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DOSSIER : VOYAGER AVEC SON CHIEN OU SON CHAT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°28 - AVRIL / MAI 2006

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

DOSSIER

Les adjuvants sont des substances qui intensifient la réponse immunitaire spécifique vis-à-vis d’un antigène. Cette augmentation résulte de deux catégories de propriétés : Modification de la présentation physique de l’antigène sous forme de réseau ou d’agrégats,…

…ou action directe sur les cellules présentatrices d’antigène. Active-toi !!

Agrégez-vous en tas !

VOYAGER

AVEC SON CHIEN OU SON CHAT : PRÉPARATION ET PRÉVENTION De plus en plus fréquents et aisés, les voyages du chien ou du chat en compagnie de ses maîtres conduisent les propriétaires à demander conseil aux vétérinaires avant le départ et parfois, à consulter à leur retour : fomalités, réglementation, transport de l’animal, risque d’importation de maladies exotiques : comment répondre à toutes ces questions ...

Management et entreprise Dossier - C o n s e i l s a u x c l i e n t s pour les départs en vacances ou les absences : q u e l s m o d e s d e g a rd e c h o i s i r ? M o n t e r u n e p e n s i o n : l e p a rc o u r s d u c o m b a t t a n t …

N°28 AVRIL MAI 2006

revue de formation à comité de lecture

VOYAGER avec son chien ou son chat - Les formalités réglementaires et les documents nécessaires pour voyager avec un carnivore domestique - Conduite à tenir en préparation ou au retour d’un voyage à l’étranger avec un chien - Les zoonoses importées par les carnivores domestiques : caractérisation des risques et mesures de prévention - Comment tranquilliser sans risque un chien ou un chat pendant le voyage - Comment diagnostiquer et traiter le coup de chaleur - Quels examens réaliser ou conseiller pour le diagnostic des affections au retour d’un voyage - Fiche - Diagnostic, traitement et prévention des trypanosomoses chez le chien

Observation clinique - Deux cas de trypanosomoses canines

Féline - Quelles précautions prendre pour voyager avec un chat et l’adapter à un nouvel environnement

Rubriques - Principe actif Le dimenhydrate - Immunologie et le B.A. BA en BD - Les adjuvants et les immunostimulants - Nouveaux animaux de compagnie - comment anesthésier les rongeurs - Table ronde - Nutrition et reproduction


NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

test clinique

cas d’une petite masse cutanée chez un chat : maligne ou bénigne ?

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)

Rédacteurs en chef

U

Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)

Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)

Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) René Chermette (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Bernard Clerc (Ophtalmologie, E.NV.A.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Olivier Dossin (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.T.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Claude Petit (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.T.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Patricia Ronsin (Reproduction, E.N.V.T.) Etienne Thiry (Virologie, Liège) Patrick Verwaerde (Anesthésie, E.N.V.T.)

n chat mâle castré européen âgé de 12 ans est présenté pour sa vaccination annuelle. ● Lors de l'examen, le praticien note la présence d'une masse sous-cutanée de 5 mm de diamètre sur le cou de l'animal. Cette masse est alopécique, rosée, non ulcérée, ferme et non adhérente au plan profond. Le propriétaire rapporte qu'il avait remarqué cette masse 9 mois auparavant et qu'elle ne semble pas avoir augmenté de taille. Il indique que son animal ne présente aucun signe clinique particulier. ● Afin de préciser la nature de cette masse, une aspiration à l'aiguille fine est réalisée. ● La lame est colorée (Wright-Giemsa) et observée au microscope (photos 1, 2).

Benoît Rannou Michel Desnoyers Service de Pathologie Clinique Faculté Vétérinaire de St-Haycinthe, Québec

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Aspiration à l'aiguille fine. Coloration au Wright-Giemsa, objectif x 500.

Chargée de mission rédaction Valérie Colombani Abonnements Maryse Mercan Infographie, mise en page Maxime Roguier Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray

1 Quel est votre diagnostic ? 2 Quel est le comportement spontané probable d'une telle masse sous-cutanée ? 3 Quelle est votre attitude diagnostique et thérapeutique ?

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr

Directeur de la publication

Réponses à ce test page 81

Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 24€, U.E. : 26€ Tarifs d’abonnement : voir p. 82 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1007 T801 21 I.S.S.N. 1637-3065

comité de lecture

Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 96 - AVRIL / MAI 2006

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Aspiration à l'aiguille fine. Coloration au WrightGiemsa, objectif 1000 (photos Service de pathologie clinique, Faculté vétérinaire de Saint-Hyacinthe, Québec).

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Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Juliette Besso, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Vincent Boureau, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Stéphane Bureau, Jean-Jacques Bynen, Claude Carozzo, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Claude Chauve, Guillaume Chanoit, Yan Cherel, Valérie Chetboul,

Cécile Clercx (Liège), Jean-Pierre Cotard, Jack-Yves Deschamps, Pierre Desnoyers, Marianne Diez (Liège), Armelle Diquelou, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi (Royaume-Uni), Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Sébastien Géroult, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot, Dominique Grandjean,

Jean-François Guelfi, Laurent Guilbaud, Nicole Hagen, Philippe Hennet, Marc Henroteaux, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Christelle Maurey, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person,

Xavier Pineau, Luc Poisson, Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Odile Sénécat, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin, Lionel Zenner.


table ronde

nutrition et reproduction

Colette Arpaillange Rédactrice en chef

Les relations entre l’alimentation et les fonctions reproductrices ne sont pas toujours bien appréciées par les professionnels de l’élevage. Pourtant, les apports nutritionnels influencent fortement la fertilité et certains problèmes d’élevage peuvent être imputés à l’aliment. C’est autour de ce thème que IAMS a invité des spécialistes de reproduction et de nutrition à débattre le 10 mai dernier à Paris.

L

’aliment influence la fertilité et au delà, la vitalité et la croissance des petits.

NUTRITION ET FERTILITÉ De l’avis de tous, si les besoins énergétiques de la chienne reproductrice sont bien connus, ses besoins en nutriments méritent une attention particulière. La chienne gestante doit absolument produire du glucose, soit à partir de l’amidon, soit à partir de protéines. En théorie, comme le souligne Géraldine Blanchard, elle n’a pas besoin de glucides à condition de recevoir suffisamment d’acides aminés glucoformateurs*. Besoins en amidon et en protéines sont donc liés. ● En pratique, insistent les participants, si la chienne reçoit un aliment sec du commerce, elle n’a aucun risque de manquer de glucides. Géraldine Blanchard rappelle que les risques de carences en protéines sont bien réels avec une ration ménagère ou une alimentation industrielle bas de gamme de mauvaise qualité. ● Les carences nutritionnelles sont une réalité dans le domaine de la reproduction. Samuel Buff insiste sur les différences entre les chiennes de particulier, choyées et bien nourries - quelquefois trop -, et les chiennes d’élevage. Chez les professionnels, des soucis de rentabilité peuvent entraîner l’éleveur à baisser la qualité des rations. On cite des exemples récents d’élevage approvisionnés par des industriels de l’aliment pour animaux de rente qui fabriquent des aliments pour chien de piètre qualité. Ces aliments peu coûteux mais dépourvus de protéines animales et pauvres en vitamines liposolubles entraînent des situations catastro●

phiques (infertilité, mortinatalité, et problèmes de croissance). Ainsi, précise Samuel Buff, en collectivité, après avoir éliminé une origine infectieuse, il convient d’envisager la piste alimentaire. Chacun répète que ce n’est pas parce que l’animal reçoit un aliment du commerce que ses besoins sont couverts, surtout en situation de reproduction où les exigences nutritionnelles sont plus importantes.

Les intervenants Colette Arpaillange Praticien hospitalier en hospitalisation des animaux de compagnie. Comportementaliste diplômée des écoles vétérinaires françaises CEAV en médecine interne des animaux de compagnie

Maryvonne Barbaray Directrice de la publication, NÉVA

Géraldine Blanchard

LES CARENCES ALIMENTAIRES ONT DES CONSÉQUENCES SUR LA FONCTION REPRODUCTRICE

PhD, professeur contractuel en nutrition clinique à l’E.N.V.A., agrégée de nutrition, diplomate E.C.V.C.N.

● Christian Iehl signale aussi que beaucoup de chiennes de particuliers sont plutôt en état de surcharge pondérale et de surdosages vitaminiques, ce qui, bien sûr, perturbe la fonction reproductrice au moins autant que les problèmes de carences nutritionnelles. C’est parfois simplement un ingrédient qui a des conséquences négatives, signale Samuel Buff qui cite l’exemple d’un élevage aux prises avec des troubles de la reproduction, accompagnés de néphrites chroniques. Après une longue enquête diagnostique, ces problèmes ont été mis en relation avec la toxicité d’un composant végétal extrait des fleurs de soucis, utilisé comme source de lutéine. ● L’autre difficulté, insistent les spécialistes, c’est que ces carences subtiles n’ont pas de conséquences sur l’entretien. Les éleveurs ont l’impression que les chiens vont bien mais la première fonction sacrifiée en situation de pénurie est la fonction reproductrice. ● En résumé et de l’avis de tous, des problèmes reproducteurs doivent alerter le vétérinaire et l’inciter à faire une enquête alimentaire. ● Quelques éléments d’appréciation peuvent être mis en exergue. Certains sont strictement cliniques : il s’agit de l’état corporel, de l’aspect du pelage et de l’apparence des selles. D’autres se rapportent à la composition de l’aliment et nécessitent de regarder l’étiquette. - Vérifier la présence, plutôt en début de liste, de viandes et de sources de protéines d’origine animale. - Vérifier la présence de vitamines A, D3, E et

Samuel Buff Maître de conférences en pathologie de la reproduction à l’ E.N.V.L, CERREC Diplomate ECAR

Christian Iehl Vétérinaire C.E.S. de diététique canine et féline, Relations extérieures IAMS

Noël Marseloo Master biologie cellulaire physiologie et pathologie, spécialité reproduction et développement Praticien 77700 Magny-le-Hongre

Colette Arpaillange.

NOTE * Tous les acides aminés naturels, sauf la leucine et la lysine, sont glucoformateurs.

Samuel Buff.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 99


table ronde - nutrition et reproduction de cuivre ; si leur présence n’est pas mentionnée, ces substances étant à déclaration obligatoire, c’est que l’aliment n’en contient pas … ou sans doute pas assez ! Attention, un taux de protéines correct n’est pas un gage de qualité, car il peut résulter de légumineuses ou des sources de protéines végétales. La liste des ingrédients permet de connaître les sources utilisées. ● Certaines races expriment des besoins nutritionnels particuliers en période de reproduction. C’est le cas des bouledogues et des boxers, chez qui l’incidence des fentes palatines diminue lors de supplémentation en acide folique et vitamines du groupe B, indique Samuel Buff. Il s’agit d’une prédisposition d’origine génétique qui s’exprime davantage lors de carence. La question est de savoir si le résultat ne serait pas meilleur en travaillant la sélection plutôt qu’en réduisant le déficit d’absorption vitaminique ? Noël Marseloo relate que certains éleveurs supplémentent les rations en folates un mois avant les chaleurs, transposant là un conseil bien connu en médecine humaine.

Noël Marseloo.

Géraldine Blanchard.

UN CONCEPT ERRONÉ : “LE FLUSHING” Samuel Buff décrit cette pratique encore très répandue qui consiste à rehausser massivement le niveau alimentaire avant la mise à la reproduction. Cette technique, issue de l’élevage des brebis, peut se justifier chez des chiennes en très mauvais état comme on en rencontre par exemple en vénerie, mais n’a aucun intérêt dans les autres cas. ● Christian Iehl souligne à l’inverse les inconvénients liés à un excès d’embonpoint, sinon pour des problèmes de fertilité, au moins pour les prédispositions à la dystocie. Le syndrome vache grasse n’existe pas chez la chienne. ●

Christian Iehl.

