LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°35 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
DOSSIER : L’ARTHROSE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT
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gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline
DOSSIER L’ARTHROSE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT Malgré les progrès récents dans divers domaines, l’arthrose reste une affection qui ne guérit pas. Si la connaissance physiopathologique du processus arthrosique a beaucoup progressé, le traitement de l’arthrose repose sur une prise en charge multimodale : elle conjugue un traitement médical, hygiénique, et dans certains cas, un traitement chirurgical à visée prophylactique ou palliative ...
Management et entreprise Dossier - Les outils disponibles pour le diagnostic et le traitement des affections articulaires : quand et comment les utiliser ?
Fiche - Les prothèses : comment les utiliser, quels résultats ? Coûts - Imagerie spécialisée - Structure de coûts et conséquences stratégiques
N°35 OCTOBRE NOVEMBRE 2007
revue de formation à comité de lecture
L’ARTHROSE - Qu’est-ce que l’arthrose : pourquoi ? comment ? - Épidémiologie et symptomatologie de l’arthrose chez le chien et le chat - Imagerie - La radiologie de l’arthrose chez le chien et le chat - Les traitements médicamenteux de l’arthrose chez le chien et le chat - Les chondroprotecteurs dans le traitement de l’arthrose chez le chien - Le traitement hygiénique de l’arthrose chez le chien et le chat - Le traitement chirurgical de l’arthrose - Geste chirurgical La triple ostéotomie du bassin chez le chien - Geste chirurgical L’ostéotomie de nivellement du plateau tibial
Féline - Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique face à l’arthrose du chat
Rubriques - Principe actif Le carprofène - Nutrition Comprendre les effets du surpoids sur l’arthrose - Observation clinique Un syndrome uvéo-cutané chez un Berger allemand - NAC - Observation clinique Pertes utérines associées à une masse abdominale chez une rate
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N°35 OCTOBRE NOVEMBRE 2007
sommaire Éditorial - Le prix 2007 du meilleur article de formation paru dans les revues vétérinaires par Colette Arpaillange, Maryvonne Barbaray, Christophe Hugnet Éditorial par Jean-Pierre Genevois Test clinique - Une formation hétérogène repérée lors d’un diagnostic de gestation Vincent Segalini, Jonathan-Paul Mochel
DOSSIER
5 7
L’ARTHROSE
chez le chien et le chat
4
CANINE - FÉLINE - Qu’est-ce que l’arthrose : pourquoi ? comment ? Pascal Fayolle - Épidémiologie et symptomatologie de l’arthrose chez le chien et le chat Pierre Maitre, Didier Fau, Denise Rémy - Imagerie - La radiologie de l’arthrose chez le chien et le chat Thomas Chuzel, Juliette Sonet - Les traitements médicaux de l’arthrose chez le chien et le chat Marc Gogny - Les chondroprotecteurs dans le traitement de l’arthrose chez le chien André Autefage - Le traitement hygiénique de l’arthrose chez le chien et le chat Thibaut Cachon, Jean-Pierre Genevois - Le traitement chirurgical de l’arthrose chez le chien et le chat Éric Viguier, Fabien Collard, Amine Bouheddi - Geste chirurgical - La triple ostéotomie du bassin chez le chien Esteban Pujol, Bernard Bouvy - Geste chirurgical - L’ostéotomie de nivellement du plateau tibial chez le chien Esteban Pujol, Bernard Bouvy
8 16 19 26 31 36 39 46 51
FÉLINE - Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique face à l’arthrose chez le chat Didier Fau, Jean-Pierre Genevois
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RUBRIQUES - Principe actif - Le carprofène Marc Gogny - Nutrition - Comprendre les effets du surpoids sur l’arthrose Laurence Yaguiyan-Colliard - NAC - Observation clinique - Un cas de rétention fœtale chez une rate Anne Gogny, Francis Fiéni - Observation clinique - Un syndrome uvéo-cutané chez un Berger allemand Stéphanie Margaillan, Didier Pin, Olivier Jongh
59 61 64
68 Souscription d’abonnement en page 82
MANAGEMENT ET ENTREPRISE - Les outils disponibles pour le diagnostic et le traitement des affections articulaires : quand et comment les utiliser ? Roger Mellinger, Jean-François Bardet - Fiche - Les prothèses : comment les utiliser, quels résultats ? Éric Viguier, Fabien Collard, Amine Bouheddi - Imagerie spécialisée - Structure de coûts et conséquences stratégiques Philippe Baralon
74
CANINE - FÉLINE
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FÉLINE
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Test clinique - Les réponses
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Tests de formation continue - Les réponses
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RUBRIQUE MANAGEMENT
Observations originales
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline OCTOBRE / NOVEMBRE 2007 - 247
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gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
une formation hétérogène repérée lors d’un diagnostic de gestation
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)
Vincent Segalini1 Jonathan-Paul Mochel2
U
Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)
Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)
Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Francis Fieni (Reproduction, E.N.V.N.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Odile Sénécat (Médecine interne, E.N.V.N.) Etienne Thiry (Virologie, Liège) Patrick Verwaerde (Anesthésie, E.N.V.T.)
ne chienne Boxer de 2 ans est présentée en consultation au service de reproduction animale de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort pour un diagnostic de gestation par échographie, 30 jours après une saillie programmée lors de ses dernières chaleurs. Aucun suivi d’ovulation n’a été réalisé et la chienne a été saillie au 12e jour de ses chaleurs. L’animal est en bon état général et ne présente aucune anomalie notable lors de l’examen clinique. ● L’examen échographique révèle deux reins et l’ovaire droit d’aspect normal, ainsi qu’une formation hétérogène, à composante liquidienne, mesurant environ 4 à 5 centimètres de diamètre, et qui semble être l’ovaire gauche (photo 1). ● Une laparotomie exploratrice est pratiquée pour retirer cette masse (photo 2).
E.N.V.A. de reproduction animale 2 Service des animaux de compagnie 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex 1 Service
Secrétaire de rédaction Marie Chesneau Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray
1
Ces clichés montrent une masse circonscrite hétérogène kystique à composante liquidienne (photos Service d’imagerie, E.N.V.A.).
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr
2
Masse retirée ouverte avec contenu ectodermique (photo Service de reproduction, E.N.V.A.).
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 28 €, U.E. : 30 € Tarifs d’abonnement : voir p. 82 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1007 T 80121 I.S.S.N. 1637-3065
comité de lecture
Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des Lions Sainte Marie des Champs - BP 14 - 76191 YVETOT Cedex
Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 248 - OCTOBRE - NOVEMBRE 2007
1 Quel est votre diagnostic ? 2 Comment qualifier le comportement biologique de ces tumeurs ? 3 Quels symptômes y sont associés ?
4
Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Isabelle Bublot, Samuel Buff, Stéphane Bureau, Claude Carozzo, Eddy Cauvin, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Guillaume Chanoit, René Chermette, Valérie Chetboul,
Bernard Clerc, Cécile Clercx (Liège), Laurence Colliard, Laurent Couturier, Jack-Yves Deschamps, Armelle Diquelou, Olivier Dossin, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Didier Fau, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot,
4 Quelle démarche thérapeutique adoptez-vous ? Réponses à ce test page 81
Dominique Grandjean, Jean-François Guelfi, Laurent Guilbaud, Philippe Hennet, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Claude Petit,
Xavier Pineau, Luc Poisson, Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin.
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DOSSIER : FIÈVRES D’ORIGINE INDÉTER MINÉE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT
éditorial
UVEAU PRATICIE N VÉTÉRINAIRE - N°32 - FÉVRIER / MARS / AVRIL 2007
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline reçoit le Prix 2007 du meilleur article de formation paru dans les revues destinées aux vétérinaires ...
