DOSSIER : LES ANOMALIES DE LA LIGNÉE BLANCHE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT
N°16 FÉVRIER MARS 2004
LES ANOMALIES DE LA LIGNÉE BLANCHE Conduites à tenir, fiches pratiques :
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°16 - FÉVRIER / MARS 2004
Amis lecteurs, aujourd’hui nous allons vous faire découvrir le monde envoûtant des cytokines…
DOSSIER :
LES ANOMALIES DE LA LIGNÉE BLANCHE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT Lorsqu’il est agressé, l’organisme réagit et les cellules sanguines, en particulier les leucocytes, sont au premier rang de cette défense. Pour les explorer, notre conseil : faire l’acquisition d’un microscope en même temps que s’équiper d’un automate ...
Management et entreprise Dossier - Comment conseiller votre client
sur le choix d’un chien de race Comment participer à la filière cynophile Témoignage - L’école du chiot, un concept original pour les conseils d’éducation
REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE
- Les leucocytes : valeurs usuelles et variations physiologiques - Explorer et interpréter la formule leucocytaire - Fiches : - Le frottis sanguin : comment le réaliser et le lire ? - Les granulocytes neutrophiles et leurs variations - Les granulocytes éosinophiles - Les granulocytes basophiles et les mastocytes - Les monocytes - Les lymphocytes - Diagnostic et traitement des troubles fonctionnels des leucocytes - Pharmacovigilance Neutropénies iatrogènes - Observation clinique Anaplasmose
Féline - Diagnostic et traitement des rétroviroses félines : le rôle des leucocytes - Observation clinique Complexe gingivostomatite
Rubriques - Nutrition - Le traitement de l'obésité chez le chien - Principe actif Le cyclophosphamide - Immunologie et le B.A. BA en BD Cytokines et facteurs de croissance - N.A.C. - L'hospitalisation des rongeurs et des lagomorphes
sommaire Éditorial par Jean-François Guelfi Test clinique : Hyperthermie et douleur chez une chienne Jean-Pierre Beaufils
FÉVRIER MARS 2004
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CANINE - FÉLINE Les leucocytes : valeurs usuelles et variations physiologiques chez le chien et le chat Nathalie Bourges-Abella, Armelle Diquelou, Catherine Trumel Explorer et interpréter la formule leucocytaire chez le chien et le chat Luc Chabanne Fiches - David Ledieu - Le frottis sanguin : comment le réaliser et l’interpréter chez le chien et le chat - Les granulocytes neutrophiles et leurs variations chez le chien et le chat - Les granulocytes éosinophiles et leurs variations chez le chien et le chat - Les granulocytes basophiles et les mastocytes, et leurs variations chez le chien et le chat - Les monocytes et leurs variations chez le chien et le chat - Les lymphocytes et leurs variations chez le chien et le chat Conduite diagnostique et thérapeutique des troubles fonctionnels des leucocytes chez le chien et le chat Luc Chabanne, Dominique Rigal Pharmacovigilance - Neutropénies iatrogènes chez le chien et le chat Xavier Pineau, Florence Buronfosse, Stéphane Queffelec Observation clinique - Anaplasmose chez un chien Florence Poitout, Luc Chabanne
N°16
DOSSIER
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LES ANOMALIES DE LA LIGNÉE BLANCHE chez le chien et le chat
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FÉLINE Diagnostic et traitement des rétroviroses félines : le rôle des leucocytes Luc Chabanne, Frédérique Ponce, Jean-Luc Cadoré Observation clinique - Neutropénie liée à un complexe gingivo-stomatite Frédérique Ponce, Vanessa Turinelli, Luc Chabanne, Corinne Fleury-Fournel
51 57
RUBRIQUES Nutrition - Le traitement de l'obésité chez le chien Marianne Diez, Isabelle Jeusette, Patrick N'Guyen Principe actif - Le cyclophosphamide Mohamed Mallem, Marc Gogny Immunologie - Cytokines et facteurs de croissance Luc Chabanne, Frédérique Ponce, Dominique Rigal Le B.A.BA en BD - Cytokines et facteurs de croissance Frédéric Mahé, Luc Chabanne, Frédérique Ponce, Dominique Rigal N.A.C. - L'hospitalisation des rongeurs et des lagomorphes Emmanuel Risi
61 67 69 73 75 Souscription d’abonnement en page 90
MANAGEMENT ET ENTREPRISE Editorial - Les nouveaux services de la prévention : du choix du chiot de race à sa “scolarisation” Colette Arpaillange Dossier - Comment conseiller votre client sur le choix d'un chien de race Françoise Lemoine Comment participer à la filière cynophile ? Françoise Lemoine Fiche - L’école du chiot : un concept original pour les conseils d’éducation Muriel Rossignol, Christine Bocquet Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses
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RUBRIQUE
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MANAGEMENT
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 3
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr
Conseil scientifique
hyperthermie et douleur chez une chienne
Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Pascal Fayolle (E.N.V.A.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Jean-François Guelfi (E.N.V.T.) Jean-Pierre Jégou (praticien) Roger Mellinger (praticien)
Jean-Pierre Beaufils
U
Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)
Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)
Comité de rédaction Xavier Berthelot (reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) Bernard Clerc (Ophtalmologie, E.NV.A.) Valérie Chetboul (Cardiologie, E.N.V.A.) René Chermette (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Dossin (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.T.) Valérie Dramard (Comportement, praticien) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Fabrice Labadie (Management) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Elevage et collectivité, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Claude Petit (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.T.) Patricia Ronsin (Reproduction, E.N.V.T.) Etienne Thiry (Virologie, Liège)
Chargées de mission rédaction Valérie Colombani Anne Quinton Abonnement et Promotion Marie Servent, Maryse Mercan Publicité Maryvonne Barbaray Anne Quinton - Marie Servent
ne chienne croisée genre griffon, d'un âge estimé à cinq mois et demi, est présentée à J0 pour abattement et douleur. La chienne a été acquise dans un refuge quinze jours plus tôt. ● Deux jours après l'adoption, elle présente un abattement et de vives douleurs, ce qui motive une consultation chez un confrère. La température rectale est de 40°C. Les symptômes disparaissent rapidement après un traitement antibiotique, non précisé. ● L'examen clinique révèle une température rectale de 39,4°C, et une douleur à la manipulation de différentes articulations. ● Les muqueuses sont pâles, une adénomégalie et une splénomégalie sont présentes. Un frottis sanguin est réalisé (photo 1). ● Les résultats de la numération formule sanguine (N.F.S.) mettent en évidence une anémie, une leucocytose avec neutrophilie et éosinophilie et une thrombocytopénie (tableau). 1 Que conclure de l'examen du frottis sanguin ?
NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
2 Quels autres examens complémentaires pourraient être réalisés ?
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray
3 Quels traitements envisager ?
Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA
comité de lecture
SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1007 T801 21 I.S.S.N. 0399-2519 Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 4 - FÉVRIER / MARS 2004
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Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Jean-Jacques Bénet, Juliette Besso, Vincent Boureau, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Stéphane Bureau, Jean-Jacques Bynen, Claude Carozzo, Sylvie Chastant-Maillard, Claude Chauve, Yan Cherel, Cécile Clercx (Liège), Jean-Pierre Cotard, Jack-Yves Deschamps,
Pierre Desnoyers, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Sébastien Géroult, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot, Dominique Grandjean, Laurent Guilbaud, Jacques Guillot, Nicole Hagen, Philippe Hennet, Marc Henroteaux (Liège), Yves Legeay,
Clinique Vétérinaire Route de Salinelles 30250 Sommières
1
Frottis sanguin de la chienne (Diff Quik®, x 1000) (photo J.-P. Beaufils).
Tableau - Résultats de la N.F.S. (valeurs usuelles d’après [1])
Animal Valeurs étudié usuelles 3,64 5,50-8,50
Paramètres ●
Hématies (1012/L)
●
Hémoglobine (g/dL)
7,8
12,0-18,0
●
Hématocrite (%)
27,4
37,0-55,0
●
Leucocytes (109/L)
25,0
6,0-17,0
●
Granulocytes neutrophiles
82 %
60-80 %
●
Granulocytes éosinophiles
10 %
2-10 %
●
Lymphocytes
7%
12-30 %
●
Monocytes
1%
3-10 %
●
Plaquettes (109/L)
85
200-500
Réponses à ce test page 89
Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Jean-Paul Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Didier Pin, Xavier Pineau, Luc Poisson, Jean-Louis Pouchelon, Pascal Prélaud,
Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Odile Sénécat, Brigitte Siliart, Isabelle Testault, Jean-Jacques Thiébault, Bernard Toma, Patrick Verwaerde, Muriel Vabret, Isabelle Valin, Lionel Zenner.
éditorial Les leucocytes observés à la loupe ...
J
e ne connais pas d’affection ou de maladie sans retentissement hématologique. Lorsqu’il est agressé, l’organisme réagit et les cellules sanguines, en particulier les leucocytes, sont au premier rang de cette défense. Pour les explorer, le praticien ne dispose en routine que de l’hémogramme et du myélogramme. Ces examens doivent donc être exploités du mieux possible. Aujourd’hui, les laboratoires d’analyse utilisent pour obtenir l’hémogramme, des automates de type diffraction d’un rayon laser qui, entre autres, comptent les globules blancs et réalisent la formule leucocytaire "complète". Encore faut-il que ces appareils soient calibrés de façon spécifique. Des automates moins onéreux à l’achat, de type Q.B.C. ou variation d’impédance sont spécialement adaptés à la médecine vétérinaire. Ils sont assez simples d’utilisation, même s’ils nécessitent une attention permanente, et fournissent des renseignements nombreux et précieux dont certains ne peuvent pas être obtenus par les méthodes manuelles - je pense en particulier à l’érythrogramme et à l’indice d’anisocytose des hématies - mais ils ont des limites. En particulier, la formule leucocytaire est incomplète. Un microscope doit donc être utilisé pour la réaliser. Par ailleurs, aucun automate n’a, dans l’état actuel des techniques, la capacité de détecter la plupart des anomalies de la morphologie des cellules, dont la diversité est grande et dont nous rappelons l’intérêt.
Jean-François Guelfi Unité de médecine interne Chien, chat, cheval E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Notre conseil : faire l'acquisition d'un microscope en même temps que l'on s'équipe d'un automate
Remerciements Nous remercions Luc Chabanne, qui a orchestré ce Dossier Spécial, ainsi que tous les auteurs pour leur contribution. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 6 - FÉVRIER / MARS 2004
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Chez le chien et le chat, lorsqu'un ou plusieurs éléments chiffrés de l’hémogramme sont anormaux, l’examen du frottis sanguin apporte des renseignements complémentaires dans tous les cas. Lorsque ces éléments sont normaux, l’examen du frottis apporte tout de même un complément d’information dans 20 p. cent des cas. Pour ces raisons, le meilleur conseil que l’on puisse donner est de faire l’acquisition d’un microscope avant ou en même temps que l’on s’équipe d’un automate. Bien entendu, il est conseillé de savoir ou d'apprendre à se servir d’un microscope ! Pour la cytologie des nœuds lymphatiques, de la moelle, des masses et des épanchements, seul l’avis d’une personne spécialisée est fiable, exception faite de quelques anomalies très typiques. En revanche, les anomalies rencontrées sur un frottis sanguin sont plus accessibles, et un vétérinaire intéressé et conscient de ses limites peut acquérir assez rapidement une formation et une expérience suffisantes pour faire bien des diagnostics. Ces renseignements fournis par le microscope et concernant les leucocytes sont présentés dans les différents articles de ce Dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE. Parmi eux, je retiendrai : - l’examen du frottis sanguin au faible grossissement, qui permet d’apprécier la richesse et la répartition des leucocytes, donnant une information qui doit être corrélée au nombre de leucocytes donné par l’automate ; - la mise en évidence possible d’inclusions leucocytaires au cours de la maladie de Carré, de gamétocytes d’Hepatozoon canis, de morulas d’Ehrlichia canis, de lymphocytes à grains dans la babésiose et la phase subaiguë de l’ehrlichiose, d’immunocytes lors de gastro-entérite ou de trachéo-bronchite virales ; - l’aspect particulier des granulocytes neutrophiles lors de troubles infectieux (variations de la courbe d’Arneth, aspect du cytoplasme : corps de Doëhle, aspect écumeux des toxi-infections, germes phagocytés, …) ; - la présence de leucocytes anormaux dans certains cas d’hémopathies malignes. À tout cela s’ajoutent bien sûr les anomalies morphologiques des globules rouges et des plaquettes. Si vous n’avez pas l’intention d’interpréter vous-même les frottis sanguins de vos malades, lisez tout de même ce numéro, car cette lecture facilitera l’interprétation des résultats donnés par le laboratoire et permettra un dialogue plus constructif avec votre biologiste. ❒
les leucocytes :
valeurs usuelles et variations physiologiques chez le chien et le chat
Nathalie Bourges-Abella*, Armelle Diquelou**, Catherine Trumel**
Chez le chien et chez le chat, des variations de la morphologie des cellules sanguines (hématies, leucocytes, plaquettes) et de leur nombre sont très fréquentes et souvent caractéristiques de l’affection ou de la maladie en cause. Pour identifier ces modifications pathologiques, il est nécessaire de bien connaître les valeurs usuelles, et de savoir reconnaître les variations physiologiques.
