocnémiens sont extrêmement durs ; - la mobilisation du jarret est aisée et indolore ; 2. pour les autres membres : - le membre postérieur opposé droit est porté en adduction et les deux membres antérieurs prennent appui en pince. Cette modification de posture permet de compenser l’absence d’appui sur le membre postérieur gauche : le dos est alors voussé ; - la base de la queue est relevée. ● A l’examen dynamique, le membre postérieur gauche est animé d’un mouvement de balancement pendulaire avec une phase plus rapide d’envoi vers l’arrière. ●
❚ La rachianesthésie est une technique d’anesthésie locorégionale qui consiste à injecter des substances anesthésiques dans l’espace sous-arachnoïdien (dans le liquide céphalo-rachidien).
Essentiel ❚ La rachianesthésie permet la contention de l’animal, une paralysie sous-ombilicale (bloc moteur) et une analgésie sous-ombilicale.
DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE ● Le tableau clinique est celui d’une parésie spastique, le diagnostic clinique différentiel avec les autres affections aboutissant à un membre postérieur en hyperextension, a été
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FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé FÉVRIER / AVRIL 2008 - 253
PP 77-79 Synthese stress caniculaire
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synthèse
stress thermique
en période caniculaire Didier Raboisson Marie Martorello François Schelcher
comment adapter les bâtiments d’élevage des bovins Selon de récentes études, le choix des matériaux ou des litières de couchage influence le stress thermique ressenti par les animaux, en période caniculaire. Les vaches choisissent les logettes avec litière organique ou avec tapis selon la température de l’environnement.
A
u cours des dernières décennies, des progrès conséquents ont été réalisés dans la conception des bâtiments, en particulier en élevage laitier, avec l’amélioration technologique des matériaux (tapis, matelas, …). ● Les choix des sols d’exercice et de couchage s’avèrent cruciaux, car ils interfèrent directement sur la qualité du lait (corrélation comptage cellulaire et propreté des sols), sur les pathologies podales (infectieuses) et indirectement, sur l’alimentation (ingestion) et la reproduction (manifestation des chaleurs). ● Parallèlement, l’ambiance de vie influence la production et la santé des animaux. En élevage allaitant, elle est directement liée aux troubles respiratoires. L’ambiance à l’intérieur ou à l’extérieur des bâtiments est souvent abusivement résumée à la température et à la ventilation, mais la nature des sols et des litières a aussi un impact sur les températures ressenties par les animaux. ● Le stress thermique lié à la chaleur (stress thermique caniculaire) est une préoccupation croissante chez les éleveurs laitiers, en raison des conséquences sur les productions. Aux États-Unis, l’impact financier du stress caniculaire est estimé à 900 millions de dollars annuels pour la seule filière laitière [2]. L’MPACT DU STRESS CANICULAIRE CHEZ LES BOVINS ● Les bovins supportent plus facilement les ambiances froides que chaudes (températures de neutralité thermique entre 0 et 2025°C pour un bovin ruminant), en raison de la chaleur métabolique qu’ils dégagent : environ 1/3 de l’énergie ingérée est perdue
sous forme de chaleur chez une vache en lactation. Les vaches laitières, au métabolisme intensif, sont ainsi très sensibles au stress thermique [6]. ● L’index de température-humidité (I.T.H.) est un bon indicateur du stress thermique chez les bovins, car il prend en compte à la fois la température et l’humidité ; il doit être compris entre 64 et 76 (stress caniculaire si I.T.H. > 76) avec un optimum égal à 72 [6]. Les capacités de régulation de la température corporelle des bovins sont rapidement dépassées en ambiance chaude et humide. ● Le stress caniculaire influe sur la plupart des fonctions des bovins [6, 4] : - baisse de la production lactée et de l’ingestion ; - augmentation de la température corporelle, du rythme respiratoire et du flux sanguin périphérique ; - modifications du profil hormonal (baisse de T3 et T4) et de la biochimie sanguine (alcalose respiratoire) ; - augmentation de la progestéronémie et diminution du pic de LH, des chaleurs et du taux de conception avec pertes embryonnaires ; - diminution de la production suivante pour les vaches taries, de la croissance pour les génisses et du transfert colostral pour les veaux. ● La diminution de la production, liée à la baisse d’ingestion et au détournement du flux sanguins, dépend étroitement des I.T.H. des 2 à 4 derniers jours, avec une forte tolérance vis-à-vis de la température du jour si la nuit est fraîche [6]. ● Trois stratégies permettent de minimiser les effets du stress thermique : 1. la modification des conditions environnementales, principalement l’ambiance ; 2. la sélection génétique ; 3. la modification de la conduite alimentaire (en rapport avec la baisse d’ingestion). ● L’ombre permet une diminution de 0,5°C de la température rectale des animaux, comparé à ceux placés directement au soleil (radiation). Une diminution de 10 °C est observée à l’intérieur de bâtiments métalliques isolés ou non isolés (photo 1). ● Le rafraîchissement des animaux est
Université de Toulouse Département Élevage, Produits et Santé publique E.N.V.T. 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03
Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre l’impact du stress caniculaire chez les bovins. ❚ Connaître les moyens permettant de minimiser le stress thermique et savoir choisir un type de sol en période de grandes chaleurs.