LE NOUVEA PRATvéICIENU tér
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ire canine féline
revue de formatio n à comité de lecture
FIÈVRES D’ORIGINE INDÉTERMINÉE
- Comprendre la physiopath ologie de la fièvre et savoir utiliser les antipyrétiq ues - Conduite diagnostiqu e lors de fièvre d’origine indéterminée chez le chien et le - Fiche - Les points chat clés sur la fièvre paranéopla - Démarche diagnostiqu sique e diagnostique face à une fièvre chez le chien - Observation clinique Cryptococcose systémique chez le Berger allemand
Féline
DOSSIER FIÈVRE
Et le résultat, c’est que réactions immunitaires les détruisent la muqueuse, et laissent passer encore plus d’antigènes, ce qui aggrave la réaction ! Le parfait cercle vicieux !
D’autant que les Immunoglobulines G jouent rôle pro-inflammatoire un … La réaction Th1, je vous dis !
S
D’ORIGINE IND
ÉTERMINÉ CHEZ LE CHIE E N ET LE CHA T
Les fièvres d’origine indéterminée, pour tous les cliniciens source majeure d’inconfort, voire sont à ne pas Une démarche d’angoisse, diagnostique rigoureusconfondre avec toutes les hyperthermies. des examens cliniques e s’impose, comme et complémentaires la répétition de base ...
Management et entreprise
Dossier - C ommen de la médec t dévelo pper le marché ine vétérin aire canine ? 2 . Renforc
er l’offre généra Témoignage liste - C hoisir la structur à sa personn e qui correspo alité et à ses nd ambitio ns personnle mieux elles
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N°32 FÉVRIER MARS AVRIL 2007
- Démarche diagnostiqu e diagnostique face à une fièvre chez le chat - Observation clinique Hyperthermie récurrente chez un chaton
Rubriques - Thérapeutique Comment traiter
la bronchite chronique chez un chaton - Principe actif La kétamine - Actualités - La leishmaniose canine à Leishmania infantum : points de confirmatio n et d’interroga tion - Nouvelle technique chirurgicale L’ostéotomie de nivellemen t du plateau tibial - NAC - Les techniques de réanimatio n cardio-respiratoire chez les oiseaux - Immunologie et le B.A.BA en BD - Le complexe gingivo-stomatite chronique féline
Colette Arpaillange1 Maryvonne Barbaray2 Christophe Hugnet1
e Prix 2007 du meilleur article de formation paru dans les revues destinées aux vétérinaires a été décerné à NÉVA - Nouvelles Éditions Vétérinaires et Alimentaires, pour LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline. Le numéro primé est le dossier spécial sur les fièvres d’origine indéterminée chez le chien et le chat (N°32, paru en avril dernier), rédigé sous la direction de Dominique Fanuel-Barret, Marc Gogny, Luc Chabanne, et Jean-Luc Cadoré. Pour cette 8e édition du Prix Éditorial de la presse médicale et des professions de santé, organisé par le Syndicat National de la Presse Médicale et des Professions de Santé (S.N.P.M.), les rédactions de 96 revues concouraient. Ainsi, 168 articles ont été proposés au jury, composé de 15 médecins généralistes et spécialistes, d’un membre de chacune des autres professions de santé (pharmacien, dentiste, kinésithérapeute, infirmière, vétérinaire). Les résultats ont été proclamés à la soirée de remise des prix, à la Tour Eiffel, le 24 octobre dernier, en présence des éditeurs de la presse médicale et des professions de santé, sous la présidence du Dr François Mignon, président du jury et du Dr Gérard Kouchner, Président du S.N.P.M., ainsi que des auteurs et rédacteurs venus recevoir ce Prix. C’est la troisième fois que les éditions NÉVA sont mises à l’honneur par le Syndicat de la Presse Médicale et des Professions de santé avec ce Grand Prix éditorial. La revue de formation continue destinée aux vétérinaires des productions animales, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, créée en 2006, a également reçu une distinction en étant présélectionnée avec son N°3 consacré aux Mycoplasmes et mycoplasmoses chez les ruminants.
1 Rédacteurs
en chef de la publication NÉVA - Nouvelles Éditions Vétérinaires et Alimentaires Europarc, 15 rue Le Corbusier 94045 Créteil Cedex 2 Directrice
Ce prix souligne “la qualité d’une revue qui est un véritable succès éditorial, plébiscitée par les lecteurs pour son accessibilité”. Ainsi, l’illustre ce numéro sur les fièvres d’origine indéterminée, sujet de préoccupation régulier pour les praticiens. Le syndrome fièvre devient rapidement un défi diagnostique quand les causes les plus évidentes ont été éliminées. Quels examens engager et dans quel ordre de priorité, faut-il traiter, comment communiquer avec le propriétaire et lui faire comprendre que procéder par étape est indispensable, avec la crainte toujours de passer à côté du diagnostic … Autant de questions auquel ce numéro répond, avec la rigueur et le pragmatisme qui caractérise le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline depuis sa création, en 2000. En effet, si ce numéro a été proposé, puis choisi, c’est parce qu’il illustre tout particulièrement l’esprit qui anime notre revue et qui fait sans doute que vous y êtes aussi attachés. L’esprit du NOUVEAU PRATICIEN peut se résumer en trois mots : rigueur, humilité et accessibilité.
- De gauche à droite : Maryvonne Barbaray, Luc Chabanne, membre du comité de rédaction, Colette Arpaillange et Christophe Hugnet, rédacteurs en chef.
Le savoir ne doit pas occulter le savoir-faire. L’équilibre est toujours difficile à trouver entre un niveau d’exigence et de connaissances qui ne cesse d’augmenter et les contraintes du terrain auxquelles les praticiens sont confrontés, et qui les conduisent parfois à sacrifier les règles de l’art sur l’autel du sens pratique. Les auteurs sont des experts dans leur domaine, choisis pour leur aptitude à transmettre une expérience dont chaque lecteur doit pouvoir profiter. C’est l’objectif qui nous anime à chaque fois que nous concevons pour vous un numéro.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline est aussi marqué par des amitiés et la consécration de ce numéro est, en ce sens, emblématique car ses auteurs font partie de l’équipe éditoriale historique, celle qui a initié et accompagné cette aventure depuis le début. Nous tenons à rendre hommage ici à leur engagement, à leur dynamisme et à leur enthousiasme sans lesquels, sans aucun doute, vous n’auriez pas autant de plaisir à nous lire. e prix vient saluer toute la qualité d’un travail d’équipe, mais c’est à vous, lecteurs, que nous souhaitons le dédier. Car les encouragements, les éloges, mais aussi les critiques constructives que nous avons l’occasion d’entendre de votre part, sont notre meilleure récompense. ❒
Colette Arpaillange, Christophe Hugnet, rédacteurs en chef et Maryvonne Barbaray (photos NÉVA).
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éditorial Il n’est pas toujours facile de savoir comment prendre en charge les animaux arthrosiques de manière pertinente, en les faisant bénéficier de l’avancée des connaissances ...
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’augmentation progressive de la durée de vie des chiens et des chats que nous soignons va de pair avec une évolution parallèle du “marché” des substances qui revendiquent une activité dans la lutte contre le processus arthrosique du chien*. Comme l’arthrose du chat existe, mais reste peu connue, la médicalisation du chat arthrosique représente un champ supplémentaire de “développement” potentiel. Il n’est pas toujours facile de savoir comment prendre en charge les animaux arthrosiques de manière pertinente, en les faisant bénéficier de l’avancée des connaissances. La pléthore de produits disponibles, qui répond à cette approche “marketing” de l’affection peut, à juste titre, perturber le praticien. Sans méconnaître l’intérêt financier d’une juste médicalisation associée à la fidélisation de la clientèle, comment éviter de se laisser influencer par certains discours exagérément optimistes tenus par certains vendeurs de produits aux potentialités discutables sur un plan strictement scientifique ?
