NPELSA Nº38

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DOSSIER : LES MYCOPLASMOSES CHEZ LES RUMINANTS

Couv ELSA 38.qxp_Couv ELSA 19 21/12/2017 22:51 Page1

Volume 10

N°38 NOVEMBRE 2017 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

Actualités en perspective

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°38 - NOVEMBRE 2017

- Émergence du virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO) à sérotype 4 en France continentale - Chronique - Règlement européen sur la maladies animales transmissibles

Ruminants - Les principales évolutions

DOSSIER LES MYCOPLASMOSES CHEZ LES RUMINANTS LES ENTÉROCOQUES DANS LA FILIÈRE VOLAILLE

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Test clinique - Diarrhée profuse chronique chez un taureau reproducteur Blond d’Aquitaine de 4 ans - Tests de formation continue

dans la connaissance des mycoplasmes des ruminants : conséquences en matière de diagnostic et de surveillance - Les mycoplasmes dans les syndromes respiratoires chez le veau et le jeune bovin adulte - Fiche - Symptômes et lésions à Mycoplasma bovis - Fiche - Diagnostic de M. bovis - Péripneumonie contagieuse bovine et pleuropneumonie contagieuse caprine - L’Agalactie Contagieuse Caprine en France : situation épidémiologique nationale, mesures prophylactiques - Thérapeutique : évolution de l’antibiorésistance des mycoplasmes responsables de l'ACC (hors M. agalactiae)

Comprendre et agir - Cas pratiques de nutrition Ration hivernale à base de foins pour vaches laitières - Parasitologie - ”Jeunes bovins verts” et infestation par Parafilaria bovicola - Reproduction - Les phyto-œstrogènes et l’alimentation des ovins


INNOVATION ANTIPARASITAIRE

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EPRECIS 20 MG/ML SOLUTION INJECTABLE POUR BOVINS - COMPOSITION : Un ml contient : Substance active : Eprinomectine 20 mg, Excipients : Butylhydroxytoluène (E321) : 0,8 mg. ESPECES CIBLES ET INDICATIONS : Chez les bovins : Traitement des infestations par les parasites internes et externes sensibles à l’éprinomectine suivants : Nématodes gastro-intestinaux : Ostertagia ostertagi (adultes, larves L4, et L4 inhibées), Ostertagia lyrata (adultes), Ostertagia spp. (adultes et larves L4), Cooperia oncophora (adultes et larves L4), Cooperia pectinata (adultes et larves L4), Cooperia surnabada (adultes et larves L4), Cooperia punctata (adultes et larves L4), Cooperia spp. (adultes, larves L4 et L4 inhibées), Haemonchus placei ((adultes et larves L4), Trichostrongylus axei (adultes et larves L4), Trichostrongylus colubriformis (adultes et larves L4), Trichostrongylus spp. (adultes et larves L4), Bunostomun phlebotomum (adultes et larves L4), Nematodirus helvetianus (adultes et larves L4), Oesophagostomum radiatum (adultes et larves L4), Oesophagostomum spp. (adultes), Trichuris spp (adultes), Strongles pulmonaires : Dictyocaulus viviparus (adultes et larves L4). Poux piqueurs : Haematopinus eurysternus, Linognathus vituli, Solenopotes capillatus. Mouche des cornes : Haematobia irritans. Hypodermes (stades parasitaires): Hypoderma bovis, Hypoderma lineatum. Acariens : Sarcoptes scabiei var. bovis. Prévention des ré-infestations : Le produit protège les animaux traités des ré-infestations par : Trichostrongylus spp., (y compris Trichostrongylus axei et Trichostrongylus colubriformis),Haemonchus placei, Cooperia spp. (y compris Cooperia oncophora, Cooperia punctata, Cooperia surnabada), Dictyocaulus viviparus, Oesophagostomum radiatum, Ostertagia spp. (y compris Ostertagia ostertagi et Ostertagia lyrata) et Nematodirus helvetianus pendant 14 jours. Haematobia irritans pendant au moins 7 jours. CONTRE-INDICATIONS : Ne pas utiliser chez d’autres espèces animales. Ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. EFFETS INDÉSIRABLES : Des gonflements transitoires modérés à sévères au point d’injection sont très fréquents après le traitement. Comme attendu, le gonflement se résorbe dans les 7 jours, mais une induration (durcissement) peut persister pendant plus de 21 jours. Le gonflement peut être associé à une douleur légère à modérée. Cette réaction disparaît sans traitement et ne compromet pas la sécurité ou l’efficacité du médicament vétérinaire. POSOLOGIE : Voie sous-cutanée. Une administration unique de 0,2 mg d’éprinomectine par kg de poids vif, soit 1 ml de la solution pour 100 kg. TEMPS D’ATTENTE : Viande et abats : 63 jours. Lait : zéro heure. CONDITIONS DE DELIVRANCE : Liste II. USAGE VETERINAIRE. A ne délivrer que sur ordonnance vétérinaire devant être conservée pendant au moins 5 ans. Accessible aux groupements agréés pour la production bovine.

EPRECIS - AP véto 2016 DL.indd 1

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Faible volume d’injection Précision du dosage Résistant aux chocs

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3 Sommaire ELSA 38 BAT.qxp_3 Sommaire ELSA 16 21/12/2017 22:23 Page3

sommaire Plus d’informations sur www.neva.fr

Volume 10

N°38 DOSSIER

Ce N° comporte une édition spéciale Utilisation d’un test Ostertagia dans le lait de tank

LES MYCOPLASMOSES CHEZ LES RUMINANTS Les entérocoques dans la filière volaille

Test clinique - Diarrhée profuse chronique chez un taureau reproducteur Blond d’Aquitaine de 4 ans Laetitia Icher, Nicolas Herman, Marie-Noelle Lucas, Enrico Martinelli, Hervé Cassard, François Schelcher, Vincent Herry

Éditorial Didier Calavas

4 5

ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Émergence du virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO) à sérotype 4 en France continentale Stéphan Zientara, Corinne Sailleau, Cyril Viarouge, Emmanuel Bréard - Chronique - Le Règlement européen sur la maladies animales transmissibles se précise Zénon

6 7

RUMINANTS Dossier : Les mycoplasmoses chez les ruminants - Les principales évolutions dans la connaissance des mycoplasmes des ruminants conséquences en matière de diagnostic et de surveillance Florence Tardy, Patrice Gaurivaud, Chloé Ambroset, Xavier Nouvel, Christine Citti 9 - Les mycoplasmes dans les syndromes respiratoires chez le veau et le jeune bovin adulte Claire Becker, Renaud Maillard, Sébastien Assié, François Poumarat, Florence Tardy, Marie-Anne Arcangioli 19 - Fiche - Symptômes et lésions à Mycoplasma bovis Claire Becker, Renaud Maillard, Sébastien Assié, François Poumarat, Florence Tardy, Marie-Anne Arcangioli 26 - Fiche - Comment diagnostiquer M. bovis Claire Becker, Renaud Maillard, Sébastien Assié, François Poumarat, Florence Tardy, Marie-Anne Arcangioli 27 - Péripneumonie contagieuse bovine et pleuropneumonie contagieuse caprine situation mondiale, risque et surveillance en France Patrice Gaurivaud, Lucia Manso-Silvan, François Poumarat, Pascal Hendrikx, François Thiaucourt, Florence Tardy 29 - L’Agalactie Contagieuse Caprine en France : situation épidémiologique nationale mesures prophylactiques Dominique Le Grand, Jaquemine Vialard, Michael Treilles, Florence Tardy, François Poumarat 37 - Thérapeutique : évolution de l’antibiorésistance des mycoplasmes responsables de l'Agalactie Contagieuse Caprine (hors M. agalactiae) François Poumarat, Jaquemine Vialard, Dominique Le Grand, Florence Tardy 42

revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius

VOLAILLES

(CAB International)

• Veterinary Bulletin

- Les entérocoques dans la filière volaille Benoît Sraka, Mathieu Pinson

(CAB International)

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• CAB Abstracts Database

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

COMPRENDRE ET AGIR - Cas pratiques de nutrition - Ration hivernale à base de foins pour vaches laitières Francis Enjalbert - Parasitologie - ”Jeunes bovins verts” et infestation par Parafilaria bovicola : enquête cas-témoin en élevage Julien Enfrein, Nicolas Oudot, Anne Lehébel,

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(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

Nadine Brisseau, Christophe Chartier

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ACTUALITÉS

- Reproduction - Les phyto-œstrogènes et l’alimentation des ovins quelle influence sur la reproduction ? Xavier Nouvel

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RUMINANTS

- Revue de presse internationale Reproduction - Impact de la méthode de diagnostic de gestation sur la mortalité embryonnaire et l’apparition d’anomalies congénitales Synthèse rédigée par Anne Relun - Test clinique - Les réponses

69 70

- Tests de formation continue - Les réponses

75

Études, synthèses et observations originales

Souscription d’abonnement en page 74 et sur www.neva.fr

VOLAILLES COMPRENDRE ET AGIR FMC Vét

3

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 3


Test clinique Q n°38 BAT.qxp_mise en page 20/12/2017 20:04 Page1

disponible sur www.neva.fr NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

Conseil scientifique Xavier Berthelot (E.N.V.T), Didier Calavas (Anses), Marc Gogny (Oniris), Arlette Laval (Oniris), Marc Savey (Anses), François Schelcher (ENVT), Henri Seegers (Inra),

Rédacteurs en chef scientifiques Sébastien Assié (Oniris) Nicole Picard-Hagen (ENVT)

Guillaume Belbis (ENVA) Didier Raboisson (ENVT)

Comité de rédaction Marie-Anne Arcangioli (Pathologie ruminants, VetAgro Sup) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Beaudeau (Gestion de la santé animale, Oniris) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, Oniris) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, Oniris) Alain Chauvin (Parasitologie, Oniris) Alain Bousquet-Melou (pharmacologie, ENVT) Alain Douart (Pathologie des ruminants, Oniris) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Jean-Yves Madec (Anses, Lyon) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann (Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Xavier Nouvel (Reproduction, E.N.V.T.) Frédéric Rollin (Fac Med Vet Liège) Caroline Prouillac (Toxicologie, VetAgro Sup) Jean-Louis Roque (praticien) Christophe Roy (praticien) Olivier Salat (praticien) Pascal Sanders (Anses, Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stéphan Zientara (Anses, Inra., ENVA) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 60 € Institutions : 120 € T.T.C. SARL au capital de 7622€

diarrhée profuse chronique chez un taureau reproducteur Blond d’Aquitaine de 4 ans Laetitia Icher1, Nicolas Herman1