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Une diminution de la températrure ambiante de 10 °C est observée à l’intérieur de bâtiments métalliques isolés ou non isolés. (photo Pathologie des ruminants, E.N.V.T).
Synthèse d’après les articles de : - De Palo P, Tateo A, Zezza F, coll. Influence of free stall floorin on confor and hygiene of dairy cows during warm climatic conditions. J. Dairy Sci. 2006;89:4583-95. - Manninen E, de Passillé AM, Rushen J, coll. Saloniemi Preferences of dairy cows kept in unheated buildings for different kind of cubicle florring. Applied Animal Behaviour Science 2002;75:281-92.
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INCIDENCE DES MAMMITES CLINIQUES dans les fermes laitières au Canada
Objectifs de l’étude ❚ Déterminer les incidences des mammites cliniques à germe spécifique au Canada. ❚ Évaluer les relations entre ces incidences et le taux cellulaire de tank et le type de stabulation.
XJournal of Dairy Science 2007;91:1366-77 Incidence rate of clinical mastitis on Canadian dairy farms. Olde Riekerink RGM, Barkema HW, Kelton DF, Scholl DT.
Synthèse par Florent Lepigeon E.N.V.N.
● Avec 80 p. cent des pertes liées au lait écarté et à la baisse de production, les mammites sont l’affection la plus coûteuse des vaches laitières. ● La distribution géographique des agents pathogènes isolés à partir de lait de mammite clinique est variable. ● L’incidence des mammites cliniques (I.M.C.) à germe spécifique diffère selon le taux cellulaire de tank (T.C.T.) et les régions.
Matériels et Méthodes 106 troupeaux laitiers ont été sélectionnés dans 10 provinces du Canada et suivis pendant 12 mois. ● Prélèvements : - Lors de mammite clinique, les éleveurs ont prélevé de façon aseptique chaque quartier présentant des signes visibles avant de les congeler. Les signes cliniques, lésions et traitements ont été enregistrés ainsi que les dates de vêlage et d’abattage, les parités et les T.C.T. ● Analyses de laboratoire : - Les cultures bactériologiques et les identifications ont été réalisées selon les standards du Na-
Discussion et conclusion ● L’incidence des mammites cliniques (I.M.C.) de 23 p. cent est cohérente avec les valeurs des autres études réalisées (7,3 à 54,6 p. cent). L’interprétation des incidences doit prendre en compte les différences de critères de sélection, de région et de définition de mammite clinique. ● La détection des mammites cliniques par les éleveurs seuls est la principale limite de cette étude, elle peut conduire à une sous-estimation de l’I.M.C. ● La différence d’incidences entre les régions s’explique en partie par le type de stabulation prédominant. En effet, les germes contagieux (en par-
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● Analyse statistique : Les relations des I.M.C. avec les catégories de T.C.T. (faible, moyen et fort), le type de stabulation ou encore les provinces ont été testées par régression binomiale négative. I.M.C. = nombre de cas de mammites pour 36 500 jours à risque (100 vaches-années). Jour à risque = jour de production en dehors des mammites. Résultats ● 3 033 prélèvements ont été réalisés sur 3 149 mammites cliniques. Les pathogènes les plus souvent isolés étaient Staphylococcus aureus, E. coli, Streptococcus uberis et des staphylocoques coagulases négatifs. De plus, 43,9 p. cent des cultures étaient négatives et 8,6 p. cent des prélèvements contaminés.
La moyenne et la médiane de l’incidence des mammites cliniques (I.M.C.) globale étaient respectivement de 23 et 16,7 cas pour 100 vaches-années (0,7 à 97,4), avec des différences significatives selon les provinces.
●
Les auteurs ont montré : - une diminution de l’I.M.C. depuis la semaine 1 de lactation jusqu’au tarissement avec une légère élévation en semaine 45 ; - une I.M.C. plus élevée chez les primipares pendant les deux premières semaines de lactation ; - dans les élevages à T.C.T. faible et moyen, des I.M.C. à E. coli et à culture négative plus élevées et des I.M.C. à S. aureus plus faibles ; - des variations géographiques des I.M.C. ; - une I.M.C. à réservoir mammaire plus élevée en stabulation entravée et une I.M.C. d’environnement plus élevée en stabulation libre.