Q
uel que soit le type d’automate d’hématologie utilisé, l’examen du frottis sanguin devrait être systématique pour détecter toute anomalie du comptage différentiel leucocytaire automatisé (encadré 1). Une observation microscopique plus poussée permet d’identifier une population cellulaire anormale, par exemple, et peut apporter un complément d’informations. COMMENT ÉTABLIR LA FORMULE LEUCOCYTAIRE ?
L’examen du frottis sanguin est un élément fondamental dans l’évaluation du bilan clinique général d’un animal. Il permet de réaliser le comptage différentiel des leucocytes, et d’obtenir de précieuses informations diagnostiques. ● L’observation de modifications morpholo●
*Histologie, Département des Sciences biologiques et fonctionnelles **Département des Sciences cliniques des animaux de compagnie et de sport E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Objectif pédagogique Bien connaître les variations physiologiques du nombre et de l’aspect des globules blancs ou leucocytes.
1
Chat : granulocyte éosinophile (x 1000, coloration May Grünwald-Giemsa). Chez le chat, les granulations
cytoplasmiques sont en forme de bacilles, occupent la totalité du cytoplasme et sont d’autant plus faciles à reconnaître que la cellule est éclatée (photos C. Trumel).
giques sur la population leucocytaire peut représenter le résultat de laboratoire le plus précoce, évocateur de certaines anomalies congénitales ou de leucémies.
Essentiel ❚ L’examen du frottis sanguin est fondamental dans l’évaluation du bilan clinique général d’un animal. ❚ Il devrait être systématique pour détecter toute anomalie du comptage différentiel leucocytaire automatisé. ❚ Des risques d’erreur existent, quel que soit l’appareil d’hématologie utilisé. ❚ Chez le chien, des leucocytoses sont observées lors de peur, d’effort musculaire et d’excitation. ❚ Chez le chat, lors de stress lié à la contention, à la peur ou à une prise de sang notamment, une sécrétion d’adrénaline induit une leucocytose comme chez le chien.
● Un frottis sanguin est préparé avec du sang veineux prélevé sur E.D.T.A., coloré au May Grünwald-Giemsa, puis examiné au microscope. Dans un 1er temps, l'étalement est regardé au faible grossissement, pour apprécier la richesse et la répartition cellulaires, puis avec un objectif à immersion, afin de réaliser la formule leucocytaire et d'examiner la morphologie des cellules.
La formule leucocytaire est établie en parcourant la partie distale du corps du frottis en créneaux, d’un bord du frottis au bord opposé, et en comptant cent leucocytes*. Ce comptage différentiel prend tout son intérêt lorsqu’il est couplé à la numération des globules blancs. Ceci permet d’obtenir la valeur chiffrée la plus fiable. ●
Encadré 1 - Les cellules qui composent la lignée blanche La lignée blanche, ou leucocytes, est composée de cinq types cellulaires, qui se subdivisent en deux familles principales, selon la forme du noyau et la présence de granulations cytoplasmiques visibles en microscopie photonique : - les granulocytes (anciennement appelés polynucléaires) ; - les agranulocytes (leucocytes mononucléés). 1. Les granulocytes présentent des granulations dans leur cytoplasme. La teinte des granulations, après coloration au May-Grünwald Giemsa, permet d’identifier trois types de granulocytes : les neutrophiles (G.N.N.), les éosinophiles (G.N.E.) et les basophiles (G.N.B.). ●
Ces cellules possèdent un noyau unique mais polylobé, dont les lobes sont parfois très distincts les uns des autres. Cette morphologie nucléaire caractéristique est à l’origine de l’appellation abusive de "polynucléaires". 2. Les agranulocytes se distinguent des autres leucocytes par l’absence de granulations cytoplasmiques visibles en microscopie photonique. Ils sont constitués par les lymphocytes et les monocytes. Le terme de leucocytes mononucléés peut aussi être employé pour décrire la présence d’un noyau peu ou non lobé.
NOTE *cf. Fiche Le frottis sanguin, par D. Ledieu, dans ce numéro.
CANINE - FÉLINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 9
explorer et interpréter la formule leucocytaire chez le chien et le chat
Comment réaliser et interpréter une formule leucocytaire, élément précieux pour établir le diagnostic. En effet, la formule leucocytaire permet d’orienter le diagnostic et de choisir les examens complémentaires les plus appropriés. Cet examen est facile à réaliser, et le praticien ne doit pas hésiter à le répéter pour confirmer les anomalies constatées et suivre leur évolution. Cet article présente les moyens à la disposition du vétérinaire et les principes de son interprétation.
L
’exploration hématologique de base est constituée par l’hémogramme, dont la formule leucocytaire est l'une des composantes essentielles (encadré 1).
COMMENT RÉALISER LA FORMULE LEUCOCYTAIRE ? ● La formule leucocytaire (cf. Définitions) est réalisée à partir d’un échantillon de sang total prélevé par ponction veineuse sur anticoagulant. ● Dans l’idéal, le prélèvement est effectué chez un sujet à jeûn et au repos. Le meilleur anticoagulant est l’E.D.T.A. cristallisé, qui ne modifie pas les proportions entre les phases plasmatique et cellulaire, et qui préserve la morphologie cellulaire.
Avec un frottis sanguin : avantages et inconvénients ●
La façon la plus classique de réaliser la
Objectif pédagogique Connaître les principes et les limites de l’interprétation de la formule leucocytaire.
1
Frottis sanguin en coloration M.G.G. : neutrophilie avec déviation à gauche, qui accompagne une réaction inflammatoire chez un chien. La technique microscopique permet le comptage et l’analyse morphologique des éléments sanguins observés : les formes immatures des granulocytes neutrophiles sont visibles sur ce frottis (photo Laboratoire d’hématologie, E.N.V.L.).
formule leucocytaire reste la technique microscopique, sur un frottis du sang soumis à une coloration panoptique*. Les leucocytes sont identifiés un par un, et la formule est le plus souvent établie sur cent cellules. - En cas de modifications d’ordre qualitatif (cellules atypiques) ou quantitatif (variations limites entre normalité et pathologie), elle l’est sur deux cents éléments, voire plus (tableau 1). - En cas de leucopénie (< 3 109/L ou G/L), il est possible de réaliser des frottis à partir d’une leucoconcentration, qui consiste à recueillir la zone d’interface entre les globules rouges et le plasma, après sédimentation ou centrifugation. ● L’avantage de la technique microscopique, méthode de référence, est de permettre l’analyse morphologique de chaque élément compté, et un contrôle des données quantitatives fournies par la numération (photos 1, 2).
Encadré 1 - Qu’est-ce que l’hémogramme ? L’hémogramme est une analyse qualitative et quantitative des éléments figurés du sang. 1. L'examen quantitatif comprend : - la numération des éléments figurés du sang : hématies, leucocytes, thrombocytes et réticulocytes en cas d’anémie ; - la détermination de l’hématocrite ; - le dosage de l’hémoglobine : le plus souvent exprimé en g/dL ; - l'établissement de la formule leucocytaire. 2. L'examen qualitatif consiste en une étude ●
Luc Chabanne Unité de Médecine interne et Laboratoire d’Hématologie clinique, Département des Animaux de compagnie E.N.V.L. B P 83 69280 Marcy l’Étoile
morphologique des éléments figurés. À partir des données de l’examen quantitatif, les index érythrocytaires sont calculés : - le volume globulaire moyen (V.G.M.) : rapport hématocrite/hématies, exprimé en fL ; - la concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine (C.C.M.H.) : rapport hémoglobine/hématocrite, exprimé en g/dL ou en p. cent ; - la teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine (T.C.M.H.) : rapport hémoglobine/hématies, exprimé en pg. ●
Définitions ❚ Leucogramme : Le leucogramme est une analyse qualitative et quantitative des leucocytes sanguins. ❚ Formule leucocytaire : La formule leucocytaire exprime la répartition, en pourcentage, des différentes catégories de globules blancs.
Essentiel ❚ Le frottis sanguin demeure la méthode de référence pour établir une formule leucocytaire. ❚ Le frottis sanguin apporte des renseignements précieux pour interpréter l’hémogramme dans son ensemble. NOTE * cf. Comment réaliser un frottis sanguin ?, par D. Ledieu, dans ce numéro.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 13
le frottis sanguin
Fiche
comment le réaliser et le lire ? chez le chien et le chat
Le frottis de sang est un examen simple à réaliser. Il peut être une aide précieuse pour le diagnostic.
David Ledieu Département des Animaux de Compagnie Laboratoire d'Hématologie et de Cytologie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Figure 1 - Comment réaliser le frottis sanguin ?
Objectif pédagogique Réaliser, examiner et interpréter un frottis sanguin.
Cette fiche présente comment réaliser et lire un frottis sanguin. LE PRINCIPE DU FROTTIS SANGUIN Une goutte de sang est étalée de manière uniforme sur une lame de verre afin d’obtenir une monocouche cellulaire. ● Cet étalement, fixé à l’air puis coloré, est ensuite examiné au microscope pour effectuer une étude morphologique des cellules sanguines. Il permet aussi une appréciation semiquantitative des cellules du sang, et en particulier la réalisation de la formule leucocytaire. ● Cet examen complète les données chiffrées de l’hémogramme blanc (numération et formule leucocytaires) obtenues avec les automates d’hématologie, et permet de les vérifier. ●
COMMENT RÉALISER LE FROTTIS SANGUIN ? Le frottis de sang est réalisé immédiatement après le prélèvement sanguin sur tube E.D.T.A. (encadré 1). ● Avant de réaliser l’étalement, le tube de sang est agité délicatement (à la main ou avec un agitateur mécanique) pendant quelques minutes, pour remettre en suspension tous les éléments cellulaires. 1. Déposer une petite goutte de sang à l'aide de la pipette à environ 1 cm de l'extrémité matée d'une lame porte-objet (figure 1). Encadré 1 - Le matériel nécessaire Le matériel nécessaire à la réalisation d'un frottis sanguin est composé de : - lames porte-objets : de bonne qualité, c’està-dire prédégraissées, rodées, matées à une extrémité, pour identifier facilement le frottis. Il est impératif d’utiliser une lame neuve pour chaque nouveau frottis ; - une pipette ; - un crayon à papier, pour identifier le frottis sur la partie matée de la lame. C’est le seul crayon qui résiste à l’étape de coloration.
Encadré 2 - Les règles de bonne réalisation du frottis sanguin Un frottis sanguin réussi : 1. n’est pas trop épais, car les cellules se rétracteraient et ne pourraient être analysées ; 2. n’est pas trop mince, car la densité cellulaire sur la lame serait trop faible pour permettre une analyse ; 3. n’atteint ni les bords ni les extrémités de la lame, car les éléments les plus volumineux seraient perdus ; 4. ne présente pas de trous (utilisation d’une lame mal dégraissée) ni de stries (utilisation d’une lame à bords non rodés, irréguliers, pour l’étalement) ; 5. est régulier, sinon la répartition des cellules serait hétérogène et l’appréciation quantitative variable selon les champs examinés ; 6. est bien séché, car un séchage défectueux provoque des artefacts, surtout sur la morphologie des globules rouges (corps réfringents, aspect crénelé, …).
Placer une 2e lame devant la goutte, en formant un angle d'environ 45° avec la 1ère. 2. Reculer la lame jusqu'à toucher la goutte de sang. Celle-ci s'étale alors par capillarité sur toute la largeur de la 1ère lame. 3. Déplacer la lame d'un mouvement rapide vers l'avant, en glissant sur la 1ère. Comme tout prélèvement cytologique, le frottis sanguin doit être réalisé à l'abri de tout fixateur : ne jamais utiliser de spray fixateur, et opérer en absence de formol. 4. Le frottis est immédiatement séché à l'air par agitation ou à l'aide d'un sèche-cheveux (encadré 2). 5. La lame est identifiée (nom du propriétaire, espèce, date du prélèvement) sur la partie matée de la lame, au crayon à papier, surtout si le prélèvement est destiné à un laboratoire extérieur. 6. Une fois séché, l'étalement peut être coloré, ou envoyé non coloré à un laboratoire d'hématologie dans un emballage adapté. Remarque : dans l’idéal, il convient de laisser sécher la lame au moins une heure avant de la colorer. Ceci évite la plupart des artéfacts, notamment la présence de corps réfringents sur les globules rouges (surtout vrai pour la coloration de May-Grünwald-Giemsa).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 19
les granulocytes neutrophiles et leurs variations chez le chien et le chat
Interpréter les modifications de la formule leucocytaire liée aux neutrophiles. Normes
❚ Chez le chien, le nombre des neutrophiles est de 3 à 12 109/L. 1
L
LA NEUTROPÉNIE : SES DIFFÉRENTES CAUSES Chez le chien et le chat, la neutropénie (cf. Définitions) est évoquée pour des valeurs inférieures à 3,0-4,0 109/L). C’est la cause la plus fréquente de leucopénie. ● Les mécanismes responsables des neutropénies sont : - une consommation massive par les tissus ; - une diminution de la production médullaire (hypoplasie granuleuse) ou une production médullaire inefficace (dysgranulopoïèse) ; - une augmentation de la margination des neutrophiles sur l’endothélium vasculaire. Pour chacun de ces mécanismes, les causes sont multiples. ● Les niveaux de production et de libération de neutrophiles par la moelle osseuse, les échanges entre le pool marginé et le pool circulant, les phénomènes de migration tissulaire peuvent influencer le nombre de neutrophiles mesuré lors de la réalisation d’un hémogramme (figure 2). ●
Les neutropénies par consommation tissulaire accrue Les neutrophiles peuvent être très rapidement et massivement séquestrés dans les tissus siège d’une inflammation aiguë, en particulier lors de pleurésie, de péritonite, de pyomètre ou d'abcès de taille importante. ●
David Ledieu Département des Animaux de Compagnie Laboratoire d'Hématologie et de Cytologie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique
Certaines affections ont un effet sur la quantité et/ou l’aspect des granulocytes neutrophiles. Ces modifications fournissent de nombreuses informations au clinicien, et leur interprétation est une aide précieuse pour le diagnostic. es granulocytes neutrophiles, les plus nombreux de la formule leucocytaire, peuvent subir des modifications quantitatives ou qualitatives (encadré ci-contre). Les granulocytes neutrophiles, produits dans la moelle osseuse, passent dans le sang où ils circulent brièvement (encadré 1, figure 1). Ils migrent ensuite dans les tissus, où ils assurent leurs fonctions, puis sont détruits.
