DOSSIER : LES PERTES VULVAIRES CHEZ LA CHIENNE ET LA CHATTE
Valence LEUCOSE FELINE
Fraction de prévention* en %
80 78% 60 44%
40 20
Vaccin vectorisé Merial
Vaccin inactivé classique
0
Contrôles
La fraction de prévention avec le vaccin vectorisé Merial après épreuve est supérieure à celle du vaccin inactivé classique.
0%
gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline
• Laboratoire de recherche indépendant • Méthode de référence : épreuve virulente • Mesure de référence : fraction de prévention * Fraction de prévention = Fraction de chats protégés qui ne l’auraient pas été sans vaccination = % contrôles infectés - % infectés vaccinés % contrôles infectés
Et toujours le SEUL vaccin NON ADJUVÉ contre la leucose féline
(1)
Press Purevax Praticien Vet.indd 1
Hofmann-Lehmann R et al (2006). Reassessment of feline leukaemia virus (FeLV) vaccines with novel sensitive molecular assays. Vaccine 24 : 1087-1094.
Coxinelis - Voir mentions légales en page
La nouvelle vision de la vaccination féline
25/08/06 15:17:36
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°30 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006
Démonstration d’ EFFICACITE RENOUVELEE (1)
DOSSIER
Le fœtus devrait être éliminé. En effet, la moitié du génome du fœtus provient du père et donc, est (potentiellement) différent de celui de la mère.
Le placenta est le tissu le plus exposé à la mise en place d’une réponse dirigée contre le foetus. Le trophoblaste, est une partie du placenta d’origine foetale.
A moitié étranger ? Allez ouste, dehors !
LES PERTES VULVAIRES CHEZ LA CHIENNE ET LA CHATTE A partir de simples pertes vulvaires, une bonne part de la pathologie de la reproduction des carnivores domestiques peut être déclinée : métrites, vaginites, tumeurs, kystes, rémanence ovarienne, chaleurs normales ou atypiques, avortements, dystocies, malformations congénitales ou acquises, les maladies du bas et du haut appareil urinaire sont également concernées ...
Management et entreprise Dossier - L’observance, un défi pour toute la filière Observance et protocoles thérapeutiques : des enjeux médicaux, relationnels et économiques
Comment améliorer l’observance Témoignage - Observance : une démarche avec le client
N°30 SEPTEMBRE OCTOBRE 2006
revue de formation à comité de lecture
LES PERTES VULVAIRES - Étiologie et démarche diagnostique face à des pertes vulvaires chez la chienne - Les examens complémentaires en cas de pertes vulvaires - Comment diagnostiquer et traiter le complexe pyomètre - hyperplasie glandulokystique chez la chienne - Diagnostiquer et traiter les pertes vulvaires en obstétrique et en péri-partum - Reconnaître et traiter les vaginites chez la chienne - Conduite à tenir devant des pertes vulvaires liées à une sécrétion d’œstrogènes chez la chienne et la chatte - Reconnaître et traiter les tumeurs de l’appareil génital chez la chienne - Observation clinique un cas de rémanence ovarienne
Féline - Étiologie et démarche diagnostique face à des pertes vulvaires chez la chatte - Spécificités des tumeurs de l’appareil génital de la chatte
Rubriques - Nutrition Comment choisir un aliment hypoallergénique - Principe actif Le cloprosténol - Immunologie et le B.A. BA en BD L’immunité de la gestation - NAC Comment anesthésier un furet - Table ronde Nutrition et endocrinologie
N°30 SEPTEMBRE OCTOBRE 2006
sommaire Éditorial par Alain Fontbonne Test clinique - Masse sous-linguale chez un berger allemand Claire Spilmont, Thibaut Cachon Table ronde IAMS - Nutrition et endocrinologie
DOSSIER
5 4 7
LES PERTES VULVAIRES chez la chienne et la chatte
CANINE - FÉLINE - Étiologie et démarche diagnostique face à des pertes vulvaires chez une chienne Alain Fontbonne 9 - Les examens complémentaires en cas de pertes vulvaires chez une chienne Catherine Gilson 17 - Comment diagnostiquer et traiter le complexe pyomètre - hyperplasie glandulokystique chez la chienne Francis Fiéni 23 - Reconnaître et traiter les tumeurs de l’appareil génital chez la chienne Samuel Buff 31 - Diagnostiquer et traiter les pertes vulvaires en obstétrique et en péri-partum chez la chienne Philippe Mimouni 37 - Reconnaître et traiter les vaginites chez la chienne Emmanuel Fontaine 43 - Conduite à tenir devant des pertes vulvaires liées à une secrétion d’œstrogènes chez la chienne et la chatte Xavier Lévy 48 - Observation clinique - Un cas de rémanence ovarienne chez une chienne Xavier Lévy 53
FÉLINE - Étiologie et démarche diagnostique face à des pertes vulvaires chez la chatte Alain Fontbonne - Spécificités des tumeurs de l’appareil génital de la chatte Samuel Buff
57 62
RUBRIQUES - Nutrition - Comment choisir un aliment hypoallergénique Lucile Martin - Principe actif - Le cloprosténol Wajdi Souilem, Jamel Chemli - Immunologie et le B.A. BA en BD L’immunité de la gestation Séverine Boullier, Frédéric Mahé - Nouveaux animaux de compagnie - Comment anesthésier un furet Didier Boussarie
65 70 73 77
Souscription d’abonnement en page 90
MANAGEMENT ET ENTREPRISE Dossier - L’observance, un défi pour toute la filière Philippe Baralon - Observance et protocoles thérapeutiques, des enjeux médicaux, relationnels et économiques Jill Maddison - Comment améliorer l’observance Jill Maddison Témoignage - Observance : une démarche avec le client Françoise Lemoine
82
CANINE - FÉLINE
83 86 88
FÉLINE
Test clinique - Les réponses
89
Tests de formation continue - Les réponses
90
3
RUBRIQUE MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE - OCTOBRE 2006 - 259
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
test clinique
Conseil scientifique
masse sous-linguale chez un berger allemand
Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)
Claire Spilmont Thibaut Cachon
Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)
U.P. de médecine des carnivores domestiques E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)
Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) René Chermette (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Bernard Clerc (Ophtalmologie, E.NV.A.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Olivier Dossin (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.T.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Claude Petit (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.T.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Patricia Ronsin (Reproduction, E.N.V.T.) Etienne Thiry (Virologie, Liège) Patrick Verwaerde (Anesthésie, E.N.V.T.)
U
n chien berger allemand mâle de 2 ans est présenté en consultation pour une masse sous-linguale observée depuis une semaine environ. ● L’examen clinique général ne révèle pas d’anomalie. ● La masse est située sur la face inférieure de la langue, à gauche. Elle est molle, fluctuante et non douloureuse (photo 1). ● Aucune gêne à la préhension des aliments ni à leur mastication n’est rapportée par les propriétaires. 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?
Infographie, mise en page Maxime Roguier Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent
2 Quel examen complémentaire proposez-vous pour confirmer l’hypothèse diagnostique principale ?
Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr
3 Quel traitement choisissez-vous ? 4 Quel pronostic annoncez-vous au propriétaire ?
Directeur de la publication
2
Maryvonne Barbaray
Réponses à ce test page 89
Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 24€, U.E. : 26€ Tarifs d’abonnement : voir p. 90 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1007 T 80121 I.S.S.N. 1637-3065
Ponction de la ranula : observer le liquide filant et visqueux (photo P. Rubira).
comité de lecture
Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 260 - SEPTEMBRE/ OCTOBRE 2006
1
Masse sous-linguale située à gauche observée lors de l’ouverture de la cavité buccale (photo T. Cachon).
4
Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Juliette Besso, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Stéphane Bureau, Jean-Jacques Bynen, Claude Carozzo, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Claude Chauve, Guillaume Chanoit, Valérie Chetboul, Cécile Clercx (Liège), Jean-Pierre Cotard,
Jack-Yves Deschamps, Pierre Desnoyers, Marianne Diez (Liège), Armelle Diquelou, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi (Royaume-Uni), Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot, Dominique Grandjean, Jean-François Guelfi, Laurent Guilbaud,
Nicole Hagen, Philippe Hennet, Marc Henroteaux, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Christelle Maurey, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Xavier Pineau, Luc Poisson,
Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Odile Sénécat, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin, Lionel Zenner.
éditorial “les pertes vulvaires chez la chienne : un signe clinique intéressant pour le clinicien ...”
T
rès récemment, lors d’une soirée-conférence pour des confrères, organisée - à l’initiative d’un laboratoire pharmaceutique français - sur le thème des pertes vulvaires chez la chienne et la chatte, un collègue enseignant d’une autre discipline clinique, découvrant le grand nombre de vétérinaires praticiens dans la salle, laissa échapper avec surprise : “ce sujet intéresse tant que ça ?”. L’auditoire nombreux n’était en fait pas étonnant. Fréquemment observées, les pertes vulvaires peuvent révéler un ensemble d’états physiologiques ou pathologiques très variés. Elles doivent, en conséquence, faire l’objet d’une approche diagnostique méthodique et structurée. A partir de simples pertes vulvaires, une bonne part de la pathologie de la reproduction des carnivores domestiques peut être déclinée : métrites, vaginites, tumeurs, kystes, rémanence ovarienne, chaleurs normales ou atypiques, avortements, dystocies, malformations congénitales ou acquises, etc. Au-delà de la gynécologie, les maladies du bas et du haut appareil urinaire sont également concernées. Voilà pourquoi ce signe clinique si banal peut se révéler très intéressant pour le clinicien.
Alain Fontbonne Service de reproduction animale E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Pourtant, bien que banale en apparence, l’approche sémiologique et diagnostique des pertes vulvaires est très souvent mal appréhendée par les confrères. Ainsi, le frottis vaginal, qui devrait être un geste aussi automatique en gynécologie que l’écouvillon auriculaire lors de suspicion d’otite, est trop peu pratiqué au quotidien, alors qu’en quelques minutes, il peut révéler l’existence d’une imprégnation œstrogénique de l’organisme ou dans d’autres cas, la présence d’une inflammation génitale à l’origine des pertes vulvaires. A partir d’un frottis vaginal simple à réaliser, toute l’orientation diagnostique est facilitée et optimisée. Rendre logique et pratique l’approche des pertes vulvaires chez la chienne et la chatte, et, au-delà, montrer combien la reproduction des petits animaux est devenue, en quelques années, presque aussi performante que la gynécologie et l’obstétrique en médecine humaine, donc tout aussi passionnante, sont les objectifs de ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline. - Au cours des dix dernières années, de nombreuses connaissances nouvelles ont été acquises, dont ce Dossier se fait l’écho : traitement médical efficace des pyomètres, approche méthodique de la mise bas et des troubles du post-partum, meilleure connaissance de la pathologie ovarienne et de la gynécologie féline, meilleure caractérisation des affections du vagin, encore méconnues il y a peu de temps encore, etc. - C’est à une plongée dans cette discipline nouvelle et en plein essor que nous vous invitons. Plus récente que l’étude de la reproduction des grands animaux, mais issue des mêmes services d’enseignement au sein des écoles vétérinaires, la reproduction des petits animaux se rapproche de plus en plus de la médecine interne, avec laquelle elle partage de nombreux centres d’intérêt (imagerie, endocrinologie, cytologie, cancérologie, …). Au plan mondial, les spécialistes de cette discipline sont soit issus des collèges de reproduction animale, soit des collèges de médecine interne. Ne peut-on pas parler, dès lors, de discipline émergente, au même titre que la cardiologie ou la neurologie par exemple ? Quoi qu’il en soit, le niveau technique et le degré d’exigence sont devenus aussi élevés en gynécologie canine et féline que dans ces disciplines plus anciennes, et le vétérinaire en prend conscience chaque jour. Dans nos écoles vétérinaires, un certain nombre de jeunes confrères n’hésitent plus à s’orienter vers cette discipline très polyvalente et très variée, qui allie médecine et chirurgie, imagerie et endoscopie, médecine individuelle et approche collective. En clientèle aussi, des initiatives sont prises dans cette direction car la gynécologie-obstétrique canine et féline va encore progresser, intéresser de plus en plus les vétérinaires et leurs clients. ❒
hommage Nous dédions ce numéro à Noël Marseloo, un jeune confrère et ami, ancien maître de conférences contractuel à l’E.N.V.A., qui se passionnait pour ce domaine et qui nous a, hélas, quitté prématurément à la fin du mois d’août, à l’âge de 29 ans, au moment où il venait de créer une clinique spécialisée en reproduction des petits animaux en région parisienne. Il avait, à ce titre, participé avec enthousiasme à la table ronde IAMS - NÉVA publiée dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline N°28 (avril, mai 2006).
5
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 261
table ronde
nutrition et endocrinologie
Colette Arpaillange Rédactrice en chef
Les intervenants Juan Hernandez
Comment alimenter un chien ou un chat diabétique ? Quel régime prescrire lors d’hyperlipémie ? C’est autour de ces questions que spécialistes d’endocrinologie et de nutrition ont débattu lors de la table ronde organisée par Iams le 7 septembre dernier.