OBÉSITÉ ET CASTRATION ● Toutes les études confirment que la stérilisation précoce avant les premières chaleurs limite sensiblement le risque de tumeur mammaire. Il semblerait que cet effet soit moindre chez la chienne en surpoids au moment de la stérilisation. ● Une enquête récente à montré une incidence de 39 p. cent d’obésité dans la population canine présentée à la consultation à l’ENVA, et le risque est particulièrement éle vé chez les femelles stérilisées. Un rationnement est obligatoire après la gonadectomie pour prévenir la prise de poids, chez le chien comme chez le chat. La stérilisation diminue en effet le besoin en calories de 20 p. cent à activité égale.

Maryvonne Barbaray.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 100 - FÉVRIER / MARS 2006

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➜ ...

et le chat ?

➜ De l’avis de tous, les erreurs alimentaires ont

beaucoup moins d’incidence sur la reproduction dans l’espèce féline. ● Géraldine Blanchard souligne la plus grande homogénéité de la qualité des aliments complets pour chat. Donc les problèmes sont susceptibles de survenir avec des régimes tout viande et chez les chats nourris avec des aliments pour chiens. ● Historiquement rappelle Samuel Buff, les carences en taurine avaient des répercussions sur la croissance fœtale, la vitalité des chatons et leur croissance ultérieure. Actuellement ces problèmes ont disparu.

L’ALLAITEMENT ARTIFICIEL ET LA DÉLICATE PÉRIODE DU SEVRAGE ● La composition du lait de chienne est parfaitement connue. Pourtant, la qualité des laits de substitution laisse trop souvent à désirer. Il ne suffit pas, rappelle Christian Iehl, de concentrer du lait de vache car la composition en protéines n’est pas comparable (ratio caséine / lactosérum), en particulier pour l’espèce féline. Très peu d’éleveurs ont l’habitude de congeler du colostrum et du lait de chienne, précise Noël Marseloo. L’allaitement de substitution est particulièrement contraignant, comme le souligne Samuel Buff, puisque le chiot a une réserve énergétique de 2 h en glycogène, ce qui suppose de lui donner le biberon très souvent. La distribution à la sonde gastrique permet de gagner du temps ! ● Le sevrage est une période particulièrement délicate et qui doit se faire très progressivement, selon Samuel Buff. Dès 10 jours, dans certaines races, les chiots commencent à consommer l’aliment de la mère. Le mieux est de laisser les chiots continuer à téter tout en les invitant à consommer de l’aliment solide. Tous rappellent que les contacts entre la mère et le chiot doivent être maintenus après le sevrage alimentaire, au moins jusqu’à la fin de la 7ème semaine. Contrairement à d’autres espèces chez la chienne, il n’y a aucun intérêt à couper la production lactée brutalement car le risque de mammite est négligeable. La lactation de pseudogestation est la seule situation où un tarissement est nécessaire. Samuel Buff donne sa méthode : mise à la diète complète pendant 24 h, puis accès libre à l’abreuvement, et réintroduction progressive de l’aliment habituel sur une semaine à dix jours. Les antigalactogènes ne sont préconisés que si le propriétaire est réticent. ❒


éditorial Présenter les principales informations destinées à prévenir le risque de l’importation de maladies exotiques et d’en suspecter l’éventuelle occurrence ...

L

Bernard Toma Service maladies contagieuses E.N.V Alfort 7, avenue du Général De Gaulle, 94704 Maisons Alfort cedex

pour en savoir plus ... - Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°18 (juin / juillet 2004, p. 181 à 233). Dossier : Les zoonoses transmises à l’homme par le chien et le chat

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 102 - AVRIL / MAI 2006

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e dossier traité dans ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline, porte sur les voyages avec un chien ou un chat. Outre les articles sur le diagnostic et la prévention du coup de chaleur, sur comment comment tranquilliser sans risque un chien ou un chat, sur les précautions à prendre pour voyager avec un chat et l’adapter à son nouvel environnement, ce sont essentiellement les voyages à “l’étranger” qui sont pris en considération car ce sont eux qui peuvent engendrer des difficultés sanitaires, indépendamment du mal des transports qui peut survenir dans un déplacement même au sein de l’hexagone. La “mondialisation” en vigueur depuis quelques années n’a pas épargné les carnivores domestiques. En Europe, la disparition du mur de Berlin, la constitution et l’élargissement de l’Union européenne, la dislocation de l’URSS ont été autant de facteurs du développement des voyages de personnes pour des raisons professionnelles, puis touristiques ; et les carnivores domestiques accompagnent leurs maîtres dans certains cas. La banalisation du tourisme intercontinental est allée dans le même sens : un chien ou un chat métropolitain peut se retrouver facilement pour une semaine dans le sud tunisien ou marocain, voire plus loin. Se pose donc la question des maladies « exotiques », dont certaines à caractère zoonotique, qui peuvent être rapportées (ou apportées) à tout moment en France. Les articles de ce Dossier spécial permettent de présenter les principales informations destinées à prévenir le risque de cette importation de maladies exotiques et à en suspecter l’éventuelle occurrence. Il convient d’en distinguer deux catégories : - celles, infectieuses ou parasitaires, non soumises à obligations réglementaires et qui restent donc du libre arbitre de prévention. La probabilité d’occurrence a augmenté au cours du temps, tout en demeurant globalement faible. Ainsi, par exemple, il est certes difficile d’estimer quantitativement la probabilité qu’un chat vu en consultation en France soit infecté par Yersinia pestis parce que revenant d’un pays d’enzootie pesteuse, mais l’ordre de grandeur doit plutôt se situer dans la zone 10-8 à 10-9 … En fait, la logique est sans doute de s’enquérir systématiquement de l’éventualité d’un déplacement en pays étranger en présence de tout tableau clinique inhabituel ; - la rage, qui est la seule maladie soumise de façon internationale à des exigences réglementaires avant le voyage (vaccination d’un animal correctement identifié, éventuellement titrage sérologique), pendant le voyage (contrôle des documents en témoignant) et après le voyage (en cas de morsure et, bien sûr, d’apparition de symptômes suspects). Et là, le “casse-tête” commence ! Pourquoi casse-tête ? Parce que les exigences sont, malgré la récente harmonisation au sein de l’Union européenne, hétérogènes en fonction du pays de départ et du pays d’arrivée … ● Cette harmonisation, dont on comprend bien qu’elle a dû être difficile pour trouver un dénominateur commun entre 25 pays à situation épidémiologique allant de l’absence de rage des animaux terrestres depuis plusieurs décennies, jusqu’à des pays d’enzootie rabique depuis également plusieurs décennies, a abouti à des non sens scientifiques et a révélé une méfiance aiguë de la part de certains pays : ● Un exemple de non-sens scientifique introduit à l’occasion de cette harmonisation est l’obligation de vaccination antirabique pour le déplacement d’un chien ou d’un chat d’un pays indemne de rage vers un pays indemne de rage !


éditorial Scientifiquement, il n’y a pas plus de raison pour un maître prenant le Thalys à la gare du Nord pour Bruxelles avec son chien ou son chat, que son animal soit vacciné contre la rage (ce qui est obligatoire), que pour prendre le TGV à la gare de Lyon pour Marseille (et là, bien sûr, la vaccination ne l’est pas) … ; ● Quant à un exemple de méfiance, il s’agit des exigences exorbitantes de la GrandeBretagne qui impose aux pays d’Europe continentale, indemnes de rage, non seulement cette vaccination mais un titrage sérologique et une « attente » de six mois entre la prise de sang et l’autorisation de se déplacer ! La complexité vient aussi de l’hétérogénéité des décisions réglementaires en fonction des pays de l’Union européenne, en présence de la même situation : Exemples : - délai pour le début de la validité du certificat de primovaccination antirabique : 3 semaines pour certains pays, un mois pour d’autres ; - âge minimal de primo vaccination antirabique : de 6 - 8 semaines à 3 mois ; - durée de validité de la vaccination pour un même vaccin : 1 à 3 ans … Bref, casse-tête ! Alors, pour les grandes lignes, que peut-on retenir ? - Exigences minimales, valables pour tout pays : identification (micropuce ou tatouage) et vaccination antirabique. - En plus, en provenance ou au retour de pays tiers à enzootie rabique : titrage sérologique (≥ 0,5 U.I./ml) et 3 mois d’attente ; - Pour aller en Grande-Bretagne, Irlande, Suède et Malte à partir de l’U.E. : titrage sérologique (≥ 0,5 U.I./ml) et 6 mois d’attente.

E

t si un chien ou un chat vient (ou revient) de l’« étranger » (au sens large, c’est-àdire d’un autre pays, quel qu’il soit), sans être en règle, que se passe-t-il ? La D.G.A.l. a diffusé aux D.S.V. des notes de service dictant les mesures à faire appliquer en fonction de la non-conformité constatée, mesures dans lesquelles les vétérinaires praticiens sont impliqués. Mais, pour une raison qui continue de m’échapper, ces notes sont … confidentielles ! Donc, on ne peut pas présenter ces mesures … ❒ Bonne lecture !

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questions

réponses sur…

les formalités à respecter pour voyager à l’étranger avec un chien ou un chat

cas concrets

■ Quels pays exigent une vaccination antirabique, éventuellement associée à une sérologie de contrôle ? ● On peut considérer qu’à l’heure actuelle, tous les pays exigent une vaccination antirabique pour l’introduction de carnivores domestiques avec leur maître. Il en est ainsi, en particulier, pour l’introduction dans chaque pays de l’Union européenne, en provenance de n’importe quel autre pays. ● Le contrôle sérologique n’est exigé, au sein de l’Union européenne, que pour les carnivores domestiques venant de pays où la rage sévit de façon enzootique, c’est-à-dire la plupart des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique centrale et du sud. ● La Grande-Bretagne est à mettre à part car ce pays a des exigences plus importantes : quarantaine pour les carnivores domestiques provenant des pays d’enzootie rabique et contrôle sérologique pour les autres pays.

■ Le propriétaire d’un chien vivant en Tunisie se renseigne pour savoir quelles sont les formalités à remplir pour pouvoir venir avec son chien en France cet été ● Le chien doit être identifié par tatouage ou puce électronique et vacciné contre la rage ; un prélèvement de sérum effectué un mois après la vaccination doit être envoyé à un laboratoire agréé pour le tirage des anticorps neutralisant le virus rabique. ● Si le résultat est supérieur ou égal à 0,5 UI/ml, le chien ne peut partir avec son maître qu’à partir de 3 mois après la prise de sang. Il doit être accompagné d’un certificat de santé.

■ Le propriétaire d’un chat vivant à Paris souhaite aller avec son animal en Guadeloupe cet été. Il vous demande ce qu’il doit faire. ● Le chat doit être identifié (tatouage ou puce électronique) et vacciné contre la rage. ● Il doit avoir un certificat de vaccination antirabique en cours de validité.

■ Les DOM et les TOM font-ils l’objet de particularités réglementaires pour le voyage avec des animaux de compagnie ? Quid de la Corse ? ● Oui, les départements et les territoires d’Outre-mer font l’objet de particularités réglementaires. ● Pour les DOM, la venue en métropole est “libre”. - En revanche, pour aller dans les DOM à partir de l’hexagone, la vaccination antirabique est exigée. - Il en est de même pour la Corse. ● Pour les TOM, les formalités pour y aller ou pour en (re)venir sont les mêmes que pour un pays tiers où la rage est considérée comme maîtrisée (identification et vaccination antirabique).

