DOSSIER : LES OTITES CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine - féline - N°27 - FÉVRIER / MARS 2006
N°27 FÉVRIER MARS 2006 revue de formation à comité de lecture
canine féline
DOSSIER
Tout a commencé dans le salon de Baker Street, où j’étais passé prendre le thé avec mon ami Sherlock Holmes. Il était très préoccupé...
Savez-vous, Watson, que les affections auto-immunes sont de plus en plus fréquentes ?
LES OTITES CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT Affections fréquentes chez le chien, plus rares chez le chat, les otites sont sources de difficultés pour les praticiens en raison d’une clinique souvent «bruyante», mais peu spécifique, et de moyens diagnostiques limités. De récidive en récidive, ces affections deviennent volontiers chroniques tout en s’aggravant ...
Management et entreprise Dossier - L e s a n t i p a r a s i t a i re s e x t e r n e s : une gamme clé pour la fréquentation de la clinique Enquête - L e s a n t i p a r a s i t a i re s d e s t i n é s à l a l u t t e c o n t re l e s p u c e s c h e z l e c h i e n : l e s h a b i t u d e s d e s p ro p r i é t a i re s
Tribune - L’ o b s e rv a n c e m é d i c a l e : c o m m e n t re p l a c e r l e s e n j e u x t h é r a p e u t i q u e s a u c e n t re d e l a re l a t i o n v é t é r i n a i re / c l i e n t
Actualité Contamination du chat par le virus H5 N1
OTITES - Les affections à l’origine d’otites externes et moyennes - Démarche diagnostique devant une otite externe - Comment gérer les otites récidivantes ou chroniques - Conduite à tenir lors d’atteinte de l’oreille interne : diagnostic, traitement et pronostic - Geste - Examen direct du cérumen et examen cytologique du conduit auditif - Comment traiter les otites moyennes et externes - Traitement chirurgical : indications, limites et choix d’une technique - Geste - L’ouverture latérale du conduit auditif et la trépanation ventrale de la bulle tympanique - Imagerie - Les examens radiographiques et tomodensitométriques - Nouvelle technique L’endoscopie du conduit auditif
Féline - Les spécificités des otites chez le chat
Observation clinique - Une otite tumorale
Rubriques - Cas de nutrition Comment nourir un chat avec des antécédents d’urolithiase et suspect d’allergie alimentaire - Immunologie et le B.A. BA en BD Les facteurs à l’origine de maladies auto-immunes - NAC - Comment anesthésier le lapin - Principe actif - L’atropine - Table ronde - Nutrition et dentisterie
N°27
sommaire Éditorial par Didier Pin Test clinique - Un cas d’otite suppurée chez un jeune chat Élise Rattez, Didier Pin Actualités - Contamination du chat par le virus H5 N1 Table ronde IAMS - Nutrition et dentisterie
FÉVRIER MARS 2006
DOSSIER
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LES OTITES chez le chien et le chat
CANINE - FÉLINE - Les affections à l’origine d’otites externes et moyennes Didier Pin 13 19 - Démarche diagnostique devant une otite externe Philippe Blumstein Geste - Examen direct du cérumen et examen cytologique du conduit auditif externe Didier Pin 23 - Comment gérer les otites récidivantes ou chroniques Philippe Blumstein 27 - Comment traiter les otites moyennes et externes Philippe Blumstein 31 - Conduite à tenir diagnostique lors d’atteinte de l’oreille interne Laurent Cauzinille 37 - Diagnostic, traitement et pronostic des atteintes de l’oreille interne Laurent Cauzinille 40 Imagerie - Les examens radiographiques et tomodensitométriques lors d’otite chronique Laurent Marescaux 45 Nouvelle technique - L’endoscopie du conduit auditif : réalisation pratique, 49 et indications lors d’otites chroniques Philippe Hennet - Traitement chirurgical des otites : indications, limites et choix d’une technique opératoire Didier Fau 53 Geste chirurgical - L’ouverture latérale du conduit auditif et la trépanation 57 ventrale de la bulle tympanique Claude Carozzo, Didier Fau
FÉLINE - Les spécificités des otites chez le chat Didier Pin, Claire Spilmont Observation clinique - Otite tumorale chez un chat Claire Spilmont, Didier Pin
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RUBRIQUES Nutrition - Comment nourrir un chat avec des antécédents d’urolithiase et suspect d’allergies alimentaires Géraldine Blanchard Immunologie et le B.A. BA en BD - Les facteurs à l’origine des maladies auto-immunes Luc Chabanne, Frédéric Mahé N.A.C - Comment anesthésier le lapin de compagnie Didier Boussarie Principe actif - L’atropine Wajdi Souilem
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MANAGEMENT ET ENTREPRISE Dossier - Les antiparasitaires externes : une gamme clé pour la fréquentation de la clinique Philippe Baralon 85 Tribune - L’observance médicale : comment replacer les enjeux 89 thérapeutiques au centre de la relation vétérinaire / client Alain Mondon Enquête - les antiparasitaires destinés à la lutte contre les puces chez le chien : les habitudes des propriétaires Anthony Clarin, Michel Franc 90 Test clinique - Les réponses
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Tests de formation continue - Les réponses
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Ce numéro comporte un encart libre Virbac : Carnet de traitement - Observance globale
CANINE - FÉLINE FÉLINE RUBRIQUE MANAGEMENT
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MARS 2006 - 3
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
test clinique
Conseil scientifique
un cas d’otite suppurée
Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)
chez un jeune chat
Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)
U
Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)
Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) René Chermette (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Bernard Clerc (Ophtalmologie, E.NV.A.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Olivier Dossin (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.T.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Claude Petit (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.T.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Patricia Ronsin (Reproduction, E.N.V.T.) Patrick Verwaerde (Anesthésie, E.N.V.T.)
Chargée de mission rédaction Valérie Colombani
Secrétaire de rédaction David Jourdan Abonnements Maryse Mercan Infographie, mise en page Maxime Roguier Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 24€, U.E. : 26€ Tarifs d’abonnement : voir p. 94 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1007 T801 21 I.S.S.N. 1637-3065
Elise Rattez* Didier Pin** * Unité de médecine interne des animaux de compagnie ** Unité de dermatologie E.N.V.L 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
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Écoulement purulent visible sur la face interne du pavillon auriculaire gauche (photo D. Pin).
1 Quelles sont vos principales hypothèses diagnostiques ? 2 Quelle est votre démarche diagnostique ? 3 Quels examens complémentaires proposez-vous ? 4 Quel est votre diagnostic ? 5 Quel traitement proposez-vous ? Réponses à ce test page 93
comité de lecture
Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 4 - FÉVRIER / MARS 2006
n chat Européen femelle de 6 mois, stérilisé, est présenté à la consultation de dermatologie pour une otite chronique évoluant depuis son acquisition quelques semaines auparavant. Elle vit en maison sans congénère. ● Elle n’a reçu ni traitement insecticide ni vermifuge. Elle est nourrie avec des croquettes. ● Le prurit auriculaire, intense, plus marqué à gauche, a motivé une consultation chez le vétérinaire traitant qui a réalisé un examen otoscopique permettant l’observation d’une masse dans le conduit auditif externe gauche. Un traitement à base de Sélamectine (Stronghold®) a été mis en place. ● Ce traitement n’ayant pas entraîné d’amélioration, la chatte est présentée à l’École vétérinaire de Lyon. ● L’examen clinique général et l’examen dermatologique ne révèlent aucune anomalie. ● L’examen otologique montre : - à gauche : un écoulement purulent s’échappant du conduit auditif externe (photo 1). Une odeur nauséabonde est présente ; au cours de la consultation, un prurit marqué est noté ; - à droite : un érythème modéré de la face interne du pavillon auriculaire. ● Cette chatte présente donc : - à gauche, une otite suppurée prurigineuse ; - à droite, une otite érythémato-cérumineuse modérée.
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Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Juliette Besso, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Stéphane Bureau, Jean-Jacques Bynen, Claude Carozzo, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Claude Chauve, Guillaume Chanoit, Valérie Chetboul, Cécile Clercx (Liège), Jean-Pierre Cotard,
Jack-Yves Deschamps, Pierre Desnoyers, Marianne Diez (Liège), Armelle Diquelou, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi (Royaume-Uni), Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot, Dominique Grandjean, Jean-François Guelfi, Laurent Guilbaud,
Nicole Hagen, Philippe Hennet, Marc Henroteaux, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Christelle Maurey, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Xavier Pineau, Luc Poisson,
Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Odile Sénécat, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin, Lionel Zenner.
actualités
contamination du chat par le virus H5 N1 :
une importance négligeable en épidémiologie animale et en santé publique Dans le cadre du débat assez confus autour de la “grippe aviaire”, le chat a été récemment mis en cause. Les animaux de compagnie, jusqu’ici épargnés par le débat public autour des grandes peurs sanitaires, vont donc probablement être confrontés, à leur tour, aux interrogations bien particulières qu’il suscite. Dans cette perspective, l’analyse des informations disponibles à propos de la contamination du chat par le virus H5 N1 constitue un véritable cas d’école.
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epuis plus de six mois, une nouvelle épizootie alimente les premières pages des journaux (papiers ou audio-visuels). Elle a été désignée sous le vocable de «grippe aviaire», ce qui a immédiatement créé la confusion avec la grippe saisonnière humaine, cette confusion a été amplifiée par le fait que cette “grippe aviaire” qui atteint essentiellement des oiseaux domestiques (d’élevage) ou sauvages (migrateurs ou pas), a pu être reconnue chez quelques mammifères dont l’Homme. ● Les chats ont été désignés comme “espèce à risque” fin février. Les analyses les plus pessimistes ont commencé à circuler concernant leur sensibilité à la maladie et leur rôle dans la transmission de “la grippe aviaire”. Rappelons tout d’abord quelques notions propres aux virus influenza de type A (V.I.A.) chez les mammifères et les oiseaux afin de pouvoir comprendre la situation du chat (encadré 1). PESTE AVIAIRE ET SANTÉ HUMAINE
● Ce que les médias dénomment “grippe aviaire” n’est donc que la peste aviaire ou influenza aviaire hautement pathogène, maladie épizootique des oiseaux, reconnue depuis plus d’un siècle, qui avait pratiquement disparu du continent européen depuis 50 ans avant de réapparaître en Italie (2000, H7 N1) et aux Pays-Bas (en 2003, H7 N7). Elle y a été contrôlé rapidement et efficacement sans extension, au sein de l’U. E.
Encadré 1 - Les virus influenza de type A chez les mammifères et les oiseaux Chez les mammifères, la plupart des V.I.A. qui circulent sont étroitement adaptées à une espèce où ils provoquent des maladies appelées “grippes”, comme chez le cheval (actuellement virus H3 N8, historiquement H7 N7) ou chez l’Homme (historiquement virus H1 N1 de la “grippe espagnole”, puis virus H2 N2 de la “grippe asiatique”). ● Actuellement, la grippe humaine saisonnière qui sévit chaque hiver en France est essentiellement liée à une infection par un V.I.A. sous-type H3 N2 étroitement adapté à l’Homme, qui n’est qu’anecdotiquement isolé dans d’autres espèces. Comme pour la plupart des maladies virales, il y a de nombreux “porteurs sains” qui peuvent disséminer l’infection sans être malades. De plus, de temps en temps, un V.I.A. inféodé à une espèce donnée peut en infecter une autre, voir exceptionnellement y provoquer une maladie déclarée. C’est ce qui s’est passé aux États-Unis en 2004 ou un V.I.A. H3 N8, quasi identique à celui qui circule chez les chevaux dans ce pays, a provoqué une infection significative associée à une mortalité élevée (plus de 30 p. cent), chez les chiens participant aux circuits de course de lévriers de race Greyhound. L’infection a ensuite diffusé dans la population canine sans provoquer de ●
maladie spécifiquement identifiée. Cette évolution montre bien les conséquences limitées qu’un tel épisode peut avoir, mais aussi qu’il reste toujours possible. ● Chez les oiseaux, la situation est un peu plus complexe. En effet, l’ensemble des V.I.A. semble capables d’y circuler la plupart de temps sans épisode pathologique associé. ● Néanmoins, parmi les V.I.A. qui circulent, certains peuvent acquérir un pouvoir pathogène très élevé pour les oiseaux domestiques (durée d’incubation un à quatre jours, taux de mortalité 70 à 100 p. cent) et pour certaines espèces d’oiseaux sauvages (par exemple cygnes, canards milouin ou fuligule dans le cas présent), d’autres comme le canard colvert, peuvent rester “porteurs sains” sans succomber à la maladie, ou en y succombant après des temps d’incubation comparativement longs (deux à trois semaines). ● Ces V.I.A. associés sont appelés Hautement Pathogènes (H.P.), sous-entendu pour les oiseaux, puisque cette qualification ne préjuge en rien de leur pouvoir pathogène pour les mammifères. Celui qui est associé à l’actuelle “grippe aviaire” est un V.I.A. de sous type H5N1 HP (apparu sous forme d’un génotype particulier dit “Z” en 2003, probablement en Chine).
● L’épisode actuel de peste aviaire à H5 N1 HP de type asiatique a fait, depuis plus de deux ans, en Asie près de 200 victimes recensées chez l’Homme dont plus de la moitié sont mortes (103 morts pour 184 atteints au 21 mars 2006). C’est la 1ère fois que le virus de la peste aviaire est associé à un si grand nombre de mortalités humaines même si ce nombre reste très inférieur au nombre annuel moyen de morts associés à la “grippe saisonnière” chez l’Homme (3000 morts en France) et doit être comparé à celui des centaines de millions d’humains exposés à des volailles infectées depuis décembre 2003.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 5
actualité - contamination du chat par le virus H5N1 Encadré 2 - Une expérimentation conduite en 2004 Une expérimentation conduite en 2004 sur huit chats exempts d’organismes pathogènes spécifiques (E.O.P.S., S.P.F. en anglais) par l’équipe d’A. Osterhaus à Rotterdam (“découvreur” du 1er cas humain en Asie) a permis de prouver que le chat domestique pouvait être infecté par le virus H5N1HP et qu’il pouvait le transmettre à d’autres chats en contact étroit. ● Néanmoins, la durée de l’expérimentation (8 jours) n’a pas permis d’obser●
Pour en savoir plus ● Se rapporter à l’article «Grippe humaine et peste aviaire, la confusion des mots et l’imbroglio des maux» à paraître dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Élevages et Santé N°1 (Mars-Avril 2006) pour une analyse plus précise du risque en santé publique lié à l’actuelle épizootie de peste aviaire. ● Le site www.afssa.fr : consulter l’analyse de risque consacré au chat (avis du 3 mars 2006 sur l’influenza aviaire : évaluation du risque sanitaire représenté par les chats, en tant que vecteurs du virus influenza aviaire H5 N1 hautement pathogène d’origine asiatique, pour les autres espèces animales et les personnes en contacts avec les chats).
ver de mortalité spécifique, ni d’explorer l’histoire naturelle de la maladie (guérison, rémission, durées d’excrétion, …). En plus, les conditions d’infection des chats (dose modérée par voie intratrachéale ou consommation de poussins lourdement infectés) avaient été choisies pour avoir les meilleures chances d’obtenir un résultat positif. ● Elles n’apportent rien sur les possibilités de contagion dans des conditions d’infection et de contact plus banales.
