DOSSIER : MALADIES VECTORIELLES CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°24 - AOÛT / SEPTEMBRE 2005
gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire
N°24 AOÛT SEPTEMBRE 2005 MALADIES VECTORIELLES - À propos de quelques “hémopathogènes” : émergence et convergence - Les babésioses du chien : identité et interrogations - Comment diagnostiquer et traiter l’ehrlichiose chez le chien - Zoonoses - Les infections à Bartonella chez les mammifères - Geste - Techniques de leucoconcentration chez le chien et le chat - Épidémiologie - Résultats d’une enquête en France sur les cas suspectés ou confirmés de babésiose chez le chien
Féline Les manifestations cliniques des babésioses sont nombreuses, parfois atypiques et surprenantes ; certaines d’entre elles reposent sur des mécanismes pathogéniques d’ordre immunologique découverts grâce à des infections expérimentales et à la biopathologie comparée.
DOSSIER
MALADIES VECTORIELLES DU CHIEN ET DU CHAT En raison de leur prévalence, les babésioses et les rickettsioses sont les premières maladies vectorielles abordées. Ces deux groupes de maladies nécessitent une épidémiosurveillance accrue mobilisant vétérinaires-sentinelles, épidémiologistes, parasitologistes et internistes ...
Management et entreprise Dossier - Marketing de l’examen de santé annuel Comment mobiliser toute la clinique sur des actes simples de grande qualité, comment définir et utiliser l’examen de santé annuel ?
Témoignage - Un protocole rigoureux pour l’examen de santé annuel
REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE
- Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique lors d’hémobartonellose chez le chat
Observations cliniques - Une hémobartonellose chez un chat - Une ehrlichiose chez un chat - Geste chirurgical Comment traiter une hernie diaphragmatique chez le chat
Rubriques - Nutrition - La nutrition postopératoire chez le chien et le chat - Immunologie et le B. A. BA en BD - Les phénomènes de cyto-adhérence et de séquestration - Principe actif - L'imidocarbe - N.A.C. - Les zoonoses transmises à l'Homme par les reptiles et les poissons - Table ronde : Orthopédie et nutrition
sommaire Éditorial par Gilles Bourdoiseau 10 Test clinique : Des dépilations chez un chien de race Samoyède Claire Spilmont, Didier Pin 4 Table ronde IAMS : Orthopédie et nutrition Christian Iehl, Maryvonne Barbaray 8 Questions-réponses sur la babésiose chez le chien et sur l’hémobartonellose chez le chien et le chat Gilles Bourdoiseau, Luc Chabanne 12
N°24 AOÛT SEPTEMBRE 2005
DOSSIER MALADIES VECTORIELLES du chien et du chat
CANINE - FÉLINE À propos de quelques “hémopathogènes” : émergence et convergence Gilles Bourdoiseau 13 Les babésioses du chien : identité et interrogations Gilles Bourdoiseau, Christophe Hugnet 19 Comment diagnostiquer et traiter l’ehrlichiose chez le chien Luc Chabanne, Cédric Martin 25 Zoonoses - Les infections à Bartonella chez les mammifères Henri-Jean Boulouis, Renaud Maillard, Lenaïg Halos, Muriel Vayssier-Taussat, Bruno Chomel 30 Geste - Techniques de leucoconcentration chez le chien et le chat Thomas Normand, Luc Chabanne 35 Épidémiologie - Résultats d’une enquête en France sur les cas suspectés ou confirmés de babésiose chez le chien Gilles Bourdoiseau, Nicolas Renard 37
FÉLINE Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique lors d’hémobartonellose chez le chat Luc Chabanne 43 Observations cliniques - Une hémobartonellose chez un chat Jean-Pierre Beaufils 47 - Une ehrlichiose chez un chat Jean-Pierre Beaufils 51 - Geste chirurgical - Comment traiter une hernie diaphragmatique chez le chat Hervé Brissot, Gilles Dupré 55
RUBRIQUES - Nutrition - La nutrition postopératoire chez le chien et le chat Laurence Colliard, Géraldine Blanchard 59 - Immunologie et le B. A. BA en BD - Les phénomènes de cyto-adhérence et de séquestration Gilles Bourdoiseau, Delphine Grezel, Frédéric Mahé 62 - Principe actif - L'imidocarbe Hervé Pouliquen 67 - N.A.C. - Les zoonoses transmises à l'Homme par les reptiles et les poissons Didier Boussarie 69
Souscription d’abonnement en page 82
MANAGEMENT ET ENTREPRISE Éditorial - Se mobiliser pour les actes simples Philippe Baralon Dossier - Marketing de l’examen de santé annuel Philippe Baralon Témoignage - Un protocole rigoureux pour l’examen de santé annuel Jean-Jacques Bynen
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Test clinique - Les réponses
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Tests de formation continue - Les réponses
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CANINE - FÉLINE FÉLINE
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RUBRIQUE MANAGEMENT
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 271
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
Conseil scientifique
test clinique
dépilations chez un Samoyède
Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)
U
Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)
Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)
Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) René Chermette (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Bernard Clerc (Ophtalmologie, E.NV.A.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Olivier Dossin (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.T.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Claude Petit (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.T.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.N) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Patricia Ronsin (Reproduction, E.N.V.T.) Etienne Thiry (Virologie, Liège) Patrick Verwaerde (Anesthésie, E.N.V.T.)
Chargée de mission rédaction Valérie Colombani
Secrétaire de rédaction David Jourdan Abonnements Maryse Mercan Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent
n chien Samoyède de 9 ans est présenté à la consultation de dermatologie pour des dépilations. Il vit en appartement avec trois congénères (deux Samoyèdes et un Chihuahua). Aucun antécédent pathologique n’est rapporté par les propriétaires. ● Les troubles cutanés, apparus 9 mois auparavant, se traduisent par : - des dépilations localisées à la tête ; - une mauvaise odeur corporelle ; - un mordillement de l’extrémité des membres. Une extension des dépilations aux membres et à la queue est observée. ● La fille de ce chien, âgée de 8 ans, présente depuis quelques semaines des lésions identiques. ● L’examen dermatologique montre un érythème, une hyperpigmentation, la présence de manchons pilaires (photo 1) et un état kératoséborrhéique généralisé, associés à des dépilations surtout marquées sur la tête, sur le cou (photo 1), sur la queue (photo 2), sur les membres (photo 3) et, de façon, moins importante, sur le tronc.
* 36, avenue de Lauterbourg 69160 Tassin La Demi-Lune ** Unité de dermatologie, E.N.V.L. 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy l’Étoile
a
b
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Érythème, hyperpigmentation et dépilations sur le cou (a). - Vue rapprochée des lésions du cou (b) : noter les nombreux manchons pilaires (gaines de sébum et de kératine de couleur jaunâtre qui entourent la base du poil et qui sont entraînées avec lui dans sa croissance).
2
Dépilations situées sur l’arrière-train du chien, en particulier sur la queue (photos Unité de dermatologie, E.N.V.L.).
1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?
Publicité Maryvonne Barbaray
2 Quel(s) examen(s) complémentaire(s) mettez-vous en œuvre ?
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
3 Quel traitement prescrivez-vous ?
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray
comité de lecture
Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1007 T801 21 I.S.S.N. 1637-3065 Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 272 - AOÛT / SEPTEMBRE 2005
Claire Spilmont * Didier Pin**
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Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Juliette Besso, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Vincent Boureau, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Stéphane Bureau, Jean-Jacques Bynen, Claude Carozzo, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Claude Chauve, Guillaume Chanoit, Yan Cherel, Valérie Chetboul,
Cécile Clercx (Liège), Jean-Pierre Cotard, Jack-Yves Deschamps, Pierre Desnoyers, Marianne Diez (Liège), Armelle Diquelou, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi (Royaume-Uni), Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Sébastien Géroult, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot, Dominique Grandjean,
3 Dépilations situées sur la face ventrale de l’abdomen.
Réponses à ce test page 81 Jean-François Guelfi, Laurent Guilbaud, Nicole Hagen, Philippe Hennet, Marc Henroteaux, Jean-Pierre Jégou, Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Christelle Maurey, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Xavier Pineau,
Luc Poisson, Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Odile Sénécat, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Jacques Thiébault, Jean-Laurent Thibaud, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin, Lionel Zenner.
table ronde
orthopédie et nutrition
Christian Iehl Maryvonne Barbaray
La nutrition a-t-elle des répercussions sur l’évolution des affections orthopédiques observées en clientèle ? Des spécialistes de cette discipline se sont réunis à l’initiative de IAMS pour nous faire part de leurs observations, le 30 juin dernier.
Les intervenants Jean-François Bardet Vétérinaire, diplomate E.C.V.S., Master of sciences, ancien président de l’E.S.V.O.T. (European Society Vet. Orthopedics and Traumatology), membre de l’O.R.S. (Orthopedic Research Society), de la S.O.F.C.O.T. (Société française d’orthopédie et de traumatologie), et de l’American Anti-Aging Academy
E
Géraldine Blanchard
n réunissant des experts reconnus de la chirurgie orthopédique, nous souhaitions ouvrir un débat sur l’influence de la nutrition sur les activités des praticiens en orthopédie canine et féline. Pour Isabelle Valin, ce sujet concerne la relation orthopédie et croissance, l’orthopédie du vieux chien ainsi que la traumatologie articulaire. Bernard Bouvy considère ce sujet comme “éminemment pratique” car “lors d’une consultation pour boiterie, la nutrition est inévitablement abordée”. Pour Jean-François Bardet, “il est important de comprendre les effets de la nutrition sur la pathologie articulaire”.
PhD, professeur contractuel en nutrition clinique à l’E.N.V.A., agrégée de nutrition, diplomate E.C.V.C.N.
Bernard Bouvy Vétérinaire, diplomate E.C.V.S., Master of sciences, diplomate A.C.V.S., membre de l’A.O.-VET international, membre du bureau du G.E.C.O.V. (A.F.V.A.C.)
Isabelle Valin Vétérinaire, membre de l’A.O.-VET, membre du comité scientifique du G.E.C.O.V. (A.F.V.A.C.)
Maryvonne Barbaray Directrice de la publication, NÉVA
Christian Iehl Vétérinaire, C.E.S. de diététique canine et féline, relations extérieures IAMS.
DE L’IMPACT DE LA NUTRITION SUR LA CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE ...
➜ Les pet-food ont-ils révolutionné l’orthopédie ? ● “Il ne fait aucun doute que les pet-food ont révolutionné depuis de nombreuses années l’orthopédie des petits animaux”, selon JeanFrançois Bardet. On constate par exemple la quasi disparition des radius curvus, généralement attribués à des excès énergétiques et calciques, comme la très forte diminution de la panostéite éosinophilique, tandis que l’ostéodystrophie est devenue rarissime. De même, la dysplasie de la hanche recule fortement et les interventions pour la pose de prothèse coxo-fémorale sont maintenant beaucoup moins fréquentes qu’il y a 5 ou 10 ans. L’utilisation des anti-inflammatoires qui s’est développée doit, à cet égard, être notée. ● De même, Bernard Bouvy explique que ”les praticiens sont moins interventionnistes que par le passé, en raison notamment d’une plus grande utilisation des antalgiques”. ● Isabelle Valin confirme l’impact significatif
Isabelle Valin et Jean-François Bardet. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 276 - AOÛT / SEPTEMBRE 2005
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de la nutrition en orthopédie des carnivores domestiques, notamment dans la prévention de l’arthrose des animaux âgés ou dans le traitement diététique des boiteries. ● En fait, cette prévention passe d’abord par la réduction de la surcharge pondérale quand elle existe, et c’est le cas dans la très grande majorité des situations de boiteries : c’est ainsi que Bernard Bouvy relève le paradoxe des consultations d’orthopédie dans lesquelles le spécialiste se borne à recommander de faire maigrir l’animal qui présente une boiterie … ● Isabelle Valin cite également les cas fréquents de hernie discale du Teckel qui auraient pu être évités par un meilleur contrôle alimentaire.
➜ Les vétérinaires généralistes oublient-ils de rappeler à leurs clients toutes les conséquences de l’obésité ? ● Les statistiques de la consultation de vaccination d’Alfort présentées par Géraldine Blanchard semblent confirmer ce constat. En effet, 39 p. cent des chiens présentés à cette consultation sont en surcharge pondérale et surtout, 77 p. cent de leurs propriétaires n’en ont pas conscience … ● En ce qui concerne le chat, celle-ci rappelle que l’hypervitaminose et l’ostéofibrose liée à une carence en calcium sont le plus souvent observées.