TRANSMISSION HORIZONTALE DE MYCOBACTERIUM AVIUM PARATUBERCULOSIS :
Objectif de l’étude ❚ Évaluer la possibilité d’excrétion de Mycobacterium avium paratuberculosis (M.A.P.) par des veaux contaminés, et leur capacité à contaminer d’autres veaux, en conditions d’élevage.
ticulier S. aureus) sont plus souvent incriminés dans les stabulations entravées, associés à des I.M.C. et des T.C.T. plus élevées. ● La distribution des germes au Canada est globalement similaire à celle trouvée dans les élevages en Europe. ● Les 43,9 p. cent de cultures négatives peuvent s’expliquer par la sensibilité des germes à la congélation des prélèvements, en particulier E. coli dont la distribution des I.M.C. est semblable à celle des I.M.C. à cultures négatives. ● Le type de stabulation et le le taux cellulaire de tank (T.C.T.) doivent être pris en compte dans la prévention et le contrôle des mammites cliniques. ❒
tional Mastitis Council. Les prélèvements sont considérés contaminés si trois espèces ou plus sont retrouvées (sauf Staphylococcus aureus ou Streptococcus agalactiae).
transmission de l’infection entre veaux La paratuberculose est une maladie inflammatoire chronique des intestins des ruminants, caractérisée par une longue période d’incubation. ● La contamination par voie orale des animaux dans leur jeune âge a lieu via les bouses, le lait ou le colostrum contaminé. Les signes cliniques de cette maladie, diarrhée sans perte d’appétit et amaigrissement, n’apparaissent qu’à l’âge adulte. ● L’excrétion du bacille est maximale lors de l’apparition des signes cliniques, mais elle peut débuter plus tôt, généralement autour de 2 ans d’âge, même si une excrétion précoce et intermittente ●
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est détectée après l’inoculation expérimentale massive de bacilles de la paratuberculose. Matériels et Méthodes Animaux : - 2 groupes (A et B) de 6 vaches infectées artificiellement à 1 semaine d’âge ; - 4 groupes (A, B, C et D) de 5 veaux (1 semaine d’âge) : naïfs vis-à-vis de Mycobacterium avium paratuberculosis (M.A.P.).
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●
Protocole expérimental :
1. Période 1 : mois 1-3 :
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revue internationale - un panorama des meilleurs articles - veaux A et B intercalés respectivement entre les vaches A et B excrétrices de M.A.P (contact étroit). 2. Période 2 : mois 4-6 : - veaux A et B mis respectivement avec les veaux C et D. 3. Période 3 : mois 7-48 : - Veaux A, B, C et D en stalles individuelles ; - insémination artificielle aux mois 36-41 et euthanasie aux mois 43-48. ● Prélèvements : - Prélèvements sanguins et de bouses toutes les 2 semaines (périodes 1 et 2), et tous les 2 mois (période 3). - Autopsie : prélèvements sur les vaches (6 segments intestinaux, contenus colique et rectal, nœuds lymphatiques (N.L.) mésentériques et iléal, tonsilles et N.L. rétro-pharyngien), et sur les fœtus (liquide amniotique, placenta, contenu de la caillette, parois intestinales). ● Analyses : - Sérologie E.L.I.S.A. et test à l’I.N.F.-γ - Culture fécale et sur prélèvements post-mortem : elle est considérée comme négative si rien n’est obtenu au bout de 6 mois avec confirmation par réaction en chaîne par polymérase (P.C.R.).
10, reprise au mois 18. - Groupe C : 2/5 veaux excrètent (contaminés par les veaux A en période 2) ; pic d’excrétion entre les mois 8 et 14 mois, arrêt au mois 14, puis reprise aux mois 26-40. - Groupe B : 4/5 veaux excrètent (contamination par les vaches en période 1, malgré l’absence d’excrétion en périodes 1 et 2). - Groupe D : 0/5 veaux excrètent (pas de contamination par les veaux B en période 2, compatible avec l’absence d’excrétion des veaux B en période 2). ● Réponse immunitaire - Groupe A et B : 1/5 veaux (A) avec réponse E.L.I.S.A. positive, 1/5 veaux (B) avec réponse I.N.F.γ positive et 2/5 veaux (A et B) avec cultures postmortem positives (veaux avec excrétion maximale). - Groupes C et D : 0/5 veaux avec réponse E.L.I.S.A., I.N.F.-γ, ou culture post-mortem positives. ● Estimation de la transmission du bacille Le nombre de nouvelles infections causées par un animal infectieux en 3 mois, est égale à R = 2,7 pour la transmission vaches-veaux (AB), et à R=0,9 pour la transmission veaux (AB)-veaux (CD).
XVeterinary Microbiology 2007;122:270-9 Horizontal transmission of Mycobacteriym avium paratuberculosis in cattle in an experimental setting : calves can transmit the infection to other calves. van Roermund HJW, Baker D, Willmsen PTJ, De Jong MCM.
Synthèse par Frédéric Rollin, interne à l’E.N.V.T.