À

l’automne 2016, un taureau de race Marie-Noelle Lucas1,2 Blonde d’Aquitaine, âgé de 4 ans, est Enrico Martinelli1, Hervé Cassard1 François Schelcher1, Vincent Herry1 référé au service de pathologie des 1. Pathologie des Ruminants, ENVT, F-31076 Toulouse ruminants de l’École Nationale Vétérinaire 2 Anatomie Pathologique, ENVT, F-31076 Toulouse de Toulouse (ENVT) car il est affecté depuis un mois par une diarrhée liquide sévère à l’origine d’un amaigrissement marqué. l Le taureau a reçu un traitement antibiotique à la posologie recommandée avec Cortexilline® IM pendant 2 jours, puis Intramicine® IM pendant 2 jours supplémentaires. Aucune amélioration notable n’a été constatée. Une recherche de Paratuberculose par sérologie et une PCR sur fèces ont été effectuées, avec des résultats négatifs. l Ce taureau a été acheté à l’âge de 13 mois, en mai 2015, à la station d’évaluation. Il a reçu un traitement antiparasitaire à base d’iver- 1 Taureau de race Blond d’Aquitaine : diarrhée mectine au printemps 2016. Il était en pâture liquide sévère à l’origine d’un amaigrissement pendant la saison estivale avec un affourrage- marqué (photo Pathologie des Ruminants, ENVT). ment en enrubanné au pré à partir de juillet. l L’examen des urines, macroscopiquel Lors de l’admission à l’ENVT, l’examen à distance révèle un état de maigreur avancé ment et par bandelette urinaire, ne révè(NEC = 2/5), une diarrhée en corde, liquide, le aucune anomalie. verdâtre sombre ; son appétit est faible. 1 Quelles sont vos hypothèses l À l’examen rapproché, nous notons : diagnostiques ? - un bruit de flot marqué audible lors de la 2 Quel(s) examen(s) succussion du flanc droit ; complémentaire(s) proposez-vous ? - une hypomotricité ruminale modérée (3 3 Quel est le pronostic ? contractions / 5 min) ; - un rumen sec et de volume légèrement 4 Quels sont les mécanismes sousdiminué à la palpation transrectale. jacents et les causes possibles ?

comité de lecture

Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 07 20 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 4 - NOVEMBRE 2017

test clinique

4

Jean-Pierre Alzieu, L,aurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Henri-Jean Boulouis, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, Eric Collin, Fabien Corbières, Stéphane Daval,

Luc Descoteaux Jean-Claude Desfontis, Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Gilles Fecteau (Québec) Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Norbert Gauthier, Norbert Giraud, Denis Grancher, Jean-Marie Gourreau, Raphaël Guatteo, Jean-Luc Guérin,

Réponses à ce test page 70

Nadia Haddad, Nicolas Herman, Vincent Herry, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Laetitia Jaillardon, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Michaël Lallemand, Dominique Legrand, Catherine Magras, Xavier Malher, Hervé Morvan, Jean-Marie Nicol,

Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Florent Perrot, Pierre Philippe, Xavier Pineau, Hervé Pouliquen, Jean-Dominique Puyt, Nadine Ravinet, Nicolas Roch, Florence Roque, Adrian Steiner (Suisse), Edouard Timsit, Damien Vitour.


5 Editorial 38 BAT.qxp_edito NP ELSA 20/12/2017 19:55 Page5

éditorial La récente intrusion en France continentale de la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 4 est un énième exemple illustrant les risques de diffusion de maladies infectieuses sur de grandes distances ...

L

a hiérarchisation des risques d'introduction des malades infectieuses sur notre territoire était jusqu'ici essentiellement fondée sur les paramètres épidémiologiques des maladies (modalités de diffusion, résistance dans l'environnement). Mais les risques liés aux activités humaines deviennent dans de nombreux cas des déterminants majeurs, y compris pour des maladies pour lesquelles le risque "naturel" reste faible comme la Péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) ou la Pleuropneumonie contagieuse caprine (PPCC). La récente intrusion en France continentale de la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 4 est un énième exemple illustrant les risques de diffusion de maladies infectieuses sur de grandes distances. Or, si la diffusion naturelle des maladies peut relativement être anticipée, les risques liés aux activités humaines sont autrement difficiles à identifier, donc à prévenir. Parmi les exemples récents, citons deux introductions dans le Sud de la France de la FCO de sérotype 1, dues respectivement à des importations d’ovins et de bovins d’Espagne, un pays où ce sérotype est aujourd’hui enzootique. Ces incursions ont pu être jugulées grâce à une identification et à une réaction très rapides, mais avec, au passage, plusieurs dizaines de milliers d’euros pour s’assurer que la maladie n’avait pas diffusé. Citons également l’introduction d’une nouvelle espèce de trichine (Trichinella spiralis), à la faveur de l’importation de Pologne de sangliers dans un parc de chasse de l’Est de la France. Au delà de nos frontières, on pensera à l’introduction de la Peste porcine africaine en République Tchèque, très vraisemblablement par des déchets d’aliments à base de porc ou de sanglier, rapportés par des touristes ou des travailleurs venant de pays infectés. Aussi faut-il être vigilant (veille sanitaire et surveillance), équipé (compétences scientifiques et moyens de laboratoire) et préparé (plan d’urgence pour les maladies réglementées) vis-à-vis des maladies “transfrontalières” c’est-à-dire toutes les maladies d’importance sanitaire et/ou économique, qui peuvent être introduites de manière naturelle, mais surtout aujourd’hui par les activités humaines. Parmi ces maladies, trois mycoplasmoses des ruminants sont aujourd’hui réglementées au plan international (OIE), la Péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), la Pleuropneumonie contagieuse caprine (PPCC), et l’Agalactie contagieuse caprine (il restera à mettre en phase les réglementations française et européenne, voir à ce sujet la note éclairante du sage Zénon). Onze ans après le dernier dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé consacré aux mycoplasmoses des ruminants (cf. le N°3, août-septembre 2006), ce nouveau dossier dresse de manière extensive le panorama des progrès récents sur ces agents étiologiques particulièrement complexes. Les mycoplasmes enzootiques dans notre pays sont impliqués de manière déterminante dans les syndromes respiratoires des veaux et des jeunes bovins de boucherie. Ils le sont aussi dans l’Agalactie caprine, un syndrome fréquent, protéiforme, qui ne se manifeste pas que par une agalactie, mais aussi par des pneumopathies, des arthrites, des mammites, des kérato-conjonctivites. Et si la PPCB ou la PPCC, aujourd’hui exotiques en France métropolitaine, venaient à être introduites dans notre pays, il faudrait être à même de les identifier “au milieu” des mycoplasmoses enzootiques. C’est un des enjeux du réseau Vigimyc qui, en s’appuyant sur le réseau des vétérinaires praticiens, des laboratoires départementaux avec la coordination de l’Anses, surveille depuis plus de vingt ans l’ensemble des mycoplasmes des ruminants via l’identification des agents étiologiques à l’origine d’épisodes cliniques. e rôle des vétérinaires praticiens est central dans cette vigilance, par leur investigation diagnostique des tableaux cliniques pouvant impliquer des mycoplasmes. Ce dossier constitue à ce titre une synthèse documentaire indispensable à leur intervention. Enfin, le réseau Vigimyc a récemment ajouté une corde à son arc. Sa collection de souches permet l'étude de la résistance aux antibiotiques des populations de mycoplasmes enzootiques. Même si les difficultés méthodologiques pour objectiver cette résistance sont nombreuses, les niveaux de résistance mis en évidence et leur évolution dans le temps sont là aussi des connaissances nécessaires aux vétérinaires praticiens lorsqu’ils établissent leurs r protocoles thérapeutiques.

Didier Calavas Anses, Laboratoire de Lyon, Unité Epidémiologie 69364 Lyon Cedex 07, France

à suivre les articles :

➜ L’agalactie contagieuse à Mycoplasma agalactiae chez les petits ruminants : bilan des plans collectifs volontaires et situation nationale actuelle Dominique Bergonier, Julie Blaziot, Florence Tardy, François Poumarat ➜ Les mycoplasmoses aviaires réglementées Anne Gautier-Bouchardon, coll

➜ Les mycoplasmoses des porcs Corinne Marois-Crehan, coll

L

disponible sur www.neva.fr

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 5


FCO sérotype 4.qxp_Gabarit Actualités 19/12/2017 20:59 Page6

émergence du virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO) à sérotype 4 en France continentale

Stéphan Zientara Corinne Sailleau Cyril Viarouge Emmanuel Bréard

n veau, qui devait être exporté en Espagne, s’est révélé être positif par RT-PCR de groupe FCO (PCR qui détecte tous les sérotypes du virus de la Fièvre catarrhale ovine) mais négative en PCR de typage (sérotype 8) par le laboratoire départemental de la Loire. Le prélèvement de sang a été adressé au laboratoire national de référence de l’Anses qui a confirmé, le 6 novembre, ces résultats et qui a identifié le type en cause (type 4). Ce veau provenait d’un élevage situé dans le département de la Haute-Savoie. Le 9 novembre, sur 20 prélèvements de sang, un animal s’est révélé être positif par PCR de type 4 : la mère du veau ! ● Il s’agit du premier cas de sérotype 4 détecté en France continentale. Le veau a été euthanasié. L’origine de ce cas est actuellement inconnue mais la FCO de sérotype 4 sévit actuellement avec une acuité particulière en Corse et en Sardaigne, et est également présente en Italie du Nord (figure 2). Une enquête est en cours afin de déterminer l’origine de la contamination, et d’évaluer la prévalence de l’infection autour de ces deux élevages. ● Conformément à la réglementation de l’UE, un périmètre interdit et des zones de protection et de surveillance ont été mises en place (respectivement, 20, 100 et 150 kms autour du foyer (figure 1) :

U

UMR1161 Virologie Anses-Inra-ENVA 23 avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort

Figure 1 Situation épidémiologique vis-à-vis du sérotype 4 au 14 décembre 2017 (source DGAl)

Figure 2 - Situation épidémiologique en Europe au 14 novembre 2017 (source Commission européenne) Zone (serotypes)

CONCLUSION

Y (8, 4)

● Comme en 2015 où la France s’était retrouvée confrontée à la ré-émergence du virus de sérotype 8 dans l’Allier, la détection du virus de sérotype 4 pose à nouveau le problème de l’éventuelle éradication de ce sérotype. ● Si la zone infectée est limitée (figure 1), une vaccination massive et obligatoire des ruminants domestiques pendant plusieurs années devrait permettre d’éradiquer effectivement ce virus du territoire français. Si des animaux infectés ont quitté cette zone et que d’autres foyers sont détectés, les conclusions seront tout autre et il est fort probable que la France devra apprendre à vivre avec un deuxième sérotype sur son territoire. ❒

F (8) G (1, 2, 4, 16) I (1, 4) J (1) T (1, 2, 4, 8, 16) X (4, 16) Z (1, 16) A2 (1, 2, 16) A3 (4) A4 (1, 4, 8, 16) A6 (1, 4, 16) A7 (4, 16, 8) A8 (16)

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 6 - NOVEMBRE 2017

- mise en place d'un périmètre interdit de 20 km autour du foyer (mesures de restriction des mouvements d’animaux), avec vaccination d'urgence (à partir du stock d'antigènes mis en place par la DGAl et mobilisables rapidement) ; - dans la zone de protection, vaccination d’urgence obligatoire des animaux des espèces sensibles ; - dans la zone de surveillance, incluant les départements situés dans les 50 km au delà de la zone de protection, surveillance des élevages. ● Par ailleurs, des prélèvements ont été réalisés dans les zones de protection et de surveillance pour rechercher la présence de la maladie : tirage au sort d'élevages de bovins dans chaque département, à raison de 45 élevages par département afin de disposer d'une répartition spatiale des élevages la plus homogène possible. ● Pour chaque élevage sélectionné, des analyses RT-PCR sur 20 animaux âgés de plus de 12 mois vont être réalisées afin de détecter le génome viral. ● Au 14 décembre 2017, 31 foyers ont été identifiés : 29 dans le département de la Haute–Savoie, 1 en Saône-et-Loire et 1 en Haute-Saône. Trois millions de doses de vaccins contre le sérotype 4, préparées à partir de la banque française d’antigènes, ont été fournis par le laboratoire Merial/Boehringer Ingelheim et 550 000 doses supplémentaires ont été commandées.