CYNOPHILIE ET MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
➜ Les juges d’exposition préfèrent-ils les “ronds” aux “minces” ? ● Les éleveurs encouragent implicitement, explique Isabelle Valin, les nouveaux propriétaires de chiots à les nourrir de façon à satisfaire les attentes des juges d’exposition. Ceux-ci préfèrent les sujets plutôt "arrondis" dans certaines races comme les Labradors, quitte à faire courir un risque lié aux excès de poids. Un Labrador mince n’est en effet jamais récompensé dans un ring d’exposition. Il existe donc un décalage entre les attentes de la cynophilie et les exigences de santé rappelées par les praticiens. ● Sans compter que l’alimentation préparée a gagné en efficacité. Géraldine Blanchard
table ronde - orthopédie et nutrition souligne à cet égard que les produits actuels sont en moyenne plus concentrés, et qu’il convient de respecter les recommandations d’emploi pour éviter les surconsommations caloriques. Pour Jean-François Bardet, il est d’autant plus difficile aux maîtres de modifier "leur" comportement alimentaire vis-à-vis de leur animal qu’ils rencontrent eux-mêmes des difficultés pour modifier leur propre comportement alimentaire … C’est une donnée à prendre en compte lors des prescriptions lorsque le praticien rencontre un client qui, à l’évidence, se nourrit mal … lui-même ! ● L’éducation des maîtres est un travail permanent pour les vétérinaires, car outre l’obésité, on rencontre encore trop souvent le syndrome du "tout viandes", avec notamment, les carences en calcium associées chez les chats nourris avec des préparations ménagères. ● Bernard Bouvy partage l’avis général sur la diminution de l’incidence des affections articulaires de la hanche et de l’épaule, il note cependant l’augmentation des affections liées au coude ou au genou. La génétique, et la sélection des reproducteurs semble jouer un rôle prépondérant, mais les efforts diététiques doivent être poursuivis. LA VOGUE DES ALICAMENTS
➜ Qu’en est-il de l’efficacité des nutriments dits "chondroprotecteurs" (sulfate de chondroïtine, glucosamine) ? ➜ A-t-on réellement évalué leur efficacité sur l’arthrose du chien ? ● Si Géraldine Blanchard estime que "l’on ne dispose pas d’études scientifiques publiées", pour Jean-François Bardet, cette efficacité est démontrée, notamment par des essais cliniques qu’il a effectués. Ceux-ci mettent en évidence des effets positifs des chondroprotecteurs, à l’arthroscopie et à l’analyse histologique après quatre mois d’essai. Sur 24 chiens, il a observé une influence significative à l’histologie sur les aspects arthrosiques et sur la membrane synoviale. De même, il a noté une influence sur la prévention de l’arthrose chez des chiens souffrant de fragmentation du processus coronoïde. ● Bien sûr, comme le souligne Christian Iehl, la dose est un paramètre essentiel et on ne peut s’attendre aux mêmes résultats avec les compléments alimentaires spécialement formulés pour le traitement de l’arthrose, et les aliments complets destinés à prévenir le
... Calories, calcium et ostéodystrophies : ➜ un aliment "grandes races" recommandé ➜ Il est bien établi, selon Christian Iehl, que les ostéodystrophies de croissance peuvent être évitées ou minimisées sur le plan clinique grâce à une alimentation adaptée [1, 2]. Ceci est vrai en particulier pour les chiens de races géantes, les plus exposés à ces affections, pouvant perturber le reste de leur vie. Ces chiens ont en effet une croissance très rapide, et leur poids corporel s’ap-
puie sur des articulations encore immatures, avec un cartilage fragile. ➜ Toute prise de poids excessive (calories) et toute minéralisation accélérée (calcium) augmente le risque d’expression clinique de ces ostéodystrophies. ➜ Il est donc préférable de proposer un aliment formulé pour la croissance des grandes races, à la fois restreint en calories et en calcium par rapport à un aliment de croissance destiné aux petites races.
vieillissement du cartilage articulaire des chiens de grandes races. ● Géraldine Blanchard aime rappeler à ce sujet qu’un "bon" aliment doit contenir ces nutriments, sans nécessairement que cela fasse l’objet d’allégations particulières. C’est plus la carence de nutriments essentiels dans des produits de qualité médiocre qu’il faudrait dénoncer. Enfin, on doit aussi convenir du manque d’informations précises sur le rôle respectif des chondroprotecteurs, des antioxydants, des anti-inflammatoires et des acides gras de la série oméga 3 sur l’amélioration clinique des animaux arthrosiques, car les formules des compléments pharmaceutiques les associent souvent. Ainsi, Géraldine Blanchard, estime qu’"il est beaucoup trop tôt pour définir leurs éventuelles influences car on n’a pas assez de recul".
Bernard Bouvy rapporte les résultats satisfaisants de ces chondroprotecteurs chez l’Homme. L’épaisseur du cartilage du genou est pris comme référence dans le modèle clinique de l’arthrose ; celle-ci diminue moins vite grâce aux chondroprotecteurs.
●
E
n conclusion, Géraldine Blanchard rappelle que dans certaines émissions grand public, "on laisse croire aux propriétaires qu’il peut donner un aliment qui va “prévenir” l’arthrose, voire que, lorsque le chien est arthrosique, l’alimentation pourrait lui donner une “articulation neuve” ! Aussi, il est essentiel que les praticiens apportent à leurs clients une bonne information. Comme le rappelle Isabelle Valin, "je n‘attends pas d’un aliment qu’il traite une arthrose. Pour traiter une arthrose, je prescris un anti-inflammatoire, des chondroprotecteurs. Et je rappelle au propriétaire qu’une bonne alimentation est primordiale selon le ❒ concept "Tu es ce que tu manges”.
Bernard Bouvy (en haut), Géraldine Blanchard, Christian Iehl (en bas).
Références 1. Hazewinkel H. Calcium metabolism in great dane dogs fed diets with various calcium ans phosphorous levels. J Nutr, 1991;121:S-99106. 2. Hazewinkel H, Nap T. Considerations and consequences of calcium content in diets for young canines. Iams Nutrition Symposium Proceedings, 2000:449.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 277
éditorial
Les maladies vectorielles sont emblématiques de l’unicité de la médecine et de la nécessité d’échanges et de confrontations renforcés ...
P Gilles Bourdoiseau Professeur Parasitologie-maladies parasitaires E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Chiffres-clé ❚ Le paludisme est responsable de 300 millions de cas par an et d’un million de décès ; ❚ les leishmanioses humaines menacent 350 millions de personnes et l’incidence annuelle est estimée à deux millions de cas ; ❚ les rickettsioses, les fièvres à tiques, les trypanosomoses, les babésioses ne sont que quelques exemples de maladies vectorielles redoutables tant pour l’homme que pour l’animal.
Dates-clé ❚ Dernières années du XIXe siècle et 1ères années du XXe : Découverte des arthropodes comme vecteurs biologiques. ❚ 1877 : Manson révèle le rôle des moustiques dans la transmission d’une filariose humaine à Wuchereria. ❚ 1884 : Laveran émet l’hypothèse de l’implication de moustiques dans la transmission du paludisme. ❚ 1893 : Smith et Killborne au Texas mettent en évidence le rôle de la tique Boophilus dans la babésiose bovine. ❚ 1903 : Nicolle identifie le pou comme vecteur du typhus épîdémique dû à Rickettsia prowazeckii. NOTES 1. Tout organisme vivant susceptible d’induire chez l’homme et/ou l’animal une maladie, une infection ou une infestation 2. La notion d’arbovirus issue du même raisonnement est toutefois trop restrictive 3. Exemple des tiques et de la transmission transovariale des babésies 4. Cas de la tique pour le piroplasme, de l’anophèle pour la plasmodie, … 5. Cf. sur le site internet de l’AFSSA le rapport sur "l’évaluation du risque d’apparition et de développement de maladies animales compte - tenu d’un éventuel réchauffement climatique", avril 2005 : www.afssa.fr/accueil/publications/editions 6. "Les patients ne manquent pas, le marché fait défaut" (Revue du Praticien, 30 avril 2005, 55, n°8). 7. D.N.D.i. (Drugs for Neglected Diseases Initiative),qui s’appuie sur une autre O.N.G., Médecins sans Frontières et l’un des leaders mondiaux de la pharmacie, Sanofi-Avantis. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 278 - AOÛT / SEPTEMBRE 2005
armi les "pathogènes"1, certains d’entre eux sont présents dans le sang et le système lymphatique, intracellulaires (macrophages, globules ou plaquettes) ou plasmatiques, selon des intervalles apparemment aléatoires ou au contraire, très réguliers (fièvre tierce), transmis parfois de façon mécanique (injection, transfusion, arthropodes), le plus souvent biologique (arthropodes). Pour les distinguer, ils peuvent être désignés sous le terme de "hémopathogènes". Pourquoi ce néologisme ? - Parce que ces agents sont à l’origine des plus graves fléaux de l’humanité et/ou du monde animal (cf. chiffres-clé). - Parce qu’ils sont pour la plupart, transmis par l’intermédiaire d’arthropodes et que cette modalité de transmission confère aux maladies correspondantes des caractères épidémiologiques, cliniques et prophylactiques particuliers2. La transmission vectorielle associe deux "performances" : - celle de l’efficacité pour la transmission de l’hémopathogène qui se multiplie et se transforme chez son vecteur, qualifié alors de biologique ; - celle de la pérennité, le vecteur pouvant jouer le rôle de réservoir3 de sorte que non seulement l’arthropode reste infectant durant toute sa vie mais peut transmettre ce pouvoir à sa descendance, et ce sur plusieurs générations. En outre, certains vecteurs4 sont hôtes définitifs du parasite, c’est-à-dire qu’ils ont la capacité d’héberger la reproduction de celui-ci, permettant ainsi les remaniements génétiques et les transferts de gènes (par exemple de la chimiorésistance). La lutte contre la maladie humaine ou animale doit parfois prendre pour cible privilégiée l’arthropode en tant que réservoir assurant la pérennité et la stabilité d’un foyer. - Parce que le réchauffement climatique constaté, annoncé ou envisagé peut entraîner une extension et une incidence considérables de certaines maladies (ré)-émergentes : la maladie du Nil occidental et la fièvre catarrhale ovine illustrent ce fait ; la circulation et le séjour de nos animaux domestiques dans les zones méditerranéennes, sub-tropicales et tropicales ne peuvent que renforcer les risques d’observer dans les zones tempérées ces maladies "exotiques"5. En outre, ce réchauffement peut être à l’origine d’une extension géographique et de modifications dans la dynamique de ces populations de vecteurs, difficilement prévisibles, donc inquiétantes. - Parce que les modifications récentes du comportement humain, dans nos sociétés, ne peuvent qu’accroître les risques de contact entre l’arthropode vecteur infestant et le sujet réceptif : multiplicité des activités sportives et ludiques ("jogging"6 homme-animal), développement de l’habitat "rurbain" (villa avec jardin, gardée par un chien), voyages et séjours, même brefs, dans des zones infestées. - Parce que certaines des maladies correspondantes sont "orphelines" : ce fait justifie qu’une organisation non gouvernementale originale7, se propose de mettre à disposition des malades certaines thérapies à prix coûtant. Les premiers projets retenus par cette O.N.G. concernent la leishmaniose viscérale, le paludisme chloroquino-résistant et la trypanosomose humaine africaine, toutes trois maladies vectorielles. - Parce qu’enfin, les problématiques de ces maladies humaines peuvent être comparées à celles des maladies animales : actualisation des données épidémiologiques, nécessité d’un diagnostic à moindre coût, de thérapeutiques à bas prix, sans cesse renouvelées. - Parce que la "biopathologie comparée" y trouve toute sa place (la comparaison du neuropaludisme et de la "neurobabésiose" est bien troublante !). Bref, ce néologisme permettrait de fédérer des compétences et des moyens dispersés entre diverses unités ou disciplines : médecine interne, infectiologie et maladies tropicales, parasitologie, …, de dégager des pistes de réflexion et pourquoi pas des outils communs aux médecins et aux vétérinaires ? insi, ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline, présente les questions concernant les babésioses et les rickettsioses, premières maladies vectorielles abordées en raison de leur prévalence. Ces deux groupes de maladies nécessitent une épidémiosurveillance accrue mobilisant vétérinaires-sentinelles, épidémiologistes, parasitologistes et internistes mais aussi des enquêtes et des travaux approfondis permettant de répondre à certaines préoccupations et interrogations, et à de nouvelles nécessités. ❒
A 10
questions réponses sur… la babésiose chez le chien
réponses de Gilles Bourdoiseau Parasitologie - maladies parasitaires E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
■ Face à une forte suspicion clinique de babésiose, est-il opportun de traiter à l’aide d’un piroplasmicide, même si le frottis ne met pas en évidence de parasites ? ● Oui, pour plusieurs raisons : - un examen complémentaire ne fait jamais un diagnostic. En l’occurrence, la non observation du parasite ne signifie pas qu’il est absent (défaut de sensibilité) ; - la babésiose peut être de pronostic très sombre. Elle nécessite par conséquent, lors de suspicion fondée sur des arguments épidémiologiques et cliniques, un traitement spécifique. ■ Existe-t-il des techniques qui permettent d’améliorer la sensibilité de l’examen direct ou d’autres moyens de confirmation ? ● Oui, les techniques d’hémoconcentration, fondées sur la centrifugation visent à observer plus de globules rouges en un même volume et la P.C.R. (“Polymerase chain reaction”). ■ Quelles sont les conséquences d'une babésiose chez une chienne gestante ou allaitante ? ● L’avortement et l’agalactie sont les principales conséquences d'une piroplasmose chez une chienne gestante ou allaitante. ● En revanche, aucune transmission in utero de Babesia n’a été a priori démontrée, alors qu’elle existe avec les theileries. ■ Quelle prophylaxie doit-on privilégier pour un chien qui a déjà contracté un ou des épisodes de babésiose ? ● En plus d'acaricides qui diminuent autant
que possible la présence des tiques, il convient d’utiliser l’imidocarbe à double dose (soit 4 mg/kg, par voie intramusculaire). ● Ce traitement confère au chien traité une chimioprotection de l’ordre de 4 à 6 semaines. ■ Doit-on préconiser la vaccination d'un chien qui a présenté plusieurs épisodes de piroplasmose ? ● Si le chien a présenté plusieurs cas confirmés de babésiose, son système immunitaire n'est donc pas parfaitement efficace à l'encontre du parasite. La stimulation du même système par l'intermédiaire d'antigènes vaccinaux ne peut, a priori, que donner les mêmes résultats, c'est-à-dire une absence de protection ou une protection incomplète. ● En d'autres termes, si cette vaccination est inoffensive, elle risque d'être inefficace. Mieux vaux recourir à une chimioprophylaxie. ■ Certains hémopathogènes ont-ils un potentiel zoonotique ? ● Oui, par exemple Borrelia sp, agent de la maladie de Lyme, ou Leishmania infantum, agent de la leishmaniose humaine, ainsi que certaines espèces de babésies (B. divergens). L’animal peut être le réservoir de ces agents. La lutte contre ces maladies intègre le dépistage, le traitement et l’élimination des animaux porteurs. ● Le caractère zoonotique de certains de ces agents leur confère une importance particulière. ❒
l’hémobartonellose
chez le chien et le chat
réponses de Luc Chabanne Laboratoire d’hématologie clinique E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 280 - AOÛT / SEPTEMBRE 2005
■ L'hémobartonellose est elle une maladie
■ Existe t-il une hémobartonellose canine ?