D
e l’avis de tous, les recommandations nutritionnelles lors de maladies endocriniennes sont, dans bien des domaines, indissociables des recommandations médicales. Deux sujets semblent importants : le diabète et l’hyperlipidémie. ALIMENTER UN CHIEN OU UN CHAT DIABÉTIQUE : LES NOUVEAUX CONCEPTS Recommandations pour le chat diabètique
Juan Hernandez confirme qu’en Amérique du Nord, la recommandation actuelle, pour l’alimentation du chat diabétique, est une réduction drastique des glucides. Ces données ne sont pas nouvelles, car les publications sur les bénéfices d’une alimentation restreinte en glucides chez le chat datent de 2001. Un aliment riche en protéines et en lipides, pauvre en amidon et contenant un peu de fibres, correspond à l’alimentation “naturelle” d’un chat. La densité énergétique de ces aliments est parfois très élevée, en raison de leur richesse en matières grasses. Géraldine Blanchard insiste sur la nécessité de rationner les chats recevant ce type d’aliment. ● Chacun reconnaît que les régimes usuels de la plupart des chats, très éloignés de l’alimentation naturelle, conviennent peu aux diabétiques. S’il est impossible de faire une croquette sans amidon, la majorité des chats se satisfont de tels aliments, et leurs propriétaires aussi, pour des raisons pratiques et économiques. Certains, en revanche, doivent recevoir des aliments plus élaborés. ● Chez le chat diabétique, si l’alimentation humide évite certains risques, présents lorsque le chat est nourri avec un aliment ●
Vétérinaire, C.E.A.V en médecine interne des animaux de compagnie Centre Hospitalier Vétérinaire de Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
sec, la composition doit être soigneusement étudiée. Christian Iehl affirme qu’il peut y avoir des sucres ajoutés dans ces aliments humides. Il faut penser à regarder les ingrédients et veiller à ce que l’aliment ne contienne pas de sucres ajoutés. ● Ainsi, les aliments humides diététiques, qui contiennent moins d’amidon et facilitent la restriction alimentaire, sont intéressants. L’humidité est un excellent moyen de diluer les nutriments, en particulier l’énergie. La gamme humide offre une plus grande flexibilité de composition. Une transition progressive est recommandée, constatent Odile Sénecat et Géraldine Blanchard, car beaucoup de chats n’acceptent pas de passer d’un jour à l’autre du sec à l’humide. La majorité des propriétaires ont déjà recours à une alimentation mixte, croquettes en libre service et distribution de boîtes au repas.
Odile Senecat Maître de conférences en médecine des carnivores à l’E.N.V.N.
Pauline de Fornel C.E.A.V en médecine interne des animaux de compagnie D.E.S.V. en médecine interne des animaux de compagnie : option cardiologie Centre de radiothérapie Scanner, E.N.V.A., 7 avenue du Général de gaulle 94704 Maisons-Alfort
Géraldine Blanchard PhD, professeur contractuel en nutrition clinique à l’E.N.V.A., agrégée de nutrition, diplomate E.C.V.C.N.
Colette Arpaillange Praticien hospitalier en hospitalisation des animaux de compagnie. CEAV en médecine interne des animaux de compagnie
Recommandations pour le chien diabètique
Christian Iehl
Chez le chien, pendant des années, les animaux diabétiques ont été considérés comme obèses, et tous les aliments étaient formulés pour accompagner un amaigrissement. Cette approche obsolète est une forme d’antropomorphisme. La hantise des glucides est une transposition des considérations usuelles de la médecine humaine. ● Deux types de chien diabétique sont à considérer, explique Pauline de Fornel : ceux qui sont trop gros, et ceux qui sont trop maigres. Mais qu’il soit trop gros ou trop maigre, Géraldine Blanchard précise qu’un animal diabétique doit être nourri pour son poids idéal. Pour les sujets de statut corporel normal, l’apport calorique ne doit pas être modifié. Un bon aliment d’entretien de qualité constante, et sans sucres ajoutés, est adapté. L’aliment industriel offre l’avantage de fournir un produit constant, mais une alimentation ménagère équilibrée peut convenir. ● En alimentation industrielle, Il existe des solutions pour faire maigrir les chiens diabétiques trop gros, mais la gestion des diabétiques trop maigres pose un réel problème, confirment nos spécialistes. De l’avis de tous, les aliments pour chiens diabétiques ne conviennent pas pour faire grossir un chien ! L’équivalent pour chiens des aliments ●
Vétérinaire C.E.S. de diététique canine et féline, Relations extérieures IAMS
Maryvonne Barbaray Directrice de la publication, NÉVA
Juan Hernandez.
Odile Senecat.
7
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 263
table ronde - nutrition et endocrinologie Le cas particulier ➜ ... des diabètiques
riches en protéines et en matières grasses pour chat diabétique n’existe pas. La solution est alors de se tourner vers un bon aliment d’entretien et de nourrir le chien en fonction de son poids optimal. Géraldine Blanchard suggère d’utiliser un aliment pour chien diabétique et d’y ajouter de la viande grasse, pour permettre d’ingérer suffisamment de calories sans apport excessif de fibres, et favoriser la prise de poids surtout si l’appétit est modéré.
insuffisants rénaux chroniques
➜ Parfois, la situation de l’animal diabè-
tique s’avère plus complexe. Tel est le cas des chiens ou des chats diabétiques souffrant d’insuffisance rénale chronique. ➜ Une approche personnalisée, prenant en compte le degré d’insuffisance rénale, le statut corporel, l’appétit, est nécessaire. Géraldine Blanchard confirme que la ration ménagère est parfois la seule solution. ➜ Si beaucoup de vétérinaires répugnent à proposer un régime ménager aux propriétaires car la formulation leur semble compliquée, notre nutritionniste se veut rassurante, et assure que de nombreuses publications proposent des rations-type qui peuvent aisément être utilisées. De plus, un minimum de connaissances et de pratique permettent de formuler une ration adaptée à des situations complexes pour lesquelles les régimes industriels ne sont pas satisfaisants.
Les fibres dans l’alimentation des diabètiques ● La place des fibres dans l’alimentation des diabétiques reste sujette à débat. Les fibres ne se comportent pas de façon neutre comme le ferait l’eau. Christian Iehl rappelle à la prudence, en raison des éventuelles interférences d’assimilation. Certes, chez le chien, certaines fibres solubles permettent de réguler le transit digestif et l’absorption du glucose issu de la digestion de l’amidon. Odile Sénécat indique que chez le chat, il n’est pas prouvé que les fibres régulent l’assimilation des glucides et elles n’ont pour intérêt, chez le diabétique obèse, que de limiter l’apport calorique et d’encourager la satiété. Même si peu d’études l’établissent, on peut admettre que les effets sur le transit sont similaires chez le chat et chez le chien. ● Cependant, comme le souligne Géraldine Blanchard, la tolérance des fibres est bien meilleure chez le chien que chez le chat, d’abord pour des raisons d’appétence de l’aliment. Les aliments les plus riches dépassent rarement 10 à 15 p. cent de cellulose brute chez le chat, alors que ce taux est de 20 à 25 p. cent chez le chien. ● Les colites sont un effet secondaire possible lorsque la teneur en fibres insolubles du régime est très élevée. Quant aux fibres solubles, dont les vertus sont largement soulignées, elles peuvent induire une diarrhée si leur teneur dépasse 2 p. cent.
Pauline de Fornel.
LES HYPERLIPÉMIES
Géraldine Blanchard.
Quoique rares chez nos carnivores domestiques, les hyperlipémies sont un autre des champs d’action de la nutrition clinique. ● En pratique, l’hypercholestérolémie n’a pas d’incidence clinique chez le chien sauf pour les hypothyroïdiens, qui souffrent de vraies lésions d’athérosclérose dans les artères pulmonaires. C’est la seule situation où l’hypercholestérolémie doit être traitée, la cholestérolémie étant peu sensible à l’alimentation. ● Chez la plupart des hypothyroïdiens cor-
Christian Iehl.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 264 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006
8
rectement traités, la cholestérolémie diminue. Mais ce n’est pas systématique, indique Pauline de Fornel. Lorque ce n’est pas le cas, Géraldine Blanchard suggère d’utiliser de la cholestyramine (Questran® : un quart de sachet/j réparti sur les repas pour un chien de 20 kg) afin de diminuer la cholestérolémie. Si l’obésité de l’hypothyroïdien répond plutôt bien à la supplémentation hormonale, remarque Pauline de Fornel, les hypothyroïdiens hypercholestérolémiques nécessitent des adaptations plus subtiles. Selon les cas, le traitement de l’obésité peut commencer dès la mise en place du traitement de l’hypothyroïdie ou après son équilibrage, de manière à ramener le chien à son poids optimal dans les meilleures conditions. ● L’hypertryglycéridémie idiopathique des schnauzers miniatures est une rareté en France. En revanche, aux États-Unis, Juan Hernandez indique que la maladie n’est pas exceptionnelle. ● Lors d’hyperlipidémie, le régime impose une réduction drastique des lipides. Si l’animal ne parvient pas à maintenir son poids, une alimentation ménagère est conseillée. “C’est le seul moyen, confirme Géraldine Blanchard, d’abaisser massivement la teneur en lipides tout en évitant un apport excessif en fibres”. Si le chien est en excès pondéral, un aliment industriel hypocalorique peut être utilisé. La teneur en matière grasse des aliments ménagers peut atteindre 4 p. cent alors qu’elle est au minimum de 8 à 9 p. cent dans un aliment industriel hypocalorique avec alors un taux considérable de fibres. ATTENTION AUX CORTICOTHÉRAPIES PROLONGÉES ! ● La corticothérapie au long cours est une situation courante de gain de poids. Géraldine Blanchard rappelle qu’il est plus fastidieux de faire maigrir un chien que de l’empêcher de grossir. L’obésité commence à 15 - 20 p. cent d’excès de poids, ce qui revient à passer par exemple de 4 à 4,8 kg, de 10 à 12 kg, ou de 30 à 36 kg, ... Elle s’indigne sur le fait que l’attention des propriétaires ne soit pas plus attirée sur la nécessité de mettre en place d’emblée un régime pour prévenir la prise de poids. ● Aussi, il est essentiel de prescrire, dès le début d’une corticothérapie, un aliment moins calorique qui permet d’augmenter la quantité disponible sans augmenter les calories ingérées, ou de recourir à quelques petites astuces : mettre les croquettes dans l’eau, rajouter des légumes, fractionner davantage les repas … ❒
étiologie et démarche diagnostique face à des pertes vulvaires chez une chienne Les pertes vulvaires chez la chienne constituent un motif de consultation fréquent en clientèle vétérinaire. Ces pertes peuvent aussi être l’un des tous premiers signes que le praticien remarque au cours de l’inspection de l’appareil génital, lors de l’examen clinique.
T
rop fréquemment, face à des pertes vulvaires, le vétérinaire établit d’abord les examens complémentaires à pratiquer en fonction des origines possibles des écoulements, alors qu’une démarche rigoureuse et standardisée peut l’aider à aboutir plus rapidement et plus sûrement à un diagnostic [1]. ● Cet article présente la démarche diagnostique que nous enseignons depuis plusieurs années. ● Une chienne qui présente des pertes vulvaires attire souvent les mâles – sans doute en raison des odeurs qu’elle dégage –, même si elle n’est pas en chaleurs. D’OÙ PEUVENT PROVENIR LES PERTES VULVAIRES ? Avant d’aborder cette conduite diagnostique proprement dite, rappelons les situations cliniques à l’origine de pertes vulvaires chez la chienne. Les pertes vulvaires d’origine utérine Les pertes vulvaires d’origine utérine peuvent être consécutives à une action des œstrogènes sur l’utérus, à des saignements vulvaires non œstrogéno-dépendants, à une action de la progestérone sur l’utérus, à des pertes vulvaires d’origine infectieuse (encadré 1). Les pertes vulvaires d’origine vaginale Les pertes vulvaires d’origine vaginale peuvent être les vaginites et les tumeurs vaginales (encadré 2). Les pertes vulvaires d’origine urinaire ou rénale Une affection urinaire (ou plus rarement rénale) peut être accompagnée d’écoulements vulvaires. Il ne faut donc jamais
Alain Fontbonne Service de reproduction animale E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Objectif pédagogique Connaître les causes de pertes vulvaires chez la chienne et la démarche diagnostique. 1
L’examen de la couleur de l’écouvillon servant à réaliser les frottis vaginaux permet de juger de l’aspect des pertes vulvaires (photo G. Casseleux).
oublier d’explorer cet appareil lors du diagnostic (encadré 3). DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE 1. Vérifier si les pertes vulvaires sont liées à une imprégnation œstrogénique de l’organisme Les chaleurs sont la cause la plus fréquente de pertes vulvaires chez la chienne. Le plus souvent, une chienne en chaleurs présente des écoulements sanguins ou sérosanguins. Ils peuvent être : - séreux si la chienne présente des chaleurs atypiques ou si elle est en œstrus, période au cours de laquelle les écoulements vulvaires deviennent souvent translucides ; - muqueux, voire mucopurulents si la chienne est en fin de chaleurs, les écoulements vulvaires réaugmentent alors souvent et une vestibulite peut être présente ; - foncés (marron-grisâtres, voire noirâtres en fin de chaleurs), à la transition entre la fin de l’œstrus et le début du métœstrus (photo 1). ● L’imprégnation œstrogénique de l’organisme engendre souvent des pertes vulvaires. Ceci peut par exemple être le cas lors : - de chaleurs normales ou atypiques (encadré 4) ; - d’affection ovarienne (kystes folliculaires, tumeurs) ; - de rémanence ovarienne de la chienne castrée ; - d’imprégnation iatrogène de l’organisme. Aucune publication ni observation clinique ne permet, à ce jour, de penser que d’autres sources d’imprégnation œstrogénique (de type affection des surrénales, par exemple) peuvent entraîner des pertes vulvaires. ●
Essentiel ❚ Une chienne qui présente des pertes vulvaires attire souvent les mâles, même si elle n’est pas en chaleurs. ❚ Le frottis vaginal est le 1er examen à pratiquer, quels que soient les commémoratifs et l’aspect des pertes vulvaires, que la vulve soit dilatée ou non. ❚ Si ce frottis indique une imprégnation œstrogénique, vérifier si les pertes vulvaires sont physiologiques ou si elles accompagnent un phénomène pathologique.