Jean-Pierre Genevois Professeur Département des animaux de compagnie Unité de Chirurgie et d’anesthésiologie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline a pour but de faire le point sur la question, grâce aux onze articles qui le constituent. De nombreuses avancées ont été effectuées dans la connaissance physiopathologique du processus arthrosique. L’article consacré à ce sujet est une synthèse remarquable de données multiples et complexes, qui permet de comprendre l’installation, le développement progressif et auto-entretenu du processus, la mise en place des lésions ainsi que d’entrevoir les nouvelles pistes thérapeutiques. La description du contexte épidémiologique et symptomatologique du phénomène arthrosique permet de comprendre sa forte prévalence, sa traduction et son évolution variable en fonction des individus, l’absence de concordance systématique entre la gravité des signes radiographiques et la traduction clinique, la modification du contexte clinique, entre l’arthrose en phase débutante (douleur épisodique) et l’arthrose en phase avancée (douleur chronique, à seuil permanent, avec des pics algiques). Chez le chat, les signes cliniques de l’arthrose sont d’une telle discrétion que pendant longtemps, on a pensé que cet animal était peu concerné par ce type d’affection. Il n’est est rien, et le diagnostic de l’affection, comme sa prise en charge, relèvent de l’éthique et des bonnes pratiques thérapeutiques. Même si les autres procédés d’imagerie (arthroscopie, échographie, scanner, IRM) voient leur utilisation progresser dans le cadre de l’exploration articulaire, c’est sur l’examen radiographique que repose toujours le diagnostic de l’arthrose. Outre la description de la “triade arthrosique” classique (ostéophytose, condensation de la plaque osseuse sous-chondrale, pincement de l’interligne articulaire), l’article correspondant envisage les modifications radiographiques spécifiques concernant les principales articulations concernées.
NOTE * Ce “marché” est encore extensible si l’on prend en compte les études comparatives qui montrent que, dans notre pays, l’arthrose reste notablement sous-diagnostiquée, et sous-médicalisée, par rapport à ce qui se passe dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest et aux États-Unis d’Amérique.
Le traitement de l’arthrose repose sur une prise en charge multimodale, qui conjugue un traitement médical (lutte contre la douleur et l’inflammation, limitation de la dégradation du cartilage), un traitement hygiénique (lutte contre le surpoids, exercice physique adapté, physiothérapie), et dans certains cas, un traitement chirurgical à visée prophylactique ou palliative. La nouveauté, dans ce domaine, est la prise de conscience que l’animal arthrosique doit faire l’objet d’un protocole thérapeutique sur le moyen et le long terme. La prise en charge de la douleur chronique permet d’améliorer considérablement l’état d’individus, dont les modifications de comportement étaient faussement rapportés à la détérioration “naturelle” de la qualité de vie, mise sur le compte du vieillissement. La multiplication des produits qui revendiquent une activité “chondroprotectrice” implique de connaître les limites de leur efficacité, ainsi que la différence entre propriétés mises en évidence in vitro, démonstrations d’efficacité clinique sur effectifs réduits, et résultat des méta-analyses à grande échelle.
L
’arthrose reste une affection qui ne guérit pas. Bien mené, un traitement permet d’améliorer sur le long terme, le confort de vie des animaux affectés. L’adhésion des propriétaires, au long cours, ne peut être obtenue que si l’équipe médicale est motivée, convaincue, et peut fournir des informations répétées, encourager l’observance thérapeutique, en expliquant d’emblée que l’amélioration de l’animal n’est pas toujours linéaire. Une communication claire avec le client, avec des termes techniques faciles à comprendre, la rédaction d’une ordonnance précise, la mise en place de modalités pertinentes de suivi sont indispensables. ❒
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P 8-14 quest-ce l arthrose BAT V2
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qu’est-ce que l’arthrose pourquoi ? comment ? Pascal Fayolle
chez le chien et le chat
E.N.V.A. Unité de chirurgie 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex
Considérée comme un véritable fléau socio-économique chez l’Homme, l’arthrose fait l’objet de nombreuses études afin d’en comprendre les mécanismes et de pouvoir élaborer de nouvelles approches thérapeutiques. Cet article présente la conception actuelle du processus arthrosique, étape indispensable à la compréhension de l’intérêt et des limites des molécules proposées pour le traitement de l’arthrose.
Objectif pédagogique ❚ Bien connaître la conception actuelle du processus arthrosique pour mieux proposer un traitement adéquat de l’arthrose.
Essentiel
A
ffection particulièrement invalidante et d’une banalité affligeante, connue à la fois chez l’Homme et l’animal, l’arthrose fait l’objet depuis plusieurs années d’une recherche active qui tente d’en élucider les mécanismes physiopathologiques. Cette recherche a permis de progresser considérablement dans la compréhension des mécanismes de la dégradation cartilagineuse, et d’ouvrir des voies thérapeutiques nouvelles. Si certaines de ces voies demeurent expérimentales et réservées à la médecine humaine, diverses molécules à visée anti-arthrosique ont été proposées en médecine vétérinaire ces dernières années. ● La compréhension de l’intérêt de ces molécules passe par une connaissance des processus de l’altération cartilagineuse qui initient et caractérisent l’arthrose. ● Comprendre le phénomène arthrosique ne peut se concevoir sans une connaissance de la structure du cartilage articulaire et de sa physiologie normale. Aussi, après avoir défini la composition du cartilage articulaire sain, cet article explique comment survient l’arthrose. Les différentes lésions arthrosiques et leurs causes sont ensuite détaillées.
❚ Pour comprendre le processus arthrosique, il est nécessaire de prendre en compte la complémentarité fonctionnelle étroite qui existe entre le réseau collagénique et les polymères de protéolycanes. ❚ Deux théories complémentaires sont proposées pour expliquer la survenue des lésions arthrosiques : la théorie mécaniste et la théorie cellulaire. ❚ L’activation métabolique est médiée par des cytokines, principalement par l'interleukine 1 (I.L.-1) très impliquée dans le processus arthrosique.
CANINE - FÉLINE
LE CARTILAGE ARTICULAIRE SAIN ● Tissu hautement spécialisé, impliqué dans le glissement des surfaces articulaires l’une sur l’autre et dans l’amortissement des contraintes mécaniques s’exerçant sur l’os, le cartilage articulaire est un tissu avasculai-
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1
Cartilage articulaire sain. Les cellules en faible nombre baignent dans une abondante matrice extracellulaire (photo P. Fayolle).
re et non innervé. Ses propriétés sont intimement liées à la structure de sa matrice extracellulaire et à l’activité de ses chondrocytes (encadré 1). PHYSIOPATHOLOGIE DE L’ARTHROSE Deux théories sont proposées pour expliquer la survenue des lésions arthrosiques. Loin de s’exclure, ces théories sont complémentaires. Théorie "mécaniste" Cette théorie attribue la survenue des lésions cartilagineuses à une rupture primitive du filet collagénique. Cette rupture peut avoir diverses causes : - excès de contraintes mécaniques (en fréquence et/ou en intensité) sur un cartilage initialement sain ; - pression normale sur des fibres de collagène fragilisées ; - anomalie de répartition des pressions par modification primitive de la plaque osseuse sous-chondrale (théorie "osseuse" de l'arthrose). ● Quelle qu’en soit la cause, la rupture du réseau collagénique autorise une hyperhydratation du gel de protéoglycanes modifiant ainsi les caractéristiques biomécaniques du cartilage dont l’élasticité et les capacités d’amortissement diminuent. Le cartilage, moins élastique, se fissure avec apparition des lésions qui caractérisent l’arthrose. Par altération de sa structure de contention, la substance fondamentale, fluidifiée, tend à quitter le cartilage. ●
PP16-18 Epidemiologie P. Maitre BAT
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épidémiologie et symptomatologie Pierre Maitre Didier Fau Denise Rémy Unité ACSAI (Anatomie, Chirurgie, Soins intensifs, Anesthésie et Imagerie médicale) Département Animaux de Compagnie École Nationale Vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique ❚ Savoir quels types d’animaux sont atteints et connaître les principaux symptômes.