ubiquitaire ou existe t-il des régions ou des conditions plus ou moins favorables ? ● L'hémobartonellose féline est une maladie décrite dans de très nombreux pays. Sa répartition est considérée comme mondiale. ● Il existe toutefois des différences dans la prévalence de l'infection selon les populations étudiées et les pays concernés. ● Il en va de même lorsqu'on s'intéresse aux différents types. Ainsi, un nouveau type, Candidatus Mycoplasma turicensis, vient d'être décrit pour la première fois en Suisse par une équipe de l'Université de Zürich (Universitas Turicensis).
● Il existe un agent de la même famille susceptible d'infecter l'espèce canine. Autrefois dénommé Hæmobartonella canis, il porte désormais le nom de Mycoplasma hæmocanis. ● De répartition également mondiale, il s'agit d'un agent opportuniste dont Rhipicephalus sanguineus pourrait être le vecteur. ● Non pathogène chez le chien sain, cet agent est à l'origine d'une anémie hémolytique chez le chien splénectomisé ou sous traitement immunodépresseur. Après splénectomie, l'anémie se développe sur un animal avec une infection latente pré-existante ou suite à une transfusion sanguine. ❒
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à propos de quelques “hémopathogènes” émergence et convergence
Gilles Bourdoiseau *Parasitologie – maladies parasitaires E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Le mode de transmission, la participation active d’un vecteur et l’induction de réactions immunologiques identifiées sont les principaux éléments de convergence entre les maladies dues à certains hémopathogènes.
P
résents selon des intensités et des rythmes variés, les agents pathogènes traités dans ce Dossier spécial : Babesia, Ehrlichia, Bartonella, Hemobartonella et Plasmodium, sans prétendre à l’exhaustivité, se caractérisent par des propriétés biologiques communes intéressantes : - leur transmission par un vecteur hématophage ; - leur localisation dans le sang ; - leurs modalités d’inoculation. En effet, la notion “d’hémopathogènes”, proposée et argumentée dans l’éditorial,
peut en partie répondre à des préoccupations cliniques. UNE TRANSMISSION PAR UN VECTEUR HÉMATOPHAGE Parmi les espèces pathogènes susceptibles d’être observées dans le sang, celles abordées dans ce dossier sont transmises quasi-exclusivement par des arthropodes hématophages. Ce caractère de transmission vectorielle, fondamental, est à compléter par deux notions : 1. la distinction entre vecteur mécanique et vecteur biologique ; 2. la possibilité de remaniements génétiques lors de reproduction sexuée chez l’hôte définitif. ●
Vecteur biologique et vecteur mécanique Le vecteur est biologique ou mécanique (figure 1) selon que l’arthropode incriminé a ●
Figure 1 - Les différences entre un vecteur biologique et un vecteur mécanique Chien infecté Chien infecté (parasitémie ou bactériémie), le plus souvent en état asymptomatique
Multiplication ou reproduction Amplification du matériel ● Modification (transformation des antigènes ou des protéines de surface, ...) Pouvoir infectant du matériel ●
● Pas (ou peu) de multiplication ou de transformation du matériel
Chien sain Chien sain piqué par le même arthropode infecté ou un arthropode de la génération suivante (tique)
Objectif pédagogique Connaître les points communs entre les maladies dues à certains hémopathogènes, en particulier les babésioses, les ehrlichioses et le paludisme.
Essentiel ❚ Le réchauffement climatique, en favorisant la reproduction des arthropodes vecteurs et l’extension de leur biotope, pourrait accroître le développement de certaines maladies dues à des hémopathogènes. ❚ Un vecteur biologique autorise la multiplication et/ou la transformation de l’hémopathogène. ❚ Un vecteur "mécanique" ne fait que transmettre l’agent pathogène. ❚ Le diagnostic des maladies dues aux hémopathogènes est difficile, car l’agent pathogène est parfois présent en faible quantité, et fluctuant.
Chez l’arthropode vecteur biologique Chez l’arthropode vecteur mécanique Temps de latence entre l’acquisition et l’inoculation du matériel pathogène ● Pas de temps de latence : l’arthropode est immédiatement infectant ● Persistance du pouvoir infectant toute la vie, au terme de son repas parfois transmission aux générations suivantes (tique) ● Pouvoir infectant de courte durée, - Conditionne la stabilité et la pérennité d’un foyer d’endémie selon les capacités de résistance - Arthropode à rôle de réservoir de l’agent pathogène Exemples : Tique/babésie, anophèle/plasmodie, Exemples : tabanidé, muscidé, bactéries Tique/Borrelia burgdorferi, phlébotome/leishmanie, ... ●
CANINE - FÉLINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 281
les babésioses canines identité et interrogations
● Il convient d’analyser les échecs thérapeutiques et vaccinaux pour mettre au point de nouveaux protocoles médicaux, et des critères pronostiques pertinents et mieux définis.
Lors de babésiose canine, des phénomènes de rechute sont de plus en plus souvent rapportés. Les études récentes sur la variabilité antigénique des babésies et les recherches sur de nouveaux protocoles thérapeutiques et vaccins devraient permettre de mieux prévenir ces rechutes.
LES AGENTS PATHOGÈNES : IDENTIFICATION ET APPLICATION
L
es babésioses sont des maladies infectieuses, qui peuvent être inoculées. Dues à la multiplication intra-érythrocytaire de protozoaires du genre Babesia, transmises par l’intermédiaire de tiques dures, elles se caractérisent généralement sur le plan clinique par un syndrome hémolytique [2]. Les babésioses ont une importance croissante (en particulier par leur prévalence), un pronostic toujours réservé, et suscitent de nombreuses interrogations, objet de cet article*. ● La définition énoncée repose sur l’association d’une anémie hémolytique et d’une hyperthermie. Toutefois, il convient de mentionner les formes asymptomatiques et atypiques et/ou compliquées. ● La taxinomie du genre Babesia est mouvante, en raison des analyses de biologie moléculaire, d’abord par rapport au genre Theileria, ensuite au sein du genre Babesia et des espèces parasites du chien [5]. ● La répartition géographique mérite d’être précisée, parce que les données de la littérature sont trop fragmentées ou trop anciennes**.
● L e genre Babesia se caractérise par une multiplication intra-érythrocytaire stricte chez le chien, et par une transmission transovariale chez la tique. Cela le différencie du genre voisin Theileria, caractérisé par une multiplication intralymphocytaire pré-érythrocytaire et l’absence de transmission transovariale (figure 1, encadré 1). ● Pour le chien, les études de biologie moléculaire ont permis de mieux identifier les agents responsables (tableau 1) [6, 11]. Il est possible de dresser un inventaire (non exhaustif) des espèces et des variétés observées chez cet animal, et d’en tirer des applications épidémiologiques et cliniques.
LES AVANCÉES PATHOGÉNIQUES : APPLICATIONS ● Plusieurs phénomènes, observés en particulier lors de babésiose compliquée, peuvent être compris par des mécanismes pathogéniques parfois démontrés, parfois encore hypothétiques (hémolyse, choc, séquestration) (encadré 2, figure 2)*.
Le phénomène de rechute Le phénomène de rechute mérite d’être analysé à la lumière de ce qui est connu pour le paludisme et de ce que des confrères de ●
Tableau 1 - Les agents responsables des babésioses du chien [d’après 11] Type de babésie Dimensions ●
●
"Grande" (B. canis)
"Petite"
- 2 x 5 μm*
- 1 x 3 μm**
Dénomination
Répartition
Tique vectrice
Pouvoir pathogène
- B. c. canis
- Europe
- Dermacentor
- Modéré à sévère
- B. c. vogeli
- Europe + autre ...
- Rhipicephalus
- Faible à modéré
- B. c. rossi
- Afrique du sud
- Hæmaphysalis - Sévère
- B. gibsoni
- Europe du sud + autre ...
- Hæmaphysalis - Rhipicephalus ? - Modéré à sévère ?
- Souche californienne - Californie - Souche espagnole
- Nord de l’Espagne
* Une grande babésie se définit comme de longueur supérieure au rayon d’une hématie : sauf exceptions, il est donc rare d’observer plus de deux piroplasmes par globule.
Gilles Bourdoiseau* Christophe Hugnet** *Parasitologie - maladies parasitaires E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile **Clinique vétérinaire des Lavandes 8, rue Aristide-Briand 26160 La Bégude-de-Mazenc
Objectif pédagogique Connaître les nouveautés épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des babésioses canines afin de mieux les prévenir et les traiter. NOTE * Les notions de base de la babésiose canine peuvent être consultées dans de nombreuses revues bibliographiques (cf. “Maladie parasitaire due à un parasite endoérythrocytaire : la babésiose” de G. Bourdoiseau dans Parasitologie clinique du chien, NÉVA, Créteil, 2000, pages 310-20. ** Cf. article de G. Bourdoiseau et N. Renard, "Résultats d’une enquête rétrospective en France sur la babésiose chez le chien", dans ce numéro.
Essentiel ❚ Les "nouvelles babésioses" sont importantes car : - elles peuvent être observées en France et leur tableau clinique est sensiblement différent de la babésiose "classique" ; - elles nécessitent un examen approfondi et minutieux du frottis ou le recours à la biologie moléculaire.
CANINE - FÉLINE
** Une petite babésie se définit comme de longueur inférieure au rayon d’une hématie : il est donc possible d’observer deux piroplasmes "bigéminés" selon un angle très divergent ou un nombre d’agents supérieur à quatre.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 287
comment diagnostiquer et traiter l’ehrlichiose chez le chien
Le diagnostic des ehrlichioses canines repose sur les analyses de laboratoire. Des tests sérologiques rapides, faciles à utiliser à la clinique sont désormais disponibles. Ils permettent au praticien de traiter le chien en phase aiguë de la maladie, lorsque le traitement est le plus efficace.
L
es ehrlichioses sont des maladies infectieuses bactériennes à transmission vectorielle (surtout par des arthropodes), régionales ou cosmopolites, le plus souvent endémiques. ● Les progrès effectués ces dernières années, grâce à la biologie moléculaire, dans la mise en évidence d’agents pathogènes et dans leur étude phylogénétique, a permis de souligner l’importance des ehrlichioses, tant en médecine humaine qu’en médecine vétérinaire. Cette importance tient : - au caractère zoonotique de certaines d’entre elles ; - au risque d’émergence ou de résurgence de ces maladies, en raison de différents facteurs comme les voyages, la modification des biotopes, la prolifération des vecteurs arthropodes, … ● L’ehrlichiose chez le chien évoque Ehrlichia canis, l’agent de l’ehrlichiose monocytaire canine. Toutefois, d’autres agents de la même famille (désormais celle des Anaplasmataceæ) sont susceptibles d’infecter le chien, et les connaissances à leur sujet demeurent beaucoup plus imprécises (encadré 1). ● Cet article décrit l’épidémiologie, l’expression clinique, le diagnostic et les traitements possible de ces affections. EXPRESSION CLINIQUE Les ehrlichioses ont beaucoup été étudiées sur la base d’infections expérimentales. ● Les données cliniques sur les formes naturelles de ces maladies, notamment les infections à A. phagocytophilum et A. platys, sont ●
Luc Chabanne Cédric Martin
Unité de médecine interne et laboratoire d’hématologie clinique Département des animaux de compagnie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Connaître les différents agents de l’ehrlichiose canine, savoir diagnostiquer et traiter cette affection. 1
Diathèse hémorragique avec hyphéma chez un chien souffrant d’ehrlichiose (photo Médecine interne E.N.VL.).
plus récentes et incomplètes. L’ehrlichiose canine, la mieux connue et la plus étudiée, notamment à la suite d’infections expérimentales, est l’ehrlichiose monocytaire canine (infection à E. canis). Elle peut servir de modèle à l’étude des autres maladies. La phase aiguë Durant la phase aiguë, aucune lésion caractéristique n’est en général retrouvée. Seule une lymphadénopathie (une polyadénomégalie) est quasiment constante. Elle est accompagnée de modifications hématologiques (une thrombopénie, une leucopénie suivie d’une leucocytose, une anémie) qui entraînent rarement des signes cliniques. ● Après une phase aiguë dont la durée et l’expression clinique sont parfois très limitées (une simple hyperthermie, avec anorexie et abattement passager par exemple), ces maladies deviennent chroniques. ●
La phase chronique Durant la phase chronique, les ehrlichioses se manifestent sous la forme d’affections inflammatoires pléiomorphes, multisystémiques. ● Les principaux signes cliniques sont le plus souvent non spécifiques : fièvre, apathie, anorexie, amaigrissement, pâleur des muqueuses, polyadénomégalie, splénomégalie, et algies, accompagnées parfois de difficultés locomotrices. - Une diathèse hémorragique (épistaxis, purpura) accompagne les cas les plus graves seulement (photo 1). Ces symptômes sont rapportés dans 25 à 60 p. cent des cas selon les études [Martin C., 2004, Preziosi DE, Leah A, 2002]. ●
Essentiel ❚ L’incubation des ehrlichioses est d’une à trois semaines. ❚ Les signes d’appel sont le plus souvent une thrombopénie et une anémie arégénérative. ❚ Après une phase aiguë d’expression clinique parfois très limitée, les ehrlichioses deviennent chroniques. ❚ La clinique de l’ehrlichiose est en général peu spécifique, fruste en phase aiguë et très variable en phase chronique.
CANINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 293
zoonoses
Henri-Jean Boulouis1, 2 Renaud Maillard2, 3 Lenaïg Halos2 Muriel Vayssier-Taussat2 Bruno Chomel4 1. Microbiologie-Immunologie, E.N.V.A. 2. UMR BIPAR, E.N.V.A. 3. Pathologie du bétail, E.N.V.A. 7, avenue du Général-de-Gaulle 94704 Maisons-Alfort 4. Department of Population Health and Reproduction School of Veterinary Medicine University of California Davis, California, 95616, États-Unis
Objectif pédagogique Diagnostiquer, traiter et prévenir les bartonelloses chez les mammifères.
Essentiel ❚ Les bartonelloses font intervenir : - un réservoir principal ; - un vecteur arthropode hématophage ; - un hôte accidentel. ❚ Les manifestations cliniques des bartonelloses se rencontrent surtout chez les hôtes accidentels. ❚ Les facteurs de risque associés à la maladie des griffes des chats sont : - la possession d’un chat de moins de 12 mois ; - la griffure ou la morsure d’un chat. ❚ L’infection par Bartonella se caractérise, chez l’hôte principal, par une bactériémie prolongée, parfois récurrente.
CANINE - FÉLINE
les infections à Bartonella
chez les mammifères La recherche sur les affections liées aux Bartonella a beaucoup progressé ces dernières années. À partir de réservoirs animaux, surtout le chat, ces bactéries peuvent atteindre les autres mammifères, l’Homme en particulier.
L
es Bartonella sont, comme les Hæmobartonella, avec lesquelles elle sont souvent confondues à tort, des bactéries hémotropes, à transmission surtout vectorielle, dont dix espèces ou sous-espèces sont incriminées de manière directe dans des affections chez l’Homme et chez les animaux. ● L’infection par ce genre bactérien fait classiquement intervenir : - un réservoir principal ; - un vecteur arthropode hématophage, qui assure la pérennité de l’infection dans l’espèce réservoir ; - un hôte accidentel, qui présente des symptômes. ● Deux maladies humaines sont associées, depuis le début du XXe siècle, aux bactéries de ce genre : - la fièvre des tranchées, qui a affecté plus d’un million de soldats durant la 1re Guerre mondiale ; elle est réapparue depuis plusieurs années, en particulier dans les camps de réfugiés en Afrique, mais aussi parmi les populations de sans-abri en Europe, en Amérique du Nord et en Russie ; - la maladie de Carrion, localisée aux confins des montagnes andines. ● Avec plus de 20 espèces décrites, le genre Bartonella fait partie des agents responsables de maladies émergentes ou ré-émergentes humaines ou animales, depuis l’association de Bartonella henselæ à la maladie des griffes du chat, au début des années 1990. ● Les méthodes d’études se sont en effet affinées, et un nombre croissant d’affections consécutives à l’infection bartonellique sont décrites chez certains animaux, y compris chez les animaux réservoirs (encadré 1). LES MANIFESTATIONS CLINIQUES ● Les manifestations cliniques des bartonelloses se rencontrent surtout chez les hôtes
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 298 - AOÛT / SEPTEMBRE 2005
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accidentels et, parfois, chez les hôtes réservoirs. ● Le spectre clinique de ces infections commence à être mieux connu, tant chez l’Homme que chez les carnivores. Les symptômes : - peuvent être comparés à ceux observés chez l’Homme et chez le chien ; - sont plus frustres chez le chat (tableau 2) ; - sont inexistants, non décrits ou peu étudiés chez les autres espèces animales (encadré 2). Chez le chat Le chat, espèce réservoir, a longtemps été considéré comme un porteur sain de l’infection à B. henselæ et à B. clarridgeiæ. La reproduction expérimentale d’une bactériémie ne s’accompagne de symptômes que de façon rare : un épisode fébrile, une adénopathie et/ou un dysfonctionnement neurologique ont été observés, ainsi qu’une lésion au point d’injection, ou la présence de troubles de la reproduction. Cependant, ces signes ne sont pas retrouvés de façon systématique, et leur présence dépend de la souche utilisée. ● La mise en évidence d’anticorps contre B. henselæ a été associée de façon significative à des infections rénales et urinaires, à des stomatites ou à des lymphadénopathies chez les populations félines soumises à une infection naturelle. ● Les uvéites sont sans doute les affections les plus souvent associées à Bartonella dans l’espèce féline. ● Un cas d’endocardite a été décrit dans cette espèce, consécutif à une infection par B. henselæ chez un chat de huit ans, qui présentait un murmure systolique de grade IV et une arythmie. La valve aortique était atteinte. ●
Chez le chien ● Chez le chien, espèce accidentelle, l’affection associée aux infections par les bartonelles commence, au contraire du chat, à être mieux identifiée. ● Plusieurs cas d’endocardite (valve aortique surtout), quelques cas d’hépatite granulomateuse et de péliose hépatique (présence de collection sanguine dans des lacunes
Fiche
geste
techniques de leucoconcentration chez le chien et le chat
D
PRINCIPE La leucoconcentration consiste à obtenir de façon simple, c’est-à-dire par centrifugation, un prélèvement enrichi en leucocytes à partir de sang périphérique récolté sur anticoagulant (E.D.T.A., le plus souvent). ● Il convient alors d’étaler et de colorer ce prélèvement pour procéder à son examen direct, comme dans le cadre d’un frottis sanguin. Il peut aussi être utilisé pour réaliser des infections expérimentales, par exemple, pour une mise en culture sur lignées cellulaires. ●
Unité de médecine interne et laboratoire d’hématologie clinique Département des Animaux de Compagnie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique
L’examen d’un leucoconcentré présente une efficacité diagnostique bien supérieure à celui d’un frottis sanguin traditionnel. Cette fiche décrit des techniques simples à réaliser par le praticien. ans le cadre du diagnostic des maladies vectorielles, la recherche des inclusions leucocytaires (ou plaquettaires) caractéristiques de l’affection s’avère souvent fastidieuse lors de l’examen du frottis sanguin*. ● Elle est d’autant plus difficile, et parfois infructueuse, que les cellules parasitées sont en nombre limité, notamment dans les phases chroniques de maladies, et que les lignées cellulaires concernées sont peu représentées. Ainsi, dans une étude portant sur 50 chiens en phase aiguë d’ehrlichiose monocytaire, l’examen de 1 000 champs en immersion (soit, pour un œil averti, une heure de lecture), n’a permis de mettre en évidence qu’une à trois morulas par frottis sanguin … [Mylonakis M.E. et al., 2003]. ● Pour pallier la faible sensibilité d’un tel examen, estimée en moyenne autour de 4 p. cent, des techniques de leucoconcentration ont été proposées. ● Ces techniques simples, qui peuvent être réalisées par le praticien, permettent d’augmenter nettement la sensibilité de l’examen direct : selon les études, des valeurs comprises entre 20 et 66 p. cent de frottis positifs sont en effet atteintes. ● Ces techniques peuvent être également employées pour le diagnostic de la piroplasmose [Hugnet C. et al., 2000].
Thomas Normand Luc Chabanne
Définir et réaliser un leucoconcentré.
Geste 1
Aspect d’un tube à microhématocrite après centrifugation. Visualisation du "buffy coat" (flèche) (photo Laboratoire d’hématologie clinique, E.N.V.L.).
❚ Facile à réaliser. ❚ Praticien généraliste.
Figure 1 Vue schématique d’un leucoconcentré
NOTE * Cf. D. Ledieu, "Le frottis sanguin. Comment le réaliser et le lire chez le chien et le chat", Le Nouveau Praticien Vétérinaire, 2004;16:19-20.
Essentiel COMMENT RÉALISER UN LEUCOCONCENTRÉ ? ● Différentes méthodes, plus ou moins élaborées, ont été décrites pour réaliser un leucoconcentré. ● La méthode la plus simple et la plus rapide consiste à étaler le "buffy coat" (la couche leuco-plaquettaire) après avoir centrifugé un tube à hématocrite contenant du sang périphérique, lui-même récolté sur un anticoagulant. Le "buffy coat" est la zone blanche d’aspect velouté qui constitue la couche intermédiaire entre le surnageant (le plasma) et le culot (les hématies) (photo 1, figure 1). Pour cela, scier à l’aide d’une petite lime pour ampoules ou d’une pointe de diamant le tube à microhématocrite entre le culot d’hématies et le "buffy coat", puis étaler le prélèvement sur une lame de verre dégraissée, comme pour un frottis sanguin classique. ● Pour obtenir un prélèvement de meilleure qualité, réaliser plutôt deux centrifugations successives selon la méthode développée par Cabassu et Haroutunian (figure 2) :
❚ La leucoconcentration consiste à obtenir par centrifugation un prélèvement sanguin enrichi en leucocytes. ❚ L’utilisation d’un leucoconcentré permet d’augmenter la sensibilité de l’examen direct du frottis. ❚ Pour obtenir un prélèvement de meilleure qualité, réaliser deux centrifugations successives.
CANINE - FÉLINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 303
épidémiologie
résultats d’une enquête en France sur les cas suspectés ou confirmés de babésiose chez le chien
Gilles Bourdoiseau* Nicolas Renard**
Cet article présente les résultats d’une enquête nationale, menée entre 2003 et 2004 auprès de 1001 vétérinaires, sur la prévalence de la babésiose, afin d’apporter de nouvelles informations sur cette maladie, trop souvent considérée comme “bien connue et sans surprise”.
L
a babésiose canine est une protozoose infectieuse d’importance médicale, parce que fréquente, de diagnostic parfois difficile et de pronostic toujours réservé. Elle est a priori considérée comme bien connue, à la fois dans son épidémiologie (vecteurs identifiés), dans son expression clinique (y compris les formes atypiques) et dans sa thérapeutique. ● Pourtant, peu d’informations récentes portant sur de larges effectifs ou de grands territoires sont disponibles en France (tableaux 1, 2). - Or, si les foyers de babésiose canine sont bien identifiés, ils sont mouvants : certaines zones jusqu’alors fortement infectées deviennent faiblement enzootiques, d’autres longtemps considérées comme vierges deviennent contaminées, … Les éléments biologiques qui président à ces modifications ne sont pas connus avec précision. Par ailleurs, de nouvelles espèces de Babesia (peut-être de Theileria) sont décrites et incriminées chez le chien*.
Encadré 1 - La méthode ● Un questionnaire est adressé aux confrères installés en France métropolitaine, avec une activité mixte ou canine pure, afin de recueillir : - le nombre de cas de piroplasmose diagnostiqués durant une année selon les classes suivantes : moins de 5 (y compris, aucun cas), de 6 à 25, de 26 à 50, de 51 à 100, de 101 à 200 et plus de 200 ; - la répartition saisonnière des cas diagnostiqués, selon les mêmes tranches ; - la méthode de confirmation diagnostique retenue : aucune (le diagnostic est juste fondé sur l’examen de l’animal), la récolte et l’analyse des urines sur bandelette, la réalisation d’un frottis ou toute autre méthode ; - le type de chien atteint : chiot, adulte, chien âgé, et son mode de vie : chien d’appartement, chien vivant en maison, chien de chasse. ● Les données sont recueillies de façon anonyme.
- Jusqu’à présent, l’agent pathogène de la babésiose canine était considéré comme unique et uniforme. Une molécule (l’imidocarbe** : Carbesia®) et un vaccin (Pirodog®) constituaient des armes a priori efficaces contre cette espèce. ● La récolte d’informations sur la prévalence de la maladie et sur ses caractères épidémiologiques principaux est apparue comme une nécessité, au risque de bousculer les idées reçues et quelques notions diffusées depuis trop longtemps : c’est l’objet de cette enquête nationale réalisée de novembre 2003 à novembre 2004 auprès de confrères installés sur l’ensemble du territoire métropolitain, avec le soutien du laboratoire Intervet (encadré 1).