CANINE - FÉLINE
9
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE /OCTOBRE 2006 - 265
les examens complémentaires en cas de pertes vulvaires chez la chienne Les examens complémentaires utiles, en cas de pertes vulvaires chez la chienne, sont, pour la plupart, simples à réaliser en pratique courante et peu coûteux. Leur réalisation permet un diagnostic étiologique précis.
L
es pertes vulvaires peuvent être l’expression de diverses affections, mais sont parfois aussi physiologiques. Plusieurs examens complémentaires sont à la disposition du praticien : les frottis vaginaux, la radiographie, la radiographie à contraste positif, l’échographie, l’endoscopie vaginale. Ils permettent d'éliminer certaines hypothèses et d'en confirmer d'autres afin d'orienter et de définir le diagnostic final.
Catherine Gilson Centre d’Étude et de Recherche en Reproduction et Élevage des Carnivores E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Savoir réaliser les examens complémentaires nécessaires au diagnostic lors de pertes vulvaires.
1
Frottis vaginal : l’étalement des cellules sur la lame s’effectue en roulant l’écouvillon sur deux ou trois rangées, sans trop appuyer (photo A. Fontbonne).
matériel Pour effectuer un frottis vaginal, et afin de l’interpréter correctement, disposer : - de lames ; - d’écouvillons stériles d’au moins 15 cm de long ; - d’un nécessaire de coloration ; - d’un microscope permettant les grossissements x 100 et x 400.
LES FROTTIS VAGINAUX Simple à mettre en œuvre et peu onéreuse, la cytologie vaginale sur frottis est un outil très utile pour le diagnostic différentiel des pertes vulvaires. La méthode de prélèvement Il est recommandé d’humidifier le coton de l’écouvillon à l’aide d’une solution saline, afin qu’il ne soit pas trop irritant et afin de récolter un maximum de cellules (encadré matériel). De même, il est préférable d’utiliser des écouvillons constitués d’une tige en plastique plutôt qu’en bois pour éviter qu’ils ne se brisent dans le vagin de la chienne. ● La réalisation d’un frottis vaginal est simple, mais le geste doit être délicat et dirigé. 1. Tout d’abord, écarter les lèvres vulvaires et introduire l’écouvillon presque verticalement à la commissure supérieure de la vulve ; 2. ensuite, le redresser pour atteindre la région antéro-médiane du vagin ; 3. enfin, tourner délicatement l’écouvillon sur lui-même et le retirer [2]. ● L’étalement doit être réalisé rapidement, sur une lame de verre, en roulant l’écouvillon ●
sur lui-même sans trop appuyer, afin de ne pas écraser les cellules (photo 1). ● Une fois les cellules étalées, séchées et fixées à l’aide d’un cytofixateur, la lame peut être colorée (encadré 1).
2
Frottis vaginal d’œstrus : présence de plus de 70 p. cent de cellules superficielles kératinisées groupées en amas (coloration Harris-Shorr, grossissement x 40) (photo E.N.V.A.).
La lecture du frottis La lecture d’un frottis doit toujours s’effectuer en deux temps : 1. Au simple grossissement du microscope (x 100), on recherche d’abord les caractères généraux du frottis (richesse en cellules, coloration dominante, regroupement éventuel des cellules en amas, …) ; 2. puis, au plus fort grossissement (x 400), on identifie les différents types cellulaires (cellules vaginales, sanguines et autres) et on évalue le pourcentage des cellules kératinisées (tableau 2) [2]. ●
Essentiel ❚ Les colorations les plus fréquemment utilisées sont la coloration de Harris Shorr ainsi que les colorations d’hématologie.
LA RADIOGRAPHIE
CANINE - FÉLINE
Les indications Les ovaires, l’utérus et le vagin, quand ils sont sains, et l’utérus non gravide ne sont normalement pas visibles à la radiographie. ● La radiographie permet simplement d’indiquer qu’une masse abdominale repérée à la ●
17
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE /OCTOBRE 2006 - 273
comment diagnostiquer et traiter le complexe pyomètre - hyperplasie glandulokystique chez la chienne
Francis Fiéni
Le diagnostic des différentes formes cliniques du complexe pyomètre hyperplasie glandulokystique nécessite en général, la mise en œuvre d’examens complémentaires. L’ovario-hystérectomie est souvent le traitement préconisé, mais des traitements médicaux peuvent, dans certains cas, être utilisés, afin de préserver le potentiel de chiennes reproductices ou lorsque l’intervention chirurgicale est déconseillée ou impossible.
L
e complexe pyomètre-hyperplasie glandulokystique est une affection chronique, d’origine hormonale, qui se traduit cliniquement par la présence d’une quantité plus ou moins importante de pus dans la lumière utérine, et qui survient pendant la période post-œstrale du cycle de la chienne. ● Il se différencie nettement, en termes d’étiologie, de pathogénie et de traitement, des métrites post-partum, pour lesquelles l’étiologie infectieuse est prépondérante. ● Au cours de ces dernières années, l’évolution des connaissances sur le complexe pyomètre - hyperplasie glandulokystique a principalement concerné sa pathogénie et son traitement. DIAGNOSTIQUER ET TRAITER L’HYPERPLASIE GLANDULOKYSTIQUE, L’HYDROMÈTRE ET LE MUCOMÈTRE Diagnostic de l’hyperplasie glandulokystique En raison de l’absence de symptômes, le diagnostic d’une hyperplasie glandulokystique (cystic endrometrial hyperplasia), d’un hydromètre ou d’un mucomètre n’est, le plus souvent, pas établi. ● L’examen de choix est l’échotomographie. Elle permet de visualiser une légère augmentation du diamètre de l’utérus, ainsi que la présence de formations liquidiennes dans ●
Unité de Reproduction Département des Sciences cliniques École Vétérinaire de Nantes Atlanpôle - La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex
Objectif pédagogique
1 Dissection de l’utérus. L’endomètre montre une hyperplasie glandulokystique (photo C.E.R.C.A., E.N.V. Alfort).
la paroi utérine, associées ou non à une dilatation liquidienne de la lumière. En effet, lors d’hyperplasie glandulokystique, l’hyperplasie physiologique de l’endomètre s’amplifie, le nombre et le volume des glandes augmentent, l’épaississement de la muqueuse obture les canaux sécréteurs des glandes. Des kystes de taille variable (4 à 10 mm) se forment et font saillie dans la lumière utérine (photo 1). ● Ce phénomène s’observe classiquement chez 70 p. cent des chiennes après l’âge de 9 ans [8]. Les mécanismes d’apparition de l’hyperplasie glandulokystique sont précisés dans l’encadré 1. ● Le diagnostic différentiel avec le pyomètre s’établit par l’absence de modification de la numération formule sanguine et par un frottis vaginal ne présentant pas de polynucléaires en quantité anormale. ● Occasionnellement, l’hyperplasie glandulokystique entraîne l’accumulation d’un liquide séreux ou muqueux dans la lumière utérine. On parle alors d’hydromètre ou de mucomètre. ● Ce liquide est stérile et sa présence n’entraîne pas de symptôme particulier. Ceci explique que la fréquence de ces affections est difficile à préciser et qu’elles sont le plus souvent découvertes fortuitement lors d’ovario-hystérectomie. ● Cliniquement, en fonction du taux d’œstradiol plasmatique, la chienne atteinte d’hyperplasie glandulokystique peut présenter des pertes vulvaires séreuses, parfois légèrement hémorragiques, avec un frottis d’œstrus. Une infertilité est également possible.
Comprendre, diagnostiquer et traiter les différentes formes cliniques du complexe pyomètrehyperplasie glandulokystique.
Essentiel ❚ L’évolution classique de l’hyperplasie glandulokystique est le pyomètre. ❚ Le pyomètre se caractérise par une réaction inflammatoire exsudative et dégénérative de l’endomètre, et par la présence de bactéries dans la lumière utérine. ❚ Les symptômes lors de pyomètre sont : - des pertes vulvaires ; - un abattement ; - une anorexie ; - une polyuro-polydipsie ; - une déshydratation ; - des vomissements ; - une diarrhée ; - une dilatation abdominale.
CANINE - FÉLINE
23
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE /OCTOBRE 2006 - 279
reconnaître et traiter les tumeurs de l’appareil génital chez la chienne Les tumeurs de l’appareil génital s’inscrivent dans le diagnostic différentiel des pertes vulvaires chez la chienne. Quels sont les tumeurs ovariennes, utérines, vaginales et vulvaires susceptibles de se développer dans cette espèce ? Quels sont les outils diagnostiques et les traitements envisageables ?
R
elativement rares chez la chienne, les tumeurs génitales passent souvent inaperçues tant que leur taille ou les stéroïdes sexuels (que certaines d’entre elles secrètent en excès), n’entraînent pas de symptômes suffisamment évocateurs (photo 1) [14]. Ceux-ci peuvent être par exemple, un œstrus permanent de moins en moins discret ou un écoulement vulvaire hémorragique ou purulent de plus en plus net. ● Les types histologiques rencontrés et les symptômes associés, notamment paranéoplasiques, sont variés. ● Ces tumeurs sont à identifier, de manière précise. En effet, la variabilité des signes cliniques rencontrés, parfois leur extrême discrétion, rendent le diagnostic des tumeurs de l’appareil génital souvent délicat, alors même que le pronostic est souvent sombre. Aussi, le praticien doit rester vigilant sur leur suivi et leur traitement. COMMENT RECONNAÎTRE ET TRAITER LES TUMEURS OVARIENNES ● Les tumeurs ovariennes sont relativement rares chez la chienne. Selon les études, l’incidence de ces tumeurs varie de 0,5 (n = 2350) [6] à 6 p. cent (n = 400) [8] des tumeurs rencontrées chez la chienne. Néanmoins, des tumeurs ovariennes sont observées chez 3,7 p. cent des chiennes souffrant de tumeurs de l’appareil génital (n = 269) [1], et chez près de 20 p. cent des chiennes souffrant d’une affection ovarienne (n = 115) [2]. ● Chez la chienne, les tumeurs ovariennes sont réparties en : - tumeurs épithéliales : 20 à 64 p. cent des cas, 45 p. cent en moyenne ;
Samuel Buff Centre d’Étude et de Recherche en Reproduction et Élevage des Carnivores E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Savoir identifier et traiter une tumeur de l’appareil génital chez la chienne.
1
Présence d’une masse tumorale de taille importante, extériorisée à la commissure vulvaire (photo S. Buff).
- tumeurs germinales : 7 à 12 p. cent des cas ; - tumeurs des cordons sexuels et du stroma : 28 à 70 p. cent des cas, 38 p. cent en moyenne [9]. Des tumeurs secondaires (métastasiques) sont également décrites, avec pour origine un lymphosarcome, une tumeur mammaire, une tumeur intestinale ou une tumeur pancréatique, par exemple [13]. ● Parmi les différents types de tumeurs ovariennes, seules les tumeurs de la granuleuse peuvent entraîner des pertes vulvaires. En effet, contrairement aux autres types tumoraux, elles sont souvent fonctionnelles d’un point de vue hormonal, et sont ainsi associées à une production anormale d’œstradiol, parfois de progestérone, … et à l’ensemble des signes cliniques qui en découlent (manifestations d’œstrus, métropathies éventuelles). 1. Les tumeurs épithéliales Données épidémio-cliniques
Essentiel ❚ Parmi les différents types de tumeurs ovariennes, seules les tumeurs de la granulosa peuvent entraîner des pertes vulvaires. ❚ Les chiennes atteintes de tumeurs épithéliales de l’ovaire sont généralement cliniquement saines. ❚ L’ovario-hystérectomie est généralement le traitement indiqué en cas de tumeur ovarienne, quelle que soit la lignée cellulaire atteinte.