● Parmi les autres espèces de mammifères naturellement infectés par le H5 N1 HP, on retrouve essentiellement quelques félidés en zoos (tigres et éopards en Thaïlande) et des chats domestiques ou errants. Deux groupes ont été identifiés en Europe depuis fin février : l’un en Allemagne sur l’île de Rügen, l’autre en Autriche dans un refuge animalier “l’arche de Noé”. ● Dans les deux cas, les chats étaient massivement exposés au virus puisqu’ils habitaient, dans le cas allemand, sur une île où plusieurs dizaines d’oiseaux sauvages avaient été tués par le H5 N1, et dans le cas autrichien, dans un refuge où étaient déjà morts, tués par le H5 N1, un cygne et une poule. Les trois chats allemands, probablement errants, ont été retrouvés morts. Les trois chats autrichiens sont toujours vivants et en bonne santé, ils ont été transférés mimars à la Faculté Vétérinaire de l’Université de Vienne où ils sont suivis depuis. Ces observations en Europe, recoupent des constatations similaires en Thaïlande. ● Au décours de ces observations et en l’absence de publication, nous ne disposons d’aucun élément qui permettrait de décrire un cadre légitime de suspicion clinique et nécropsique pour orienter la recherche vers le virus H5 N1 comme cause de mortalité chez des chats vivant en zone infectée par la peste aviaire (encadré 2).
LE CHAT, UN ACTEUR MINEUR Les deux observations européennes de chats infectés dans les conditions naturelles et les données expérimentales disponibles ne permettent pas d’incriminer le chat dans la transmission de la maladie vers les oiseaux ou vers les Hommes. ● En ce qui concerne l’infection de l’Homme par H5 N1, elle a toujours eu lieu jusqu’à présent, quand celui-ci était en contact étroit avec des volailles malades, dans des conditions de forte promiscuité, et de très mauvaise hygiène. Aucune infection humaine n’a été reliée, même de façon anecdotique, à la présence de chat malade. ● Dans les pays membres de l’U.E., les possibilités d’infection des chats sont très restreintes, et uniquement liées à l’existence de foyers de peste aviaire dans l’avifaune sauvage ou domestique. C’est pour cela que des mesures de restriction de leur mouvement dans les zones réglementées (10 km de rayon) autour des foyers de peste aviaire sont édictées. Elles relèvent en fait du simple bon sens et des mesures classiques de police sanitaire en foyer de maladie hautement contagieuse où le transport passif d’un virus, notamment le portage par des animaux, peut contribuer à sa dissémination même s’il s’agit d’une voie tout à fait mineure, comme dans le cas présent. ● Au total, dans un pays comme la France, et dans l’Union Européenne, l’infection du chat domestique par le virus H5 N1 HP est probablement rarissime, y compris autour et dans les foyers de peste aviaire. Cette infection, qu’elle produise ou non une maladie chez le chat, n’en fait pas un acteur de la dissémination du virus H5 N1 vers l’Homme ou les oiseaux. Son évolution dans l’espèce féline est à l’heure actuelle imprévisible. ❒ Zénon ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - canine-féline ; - équine ; - élevages et santé. > Une expérience pratique, ou une spécialisation, en canine, équine ou rurale,
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table ronde
nutrition et dentisterie
Colette Arpaillange Rédactrice en chef
Le créneau de l’hygiène bucco-dentaire fait l’objet d’un intérêt particulier de l’industrie du pet-food. L’allégation “santé dentaire” est souvent mise en avant. Quelle est la part des arguments scientifiques et celle des aspects purement commerciaux ? Pour apporter un éclairage à ce débat, une table ronde Iams a réuni des praticiens spécialisés en dentisterie et des nutritionnistes, le 9 mars dernier à Paris. ALIMENT ET HYGIÈNE BUCCO-DENTAIRE
➜ Quel peut être le rôle de l’aliment
dans la prévention de la maladie parodontale ?
Deux questions ont été au centre des débats : 1. Comment assurer la prévention du tartre et de sa récidive par l’alimentation ? 2. Les propriétaires ont souvent à l’esprit qu’un chien ou un chat qui mange un aliment humide a davantage de tartre que s’il est nourri avec un aliment sec. La texture de l’aliment a-t-elle réellement un impact sur la formation de la plaque dentaire ?
➜ Une douleur buccale empêche-t-elle de manger ?
La relation entre affection buccodentaire et anorexie n’est pas aussi évidente qu’il n’y paraît. De l’avis de tous, un trouble majeur est nécessaire pour que l’appétit soit altéré. ●
Selon Olivier Gauthier, les situations sont différentes entre le chien et le chat. De nombreux chiens continuent à s’alimenter en dépit de troubles dentaires sévères, confirme Alain Ganivet. Les chats souffrant de stomatite s’arrêtent de manger plus rapidement.
●
Bien entendu, les réactions face à la douleur occasionnée par une affection dentaire ont une composante individuelle.
●
... Une certification ➜ pour les produits destinés
Les intervenants Maryvonne Barbaray Directrice de la publication, NÉVA
à favoriser l’hygiène bucco-dentaire
Géraldine Blanchard
➜ Aux États-Unis, les aliments et les produits
PhD, professeur contractuel en nutrition clinique à l’E.N.V.A., agrégée de nutrition, diplomate E.C.V.C.N.
destinés à favoriser l’hygiène dentaire font l’objet d’une certification, indique Olivier Gauthier. ➜ Le V.O.H.C. (Veterinary Oral Health Council) examine les protocoles mis en place pour tester les produits et donne son agrément. Un logo est alors apposé sur le produit. Le V.O.H.C. n’évalue pas les produits, mais la démarche à laquelle l’aliment est associée. ➜ La Société européenne de dentisterie vétérinaire s’attache à la rédaction de fiches conseils d’hygiène dentaire. Les produits agréés aux États-Unis le sont également en Europe. L’agrément du V.O.H.C. apporte une garantie minimale. Il a d’ailleurs été mis en place pour lutter contre les revendications et allégations commerciales injustifiées, même si cette démarche n'a pas de valeur légale stricto sensu.
Alain Ganivet Vétérinaire Président d’Honneur société francophone de cynotechnie Président A.V.A.C.C.
Olivier Gauthier Maître de conférences Unité de chirurgie de l’E.N.V.N. Vice-président du G.E.R.O.S. de l’A.F.V.A.C.
Christian Iehl Vétérinaire C.E.S. de diététique canine et féline, Relations extérieures IAMS
Roger Mellinger Vétérinaire C.E.S. de traumatologie ostéo-articulaire et orthopédie animales
La conclusion serait : n’ayez pas d’a priori ! Mais attention à ne pas se focaliser sur l’affection dentaire qui peut masquer un souci médical responsable de l’anorexie. ● À l’inverse, reprend Olivier Gauthier, il n’est pas rare qu’une maladie parodontale conséquente soit identifiée, alors que le propriétaire consulte pour une toute autre raison. ● Géraldine Blanchard rappelle que le bon sens est d’adapter la texture de l’aliment lorsque l’animal présente un problème dentaire pour faciliter la prise alimentaire. ● La prévention de la plaque dentaire par l’alimentation concerne à la fois sa forme physique et sa composition. Pour Roger Mellinger, le propriétaire se sent peu concerné par la controverse concernant l’impact du sec et de l’humide sur la santé. Son choix est peu influencé par cet aspect. Christian Iehl rappelle que la majorité des propriétaires alternent d’ailleurs croquettes et alimentation humide, de façon quasi systématique chez le chat. Les vétérinaires ont, pour des raisons diverses, moins d’attrait pour l’alimentation humide. C’est en partie à cause des difficultés pratiques liées à la gestion des produits humides (stocks, linéaires).
Colette Arpaillange.
Maryvonne Barbaray.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 9
table ronde - alimentation et dentisterie
➜ Quelle est l’influence
Cinq conseils à donner ➜ ... pour favoriser
de la texture de l’aliment sur la maladie parodontale ?
● La maladie parodontale est une affection multifactorielle. De l’avis de tous, les facteurs raciaux prédominent, liés notamment à la conformation des arcades dentaires. Les petites races, surtout de type brachycéphale sont prédisposées.
Géraldine Blanchard.
Le comportement de mastication peut influencer la santé dentaire. Les fabricants s’appuient sur l’action mécanique de l’aliment. En pratique, l’action mécanique est limitée, et réduite aux dents qui mastiquent réellement. Le temps de contact entre la dent et l’aliment est réduit. Les chats croquent et mastiquent beaucoup plus que les chiens. L’alimentation «naturelle» du chat ou du chien autorise une action mécanique. Il n’est probablement pas de meilleure brosse à dents qu’une peau de souris ou que des aponévroses !
●
Alain Ganivet.
● Les aliments secs classiques éclatent au contact des dents et n’ont donc pratiquement pas d’action abrasive. Les croquettes doivent être de grande taille pour que l’animal les croque, souligne Géraldine Blanchard.
Les aliments spécialement formulés pour l’hygiène bucco-dentaire ont, de plus, une texture particulière. Les croquettes restent intactes plus longtemps, ce qui stimule la mastication et augmente le temps de contact avec les surfaces dentaires. Cet objectif est atteint en majorant la teneur en fibres. Cependant, certaines zones peu sollicitées par la mastication ne bénéficient pas de cette action mécanique. ●
Olivier Gauthier.
L’approche chimique repose sur l’utilisation de substances visant à freiner l’évolution de la plaque dentaire. Le laboratoire Iams propose l’addition de cristaux de polyphosphates à des aliments secs. Ces polyphosphates enrobent la croquette et tapissent l’ensemble de la cavité buccale lors de la mastication. Ils limitent la minéralisation de la plaque dentaire (le dépôt de tartre), en se combinant à elle, y compris dans des endroits peu accessibles.
●
Christian Iehl.
Des études cliniques confirment cette action, mais les publications comparant les effets respectifs des aliments secs et humides sur la santé buccodentaire sont peu
●
Roger Mellinger.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 10 - FÉVRIER / MARS 2006
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l’hygiène bucco-dentaire
➜ 1. Adapter la texture à l’animal qui a un trouble dentaire et choisir un aliment à objectif spécial pour les sujets prédisposés. ➜ 2. Rappeler au propriétaire le caractère
inéluctable du tartre. Après un détartrage, les dents sont propres, mais ne le restent pas. Inviter les propriétaires à brosser les dents tous les jours, en espérant qu’ils le feront deux ou trois fois par semaine.
➜ 3. Donner des croquettes pour leur action
mécanique, tout en sachant que, chez certains animaux, l’efficacité est limitée.
➜ 4. Proposer des jouets (objets) à mâcher. Un grand choix est disponible, le vétérinaire doit sélectionner et proposer ceux qui offrent le plus de garantie d’efficacité et de sécurité. ➜ 5. Planifier un détartrage tous les 6 mois,
ou tous les ans chez les sujets atteints de maladie parodontale, et surtout sensibiliser les propriétaires dès le plus jeune âge de l’animal car il vaut mieux prévenir que guérir !
nombreuses. Ainsi, une enquête portant sur l’influence de l’aliment et des friandises à mâcher sur la santé buccodentaire n’a pas prouvé une meilleure santé dentaire chez les sujets nourris avec des aliments secs*.
➜ Ne pas oublier
le rôle de l’hygiène tout simplement
L’hygiène buccodentaire est essentielle à la prévention de la maladie parodontale. Le brossage, à raison d’une ou deux fois par semaine a déjà une action bénéfique. Un brossage quotidien doit cependant être recommandé, en espérant qu’il soit effectivement réalisé de façon hebdomadaire !
●
● Roger Mellinger considère que l’approche par la texture semble rationnelle. Le recours à des aliments spécifiquement formulés pour l’hygiène buccodentaire se justifie pleinement pour les animaux prédisposés, après un détartrage, a fortiori si le brossage ne peut être effectué. ❒
NOTE * Cf. Harvey C.E., Shofer E.S., Laster L. Correlation of diet and other chewing activities on periodontal disease in North American client-owned dogs. J. Vet. Dentistry 1996;13:101-5.
éditorial L’étape décisive, dans la gestion des otites, a été l’identification, dans les années 70, des causes primaires « extra-auriculaires » d’otite : dermatites allergiques, certains troubles endocriniens, les troubles de la kératinisation, ...
A
ffections fréquentes chez le chien, plus rares chez le chat, les otites sont sources de difficultés pour les praticiens en raison d’une clinique souvent « bruyante » mais peu spécifique et de moyens diagnostiques limités. De plus, ces affections, de récidive en récidive, deviennent volontiers chroniques tout en s’aggravant.
Didier Pin Unité de Dermatologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Causes connues ou inconnues Qualifiées de catarrhe auriculaire par Charles Leblois [1] dans son livre en 1926, les otites appartiennent, jusqu’en 1950-1955, à deux catégories : - celle, minoritaire, dont la cause est connue : otite à Otodectes cynotis, otite à corps étranger, et otite due à une tumeur ; - et celle, largement majoritaire, dont la cause est inconnue, et qui sont alors classées selon leur aspect clinique en otite aiguë ou en otite chronique, en otite cérumineuse ou suppurée, hyperplasique ou ulcérée [2]. Ont été identifiés, ensuite, les facteurs infectieux locaux que sont les bactéries et les Malassezia, et décrite la flore des conduits auditifs. Parallèlement, se développait l’idée que l’otite correspond, dans un grand nombre de cas, à une localisation particulière d’une maladie générale. D’abord timidement, Euzéby parle de « facteurs diathésiques » [3], puis de manière plus assurée avec Fraser [4] qui distingue des facteurs prédisposant aux otites, et qui montre que 40 p. cent des chiens à otite ont une dermatose concomitante, et que ce pourcentage grimpe à 60 p. cent, si l’on considère les otites chroniques. L’étape décisive, dans la gestion des otites, a été l’identification, dans les années 70, des causes primaires « extra-auriculaires » d’otite, telles que les dermatites allergiques (dermatite atopique, dermatite par allergie aux piqûres de puces), certains troubles endocriniens, les troubles de la kératinisation, etc. Ces 20 dernières années ont été marquées d’une part, par la prise de conscience de la fréquence et de l’importance de l’otite moyenne et d’autre part, par le développement des techniques d’imagerie directe, telle que la vidéo-otoscopie, ou indirectes, telles que la radiographie et la tomodensitométrie, celle-ci nourrissant celle-là et, inversement, celle-là poussant celle-ci. Si l’étiologie, la pathogénie et la clinique des otites ont fait de grands progrès (en 80 ans, tout de même !), la thérapeutique reste le parent pauvre de l’otologie. En effet, les topiques traitants actuellement sur le marché sont, encore et toujours, dans leur grande majorité, composés d’un antibiotique, d’un antifongique et d’un corticoïde, associés parfois, à un antiparasitaire. Une satisfaction, toutefois, vient des nettoyants auriculaires. Apparus récemment, ils évoluent rapidement vers des produits nettoyant le conduit auditif et respectent, au mieux, le microclimat des conduits auditifs externes. Ils passent ainsi, du statut de composante du traitement de l’otite à celui de traitement préventif des récidives.