Essentiel ❚ Tout animal, quels que soient sa race et son sexe, peut être affecté par l’arthrose, car tout traumatisme articulaire violent est arthrogène. ❚ Plus de 20 p. cent des chiens de plus d’un an souffriraient d’arthrose. ❚ L’arthrose est cliniquement plus fréquente chez les chiens de moyen et de grand format.
CANINE - FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 260 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
de l’arthrose chez le chien et le chat L’épidémiologie de l’arthrose et sa traduction clinique sont des connaissances de base, nécessaires pour établir un diagnostic, puis pour instaurer un traitement.
L
e nombre de carnivores domestiques présentés à la consultation pour arthrose est en constante augmentation, liée à l’accroissement régulier, depuis plusieurs années, de la proportion d’animaux âgés médicalisés. Bien que l’arthrose ne corresponde pas à une sénescence du cartilage articulaire, elle affecte en effet plus souvent les sujets âgés. ● L’amélioration constante de la qualité des soins prodigués aux animaux implique la mise en œuvre d’une thérapeutique, le plus souvent au long cours, avec un suivi régulier, chez ces animaux. ● Cet article rappelle, de manière succincte et synthétique, les données épidémiologiques, puis les symptômes fonctionnels et locaux observés sur les animaux arthrosiques. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES Les données épidémiologiques sur l’arthrose sont restreintes. De rares études rétrospectives ont permis d’évaluer et de confirmer sa forte prévalence au sein de la population canine [6], dont une étude rétrospective sur questionnaire auprès de 200 vétérinaires [2]. ● Les affections articulaires représentent près de 50 p. cent des affections orthopédiques rencontrées en exercice libéral [5]. Cette étude de Johnson a été réalisée en 1994 auprès de 16 centres hospitaliers vétérinaires pour la période 1980-1986. ● Parmi ces affections, l’arthrose est la plus fréquente. Plus de 20 p. cent des chiens de plus d’un an souffriraient d’arthrose [6, 2]. L’arthrose est ainsi loin d’être uniquement le lot du sujet âgé. Toutefois, plus l’animal vieillit, plus il risque de présenter une ou plusieurs articulations arthrosiques. La proportion de chiens âgés de plus de 8 ans est actuellement estimée à 30 p. cent ●
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Fracture articulaire. Les traumatismes articulaires graves sont générateurs d'arthrose (photo T. Cachon).
de la population canine totale, d’où l’augmentation importante depuis quelques années du nombre d’animaux présentés à la consultation pour arthrose. ● L’étiopathogénie permet de comprendre les caractéristiques épidémiologiques de l’arthrose : tout animal quels que soient sa race et son sexe peut être affecté, puisque tout traumatisme articulaire violent (contusion grave, entorse, luxation, fracture articulaire) est arthrogène (photo 1). ● Les animaux plus exposés à de tels traumatismes par leur fonction (chiens de chasse, de travail) présentent un risque accru. Les animaux soumis à un entraînement et à un exercice intensifs subissent des microtraumatismes fonctionnels répétés, générateurs d’arthrose. ● Certaines races paient aussi un plus lourd tribut en raison d’une prédisposition à une affection articulaire arthrogène : il s’agit des races prédisposées aux laxités articulaires (dysplasie coxo-fémorale), aux anomalies de conformation articulaire (luxation rotulienne, dysplasie du coude), aux affections articulaires de croissance (ostéochondrites), aux arthrites auto-immunes [1, 3, 4, 7, 8, 9, 10, 11, 12] (photo 2).
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imagerie médicale
la radiologie de l’arthrose
chez le chien et le chat L’arthrose est l’affection dégénérative des articulations la plus fréquemment retrouvée dans les articulations des carnivores domestiques. Ce processus est souvent secondaire à une autre pathologie articulaire. Le recours à l’imagerie médicale, en particulier la radiologie, permet son diagnostic.
Thomas Chuzel Juliette Sonet Imagerie médicale Département des animaux de compagnie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectifs pédagogiques ❚ Savoir réaliser des clichés radiographiques de bonne qualité. ❚ Connaître les signes radiologiques de l’arthrose.
D
ans la plupart des cas, l’arthrose est secondaire à une pathologie articulaire, comme la dysplasie des hanches ou du coude, mais elle peut aussi être une pathologie primitive du cartilage articulaire. ● En imagerie médicale, la radiographie reste l’examen le plus fréquemment utilisé en pratique vétérinaire pour identifier les lésions d’arthrose chez les carnivores domestiques (encadré 1). D’autres modalités, comme la tomodensitométrie ou l’I.R.M. (imagerie par résonance magnétique), peuvent apporter des renseignements complémentaires dans certains cas. Les signes radiologiques d’arthrose sont nombreux et ne sont pas tous présents de façon systématique sur une image donnée. ● Après avoir détaillé les lésions caractéristiques de l’arthrose en radiologie chez le chien et le chat, puis entrevu les bases de technique radiologique qui permettent d’obtenir des clichés de bonne qualité, les sites privilégiés d’arthrose pour les différentes articulations sont passés en revue. LES SIGNES RADIOLOGIQUES DE L’ARTHROSE Les signes d’arthrose qui peuvent être observés sur une radiographie sont nombreux et ne sont pas tous systématiquement présents sur une image donnée (figure). ● Le signe le plus fréquent est la présence de productions osseuses péri-articulaires, situées à la jonction entre le cartilage articulaire et la membrane synoviale, appelées ostéophytes. Ces proliférations osseuses sont plus ou moins volumineuses, plus ou ●
Fragment osseux
Ostéophytes
1
Radiographie de profil de l’épaule. - Une déformation de la surface articulaire de la tête humérale est visible, associée à une sclérose de l’os sous-chondral. - Des ostéophytes sont notés en regard du rebord caudal de la tête humérale. - Un fragment osseux libre est visible ventralement au tubercule infra-glénoïdien (photo J. Sonet).
Figure - Les signes d’arthrose (d’après [4, 5, 8, 11]) 1
Proliférations osseuses péri-articulaires
2
Sclérose de l'os sous-chondral
3
Gonflement des tissus mous
4
Diminution de l'interligne articulaire (érosion du cartilage articulaire)
5
Érosions ou cavités (kystes, géodes) dans l'os sous-chondral
moins opaques et de contour généralement net, souvent en forme de bec. La quantité de ces ostéophytes n’est pas corrélée à la gravité des signes cliniques. ● Sur une articulation donnée, les ostéophytes apparaissent toujours au même endroit et progressent de la même manière. Il est donc important de connaître, pour chaque articulation, les sites privilégiés de développement des ostéophytes. ● Une sclérose de l'os sous-chondral peut être visible sur certaines articulations, en particulier sur le coude du chien.
Essentiel ❚ Le signe le plus fréquent de l’arthrose est la présence de productions osseuses péri-articulaires, situées à la jonction entre le cartilage articulaire et la membrane synoviale, appelées ostéophytes. ❚ Pour toutes les articulations, au minimum deux vues radiographiques orthogonales doivent être réalisées.
CANINE - FÉLINE
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P 26-30 Traitement arthrose BAT V2
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les traitements médicaux de l’arthrose
Marc Gogny
chez le chien et le chat
Unité de Pharmacologie et Toxicologie E.N.V.N. BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les mécanismes d’action des anti-inflammatoires non stéroïdiens. ❚ Mettre en place un protocole thérapeutique adapté au stade évolutif.