Les tumeurs épithéliales dérivent de l’épithélium recouvrant l’ovaire et se prolongeant à l’intérieur du cortex ovarien. ● Elles sont principalement constituées d’adénocarcinomes et d’adénomes. ● L’âge moyen au moment du diagnostic varie de 6,5 à 8,8 ans selon les études, avec un minimum de 3,5 ans et un maximum de 13 ans. ● Les tumeurs épithéliales de l’ovaire sont aussi souvent lisses que rugueuses, et peuvent être kystiques. ●
CANINE - FÉLINE
31
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE /OCTOBRE 2006 - 287
diagnostiquer et traiter les pertes vulvaires en obstétrique et en péri-partum chez la chienne Chez la chienne reproductrice, il est essentiel de reconnaître les pertes vulvaires normales et pathologiques. Les hypothèses diagnostiques doivent être établies en fonction du stade physiologique de la chienne (fin de gestation, parturition, post-partum), afin d’avoir une conduite diagnostique et thérapeutique adaptée.
L
e propriétaire d’une chienne gestante est toujours très attentif à la présence de pertes vulvaires chez la future parturiente (photo 1). ● Certaines pertes sont normales (bouchon muqueux), mais d’autres peuvent être le signe d’une pathologie de la gestation (résorption, avortement, vaginite, pyomètre) : - à l’approche du terme, la nature des pertes est un des signes objectifs du déclenchement du part ; - dans le post-partum, les lochies sont les pertes physiologiques associées à la mise bas ; - des pertes peuvent être liées à des phénomènes pathologiques, telles que la métrite post-partum ou la sub-involution des zones d’insertions placentaires (figure). ● Le défi du praticien est d’établir un diagnostic précis de l’origine des pertes, afin de mettre en place, si nécessaire, une thérapeutique spécifique, pour préserver la chienne et sa progéniture. Plusieurs outils diagnostiques, comme la cytologie vaginale et l’échographie, l’aident dans cette démarche. LES PERTES EN FIN DE GESTATION Les pertes vulvaires en fin de gestation peuvent être liées à un avortement, dues à une vaginite ou un pyomètre partiel. Les pertes dues à un avortement Les pertes dues à un avortement qui survient dans le dernier tiers de la gestation sont d’aspect variable. Elle peuvent être : - séro-hémorragiques ;
●
Philippe Mimouni Centre de reproduction des carnivores du Sud-Ouest Les jardins de l’Embalaguère 32600 L’Isle Jourdain
Objectifs pédagogiques ❚ Différencier en obstétrique et en péri-partum les pertes vulvaires physiologiques des pertes pathologiques. ❚ Savoir traiter les formes pathologiques. 1
Pertes des eaux sur chienne dont le travail a commencé (photo Ph. Mimouni).
- teintées d’utéroverdine (vert foncé) en fin de gestation ; - contenant des fœtus autolysés ou momifiés, ou des débris de fœtus. La chienne ingérant les avortons, le diagnostic peut parfois être difficile ; - purulentes, si la chienne développe une métrite post-abortive.
Remarque Lorsque l’interruption prématurée de gestation intervient dans les deux 1ers tiers de la gestation, il s’agit le plus souvent d’une résorption embryonnaire, avec peu ou pas de pertes, difficiles à mettre en évidence (car la chienne se lèche la vulve).
Les pertes dues à une vaginite Les pertes dues à une vaginite sont de nature mucopurulente. ● Cette affection doit être traitée correctement pour éviter une contamination des fœtus lors de la mise bas. Les antibiotiques utilisés doivent être sans danger pour la portée (céphalosporines, macrolides, béta-lactamines). ●
Les pertes dues à un pyomètre partiel
Essentiel ❚ Si la mise bas n’a pas débuté dans les 6 heures suivant les premières pertes, le diagnostic de dystocie peut être envisagé et l’intervention du praticien est nécessaire. ❚ La durée moyenne de l’involution utérine est de 4 à 6 semaines. ❚ Durant cette période, on observe classiquement un écoulement vaginal brun verdâtre à rougeâtre, inodore : les lochies.
Il n’est pas rare, sur des chiennes âgées et/ou ayant reçu des progestagènes, d’avoir une gestation dans une corne et un pyomètre dans l’autre. La gestion de la grossesse est alors souvent délicate et nécessite un suivi assidu (échographique et biologique), pour mettre en évidence la moindre dégradation de l’état général de la mère ou la mort des fœtus. ● Une vidange médicale de l’utérus ainsi qu’une ovariohystérectomie sont indiquées en cas d’échec. ●
CANINE - FÉLINE
37
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE /OCTOBRE 2006 - 293
reconnaître et traiter les vaginites chez la chienne
Fréquentes chez les chiennes de tous âges, les vaginites s’avèrent beaucoup plus rares dans l’espèce féline. Cet article traite donc surtout de l’espèce canine, où ces affections sont les plus documentées.
L
es inflammations vaginales des carnivores domestiques comprennent les vaginites primaires, et les vaginites secondaires. Ces dernières, qui sont liées à des troubles sous-jacents, sont les plus communes. Cet article distingue les vaginites de la chienne impubère et les vaginites de la chienne adulte. LA VAGINITE DE LA CHIENNE IMPUBÈRE
La vaginite de la chienne impubère touche les chiennes de moins d’un an, non cyclées, et peut être observée dès l’âge de 8 semaines (photo 1) [19]. ● Elle se traduit le plus souvent par des pertes vulvaires mucoïdes à purulentes, qui peuvent être très importantes, généralement associées à un léchage vulvaire. L’état général est le plus souvent conservé. ● Cette affection est souvent de nature inflammatoire. Les examens bactériologiques réalisés ne font généralement pas apparaître de culture bactérienne significative. L’utilisation d’antibiotiques par voie locale ou générale est par conséquent décevante. ● Dans 80 p. cent des cas, l’affection se résout d’elle-même lors des 1ères chaleurs, sans doute grâce à l’action des œstrogènes. Les multiplications cellulaires engendrées par ces hormones rendent l’épithélium vaginal plus épais, ce qui jouerait un rôle protecteur. Pour ces mêmes raisons sans doute, seule l’œstrogénothérapie peut donner des résultats positifs (estriol, Incurin®) per os tous les jours pendant un mois). ● Cette affection constituerait une contreindication à la stérilisation pré-pubertaire, car elle entraînerait des vaginites chroniques persistantes et réfractaires à tout traitement. Cependant, cette opinion ne fait pas consensus actuellement. ●
Emmanuel Fontaine Service de reproduction animale E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Objectifs pédagogiques ❚ Savoir identifier les vaginites chez la chienne, cliniquement et au moyen d’examens complémentaires adaptés. ❚ Mettre en place un traitement approprié.
1
Vulve d'une chienne impubère : les écoulements lors de vaginite de la chienne impubère sont parfois difficiles à visualiser (photo G. Casseleux).
Encadré 1 - Le vagin : rappels anatomiques Dérivé de la fusion en partie caudale des canaux de Müller, le vagin est un canal médian et impair, qui s’étend du vestibule à l’utérus et constitue l’appareil copulateur femelle des mammifères domestiques (figure 1). Sa conformation est adaptée à la pénétration du pénis lors du coït [1]. ● Chez la chienne, le vagin est long : 15,8 +/-3 cm chez les sujets de taille moyenne (Beagle), plus de 30 cm chez les grandes races (Mastiff, Dogue allemand) [1, 20]. ● La jonction vestibulo-vaginale est marquée par l’existence d’un cingulum, bande annulaire étroite et lisse qui se détend normalement pendant l’œstrus. L’hymen, vestige embryonnaire, est généralement rudimentaire. ● Chez la chatte, l’anatomie du vagin est la même, mais celui-ci est beaucoup plus court (2 cm) [1, 23]. ● Chez la chienne surtout, l’anatomie favorise donc la rétention et la stagnation des sécrétions naturelles, rendant ainsi possible l’avènement d’infections. ●
Figure 1 - Coupe sagittale
Essentiel ❚ La vaginite de la chienne impubère peut être observée dès l’âge de 8 semaines. ❚ Chez la chienne adulte non stérilisée, les vaginites sont souvent peu identifiées en raison d’un tableau clinique souvent fruste et peu évocateur. ❚ Les vaginites de la chienne adulte stérilisée sont fréquentes, purulentes, souvent récidivantes et difficiles à soigner.
de la partie distale de l’appareil génital de la chienne
CANINE - FÉLINE
43
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE /OCTOBRE 2006 - 299
conduite à tenir devant des pertes vulvaires Xavier Lévy Service de reproduction animale E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Objectif pédagogique Savoir reconnaître, diagnostiquer et traiter une rémanence ovarienne ou un kyste ovarien chez la chienne ou la chatte.
Définitions ❚ La rémanence ovarienne est une persistance, après la stérilisation, de tissu ovarien, à l’origine de la sécrétion d’hormones sexuelles. ❚ Le kyste ovarien est une structure sphérique, de taille variable, persistant dans l’ovaire.
Essentiel ❚ Les signes de rémanence peuvent se déclarer de 3 mois à 7 ans après une stérilisation, avec une moyenne de 1,5 ans.
CANINE - FÉLINE
liées à une sécrétion d’œstrogènes chez la chienne et la chatte La rémanence ovarienne ou la présence d’un kyste ovarien sécrétant d’hormones sexuelles est le plus souvent responsable de pertes vulvaires, parfois très discrètes. Une approche clinique méthodique associée à des examens complémentaires réfléchis permet souvent d’établir un diagnostic et de proposer un traitement adapté.
L
a réapparition progressive de signes de chaleur chez une chienne ou une chatte, après une stérilisation, est en faveur d’une rémanence ovarienne (définitions). ● Les symptômes de rémanence ovarienne et de kyste ovarien sont le plus souvent caractérisés par une réapparition des signes de chaleurs pendant plus d’un mois (attirance des mâles, pertes vulvaires, comportement d’œstrus, …) [8, 9, 12, 15] et en plus, en cas de kyste ovarien, un cycle sexuel irrégulier (intervalle inter-œstrus anormalement court chez la chienne, soit moins de 2 à 4 mois, absence d’ovulation et parfois anœstrus ”apparent” prolongé) [13, 15]. ● Les kystes à l’origine de pertes vulvaires sont des kystes sécrétant des hormones sexuelles (œstrogène, progestérone). Le kyste folliculaire (sécréteur d’œstrogènes), étudié dans cet article, est le principal kyste ovarien décrit chez les carnivores. ● La chienne souffrant de kyste ovarien est souvent présentée à la consultation pour une persistance de pertes vulvaires, de type hémorragique ou séro-hémorragique, depuis plus d’un mois. Des chaleurs très irrégulières et/ou une infertilité peuvent aussi être observées. LES CAUSES ET LES COMMÉMORATIFS DE RÉMANENCE ET DE KYSTE OVARIENS La rémanence ovarienne
● Une partie du tissu ovarien peut être laissée par le chirurgien lors d’une ovariectomie, surtout quand l’ovaire est disséqué de la bourse ovarique. Cependant, la probabilité d’être confronté à un cas de rémanence
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 304 - SEPTEMBRE /OCTOBRE 2006
48
1 Ovaire polykyste chez une chienne (photo X. Lévy).
ovarienne dans son exercice est indépendant de la qualité du chirurgien, de la race de la chienne, ou encore de sa condition physique [13, 19]. En effet, des cellules ovariennes peuvent êtres disséminées le long du ligament suspenseur de l’ovaire. Les cellules restantes suffisent à régénérer une structure de type ovarien. ● L’ovaire rémanent sécrète des hormones à un taux suffisant pour générer des symptômes évoquant une femelle en chaleurs (attirance des mâles, ”nymphomanie”, pertes vulvaires séreuses, hémorragiques ou purulentes, gonflement de la vulve et marquage urinaire). Cet ovaire est souvent doté d’une activité cyclique plus ou moins régulière [3]. ● Les signes de rémanence peuvent se déclarer de 3 mois à 7 ans après une stérilisation, avec une moyenne de 1,5 ans [13, 15]. ● La femelle stérilisée peut présenter une activité sexuelle cyclique plus ou moins régulière (comme une femelle non stérilisée), ou des signes permanents (pertes vulvaires sanguines depuis plusieurs mois, attirance des mâles, …). La production excessive d’hormones sexuelles par les glandes surrénales est souvent citée comme une cause de la réapparition de signes de chaleurs chez une femelle stérilisée. Cette affirmation n’a jamais été démontrées et aucune publication ne vient étayer cette hypothèse (encadré 1). Le kyste ovarien sécrétant ● Les causes de la formation d’un kyste ovarien ne sont pas connues chez les carnivores domestiques.
observation clinique un cas de rémanence ovarienne chez une chienne
Cette observation illustre l’article sur les pertes vulvaires en cas de rémanence ovarienne de ce numéro. Il présente un cas de comportement d’œstrus persistant après une ovario-hystérectomie chez une chienne. Les examens complémentaires permettent de conclure à une rémanence ovarienne.
