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DOSSIER : LA CYTOLOGIE EN PRATIQUE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°20 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

N°20 NOVEMBRE DÉCEMBRE 2004

LA CYTOLOGIE Conduite à tenir, fiches pratiques : - L’analyse cytologique : quelles sont les indications et comment la réaliser ? - Comment lire et interpréter une analyse cytologique ? - L’analyse cytologique des urines - L’analyse cytologique en dermatologie : le calque cutané - L’analyse cytologique - d’un épanchement - d’un nœud lymphatique - du liquide cérébro-spinal - de la moelle osseuse - Réaliser et interpréter un frottis conjonctival - L’utilisation du microscope en gastro-entérologie

Féline

DOSSIER

LA CYTOLOGIE EN PRATIQUE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT Dans l’analyse cytologique, l’implication du praticien ne se limite pas à la réalisation du prélèvement : il participe directement au contrôle de qualité qu’exige tout examen biologique ...

Management et entreprise Dossier - L’intervention du vétérinaire

en animalerie et en élevage Fiches action - Le protocole d’admission des animaux au sein d’une structure collective

- Quel protocole mettre en place lors d’un épisode infectieux ? Matériel - Comment choisir son microscope ?

REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE

- Observation clinique Un cas d’hépatozoonose chez un chat - Nutrition Nutrition et alimentation chez le chat diabétique : nouveaux concepts

Rubriques - Nouvelle technique chirurgicale la palatoplastie modifiée chez le chien - Principe actif - Le propofol - Imagerie médicale - Technique et interprétation des examens radiographiques du rachis sans préparation et de la myélographie lors de paralysies - Quand et comment utiliser le scanner et l’IRM lors de paralysie ? - N.A.C. - L’hospitalisation des oiseaux - Immunologie et le B.A.BA en BD - Les médicaments immuno-suppresseurs


sommaire

NOVEMBRE DÉCEMBRE 2004

Éditorial par Luc Chabanne 6 Test clinique - Une toux chronique et récidivante chez un Braque Allemand Colette Arpaillange 4

CANINE - FÉLINE L’analyse cytologique : indications et réalisation pratique David Ledieu Comment lire et interpréter une analyse cytologique ? David Ledieu Fiches - La cytologie des épanchements : indications, méthodologie, principaux diagnostics Vanessa Turinelli-Sgarallino, David Ledieu, Corinne Fleury-Fournel - L’analyse cytologique des urines : indications, méthodologie, principaux diagnostics Vanessa Turinelli-Sgarallino, David Ledieu, Luc Chabanne, Corinne Fleury-Fournel - L’analyse cytologique en dermatologie : le calque cutané Didier Pin - Réaliser et interpréter un frottis conjonctival Olivier Jongh - La cytologie de la moelle osseuse : indications, aspects techniques et principaux diagnostics Vanessa Turinelli-Sgarallino, David Ledieu, Luc Chabanne, Corinne Fleury-Fournel - La cytologie d’un nœud lymphatique : indications, méthodologie, principaux diagnostics Vanessa Turinelli-Sgarallino, David Ledieu, Corinne Fleury-Fournel - L’analyse cytologique du liquide cérébro-spinal Laurent Cauzinille - L’utilisation du microscope en gastro-entérologie Mathieu Houdard, Laurent Guilbaud

N°20

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DOSSIER LA CYTOLOGIE EN PRATIQUE

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chez le chien et le chat

17 19 23

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31 34 37

FÉLINE Observation clinique - Un cas d’hépatozoonose chez un chat Jean-Pierre Beaufils - Nutrition et alimentation chez le chat diabétique : nouveaux concepts Lucile Martin

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RUBRIQUES Nouvelle technique chirurgicale - La palatoplastie modifiée chez le chien Gilles Dupré, Laurent Findji Principe actif - Le propofol Marc Gogny Imagerie médicale - Technique et interprétation des examens radiographiques du rachis sans préparation et de la myélographie lors de paralysies Laurent Couturier - Quand et comment utiliser le scanner et l’imagerie par résonance magnétique lors de paralysie ? Sébastien Behr N.A.C. - L’hospitalisation des oiseaux Emmanuel Risi Immunologie et le B.A.BA en BD Les médicaments immuno-suppresseurs Luc Chabanne et Frédéric Mahé

45 49

51 58 65 69

Souscription d’abonnement en page 86

MANAGEMENT ET ENTREPRISE Dossier - L’intervention du vétérinaire en animalerie et en élevage Alain Ganivet Fiche - Le protocole d’admission des animaux au sein d’une structure collective Alain Ganivet Fiche - Quel protocole mettre en place lors d’un épisode infectieux ? Matériel - Comment choisir son microscope ? Christophe Hugnet Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses

77

CANINE - FÉLINE

80 82 83

FÉLINE RUBRIQUE

85 86

MANAGEMENT

3

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 511


NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

test clinique

Conseil scientifique

une toux chronique et récidivante

Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Pascal Fayolle (E.N.V.A.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Jean-Pierre Jégou (praticien) Roger Mellinger (praticien)

U

Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)

Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)

Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) Valérie Chetboul (Cardiologie, E.N.V.A.) René Chermette (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Bernard Clerc (Ophtalmologie, E.NV.A.) Olivier Dossin (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.T.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Claude Petit (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.T.) Patricia Ronsin (Reproduction, E.N.V.T.) Etienne Thiry (Virologie, Liège) Patrick Verwaerde (Anesthésie, E.N.V.T.)

Chargée de mission rédaction Valérie Colombani

Secrétaire de rédaction David Jourdan Abonnements Maryse Mercan

n chien mâle de race Braque Allemand âgé de 6 ans est présenté à la consultation pour une toux chronique. Cette toux évolue par accès depuis 4 mois, et s’accompagne d’une hyperthermie. Des traitements à base d’antibiotiques entraînent une rémission des symptômes, immédiatement suivie d’une récidive à l’arrêt du traitement. ● Aucun antécédent médical ou chirurgical n’est à noter. Le chien participe à des concours de chasse. ● L’état général est satisfaisant. Lors des épisodes fébriles, le chien semble abattu, mais l’appétit est conservé. ● La toux, non déclenchable, est décrite comme faible, peu sonore, relativement peu fréquente. Elle aboutit parfois à l’expectoration d’un liquide rosé. ● La fréquence respiratoire est modérément augmentée (28 mouvements par minute). Les mouvements respiratoires ne sont pas modifiés. Un bruit inspiratoire est audible à droite.

1

Radiographie du thorax vu de face (photos Service d’imagerie médicale / E.N.V.N.)

1 À quel niveau de l’appareil respiratoire peut-on localiser les lésions ?

Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray

2 Quelles sont les hypothèses diagnostiques ?

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr

3 Des clichés radiographiques du thorax sont réalisés (photos 1, 2). Quelle interprétation proposez-vous ?

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray

Réponses à ce test page 85

Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA

2 Radiographie du thorax vu de profil.

comité de lecture

S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1007 T801 21 I.S.S.N. 1637-3065 Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 512 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

Colette Arpaillange Unité de médecine des carnivores E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

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Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Jean-Jacques Bénet, Juliette Besso, Vincent Boureau, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Stéphane Bureau, Jean-Jacques Bynen, Claude Carozzo, Sylvie Chastant-Maillard, Claude Chauve, Guillaume Chanoit, Yan Cherel, Cécile Clercx (Liège), Jean-Pierre Cotard,

Jack-Yves Deschamps, Pierre Desnoyers, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Sébastien Géroult, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot, Dominique Grandjean, Jean-François Guelfi Laurent Guilbaud, Nicole Hagen, Philippe Hennet, Marc Henroteaux (Liège),

Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Jean-Paul Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Didier Pin, Xavier Pineau, Luc Poisson, Jean-Louis Pouchelon,

Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Odile Sénécat, Brigitte Siliart, Isabelle Testault, Jean-Jacques Thiébault, Bernard Toma, Muriel Vabret, Isabelle Valin, Lionel Zenner.


éditorial “Pour obtenir un résultat d’analyse cytologique fiable, fournir au laboratoire des prélèvements de la meilleure qualité possible, adaptés à l’examen demandé et aux renseignements attendus.”

L

es examens complémentaires relevant de la biologie clinique sont désormais incontournables pour le praticien en raison de l’aide qu’ils apportent à l’établissement d’un diagnostic, d’un pronostic ou dans le suivi d’un traitement. En complément au Hors-Série 2004 Diagnostic et examens complémentaires, ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE propose un dossier spécial cytologie. En effet, la cytologie constitue, avec l’hématologie et la biochimie clinique, un des piliers de la pathologie clinique (expression dérivée littéralement du terme anglo-saxon "clinical pathology" qui se substitue volontiers, depuis quelques années, à celui de biologie clinique). Or, si les examens hématologiques et de biochimie clinique sont connus de tous et facilement mis en œuvre, que ce soit directement, au chevet du malade à la clinique, ou en se tournant vers des prestataires spécialisés, il en va différemment de la cytologie. Aussi n’est-il pas inutile, comme le fait David Ledieu dans ce numéro, de situer l’examen cytologique dans ses indications pour mieux en souligner l’intérêt. La cytologie est un examen morphologique, il ne peut pas être automatisé, mais doit être confié à un biologiste compétent. Pour obtenir un résultat fiable et interprétable, il ne suffit cependant pas de se tourner vers un laboratoire qualifié. Il faut fournir au laboratoire des prélèvements de la meilleure qualité possible, adaptés à l’examen demandé et aux renseignements attendus. Le rôle du praticien est fondamental dans cette démarche, dans la mesure où c’est lui qui assure cette première étape. C’est pourquoi, afin d’en garantir une parfaite maîtrise, il convient de rappeler les principes techniques d’un acte même si, par ailleurs, il est généralement qualifié de “facile”. Au-delà des principes généraux, il est nécessaire de prendre en considération l’organe ou les tissus à prélever. Ce Dossier spécial a pour but d’aborder les différents examens cytologiques et leurs caractéristiques propres. La liste n’est toutefois pas exhaustive, et peut être avantageusement complétée par des articles déjà parus dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE (cf. N° 6 (octobre/décembre 2001) Geste - Arthrocentèse : les sites de ponction articulaire et Analyses et commentaires - Le liquide synovial de Daniel Huber et Jean-François Bardet P. 68-69). L’implication du praticien ne se limite pas à la réalisation du prélèvement : il participe directement au contrôle de qualité qu’exige tout examen biologique. Cette démarche est soulignée dans les articles de ce Dossier spécial. En effectuant a minima une coloration rapide et un examen au microscope, le vétérinaire peut également obtenir, suivant ses compétences cytologiques, des informations utiles à l’accélération de la démarche diagnostique et dans la décision et le suivi thérapeutiques. À l’aide d’un microscope de qualité et de colorations plus élaborées (de type May-Grünwald-Giemsa), outils indispensables également en hématologie, le passionné de pathologie clinique peut se livrer à une lecture plus analytique et toucher alors au moment ultime et délicat de l’examen cytologique, l’interprétation. Dans ce cas, il doit prendre soin de ne jamais oublier que les cas frontières ne sont pas rares et qu’il existe, même pour le plus expérimenté des cytologistes ❒ professionnels, bien des cas difficiles ou litigieux.

Luc Chabanne Unité de médecine interne et laboratoire d’hématologie clinique Département des animaux de compagnie École nationale vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Étoile

pour en savoir plus ... - Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°6 (octobre / décembre 2001, p. 67 à 69). - Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE hors-Série 2004 Diagnostic et examens complémentaires chez le chien et le chat

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 514 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

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l’analyse cytologique indications et réalisation pratique chez le chien et le chat

L’examen cytologique est un examen complémentaire mal connu des praticiens, encore trop souvent mal maîtrisé dans ses indications, et dans la réalisation pratique des prélèvements. Les indications de cet examen sont pourtant nombreuses, et il est souvent déterminant dans une démarche diagnostique rationnelle.

S

i l’interprétation d’une analyse cytologique est difficile et demande une formation spécifique, longue à acquérir, réservée à des spécialistes, il peut être utile pour le vétérinaire praticien de connaître les principes de base de cette analyse. Au-delà du contrôle de qualité de son prélèvement, cela lui permet de réaliser une première lecture au microscope, et d’établir un diagnostic préliminaire en attendant le résultat définitif du laboratoire. ● La performance de l’examen cytologique dépend de deux points essentiels : - la qualité de l’analyse proprement dite, donc les compétences du biologiste qui l’effectue ; - la qualité du prélèvement. ● Effectuée par le vétérinaire praticien, la réalisation du prélèvement est une étape déterminante de l’examen cytologique. - Il est donc essentiel de connaître les indications de cet examen, ses avantages et ses inconvénients, et de maîtriser les différentes

David Ledieu Laboratoire de cytologie vétérinaire Groupement de recherche cytologique 41, allée des Cyprès 69578 Limonest Cedex

techniques de prélèvement et d’étalement du matériel prélevé. - Il est aussi souhaitable que le praticien puisse colorer quelques lames pour vérifier la qualité de son prélèvement au microscope. - Il doit ensuite les envoyer dans de bonnes conditions.

Objectif pédagogique Bien réaliser un prélèvement pour une analyse cytologique.

LES INDICATIONS ET LES OBJECTIFS DE L’EXAMEN CYTOLOGIQUE Les indications de l’examen cytologique sont très nombreuses. Il permet d’explorer la plupart des tissus et des organes (moelle osseuse hématopoïétique, ganglions, rate, foie, poumons, prostate, …), les néoformations superficielles (cutanées et sous-cutanées) ou profondes (abdominales, médiastinales, …), et tous les épanchements accessibles à la ponction (encadré 1). ● Le premier objectif de l’examen cytologique est de vérifier l’existence d’une lésion, suspectée lors de l’examen clinique ou par l’imagerie médicale. - Il permet ensuite de préciser la nature de cette lésion et, si possible, d’en déterminer la cause. - Ces informations accélèrent la démarche diagnostique, en permettant rapidement d’établir le diagnostic définitif, ou de mettre en œuvre d’autres examens complémentaires. ● L’examen cytologique tient une place particulière en cancérologie, car il permet rapidement et d’une manière peu invasive : - de confirmer la nature tumorale d’une lésion ; - de préciser, le plus souvent, l’histogenèse de la tumeur (épithéliale, mésenchymateuse, à cellules rondes ou mélanique) ; ●

Essentiel ❚ Effectuée par le vétérinaire praticien, la réalisation du prélèvement est une étape déterminante de l’examen cytologique. ❚ Cet examen permet de vérifier l’existence d’une lésion. ❚ Peu invasif, l’examen cytologique permet un diagnostic rapide lors de suspicion de cancer. ❚ L’examen cytologique est indispensable lors du bilan d’extension d’une affection néoplasique.