❚ En début d’évolution, n’importe quel A.I.N.S., administré sur une courte période, permet de contrôler les crises. ❚ Dans les phases plus avancées, tous les A.I.N.S. qui peuvent être administrés sur une longue période sont d’efficacité comparable. ❚ Leur action est à la fois périphérique, antiinflammatoire et analgésique, et centrale, par inhibition des voies nociceptives médullaires.
rès fréquentes, les affections articulaires dégénératives des carnivores le sont d’autant plus que l’espérance de vie des chiens augmente. Pourtant, de nombreuses questions restent en suspens ou font l'objet d'idées reçues ou de données inexactes. ● Quel est le champ d'application des antiinflammatoires non stéroïdiens dans le traitement de l’arthrose ? Qu'en est-il de leurs effets délétères éventuels sur le cartilage articulaire ? Peut-on les administrer en continu, ou faut-il effectuer des traitements par cures ? En cas de traitement prolongé, comment gérer au mieux leurs effets indésirables ? Existe-t-il des compléments efficaces de la thérapeutique anti-inflammatoire ? ● Autant de questions auxquelles cet article tente d'apporter des éléments de réponse. QUELLES SONT LES CIBLES DU TRAITEMENT ? ● La meilleure attitude thérapeutique, ici comme ailleurs, reste de rechercher la cause initiale et de la combattre. Les antiinflammatoires restent l'arme de choix dans le traitement des affections articulaires, lorsque celle-ci n'est pas identifiée, ou qu'on ne peut la supprimer. ● Ils permettent de s’attaquer, de façon symptomatique, aux deux mécanismes physiopathologiques qui sont en jeu : l’inflammation, avec son cortège de conséquences sur l’intégrité articulaire, et la douleur.
Limiter l’inflammation et la dégénérescence du cartilage L’évolution des remaniements articulaires et le rôle des cytokines permettent de comprendre comment gérer la douleur (encadré 1). ●
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 270 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
de l’arthrose 1. Au début de la maladie arthrosique, la douleur évolue ainsi par crises ou épisodes, puis disparaît. Il s’agit d’une douleur aiguë, liée à une stimulation excessive des nocicepteurs au sein de l’articulation. Elle est intimement liée à l’apparition du phénomène inflammatoire, mais aussi à la distension ou à la compression de la capsule articulaire. 2. Au stade évolutif, la douleur s’installe en permanence, même si elle est légère (palier 1) et continue d’évoluer en crises aiguës sporadiques. 3. Au stade avancé, la douleur est permanente, modérée à vive (paliers 2 à 3), avec des oscillations selon différents facteurs d’environnement ou selon l’activité de l’animal [5].
T
Essentiel
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douleur et stades
Par leurs effets anti-inflammatoires et analgésiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (A.I.N.S.) sont au cœur du traitement de l’arthrose.
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Gérer la douleur La douleur est probablement l’élément sémiologique le plus important dans l’arthrose, et c’est là que le praticien est attendu par le propriétaire. ● La douleur apparaît lorsqu’un stimulus physique ou chimique est appliqué à un tissu, et qu’il risque de provoquer une lésion, ou qu’il en crée une. Lors de cette agression, la douleur augmente rapidement, jusqu’à un pic, puis décroît progressivement jusqu’à disparaître lorsque la réparation tissulaire est achevée, sauf si des éléments de pérennisation sont intervenus. Dans l’arthrose, l’animal passe par trois stades successifs (encadré Douleurs et stades de l’arthrose). ● Les stades 2 et 3 font intervenir largement la notion d’hyperalgésie. Les mécanismes de cette hyperalgésie, par laquelle le stimulus algogène engendre une sensation dont l’intensité est amplifiée et qui se prolonge dans le temps, sont désormais bien connus. Le seuil d’excitation des nocicepteurs est abaissé (hyperalgésie périphérique). Les différents médiateurs de l’inflamation en sont la cause. ● Il y a aussi sensibilisation des voies médullaires par lesquelles chemine et se module l’information nociceptive (hyperalgésie centrale). La durée de réponse des neurones nociceptifs médullaires s’amplifie avec le ●
P 31-35 Chondroprotecteurs BAT V2
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les chondroprotecteurs dans le traitement de l’arthrose chez le chien Les chondroprotecteurs sont très largement prescrits dans le traitement de l'arthrose chez le chien, sous la forme de compléments alimentaires. Leur réelle efficacité en pratique courante reste encore à démontrer.
L’
arthrose est caractérisée, entre autres, par une inflammation à bas bruit, associée à une dégénérescence progressive structurelle et fonctionnelle de l'articulation atteinte [7]. Les traitements conventionnels font appel à un traitement hygiénique et à l'usage d'anti-inflammatoires pour diminuer ou supprimer la douleur et améliorer la qualité de vie de l'animal atteint*. ● Depuis quelques années, les vétérinaires ont recours à d'autres substances qualifiées, probablement à tort, de chondroprotecteurs. ● Cet article présente les dernières données scientifiques sur les principales substances chondroprotectrices utilisées en cas d'arthrose. LES SUBSTANCES “CHONDROPROTECTRICES” La glucosamine ● La glucosamine est un composant naturel de nombreux tissus et se retrouve notamment dans le cartilage articulaire et le liquide synovial. ● De nombreux compléments alimentaires vétérinaires comprennent de la glucosamine, soit sous forme de sulfate, soit sous
forme de chlorhydrate. Cette glucosamine provient de trachée de bovins ou est extraite de la chitine des carapaces de crustacés. ● Après injection par voie veineuse, la glucosamine se lie rapidement aux globulines plasmatiques et est excrétée essentiellement par voie urinaire [32]. Elle est retrouvée principalement dans le foie et les reins. Après injection par voie veineuse de glucosamine marquée au C14, la radioactivité est aussi détectée dans le cartilage articulaire pendant six jours [33]. ● Après administration par voie orale, 87 p. cent de la glucosamine est absorbée chez le chien et 88,7 p. cent chez l'Homme [32, 33]. - La biodisponibilité est beaucoup plus faible : 26 p. cent pour le sulfate de glucosamine chez l'Homme et environ 12 p. cent pour le chlorhydrate de glucosamine chez le chien, après administration unique [1, 27]. - Après administration orale répétée, la glucosamine est absorbée d'une manière identique à l'administration unique et ne s'accumule pas dans le sang. Propriétés ● La glucosamine possède des propriétés très utiles dans la prévention et le traitement de l'arthrose, selon les études menées in vitro sur culture de chondrocytes ou explants de cartilage articulaire (tableau 1).
NOTE * cf. les articles dans ce numéro : - “Le traitement hygiénique de l’arthrose chez le chien et le chat” de T. Cachon et J.-P. Genevois ; - “Les traitements médicaux de l’arthrose chez le chien et le chat” de M. Gogny.
Tableau 1 - Les principales propriétés des chondroprotecteurs établies à partir d'études in vitro sur culture de chondrocytes Principe actif ●
Glucosamine et chondroïtine
●
Poudre de moules vertes
●
Insaponifiable d'avocat et de soja
André Autefage E.N.V.T. Service de Pathologie chirurgicale 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Objectif pédagogique ❚ Connaître les données scientifiques disponibles sur l'usage des glycosaminoglycanes dans la prise en charge de l'arthrose chez le chien.
Définition
❚ Les chondroprotecteurs sont des compléments alimentaires ou aliments médicamenteux faisant appel à la glucosamine, au sulfate de chondroïtine, à la poudre de moules vertes ou aux insaponifiables d'avocat.