U
ne chienne de race Berger Allemand, âgée de 12 ans, pesant 35 kg et ovario-hystérectomisée est présentée en consultation spécialisée de gynécologie pour un comportement d’œstrus depuis 2 mois. ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS
● La chienne n’a présenté aucune affection depuis son adoption par sa propriétaire, quatre ans auparavant. ● Cinq mois avant la consultation, une stérilisation de convenance a été réalisée. Lors de cette intervention, le vétérinaire note un utérus légèrement hyperplasique et kystique, associé à de nombreux kystes sur les ovaires. Il opte donc pour une ovario-hystérectomie. ● Trois mois après l’intervention, la chienne attire les mâles et accepte le chevauchement. ● Le praticien suspecte alors une vaginite, mais ne réalise pas d’examens complémentaires. Il met en place un traitement à base de céfalexine (Kéforal®*), à la dose de 15 mg/kg pendant 15 j, qui n’apporte aucune amélioration des symptômes. Le praticien décide de changer d’antibiotique et d’utiliser de la marbofloxacine (à la dose de 2 mg/kg/j), associée à un anti-inflammatoire non stéroïdien, du kétoprofen (Kétofen®), à la dose d’1 mg/kg pendant 3 j. Aucune amélioration n’est notée par le vétérinaire et la propriétaire, l’animal est donc référé en consultation spécialisée de gynécologie. NOTE * Spécialité de Médecine humaine.
Xavier Lévy Service de reproduction animale E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
EXAMEN CLINIQUE ● La chienne est en bon état général. La chienne présente un comportement de miction normal (absence de dysurie, strangurie et pollakiurie). Aucune anomalie n’est notée en dehors de l’appareil génital. ● L’examen externe de l’appareil reproducteur montre une vulve légèrement œdématiée, sans pertes visibles. ● L’exploration du vagin par toucher rectal ne révèle aucune masse vaginale. Astuce
Pour explorer le vagin, il est préférable de réaliser un toucher rectal, mieux toléré par la chienne que le toucher vaginal, et permettant une exploration plus crâniale.
HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES ● L’hypothèse principale est la présence d’une imprégnation œstrogénique, causée par une rémanence ovarienne ou des métastases sécrétantes d’une tumeur ovarienne. L’hypothèse d’une infection du tractus uro-génital n’est pas retenue. ● Une imprégnation œstrogénique iatrogène (injection, pommade pour femme ménopausée) est exclue, après précision des commémoratifs par la propriétaire (encadré).
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Afin d’explorer l’hypothèse d’imprégnation œstrogénique et d’exclure définitivement une infection du tractus uro-génital, différents examens paracliniques sont envisageables. Il convient de connaître la démarche diagnostique à mettre en œuvre, ainsi que les limites des examens complémentaires pratiqués. Le frottis vaginal et l’examen urinaire Dans un 1er temps, l’objectif est de déterminer si la chienne sécrète des œstrogènes lors du comportement supposé “d’œstrus”. ● L’examen de choix est un frottis vaginal réalisé en période de chaleurs, qui, lorsqu’il contient surtout des cellules épithéliales kératinisées, signe la présence d’œstrogènes en quantité importante. Le frottis est coloré selon deux méthodes : - une coloration de Harris-Schorr, qui ●
Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter une rémanence ovarienne après stérilisation chez la chienne.
Essentiel ❚ Une réapparition progressive des symptômes après une opération est en faveur d’une rémanence ovarienne. ❚ Pour explorer le vagin, un toucher rectal est mieux toléré par la chienne qu’un toucher vaginal. ❚ Un frottis vaginal réalisé en période de "chaleur" permet de déterminer si la chienne produit des œstrogènes. ❚ Afin d’établir un pronostic, il est essentiel de réaliser l’analyse histologique du tissu retiré. ❚ Si l’ensemble du tissu ovarien est retiré, le pronostic est bon, et tous les symptômes disparaissent en moins d’un mois.
CANINE - FÉLINE
53
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 309
étiologie et démarche diagnostique face à des pertes vulvaires chez la chatte Figure 1 - L’origine des pertes vulvaires
L’étiologie des pertes vulvaires chez la chatte présente des spécificités par rapport à la chienne qu’il est important de connaître, afin d’adapter la démarche diagnostique.
chez la chatte Chatte prépubère non stérilisée - Vaginite - Traumatisme uro-génital - Incontinence urinaire (post-traumatique)
- Vaginite - Pyomètre - Pathologie utérine - Traumatisme uro-génital - Tumeur - Incontinence urinaire
Essentiel
Chatte gestante - Avortement ou momification fœtale in utero - Écoulement de pigment placentaire (attention : aspect brun-rougeâtre, et non vert foncé comme chez la chienne) - Lochies post-partum - Métrite post-partum - Traumatisme uro-génital - Incontinence urinaire
Chatte ovariectomisée
L’ÉTIOLOGIE DES PERTES VULVAIRES
- Vaginite - Infection du moignon cervical - Traumatisme uro-génital - Tumeur uro-génitale - Incontinence urinaire
Les pertes vulvaires peuvent être d’origine utérine, vaginale, et parfois d’origine urinaire. L’étiologie diffère selon l’âge de l’animal et son statut (figure 1).
Attention : ne pas oublier les cystites comme causes potentielles d’écoulements vulvaires dans cette espèce
Les pertes vulvaires d’origine utérine
● Les œstrogènes n’entraînent pas de saignements vulvaires chez la chatte, contrairement à la chienne. ● Occasionnellement, suite à la réalisation d’un frottis vaginal, l’écouvillon peut être rosé ; ceci est lié à une irritation de la muqueuse vaginale par le frottement, lié au prélèvement cytologique. ● Ainsi, si une chatte présente des saignements vulvaires, ils ne sont pas le signe de chaleurs !
Objectif pédagogique
Chatte pubère non stérilisée
es pertes vulvaires sont beaucoup moins fréquentes chez la chatte que chez la chienne, en raison de l’absence de pertes sanguines lors des chaleurs dans cette espèce. De plus, le vagin anatomiquement beaucoup plus court, ne favorise pas la macération et l’accumulation de produits de sécrétion, qui peuvent s’écouler ensuite par la vulve. Certaines pertes vulvaires physiologiques présentent un aspect différent de celles que l’on trouve chez la chienne. Le but de cet article est de préciser l’origine des pertes vulvaires chez la chatte, et d’aider le praticien à mieux s’orienter face à des écoulements vaginaux dans cette espèce.
Les pertes vulvaires consécutives à une action des œstrogènes sur l’utérus
Reproduction Animale École Nationale Vétérinaire d'Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons Alfort cedex
Savoir identifier l’origine d’une perte vulvaire chez la chatte, à l’aide d’examens complémentaires appropriés.
(modifié, d’après Romagnoli [11])
L
Alain Fontbonne
Les saignements vulvaires non œstrogéno-dépendants
La sub-involution des zones d’insertion placentaire n’est pas décrite chez la chatte. ● Une hémorragie post-partum est également rare dans l’espèce féline. Après une mise bas, les lochies, plus ou moins sanguinolentes, sont quasiment invisibles, d’autant que la chatte se lèche fréquemment la vulve [7]. En aucun cas, les écoulements vulvaires post-partum ne se poursuivent physiologiquement aussi longtemps que chez la chienne. ●
57
❚ Des saignements vulvaires, chez la chatte ne signent en aucun cas des chaleurs. ❚ Les saignements vulvaires sont souvent consécutifs à des blessures ou à des traumatismes uro-génitaux, à des tumeurs uro-génitales ou à des saignements urinaires ou rénaux. ❚ Les tumeurs utérines sont peu fréquentes chez la chatte, les léïomyomes bénins sont les plus fréquentes. ❚ Les signes cliniques d’un pyomètre chez la chatte sont : - des pertes vulvaires ; - une distension abdominale ; - une déshydratation ; - une léthargie ; - une hyperthermie ; - des vomissements.
FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 313
spécificités
des tumeurs de l’appareil génital de la chatte
Samuel Buff Centre d’Étude et de Recherche en Reproduction et Élevage des Carnivores E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Chez la chatte, comme chez la chienne, les pertes vulvaires peuvent être le signe d’une atteinte tumorale de l’appareil génital. Il importe de connaître les tumeurs rencontrées dans cette espèce pour en assurer le diagnostic et le traitement.
Objectif pédagogique Savoir diagnostiquer et traiter les tumeurs de l’appareil génital de la chatte.
NOTES Cf. articles dans ce numéro : * “Reconnaître et traiter les tumeurs de l’appareil génital de la chienne” du même auteur. ** “Comment diagnostiquer et traiter le complexe pyomètrehyperplasie glandulokystique chez la chienne”.
L
Essentiel ❚ Les tumeurs de la granulosa sont le principal type de tumeurs de l’ovaire observé chez la chatte, et sont souvent décrites entre 3 et 16 ans. ❚ Les signes cliniques associés à une tumeur ovarienne sont une ascite et une distension de l’abdomen. ❚ Les signes cliniques associés à une tumeur utérine sont une ascite, une anorexie, une perte de poids, des pertes vulvaires hémorragiques ou purulentes, des vomissements, une constipation et une dysurie.
FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 318 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006
es tumeurs de l’appareil génital chez la chatte ont fait l’objet de peu de publications [9, 10, 11, 13]. Cet article propose une synthèse sur ce domaine encore peu documenté de la reproduction animale afin que le praticien puisse établir plus rapidement un diagnostic approprié. ● Comme chez la chienne, les signes cliniques sont souvent frustes et tardifs, voire longtemps absents. ● Le pronostic n’en est pour autant pas moins rapidement défavorable. LES TUMEURS OVARIENNES Parmi ces tumeurs ovariennes, les mieux documentées sont les dysgerminomes, les tératomes et les tumeurs de la granulosa. Cependant, chez la chatte, les mêmes types de tumeurs que chez la chienne ont été décrits* [1, 3, 4, 7, 9, 13]. Données épidémiologiques
● Chez la chatte, l’incidence des tumeurs ovariennes est extrêmement réduite (moins de 0,4 p. cent des tumeurs), ce qui rend, encore actuellement, toute étude analytique sérieuse impossible [9, 13]. ● Les tumeurs de la granulosa constituent le principal type de tumeurs de l’ovaire observé chez la chatte, et sont habituellement décrites entre 3 et 16 ans. ● Les dysgerminomes sont généralement diagnostiqués après l’âge de 6 ans (12 mois à 18 ans) tandis que, comme chez la chienne, les tératomes sont observés chez des animaux un peu plus jeunes (2 à 6 ans) [9]. ● Même chez la chatte, les dysgerminomes peuvent atteindre la taille de 30 cm [6]. Les tératomes mesurent généralement 1,5 cm
62
de diamètre, même si des cas de grande taille ont été décrits [2, 14]. Leur diamètre peut atteindre 5 cm, et elles semblent métastaser plus fréquemment que chez la chienne (75 p. cent des cas rapportés, n = 8). L’expression clinique ● Comme pour la chienne, les principaux signes cliniques associés à une tumeur ovarienne sont une ascite et une distension de l’abdomen. ● Dans certains cas, les tumeurs de la granulosa sont fonctionnelles et associées à un tableau caractéristique d’une imprégnation œstrogénique anormale (œstrus persistant, écoulements vulvaires, décharges sérohémorragiques occasionnelles et pancytopénie éventuelle). ● Enfin, près de 50 p. cent des chattes présentant une tumeur de la granulosa développent une hyperplasie glandulokystique de l’endomètre ou un pyomètre** [13].
LES TUMEURS UTÉRINES Épidémiologie ● Chez la chatte, les tumeurs utérines représentent moins de 2 p. cent des tumeurs des organes reproducteurs (appareil génital et mamelles) [10, 12, 13]. Elles mesurent de 1 à près de 10 cm. ● Les léïomyomes et les léïomyosarcomes sont les plus fréquentes des tumeurs mésenchymateuses décrites, tandis que l’adénocarcinome est la tumeur épithéliale la plus communément rapportée. ● Les tumeurs primaires apparaissent généralement entre 5 et 12 ans, et sont souvent découvertes fortuitement au cours d’ovariohystérectomies.
Diagnostic clinique et examens complémentaires ● L’expression clinique d’une tumeur utérine dépend de sa nature, de sa taille et de son extension [8, 13]. ● Les principaux signes observés sont une ascite, une anorexie, une perte de poids, des pertes vulvaires hémorragiques ou purulentes, des vomissements, une constipation, une dysurie, éventuellement, une masse palpable dans l’abdomen.
nutrition
comment choisir un aliment hypoallergénique Lucile Martin
Afin de choisir un aliment hypoallergénique adapté, il est conseillé de vérifier les sources de protéines utilisées, la qualité et la quantité de ces protéines, la teneur en acides gras essentiels et la densité énergétique de l’aliment.