Tableau 1- Résultats d’enquêtes épidémiologiques effectuées en France (par ordre chronologique inversé) Nombre de chiens
Méthode d’investigation
Nombre de chiens atteints (prévalence)
- Provence-Alpes-Côted’Azur et Languedoc
632
- P.C.R. (Polymerase chain reaction) sur sang
25 (4%)
- Chiens provenant du Royaume-Uni, qui ont séjourné en France et rentrent au Royaume-Uni
56
- P.C.R. sur sang
15 (27%)
989
- I.F.I. (immunofluorescence indirecte)
Région
- Gironde
- Marne - Ain
* Unité de parasitologie maladies parasitaires, E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile ** Intervet S.A. Rue Olivier-de-Serres Angers technopole, B.P. 17144 49071 Beaucouzé cedex
Référence ●
Beugnet F et al (2003)
●
Shaw SE et al (2003)
●
Cabannes A et al (2002)
●
Wlosniewski A et al (1997)
●
Mas JP. (1990)
Objectif pédagogique Connaître la prévalence de la babésiose en France en fonction de critères saisonniers, géographiques et typologiques. NOTE Cf. articles dans ce numéro : * "Principe actif : l’imidocarbe", de H. Pouliquen. ** "Les babésioses chez le chien : identité et interrogations", de G. Bourdoiseau et C. Hugnet.
Essentiel ❚ Les foyers de piroplasmose sont mouvants. ❚ Des échecs thérapeutiques et vaccinaux sont observés. ❚ De nouvelles espèces de Babésies sont décrites. ❚ L’étude confirme l’existence d’une forte prévalence printanière et automnale de la babésiose. ❚ Le chien “babésien” est un chien adulte exposé au milieu extérieur. ❚ La prévalence hivernale, proche de celle de l’automne et largement supérieure à celle de l’été est une donnée nouvelle.
CANINE - FÉLINE 43 - Mise en culture (2 prélèvements du sang prélevé par chien) et enrichissement 295
- Frottis et I.F.I.
140 (14%)
14 (33%) 60 (20%)
37
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 305
conduite à tenir
diagnostique et thérapeutique lors d’hémobartonellose chez le chat
Deux types d’hémobartonelles sont rencontrés chez le chat*. Le plus virulent est responsable d’anémie hémolytique. Quels examens réaliser et quel traitement mettre en œuvre face à cette affection ?
L
e chat peut être l’hôte principal ou accidentel et le réservoir d’agents pathogènes transmis par des arthropodes vecteurs. ● Parmi ces agents pathogènes, le plus fréquent est un parasite de l’hématie, l’hémobartonelle, susceptible d’induire une anémie hémolytique, encore appelée anémie infectieuse féline. L’appartenance de cet agent, autrefois dénommé Hæmobartonella felis, à l’ordre des Rickettsies (famille des Anaplasmataceæ) a été révisée. Il est désormais rattaché aux Mycoplasmes (encadrés 1, 2, tableau). ● Cet article décrit les moyens diagnostiques et la conduite à tenir devant une hémobartonellose féline (figure).
Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter l’hémobartonellose chez le chat.
1
Ictère franc chez un chat qui présente une anémie hémolytique en relation avec une hémobartonellose (photo Médecine interne, E.N.V.L.).
Après une période d’incubation moyenne de 6 à 17 jours, la maladie peut évoluer sur un mode aigu ou chronique, alors que de nombreux animaux restent de simples porteurs asymptomatiques. ● Les principaux signes cliniques rencontrés sont un abattement, une hyperthermie, une pâleur des muqueuses accompagnée d’un ictère plus ou moins prononcé (photo 1), une splénomégalie et des signes respiratoires (tachypnée, dyspnée). ●
lors d’hémobartonellose féline Signes cliniques - Ictère +/- prononcé - Anémie modérée à sévère
Diagnostic Caractériser l’anémie - Anémie hémolytique (périphérique, plus ou moins intense) - Caractère régénératif non systématique
NOTE
PATHOGÉNICITÉ ET EXPRESSION CLINIQUE
Figure - Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique
- Abattement - Hyperthermie - Pâleur des muqueuses
Luc Chabanne Unité de médecine interne et laboratoire d’hématologie clinique Département des animaux de compagnie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Mettre en évidence le parasite - Frottis sanguin :
➥ effectuer le frottis avant de mettre en œuvre
le traitement et immédiatement après la prise de sang
➥ multiplier les prélèvements
- P.C.R. (“Polymerase chain reaction”) :
* Un 3e type d’hémobartonelles, dénommé provisoirement Candidatus Mycoplasma turicensis, vient d'être très récemment décrit [Willi B, Boretti FS, Baumgartner C et al. Prevalence and clinical importance of the two known and a third novel feline hemoplasma species in cats in Switzerland. Proc. 15th ECVIMCA Congress, Glasgow, 2005:203.
Essentiel ❚ Après une période d’incubation moyenne de 6 à 17 jours, l’hémobartonellose peut évoluer sur un mode aigu ou chronique. ❚ Les principaux signes cliniques rencontrés sont : - un abattement ; - une hyperthermie ; - des muqueuses pâles ; - un ictère plus ou moins prononcé ; - une splénomégalie ; - des signes respiratoires.
➥ méthode de choix ➥ permet la reconnaissance différentielle
de M. hæmofelis et de M. hæmominutum
➥ permet d’apprécier la charge parasitaire
FÉLINE Traitement - Tétracyclines : doxycycline, 5 à 10 mg/kg, 1 ou 2 fois/j pendant 3 semaines - Corticoïdes : prednisone ou prednisolone, 2 mg/kg, 2 fois/j pendant 2 à 3 j, puis 1 mg/kg 2 fois/j, pendant 1 semaine, puis diminution progressive
43
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 311
observation clinique hémobartonellose chez un chat
Jean-Pierre Beaufils Clinique vétérinaire Route de Salinelles 30250 Sommières
Cette observation clinique décrit le cas d’un chat atteint d’hémobartonellose. Le frottis sanguin a permis d’établir le diagnostic et de proposer un traitement efficace.
Objectif pédagogique
U
Motifs de consultation
n chat européen mâle, âgé d'un an et demi, non vacciné, est présenté en consultation pour un abattement, une anorexie, une adipsie et des vomissements depuis quatre jours. ● Quelques heures avant la consultation, l'animal a présenté un épisode convulsif.
Diagnostiquer l’hémobartonellose féline et proposer un traitement adapté.
❚ Abattement, anorexie, adipsie et vomissements depuis quatre jours. ❚ Un épisode convulsif avant la consultation.
1
Aspect du chat lors de la 1re consultation : un abattement et une procidence de la membrane nictitante sont notés (photos J.-P. Beaufils).
L’EXAMEN CLINIQUE L'examen clinique montre une déshydratation, une procidence de la membrane nictitante (photo 1), une peau et des muqueuses très pâles (photos 2, 3). ● La température rectale est de 40,8°C. ● Afin d’explorer l’anémie (caractère régénératif ou non, hématies anormales, …), et l’hyperthermie (anomalies de la lignée blanche, présence d’agents infectieux ou de parasites, …), une numération sanguine, avec examen du frottis sanguin, est réalisée.
Hypothèses diagnostiques
●
❚ FeL.V., F.I.V. ❚ Hémobartonellose, ehrlichiose. ❚ Affection à l’origine d’une anémie. 2
Aspect de l’oreille du chat lors de la 1re consultation : blancheur de la peau.
NOTES * Test S.N.A.P. Fe.L.V.-F.I.V.®, Idexx. ** C.E.R.I., 8, rue de Saintonge, 75003 Paris.
LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ET LE DIAGNOSTIC ● Le frottis sanguin montre une polychromatophilie et une anisocytose des hématies, avec de nombreux corps de Howell-Jolly. À la surface des hématies, la présence de très nombreuses granulations basophiles de petite taille, en forme de coques ou de bâtonnets est également notée : il s’agit d’hémobartonelles (photo 4). ● La numération sanguine révèle une anémie marquée, et une thrombopénie (tableau). ● Les recherches d'antigènes du virus leucémogène félin (Fe.L.V.), et d'anticorps pour le virus de l'immunodéficience féline (F.I.V.)* et pour Ehrlichia canis**, sont négatives. ● Un diagnostic d’hémobartonellose est établi.
LE TRAITEMENT ET LE SUIVI Le chat reçoit des injections intra-musculaires de dexaméthasone (0,8 mg) et d'oxy-
●
Essentiel ❚ Les hémobartonelles sont sans doute transmis de chat à chat lors de piqûres d’arthropodes, et par morsure lors des bagarres.
3
Aspect du chat lors de la 1re consultation : pâleur des muqueuses : conjonctive oculaire et membrane nictitante.
tétracycline (50 mg), suivies par 18 jours de doxycycline per os, à la dose de 10 mg/kg/j. ● L’animal nous est à nouveau présenté 15 jours plus tard : les propriétaires nous signalent qu’il a retrouvé sa forme habituelle et qu’il mange normalement. La température rectale est de 38,6°C et les muqueuses sont roses.
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FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 315
observation clinique une ehrlichiose chez un chat
Cet article décrit un cas d’ehrlichiose à Ehrlichia canis chez un chat. Cette affection, mal connue chez le chat, peut désormais être diagnostiquée par P.C.R. et son pronostic clinique est bon, sous réserve d’un traitement adapté.
U
n chat européen mâle castré, âgé de trois ans, régulièrement vacciné contre le typhus, le coryza, la chlamydiose et le Fe.L.V., est présenté à la clinique pour une boiterie de l’antérieur droit. ● Ce chat boite depuis deux semaines, et cette boiterie peut aller jusqu’à la suppression d’appui. ● Par ailleurs, l'animal est en bon état général.
2e VISITE TROIS SEMAINES PLUS TARD : UNE BOITERIE IMPORTANTE avec suppression d'appui Une boiterie importante, avec suppression d’appui, réapparaît après l’arrêt de l’acide tolfénamique et le chat nous est présenté à nouveau trois semaines plus tard. ● Une douleur des doigts et du coude droits est mise en évidence, mais aucune anomalie n'est constatée sur les radiographies de ces différentes régions. ● L'animal reçoit une injection de dexaméthasone par voie intramusculaire (0,8 mg) suivie de dix jours d’acide tolfénamique per os (4 mg/kg/j) afin de supprimer une éventuelle inflammation musculaire ou tendineuse. ●
Clinique vétérinaire Route de Salinelles 30 250 Sommières
Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter l’ehrlichiose féline.
1
Motif de consultation
Inclusions cytoplasmiques dans deux lymphocytes, chez un Persan mâle de cinq ans, positif au 1/320 pour E. canis. Ces inclusions ressemblent à celles observées chez les chiens infectés par E. canis (sang, diff quik, x 1000).
❚ Boiterie du membre antérieur droit.
Noyau cellulaire
Hypothèses diagnostiques
Inclusions cytoplasmiques
❚ Trauma ❚ Polyarthrite à médiation immune ❚ Polyarthrite infectieuse
1re VISITE : BOITERIE DE L'ANTÉRIEUR DROIT ● L'examen clinique, et en particulier la manipulation de la patte, ne révèlent aucune anomalie. ● La douleur est attribuée à une cicatrice du coussinet central, due selon les propriétaires à une ancienne brûlure. ● Un pansement est mis en place sur la lésion, et de l’acide tolfénamique à la dose de 4 mg/kg/j est administré en injection souscutanée, puis per os, pendant une semaine.
Jean-Pierre Beaufils
Cytoplasme
3e VISITE SIX SEMAINES PLUS TARD : UNE BOITERIE INTERMITTENTE de l'antérieur droit et du postérieur gauche
Essentiel
La boiterie persistant par intermittence, le chat nous est à nouveau présenté six semaines plus tard (soit neuf semaines après la première consultation). ● En outre, une boiterie du postérieur gauche est apparue : le jarret est enflé, et douloureux à la pression de la face interne. ● Depuis le début de l’affection, l’animal n’a jamais présenté de baisse de forme ou d’appétit, ni d’hyperthermie. ● Néanmoins, le tableau clinique évoque à présent une maladie générale, et notamment une polyarthrite : un certain nombre d’examens complémentaires sont alors mis en œuvre : - le frottis sanguin montre peu de leucocytes, mais une mononucléose relative avec des inclusions cytoplasmiques de petite taille dans de nombreux lymphocytes ; - des sérologies FeLV et FIV, ainsi que le dosage des anticorps anti-nucléaires, sont négatifs ; ●
51
❚ Le premier cas suspecté d’ehrlichiose féline a été décrit en 1986. ❚ Dans les conditions naturelles, trois espèces peuvent infecter le chat : - Ehrlichia canis ; - Neorickettsia risticii ; - Anaplasma phagocytophilum. ❚ La transmission de l’ehrlichiose féline par les tiques est suspectée.
FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 319
geste chirurgical comment traiter
une hernie diaphragmatique chez le chat
Lors de hernie diaphragmatique chez le chat, les phases pré- et postopératoires et l’anesthésie de l’animal sont surtout difficiles à gérer. Le praticien doit veiller à assurer à l’animal des conditions optimales d’oxygénation.