Fiche
Granulocyte neutrophile chez un chien, avec un noyau segmenté de trois lobes (coloration de May-Grünwald-Giemsa, objectif x100) (photo D. Ledieu).
❚ Chez le chat adulte, les valeurs usuelles sont 2,5 à 13 109/L.
Reconnaître au microscope les granulocytes neutrophiles Les granulocytes (ou polynucléaires) neutrophiles circulants ont : - une taille moyenne (12 à 15 μm de diamètre selon l’espèce), ce qui correspond à 2 à 2,5 fois le diamètre d’une hématie ; - un noyau segmenté constitué généralement par deux à quatre lobes
nucléaires distincts, avec une chromatine dense et de couleur pourpre ; - un cytoplasme incolore, ou discrètement rose ou bleuté, qui contient de fines granulations dont l'intensité de coloration varie selon les espèces. Elles sont très pâles chez le chien et, de fait, difficiles à distinguer (photo 1).
● La neutropénie apparaît lorsque la migration tissulaire dépasse les capacités de stockage et de production médullaires. ● Des granulocytes neutrophiles peu matures (métamyélocytes, granulocytes hyposegmentés) sont alors libérés dans le sang circulant, ce qui définit une déviation à gauche par rapport à la réalisation d’une courbe de répartition des granulocytes selon l’importance de la lobation nucléaire, encore appelée courbe d’Arneth (figure 3). ● En cas d’inflammation sévère, notamment lors d’infection bactérienne, les granulocytes neutrophiles présentent souvent des signes de souffrance cellulaire : aspect hétérogène du cytoplasme, vacuolisation, gonflement du noyau, inclusions cytoplasmiques caractéristiques ou corps de Döhle (granulocytes "toxiques").
Définition
❚ Neutropénie : diminution du nombre absolu de neutrophiles circulants. ❚ Neutrophilie : augmentation du nombre absolu de neutrophiles circulants. Essentiel ❚ Les neutrophiles servent de 1ère ligne de défense contre l’invasion des tissus par les micro-organismes. ❚ Le passage des neutrophiles dans les tissus est irréversible. ❚ La granulopoïèse est un phénomène continu.
Les neutropénies par diminution de la production médullaire Des lésions sévères de la moelle osseuse peuvent entraîner une diminution de la production des neutrophiles. Les causes potentielles sont : - une exposition à une substance myélotoxique (médicaments, produits chimiques, …) ; ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 21
les granulocytes
Fiche
éosinophiles et leurs variations chez le chien et le chat
Les granulocytes éosinophiles sont impliqués dans les phénomènes d’hypersensibilité, et jouent un rôle essentiel dans la destruction des parasites. Cette fiche décrit leurs principales caractéristiques.
L
es polynucléaires éosinophiles constituent un élément essentiel des réactions d’hypersensibilité. Lorsque des antigènes parasitaires ou des allergènes se fixent spécifiquement aux IgE présents sur les mastocytes, ceux-ci libèrent le contenu de leurs granulations. L'histamine qui s'y trouve, entre autres, attire alors les éosinophiles. ● Les éosinophiles jouent un rôle central dans la destruction des parasites, dont la surface est recouverte d’immunoglobulines G et de complément. ● Les propriétés de phagocytose et de bactéricidie des éosinophiles sont limitées. Ils interviennent aussi dans la destruction des cellules tumorales. ● Les éosinophiles de chien et de chat ont un aspect très différent, lié principalement
Reconnaître au microscope les granulocytes éosinophiles Chez le chien, les éosinophiles sont caractérisés par : - une taille moyenne à grande (12 à 20 μm de diamètre), aussi grande ou légèrement plus importante qu’un neutrophile ; - un noyau plus ou moins segmenté, souvent bilobé, avec une chromatine pourpre, dense mais souvent moins condensée que celle des neutrophiles ; - un cytoplasme qui contient des granulations rose-orangées, rondes, en nombre variable, de taille plus ou moins importante, qui ne remplissent pas toujours tout le cytoplasme (photo 1). ● Chez le chat, les éosinophiles ont une taille et un noyau similaire à celui du chien, mais leur cytoplasme contient de nombreuses granulations rose-orangées, en forme de petits bâtonnets ou de bacilles, de taille régulière et qui remplissent tout le cytoplasme (photo 2). ●
David Ledieu Département des Animaux de Compagnie Laboratoire d'Hématologie et de Cytologie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Interpréter les modifications de la formule leucocytaire liée aux granulocytes éosinophiles.
Normes 1
Granulocyte éosinophile normal chez un chien (coloration May-Grünwald-Giemsa, objectif x100) (photos D. Ledieu).
❚ Chez le chien, le nombre des granulocytes éosinophiles est de 0,1 à 1,3 109/L. ❚ Chez le chat, les valeurs usuelles sont de 0,1 à 1,5 109/L. Essentiel ❚ Les principales causes
2
Granulocyte éosinophile normal chez un chat (coloration May-Grünwald-Giemsa, objectif x100).
à des différences cytoplasmiques (encadré ci-contre). LES VARIATIONS QUANTITATIVES ● Le nombre de granulocytes éosinophiles circulants résulte de l’équilibre entre la production médullaire et la consommation tissulaire. De nombreuses maladies sont caractérisées par la mobilisation de granulocytes éosinophiles sur le site de la lésion, sans qu’une éosinophilie sanguine soit observée au moment du diagnostic (figure). ● Pour la numération des éosinophiles, les limites de l’intervalle des valeurs de référence varient en fonction des automates utilisés.
d’éosinopénie sont : - l’augmentation de la sécrétion ; - l’administration de glucocorticoïdes. ❚ Lorsqu'un animal est stressé pendant le prélèvement sanguin, même si la numération des éosinophiles est normale, suspecter une éosinopénie. ❚ Les principales causes d’éosinophilie sont : - les allergies ou les réactions d’hypersensibilité ; - les parasites ; - les lésions granulomateuses ; - certains cancers ; - les leucémies éosinophiliques ; - les syndromes hyperéosinophiliques idiopathiques.
L'éosinopénie L’éosinopénie est définie par une diminution du nombre des éosinophiles circulants.
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● La limite inférieure de l’intervalle des valeurs usuelles pour les éosinophiles est souvent proche de zéro, si bien qu’il est difficile de donner un seuil chiffré pour définir une
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2003 - 27
les granulocytes basophiles et les mastocytes et leurs variations chez le chien et le chat
Les granulocytes basophiles et les mastocytes jouent un rôle important dans l’inflammation. Cette fiche présente leurs aspects respectifs, leurs fonctions, et leurs variations.
I
l existe des différences importantes entre les basophiles de chien et de chat, qui tiennent principalement à l’aspect du cytoplasme (encadré ci-contre). En revanche, les mastocytes de chien ou de chat présentent le même aspect (encadré page suivante). Les basophiles constituent un très faible pourcentage des leucocytes circulants. En règle générale, ils sont très rarement observés lors d'un frottis sanguin, chez le chien et le chat (encadré 1).
1
Les granulocytes basophiles normaux du chien ont un diamètre de 12 à 20 μm, un noyau bi- à trilobé, un cytoplasme de couleur violette ou gris clair, avec des granulations pourpres (coloration May-Grünwald-Giemsa, objectif x100) (photos D. Ledieu).
Connaître les fonctions des granulocytes basophiles et des mastocytes, et leurs variations.
Reconnaître au microscope les basophiles Chez le chien, les basophiles sont caractérisés par : - une taille moyenne à grande (12 à 20 μm de diamètre), comparable ou un peu plus importante que celle d’un neutrophile ; - un noyau segmenté, bi à trilobé, en forme de ruban ; - un cytoplasme d’une couleur violette ou gris clair avec quelques fines granulations pourpres. Ces granulations peuvent être en très petit nombre, voire absentes dans certaines cellules (photo 1). ●
Compte tenu du petit nombre de basophiles, il est difficile en pratique de parler de basopénie. En théorie, les glucocorticoïdes endogènes ou exogènes entraînent une réduction du nombre de basophiles circulants.
●
Chez le chat :
Essentiel ❚ Les basophilies sont
- mais ils ont un noyau segmenté, avec une
surtout liées à des réactions allergiques ou d’hypersensibilité, à certaines maladies inflammatoires, à la présence de parasites et à certains cancers. ❚ Les basophiles constituent un très faible pourcentage des leucocytes circulants. ❚ La basophilie est généralement associée à une éosinophilie.
chromatine assez décondensée ; - un cytoplasme qui contient de nombreuses granulations rondes de couleur lavande et de petite taille (photo 2).
● La basophilie se définit par une augmentation significative et persistante du nombre des
2
Chez le chat, les granulocytes basophiles présentent une chromatine décondensée et contiennent des granulations rondes de couleur lavande et de petite taille (coloration May-Grünwald-Giemsa, objectif x100).
- la taille des basophiles est similaire à celle du chien (12 à 20 μm de diamètre) ;
LA BASOPHILIE
Encadré 1 - Les basophiles et les mastocytes : d’où viennent-ils, que deviennent-ils, à quoi servent-ils ?
● Les basophiles sont produits par la moelle osseuse et partagent un précurseur commun avec les mastocytes. Si ces deux cellules possèdent des fonctions très proches, les basophiles ne peuvent pas se différencier en mastocytes ou inversement. ● Les basophiles et les mastocytes jouent un rôle majeur dans les réactions d’allergie qui mettent en jeu des anticorps de classe IgE, et dans les mécanismes de défense contre certains parasites (tiques, puces, nématodes digestifs, microfilaires, ...). ● Les basophiles immatures peuvent être identifiés dès le stade myélocyte, par leurs granulations secondaires spécifiques, de couleur pourpre (basophiles). ● La maturation en métamyélocyte, puis en basophile immature et en basophile mature segmenté
David Ledieu Département des Animaux de Compagnie Laboratoire d'Hématologie et de Cytologie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique
LA BASOPÉNIE
Quelle est l’origine des granulocytes basophiles et des mastocytes, et où vont-ils ?
Fiche
se déroule dans la moelle en deux ou trois jours. ● Les basophiles circulent pendant quelques heures dans le sang, puis migrent dans les tissus, où ils peuvent persister pendant plusieurs semaines dans les conditions physiologiques. À quoi servent les granulocytes basophiles et les mastocytes ? Les granulations des basophiles et des mastocytes contiennent entre autres de l’histamine et de l’héparine. L’histamine joue un rôle central dans les réactions d’hypersensibilité immédiate (urticaire, anaphylaxie, allergies aiguës). L’héparine inhibe la coagulation et a une fonction majeure dans l’inflammation. ● Les basophiles activés synthétisent et libèrent des cytokines, qui modulent la réponse inflammatoire (cf. Les cytokines et les facteurs de croissance, par L. Chabanne, dans ce numéro). ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 29
les monocytes
Fiche
et leurs variations chez le chien et le chat Les monocytes sont très peu nombreux sur la formule leucocytaire. Pourtant, ils jouent un rôle important dans l’immunité cellulaire. Cette fiche présente leur aspect normal et les modifications possibles de la numération-formule.
L
a morphologie des monocytes est identique chez le chien et le chat (encadré ci-contre) (photo 1).