D
epuis quelques années, le diagnostic des affections cutanées et/ou digestives du chien et du chat fait souvent référence à "l’allergie alimentaire" et conduit le praticien à prescrire un régime qualifié "d’hypoallergénique". ● Cette démarche a pour but : 1. d’établir un diagnostic d’allergie alimentaire : dans ce cas, il s’agit de prescrire un régime d’éviction ; 2. de prescrire un aliment qui minimise les réactions allergiques de l’animal et permette de contrôler le processus morbide. ● Quelques publications mentionnent l’intérêt des aliments industriels pour le diagnostic et le traitement des allergies et des intolérances alimentaires [1, 3, 4]. L’utilisation de tels produits semble favoriser une meilleure observance du traitement que la prescription d’une ration ménagère, parfois considérée comme une contrainte. ● Le choix d’un aliment "hypoallergénique" est important, d’autant que le prix élevé de ces produits constitue souvent un facteur limitant de leur prescription.
LES SOURCES DE PROTÉINES UTILISÉES Les protéines et les glycoprotéines sont les facteur les plus souvent incriminés dans les allergies alimentaires. Aussi, c’est cet élément de la composition qu’il convient de rechercher en premier dans la liste des ingrédients. ● Lors de la mise en place d’un régime d’éviction, il est conseillé de choisir une source de protéine non consommée auparavant par l’animal, mais aussi de limiter le nom bre de sources de protéines. ● Onze aliments n’utilisent qu’une seule source protéique (tableau 1) : huit aliments pour chien et trois aliments pour chat. Pour les trois aliments pour chat, l’agneau est utilisé à chaque fois. ●
Actuellement, deux types de produits sont disponibles sur le marché vétérinaire : - des produits de type “classique”, utilisant normalement des sources de protéines sélectionnées et peu variées ; - Le principe des produits de type “hydrolysat” à base de protéines hydrolysées, très en vogue, mais aussi plus coûteux. ● Le principe de ces aliments repose sur le fractionnement des protéines en molécules de plus petite taille, potentiellement plus faciles à digérer et moins allergéniques [1]. Un tel procédé constitue un progrès certain, ●
Objectif pédagogique Choisir un aliment hypoallergénique adapté à un chat ou à un chien.
Tableau 1 - Les protéines utilisées mélangées ou non dans 26 aliments disponibles Une seule source de protéine pour 11 aliments
Nombre d’aliments
●
Hydrolysat de poulet
2
●
Protéines de soja hydrolysées
2
●
Agneau
Œuf ● Canard ●
5 (3 chats /2 chiens) 1
Essentiel
1
❚ Choisir une source de protéines non déjà consommée par l’animal. ❚ Limiter le nombre de sources de protéines. ❚ Choisir un aliment avec digestibilité supérieure ou égale à 90 p. cent. ❚ Éviter les apports excédentaires en protéines.
Plusieurs sources de protéines mélangées pour 15 aliments ●
LES PRODUITS DISPONIBLES SUR LE MARCHÉ VÉTÉRINAIRE
Unité de Nutrition E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03
même s’il est impossible d’obtenir un aliment totalement hypoallergénique.
Hydrolysat de poulet
Protéines de soja hydrolysées ● Œuf ● Canard ●
●
Protéines de riz
Hydrolysats de foie de volailles ● Viandes et sous-produits ●
●
Poissons
Farine de poisson ● Saumon ● Truite ● Hareng ● Poisson chat ●
5 1 2 1 1 3 2 3 1 2
RUBRIQUE
1 1 1
65
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 321
principe actif
Wajdi Souilem1 Jamel Chemli2
le cloprosténol
1Service
de Physiologie- Pharmacologie 2 Service des Sciences et de Pathologie de la Reproduction École Nationale de Médecine Vétérinaire 2020 Sidi Thabet Tunisie
Classes pharmacologiques - Prostaglandine de synthèse - Abortif - Utérotonique - Lutéolytique
L
e cloprosténol, analogue synthétique de la PGF2α, est une molécule qui ne dispose pas d’autorisation de mise sur le marché pour les espèces canine et féline. Son utilisation pratique dans le domaine de la reproduction est possible après le consentement éclairé du propriétaire. Les effets indésirables systématiques et majeurs peuvent être limités par une prémédication adaptée. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique
Indications
Les données pharmacocinétiques signalées chez les animaux de rente ne sont pas transposables aux carnivores domestiques, en raison de la différence de l’équipement enzymatique et des particularités d’espèces. ● La résorption parentérale est rapide et complète. La distribution est extra-cellulaire et la liaison aux protéines plasmatiques est faible. ● Les voies métaboliques sont identiques à celles des prostaglandines endogènes avec un catabolisme pulmonaire et à moindre degré hépatique. Plus de 90 p. cent des prostaglandines sont inactivées par un seul passage dans les poumons. Le cloprosténol subit d’abord des réactions de déshydrogénation et de réduction pour donner le P.G.F.M. (1314,dihydro-15-kéto P.G.F., métabolite encore actif), puis des réactions d’oxydations. ● La demi-vie des prostaglandines est courte (1 à 3 h) et l’élimination se fait par les urines et à moindre degré dans les matières fécales. ●
❚ L’avortement provoqué. ❚ La métrite et le pyomètre.
Essentiel ❚ Le cloprosténol n’a pas d’A.M.M. dans les espèces canine et féline. ❚ La chatte est beaucoup moins sensible que la chienne. ❚ Les cardiopathies et les néphropathies sont des contre-indications formelles. NOTE
Pharmacodynamie
* ”Chemoreceptive trigger zone”.
Le cloprosténol active les récepteurs P.F. Figure - Structures du cloprosténol
PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES
et de la prostaglandine F2α
● Dénomination chimique : 16-m-chlorophénoxy tétranor PGF2α. ● Dénomination commune internationale : Cloprosténol ● Noms commerciaux : Estrumate®, Planate® (Schering-Plough Vétérinaire) ● Structure et filiation C’est un analogue synthétique de la PGF2α obtenu par la greffe d’une structure cyclique aromatique en début de chaîne.
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 326
● Caractéristiques : - Le cloprosténol est une substance liposoluble qui se présente sous forme d’une poudre blanche, amorphe et hygroscopique. Il est soluble
70
spécifiques, d’une façon analogue à la PGF2α endogène. Actions sur l’appareil génital ● Le cloprosténol a un effet contracturant utérin, car il augmente la concentration calcique intracellulaire dans le myomètre, comme dans toutes les fibres musculaires lisses. ● L’effet lutéolytique est obtenu avec des doses supérieures aux doses contracturantes, il ne s’observe pas dans les 5 premiers jours du metœstrus (en raison de l’absence de récepteurs). Cet effet est lié à : - la fixation sur des récepteurs spécifiques dans le tissu lutéal à l’origine d’une inhibition de l’adényl cyclase et de la concentration intracellulaire en A.M.P.c. Cette dernière est responsable de l’effondrement progestéronique ; - la réduction du débit sanguin du corps jaune ; - l’effet potentialisateur des œstrogènes qui stimulent la libération de PGF2α endogènes. Cet effet raccourcit l’interœstrus de plusieurs semaines.
Actions sur les grandes fonctions
Les effets du cloprosténol sur le tube digestif sont une stimulation de la sécrétion salivaire, des vomissements par action sur la zone chémoréceptive bulbaire (C.T.Z.)* et de la diarrhée par augmentation du péristaltisme et des sécrétions de l’intestin. ● Sur l’appareil cardio-vasculaire, les effets sont variables selon les espèces. On note une action hypertensive chez le chien et une action hypotensive chez la chatte et la lapine. L’état de choc est possible. ●
dans l’eau et dans les solvants organiques et insoluble dans l’acétone. - Son caractère acide faible permet la préparation de sels de sodium (cloprosténol de sodium). - Estrumate® est une solution injectable dosée à 250 μg/ml de cloprosténol avec deux présentations : flacon unidose de 2 ml pour bovins et flacon multidose de 10 et 20 ml pour bovins et équins. - La spécialité Planate® est destinée aux porcins. - Pour les chattes et les chiennes de petite taille, il est impératif de procéder à une dilution au 1/10e du produit avec un soluté isotonique de chlorure de sodium stérile (1 ml d’Estrumate® dans 9 ml). La préparation s’administre à raison de 0,1 ml/kg et doit être conservée à 4 °C.
Texte : Séverine Boullier Dessin : Frédéric Mahé Le fœtus devrait être éliminé. En effet, la moitié du génome du fœtus provient du père et donc, est (potentiellement) différent de celui de la mère.
Le placenta est le tissu le plus exposé à la mise en place d’une réponse dirigée contre le foetus. Le t r o p h o b l a s te , est une partie du placenta d’origine foetale.
Le trophoblaste est un des rares tissus de l’organisme qui n’exprime aucune molécule du CMH-I.
Pas bavard, ce tissu !
A moitié étranger ? Allez ouste, dehors !
L’expression de ces molécules est indispensable pour qu’un lymphocyte T CD8 reconnaisse son Ag et s’active. Le trophoblaste est donc invisible pour les CD8 maternels. J’ai l’impression qu’on m’observe …
Ah ! Des blondes ! Rien à craindre…
P L OP
!
Le placenta est très riche en cellules NK (natural killer). Leur activité cytotoxique est bloquée par un signal d’inhibition, donné par les molécules du CMH-I. Les cellules du trophoblaste devraient donc être détruites par les lymphocytes NK. Je sens des étrangers ici, mais j’y vois rien !
Les cellules du trophoblaste expriment aussi une molécule cytotoxique (Fas-L), qui lorsqu’elle se lie à son récepteur (Fas) induit la mort par apoptose de la cellule Fas+. Or, tous les lymphocytes activés expriment la molécule Fas. Allez, bute-le !
Je m’active ! Pour éviter cette lyse, les cellules du trophoblaste expriment des molécules particulières de CMH-I, les CMH-I non-polymorphes (CMH-Ib) en très grande quantité. Ces molécules inhibent l’activité cytotoxique des lymphocytes NK.
Ainsi, tout effecteur activé arrivant au contact des cellules trophoblastiques reçoit un signal de mort et est détruit.
75
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE /OCTOBRE 2006 - 330
Je te jure, il ya quelque chose de pas normal là-bas !
Allez, ne sois pas parano ! Tout a l’air normal...
Par ailleurs, les cellules dendritiques (cellules présentatrices de l’Ag) présentes dans le placenta sont des cellules dites t o l é ro g é n i q u e s . Suite à la présentation de l’Ag, elles induisent une tolérance des lymphocytes plutôt qu’une reconnaissance et une activation des effecteurs. Allez, cool, mon pote…
Le placenta est également très riche en lymphocytes particuliers, d’origine maternelle, appelés les l y m p h o c y t e s T r é g u l a te u rs (Treg).
Ces lymphocytes inhibent l’activation du système immunitaire et de tous ses effecteurs, à la fois par contact direct avec les cellules cibles …
D’autres mécanismes se déroulent dans le placenta. L’activation du complément y est inhibée. Lors de la gestation, les granulocytes éosinophiles et les mastocytes disparaissent et la muqueuse s’enrichit en macrophages.
… mais aussi en synthétisant des cytokines régulatrices comme l’Interleukine-10 et le TGF Bêta.
Il y a aussi des modifications de la réponse immunitaire systémique chez la femelle gestante. La capacité à mettre en place une réponse de type Th-1 (médiation cellulaire) est diminuée au profit de la réponse de type Th-2 (médiation humorale, sans développement de cellules cytotoxiques). Mais... alors... je vais me taper tout le boulot ?
Le développement immunitaire du foetus est tardif. Ce n’est qu’en fin de gestation que tous les effecteurs du système immunitaire fonctionneront. Le fœtus se développe dans un environnement isolé et stérile. Ainsi, à la mise bas, le système immunitaire du jeune est fonctionnel, mais complètement naïf, sans aucune cellule mémoire.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 331 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006
76
A suivre…
N.A.C.
comment anesthésier un furet Cet article présente les spécificités physiologiques et anesthésiques du furet.
Didier Boussarie Centre hospitalier vétérinaire Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
Objectif pédagogique Savoir anesthésier un furet dans de bonnes conditions et utiliser les produits adaptés.
L
e praticien est de plus en plus souvent sollicité pour effectuer des interventions chirurgicales sur les furets, qu’il s’agisse d’opérations de convenance (stérilisation des mâles et des femelles), de chirurgie digestive ou de chirurgie tumorale.
3
Prélèvement de sang à la veine cave antérieure (photo D. Boussarie).