6


7-8 Chronique Zénon elsa 38 BAT.qxp_6-7 Actualite 20/12/2017 11:54 Page1

actualités en perspective le Règlement européen sur la maladies animales transmissibles se précise

L

’Union Européenne (UE), avec ou sans Brexit, continue à avancer dans trois domaines essentiels pour l’agriculture : santé animale, santé végétale et sécurité sanitaire de l’alimentation.

Pour chacun d’entre eux, des Règlements spécifiques ont été élaborés. Le plus avancé dans sa réalisation est celui dédié aux maladies animales transmissibles, ou Règlement Européen pour les Maladies Animales Transmissibles (REMAT-règlement 2016/429*) souvent curieusement désigné sous une appellation anglo-saxonne “Animal health law” (AHL), beaucoup plus large que son objet puisqu’il ne concerne qu’une liste très limitée de maladies transmissibles propre aux animaux de rente (ruminants, porcs, volailles, équidés mais aussi poissons et coquillages) ou de la faune sauvage (mammifères et oiseaux) quand celle-ci peut jouer un rôle de réservoir ou d’hôte messager. UNE PROGRESSION CONTINUE MALGRÉ LE BREXIT Le Brexit lui-même a eu pour conséquence la redistribution, au cours du deuxième semestre 2017, de certains laboratoires de référence (LR-UE) attribués au Royaume-Uni (RU) dans le passé. Ainsi, le LR-UE pour la Fièvre aphteuse a été transféré de Weybridge (RU) à un consortium Anses (F)/ Coda-Serva (Belgique). ●

Le REMAT prévoyait d’établir, selon une procédure complexe mais transparente à l’image de la “comitologie européenne” classiquement mise en œuvre dans les domaines de grande complexité scientifico-technique, une liste de maladies animales nécessitant une intervention/coordination de l’UE. Notons que certaines maladies zoonotiques à transmission essentiellement alimentaire à l’homme, comme la plupart des Salmonelloses et les Encéphalopathies spongiformes transmissibles, relevant d’une directive zoonose spécifique (2003/99/EC), ont été exclues de l’exercice.

disponible sur www.neva.fr

UNE CLASSIFICATION EN CINQ CATÉGORIES ● Les maladies animales préalablement sélectionnées par des comités d’experts opérant selon les critères définis par la Commission devaient être ensuite classées dans une des cinq catégories définissant le niveau d’intervention nécessaire dans chacun des États membres de l’UE. Les listes définitives sont donc en train d’être établies et ne seront probablement définitivement arrêtées qu’en été 2018. ● On distingue ainsi une première catégorie (A) regroupant certaines maladies exotiques qui doivent faire l’objet de mesures d’éradication obligatoire dès qu’elles sont identifiées dans l’UE. Elle regroupe, d’une part, cinq maladies responsables d’épizooties transfrontalières (Fièvre aphteuse, Peste équine, Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), et les pestes porcines classique et africaine) déjà répertoriées dans le texte cadre du REMAT publié au JOUE du 31 mars 2016. Cette catégorie sera probablement complétée, d’autre part, par une liste de 10 maladies épizootiques : la Peste bovine, les deux poxviroses des ruminants (dermatose nodulaire contagieuse, clavelée et poxvirose de la chèvre),la peste des petits ruminants, la Fièvre de la vallée du Rift, la maladie de Newcastle ainsi que quatre autres maladies des crevettes et des huitres. ● La catégorie B regrouperait des maladies à contrôle obligatoire dans le but d’atteindre l’éradication déjà ou encore présentes dans l’UE sous forme enzootique ou sporadique comme la tuberculose bovine, la rage et les brucelloses (Brucella abortus, B. melitensis et B. suis).

NOTE 1. cf. “Un nouveau règlement européen pour les maladies animales transmissible” ; LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé; 2017, 2016,8,33,7-8.

Essentiel

❚ Le règlement européen distinguera cinq catégories de maladies animales prises en considération dans l’UE (A, B, C, D, E). ❚ Une première liste devrait être publiée à l’automne 2018.

ACTUALITÉS

LA CATÉGORIE C INTRODUIT DE NOUVELLES QUESTIONS La catégorie C regroupe des maladies à plan de lutte facultatif pouvant faire l’objet de garanties additionnelles pour le commerce entre États membres. Une douzaine de maladies dont trois propres aux poissons y sont désignées.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 7


9-18 Evolutions mycoplasmes BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 21/12/2017 12:59 Page9

les principales évolutions dans la connaissance

des mycoplasmes des ruminants Florence Tardy1,2 Patrice Gaurivaud1,2 Chloé Ambroset2,1 Xavier Nouvel3 Christine Citti4

conséquences en matière de diagnostic et de surveillance Au cours de la dernière décennie, la compréhension de la biologie des mycoplasmes et de leur interaction avec l’hôte animal a fait de grands progrès. Chaque avancée contribue également à lever le voile sur une complexité toujours plus grande de ces bactéries : on les croyait fragiles, elles persistent dans l’environnement ; on les croyait soumises à une évolution régressive, elles sont capables d’échanges chromosomiques massifs ; on croyait avoir fait le tour des espèces existantes, on en découvre régulièrement …

C

hez l’homme, comme chez l’animal, les mycoplasmes ont un tropisme tissulaire préférentiel pour les muqueuses respiratoires ou génitales. Parmi les 133 espèces de mycoplasmes répertoriées à ce jour, près d’un cinquième (environ 29) sont isolées chez les ruminants qu’elles soient commensales ou pathogènes (tableau 1). ● Chez les ruminants, les mycoplasmes sont responsables essentiellement de pneumopathies, de mammites et d’arthrites, avec quelques autres signes cliniques moins fréquents comme des kératoconjonctivites, des otites ou encore des vulvovaginites et des avortements. ● D’un point de vue sanitaire, les mycoplasmoses des ruminants peuvent être classées en trois catégories : 1. les maladies réglementées ; 2. les maladies économiquement délétères ; 3. les infections opportunistes associées à des mycoplasmes au pouvoir pathogène indéterminé. ● En France, l’arrêté du 29 juillet 2013 relatif à la définition des dangers sanitaires de première et de deuxième catégories pour

1Anses Laboratoire de Lyon, UMR Mycoplasmoses des Ruminants, 69364 Lyon Cedex 07, France 2Université de Lyon, VetAgro Sup, UMR Mycoplasmoses des Ruminants, F-69280, Marcy l’Etoile, France 3Pathologie de la reproduction, Département Elevage et Produits, Santé Publique Vétérinaire, ENVT, Toulouse, France 4IHAP, Université de Toulouse, INRA, ENVT, Toulouse, France

les espèces animales a largement modifié le cadre réglementaire des mycoplasmoses. ● Désormais, une seule mycoplasmose est considérée comme un danger sanitaire de première catégorie : la Péripneumonie contagieuse bovine (PPCB). ● L’Agalactie Contagieuse (AC) à Mycoplasma (M) M. agalactiae apparaît comme un danger sanitaire de deuxième catégorie à déclaration obligatoire au préfet (arrêté du 4 mai 2017 modifiant l’arrêté ministériel du 29 juillet 2013). ● La Pleuropneumonie contagieuse caprine (PPCC), mycoplasmose exotique, n’est pas catégorisée alors qu’elle reste une menace pour les élevages européens, et est par ailleurs, listée par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). La France ne comporte à ce jour aucun laboratoire national de référence pour l’une ou l’autre de ces maladies. ● Cette catégorisation délaisse certaines mycoplasmoses à incidence sanitaire et économique importante en France, dont le coût doit être supporté par les filières. C’est notamment le cas de l’AC caprine due essentiellement à d’autres mycoplasmes que M. agalactiae et des mycoplasmoses à M. bovis pour les jeunes bovins lors de la mise en lots. ● Au cours de la dernière décennie, la compréhension de la biologie des mycoplasmes et de leur interaction avec l’hôte a avancé à pas de géants. ● L’objectif de cet article est de faire un bilan des connaissances acquises et d’analyser l’impact de celles-ci sur l’évolution des moyens pour détecter et surveiller les mycoplasmoses (figure 1).

Objectifs pédagogiques

❚ Faire un bilan des récentes avancées scientifiques dans le domaine de la mycoplasmologie. ❚ Comprendre comment elles ont contribué à améliorer les techniques de diagnostic et de surveillance appliquées aux mycoplasmes.

Essentiel

❚ Les mycoplasmes sont responsables de pneumopathies, de mammites et d’arthrites, moins fréquemment de kératoconjonctivites, d’otites, de vulvovaginites et d’avortements. ❚ Des données concernant la résistance aux antibiotiques sont désormais disponibles pour les espèces majeures.

LES GRANDES AVANCÉES SCIENTIFIQUES

RUMINANTS

Le séquençage des génomes permet de mieux connaître les mycoplasmes ● Parmi les 11 génomes de mycoplasmes séquencés avant 2007, deux seulement étaient issus de mycoplasmes de ruminants : l’agent étiologique de la PPCB (M. mycoides

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

9

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 9


19-25 Mycoplasmes syndromes respiratoires BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 21/12/2017 16:43 Page19

les mycoplasmes dans les syndromes respiratoires chez le veau et le jeune bovin adulte

Claire A.M. Becker1,2 Renaud Maillard3 Sébastien Assié4 François Poumarat2,1 Florence Tardy2,1 Marie-Anne Arcangioli1,2 1Université

de Lyon, VetAgro Sup,

UMR Mycoplasmoses des Ruminants 1 avenue Bourgelat, F-69280 Marcy l'Etoile, France

Mycoplasma bovis est fréquemment impliqué dans les bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE) des bovins. Ces infections sont particulièrement difficiles à prévenir et à prendre en charge, à cause des spécificités de la bactérie, notamment sa résistance aux antibiotiques et sa persistance chez les animaux.

L

es syndromes respiratoires chez le veau et le jeune bovin adulte sont très fréquents et de répartition mondiale, ce qui entraîne d’importantes pertes économiques notamment dans les élevages en lots. Les agents étiologiques impliqués sont multiples, aussi bien bactériens que viraux, et la sévérité de l’infection dépend souvent des conditions d’élevage. ● Mycoplasma (M.) bovis, qui a longtemps été considéré comme un intervenant mineur des bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE), est désormais reconnu comme une composante importante de la maladie, que ce soit dans les infections mixtes ou parfois, en tant qu’initiateur. D’autres mycoplasmes sont régulièrement isolés de prélèvements respiratoires au moment du pic clinique mais leur contribution exacte à la pathogénie est méconnue. ● Le réseau d’épidémiosurveillance Vigimyc [35] conçu à l’origine comme un service d’aide au diagnostic, constitue un excellent observatoire de l’évolution des maladies à mycoplasmes chez les ruminants. ● Cet article fait le point sur nos connaissances actuelles en ce qui concerne l’épidémiologie et le contrôle des syndromes respiratoires bovins en mettant l’accent sur la part contributive des mycoplasmes.