Encadré 1 - Les principales indications de l’analyse cytologique - une organomégalie, une lésion localisée à un

Les principales indications de l’examen cytologique sont :

organe (foie, rate, rein, …) ;

- un épanchement abdominal, pleural ou péricar-

- une suspicion de tumeur vésicale, une prosta-

dique ;

- un bilan d’extension, une suspicion d’hémopathie maligne, une cytopénie centrale (myélogramme) ;

- une adénomégalie (adénogramme) ; - une néoformation superficielle ou profonde, une lésion cutanée ou muqueuse ;

CANINE - FÉLINE

tomégalie (cytologies urinaire et prostatique) ; - une bronchopneumopathie diffuse (lavage broncho-alvéolaire et lavage trachéal) ; - une arthropathie (liquide articulaire) ; - une suspicion d’atteinte nerveuse centrale (liquide céphalo-rachidien). - une lésion des cavités nasales (lavage nasosinusal).

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 515


comment lire et interpréter une analyse cytologique chez le chien et le chat

David Ledieu Laboratoire de cytologie vétérinaire Groupement de recherche cytologique 41, allée des Cyprès, 69578 Limonest cedex

Objectif pédagogique

Une fois le prélèvement effectué, une lecture de contrôle est nécessaire, pour s’assurer de la qualité de son prélèvement avant l’analyse cytologique par le laboratoire. Cette lecture permet aussi, avec un peu d’expérience, une 1re orientation diagnostique.

Effectuer une lecture préliminaire d’un prélèvement destiné à une analyse cytologique.

1

Circumanalome, objectif x100,

May-Grünwald-Giemsa. Les cellules sont regroupées en amas cohésifs avec des limites intercellulaires communes. Aucun critère net de malignité n'est observé (photos D. Ledieu).

2

Adénocarcinome, objectif x100, May-Grünwald-Giemsa. Hyperchromatisme des noyaux, nombreux nucléoles proéminents, anisonucléolose, hyperbasophilie des cytoplasmes.

Essentiel ❚ L’analyse microscopique commence toujours par le contrôle de la qualité du prélèvement, en particulier de la cellularité et de l’importance de la contamination sanguine. NOTE * cf. Le choix du microscope, de C. Hugnet, dans ce numéro.

D

e l’analyse de prélèvement qu’il vient d’effectuer, le praticien obtient différents niveaux de renseignements, du simple contrôle de qualité à une lecture analytique plus ou moins approfondie, selon sa formation en cytologie, la qualité de son microscope, le type de coloration qu’il utilise (May-Grünwald-Giemsa ou coloration rapide), et le temps qu’il souhaite consacrer à l’analyse des prélèvements dans le cadre de son activité. ● Dans tous les cas, en raison de la difficulté de cet examen, le diagnostic définitif doit toujours être établi, en dernière intention, par un spécialiste, c’est-à-dire un cytologiste vétérinaire. ● En effet, La cytologie est un domaine qui possède une sémiologie propre, différente de l’histologie, et qui nécessite une formation spécifique. Faute de mieux, la cytologie vétérinaire a longtemps été réalisée par des histologistes vétérinaires, voire des histologistes issus de la médecine humaine, sans aucune formation spécifique. Pour que l’examen cytologique reste un examen pratique et performant, il est indispensable d’adresser les prélèvements à des spécialistes, c’est-à-dire à des cytologistes vétérinaires de métier.

matériel ● Trois

objectifs sont indispensables : - un petit (x 2,5, x 4 ou x 10) pour la discrimination rapide des lames et le repérage des amas cellulaires ; - un moyen (x 25 ou x 40) utilisé pour l’essentiel de l’examen cytologique ; - un grossissement à immersion (x 100) pour un examen plus précis des détails cellulaires.

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 520 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

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● L’utilisation d’un microscope de bonne qualité est une condition incontournable pour la pratique de la cytologie (encadré matériel)*.

LE CONTRÔLE DE QUALITÉ : indispensable, à faire par tous En plus d’un bon matériel, il est nécessaire de maîtriser le fonctionnement du microscope (utilisation du condensateur, du diaphragme, de l’objectif à immersion, …). ● L’analyse microscopique commence toujours par le contrôle de qualité du prélèvement. Celui-ci sert à vérifier la présence de matériel cellulaire, la richesse du prélèvement (cellularité), l’importance de la contamination sanguine, la qualité des étalements et de la coloration. ● Dans la mesure du possible, lorsqu’un nombre suffisant de lames a été réalisé, le praticien contrôle lui-même la qualité de son prélèvement, notamment la cellularité et l’importance de la contamination sanguine. Ceci évite d’envoyer au laboratoire de cytologie un prélèvement pratiquement acellulaire ou exclusivement sanguin, et de pouvoir le refaire tout de suite, le cas échéant. ●

LA LECTURE ANALYTIQUE : facultatif La lecture analytique impose une coloration de bonne qualité (May-GrünwaldGiemsa), un microscope performant et une solide formation en cytologie. ● Chaque population cellulaire est identifiée, ce qui permet de distinguer : - les cellules “autochtones”, dont la présence est normale dans le tissu ponctionné (petits lymphocytes dans un nœud lymphatique, hépatocytes lors d’une ponction de foie, …) ; - les cellules associées à une réponse inflammatoire : granulocytes neutrophiles, éosinophiles et basophiles, macrophages, cellules lymphoïdes, fibroblastes, …) ; - les cellules suspectes d’une origine tumorale, à prendre en compte non comme cellules isolées, mais comme contingent cellulaire, pour en déterminer les caractéristiques cytologiques. ● Toutes les lames sont examinées, pour avoir une idée de la représentativité de ●


Fiche

la cytologie des épanchements indications, méthodologie, principaux diagnostics

Vanessa Turinelli-Sgarallino1,2 David Ledieu2 Corinne Fleury-Fournel1,2

chez le chien et le chat

1Laboratoire

d’hématologie-cytologie École nationale vétérinaire de Lyon 69280 Marcy-l’Étoile. 2Laboratoire de cytologie vétérinaire GRC, 41, allée des Cyprès 69578 Limonest cedex

Cette fiche indique comment ponctionner un épanchement chez le chien et le chat et les principales règles d’interprétation.

Objectif pédagogique Réaliser un prélèvement pour un examen cytologique lors d’épanchement chez le chien et le chat.

L

’examen cytologique est indiqué devant tout épanchement cavitaire : péricardique, pleural ou abdominal. Plus que les autres examens biologiques de dosage des protéines et de comptage cellulaire, il permet le diagnostic étiologique des épanchements.

Essentiel ❚ La cytologie des épanchements est indispensable en cas d’épanchement cavitaire ou multicavitaire, ou d’épanchement sur animal cancéreux. ❚ L’analyse cytologique apprécie le nombre et l’aspect des cellules sanguines et conjonctives du fond de frottis et recherche les cellules tumorales. ❚ L’absence de cellules malignes ne permet pas d’exclure un cancer.

LES INDICATIONS L’analyse cytologiqe comprend : 1. l’appréciation de la richesse et de l’aspect des cellules sanguines et conjonctives du fond de frottis, afin de déterminer le mécanisme pathogénique (transsudation passive ou inflammation exsudative active), de reconnaître une lymphocytose réactionnelle et d’apprécier les éventuelles transformations de la population mésothéliale ; 2. la recherche systématique des cellules tumorales dont l’identification formelle par le cytologiste établit le diagnostic d’épanchement cancéreux. ● La cytologie des épanchements est indiquée en cas : - d’épanchement cavitaire nouvellement découvert, à l’exception toutefois d’une forte suspicion de trouble de la coagulation sanguine (notamment sur une suspicion d’intoxication par les anticoagulants). ●

Geste ❚ Acheminer le prélèvement en moins de 24 heures si possible, conservé à température avec de la glace fondante. ❚ Penser à scinder le prélèvement en deux : en envoyer la moitié au laboratoire et centrifuger l’autre moitié.

matériel Le matériel nécessaire à la réalisation du prélèvement est simple : - une tondeuse et le nécessaire pour assurer une asepsie classique ; - des aiguilles de 8 à 12/10e de diamètre et de 40 mm de longueur ; - une seringue stérile de 10 ml ; - un tube E.D.T.A. et un tube sec ; - une centrifugeuse ; - des lames de verre neuves, dégraissées et matées à une extrémité ; - un crayon à papier pour l’identification des lames.

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 522 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

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Il convient dans ce cas de privilégier l’exploration de l’hémostase avant de procéder à la ponction. - d’épanchements multicavitaires (tous les épanchements présents sur le même animal doivent être ponctionnés et analysés) ; - chez le chat, lors de suspicion de lymphome médiastinal ; - d’épanchement sur un animal porteur d’un cancer (ou préalablement opéré) pour lequel le risque de métastase dans les séreuses est élevé (adénocarcinome de l’ovaire et de la mamelle en particulier). LA RÉALISATION PRATIQUE La zone de ponction doit être préalablement tondue, nettoyée et désinfectée. ● Pour un épanchement péritonéal : - l’animal est maintenu en décubitus latéral et aucune anesthésie n’est indispensable ; - localiser le site de ponction sur la ligne blanche, 2 cm en arrière de l’ombilic. ● Pour un épanchement pleural : - l’animal est maintenu debout ; - le prélèvement est effectué sans anesthésie ; - localiser le site de ponction sur le côté droit, de préférence, ou gauche en cas d’épanchement unilatéral gauche, au niveau du 6e/7e espace intercostal, à la limite du tiers moyen et du tiers inférieur. ● Pour un épanchement péricardique : - l’animal est maintenu en décubitus latéral gauche ou debout ; - la ponction est de préférence échoguidée et une anesthésie est parfois nécessaire ; - localiser le site de ponction sur le côté droit au niveau du 3e/5e espace intercostal, à la limite du tiers moyen et du tiers inférieur. L’ENVOI DU PRÉLÈVEMENT ● L’acheminement du prélèvement doit être le plus rapide possible, réalisé idéalement en moins de 24 heures (délai qui correspond en général à l’envoi postal de prélèvement en urgence au laboratoire), afin d’éviter une autolyse rendant l’interprétation aléatoire. La conservation à +4° et l’envoi dans la journée avec de la glace fondante pour le transport améliorent les résultats.


Fiche

l’analyse cytologique des urines indications, méthodologie, principaux diagnostics chez le chien et le chat

Cette fiche présente les indications, les modalités de prélèvement et d’envoi ainsi que les principales règles d’interprétation d’un examen cytologique urinaire chez les carnivores domestiques ?

L

a cytologie urinaire est indiquée chaque fois que : - l’examen clinique ou l’imagerie médicale oriente vers une hypothèse de tumeur vésicale ou prostatique ; - l’examen microscopique du culot urinaire met en évidence la présence de cellules suspectes d’origine tumorale (cellules épithéliales, isolées ou regroupées en amas, peu différenciées).

Vanessa Turinelli-Sgarallino1,2 David Ledieu2, Luc Chabanne1 Corinne Fournel-Fleury1,2 1Laboratoire

d’hématologie-cytologie École nationale vétérinaire de Lyon 69280 Marcy-l’Étoile 2Laboratoire de cytologie vétérinaire G.R.C., 41, allée des Cyprès 69578 Limonest Cedex

Objectif pédagogique Réaliser et interpréter un prélèvement cytologique urinaire chez le chien et le chat.

1

Cytologie urinaire normale : amas de cellules épithéliales transitionnelles (photos V. Turinelli-Sgarallino).

LE PRÉLÈVEMENT ● Quelle que soient les techniques de prélèvement utilisées, les manipulations liées à la récolte de l’urine doivent être délicates afin d’éviter tout traumatisme des organes (cf. l’analyse des urines de C. Arpaillange dans le Hors-série 2004 Diagnostic et examens complémentaires, p. 437-443.) ● Lors de miction naturelle, il est possible de mettre en évidence quelques cellules épithéliales malpighiennes et des squames kératinocytaires, ainsi que des polynucléaires neutrophiles et même des bactéries provenant de l’extrémité distale de l’urètre. ● Le sondage urinaire peut également ramener quelques cellules épithéliales malpighiennes et des squames kératinocytaires ainsi que quelques hématies suite à des traumatismes. ● La cystocentèse provoque une contamination minime, représentée uniquement par quelques hématies.

matériel Le matériel nécessaire pour une cystocentèse comprend : - le matériel de prélèvement : cathéter ou seringue 21G et aiguille 10 ml ; - une centrifugeuse ou cytocentrifugeuse ; - des lames de verre neuves, dégraissées et matées à une extrémité ; - un crayon à papier pour l’identification des lames.

2

Cytologie urinaire normale : cellule épithéliale

de Malpighi.

L’ENVOI AU LABORATOIRE ● Lors de l’envoi au laboratoire, joindre au prélèvement une feuille de liaison détaillée avec l’anamnèse et les commémoratifs précis, la technique de prélèvement utilisée, les résultats des autres examens complémentaires éventuellement réalisés ainsi que les hypothèses diagnostiques. ● La conservation des cellules dans l’urine est toujours mauvaise. Aussi, veiller à envoyer rapidement le prélèvement au laboratoire de cytologie, si possible sous couvert du froid. conseil

Geste ❚ Effectuer des manipulations délicates pour éviter tout traumatisme des organes. ❚ Envoyer rapidement le prélèvement au laboratoire, si possible sous couvert du froid.

Envoyer, en parallèle du prélèvement, des lames d’étalement d’un culot de centrifugation réalisé à la clinique, à partir de la moitié de l’urine récoltée.

CANINE - FÉLINE

L’urine est ensuite traitée dans une cytocentrifugeuse ou une centrifugeuse classique par le laboratoire. Après fixation par séchage rapide, les lames obtenues sont colorées au moyen des colorations de type Romanowsky (encadré). ●

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 525


l’analyse cytologique en dermatologie : le calque cutané chez le chien et le chat

Aisée à effectuer, l’analyse cytologique en dermatologie permet souvent d’orienter, voire d’établir le diagnostic.