À QUOI SERVENT LES MONOCYTES ? Les monocytes et les histiocytes représentent un continuum cellulaire. Une fois dans les tissus, les monocytes sont appelés macrophages ou histiocytes et réalisent des fonctions identiques et spécifiques (encadré 2). 1. Ils phagocytent les éléments étrangers à l’organisme (bactéries, protozoaires, levures, cellules infectées, …), reconnus comme tels, ou après opsonisation par des anticorps ou par le complément. 2. Ils régulent la réponse immunitaire et l’inflammation, via la production et la libération de nombreux médiateurs (cytokines, chemokines, prostaglandines, …). 3. Les macrophages présentent les antigènes aux lymphocytes, ce qui représente une étape fondamentale de la réponse immunitaire. 4. Ils participent à l’homéostasie cellulaire, par élimination des cellules sénescentes, mortes ou anormales, et au métabolisme du fer, par destruction des hématies âgées ou anormales (hémolyse extra-vasculaire) et par recyclage du fer de l’hémoglobine. ●
LES VARIATIONS QUANTITATIVES La monocytopénie En raison du petit nombre des monocytes circulants, la monocytopénie n’est jamais prise en compte dans la pratique. La monocytose En revanche, la monocytose, augmentation du nombre de monocytes circulants (chez le chien, valeurs supérieures à 1,6 109/L,
●
David Ledieu Département des Animaux de Compagnie Laboratoire d'Hématologie et de Cytologie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Interpréter les modifications de la formule leucocytaire liée aux monocytes.
1 Monocyte normal, chez un chien (coloration May-Grünwald-Giemsa, objectif x100) (photo D. Ledieu).
Normes ❚ Chez le chien, le nombre des monocytes circulants est de 0,2 à 1,6 109/L. ❚ Chez le chat, les valeurs usuelles sont de 0,1 à 0,9 109/L.
Reconnaître au microscope les monocytes Les caractéristiques des monocytes sont : - une taille de 15 à 20 μm, ce qui correspond à la plus grande cellule parmi les leucocytes, sur un frottis sanguin ; - un noyau de forme irrégulière, avec une chromatine irrégulièrement condensée, d’aspect réticulé lorsque la cellule est mature, plus fine avec parfois un ou plusieurs nucléoles visibles lorsqu’il s’agit d’un monocyte plus immature ou considéré comme "activé" ; - un cytoplasme abondant, gris ou gris-bleu, à contour mal défini, souvent vacuolaire.
Essentiel ❚ Une monocytose peut être
Encadré 2 - Les monocytes : d’où viennent-ils, que deviennent-ils, à quoi servent-ils ? ● Les monocytes sont issus de la moelle osseuse, tout comme les granulocytes, avec qui ils partagent un précurseur commun. Ils sont libérés dans le sang circulant, puis gagnent les tissus où ils se différencient en macrophages ou histiocytes, capables de se diviser ou de fusionner entre eux pour donner des cellules géantes multinucléées. ● Il n’existe pas de pool médullaire de réserve comme pour les neutrophiles. Les monocytes et leurs précurseurs (monoblastes et promonocytes) sont présents dans la moelle osseuse en très petit nombre, ce qui rend leur mise en évidence difficile. ● Dans un myélogramme, seuls les monocytes matures sont pris en compte dans le comptage différentiel, souvent de manière semiquantitative lorsqu’une monocytose médullaire anormalement élevée est observée.
liée à : - une inflammation et/ou une infection chronique ; - une anémie hémolytique ; - une endocardite bactérienne ; - une affection pyogranulomateuse ; - certaines infections virales (parvovirus, F.I.V.) ; - une tumeur ; - une infection parasitaire à Hepatozoon ou Pneumocystis ; - un hypercorticisme ou une corticothérapie. ❚ La monocypénie n’est jamais prise en compte en pratique.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 31
les lymphocytes
Fiche
et leurs variations chez le chien et le chat
Les lymphocytes sont responsables de la réponse immunitaire spécifique. Les variations de leur formule et de leur aspect, et leur interprétation, sont décrites dans cette fiche.
David Ledieu Département des Animaux de Compagnie Laboratoire d'Hématologie et de Cytologie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Interpréter les modifications de la formule leucocytaire liée aux lymphocytes.
L
es modifications lymphocytaires peuvent être quantitatives ou qualitatives (encadré ci-contre).
LES LYMPHOPÉNIES Les lymphopénies se définissent par une diminution du nombre des lymphocytes circulants (chez le chien, inférieur à 10 109/L, chez le chat, 15 109/L) (encadré 2). ● Les causes de lymphopénie les plus fréquentes sont : 1. une diminution de la production ou une perturbation de la remise en circulation des lymphocytes : au cours de l’évolution de certains lymphomes, lors de l’infection par le Fe.L.V. ou le F.I.V., en phase précoce des infections virales en général, ... - La lymphopénie est alors une anomalie inconstante de l’hémogramme. - Lorsqu’elle est présente, son amplitude est variable. - Des lymphocytes atypiques peuvent être ●
1
Normes
Reconnaître au microscope les lymphocytes
❚ Chez le chien, le nombre des lymphocytes est de 1,0 à 4,8 109/L. ❚ Chez le chat adulte, les valeurs usuelles sont de 1,5 à 7,0 109/L.
Lymphocyte normal, chez un chat : qu’ils soient T ou B, les lymphocytes sont identiques (coloration May-GrünwaldGiemsa, objectif x100) (photo D. Ledieu).
Qu’ils soient B ou T, les lymphocytes circulants possèdent les caractéristiques morphologiques suivantes : - une petite taille (7 à 9 μm de diamètre), soit 1,5 fois le diamètre d’une hématie (photo 1) ; - un noyau rond à chromatine irrégulièrement condensée, qui prend parfois un aspect motté caractéristique, et une couleur violacée ; - un cytoplasme de coloration variable, clair ou plus ou moins bleu, sans granulation visible.
observés en petit nombre (lymphocytes "activés" ou cellules lymphomateuses) ;
Encadré 2 - Les lymphocytes : d’où viennent-ils, que deviennent-ils, à quoi servent-ils ? Origine et devenir des lymphocytes Comme les autres leucocytes, les lymphocytes ont une origine médullaire, mais celle-ci est limitée à la vie embryonnaire et fœtale. ● La différenciation des lymphocytes B continue à avoir lieu dans la moelle osseuse, et celle des lymphocytes T se déroule dans le thymus. Le thymus et la moelle osseuse représentent ainsi les organes lymphoïdes primaires. ● Chez l’animal adulte, les lymphocytes se répartissent ensuite dans les organes lymphoïdes secondaires représentés par les ganglions, la rate, les amygdales, et les autres tissus lymphoïdes associés aux muqueuses. ● Chez le chien ou le chat sain, les lymphocytes du sang circulant sont représentés pour l’essentiel par des lymphocytes T (environ 70 p. cent de lymphocytes T, et 30 p. cent de lymphocytes B). ● À l’inverse des granulocytes et des monocytes, qui ont une circulation unidirectionnelle de la ●
moelle osseuse vers le sang puis vers les tissus, les lymphocytes circulent en permanence entre le sang, les tissus, les ganglions et la lymphe. La durée de transit dans le sang circulant à chaque circuit est estimée entre 8 et 12 h. ● Par ailleurs, contrairement à celle des autres leucocytes, la durée de vie des lymphocytes circulants est importante, de plusieurs semaines à plusieurs mois, voire plusieurs années. Fonctions des lymphocytes
Essentiel ❚ Chez le chat, une inversion de la formule leucocytaire est fréquente avant l'âge d'un an. ❚ Chez le chat, le stress ou l’excitation peuvent provoquer une leucocytose. ❚ Les causes de leucopénie sont : - certains lymphomes, des affections virales ; - les corticoïdes, la chimiothérapie ; - les pertes de lymphe. ❚ Les causes de leucocytose sont : - les réactions inflammatoires ; - la vaccination ; - certaines hémopathies lymphoïdes.
Les lymphocytes sont essentiellement responsables de la réponse immunitaire spécifique. Les lymphocytes B se différencient en plasmocytes, qui produisent les anticorps (immunité humorale), et les lymphocytes T sont responsables de l’immunité cellulaire, par la production et la libération de cytokines. ● Les lymphocytes circulants sont pour l’essentiel des cellules mémoires de la réponse immunitaire. ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 33
démarche diagnostique et thérapeutique des troubles fonctionnels des leucocytes chez le chien et le chat
Luc Chabanne* Dominique Rigal**
*Unité de Médecine interne Département des Animaux de compagnie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Le diagnostic des troubles fonctionnels des leucocytes est difficile, car les signes cliniques ne sont pas caractéristiques. Cet article présente une démarche diagnostique pragmatique. Quand suspecter une anomalie, et quels sont les moyens diagnostiques et thérapeutiques à la disposition du praticien ?
**Établissement Français du Sang Rhône-Alpes Site de Lyon-Gerland 1 à 3, rue du Vercors 69364 Lyon 07
Objectif pédagogique
1
L
es troubles fonctionnels des leucocytes sont à l’origine d’un déficit plus ou moins sévère des fonctions de défense de l’organisme. ● Ils se traduisent cliniquement par une sensibilité accrue aux infections bactériennes, fongiques ou virales. ● Les troubles fonctionnels s’accompagnent ou non d’anomalies quantitatives ou d’anomalies morphologiques, qui peuvent parfois aider au diagnostic (encadré 1). Toutefois, celui-ci est souvent délicat car il fait appel à des tests difficilement accessibles en pratique.
Ce Bull terrier de 4 mois et demi souffre d’acrodermatite létale (photo E. Bensignor).
en général grave et des moyens pratiques souvent limités offerts au praticien, le diagnostic de ces affections s'avère délicat. Pour établir la preuve de troubles fonctionnels leucocytaires, le recours à des laboratoires spécialisés est indispensable. ● Néanmoins, auparavant et afin de hiérarchiser les éléments du diagnostic, une démarche pragmatique peut être esquissée (figure).
APPROCHE DIAGNOSTIQUE
1. Considérer le contexte clinique et épidémiologique
En raison de tableaux cliniques souvent complexes, peu univoques, d'une évolution
● Les signes cliniques (infections chroniques ou récurrentes de la sphère cutanée,
●
Encadré 1 - Origine et classification des anomalies fonctionnelles des leucocytes Les troubles fonctionnels des leucocytes sont classés en plusieurs catégories, en fonction des lignées cellulaires touchées ou du caractère héréditaire ou non de l’anomalie. ● Une classification pathogénique différencie les anomalies qui portent sur les fonctions des cellules phagocytaires (granulocytes et monocytes) ou sur les fonctions des lymphocytes. - Les anomalies fonctionnelles des granulocytes, des monocytes et des macrophages engendrent un déficit de l'immunité non spécifique. Selon les fonctions atteintes, on distingue deux catégories : - les anomalies de l’endocytose (ou englobement) et de la bactéricidie ; - les anomalies qui portent sur la mobilité (ou chimiotactisme) et sur l’adhésion (ou adhérence leucocytaire). - Les déficits de l’immunité spécifique sont consécutifs aux anomalies fonctionnelles des lymphocytes. ●
Ils peuvent affecter, de manière isolée ou combinée, les fonctions des cellules B (immunité humorale) ou des cellules T (immunité cellulaire). ● D’autre part, deux grandes catégories d’anomalies sont envisagées selon que le trouble est d’origine congénitale, le plus souvent héréditaire, et affecte par conséquent de jeunes, voire de très jeunes animaux ou que l’anomalie est acquise et concerne alors des animaux de tous âges. Les descriptions bien documentées de troubles fonctionnels primaires ou congénitaux chez nos animaux sont relativement rares (tableau 1). Chez les animaux qui naissent avec un système de défense pleinement fonctionnel, de nombreuses situations qu’elles soient physiologiques, consécutives à la prise de médicaments ou au développement de maladies infectieuses ou inflammatoires chroniques, tumorales ou métaboliques peuvent induire des troubles fonctionnels des leucocytes (encadré 2).
Dépister les troubles des fonctions leucocytaires, définir une démarche diagnostique, et mettre en œuvre un traitement adapté.
Essentiel ❚ Chez l’animal adulte, les troubles fonctionnels leucocytaires sont principalement secondaires à une maladie sous-jacente. ❚ Lors d’anomalie fonctionnelle des leucocytes chez le jeune, il convient de suspecter une cause génétique, surtout si plusieurs animaux de la même lignée sont atteints. ❚ Les signes d’appel d’un trouble fonctionnel des leucocytes sont : - les infections chroniques ou récurrentes cutanées, respiratoires ou digestives ; - la résistance aux anti-infectieux ; - des infections après un vaccin vivant atténué ; - des troubles de la croissance ; - des lymphadénopathies, des hépatomégalies ou des splénomégalies.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 37
pharmacovigilance neutropénies iatrogènes chez le chien et le chat
Xavier Pineau Florence Buronfosse Stéphane Queffelec Centre de pharmacovigilance E.N.V.L. BP83 69280 Marcy l’Étoile
Les médicaments peuvent avoir des effets indésirables sur les globules blancs, notamment sur les granulocytes neutrophiles. Ces neutropénies peuvent entraîner des surinfections parfois fatales. Cet article présente les molécules pour lesquelles ces effets indésirables sont connus.