2Anses, Laboratoire de Lyon UMR Mycoplasmoses des Ruminants 31 avenue Tony Garnier F - 69364 Lyon Cedex 07, France 3Pathologie des ruminants UMR IHAP équipe MYC, ENVT 23 chemin des capelles 31076 Toulouse Cedex 4BIOEPAR, INRA Oniris, 44307, Nantes, France

Figure 1 - Évolution des foyers de BPIE analysés par Vigimyc sur la période 2006-2016 250 200 150 100

100

50

50

0

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la situation

en France des mycoplasmoses respiratoires bovines. ❚ Comprendre les particularités et l’implication de M. bovis dans les BPIE. ❚ Choisir les outils diagnostiques et thérapeutiques adaptés à M. bovis.

06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20

Nombre/an dans le cadre du réseau Vigimyc

axe de gauche

% de foyers dans lesquels M. bovis a été isolé

axe de droite

LES MYCOPLASMES DANS LES DIFFÉRENTES AFFECTIONS EN FRANCE DONNÉES ISSUES DE VIGIMYC

Essentiel

❚ Lors d’une demande

Mycoplasma bovis ● La situation épidémiologique mondiale de M. bovis, en lien avec les syndromes engendrés, est détaillée dans l’encadré 1. ● Chez les bovins, les isolats de mycoplasmes envoyés à l’Anses pour identification dans le cadre du réseau Vigimyc sont issus majoritairement d’affections respiratoires chez de jeunes animaux (88 p. cent en 2015). ● En moyenne, sur les 10 dernières années, 160 foyers annuels de troubles respiratoires à mycoplasmes ont été rapportés (avec une augmentation après 2013 qui correspond sans doute à une prise de conscience de l’importance relative des mycoplasmoses, et la mise en évidence d’une sensibilité relativement faible aux antibiotiques in vitro) (cf. infra). M. bovis est le mycoplasme le plus souvent identifié (en moyenne dans 60 p. cent des foyers, courbe orange) (figure 1).

d’analyse au laboratoire, préciser que la recherche de mycoplasmes est souhaitée. ❚ La lésion principale est une pneumonie caséonécrotique en foyers multiples des lobes antérieurs. ❚ En présence de M. bovis, ne pas utiliser les β-lactamines.

RUMINANTS

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

19

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 19


26 Fiche 1 Symptomes et lésions BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 21/12/2017 15:53 Page1

symptômes et lésions d’infections à Mycoplasma bovis

fiche

Claire A.M. Becker1,2 Renaud Maillard3 Sébastien Assié4 François Poumarat2,1 Florence Tardy2,1 Marie-Anne Arcangioli1,2 1Université

de Lyon, VetAgro Sup,

Mycoplasma bovis induit de nombreuses infections. Les symptômes respiratoires sont peu spécifiques.

UMR Mycoplasmoses des Ruminants 1 avenue Bourgelat, F-69280 Marcy l'Etoile, France 2Anses, Laboratoire de Lyon UMR Mycoplasmoses des Ruminants 31 avenue Tony Garnier

. bovis peut induire des mammites, des (poly)arthrites, des métrites, des avortements et des bronchopneumonies mais on le retrouve aussi dans des kératoconjonctivites, des otites, et diverses affections : péritonites, méningites [16] … Les associations sur un même animal otite-bronchopneumonie ou bronchopneumonie-arthrite sont assez communes et doivent orienter le praticien vers M. bovis.

F - 69364 Lyon Cedex 07, France

M

3Pathologie

des ruminants UMR IHAP équipe MYC, ENVT 23 chemin des capelles 31076 Toulouse Cedex 4BIOEPAR, INRA Oniris, 44307, Nantes, France

LES ARTHRITES ENZOOTIQUES Les arthrites (enzootiques en engraissement, sporadiques dans les autres formes d’élevage) ont des manifestations peu caractéristiques : - une boiterie (précédant la distension articulaire) ; - une chaleur et une douleur à la palpation ; - une hyperthermie et une anorexie inconstantes ; - une atteinte préférentielle de plusieurs articulations des épaules, des coudes, des carpes, des hanches, des jarrets ou des grassets.

2 Bronchopneumonie à Mannheimia haemolytica : foyers caséonécrotiques de forme irrégulière entourée d’un liseré blanchâtre.

En pratique

❚ Les pneumopathies à M. bovis ne peuvent être cliniquement différenciées des bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE) dues à d’autres agents pneumopathogènes. ❚ Les lésions nécropsiques permettent de conforter une suspicion clinique.

LES OTITES MOYENNES ●

Les otites moyennes sont fréquentes en élevage de veaux de boucherie et en production de taurillons [9].

● Le plus souvent unilatérales, avec ptose de l’oreille, puis port de tête penché avec atteinte du nerf facial (nerf crânien VII) et prurit, elles peuvent se compliquer d’une otite interne avec syndrome vestibulaire (atteinte du nerf crânien VIII) : marche en cercle, ataxie, nystagmus.

RUMINANTS

LES PNEUMOPATHIES À M. BOVIS

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 26 - NOVEMBRE 2017

Les pneumopathies à M. bovis ne peuvent être cliniquement différenciées des bronchopneumonies infectieuses enzootiques

26

1

Bronchopneumonie à Mycoplasma bovis avec bronchite suppurée et nombreux foyers caséonécrotiques blancs et arrondis (photos Pathologie des ruminants, ENVT).

(BPIE) dues à d’autres agents pneumopathogènes [15]. ● Les symptômes sont : - une hyperthermie (39°7 à 41°C) ; - une anorexie ; - une tachypnée ; - une dyspnée ; - une toux sèche ; - un jetage mucopurulent. LES LÉSIONS NÉCROPSIQUES DANS LES BPIE ● L’aspect des lésions nécropsiques permet d’orienter vers M. bovis dans les cas de BPIE. On observe une atteinte des lobes crânioventraux, avec une bronchite suppurée marquée et la présence d’abcès et de foyers caséonécrotiques arrondis, bombés, blanchâtres (photo 1). ● Ces lésions doivent être distinguées des lésions provoquées par Mannheimia haemolytica, pour laquelle les foyers caséonécrotiques présentent une forme irrégulière, ils sont plats et bordés d’un fin liseré blanc (photo 2). ● De plus, en cas de Pasteurellose à M. haemolytica, les lésions de thrombose et de pleurésie sont fréquentes, mais absentes lors de BPIE à M. bovis. À l’examen histologique, les “oat cells” sont observées pour M. haemolytica, pas pour M. bovis. r


27-28 Fiche 2 Diagnostic M Bovis BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 21/12/2017 16:32 Page1

comment diagnostiquer M. bovis Pour mettre en évidence la présence de M. bovis en élevage lors d’un épisode aigu, un diagnostic direct est nécessaire. Au contraire, pour connaître le statut d’un troupeau vis-à-vis de l’infection par M. bovis, le diagnostic indirect avec des tests sérologiques est plutôt conseillé. PRÉLÈVEMENTS Pour le diagnostic direct ●

Les prélèvements à réaliser sur les animaux malades*, et non traités sont de préférence des prélèvements profonds : LBA (lavage broncho-alvéolaire) ou ATT (aspiration trans-trachéale). ● Un écouvillonnage nasal profond, de réalisation plus aisée, peut aussi être fait, même si la représentativité de cet échantillon (flore profonde versus flore nasale polycontaminée) est moins bonne, notamment à l’échelon individuel [38]. Les écouvillons ne doivent pas sécher et ne doivent pas être congelés ; de préférence, il convient d’utiliser des écouvillons en polyester ou dacron [15]. ● Sur des cadavres, à l’autopsie, des échantillons de poumons peuvent être prélevés à la limite entre les zones saines et lésées. ● Les prélèvements doivent être conservés au froid positif (4ºC), et envoyés rapidement au laboratoire (24 à 48 h). Si l’envoi ne peut être fait rapidement, la congélation est possible pour tous les types d’échantillons, sauf les écouvillons. Pour le diagnostic indirect ● Pour le diagnostic indirect, un prélèvement de sang sur tube sec pour récupérer le sérum est nécessaire. ● Toute demande de recherche de mycoplasme, accompagnée des commémoratifs et de l’anamnèse les plus précis possibles, doit être spécifiée au laboratoire, puisque la mise en œuvre demande la plupart du temps des techniques spécifiques, non communes avec les agents pathogènes classiques. Certains laboratoires proposent tou-

fiche

Claire A.M. Becker1,2 Renaud Maillard3 Sébastien Assié4 François Poumarat2,1 Florence Tardy2,1 Marie-Anne Arcangioli1,2

tefois des formules de diagnostic “pathologie respiratoire”, qui incluent les principaux agents pathogènes impliqués dont M. bovis, et qui permettent le diagnostic par PCR (cf. supra).

1Université de Lyon, VetAgro Sup, UMR Mycoplasmoses des Ruminants 1 avenue Bourgelat, F-69280 Marcy l'Etoile, France 2Anses, Laboratoire de Lyon UMR Mycoplasmoses des Ruminants 31 avenue Tony Garnier F - 69364 Lyon Cedex 07, France

DIAGNOSTIC DIRECT La mise en évidence de l’agent pathogène peut être faite de manière directe de deux façons à partir des prélèvements cités audessus : - soit par isolement par culture bactériologique ; - soit par amplification de l’ADN bactérien par des techniques de biologie moléculaire.

3Pathologie des ruminants UMR IHAP équipe MYC, ENVT 23 chemin des capelles 31076 Toulouse Cedex 4BIOEPAR, INRA Oniris, 44307, Nantes, France

La mise en culture ● La mise en culture des mycoplasmes nécessite d’utiliser des milieux spéciaux, qui contiennent des suppléments nécessaires à la croissance de ces organismes au métabolisme réduit. De plus, l’isolement simple d’un mycoplasme en culture n’est pas significatif. Il existe de nombreuses espèces de mycoplasmes qui sont des commensaux ou des opportunistes (cf. infra). ● L’identification d’espèce est obligatoire pour avoir la certitude que le mycoplasme isolé est bien M. bovis ou une autre espèce pathogène. ● Le réseau Vigimyc permet une surveillance épidémiologique en proposant de rechercher et d’identifier au moins huit espèces mycoplasmiques simultanément sur chaque prélèvement issu de pathologie bovine [35]. ● Après une première étape d’isolement par culture dans un laboratoire partenaire, les souches sont envoyées à l’Anses Lyon, seul laboratoire à avoir le savoir-faire et le matériel nécessaire (sérums spécifiques) pour identifier les souches par la technique de MF-dot (membrane-filtration dot immunobinding). Cette technique, utilisée en routine, est adjointe de l’expertise scientifique et technique de l’Anses qui peut avoir recours à d’autres méthodes d’identification en cas de résultat douteux.

Les techniques de biologie moléculaire ●

La deuxième façon de mettre en évidence M. bovis dans un prélèvement est d’avoir

NOTE * cf. la fiche “Symptômes et lésions d’infections à Mycoplasma bovis des mêmes auteurs dans ce numéro.