L

a cytologie cutanée consiste à prélever des cellules ou des éléments figurés au niveau de lésions cutanées ou sous-cutanées, et à les soumettre à un examen microscopique. Le prélèvement est appelé calque cutané. Cet examen complémentaire est l’un des plus utilisés en dermatologie, car : 1. la sémiologie dermatologique n’est pas assez précise, ce qui oblige le clinicien à s’aider d’examens complémentaires pour établir son diagnostic ; 2. la peau est un organe directement accessible, à partir duquel il est aisé de réaliser des prélèvements, en particulier de cellules. De plus, les techniques sont simples, le matériel peu coûteux et les résultats immédiats ; 3. cet examen complémentaire peut orienter, voire permettre d’établir le diagnostic, si la lecture s’appuie sur de bonnes connaissances en cytologie et en microbiologie cutanées. Les buts et les indications de cette analyse sont présentés dans l’encadré 1. Encadré 1 - Indications de l’analyse cytologique

● L’examen microscopique du calque permet : 1. de déterminer s’il s’agit d’une lésion inflammatoire ou néoplasique ; 2. de différencier les différents types cellulaires rencontrés et leur proportion relative ; 3. de mettre en évidence la présence d’éléments figurés : le plus souvent, des bactéries ou des éléments fongiques et rarement, des parasites. ● Les indications sont nombreuses puisque presque toutes les lésions cutanées peuvent faire l’objet d’un examen cytologique : érythème, pustule, nodule, érosion ou ulcère, lichénification, squame, croûte. ● La réalisation d’un examen cytologique permet : 1. d’orienter la démarche diagnostique ; 2. d’apprécier la réponse au traitement pendant le suivi de l’animal ; 3. de renseigner le praticien sur l’opportunité et sur l’ampleur de l’exérèse chirurgicale lors de néoplasme cutané.

Didier Pin Unité de Dermatologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

Objectifs de l’analyse

❚ Orienter la démarche diagnostique. ❚ Apprécier la réponse au traitement pendant le suivi de l’animal. ❚ Renseigner le praticien sur l’opportunité et sur l’ampleur de l’exérèse chirurgicale lors de néoplasme cutané.

Objectif pédagogique Bien réaliser un prélèvement cutané pour une analyse cytologique.

1er TEMPS : RÉALISER LE CALQUE CUTANÉ ● Les techniques de réalisation du calque cutané sont simples. Le calque peut être réalisé sur une lame, ou à l’aide d’un morceau de cellophane adhésive (cf. matériel). ● Sur lame, il est effectué par étalement ou impression, par raclage, par apposition, par écouvillonnage ou par étalement du produit d’une ponction à l’aiguille fine (encadré 2).

2e TEMPS : EFFECTUER UNE COLORATION ● Il est conseillé d’identifier la lame : ceci permet de retrouver l’origine du prélèvement, et de savoir sur quelle face il a été effectué. ● Le prélèvement est séché à l’air ou par la chaleur douce, puis coloré. Les colorants rapides (type RAL 555®), d'emploi très facile, donnent des colorations de qualité suffisante en cytologie cutanée non tumorale. En cytologie tumorale, ces colorations ne révèlent pas les propriétés métachromasiques des granulations des mastocytes, et n’offrent pas la même finesse d’analyse cytologique que la coloration au May-GrünwaldGiemsa. ● Après coloration, la préparation est séchée par application d’un papier absorbant

Essentiel ❚ Identifier la lame, pour retrouver l’origine du prélèvement, et savoir sur quelle face il a été effectué. ❚ La méthode de calque cutané par apposition donne une image approximative de l’architecture tissulaire, et n’entraîne aucune déformation des cellules. ❚ Après coloration, la préparation est séchée par application d’un papier absorbant, ou à l’aide d’un sèche-cheveux. ❚ Un bon séchage est indispensable pour un examen à l’immersion.

matériel Le matériel nécessaire est limité et peu coûteux : - des lames porte-objet dégraissées et matées, afin d’identifier le prélèvement ; - de la cellophane adhésive (Scotch®) ; - des écouvillons ; - une lame de scalpel érodée ; - des seringues de 5 mL ; - des aiguilles de 6 ou 7/10e de diamètre ; - un nécessaire à coloration rapide (type RAL 555®).

CANINE - FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 527


geste réaliser et interpréter un frottis conjonctival chez le chien et le chat

L

Clinique vétérinaire 2, rue Jacques 69250 Neuville sur Saône Service ophtalmologie E.N.V.L., BP 83 69280 Marcy-l'Étoile

Le frottis conjonctival est un geste simple à réaliser, et peu coûteux. Il donne des résultats rapides, "au chevet du malade". Cet article aborde la technique de prélèvement, les indications et les résultats obtenus. 'examen cytologique représente l'étude morphologique d'amas cellulaires ou de cellules isolées, sortis de leur contexte tissulaire. Pour la sphère oculaire, la conjonctive reste le site le plus étudié.

Olivier Jongh

Objectif pédagogique Réaliser et interpréter un frottis conjonctival.

Geste ❚ Facile d’exécution. ❚ Praticien généraliste. ❚ Formation nécessaire. 1

indications - Diagnostic différentiel des conjonctivites aiguës. - Diagnostic de la conjonctivite éosinophilique féline. - Recherche d'inclusions intracellulaires. - Diagnostic des tumeurs conjonctivales.

La cytobrosse est utile pour le raclage cellulaire, mais cette technique ne permet pas d’obtenir de grands amas de cellules jointives (photos O. Jongh).

COMMENT RÉALISER EN PRATIQUE UN FROTTIS CONJONCTIVAL ? La préparation de l'œil ● Une anesthésie locale de la conjonctive (oxubuprocaïne, Novésine®*, ou tétracaïne, Tétracaïne Unidoses®) n'est utilisée qu'exceptionnellement, en raison de la faible innervation de ce tissu (nerf trijumeau). ● Un nettoyage modéré préalable permet d'éliminer les principaux débris tissulaires, mucus et sérosités, qui viennent "polluer" le frottis et qui rendent l'interprétation cytologique plus délicate.

Le raclage cellulaire Le raclage cellulaire s'effectue grâce à des instruments suffisamment "vulnérants", mais peu traumatisants (encadré matériel, photo 1). ● Quelle que soit la méthode choisie, éviter tout saignement conjonctival, qui rend l'interprétation plus ambiguë. ● Le site de raclage est choisi de préférence sur les lésions et, si possible, dans un site connu du cytologiste. En effet, l'aspect des cellules épithéliales et la densité des mucocytes varient en fonction de la topographie conjonctivale (photos 2, 3, 4) : le cul-de-sac inférieur, appelé fornix inférieur est par exemple, particulièrement riche en cellules à mucus. ● La technique par empreinte sur filtre millipore nécessite une méthodologie plus sophistiquée (fixation au formol, transparisation, ...). Elle est davantage utilisée pour la cornée.

2

Amas de cellules épithélialesprélevées avec une lame de bistouri émoussée : noter l'aspect très jointif, en "pavage" des cellules et les nombreuses granulations mélaniques physiologiques (coloration M.G.G., x 400).

matériel ●

Il est possible d'utiliser :

- des spatules métalliques (de dentiste, en platine de Kimura, ...), manipulées avec douceur contre la conjonctive, puis apposées contre la lame de microscope ; - une simple lame de bistouri émoussée : elle offre, dans notre expérience, la même qualité de prélèvement ; - une cytobrosse, dont l'extrémité garnie de poils est délicatement déplacée autour de son axe afin de détacher les cellules, puis à nouveau tournée en regard de la lame de verre (photo 1).

NOTE * Médecine humaine.

Essentiel ❚ Le raclage est effectué de préférence sur les lésions. ❚ Un microscope de bonne qualité optique, propre, avec des grossissements variables est indispensable. ❚ Les frottis obtenus après un raclage avec un coton-tige sont de qualité médiocre.

remarque De grands amas de cellules jointives sont rarement obtenus avec cette technique.

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● Le coton tige, peu "abrasif" est à l'origine de frottis de qualité médiocre (paucicellularité).

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 531


Fiche

la cytologie de la moelle osseuse indications, aspects techniques et principaux diagnostics chez le chien et le chat

Cette fiche présente les indications, les étapes de la réalisation ainsi que les principes d’interprétation de la ponction de moelle osseuse ou myélogramme chez les carnivores domestiques.

S

ouvent considérée comme un acte difficile à réaliser, la ponction de moelle osseuse hématopoïétique est pourtant un examen peu invasif, rapide à réaliser et sans risque pour l’animal. Elle nécessite seulement un peu d’habitude, en particulier pour apprécier la profondeur d’implantation du trocart et surtout, pour effectuer les étalements. INDICATIONS

La ponction de moelle osseuse, ou myélogramme, est indiquée dans les cas : ● d’anomalies non expliquées par l’hémogramme : - cytopénies (anémies non régénératives, avec les réticulocytes <60 000/mm3 chez le chien, <50 000/mm3 chez le chat ;

matériel Attention : tout le matériel nécessaire au prélèvement doit être stérile. ● Le matériel utile est le suivant : - le nécessaire pour une asepsie classique ; - le nécessaire pour une anesthésie locale (et éventuellement une sédation) ; - une lame de bistouri pour incision cutanée (facultative) ; - des ciseaux à dissection mousse ; - un trocart de type Illinois ou de Mallarmé ou une aiguille de Rosenthal de diamètre 12, 15 ou 18/10e, de longueur 20 à 25 mm (en fonction du gabarit de l’animal et du site de ponction) ; - une seringue stérile de 10 ml ; - des lames de verre dégraissées et matées ; - un tube E.D.T.A. ; - un crayon à papier pour l’identification des lames ; - le nécessaire pour une petite suture cutanée (facultatif). N.B. Pour les prélèvements réalisés à la jonction chondrocostale ou dans la 1re sternèbre, une simple aiguille peut être utilisée (au minimum 1 mm de diamètre). ●

- thrombopénies persistantes ; - neutropénies persistantes ; ● d’anomalies de l’hémogramme évocatrices d’une leucémie ou d’une hémopathie maligne (leucocytose importante ou lymphocytose persistante inexpliquées, thrombocytoses majeures, myélémie, présence de cellules anormales dans le sang) ; ● de diagnostic de maladies parasitaires (leishmaniose atypique, ehrlichiose, hépatozoonose, etc.) ; ● de bilan d’extension des lymphomes et de cancers métastatiques (mastocytomes, carcinomes, etc.) ou de suivi des traitements antimitotiques ; ● d’hyperthermie prolongée, de C.I.V.D. (coagulation intravasculaire disséminée), de splénomégalie et/ou de maladie cachectisante inexpliquée, pour le dépistage de métastases médullaires d’un cancer profond. LA TECHNIQUE DE RÉALISATION Les sites de ponction La moelle osseuse peut être prélevée chez le chien et le chat : - dans l’aile de l’ilium ; - à la jonction chondro-costale de la 7e, 8e ou 9e côte ; - dans le sternum ; - dans la fosse trochantérienne, à l’extrémité proximale du fémur ; - dans le grand tubercule de la tête humérale (encadré 1). La préparation de l’animal En fonction de l’animal à prélever et du site de ponction choisi, l’animal est maintenu assis (1re sternèbre) ou en décubitus latéral ou sternal. ● L’anesthésie générale n’est pas indispensable, seule une sédation des chiens particulièrement agités et du chat en général est pratiquée. ● Dans tous les cas, le site de ponction est largement tondu, nettoyé et désinfecté, comme pour toute intervention chirurgicale. ●

Vanessa Turinelli-Sgarallino1,2 David Ledieu2, Luc Chabanne1 Corinne Fleury-Fournel1,2 1Laboratoire d’hématologie-cytologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile 2Laboratoire de cytologie vétérinaire G.R.C., 41, allée des Cyprès 69578 Limonest Cedex

Objectif pédagogique Effectuer une ponction de moelle osseuse chez le chien et le chat et réaliser une coloration rapide avant l’envoi au laboratoire.

Essentiel ❚ La ponction de moelle osseuse est indiquée lors : - d’anomalies non expliquées par l’hémogramme ; - d’anomalies de l’hémogramme évocatrices d’une leucémie ou d’une hémopathie maligne ; - de diagnostic de maladies parasitaires ; - de bilan d’extension des lymphomes et de cancers métastatiques ou de suivi des traitements antimitotiques ; - d’hyperthermie prolongée, de C.I.V.D., de splénomégalie et/ou de maladie cachectisante inexpliquée, pour le dépistage de métastases médullaires d’un cancer profond.

CANINE - FÉLINE

La technique de prélèvement (par la crête iliaque) ● Pour réaliser le myélogramme, au moins deux personnes bien entraînées sont le

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 535


Fiche

la cytologie d’un nœud lymphatique indications, méthodologie, principaux diagnostics chez le chien et le chat Vanessa Turinelli-Sgarallino1,2 David Ledieu2 Corinne Fleury-Fournel1,2 1Laboratoire

Cette fiche montre comment réaliser une ponction de nœud lymphatique et comment interpréter les lames obtenues.

L

a cytologie d’un nœud lymphatique est indiquée lors : - d’une adénomégalie isolée, persistante, non expliquée (même modérée) ; - d’une polyadénomégalie (plusieurs nœuds lymphatiques doivent alors être ponctionnés) ; - de la recherche précoce de métastases, dans le cadre d’un bilan d’extension (ponction des nœuds lymphatiques satellites des tumeurs, même s’ils ne sont pas hypertrophiés) ; - du diagnostic de maladies parasitaires (leishmaniose). ● L’adénogramme est l’étude de la composition cellulaire d’un nœud lymphatique, par analyse morphologique cytologique, obtenu à partir de matériel ganglionnaire. Le ganglion est aspiré à l’aiguille fine et étalé sur lame, ou apposé à partir de la tranche de section d’un nœud lymphatique ayant subi une exérèse chirurgicale préalable.

matériel ● Le matériel nécessaire à la ponction à l’aiguille fine est le suivant : - une tondeuse et le nécessaire pour assurer une asepsie classique ; - une aiguille fine de 0,6 mm de diamètre montée sur une seringue de 5 ou 10 ml ; - des lames de verre neuves, dégraissées et matées à une extrémité ; - un crayon à papier pour l’identification des lames. ● Pour l’apposition ganglionnaire, prévoir en plus : - une pince et une lame de bistouri ; - une compresse stérile pour absorber l’excès de suc ganglionnaire. ● Prévoir si possible un assistant pour immobiliser l’animal car, dans la grande majorité des cas, celui-ci n’est pas anesthétisé, ni même tranquillisé tant que le ganglion lymphatique est directement accessible. ● Pour les nœuds lymphatiques profonds, envisager une cytoponction échoguidée.

La cytologie classique (coloration au MayGrünwald-Giemsa, ...) est utile pour le diagnostic d’une hyperplasie T ou de toute autre adénopathie. L’immunomarquage permet uniquement de déterminer le caractère B ou T de la prolifération lymphocytaire.

d’hématologie-cytologie École nationale vétérinaire de Lyon 69280 Marcy-l’Étoile. 2Laboratoire de cytologie vétérinaire G.R.C., 41, allée des Cyprès 69578 Limonest cedex

RÉALISATION PRATIQUE

Objectif pédagogique Réaliser et interpréter un adénogramme chez le chien et le chat.