■ Le propriétaire d’un chien vivant en métropole envisage d’aller passer quinze jours au Maroc avec son chien. Il vous demande ce qu’il doit prévoir. ● Le chien doit être identifié (cf. ci-dessus) et vacciné contre la rage. ● Il doit avoir subi une prise de sang un mois après la vaccination, avec résultat supérieur ou égal à 0,5 UI/ml, avant son départ. ● Il n’est pas nécessaire d’attendre trois mois après la vaccination, ni pour partir au Maroc, ni pour en revenir. ● Il doit être accompagné de son passeport (du certificat de vaccination antirabique en cours de validité et du résultat du titrage).

réponses de Bernard Toma E.N.V Alfort Service maladies contagieuses 7, avenue du Général de Gaulle, 94704 Maisons Alfort cedex LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 104 - AVRIL / MAI 2006

■ Quelles sanctions sont prévues pour les contrevenants aux règles d’obligations de vaccination antirabique et d’identification ? ● La gestion des non conformités à l’importation et aux échanges intracommunautaires des carnivores domestiques est prévue par l’ordre de service du 15 novembre 2004 qui est strictement confidentiel et à diffusion

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limitée (cf. éditorial). Sont prévus, en fonction de la situation : - l’engagement du propriétaire à respecter un protocole de surveillance particulier ; - ou le refoulement ; - ou l’euthanasie de l’animal. Aucune non conformité liée à l’absence d’identification ne peut donner lieu à dérogation.

■ Est-ce que certains pays imposent encore une quarantaine ? ● Oui, la Grande-Bretagne, par exemple, pour les carnivores domestiques provenant des pays d’enzootie de rage. ■ Quels sont les mentions qui figurent sur le passeport ? - Les coordonnées du propriétaire ; - la description et l’identification de l’animal ; - la vaccination antirabique et le contrôle sérologique ; - le traitement contre les tiques ; - le traitement contre l’échinococcose ; - les autres vaccinations ; - l’examen clinique ; - la légalisation par l’autorité compétente. ■ Quelle est la durée de validité du passeport ? ● Le passeport n’a pas de limite de validité en tant que telle. ● Il peut être utilisé tant que de la place demeure disponible pour chacune des rubriques qui sont renseignées. ■ Existe-t-il des restrictions ou particularités réglementaires pour le voyage avec des N.A.C. (furets, lapins, oiseaux, …) ? ● La réglementation de l’Union européenne a introduit des exigences vis-à-vis de la rage pour les furets, mais pas pour les autres NAC (lapins, oiseaux, …). ● Les furets se déplaçant avec leur maître sont soumis aux mêmes mesures que les chats et les chiens. ● Toutefois, le Royaume-Uni, l’Irlande et la Suède ne demandent ni le titrage d’anticorps, ni le délai de 6 mois. ❒


les formalités réglementaires

et les documents nécessaires pour voyager avec un carnivore domestique

Objectif pédagogique

Selon le pays d’origine ou de destination, et l’âge de l’animal, cet article distingue les échanges au sein de l'Union européenne, de ceux impliquant des pays tiers (importations et exportations).

L

a réglementation régissant les voyages des carnivores domestiques au sein de l'Union européenne et en provenance de pays tiers a été à la fois harmonisée et rendue plus complexe au cours des dernières années. Elle a abouti, parfois, à des obligations ne reposant pas sur un fondement scientifique, et à des obligations supérieures à ce qui est prévu par le Code zoosanitaire de l'Office international des épizooties. Ainsi, au sein de l'Union européenne, les échanges de carnivores domestiques entre pays indemnes de rage impliquent une vaccination antirabique, alors que le Code zoosanitaire prévoit simplement un certificat de santé. ● Cette réglementation conduit à prendre en compte diverses situations et plusieurs facteurs, en particulier : 1. les mouvements commerciaux ou non commerciaux ; 2. le pays d'origine, en distinguant l'Union européenne des pays tiers, avec des particularités au sein de chacun de ces deux groupes ; 3. l'âge des animaux. ● Au sein de l'Union européenne, la concertation n'a pas été facile car il a été nécessaire de concilier les conceptions de pays avec des situations épidémiologiques très différentes : - certains connaissant une enzootie rabique depuis longtemps ; - d'autres, comme la Grande-Bretagne, historiquement indemne de rage des animaux terrestres, particulièrement sensibilisés par cette maladie et extrêmement exigeants. ● Cet article ne porte que sur les carnivores domestiques circulant avec leur maître. Il prend en compte les règles fixées notamment par le règlement CE N° 998/2003 du 26 mai 2003 et l'arrêté ministériel du 20 mai 2005.

Bernard Toma Service maladies contagieuses E.N.V Alfort 7, avenue du Général De Gaulle, 94704 Maisons Alfort cedex

Connaître les formalités réglementaires à remplir pour voyager en fonction du pays d’origine et de destination.

1

L’identification par tatouage ou par un système d’identification électronique est une exigence pour tous les pays de l’Union Européenne (photo C. Arpaillange).

Encadré 1 - les exigences minimales, applicables quel que soit le pays d'origine ou de destination Ces exigences sont applicables pour les carnivores domestiques accompagnant leur maître au sein de l'Union européenne. ● Identification par tatouage ou par un système d'identification électronique (transpondeur conforme à la norme ISO 11784 ou à l'annexe A de la norme ISO 11785). ● Vaccination antirabique en cours de validité, selon le protocole en vigueur dans l'État membre où a été pratiquée la vaccination. ● Passeport conforme au modèle défini par la décision de la Commission 2003/803/CE, délivré par un vétérinaire habilité par l'autorité compétente.

LES ÉCHANGES AU SEIN DE L'UNION EUROPÉENNE Les espèces animales visées sont le chien, le chat et le furet. Au sein de l'Union européenne, il convient de distinguer deux cas : - le cas général, qui s'applique à 20 pays ; - le cas particulier de cinq pays (RoyaumeUni, Irlande, Suède, Finlande, Malte) indemnes de rage des animaux terrestres (et/ou de certaines parasitoses) depuis longtemps, et qui ont obtenu l'application, jusqu'au 2 juillet 2008, de conditions plus contraignantes. ●

Essentiel ❚ Pour tout pays de l’Union Européenne, une identification électronique ou par tatouage, une vaccination antirabique en cours de validité et un passeport conforme sont nécessaires. ❚ Lors de primo-vaccination, le délai minimal pour le début de validité du certificat ne peut pas être inférieur à 21 jours. ❚ En France, le 1er rappel de vaccin antirabique doit être effectué obligatoirement un an après la primo-vaccination.

CANINE - FÉLINE

Le cas général ● Quel que soit le pays au sein de l'Union européenne, il existe des exigences minimales, applicables en toutes circonstances : l’identification, la vaccination antirabique et le passeport (encadré 1, figure 1).

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 -105


conduite à tenir

en préparation

Gilles Bourdoiseau

ou au retour d’un voyage à l’étranger avec un chien Les voyages, de plus en plus fréquents et aisés, du chien en compagnie de ses maîtres conduisent les propriétaires à demander conseil aux vétérinaires avant le départ et parfois, à consulter à leur retour.

P

armi les nombreuses maladies et affections qu’un chien domestique est susceptible de contracter à l’étranger, l’étiologie parasitaire occupe une place prépondérante en raison de la forte prévalence des parasites dans toutes les régions tropicales et équatoriales. Les conditions climatiques, l’importance de la faune sauvage et l’existence de nombreux "chiens errants" favorisent l’entretien et la multiplication de populations parasites, et en augmentent considérablement les risques de transmission. Il n’est pas possible ici d’envisager de façon exhaustive, même brièvement, les parasitoses concernées et pour tous les pays. Deux situations sont donc abordées dans cet article : 1. celle de maladies parasitaires fréquentes, largement répandues, en particulier dans le monde tropical et/ou le pourtour méditerranéen, zones dans lesquelles le chien est amené à séjourner. Parmi ces maladies, les maladies vectorielles occupent une large place (pullulation et/ou extension géographique des vecteurs ? en relation avec la modification des conditions climatiques ?) ; 2. celle du retour d’un animal adopté et rapatrié en France. SITUATION 1 : LA PRÉPARATION DU VOYAGE notamment les maladies parasitaires à forte prévalence

Cet article se limite à quelques maladies parasitaires (la leishmaniose, les dirofilarioses, la spirocercose) sélectionnées sur quatre types de critères : 1. leur répartition géographique : maladies largement répandues, en particulier dans des zones fortement touristiques ●

Unité de parasitologie maladies parasitaires E.N.VL. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

Objectifs pédagogiques ❚ Donner les conseils prophylactiques concernant des maladies parasitaires "tropicales ou méditerranéennes" ❚ Connaître les bases de la consultation d’un animal recueilli rapatrié. 1

Uvéite chez un Briard leishmanien (photo G. Bourdoiseau, Unité de parasitologie, E.N.V.L.).

comme les départements et les territoires d’outre-mer (Antilles, Réunion, …), et sur tout le pourtour méditerranéen (Italie, Espagne, Grèce, Afrique du nord). La prévalence de certaines maladies est telle qu’un séjour, même bref, de l’animal peut conduire à une contamination ou une infestation ; 2. leur caractère zoonotique éventuel, et par conséquent, la nécessité d’assurer la mission de santé publique de tout praticien ; 3. leur gravité médicale ; 4. l’existence de mesures prophylactiques, parfois efficaces et simples, pouvant, à défaut d’annihiler totalement les risques d’infestation, au moins les atténuer de façon significative. ● Pour chacune de ces maladies ainsi sélectionnées, il est utile de préciser chacun de ces critères et d’apporter les réponses susceptibles d’être transmises et expliquées au propriétaire. Les précautions à prendre pour la leishmaniose à Leishmania infantum

et potentiellement les autres leishmanioses, en particulier sud-américaines : cf. en Guyane

Essentiel ❚ Des mesures prophylactiques, parfois efficaces et simples, peuvent, à défaut d’annihiler les risques d’infestation par des maladies parasitaires à forte prévalence, au moins les atténuer de façon significative. ❚ Les maladies qu’il convient de prévenir sont : - la leishmaniose ; - les dirofilarioses ; - la spirocercose.

Épidémiologie et répartition géographique ● La leishmaniose intéresse préférentiellement les canidés et l’Homme. C’est une protozoose due à la multiplication de protozoaires du genre Leishmania, transmis par des phlébotomes (de genres différents selon les continents). ● Son caractère zoonotique et son pronostic très réservé confèrent à cette maladie un degré de gravité élevé, une préoccupation

CANINE - FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 111


les zoonoses

importées par les carnivores domestiques caractérisation des risques

Élodie Caruel1 Marc Éloit2 Jacques Guillot3

et mesures de prévention

110,

rue Talma 75016 Paris 2. Service de Virologie 3. Service de Parasitologie-Mycologie E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Présenter les principaux agents pathogènes susceptibles de contaminer un carnivore domestique lors d’un voyage à l’étranger et susceptibles d’être transmis au propriétaire. ❚ Décrire les mesures pour prévenir la transmission de ces agents pathogènes zoonotiques.

Essentiel ❚ La pathogénie et les signes cliniques de la rage féline sont semblables à ceux rencontrés chez le chien. ❚ Devant toute morsure ou griffure, le risque d'infection chez l’Homme doit être apprécié auprès d'un centre antirabique.

CANINE - FÉLINE

Avec le développement des voyages de chiens et de chats vers des destinations lointaines, le risque de retour avec un agent pathogène "exotique" et transmissible à l'Homme est à prendre en considération. Le risque zoonotique est plus important pour les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les patients immunodéprimés.

L

es zoonoses se définissent comme des “maladies ou des infections naturellement transmissibles d’un animal vertébré à l’homme et vice et versa” (OMS 1957). L'Homme peut être contaminé auprès de l'animal domestique par différentes voies : par contact cutané ou muqueux (morsure, griffure, léchage, simple toucher…), par voie orale (en ingérant des éléments infectants libérés dans les fèces, l'urine ou des exsudats) et par voie aérienne. ● La transmission par l'intermédiaire d'un vecteur n'intervient que très rarement car les arthropodes hématophages présents en Europe occidentale ne sont généralement pas les mêmes que ceux qui transmettent des agents pathogènes sur d'autres continents. ● Cet article présente les principaux agents pathogènes, transmissibles à l'Homme et susceptibles d'avoir été contractés par un chien ou un chat à l'occasion d'un voyage à l'étranger. Certains de ces agents pathogènes ne sont pas présents en France métropolitaine (virus de la rage, Yersinia pestis, champignons dimorphiques), d'autres sont plus souvent retrouvés dans certains pays étrangers (virus du cow-pox, leptospires, Mycobacterium tuberculosis, échinocoques).