Résultats ● Excrétion (culture) des vaches (période 1) - Groupe A : 6/6 vaches excrètent, dont 3 fortement. - Groupe B : 4/6 vaches excrètent, dont 2 fortement (2/6 vaches infectées, mais non infectieuses sur cette période) : la pression d’infection du groupe B est considérée comme 50 p. cent de celle du groupe A. ● Excrétion (culture) des veaux (périodes 1 et 2) - Groupe A : 5/5 veaux excrètent en période 1 (dont 3 à partir de J 19), et 4/5 veaux excrètent en période 2 ; pic d’excrétion à 3 mois. - Groupe B : 0/5 veaux excrètent en périodes 1 et 2. - Groupe C et D : 0/5 veaux excrètent en période 2 ● Excrétion (culture) des veaux (période 3) - Groupe A : 3/5 veaux excrètent ; arrêt au mois
Discussion et Conclusion La principale conclusion de cet essai est la possibilité pour des veaux contaminés par des vaches de contaminer à leur tour des veaux à leur contact. L’excrétion du bacille par un animal contaminé dans son jeune âge est biphasique. Une 1ère excrétion a lieu après la contamination (dès 19 jours). Elle se caractérise par un pic d’excrétion important, suivi d’un arrêt progressif de l’excrétion. Dans un 2nd temps, une excrétion a lieu lorsque l’animal est plus âgé (à partir de 2 ans), avant l’apparition de signes cliniques. ● Ainsi, un animal de moins de 2 ans doit être considéré à la fois comme po●
tentiellement réceptif et contaminant. ● En conditions d’exploitation classique, la transmission de veau à veau reste 3 fois plus faible que celle de vaches à veaux (R = 0,9 et R = 2,7). Dans les deux cas, la transmission du bacille dépend de la pression d’infestation, donc de la quantité excrétée par les animaux contaminés, et du nombre d’animaux contaminés. ● La démonstration de la transmission entre veaux de la M.A.P. peut conduire les éleveurs préoccupés par cette maladie à modifier la gestion des lots : mélange de veaux issus de l’exploitation et de veaux achetés, taille des lots, densité animale, … ❒
XJournal of Dairy Science
TRAITEMENT PAR VOIE SYSTÉMIQUE DES MAMMITES SUBCLINIQUES chez les vaches en lactation avec le iodhydrate de pénéthamate Matériels et Méthodes Animaux : - 53 élevages français (race Prim Holstein 79 p. cent, Montbéliarde 10 p. cent et autre 10 p. cent ; - 15 p. cent de vaches avec des comptages en cellules somatiques (C.C.S.) mensuels > 300 000 cell./ml au cours des 3 derniers mois et moins de 15 p. cent de mammites cliniques sévères par an. ● Critères d’inclusion : 1. Animal avec 2 des 3 derniers C.C.S. mensuels > 300 000 cell./ml, sans autre maladie nécessitant un traitement, sans mammite clinique, sans antécédents de traitement systémique et sans mammite subclinique durant la lactation en cours et la précédente. ●
2007;91:632-40
2. Quartier mammaire avec une réaction inflammatoire objectivée par un C.C.S. > 250 000 cell./ml et un seul et même agent pathogène isolé à l’issue des deux prélèvements de lait réalisés avant traitement (J-4 ou J-2 et J 0). ● Protocole : Chaque quartier est prélevé pour réaliser : - une bactériologie entre J-2 et J-4 puis à J 0, J 14, J 28 et J 60 ; - un C.C.S. à J 0, J 14, J 28 et J 60 ; - Deux lots d’animaux, traités versus témoins, ont été constitués suite à l’attribution aléatoire du traitement, constitué uniquement d’administration de Stop M® suivant l’A.M.M. (J 1 : injection de 10 g/ animal en I.M. par l’investigateur, puis J 2 et J 3 :
Systemic Treatment of Subclinical Mastitis in Lactating Cows with penethamate hydriodide. Salat O, Sérieys F, Poutrel B, Durel L, Goby L.
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revue internationale - un panorama des meilleurs articles injection de 5 g/animal en I.M. par l’éleveur). Le groupe témoin ne reçoit aucun traitement. ● Analyses : - La comparaison des lots en terme de guérison bactérienne est faite par régression logistique et celle des C.C.S. avec un test de Student.
Objectif de l’étude ❚ Evaluer l’efficacité du traitement systémique à base de iodhydrate de pénéthamate sur les vaches récemment atteintes de mammite subclinique.
Résultats
❚ Contrôler le taux cellulaire de ces vaches à court et long terme.
Le taux de guérison est défini par une bactériologie négative à J 14 et J 28 ou un isolement d’espèces bactériennes différentes entre les prélèvements. ● L’évaluation de ce taux a été réalisée sur 151 quartiers atteints issus de 92 vaches avec respectivement 46 vaches (79 quartiers) dans le lot traité et 36 vaches (72 quartiers) dans le lot témoin. ● Le taux de guérison est significativement plus ●
Synthèse par Marie-Anne Lefol, E.N.V.N.