Essentiel ❚ Après administration orale répétée, la glucosamine est absorbée d'une manière identique à l'administration unique et ne s'accumule pas dans le sang. ❚ Le sulfate de glucosamine a des effets positifs sur les signes cliniques de l'arthrose et améliore la fonction de l'articulation concernée.
Propriétés in vitro - Stimulation de la synthèse des protéoglycanes - Inhibition des facteurs de dégradation du cartilage - Activité anti-inflammatoire
CANINE - FÉLINE
- Limitation de la dégradation cartilagineuse - Activité anti-inflammatoire
- Effet protecteur du cartilage
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline OCTOBRE / NOVEMBRE 2007 - 275
P 36-38 Traitement hygiénique de l'arthrose BAT
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le traitement hygiénique de l’arthrose
Thibaut Cachon Jean-Pierre Genevois Service de chirurgie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy-l’Étoile
Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre et connaître les bases et l’intérêt du traitement hygiénique dans la prise en charge de l’animal arthrosique.
chez le chien et le chat Étape clé dans la prise en charge de l’arthrose, le traitement hygiénique doit être bien compris et accepté par le propriétaire.
L
e traitement de l’arthrose a pour but de prévenir la douleur, de maintenir une utilisation et une amplitude articulaire satisfaisantes afin de conserver une activité la plus proche de la normale. Le plus souvent médical, le traitement de l’arthrose associe un contrôle du poids, une activité physique adaptée, de la rééducation, et une médication efficace. LE SURPOIDS : UN FACTEUR AGGRAVANT
2
La natation est un exercice idéal pour les animaux arthrosiques. - Privilégier les activités peu violentes pour les articulations (photo T. Cachon).
Essentiel ❚ Le contrôle du poids est primordial dans le traitement de l’arthrose. ❚ Une activité physique contrôlée et adaptée est nécessaire à la bonne santé articulaire.
CANINE - FÉLINE
● Si le surpoids n’est pas une cause primaire d’arthrose, il est certainement un des principaux facteurs aggravants. Il est maintenant clairement établi que l’obésité accélère le développement des lésions cartilagineuses et exacerbe les signes cliniques associés à l’arthrose (photo 1). Ainsi, plusieurs études ont montré que sur une population de chiens similaires, un animal rationné et maigre développe plus tardivement des signes radiographiques d’arthrose, et surtout, présente moins de signes cliniques qu’un animal en surpoids [4, 5, 7, 9]. En effet, l’obésité augmente la charge sur les articulations et accélère la dégradation du cartilage. De plus, un animal obèse, moins actif, se démuscle plus rapidement, phénomène aggravé par l’infiltration graisseuse du muscle. Or, le maintien d’une musculature satisfaisante est important pour diminuer les signes et la progression de l’arthrose [3]. ● Le contrôle du poids d’un animal arthrosique doit être une préoccupation constante pour le vétérinaire. Un programme de nutrition adaptée est à mettre en place avec le propriétaire, sensibilisé à la gestion du poids de son animal, pour limiter la prise de poids ou le faire maigrir si besoin*.
ADAPTER LE MODE DE VIE DE L’ANIMAL Des mesures simples, souvent de bon sens, peuvent améliorer la qualité de vie d’un animal arthrosique.
●
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1
La lutte contre le surpoids doit être une priorité constante lors du suivi d’un animal arthrosique (photo C. Carozzo). ● Une activité physique adaptée et régulière est indiquée. Une diminution de la douleur et une amélioration de la fonction articulaire peuvent être obtenues en proposant simplement une activité physique contrôlée et adaptée à l’animal. Le maintien d’une activité physique favorise la perte ou le contrôle du poids, préserve une musculature satisfaisante et prévient la perte d’amplitude articulaire [2, 6]. ● Le maintien et/ou le renforcement de la musculature est très important chez un chien arthrosique. En effet, les muscles en se contractant limitent la mise en charge de l’articulation et permettent une meilleure répartition des forces lors du mouvement. Ainsi, il est clairement démontré qu’une faiblesse musculaire anormale favorise le développement de l’arthrose, en augmentant les pressions sur le cartilage lors de l’appui, cartilage déjà fragilisé par le phénomène arthrosique [3]. ● Il est difficile de définir un programme d’activité universel. La fréquence et la nature de l’activité physique sont à adapter à chaque animal. De manière générale, le propriétaire doit privilégier une activité fréquente et de faible intensité. La marche en laisse et la natation sont certainement les exercices les plus conseillés, car ils limitent les impacts, donc les micro-traumas articulaires (photo 2). Certains exercices peuvent être utiles pour renforcer des groupes musculaires particuliers.
NOTE * cf. l’article “Nutrition : comprendre les effets du surpoids sur l’arthrose”, de L. Yaguiyan-Colliard, dans ce même numéro.
P 39-45 Traitement chirurgical arthrose BAT V2
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le traitement chirurgical de l’arthrose Éric Viguier1 Fabien Collard1 Amine Bouheddi2
chez le chien et le chat 1
Service de chirurgie, E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile 2 Clinique vétérinaire de Craponne 52 bis, avenue E. Millaud 69290 Craponne
Lorsque les traitements non chirurgicaux (hygiène de vie, contrôle du poids, exercice, médication adaptée) ne permettent plus de calmer la douleur et d’assurer une fonction locomotrice correcte, le traitement chirurgical est envisagé. Les techniques sont diverses : certaines sont classiques, d’autres innovantes et prometteuses, telles que les prothèses de coude et de genou, les interventions sous contrôle arthroscopique, les thérapies cellulaires.
D
Objectif pédagogique ❚ Connaître les différentes interventions chirurgicales pour traiter l’arthrose. 1
ifférentes interventions soulagent les douleurs arthrosiques : les injections, les lavages, les nettoyages, curetage articulaires et synovectomies sous arthroscopie ou non, des ostéotomies de correction, des résections osseuses, des névrectomies, des ténotomies ou myotomies, des arthrodèses ou prothèses articulaires voire, dans le pire des cas, des amputations. La résection-arthroplastie et la prothèse de hanche sont les principales techniques de traitement chirurgical de l’articulation coxofémorale. Pour les autres articulations, les
arthrodèses sont largement indiquées, surtout pour les articulations distales ou peu mobiles. Certaines interventions réalisées précocement sur des lésions traumatiques ou congénitales arthrogènes peuvent limiter l’évolution de l’arthrose. Les indications chirurgicales dépendent, lors de formes débutantes, de la nature de la lésion génératrice d’arthrose, et lors d’arthrose avancée, de la localisation de l’articulation considérée et de la taille de l’animal. Ainsi, une entorse grave du grasset ou du jarret, une sub-luxation de la hanche est chirurgicalement stabilisée. Une articulation très mobile ne supporte pas une arthrodèse, surtout si elle est proximale, alors qu’une articulation peu mobile intertarsienne ou distale phalangienne la tolère mieux. Un chien de petite taille ou un chat a une récupération convenable, avec une résection
Tableau 1- Les options du traitement chirurgical lors d’arthrose appendiculaire [9] Traitement
Articulation
●
Épaule
1ère option
2e option
en développement
- Traitement arthroscopique - Débridement, nettoyage,
- Arthrodèse - Résection-arthroplastie
- Greffe de chondrocytes
- Arthrodèse
- Prothèse
- Arthrodèse
-
-
- Prothèse (grands chiens) - Résection arthroplastie
- Résection arthroplastie - Dénervation
- Utilisation de cellules
- Arthrodèse
- Prothèse
- Traitement arthroscopique
- Arthrodèse
-
- Amputation doigt
- Arthrodèse P1-P2
-
synoviectomie, resurfaçage ●
Coude
- Traitement arthroscopique - Débridement, nettoyage,
et matrice
2 Ostectomie intertrochantérienne chez un chien Radio ventro-dorsale pré et post-opératoire immédiat (photos E. Viguier).