La technique d’apposition par calque Lors de biopsie exérèse, procéder comme suit : - couper le nœud lymphatique suivant son grand axe à l’aide d’une lame de scalpel ; - éponger doucement la tranche de section sur une compresse stérile pour absorber l’excès de suc ganglionnaire, sans frotter la tranche de section ; - apposer la tranche au début de la lame porte-objet en exerçant une légère pression ; - recommencer cette apposition en plusieurs points de la lame, puis sur deux autres lames porte-objet en respectant un intervalle entre chaque apposition ; - laisser sécher à l’air ou au séchoir pour fixer plus rapidement. ● L’avantage de cette technique est de fournir une approche de l’architecture tissulaire et de n’entraîner aucune déformation des cellules. En revanche, elle souffre souvent d’un excès de richesse cellulaire et d’un faible étalement des cellules qui gênent la finesse de l’analyse cytologique. ●

La technique de cytoponction La procédure à suivre pour réaliser une cytoponction est la suivante : - tondre la zone où est réalisée la cytoponction ; - désinfecter cette zone afin d’assurer les conditions d’asepsie nécessaire à l’introduction de l’aiguille à travers la peau ; - immobiliser le nœud lymphatique entre le pouce et l’index ; - implanter l’aiguille montée sur la seringue dans le nœud lymphatique ; - tirer à fond sur le piston de la seringue, puis le relâcher ; - répéter cette opération plusieurs fois en prenant soin d’orienter l’aiguille en diverses

Essentiel ❚ La cytologie ganglionnaire est un examen recommandé en cas : - d’adénomégalie isolée, persistante, non expliquée ; - de polyadénomégalie ; - de recherche précoce de métastases dans le cadre d’un bilan d’extension ; - de diagnostic de maladies parasitaires. ❚ Pour les nœuds lymphatiques profonds, réaliser une cytoponction échoguidée. ❚ Réaliser quatre étalements par ganglion ponctionné. ❚ Effectuer le prélèvement sur un animal vivant ou quelques minutes au maximum, après sa mort.

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CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 539


l’analyse cytologique Laurent Cauzinille Clinique vétérinaire Frégis 43, avenue Aristide-Briand 94110 Arcueil

Objectif pédagogique Réaliser un prélèvement de liquide cérébrospinal, et effectuer une 1re lecture de la lame avant l’envoi au laboratoire.

Geste ❚ Praticien généraliste. ❚ Expérience nécessaire.

Indications ❚ Hypothèses inflammatoires ou dégénératives, médullaires ou cérébrales.

du liquide cérébro-spinal chez le chien et le chat L'étude du liquide cérébro-spinal (L.C.S.) permet d’infirmer ou de confirmer des hypothèses inflammatoires ou dégénératives, médullaires ou cérébrales, retenues lors du diagnostic différentiel.

L

’étude du liquide cérébro-spinal permet d’avoir immédiatement des informations essentielles, comme le comptage cellulaire et le taux de protéines, qui sont des bons indices d’anomalies structurales du système nerveux central. ● Ces résultats et ceux des compléments nécessairement demandés à des laboratoires vétérinaires doivent être interprétés à la lumière de l’anamnèse, des commémoratifs et des signes cliniques. ● Ces éléments n’apportent pas un diagnostic définitif mais renforcent des hypothèses avancées.

1 Ponction cisternale : le chien est en décubitus latéral, l’aiguille est maintenue au niveau de son insertion cutanée et le L.C.S. est récolté par gravité (photo L. Cauzinille).

LE PRÉLÈVEMENT Le prélèvement du liquide cérébro-spinal nécessite une bonne expérience. ● Il se fait sous anesthésie générale avec induction au thiopental (10 à 125 mg/kg) puis relais gazeux (fluotane), souvent dans le cadre d'une myélographie. ●

Encadré 1 - La technique du prélèvement de liquide cérébro-spinal Par voie haute

Essentiel ❚ Chez un chien, le volume de liquide cérébro-spinal est d'environ 1,5 ml/kg, et se renouvelle complètement trois à quatre fois par jour.

CANINE FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 542 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

1. L'animal est placé en décubitus latéral, tête pliée à 90 degrés, afin que le liquide coule par gravité une fois l'aiguille dans la citerne (photos 1, 2). 2. L’aiguille à ponction avec mandrin en place pénètre le centre du triangle formé par l’index placé sur la protubérance occipitale, le pouce et le majeur placés sur les ailes de l'axis. 3. L'aiguille est enfoncée en direction de la truffe, jusqu'à ce qu'une brusque sensation de manque de résistance signale le passage méningé. 4. Le mandrin est alors retiré, et le L.C.S. qui perle de l'aiguille est récolté sans aspiration. Par voie basse ● Le prélèvement de L.C.S. par voie basse se fait en introduisant l'aiguille : - chez les petits chiens, entre L6 et L7 ; - chez les grands chiens (dont la moelle se termine plus prématurément dans le canal vertébral), entre L5 et L6. 1. L'aiguille descend devant le processus dorsal de la vertèbre, entre dans le canal vertébral et bute sur le plancher. ● Le cône dural, qui contient les racines de la queue de cheval intra-durales, voire la fin de la

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moelle, sont donc traversés sans conséquence (photo 3). ● Un mouvement des membres postérieurs ou de la queue confirme cette traversée. ● Il est parfois nécessaire de replier la colonne en "U" pour mieux entrouvrir l'espace intervertébral. 2. Le stylet est alors retiré, et l'aiguille tournée sur elle-même de 90 ou de 180° pour laisser sortir le liquide par gravité. Une compression jugulaire modérée augmente l’écoulement. Rappel anatomique Le L.C.S. est formé à partir des plexi choroïdiens présents dans les ventricules cérébraux. ● Une barrière active, formée par des cellules épendymales, des astrocytes et les méninges permet l’exclusion ou la concentration de certaines molécules. ● Le liquide cérébro-spinal circule depuis les ventricules latéraux, où il est formé en majeure partie, vers le 3e, puis le 4e ventricule. Il gagne l'espace sous arachnoïdien péri-cérébral et péri-médullaire par les ouvertures latérales du 4e ventricule, et par le canal central de la moelle. Sa réabsorption se fait par les sinus veineux de l’espace sous-arachnoïdien.


Fiche

l’utilisation du microscope en gastro-entérologie

Mathieu Houdard Laurent Guilbaud Clinique vétérinaire des Arcades 544, bd Louis-Blanc 69400 Villefranche-sur-Saöne

chez le chien et le chat Si l’histologie des biopsies intestinales et la coproscopie parasitaire sont communément

effectuées, la cytologie digestive peut apporter des renseignements complémentaires.

Objectif pédagogique Utiliser le microscope pour analyser la coproscopie parasitaire, l’histologie per-endoscopique, le brossage cytologique et la cytoponction de l’intestin.

la coproscopie parasitaire appel à un laboratoire spécialisé (E.N.V., etc.) pour avoir un résultat fiable. Cet examen est en effet techniquement long à réaliser, et il n’est pas urgent. ● Un prélèvement rectal ou au sol est réalisé. Limites ● L’examen peut-être immédiat ou différé ● Fréquent, le parasitisme peut rendre dé(conservation 8 à 10 jours à 4°C). licate l’interprétation. ● Pour la giardiose, il est nécessaire d’ef● La confrontation aux données cliniques fectuer trois examens coproscopiques sucest nécessaire. cessifs. ● L’excrétion intermittente de certains Traitement des échantillons œufs peut conduire à des faux-négatifs. ● Une observation immédiate est possible Méthode si l’infestation parasitaire est massive, mais ● Pour la coproscopie parasitaire, il est un enrichissement est nécessaire dans la sans doute plus simple et plus sûr de faire plupart des cas. Indications ● Toute suspicion clinique (diarrhée résistante au traitement classique). ● L’épidémio-surveillance des chenils.

● La méthode de choix est la flottation : après avoir délité 5 g de fèces dans 20 ml de solution dense (iodo-mercurate de potassium, ou sulfate de magnésium à 35 p. cent), un tamisage est réalisé, puis deux tubes à essais sur lesquels sont déposés une lamelle sont remplis. ● Après le passage à la centrifugeuse (3000 t, pendant 3 min), les lamelles sont retirées et observées au microscope.

Lecture des lames Pour les œufs, observer la taille, la forme, la coque et le contenu. ● Pour les larves, observer la taille, les extrémités et l’œsophage. ●

l’histologie per-endoscopique Indication ● L’histologie per-endoscopique est indispensable lors d’endoscopie. Elle permet de détecter des anomalies macroscopiquement invisibles, quel que soit l’aspect des lésions, afin de préciser leur nature histologique exacte. Limites ● Seules les affections qui atteignent la muqueuse, ou éventuellement la sous-muqueuse, sont détectées. ● Les prélèvements ponctuels ne sont pas toujours représentatifs. ● Certaines affections ne s’accompagnent pas de modification histologique (intolérance alimentaire, pullulation bactérienne, etc.) ; ● Cet acte est très technique est ne peut

être réalisé que par un vétérinaire spé- ● Dans le cas d’une biopsie œsophacialisé qui le pratique régulièrement. gienne, une pince à aiguille centrale est préférable. Méthode ● Au niveau du duodénum ou de l’iléon, ● Le site de biopsie est la zone lésionnelle, si ces portions de l’intestin sont inaccessa périphérie, et en particulier la zone de sibles avec l’endoscope, des biopsies en transition tissu atteint/tissu sain. aveugle peuvent être réalisées. Les prélèvements doivent être multipliés Traitement des prélèvements (trois à cinq en moyenne). ● La pince est introduite dans le canal opé- ● Les fragments recueillis sont immédiaterateur jusqu’à son entrée dans le champ vi- ment placés dans du formol histologique. suel et à environ 1 cm de l’extrémité de ● Ils sont envoyés à un laboratoire d’anatomo-pathologie. l’endoscope. ● L’approche du site de prélèvement est réInterprétation des résultats alisée le plus perpendiculairement possi● La corrélation endoscopie-histologie vable, la position est maintenue et une désinrie selon les études et les affections consisufflation est effectuée pendant que l’aide dérées, mais les auteurs s’accordent à dire pousse la pince ouverte sur la muqueuse, qu’elle oscille entre 70 et 90 p. cent la referme et extrait le prélèvement. (photos 1, 2). ● Si les résultats diffèrent, la confrontation aux données cliniques ou de nouveaux prélèvements doivent permettre l’interprétation.

CANINE - FÉLINE

1

2

Biopsie gastrique. Lame observée à l’objectif 10 :

elle montre une infiltration diffuse en nappe de la muqueuse gastrique par une population cellulaire homogène (photos T. Marchal, E.N.V.L.).

Biopsie gastrique. Lame observée à l’objectif 40 : elle indique une séparation entre la membrane basale et l’épithélium, créée par une infiltration de cellules néoplasiques. L’histologie permet de conclure à un lymphome malingastrique.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 545


observation clinique un cas d’hépatozoonose chez un chat

DISCUSSION En dehors du lymphome, dont l'aspect et l'évolution étaient inhabituels, c'est la présence de gamétocytes d'Hepatozoon qui a retenu notre attention dans ce cas. L'hépatozoonose est rare chez le chat, puisque moins d'une dizaine de publications dans le monde en font état, depuis la 1re description par Patton, en Inde, en 1907. ● L'espèce d'Hepatozoon en cause n'a pas été identifiée. Elle semble différente d'H. canis : les gamétocytes trouvés chez le chat ont ●

Clinique vétérinaire Route de Salinelles 30250 Sommières

Objectif pédagogique

U

n chat européen, mâle castré, âgé de 13 ans, non vacciné, présente depuis plus d’un an une masse dure sur le maxillaire gauche. Cette masse est biopsée, puis curetée : il s’agit d’un lymphome. Une chimiothérapie (prednisolone, 1 mg/kg/j et vincristine, 0,75 mg/m2/3 semaines) est mise en œuvre. 1. Trois semaines plus tard, le chat est abattu, anorexique, son poids est passé de 4,5 à 3,8 kg, et il vomit. Les résultats d'une numération-formule sanguine (N.F.S.) se situent dans les limites usuelles. Un gamétocyte d'Hepatozoon est visible sur le frottis sanguin (photo 1). ● Une recherche d'antigènes du virus leucémogène félin (Fe.L.V.) et d'anticorps pour le virus de l'immunodéficience féline (F.I.V.) est réalisée : elle est négative pour le Fe.L.V., et positive pour le F.I.V. ● À la demande des propriétaires, la chimiothérapie est arrêtée, et le chat reçoit de la doxycycline (Doxyval®, 10 mg/kg/j) pendant 10 jours. Plusieurs frottis sanguins sont réalisés au cours des semaines suivantes, sans qu'aucun gamétocyte d'Hepatozoon ne soit visible. 2. Quatre mois plus tard, le chat a encore maigri (2,8 kg), il respire mal et présente d'énormes ganglions parotidiens. La chimiothérapie est reprise. Une semaine après, quatre gamétocytes sont visibles sur un frottis sanguin (photo 1). Le chat reçoit encore deux injections de vincristine. Aucun gamétocyte n’est observé lors des N.F.S. de contrôle. 3. L’animal est euthanasié huit mois après le diagnostic, en raison de la dégradation de son état général.

Jean-Pierre Beaufils

Associer la présence d’Hepatozoon sp. chez le chat à un déficit immunitaire sévère.

Motif de consultation ❚ Anorexie et abattement

Gamétocytes

1

Deux des quatre gamétocytes d'Hepatozoon sp, trouvés sur les frottis sanguins (Diff Quick, x 1000) (photos J.-P. Beaufils).

après trois semaines de chimiothérapie.

une forme de haricot, avec une capsule moins visible, un cytoplasme plus granuleux, et un noyau d'aspect plus condensé que ceux du chien. ● Les gamétocytes sont généralement très peu nombreux sur le frottis. Comme chez le chien, des schizontes peuvent être trouvés dans différents organes, dont le foie, la rate, la moelle osseuse, le myocarde et les muscles striés (photo 2). ● Dans la plupart des cas décrits, les chats infectés sont de jeunes mâles, atteints d'une maladie intercurrente grave : une infection par le Fe.L.V. et/ou le F.I.V., une hémobartonellose, une cholangio-hépatite, etc. [1]. Nous avons trouvé des Hepatozoon chez deux autres chats tous deux mâles, âgés d’un an, et infectés par le Fe.L.V. [2]. Un déficit immunitaire sévère semble nécessaire pour qu’Hepatozoon sp. infecte un chat, ou pour qu'une parasitémie apparaisse chez un chat infecté. Dans ce cas, nous avons trouvé des gamétocytes seulement dans les périodes où le chat, déjà infecté par le F.I.V., recevait une chimiothérapie. ● Hepatozoon sp. est presque toujours associé à une maladie intercurrente grave chez le chat. Il est donc difficile d'évaluer son pouvoir pathogène et l'efficacité des traitements. Une publication décrit néanmoins la disparition des gamétocytes chez deux chats traités par la doxycycline (5 mg/kg/j, 10 jours) [1]. CONCLUSION

Diagnostic ❚ Présence d’un gamétocyte d’Hepatozoon sur un frottis sanguin.