En pratique

❚ Pour mettre en évidence M. bovis, les prélèvements à réaliser sont de préférence des prélèvements profonds : LBA (lavage broncho-alvéolaire) ou ATT (aspiration trans-trachéale). ❚ Pour le diagnostic indirect, un prélèvement de sang sur tube sec pour récupérer le sérum est nécessaire.

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❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 27


29-36 peripneumonie contagieuse bovine BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 21/12/2017 11:15 Page29

péripneumonie contagieuse bovine et pleuropneumonie contagieuse caprine Patrice Gaurivaud1,2 Lucia Manso-Silvan3,4 François Poumarat1,2 Pascal Hendrikx5 François Thiaucourt3,4 Florence Tardy1,2

situation mondiale, risque et surveillance en France Maladies exotiques en France, la Péripneumonie contagieuse bovine et la Pleuropneumonie contagieuse caprine sont surveillées au niveau mondial. Quels sont les risques d’introduction ou de réémergence et les moyens de surveillance pour ces deux maladies ?

L

’inégalité des moyens de surveillance et de lutte contre les maladies animales déployés dans chaque pays justifie la surveillance internationale mise en place, notamment, par l’organisation mondiale de la santé animale (OIE). ● Parmi les 117 maladies animales à déclaration obligatoire auprès de l’OIE, trois sont des mycoplasmoses : - l’agalactie contagieuse des petits ruminants dont quatre espèces ou sous-espèces constituent les agents étiologiques (M. agalactiae, M. mycoides subsp. capri, M. capricolum subsp. capricolum et M. putrefaciens) ; - la PPCB, dont l’agent responsable est M. mycoides subsp. mycoides ; - la PPCC, due à M. capricolum subsp. capripneumoniae. ● La surveillance de la PPCB et de la PPCC en France et au niveau mondial est envisagée dans cet article. L’agalactie contagieuse est traitée par ailleurs.* ÉLÉMENTS DE CONTEXTE

Les mycoplasmoses sont des maladies très protéiformes qui sévissent chez de nombreux animaux. Elles ont une contagiosité variable et leur propagation est favorisée à la fois par les activités humaines, les conditions d’élevage, et par des caractéristiques propres aux mycoplasmes. ● Ainsi, par exemple, le commerce des animaux a largement favorisé la diffusion de la Péripneumonie Contagieuse Bovine (PPCB) et de la Pleuropneumonie

Contagieuse Caprine (PPCC), entre continents et pays, respectivement [6, 7]. ● Les mycoplasmes sont en effet des organismes à évolution rapide, capables d’échanger du matériel génétique**. Cette plasticité génétique peut entraîner des changements importants tels qu’une adaptation à un nouvel hôte, comme cela a été observé pour un mycoplasme aviaire, Mycoplasma (M.) gallisepticum, retrouvé chez le pinson [9]. ● L’adaptation des mycoplasmes sous la pression d’antibiotiques peut conduire à l’apparition de souches résistantes, essentiellement par mutation [13], ce qui représente un enjeu pour la gestion des foyers comme le montre l’exemple de M. bovis. Les souches de M. bovis qui circulent actuellement en France sont résistantes in vitro à la plupart des antibiotiques [11]. ● L’évolution des mycoplasmoses vers une forme chronique complique le diagnostic clinique (tableau 1). ● La croissance des élevages dans le monde (plus de 3 milliards de bovins, ovins et caprins, répartis sur l’ensemble des continents) (figure 1) en réponse à la consommation croissante de produits animaux impose une surveillance accrue des maladies qui doit aussi tenir compte de la faune sauvage comme réservoir potentiel en raison de sa proximité avec les cheptels. La faune sauvage peut héberger des mycoplasmes tels que M. agalactiae [26] et M. feriruminatoris sp. nov., mis en évidence récemment chez des ongulés sauvages [2], et qui pouvent avoir un rôle (par échange de matériel génétique) dans l’évolution générale des mycoplasmes.

1Anses Lyon UMR Mycoplasmoses des Ruminants F-69364 Lyon Cedex 07 2Université de Lyon VetAgro Sup UMR Mycoplasmoses des Ruminants F-69280, Marcy l’Etoile 3CIRAD UMR ASTRE F-34398 Montpellier 4Inra UMR1309 ASTRE F-34398 Montpellier 5Anses Lyon Unité de coordination et d'appui à la surveillance F-69364 Lyon Cedex 07

Objectifs pédagogiques

❚ Rappeler la répartition de la Péripneumonie contagieuse bovine et de la Pleuropneumonie contagieuse caprine, et exposer la surveillance mondiale. ❚ Comprendre quels sont les risques d’introduction ou de réemergence et de diffusion de ces deux maladies. ❚ Indiquer les moyens de surveillance en France. Essentiel

❚ Bien que maladies exotiques, les risques de diffusion en Europe et en France ne sont pas nuls. ❚ Lors d’une suspicion, les laboratoires de référence (Anses Lyon et du Cirad Montpellier) doivent être contactés.

NOTES cf. les articles dans ce numéro * “L’agalactie contagieuse caprine en France : situation épidémiologique nationale mesures prophylactiques et évolution de l’antibiorésistance” D. Le Grand, J. Vialard, M. Treilles, F. Tardy, F. Poumarat. **“Les principales évolutions dans la connaissance des mycoplasmes des ruminants conséquences en matière de diagnostic et de surveillance”, de F. Tardy, P. Gaurivaud, C. Ambroset, X. Nouvel et C. Citti.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 29


37-41 Agalactie contagieuse BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 21/12/2017 18:09 Page37

l’Agalactie Contagieuse Caprine en France : situation épidémiologique nationale mesures prophylactiques L’Agalactie contagieuse caprine (ACC) est devenue une préoccupation sanitaire et économique majeure de la filière. Dix ans de suivi par le réseau Vigimyc montre qu’elle est fréquente au niveau national. Le contrôle de cette affection est difficile : plusieurs mycoplasmes responsables, pas de vaccins, un portage asymptomatique fréquent, de multiples sources de contamination, pas de test sérologique.

C

hez les caprins, plusieurs espèces de mycoplasmes peuvent être à l’origine d'affections graves. L’une d’entre elles, l’Agalactie contagieuse (AC) est inscrite sur la liste des maladies d’importance sanitaire mondiale par l’organisation mondiale de la santé animale (OIE). Il s’agit d’une affection complexe car très protéiforme dans sa symptomatologie (pneumopathies et/ou arthrites et/ou mammites et/ou kératoconjonctivites) et son évolution, allant d’une forme inapparente à une forme septicémique [3]. ● Quatre espèces ou sous-espèces de mycoplasmes peuvent être responsables de ce syndrome : Mycoplasma mycoides subsp. capri (Mmc) et M. capricolum subsp. capricolum (Mcc), qui appartiennent au groupe “M. mycoides” ; M. putrefaciens (Mput) proche du groupe “M. mycoides” et M. agalactiae (Magal) phylogénétiquement très distant des précédents, et appartenant au groupe M. hominis [12]*. ● L’Agalactie contagieuse caprine (ACC) occasionne des pertes économiques importantes par chute de production laitière, réforme et mortalité des animaux, événements qui dans les cas graves peuvent concerner plus de la moitié de l’effectif. Cette maladie est devenue une préoccupation sanitaire majeure en élevage car elle est fréquente, et difficile à éliminer compte tenu de son caractère insidieux et des moyens de lutte très limités à disposition. Aucune mesure d'évaluation / de surveillance du statut NOTE * cf. le dossier “Mycoplasmes et mycoplasmoses chez les ruminants,” LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé N°3, 2006, p15-39.

sanitaire des cheptels, ni même de procédure de contrôle (volontaire ou obligatoire) des animaux à l'introduction, n’est proposée à ce jour, à l’inverse de ce qui existe pour l’AC ovine dans les Pyrénées-Atlantiques. À cela, s’ajoutent l’absence de vaccins commercialisés en France (excepté contre M. agalactiae), une résistance naturelle à certaines familles d’antibiotiques - β-lactamines -, et un arsenal thérapeutique assez limité par défaut d’AMM spécifiques caprines. De plus, les traitements s'ils peuvent diminuer la symptomatologie lors d’épisodes cliniques, ne permettent pas d'éliminer le mycoplasme dans l'élevage. ● Cet article a pour objectifs principaux : - de faire le point sur la situation épidémiologique actuelle de l’ACC au niveau national au travers des données établies au cours des dix dernières années par le réseau d’épidémiosurveillance des mycoplasmoses des ruminants (Vigimyc) [10] (encadré 1) ; - de présenter les résultats de récentes études de terrain qui visent à établir un protocole d’évaluation du statut infectieux des troupeaux, hors épisodes cliniques. SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE L’AGALACTIE CONTAGIEUSE CAPRINE EN FRANCE ●

L’Agalactie contagieuse caprine (ACC) est une affection répandue sur le territoire national. Dans le cadre du réseau Vigimyc, 707 foyers d’ACC clinique provenant de 52 départements différents ont été diagnostiqués sur la période 2006 à 2016 (figure 1). Mmc et Mcc sont les deux agents infectieux les plus souvent isolés (figure 2) : Mmc a été identifié dans 388 foyers (55 p. cent) dont 21 en association avec un des trois autres mycoplasmes ; Mcc dans 223 foyers (32 p. cent) dont 8 en association. Mput est moins fréquent, 94 foyers identifiés dont 7 en association. Les foyers à Magal sont rares, 27 (4 p. cent) dont 12 en association avec un autre mycoplasme pathogène. ● Ces 707 foyers sont largement répartis sur l’ensemble du territoire, et bien présents dans les zones à forte densité d’élevage caprin (figure 1), en particulier le bassin laitier de Poitou-Charentes

Dominique Le Grand1,2 Jaquemine Vialard3 Michael Treilles4 Florence Tardy1,2 François Poumarat1,2 1Université

de Lyon VetAgro Sup F - 69280 Marcy l’Etoile, France 2Anses Laboratoire de Lyon 31 avenue Tony Garnier F - 69364 Lyon Cedex 07, France 3Anses Laboratoire de Niort F - 79024 Niort Cedex, France 4LASAT F - 79220 Champdeniers, France

Objectifs pédagogiques

❚ Comprendre la situation épidémiologique de l’Agalactie Contagieuse Caprine en France. ❚ Connaître les moyens et les limites des mesures de contrôle sanitaire.

Essentiel

❚ L’Agalactie contagieuse caprine (ACC) est une affection répandue sur le territoire national, 707 foyers d’ACC clinique provenant de 52 départements différents ont été diagnostiqués sur la période 2006 à 2016. ❚ L’ACC est devenue un réel problème en élevage intensif car c’est une affection très difficile à maîtriser faute de moyens efficaces tant pour l’éliminer que pour s’en préserver.

RUMINANTS

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 37


42-47 Thérapeutique agalactie BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 21/12/2017 19:13 Page42

thérapeutique :

évolution de l’antibiorésistance

des mycoplasmes

François Poumarat1,2 Jaquemine Vialard3 Dominique Le Grand1,2 Florence Tardy1,2

responsables de l'Agalactie Contagieuse Caprine

1Université

de Lyon VetAgro Sup F - 69280 Marcy l’Etoile, France 2Anses Laboratoire de Lyon 31 avenue Tony Garnier F - 69364 Lyon Cedex 07, France 3Anses Laboratoire de Niort F - 79024 Niort Cedex, France

Objectif pédagogique

(hors M. agalactiae)

❚ Connaître l’antibiorésistance actuelle des mycoplasmes responsables.