Discussion et conclusion ● Les vaches incluses ont un rang de lactation < 3 et présentent pour la première fois une mammite subclinique récente (< 3 mois), elles ont donc une grande probabilité de guérison. ● Le taux de guérison est inférieur lors d’une atteinte par Staphylococcus aureus car 45 p. cent des souches en France sont productrices de β-lactamases. Un test préalable de résistance maximise les chances de réussite. ● Si le traitement ne permet pas un assainissement complet, il contribue cependant à une diminution temporaire de la population microbienne dans les quartiers, donc de l’influx de leucocytes dans ceux-ci. Ainsi, conclure qu’un animal est guéri sur la base de la réduction du C.C.S. un
Objectifs de l’étude
PATHOLOGIE PLACENTAIRE ASSOCIÉE À UNE MORT FŒTALE lors d’inoculation de Neospora caninum
❚ Évaluer l’impact d’une infestation par Neospora caninum dans le 1er tiers de la gestation. ❚ Décrire sa pathogénèse.
durant la première partie de la gestation des bovins Neospora caninum est un parasite protozoaire intracellulaire strict, responsable d’avortements chez les bovins. Lors de transmission verticale de la mère au veau, la majorité des veaux nés infectés n’ont pas de signes cliniques. ● Le stade de gestation semble un facteur de variation important dans la transmission de la maladie, et l’effet d’une infection en début de gestation reste mal connu. ●
XJournal of Comparative Pathology 2004;131:142-56 Placental pathology associated with fetal death in cattle inoculated with Neospora caninum by two different routes in early pregnancy. Macaldowie CN, Maley SW, Wright SE, Bartley PM, Esteban-Redondo I, Buxton D, Innes EA.
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mois après traitement surestime probablement la réalité. Une réduction du C.C.S. persistant jusqu’à 60 jours post-traitement est un bon indicateur. ● Le traitement des mammites subcliniques par l’iodhydrate de pénéthamate est économiquement profitable et permet un assainissement de plus de la moitié des vaches affectées assurant une réduction significative du C.C.S. de ces animaux. ● Le C.C.S. diminue significativement et durablement si la guérison bactériologique est complète. ● Les chances de guérison diminuent quand le nombre de quartiers infectés augmente au delà de 2 et que des souches de staphylococoques productrices de β-lactamases sont impliquées. ❒
important dans le lot traité avec : - 59,5 p. cent (47/79) des quartiers assainis quel que soit l’agent pathogène impliqué contre 16,7 p. cent (12/72) dans le lot témoin. Les taux de guérisons par agent sont respectivement de 31 p. cent pour Staphylococcus aureus, 63 p. cent pour des Staphylocoques à coagulase négatif, 56,2 p. cent pour Streptococcus uberis, 85,7 p. cent pour les autres streptocoques et 100 p. cent pour Corynebacterium bovis. - 52,2 p. cent des vaches (24/46) qualifiées d’entièrement saines après traitement (4 quartiers assainis), 10,9 p. cent (5/46) dans le lot témoin. 78,3 p. cent animaux du lot traité ont au moins un quartier assaini contre 23,9 p. cent dans le lot témoin. - Par ailleurs, 21,6 p. cent des animaux (10/46) n’ont aucun quartier assaini après traitement contre 76,1 p. cent (35/46) dans le lot non traité. ● Le taux de guérison diminue significativement (p < 0,0001) lorsque le nombre de quartiers atteints augmente. Après traitement, 72,7 p. cent des vaches avec un seul quartier atteint guérissent contre 14,3 p. cent seulement des vaches avec trois ou quatre quartiers atteints. ● Le nombre de vaches développant par la suite une mammite clinique est significativement réduit chez le lot traité. ● L’observation de l’évolution des C.C.S. est réalisée sur 72 vaches (116 quartiers) avec respectivement, 38 (61 quartiers) dans le lot traité et 34 vaches (55 quartiers) dans le lot témoin. ● À J 0, la moyenne des C.C.S. est la même dans les deux lots et égale à 27 7000 cell./ml. La moyenne des C.C.S. du lot traité est inférieure à J 14, J 28 et J 60 par rapport à J 0, alors que celle du lot témoin reste constante. Le C.C.S. des vaches traitées incomplètement assainies reste élevé même si une amélioration transitoire est observée à J 28.