Symptômes

La rage

La maladie se caractérise chez l'animal, après une longue période d'incubation, par une encéphalomyélite mortelle, en règle générale, accompagnée le plus souvent de signes d'excitation, d'agressivité ou de paralysies. La durée d'incubation est variable, entre 15 et 60 jours en moyenne. Le temps durant lequel le chien excrète du virus dans la salive avant l'expression des signes cliniques est au minimum de 7 jours, mais peut s'étendre jusqu'à 14 jours. ● Le chien peut développer une rage furieuse (rare chez les carnivores) ou une rage paralytique, mais il existe une variété de types de rages cliniques entre ces deux extrêmes. ● La pathogénie et les signes cliniques de la rage féline sont semblables à ceux rencontrés dans la rage canine, mais les symptômes sont peu évidents (inquiétude, irritabilité, difficulté de déglutition, paralysie en phase finale) en raison des habitudes solitaires de l'animal.

Épidémiologie

Traitement

La rage sévit de façon enzootique, avec une intensité variée sur tous les continents et dans la plupart des pays. Rares sont les

LES AFFECTIONS TRANSMISES PAR MORSURE OU GRIFFURE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 116 - AVRIL / MAI 2006

pays indemnes de manière régulière (la France est indemne depuis 2001). ● Le lyssavirus, agent de la rage, est habituellement transmis par morsure, mais peut aussi se transmettre par griffure. La rage est commune à l'Homme et à la plupart des mammifères dont le chien et le chat. Tous les cas de rage humaine sont d'origine animale et une fois déclarée chez l'Homme, la rage est inexorablement mortelle. ● Le chien, notamment errant, est l'espèce la plus touchée en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans un très petit nombre de pays d'Europe. On parle alors de "rage citadine" : ce type épidémiologique est en régression dans les pays avec un système sanitaire bien développé, mais reste stationnaire ou connaît une recrudescence, dans la plupart des pays d'Afrique et d'Asie. ● Sinon, ce sont des animaux sauvages, surtout des carnivores, qui assurent la transmission de la maladie.

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Aucun traitement de la rage chez les carnivores domestiques n'est possible. ● Tout animal mordeur (ou même griffeur)


comment tranquilliser sans risque pendant le voyage

un chien ou un chat

Edith Beaumont-Graff Clinique vétérinaire 145, route d’Avignon 30000 Nîmes

Tout voyage d'un chien ou d'un chat, seul ou en compagnie de ses maîtres, est source de stress. Afin de diminuer celui-ci ou de lutter contre le mal des transports, une thérapie comportementale et/ou médicamenteuse peut être mise en place.

L

e stress peut se manifester au cours du voyage, ou au retour, par : - des manifestations organiques : salivation, vomissements, tremblements, tachypnée, tachycardie, mictions, défécations au cours du transport, ou encore, diverses décompensations d'affections préexistantes ; - des manifestations comportementales lors du transport (vocalises, agitation) ou après (manifestations d'anxiété, de dépression, troubles de la cohabitation).

L'animal peut aussi souffrir d'un authentique mal des transports qu'il convient d'identifier. ●

● Le praticien peut être sollicité sur ce sujet à différentes occasions par les propriétaires qui partent en vacances ou en voyage. Il est difficile de donner des conseils généraux. Dans l'idéal, ceux-ci sont à adapter à chaque situation, d'où l'intérêt d'une évaluation comportementale qui peut déboucher sur une prescription personnalisée.

LA GESTION COMPORTEMENTALE DU VOYAGE Identifier et traiter le mal des transports ● Le mal des transports est une réaction normale de l'organisme à la perception du mouvement lorsque les divers récepteurs (visuels, vestibulaires et proprioceptifs) sont en conflit sur l'interprétation des mouvements du corps. Il peut également être induit lorsque le type de mouvement diffère de ce que le corps a déjà connu, en l'absence du mouvement attendu. ● L'état nauséeux qui précède les vomissements peut être détecté à l’aide des signes suivants : bâillements, salivation, mastication, déglutition.

Objectif pédagogique Gérer le stress de l’animal au cours d’un voyage, à l’aide ou non d’une tranquillisation.

1

Mal des transports et réaction phobique sont souvent liés (photo C. Arpaillange).

Encadré 1 - Comment distinguer mal des transports et syndrome de privation Quelques indices peuvent permettre de distinguer le mal des transports du syndrome de privation : - le mal des transports se déclare parfois plus tardivement qu'un syndrome de privation (au cours des 1ers trajets, le chiot n'était pas malade, puis il le devient), et bien que le véritable mal des transports ne soit pas diminué à la suite d'expositions répétées, il peut spontanément s'amender avec l'âge ; - les symptômes d'un mal des transports peuvent ne se manifester que dans certaines circonstances : virages, accélérations, décélérations, … alors que le chien en syndrome de privation est inquiet d'emblée ; - si le chien semble joyeux quand il monte dans la voiture et s'il vomit, il s'agit probablement d'un authentique mal des transports.

Il n'est pas toujours aisé de faire la différence entre un mal des transports et une réaction phobique liée au transport, l'un alimentant l'autre : en effet, les désagréments occasionnés par le transport (état nauséeux, vomissements) peuvent être mémorisés par le chien, et entraîner une réticence à monter dans la voiture, avec parfois des réactions d'anticipation marquées, telle qu'on peut le remarquer dans les syndromes de privation (photo 1, encadré 1). De plus, pour un stimulus d'une intensité donnée, la susceptibilité naturelle au mal des transports varie de façon très importante, et des émotions comme la peur ou l'anxiété peuvent exacerber les symptômes. ●

Essentiel ❚ Le mal des transports est une réaction normale de l'organisme à la perception du mouvement. ❚ Des bâillements, une salivation, une mastication et des déglutitions sont les signes d’un état nauséeux. ❚ Pour réduire le mal des transports, diminuer la quantité d’aliments ingérés en une fois.

CANINE - FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 123


comment diagnostiquer et traiter

le coup de chaleur chez le chien et le chat Le coup de chaleur met en jeu le pronostic vital de l’animal. Pour diagnostiquer et mettre en œuvre un traitement d’urgence adapté, il est nécessaire de connaître le mécanisme pathogénique de cette affection.

L

e coup de chaleur provient de l’incapacité du corps à dissiper la chaleur. C’est une augmentation non pyrogène de la température corporelle, entraînant des dysfonctions multi-organiques thermo-induites. ● Il se définit par une température corporelle supérieure à 41°C chez le chien et le chat, d’apparition aiguë, consécutive à l’exposition à un environnement chaud et humide, ou à un exercice physique intense dans un environnement chaud et humide. ● La thermorégulation est l’équilibre entre la production et la dissipation de chaleur dans l’organisme. Elle s’effectue au sein de l’hypothalamus, qui agit comme un thermostat. Ce thermostat maintient la température corporelle dans un intervalle physiologique étroit, appelé point de contrôle ou point critique. Au-delà du point critique, les capacités de dissipation calorifiques sont dépassées. ● Quatre mécanismes peuvent intervenir : l'évaporation, la radiation, la conduction et la convection. - L’évaporation (grâce à l’halètement) initie le refroidissement. - Cependant, 70 p. cent des pertes caloriques chez le chien et le chat sont assurés par la radiation et la convection. L’ÉTIOLOGIE

● Les animaux peuvent être victimes de deux types de coup de chaleur : 1. le coup de chaleur d’exercice ou hyperthermie d’effort : il se produit à la suite d’un effort important inhabituel chez des chiens peu acclimatés à la chaleur ou peu sportifs ; la période d’acclimatation peut aller jusqu’à deux mois ; 2. le coup de chaleur sensu stricto : - lors de confinement en espace chaud, peu ventilé, et/ou à hygrométrie élevée ;

Sylvain Petel Service d’Urgence École Nationale Vétérinaire de Nantes Atlanpole-La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

Encadré 1 - Les facteurs qui favorisent le coup de chaleur Les facteurs favorisants le coup de chaleur sont ceux qui aggravent le déséquilibre entre la production et la dissipation de chaleur [4]. 1. Soit la dissipation de chaleur fait défaut : - il s’agit en particulier des animaux dont les voies respiratoires sont obstruées (chiens brachycéphales, paralysies laryngées) ; - les chiens obèses, souffrant de maladies cardiaques, à pelage dense, âgés ou avec des antécédents de coup de chaleur sont également à risque. 2. Soit la production de chaleur est excessive. Différentes situations accentuent la production de chaleur par l’organisme : ingestion de toxiques, syndrome fébrile, hyperthyroïdie, atteinte nerveuse centrale (chiens épileptiques, convulsions, …), éclampsies, … ●

- lors de séjour prolongé au soleil (chien à l’attache, plage, …), sans accès à l’eau et/ou à l’ombre. ● Une température ambiante et une hygrométrie élevées diminuent l’efficacité de l’évaporation par halètement. De même, une absence de ventilation (air statique) réduit les capacités de convection. ● Ces conditions sont en général réunies en été, ou en période pré-estivale ou postestivale (mois de septembre). La situation la plus classique est le chien laissé enfermé à l'intérieur d'une voiture exposée au soleil. ● Des facteurs favorisants peuvent de plus intervenir pour aggraver le déséquilibre entre la production et la dissipation de chaleur (encadré 1). LES MÉCANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES

Objectif pédagogique Prendre en charge et traiter le coup de chaleur chez le chien et le chat.

Essentiel ❚ Distinguer le coup de chaleur d’exercice ou hyperthermie d’effort et le coup de chaleur sensu stricto. ❚ Une température ambiante et une hygrométrie élevées, de même qu’une absence de ventilation favorisent le coup de chaleur. ❚ Le premier signe de coup de chaleur est l’halètement, accompagné parfois d’hypersalivation. ❚ La chaleur provoque des lésions intracellulaires et membranaires conduisant à une nécrose tissulaire et à une ischémie. ❚ La température corporelle à l’admission n’est pas un facteur pronostique.

La chaleur induit directement des lésions intracellulaires et membranaires : dénaturation des protéines, des enzymes, des lipides membranaires et des mitochondries [4]. ● Ces lésions conduisent rapidement à une nécrose tissulaire et une ischémie, responsables de dysfonctions multi-organiques. Les organes et les appareils concernés sont : les intestins, les reins, l’appareil cardio-vasculaire, le système nerveux central, les muscles, et des désordres hématologiques et acidobasiques sont observés (encadré 2). ●

CANINE - FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 129


quels examens réaliser ou conseiller

pour le diagnostic des maladies infectieuses au retour d’un voyage chez le chien et le chat

Au retour d’un voyage, un examen clinique approfondi du chien et du chat est conseillé, complété si besoin, d’examens complémentaires.