La sensibilité aux antibiotiques des espèces de mycoplasmes responsables de l’ACC a assez peu évolué, en France, durant les 20 dernières années. Cependant, si la grande majorité des isolats de M. mycoides subsp. capri (Mmc) et M. capricolum subsp. capricolum (Mcc) restent encore sensibles à des concentrations très faibles de macrolides ou de tétracyclines, 10 p. cent à 20 p. cent d’isolats de Mcc ont acquis des résistances vis-à-vis des macrolides, à des niveaux parfois très élevés.

e traitement des mycoplasmoses, dont les caprines, fait largement appel aux antibiotiques. Pourtant, le spectre de sensibilité des mycoplasmes chez les ruminants était, encore récemment, très mal documenté. Deux raisons principales expliquent cette siEssentiel tuation assez paradoxale : d’une part, la dif❚ En-dessous du seuil ficulté de constituer des échantillons repréde résistance épidémiolosentatifs des souches circulantes, et d’autre gique, on parle de souches part, l'impossibilité d'utiliser les techniques “sensibles”, et au-dessus standardisées d'évaluation de l’antibiorésisde souches “résistantes”. tance appliquées aux bactéries “classiques” ❚ En raison de difficultés (dont l’antibiogramme standard, par métechniques, les mycoplasmes thode de diffusion en milieu gélosé) en raiont été écartés son des exigences et délais de croissance des réseaux de surveillance très particuliers des mycoplasmes. de l’antibiorésistance Ces difficultés techniques ont eu pour bactérienne animale. conséquence d’écarter les mycoplasmes des réseaux de surveillance de l’antibiorésistance bactérienne animale. ● Avec la mise en œuvre du plan national EcoAntibio qui vise la réduction, et un usage maîtrisé des antibiotiques en élevage, RUMINANTS un état des lieux en matière d’antibiorésistance des mycoplasmes des ruminants au niveau national a été entrepris par l'Anses laboratoire de Lyon dans le cadre du réseau Vigimyc [10]. Cet état des lieux est réalisé ❚ Crédit Formation Continue : pour les mycoplasmoses à M. bovis chez 0,05 CFC par article les bovins [4], et à Mycoplasma agalactiae

L

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 42 - NOVEMBRE 2017

42

1

L’Agalactie contagieuse caprine est devenue une préoccupation sanitaire majeure en élevage car elle est fréquente, et difficile à traiter (photo D. Legrand, VétAgro Sup).

(Magal) pour les ovins et les caprins [11]. Il restait à envisager les principaux mycoplasmes (M. mycoides subsp. capri (Mmc), M. capricolum subsp. capricolum (Mcc) et M. putrefaciens (Mput)) impliqués dans l’ACC. Le programme Cap-résistance (2015-2017) financé par la DGAL (plan EcoAntibio) a permis de réaliser cette dernière étape. Les principaux résultats de ce programme sont présentés dans ce chapitre (photo 1). ● Cet article présente l’évolution récente de l’antibiorésistance des mycoplasmes responsables de l’ACC au niveau national. LA MISE EN ÉVIDENCE DE RÉSISTANCES ACQUISES ET LA DÉFINITION D’UN SEUIL DE RÉSISTANCE ÉPIDÉMIOLOGIQUE ●

Pour les mycoplasmes vétérinaires, contrairement à ce qui existe pour certaines bactéries classiques, aucun seuil de résistance clinique n’est proposé à ce jour quel que soit l’antibiotique, ce qui rend impossible, en pratique, l’interprétation clinique des valeurs de concentration minimale inhibitrice (CMI) établies in vitro. ● En l’absence d’un seuil de résistance clinique (manque de données de pharmacocinétiques, de corrélation entre valeurs des CMI et réponse clinique, etc), on peut établir


48-51 enterocoques volaille verso BAT.qxp_Gabarit porcs-volailles 22/12/2017 10:31 Page48

Recherche originale

les entérocoques dans la filière volaille

Benoît Sraka Mathieu Pinson Labovet Conseil 46, bd Clemenceau 85300 Challans

Objectif pédagogique z Faire un point sur la problématique représentée par les espèces principales d’entérocoques isolées lors d’analyses réalisées en élevage commercial de volailles (chair, reproducteurs, pondeuses).

Essentiel z Les bactéries du genre Enterococcus sont des coques Gram +, non sporulées, catalase négative et aéro-anaérobies. z E. cecorum est responsable de troubles locomoteurs en production chair z E. faecalis est sutout observé dans les premiers jours de vie mais n’entraîne en général, pas de lésion en filière chair alors qu’il est fortement responsable d’arthrites en fillière volaille ponte. z E. hirae peut provoquer des formes d’endocardite ou de méningite selon les sujets atteints.

VOLAILLES z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 48 - NOVEMBRE 2017

Les entérocoques sont devenus des agents bactériens familiers en filière volaille. Ils peuvent entraîner des affections locomotrices, vitellines ou cardiaques. La gestion est donc différente en fonction du typage de l’entérocoque.

L

es productions de volailles de chair et de pondeuses sont confrontées depuis une dizaine d’années à l’augmentation des signalements d’affections liées aux bactéries du genre Enterococcus. Peu perturbant jusqu’alors, sauf dans certains types d’élevages, les entérocoques représentent maintenant une préoccupation forte pour les éleveurs, et sont responsables de pertes économiques notables. Le nombre d’articles publiés dans la littérature internationale augmente en proportion depuis les années 2000. Après un rappel sur le genre bactérien (encadré 1), nous développons la clinique, les facteurs de risque, ainsi que la gestion préventive et curative de ces affections. Nous rapportons en outre les données que nous avons rassemblées dans notre pratique (encadré 2).

SYMPTÔMES ET LÉSIONS IMPUTABLES AUX PRINCIPAUX ENTÉROCOQUES ●

E. cecorum est responsable en élevage de poulet de chair de fortes difficultés locomotrices (photo 1). Les sujets atteints se déplacent le moins possible et dépérissent. Sa présence entraîne régulièrement une mortalité ou un taux de tri notables (supérieur à 1 sujet/1000 par jour). ● Les lésions les plus observées lors d’autopsies sont des nécroses de têtes fémorales ainsi que, plus rarement, une spondylolisthèse et une ostéoarthrite vertébrale. Au niveau du laboratoire, la bactérie est isolée sur les organes lésés : tête fémorale et liquide articulaire ainsi que le foie. L’origine bactérienne de cette mortalité est constatée dans de nombreuses espèces de volailles de chair, dont le canard de barbarie, mais également la pintade, la caille, etc.

48

1 Troubles locomoteurs sur poulet de chair dû à Enterococcus cecorum photo Labovet Conseil).

Encadré 1 - Description du genre bactérien ● Les bactéries du genre Enterococcus sont des coques Gram +, non sporulées, catalase négative et aéro-anaérobies [2]. Elles sont classées parmi les streptocoques du groupe D. Parmi elles, nous trouvons E. cecorum (Ec). Fortement ubiquiste E. cecorum (Ec) se retrouve dans les tubes digestifs de nombreuses espèces animales où il est considéré comme un hôte commensal [5, 6, 8]. ● Pourtant, outre une implication pathogène très sporadique en pathologie humaine dans des cas très définis [17], Ec est très couramment responsable de pathologie locomotrice en élevage de poulets de chair [18] où il est responsable de lésions osseuses et articulaires qui se manifestent cliniquement par des boiteries, des paralysies et un décubitus latéral. ● Cette évolution lésionnelle est décrite principalement à partir de 2002 [7] et son occurrence est en augmentation depuis [4].

● E. faecalis est observé principalement sur des animaux à durée de vie longue telles que des poulettes futures pondeuses ou des poules pondeuses. Il est responsable d’une symptomatologie locomotrice avec, à l’autopsie, des lésions d’arthrites amyloïdiennes [13] majoritairement unilatérales. Il en résulte une forte hétérogénéité du lot de poulettes, les sujets atteints sont fortement en retard de croissance avec une hypertrophie de l’articulation concernée. ● Sur des animaux de moins d’une semaine, nous isolons cette bactérie à partir des foies et vitellus en parallèle de la présence d’Escherichia coli. On peut observer des poussins fatigués et ébouriffés (photo 2).


NP ELSA R)V° abo + collection dec 2017.qxp_Pub Abonn ELSA 2009 21/12/2017 11:34 Page2

Je complète ma collection 8

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Volume 7

N°26 MARS 2014 revue de form à comité de ati lectu

agréée pour des crédits de délivr continue par forma

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indexée dan les bases de s don

• Index Veter inarius (CAB

née

Internationa

l) • Veterinary Bulletin (CAB Internationa

l) • CAB Abstr acts Database

Actualités en perspect iv

- Épidémio surv

C4G C3G

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C3G INH

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- Questions et réponse sur le référ entiel Mam

Ruminants

- Les enjeux asso aux antibiotiq ciés ues util en élevages

DOSSIERS : ANTI

BIOTHÉR ET ANTIBIO APIE RÉSISTAN CE EN ÉLEVA GE

L’antibior des bactérésistance chez le po ies isolées rc

FMCvét formation méd

icale continue

vétérinaire - Étude de cas - Mammite s à Pseudom aeruginosa onas chez la vach e - Test clinique - Une gestation - Revue de press prolongée e internatio Infectiologie nale : notre / Locomoteur sélection en Thérapeutique - Tests de form / Reproducti ation continue on,

- L’évolution de la conso et de l’usage des ant chez les bovi ns et les petits ruminant - Évolutions de l’antibio chez les rum inants - La surveillan ce de la résistanc épidém en santé publ e - La méthodol ique ogie d’ét de la sensibilit aux antibiotiq é ues par diffusion - Fluoroquinoloet par d nes et céphalosp orines de 3 et 4 génération des molécule s récent identifiées comme cri - Traitements collectifs lors de bron chopneu infectieuse bovine : faut-il enco re les utili è

è

Porcs

- L’antibiorésist ance des bactéries chez le porc isolées - 2 parti e

Compren et agir dre

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3. le logement ❏ n° 20 Une nouvelle émergence en Europe : le virus de Schmallenberg Le syndrome des œufs à extrémité de verre ➜ Prix éditorial chez la poule pondeuse ❏ n° 21 Métrites et endométrites chez la vache Porcs - La visite d’élevage 4. la conduite d’élevage ❏ n° 22 Inflammations et maladies inflammatoires Le traitement antibiotique des affections digestives et respiratoires chez le porc ❏ n° 23 Déséquilibres alimentaires et nutritionnels Grippe et pathologie pulmonaire chez le porc ❏ n° 24 Maîtrise sanitaire de l’élevage en lot Porcs - La visite d’élevage Les contaminants infectieux et parasitaires ❏ n° 25 La tuberculose bovine Porcs - L’antibiorésistance des bactéries isolées ➜ Prix éditorial ❏ n° 26 Antibiothérapie et antibiorésistance en élevage Porcs - L’antibiorésistance des bactéries isolées (2e partie) ❏ n° 27 Antibiothérapie en élevage ❏ n° 28 Les maladies métaboliques ❏ n° 29 La résistance aux anthelminthiques chez les ruminants ❏ n° 30 Nouvelles perspectives de contrôle des helminthes ❏ n° 31 Élevage et médecine de précision ❏ n° 32 Les ectoparasites ❏ n° 33 Les ESB et encépahaloptahies : les nouvelles problématiques ❏ n° 34 L’échographie : un nouvel outil d’investigation ❏ n° 35 Mammites bovines : nouvelles connaissances 17 ❏ n° 36 Bien-être animal ➜ Prix éditorial 20 et applications en élevage ❏ n° 37 Risques liés aux mycotoxines et

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Enjalbert - Ration hivernale corr MB 28-11-17.qxp_Gabarit rubrique 20/12/2017 20:35 Page53

cas pratiques de nutrition étude de cas en alimentation des ruminants ration hivernale à base de foins pour vaches laitières

Francis Enjalbert

École Nationale Vétérinaire de Toulouse BP 87614, 23, Chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 3

De nombreux cahiers des charges d’appellation d’origine interdisent l’utilisation d’ensilages dans la ration des vaches laitières et limitent le choix et la quantité de concentrés utilisables.