Références 1. Leblois C. Documents pour servir à l’édification d’une dermatologie animale (chien et chat). Vigot frères, éditeurs, Paris;1926:108-109. 2. Witter R E. Diseases of the external ear canal of the dog. Cornell Vet 1949;39:11-31. 3. Euzéby J. Les otites externes du chien. Rev Méd Vét 1956;107:418436. 4. Fraser, G. Aetiology of otitis externa in the dog. J Small Anim Pract 1965;6:445-452.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 12 - FÉVRIER / MARS 2006
L’évolution qui se dessine, en otologie comme dans d’autres disciplines, est l’intérêt supérieur de la prévention sur le traitement ; la prévention de l’apparition de l’otite passant par une bonne information des propriétaires et l’usage de ces nettoyants « nouvelle génération ».
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ous souhaitons que ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine - féline consacré aux otites du chien et du chat répondent à (presque) toutes vos questions. ❒
les affections
à l’origine d’otites externes et moyennes chez le chien et le chat Les affections à l’origine d’otites externes ou moyennes chez le chien et le chat sont nombreuses. L’identification de la maladie en cause et une bonne connaissance des particularités anatomiques et physiologiques de l’oreille sont essentielles pour la réussite du traitement.
A
ffection fréquente, en particulier chez le chien, l’otite est en fait, un syndrome à l’expression clinique précise, et à l’étiologie variée. Lorsqu'elle est récidivante ou chronique, l’otite est à considérer comme une manifestation localisée d’une dermatose. ● Afin d’adopter une démarche diagnostique rigoureuse, le clinicien s’appuie sur l’anamnèse, l’examen clinique (général, dermatologique et otologique) (encadré 1) et le résultat d’examens complémentaires simples : examens à l’otoscope, microscopique direct du cérumen, cytologique du conduit auditif externe et, parfois, bactériologique. Plus rarement, des examens délicats et nécessitant un matériel coûteux sont réalisés : paracentèse, biopsies, examen vidéo-otoscopique, radiographique ou échotomodensitométrique des bulles tympaniques, afin de rechercher, d’identifier et de traiter la (ou les) cause(s) responsable(s) de l’inflammation de l’oreille. ● Cet article présente les différentes affections à l'origine d'otites externes et moyennes* et propose une conduite à tenir, afin de diagnostiquer et de traiter ces affections. En effet, ces deux types d’otite diffèrent l’un de l’autre par leur pronostic et leur traitement. LES AFFECTIONS À L'ORIGINE D'OTITE EXTERNE
L’otite externe correspond à l’inflammation du conduit auditif externe et du tympan. ● C’est une affection fréquente chez le chien, plus rare chez le chat. ●
NOTE * L’inflammation de l’oreille interne, ou labyrinthite, est traitée dans l’article de L. Cauzinille, ”Les atteintes de l’oreille interne, diagnostic, traitement et pronostic chez le chien et le chat”, dans ce numéro.
Didier Pin Unité de Dermatologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Épidémiologie
Objectif pédagogique
L’otite externe représente 5 à 12 p. cent des motifs consultations chez le chien, mais seulement 2 p. cent chez le chat. ● Les chiens les plus souvent atteints ont de 5 à 8 ans. ● Les races les plus touchées sont le Caniche, le Berger des Pyrénées, le Labrador, le Berger allemand et le Cocker [5, 6, 7].
Connaître les affections et les facteurs à l’origine des otites externes et moyennes chez le chien et le chat.
●
Signes cliniques Les signes cliniques de l’otite externe sont assez caractéristiques : prurit auriculaire à l’origine de frottements de la tête, de grattage des oreilles, de mouvements de tête ou d’agressivité, douleur auriculaire vive et mauvaise odeur. ● On distingue les otites érythémato-cérumineuses des otites suppurées (photos 1, 2, encadré 2). ● Le prurit entraîne fréquemment des lésions associées des pavillons auriculaires, telles que des excoriations, une dépilation et, parfois, un othématome ou une dermatite pyotraumatique. ●
Étiologie ● Le diagnostic clinique d’otite externe érythémato-cérumineuse ou suppurée est un diagnostic d’inflammation auriculaire et ne peut être qu’une étape de la démarche diagnostique. ● Il est indispensable, dans la majorité des cas, de rechercher l’existence de facteurs favorisants, de facteurs déclenchants et de facteurs d’entretien (encadré 3).
Pathogénie Mise à part l’otite par corps étranger et l’otite parasitaire à Otodectes, une otite doit être considérée comme une manifestation locale d’une dermatose ou d’une maladie générale. Si cette cause sous-jacente est ignorée, l’otite s’aggrave progressivement, récidive après récidive. ● Le microclimat du conduit auditif externe se modifie (encadré 1) : la température et le taux d’humidité augmentent, le pH devient basique, le cérumen contient moins de lipides, l’activité des glandes, cérumineuses et sébacées, augmente, elles subissent une hyperplasie et tendent à devenir kystiques. ●
Définitions ❚ Otite : toute inflammation de l’oreille qui affecte, soit le conduit auditif externe (otite externe), soit la cavité tympanique (otite moyenne).
❚ Otique, auditif ou auriculaire : qui se rapporte à l’oreille. ❚ Otologie : ensemble des connaissances sur l’oreille et ses maladies. ❚ Otalgie : douleur localisée à l’oreille. ❚ Otorragie : écoulement de sang par le conduit auditif externe. ❚ Otorrhée : écoulement, par le conduit auditif externe, de liquide séreux, de mucus ou de pus qui peut provenir de l’oreille externe ou des cavités de l’oreille moyenne.
Essentiel ❚ L’otite externe est une affection fréquente chez le chien, plus rare chez le chat. ❚ Les otites érythématocérumineuses sont nettement plus fréquentes que les otites suppurées.
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démarche diagnostique devant une otite externe
chez le chien et le chat La consultation d’un chien présentant une otite est très fréquente, aussi le praticien a parfois tendance à la banaliser. Il est donc nécessaire de l’identifier correctement, afin de proposer le traitement le plus adapté et le plus efficace possible. e diagnostic d’une otite repose sur l’anamnèse et les commémoratifs, l’examen clinique et le résultat d'examens complémentaires, au premier rang desquels figurent l'examen direct du cérumen et l'examen cytologique des conduits auditifs externes.
L
1. LE RECUEIL DE L’ANAMNÈSE ET DES COMMÉMORATIFS Un entretien précis avec le propriétaire vise à rechercher certains facteurs favorisants (baignades, traitements inappropriés, arrivée d'un nouvel animal, ...). ● Les points importants à relever sont : - la race ; - l’âge d’apparition des symptômes (l’otacariose à Otodectes cynotis est rencontrée de préférence chez de jeunes animaux, une otite érythémato-cérumineuse chez un animal adulte évoque davantage une dermatite allergique, une otite suppurée chez un animal âgé permet de suspecter plus volontiers une dermatite auto-immune ou une tumeur du conduit auditif externe) ; - le mode de vie et l’environnement (humidité excessive*) ; - une éventuelle contagiosité (chez un animal congénère ou le propriétaire, qui oriente vers une otacariose) ; - l’existence d’un prurit et son antériorité par rapport à l’apparition des symptômes ; - l’évolution des symptômes dans le temps (apparition brutale en faveur d’une otite externe par corps étranger, ou progressive en cas de dermatite allergique) ; - l’état antérieur des oreilles ; - les traitements entrepris et la réponse à ces traitements. ● Les signes observés au début de l’affection sont parfois évocateurs, de même que la sai●
son (une douleur brutale et intense au cours d’une promenade l’été, suggère la présence d’un épillet), la facilité ou non de l'alimentation ou de la mastication. ● Le recueil d’informations ne doit pas se limiter à l’atteinte auriculaire, mais aussi renseigner le praticien sur l’existence d’un prurit ou de lésions dermatologiques antérieures et leur localisation (dermatite par allergie aux piqûres de puces, dermatite atopique, ...). ● L’existence de maladies antérieures, causes primaires d’otites, cellulite juvénile, maladie de Carré, … , est à noter.
Philippe Blumstein Cabinet vétérinaire de la Chapelle-Les-Couets 8 place René-Guy-Cadou 44340 Bouguenais
Objectif pédagogique Réaliser le diagnostic clinique et mettre en œuvre les examens complémentaires appropriés lors d’otite externe chez le chien et le chat.
2. L'EXAMEN CLINIQUE L’examen dermatologique comprend trois phases : un examen à distance, un examen rapproché et un examen général. ● Pour une otite, la démarche est la même. ●
Essentiel ❚ Au cours de l’examen rapproché, rechercher un réflexe audito-podal, puis examiner les faces externe et interne du pavillon auriculaire, et palper les cartilages. ❚ Le praticien s'intéresse particulièrement à la présence d’un syndrome vestibulaire ou labyrinthique. ❚ L’examen direct du cérumen et l’examen cytologique des deux conduits auditifs externes sont à pratiquer de manière systématique.
L’examen à distance Le port de l’oreille, le port de tête, les éventuels gémissements lors de mouvements, … sont évalués d’emblée. L’examen rapproché Au cours de l’examen rapproché, il convient de rechercher un réflexe auditopodal, puis d’examiner les faces externe et interne du pavillon auriculaire, et de palper les cartilages. ● Une palpation méthodique des conduits auditifs externes permet d’en apprécier le caractère douloureux, d’évaluer l’existence de lésions prolifératives (épaisseur, fermeté, souplesse) et la présence d’un réflexe audito-podal. ● Une odeur de "beurre rance" des conduits auditifs (et éventuellement de la peau) est riche d'enseignements. Elle est souvent associée à la présence de levures (lipophiles) dans le conduit auditif externe. La présence d'excoriations et/ou d'une dermatite pyotraumatique de la région périauriculaire sont souvent associées à une otite externe. La présence d'un othématome signe un prurit et/ou une douleur auriculaire (l'othématome se forme suite aux mouvements saccadés de la tête), donc une otite. ●
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Fiche
geste
examen direct du cérumen et examen cytologique du conduit auditif externe
chez le chien et le chat
L’examen microscopique du cérumen et l’examen cytologique du conduit auditif externe sont simples à réaliser au cours d’une consultation. Ils permettent d’affiner le diagnostic et sont à mettre en œuvre lors de suspicion d’otite.
L
’examen direct du cérumen et l’examen cytologique du conduit auditif externe permettent de déterminer la présence d’éléments figurés, de parasites, de bactéries ou d’éléments fongiques, les différents types cellulaires rencontrés et leur proportion relative. Ces examens sont à réaliser systématiquement, au même titre que l’examen à l’otoscope des deux conduits auditifs externes lors de toute otite érythémato-cérumineuse, prurigineuse ou non, uni- ou bilatérale. ● Cet article n’aborde pas l’examen cytologique du produit de la cytoponction à l’aiguille fine d’une néoformation du conduit auditif externe*. ● L'aspect macroscopique du cérumen ne donne que peu de renseignements et peut être trompeur. Classiquement, le cérumen de l'otacariose à Otodectes est brun ou noir, sec et friable et celui de l'otite suppurée est jaune ou vert, malodorant et filant. Toutefois, un cérumen brun ou noir est observé lors d'otite avec prolifération de Malassezia ou bactérienne et des Otodectes peuvent être découverts dans du cérumen jaune et filant. LA RÉCOLTE DU CÉRUMEN PAR CURETAGE Technique Pour réaliser un prélèvement de cérumen par curetage, un peu de cérumen est récolté à l’aide d’une curette de Wolkmann (encadré Matériel). ● Il est déposé sur une lame porte-objet, délayé dans du lactophénol (ou de l’huile minérale) et recouvert d’une lamelle. ●
NOTE * Cf. articles de D. Ledieu dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°20, nov/déc 2004 : - “L’analyse cytologique : indications et réalisation pratique”, p. 515-519 ; - “Comment lire et interpréter une analyse cytologique”, p. 520-521.
Didier Pin
Unité de Dermatologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Prélever du cérumen et le soumettre à un examen microscopique, soit directement, soit après préparation. 1
Examen direct de cérumen dans l’huile minérale montrant des Otodectes et un œuf (x 50) (photo D. Pin).
Résultats ● L’examen s’effectue au faible grossissement (objectif x 5 ou x 10), avec le diaphragme fermé, en balayant la lame de manière méthodique. ● Il permet de rechercher essentiellement des Otodectes (y compris leurs œufs) et, beaucoup plus rarement, des démodex et des larves de Thrombicula.
Geste ❚ Facile à réaliser. ❚ Praticien généraliste.
matériel Le matériel nécessaire est limité et peu coûteux : - des lames porte-objet dégraissées et matées, afin d’identifier le prélèvement ; - des lamelles de microscope ; - des écouvillons ; - du lactophénol (ou de l’huile minérale) ; - un nécessaire à coloration rapide (type RAL®, Hemacolor®, Diff Quick®, etc.) ; - un microscope.
Interprétation ● Étant donnée la grande contagiosité de l’otodectose, il convient de prescrire un traitement acaricide en cas de découverte d’Otodectes, même chez des animaux sans signe d’otite (photo 1). ● À l’inverse, l’absence d’Otodectes, lors de contexte évocateur (un chiot ou un chaton atteint d’otite avec prurit, surtout si celle-ci est récidivante ou résistante à un traitement antibiotique ou antifongique), n’exclut pas l’hypothèse d’otacariose : un traitement est alors conseillé. ● La présence de quelques démodex à l’examen direct du cérumen doit être interprétée à la lumière de la clinique : un traitement est indiqué en cas d’otite seulement.
L’EXAMEN CYTOLOGIQUE du conduit auditif externe
Essentiel ❚ L’examen direct du cérumen permet de rechercher essentiellement des Otodectes et, beaucoup plus rarement, des démodex et des larves de Thrombicula. ❚ La présence de polynucléaires neutrophiles est le signe d’une otite suppurée.
Technique ● Le produit de sécrétion des conduits auditifs externes (le cérumen, le pus) est récolté sur un écouvillon (coton-tige), éventuellement humidifié au préalable avec du soluté physiologique (encadré Matériel). ● Il est ensuite roulé sur une lame, afin d’y déposer le prélèvement effectué.
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Coloration ●
Après son identification, le prélèvement est
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comment gérer
les otites récidivantes ou chroniques chez le chien et le chat Les récidives sont très fréquentes lors d’otite chez le chien et le chat. Pourquoi récidivent-elles ? Afin de les prévenir, plusieurs mesures peuvent être prises dès la 1ère consultation.
L
a gestion des otites récidivantes ou chroniques est souvent synonyme de casse-tête pour le praticien. Or, la majorité des chiens présentés pour une otite ont déjà connu une ou plusieurs affections auriculaires. ● Lorsque ces épisodes sont suffisamment espacés, aucune difficulté n’est rencontrée, mais lorsqu'ils deviennent fréquents ou si les traitements habituels montrent des limites, il en va tout autrement. Entre un praticien qui se trouve démuni et un propriétaire qui perd patience, l’incompréhension finit par s’installer. ● Ces difficultés peuvent conduire, dans le meilleur des cas, à la consultation d'un autre confrère, mais aussi en dernier ressort à l’euthanasie de l’animal. ● Plusieurs raisons expliquent ces récidives fréquentes chez le chien : les causes locales (affectant l’oreille) sont à prendre en considération, mais le plus souvent, elles résultent d’une gestion imparfaite des causes primaires. Parmi celles-ci, le praticien doit porter une attention particulière aux états d’hypersensibilité (notamment l’atopie, cause majeure des otites chez le chien), et dans une moindre mesure aux dysendocrinies (hypothyroïdie surtout et dysendocrinies sexuelles) (photo 1).