L

es risques infectieux parasitaires, bactériens ou viraux liés aux voyages sont fonction de la destination, de la durée et du style de voyage, et du voyageur luimême (âge, maladies sous-jacentes…). ● L’Afrique et, à proximité, certaines îles de l’Océan Indien (Mayotte, Réunion, Maurice, Madagascar) sont désormais des destinations privilégiées pour les touristes français et européens : la moitié des voyageurs français qui visitent un autre continent se rend en Afrique, alors qu’un quart se rend en Asie et l’autre quart en Amérique. ● Compte tenu des mesures de précautions prises lors de transits internationaux, se préoccuper du risque infectieux que présente un animal revenant de ces pays pourrait paraître inutile. Mais l’importation frauduleuse d’animaux existe et ces mesures, même lorsqu’elles sont respectées, ne sont pas infaillibles (encadré 1). ● Ces touristes ne peuvent parfois pas se séparer de leur animal de compagnie et l’emmènent avec eux, d’autres décident d’en adopter un sur place. Ces animaux sont susceptibles de contracter, lors de leur séjour "touristique", différents agents infectieux bactériens ou viraux qui, au retour en France, peuvent être à l’origine de maladies, ou être source de maladie pour l’Homme et

Pour les personnes résidant en France et souhaitant séjourner dans un pays africain avec un carnivore domestique de compagnie (comme pour tout autre pays tiers) et envisageant de réintroduire cet animal sur le territoire communautaire, il est conseillé de : 1. veiller à ne quitter le territoire communautaire qu’avec un animal identifié, valablement vacciné contre la rage et présentant un résultat favorable du titrage ; 2. entreprendre les démarches auprès du vétérinaire traitant, au moins deux mois avant le départ à l’étranger.

Unité de médecine interne Département des animaux de compagnie E.N.V.L 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

Encadré 1 - Que faire face à un animal importé clandestinement ? Les chiots et les chatons de moins de trois mois échappent aux contraintes réglementaires vis-à-vis de la rage. ● Face à un animal importé clandestinement, le vétérinaire doit : 1. isoler l’animal (et tout animal ayant été en contact) ; 2. prévenir la Direction départementale des services vétérinaires ; 3. faire une déclaration à la mairie et conseiller au propriétaire et à toute personne ayant été en contact de se diriger vers un centre anti-rabique (les personnes en cause peuvent être punies d’une amende de 15 000 € et d’un emprisonnement de deux ans). ●

Objectif pédagogique Diagnostiquer les maladies infectieuses qu’un chien ou un chat peut contracter au cours d’un voyage hors de France, et notamment en Afrique.

NOTE d’autres animaux* (agents zoonosiques) (encadrés 2, 3). ● Au retour de l'animal, il est important d’insister auprès du propriétaire sur les risques encourus, de s’assurer du bon respect de la réglementation en cours, de procéder ensuite à un examen clinique approfondi. Cet examen peut être complété d’un certain nombre d’examens complémentaires, en particulier s'il n’a pas été possible de prévenir l’infection éventuelle, en évitant toute exposition, donc en déconseillant fortement que l’animal de compagnie ne voyage (encadré ci-après). ● Si quelques semaines à quelques mois après son retour, l’animal présente une dégradation de l’état général, il convient d’inclure aux hypothèses diagnostiques des maladies sévissant plus particulièrement

Les recommandations de prévention avant le départ ●

Élise Rattez Luc Chabanne

● D’autres mesures sont plus particulièrement recommandées pour les animaux voyageant à destination de l’Afrique : 1. veiller à un suivi rigoureux des vaccinations : chez le chien contre la maladie de Carré, l’hépatite de Rubarth, la parvovirose et les leptospiroses ; chez le chat, vis-à-vis de typhus et du coryza, du Fe.L.V. ; 2. veiller à un suivi régulier des traitements anti-parasitaires internes et externes ; 3. chez le chien, mettre en place une chimioprophylaxie des infections rickettsiennes à l’aide de doxycycline.

* Cf. article “Les zoonoses importées par les carnivores domestiques : caractérisation des risques et mesures de prévention” de E. Caruel et coll. dans ce numéro.

Essentiel ❚ Au retour de l'animal, - insister auprès du propriétaire sur les risques encourus ; - s’assurer du bon respect de la réglementation en cours ; - effectuer un examen clinique approfondi. ❚ En cas de signes d'encéphalomyélite, l’animal doit impérativement être considéré comme suspect de rage.

CANINE - FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 135


diagnostic, traitement et prévention des trypanosomoses chez le chien

Lors de voyage en Afrique sub-saharienne, en Amérique du sud ou en Asie, un chien peut contracter une trypanosomose. Afin de réaliser un diagnostic précoce, un frottis sanguin est indispensable. Des examens de laboratoire sont également nécessaires.

L

es trypanosomoses canines sont des protozooses infectieuses, inoculables, observées en Afrique (dues à T. brucei, T. congolense, espèces responsables des trypanosomoses animales transmises par les glossines) et en Amérique du Sud (maladie de Chagas due à Trypanosoma cruzi transmis par des punaises). Les trypanosomoses à T. brucei et T. cruzi sont des maladies humaines. ● Le diagnostic de la trypanosomose doit être envisagé chez tout chien présentant des accès

Fiche

Bernard Davoust1 Stéphane Herder2 Dorothée Watrelot-Virieux3 1. Direction régionale du service de santé des armées de Toulon, BP 80, 83800 Toulon Armées 2. UR035 : Laboratoire de recherches et de coordination sur les trypanosomoses (IRD-CIRAD) TA 207/G, Campus international de Baillarguet, 34398 Montpellier Cedex 5 3. Laboratoire d'histopathologie vétérinaire E.N.V.L, 1, av. Bourgelat, 69280 Marcy l'Etoile

Objectif pédagogique

Piège utilisé pour la lutte contre les glossines, en particulier dans les chenils (B. Davoust).

Diagnostiquer de façon précoce la trypanosomose chez le chien afin de mettre en place un traitement.

de fièvre et une anémie, même plusieurs mois après un retour d'une zone d’endémie. LES SIGNES CLINIQUES DES TRYPANOSOMOSES AFRICAINES

Comme chez les autres espèces animales (bovins, ovins, caprins, équidés, dromadaires, porcs), les trypanosomoses canines sont des affections suraiguës, aiguës et chroniques (encadré 1). Encadré 1 - Les trypanosomoses : définitions, anatomie et pathogénie ●

Les différentes trypanosomoses

La pathogénie

● Parmi les trypanosomoses africaines transmises par les mouches tsé-tsé (glossines), seules celles dues à Trypanosoma brucei et T. congolense ont des conséquences cliniques pour le chien. ● La maladie à T. evansi, transmise de façon mécanique par des insectes piqueurs, a été observée en Afrique sub-saharienne, en Amérique du Sud et en Asie. ● En Amérique latine et au sud des États-Unis, la trypanosomose américaine (maladie de Chagas), due à T. cruzi, est transmise par des insectes (punaises). Le parasite a un tropisme cardiaque et nerveux.

Dans la circulation sanguine, les trypanosomes se répliquent. On les retrouve dans les cellules endothéliales des capillaires vasculaires, où ils sont à l'origine de vascularite et de thrombus. ● Les trypanosomoses utilisent pour leur développement du glucose et des acides aminés, ce qui provoque chez l'hôte des modifications métaboliques (formation de tryptophol toxique et d'indole éthanol aux propriétés immunosuppressives). ● Les parasites sécrètent, de plus, des toxines hémolytiques. ● L'anémie est aussi due à des réactions immunologiques (formation d'anticorps aux propriétés hémolysantes et d'immuns-complexes cytolytiques). ● La splénomégalie est en réaction avec l'augmentation de l'érythrophagocytose, de la lymphocytose et de la plasmocytose. ● L'inflammation due aux trypanosomes entraîne la libération de kinines qui augmentent la perméabilité vasculaire à l'origine d'œdème et de lésions oculaires. ● La grande variabilité antigénique permet aux trypanosomes d'échapper au système de défense immunitaire de l'hôte. L'infection persiste. Des immuns-complexes se déposent sur les organes (foie, reins, cœur, encéphale) et provoquent leur dysfonctionnement.

Le parasite Les trypanosomoses, parasites du sang, sont des protozoaires caractérisés par un corps allongé, avec un kinétoplaste situé en arrière du noyau. Un flagelle émerge, près de celui-ci, sur un côté du corps et court, en formant une membrane ondulante vers l’extrémité antérieure. ● La diagnose d’espèce s’effectue selon des critères morphologiques. ● T. Congolense est court, il n’a pas de flagelle et une membrane ondulante inconsistante (figure 1). ●

Figure 1 - Les caractéristiques anatomiques de Trypanosoma congolense

Forme sanguine de trypanosome : kinétoplaste moyen et marginal, membrane ondulante peu développée, flagelle absent, taille : 9 à 18 μm.

CANINE - FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 141


observation clinique deux cas de trypanosomoses

canines

1. Direction régionale du service de santé des armées de Toulon, BP 80, 83800 Toulon Armées 2. UR035 "Trypanosomoses africaines" Laboratoire de recherches et de coordination sur les trypanosomoses (IRD-CIRAD) TA 207/G, Campus international de Baillarguet, 34398 Montpellier Cedex 5 3. Laboratoire d'histopathologie vétérinaire E.N.V.L 1, av. Bourgelat, 69280 Marcy l'Etoile

Deux cas cliniques, permettent d’évoquer les bases diagnostiques et thérapeutiques de la trypanosomose, présentée dans l’article précédent.

L

es observations effectuées auprès de chiens militaires présentent le cas d’une trypanosomose suraiguë et d’une trypanosomose aiguë.

1er CAS : UNE TRYPANOSOMOSE SURAIGUË Un chien militaire, berger belge malinois mâle de cinq ans, détaché avec son maîtrechien pour quatre mois à Abidjan (Côte d'Ivoire), présente depuis trois jours une diarrhée associée à une baisse d'appétit. ● Ce chien est bien vacciné et vermifugé. ● Aucun chien du même chenil (n = 12) ne présente de signes similaires.

Bernard Davoust1 Stéphane Herder2 Dorothée Watrelot-Virieux3

Objectif pédagogique 1

Frottis de sang périphérique de chien (coloration de Giemsa, grossissement X 40) : noter la présence de plusieurs trypanosomes (Trypanosoma congolense) (5 à 10 par champ) (photo B. Davoust).

Diagnostiquer une trypanosomose chez le chien.

Les signes cliniques À l’examen clinique, le chien présente une prostration sévère, une hyperthermie (39,7 °C), une épistaxis, des convulsions, des vomissements et une déshydratation.

En une demi-journée, la température corporelle chute à 36,2 °C.

Les hypothèses diagnostiques Les principales hypothèses diagnostiques sont :

1. une ehrlichiose : affection enzootique en Afrique, pouvant entraîner une maladie suraiguë aux symptômes protéiformes alarmants (fièvre, asthénie, épistaxis, …) ;

2. une trypanosomose : à l’origine d’accès d’hyperthermie, d’hypertrophie ganglionnaire, d’anémie,… ;

3. une babésiose (Babesia canis vogeli) : qui entraîne une anorexie, une adynamie, une hyperthermie souvent associés à une pâleur des muqueuses, une splénomégalie et des urines colorées ; 4. une hépatozoonose : responsable de fièvre, d’anémie, de lymphadénomégalie, de myalgies, …

● Le diagnostic différentiel de ces quatre maladies n’est pas possible sans l’aide des examens de laboratoire.

Motifs de consultation ❚ Hyperthermie, anorexie, léthargie.

Les examens complémentaires et le diagnostic ● Les quatre agents des infections suspectées ayant un cycle évolutif avec une phase sanguine, un frottis sanguin est réalisé et coloré au May-Grünwald-Giemsa. Il permet de mettre en évidence de nombreux protozoaires de forme allongée et aplatie, avec une membrane ondulante enroulée autour du corps, sans flagelle libre (cf. figure 1, article précédent).

Ce frottis révèle la présence de nombreux trypanosomes (photo 1), dont il convient de déterminer l’espèce. ●

L'examen des urines est normal.

L’évolution Avant même que le vétérinaire entreprenne un traitement, le chien meurt.

Hypothèses diagnostiques ❚ Ehrlichiose. ❚ Babésiose. ❚ Trypanosomose. ❚ Hépatozoonose. Essentiel ❚ L'hyperthermie et l'asthénie sont des signes d’appel de la trypanosomose canine. ❚ En l'absence de traitement, la trypanosomose suraiguë conduit à la mort en 4 à 6 jours.