Traitement ❚ Doxycycline (10 mg/kg/j) pendant 10 jours.

Schizontes

2

Deux schizontes d'Hepatozoon sp. dans les muscles striés d'un chat, infecté par le FeLV et séropositif pour Ehrlichia canis (coloration HE) (photo J.-P. Beaufils).

Références 1. Baneth G, Aroch I, Tal N, Harrus S. Hepatozoon species infection in domestic cats: a retrospective study. Vet Parasitol 1998;79:123-33. 2. Beaufils JP, Martin-Granel J, Jumelle P. Hepatozoon spp. Parasitaemia and feline leukemia virus infection in two cats. Fel Pract 1998;26,3:10-4.

● L'infection du chat par Hepatozoon sp. est rare, mais elle est peut-être sous-estimée. ● La découverte de gamétocytes chez un chat doit conduire à rechercher un déficit immunitaire, donc une maladie intercurrente, notamment une infection par le Fe.L.V. ou par le F.I.V. ❒

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FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 547


nutrition et alimentation

chez le chat diabétique :

Lucile Martin Unité de nutrition et endocrinologie E.N.V.N. Route de Gachet BP 40706 44307 Nantes cedex 3

nouveaux concepts

Objectif pédagogique

Le diabète du chat conduit à une plus stricte surveillance de son régime alimentaire, notamment si l’animal ne présente pas un embonpoint normal. Cet article fait le point sur les apports recommandés.

L

e diabète sucré est une maladie relativement fréquente chez le chat, l’obésité, la castration, le sexe et l’âge en étant les principaux facteurs de risques identifiés. L’incidence de cette affection serait de 0.5 p. cent aux États-Unis [2].

Comme chez le chien, la classification des diabètes du chat conduit à la division en deux groupes d’affections, caractérisées ou non par un besoin en insuline exogène [12]. Cependant, l’incidence respective des deux types de diabète, insulinopénique et insulinorésistant, reste un sujet de polémique. Le diabète insulinopénique est souvent observé, bien que la majorité des chats semble plutôt insulinorésistante et susceptible de "réversibilité" [2]. ● La mise en œuvre d’un traitement nutritionnel adapté est l’une des clés de la réussite du traitement médical. Mais les particularités métaboliques du chat nécessitent d’adapter les mesures nutritionnelles bien ●

Prescrire le bon régime alimentaire au chat diabétique.

Le suivi pondéral du chat diabétique est indispensable pour ajuster le traitement médical et nutritionnel (photo L. Martin).

différemment de ce qui est énoncé chez le chien et l’Homme [11] (encadré, photo). LES BESOINS ÉNERGÉTIQUES DU CHAT DIABÉTIQUE Trois situations peuvent se présenter : 1. le chat présente un embonpoint normal : dans ce cas, les besoins énergétiques sont identiques à celui d’un animal à l’entretien, soit : B.E.E.* (kcal E.M.**/j) = 50-60 kcal/kg de poids. 2. Le chat présente un excès pondéral : c’est le cas le plus fréquent : - diminuer alors l’apport énergétique, mais plus modérément que lors d’un régime hypoénergétique (où l’apport énergétique est à réduire de 60 p. cent [5]) ; - proposer une réduction de 30 p. cent par rapport au besoin d’entretien, soit environ 35 à 40 kcal/kg de poids [5, 7, 9] ; ●

Encadré - Particularité du diabète du chat : l’amyline L’amyline semble largement impliquée dans la pathogénie du diabète félin. C’est une protéine produite par les cellules β, co-stockée et sécrétée avec l’insuline, dont elle réduit l’effet sur le métabolisme glucidique. Elle réduit, par exemple, la sensibilité à l’insuline du muscle squelettique et diminue la sécrétion d’insuline en réponse à une hyperglycémie. ● Dans 90 p. cent des cas, l’analyse histologique du tissu pancréatique du chat diabétique révèle la présence de dépôts d’amyline associés à une dégénérescence vacuolaire des cellules β [9]. Il s’agit de "dépôts amyloïdes". L’amyloïdose pancréatique est décrite chez l’Homme, chez le macaque et chez le chat. Le rat, la souris et le chien ne présentent pas ces dépôts toxiques pour les cellules β. ● La prévalence de l’amyloïdose pancréatique ●

serait augmentée chez les chats insulinorésistants, précédant ainsi l’état diabétique [3]. La protéine polymérisée en fibrilles se dépose entre les cellules et les capillaires sanguins, "étouffant" progressivement les îlots cellulaires en limitant la diffusion du glucose et des autres nutriments du sang vers les cellules sécrétrices, et celle de l’insuline des cellules β vers la circulation générale. ● Chez le chat, carnivore strict, tout repas induisant une stimulation excessive de la sécrétion d’insuline induit aussi une hypersécrétion d’amyline, ce qui augmente le risque de diabète. ● De plus, l’amyline est surexprimée chez les sujets obèses, ce qui explique que l’obésité constitue un facteur de risque majeur dans l’insulino-résistance [10].

NOTES * B.E.E. : besoin énergétique d’entretien. ** E.M. : énergie métabolisable.

Essentiel ❚ L’amyline est une protéine qui semble largement impliquée dans la pathogénie du diabète félin. ❚ La mise en œuvre d’un traitement nutritionnel adapté est l’une des clés de la réussite du traitement médical. ❚ L’obésité constitue un facteur de risque majeur dans l’insulino-résistance. ❚ Le chat est un animal peu adapté à un régime riche en glucides. ❚ Particularité chez le chat, l’hypoglycémie ne stimule pas la prise alimentaire.

Partenariat

FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 549


nouvelle technique chirurgicale la palatoplastie modifiée chez le chien

Cet article décrit une technique chirurgicale originale, la palatoplastie dite “modifiée”. Alors que la palatoplastie traditionnelle ne traite que la trop grande longueur du palais mou hyperplasique, cette nouvelle technique en corrige à la fois la longueur et l’épaisseur excessives.

LA TECHNIQUE CHIRURGICALE ● Le principe général de la technique repose sur trois éléments clés :

Clinique vétérinaire Frégis 43, av. Aristide-Briand 94110 Arcueil

Figure 1 - La situation préopératoire Représentations schématiques de la cavité buccale ouverte d’un chien brachycéphale

L

es chiens brachycéphales présentent fréquemment des difficultés respiratoires regroupées sous le terme de "syndrome obstructif des voies respiratoires". En association avec ces difficultés respiratoires, de nombreux troubles digestifs ont été mis en évidence dans une étude prospective sur 71 cas [8]. Un nouveau protocole thérapeutique associant le traitement médical des troubles digestifs au traitement chirurgical des troubles respiratoires a été proposé et a permis d’améliorer le pronostic [7]. Néanmoins, d’autres améliorations sont envisageables. ● Quatre-vingt-cinq à 100 p. cent des chiens brachycéphales présentés pour troubles respiratoires présentent des hyperplasies du palais mou [1, 5, 8]. Afin de diminuer les risques d’obstruction de la fente glottique par le voile du palais, la technique chirurgicale en général employée consiste en une résection du bord libre de ce voile [2, 4, 6]. Communément appelée palatoplastie, il s’agit d’une diminution de longueur qui ne tient pas compte de l’épaisseur. Pourtant, l’épaisseur excessive du palais mou est responsable d’une partie de l’obstruction des voies respiratoires des chiens brachycéphales. ● Une technique chirurgicale originale, que nous appelons "palatoplastie modifiée", traite à la fois la longueur et l’épaisseur du palais mou : elle fait l’objet de notre description.

Gilles Dupré Laurent Findji

Objectif pédagogique Réaliser une palatoplastie pour corriger la longueur et l’épaisseur du palais mou chez le chien brachycéphale.

a. Vue de face

b. Coupe longitudinale

1. le déplacement rostral de la ligne de suture ; 2. l’amincissement du palais mou ; 3. le déplacement crânio-ventral du palais mou. ● L’animal est placé en décubitus sternal (photo 1, figure 1 a et b). La mâchoire supérieure est maintenue élevée dans un arceau. La mâchoire inférieure est plaquée contre la table et la langue est tirée vers l’avant, comme pour une palatoplastie conventionnelle. ● L’intervention comporte quatre temps opératoires (encadré 1). DISCUSSION Le traitement de l’obstruction des voies respiratoires supérieures des brachycéphales L’obstruction des voies respiratoires supérieures entraînée par le palais mou chez les chiens brachycéphales a trois composantes : - la 1re est l’obstruction laryngée : le palais mou, anormalement long, est aspiré dans la glotte et l’obstrue lors de l’inspiration [3] ; - les deux autres sont consécutives à l’épaisseur excessive du palais mou chez les chiens brachycéphales, qui entraîne une

1

Le positionnement de l'animal : la mâchoire supérieure est maintenue élevée dans un arceau. La mâchoire inférieure est plaquée contre la table et la langue est tirée vers l’avant, comme pour une palatoplastie traditionnelle (photos clinique Frégis).

Essentiel ❚ L’épaisseur excessive du palais mou est responsable d’une partie de l’obstruction des voies respiratoires des chiens brachycéphales. ❚ La palatoplastie modifiée permet de corriger à la fois la longueur et l’épaisseur du palais mou.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 553


principe actif

le propofol

Marc Gogny Unité de pharmacologie et toxicologie E.N.V. N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

L

e propofol est un agent hypnotique injectable, non barbiturique. Il tient une place à part en anesthésiologie humaine et vétérinaire, en raison d’une action très courte qui lui confère des indications et des modalités d’emploi très particulières. Il est moins puissant que les barbituriques, mais il est également mieux toléré. Sa principale limite tient à ses caractéristiques galéniques et à sa mauvaise conservation. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique

● Le propofol est réservé à la voie intraveineuse. Après administration en bolus, il se fixe fortement aux protéines plasmatiques. Il se distribue rapidement et très largement ; son volume apparent de distribution chez le chien est supérieur à 3 l/kg. Il traverse facilement la barrière hémato-encéphalique, si bien que son effet apparaît en une minute. Très liposoluble, le propofol traverse le placenta et passe dans le lait. ● Chez le chien et le chat, il subit un effet de premier passage pulmonaire (de 30 à 60 p. cent), qui permet à lui seul d’expliquer la très rapide diminution de sa concentration plasmatique. Il est ensuite très rapidement métabolisé en dérivés conjugués et son

PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES ● Dénomination chimique : 2,6 di-isopropylphénol ● Dénomination commune internationale : Propofol ● Autre dénomination : Disoprofol ● Nom commerciaux : Rapinovet, Diprivan* ● Structure et présentation - Le propofol est un alkylphénol. - Sa structure (figure) est de petite taille. - À la température ambiante, c’est un liquide huileux. - Sa préparation commerciale est une émulsion à base d’huile de soja (100 mg/ml), de glycérol (22,5 mg/ml) et de lécithine d’œuf (12 mg/ml). Elle renferme 10 mg de propofol par ml d’émulsion. ● Caractéristiques - La préparation doit être conservée à température ambiante, à l’abri de la lumière.

élimination s’effectue principalement par voie urinaire. ● Le réveil est très rapide : après administration d’une dose unique de 6 mg/kg, l’animal est debout et se déplace sans difficulté en moins de 20 minutes. En perfusion lente, le propofol ne s’accumule pas et le réveil n’est pas retardé. ● Chez le chat, chez certains Boxers et certains Greyhounds, la cinétique du propofol nt est plus lente. L’anesthésie et le réveil duren donc un peu plus longtemps Pharmacodynamie Mécanisme d’action

Le mécanisme d’action du propofol n’est pas encore totalement élucidé. Il active les récepteurs GABAA (comme le diazépam) et bloque les récepteurs NMDA du glutamate (comme la kétamine). ● Il interfère également avec plusieurs types de canaux ioniques et pourrait stimuler la NO-synthase. Certaines de ces propriétés semblent pouvoir être imputées à l’excipient lipidique. ●

Effets centraux ● Le propofol est un dépresseur du système nerveux central. Il exerce une action hypnotique dose-dépendante, douce et dans la plupart des cas sans excitation.

Figure - Structure du propofol

Il est déconseillé de l’exposer à des températures supérieures à 22°C, et inférieures à 4°C. Le fabricant recommande d’écarter le produit restant dans les ampoules ouvertes, et de ne pas conserver d’éventuelles dilutions plus de 8 heures. - En pratique, il est possible de conserver les ampoules jusqu’à 24 heures, à condition toutefois de prendre des précautions d’asepsie pour éviter tout risque de prolifération microbienne. La répartition en tubes secs sous vide est une solution pratique. * Spécialité humaine

Classes pharmacologiques - Hypnotique - Anesthésique général

Essentiel ❚ Le propofol est un anesthésique d’action ultracourte : 10 à 15 min chez le chien, 20 à 30 min chez le chat. ❚ Il peut être employé avec tous les autres principes actifs utilisés en anesthésie. ❚ Cet anesthésique doit au moins être associé à un analgésique. ❚ Une ampoule ouverte se conserve jusqu’à 24 h à condition de prendre des précautions d’asepsie. ❚ Le réveil est très rapide : après administration d’une dose unique de 6 mg/kg, l’animal est debout et se déplace sans difficulté en moins de 20 min. ❚ Les protocoles qui incluent le propofol sont recherchés chez des animaux à risque anesthésique élevé, chez lesquels les alpha2-agonistes sont contre-indiqués.

RUBRIQUE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004- 557


imagerie médicale technique et interprétation de l’examen radiographique du rachis sans préparation et de la myélographie

Laurent Couturier Imagerie médicale Service de radiologie E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

lors de paralysie

Lors de paralysie ou de parésie, l’examen radiographique (avec ou sans injection de produit de contraste) constitue une étape essentielle du diagnostic, même si de nouvelles techniques en coupe comme la tomodensitométrie ou l’imagerie par résonance magnétique tendent à remplacer la myélographie (cf. article suivant), dans certaines de ses indications*.