Objectif pédagogique Identifier et traiter les causes d’otites chroniques ou récidivantes chez le chien et le chat.
NOTE 1
Otite chronique chez un labrador retriever hypothyroïdien (photo Ph Blumstein).
LES CAUSES LOCALES
recourir à une forte tranquillisation, voire à une anesthésie générale de l’animal, afin de réaliser une détersion soignée du conduit auditif. ● La façon dont le propriétaire réalise le traitement prescrit (durée trop courte, applications irrégulières ou inadaptées de topiques, …) est également importante. ● Ainsi, l’application en consultation des topiques permet au propriétaire de voir comment procéder et au vétérinaire d’appréhender les difficultés (réaction agressive face à la douleur …)*. Il est en outre intéressant de vérifier les gestes du propriétaire en les faisant réaliser sur place. ● La "simplicité" du protocole peut permettre une meilleure observance : privilégier l’application correcte des traitements, quitte à diminuer la fréquence des détersions (une fois par jour en début de traitement, puis deux fois par semaine constitue un bon compromis). ● Il est nécessaire d’insister oralement, mais aussi par écrit (via l’ordonnance) sur la durée du traitement, le propriétaire ayant naturellement tendance à "relâcher" ses efforts dès l’amélioration des symptômes**.
La conformation du conduit auditif
Un traitement inadapté
Formé d’une partie horizontale longue prolongée par un canal vertical, le conduit auditif présente des possibilités de drainage naturel limitées.
Cependant, le propriétaire n’est pas toujours responsable de la récidive. ● Une otite chronique est parfois le fait d’un traitement inadapté. L’application "en aveugle" de topiques peut ainsi conduire à des résistances. ● La mise en place d’un traitement engendre des modifications profondes de la flore normale du conduit auditif*. Ce traitement peut permettre l’émergence d'une bactérie
L'application de traitements topiques Un traitement mal réalisé
En cas de forte douleur ou d’inflammation importante entraînant une diminution du diamètre du conduit, ne pas hésiter à
●
Philippe Blumstein Cabinet vétérinaire de la Chapelle Les Couets 8 place René-Guy Cadou 44340 Bouguenais
*Cf. article introductif de D. Pin dans ce numéro.
Essentiel ❚ Réaliser une détersion soignée du conduit auditif : en cas de forte douleur ou d’inflammation importante, une forte tranquillisation, ou une anesthésie générale de l’animal peuvent être utiles. ❚ Au cours de la consultation, montrer au propriétaire comment appliquer le traitement et insister sur l’observance du traitement. ❚ L'otite moyenne est une cause sous-estimée de récidive ou de chronicité. ❚ Lors d’otite chronique, une exploration de l’oreille moyenne par imagerie médicale est indispensable.
●
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comment traiter
les otites moyennes et externes chez le chien et le chat
Le traitement des otites a d’abord pour but de diminuer les symptômes, mais un traitement étiologique est indispensable pour éviter les récidives.
L
orsqu’un animal est présenté en consultation pour otite, l’inflammation du conduit auditif et la douleur engendrée prédominent. ● Le traitement doit en priorité améliorer ces symptômes. L’application de topiques auriculaires permet généralement d’atteindre cet objectif, mais la mise en place d’une thérapeutique systémique peut également s’avérer indispensable. ● Le 2e objectif est de limiter les récidives. Il convient de rechercher et, si possible, de traiter la cause primaire. Le traitement est le plus souvent médical (otacariose, maladie générale), mais aussi parfois chirurgical (tumeur du conduit). En cas d’impossibilité de contrôler l’otite, la mise en place d’une intervention palliative, visant à améliorer le drainage du conduit auditif, voire à enlever ce dernier est proposée. ● Le pronostic après traitement est variable : une otite aiguë dont la cause primaire est clairement identifiée (épillet, Otodectes) ne doit pas récidiver. En revanche, une origine allergique rend le pronostic à long terme plus réservé (récidives, complications, …). ● Le traitement médical comprend : - un traitement symptomatique : nettoyage et assainissement du conduit auditif, lutte contre l’inflammation et la douleur, traitement des facteurs d’entretien ; - un traitement étiologique : lutte contre les causes primaires. ● Le traitement chirurgical fait suite à des complications irréversibles. LE TRAITEMENT MÉDICAL SYMPTOMATIQUE Les traitements topiques sont habituellement les plus appropriés lors du traitement d’une otite externe. Même lors de traitements systémiques, l’élimination mécanique du cérumen et des débris du conduit permet une guérison plus rapide. ● Le traitement se déroule en deux phases : ●
1. une détersion du conduit auditif ; 2. un traitement local des facteurs d'entretien, associé ou non à un traitement systémique. La détersion du conduit auditif ● Le nettoyage du conduit auditif externe est une étape indispensable pour une bonne gestion de l’otite externe. Il doit être effectué avant le traitement topique. Il est préférable d’avoir recours aux préparations auriculaires disponibles en dermatologie vétérinaire (encadré 1). Il convient en effet de rester prudent avec les solutions “maison”, généralement inadaptées à la physiologie de l’oreille. Les solutions de polyvidone iodée, par exemple, doivent avoir une concentration maximale de 0,005 p. cent (soit 5 ml d’une solution à 10 p. cent de polyvidone iodée pour 100 ml). ● Un soin particulier doit être apporté à la détersion du conduit auditif, garante de l’efficacité des autres traitements. ● Il s’agit d’éliminer l’excès de cérumen et les débris cellulaires accumulés qui sont le lit des surinfections. - Le pus peut inactiver certaines molécules (gentamycine, polymyxine B par exemple). - D’autre part, ce matériel peut masquer la présence de corps étrangers et ne permet souvent pas de visualiser le tympan. ● Après nettoyage, un examen otoscopique doit pouvoir confirmer l’intégrité de la membrane tympanique.
Le traitement des bactéries et des levures Les traitements locaux
Parallèlement à l’utilisation de nettoyants, l’application de traitements auriculaires permet de lutter contre l’inflammation et d’éliminer les bactéries et les levures, facteurs d’entretien. ● Le topique doit pénétrer dans la partie horizontale du conduit auditif, ce que permet l’utilisation des canules souples proposées par les fabricants. ● Il est ainsi très difficile d’évaluer la quantité de produit instillée. ● Une alternative est de déposer le liquide à l’entrée du conduit, puis de le masser vers le bas. Sa texture huileuse favorise une diffusion ●
Philippe Blumstein Cabinet vétérinaire de la Chapelle Les Couets 8, place René-Guy Cadou 44340 Bouguenais
Objectif pédagogique Mettre en œuvre un traitement adapté lors d’otite externe ou moyenne chez le chien et le chat.
Essentiel ❚ Indispensable, le nettoyage du conduit auditif externe est à effectuer avant le traitement topique. ❚ Après nettoyage, un examen otoscopique doit pouvoir confirmer l’intégrité de la membrane tympanique. ❚ Une forte tranquillisation ou une anesthésie générale facilitent le traitement en cas de douleur importante ou de sténose. ❚ Le plus souvent, il est inutile de mettre en place un traitement systémique en présence d’une otite externe. Geste ❚ Instiller le liquide largement dans le canal auriculaire, puis réaliser un massage doux et prolongé (pendant plusieurs secondes) du cartilage.
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conduite à tenir diagnostique
lors d’atteinte de l’oreille interne chez le chien et le chat
Laurent Cauzinille
Centre hospitalier vétérinaire Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
Lors de suspicion d’atteinte de l’oreille interne, un examen complet du système nerveux, des examens complémentaires comme la mesure des potentiels évoqués auditifs et l’imagerie médicale sont nécessaires pour parvenir à un diagnostic étiologique.
SÉMIOLOGIE DE L’OREILLE INTERNE
Objectif pédagogique
Commémoratifs et anamnèse
Réaliser un examen clinique et mettre en œuvre des examens complémentaires adaptés lors de suspicion d’atteinte de l’oreille interne.
T
Examen clinique général
oute atteinte de l’oreille interne entraîne des troubles de l’audition et des troubles de l’équilibre. Ces troubles peuvent être associés ou non. L’oreille interne a en effet deux fonctions : 1. la transduction du bruit en signal électrique qui est intégré dans les centres de l’audition ; 2. la perception, par un jeu de récepteurs mécaniques, de la position et de la cinétique de la tête renseignant les noyaux vestibulaires sur la nécessité d’adapter le tonus musculaire pour un équilibre optimal de l’ensemble du corps (encadré 1). ● Cet article présente les éléments sémiologiques et les examens complémentaires à réaliser lors de suspicion d'atteinte de l'oreille interne chez les carnivores domestiques (figure).
Le signalement de l'animal ainsi que les commémoratifs, notamment la date d’apparition des premiers signes cliniques, leur évolution dans le temps, l’efficacité des traitements mis en place, sont des renseignements essentiels dans l'élaboration du diagnostic différentiel.
● Le praticien porte surtout son attention sur l’examen de la face du côté atteint et du conduit auditif correspondant. La sphère otorhinolaryngée est aussi bien explorée, afin de rechercher un ganglion réactionnel, un corps étranger ou une masse. ● L’examen général est ensuite conduit normalement, afin de mettre en évidence des affections intercurrentes ou d’autres affections indépendantes, mais qui auraient une signification clinique plus grave (masse abdominale, souffle cardiaque et signes respiratoires, …).
L'examen du système nerveux L'examen du système nerveux doit être effectué dans son intégralité, même si la neuro-localisation est évidente d’après les commémoratifs (la surdité ou des troubles
●
Figure - Conduite à tenir lors de suspicion d’atteinte de l’oreille interne 1
2 3
4
5
●
Rechercher les commémoratifs en faveur d’un traumatisme ou de l’utilisation de produits ototoxiques Se renseigner sur le caractère chronique ou aigu de l’apparition des signes
●
Examen général et notamment des conduits auditifs
●
Examen du système nerveux pour confirmer la présence ou l’absence de signes d’atteinte centrale (déficit proprioceptif, grande prostration, nystagmus vertical)
●
En l’absence de déficit central, rechercher une atteinte des nerfs crâniens avoisinants le nerf VIII : - le nerf VII : parésie/paralysie faciale, sècheresse cornéenne ; - l’innervation orthosympathique de l’œil : syndrome de Claude Bernard Horner en faveur d’une lésion structurale de l’oreille interne (imagerie tomodensitométrique ou par résonance magnétique de l’oreille moyenne et interne)
●
1
Posture associée à une ataxie vestibulaire : tête inclinée à gauche et hypotonie ipsilatérale sur un chat atteint d’une otite moyenne interne (photo L. Cauzinille).
Essentiel ❚ Effectuer un examen approfondi du système nerveux. ❚ Pour bien comparer les structures paires, l'interprétation radiographique de l’os pétreux nécessite une symétrie parfaite. ❚ La tomodensitométrie est une excellente technique pour visualiser la région pétreuse.
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En l’absence d’atteinte d’autres structures nerveuses, réalisation d’un potentiel évoqué auditif - Si examen normal : confirme une lésion uniquement fonctionnelle et non structurelle du système vestibulaire - Si examen anormal : ne permet pas de conclure ● Répéter l’examen quelques jours plus tard ou réaliser des examens d’imagerie médicale pour éliminer une cause structurelle ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 37
diagnostic, traitement et pronostic des atteintes de l’oreille interne chez le chien et le chat
Laurent Cauzinille Centre hospitalier vétérinaire Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
Objectif pédagogique
Plusieurs affections peuvent toucher l’oreille interne. Des examens complémentaires sont indispensables pour localiser précisément la lésion. Lorsqu’un traitement étiologique peut être mis en place, le pronostic est en général bon.
Connaître les affections de l’oreille interne, établir un pronostic et mettre en place un traitement adapté.
NOTES * Cf. “Conduite à tenir diagnostique lors d’atteinte de l’oreille interne chez le chien et le chat” dumême auteur dans ce numéro. ** Cf. “Dépister les surdités congénitales chez le chiot” de Laurent Garosi, dans le Nouveau Praticien Vétérinaire canine-féline, hors-série Néonatalogie et pédiatrie du chien et du chat, 2003, pages 349-352.
Essentiel ❚ Le diagnostic repose sur : - un potentiel évoqué auditif (qui permet de diagnostiquer une surdité) ; - une étude tomodensitométrique ; - ou une imagerie par résonance magnétique. ❚ Un traitement local, voire même un simple nettoyage antiseptique peuvent parfois créer un traumatisme iatrogène supplémentaire et aggraver l’ataxie vestibulaire.
L
ors d'atteinte de l’oreille interne, c'est la localisation de la lésion qui impose les signes cliniques et non l’étiologie ellemême. ● Les commémoratifs et l’examen clinique doivent rechercher des indices (antécédents traumatiques, hyperthermie, signes multifocaux, …) qui aident à ordonner le diagnostic différentiel et imposent le choix d'examens complémentaires les plus sensibles ou les plus spécifiques possibles*. ● Il est beaucoup plus fréquent que le propriétaire d’un animal prenne rendez-vous pour un trouble de l’équilibre, que pour une simple perte de l’audition. ● Lors de lésion structurale, la surdité est mise en second plan, étant donné le caractère spectaculaire de l’expression clinique d’un syndrome vestibulaire, à l'origine d'un handicap beaucoup plus important. ● Cet article présente les principales affections de l'oreille interne, leur diagnostic étiologique et différentiel, leur traitement et leur pronostic chez le chien et le chat. LES AFFECTIONS CONGÉNITALES DE L’OREILLE INTERNE Une surdité héréditaire est décrite chez 54 races canines et chez le chat. La surdité neurosensorielle congénitale La surdité neurosensorielle congénitale est reconnue chez les races de chiens portant les gènes de pigmentation pie ou merle. La prévalence la plus forte se retrouve chez le Dalmatien, chez qui elle est héréditaire. Les autres races fréquemment atteintes sont le Bull terrier blanc, le Border Collie, le Yorkshire Terrier, l'Australian Heeler, le Setter Anglais, le Berger Australien, le Boston Terrier, le Colley, le
●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 40 - FÉVRIER / MARS 2006
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1
Potentiel évoqué auditif d’un chien sourd (photo L. Cauzinille).