E
n pharmacovigilance humaine, seules les neutropénies significatives (numérations de granulocytes neutrophiles inférieures à 1,5 109/L) et les neutropénies extrêmes, ou agranulocytoses (numération inférieure à 0,5 109/L) sont prises en considération [15]. ● Chez le chien et le chat, les neutropénies sont définies avec des valeurs de 3 à 4 109/L. ● Chez l’animal, les symptômes d'appel sont variés et non spécifiques : anorexie, abattement, hyperthermie sont fréquemment cités. ● Les autres effets sur la lignée blanche (neutrophilie, lymphopénie, éosinopénie, lymphomes induits par certains médicaments anticancéreux chez l'homme) ne sont pas traités dans cet article. ● Pour un médicament donné, le mécanisme
Essentiel ❚ Chez l’animal, les symptômes d’appel des neutropénies sont variés et non spécifiques. ❚ Dès qu'une neutropénie ou une agranulocytose est diagnostiquée, tous les traitements en cours doivent être stoppés. ❚ Souvent, la rémission est spontanée à l’arrêt des médicaments en cause. ❚ L’emploi des corticoïdes, utiles dans certains cas, est controversé en raison du risque de surinfection.
En médecine vétérinaire, les exemples validés de neutropénie d’origine médicamenteuse sont beaucoup plus rares qu’en médecine humaine (photo J. Courchet, C.N.I.T.V.).
à l'origine de la neutropénie n'est pas toujours déterminé (encadré 1). COMMENT RECONNAÎTRE LES MÉDICAMENTS EN CAUSE ? En médecine humaine, des neutropénies sont répertoriées pour de nombreux médicaments dans les ouvrages de référence, notamment grâce aux données de pharmacovigilance. ● En médecine vétérinaire, les exemples validés sont beaucoup plus rares : les publications sont peu nombreuses, et la pharmacovigilance vétérinaire trop récente (photo 1, encadré 2). Nous présentons les principaux exemples publiés de neutropénies médicamenteuses chez le chien et le chat, par classe thérapeutique (tableau). ●
Encadré 1 - Les mécanismes connus des neutropénies iatrogènes : le mécanisme toxique et le mécanisme à médiation immune La physiopathologie des neutropénies médicamenteuses est imparfaitement élucidée. Deux types de mécanisme sont actuellement distingués : - toxique ; - à médiation immune.
Le mécanisme toxique ● Le médicament a une toxicité directe sur la moelle osseuse (cellules souches ou précurseurs, myéloblastes ou myélocytes). La neutropénie peut être accompagnée d'une atteinte de la lignée rouge et/ou des plaquettes (bicytopénie ou pancytopénie). ● Certaines atteintes sont prévisibles, comme celles induites par les agents cytoxiques (anticancéreux), d’autres sont imprévisibles (réactions idiosyncrasiques) : c’est le cas pour la chlorpromazine, chez l'homme. ● Ces réactions sont généralement dose-dépendantes, progressives et réversibles à l'arrêt du
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 42 - FÉVRIER / MARS 2004
1
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traitement. La réintroduction du médicament à dose plus faible n'entraîne pas de récidive.
Le mécanisme à médiation immune L'atteinte est généralement périphérique (neutrophiles circulants), parfois centrale (précurseurs médullaires) ou mixte (périphérique et centrale). 1. Dans une 1ère phase "silencieuse" de sensibilisation, le médicament (ou un métabolite) entraîne la production d'anticorps spécifiques. 2. dans une 2e phase, alors que le médicament est adsorbé sur la membrane cellulaire du neutrophile (dans le cas d'une atteinte périphérique), une liaison se forme avec ces anticorps spécifiques, ce qui entraîne la lyse du neutrophile en présence de complément (hypersensibilité de type II). ● Ces réactions sont imprévisibles, indépendantes de la dose, et réversibles à l'arrêt du médicament. La réintroduction de la même molécule provoque une rechute dans un délai plus bref. ●
observation clinique anaplasmose chez un chien
Lorsque malgré des symptômes et un frottis sanguin évocateurs, l’analyse sérologique réalisée pour rechercher l’ehrlichiose est négative, il peut s’agir de l’anaplasmose. Cette observation présente la démarche diagnostique adoptée face à une chienne infectée.
U
ne femelle Beagle de quatre ans est présentée pour anorexie et léthargie évoluant depuis deux jours. L’animal a été ovariectomisé, et il est régulièrement vermifugé.
Florence Poitout* Luc Chabanne** *Phoenix Central Laboratory for Veterinarians Everett, WA, USA **Unité de Médecine interne et Laboratoire d’Hématologie clinique, Département des Animaux de compagnie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy L’Étoile
Objectif pédagogique Différencier des parasites intra-leucocytaires.
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Frottis de sang périphérique de chien (coloration de Wright, grossissement x 100).
SIGNES CLINIQUES Inclusion intra-cytoplasmique d’Anaplasma phagocytophilum dans un granulocyte neutrophile.
À l’examen clinique, l’animal est léthargique, déshydraté, fébrile. Sa température corporelle est de 40°C. ● L’auscultation cardio-pulmonaire et la palpation abdominale sont normales. ●
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ET DIAGNOSTIC Ces signes cliniques ne sont pas spécifiques. Des examens complémentaires, notamment un bilan hématologique et un frottis sanguin, sont effectués. À la clinique ● Le bilan hématologique révèle une leucopénie avec une neutropénie modérée, une éosinopénie et une lymphopénie, ainsi qu’une thrombopénie marquée (tableau 1). ● Le bilan biochimique met en évidence une augmentation des phosphatases alcalines (tableau 2). ● Sur le frottis sanguin, 94 p. cent des cellules nucléées sont des neutrophiles. Les autres leucocytes sont des lymphocytes et monocytes. - De nombreux neutrophiles (25 p. cent) possèdent des inclusions intra-cytoplasmiques, qui ont une morphologie variée (photos 1, 2, 3). - De larges éléments granuleux, composés de petites inclusions basophiles rondes ou de petites inclusions basophiles isolées sont observées. ● Ces inclusions pourraient être des morulas d'Ehrlichia ewingii (aux USA uniquement)
2
Frottis de sang périphérique de chien (coloration de Wright, grossissement x 100) (photos F. Poitout).
ou d'Anaplasma phagocytophilum. Au laboratoire ● Afin de compléter le diagnostic, des sérologies sont réalisées et envoyées au laboratoire : - Ehrlichia equi : positive au titre de 1/640 ; - Ehrlichia canis : négative. ● Une P.C.R. (polymerase chain reaction) est effectuée sur du sang périphérique, pour Anaplasma phagocytophilum, sous-espèce E. equi : elle est positive.
Cet animal présente donc une anaplasmose à A. phagocytophilum. TRAITEMENT ET ÉVOLUTION
Inclusions intra-cytoplasmiques d’Anaplasma phagocytophilum dans deux granulocytes neutrophiles.
Motif de consultation ❚ Anorexie et léthargie depuis deux jours chez un chien.
Hypothèses diagnostiques ❚ Ehrlichiose ❚ Anaplasmose
Un traitement à base d’oxytétracycline (22 mg/kg per os toutes les 8 h pendant 14 jours) est prescrit. L’animal se rétablit rapidement.
CANINE
DISCUSSION ● Dans ce cas, les examens hématologiques de base ont permis de diagnostiquer
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 45
diagnostic et traitement des rétroviroses félines le rôle des leucocytes
Les leucocytes jouent un rôle fondamental dans l’infection du chat par le virus leucémogène félin (Fe.L.V.) ou par le virus de l’immunodéficience féline (F.I.V.). Leurs modifications peuvent permettre de diagnostiquer une rétrovirose. Des traitements à visée immunitaire constituent alors une solution thérapeutique.
C
ible privilégiée des rétrovirus, les leucocytes se montrent permissifs à l’infection virale, et assurent la dissémination du virus dans l’organisme. ● L’infection rétrovirale est à l’origine d’anomalies leucocytaires quantitatives (perturbations du nombre de leucocytes) et qualitatives (perturbations de leurs fonctions). ● Ces anomalies permettent d’expliquer nombre de signes cliniques, ou de complications observées au cours de la maladie et de son évolution, avec notamment l’installation d’un syndrome d’immunodéficience acquise. Elles sont à prendre en compte pour établir le diagnostic (photo). ● Cet article explique comment les leucocytes interviennent dans l’infection virale, les principales modifications de la lignée blanche, et comment mettre en relation ces modifications avec les signes cliniques observés dans le Fe.L.V. et dans le F.I.V. Les solutions thérapeutiques, et les critères à utiliser pour établir un pronostic et suivre le traitement sont également décrits. QUEL EST LE RÔLE DES LEUCOCYTES DANS LA PATHOGÉNIE DES RÉTROVIROSES ? ● L’action pathogène du virus est le résultat d’interactions complexes entre le virus et l’organisme hôte. ● Parmi les cellules sensibles au Fe.L.V. ou au F.I.V., et permissives (cf. Définitions), les leucocytes occupent une place de choix (tableau 1).
La phase de réplication initiale et de dissémination Quelles sont les cellules-cibles ? ●
Les formations lymphoïdes représentent
Luc Chabanne Frédérique Ponce Jean-Luc Cadoré Unité de Médecine interne et Laboratoire d’Hématologie clinique, Département des Animaux de compagnie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique ❚ Utiliser les modifications du leucogramme dans le cadre du diagnostic et du traitement des rétroviroses félines. Les anomalies leucocytaires permettent d’expliquer nombre de signes cliniques, ou de complications observées au cours du Fe.L.V. ou du F.I.V. et de son évolution (photo F. Ponce).
Tableau 1 - Les cellules sensibles à l’infection par les rétrovirus Cellules sensibles au Fe.L.V.
Définitions
❚ Cellules sensibles :
Cellules sensibles au F.I.V.
● Lymphocytes (T CD4+, T CD8+ et B) ● Macrophages ● Cellules dendritiques ● Lymphocytes folliculaire (T CD4+, T CD8+ et B) ● Mégacaryocytes ● Macrophages ● Épithélium ● Précurseurs des glandes salivaires hématopoïétiques ● Cellules microgliales ● Épithélium des cryptes ● Astrocytes intestinales ● Épithéliums glandulaires ● Cellules endothéliales du cerveau et muqueux : glandes salivaires ● Cellules endothéliales et lacrymales, pancréas, hépatiques sinusoïdales appareil respiratoire, ● Cellules de Küpfer vessie, reins du foie ● Lignées lymphoblastoïdes ● Cellules rénales
les sites de réplication initiale, puis les cellules sanguines mononucléées (lymphocytes et monocytes) sont impliquées dans la dissémination du virus dans l’organisme. ● L’infection gagne ensuite l’ensemble des organes hémo-lymphopoïétiques : tous les nœuds lymphatiques, la rate, la moelle osseuse, le thymus. ● Dans le cas du F.I.V., le virus se répand également dans les cellules mononucléées des organes non lymphoïdes (poumons, reins, tractus digestif, etc.). ● Parallèlement, d’autres cellules non hémolymphopoïétiques peuvent être la cible du virus, notamment les cellules épithéliales :
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cellules susceptibles d’être infectées.
❚ Cellules permissives : cellules à l’origine d’une multiplication cellulaire efficace, donc d’une infection productive.
Essentiel ❚ Chez les animaux dont l’immunité est insuffisante, le virus du Fe.L.V. provoque l’apparition d’une affection dans un délai de trois mois à trois ans. ❚ Deux mois après la primo-infection, des modifications de la numération leucocytaire sont observées.
FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 51
observation clinique neutropénie liée à un complexe
gingivo-stomatite chronique
chez un chat
Chez le chat, les causes de neutropénie sont nombreuses. Cette observation clinique décrit un complexe gingivo-stomatite féline, associé à une neutropénie sévère. Cette anomalie hématologique est engendrée par une dysmyélopoïèse, affection rare et mal connue. Son diagnostic est fondé sur le suivi de l'évolution clinique et hématologique.
U
n chat européen mâle castré âgé de neuf ans est présenté en consultation pour une dysorexie et un abattement, apparus depuis cinq mois (photo 1). ● Un dépistage sérologique des rétrovirus FeLV et FIV a été réalisé lors des 1ères consultations, avec un résultat négatif. ● Des traitements symptomatiques, à base d’antibiotiques et de corticoïdes, ont été administrés par les praticiens qui ont examiné l’animal. Ils ont procuré une amélioration transitoire. EXAMEN CLINIQUE ET DIAGNOSTIC À l’examen clinique, le chat est maigre et présente une déshydratation évaluée à 5 p. cent. ● Une douleur importante est notée à l’ouverture de la gueule, très difficile sans tranquillisation. Une halitose s’accompagne d’une gingivo-stomatite importante. Les lésions buccales sont situées principalement autour des crocs et sur les arcs palatoglosses (photo 2). Les ganglions mandibulaires sont hypertrophiés. Un diagnostic de "complexe gingivo-stomatite chronique félin" (C.G.S.C.F.) est établi suite à cet examen clinique et à l’anamnèse. ● La cause de cette affection demeure obscure. En effet, de multiples facteurs seraient responsables du déclenchement et de l'entretien de ce complexe chez le chat. Ils regroupent l'intervention d’agents infectieux (virus : calicivirus, Fe.L.V., F.I.V., ou bactéries du genre Bartonella) et de processus dysimmunitaires. ●
Frédérique Ponce Vanessa Turinelli Luc Chabanne Corinne Fleury-Fournel Unité de médecine interne Département des Animaux de Compagnie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique ❚ Différencier les causes de neutropénie chez le chat.