L

es produits fermentés, en particulier les ensilages de fourrages, sont interdits par un certain nombre de cahiers des charges d’appellations d’origine protégée (AOP) de fromages, comme par exemple le Comté ou le Reblochon (encadré). Cette interdiction est liée au risque de contamination du lait par des butyriques, qui conduisent à une dégradation de la qualité des fromages. Elle tient aussi sans doute à la volonté de garder au système de production une image traditionnelle. Dans ces conditions, seuls des foins peuvent être utilisés comme fourrages en période hivernale.

Face à cette contrainte, les éleveurs sont conduits à optimiser la qualité des foins, en particulier avec des systèmes de ventilation en grange qui permettent de récolter tôt, mais aussi en restant sur des niveaux de production modérés par rapport à des systèmes de plaine basés sur l’utilisation d’ensilages de maïs. ● Cet article présente deux exemples de ration à base de foins, complémenté soit par des matières premières, soit par un aliment composé.

Comté ●

Le cahier des charges Comté interdit : - les aliments altérés ; - les pailles traitées ; - les concentrés à plus de 15 p. cent d’humidité ; - les grains traités par la soude ;

❚ Connaître la mise en œuvre de rations pour vaches laitières dans un système basé sur l’utilisation de foins de bonne qualité.

PRÉSENTATION DE L’ÉLEVAGE ET DES ALIMENTS ●

Dans l’élevage objet de cette étude de cas, le niveau de production des vaches est de 6500 kg de lait par an, ce qui correspond à des pics de lactation d’environ 30 kg de lait. Les vêlages ont lieu toute l’année. Les vaches sont en stabulation entravée l’hiver, et la ration est de type semi-complet, avec un niveau d’équilibre de 15 kg de lait. ● Deux foins de prairie permanente sont utilisés l’hiver (tableau 1) : un foin de première coupe, récolté en fin d’épiaison, et un foin

Encadré - Principaux impératifs imposés par les cahiers des charges Comté [2] et Reblochon [3] pour l’alimentation des animaux en période hivernale Les principaux impératifs imposés par les cahiers des charges Comté et Reblochon sont les suivants : ➜ Des fourrages issus de l’aire géographique d’appellation ➜ Pas plus de 1800 kg d’aliment concentré par vache laitière et par an, en moyenne de troupeau ➜ Interdiction des aliments génétiquement modifiés ➜ Interdiction des aliments fermentés (dont ensilages et enrubannages) ou qui influencent négativement la qualité du lait.

Objectif pédagogique

Essentiel

- les traces de formol ; - les drèches de brasserie non déshydratées ou contaminées par des butyriques ; - l’urée ; - les acides aminés de synthèse et les autres additifs à l’exception des oligo-éléments et vitamines. ● Pour plus de clarté, une annexe donne la liste des matières premières complémentaires aux fourrages autorisées.

❚ En système bovin laitier basé sur l’utilisation de foins, la complémentation, qu’elle soit basé sur des matières premières ou sur des aliments composés, doit être importante, même si les foins ont une bonne valeur alimentaire.

Reblochon ● Le cahier des charges Reblochon fournit une liste des concentrés autorisés, comprenant les principaux grains, graines et coproduits dont les tourteaux, les minéraux, oligo-éléments, vitamines et le bicarbonate de sodium. ● Les produits déshydratés (luzerne, pulpe de betterave et drèches) sont autorisés en tant qu’“aliments d’encombrement”.

COMPRENDRE ET AGIR ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 53


57-64 Parasito jeunes bovins BAT.qxp_Gabarit rubrique 20/12/2017 21:06 Page57

parasitologie

étude originale

”Jeunes bovins verts” et infestation par Parafilaria bovicola : enquête cas-témoin en élevage Afin d’évaluer l’importance de l’implication de l’infestation par Parafilaria bovicola, une enquête a été réalisée en Vendée, sur des taurillons Blond d’Aquitaine et Parthenais abattus entre mars et juin sur plusieurs années. La mise en évidence de lésions de cellulite éosinophilique a permis de déterminer des facteurs de risque de production de tels animaux (enquête cas-témoin).

L

a Parafilariose bovine, caractérisée par l’apparition en période verno-estivale de sueurs de sang sur les bovins, peut être à l’origine de lésions du tissu conjonctif sous-cutané sur les carcasses de jeunes bovins en abattoir. ● Cette maladie parasitaire vectorielle causée par le nématode Parafilaria bovicola qui vit dans le tissu conjonctif sous-cutané des bovins. Elle est transmise en Europe par la mouche Musca autumnalis. Relativement bénigne du vivant de l’animal, la maladie se caractérise par l’apparition saisonnière de nodules hémorragiques souscutanés à l’origine de points de saignements cutanés ou “sueurs de sang“ (photo 1) [1]. ● L’importance de cette maladie est économique puisque l’infestation peut s’accompagner de lésions éosinophiliques sous-cutanées œdémateuses et jaunes verdâtres contraignant l’abatteur à parer ou à déclasser les carcasses touchées [4]. ● En France, la Parafilariose bovine est présente depuis de nombreuses années et aurait été particulièrement observée dans les élevages allaitants, en particulier en zone Charolaise et dans le Piémont Pyrénéen et du Massif Central [1]. ● En Europe, elle est présente et a été décrite en Belgique [7, 12 14], aux Pays-Bas [5], en Allemagne [9], en Italie [8], en Bosnie [15] et en Suède [20]. ● Depuis 2007, l’abattoir de la Châtaigneraie (en Vendée) observe sur certains jeunes bovins (JB) des lésions œdémateuses et

verdâtres du tissu conjonctif sous-cutané (TCSC). Ces bovins sont ainsi qualifiés de “JB verts” (photo 2). ● En 2015, des prélèvements de tissu conjonctif sous-cutané de neuf animaux ont été réalisés et ont permis d’établir un diagnostic de lésions de cellulite éosinophilique, faisant suspecter principalement l’implication de Parafilaria bovicola (photo 3). La recherche directe du parasite dans les zones lésées, via la dissection et l’examen à la loupe binoculaire a cependant été infructueuse. L’éleveur n’a pas eu connaissance de ces lésions. Elles sont à l'origine du déclassement de la carcasse en raison du parage réalisé (filière de très haute qualité), et représentent donc une importance économique non négligeable pour l’opérateur. ● Dans ce contexte, deux études complémentaires ont été mises en œuvre afin d’étayer cette hypothèse ont été mises en place. Elles ont pour objet de préciser : - pour l’étude nº1 : les caractéristiques des jeunes bovins qui présentent ces lésions (“leunes bovins verts”) à la Châtaigneraie ; - pour l’étude nº2 : les facteurs de risque de production des JB verts en lien avec les pratiques d’élevage via une enquête épidémiologique cas-témoin en élevage. MATÉRIELS ET MÉTHODES Étude n°1 : Les caractéristiques des jeunes bovins verts ●

L’échantillon est constitué des 19 140 jeunes bovins Blond d’Aquitaine ou Parthenais abattus sur le site entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2014. ● Les 19 140 jeunes bovins ont été divisés en deux populations : les “jeunes bovins verts” constitués de 407 jeunes bovins qui ont présenté des lésions verdâtres du tissu conjonctif sous-cutané (TCSC) et les “jeunes bovins sains“ qui comprennent 18 733 jeunes bovins sans lésions. ● La comparaison des deux populations d’étude s’est articulée autour de plusieurs variables, dont : - la période d’abattage ; - l’âge à l’abattage ;

Julien Enfrein1 Nicolas Oudot2 Anne Lehébel1 Nadine Brisseau1 Christophe Chartier1 1LUNAM Université, Oniris, Ecole nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation Nantes-Atlantique, UMR BioEpAR, BP 40706, F-44307 Nantes 2 Vétérinaire Conseil, INTERBEV Pays-de-la-Loire, 12 Avenue Jean Joxé, F-49103 Angers Cedex 02

Objectifs pédagogiques

❚ Connaître les signes cliniques et les lésions lors d’une infestation par Parafilaria bovicola. ❚ Connaître le cycle du parasite et les moyens de contrôle à mettre en œuvre éventuellement.

Essentiel

❚ L’importance clinique de la Parafilariose (saignements cutanés) reste limitée. ❚ Le déclassement de carcasses de taurillon en raison de lésions verdâtres du tissu conjonctif sous-cutané peut, en revanche, avoir un impact économique plus important. ❚ Le contrôle de ces lésions reste hypothétique.

COMPRENDRE ET AGIR ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 57


65-68 phytooestrogènes BAT.qxp_Gabarit rubrique 21/12/2017 20:33 Page65

reproduction

synthèse originale

les phyto-œstrogènes et l’alimentation des ovins quelle influence sur la reproduction ? Les pertes économiques liées aux problèmes de reproduction en production laitière sont souvent difficiles à quantifier. L’alimentation des ovins est composée de plantes susceptibles de contenir des phyto-œstrogènes. À l’exception de quelques cas graves d’exposition à de très fortes concentrations en phyto-œstrogènes, l’impact zootechnique des phyto-œstrogènes sur les résultats de reproduction n’est pas précisément connu. Il est donc encore plus compliqué de déterminer leur impact économique.

L

es phyto-œstrogènes, composés naturels présents dans certaines légumineuses fourragères utilisées en alimentation animale, ont une activité qui peut provoquer des troubles de la reproduction. Elles ont également un effet anabolisant et des propriétés bénéfiques reconnues chez l’homme (propriétés anti-cancéreuses, anti-athérosclérose, anti-oxydantes). L’ORIGINE DES PHYTO-ŒSTROGÈNES

● Parmi les substances d'origine végétale ayant une activité œstrogénique, on retrouve essentiellement : - les isoflavones : génistéine, biochanine A (transformée par déméthylation en génistéine dans le rumen), formononétine, daidzéine dans les légumineuses (trèfles comme Trifolium subterraneum) ; - le coumestrol : (30 à 40 fois plus actif que les précédents car il n’est pas inactivé par la flore ruminale et se retrouve directement sous forme libre ou conjuguée dans le plasma) dans les légumineuses (luzernes) ;

Xavier Nouvel Pathologie de la Reproduction Département Élevage et Produits, Santé Publique Vétérinaire École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23 chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse Cedex 3

Objectifs pédagogiques

❚ Connaître l'origine des phyto-œstrogènes dans l'alimentation des ovins. ❚ Connaître les observations cliniques associées. ❚ Savoir suspecter une influence des phytoœstrogènes lors de troubles de la reproduction chez les ovins.