Encadré - Le dépistage clinique d’une surdité Il est très subjectif de poser un diagnostic clinique de surdité chez un chiot, même s’il appartient à une race prédisposée. En effet, le comportement des chiots ensemble ne permet pas de voir un animal s’isoler ou dormir anormalement longtemps puisque tous réagissent en meute. D’autre part, une atteinte unilatérale ne peut pas être évaluée cliniquement. Pourtant, ces chiens devraient être écartés de la reproduction. ● Le diagnostic de surdité congénitale est posé grâce à l’étude des potentiels évoqués auditifs, un test qui ne demande pas une participation active du chiot, qui se fait sur animal vigile et peut être réalisé avant le sevrage et la vente de l’animal. - Dans le cas d’une surdité bilatérale, les deux tracés obtenus sont plats ; dans le cas d’une surdité unilatérale, un seul des tracés l’est. - L’absence d’onde sur le tracé correspond à une dégénérescence des cellules de la cochlée qui sont à l’origine de la transduction de l’onde sonore en phénomène électrique. Ces cellules cochléaires, dont l’origine embryologique est identique aux mélanocytes de la peau, dégénèrent dans les premières semaines de vie en même temps que les pro-mélanocytes d’où, d’une part la surdité congénitale et, d’autre part des animaux à robe majoritairement ou totalement blanche. ●
Doberman, le Walker American Foxhound et le Dogue argentin. ● Une agénésie ou une dégénérescence congénitale de l'organe de Corti, du ganglion spiral ou des noyaux cochléaires est à l'origine de la surdité. L'anomalie est uni- ou bilatérale et permanente. ● L'enregistrement des potentiels évoqués auditifs permet un dépistage précoce dès le 30e jour chez le chien, et dès le 20e jour chez le chat** (encadré, photo 1). La vestibulopathie périphérique congénitale ● Des signes de vestibulopathie périphérique congénitale sont décrits chez le Doberman, le Beagle, l’Akita et le Siamois.
imagerie
les examens radiographiques et tomodensitométriques lors d’otite chronique
chez le chien et le chat
L
L’EXAMEN RADIOGRAPHIQUE Technique de base lors d’otite chronique (si l’on ne peut disposer de scanner), l’examen radiographique n’est pas très sensible, en particulier si les lésions ne sont pas très anciennes. ● Environ 25 p. cent des otites moyennes ne sont pas détectées par la radiographie, mais confirmées par l’intervention chirurgicale [7]. ●
Les images normales Sur un animal sain, la paroi des bulles tympaniques est fine et lisse sur ses deux faces (photos 4, 5). ●
Oncovet, Centre de cancérologie vétérinaire Avenue Paul-Langevin 59650 Villeneuve-d’Ascq
Objectif pédagogique
Lors d’otite chronique, il est essentiel d’observer le tympan et d’être certain de son intégrité pour faire un bilan d’extension complet. Le recours aux techniques d’imagerie médicale est indispensable pour observer l’oreille moyenne et l’oreille interne. e diagnostic d’une otite externe est avant tout un diagnostic clinique : l’examen clinique et à l’aide d’un otoscope restent les techniques de base. Cependant, cet examen ne permet d’observer que la lumière du conduit auditif externe et il est difficile, lors de douleur importante ou de rétrécissement sévère du diamètre du conduit auditif ; de plus, le tympan peut ne pas être visible. La partie moyenne et interne de l’oreille ne peuvent être observées à l’examen clinique. ● Lors d’otite chronique ou d’otite aiguë sévère, il est nécessaire de réaliser un bilan complet de l’oreille (conduit auditif externe, bulle tympanique, os pétreux) pour envisager le traitement adapté, en particulier l’acte chirurgical. Parmi les techniques d’imagerie médicale, la radiographie et le scanner sont le plus souvent utilisés. ● Cet article détaille la technique des examens radiographiques et tomodensitométriques (encadrés 1, 2), l’aspect normal de l’image et les modifications qui permettent de diagnostiquer les otites.
Laurent Marescaux
Réaliser et interpréter des examens radiographiques et tomodensitométriques lors d’otite chronique.
1
Incidence oblique, le chien est en décubitus latéral. - La tête est inclinée d’environ 20° dorsalement pour dégager la bulle tympanique qui est contre le film radiographique. - Le faisceau de rayons X est centré rostralement à la base de l’oreille.
Comment réaliser l’examen radiographique des bulles tympaniques ● Les bulles tympaniques du chien et du chat peuvent être examinées sous quatre incidences : - dorsoventrale ; - latérale ; - obliques gauche et droite : 20° ventrale-droite dorsale et droite 20° ventrale-gauche dorsale ; - gueule ouverte : rostro 5° à 20°ventrale-caudodorsale. ● Cet examen peut être parfois difficile (incidences gueule ouverte et obliques) et l’anesthésie générale est nécessaire pour obtenir une qualité permettant une interprétation précise (tableau). Sur les incidences dorsoventrale et gueule ouverte, une symétrie aussi parfaite que possible est nécessaire, car l’interprétation de l’image impose de comparer l’oreille droite et l’oreille gauche (photos 1, 2). ● Pour les chiens brachycéphales, l’inclinaison du faisceau pour l’incidence gueule ouverte est un peu plus importante (environ 20° au lieu de 5°). ● Chez le chat, la conformation plus globuleuse du crâne peut compliquer la réalisation des incidences obliques. Une incidence spéciale (rostro 10°ventrale-caudodorsale, gueule fermée) est proposée comme alternative (photo 3).
2
Incidence gueule ouverte, le chien est en décubitus dorsal. - Le nez est dirigé vers le tube à rayons X, la gueule est ouverte, la tête est maintenue par des liens. - Le palais dur fait un angle de 5 à 20° avec la verticale. - Le faisceau de rayons X est centré au fond de la gueule (photos L. Marescaux).
Essentiel ❚ Sur un animal sain, la paroi des bulles tympaniques est fine et lisse sur ses deux faces. ❚ Lors d’otite moyenne, des opacifications de la cavité des bulles tympaniques, des augmentations de taille, et un épaississement de la paroi des bulles doivent être recherchés.
- La cavité est radiotransparente et l’os pétreux est au contraire très opaque. - Sur les images radiographiques, les structures fines de l’oreille interne (les osselets) ne sont pas visibles. ● Les conduits auditifs externes sont observés sur l’incidence dorsoventrale. Leur lumière est radiotransparente et leur paroi n’est habituellement pas visible.
CANINE - FÉLINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 45
nouvelle technique
l’endoscopie du conduit auditif réalisation pratique et indications lors d’otites chroniques
Philippe Hennet
chez le chien et le chat L’examen oto-endoscopique révolutionne l’approche du praticien face à une otite. Il permet de visualiser le tympan et d’éventuelles lésions afin d’établir un diagnostic d’otite moyenne, et d’effectuer des actes à but diagnostique ou thérapeutique.
Clinique vétérinaire 4, rue Linois 75015 Paris
Objectif pédagogique
1
Anses de Billeau permettant le retrait de débris (cérumen, corps étranger, poils) du conduit auditif externe, sans risque de lésion du tympan (photos P. Hennet).
Réaliser et interpréter un examen endoscopique du conduit auditif lors d’otite chronique chez le chien et le chat.
L
’otite externe chez le chien et le chat est principalement une affection d’origine dermatologique [1]. Non soignée ou mal soignée, celle-ci peut conduire au développement d’une otite moyenne. Cette dernière est souvent identifiée au stade d’otite moyenne chronique chez le chien et le chat. Une otite moyenne peut être identifiée dans environ 50 p. cent des cas d’otite externe [4, 9]. Par conséquent, en présence d’une otite chronique, il est indispensable d’effectuer : 1. un bilan dermatologique ; 2. un examen du conduit auditif externe ; 3. un examen du tympan.
●
En l’absence de visualisation du tympan, il est impossible de s’assurer qu’il n’existe pas d’otite moyenne.
●
Lorsqu’une otite moyenne est suspectée, qu’elle soit ou non associée à une otite externe, l’endoscopie du conduit auditif permet d’effectuer des actes à but diagnostique ou thérapeutique.
2
Sténose du conduit auditif externe et hypertrophie diffuse des glandes cérumineuses.
Dans le cas d’oreilles saines, la visualisation du tympan peut se faire au mieux dans les trois-quarts des cas. ● En revanche, lors d’otite chronique, le tympan ne peut être visualisé, après lavage méticuleux du conduit auditif externe, que pour seulement 28 p. cent des oreilles [3]. ●
●
Cet article présente les limites de l’examen otoscopique classique, la réalisation d’un examen endoscopique du conduit auditif et du tympan, le diagnostic assisté par endoscopie et le traitement de l’otite chronique.
●
LES LIMITES DE L’EXAMEN OTOSCOPIQUE CLASSIQUE ● L’examen otoscopique a pour but de visualiser le conduit auditif externe dans toute son étendue et, en particulier, lors d’otite chronique, l’examen de sa partie proximale (horizontale) et du tympan. ● Avec un otoscope classique, l’éclairage réduit, l’absence de grossissement et la présence de débris dans le conduit peuvent gêner sa réalisation.
LES LÉSIONS MISES EN ÉVIDENCE À L’EXAMEN ENDOSCOPIQUE L’examen du conduit auditif externe ● Le conduit auditif externe est d’abord examiné sans aucune irrigation, afin de pouvoir visualiser la paroi et les sécrétions. Les accumulations compactes de cérumen peuvent être éliminées avec une anse de Billeau introduite latéralement à l’oto-endoscope (encadré 1, photo 1). ● Si la présence de cérumen ou de pus gêne la visualisation, l’examen est conduit sous irrigation continue. - On utilise soit du NaCL à 0,9 p. cent (si des prélèvements pour bactériologie sont à effectuer), soit une solution diluée de povidone iodée à 0,005 p. cent (dilution à 5 p. cent d’une solution à 10 p. cent de povidone iodée). A une telle dilution, la povidone iodée est la solution la moins ototoxique après le NaCl [6].
3
Otite suppurée avec ulcération de la paroi du conduit auditif externe.
Essentiel ❚ Visualisés à fort grossissement sur un écran de contrôle, l’examen oto-endoscopique peut être enregistré et montré au propriétaire qui peut ainsi mieux comprendre l’importance du problème et les soins effectués.
CANINE - FÉLINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 49
traitement chirurgical des otites indications, limites et choix d’une technique opératoire chez le chien et le chat
Lors d’otite chronique, un traitement chirurgical, par ouverture ou abaissement du conduit auditif externe, peut être associé au traitement médical pour augmenter son efficacité. Dans les cas les plus graves, l’ablation totale du conduit externe peut être effectuée. Cette intervention reste controversée.
L
orsqu'une otite aiguë ne répond pas au traitement médical, la suppuration persiste, des modifications du conduit auditif externe s'installent, l'otite devient chronique, et une otite moyenne peut venir compliquer le tableau clinique. ● Les causes de cet état chronique sont : la disposition anatomique du conduit auditif qui favorise la macération, sa sténose éventuelle, l'échec du traitement médical avec la sélection de bactéries antibiorésistantes et de levures, la persistance d'un corps étranger parfois dans la bulle tympanique, la présence d'une tumeur, une otite moyenne. ● Dès lors, le recours à un traitement chirurgical est souvent envisagé. L'intervention est choisie afin de répondre aux principes généraux de la chirurgie des tissus infectés. L'opération consiste en effet à ouvrir le foyer infecté, à évacuer le pus, à éliminer les tissus infectés et à permettre le drainage du conduit auditif. En fonction de l'ancienneté et de la gravité de l'atteinte tissulaire, les résections sont plus ou moins larges. ● L’ouverture latérale du conduit auditif externe, l’abaissement du conduit auditif externe ou l’ablation totale du conduit auditif externe sont les interventions proposées pour les affections de l'oreille externe. ● En cas d'atteinte de l'oreille moyenne, le traitement comporte une trépanation de la bulle tympanique. Deux voies d’abord sont possibles : 1. par voie latérale, lors d'ablation totale du conduit auditif externe à laquelle elle est systématiquement associée ; 2. par voie ventrale.
Didier Fau Claude Carozzo Unité de chirurgie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique
1
Connaître les indications, les avantages et les inconvénients des différentes interventions chirurgicales possibles lors d’otite chronique chez le chien et le chat.
Ouverture latérale du conduit auditif externe : résultat un an après l’intervention (photo D. Fau).
Chacune a des indications bien précises, des avantages et des inconvénients (encadré 1). ● Lors d'otite externe, le traitement chirurgical n’est pas une solution définitive permettant de guérir à lui seul l'affection. Il s'intègre dans une stratégie complète de soins et doit notamment être associé à un traitement médical de l'otite. ●
L'OUVERTURE DU CONDUIT AUDITIF EXTERNE ou résection de la paroi latérale de la portion verticale Les indications ● Lors d'otite externe, l'ouverture du conduit auditif externe permet son drainage et son aération, ce qui réduit l'humidité et la température (photo 1). Elle ne constitue pas le "traitement" de l'otite, mais elle facilite la poursuite du traitement médical. ● Son ouverture latérale offre également un accès pour des biopsies du conduit, et pour l'exérèse de petites tumeurs (polypes). Dans le traitement des otites moyennes, l'ouverture latérale du conduit auditif externe peut être associée à une trépanation ventrale de la bulle tympanique (tableau).
Essentiel ❚ Lors d'otite externe, l'ouverture du conduit auditif externe permet son drainage et son aération. ❚ L’ouverture du conduit auditif externe est contreindiquée lors de sténose de la portion horizontale du conduit auditif. ❚ La trépanation ventrale de la bulle tympanique est peu agressive et ne laisse pas de séquelles.
Les contre-indications Cette intervention est contre-indiquée lors de sténose de la portion horizontale du conduit auditif, en particulier s'il existe une hyperplasie marquée du revêtement du conduit.
●
CANINE - FÉLINE
Sur quel type d’animal intervenir ? ●
Les indications sont donc assez restreintes.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 53
Fiche
geste chirurgical
l’ouverture latérale du conduit auditif
et la trépanation ventrale de la bulle tympanique Claude Carozzo Didier Fau
Cet article décrit les temps opératoires de l’ouverture latérale du conduit auditif et la trépanation ventrale de la bulle tympanique.
L
ors d’otite chronique, lorsqu’un traitement chirurgical est nécessaire, le choix de la technique opératoire est dicté par la nature et l'étendue des lésions, puis par des considérations telles que la préférence du chirurgien. ● L’ouverture latérale du conduit auditif donne de bons résultats dans beaucoup de cas d'otites chroniques, en l'absence de lésions graves du conduit auditif externe. Techniquement facile à réaliser, elle expose à peu de complications liées à des lésions d'éléments anatomiques. Les veines auriculaires rostrale et caudale sont faciles à répérer. Le nerf facial est trop profondément situé pour être lésé ici. ● La trépanation ventrale est peu agressive. Permettant une exploration large de la bulle tympanique, elle évite de laisser persister des tissus pathologiques ou un corps étranger à l'origine de récidives. Des complications graves sont rares après cette opération. En outre, elle peut être facilement associée à l'ouverture ou l'abaissement du conduit auditif externe.
matériel Pour l’ouverture latérale du conduit auditif externe Matériel de chirurgie courante.
Pour la trépanation de la bulle tympanique par voie ventrale Outre le matériel de chirurgie courante, la trépanation nécessite : - un écarteur autostatique ; - une rugine, pour dégager la surface osseuse de la bulle tympanique ; - deux petits écarteurs-leviers de Hohman, pour dégager l’accès à la bulle tympanique ; - un clou d’ostéosynthèse (broche de Kirchner) et un marteau léger, pour faire une empreinte destinée à empêcher le glissement de la mèche lors de la trépanation ; - un mandrin monté sur une poignée et un assortiment de mèches pour la trépanation. Proscrire tout instrument à rotation automatique en raison de l’encombrement anatomique du site opératoire ; - une pince-gouge, pour l’agrandissement éventuel de l’orifice de trépanation ; - une curette de Volkman ; - une seringue et un morceau de drain de caoutchouc, pour les irrigations peropératoires de la bulle tympanique. Ce morceau de drain est laissé en place après l’opération et fixé avec un fil résorbable synthétique.