Motif de consultation ❚ Dysorexie ❚ Abattement
1
Ce chat de 9 ans, présenté à la consultation pour dysorexie et abattement, est atteint d’un complexe gingivo-stomatite chronique félin depuis 5 mois. L’étiologie de ce syndrome est mal connue (photo F. Ponce).
EXAMENS COMPLEMENTAIRES Afin de pratiquer un examen buccal plus approfondi et des prélèvements, une anesthésie est nécessaire. ● Un bilan sanguin pré-anesthésique est effectué, en raison de l'âge et de l'état général diminué de l'animal. Les résultats des dosages sanguins de l'urée, de la créatinine, des phosphatases alcalines (P.A.L.) et des transaminases glutamique pyruvique (A.L.A.T.) sont compris dans les valeurs usuelles. ● L'hémogramme met en évidence une neutropénie (2,4.109/L), sans autre anomalie. ● Un test rapide Fe.L.V. et F.I.V. est renouvelé trois mois après le 1er, pour rechercher une infection sous-jacente par les rétrovirus félins. Ce test se révèle à nouveau négatif. ● Des biopsies des lésions situées en regard d'un croc et des arcs palatoglosses sont effectuées. L’examen histopathologique montre une infiltration lympho-plasmocytaire. ● Une P.C.R. est demandée sur un cytobrossage oropharyngé, pour mettre en évidence le calicivirus félin : cette analyse est négative. ● Une recherche de Bartonella henselae et de B. clarridgeiae est effectuée par immunofluorescence directe sur frottis sanguin : elle est également négative. ●
SUIVI ET TRAITEMENT DE 1ère INTENTION
Symptômes ❚ Dysorexie ❚ Déshydratation ❚ Douleur à l’ouverture de la gueule ❚ Halitose ❚ Gingivo-stomatite ❚ Hypertrophie des ganglions mandibulaires ❚ Neutropénie
Hypothèses diagnostiques ❚ Complexe gingivo-stomatite chronique félin lié à : - une infection par le Fe.L.V. ou par le F.I.V., le calicivirus félin, Bartonella henselea ou clarridgeiae, ou l’herpèsvirus ; - un dysfonctionnement immunitaire, associé ou indépendant.
FÉLINE
● Après observation minutieuse de la cavité buccale (absence de plaque dentaire ou de tartre), et devant les 1ers résultats obtenus (neutropénie), un traitement d'attente est
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nutrition le traitement de l’obésité chez le chien La restriction alimentaire du chien obèse est parfois source de déséquilibre, et provoque une perte de masse musculaire. De plus, l’amaigrissement, nécessairement lent, est susceptible de démotiver les propriétaires. Comment mettre en place un rationnement adapté ?
L
a prise en charge de l'animal obèse repose sur deux axes complémentaires : 1. l’aspect relationnel avec le propriétaire : la prise de conscience, l’encouragement des efforts, et le suivi pendant et après la phase d’amaigrissement ; 2. l’aspect nutritionnel : le choix d’un protocole d’amaigrissement et d’un aliment hypoénergétique. L’importance accordée à chacun de ces axes détermine le succès du contrôle du poids pour le reste de la vie de l’animal. COMMENT ABORDER LA CONSULTATION POUR OBÉSITÉ ? L'abord clinique
L’abord clinique comprend l’examen de l'animal, suivi d’éventuels examens complé●
Les seuls aliments destinés à la réduction pondérale étaient des produits pauvres en graisses et très riches en fibres alimentaires (Low FatHigh Fiber). ● Ce concept visait à diminuer la densité énergétique de façon significative, afin de permettre l’ingestion de quantités acceptables d’aliments. ● L’utilisation des fibres alimentaires avait pour objectif d’augmenter la sensation de satiété [5]. ● La formulation d’aliments pauvres en graisses est toujours d’actualité, tandis que la notion d'aliment "très riche en fibres alimentaires" est contestée par certains, qui mettent en exergue les inconvénients des fibres alimentaires, et principalement l’absence d’effet prouvé sur la satiété [2]. ●
Dans les années 90 Dans un second temps, d’autres techniques ont été utilisées pour induire l’amaigrissement tout
●
* Nutrition des animaux domestiques, Département des Productions Animales Faculté de Médecine Vétérinaire-B43, Université de Liège B-4000 Liège, Belgique ** Unité de Nutrition et d’Endocrinologie E.N.V.N., BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Objectif pédagogique ❚ Choisir un aliment et un protocole de régime adaptés pour le traitement du chien obèse. Le rationnement du chien obèse consiste à le placer dans une situation de déficit énergétique par rapport à ses besoins, pour l’obliger à puiser dans ses réserves corporelles (photo M. Diez).
mentaires, et permet d’établir si l’obésité est primaire ou secondaire à une dysendocrinie. ● Si un régime peut être entrepris, le choix d’un aliment et d’une méthode de rationnement sont d’une importance primordiale (cf. infra). À cet égard, les concepts nutritionnels ont évolué (encadré 1).
Définition
❚ L’aliment hypoénergétique est un aliment qui présente une densité énergétique plus faible qu’un aliment d’entretien, notamment par une diminution de sa concentration en matières grasses.
Le travail de communication Ce n’est pas le praticien qui fait maigrir l’animal, mais le propriétaire. Au cours du régime, le rôle du vétérinaire est limité à une fonction de "coach", d’où l’importance de la personnalisation et du suivi mis en place à la clinique. ●
Encadré 1 - Comment les concepts nutritionnels ont-ils évolué, et quelle est la situation actuelle ? Au début des années 80
Marianne Diez* Isabelle Jeusette* Patrick Nguyen**
en conservant des taux de fibres alimentaires acceptables : parallèlement à une réduction de la teneur en graisses, l’accent a été mis sur la formulation de produits à index glycémique faible. ● Le principe consiste à utiliser des sources d’amidon qui stimulent peu la production d’insuline, pour limiter le stockage de l’énergie sous forme de triglycérides dans les adipocytes. Les céréales comme l’orge, le sorgho ou le maïs sont généralement utilisées dans ce but [6]. ● La formulation d’aliments très riches en eau et en fibres solubles a aussi été présentée comme un moyen de limiter la densité énergétique.
Essentiel ❚ la communication avec le propriétaire est essentielle : c’est lui qui fait maigrir l’animal. ❚ Des taux de protéines élevés ont des effets positifs sur la perte de tissu gras chez le chien. ❚ Les aliments avec des taux de protéines élevés sont plus appétissants. ❚ Les aliments de type “light” ne sont pas destinés à l’amaigrissement.
Partenariat
Actuellement Suite à des études expérimentales menées chez l’homme, les aliments à teneur élevée en protéines permettent une meilleure conservation de la masse musculaire au cours de l’amaigrissement [3].
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RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 61
principe actif
Mohamed Mallem Marc Gogny
le cyclophosphamide
C
hez les carnivores, le cyclophosphamide est utilisé comme agent antinéoplasique dans le cadre d’une polychimiothérapie. ● Il est également employé comme immunodépresseur, seul ou en association avec les corticoïdes, dans le traitement des maladies auto-immunes. ● Ses effets indésirables, notamment une forte myélotoxicité, un risque de cystite hémorragique chez le chien, ainsi que le risque pour le manipulateur ou l’environnement, imposent une utilisation raisonnée. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique
● Faute d’étude spécifique, le comportement pharmacocinétique du cyclophosphamide chez le chien et le chat est extrapolé à partir des données obtenues chez l’homme. ● Par voie orale, il est bien résorbé et son pic plasmatique est observé en une heure. Sa distribution est intracellulaire. Il pénètre dans les cellules via un transporteur. Sa demi-vie plasmatique est de 4 à 7,5 heures, mais la molécule et ses métabolites sont détectés 72 heures après l’administration. L’élimination a lieu par voie rénale. ● Le cyclophosphamide est une prodrogue. Il est oxydé en 4-hydroxy-cyclophosphamide par les cytochromes P450 hépatiques. Cette étape est suivie de la formation d’aldophosphamide dans le sang. ● Dans les tissus normaux et tumoraux, un clivage en moutarde phosphoramidée (mé-
PROPRIÉTES PHYSICO-CHIMIQUES Dénomination chimique : {2-bis[(2-chloroéthyl)amino]tétrahydro-2H-1,2,3oxazaphosphorine 2-oxide}. ● Dénomination commune internationale : Cyclophosphamide ● Noms commerciaux : Cytoxan®*, Endoxan®*, Neosar®*. Il n’existe pas de spécialité vétérinaire. ● Structure et filiation : Le cyclophosphamide est une moutarde** azotée dont le groupement actif est le groupement bischloroéthyle (figure). ● Caractéristiques : La molécule est légèrement basique, liposoluble
tabolite actif) et en acroléine (métabolite présumé toxique) a lieu. Ce clivage est plus important dans les tissus tumoraux, en raison d'une forte activité phosphoramidase.
Unité de pharmacologie et de toxicologie E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706, 44307 Nantes cedex 03
Classe pharmacologique - Antinéoplasique - Immunodépresseur
Pharmacodynamie Action antinéoplasique
Le cyclophosphamide fait partie des antinéoplasiques alkylants ou alcoylants. ● Son métabolite actif, la moutarde phosphoramidée, établit des ponts par des liaisons stables entre les bases d’un même brin d’ADN ou entre les deux brins, ce qui gêne la dissociation ou empêche la transcription durant la phase S du cycle cellulaire. La cible principale d’alkylation est l’azote en position 7 de la guanine. Il s’ensuit un mauvais appariement avec la thymine, ou une rupture du brin de l’ADN. ●
Indications ❚ Lymphomes, leucémies lymphoblastiques aiguës, tumeurs mastocytaires, carcinomes mammaires, sarcomes, hémangiosarcomes. ❚ Maladies auto-immunes.
Action immunodépressive
Les métabolites du cyclophosphamide exercent un effet cytotoxique sur les lymphocytes, par alkylation de l’ADN et blocage de la division cellulaire. ● Ils diminuent aussi l’activité des lymphocytes B et T, ainsi que la production d’anticorps. ●
gestion Prix indicatif chez le chien ou le chat Quelle que soit la dose choisie, le coût pour le praticien est inférieur à 1 € par administration.
Effets indésirables et toxiques
Le cyclophosphamide est à l’origine d’une diminution de la fonction hématopoïétique, notamment d’une leucopénie, avec un nadir à J7 (J5 à J14) et une récupération sur 2 semaines. ● Il induit une cystite hémorragique, probablement due à l’acroléine. - Elle atteint plus de 30 p.cent des chiens ●
Figure - Structure du cyclophosphamide
●
Essentiel ❚ Le cyclophosphamide réduit la fonction hématopoïétique. ❚ Chez le chien, le cyclophosphamide peut induire une cystite hémorragique. ❚ Chez le chat, ne pas fractionner les comprimés.
et stable, ce qui conditionne son transport, sa distribution et sa durée d’action.
NOTES * Spécialité humaine. ** Ce terme générique désigne divers groupes de substances vésicantes, développées après l’ypérite, ou “gaz moutarde”.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 67
immunologie
Luc Chabanne* Frédérique Ponce* Dominique Rigal**
cytokines et facteurs de croissance Les cytokines et les facteurs de croissance sont des substances d’avenir pour le traitement de certains troubles hématologiques. Cet article présente leurs applications chez l’animal et chez l’homme.
L
es cytokines sont des médiateurs de communication intercellulaire.
On regroupe sous ce terme un ensemble hétérogène de molécules constituées de protéines le plus souvent glycosylées, dont la masse moléculaire varie de 8 à 50 kDa (encadré 1). L’ACTION DES CYTOKINES ET DES FACTEURS DE CROISSANCE
Les cytokines interviennent plus particulièrement dans la réponse immunitaire naturelle ou acquise, et dans l’inflammation, mais aussi dans l’hématopoïèse basale, ou stimulée en réponse à une agression (tableau 1). ● Cette dualité d’action se comprend d’autant mieux que les réactions immunitaires et inflammatoires nécessitent une adaptation de l’hématopoïèse. En effet, ces réponses peuvent utiliser transitoirement des quantités accrues de cellules à courte durée de vie (des granulocytes, par exemple), dont la production et la différenciation doivent pouvoir être accélérées. ● Une même cytokine peut ainsi agir de façon coordonnée sur la prolifération et sur la différenciation d’une lignée cellulaire, stimuler son passage dans le sang (diabase) ou la mobilisation du pool marginé, et induire l’activation de la forme cellulaire mature (figure). ●
LES PERSPECTIVES THÉRAPEUTIQUES Les progrès des connaissances sur les cytokines et leurs récepteurs ouvrent de nombreuses perspectives d’intervention pharmacologique. ● En médecine vétérinaire comme en médecine humaine, les cytokines sont désormais utilisées dans le traitement de différentes affections, notamment dans l’immunothérapie des cancers**. ●
*Unité de Médecine interne Département des Animaux de compagnie E.N.V.L., BP83 69280 Marcy l’Étoile **Établissement Français du Sang Rhône-Alpes Site de Lyon-Gerland 1 à 3, rue du Vercors 69364 Lyon 07
Encadré 1 - Les différentes dénominations des cytokines Les dénominations des différentes cytokines sont variées : - les interleukines (IL) : ce sont des médiateurs qui agissent entre les leucocytes ; - les lymphokines : médiateurs produits par les lymphocytes ; - les interférons (IFN) ; - les facteurs stimulant les colonies (C.S.F., colony stimulating factor) ; - les facteurs de nécrose des tumeurs (T.N.F., tumor necrosis factor) ; - les facteurs transformants de croissance (T.G.F., transforming growth factor). - d’autres facteurs de croissance comme les facteurs de croissance dérivés des plaquettes (P.D.G.F., platelet derived growth factor), les facteurs de croissance des fibroblastes (F.G.F., fibroblast growth factor), ou des cellules épidermiques (E.G.F., epidermic growth factor), ...