Encadré 1 - Technique de réalisation

Les indications et les limites

Chez l’animal non anesthésié, seules des vues de profil sont réalisées. Il est difficile d’obtenir des vues de face interprétables par la rotation systématique des structures anatomiques (mouvement de l’animal, douleur). Le clinicien doit souvent réitérer l’examen, donc s’exposer une nouvelle fois aux rayons X. ● Quelle que soit l’incidence, les clichés doivent être les plus symétriques possible. Le champ (diaphragme) doit être ouvert uniquement sur la région d’intérêt, afin de renforcer le contraste de l’image. ● Lors de l’examen de la région cervicale, deux clichés sont pris : le 1er centrage doit être effectué d’abord crânialement (C3) ; le 2e plus caudalement (C5-C6), afin de s’affranchir d’une déformation géométrique qui complique l’interprétation de la taille des espaces intervertébraux. ● En région thoracique et lombaire, un seul cliché par région et par incidence suffit généralement, en tenant compte de la divergence des rayons X lorsqu’on interprète la taille des espaces intervertébraux aux marges du film (diminution artéfactuelle) de la taille des espaces intervertébraux. ● D’autres clichés peuvent aider au diagnostic : - clichés centrés sur la jonction thoracolombaire ou lombosacrée ; - clichés en position forcée ; - clichés obliques.

Les affections qui ont des répercussions sur la moelle sont nombreuses : affections vasculaires, traumatiques, dégénératives, tumorales, malformatives, etc., et des examens radiographiques (avec ou sans contraste) du rachis sont effectués lorsque le clinicien suspecte une compression médullaire. ● Les radiographies sans préparation sont indiquées en particulier pour identifier une

lésion évidente qui expliquerait à elle seule les signes cliniques (tumeur vertébrale, discospondylite) et contre-indiquerait une myélographie (encadré 1). ● Ces clichés servent aussi de clichés de référence (notamment pour les constantes d’exposition), avant la réalisation d’une myélographie.

L

a myélographie est une technique radiographique : avec l’injection d’un produit de contraste iodé dans l’espace sous arachnoïdien, elle permet de délimiter la moelle épinière et d’évaluer le degré de compression médullaire. La sensibilité de cet examen dans l’exploration de la hernie discale chez le chien est de l’ordre de 97 p. cent, contre moins de 75 p. cent pour les radiographies sans préparation (cf. Kirberger et al., 1992).

LES RADIOGRAPHIES SANS PRÉPARATION DE LA COLONNE VERTÉBRALE

Encadré - 2 - Particularités anatomiques du rachis Parmi les particularités anatomiques les plus courantes, rappelons : 1. l’existence d’expansions ventrales aux processus transverses de C6 ; 2. le chevauchement du processus épineux de l’axis par rapport à l’atlas ; 3. la visualisation des processus articulaires cervicaux superposés au foramen intervertébral sur la vue de profil ; 4. l’existence du ligament intercapité des côtes entre les vertèbres T2 et T11 qui limite les

hernies discales dans cette région de la colonne ; 5. la présence d’une vertèbre anticlinale en T11 avec un espace intervertébral T10-T11 plus petit par rapport aux espaces adjacents ; 6. la mauvaise définition du bord ventral des corps vertébraux de L3 et L4 chez les grands chiens, en raison de l’insertion du diaphragme à ce niveau qui donne une fausse impression de «lyse» ; 7. la variation de l’angle lombosacré en fonction du positionnement (flexion/extension).

Objectif pédagogique Mettre en œuvre et interpréter les examens radiographiques avec et sans préparation lors de paralysie chez le chien et le chat.

NOTE * Cf. Dossier spécial Les paralysies chez le chien et le chat dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°19, août/septembre/octobre 2004, pages 273-324.

Essentiel ❚ Les radiographies sans préparation sont indiquées pour identifier une lésion évidente (tumeur vertébrale, discospondylite, etc.). ❚ La localisation souvent insuffisante de la lésion et l’impossibilité de juger de son importance sont les principales limites de cet examen. ❚ Lors d’un examen radiographique sans préparation, quelle que soit l’incidence, les clichés doivent être les plus symétriques possible. ❚ Un examen clinique et neurologique est indispensable avant tout examen myélographique.

RUBRIQUE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 559


imagerie médicale quand et comment utiliser le scanner et l’IRM lors de paralysie

Sébastien Behr* Laurent Cauzinille* Laurent Garosi** * Clinique vétériniare Frégis 43 avenue Aristide Briand 94 110 Arcueil ** Animal Health Trust Centre for Small Animal Studies Newmarket CB8 7UU England

Objectif pédagogique ❚ Utiliser la tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique lors de paralysie chez le chien et le chat. ❚ Interpréter les images obtenues. Définitions ❚ Fenêtre osseuse : réglage de contraste pour une meilleure visualisation de l’os. ❚ Fenêtre tissu mou : réglage de contraste pour une meilleure visualisation des tissus mous.

NOTE * Cf. Dossier spécial “Les paralysies chez le chien et le chat dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°19, août/ septembre/octobre 2004, pages 273-324.

Essentiel ❚ Au contraire de la myélographie, le scanner ne permet pas d’explorer l’ensemble de la colonne vertébrale. ❚ Avant tout examen tomodensitométrique ou d’imagerie par résonance magnétique, localiser au préalable la lésion lors de l’examen clinique. ❚ L’anesthésie de l’animal est obligatoire.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 566 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

Le scanner et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) peuvent être utilisés en 1re ou 2de intention lors de paralysie chez le chien et le chat*. Leur innocuité est un avantage par rapport à la myélographie. Toutefois, ces nouvelles techniques ne permettent d’explorer qu’un segment du rachis à la fois et un examen complet préalable du système nerveux est indispensable.

D

e plus en plus utilisées chez les carnivores domestiques, les nouvelles techniques d’imagerie, qui se sont développées ces dernières années, en particulier le scanner et la résonance magnétique apportent des informations supplémentaires et différentes. Cependant, leur interprétation nécessite un apprentissage. Elles ne sont pas plus objectives que les techniques classiques comme la radiographie et ne doivent être interprétées qu’en fonction des connaissances du lecteur. Aucune d’entre elles ne peut être considérée comme «la» technique de référence. Encadré 1 - Les avantages et les indications de la tomodensitométrie (scanner)

L’étude tomodensitométrique permet une excellente visualisation des structures osseuses vertébrales et des zones de calcification. Elle présente notamment un avantage certain par rapport à la radiographie dans les régions de superposition osseuses comme la jonction lombo-sacrée. ● C’est la technique de choix pour l’exploration des affections discales. ● Elle est aussi recommandée lors de traumatisme rachidien, car elle permet une exploration intra-canalaire. ● Cette technique permet de réaliser un bilan d’extension local complet, principalement lors de tumeur osseuse. En revanche, il n’est pas possible d’évaluer précisément une infiltration médullaire par le scanner. ●

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Cet article propose de préciser les indications respectives de ces techniques et de commenter les images anormales les plus couramment rencontrées. ● Une tomodensitométrie ou une imagerie par résonance magnétique permet, soit de compléter un examen radiographique (sans ou avec contraste) lorsque des images anormales sont obtenues, soit en première intention, si l’affection suspectée n’entraîne pas de modifications radiographiquement visibles (encadré 1). ● L’innocuité est un avantage de la tomodensitométrie et de l’imagerie par résonance magnétique par rapport à la myélographie pour l’exploration des affections de la colonne vertébrale. ● Une anesthésie est nécessaire car l’animal ne doit pas bouger. PRINCIPE ET INDICATIONS DU SCANNER ● Le principe de la tomodensitométrie est de radiographier une partie anatomique, non pas dans sa totalité, mais par coupes successives d'épaisseur déterminée, puis de reconstituer l'image par un logiciel informatique. ● Seul un segment de la colonne vertébrale est exploré. L’acquisition et l’exploitation des images seraient en effet trop longues sur les machines actuelles pour une exploration complète. ● La localisation préalable de la lésion par un examen complet du système nerveux est donc essentielle. ● L’étude tomodensitométrique est réalisée en fenêtres osseuses et tissus mous (définitions) pour une meilleure appréciation des vertèbres, et de la moelle et des tissus périmédullaires. Des reconstructions dans les plans sagittaux, dorsaux et en trois dimensions peuvent être réalisées (figure 1). Le produit de contraste utilisé est un produit iodé injecté par voie intraveineuse.

LES LIMITES DU SCANNER Le scanner ne permet pas une discrimination intra-médullaire entre la substance blanche et la substance grise. De même, les méninges et le tissu graisseux adjacent présentent souvent la même densité que la moelle.


N.A.C. l’hospitalisation

Emmanuel Risi Centre de soin de la faune sauvage E.N.V.N. Atlanpole - La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

des oiseaux

Objectif pédagogique

Pour hospitaliser les oiseaux, quelques aménagements sont nécessaires. Des précautions sont aussi à prendre pour les nourrir et leur administrer des médicaments.

L

orsque la taille le permet, la cage dans laquelle vit l’oiseau et à laquelle il est habitué (jouets, perchoirs, nids, …) peut être utilisée pour l’hospitalisation. Il convient cependant de veiller à ce que cette cage soit bien adaptée à l’espèce (troubles du comportement, anorexie, …) et ne soit pas la cause de l’affection de l’animal (cage maladaptée, matériaux ou plantes toxiques, récipients sales, …). LES CAGES RECOMMANDÉES Les cages à oxygène en plexiglas et les couveuses pédiatriques sont particulièrement bien adaptées à l’hospitalisation des oiseaux. Elle permettent un apport d’oxygène à la demande (insuffisance respiratoire, stress, …), elles conservent bien la chaleur (tapis ou lampe chauffante) et ne sont pas traumatisantes pour les ailes ou les plumes. Il est nécessaire de prévoir un moyen de ventilation (orifices ouverts de petite taille) et, si besoin, de rendre opaques les parois si l’oiseau semble stressé. Des cages d'hospitalisation et de soins intensifs spécifiquement conçues pour les oiseaux existent aujourd'hui sur le marché (photos 2, 3).

Aménager le local d’hospitalisation et savoir accueillir, nourrir et traiter les oiseaux.

1

Cages d'hospitalisation d'oiseaux de petite taille : passereaux, perruches, etc. (photos E. Risi, Université d'Utrecht).

Les cages en acier inoxydable pour carnivores peuvent être utilisées pour l’hospitalisation des oiseaux, en les aménageant, de façon à permettre à l’oiseau de se percher (socle en bois, barres plastiques, …) et de se cacher (en recouvrant extérieurement la porte de la cage avec du carton ou un sac plastique opaque). Il convient cependant de laisser une ouverture pour le passage de la lumière et l’observation de l’animal. Des cages classiques pour oiseaux peuvent être utilisées selon la taille de l'espèce (photo 1). - Les parois en grilles métalliques larges, si elles ne sont pas protégées, peuvent être source de traumatisme des plumes et des ailes, par passage de celles-ci entre les barres. ● La température de la cage (encadré 1) est monitorée à l'aide d'un simple thermomètre mural placé dans la cage. Lors d’utilisation de plaques chauffantes au sol, une alèse doit être disposée entre la plaque et les pattes de l’oiseau. ● Les systèmes de réchauffement par circulation d’air sont à éviter pour ne pas risquer ●

Encadré 1 - L’aménagement de la cage La taille de la cage d’hospitalisation doit être restreinte, pour permettre une capture facile et éviter l’agitation et les blessures. Elle doit toutefois permettre à l’oiseau de se tenir debout, d’ouvrir une aile et de faire le tour de lui-même. ● Les oiseaux fortement débilités sont placés en couveuse ou sous des lampes chauffantes, dans un environnement à 30-35°C. Les oiseaux en bon état général sont placés dans une pièce à 20-25°C. ● Les endroits trop secs (hygrométrie < 40 p. cent) doivent être évités. L’humidité relative des locaux doit avoisiner les 50 p. cent. ● Le sol de la cage d’hospitalisation est recouvert d’une simple alèse ou d’une serviette éponge, changées quotidiennement. Un double fond, avec grille de séparation, permet de ●

récupérer les fientes facilement et d’éviter que l’oiseau ne souille ses pattes (fouisseuses et préhensibles, surtout chez les psittacidés). Les litières qui favorisent le développement de moisissures et les blessures (rafle de maïs, papier mâché, papier de verre, …) sont à proscrire. ● La cage d’hospitalisation des passereaux doit comporter des baignoires d’eau changées quotidiennement. ● Les psittacidés sont régulièrement brumisés manuellement. Afin de limiter le stress des psittacidés hospitalisés, les jouets auxquels ils sont habitués peuvent être placés dans la cage. ● Pour toutes les espèces il est indispensable de permettre à l’animal de se cacher (boîtes en bois, en plastique, nids, …).

2

Cage d'hospitalisation pour oiseaux : apport en oxygène, température et humidité réglables, fumigations.

3

Petite cage de soins intensifs et hospitalisation d'oiseaux (photo Lyon's Electronic Compagny).

Essentiel ❚ Les cages à oxygène en plexiglas sont particulièrement bien adaptées à l’hospitalisation des oiseaux, mais les cages en acier inoxydable pour carnivores peuvent être utilisées. ❚ La température de la cage doit être comprise entre 26 et 32°C. ❚ Entre chaque oiseau, désinfecter la cage, tous les récipients et les matériels.

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RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 573


immunologie

les immunodépresseurs Les immunodépresseurs (glucocorticoïdes, antimitotiques et ciclosporine) sont utilisés en médecine vétérinaire dans le traitement des maladies auto-immunes et des maladies inflammatoires chroniques. Leur utilisation est limitée pour des raisons de disponibilité, de coût et les effets secondaires qu’ils entraînent.