Nettoyer aussi complètement que possible l'oreille, et effectuer un traitement local de la dermite du pavillon, dans les jours qui précèdent l’intervention. ● Tondre largement la région. Le rasage est déconseillé. ● L’animal est placé en décubitus latéral sur le côté sain. ● Le chirurgien s’installe, selon sa préférence, côté dorsal (comme cela est classiquement décrit), ou côté ventral.
0,01 mg/kg chez les brachycéphales) ; - induction : thiopental sodique (Nesdonal®), 10 mg/kg ; - entretien : mélange oxygène-isoflurane administré par sonde trachéale. Chez les sujets âgés, l'acépromazine est remplacée par le diazépam (Valium®), 0,2 à 0,5 mg/kg par voie intraveineuse, et le thiopental par le propofol (Rapinovet®) 4 mg/kg par voie intraveineuse. ● Immédiatement avant le début de l'opération, l’animal reçoit une injection intraveineuse de céphalexine (Rilexine®) à 20 mg/kg, répétée 2h, puis 12 h après (sauf si un antibiogramme a permis de déterminer un antibiotique plus adapté).
Anesthésie et antibiothérapie
Technique opératoire (encadré 1, matériel)
L’OUVERTURE LATÉRALE DU CONDUIT AUDITIF EXTERNE Préparation ●
Le protocole anesthésique est le suivant : prémédication : acépromazine (Vétranquil®) 0,1 mg/kg, morphine 0,1 à 0,2 mg/kg (+ glycopyrrolate : Robinul-V®,
●
Unité de Dermatologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Savoir réaliser l’ouverture du conduit auditif externe et la trépanation de la bulle tympanique par voie ventrale.
Geste ❚ L'ouverture latérale est une opération facile à réaliser pour un praticien généraliste habitué à la chirurgie des tissus mous. ❚ La trépanation ventrale de la bulle tympanique nécessite une bonne connaissance de l'anatomie de la région et un minimum d'entraînement sur cadavre.
CANINE - FÉLINE
Soins postopératoires et suivi Confectionner le pansement pour maintenir le pavillon sur la tête de l’animal de façon à dégager l'ouverture du conduit
●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 57
les spécificités des otites
chez le chat
Sur nombre de points, l’anatomie de l’oreille, la clinique et les causes des otites du chat diffèrent de celles du chien. Ces spécificités sont importantes pour mettre en place un traitement adapté.
Chez le chat, d’après les rares données disponibles, l’otite représenterait 2 à 6 p. cent des motifs de consultation [1 bis, 5 bis]. ● L’intervalle d’âge le plus touché est de 1 à 2 ans, et il n’existe pas de prédisposition de race. ●
L’OTITE EXTERNE L’otite externe correspond à l’inflammation du conduit auditif externe et du tympan (encadré 1). ● C’est une affection rare chez le chat [3, 7, 16].
Les signes cliniques de l’otite externe sont assez caractéristiques : - un prurit auriculaire, à l’origine de frottements de la tête, de grattage des oreilles, de mouvements de tête ou d’agressivité ; - une douleur auriculaire vive ; - une mauvaise odeur. ● On distingue, comme chez le chien, les otites érythémato-cérumineuses et les otites suppurées, nettement moins fréquentes. ● Le prurit entraîne souvent, des lésions associées des pavillons auriculaires, parfois spectaculaires, telles que des excoriations, une dépilation ou une dermatite pyotraumatique et, plus rarement, un othématome.
Les ectoparasitoses
●
Démodécie Demodex cati ou D. gatoi)
- Parasite le plus fréquent du conduit auditif externe du chat (50 à 84 p. cent des otites) - Surtout chez les jeunes chats - Très rare
Les dermatites allergiques ●
Dermatite par allergie aux piqûres de puces
- Fréquente
Les dermatites auto-immunes ●
Pemphigus foliacé
- Intéresse souvent les pavillons auriculaires et les conduits auditifs externes
Les traumatismes et les corps étrangers ● ●
Otites par corps étranger Otites suppurées secondaires à des morsures profondes de la zone de l’oreille
Reconnaître les affections à l’origine d’otites externes et moyennes chez le chat.
●
Figure - Les causes primaires d’otite et leur fréquence chez le chat
Otodectes cynotis
Objectif pédagogique
Signes cliniques
L
●
Unité de dermatologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Épidémiologie
es otites chez le chat sont plus rares que chez le chien. Cela s'explique par une anatomie différente, peu de facteurs prédisposants et des facteurs primaires en petit nombre. Toutes ces différences font l'objet de cet article.
●
Didier Pin Claire Spilmont
Essentiel ❚ Les signes cliniques de l’otite externe sont un prurit, une douleur auriculaire vive, et une mauvaise odeur. ❚ Fréquente chez le chat, la dermatite par allergie aux piqûres de puces peut entraîner une otite érythémato-cérumineuse bilatérale. ❚ En revanche, l’otite démodécique est très rare et peut être concommitante à une immunodépression. ❚ Les polypes inflammatoires sont les néoformations du conduit auditif les plus fréquentes chez le chat.
- Rares - Peuvent être observées
Les néoformations ●
Tumeurs du conduit auditif externe
●
Polypes inflammatoires
- Plus fréquentes sur des animaux de plus de 10 ans - 1 à 2 p. cent de l’ensemble des tumeurs chez le chat - Les tumeurs bénignes sont rares - Les tumeurs malignes sont les plus répandues - Souvent chez les jeunes animaux (un an et demi en moyenne) - Néoformations du conduit auditif les plus fréquentes
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 61
observation clinique une otite tumorale chez un chat
Les otites externes non parasitaires sont rares chez le chat. Mais, face à une otite récidivante suppurée chez un chat âgé, une otite tumorale est à envisager.
Claire Spilmont Didier Pin U.P. de médecine des carnivores domestiques E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter une tumeur du conduit auditif chez le chat.
U
n chat européen mâle, de 10 ans et demi, est présenté en consultation pour une otite suppurée récidivante. Il vit en maison avec trois congénères. Aucun antécédent pathologique n’est rapporté par les propriétaires. ● Une otite érythémato-cérumineuse bilatérale est apparue il y a deux ans. Les propriétaires rapportent une aggravation progressive, avec l’installation d’un prurit. - L’examen radiographique des bulles tympaniques n’a rien mis en évidence. La mise en culture bactérienne d’un prélévement auriculaire a permis d’isoler des coques et des bacilles Gram positif dont le genre n’a pas été précisé. ● L’emploi de topiques auriculaires, associant un antibiotique, un antifongique et un corticoïde (Surolan®, Cortyl®) n’a apporté qu’une amélioration temporaire. EXAMEN CLINIQUE
L’examen clinique révèle une otite bilatérale, plus marquée à droite. ● La palpation de l’oreille droite est très douloureuse et déclenche un réflexe de grattage. Le cérumen qui s’écoule de cette oreille est jaune, liquide et malodorant (pus). Son examen et la réalisation de prélèvements induisent des saignements. ● L’oreille gauche présente une otite érythémato-cérumineuse. Un nodule ulcéré de 3 mm de diamètre est observé à l’entrée du conduit auditif externe (photo 1).
1
Vue rapprochée du nodule ulcéré situé dans le conduit auditif externe gauche (photos Unité de dermatologie, E.N.V.L.).
Motif de consultation ❚ Otite suppurée récidivante.
Hypothèses diagnostiques
2
Vue rapprochée de la néoformation obstruant le conduit auditif externe droit.
❚ Tumeur des conduits auditifs externes. ❚ Polype inflammatoire. ❚ Otite moyenne. ❚ Otacariose. ❚ Corps étrangers.
●
HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES Compte tenu de la nature de l’otite, de la présence d’un nodule, de la durée d’évolution, de l’âge de l’animal et de l’espèce concernée, les hypothèses suivantes sont émises (par ordre décroissant de probabilité) : 1. tumeur des conduits auditifs externes : - éléments en faveur : animal âgé, otite chronique et suppurée, nodule observable à l’entrée du conduit auditif ;
- éléments en défaveur : otite bilatérale ; 2. un polype inflammatoire : - éléments en faveur : fréquence de cette affection dans cette espèce, otite chronique, nodule auriculaire ; - éléments en défaveur : âge du chat, otite bilatérale, absence d’autres symptômes : dyspnée inspiratoire par exemple ; - une otite moyenne : - éléments en faveur : otite chronique et suppurée ; - éléments en défaveur : absence de troubles nerveux ; - une otacariose : - éléments en faveur : présence de trois congénères ; - éléments en défaveur : absence de contagiosité ; - un corps étranger : - éléments en faveur : otite suppurée ; - éléments en défaveur : rarissime chez le chat.
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FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 65
cas de nutrition
comment nourir un chat
avec des antécédents d’urolithiase et suspect d’allergie alimentaire
1. Unité de nutrition 2. Unité de dermatologie et parasitologie E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex 3. Clinique vétérinaire 42 route de Chartres 78190 Trappes
Lorsqu’un animal présente en même temps deux affections qui nécessitent une adaptation de l’alimentation, il est nécessaire de connaître les contraintes nutritionnelles de chacune, afin de proposer une ration qui maintienne l’animal en bon état.
U
n chat européen mâle castré de 5 ans est présenté en consultation pour un prurit très marqué et constant, une dépilation et des croûtes en région dorsolombaire, dans le cou et dans le pavillon de l'oreille. ANAMNÈSE
● Ce chat vit en pavillon, avec parquet et tapis, et a un accès libre à l’extérieur (jardin, rue, …). Il cohabite avec un chien Labrador de 6 ans, la famille est composée d’adultes et d’enfants. Les séjours à la campagne en Auvergne sont fréquents. ● Depuis trois récidives de cystites accompagnées d’une crystallurie de phosphates ammoniaco-magnésiens cinq ans auparavant, il reçoit une alimentation adaptée (Hill’s Feline c/d® boîte). Aucune récidive urinaire n’est apparue mais, un an après le dernier épisode de cystite, des lésions prurigineuses, alopéciques et croûteuses sont observées en région dorsolombaire et dans le cou. La présence de puces adultes permet d’établir un diagnostic de dermatite miliaire et d’alopécie extensive féline associée à une dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces (D.H.P.P.). ● Un traitement antiparasitaire externe (fipronil : Frontline spray® et lufénuron : Program®) et interne (Drontal Chat® pour le chat, Drontal P® pour le chien), associé chez le chat à de la dexaméthasone per os (Dexoral X®) pendant deux semaines pour diminuer le prurit. La propriétaire a refusé de traiter l’environnement.
EXAMEN CLINIQUE Le chat est présenté à nouveau deux ans plus tard. À l’examen clinique, il pèse 5,4 kg, en état corporel normal, il régurgite des boules de poils
●
Géraldine Blanchard1 Laurence Colliard1 Geneviève Marignac2 Édouard Aletti3
Objectif pédagogique
1
Chat le jour de la présentation (photos G. Blanchard).
Prescrire un régime adapté à un chat atteint à la fois d’urolithiase et d’allergie alimentaire.
deux fois par semaine. Il est abattu depuis quelques jours et il présente, depuis une quinzaine de jours, des lésions cutanées : - un prurit important (léchage, grattage et mordillement) de la face, du dos et des flancs ; - une alopécie diffuse et extensive de la région dorso-lombaire, des épaules et de la face (région temporale) (photos 1, 2) ; - de nombreuses papulo-croûtes dans les zones de dépilation (photos 3, 4). BILAN DE L’EXAMEN CLINIQUE Ce chat présente un prurit facial et lombaire, associé à une alopécie extensive et une dermatite miliaire.
2
Alopécie dorso-lombaire.
●
DIAGNOSTIC Le diagnostic différentiel doit être effectué entre une dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces, une dermatite atopique, une allergie/intolérance alimentaire (tableau 1). ● Les examens complémentaires réalisés : “scotch-test” et raclages cutanés négatifs, écouvillons auriculaires sont négatifs, trichogramme montrant une extrémité des poils cassée et des racines en phase anagène, déterminent une alopécie auto-induite par prurit et frottements. ● Le diagnostic s’oriente vers la confirmation d’une dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces et la suspicion d’une allergie/intolérance alimentaire. Une dermatite atopique ne peut cependant pas être éliminée. ●
Motifs de consultation ❚ Prurit très marqué et constant. ❚ Dépilation et croûtes en région dorsolombaire, dans le cou et dans le pavillon de l'oreille.
Hypothèses diagnostiques ❚ Dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces. ❚ Dermatite atopique. ❚ Allergie/intolérance alimentaire.
RUBRIQUE
TRAITEMENT Un traitement médical est mis en place pour : - lutter contre les puces : fipronil en "spot
●
69
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 69
immunologie
les facteurs à l’origine de maladies auto-immunes Des facteurs génétiques, hormonaux et environnementaux sont à l’origine de maladies auto-immunes. Les mécanismes exacts ne sont pas encore connus, mais différentes hypothèses commencent à émerger.
L
es processus physiopathologiques qui conduisent à la rupture des mécanismes de tolérance*, donc aux maladies autoimmunes, sont probablement liés à des causes multiples. ● Ce trouble immunitaire résulte de la conjonction de différents facteurs, parmi lesquels : - des facteurs génétiques et hormonaux ; - le vieillissement** ; - des facteurs exogènes. ● Ces facteurs peuvent être retrouvés dans un contexte néoplasique et expliquer la survenue de maladies auto-immunes lors de cancers (encadré). LES FACTEURS GÉNÉTIQUES ET LES PRÉDISPOSITIONS RACIALES Les arguments en faveur d’une composante génétique des maladies auto-immunes sont initialement fondés sur des études humaines familiales montrant : - la concentration de plusieurs cas dans une même famille ; - un taux de concordance plus élevé chez des jumeaux monozygotes par rapport aux dizygotes ; - une prévalence différente selon les groupes ethniques. ● Les modèles animaux confortent ces données initiales. ●
Des maladies dues à l’interaction de plusieurs gènes de susceptibilité Ces maladies apparaissent toutefois génétiquement complexes, en raison de l’interaction de nombreux gènes différents. ● Parmi les gènes de susceptibilité, l’association prédominante et la mieux connue est celle qui lie les maladies auto-immunes et le complexe majeur d’histocompatibilité (C.M.H.). ●
Chez l’Homme, c’est le cas principalement des gènes du système H.L.A. (“Human leukocyte antigen”) de classe I ou de classe II, et de gènes codant pour des composants du complément (C1q, C2, C4). ● La recherche de gènes de susceptibilité hors du complexe majeur d’histocompatibilité est orientée par : - l’analyse de modèles spontanés de maladies auto-immunes chez l’animal et chez l’Homme ; - l’observation de syndromes inflammatoires ou auto-immuns induits par invalidation ou surexpression d’un gène chez la souris ; - les études thérapeutiques, dans les maladies auto-immunes expérimentales. ● Certains variants alléliques de gènes codants pour des cytokines pro-inflammatoires (comme l'IL-6 et le T.N.F.α), ou pour leurs récepteurs, semblent susceptibles d'augmenter la prédisposition à certaines maladies auto-immunes, en agissant sur le niveau d'expression de ces molécules. ● Par ailleurs, chez l'Homme et la souris, des mutations des gènes codant des protéines impliquées dans l'apoptose lymphocytaire comme Fas ou Fas-L sont fortement associés à certaines formes de maladies lupiques (exemple dans le modèle murin des souris MRL/l). Les associations et les prédispositions prouvées chez le chien Dans l’espèce canine, une association a été démontrée entre : - le diabète sucré (de type insulino-dépendant) et l’expression des gènes D.L.A. (“Dog leukocyte antigen“) A3, A7, A10 et B4 ; - le lupus érythémateux systémique et l’expression du gène D.L.A.-A7 ; - les anticorps antinucléaires et l’expression du gène D.L.A.-12 ; - la polyarthrite auto-immune et le gène codant pour la fraction C4 du complément (D.L.A. de type III). ● Certaines races de chiens apparaissent plus particulièrement prédisposées à certaines maladies auto-immunes (Cocker et anémie hémolytique auto-immune ; Shetland et Colley et dermatomyosite ; Akita Inu, Husky sibérien, Samoyède et Chow-chow et syndrome uvéo-dermatologique, ...). ●
Luc Chabanne Unité de médecine interne E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Connaître les facteurs à l’origine de maladies auto-immunes.