Essentiel ❚ Les indications chirurgicales dépendent de la nature de la lésion génératrice d’arthrose dans les formes débutantes, et de la localisation de l’articulation considérée et de la taille de l’animal en cas d’arthrose avancée. ❚ La technique du débridement augmente l’effet bénéfique du lavage articulaire, en éliminant le cartilage altéré.
synoviectomie, resurfaçage ●
●
Carpe Hanche
(petits chiens et chats) ●
Grasset
- Traitement arthroscopique - Débridement, nettoyage,
CANINE - FÉLINE
progénitrices
synoviectomie, ostéotomie ●
Jarret
●
Phalanges
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline OCTOBRE / NOVEMBRE 2007 - 283
P 46-50 Ostéotomie bassin BAT V2
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geste chirurgical la triple ostéotomie du bassin
Esteban Pujol Bernard Bouvy
chez le chien
Centre hospitalier vétérinaire de Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
Objectif pédagogique ❚ Connaître la technique de la triple ostéotomie du bassin, savoir sélectionner les animaux pour obtenir de bons résultats.
Technique chirurgicale décrite il y a une vingtaine d’années, la triple ostéotomie du bassin est préconisée pour traiter certains jeunes chiens dysplasiques. Quels sont les résultats obtenus avec cette technique, notamment par rapport à l’apparition d’arthrose ?
L
Essentiel ❚ La triple ostéotomie du bassin permet de traiter les chiens immatures avec signes cliniques d’instabilité coxo-fémorale et sans signes radiographiques d’arthrose. ❚ Lors de dysplasie, le défaut de congruence entre le fémur et l’acétabulum provoque une augmentation des charges sur le rebord acétabulaire dorsal qui s’accompagne souvent : - d’une réaction inflammatoire ; - d’une synovite ; - d’une ostéoarthrite ; - d’une douleur évolutive ; - d’une boiterie. ❚ La triple ostéotomie du bassin (T.O.B.) est indiquée principalement chez les jeunes chiens entre 5 et 12 mois.
a dysplasie coxo-fémorale canine est une maladie progressive du développement, qui affecte un grand nombre de jeunes chiens de races différentes. Cette maladie débute par une laxité articulaire qui progresse vers la formation d’arthrose. ● Elle a un fort déterminisme génétique, mais est aussi influencée par des facteurs environnementaux comme la nutrition et l’exercice, qui peuvent être utilisés pour traiter l’animal de façon conservatrice*. ● La triple ostéotomie du bassin (T.O.B.) est une technique chirurgicale destinée à traiter des chiens immatures qui présentent des signes cliniques d’instabilité coxofémorale mais sans signes radiographiques d’arthrose. Elle doit permettre une amélioration fonctionnelle et, dans l’idéal, un ralentissement de la progression de l’arthrose. ● Les résultats de cette technique dépendent en grande partie du bon recrutement des candidats. ● Après les rappels de biomécanique (encadré 1), les indications, la sélection des candidats, la technique chirurgicale, et les complications sont détaillés. Les résultats, en particulier par rapport à l’arthrose, sont rapportés. LES CRITÈRES DE SÉLECTION
CANINE - FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 290 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
● Un diagnostic précoce de dysplasie canine exige une bonne vigilance clinique et l’appréciation de données obtenues par la palpation de la hanche, par un examen radiographique complet et, dans la pratique courante des auteurs, par arthroscopie (encadré 2). ● L’analyse de ces variables permet de réaliser un état des lieux précis de l’articulation, et par conséquent, de proposer un traite-
46
1
Radiographie permissive. - Arthrose discrète à nulle - Cotyle bien creusé (photo CHV Frégis).
ment adapté aux besoins individuels. Selon notre expérience, une sélection des chiens affectés peut améliorer sensiblement les résultats cliniques et les chances de contrôler l’arthrose. COMMENT SÉLECTIONNER LES CANDIDATS ● La triple ostéotomie du bassin (T.O.B.) est indiquée principalement chez les jeunes chiens entre 5 et 12 mois, même si une T.O.B. chez un chien plus âgé qui remplit les prérequis est toujours envisageable. L’âge n’est pas un critère absolu, mais plus la détection de la dysplasie est précoce, plus il y a de chances que les conditions de sélection soient remplies. ● Le candidat idéal à une triple ostéotomie du bassin : - ne doit pas présenter de signes d’arthrose (ou très discrets), ni de comblement du cotyle à la radiographie ; - ne doit pas avoir une pente acétabulaire fonctionnelle élevée (angle de subluxation inférieur à 10-15º) ; - doit, dans l’idéal, avoir des cartilages et un labrum peu ou pas abîmés.
NOTE * cf. les articles dans ce numéro : de D. Fau, D. Remy et J.-P. Genevois dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline N°33 : - “Nutrition : Comprendre les effets du surpoids sur l’arthrose” de L. Yaguiyan-Colliard ; - “Le traitement hygiénique de l’arthrose chez le chien et le chat” de T. Cachon et J.-P. Genevois.
P 51-53 Ostéotomie plateau tibial BAT V2
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geste chirurgical l’ostéotomie de nivellement du plateau tibial chez le chien Figure - Test de Henderson ou test
L’ostéotomie de nivellement du plateau tibial (T.P.L.O.) est une des techniques chirurgicales, dites osseuses, qui permet de réparer une rupture de ligament croisé chez le chien. Plus qu’une tendance, elle constitue une technique de choix.
de compression tibiale (d’après Slatter)
Appui
Objectif pédagogique ❚ Connaître les principes et les résultats de la T.P.L.O., en particulier sur l’évolution fonctionnelle et lésionnelle de l’arthrose.
Poussée tibiale crâniale lors de la flexion du jarret
T.P.L.O. dite de Slocum sont exposés, ainsi que les résultats escomptés, en particulier par rapport à l’arthrose. LES TECHNIQUES LIGAMENTAIRES Les techniques “classiques” de reconstruction ligamentaire ont pour but d’immobiliser le genou durant au moins 2 à 3 mois, de sorte qu’une fibrose périarticulaire se développe et soit efficace pour le stabiliser à long terme (élimination du signe du tiroir). ● Chez le chien, ces techniques ne permettent pas de recréer un substitut de ligament croisé antérieur (L.C.A.) aux propriétés mécaniques physiologiques. ●
Encadré 1 - La biomécanique du genou chez le chien ● Le ligament croisé antérieur (L.C.A.) est le stabilisateur du genou le plus important chez le chien. Il empêche également le mouvement de translation crâniale du tibia par rapport au fémur, ainsi que la rotation interne du tibia. ● Le L.C.A. est aussi un stabilisateur passif du genou, rôle qu’il partage avec le ligament croisé postérieur et les ligaments collatéraux. ● La stabilité du grasset est un mécanisme dynamique, qui prend en compte les ligaments, la masse musculaire et la géométrie osseuse. Ces trois éléments permettent, quand les forces sont en équilibre, de stabiliser le genou. ● Cette intégration dynamique de la stabilité du genou canin explique l’émergence de techniques “osseuses” plutôt que ligamentaires pour pallier l’incompétence du L.C.A.