L

es immunodépresseurs (encore appelés à tort immunosuppresseurs) sont définis comme des produits déprimant les réponses immunitaires. Ils sont susceptibles d’induire une régression des signes cliniques et biologiques, ainsi qu’un allongement de la survie, au cours des maladies pour lesquelles la réponse immunitaire est jugée excessive ou inappropriée : maladies auto-immunes, maladies inflammatoires chroniques, … ● De nombreux produits sont pourvus d’activités immunosuppressives. Toutefois, seul un petit nombre d’entre eux ont franchi la barrière de l’utilisation clinique. De plus, la disponibilité et le coût des traitements limitent leur utilisation en pratique. ● Les principaux médicaments immunodépresseurs utilisés en médecine vétérinaire peuvent être regroupés en trois catégories distinctes : les glucocorticoïdes, les antimitotiques et la ciclosporine. LES GLUCOCORTICOÏDES En médecine humaine, prednisone et succinate de méthylprednisolone* sont les glucocorticoïdes de synthèse les plus utilisés dans les protocoles thérapeutiques d’immunosuppression. ● En médecine vétérinaire, on rencontre encore fréquemment la prednisolone et la dexaméthasone. ● Les doses et les voies d’utilisation préconisées pour ces différents composés chez les carnivores sont rappelées dans le tableau ci-après. ● Leurs effets secondaires, bien connus, concourent à la définition du syndrome de Cushing iatrogène. ●

Chez le chien, prednisone** et prednisolone sont certainement les dérivés les mieux tolérés dans les traitements au long cours, alors que le chat supporte mieux les glucocorticoïdes quels qu’ils soient. ● Les glucocorticoïdes entraînent une altération de la circulation leucocytaire et une accumulation des lymphocytes circulants dans le secteur lymphatique, à l’origine d’une lymphopénie qui affecte préférentiellement les lymphocytes TCD4 +. ● Ces médicaments exercent également une action fonctionnelle directe se traduisant par une inhibition de la production de certaines lymphokines (interleukine 2 ou IL-2 et interféron γ ou IFNγ en particulier) et de la sensibilité des lymphocytes et des macrophages aux lymphokines. Ils affectent ainsi de façon préférentielle l’immunité cellulaire qui est beaucoup plus sensible que l’immunité humorale. ● Par ailleurs, l’effet très puissant des glucocorticoïdes sur les macrophages et les polynucléaires explique une grande partie de leurs actions anti-inflammatoires.

Luc Chabanne Unité de médecine interne et laboratoire d’hématologie clinique Département des animaux de compagnie École nationale vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Étoile

LES MÉDICAMENTS CYTOTOXIQUES (OU ANTIMITOTIQUES) Les antimétabolites L’azathioprine (Imurel®) et l’améthoptérine (ou méthotrexate : Ledertrexate®, Methotrexate Bellon® et Novatrex®) sont les plus connus des antimétabolites. D’autres principes actifs, encore peu utilisés en médecine vétérinaire, appartiennent également à cette famille : l’acide mycophénolique, le leflunomide ou le bréquinar. ● L’azathioprine est utilisée dans le traitement des maladies auto-immunes, lors de formes corticorésistantes ou corticodépendantes afin de réduire la posologie des glucocorticoïdes et les risques de la corticothérapie au long cours. ●

Objectif pédagogique Connaître les indications et les principaux effets secondaires des immunodépreseurs.

Essentiel ❚ Prednisone et succinate de méthylprednisolone sont les glucocorticoïdes de synthèse les plus utilisés en médecine humaine, dans les protocoles thérapeutiques d’immunosuppression. ❚ Chez le chien, prednisone et prednisolone sont les dérivés les mieux tolérés dans les traitements longs. ❚ Le chat supporte mieux les glucocorticoïdes quels qu’ils soient. ❚ L’azathioprine est utilisée dans le traitement des maladies auto-immunes, lors de formes corticorésistantes ou corticodépendantes afin de réduire la posologie des glucocorticoïdes. NOTES *cf. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°19, août / septembre / octobre 2004, p. 325-327. **la prednisone est inactive et se transforme dans l’organisme en prednisolone.

Partenariat

● Chez

le chien, la posologie recommandée est de 2 mg/kg/jour ou 50 mg/m2/jour, pour être ensuite maintenue si nécessaire à jours alternés et à posologie diminuée de moitié ou au quart. Les risques d’effets indésirables

RUBRIQUE

L’ajustement individuel des doses est rendu nécessaire par les risques d’effets secondaires indésirables, imprévisibles mais

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 577


Texte : Luc Chabanne Dessin : Frédéric Mahé Dans le système immunitaire, c’est le blues, la déprime totale. En effet, le vétérinaire vient de décider un traitement imunodéprimant. Il a le choix entre trois types de traitements. Déjà que c’était pas drôle, mais là on va en baver…

J’te jure…

Car de nombreux produits sont pourvus d’activités immunosuppressives. Toutefois, seul un petit nombre d’entre eux ont franchi la barrière de l’utilisation clinique. De plus, disponibilité et coût limitent leur utilisation en pratique. Les immunodépresseurs vétérinaires sont regroupés en trois catégories : les g l u c o c o r t i c o ï de s , les a n t i m i to t i q u e s et la c i c l o s p o r i n e .

Les glucocorticoïdes altèrent la circulation leucocytaire et provoquent une accumulation des lymphocytes circulants dans le secteur lymphatique.

D’où une lymphopénie qui affecte surtout les lymphocytes T CD4.

Eho ! Me laissez pas tout seul !

Ils inhibent aussi la production de l y m p h ok i n e s (interleukine 2 et interféron gamma) et altèrent la sensibilité des lymphocytes et des macrophages aux lymphokines. Ils affectent ainsi de façon préférentielle l ’ i m m u n i té c e l l u l a i re .

Par ailleurs, l’effet très puissant des glucocorticoïdes sur les macrophages et les polynucléaires explique en grande partie leur action anti-inflammatoire.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 580 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

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Les médicaments antimitotiques sont de deux sortes : les antimétabolites et … les agents alcoylants (ou alkylants).

Les antimétabolites interfèrent avec le métabolisme des bases puriques et pyrimidiques. Ils inhibent la synthèse de l’ADN, de l’ARN et des protéines (et par là même ont une action anti-proliférative).


La cible cellulaire n’est pas connue avec précision. Le méthotrexate inhiberait la prolifération des lymphocytes T.

Ces effets antiprolifératifs sur les cellules de la moëlle osseuse expliquent les effets secondaires de thrombopénie ou neutropénie irréversibles. Si on peut plus produire tranquillement…

Allez, va te multiplier, flemmard !

Naan, je déprime.

Les agents alcoylants, eux, forment des liaisons covalentes au niveau de l’ADN qui peuvent conduire à la mort cellulaire.

Leur action s’exerce principalement sur les lymphocytes B (suppression de la production d’anticorps). Oula, c’est dur !

Les effets secondaires (anorexie, troubles digestifs ou aplasie médullaire) peuvent être facilement contrôlés par un ajustement de la dose. Ah ben c’est déjà çà !

En conséquence, ces molécules agissent surtout sur les cellules en division Quant à la ciclosporine, elle se combine à des récepteurs intracytoplasmiques de la famille des immunophilines, impliqués dans les voies de transduction des signaux d’activation des lymphocytes T. Ce qui interfère avec les étapes précoces de l’activation lymphocytaire par inhibition de la transcription des gènes codant pour l’IL-2 et d’autres cytokines (IL-3, IL-4, etc.)

En agissant exclusivement sur les lymphocytes activés, en particulier sur les cellules CD4, ce type de médicaments n’a donc aucune action toxique sur l’hématopoïèse.

Ils ne modifient pas les populations de lymphocytes T mémoire. Ils n’ont pas d’effet lymphoablatif et leur action est rapidement réversible à l’arrêt du traitement. Yeessss!!!

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 581


l’intervention du vétérinaire

en animalerie et en élevage La notion même de collectivité animale, souvent évoquée sous le terme d’animalerie, est chargée, pour les vétérinaires comme pour le grand public, de sous-entendus trop péjoratifs. Comment remplir correctement son rôle de vétérinaire sanitaire et de conseiller tout en respectant les intérêts de chacun, et le bien-être des animaux ?

M

aintenir des animaux en bonne santé en collectivité, et pouvoir garantir leur statut sanitaire, une fois qu'ils sont sortis de la structure, demeure un challenge. Les paramètres qui entrent en jeu dans la conduite d’élevage ou de détention de ces animaux dès lors qu’ils sont regroupés sont nombreux et variés : la structure collective porte en elle les germes des difficultés que nous avons, comme praticien à affronter au quotidien. ● Parmi les troubles rencontrés, certains sont de nature purement sanitaire. Ce sont, pour le chien, la parvovirose et la toux de chenil, pour les rongeurs, la teigne, et pour tous, les parasites externes. ● Les risques sanitaires sont accrus par différents facteurs : - le surpeuplement (des études de proxémie* sont encore à mener) ; - l’absence de quarantaine, ou le mélange des lots (une quarantaine prolongée - mévente- peut provoquer des complications après la livraison, car l’animal ne s’immunise pas contre d’autres germes que ceux de son box) ; - le stress de l’exposition et de la manipulation par les animaliers ou les éventuels acquéreur ; - le microclimat ou le microbisme ambiant, d'éventuels problèmes comportementaux liés aux conditions de transit et de vie, peuvent aggraver les troubles sanitaires. ● En pratique, le vétérinaire de collectivité d’animaux de compagnie (au sens de la loi de janvier 99) a une approche plus "rurale" que "canine", plus économique qu’affective. Le vétérinaire canin est en effet habitué

Alain Ganivet Clinique vétérinaire 1, rue des Salles 92400 Courbevoie

Encadré 1 - Rappel législatif ● La

loi du 6 janvier 1999 définit : - un animal de compagnie, comme "tout animal vivant au contact de l’homme pour l’agrément de celui-ci" ; - un éleveur, comme toute personne qui commercialise deux portées par an de chats et/ou de chiens. ● Le projet de décret relatif à la vente et aux activités liées aux animaux de compagnie (attendu depuis la loi de janvier 1999) prévoit, à la suite du rapport Fontbonne, la réalisation de deux visites sanitaires annuelles dans les élevages avec la rédaction d’un rapport par un vétérinaire sanitaire choisi par l’éleveur.

et formé au "colloque singulier" avec les propriétaires, qui ont des motivations plus souvent émotionnelles que rationnelles. Dans le cadre de l’élevage canin ou de l’animalerie, l'action du praticien s’inscrit dans une démarche qualité, pour laquelle il n’a pas été formé et pour laquelle des contingences économiques et matérielles risquent de bousculer son confort éthique (photo 1). ● Cet article présente le rôle du vétérinaire dans le circuit de l’élevage, qui s’étend de l’allotement à la commercialisation des animaux, par un particulier ou par une grande animalerie. UN RÔLE PROSPECTIF ● Le rôle prospectif du vétérinaire est trop souvent discret : l’éleveur pense rarement à lui demander conseil avant de construire ou de transformer un bâtiment. En 20 ans, pour notre part, nous n'avons réalisé qu'une seule étude sérieuse et, dans cet exemple, l'élaboration des plans était déjà bien avancée ! ● En revanche, nous sommes quasi systématiquement interrogés sur des idées pour adapter des locaux somptueux et les rendre plus fonctionnels. Ce rôle particulier demande une bonne connaissance des matériaux disponibles, de leur coût et de leur résistance. La collaboration avec un architecte est alors indispensable.

Objectif pédagogique Connaître le mode et les procédures d’intervention en collectivité.

1

Le conseil du vétérinaire en élevage ou en animalerie, prend en compte les contraintes de rentabilité, et les risques sanitaires (photo A. Ganivet).

NOTE * Proxémie : Influence de la densité de population, donc de la promiscuité entre les individus, sur leurs comportements et sur leur état de santé (études menées par Hall sur des populations de rats).

Essentiel ❚ La filière de l'élevage canin va de la production à la commercialisation des animaux. ❚ Le "passeport individuel", de l’animal mentionne toutes les interventions et tous les événements survenus, il est d’une grande utilité.

UN RÔLE SANITAIRE ET TECHNIQUE Notre "cœur de métier", c’est prévenir, contenir et identifier les agents infectieux ou parasitaires potentiels, qui agressent de

MANAGEMENT

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 585


Fiche-action n°1

le protocole d’admission des animaux

Alain Ganivet Clinique vétérinaire 1, rue des Salles 92400 Courbevoye

Essentiel ❚ À chaque intervention, le vétérinaire commence par contrôler les documents des animaux présents et ceux de la structure (élevage ou animalerie). ❚ Le protocole d’admission vétérinaire se fonde sur des critères zootechniques et physiologiques. ❚ La notification d’un refus repose sur des bases sanitaires, et certainement pas commerciales.

au sein d’une structure collective

1. La procédure à suivre par l'éleveur ● L’admission de nouveaux animaux, ou le retour d’exposition ou de saillie de résidents de l'élevage, est effectuée par le gérant de l’entreprise, ou l'un de ses employés, selon l’importance de la structure concernée. ● Il est nécessaire de vérifier : - les documents d’accompagnement et la conformité de l’identification ; - la conformité et l'intégrité des caisses de transport ; - la conformité des animaux (sexe, âge, variété, ...) par rapport au bon de commande ; et d’effectuer un examen clinique rapide des animaux avant leur installation. 2. La procédure à suivre par le vétérinaire : l'examen clinique ● À chacune de ses interventions, le vétérinaire commence par contrôler les documents des animaux présents et ceux de la structure (le registre entrées/sorties et celui des interventions) car sa responsabilité vis-àvis de l’administration est engagée. ● S’il est appelé es- qualité, c’est-à-dire comme clinicien, pour assurer l’admission de nouveaux animaux, il doit vérifier en pre-

Figure - Exemple de protocole d'entretien des animaux après leur admission dans une structure collective Jour après admission ●

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Entretien des animaux

Alimentation

- Aliment du fournisseur - Repos, léger toilettage, nursing - Prophylaxie antiparasitaire externe + supplément de transition (sels minéraux et oligo- Traitement anticoccidien

éléments) : bouillies de sevrage, aliments “starter”et/ou ajout de solutés de réhydratation per os à l’eau de boisson

- Vermifugations - Traitement contre la giardiose (l’idéal est de choisir un traitement actif contre les vers ronds et Giardia)

- Contrôle vétérinaire*

- Ajout de 25 p. cent du nouvel aliment

- Toilettage - Ajout de 50 p. cent du nouvel aliment

- Ajout de 75 p. cent du nouvel aliment

- 100 p. cent du nouvel aliment

- En milieu commercial, sortie de quarantaine

- Mélange des lots et vaccinations éventuelles

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 588 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004

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mier lieu l’identification de l’animal, puis procèder à un examen clinique. ● Sur l’entrée de l’animal ou des animaux, les conclusions sont alors : - l’admission pure et simple ; - l’émission de réserves, s'il pense que des symptômes cliniques peuvent se déclarer dans les heures qui suivent ; - le refus catégorique, si l’animal est manifestement malade et qu'il peut constituer un risque de pathologie de groupe. ● Dans ce cas, l’animal malade est immédiatement évacué vers une infirmerie ou une hospitalisation en milieu vétérinaire, ou purement et simplement retourné au fournisseur. ● Différentes considérations sont alors à prendre en compte comme : - la souffrance animale : une euthanasie, avec l’accord du vendeur, peut être préférable à une mort lente en cours de transport ; - l’intérêt de l’animal est à considérer au delà des contingences économiques, et la survie peut être liée à la mise en œuvre immédiate de soins ; - l’aspect réglementaire qui interdit la présence d’animaux malades sur un lieu de vente, quelqu’en soit l’endroit. ● Le protocole d’admission vétérinaire se fonde sur des critères zootechniques et physiologiques. La notification d’un refus ne peut reposer que sur des bases sanitaires, et certainement pas commerciales. 3. La rédaction du rapport ● Un rapport est ensuite rédigé : - sur le plan zootechnique, le vétérinaire mentionne le degré de conformité au standard de la race, l’aspect général et la maturité de l'animal ; - des particularités, telles qu'un prognathisme, ou des “défauts" comme une laxité ligamentaire, la présence de hernies, des ectopies testiculaires, des malformations des paupières. ● La responsabilité professionnelle du vétérinaire peut être engagée en cas de manquement. ● Sur le plan physiologique, l’accent est mis sur la recherche de souffles cardiaques, ou le dépistage d’anomalies ou de malformations congénitales, outre le dépistage des affections contagieuses ou parasitaires. ● Des examens complémentaires peuvent être indispensables. Dans ce cas, un accord financier est recherché au préalable avec les différents interlocuteurs. ❒


Fiche-action n°2

quel protocole mettre en place lors d’ un épisode infectieux ?