NOTES Cf. les articles d’immunologie parus dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE : * “Tolérance au soi et auto-immunité”, de L. Chabanne, N°26, déc/jan 2006, p. 672-674. ** ”Le système immunitaire de l’animal âgé”, de S. Boullier, N°10, oct/déc 2002, p. 587-588.
Essentiel ❚ La perte de la diversité génétique peut expliquer la susceptibilité accrue de certaines races de chiens à des maladies auto-immunes. ❚ Des virus ou d’autres agents infectieux ont été mis en cause dans la survenue de maladies auto-immunes.
73
Partenariat
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 73
Texte original : Luc Chabanne Scénario & dessins : Frédéric Mahé Tout a commencé dans le salon de Baker Street, où j’étais passé prendre le thé avec mon ami Sherlock Holmes. Il était très préoccupé... Savez-vous, Watson, que les affections autoimmunes sont de plus en plus fréquentes ?
Après quelques heures... Chut, Watson !
Eh oui, Watson, les gènes sont impliqués ! On connaissait déjà les liens avec le diabète, le lupus érythémateux systémique, et les gènes codant pour certaines cytokines : ils sont aussi dans le coup ! Diantre ! Me voilà démasqué !
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 76 - FÉVRIER / MARS 2006
76
Sa Majesté veut des réponses, Watson, ce courrier est très clair ! Si nous sortions nous rendre compte par nous-mêmes ?
Ah ah Watson, regardez ! Je m’en doutais ! Un gène ! Bonté divine, Holmes !
Et voilà, Watson ! Nous savions que certaines lignées étaient suspectes, maintenant nous sommes sûrs que la consanguinité est un facteur important !
Bon sang, Holmes, où avez-vous trouvé tout çà ? Vous me sidérez !
Watson, venez par ici !
Et la consaguinité pousse certains gènes à se regrouper, ce qui augmente leurs chances de se trouver ensemble, ce qui accroît la susceptibilité aux facteurs externes ...
Regardez, Watson : ce chien présente des signes très nets de consanguinité !
De retour à Baker Street, Holmes n’était toujours pas satisfait ...
Cette histoire de cytokines le travaillait littéralement. Inutile de lanterner, il fallait y aller ...
Watson, nous pataugeons ! Il nous faut aller sur le terrain. Je sens que les cytokines y sont pour quelque chose ... Vraiment, Holmes ?
Je connais un endroit à la campagne, où certains individus fabriquent des cytokines. Je flaire une malfaçon, Watson !
Ah ah Watson, plus que quelques analyses, et tout sera clair !
Dès notre arrivée…
Voyons …
Regardez, Watson : on voit bien que les cytokines pro-inflammatoires sont devenues plus fortes que les cytokines anti-inflammatoires !
Tout ceci est dû à un ensemble très varié de causes : la génétique, certains virus, certains médicaments... L’affaire est loin d’être simple, Watson !
Sans compter que les femmes semblent plus prédisposées ! Qu’allons-nous dire à la Reine ?
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 77
N.A.C.
comment anesthésier
Didier Boussarie
le lapin de compagnie
Clinique vétérinaire de Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
Objectif pédagogique
En raison des particularités anatomiques et physiologiques du lapin, les modalités de son anesthésie diffèrent de celles des carnivores domestiques, en particulier pour la diète préopératoire, l’induction et l’entretien de l’anesthésie.
Prendre les précautions nécessaires et utiliser les produits adaptés pour l’anesthésie du lapin.
L
1
L’intubation est difficile chez le lapin. Une induction au masque peut être réalisée (photo D. Boussarie).
NOTES Cf. articles N.A.C. dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE de : * E. Risi, "L’hospitalisation des rongeurs et des lagomorphes", Horssérie L’hospitalisation 2002, p. 75-77. ** D. Boussarie, “L’anesthésie des petits mammifères : quelles précautions prendre ?”, N°25, oct/nov 2005, p. 421-423.
’anesthésie et, d’une façon plus générale, toute intervention chirurgicale, présentent des risques élevés chez le lapin. Des mesures préopératoires, peropératoires et postopératoires spécifiques sont nécessaires pour prévenir ou traiter les complications ou les accidents fréquents, dans cette espèce*.
● Le maintenir dans une pièce calme et bien ventilée, à l’écart des chiens et dans l’obscurité pour la nuit**.
La diète préopératoire ● Une diète préopératoire de 2 à 4 heures est suffisante dans la plupart des cas**. En effet, le lapin ne peut pas vomir en raison de l’étroitesse de son pylore. ● Cette diète permet d’éviter la présence d’aliments dans la cavité buccale et de diminuer le volume gastrique, car lorsque ce volume est important, il modifie l’effet de la dose anesthésique. ● Une diète prolongée peut être dangereuse, avec un risque d’arrêt du transit.
L’antibiothérapie préventive Une antibiothérapie préventive est utile s’il existe des risques significatifs de contamination bactérienne peropératoire (abcès bucco-dentaire, chirurgie digestive) ou si l’on intervient sur un animal infecté ou suspect de l’être (pasteurelles).
●
LES MESURES PRÉOPÉRATOIRES L’hospitalisation ● Il est vivement conseillé d’hospitaliser le lapin la veille, pour ne pas intervenir sur un animal stressé.
Tableau 1 - Les principaux anesthésiques utilisés chez le lapin de compagnie Produit
Essentiel ❚ Une diète préopératoire
●
de 2 à 4 heures est suffisante. ❚ Le bilan préopératoire comprend une mesure de l’hématocrite, de la glycémie, de la calcémie et des constantes rénales. ❚ Une antibiothérapie préventive est utile : - s’il existe des risques significatifs de contamination bactérienne peropératoire ; - si l’on intervient sur un animal infecté ou suspect de l’être.
Remarques
Chirurgie légère
- Tilétamine zolazépam
- 10 mg/kg (5 à 20) - Voie intramusculaire
- Hyperesthésie cutanée persistante - Faible et courte myorelaxation - Risques de néphrotoxicité
- Propofol
- 10 mg/kg - Voie intraveineuse
- Anesthésie légère et de courte durée (5 min), réveil rapide - Intéressant pour une opération césarienne
- 25 à 40 + 0,5 à 1 mg/kg - Kétamine + acépromazine - Voie intramusculaire
Chirurgie lourde - Médétomidine - 250 à 300 µg/kg - Kétamine - Diazépam (facultatif) - Xylazine + Kétamine
- Voie sous-cutanée ou intramusculaire - 20 mg/kg - Voie sous-cutanée ou intramusculaire - 1 mg/kg - Voie sous-cutanée ou intramusculaire - 4 à 5 mg/kg + 20 mg/kg - Voie intramusculaire
- 1 à 2 % à l’entretien
- Isoflurane
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- Analgésie modérée
●
Anesthésiques gazeux - Halothane - 4 à 5 % à l’induction
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 78 - FÉVRIER / MARS 2006
Posologie et voie
Anesthésiques fixes
- 4 à 5 % à l’induction - 1 à 2 % à l’entretien
- Anesthésie chirurgicale de bonne qualité avec immobilisation, analgésie et myorelaxation - Risques de dysrythmie cardiaque et de dépression respiratoire
- Idem - Anesthésie plus courte - Circuit ouvert ou semi-ouvert - Possibilité d’induction avec kétamine (15 mg/kg) ou tilétamine-zolazépam (10 mg/kg)
principe actif
Wajdi Souilem Kamel Barhoumi
l’atropine
C
hef de file historique des parasympatholytiques, l’atropine a été isolée pour la première fois en 1883 de la belladone (Atropa belladonna). Elle bloque de façon compétitive et non sélective les récepteurs muscariniques de l’acétylcholine. Malgré ses multiples indications, cette molécule présente des effets indésirables majeurs, systématiques et inévitables (encadré).
Laboratoire de physiologie - pharmacologie École nationale de médecine vétérinaire 2020 Sidi Thabet, Tunisie
Classe pharmacologique
Pharmacodynamie Action parasympatholytique ● L’inhibition des récepteurs muscariniques se traduit par une diminution du tonus parasympathique, de sorte que le système sympathique devient dominant. ● L’action centrale de l’atropine est très limitée. Elle ne s’installe que lors d’un surdosage, ou sur des animaux sensibles.
- Parasympatholytique, anticholinergique - Spasmolytique neurotrope - Mydriatique - Bronchodilatateur
PHARMACOLOGIE
Action cardiovasculaire
Pharmacocinétique
L’atropine provoque une accélération cardiaque et prédispose à l’hypertension.
❚ Dyspnée ❚ Diarrhées ❚ Spasmes ❚ Bradycardie, bloc auriculo-ventriculaire, arrêt cardiaque, trouble du rythme supraventriculaire ❚ Intoxications par les organo-phosphorés
L'atropine est rapidement absorbée par voie digestive. La résorption par toutes les muqueuses est bonne, y compris par la muqueuse oculaire, avec possibilité de diffusion dans la circulation générale. - En collyre, l’effet mydriatique est observé au bout de 15 à 20 min, avec un effet maximal au bout de 2 h. - Après injection intraveineuse, l’effet est obtenu en 3 à 4 min. Il se traduit généralement par une tachycardie. En pré-anesthésie, la durée d’action est de 20 à 30 min. - La distribution est large dans tous les tissus. Le passage de la barrière placentaire est à l’origine d’une tachycardie fœtale. - Le catabolisme se fait par hydrolyse et glucuronoconjugaison. L’atropine est inactivée dans le foie par une atropine estérase. ● L’élimination se fait par voie urinaire, avec un tiers sous forme inchangée, et deux tiers sous forme glucuronoconjuguée. ●
PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES ● Dénomination chimique : D L-tropate de tropanyle ● Dénomination commune internationale : Atropine, DL-Hyosciamine, Atropine sulfate. ● Noms commerciaux : Enterotab®, Felidiarix®, Canidiarix®, Diarsed®* (spécialités à tropisme digestif), Ekypulmyl® (spécialité à tropisme respiratoire). ● Structure : - L’atropine est un ester organique formé par la combinaison d’un acide aromatique, l’acide tropique, et d’une base organique, la tropine. - Sa formule brute est C17H23NO3, avec un poids moléculaire de 289,37. ● Caractéristiques : - L’atropine se présente sous forme de collyre à 1 p. cent à base de sulfate d’atropine, ou sous forme injectable : solution injectable (Atropine sulfate La-
Indications
Action spasmolytique
Dans le tube digestif, l’atropine provoque une inhibition des contractions péristaltiques et s'oppose à l'hypertonie produite par la morphine. ● L’action antispasmodique s'exerce aussi sur les bronches et sur les voies biliaires et urinaires. ● Dans la vessie, l’atropine induit une augmentation du tonus du sphincter interne et une dilatation vésicale. Son action sur l'utérus est pratiquement inexistante. ●
Action antisécrétoire
L'atropine réduit les sécrétions digestives (salivaires, gastriques), bronchiques, cutanées et lacrymales. Action mydriatique ●
L’action mydriatique se traduit par une my-
Essentiel
Figure - Structure de l’atropine
voisier®*, ampoules de 1 ml dosées à 0,25 ou 0,5 mg/mL), spécialités à tropisme digestif et spécialité à tropisme respiratoire. - Classée dans la liste 1, l’atropine est liposoluble et présente un caractère base faible. Elle est très soluble lorsqu’elle se présente sous forme de sel (sulfate). - C’est un mélange racémique avec la forme dextrogyre inactive. * Spécialité humaine.
❚ Le chat et le chien sont plus sensibles à l’atropine que les autres espèces. ❚ L'atropine est un puissant mydriatique à très longue durée d'action. ❚ La 1re indication de l’atropine est la bronchodilatation lors de dyspnée.
81
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 81
management les antiparasitaires externes :
une gamme clé pour la fréquentation clinique
H
UNE QUADRUPLE IMPORTANCE Au moins quatre raisons incitent à s'intéresser au marché des APE. 1. Les aspects techniques et pratiques ● Le parasitisme externe des carnivores domestiques est une dominante pathologique avec un retentissement sur la santé de l'animal parfois grave. ● De plus, sa maîtrise demande aux propriétaires un effort, notamment pour maintenir une bonne observance de la prévention (cf. Tribune d’Alain Mondon dans ce numéro). Ces deux raisons techniques et pratiques fondent une demande soutenue pour des solutions simples et efficaces. 2. Le volet économique ● Face à un tel besoin, le développement rapide du marché a été porté par un double courant d'innovation, l'un portant sur les molécules (après les carbamates et les organophosphorés, l’arrivée des pyréthrines, phénylpyrazolés, chloronicotiniles, I.G.R. (régulateurs de la croissance des insectes (“Insect Growth regulators”), avermectines…) et
Phylum BP 17530 31675 Labège Cedex
Objectif pédagogique
Porté par un double courant d’innovation - les molécules et les formes galéniques - , le marché des anti-parasitaires externes ne retient paradoxalement pas assez l’attention des praticiens. Pourquoi est-ce une erreur de les considérer trop souvent comme des produits de comptoir ? Comment s’explique-t-elle ? istoriquement peu travaillés par les vétérinaires et par les laboratoires pharmaceutiques, les antiparasitaires externes (A.P.E.) des carnivores domestiques ont connu un formidable développement depuis 20 ans, sous l'effet d'innovations majeures, jusqu'à devenir un marché clé. Compte tenu de cette révolution technologique et économique, la définition d'une stratégie de développement de cette gamme représente un atout considérable. Pourtant, la démarche est loin d'être généralisée.
Philippe Baralon
Mesurer l'importance des antiparasitaires externes Connaître les éléments clés d'une stratégie gagnante.