Matériels et Méthodes Animaux : - 24 vaches gravides, séronégatives en néosporose, toxoplasmose, diarrhée virale bovine (B.V.D.), rhinotrachéité infectieuse bovine (I.B.R.) et leptospirose. ● Protocole expérimental : - Inoculum : 500 millions de tachyzoïtes cultivés sur cellules Véro. - Groupe 1 (n = 8) : inoculation par voie I.V. au 70e jour de gestation (J0) ; ●
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- Groupe 2 (n = 8) : inoculation par voie S.C. au 70e jour de gestation (J0) ; - Groupe 3 (n = 8): injection par voie I.V. de cellules Véro (témoin). - Euthanasie et autopsie de deux animaux par groupe à J 14, 28, 42 et 56. Résultats Température : hyperthermie pendant 10 jours avec des pics à J 2 (40,2°C) et J5 (38,8°C) (groupe 1), et pendant 11 jours avec des pics à J3 (40,2°C), et J6 (38,5°C) (groupe2) ; pas d’hyperthermie pour le groupe témoin. ● Sérologie : séroconversion en semaine 2 avec un pic d’Ac en semaine 6 (groupe 1), et en semaine 4 avec un pic d’Ac en semaine 5 (groupe 2) ; pas de séroconversion pour le groupe témoin. ● Parasitémie : 2/8 vaches du groupe 1 positive (J 2 et J 5) : vaches non gravides à J 28 et J 42 ; 0/8 vaches du groupe 2 et 3 positives. ●
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revue internationale - un panorama des meilleurs articles ● Viabilité des fœtus : - 2/2 (J 14) et 0/2 (J 28) fœtus vivants pour le groupe 1 (non gravides à J 42 et J 56) ; - 2/2 (J 14) et 1/2 (J 28, J 42 et J 56) fœtus vivants pour le groupe 2 ; - Tous les fœtus vivants pour le groupe témoin. ● Résultats histologiques et immunohistochimiques : - J 14 : Foyers de dégénérescence des villosités placentaires ; tachyzoïtes dans le mésenchyme ; inflammation des tissus maternels avec débris nécrotiques et exsudat (lésions du groupe 1 plus sévères que celles du groupe 2). - J 28 : 1. Groupe 1 : les cotylédons se détachent des caroncules utérin ; Ag de N. caninum détectés dans les cotylédons. 2. Groupe 2 : absence d’anomalies pour les fœtus vivants ; placentite sévère, avec infiltration neutrophilique, éosinophilique et détection d’Ag pour les fœtus morts. - J 42 et J 56 : 1. Groupe 1 : absence de tissus fœtaux, caroncules de taille très réduite, épithélium utérin quasiment régénéré 2. Groupe 2 : absence d’anomalies et pas d’Ag détectés pour les fœtus vivants ; restes fœtaux et
présence d’Ag dans les cotylédons pour les fœtus morts - Fœtus 1. Autolyse marquée chez tous les fœtus morts, avec Ag détectés à J 28 (groupe 1 et 2) et J 42 (groupe 2), mais pas à J 56 (groupe 2) ; 2. Pour les fœtus vivants du groupe 1 (J 14), 1/2 fœtus avec des protozoaires dans le mésencéphale, et 2/2 fœtus avec Ag détectés ; 3. Absence de lésion histopathologique et d’Ag chez les autres fœtus vivants (groupes 2 et 3). Discussion et conclusion Une infestation massive dans le 1er tiers de la gestation induit une mort du fœtus mais permet une régénération rapide de l’utérus. Ainsi, N. caninum induit à la fois des avortements autour de 4-6 mois de gestation, facile à détecter, mais aussi des avortements plus précoces ou des résorptions fœtales, cause possible d’infertilité. ● Les lésions, beaucoup plus importantes sur le placenta et les tissus fœtaux que sur les caroncules, peuvent être attribuées à des défenses maternelles plus efficaces que celles du fœtus encore naïf, ou au tropisme de N. caninum pour les cellules fœtales. La réponse ●
Synthèse par Frédéric Rollin, E.N.V.T.
immunitaire est intense au niveau des caroncules, et permet une restriction de l’infection au fœtus en provoquant rapidement la fin de la gestation. ● Aussi, lors d’une contamination massive (mimée ici par la voie I.V.), la mort du fœtus contaminé par N. caninum, apparaît comme systématique. ● En revanche, lors d’une contamination plus faible (mimée ici par la voie S.C.), la mort du fœtus a lieu une fois sur deux environ, et les fœtus vivants semblent être sains, sans lésions histopathologiques ni parasites (règle du “tout ou rien”). Ce résultat nécessite cependant d’être confirmé par des contaminations en conditions naturelles (voie orale, dose). ❒
FACTEURS ASSOCIÉS À L’UTILISATION COLLECTIVE SYSTÉMATIQUE D’ANTIBIOTIQUES
Objectifs de l’étude
chez les porcs charcutiers dans une zone de forte densité d’élevages porcins
❚ Décrire et identifier les facteurs associés à l’utilisation collective systématique d’antibiotiques dans une zone de forte densité d’élevages porcin : la Catalogne.
En raison de la préoccupation sociétale liée à l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire, il est nécessaire d’améliorer les modalités de cette utilisation. Or, peu d’informations sont disponibles concernant l’administration collective systématique des antibiotiques en élevage.