1 En alimentation animale, des substances ayant une activité œstrogénique peuvent être produites par des parasites fongiques présents sur les céréales ; la principale est la zéaralénone (Photo X. Nouvel).

- les stérols dans les palmiers et les châtons de saules. ● En alimentation animale, des substances ayant une activité œstrogénique peuvent également être produites par des parasites fongiques présents sur les céréales. La principale est la zéaralénone retrouvée dans les céréales (maïs surtout), parasitées par Fusarium graminearum, F. culmorum ou Giberella spp. Il s'agit là de mycotoxines "vraies" (i.e. molécules d'origine fongique). ● Les phyto-œstrogènes sont produits par le végétal lui-même et ne sont donc pas des mycotoxines au sens strict. Ils sont cependant souvent confondus avec celles-ci du fait de l'association entre parasitisme fongique et élévation de leur production par les plantes [2, 3, 8]. ● Le coumestrol est le phyto-œstrogène le plus couramment à l’origine de troubles chez les ruminants en raison de sa puissante activité œstrogénique [2, 8]. ● Les phyto-œstrogènes sont souvent confondus avec les mycotoxines. Or, si certains sont bien d'origine fongique comme la

En pratique

❚ Les phyto-œstrogènes sont produits par la plante et ne sont pas des mycotoxines. ❚ Le coumestrol est le phyto-œstrogène le plus couramment à l’origine de troubles chez les ruminants du fait de sa puissante activité œstrogénique.

RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 NOVEMBRE 2017 - 65


69 Revue internationale ELSA 38.qxp_Revue internationale elsa 29 21/12/2017 21:24 Page69

revue internationale synthèse des meilleurs articles IMPACT DE LA MÉTHODE DE DIAGNOSTIC DE GESTATION SUR LA MORTALITÉ EMBRYONNAIRE/FŒTALE ET L’APPARITION D’ANOMALIES CONGÉNITALES ●

Cette étude a pour but de déterminer si le diagnostic de gestation par palpation transrectale (palpation de la vésicule amniotique ou glissement des membranes fœtales) augmente les risques de mortalité embryonnaire/fœtale ou de malformations congénitales, lorsque le diagnostic est réalisé pendant la fin de période embryonnaire ou le début de la période fœtale. ● Le diagnostic de gestation est le plus souvent réalisé par palpation transrectale, et confirmé en détectant un glissement des membranes fœtales (30 à 90 jours de gestation), ou la présence de la vésicule amniotique (30 à 70 j), du fœtus (> 90 jours) ou des cotylédons (> 75 jours). ● La palpation transrectale pourrait augmenter les risques de mortalité embryonnaire/fœtale ou d’anomalies congénitales (atrésie intestinale), notamment lorsqu’elle est pratiquée en début de gestation. Matériels et méthodes Après confirmation de gestation par échographie entre 35 et 60 jours postinsémination, 800 vaches laitières d’une ferme texane ont été réparties en 3 lots : contrôle (CON : pas de palpation transrectale), détection de l’embryon/du fœtus par glissement des membranes fœtales (FMS), palpation de la vésicule amniotique (ASP). Les échographies et palpations ont été réalisées par un vétérinaire expérimenté (vétérinaire spécialiste européen en reproduction animale avec 30 ans d’expérience en pratique bovine). ● Les vaches ont été réévaluées par échographie 2 à 4 semaines plus tard par deux vétérinaires n’ayant pas connaissance du lot attribué à chaque vache, puis suivies jusqu’au vêlage. ●

Reproduction

Les avortons, veaux prématurés ou veaux mort-nés ont été autopsiés. ● Les veaux nés vivants ont été suivis jusqu’à l’âge de 3 à 5 jours pour détecter la présence éventuelle d’anomalie. ● Les pourcentages de mortalité embryonnaire tardive (palpation transrectale à 35 - 45 jours de gestation), de mortalité fœtale précoce (46-57 jours), de veaux nés vivants, et de veaux présentant une anomalie congénitale ont été comparés entre groupes par test du Chi-2 ou test exact de Fisher.

Objectif de l’étude

❚ Déterminer si le diagnostic de gestation par palpation transrectale augmente les risques de mortalité embryonnaire/fœtale ou de malformations congénitales, (diagnostic réalisé en fin de période embryonnaire ou début de la période fœtale.

Résultats ● Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les différents groupes que ce soit pour les pourcentages de mortalité embryonnaire tardive (FMS : 7,7 p. cent ; ASP : 8,9 p. cent ; CON : 12,4 p. cent) ou de mortalité fœtale précoce (FMS : 6,8 p. cent ; ASP : 5,0 p. cent ; CON : 5,4 p. cent) détectées lors de la réévaluation échographique, de veaux nés vivants (FMS : 77,3 p. cent ; ASP : 74,1 p. cent ; CON : 76,9 p. cent), et le nombre d’anomalies congénitales (FMS : 6 ; ASP : 4 ; CON : 5). ● Un seul veau est né avec une atrésie du colon (né à terme, mère examinée à 51 jours de gestation par ASP).

Conclusion Le diagnostic de gestation par palpation transrectale (palpation de la vésicule amniotique ou glissement des membranes fœtales) réalisée par un vétérinaire expérimenté n’augmente pas les risques de mortalité embryonnaire/fœtale ou de malformations congénitales, que le diagnostic soit réalisé pendant la fin de période embryonnaire (35 - 45 jours de gestation) ou le début de la période fœtale (46 - 57 jours). r

u Theriogenology 2017; 90: 219-227. Comparison between allantochorion membrane and amniotic sac detection by per rectal palpation for pregnancy diagnosis on pregnancy loss, calving rates, and abnormalities in newborn calves Romano J, Pinedo P, Bryan K, Ramos R, Solano K, Merchan D, Velez J

Synthèse par Anne Relun, Médecine des Animaux d’Elevage, Oniris, Nantes.

disponible sur www.neva.fr

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une cirrhose hépatique chez un taureau de 4 ans

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Laetitia Icher1, Nicolas Herman1 Marie-Noelle Lucas1,2 Enrico Martinelli1, Hervé Cassard1 François Schelcher1, Vincent Herry1 1. Pathologie des Ruminants, ENVT, F-31076 Toulouse 2 Anatomie Pathologique, ENVT, F-31076 Toulouse

Paroi abdominale Parenchyme hépatique

Distension sévère de la veine porte (Ø = 6,8 cm)

Zones hyperéchogènes Aspect nodulaire

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Examen échographique du foie : altérations nodulaires hyperéchogènes du parenchyme et dilatation marquée de la veine porte (photo Pathologie des ruminants, ENV Toulouse).

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 10 / n°38 70 - NOVEMBRE 2017

1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● Les hypothèses diagnostiques sont déclinées en fonction des symptômes majeurs que sont une diarrhée d’évolution chronique à l’origine d’un amaigrissement chronique et un appétit diminué. En tenant compte des données de l’anamnèse et de l’examen clinique, ces hypothèses sont (dans l’ordre de probabilité décroissante) : 1. une infestation parasitaire sévère (strongles gastro-intestinaux notamment) ; 2. une péritonite chronique, viscérale, altérant le transit intestinal ; 3. une atteinte hépatique chronique sévère (dégénérative, inflammatoire ou tumorale) ; 4. une entérite chronique “idiopathique” (lymphocytaire +/-plasmocytaire ou éosinophilique) ou un lymphome intestinal. ● Une infection par Mycobacterium avium paratuberculosis et une atteinte rénale (amyloïdose) sont a priori exclues à ce stade de la démarche diagnostique en raison des données de l’anamnèse et de l’examen clinique (sérologie et PCR sur fèces négatives pour la Paratuberculose ; absence de protéinurie pour l’amyloïdose rénale). 2 Quel(s) examen(s) complémentaire(s) proposez-vous ? 1. Objectiver une infestation parasitaire ● Afin d’objectiver une infestation parasitaire, une coproscopie est réalisée (méthode de flottation à l’iodo-mercurate de potassium). ● Une infestation légère (200 opg) par des strongles digestifs est mise en évidence. Néanmoins, le degré d’infestation ne semble pas suffisant pour expliquer à lui seul les signes cliniques observés. ● Une sérologie distomatose (Kit Fumouze® HI) est réalisée et est positive au 1/320e. Un traitement avec de l’oxyclozanide (10 mg/ kg) administré par voie orale et une avermectine (0,2 mg/kg) injectée par voie souscutanée est donc mis en place. 2. Détecter une péritonite ou une atteinte hépatique ● Des examens biochimiques mettent en évidence une hypoprotéinémie ainsi qu’une hypoalbuminémie marquées (PT = 59,4 g/L ;

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Alb = 20,1 g/L), probablement expliquées par la diarrhée profuse mais n’excluant pas une péritonite exsudative sévère (3e secteur) (tableau 1). Le fibrinogène plasmatique n’est pas augmenté (fibrinogène = 3,65 g/L). ● L’hémogramme indique une neutrophilie légère (GNN = 4,29×109/L) et une éosinophilie légère (GNE = 0,79×109/L) sans leucocytose, ni signes de toxicité de neutrophiles ou granulocytes immatures (“band cells “) (tableau 1) . ● L’absence d’anomalie majeure de l’hémogramme combiné à l’absence d’augmentation des globulines et du fibrinogène plasmatiques, est plutôt en défaveur d’un processus inflammatoire et d’une péritonite. ● Le bilan inflammatoire et l’hémogramme sont complétés par un dosage de l’activité des enzymes hépatiques qui montre une augmentation légère de l’activité de la CK (580 UI/L) et de l’ASAT (175 UI/L), ainsi qu’une augmentation sévère de l’activité de la γGT (536 UI/L). L’augmentation des CK peut s’expliquer par la perte d’état du taureau, dont la fonte musculaire. L’augmentation simultanée des ASAT et des γGT est compatible avec une affection hépatique. ● L’absence d’augmentation de la bilirubine totale plasmatique (6,5 μmol/L) ne permet pas de conclure à une insuffisance de la fonction hépatique. ● L’échographie abdominale (MyLabTM five, sonde sectorielle convexe, 3,5 MHz) met en évidence un liquide anéchogène, en quantité abondante, qui entoure le lobe hépatique droit, indicateur d’un épanchement abdominal sévère (photo 2). Le parenchyme hépatique a un aspect hétérogène, légèrement plus échogène que d’ordinaire, avec de nombreux foyers nodulaires hyperéchogènes. La veine porte est dilatée avec un diamètre de 6,8 cm (intervalle de référence : 2,9 à 5,3 cm [4]) (photo 1), de même que la vésicule biliaire : son diamètre atteint 14 cm. Ces images sont évocatrices d’une affection hépatique chronique de type tumeur ou cirrhose. ● Une ponction échoguidée du liquide d’épanchement abdominal est réalisée dans le creux du flanc droit après une préparation chirurgicale du site et une anesthésie locale.


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