1 La mise en œuvre d'une stratégie
leurs associations, l'autre sur les formes galéniques (après les poudres externes, arrivée des sprays, spots-on, comprimés, solutions injectables…). Aujourd'hui, dans le domaine des animaux de compagnie, les anti-parasitaires externes (A.P.E.) se situent au 1er rang des classes thérapeutiques contributrices de marge. 3. Le souci de la fréquentation de la clinique ● Au-delà de l'impact économique direct, les ventes d'A.P.E. renforcent la fréquentation de la clinique. Une entreprise vétérinaire qui optimise ce sujet voit 80 p. cent de ses clients franchir la porte en moyenne deux fois par an pour se réapprovisionner en antiparasitaires externes, soit, sur l'ensemble de la clientèle, 1,6 contact supplémentaire par client (2 x 80 p. cent). Cet impact se compare au nombre moyen d'actes par animal : 1,5 à 2 par an. ● A condition de s'organiser pour cela (cf. ciaprès), la clinique qui accueille plus souvent ses clients peut mieux répondre à d'autres besoins, par exemple sur la maîtrise du parasitisme interne, et ainsi renforcer la relation avec ses clients. 4. L'enjeu concurrentiel ● Les A.P.E. représentent un des principaux champs de la concurrence avec les autres circuits de délivrance du médicament, en premier lieu les pharmacies, notamment parce qu'il existe des marques à la fois très connues et largement distribuées. ● Or, c'est à travers le prix de quelques produits, notamment ceux des A.P.E., que les clients fondent leur représentation du positionnement prix global d'une clinique vétérinaire au sein de sa zone de chalandise.
gagnante sur les anti-parasitaires externes (A.P.E.) exige un investissement accru des vétérinaires de l'entreprise et une articulation soignée entre leur action et celle des ASV (photo F. Lemoine).
Essentiel ❚ Les innovations de l'industrie pharmaceutique ont fait des APE une gamme particulièrement technique. ❚ Un travail efficace des APE conduit à une augmentation très significative de la fréquentation de la clinique. ❚ L'effort marketing de la clinique suppose une "doctrine technique" formalisée et partagée. ❚ Sans engagement des praticiens en consultation, le travail des ASV risque de se disperser et de perdre en efficacité.
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MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 85
tribune Alain Mondon
l’observance médicale : comment replacer les enjeux thérapeutiques au centre de la relation vétérinaire / client
D
ans nos sociétés modernes, les relations au client ont évolué considérablement. En quelques décennies, nous sommes ainsi passés de l’ère artisanale de la consommation à l’ère de l’expertise pour aboutir depuis les années 1990 à l’ère émotionnelle (cf. Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°15 Novembre/Janvier 2004 p. 79). ● Les entreprises qui avaient tendance à considérer qu’un client était acquis pour toujours se sont désormais mises à l’heure du marketing relationnel : elles ne cherchent pas seulement à améliorer leurs relations avec leurs partenaires, mais également à consolider les liens qui les unissent à la clientèle. ● C’est l’âge d’or des services clients, contrats de partenariat, programmes de fidélisation. UN “CONTRAT THÉRAPEUTIQUE” ● La médecine vétérinaire n’échappe pas à ces grandes tendances de la société. L’enjeu de la relation au client est aujourd’hui de résoudre un problème de santé « en partenariat» avec le propriétaire, dans une ambiance émotionnelle attractive. Aussi, au delà du geste technique et des considérations médicales, les critères de sa satisfaction passent par des critères subjectifs. ● Dans ce contexte, la prescription médicale doit dépasser le cadre de la simple ordonnance et permettre de formaliser un véritable « contrat thérapeutique » entre le propriétaire et son vétérinaire. Celui-ci signe l’adhésion du premier et l’investissement du second. ● A cette condition, les enjeux thérapeutiques seront replacés au centre de la relation client / vétérinaire.
LA GRAVITÉ DE L’AFFECTION ET L’ATTACHEMENT À L’ANIMAL ● Les études sur l’observance réalisées à ce jour en médecine vétérinaire montrent un fort degré de discordance entre les prescriptions médicales et le comportement des propriétaires. On peut considérer par exemple pour les antibiothérapies à court terme
(rares prescriptions ayant fait l’objet d’études d’observance), que le taux de respect des ordonnances avoisine en moyenne, les 50 p. cent [1, 2, 3]. C’est un constat bien entendu très préoccupant, mais le fait qu’il porte sur des prescriptions dans l’absolu peu contraignantes, laisse entendre que la variable propriétaire est primordiale et que la relation vétérinaire / propriétaire est au cœur du processus d’amélioration de l’observance. ● Une enquête menée récemment auprès de propriétaires de chiens et de chat (entretiens face à face avec 400 d’entre eux ayant un chien ou un chat sous traitement ou ayant fini celui-ci depuis moins de 15 jours) fait ressortir l’importance des critères affectifs dans le suivi des prescriptions : les notions de gravité, d’attachement à l’animal, sont des leviers considérables pour une bonne observance des prescriptions [4]. ● Au travers de cette enquête, on peut être surpris par exemple, d’apprendre que les propriétaires déclarent une moins bonne observance (respect des doses, durées et rythmes d’administration) pour les traitements courts que pour les traitements à vie, bien souvent assimilés à des traitements pour maladies graves.
Alain Mondon Docteur vétérinaire Chef de produits animaux de compagnie VIRBAC France B.P. 447 06515 Carros Cedex
Alain Mondon :
- « Au delà de l’ordonnance, la prescription médicale permet de formaliser un véritable contrat thérapeutique ». - « La relation vétérinaire / propriétaire est au cœur du processus d’amélioration de l’observance ».
CRÉER DE LA “VALEUR MÉDICALE” ● En faisant le parallèle avec les grands principes de création de valeur appliquée aux biens et aux services (valeur délivrée au client = coût + valeur globale : image, personnel, service, …), on peut imaginer que les vétérinaires ont intérêt à créer de la «valeur médicale» pour renforcer le poids des prescriptions, et par voie de conséquence, le lien avec le client. ● Expliquer la maladie et ses enjeux, annoncer un pronostic, valoriser les actes et les services proposés par la clinique sont des valeurs ajoutées incontestables.
A
u delà du succès thérapeutique, l’observance révèle comment sont perçus l’acte médical et le conseil vétérinaire par les propriétaires de chien et de chat. ❒
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Références 1. K. Grave et H. Tanem. Journal of Small Animal Practice. Norwegian College of Veterinary - 1999 2. Barter, Maddison et Watson Aust. Vet. Journal Université de Sydney; 1996 3. Vicky J. Adams. Observance d’un traitement médical antibiotique sur une courte période JAVMA, 2005;vol 226. 4. Données internes ESC Ceram Sophia Antipolis.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER / MARS 2006 - 89
enquête les antiparasitaires destinés à la lutte contre les puces chez le chien :
Anthony Clarin Michel Franc
les habitudes des propriétaires selon une enquête
Unité de dermatologie E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03
auprès de 150 personnes
Objectif pédagogique Connaître les critères du propriétaire lors du choix d’un antiparasitaire externe.
Essentiel ❚ Préciser au propriétaire que le contrôle correct des puces ne peut être efficace que sur le long terme. ❚ Prendre le temps, de mettre en évidence les parasites sur les animaux lors de la consultation.
Figure 1 - Formes galéniques
Les critères de choix par le propriétaire d’un antiparasitaire destiné à la lutte contre les puces chez le chien sont liés au nombre d’animaux qu’il possède et à son habitat. La régularité et l’efficacité du traitement sont directement liés aux informations et aux conseils que le praticien lui donne.
L
e marché des antiparasitaires externes toutes cibles confondues (puces, tiques, agents des gales, ...) pour les animaux de compagnie est estimé à près de 72 millions d’euros, soit 8 p. cent du marché global des médicaments vétérinaires. Bien que la plupart de ces produits soient en vente libre, les vétérinaires totalisent près de 58 p. cent des ventes d’antiparasitaires externes pour animaux de compagnie, les pharmaciens, 25,6 p. cent, et les autres surfaces commerciales, 16,4 p. cent (moyenne mobile en septembre 2004, résultats Alcyon).
Figure 2 - Notoriété des molécules utilisées par les propriétaires de chiens
des traitements anti-puces utilisés par les propriétaires de chiens
● Ces antiparasitaires externes pour animaux de compagnie représentent donc une part non négligeable des ventes de produits vétérinaires. C’est pourquoi il nous a paru intéressant de connaître les habitudes des propriétaires de chiens sur le choix des produits et sur leurs modalités d'utilisation. Cela permet de comprendre les échecs parfois observés.
Pour cela, nous avons réalisé, de mai à juillet 2005, une enquête auprès de la clientèle de deux cliniques vétérinaires de la périphérie toulousaine, et au sein des cliniques de l’École nationale vétérinaire de Toulouse.
●
Cent cinquante propriétaires de chien, qui pouvaient héberger ou non d'autres animaux dans le foyer, ont été interrogés, sans tenir compte du motif de consultation.
●
Le questionnaire concernait : - le mode de vie de l'animal ; - la présence ou non de chats dans le foyer ; - la nature des produits utilisés sur le chien et dans l'environnement ; - leur rythme d'application.
●
LA FORME GALÉNIQUE PRÉFÉRÉE : LA PIPETTE Parmi les propriétaires de chiens qui se rendent chez un vétérinaire, 61,3 p. cent utilisent des pipettes, 32,4 p. cent des spray aérosols, et 3,5 p. cent des colliers (figure 1). Les autres formes galéniques (poudre, shampooing, etc.) restent anecdotiques. ●
La pipette se démarque des autres formes galéniques. Elle est utilisée par la majorité des clients, qui apprécient son application rapide et peu contraignante. ●
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 90 - FÉVRIER / MARS 2006
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test clinique les réponses
une otite externe suppurée
Elise Rattez* Didier Pin**
associée à une otite moyenne
* Unité de médecine interne des animaux de compagnie ** Unité de dermatologie E.N.V.L., 69280 Marcy l’Étoile
secondaire à la présence d’une malformation 1 Quelles sont vos principales hypothèses diagnostiques ? Les hypothèses suivantes peuvent être retenues : - une masse au sein du conduit auditif externe gauche pouvant être originaire de l’oreille externe ou de l’oreille moyenne (tumeur ou polype) ; - une otite parasitaire à Otodectes cynotis ; - une otite traumatique, suite à un corps étranger. 2 Quelle est votre démarche diagnostique ? ● Un examen microscopique direct du cérumen et un examen cytologique du conduit NOTE auditif externe* sont réalisés, afin d’exclure * Cf. l’hypothèse d’otite parasitaire, et de déceler l’é“Geste : l’examen ventuelle présence de facteurs amplificateurs direct de l’otite externe (Malassezia ou bactérie). du cérumen - L’examen microscopique direct du céruet l’examen cytologique men est négatif. du conduit - L’examen cytologique révèle la présence de auditif nombreux bacilles, de polynucléaires neutroexterne”, philes et des images de phagocytose. de D. Pin, dans ce ● Il convient ensuite de réaliser un examen à l’onuméro. toscope des deux conduits auditifs externes : - à droite, l’examen à l’otoscope ne révèle aucune anomalie ; - à gauche, une masse dure, rose et polylobée, obstruant le conduit auditif, est observée. ● Le tympan ne peut être visualisé. ● Les deux conduits auditifs externes sont nettoyés. ● L’examen de la cavité buccale ne révèle aucune anomalie. Les polypes prenant naissance au sein de la trompe d’Eustache peuvent finir par faire protusion dans le naso-pharynx, et par conséquent, déplacer ventralement ou déformer le palais mou et entraîner une obstruction partielle du naso-pharynx, à l’origine de troubles respiratoires. Lors de suspicion de polype, il est donc important d’identifier la présence de signes respiratoires de l’appareil respiratoire supérieur et de réaliser un examen minutieux de la cavité buccale. ● Suite à l’examen à l’otoscope, l’hypothèse d’otite suppurée chronique, secondaire à une néoformation, est privilégiée. 3 Quels examens complémentaires proposez-vous ? ● Des radiographies des bulles tympaniques sont effectuées. Elles révèlent une ostéite de la bulle tympanique gauche, c’est-à-dire un
épaississement de sa paroi osseuse avec un comblement de sa lumière par une opacité de type liquidien (compatible avec une masse ou avec du liquide) (photos 2, 3). ● Une biopsie de cette masse est ensuite réalisée, mais l’examen histopathologique ne permet pas d’en identifier la nature. 4 Quel est votre diagnostic ? Les examens complémentaires nous permettent de conclure, à gauche, à une otite externe suppurée, associée à une otite moyenne, secondaire à la présence d’une néoformation du conduit auditif. 5 Quel traitement proposez-vous ? ● Dans ce cas de figure, le traitement de choix est chirurgical : il consiste en l’exérèse de la masse dans son intégralité (nécessitant ici une ablation du conduit auditif externe), avec le curetage de la bulle tympanique concernée (photo 4). Les risques de collections sérohémorragiques peuvent nécessiter la mise en place d’un drain pendant quelques jours. ● En postopératoire, des soins de plaie quotidiens sont réalisés pendant plusieurs jours. Le port d’un collier carcan est indispensable. Une antibiothérapie à base de céfalexine (Rilexine® 15 mg/kg per os deux fois/j pendant 12 j) est instaurée. ● Un nouvel examen histopathologique de la masse est réalisé, il conclut à un polype d’origine inflammatoire. Le pronostic est donc bon. Un an après l’intervention chirurgicale, l’état général de cet animal est toujours satisfaisant.
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Cliché radiographique de face (gueule ouverte) des bulles tympaniques. - Sur la bulle tympanique gauche, noter l’épaississement de la paroi et l’opacification de type liquidien à l’intérieur de cette dernière.
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Cliché radiographique oblique gauche des bulles tympaniques. - La bulle tympanique gauche (flèche) n’est plus superposée aux structures sous-jacentes. - L’opacité de type liquidien au sein de cette dernière est clairement observée (photos Unité d’imagerie médicale, E.N.V.L.).
CONCLUSION ● Les polypes inflammatoires du chat sont des masses bénignes, souvent unilatérales et pédiculées provenant de la muqueuse du naso-pharynx, de la trompe d’Eustache ou de l’oreille moyenne et pouvant s’étendre au naso-pharynx, à l’oreille externe ou les deux. ● Ils se développent surtout chez des jeunes animaux (à partir de quelques semaines d’âge) et sont la principale cause de masse au sein du conduit auditif externe. ● Les signes cliniques sont fonction de leur localisation (signes respiratoires, otite externe ou moyenne, signes neurologiques). ● Le traitement de choix est chirurgical et doit permettre l’exérèse complète de la masse sous peine de récidive. La technique chirurgicale dépend de la localisation du polype et de son extension au ❒ sein des structures adjacentes.
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- À gauche : dissection du conduit auditif externe, vue peropératoire. - À droite : polype dans son intégralité après exérèse chirurgicale (photos D. Pin).
Pour en savoir plus ● Gaguère E, Prélaud P. Guide pratique de dermatologie féline. Ed. Merial Lyon, 2000:289p. ● Marcia Murphy K. A review of techniques for the investigation of otitis externa and otitis media. Clinical Techniques in Small Animal Practice, 2001, 16(3):236-41. ● Muilenburg RK et al. Feline nasopharyngeal polyps. Veterinary Clinics Small Animal Practice, 2002;32:839-49.
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