●
Cette étude a pour objectif de décrire et d’identifier les facteurs associés à cette utilisation dans une zone de forte densité d’élevages porcin : la Catalogne (Espagne). Cent-sept élevages (44 naisseurs-engraisseurs et 63 engraisseurs) ont été sélectionnés, de manière aléatoire et enquêtés entre 2001 et 2003 à propos de l’utilisation :
●
- de facteurs de croissance ; - d’antibiotiques de manière systématique (c’està-dire ayant concerné au moins 90 p. cent des animaux de l’élevage au cours des 6 derniers mois), sur les porcs charcutiers (de 8 semaines d’âge à l’abattage). Les modalités d’utilisation considérées ont été : l’antibioprophylaxie (administration d’antibiotiques sans signes cliniques), le traitement des troubles respiratoires et des troubles digestifs.
●
Les données ont été analysées à l’aide d’une méthode de régression logistique pour identifier les facteurs associés aux modalités d’utilisation. Les comportements d’utilisation ont été décrits via l’élaboration d’arbres décisionnels. ●
Résultats ● L’antibioprophylaxie était pratiquée dans 58 p. cent des élevages et dans 39 p. cent avec au moins deux antibiotiques.
Les antibiotiques le plus souvent utilisés étaient la colistine, les bêta-lactamines et les tétracyclines. L’utilisation des antibiotiques était plus fréquente dans les élevages engraisseurs que chez les naisseurs engraisseurs (Odds Ratio 11,7) et des mesures de biosécurité telles que le changement de vêtements à l’entrée de l’élevage étaient associées à une moindre utilisation des antibiotiques (OR 0,17). ● En cas de trouble respiratoire, l’utilisation de traitements collectifs associant plusieurs antibiotiques était plus fréquente dans les élevages utilisant les facteurs de croissance (OR 4,3).
XVeterinary Research 2007;38:481-92 Factors associated with routine mass antimicrobial usage in fattening pig units in a high pig-density area. Casal J, Mateu E, Mejia W, Martin M.
Discussion et conclusion ● Cette observation corrobore les résultats d’études établissant que l’interdiction des facteurs de croissance en Union européenne ne s’est pas accompagnée d’une augmentation massive de l’utilisation thérapeutique des antibiotiques.
L’analyse des trajectoires décisionnelles en matière d’utilisation des antibiotiques a conduit les auteurs à identifier des élevages, de préférence engraisseurs, ayant une attitude plus tolérante (“friendly”) vis-à-vis de l’utilisation des antibiotiques. ❒
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Synthèse par Catherine Belloc, E.N.V. N.
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Marie-Anne Lefol
une dictyocaulose
Clinique Bovine E.N.V.N. Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
chez une vache Prim’Holstein 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● Le principal signe clinique est l’emphysème sous-cutané massif. Quatre hypothèses diagnostiques sont retenues : 1. des traumatismes interne ou externe de l’appareil respiratoire, avec effraction de l’arbre aérifère : trachée, fracture costale, corps étranger d’origine réticulaire perforant le poumon, … ; 2. une bronchopneumonie “obstructive” : dictyocaulose imaginale, syndrome de détresse respiratoire aiguë consécutive à l’infection par le virus respiratoire syncytial bovin (B.R.S.V.), … ; 3. un emphysème des regains ; 4. une affection par les bactéries du genre Clostridium sp (gangrène gazeuse). ● Suite à l’examen clinique, les hypothèses de corps étranger, de dictyocaulose ou d’infection par le B.R.S.V. n’ont pas pu être exclues. Étant donné l’âge de l’animal, la probabilité d’une infection par le B.R.S.V. est faible à nulle. Les hypothèses 3 et 4 nous sont apparues moins probables car la vache n’a pas pâturé de regains, aucune plaie cutanée n’a été mise en évidence et l’emphysème sous-cutané massif est apparu en moins de 48 h.
3
Dictyocaules dans la trachée (photo Médecine des animaux d’élevage E.N.V.N).
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Remarque : Dans les hypothèses infectieuses et parasitaires retenues, la toux est habituellement un signe clinique présent.