Les examens préopératoires
LES MESURES PRÉOPÉRATOIRES
Un examen clinique complet doit être effectué avant l’anesthésie. ● Une auscultation minutieuse et systématique doit donc être réalisée sur les furets adultes, surtout avec des commémoratifs d’asthénie et de dyspnée. Les cardiopathies ne sont en effet, pas rares sur les furets de plus de 3 ans et elles sont de type hypertrophique ou dilaté. ● Un bilan hématobiochimique est utile pour toute anesthésie motivée par une suspicion tumorale (qu'il s'agisse d'une tumeur surrénalienne, d'un insulinome, d'un lymphome ou d’une autre affection), ainsi que devant une suspicion d’occlusion intestinale (fréquente chez le furet) (tableau 1). La glycémie physiologique dépend de la variété du furet (elle est plus élevée chez le furet albinos que chez le furet putoisé), et du sexe de l’animal (elle est plus élevée chez la femelle). Le prélèvement de sang s’effectue à la veine jugulaire ou à la veine cave antérieure (photo 1). ●
La diète préopératoire ● En pratique, une diète préopératoire de quelques heures est suffisante. En effet, le tube digestif du furet peut s’assimiler à un tube indifférencié (pas de cæcum, pas de valvule iléocolique, pas de séparation iléon-côlon), dont la longueur est égale à la moitié de celle du chat. ● Il en résulte un transit intestinal rapide, en moyenne de 3 à 4 heures chez l’adulte, et d’une à deux heures chez le jeune.
La contention préopératoire Les principes de contention du furet sont les mêmes que pour le chat. La plupart des animaux sont bien socialisés et d’examen facile, il suffit de les maintenir par le milieu du corps tout en les caressant. ● Les sujets difficiles, stressés ou nerveux doivent être attrapés par la peau du cou ou à l’aide d’un gant. Le furet peut mordre s’il se sent surpris, effrayé, ou menacé. ●
Tableau 1 - Les principaux paramètres hématobiochimiques du furet Furet putoisé
Furet albinos
Mâle
Femelle
Mâle
Femelle
- 9,67 - 16,1 - 49,1
- 9,3 - 15,9 - 48,4
- 7,3 - 750
- 5,9 - 745
- 10,23 - 17,8 - 55,4 -4 - 9,7 - 453
- 8,11 - 16,2 - 49,2 - 5,3 - 10,5 - 545
- 1,26
- 1,45
Paramètres hématologiques Hématies (106/mm3) Hemoglobine (g/dl) ● Hématocrite (%) ● Réticulocytes (%) ● Leucocytes (103/mm3) ● Plaquettes (103/mm3) ● ●
Essentiel ❚ Une diète préopératoire de quelques heures est suffisante. ❚ Sur les furets adultes, réaliser une auscultation minutieuse et systématique. ❚ Lors de suspicion tumorale ou d’occlusion intestinale, effectuer un bilan hématobiochimique. ❚ Éviter les barbituriques et le propofol. ❚ Le furet accepte assez mal les injections sous-cutanées ou intra-musculaires.
Paramètres biochimiques Glucose (g/l) Ì Urée (g/l) ● Créatinine (g/l) ● ●
- 1,01 - 0,28 -4
RUBRIQUE
- 0,22 -6
77
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 333
Philippe Baralon
l’observance un défi pour toute la filière
Phylum BP 17530 31675 Labège cedex
Objectif pédagogique Savoir se mobiliser pour des prescriptions suivies et efficaces.
Plusieurs laboratoires pharmaceutiques majeurs ont entrepris des campagnes de communication de grande ampleur centrées sur le thème de l'observance. N’est-ce qu'un phénomène de mode promis à déclin aussi rapide que le fut son émergence, ou au contraire, la traduction d'un facteur limitant l'activité de l'ensemble de la filière de soins aux animaux de compagnie ?
L
a saisie des termes "observance vétérinaire" sur Google permet d'obtenir en * Cf articles de Jill Maddison : retour l'adresse de 15 100 pages en - “ Améliorer l’observance” ; - “ Observance et protocoles français en 0,12 seconde ; la même expéthérapeutiques” dans ce dossier rience avec "compliance veterinary" ne renManagement. voie pas moins de 1 650 000 adresses en 0,16 seconde ! Au-delà de ce test, à vrai dire sommaire, force est de constater que le thème donne lieu à une abondante production, et pas seulement sur la toile. ● Plusieurs laboratoires pharmaceutiques exemple concret majeurs se sont saisis de l'observance pour pour améliorer l’observance promouvoir les caractéristiques de tel ou tel de leurs produits. Appliquer un spot-on devant le client ou lui proposer ● Plus significatif, des recherches importanl'assistance d'une ASV pour tes ont été engagées pour permettre le lanl'aider à apprendre tel ou tel cement de conditionnements ou de formes geste sont des exemples galéniques favorisant une meilleure obserconcrets de choses simples vance. Ici, ce sont des blisters corresponqui changent effectivement dant à la durée du traitement, là des formes l'adhésion du propriétaire liquides, des comprimés appétents et/ou de au traitement prescrit taille réduite, voire des formes injectables à son animal. autorisant un traitement complet en une seule administration. Demain, de nouvelles innovations amélioreront encore la facilité d'administration des spécialités à la disposition des praticiens. NOTE
UN INVESTISSEMENT DE L'INDUSTRIE
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 338 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006
● Un tel investissement de la part de l'industrie pharmaceutique correspond à un véritable besoin de toute la filière de soins des animaux de compagnie. Même si la base bibliographique reste réduite*, les données disponibles tant en médecine humaine qu'en médecine vétérinaire permettent d'objectiver ce que ressentent
82
beaucoup de praticiens : la mauvaise observance des traitements constitue un facteur limitant essentiel de leur efficacité. ● Cet élément est essentiel pour les traitements destinés à être administrés sur de longues périodes, voire tout au long de la vie de l'animal (cardiologie, rhumatologie, gériatrie…). ● Il serait tentant de penser que l'observance est d'abord l'affaire des laboratoires concepteurs de médicaments. Après tout, s'ils souhaitent que leurs spécialités prouvent leur efficacité, il est indispensable qu'elles soient effectivement absorbées par les animaux auxquels elles ont été prescrites. UNE ACTION COORDONNÉE DE TOUTE LA FILIÈRE La réalité est que la levée de ce frein majeur à l'efficacité de la médecine vétérinaire repose sur une mobilisation de toute la filière de soins. Les laboratoires assument, depuis longtemps ou plus récemment selon les cas, leur part de responsabilité. Mais, beaucoup reste à faire dans ce domaine. ● Les praticiens jouent un rôle irremplaçable en se concentrant sur des prescriptions simples et adaptées au mode de vie de leurs clients, et surtout en consacrant du temps à la nécessaire pédagogie – qui peut aller jusqu'à la démonstration – de l'administration des traitements (cf. exemple). ●
CONCLUSION ● Au-delà du rôle de chacun, c'est dans la coordination des uns avec les autres que réside la principale clé de la réussite. Cette coordination est d'abord un dialogue permanent, les praticiens remontant leurs besoins aux laboratoires, ceux-ci exposant dans les cliniques les modalités d'utilisation de leurs innovations. ● Des actions combinées de laboratoires et des praticiens permettraient de franchir un pas supplémentaire : les outils de communication élaborés par les premiers accentuant la force de conviction des seconds. Et, pourquoi ne pas imaginer une nouvelle campagne de communication collective visant le grand public pour promouvoir le rôle du vétérinaire comme prescripteur et formateur du propriétaire, gage de la pertinence et de l'efficacité du traitement ? Ne serait-ce pas une manière positive de lutter contre l'automédication ? ❒
observance et protocoles thérapeutiques Jill Maddison
des enjeux médicaux, relationnels et économiques Prescrire un traitement qui sera bien suivi à un Homme comme à un animal n’est pas toujours facile. Pour qu’un animal soit bien soigné et que son propriétaire soit satisfait, comment mettre toutes les chances d’une bonne observance de son côté ?
S
i Abraham Lincoln avait été vétérinaire, il aurait pu proclamer : "Vous pouvez amener tous vos clients à respecter la prescription un certain temps et certains de vos clients à la respecter tout le temps, mais vous ne pouvez pas amener tous vos clients à la respecter tout le temps"*. ● Les publications sur l'observance de la prescription vétérinaire sont peu abondantes. Une recherche dans la littérature ne montre que trois études ayant utilisé un suivi électronique de l'observance, toutes les trois chez le chien et concernant des traitements de durée limitée. Une recherche comparable effectuée dans la littérature médicale humaine, en utilisant les termes de recherche "adhésion" ainsi que "observance" , révèle plus de 70 articles. ● Les études vétérinaires indiquent qu'au moins 20 p. cent des clients administrent à leur animal domestique moins de 80 p. cent des médicaments prescrits et qu'une proportion encore plus grande (jusqu'aux deux tiers) ne respecte pas le rythme de la prescription. Les niveaux d'observance sont comparables en médecine humaine. Il est aussi montré que ni les vétérinaires ni les médecins ne peuvent prédire lesquels de leurs clients ou de leurs patients ne suivront pas leurs indications. ● L'observance a certainement plus d'importance en médecine humaine, car les conséquences d’une mauvaise observance en termes de santé publique sont majeures dans des maladies graves, comme la schizophrénie, ou des affections telles que la tuberculose ou l'infection par le V.I.H. Chez les animaux de compagnie, l'observance n’affecte au contraire que l’animal concerné, et n'a généralement pas de conséquences sur la population dans son ensemble.
Il y a néanmoins plus de similitudes que de différences entre l'observance vétérinaire et l'observance humaine. Dans les deux situations, c'est une personne qui en est responsable. En tant que vétérinaires, nous comptons sur cette personne pour bien suivre nos instructions, même si le destinataire du traitement est un chien ou un chat. Les nombreuses défaillances qui contribuent à une mauvaise observance en médecine humaine s'appliquent également aux propriétaires d'animaux de compagnie. LA COMPLEXITÉ DES PROTOCOLES THÉRAPEUTIQUES Les études humaines et vétérinaires ont montré que l'observance souffre de la complexité des schémas thérapeutiques. Les études menées chez l’Homme ont tendance à montrer qu'il y a peu ou pas de différence dans l’observance entre un schéma en deux prises par jour et un en trois prises par jour, probablement parce que la dose à l'heure du déjeuner n'est pas plus gênante que celle du matin et du soir. ● En médecine vétérinaire, la situation est différente parce que le propriétaire et l'animal domestique sont souvent séparés en milieu de journée, à moins que ce dernier ne soit retraité, qu’il ne travaille à domicile ou qu’il emmène son chat ou son chien sur son lieu de travail ! ● Deux des trois études chez le chien montrent que l'observance complète d'un schéma en trois administrations quotidiennes est environ deux fois plus faible que pour celle en deux administrations quotidiennes. En pratique, un schéma en trois administrations par jour se traduit par celle d'une dose le matin, une le soir et la dernière juste avant le coucher. C'est l'un des aspects les plus importants et les plus sous-estimés de la mauvaise observance. ● L'administration des doses au mauvais moment est probablement la forme la plus courante de mauvaise observance en pratique vétérinaire des animaux de compagnie. Selon les résultats d'une étude, environ un tiers seulement des propriétaires administrent les doses au bon moment, ce qui signifie que 70 p. cent d’entre eux ne suivent pas les recommandations du vétérinaire. ●
Directeur du Développement Professionnel, Royal Veterinary College, Londres Royaume-Uni
Objectif pédagogique Connaître les causes et les conséquences d’une mauvaise observance en pratique canine.
NOTE On prête en effet à A. Lincoln un aphorisme autour du mensonge en politique : “on peut mentir à tout le monde pendant un certain temps et à certains pendant longtemps, mais on ne peut pas mentir à tout le monde tout le temps” (N.D.R.).
Essentiel ❚ Tous les propriétaires d’animaux domestiques doivent être considérés comme de mauvais observants potentiels. ❚ Au moins 20 p. cent des clients administrent à leur animal domestique moins de 80 p. cent des médicaments prescrits et jusqu'aux deux tiers ne respectent pas le rythme de la prescription. ❚ L’observance complète d’un schéma en trois administrations quotidiennes est environ deux fois plus faible que pour celle en deux fois par jour.
83
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 339
comment améliorer l’observance Jill Maddison Directeur du Développement Professionnel, Royal Veterinary College, Londres, Royaume-Uni
Savoir proposer un traitement pour qu’il soit bien mis en œuvre.
Quelles démarches entreprendre pour une gestion plus efficace des clients afin d’optimiser l’observance ?