Alain Ganivet Clinique vétérinaire 1, rue des Salles 92400 Courbevoie

Objectif pédagogique ❚ Savoir établir un “protocole pépin” en cas d’épisode infectieux ou parasitaire.

LÉGENDE DE LA FIGURE ■ Signe suspect ■ Signe suspect (urgence) ■ Signe trompeur

S

i, malgré un plan de prophylaxie rigoureux, un épisode infectieux ou parasitaire d’allure contagieuse survient, un "protocole pépin" est mis en œuvre. ● Il convient d’abord de bien informer au préalable ses interlocuteurs, sur la pertinence des signes d’appel avant-coureurs d’un épisode contagieux (figure). ● En pathologie de groupe, il n’est pas toujours évident de distinguer les affections purement contagieuses, des affections d’allure contagieuses. Les incidents alimentaires fournissent ainsi des exemples abondants d’affections qui semblent contagieuses.

Aussi, afin de ne pas déranger inutilement le vétérinaire, il est nécessaire que les personnes au contact des animaux soient formées à la distinction entre les signes valides et les signes trompeurs. ● En cas d’épisode infectieux dans l’élevage, des mesures conservatoires (appeler le vétérinaire, conserver des éléments de diagnostic clinique ou de laboratoire, ...) sont prises en même temps que des mesures de circonscription du risque. Celles-ci prévoient que les animaux malades ou suspects soient placés au lazaret, et que les mouvements du personnel et des autres animaux soient restreints. ❒

Figure - Les signes cliniques à retenir par l’éleveur pour différencier les signes normaux, des signes suspects Paramètres ●

Température

Couleur des muqueuses

Nez

Signes normaux - Normale : entre 38 et 39°C - Se mesure exclusivement avec un thermomètre anal - S’apprécie sur la muqueuse conjonctivale, éventuellement buccale, voire prépuciale ou vulvaire - Normale : rose clair - Luisant lorsque les canaux lacrymaux sont fonctionnels : les larmes l’humidifient et à un moindre degré, la langue. L’évaporation de l’eau diminue la température, et le nez est humide et frais

Signes suspects ou signes trompeurs - Si la température est basse, appeler le vétérinaire - En dessous de 38°C, le thermomètre peut ne pas avoir été assez enfoncé - Rouge : congestion, et/ou fièvre - Sale ou jaunâtre : atteinte organique - Bleue ou sombre : intervention d'un vétérinaire en urgence - Une pâleur peut être due au stress. - Considérer la teinte générale de la robe : les animaux à robe claire ont des muqueuses pâles - S’il est craquelé en plus d’être sec, mat et chaud, penser à une affection oculaire ou une déshydratation - Aucune extrapolation n’est possible sur la température interne de l’animal

- Mesure par la persistance du pli de peau nucal ●

Déshydratation - Si la peau du cou est prise à pleine main puis

- Si le pli de peau persiste, le signaler au vétérinaire

lâchée, elle reprend sa place immédiatement ●

- Un oeil rouge est toujours une urgence

Œil - Il ne doit ni cligner ni être rouge

Poils

Selles

- S’il est chassieux, ce n’est peut-être pas une conjonctivite, mais une kératoconjonctivite sèche (insuffisance de larmes)

- Un animal en bon état général a le poil brillant - En début d’affection, la robe peut être luisante. Elle ne devient terne, - Les poils ne doivent pas héberger de pellicules piquée de pellicules que plus tard - Ils ne protègent pas du froid s’ils ne sont pas - Lorsqu'ils sont longs, ils peuvent masquer une maladie de peau peignés et "disciplinés" - La chute des poils n’est pas toujours révélatrice d’un mauvais état général

- Elles sont présentes, même lors d’anorexie ou de diète - Leur couleur est influencée par la nourriture

- Lors de parasitisme important, il est possible de trouver des vers entiers, en chaînes ou en ressort de matelas. - Chez les chats, ce sont des "grains de riz" collés dans les poils autour de l’anus - Un animal très parasité vomit plus fréquemment des vers qu’il ne les émet dans ses selles - Certains aliments donnent des selles rouges - Les œufs de parasites sont microscopiques, donc invisibles dans les selles

Appétit

- S'il est diminué, ce n’est pas forcément un signe de mauvaise santé. Ce peut être lié à un trouble du comportement

- Une perte d’appétit est surtout observée lors de trouble digestif

- Pesée à réaliser à réception des animaux, puis tous les deux jours

- Perte de poids : signe précoce d’affection, de parasitisme ou d’incubation d'une maladie

- Il est souvent conservé, même en cas de fièvre

- Signe d’appel non fiable

Poids

Embonpoint

- Un ventre "de grenouille" et un dos osseux sont des signes de maigreur maladive

Comportement

- Un changement brutal de comportement est toujours un signe d’appel important (abattement, apathie, irritabilité, frissons, tremblements, ...)

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 590

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matériel comment choisir

son microscope

Christophe Hugnet Clinique vétérinaire des Lavandes 8, rue Aristide-Briand 26160 La Bégude-de-Mazenc

Le choix d’un microscope dépend de l’usage que veut en faire le praticien. Une utilisation généraliste nécessite moins d’options que des examens spécifiques.

Objectif pédagogique Choisir un microscope adapté à ses besoins.

C

omme pour tout matériel, le vétérinaire praticien doit, dans un premier temps, s’interroger sur les indications et les modes d’utilisation du microscope qu’il souhaite acquérir. En effet, la qualité et la résistance des microscopes actuellement disponibles sur le marché sont très variables. LES CRITÈRES POUR UNE UTILISATION GÉNÉRALISTE

Pour une utilisation généraliste, plusieurs objectifs sur la tourelle sont nécessaires. ● En général, il convient de disposer d’un microscope avec au moins quatre objectifs de grossissement : x 4, x 10 x, x 40 et x 100 à immersion dans l’huile. L’appareil peut alors être utilisé en dermatologie, en parasitologie et en cytologie courante. ● Un éclairage avec une lampe halogène est conseillé pour les qualités de la luminosité induite. ● Un rhéostat apporte un bon confort de lecture. ● Un diaphragme est indispensable pour l’examen des raclages cutanés et des coproscopies. ● Certains microscopes ont un trou supplémentaire sur la tourelle pour adapter un objectif complémentaire. Il est alors judicieux d’utiliser un objectif x 50 à immersion dans l’huile. Il existe également un objectif x 20 ou x 25, utilisé en parasitologie cutanée. ● L’oculaire est de plus en plus fréquemment équipé d’un grand champ (18 mm en général, x10). Ceci permet une observation avec des lunettes, et des moyens de réglage à la vue de l’observateur, en cas de différence entre les deux yeux. ● La tête supportant les oculaires peut être inclinée ou inclinable, ce qui donne un confort de lecture accru. ●

1

Microscope équipé d’un appareil photo numérique (photo C. Hugnet).

Essentiel

Conseil - Les consommables ● Le

choix des lames et des lamelles est important puisqu'il contribue à la qualité de la lecture des examens microscopiques. ● Il est judicieux d'employer des lames polies, rodées, dégraissées et neuves pour chaque examen : il n'est pas recommandé de reconditionner des lames ayant déjà servi (le surcoût induit par les procédures de nettoyage est nettement supérieur au coût d'une lame et, surtout, le risque de retrouver des éléments cytologiques d'un examen antérieur est très important). ● Les réactifs colorants peuvent s'inscire dans des protocoles "rapides" : réactifs Diff Quick®, réactifs Hémacolor®. ● Les colorations de Gram sont simples à mettre en œuvre et souvent utiles au praticien. ● Les liquides de fixation souvent coûteux peuvent être avantageusement remplacés par de l'alcool méthylique (achat en flaconage d’un litre). ● L'archivage des lames doit s'effectuer à l'aide de boîtes solides, afin d'éviter l'exposition des lames à la poussière ; l'achat de ces boîtes peut s'effectuer en centrale d'achat.

❚ Quatre objectifs de grossissement et un double réglage de la focale (macro et micrométrique) sont les équipements de base du microscope à usage vétérinaire. ❚ Un diaphragme est indispensable pour l’examen des raclages cutanés et des coproscopies. ❚ Il est judicieux d'employer des lames polies, rodées, dégraissées et neuves pour chaque examen.

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MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 591


test clinique les réponses

un corps étranger végétal bronchique 1 À quel niveau de l’appareil respiratoire peut-on localiser les lésions ? ● Les caractéristiques de la toux évoquent une atteinte du parenchyme pulmonaire. ● Une atteinte bronchique se traduirait par une toux forte, quinteuse. 2 Quelles sont les hypothèses diagnostiques ? ● Ce chien présente une atteinte respiratoire profonde associée à un syndrome fébrile, atteinte chronique et récidivante, répondant partiellement à l'antibiothérapie, sans répercussion marquée de l'état général. Une origine infectieuse est hautement probable. Les causes favorisant une infection chronique (corps étranger, infestation parasitaire, contusion pulmonaire, ...) sont évoquées. ● Une origine tumorale, quoique moins pertinente, ne peut pas être écartée. 3 Des clichés radiographiques du thorax sont réalisés (photos 1, 2). Quelle interprétation proposez-vous ? Ces clichés montrent : - une déviation dorsale de la trachée juste avant la bifurcation trachéo-bronchique ; - un manque de netteté des contours cardiaques à gauche ; - une déviation du médiastin dans l’hémithorax gauche et un déplacement crânial de l’hémithorax gauche ; - la présence d’une masse à contours peu nets dans le lobe caudal gauche en région dorsale, entre l’aorte et la veine cave ; - une opacité pulmonaire de type interstitiel et vasculaire. De l’examen radiographique, il est possible de conclure à une atélectasie pulmonaire de la portion caudale du lobe crânial gauche. Une suspicion d’abcès pulmonaire dû à la présence d’un corps étranger est émise. ● Rétrospectivement, il apparaît que l’atélectasie était présente sur les clichés radiographiques antérieurs, mais la masse pulmonaire n’était pas visible, avec simplement une opacité de type interstitiel dans le lobe caudal gauche. ● L’intervention chirurgicale s’impose, compte tenu de la localisation et de l’extension de la lésion pulmonaire. La thoracotomie est suivie d’une lobectomie partielle, en raison de la présence d’un volumineux granulome (photos 3, 4).

Colette Arpaillange Unité de médecine des carnivores E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

Définition ❚ L'atélectasie d'origine

3

La thoracotomie est suivie d’une lobectomie partielle, en raison de la présence d’un volumineux granulome (photos Unité de médecine des carnivores / E.N.V.N.).

La section de ce granulome confirme la présence d’un corps étranger végétal (photo 5). ● Les corps étrangers trachéobronchiques sont rares chez le chien. Dans la plupart des cas, le matériel inhalé est rapidement expectoré. Les corps étrangers végétaux ont toutefois tendance à pénétrer profondément. L’inhalation survient volontiers au cours d’un exercice et de préférence, chez un chien de grande taille. Les chiens de chasse sont particulièrement représentés dans les publications. L’épisode inaugural peut passer inaperçu. ● L’évolution est alors insidieuse et les signes cliniques caractéristiques sont une toux chronique, intermittente et récidivante, qui répond en partie à l’antibiothérapie, une hémoptysie et une halitose. ● L'hypothèse de corps étranger doit être retenue lors d'infection pulmonaire récidivante répondant à l'antibiothérapie. Un corps étranger bronchique a été incriminé dans 13 p. cent des cas, selon une étude rétrospective sur 109 cas d'affection pulmonaire. ● Un syndrome fébrile avec leucocytose s’installe rapidement. ● La radiographie permet, dans certain cas, de visualiser le corps étranger ou d'observer des signes évocateurs bien que non spécifiques (densification alvéolaire, atélectasie d'un ou de plusieurs lobes). ● Le retrait sous assistance endoscopique n'est pas toujours possible. Le corps étranger doit être accessible et aisément préhensible. Les lésions du parenchyme pulmonaire doivent être limitées, ce qui suppose une inhalation récente. En cas d'abcès, d'atélectasie ou de bronchiectasie, la lobectomie s'impose. ❒ Remerciements Au service d'imagerie médicale de l’E.N.V.N. et à Fouzia Stambouli pour la réalisation et l'interprétation des clichés, ainsi qu'au service de chirurgie de l’E.N.V.N., et en particulier à Olivier Gauthier et à Pierre Chantelot.

bronchique se caractérise par une absence de distension des alvéoles. Le territoire pulmonaire concerné est effondré ce qui entraîne une modification des rapports anatomiques. Ces lésions résultent d'une absence de ventilation due communément à une obstruction bronchique.

4

La section de ce granulome confirme la présence d’un corps étranger végétal.

5

Le corps étranger végétal retrouvé après extraction trachéobronchique.

Pour en savoir plus Brownlie S.E. et al. A retrospective study of 109 cases of canine lower respiratory tract disease, J Sm Anim Pract, 1990;100:371-6. ● Collectif. Dossier : la toux du chien et du chat. Le Nouveu Praticien Vétérinaire, 2001;3:171-204. ● Crespeau F. Étude anatomo-pathologique du poumon des carnivores domestiques, Point Vet, 1995;27(n° spécial):33-44. ● Johnson L. Diseases of the bronchus, In : Ettinger SJ, Feldman EC. Textbook of veterinary Internal Medicine 5th edition, Philadelphia : WB Saunders ed, 2000;1996p. ● Pacchiana PD et al. Primary bronchotomy for removal of an intrabronchial foreign body in a dog. J Am Anim Hosp Assoc, 2001;37:582-5. ●

85

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 593


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