Les examens nécropsiques et les analyses de laboratoire ● L'autopsie met en évidence une splénomégalie et des pétéchies. ● Des prélèvements de foie, de rate et de poumon sont réalisés, en particulier pour la recherche des acides nucléiques de Trypanosoma spp. (T. congolense et T. brucei) par la technique d'amplification en chaîne (P.C.R.). Ces analyses sont réalisées, plus tard, en France.

CANINE - FÉLINE

51

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 143


quelles précautions prendre

pour voyager avec un chat et l’adapter à un nouvel environnement

Savoir conseiller les propriétaires qui voyagent avec leur chat pour le transport est une bonne adaptation aux différents environnements.

E

QUELLES PRÉCAUTIONS PRENDRE POUR LE VOYAGE Les conditions ● Si le chat voyage en train ou en avion, le transport s’effectue obligatoirement dans une caisse prévue à cet effet. ● Si l'animal voyage avec ses propriétaires en voiture, ceux-ci doivent prendre toutes les dispositions pour que l’animal ne puisse pas perturber le conducteur. Le bon sens doit donc l’emporter et le recours à la cage de transport, voire à la tranquillisation, peut s'avérer indispensable*. - En cours de voyage, il n'est pas conseillé de sortir le chat de la cage, à plus forte raison s'il semble agité : des réactions imprévues peuvent être dangereuses si le véhicule roule et sur les aires de repos, une fuite du chat hors de la voiture est à craindre. ● Une diète de quelques heures avant le départ est toujours conseillée. En été, veiller plus particulièrement à hydrater l'ani-

Clinique vétérinaire 67 200 Strasbourg

Objectif pédagogique

Un chat peut être facilement transporté au cours d’un voyage mais des règles sont à respecter afin qu’il puisse s’adapter aux conditions de transport et à un nouvel environnement. n raison de sa petite taille, le chat est considéré comme un animal d'appartement, facile à transporter, donc à emmener en vacances. De plus, il existe peu de pensions félines et les propriétaires sont parfois contraints à partir en vacances avec leur chat. ● Comme chez le chien, un certain nombre de précautions sont à prendre durant le voyage pour la sécurité de l’animal et de son entourage, et la prévention du mal des transports*. ● En revanche, le besoin de s'adapter à son nouvel environnement est essentiel pour le chat (encadré ci-après). ● Le vétérinaire praticien peut donc conseiller les propriétaires, autant sur les conditions de voyages, que sur l'organisation du lieu de vie en vacances.

Thierry Habran

1

Si le chat a l’habitude de sortir chez lui, le fait de le laisser libre sur son lieu de vacances ne pose en général pas de difficulté particulière (photo C. Arpaillange).

mal régulièrement et à prévenir les risques de coup de chaleur**. La préparation Si le voyage en caisse de transport est habituel pour certains chats, pour d'autres il peut représenter un stress important. Les difficultés peuvent même débuter quand les maîtres essayent de faire entrer le chat dans la caisse : l'animal se débat, cherche à fuir et peut même griffer ou mordre. Il est donc fortement déconseillé de faire la première tentative dans les minutes qui précèdent le départ. ● La meilleure solution consiste à commencer par habituer le chat à sa caisse de voyage : dans les jours ou les semaines qui précèdent, on peut laisser la caisse ouverte dans l'habitation (éventuellement avec un peu de croquettes à l'intérieur). Ainsi, le chat prend l'habitude d'y entrer librement et de pas y subir forcément une situation désagréable. De plus, il peut déjà commencer à y déposer des phéromones faciales catégorisant cet élément comme un objet appartenant à son environnement. En revanche, une première expérience désastreuse peut créer une phobie de la cage, rendre impossible son utilisation car la sensibilisation aux situations désagréables est souvent rapide chez le chat. ● L'utilisation de phéromones d’identification (fraction F3 : Feliway®), appliquées directement dans le panier, est une mesure supplémentaire facile à mettre en œuvre. ●

55

NOTE * Cf. Comment tranquilliser sans risque pendant le voyage un chien ou un chat d'E. Beaumont-Graff dans ce numéro. * Cf. Comment tranquilliser sans risque pendant le voyage un chien ou un chat d'E. Beaumont-Graffdans ce numéro. ** Cf. Comment diagnostiquer et traiter le coup de chaleur” de S. Petel et coll. dans ce numéro.

Essentiel ❚ En train ou en avion, le chat voyage obligatoirement dans une caisse prévue à cet effet. ❚ En voiture, la cage de transport est conseillée. ❚ Ne pas sortir le chat de la cage, au cours de voyage. ❚ Habituer le chat à cette caisse dans les jours ou les semaines qui précèdent le voyage.

FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 147


principe actif

le dimenhydrinate

Mohamed Yassine Mallem Marc Gogny Unité de Pharmacologie et Toxicologie ENV BP 40706 44307 Nantes cedex 03

L

e diménhydrinate est un agent antihistaminique H1 de première génération doté de propriétés anti-émétique, anticholinergique et dépressive du système nerveux central. ● En médecine vétérinaire, il est indiqué dans la prévention et le traitement du mal des transports chez les carnivores. ● Son effet bénéfique, principalement antiémétique dans cette indication, serait attribué à son action antimuscarinique dans les voies vestibulo-cérébelleuses. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique

L’ensemble de ces données n’a pas encore été scientifiquement validé.

Classes pharmacologiques

Pharmacodynamie

- Anti-émétique - Anti-naupathique - Antagoniste histaminique H1 - Antagoniste muscarinique

Mécanisme d’action ● Le diménhydrinate est un antagoniste histaminique H1 de première génération, c’està-dire capable de franchir la barrière hématoméningée. Il inhibe les effets de l’histamine par antagonisme compétitif réversible au niveau des récepteurs H1. ● C’est également un parasympatholytique, avec une affinité particulière probable pour les récepteurs muscariniques M3.

Action anti-émétique et anti-naupathique

Les propriétés pharmacocinétiques du diménhydrinate ne sont pas connues à ce jour chez les carnivores. ● Chez l’Homme, le diménhydrinate est rapidement résorbé, après une administration par voie orale avec des concentrations sanguines maximales survenant en 1 à 2 heures. - Il est largement distribué dans l’organisme. Il est dégradé essentiellement par le système microsomal hépatique. - Son élimination s’effectue surtout par voie urinaire, sous forme de métabolites. ● Chez le chien, l’effet du diménhydrinate commence 15 à 30 min après administration orale et atteint un maximum en 1 à 2 h. La durée maximale d’effet est de 8 h. Cependant, il est recommandé de renouveler l’administration, si besoin, 6 h plus tard.

● L’action antimuscarinique du diménhydrinate dans le système vestibulaire et réticulé expliquerait son effet bénéfique sur les nausées et les vomissements provoqués par le mal des transports. Bien que les récepteurs H1 soient impliqués dans la transduction des actions stimulantes de l’histamine dans les noyaux vestibulaires, l’antagonisme exercé sur les récepteurs H1 par le diménhydrinate ne semble pas être responsable de son effet anti-émétique. Ainsi, la chlorphéniramine, un anti-H1 qui ne bloque pas les récepteurs cholinergiques centraux, est inefficace sur le mal des transports. Les circuits neuronaux qui émanent de l’appareil vestibulaire et qui sont impliqués dans le mal des transports restent encore largement inconnus.

PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES

tion fournit la charge nécessaire pour son association avec la diphénhydramine et la formation d’un composé stable. La théophylline est apparentée à la caféine et à la théobromine qui possèdent des effets stimulants. Il est cependant admis que la diphénhydramine est le composé actif du diménhydrinate. Ses effets sédatifs sont plus puissants que les effets stimulants induits par la théophylline.

● Dénomination

chimique : 2-benzhydryloxy-N,N-diméthyl-éthanamine; 8-chloro-1,3-diméthyl-7H-purine-2,6-dione. Dénomination commune internationale : Diménhydrinate Autre dénomination : chlorothéophyllinate de diphénhydramine Nom commerciaux : Nozévet®, Maldauto®, Oponausée®, Dramamine®* Structure et filiation ● Le

diménhydrinate appartient au groupe des éthanolamines. Chimiquement, il est composé de deux substances : 54 p. cent de diphénhydramine(+) et 46 p. cent de 8-chlorothéophyllinate(-) (figure). ● Le chlorothéophyllinate est une forme chlorée de la théophylline. Le processus de chlora-

Indications ❚ Prévention et traitement du mal des transports chez le chien et le chat. ❚ Prévention des allergies, en particulier cutanées. ❚ Traitement des intoxications par les organophosphorés.

Essentiel ❚ Le diménhydrinate est une combinaison équimoléculaire de diphénhydramine (composé actif) et de chlorothéophylline. ❚ Son efficacité dans le mal des transports serait surtout liée à ses propriétés inhibitrices sur les récepteurs muscariniques dans le système vestibulaire.

Figure - Structure du dimenhydrinate

Caractéristiques Le diménhydrinate est une poudre blanche cristalline inodore et incolore, légèrement soluble dans l’eau, mais bien soluble dans l’alcool et le chloroforme.

● C’est une amine liposoluble stable qui traverse facilement les membranes biologiques et possède une bonne distribution dans le système nerveux central. *Spécialité à usage humain

RUBRIQUE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 151


immunologie

adjuvants et immunostimulants

Luc Chabanne Unité de Médecine interne et Laboratoire d’Hématologie clinique Département des Animaux de Compagnie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

Adjuvants et immunostimulants sont des substances qui stimulent les réponses immunitaires. C’est pourquoi, les perspectives thérapeutiques qu’ils laissent entrevoir sont particulièrement intéressantes. Les adjuvants sont surtout utilisés dans les vaccinations. Les immunostimulants connaissent un intérêt croissant depuis que leur utilisation a été envisagée dans le traitement de certains cancers et de leucémies.

Objectif pédagogique Connaître les propriétés et l’intérêt pratique des adjuvants et des immunostimulants.

Essentiel ❚ Les adjuvants interviennent surtout en augmentant l’immunogénicité des antigènes. ❚ Les immunostimulants stimulent les réponses immunitaires, même lorsqu’ils sont administrés à distance de l’antigène. ❚ Les adjuvants utilisés dans les vaccins actuels sont des gels minéraux, essentiellement des sels d’aluminium.

Partenariat

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 154 - AVRIL / MAI 2006

L

es adjuvants intensifient la réponse immunitaire spécifique vis-à-vis d’un antigène lorsqu’ils sont administrés en même temps et au même site que l’antigène. Les immunostimulants agissent indépendamment d’un antigène. ● Les adjuvants interviennent surtout en augmentant l’immunogénicité des antigènes. Leurs propriétés biologiques sont multiples. Schématiquement, les adjuvants peuvent : - modifier la présentation physique de l’antigène sous forme de réseau ou d’agrégats, ralentir son catabolisme et favoriser sa présentation ; - agir sur les cellules présentatrices d’antigène pour stimuler les co-signaux d’activation (molécules adhésives, cytokines). ● Les immunostimulants sont des substances qui stimulent les réponses immunitaires, même lorsqu’elles sont administrées à distance de l’antigène. Cette stimulation peut être globale ou s’appliquer à un type de réponse particulier. Les immunostimulants constituent une classe thérapeutique hétérogène ; ils ont en commun la propriété : - d’augmenter la résistance non spécifique à diverses infections expérimentales ; - et de stimuler, de façon plus ou moins sélective, la synthèse de cytokines in vivo ou l’expression de molécules de co-stimulation sur les cellules présentatrices d’antigène.