L
’enjeu du traitement est d’assurer une oxygénation correcte de l’animal durant les manipulations pré-opératoires, l’anesthésie générale, la période de réveil et les toutes premières heures de convalescence [2, 3]. ● Mise à part la dilatation gastrique aiguë intra-thoracique (rarement rapportée chez le chat [3, 6]), la hernie diaphragmatique n’est pas une urgence chirurgicale. ● Une oxygénothérapie pré- et postopératoire, et la réduction maximum du stress (douleur, manipulations) sont les éléments essentiels du traitement. À chacune des étapes thérapeutiques, il convient de se demander si l’animal est dans des conditions optimum d’oxygénation (encadré 1). ● En clair, un animal en dyspnée extrême, stressé par les difficultés qu’il éprouve pour respirer, ne supporte pas la mise en place d’un cathéter (toujours délicate chez un chat, et particulièrement difficile dans ces conditions).
Figure 1 - Position
PiO2 = fiO2x (Pa - PpH2O)
avec : - PiO2 : Pression partielle d’oxygène inspiré ; - fiO2 : Fraction inspirée d’oxygène ; - Pa : Pression absolue du milieu ; - Pp H2O : Pression partielle de vapeur d’eau. ● À température ambiante, pour une pression atmosphérique de 750 mmHg : - fiO2 = 21 p. cent - PiO2 = 150 mmHg ● Le principe de l’oxygénothérapie est d’augmenter la PiO2 en enrichissant en oxygène les gaz inspirés, c’est-à-dire d’augmenter fiO2. En augmentant la fiO2 de 20 p. cent à 40 p. cent, la PiO2 est multipliée par deux.
*36 rue Réaumur 75003 Paris **Clinique Frégis, service de chirurgie 43, avenue Aristide-Briand 94110 Arcueil
de la sonde nasale à oxygène : représentation schématique d’une tête de chat illustrant le passage d’une sonde nasale d’oxygénation
Objectif pédagogique
Boîte crânienne
Traiter une hernie diaphragmatique chez le chat.
Sinus frontaux Cavités nasales Entrée de la narine
Geste
Palais dur Cavité buccale Palais mou
Le trajet de la sonde est représenté par le trait bleu hâchuré : la sonde passe par la narine, suit le méat nasal ventral, pour s’arrêter à l’entrée du nasopharynx (choanes).
L’OXYGÉNATION : UN PRÉALABLE NÉCESSAIRE La 1re chose à faire est de placer le chat dans une cage à oxygène, au calme et sous surveillance. Souvent, cette seule manœuvre suffit, après une période de quelques dizaines de minutes, pour retrouver un rythme respiratoire plus régulier, un animal moins stressé et plus facile à manipuler. ● Une oxygénothérapie pré-opératoire de 12 à 24 heures est recommandée [2, 3, 4, 8]. ● Toutes les manœuvres (décompression gastrique à demeure, thoracocentèses pour vidanger un épanchement pleural trop ●
Encadré 1 - L’oxygénothérapie (d’après Hackett [4]) Le principe des échanges gazeux au niveau alvéolaire
Hervé Brissot* Gilles Dupré**
Mise en place pratique L’oxygène peut être administré de différentes façons : - à l’aide d’un masque transparent, ou d’un sac plastique transparent, dans lequel arrive l’oxygène ; - à l’aide d’une sonde nasale qui permet d’obtenir une fiO2 de 40 à 60 p. cent pour un débit administré de 100 ml/kg/min (figure 1). ●
● Les gaz administrés directement après la sortie du conteneur à oxygène sont secs, ils doivent être hydratés après "barbottage" dans des cuves remplies de sérum physiologiques.
❚ Geste chirurgical simple ❚ Équipement performant : - oxygénothérapie lors de l’hospitalisation ; - anesthésie gazeuse ; - monitoring per-opératoire ❚ Surveillance continue de l’animal par un personnel efficace jusqu’à 24 à 48 h postopératoires.
Essentiel ❚ Une oxygénothérapie pré- et postopératoire, et la réduction maximum du stress sont les éléments essentiels du traitement de la hernie diaphragmatique. ❚ L’anesthésie, surtout la période d’induction, est l’étape la plus critique du traitement chirurgical de la hernie. ❚ Le risque de complication associé à l’apparition d’un œdème pulmonaire persiste plus de 24 heures après la fin de l’intervention.
FÉLINE
À défaut, l’administration directe de sérum dans la trachée est recommandée (1 à 5 ml toutes les heures).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 323
nutrition
la nutrition postopératoire chez le chien et le chat Le chat comme le chien, quel que soit son âge, son état général et le traitement médico-chirurgical, doit être nourri dès que possible en période postopératoire. Cet article présente les modalités pratiques de la nutrition du chien et du chat après une intervention chirurgicale.
L
e débat sévit encore entre les attentistes et les défenseurs de l’alimentation postopératoire précoce. Pourtant, aucun organisme vivant, a fortiori traumatisé, ne gagne à ne pas être alimenté. Ainsi, le chat comme le chien, quel que soit son âge, son état général et le traitement médico-chirurgical, doit être nourri dès que possible en période postopératoire. L’alimentation précoce permet [1, 8, 9, 10, 11] : - de conserver l’intégrité de la muqueuse digestive ; - de lutter contre le stress métabolique ; - de maintenir la fonction immunitaire ; - de favoriser la cicatrisation (encadré ciaprès). Aussi, nous nous proposons d’envisager quand nourrir l’animal en phase postopératoire, quel aliment choisir, quelle quantité, quel rythme de distribution recommander et que faire si l’animal est anorexique ?
L’alimentation postopératoire permet de :
1. couvrir les besoins nutritionnels pour lutter contre le stress et le catabolisme protéique ;
2. de limiter les risques d’iléus post-chirurgical ; 3. de conserver la fonctionnalité digestive. En effet, la muqueuse intestinale se nourrit principalement à partir du contenu digestif. Ainsi, une anorexie entraîne une abrasion de la muqueuse, soit une diminution rapide des capacités de digestion (sécrétion et absorption) et un affaiblissement de la fonction de barrière immunitaire du tube digestif. Ces faiblesses créent un risque de translocation bactérienne et d’entérotoxémie mortelle.
Nutrition clinique E.N.V.A. 7, avenue du Général-De-Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Objectif pédagogique Réalimenter un chien ou un chat juste après une opération.
1
Chez ce chat anorexique souffrant d’un syndrome urologique félin, une sonde naso-œsophagienne a été posée pour permettre une alimentation précoce (photo G. Blanchard).
QUAND NOURRIR L’ANIMAL EN PHASE POSTOPÉRATOIRE ? Si tout le monde s’entend sur le principe de réalimenter l’animal dès que possible, il n’en est pas de même pour l’interprétation du "dès que possible"! ● La réponse préconisée est la suivante : l’animal est nourri dès qu’il est capable de déglutir, c’est-à-dire à son réveil (décubitus sternal) (photo 1). Cette recommandation est valable également pour la chirurgie digestive, quel que soit le niveau d’intervention, tant chez l’être humain que chez l’animal [6]. Lorsque cette reprise est contre-indiquée (lors d’intervention chirurgicale sur l’œsophage par exemple), une sonde est posée en aval du site opératoire (sonde gastrique dans l’exemple cité). ● C’est seulement en cas de vomissements ●
pourquoi nourrir rapidement l’animal opéré ? ●
Laurence Colliard Géraldine Blanchard
Essentiel ❚ En phase postopératoire, il est recommandé de nourrir l’animal dès qu’il peut déglutir. ❚ L’alimentation postopératoire a pour objectif : - de couvrir les besoins nutritionnels ; - de limiter les risques d’iléus post-chirurgical ; - de conserver la fonctionnalité digestive. ❚ En cas de vomissements incoercibles, la reprise de l’alimentation peut être retardée chez le chien. ❚ Corriger toute anomalie hydro-électrique ou acido-basique avant de réalimenter l’animal.
● Lors d’anorexie, l’énergie est fournie par les glucides (réserves hépatiques de glycogène) et les graisses de réserve (en fonction de l’état d’embonpoint de l’animal), mais aussi par les protéines corporelles [5]. L’utilisation de ces réserves et des protéines corporelles ont pour conséquences de compromettre la vie de l’animal (cf. encadré Que faire si l’animal est anorexique ?) (photo 2) [3, 12].
Partenariat
Remarque Chez le chat, un jeûne prolongé peut induire une lipidose hépatique. Le risque est plus important chez les animaux obèses.
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 327
immunologie
Gilles Bourdoiseau* Delphine Grezel**
les phénomènes de cyto-adhérence et de séquestration
* Unité de parasitologie Maladies parasitaires ** Unité d’immunologie - Microbiologie Pathologie infectieuse - Épidémiologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Comprendre le mécanisme immunologique des phénomènes de cyto--adhérence et de séquestration lors de babésiose canine.
Lors de babésiose canine, la présence d’antigènes parasitaires sur des hématies non parasitées et les phénomènes de cyto-adhérence et de séquestration expliquent certaines manifestations cliniques atypiques et graves. Pour la prévention et le traitement, il est important de comprendre leur mécanisme immunologique.
L
es manifestations cliniques des babésioses sont nombreuses, parfois atypiques et surprenantes (encadré 1). Certaines d’entre elles reposent sur des mécanismes pathogéniques immunologiques complexes découverts grâce à des infections expérimentales et à la biopathologie comparée. La babésiose et le paludisme présentent en particulier certains mécanismes pathogéniques proches. ● Ces mécanismes expliquent que l’hémolyse observée lors de babésiose ne concerne pas seulement les hématies parasitées et que l’anémie n’est pas exclusivement provoquée par l’hémolyse.
Essentiel ❚ Lors de babésiose, les antigènes parasitaires fixés sur la membrane des hématies non parasitées aggravent l’anémie. ❚ Un phénomène de séquestration proche de celui du neuropaludisme humain peut être observé lors de babésiose canine.
Partenariat
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 330 - AOÛT / SEPTEMBRE 2005
UNE HÉMOLYSE MASSIVE due à la destruction anticorps-dépendante d’hématies non parasitées Dans certains cas, l’hémolyse observée est plus importante que celle qui correspondrait à la lyse des seules hématies parasitées. Elle n’est donc pas seulement due à la destruction des hématies lors du cycle parasitaire (< 0,1 p. cent des hématies sont parasitées). ● L’hémolyse est médiée par des anticorps anti-Babesia qui détruisent les hématies recouvertes d’antigènes parasitaires. Ainsi, lorsqu’on administre à un lapin des hématies bovines parasités par Babesia bovis, des anticorps anti-hématies et des anticorps anti-Babesia sont identifiés quelques jours plus tard dans le sérum. Si on élimine les anticorps antihématies de ce sérum par complexation sur des hématies de bovin normales, ce sérum modifié (qui contient encore des anticorps anti-Babesia) détruit in vitro des hématies parasitées, mais également des hématies d’un bovin parasité, puis traité : par conséquent, ●
62
Encadré 1 - Les manifestations cliniques de la babésiose et leur mécanisme ● Certaines
manifestations observées lors de babésiose spontanée, en particulier non compliquée, reposent sur des mécanismes pathogéniques démontrés : - l’hémolyse intravasculaire des hématies parasitées aboutit à une hémoglobinémie. L’hémoglobine ainsi libérée métabolisée est ensuite dégradée et éliminée sous forme de bilirubine dans les urines : la bilirubinurie est systématique lors de babésiose ; - l’hémolyse extravasculaire (en particulier splénique, d’où la splénomégalie) repose sur une érythrophagocytose. ● Toutefois,
une corrélation ou une proportion est rarement observée entre l’intensité des symptômes, la modification de certaines valeurs biologiques comme l’hématocrite, et la parasitémie : lors de babésiose spontanée comme expérimentale, une anémie intense peut être associée à une parasitémie faible. De simples phénomènes mécaniques (augmentation de la pression intra-érythrocytaire, libération des parasites de l’hématie au terme de leur division) ne suffisent pas à interpréter l’anémie : la séquestration, l’hypotension et le dépôt d’antigènes parasitaires sur des globules rouges non parasités expliquent en partie cette anémie et certaines manifestations observées lors de babésiose compliquée.
les hématies, apparemment saines présentent encore des antigènes parasitaires à leur surface (figure 1). ● L’anémie observée chez l’animal “babésien”, aussi bien dans les maladies bovines que canines, peut s’expliquer, avec d’autres phénomènes, par l’implication des antigènes parasitaires circulants, puis fixés sur la membrane érythrocytaire, sans relation directe avec l’importance de la parasitémie. La production d’anticorps contre certains antigènes parasitaires, plus ou moins importante selon les individus, peut donc être un facteur d’aggravation de la maladie. DES FORMES CLINIQUES GRAVES, EN PARTICULIER CÉRÉBRALES dues à la séquestration des hématies ● Des formes cliniques et des mécanismes similaires au phénomène de séquestration
Texte : Gilles Bourdoiseau, Delphine Grezel Dessin : Frédéric Mahé Les manifestations cliniques des babésioses sont nombreuses, parfois atypiques et surprenantes ; certaines d’entre elles reposent sur des mécanismes pathogéniques d’ordre immunologique découverts grâce à des infections expérimentales et à la biopathologie comparée.