NOTE
S
Objectif pédagogique
* Cf. “Observance et protocoles thérapeutiques“ du même auteur dans ce numéro.
i la plupart de nos clients (70 à 80 p. cent) observent bien nos instructions, les études publiées montrent que nous sommes incapables de détecter ceux qui les observeront mal*. ● La seule approche efficace consiste donc à supposer que chaque client peut ne pas respecter la prescription, et à généraliser la mise en œuvre de mesures visant à améliorer l'observance. ● Les obstacles à une bonne observance chez les clients sont notamment, le mode de vie, l'implication personnelle, l’incompréhension, la difficulté d'administration et les contraintes d’ordre pratique. LE CHOIX DU MÉDICAMENT
Essentiel ❚ Mode de vie, implication personnelle, incompréhension, difficulté d'administration et contraintes d’ordre pratique sont les obstacles à une bonne observance. ❚ Choisir la forme galénique du médicament adaptée en fonction de la difficulté d’administrer des médicaments par voie orale.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 342 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006
● Le choix du bon médicament pour la bonne affection chez le bon animal est un principe vétérinaire de base pour maximiser les chances de réussite du traitement. Ce choix doit aussi prendre en compte l'observance. ● S'il est impossible de prédire l'observance de tel ou tel propriétaire, quelques questions soigneusement formulées sur son mode de vie, ses expériences antérieures et ses attentes, combinées à une évaluation subjective de l'animal lui-même, peuvent apporter des informations susceptibles d'influencer le choix du produit. Demander au propriétaire s'il a déjà eu des problèmes pour administrer des médicaments à son animal ou s'il peut matériellement administrer plusieurs doses par jour sont des questions de bon sens. Par exemple, une personne seule qui travaille à plein temps risque d’avoir des difficultés à bien respecter un protocole en trois administrations par jour. Une personne âgée souffrant d'arthrite a des difficultés à manipuler des petits comprimés, et surtout à les administrer à un chat plein de vitalité ... ● Idéalement, tous les médicaments devraient être disponibles dans une vaste gamme de présentations, notamment sous
86
Encadré - Une bonne compréhension et un traitement adapté sont des facteurs-clé pour une bonne observance ● La compréhension est un facteur fondamental. Une étude conduite auprès de propriétaires de chiens en Allemagne montre que les clients qui suivent le mieux les recommandations sont ceux qui ont reçu des informations complémentaires sur le traitement de la part de leur vétérinaire. Les études conduites en médecine humaine aboutissent à la même conclusion. ● Une bonne communication avec le client ou le patient a donc un effet positif sur l'observance et sur le résultat du traitement. ● Les questions pratiques sont également des éléments-clé de l’observance par les propriétaires. ● La difficulté d'administration est en tête de liste de celle-ci. Il faut donc réfléchir aux traitements les mieux adaptés aux besoins des propriétaires et prendre en compte leur capacité à suivre les instructions données, avant même de se demander si les clients savent comment administrer correctement les traitements.
forme de comprimés au goût agréable, de pâtes, de gouttes ou de produits injectables, de manière à pouvoir choisir la forme la mieux adaptée au propriétaire et à son animal. Cependant, les pâtes, qui sont un moyen commode d'administrer des médicaments à des chats, sont l'une des formes galéniques les moins courantes. Le praticien n'a donc le choix qu'entre quelques présentations. Le but est de s'en tenir au schéma d'administration le plus simple possible et de l'adapter autant que faire se peut au mode de vie et aux capacités du client. ● Le choix de la forme galénique du médicament doit notamment prendre en compte la difficulté d'administrer des médicaments par voie orale. Les comprimés sont ainsi difficiles à administrer aux races qui ont une tête relativement plate et un museau relativement petit. C'est l'une des raisons qui expliquent qu'il soit difficile de traiter les chats. En outre, si l'animal ne mange plus, qu'il vomit ou qu’il présente une diarrhée, le traitement oral n'est peut-être pas le bon choix. ● Un schéma thérapeutique simple doit être proposé. En effet, il est judicieux de limiter
témoignage
Françoise Lemoine
observance :
Clinique vétérinaire Vetocéane 9, allée Alphonse Fillion 44120 Vertou
une démarche avec le client Mon expérience personnelle de propriétaire d’animaux de compagnie, ainsi que 15 années de pratique et un certain nombre de plaquettes de médicaments retrouvées intactes dans la pochette du carnet de santé m’engagent à livrer ma propre démarche !
L
a question nous est souvent posée : “Docteur, si c’était le vôtre, qu’est-ce que vous feriez ?”. Aussi, lorsque j’instaure un traitement, surtout s’il est long, je me demande souvent en essayant de me glisser dans la peau du propriétaire : “Si c’était mon animal, est-ce que je ferais correctement ce traitement ?“ Je me livre à cette démarche en réfléchissant plus ou moins à voix haute. 1. Le chien / le chat va-t-il bien vouloir avaler ses médicaments spontanément? Ou, vu sous un angle légèrement différent : le maître va-t-il arriver à les lui faire avaler ? Si la réponse à la 1ère question est oui, le départ est plutôt bon. Si la réponse à la 2nde est oui, c’est un peu moins bien mais en rusant un peu, le traitement est possible. ● La prise spontanée ou presque me semble en effet, un facteur déterminant pour la réussite du traitement. ● Différentes formes galéniques, y compris injectables, des formes appétentes et des astuces sont à proposer au client. 2. Le rythme et la durée du traitement seront-ils respectés ? ● La prescription d’un traitement trop fastidieux et/ou trop long me semble être une importante cause d’échec. - La 1ère est la fréquence d’administration. Il est inutile, à mon sens, de prescrire, en première intention, des antibiotiques à prise bi-quotidienne à un chien de chenil qui n’est vu qu’une seule fois par jour, ou à un chat quasi sauvage ! ● La 2nde raison est la lourdeur du traitement. - Le nombre de médicaments à administrer est à prendre en compte. Au-delà de trois (voire quatre), le client se lasse. - Des rythmes particuliers comme la corticothérapie à jours alternés peuvent paraître
un peu compliqués pour certains clients. - Des soins délicats (pansements, …) ou fastidieux peuvent être prescrits, mais dans ce cas, il me paraît indispensable de proposer qu’ils soient réalisés à la clinique. 3. Le cas des traitements longs ● Certaines affections nécessitent un traitement de longue durée, voire à vie. Un accord éclairé du propriétaire est dans ce cas indispensable. ● Je prends alors tout mon temps pour expliquer au propriétaire l’intérêt d’un suivi régulier, ce qui est l’occasion de faire le point sur les effets des médicaments, sur l’évolution de la maladie et sur une éventuelle adaptation de la prescription. Avec des résultats à l’appui, ce client va persévèrer. 4. Les aspects financiers ● Les budgets de nos clients ne sont pas extensibles, et certains traitements sont coûteux. Les instaurer est parfois, pécuniairement parlant, voué à l’échec. Le client apprécie toujours que ce point soit évoqué, et la proposition d’une solution alternative est bienvenue. ● Une fois cette phase de réflexion terminée, vient l’étape tout aussi importante de la rédaction de l’ordonnance. ● Il est indispensable de prendre son temps pour expliquer les éventuels effets désirables de chaque médicament. Si l’exposé est clair et compris par le propriétaire, alors le traitement est administré. Si le moindre doute subsiste sur la compréhension de mes propos, je recommence généralement de façon plus imagée. CONCLUSION ● Favoriser l’observance, c’est avant tout proposer un schéma thérapeutique facile, pratique et répondre aux attentes du client. ● Nous ne rencontrons pas des affections lourdes chaque jour. Nombre de cas peuvent être traités avec des prescriptions adaptées, qui conviennent à l’animal et à son propriétaire. Si le traitement est simple (et efficace) le client revient sans appréhension. S’il est trop complexe, il est abandonné et ne procure pas de résultats. De plus, le client ne se souvient alors que du prix du traitement et d’un animal toujours malade, éludant la ❒ non observance de la prescription.
Objectif pédagogique S’assurer qu’un propriétaire peut et veut bien suivre la prescription jusqu’au bout.
Proposer un schéma thérapeutique facile, pratique et qui répond aux attentes du client (photo F. Lemoine).
Essentiel ❚ Pour que les résultats d’un traitement soient bons, la compréhension entre prescripteur et soigneur doit être parfaite. ❚ La mise en place d’un traitement est liée à l’affection diagnostiquée, aux données de la science, aux habitudes de prescriptions à l’animal lui même (maladie intercurrente, traitement en cours, …) et … à son propriétaire.
88
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 344
test clinique les réponses
Claire Spilmont Thibaut Cachon
une mucocèle sous-linguale
1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● Une mucocèle sous-linguale, encore dénommée ranula, est la 1re hypothèse diagnostique face à une masse sous-linguale molle, fluctuante et non douloureuse (encadré). Les autres affections à envisager sont une inflammation de la glande salivaire sous-linguale, un abcès, un hématome ou une tumeur. 2 Quel examen complémentaire proposez-vous ? ● La cytoponction et la sialographie sont les deux examens complémentaires à envisager. ● Après tranquillisation de l’animal, une cytoponction à l’aiguille fine permet de récolter un liquide filant, visqueux et faiblement hémorragique (photo 2). - L’aspect macroscopique du liquide récolté, caractéristique d’une accumulation de salive, confirme le diagnostic de mucocèle sous-linguale. - Lorsqu’un doute persiste, un examen cytologique se révèle utile. Les mucocèles sont typiquement décrites comme faiblement cellulaires et positives à la coloration à l’acide périodique de Schiff (P.A.S.) en raison de leur forte concentration en mucus. ● L’examen sialographique, fréquent lors des 1res descriptions de mucocèles, n’apporte pas d’éléments indispensables au diagnostic et au traitement. Cet examen comprend l’injection d’un produit de contraste hydrosoluble iodé dans le canal salivaire atteint, après cathétérisation de celui-ci. 3 Quel traitement choisissez-vous ? Le traitement médical (antibiotiques et corticoïdes) est sans effet. La vidange par ponction de la ranula expose à de fortes récidives. ● Le seul traitement efficace est chirurgical. Il associe l’exérèse des glandes mandibulaire et sous-linguale gauche, au drainage de la ranula. L’exérèse des glandes est réalisée classiquement. Après incision cutanée caudale à la branche montante de la mandibule, la glande mandibulaire et les glandes sous-linguales monostomatiques sont retirées en prenant garde de ne pas léser le nerf lingual. ● Pour limiter le risque de récidive, il convient de ne pas laisser de glandes en place (photos 3, 4). ●
U.P. de médecine des carnivores domestiques E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Encadré : La ranula ou mucocèle salivaire Une ranula est une accumulation sous muqueuse de salive, en région sous-linguale, à la suite d’une rupture du canal salivaire ou de la glande salivaire sous-linguale. ● La rupture est souvent d’origine traumatique (iatrogène ou secondaire à des morsures, lacérations). Des calculs salivaires, ou des corps étrangers ont également été incriminés. ● La ranula est une mucocèle salivaire au même titre que les mucocèles cervicales (grenouillettes), pharyngées ou même zygomatiques. ● Les chiens mâles de race Caniche, Berger Allemand, Dogue Allemand semblent prédisposés. ●
Glande mandibulaire
3
L’exérèse de la glande mandibulaire gauche est réalisée. Noter le départ des glandes sous-linguales (flèche) dont la résection est également nécessaire (photos C. Spilmont).
Glandes sous-linguales
4
Pièce d’exérèse des glandes sous-linguales et mandibulaires gauches.
Une marsupialisation de la ranula assure le drainage de la mucocèle (photo 5). ● Un traitement antibiotique et antalgique est mis en place pour quelques jours. Les molécules antibiotique et antalgique utilisées sont la céfalexine : 15 mg/kg per os deux fois par jour, pendant 10 jours, et le méloxicam : 0,2 mg/kg une fois par jour le 1er jour, puis 0,1 mg/kg une fois par jour les jours suivants per os pendant 5 j. 4 Quel pronostic annoncez-vous au propriétaire ? ● Le pronostic est bon si un traitement chirurgical adéquat est réalisé, puisque le taux de récidives n’est que de 5 p. cent. ● Deux grandes causes de récidives sont décrites : - si le côté opéré ne correspond pas au côté lésé ; - ou si l’exérèse des glandes salivaires souslinguale et mandibulaire n’est pas complète. ● Dans le 1er cas, il est nécessaire de réintervenir du côté controlatéral. Dans le 2nd cas, un abord oral des glandes sous-linguales restantes est à réaliser. Concernant ce chien, aucune récidive n’a été notée : le contrôle à quatre jours en postopéraoire, puis lors du retrait des points, n’a révélé aucune anomalie.
5
Exérèse de la ranula proprement dite.
Pour en savoir plus Bellanger CR, Simpson DJ. Canine sialocoeles - 60 clinical cases. J Small Anim Pract 1992; 33(8):376-380. ● Fossum TW. Salivary mucocoeles. In : Small Animal Surgery, 2nd ed. Saint Louis : Mosby, 2002:302-307. ● Splangler WL, Culbertson MR. Salivary gland disease in dogs ad cats : 245 cases (1985-1988). J Am Vet Med Assoc 1991;198(3):465-469. ● Viguier E. Chirurgie des glandes salivaires. In : Encyclopédie Vétérinaire. Paris : Elsevier, 1992;2(2700) : 1-7. ●
89
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006 - 345