Elles sont aussi employées en pathologie infectieuse, dans certaines maladies inflammatoires aiguës ou chroniques, et pour traiter les perturbations de l’hématopoïèse. ● Dans cette dernière indication, peu de cytokines ont fait jusqu’à présent la preuve de leur intérêt clinique , malgré les nombreuses potentialités existantes (tableau 1). ● Il s’agit : - d’une part, de l’érythropoïétine ou époétine (EPO), utilisée principalement dans l’anémie des insuffisants rénaux ; - d’autre part, de deux facteurs de croissance hématopoïétique, ou facteurs stimulant les colonies (C.S.F.), le G-C.S.F. (filgrastime, Neupogen®*, et lénograstim, Granocyte®*) et le GM-C.S.F. (sargramostim, Leukine®*, et molgramostine, Leucomax®*). ● Leur utilisation demeure très limitée car ces cytokines sont réservées au milieu hospitalier. Elles sont d’un coût très élevé (pour un chien de 10 kg et pour un traitement de 6 jours : environ 100 €), et leur efficacité est plus ou moins neutralisée par le développement d’une immunité à l’encontre de ces molécules. Il s’agit en effet de protéines recombinantes humaines, qui provoquent l’apparition d’anticorps neutralisants, lors d’injections répétées, après deux à trois semaines de traitement.
Objectif pédagogique ❚ Utiliser les cytokines et les facteurs de croissance chez le chien et le chat.
NOTES * Spécialité humaine. ** cf. L’immunothérapie dans le traitement des cancers chez le chien et le chat, par L. Chabanne et coll. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°12, mars-mai 2003, pages 119-122.
Essentiel ❚ Les cytokines sont utilisées dans le traitement : - des cancers par immunothérapie ; - de certaines maladies infectieuses ; - de maladies inflammatoires aiguës ou chroniques ; - de troubles de l’hématopoïèse. ❚ En France, leur emploi est limité au milieu hospitalier et leur coût est élevé. ❚ Avant un traitement à l’érythropoïétine, corriger une carence en fer ou une hypertension. ❚ L’érythropoïétine est utilisée lors d’anémie.
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Partenariat
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 69
Texte : Luc Chabanne Dessin : Frédéric Mahé Amis lecteurs, aujourd’hui nous allons vous faire découvrir le monde envoûtant des cytokines…
On regroupe sous ce terme plusieurs molécules, dont la fonction est de servir de messager aux cellules.
Oh ! I have got a message !
Tu lui dis bien, hein ?
Une des plus connues est l’EPO, ou Eryhtropoïétine, célèbre pour stimuler la lignée rouge du sang à l’insu de son plein gré.
Dans cette même catégorie des CSF (Facteurs stimulant les colonies), on trouve les attachants G-CSF et GM-CSF, qui aiguillonnent les troupeaux des lignées blanches. Ouaip, Johnny, encore un troupeau de précurseurs de lignée blanche à stimuler !
Toujours sur la brèche, c’est la dure loi des grands espaces…
Comme d’habitude, je les stimule en masse et toi tu prends les granuleux?
OK, Bill, on ne change pas une équipe qui gagne !
Mais attention ! Quand on utilise des CSF d’origine humaine chez le chien, celui-ci finit par les reconnaître comme protéines étrangères et sécrète des anticorps !
Barrez-vous, étrangers, y a pas de place pour vous dans ces plaines médullaires!
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 73
Ce qui fait que jusqu’à présent, on n’a pu observer que des effets transitoires dans les cas de traitements des neutropénies.
La loi n’a jamais interdit aux étrangers de stimuler les lignées blanches, sale péquenot !
Barre-toi, on t’a dit, sale étranger !
Sans parler du coût… Récupère ses bottes !
Mais nous connaissons d’autres cytokines, apparues dans nos précédentes aventures.
Les interleukines…
Secouetoi !
Le TNF (facteur de nécrose des tumeurs)…
Et aussi : les facteurs de croissance des plaquettes (PDGF), des fibroblastes (FGF), ou même des cellules épidermiques (EGF). Développe-toi, grosse vache !
Différentes processus sont utilisés pour encourager les cellules à se différencier et à se multiplier. Sinon Lucy la Dominatrice s’occupera de ton cas !
Allez, vas-y mon gros, pousse!
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 74 - FÉVRIER / MARS 2004
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Ces molécules laissent entrevoir de prometteuses possibilités d’intervention thérapeutique sur l’hématopoïèse. En médecine vétérinaire, l’utilisation des médicaments destinés à l’homme (molécules recombinantes humaines) se trouve limitée par leur coût, leur disponibilité, et la formation d’anticorps neutralisants. Des molécules recombinantes canines existent désormais. Aussi, rien n’empêche d’espérer dans un proche avenir la commercialisation de ces molécules plus spécifiquement adaptées à nos espèces.
N.A.C. l’hospitalisation
des rongeurs et des lagomorphes Le clinicien est de plus en plus souvent amené à hospitaliser des petits mammifères (furet, lapins, rongeurs, …) pour une durée plus ou moins longue lors d'interventions de convenance, d’affections diverses, … Cette article présente comment aménager un local d'hospitalisation et quel matériel est utile pour les rongeurs et les lagomorphes. ● Pour hospitaliser les lapins et rongeurs, il convient de prendre quelques précautions [1, 7, 8, 11] : - réserver une pièce à ces espèces, au calme (les aboiements sont une cause de stress) et d'éviter tout mélange entre espèces, en raison du risque de prédation de la part des furets et des chats, et de la transmission des maladies (les lapins sont souvent porteurs de pasteurelles qui peuvent être transmises aux autres espèces sensibles comme le chien et le chat) ; - maintenir des normes d'ambiance adaptées (tableau 1) ; - éviter les courants d’air et les variations de température (responsables de troubles respiratoires). L'odeur d'urine est un signe de ventilation insuffisante ; - éviter les températures trop basses ou trop élevées (tableau 1) : les températures supérieures à 28°C peuvent être mortelles chez le lapin [10, 11].
Objectif pédagogique Équiper un local d’hospitalisation afin d’accueillir des lapins ou des rongeurs, de les alimenter et de les traiter dans les meilleures conditions.
1
Hospitalisation d'un hamster : pour ne pas stresser ni désorienter l'animal, sa cage habituelle est utilisée pour l'hospitalisation. Elle est réchauffée par une lampe à infra-rouge (photo E. Risi).
DES CAGES SPÉCIFIQUES Leur aménagement ● Les tailles de cage sont souvent spécifiques à chaque espèce, adaptées à la taille et au mode de vie de l’animal [2, 3, 7, 9]. Si la cage habituelle est adaptée, il est préférable d'hospitaliser l'animal dedans (environnement connu et moins stressant) (photo 1). ● Dans certains cas (soins fréquents, perfusions, immobilisation, …), des cages de petite taille sont préférées. Elles permettent une capture et une manipulation plus faciles, le maintien des perfusions, la limitation des mouvements brusques et des sauts.
Tableau 1 - Normes d’ambiance pour quelques espèces de petits mammifères [9] Normes d’ambiance Espèce ●
Lapin
●
Chien de prairie
● ●
Température
Hygrométrie
Ventilation*
Durée d'éclairage
Taux d'ammoniac
18° à 20°C 20,5° à 22°C
30% à 70%
Gerbille
20° à 22°C
30% à 40%
Souris
19° à 21°C
30% à 70%
●
Rat
18° à 26°C
40% à 70%
●
Hamster
21° à 25°C
30% à 70%
●
Cobaye
18° à 24°C (toujours > 10° et < 32°C)
50%
●
Chinchilla
18° à 20°C
30% à 70%
Emmanuel Risi Centre de soin de la faune sauvage E.N.V.N. Atlanpole - La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03
10 à 15 renouvellements par heure
< 8 ppm
4
Gavage d’un chinchilla (photo S. Verhelst).
Gestion ❚ Pour hospitaliser les petits mammifères, prévoir : - une pièce réservée à ces espèces ; - une température du local adaptée ; - une ventilation suffisante.
12 h < 10 ppm
* ventilation mécanique de la clinique
12 à 14 h
RUBRIQUE
< 8 ppm
12 h
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2004 - 75
comment conseiller votre client
Françoise Lemoine Clinique vétérinaire Logne et Boulogne 10, route de Rocheservière 44650 Legé
Objectif pédagogique Facilliter le choix d’un client qui souhaite acheter un chiot de race.
Pour un acheteur, le choix d’une race ou d’un élevage n’est pas toujours aisé. Votre client se demande souvent sur quels critères déterminer son choix et comment interpréter les différents sigles qui figurent sur un pedigree (photo F. Lemoine).
sur le choix d’un chien de race Le vétérinaire est souvent le principal interlocuteur de son client lors du choix d’un chien. Où se le procurer ? Comment répondre aux questions de votre client qui souhaite bien choisir son compagnon ?
P
our acheter un chiot, il est possible de l’acquérir chez un particulier produisant des chiens de type plus ou moins défini, une animalerie, ou d'acheter un chien de race chez un éleveur, amateur ou professionnel. ● L'animal est alors issu de parents inscrits au Livre des Origines Français (L.O.F.) (encadré 1). ● Dans une société de consommation où la recherche de la qualité est de plus en plus demandée, le L.O.F. est sans doute le meilleur outil. OÙ OBTENIR DES CONSEILS ?
Essentiel ❚ Le L.O.F. est un fichier informatique qui regroupe la généalogie de chaque chien de race. ❚ L’affixe est une dénomination qui s’ajoute au nom du chien, et qui permet de savoir de quel élevage il provient. ❚ Un chiot L.O.F. sur deux naît chez un producteur qui produit au maximum trois portées par an.
● Le praticien peut fournir des informations précises au futur propriétaire. Il connaît l’ethnologie canine et les affections raciales, mais aussi son client, qui lui expose sa personnalité, son environnement familial et son mode de vie. Différents organismes sont au service du chien de race : - la société centrale canine (S.C.C.) ; - les clubs de race (photo 1).
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 80 - FÉVRIER / MARS 2004
La Société Centrale Canine ● La Société centrale canine, comme gestionnaire des déclarations de naissance, est le seul organisme à pouvoir communiquer l’ensemble des portées disponibles pour une race choisie (encadré 2).
Les clubs de race Les clubs de race sont spécialisés dans une ou plusieurs races. Ils peuvent fournir les coordonnées d’éleveurs dans une région donnée avec l’avantage de très souvent connaître le producteur, généralement membre de l'association, et les chiens reproducteurs de l’élevage. ● Ces clubs savent orienter un acheteur, en fonction du type d’animal recherché. Tout nouveau propriétaire représente pour eux un adhérent potentiel, susceptible de faire de la publicité pour la race, s’il est satisfait de son chien. ●
Encadré 1 - Le Livre des Origines Français (L.O.F.) La Société Centrale Canine (S.C.C.) existe depuis 1882. ● Ses fondateurs se sont préoccupés de la doter de deux outils nécessaires au développement et au contrôle de la sélection animale : - l’organisation d’expositions ; - un livre généalogique : le L.O.F. a un statut d’Union de Promotion et de sélection des Races (UPRa) canines de la S.C.C.
● Le L.O.F. est inscrit au Registre des livres généalogiques du ministère de l’Agriculture depuis 1957. Il est ainsi devenu le registre officiel pour l’espèce canine. Pour la S.C.C., la tenue de ce livre est une mission de service public. ● En 2002, 32 989 portées, soit 80 022 chiots mâles et 79 750 femelles, ont été inscrites au titre de la descendance.
Qu’est-ce que le L.O.F. ?
● Le L.O.F. permet le suivi des différentes lignées, et leur comparaison. ● Les titres officiels, de beauté ou de travail, obtenus pour chaque animal y sont enregistrés. Les résultats du dépistage de tare génétiques y figurent également. ● Le L.O.F. est l’outil de base de la filière qualité pour l’élevage canin.
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À l'origine, le L.O.F. était un registre au sens propre du terme : un gros cahier suffisant pour recevoir les 200 naissances de sa première année de fonctionnement. ● Il est actuellement constitué d’un fichier informatique, grâce auquel il est possible de connaître les ascendants d’un animal. ●
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Quel est le rôle du L.O.F. ?
comment participer à la filière cynophile
Françoise Lemoine Clinique vétérinaire Logne et Boulogne 10, route de Rocheservière 44650 Legé
Le nouvel acquéreur d'un chiot a parfois le projet de faire concourir son animal. Quelles sont les principales récompenses attribués à un chien, et leur signification ? La filière des expositions canines attire de nombreux propriétaires. Aussi, il est intéressant que le praticien puisse informer son client sur les différentes structures.