2 Quels examens complémentaires réaliseriez-vous ? ● Lors de dictyocaulose, l’emphysème pulmonaire et la dyspnée importante sont consécutifs à l’obstruction bronchique qui surviennent lors de la phase de reproduction des parasites ou lors de la phase de croissance des stades immatures (L5) en adultes dans le cas d’infestation massive. Lors de la phase de croissance des stades immatures, les techniques de coproscopie (Baerman ou Mc Kenna) peuvent donner des résultats décevants, car le stade L1 n’est pas encore excrété (durée de la phase prépatente : 22 jours en moyenne). ● Dans ce cas, pour aboutir à un diagnostic de certitude, l’autopsie était “l’examen complémentaire” de choix compte tenu du pronostic très réservé et de l’état de l’animal. ● L’autopsie de l’animal a révélé la présence de millions de dictyocaules dans les poumons et la trachée de l’animal (photo 3). Des vers de taille différente ont été mis en évidence. Dans la trachée, les formes adultes mesuraient en moyenne 5 à 8 cm. 3 Quelle conduite adoptez-vous pour le reste du troupeau ? ● Compte tenu de la durée du cycle parasitaire (22 j en moyenne, de L3 à l’adulte), l’animal était parasité avant son arrivée dans l’élevage. Il est donc essentiel d’évaluer le risque encouru par l’introduction d’un animal excréteur potentiel de larves sur les pâtures d’un troupeau sans historique de dictyocaulose. ● Un recyclage parasitaire est possible et un épisode clinique peut se déclarer chez d’autres animaux, au minimum entre 3 et 6 semaines après la mise à l’herbe de l’animal infesté. En raison des conditions climatiques observées lors de l’apparition de ce cas (froid et sec) et de la fragilité des larves, il est peu probable que ce recyclage ait eu lieu. ● Mais le risque demeure important pour la prochaine saison de pâture (en particulier si l’hiver est doux et humide), car les larves peuvent persister dans les vers de terre présents dans le sol (hôtes paraténiques). La contamination résiduelle de la pâture pour l’année suivante peut devenir importante,
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une dictyocaulose chez une vache Prim’Holstein notamment en cas de printemps doux et humide qui favorise la multiplication du parasite. ● Il est donc nécessaire d’associer un traitement 3 semaines environ après la mise à l’herbe avec une conduite judicieuse des pâtures. Les traitements non rémanents à base de benzimidazoles nécessitent le transfert des animaux sur une pâture saine. Les traitements rémanents à base de macro-
lides (avermectines et milbémycines) ne nécessitent pas de changement de pâture, leur durée d’action assurant l’élimination des parasites et prévenant la recontamination pendant 5 à 6 semaines en moyenne. ● Il est aussi impératif de veiller à la réapparition de toux sur l’ensemble des animaux, afin d’administrer de nouveau un traitement si besoin après mise en évidence de larves L1 dans les fèces. ❒
discussion autour du cas ● Lors de dictyocaulose, l’expression de la toux au cours des différentes phases de la progression des parasites évolue. - À la fin de la migration jusqu’aux poumons (stade L 4), l’atteinte légère des alvéoles et de l’interstitium entraîne une pneumonie interstitielle avec une toux discrète rarement remarquée. - Le déplacement des parasites (mue L4 en L5) vers les bronches et les bronchioles est associé au développement d’une bronchite et d’une bronchiolite sèche, puis exudative, suite aux surinfections bactériennes. En conséquence, une toux sèche apparaît environ 16 jours post-infestation ; elle peut ensuite devenir humide ; - La reproduction des parasites adultes (apparition d’œufs et de L1) entraîne un œdème et une pneumonie avec une toux persistante et une détresse respiratoire très marquée, des râles inspiratoires sifflants en zone apicale et diaphragmatiques sont alors audibles. ● Les modalités d’infestation d’un troupeau par la dictyocaulose, sont de deux ordres :
1er cas. Introduction d’individus porteurs, excréteurs de larves - Les vaches “naïves” s’infestent en consommant de l’herbe contaminée. Un cycle parasi-
taire se produit chez ces vaches dites naïves qui vont à leur tour excréter des larves L1 (= recyclage parasitaire). - Au bout de trois cycles, la charge parasitaire produite est suffisante pour que les signes cliniques apparaissent. - Le troupeau d’accueil manifeste des épisodes cliniques environ 13 semaines après l’introduction.
2e cas. Dictyocaulose enzootique - La dictyocaulose est présente dans le troupeau sans signes cliniques, car il existe un équilibre entre la charge parasitaire et l’immunité des animaux. - L’immunité vis-à-vis des dictyocaules est précoce, et intervient dès la 4e semaine après le contact. Elle est efficace contre les formes adultes et les stades larvaires, mais reste éphémère. La réponse sérologique disparaît entre 4 et 5 mois après la fin de l’infestation. - À la mise à l’herbe, il existe une compétition entre l’acquisition de l’immunité et le développement des parasites qui peut basculer à l’avantage du parasite. Celui-ci profite de conditions climatiques telles qu’un hiver doux et humide qui favorise dès contamination résiduelle (épisode clinique possible 6 semaines après la mise à l’herbe) ou un printemps alternant périodes ensoleillées et humides après un hiver doux et humide.
Pour en savoir plus Camuset Ph. La dictyocaulose chez la vache laitière. Bulletin des G.T.V. Hors-série parasitologie des ruminants laitiers. 2004;246-9. ● Panuska C. Lungworms of ruminants. Vet Clin food Anim. 2006;22:583-93. ● Radostits OM, Gay CC, Blood DC, coll. Veterinary medicine. Saunders, 9th ed. 2000;1364-68. ●
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