Une comparaison utile peut être faite avec le paludisme humain, dû à Plasmodium falciparum, et qui présente de nombreux points communs avec les babésioses. Ouais, enfin, faut pas nous confondre quand même !
On serait tenté d’attribuer la cause de l’hémolyse uniquement aux parasites (Babesia). Or, seulement 0,1 % des hématies sont parasitées…
On va pas tout nous coller sur le dos, quand même !
Les phénomènes décrits maintenant ne sont pas strictement et parfaitement démontrés lors de babésiose canine, mais des arguments laissent envisager une séquestration érythrocytaire par adhérence des globules rouges aux cellules épithéliales de capillaires viscéraux.
Les hématies humaines parasitées par certaines souches de P. falciparum peuvent présenter en surface des protubérances (" knobs ").
Ces phénomènes qui peuvent être en partie extrapolés du paludisme aux babésioses constituent des pistes thérapeutiques et prophylactiques. La compréhension de ces phénomènes n’est pas que spéculation intellectuelle et pourrait ouvrir des perspectives de lutte rendues urgentes devant la gravité de certains syndromes et l’émergence de chimiorésistances. Ces protubérances peuvent se détacher…
… et se fixer sur d’autres hématies non parasitées et sur des récepteurs des cellules endothéliales de capillaires viscéraux, en particulier cérébraux. Regardez : j’ai rien demandé à personne, et voilà la tête que j’ai, maintenant… Ben et moi, alors…
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 333
Il en résulte la formation d’agglomérats d’hématies parasitées et non parasitées.
D’où le phénomène de c y t o - a d h é re n c e .
Ceci aggrave l’anémie par la séquestration de globules rouges"pris au piège".
Eh ! Tu colles !
Sortez-moi de là ! Je suis innocent !
Rappelons que l’hémolyse peut aussi être d’origine mécanique…
…ou immunologique : les anticorps dirigés contre les antigènes parasitaires s’attaquent aux hématies circulantes porteuses d’antigènes, provoquant une hémolyse.
Moi non plus, j’ai rien fait !
Le parasite pourrait ainsi parasiter plus facilement d’autres globules rouges (notion de "prolifération locale").
Les agglomérats peuvent devenir de véritables thrombus oblitérant les vaisseaux et entraînant une hypoxie tissulaire.
T’as vu les deux gros à côté ? On se les fait ?
Ces agglomérats de globules rouges induiraient les mêmes conséquences que celles du neuropaludisme.
Par exemple, l’administration par voie intraveineuse d’héparine restaure l’hématocrite, mais simultanément elle provoque une augmentation d’au moins 10 fois la parasitémie : cela démontre l’interruption du phénomène de coagulation impliquant hématies parasitées et non parasitées.
L’anémie observée chez l’animal «babésien», sans relation directe avec l’importance de la parasitémie peut donc s’expliquer, avec d’autres phénomènes, par l’implication des antigènes parasitaires circulants, puis fixés sur la membrane érythrocytaire. En gros, les babésia, elles ont tout copié sur nous, faut pas oublier de le remarquer…
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 334 - AOÛT / SEPTEMBRE 2005
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Ouais, copié, c’est rien de le dire…
principe actif l’imidocarbe
Hervé Pouliquen Unité de pharmacologie et toxicologie E.N.V.N. Atlanpole - La Chantrerie, B.P. 40706, 44307 Nantes cedex 03
L
’imidocarbe est un protisticide de la famille des diamidines aromatiques. . Il est surtout indiqué par voie sous-cutanée ou intramusculaire dans le traitement et la prévention de la babésiose. Il est aussi préconisé dans le traitement d’autres affections, notamment l’ehrlichiose canine et l’anémie infectieuse féline. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique
La résorption sous-cutanée et intramusculaire de la solution aqueuse d’imidocarbe est rapide et complète ; la concentration plasmatique maximale est atteinte en 30 min environ. Comme toutes les bases faibles liposolubles, l’imidocarbe a une distribution intracellulaire, et subit le phénomène de piégeage ionique intracellulaire. ● Les concentrations les plus élevées sont atteintes dans le foie et dans les reins. ● L’imidocarbe subit des biotransformations hépatiques limitées. Il est surtout éliminé par les urines. ● Sa demi-vie d’élimination plasmatique est d’environ 4 h, avec une élimination de 80 p. ●
PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES ● Dénomination chimique : N, N’-Bis[3-(4,5-dihydro-1H-imidazol-2-yl)phényl]urée ● Dénomination commune internationale : Imidocarbe ● Nom commercial : Carbésia® ● Structure et filiation : L’imidocarbe, comme la phénamidine et la pentamidine, appartient à la famille des diamidines aromatiques. Il possède une structure symétrique qui comprend deux groupements amidines inclus dans un hétérocycle. Chacun de ces groupements est porté par un noyau phényle. ● Caractéristiques : - L’imidocarbe est soluble dans les solvants organiques apolaires et polaires, et très peu soluble dans l’eau. - L’imidocarbe présente un caractère basique (pKa d’environ 10 à 11) qui lui est conféré par la présence de deux groupements amidines.
cent de la dose en 8 h environ ; les 20 p. cent restant s’éliminent lentement de l’organisme, ce qui confère à l’imidocarbe une action piroplasmicide préventive. Celle-ci se maintient pendant environ 4 à 6 semaines après l’administration.
Classe pharmacologique - Protisticide ou antiprotozoaire
Pharmacodynamie Effets protisticides ● Le mécanisme d’action protisticide de l’imidocarbe est imparfaitement connu. - Il agirait surtout en se combinant avec les acides nucléiques de l’ADN des protozoaires sensibles, ce qui conduit au déroulement et à la dénaturation de l’ADN. Cette lésion irréversible de l’ADN inhiberait sa réparation et sa réplication, et conduirait à la mort des protozoaires. - Il agirait aussi en inhibant la glycolyse aérobie des protozoaires sensibles, glycolyse qui a pour substrat le glucose de l’hôte. ● Il possède un spectre d’activité large dirigé principalement contre Babesia sp., mais aussi Ehrlichia sp., Hepatozoon canis, Cytauxzoon felis, Mycoplasma hæmofelis et Mycoplasma hæmominutum.
Indications ❚ Traitement et prévention de la babésiose. ❚ Traitement de l’ehrlichiose canine. ❚ Traitement de l’anémie infectieuse féline.
Figure - Structure de l’imidocarbe
Essentiel
Cette propriété permet la préparation d’un sel, le dipropionate, soluble dans l’eau, assez soluble dans les alcools et insoluble dans les solvants organiques apolaires (éther, acétone). - Les solutions aqueuses sont légèrement acides (pH d’environ 5 à 6). - La solution de dipropionate d’imidocarbe doit être conservée entre 2 et 25°C, à l’abri de la lumière. Par ailleurs, elle est instable en milieu alcalin en raison d’une dénaturation des fonctions amidines à un pH supérieur à 7.
❚ Une seule administration suffit pour le traitement de la babésiose canine. ❚ L’imidocarbe possède une action piroplasmicide préventive. ❚ L’imidocarbe possède de moindres effets indésirables que les autres molécules de la même famille.
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE AOÛT / SEPTEMBRE 2005 - 335
N.A.C.
les zoonoses
Didier Boussarie
transmises à l’Homme par les reptiles et les poissons Le risque de transmission de maladies des reptiles et des poissons à l’Homme est principalement représenté par les animaux sauvages prélevés dans leur milieu naturel. Cet article présente les différentes zoonoses bactériennes et parasitaires présentes chez ces animaux et les précautions à prendre.
E
n France, les principales maladies transmises à l’Homme par les reptiles sont des affections bactériennes : la salmonellose et la tuberculose. Chez les poissons, les zoonoses rencontrées sont la tuberculose, qui affecte surtout les poissons d’ornement issus d’élevages, et le Rouget, pour lequel les poissons sont porteurs sains. Quelques précautions simples peuvent être prises afin d’éviter la transmission à l’Homme (encadré). LES ZOONOSES TRANSMISES PAR LES REPTILES
● Les reptiles sont porteurs de nombreux agents pathogènes susceptibles d’infecter ou d’infester les êtres humains et ils sont les vecteurs potentiels de diverses zoonoses. ● Les reptiles peuvent présenter un danger par l’animal lui-même ou par son milieu de vie, notamment par l’eau qui peut être contaminée par des germes pathogènes. ● La provenance géographique de l’animal est aussi très importante : - des N.A.C. issus d’élevage, ou élevés par des particuliers présentent a priori un risque de zoonose faible ; - le risque est en revanche beaucoup plus important pour les spécimens sauvages prélevés dans leur milieu naturel.
Les zoonoses bactériennes La salmonellose ● La salmonellose est la plus fréquente des zoonoses transmises par les reptiles. ● Elle se présente sous deux aspects chez l’Homme : la salmonellose non typhoïdique et la fièvre typhoïdique.
Clinique vétérinaire Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
Objectif pédagogique Prévenir la transmission des zoonoses par les reptiles et les poissons.
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Iguane vert (Iguana iguana) : près de 90 p. cent des reptiles détenus en captivité sont porteurs asymptomatiques de divers sérotypes de salmonelles qu’ils excrètent de manière inconstante dans leurs déjections (photos D. Boussarie).
- L’incidence des reptiles dans les salmonelloses humaines doit être relativisée, dans la mesure où ces dernières sont d’origine alimentaire dans 80 p. cent des cas. - Cependant près de 90 p. cent des reptiles détenus en captivité sont porteurs asymptomatiques de divers sérotypes de salmonelles qu’ils excrètent de manière inconstante dans leurs déjections (photo 1). Ces germes saprophytes habituellement bien tolérés chez les reptiles détenus dans de bonnes conditions peuvent aussi provoquer des maladies chez les sujets fragilisés : cœlomites, gastro-entérites, pneumopathies, moycardites. ● Les reptiles seraient responsables de 3 à 5 p. cent des cas de salmonellose diagnostiqués aux États-Unis et les tortues aquatiques représentent le risque principal (photo 2). Sur les quelque deux millions de cas de salmonellose humaine répertoriés chaque année aux États-Unis entre 1963 et 1974, 280 000 l’ont été sur des enfants de moins de 10 ans possédant une tortue aquatique, ce qui représente une incidence de 14 p. cent. L’interdiction de vente des tortues dites “de Floride” dont le plastron mesure moins de 10 cm à permis une diminution de 77 p. cent des cas de salmonellose induite par ces tortues. L’excrétion de salmonelles semble supérieure au cours des trois premières années de la vie de l’animal. ● L’importation des tortues de Floride est réglementée en France depuis septembre 1993, et totalement interdite depuis septembre 1997.
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Tortue de Floride : les tortues aquatiques représentent le principal risque de transmission de salmonelles à l’Homme.
Essentiel ❚ La salmonellose est la zoonose la plus fréquemment transmise à l’Homme par les reptiles. ❚ L’importation des tortues de Floride est interdite en France depuis septembre 1997. ❚ La tuberculose peut être transmise à l’Homme par les reptiles par morsure, ou par inhalation de sécrétions buccales ou respiratoires.
RUBRIQUE
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marketing
Philippe Baralon
de l’examen de santé annuel Figure - Les différents éléments
Cet article décrit comment définir et utiliser l’examen annuel de santé pour garantir une meilleure santé à l’animal et fidéliser son propriétaire.
de l’activité des entreprises vétérinaires
L’EXAMEN ANNUEL DE SANTÉ : UN HYPERTYPE La problématique générale de la médicalisation récurrente vient d'un paradoxe : ces actes semblent dénués d'enjeu technique, au sens classique du terme. Ils ont donc du mal à mobiliser l'attention de praticiens dont la culture s’oriente plutôt vers la performance technique. ● Pourtant, ces services, qui représentent plus de 40 p. cent des contacts d'un client fidèle avec sa clinique, fondent la confiance qui se crée entre les deux. Ils constituent une chaîne de médicalisation qui, lorsqu’elle s'interrompt, ne se renoue presque jamais : l'animal ne fréquente alors la clinique qu'en cas de problème médical assez installé et visible pour mobiliser le propriétaire et l'inci●
Objectif pédagogique
Services spécialisés Gestion des aléas
L
a relation entre un propriétaire de chien ou de chat et son vétérinaire repose sur un enchaînement continu d'actes simples, du plus jeune âge de l'animal jusqu'à la fin de la vie : la consultation d'achat, les consultations pédiatriques, puis la consultation pubertaire chez le jeune, l’éventuelle stérilisation, les examens annuels de santé de l'adulte, les examens annuels de santé approfondis du senior, les consultations gériatriques, puis l’euthanasie chez l'animal âgé. ● Le processus de médicalisation récurrente constitue la base de la fréquentation de la clinique. Sur cette base se développent ensuite les autres éléments de la relation : - la gestion des aléas médicaux et chirurgicaux ; - la vente de médicaments et d'aliments ; - puis les actes spécialisés (figure). ● Cette relation n'est pas fondée sur une image mais correspond à une réalité économique : plus la médicalisation récurrente est solide - c'est-à-dire continue et perçue de façon positive par le propriétaire -, plus les autres services et les produits de la clinique intéressent le client.