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es qualités attribuées au chien lors des expositions canines lui permettent d'obtenir un statut de reproducteur conseillé par le club de race, dans le cadre de l'amélioration ou du maintien des races. En outre, certains propriétaires peuvent découvrir dans la cynophilie une véritable passion, et leur permettre de partager une activité plaisante avec leur animal. Le conseil initial du vétérinaire est une source d'information pour ces clients. LES EXPOSITIONS CANINES
● Les expositions canines sont des présentations, ainsi que l’occasion de connaître la valeur d'un chien par rapport aux critères de sa race, et de le confronter à des congénères. ● La S.C.C. en patronne environ 170 par an, par l’intermédiaire des organisations canines régionales et des clubs de race (photos 1, 2).
Les différents types d’exposition On distingue deux grands types d’expositions : - les expositions canines internationales et nationales : elles sont ouvertes à toutes les races de chiens, et organisées par les sociétés canines régionales : leur objectif est de promouvoir l’élevage professionnel et amateur dans une région, grâce à des concours d’utilisation ou des expositions, les organisateurs sont des représentants locaux de la S.C.C. ; - les expositions canines nationales (N.E.) ou régionales d’élevage (R.E.) : elles sont organisées par les clubs de race, et consacrées aux seules races dont ils ont la charge. ●
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Les expositions canines couvrent un domaine qui s’étend de la beauté au travail. Ici, les juges évaluent un concours d’agility (photos F. Lemoine).
Pour y participer, il est nécessaire de remplir une feuille d’engagement fournie par l’organisateur, et de l’envoyer environ un mois avant la date de la manifestation. ● Le chien est inscrit dans une classe ("Champion", "Ouverte", "Travail") (encadré 2). Les animaux les plus jeunes et les "vétérans" disposent aussi de leur propre catégorie. Chaque classe est clairement définie sur les feuilles d’engagement. ●
Objectif pédagogique Fournir à son client les informations nécessaires pour participer aux expositions canines.
Les critères de jugement Lors de jugement, le chien est examiné par un juge, qui effectue une appréciation de la valeur absolue du sujet. Un secrétaire note sur une bande de papier, ou "slip", les qualités et principaux défauts de l'animal (photo 2). ● Celui-ci reçoit alors un qualificatif : - “excellent” (EX, carton de couleur rouge) : le chien se rapproche du type idéal. Il est toléré de petites imperfections (photo 3) ; - “très bon” (TB, carton de couleur bleu) : le chien est parfaitement typé. Il est toléré quelques défauts véniels ; - “bon” (B, carton vert) : le chien possède des caractéristiques de la race, mais accuse des défauts qui n’entraînent pas la disqualification ; - “assez bon” (AB, carton jaune) : le chien est suffisamment typé, mais n'a pas de qualité notoire ; - “insuffisant” (carton blanc) : le chien manque de type, et possède de graves dé●
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La qualification “excellent” concerne un chien qui se rapproche du type idéal. Elle définit la valeur du chien par rapport au standard de la race. En outre, l’animal est évalué par rapport à ses congénères en concours le même jour. Ici, l’animal a obtenu la 4e place.
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témoignage
l’école du chiot
un concept original
Muriel Rossignol* Christine Bocquet**
pour les conseils d’éducation
*Clinique vétérinaire 26, boulevard Émile Combes 13990 Fontvieille **Clinique vétérinaire 20, rue Gantin 74150 Rumilly
L’école du chiot est un concept original, qui consiste à réunir les propriétaires et leurs jeunes chiens autour du vétérinaire ou de quelqu’un de son équipe spécialement formé à l’éthologie. Il est préférable que le praticien soit déjà familiarisé avec le comportement canin.
Objectif pédagogique Mettre en place une structure d’éducation fondée sur le conseil et la mise en pratique immédiate.
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’école du chiot aide les maîtres à nouer une relation saine et solide avec leur chien. L’enseignement dispensé à l’école du chiot a pour principal objectif de prévenir les troubles du comportement et les erreurs d'éducation du jeune chien. Les chiots sont intégrés aux séances le plus tôt possible : deux mois est l’âge idéal. Ils y apprennent d’abord à jouer avec les autres chiens et avec leurs propriétaires, sans mordiller trop fort, et sans avoir peur des situations nouvelles. ● La bonne socialisation et l’acquisition des auto-contrôles y sont vérifiées. Le propriétaire y apprend les principes de la communication entre l’homme et le chien : les récompenses, les punitions, les techniques d’apprentissage des ordres de base, ... ● Les principes éthologiques du comportement canin sont détaillés et expliqués à l’aide de nombreux exemples pratiques. Ainsi, le propriétaire acquiert progressivement les compétences nécessaires pour éduquer lui-même son chien, sans commettre d’erreur (photos 1, 2). LE FONCTIONNEMENT DE L’ÉCOLE La logistique
Une salle de 15 m2 avec quelques chaises suffit. Les séances durent une heure (1/2 h de théorie et 1/2 h de pratique). ● Il est possible d’organiser une séance à l’extérieur, consacrée aux exercices pratiques (photo 3). Cette séance peut avoir lieu pendant la journée, et être animée par des A.S.V. ● Les auxiliaires de santé animale ont un rôle important à jouer pour trouver de futurs
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Au cours des séances pratiques, les propriétaires apprennent au chien à s’asseoir, en glissant la main derrière le jarret (photos Loïc Malarbet).
participants. Elles peuvent être formées dans cette perspective. Comment présenter ce service aux clients ? Une affiche, placée dans la salle d’attente et dans la salle de consultation, et une présentation de l’école du chiot est glissée dans le carnet, permettent de contacter les futurs participants. ● Le recrutement le plus efficace est réalisé par les A.S.V., qui en parlent lors des premières vaccinations. ● Les chiots sont inscrits pour quatre séances. ●
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Le programme des séances Les trois premières séances sont rapprochées, à un rythme hebdomadaire, tandis que la dernière a lieu environ deux mois après la troisième séance, afin de se rapprocher du moment de la puberté. ● Ces cours permettent au maître de se former rapidement sur ce programme suivant : - la 1ère séance : le développement du chiot ●
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L’école du chiot permet de proposer des réunions conviviales : elles sont l’occasion, pour les propriétaires, d’apprendre les rudiments du comportement du chien.
Gestion ❚ Pour lécole du chiot, le règlement a lieu lors de la réservation, pour toutes les séances. ❚ Les prix sont variables selon les praticiens, la moyenne est de 20 € T.T.C. par séance.
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test clinique
Jean-Pierre Beaufils Clinique Vétérinaire Route de Salinelles 30250 Sommières
les réponses
hépatozoonose chez un chien 1 Que conclure de l'examen du frottis sanguin ? La photo, réalisée en queue de frottis, montre une neutrophilie marquée, confirmée par la N.F.S. Dans de nombreuses cellules, des inclusions de grande taille, grossièrement rectangulaires et souvent optiquement vides sont présentes. Il s'agit de gamétocytes d'Hepatozoon canis : 88 p. cent des polynucléaires neutrophiles en contiennent, soit environ 18,00.109/L (encadrés 1, 2). 2 Quels autres examens complémentaires pourraient être réalisés ? ● L'hépatozoonose canine accompagne souvent une ou plusieurs maladies intercurrentes (40 p. cent des cas que nous avons observés), au 1er rang desquelles se trouvent l'ehrlichiose*, transmise par le même vecteur, et la leishmaniose (cf. Un cas d’anaplasmose, par F. Poitout et coll., dans ce numéro). ● Cette chienne présente une adénomégalie, une splénomégalie, une thrombocytopénie, ainsi qu’une anémie supérieure à ce qui est généralement observé lors d'hépatozoonose. De plus, elle a séjourné récemment dans un refuge. ● Ces éléments incitent à demander une sérologie Ehrlichia canis : celle-ci est faiblement positive (1/80), ce qui peut correspondre à une forme aiguë d'ehrlichiose. ● Une sérologie leishmaniose, et une recherche de parasites intestinaux justifiée par le séjour dans un refuge et l’éosinophilie sanguine, auraient dû être réalisées, mais ne l'ont pas été pour des raisons économiques. 3 Quels traitements envisager ? Peu de traitements sont efficaces sur Hepatozoon canis. - Le toltrazuril (Baycox®) est la seule molécule à nous avoir donné d'excellents résultats de façon constante. Nous l’avons utilisé hors A.M.M. dans moins d'une dizaine de cas, à la dose de 10 mg/kg/j pendant dix jours. Nous avons toujours observé une amélioration clinique en quelques jours, et la disparition des gamétocytes du frottis sanguin après quelques semaines. - D'autres auteurs sont satisfaits de l'association de la doxycycline (10 mg/kg/j) et de l’imidocarb dipropionate (5 à 7 mg/kg toutes les deux semaines), administrée jusqu'à disparition des gamétocytes sur les frottis sanguins. ● Outre le toltrazuril, la chienne reçoit de la doxycycline (Ronaxan®), à raison de 10 mg/kg/j ●
Encadré 1 - Hepatozoon canis : épidémiologie et diagnostic ● Hepatozoon canis est transmis par ingestion d'une tique qui contient le parasite : en France, il s’agit de Rhipicephalus sanguineus. L'infection du chien peut être asymptomatique. Différents facteurs favorisent l'apparition d'un tableau clinique : une maladie intercurrente, une forte infestation par les tiques, une immunodépression, le jeune âge du chien. ● Hepatozoon canis est un protozoaire qui appartient à l'ordre des Coccidia. Il apparaît sur le frottis sanguin, à l'intérieur du cytoplasme d'un polynucléaire neutrophile, sous la forme d'une capsule allongée qui contient un cytoplasme et un noyau. Souvent, le cytoplasme et le noyau sont expulsés lors du prélèvement ou de la préparation du frottis, et il ne reste alors dans le polynucléaire qu'une capsule optiquement vide. H. canis se rencontre aussi dans différents organes (foie, rate, ganglions, muscles striés et myocarde, …), sous la forme de kystes de grande taille, les schizontes (photo 2). ● Aux USA, les Hepatozoon rencontrés appartiennent à l’espèce H. americanum qui se caractérise, entre autres, par la rareté des gamétocytes sur le frottis sanguin. La mise en évidence des schizontes sur une biopsie musculaire est alors importante pour le diagnostic.
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Trois schizontes d'Hepatozoon canis, dans un ordre de maturation croissant, du haut vers le bas (moelle osseuse, coloration HE, x 400) (photo M. Perdigou).
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Fauve de Bretagne infecté par H. canis : abattement, amaigrissement, douleurs (antérieur gauche soustrait à l'appui) (photo J.-P. Beaufils).
Tableau 2 - Symptômes observés chez 50 chiens infectés par H. canis, sans maladie intercurrente % Symptômes de cas Abattement
60
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Anorexie
46
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Hyperthermie > 39°C
42
●
Symptômes locomoteurs (douleurs, chutes)
38
Amaigrissement
30
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Encadré 2 - Les symptômes observés Un abattement, une anorexie, une hyperthermie, des troubles locomoteurs, un amaigrissement et une fatigabilité sont les principaux symptômes observés (photo 3, tableau 2). ● La sévérité des symptômes semble le plus souvent proportionnelle à l'importance de la parasitémie. ● Une anémie modérée, une leucocytose (jusqu'à 85.109 GB/L dans notre expérience) et une augmentation des phosphatases alcalines sont les anomalies biologiques le plus souvent rapportées. ●
pendant deux mois pour l'ehrlichiose, et du mébendazole (Telmin KH®), à 100 mg/kg/12 h pendant cinq jours, pour une éventuelle helminthose intestinale. ● L'état général s'améliore dès les 1ers jours de traitement. - À J14, le nombre d'Hepatozoon a augmenté, (23,00.109/l), mais aucun gamétocyte n'est plus visible sur les frottis à J38, J67, 1 an, 3 ans et 6 ans. - Les sérologies ehrlichiose descendent en un mois sous le seuil de positivité. Les seules séquelles pour la chienne sont d'importantes lésions de l'émail dentaire, probablement dues à l'administration prolongée de doxycycline dans son jeune âge. ❒
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Fatigabilité Suppurations cutanées ● Jetage oculaire et/ou nasal ● Adénomégalie ● ●
Toux, râles pulmonaires ● Pâleur des muqueuses ●
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Référence 1. Jain NC. In: Schalm's Veterinary Hematology. Philadelphia: Lea & Febiger, 1986:104.
Pour en savoir plus Baneth G, Weigler B. Retrospective case-control study of hepatozoonosis in dogs in Israel. J Vet Intern Méd 1997;11,6:365-70. ● Beaufils JP, Martin-Granel J, Jumelle P. Hépatozoonose chez le chien et chez le renard : épidémiologie, clinique et traitement. Prat Méd Chir Anim Comp 1996;31:243-53. ●
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