62

LES SUBSTANCES MINÉRALES, HUILEUSES ET TENSIO-ACTIVES 1. Les adjuvants de Freund L’injection chez l’animal d’adjuvants de Freund donne une excellente réponse immunitaire, mais également des réactions granulomateuses importantes au site d’injection, et parfois une arthrite. ● L’adjuvant incomplet de Freund est une émulsion formée d’eau, d’huile minérale et d’un agent émulsifiant (mannide mono-oléate ou Tween). ● L’adjuvant complet (avec l’addition de mycobactéries tuées) favorise le développement de réactions d’hypersensibilité retardée, et augmente de façon importante les propriétés adjuvantes. ● Son utilisation toutefois n’est plus autorisée. ●

2. Les agents tensio-actifs Des substances émulsifiantes ont la propriété d’augmenter la synthèse d’anticorps. Ainsi par exemple, la saponine est un glycoside terpénique Quil A, extrait de Quillaia saponaria, qui permet d’obtenir des complexes sous forme de petite particules contenant l’antigène appelés ISCOM (immunostimulating complexes), hautement immunogènes. ●

De telles préparations ont été utilisées pour la préparation de vaccins contre le virus leucémogène félin (FeLV). ●

3. Les liposomes Les liposomes sont des gouttelettes lipidiques renfermant un compartiment aqueux.

L’antigène peut être incorporé dans la phase aqueuse ou inséré dans la bicouche lipidique externe.

4. Les sels minéraux Les adjuvants utilisés dans les vaccins actuels sont des gels minéraux, essentiellement des sels d’aluminium (alun : hydroxyde ou phosphate d’alumine). L’antigène est absorbé à la surface du gel par interaction électrostatique.


Texte : Luc Chabanne Dessin : Frédéric Mahé Les adjuvants sont des substances qui intensifient la réponse immunitaire spécifique vis-à-vis d’un antigène. Cette augmentation résulte de deux catégories de propriétés : …ou action directe sur les cellules présentatrices d’antigène.

Modification de la présentation physique de l’antigène sous forme de réseau ou d’agrégats,…

Active-toi !!

Agrégez-vous en tas !

Les immunostimulants, eux, stimulent les réponses immunitaires, indépendamment de l’antigène. Ils stimulent la synthèse de cytokines… Vous vous rappelez de moi ? Dans le n° 12… La cytokine au beau sourire…

Des substances émulsifiantes ont aussi la propriété d’augmenter la synthèse d’anticorps. La saponine est un glycoside qui permet d’obtenir des complexes sous forme de petites particules contenant l’antigène, hautement immunogènes.

…ou l’expression de molécules de co-stimulation sur les cellules présentatrices de l’antigène. Tout d’un coup j’ai envie de présenter plein d’antigènes…

Les liposomes sont des gouttelettes lipidiques renfermant un compartiment aqueux. L’antigène peut être incorporé dans la phase aqueuse ou inséré dans la bi-couche lipidique externe.

L’adjuvant de Freund est une émulsion formée d’eau, d’huile minérale et d’un agent émulsifiant. L’addition de mycobactéries tuées (adjuvant complet) augmente de façon importante les propriétés adjuvantes.

Des gels minéraux, essentiellement des sels d’aluminium (alun : hydroxyde ou phosphate d’alumine), sont utilisés dans les vaccins actuels, l’antigène étant absorbé à la surface du gel par interaction électrostatique.

Antigène Antigène

Gel


L’alun favorise une réponse immunitaire de type TH2 conduisant à la synthèse d’Interleukine-4 et 5 par les lymphocytes T activés. Je me sens hyperstimulé !

Des bactéries, utilisées entières ou sous formes d’extraits, plus ou moins purifiées, contiennent des principes actifs adjuvants ou immunostimulants : par exemple, les Mycobactéries (voir l’adjuvant de Freund ci-dessus).

La structure minimale de la paroi des mycobactéries requise pour permettre l’activité adjuvante est le (attention !) muramyldipeptide (MDP, ou : N-acétylmuramyl-L-alanylD-isoglutamine).

C’est ici ! Avouez que vous ne l’aviez pas vu, hein ? Vous payez la tournée !

JEU ! Cette Mycobactérie est rusée ! Pourriez-vous trouver où se cache son pouvoir immunostimulant ? Les Corynébactéries tuées favorisent la production d’anticorps. Leur action sur les réactions d’hypersensibilité retardée est moins nette. Elles ont également une action immunostimulante et augmentent la résistance aux infections bactériennes et à certaines tumeurs.

Les bactéries Gram – (Salmonella typhi, Bordetella pertussis, Brucella melitensis et abortus) peuvent être utilisées entières ou sous forme d’extraits.

vivante

Oh la la je sens que je vais mitoser grave !

morte

entier Les Staphylocoques : des extraits de leur paroi contiennent une protéine A.

Protéine A ici

Les connaissances sur les cytokines, leurs récepteurs et leur réseau d’interaction ouvrent de nombreuses perspectives . Ces molécules ont fait l’objet d’un article dans un précédent numéro du Nouveau Praticien (Fev/Mars 2004). Vous voyez ? Je vous l’avais dit en page un !

Le lipolysaccharide (LPS, composant de la paroi des bactéries Gram –) est mitogène pour les cellules B. Par ailleurs, Bordetella pertussis, agent responsable de la coqueluche, produit le LPF (facteur provoquant une lymphocytose) mitogène pour les cellules T.

paroi

La protéine A se lie à la région Fc de certaines sous-classes d’Immunoglobulines G. Elle peut se combiner à des complexes immuns et stimuler l’activation du complément, ou induire une activation des cellules T, la production d’interféron gamma et une réponse cytotoxique.

Certains peptidoglycanes extraits de plantes (par exemple l’acemannan, extrait d’Aloe vera) ou de champignons sont susceptibles d’activer les macrophages.

Les effets de la vitamine E sur la réponse immunitaire et la résistance aux maladies sont connus mais son mode d’action demeure mal compris.

D’autres produits possèdent la capacité de stimuler certaines réponses immunitaires, comme le lévamisole, largement utilisé comme anthelminthique.

Ben alors, faut vous remuer, les chercheurs !

Chouette, un gel stimulant à l’Aloe vera !

Ça me change des Helminthes !


N.A.C.

comment anesthésier

Didier Boussarie

les rongeurs

En raison de leurs particularités physiologiques, le cobaye, le chinchilla, le hamster, la gerbille, le rat ou la souris, le chien de prairie, l’écureuil de corée, ne s’anesthésient pas de la même manière. Afin de prévenir les accidents, il est nécessaire de prendre en compte les particularités de chaque espèce.

Objectif pédagogique Connaître les modalités pratiques de l’anesthésie des rongeurs de compagnie.

1

L’induction gazeuse au masque d’un cobaye ne doit pas être trop rapide car un arrêt respiratoire fatal peut être provoqué (photo D. Boussarie).

L

’anesthésie des rongeurs de compagnie est délicate. La taille réduite de ces animaux, leur manipulation difficile, leur prédisposition au stress, la petitesse de leur cage thoracique, l’étroitesse de leurs voies respiratoires sont autant de facteurs de risques élevés. Il en est de même de leur physiologie digestive particulière, de leur sensibilité d’espèce à certaines substances anesthésiques et de leur prédisposition à l’hypothermie per- et postchirurgicale. Des mesures préopératoires, peropératoires et postopératoires spécifiques sont nécessaires pour prévenir les complications ou les accidents fréquents chez ces espèces. Les différents sites d’injection selon les espèces sont répertoriés dans le tableau 1.

À défaut de voie veineuse, l’administration des solutés s’effectue par voie sous-cutanée ou intrapéritonéale. ● Le réflexe podal ne doit pas être pris en compte dans la surveillance de l’anesthésie. Le cobaye anesthésié présente des tremblements, ce qui peut créer la fausse impression d’un réveil. ● Une réinjection d’anesthésique est alors à proscrire car elle peut tuer l’animal par surdosage. ● Lors de l’utilisation de l’association kétamine-xylazine, il convient de ne pas dépasser 5 mg/kg de xylazine. Une dose plus importante peut s’avérer dangereuse (risque de bradycardie). ● L’association médétomidine-kétamine peut être utilisée, mais elle n’offre pas une fiabilité toujours suffisante ; les résultats sont inconstants et très variables d’un animal à l’autre. ● Lors d’une induction avec des anesthésiques gazeux, le cobaye arrête sa respiration, puis inspire profondément : il peut

COMMENT ANESTHÉSIER UN COBAYE

L’accès veineux est difficile, on peut cependant mettre en place un cathéter à la veine céphalique. Tableau 1 - Sites d’injection chez les rongeurs de compagnie

Cobaye, Chinchilla Octodon, Chien de prairie ● ● ● ●

Hamster

- Flanc*, cou - 6/10

- Flanc*, abdomen - 4/10

- Flanc*, cou - 4/10

Injection IM Aiguille

- Cuisse, anconés - 6/10

- Cuisse - 6/10

- Cuisse - 4/10

- Cuisse - 4/10

- Ombilic - 6/10

- Ombilic - 6/10

- Ombilic - 5/10

- Ombilic - 5/10

- Veine céphalique* - Veines métatarsiennes latérales

- Veine saphène* - Veine pénienne - Veine latérale de la queue - 4/10

- Veine jugulaire* - Veine saphène - Veine céphalique

- Veine saphène* - Veine latérale de la queue

- 4/10

- 4/10

Injection IV

Aiguille

- 4/10

Essentiel ❚ Le cobaye anesthésié présente souvent des tremblements, à ne pas confondre avec le réveil de l’animal. ❚ Veiller à ce que la phase d’induction ne soit pas trop rapide avec des anesthésiques gazeux, en raison du risque d’arrêt respiratoire. ❚ L’anesthésie épidurale est possible et indiquée lors d’interventions obstétricales.

Souris Écureuil de Corée

- Flanc*, abdomen - 6/10

Injection IP ● Aiguille ●

Rat

Injection SC Aiguille

Centre hospitalier vétérinaire Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil

NOTE DU TABLEAU * Sites préférentiels.

RUBRIQUE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 159


conseils aux clients

pour les départs en vacances, ou les absences Muriel Alnot-Perronin

quel mode de garde choisir ?

28 rue de Chimay 28130 Mevoisins

Lorsqu’un propriétaire ne peut emporter son chien ou son chat en voyage, le praticien peut l’aider à choisir le mode de garde le plus adapté.

S

pécialiste de la santé, de l’hygiène et du bien-être des carnivores, le praticien bénéficie souvent d’une confiance qui en fait un interlocuteur de choix. Par une argumentation objective et scientifique, il est le plus à même de permettre à ses clients de dépasser la culpabilité souvent ressentie lors d’un “abandon” provisoire.

1

Avant de conseiller, mieux vaut connaître la pension car leur qualité est extrêmement variable (photo A. Ganivet).

Objectif pédagogique

Pensions, garde chez des particuliers, garde à domicile avec un “dogsitter” : les solutions sont diverses. Sur quels critères choisir et aider son client à choisir ?

Il est toujours mieux perçu de conseiller une structure que l’on peut décrire et dont on connaît les avantages, voire les inconvénients. Ainsi, le client évite des surprises qui risqueraient de diminuer le “capital confiance” de son vétérinaire.

Les pensions

Les particuliers

La pension est souvent la solution la plus satisfaisante pour les personnes dont les proches ne sont pas en mesure d’assurer la garde de leur animal. ● Les pensions sont en général des structures présentes en milieu rural, dont la qualité est extrêmement variable (photo 1). Les normes sanitaires et administratives sont fixées par les directions des services vétérinaires*. ● Les capacités d’accueil varient entre 5 et 150 chiens, 5 à 90 chats, dont les entrées et les sorties, la durée de la garde et l’identité sont portées sur un registre. Ce registre est obligatoire et s’il peut être consulté par les propriétaires, il constitue une garantie supplémentaire de la transparence et du sérieux de la pension. Même s’il est possible de trouver des informations sur internet (taper “pension pour chiens chats”), dans l’annuaire (pages jaunes, même intitulé), dans certaines brochures distribuées par des groupes de l’industrie alimentaire ou encore par le démarchage de la clinique par ces professionnels, le tri qualitatif des structures est rapidement fait par le bouche-à-oreille, les commentaires des usagers, mais aussi les visites des sites. ● Il est fortement recommandé de se déplacer :

Les systèmes de garde assurés par des particuliers sont souvent proposés par des réseaux associatifs. Le coût de la garde est donc plus faible, mais les garanties sont moindres que pour une pension renommée. Il existe parfois une charte de qualité dont il est bon de vérifier que les principes sont respectés. ● En revanche, l’animal, souvent seul pensionnaire dans ce système, bénéficie a priori de plus d’attentions. ● Conseiller une ou deux journées “test” si possible, pour que les propriétaires puissent évaluer le savoir-faire des futurs gardiens et la tolérance de leur animal au changement. ● Pour le propriétaire, le placement familial ou chez un proche est plus rassurant.