Phylum BP 17530 31675 Labège cedex
Pharmacie
Bien médicaliser les jeunes adultes. Petfood
Médicalisation Médicalisation récurrente récurrente
ter à prendre un rendez-vous. Au sein de cette chaîne de médicalisation, l'examen annuel de santé de l'adulte représente un hypertype, pour des raisons techniques et historiques.
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Des raisons techniques ● Sur le plan technique, les consultations pédiatriques sont l'occasion de mettre en place les bons comportements du propriétaire. Les examens annuels de santé approfondis du senior permettent de surveiller l'apparition ou l'évolution des maladies chroniques qui se développent à un âge avancé [1]. ● L'examen annuel de santé s'adresse pour sa part à un jeune adulte qui, la plupart du temps, respire la santé et l’énergie.
Des raisons historiques Sur le plan historique, l’examen de santé s'est organisé autour de la vaccination : une simple injection vaccinale puis, très vite, une consultation vaccinale [2]. ● Cette origine constitue à la fois une chance et une limite : - une chance, car la prévention des maladies infectieuses, loin de se résumer à un rite dont les motifs auraient disparu, représente un enjeu toujours d'actualité, tant pour la santé animale que pour la santé publique ; - une limite, parce que la vaccination ne saurait résumer la richesse du contenu de l'acte : seule, elle peine à inciter le propriétaire à ne pas interrompre la chaîne de médicalisation. ●
Essentiel ❚ Le processus de médicalisation récurrente constitue la base de la fréquentation de la clinique ❚ La médicalisation des adultes ne peut reposer seulement sur la vaccination. ❚ L’intérêt de l’examen annuel d’un animal en bonne santé n’est pas toujours évident pour le propriétaire. ❚ La qualité d'un examen annuel de santé n'est pleinement intéressante que si elle est perçue par le propriétaire. ❚ Préférer l’expression "examen de santé annuel" au terme "vaccination".
TROIS OBJECTIFS À IDENTIFIER Pour aborder d’une façon efficace un acte aussi simple mais aussi important que l'examen annuel de santé, il importe d'abord de
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témoignage
un protocole rigoureux pour l’examen de santé annuel Les résultats positifs de notre expérience nous incitent à vous faire partager le protocole que nous avons mis en place pour l’examen annuel de santé, dans notre clientèle.
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’examen annuel de santé de l’animal a pour origine le rappel annuel de vaccination. Dans notre clinique, nous avons fait le constat qu’il était indispensable de demander à nos clients de venir en consultation, une fois par an, pour un autre motif qu’une simple “injection de vaccin” afin d’éviter notamment la non vaccination de l’animal âgé. L’examen annuel de santé est d’autant plus important pour le propriétaire que son animal est âgé. ● Comme nous travaillons à plusieurs confrères, nous avons décidé de mettre en place un protocole rigoureux, systématique et écrit pour cet acte. ● Lors de cet examen, le contact avec les clients est très important, d’autant qu’il peut être le seul de l’année. En l’absence de maladie ou de danger pour la santé de l’animal, la consultation se déroule comme une visite habituelle, en principe sans stress pour le propriétaire.
1. Lire la fiche de l’animal avant la consultation Avant tout, il est primordial d’avoir pris connaissance, avant la consultation, de la fiche de l’animal pour lequel nous effectuons l’examen (photo 1), afin de prendre des nouvelles : - d’une affection existante ; - d’un accident qui aurait pu avoir eu lieu au cours de l’année écoulée et être traité par l’un des vétérinaires de notre clinique. ● Dès le début de la consultation, il est important que le client se sente reconnu et comprenne que l’information circule entre les confrères et au sein de l’équipe soignante. ●
2. Contrôler le poids de l’animal L’animal est pesé à son arrivée à la clinique et son poids est inscrit sur sa fiche. ● L’évolution du poids depuis la dernière visite est contrôlée. ●
Jean-Jacques Bynen Clinique vétérinaire des Vignes 2, rue Bourgelat 21200 Beaunes
Jean-Jacques Bynen (Liège 1987), Élodie Barbier (Lyon 1998), Maud Jouary (Lyon 1999) et Sandra Renard (Liège 2004), insistent, dans la pratique de l’examen annuel de santé, sur les relations de confiance avec le client au profit d’une meilleure santé de l’animal.
3. Interroger le client Il convient ensuite d’interroger le client pour avoir connaissance, le cas échéant, d’une affection ou d’un accident survenu en vacances ou dans d’autres circonstances, qui auraient conduit le client à consulter auprès d’un autre praticien vétérinaire. ● Si c’est le cas, il est impératif de compléter la fiche de l’animal pour ne pas oublier l’information recueillie. 4. Réaliser l’examen clinique de l’animal L’examen comporte différentes étapes, dont l’ordre indiffère ; chacun les effectue dans l’ordre qui lui convient : - la lecture du tatouage ou de la puce électronique ; - la prise de la température ; - l’examen de la cavité buccale, des yeux, des oreilles (test fluo si nécessaire, ou examen d’écouvillon des oreilles) ; - la palpation des principaux ganglions en partant de la tête jusqu’aux membres postérieurs ; - l’examen cardiaque ; - l’examen pulmonaire ; - la palpation abdominale ; - l’examen des mamelles ou des testicules ; - l’examen de la peau (contrôle des parasites externes) ; - le contrôle des glandes anales ; - le contrôle des ongles. 5. Réaliser un éventuel examen spécifique Un examen spécifique est réalisé en fonction des dominantes pathologiques de certaines races, par exemple : - l’extension des membres postérieurs, chez le Labrador ; - le contrôle des rotules, chez le Yorkshire. 6. Proposer des examens complémentaires Des examens complémentaires sont proposés si besoin, en fonction de l’âge de l’animal : - une radio de contrôle de dysplasie après 3 ans pour les animaux de races à risque non encore dépistés ; ●
1 Avant la consultation, le vétérinaire (ici Sandra Renard) consulte la fiche de l’animal (photo J.-J. Bynen).
Essentiel ❚ Avant la consultation, le vétérinaire consulte la fiche de l’animal. ❚ L’examen de santé est parfois le seul contact de l’année avec le client, d’où son importance dans la relation entre le propriétaire et le praticien. ❚ La durée maximale de l’examen est de 20 minutes.
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test clinique les réponses
Claire Spilmont * Didier Pin** * 36, avenue de Lauterbourg 69160 Tassin La Demi-Lune ** Unité de dermatologie, E.N.V.L. 1 avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
une adénite sébacée granulomateuse
1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● Ce chien présente un état kératoséborrhéique généralisé, qui se caractérise par la présence de manchons pilaires, associé à des dépilations. ● Les hypothèses diagnostiques sont : - une adénite sébacée granulomateuse : étant donnée la race du chien, c’est l’hypothèse prioritaire ; - une folliculite bactérienne ; - une démodécie ; - une dermatophytose ; - une dysendocrinie : animal âgé, dépilations multifocales ; - une dermatose répondant à la vitamine A. 2 Quel(s) examen(s) complémentaire(s) mettez-vous en œuvre ? ● Des raclages cutanés ne permettent pas de mettre en évidence de Demodex. Un examen à la lampe de Wood est négatif et un trichogramme atteste de l’absence d’élément fongique. ● Les résultats du test de stimulation à l’A.C.T.H. (“adrenocorticotrophic hormon”) et des dosages de T4 (thyroxine) et de T.S.H. (thyréostimuline) permettent d’éliminer l’hypothèse de la dysendocrinie (hypercorticisme et hypothyroïdie). ● L’examen histopathologique de trois biopsies cutanées montre une hyperkératose orthokératosique marquée, épidermique et folliculaire. Le derme ne présente pas de caractère inflammatoire particulier. Une absence complète de glandes sébacées sur l’ensemble des sections est observée (photo 4). ● Le diagnostic d’adénite sébacée granulomateuse en phase chronique est établi (encadré). 3 Quel traitement prescrivez-vous ? ● Le traitement consiste en des shampooings kératolytiques ou kératomodulateurs associés à des réhydratants cutanés (à base de propylène glycol), au minimum deux fois par semaine. L’application des réhydratants cutanés est aussi fréquente que nécessaire. ● Les acides gras essentiels n’apportent en général que peu d’amélioration. ● Les glucocorticoïdes à dose immunosuppressive sont peu efficaces et comportent trop d’effets secondaires pour être conseillés (développement possible d’un hypercorticisme iatrogène avec polyuro-polydipsie, amyotrophie, polyphagie, léthargie, augmentation du risque d’infection).
Encadré - Une affection cutanée rare ● L’adénite
sébacée granulomateuse est une affection cutanée rare chez le chien. Elle se traduit sur le plan histologique par une inflammation granulomateuse ou pyogranulomateuse, centrée sur les glandes sébacées, associée à une destruction progressive de celles-ci. ● Cette dermatose demeure idiopathique ; cependant, quatre explications possibles sont avancées : 1. un défaut structural primaire des glandes sébacées ou de leur canal, qui conduit à une fuite de sébum, donc à une réaction inflammatoire à corps étranger ; 2. une destruction immunologique à médiation immune ou auto-immune ; 3. un trouble de la kératinisation, qui conduit à une obstruction de la glande sébacée et à une inflammation secondaire ; 4. une anomalie du métabolisme lipidique, qui touche à la fois la kératinisation et la pro-
duction sébacée. ● Une prédisposition raciale est reconnue chez le Caniche Royal, l’Akita Inu, le Samoyède, le Braque Hongrois (Vizsla) et le Berger Belge. L’âge moyen d’apparition est de 5 ans. ● Les deux formes cliniques décrites, chez les chiens à poils longs et chez les chiens à poils courts, sont caractérisées par la présence de manchons pilaires. - Les chiens à poils longs présentent des dépilations diffuses associées à un squamosis sévère, à des croûtes et à un poil terne et cassant. Les lésions débutent sur la face, sur les pavillons auriculaires, sur la région dorsale du cou et sur la queue, puis s’étendent sur toute la ligne du dos. - Les chiens à poils courts présentent des zones dépilées multifocales souvent coalescentes et un squamosis modéré. Les lésions ne sont en général pas prurigineuses, sauf si une pyodermite se développe de façon secondaire.
● Si le traitement topique n’apporte pas de résultats satisfaisants, l’utilisation de rétinoïdes de synthèse peut être envisagée. Il semblerait que l’isotrétinoïne soit assez efficace sur les chiens à poils courts et sur le Caniche Royal. La posologie de départ est de 1 mg/kg, deux fois par jour, per os, pendant un mois. Si une amélioration apparaît, la dose est progressivement divisée par deux chaque mois, sans passer en dessous du quart de la dose initiale. Pour les chiens à poils longs, il est conseillé d’utiliser l’acitrétine* à 2 mg/kg, une fois par jour, per os, et de diminuer la dose de la même façon. Toutefois, les rétinoïdes possèdent des effets secondaires (kératoconjonctivite sèche, augmentation des concentrations sériques en triglycérides, hépatotoxicité, vomissements et diarrhée) et sont surtout, de puissants tératogènes. ● Lors d’échecs des rétinoïdes, la ciclosporine A peut être utilisée avec succès à 5 mg/kg/j per os. ● Dans tous les cas, garder à l’esprit que le traitement de l’adénite sébacée granulomateuse permet son contrôle, mais pas sa guérison. Une rémission spontanée est en effet rare, le traitement est donc souvent prescrit à vie. ● Dans le cas de ce chien, une amélioration est notée (repousse du poil, diminution des manchons pilaires) après deux mois de traitement (Paxcutol® 2 fois par semaine et Humiderm® tous les jours). Cependant, une aggravation de l’état kératoséborrhéique est notée un mois après la diminution de la fréquence d’applica❒ tion du shampooing.
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Biopsie cutanée d’un chien atteint d’adénite sébacée granulomateuse. Noter l’absence complète de glandes sébacées (Coloration HE, G x 100) (photo Unité de dermatologie, E.N.V.L.).
NOTE * L’acitrétine est moins toxique que l’étrétinate car son stockage tissulaire est moins long.
Pour en savoir plus ● Linek M, Boss C, Haermmerling R, HewickerTrautwein M, Mecklenburg L. Effects of cyclosporine A on clinical and histologic abnormalities in dogs with sebaceous adenitis. J Am Vet Med Assn, 2005;226(1):59-64. ● Parisot M. L’adénite sébacée granulomateuse du chien : données actualisées. Thèse de doctorat vétérinaire, Lyon, 2004:170p. ● Rosser EJ, Dunstan RW, Breen PT, Johnson GR. Sebaceous adenitis with hyperkeratosis in the Standard Poodle : a discussion of 10 cases. J Am Anim Hosp Assn, 1987;23:341-5. ● Scott DW. Granulomatous sebaceous adenitis in dogs. J Am Anim Hosp Assn, 1986;22:631-4. ● Scott DW, Miller WH, Griffin CE. Miscellaneous skin diseases. In: Muller and Kirk’s Small Animal Dermatology, 6th ed. Philadelphia: WB Saunders, 2001:1140-6. ● White SD, Rosychuk RAW, Scott KV, Hargis AM, Jonas L, Trettien A. Sebaceous adenitis in dogs and results of treatment with isotretinoin and etretinate : 30 cases (1990-1994). J Amer Vet Med Assn, 1995;207(2):197-200.
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