Cf. articles dans ce numéro : *“Monter une pension : le parcours du combattant” du même auteur. ** “Quelles précautions prendre pour voyager avec un chat et l’adapter à un nouvel environnement” ? de T. Habran.

QUEL TYPE DE STRUCTURE CONSEILLER ?

Les “dogsitters” Le “dogsitting” est une garde à domicile, particulièrement bien adaptée aux critères éthologiques félins, pour lesquels un changement de territoire est une perturbation majeure**. ● Le praticien conseille à ses clients d’avoir un entretien avec la personne concernée. Les intervenants doivent en général justifier, dans les organismes “ayant pignon sur rue”, d’un casier judiciaire vierge. ●

Savoir conseiller le mode de garde le mieux adapté à son client.

NOTE

Essentiel ❚ Il est recommandé de visiter soi-même les pensions pour mieux conseiller sa clientèle. ❚ Préconiser une ou deux journées “test” pour les systèmes de garde assurés par des particuliers. ❚ Pour le “dogsitting”, conseiller au client de demander un entretien avec la personne concernée. ❚ Pour les chats, la garde à domicile est la meilleure solution.

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MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 165


conseils aux clients

monter une pension : Muriel Alnot-Perronin

le parcours du combattant Quelles sont les démarches qui jalonnent le parcours du futur propriétaire d’une pension ? Quelles sont les normes à respecter ? À quels organismes s’adresser ?

28 rue de Chimay 28130 Mevoisins

Objectif pédagogique Savoir conseiller le futur propriétaire d’une pension pour chien ou pour chat..

Ê

tre au fait des diverses contraintes imposées au propriétaire d’une pension permet au praticien d’apparaître comme l’expert de choix dans le domaine médical, mais aussi de faire état de sa compétence dans le domaine parfois bien négligé des autres métiers de l’animal de compagnie. LE CADRE JURIDIQUE : QUELLES AUTORISATIONS OBTENIR ? Justifier d’un certificat de capacité

● En vertu de la loi 99-5 du 6 Janvier 1999 relative aux animaux dangereux et errants et à la protection animale, et selon l’article L214-6, article IV du code rural, il est obligatoire de posséder un “certificat de capacité” pour monter ce type d’établissement et le diriger*. ● Ce diplôme atteste de connaissances adaptées à la gestion d’installations classées, comme les pensions pour la protection de l’environnement. ● Pour s’y inscrire, il convient de contacter la préfecture et la D.S.V. de son département qui indique la marche à suivre, car les modalités diffèrent d’une région à l’autre. ● Pour l’obtenir, il est nécessaire d’avoir : - une expérience professionnelle d’au moins trois ans dans l’élevage ; - ou un des diplômes cités dans l’arrêté du 20 Juillet 2001 (BPA élevage canin, Bac professionnel élevage canin, …) ; - ou le CETAC-option chat (Certificat d’Études Techniques de l’Animal de Compagnie) délivré par le L.O.O.F. (Livre officiel des origines félines) ; - ou un certificat de formation “pour l’exercice d’activités liées aux animaux de compagnie d’espèces domestiques” délivré par un des centres habilités par le ministère de l’Agriculture (arrêté du 25 mars 2002). ● Après obtention, le certificat doit être visé par le préfet du département qui déli-

1

Outre la déclaration aux services fiscaux, l’agrément de la D.S.V. est indispensable pour ouvrir une pension (photo M. Alnot-Perronin).

vre un récipissé de déclaration en préfecture (ordonnance n°2000-914 du 18 septembre 2000 et décret du 21 septembre 1977 modifié).

NOTE * Au moins une personne en contact direct avec les animaux doit posséder un certificat de capacité.

Tenir compte des normes sanitaires et légales : déclaration d’installation classée Ouvrir une pension oblige à une déclaration auprès des services fiscaux. ● L’agrément de la Direction des services vétérinaires (D.S.V.) doit être également obtenue. La D.S.V fournit un règlement départemental évoquant les règles administratives et sanitaires propres à la construction : organisation de l’exploitation, eaux potables, usées, pluviales, déjections, épandages, déchets non organiques (cf. ci-après) (photo 1). ● Le dossier de la future structure doit tenir compte des impératifs de protection animale (arrêté ministériel du 2 juin 75 complété par les lois du 28 août 1991 et arrêté du 30 juin 1992) (cf. ci-après les règles de confort et de bien-être). ● Par ailleurs, chaque municipalité possède ses propres règles (code des communes), notamment en ce qui concerne le bon voisinage. Les textes réglementent les nuisances sonores, en particulier celles dues aux aboiements. ●

Essentiel ❚ Un certificat de capacité est nécessaire pour monter une pension et la diriger. ❚ Le dossier de la future structure doit tenir compte : - des impératifs de protection animale ; - du code des communes ; - du plan d’occupation des sols. ❚ En centre ville, le nombre de chiens autorisés est de neuf chiens sevrés.

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MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 169


test clinique les réponses

un mastocytome pléomorphe cutané

1 Quel est votre diagnostic ? ● À l'examen cytologique, une population de cellules rondes non cohésives, nettement disjointes est observée. Ces cellules présentent un cytoplasme relativement abondant contenant de nombreux petits granules de couleur pourpre à violet. Leur noyau est rond, central et contient une chromatine finement granulaire, ainsi qu'un nucléole bien visible. L'anisocytose est sévère et l'anisocaryose est modérée à sévère. ● Sur la lame, on observe plusieurs cellules multinucléées (dont une contenant six noyaux) mais aucune figure de mitose (photo 1). ● L'ensemble de ces observations est compatible avec un diagnostic d’un variant histologique particulier de mastocytome cutané : le mastocytome dit “pléomorphe”. En effet, les critères histologiques permettant de définir un mastocytome comme pléomorphique sont une anisocytose marquée, un pléomorphisme nucléaire et la présence de cellules géantes mono- ou multinuclées*. Ces différents critères ne sont pas présents lors de l’examen cytologique d’un mastocytome classique. 2 Quel est le comportement spontané probable d’une telle masse sous-cutanée ? ● Chez le chat, la forme cutanée de mastocytome présente un comportement souvent bénin, contrairement aux formes viscérales (systémique ou splénique) et gastro-intestinales (encadré). - Des mastocytomes cutanés ayant métastasé aux nœuds lymphatiques satellites, et à l'inverse des métastases cutanées de mastocytomes viscéraux ont été parfois rapportés. - Les mastocytomes cutanés ont tendance à récidiver localement. ● Dans ce cas, si l’on se fie uniquement aux critères cytologiques de malignité démontrés par la tumeur (anisocaryose et anisocytose modérées à sévères, nombreuses cellules géantes multinuclées), il est possible de conclure que la masse est probablement très agressive. Or, dans une étude portant sur 15 chats présentant un mastocytome pléomorphe cutané*, seule une tumeur a métastasé. Cette dernière était la seule à présenter un index mitotique élevé à l'examen histopathologique. ● Chez le chat, le mastocytome pléomorphe semble donc se comporter comme un mastocytome bien différencié (i.e. comportement bénin), sous réserve que son index mitotique ne soit pas élevé.

Benoît Rannou Michel Desnoyers Service de Pathologie Clinique Faculté Vétérinaire de St-Haycinthe, Québec

Encadré - Le mastocytome cutané chez le chat Le mastocytome est la 4e tumeur cutanée la plus fréquente chez le chat (derrière la tumeur des cellules basales, le carcinome épidermoïde et le fibrosarcome), ce dernier touchant plus souvent les tissus sous-cutanés. Il est observé généralement chez les chats âgés (moyenne : 9,5 ans), sans prédisposition raciale ou sexuelle. - Le mastocytome se présente souvent sous la forme d'un nodule dermique unique ou multiple bien délimité, siégeant dans plus de 50 p. cent des cas sur la tête et le cou souvent alopécique et parfois ulcéré. - Des formes infiltrantes et mal délimitées ont également été décrites. Le mastocytome cutané présente généralement un caractère bénin, mais cela ne dispense pas le praticien de réaliser un examen clinique complet visant à déterminer le bilan d’extension régional et à distance du processus néoplasique. Le mastocytome étant une tumeur très lymphophile, le clinicien recherche notamment une adénomégalie des nœuds lymphatiques drainant la région de la masse.

- Si celle-ci est notée, les ganglions doivent être aspirés à l'aiguille fine ou biopsiés, afin de réaliser un examen cytologique, ou un examen histologique. Si la palpation révèle la présence d'une masse abdominale (rate, tube digestif, foie), une échographie avec aspiration ou biopsie de l'organe incriminé est réalisée. ● L'aspiration à l'aiguille fine avec examen cytologique est une technique intéressante pour établir un diagnostic de mastocytome cutané. Celui-ci peut être cependant plus difficile lors de mastocytome mal différencié, pour lequel peu de granules cytoplasmiques sont visibles. ● Un examen histopathologique après biopsie ou exérèse de la masse permet de confirmer le diagnostic et d'affiner le pronostic. L’examen histopathologique apporte notamment des informations sur le caractère infiltrant ou non de la masse, et permet d’évaluer l’activité proliférative tumorale (par le comptage des mitoses ou de l’index Ki-67). Cet élément constitue un critère histopronostique important. Cependant, il n’existe pas, contrairement au chien, un système de “grading” performant des mastocytomes cutanés félins.

● Un examen histopathologique reste donc nécessaire avant de conclure au caractère bénin ou malin d’une telle tumeur. 3 Quelle est votre attitude diagnostique et thérapeutique ? ● Dans ce cas, l'examen clinique n'a pas mis en évidence d'adénomégalie régionale ni d'anomalie à la palpation abdominale. ● La masse a été retirée chirurgicalement et l'examen histopathologique a confirmé le diagnostic, ainsi que le caractère complet de l'exérèse. Chez le chat, l’exérèse des mastocytomes n’a pas besoin d’être aussi large que chez le chien car cette tumeur est rarement infiltrante. ● L'index mitotique, calculé sur l’examen histopathologique, de la tumeur n'était pas élevé, en accord avec la faible vitesse de croissance tumorale. ● Aucun traitement adjuvant n'a été mis en place. La corticothérapie, parfois recommandée comme traitement adjuvant du mastocytome, n'a pas démontré jusqu'à présent une efficacité thérapeutique anti-tumorale incontestable chez le chat. ● Six mois après l'exérèse, aucune résurgence tumorale ou extension métastatique n'a été notée. ❒

Pour en savoir plus Buerger RG, Scott, DW, Cutaneous mast cell neoplasia in cats : 14 cases (1975-1985). JAVMA, 1987;190(11):1440-44. ● Guaguère E, Prélaud P. Guide pratique de dermatologie féline, Merial, 2000:289 p. ● *Johnson TO, Schulman FY, Lipscomb TP, Yantis LD. Histopathology and Biologic behavior of pleomorphic cutaneous mast cell tumors in fifteen cats, Vet Pathol, 2002;39:452-7. ● Muller GH, Kirk RW, Scott DW. Small Animal Dermatology, 6th edition, WB Saunders and Co. 2001: 1552 p. ●

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline AVRIL / MAI 2006 - 173


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