Centre hospitalier vétérinaire de Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
Les condyles fémoraux glissent et propulsent le plateau tibial crânialement
L
es ruptures de ligament croisé antérieur (L.C.A.) sont diagnostiquées dans un contexte majoritairement dégénératif, l’arthrose est déjà présente au moment du diagnostic. C’est une cause très fréquente de boiterie canine, en particulier chez les chiens de grand format (> 20 kg) ou en surpoids. ● La technique de réparation idéale devrait à la fois stabiliser durablement le genou et limiter les conséquences fonctionnelles et lésionnelles de l’arthrose. Selon une enquête personnelle (Bouvy 2005), plus de 80 p. cent des praticiens européens spécialisés (diplomates E.C.V.S. (European College of Veterinary Surgery)) favorisent l’une ou l’autre des techniques d’ostéotomie par rapport aux techniques ligamentaires dites “classiques” pour atteindre ces objectifs. ● Après des rappels biomécaniques (encadré 1), les principes et la technique de
Esteban Pujol Bernard Bouvy
La poussée tibiale crâniale est une conséquence physiologique de l’anatomie du grasset du chien, caractérisé par la présence d’une pente tibiale importante (24º en moyenne chez le chien). Les condyles fémoraux glissent et propulsent le plateau tibial crânialement lors de l’appui (figure a). ● Le test de Henderson (test de compression tibiale) met en évidence cette poussée tibiale crâniale lors de la flexion du jarret avec le membre en position physiologique (figure b). Il permet de diagnostiquer, même précocement, une rupture de L.C.A. partielle ou totale [5, 15]. ● La poussée crâniale tibiale est neutralisée passivement par le L.C.A. et les ménisques. Lors de rupture de L.C.A., le ménisque médial pivote avec le tibia et peut finir par s’abîmer à cause du passage cyclique du condyle fémoral. ●
1
Radiographie médiolatérale : elle permet de mesurer l’angle du plateau tibial. - Une ligne droite est tracée entre le centre du talus jusqu’au centre des tubercules intercondyliens du tibia. - L’angle du plateau est calculé en fonction de cette ligne (photo CHV Frégis).
CANINE - FÉLINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline OCTOBRE / NOVEMBRE 2007 - 295
P 54-58 Arthrose chat BAT V2
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conduite à tenir
diagnostique et thérapeutique face à l'arthrose chez le chat
Didier Fau Jean-Pierre Genevois Unité de chirurgie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique ❚ Connaître les signes cliniques de l’arthrose chez le chat, pour la diagnostiquer et assurer une prise en charge adaptée. Définitions ❚ L'arthrose est une affection des diarthroses (articulations synoviales), caractérisée par l'altération du cartilage articulaire, la formation d'ostéophytes, le remodelage osseux, notamment sous la forme d'une densification de la plaque sous-chondrale. ❚ Ces lésions s'accompagnent de modifications des tissus périarticulaires et d'un certain état d'inflammation chronique [3].
❚ La dégénérescence est caractérisée par un ou plusieurs des signes suivants : ostéophytes, enthésiophytes, sclérose souschondrale, remodelage osseux, épaississement de la capsule articulaire, gonflement des tissus mous, et présence de calcifications dans les tissus mous articulaires ou périarticulaires.
Essentiel ❚ Chez le chat, l'expression clinique de l'arthrose est fruste et atypique. ❚ Les signes de l’arthrose sont : - un poil terne ; - des griffes très longues - une diminution de l’activité.
FÉLINE
Chez le chat, l'arthrose est une affection plus fréquente qu'on ne le pense. Elle passe souvent inaperçue, car peu d'animaux atteints présentent des signes cliniques. Des sauts moins fréquents et moins hauts doivent attirer l'attention du propriétaire. Ces signes ne sont pas spécifiques. Ainsi, le diagnostic doit-il être confirmé par examen radiographique, et éliminer d'autres affections chez le chat âgé.
Ostéophytes de l’angle crânio-acétabulaire
Densification du sourcil acétabulaire
“L’
homme existe, je l'ai rencontré” fait dire Raymond Devos à Dieu, dans l’un de ses sketches. L'arthrose du chat existe également puisque l'Homme, dans sa variété vétérinaire, l'a rencontrée et en a fait, au fil des publications, des descriptions de plus en plus fréquentes au cours de ces dernières années. Il est vrai que l'expression clinique de l'arthrose chez le chat, à la fois fruste et atypique, et sensiblement différente de celle du chien, est responsable d'une sousévaluation de sa fréquence. ● Alors que les Français utilisent sans distinction les termes "dégénérescence articulaire" et "arthrose", les auteurs anglo-saxons distinguent les deux termes (cf. définitions). Si cette distinction est acceptée, l'arthrose appartient au complexe "dégénérescence", mais ne peut pas concerner les articulations vertébrales, pour l'essentiel non synoviales. ● L'objectif de cet article est d'attirer l'attention sur les signes cliniques de cette affection, de façon à la rechercher, à la diagnostiquer et à en assurer une prise en charge adaptée pour que le chat retrouve une vie aussi proche que possible de la normale. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES L'importance de l'arthrose est sûrement sous-évaluée alors que différentes études, par examen rétrospectif des radiographies de chats présentés dans des cliniques ou
●
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 298 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
1
Arthrose des hanches (secondaire à une dysplasie coxo-fémorale) (photo D. Fau).
54
Ostéophytes de la tête et du col du fémur
des universités, semblent montrer qu'elle est loin d'être négligeable. Des données chiffrées ● Sur 218 dossiers étudiés, Clarke trouve 74 cas (33,9 p. cent) de signes de dégénérescence articulaire, y compris les images de dégénérescence présentes sur les articulations du squelette axial [2]. La fréquence des animaux affectés est de 16,5 p. cent si on se limite aux arthroses des articulations des membres. Godfrey trouve, quant à lui, des signes d'arthrose sur des radiographies d'articulations de 63 animaux sur 292 (soit 22 p. cent) [4]. ● À partir de ces études, il est possible de se faire une idée du profil des chats à risque.
Les facteurs de risque Aucune étude n'a permis de mettre en évidence de prédisposition de race ou de sexe. En revanche, l'arthrose apparaît nettement comme une affection des sujets âgés. Dans l’étude de Clarke et Bennet sur un échantillon de 28 chats arthrosiques, la moyenne d'âge est de 11 ans [3]. Godfrey constate également que la population de chats atteints est significativement plus âgée
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P 59 Principe carprofene BAT
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principe actif
le carprofène
L
e carprofène est un anti-inflammatoire non stéroïdien (A.I.N.S.) propre à la médecine vétérinaire. Sa bonne tolérance et son efficacité, notamment comme analgésique, en font aujourd’hui l’un des leaders du marché des A.I.N.S. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique
Par voie orale, la résorption du carprofène est rapide et complète. Le pic de concentration plasmatique est atteint en moins d’une heure. ● Comme tous les A.I.N.S., le carprofène est très fortement fixé aux protéines plasmatiques (plus de 98 p. cent). ● Sa distribution est surtout extracellulaire : son volume apparent de distribution est compris, selon les études, entre 0,12 et 0,22 l/kg, ce qui signifie que la molécule reste cantonnée au compartiment plasmatique et au secteur interstitiel. Cette notion doit cependant être nuancée, sinon l’efficacité du carprofène serait très faible, puisque ses cibles moléculaires sont intracellulaires. En effet, l’un des isomères du carprofène, le R-, prédomine dans le plasma et son volume de distribution est supérieur à celui de l’isomère S+. Le passage de la barrière hématoméningée est ainsi probablement plus marqué pour l’isomère R-, lui conférant une action centrale. ● Alors que la plupart des A.I.N.S. se concentrent dans les foyers inflammatoires, riches en protéines exsudatives, le carprofène chez le chien y atteint des concentra●
tions inférieures à celles du plasma, ce qui explique probablement son action antiinflammatoire périphérique modérée. ● La demi-vie d’élimination du composé est de l’ordre de 8 h chez le chien. Elle est beaucoup plus variable chez le chat (entre 9 et 49 h). ● Après quelques biotransformations hépatiques, l’élimination du carprofène se fait à plus de 80 p. cent dans la bile, et un cycle entérohépatique existe, d’où l’intérêt d’administrer du charbon en cas de surdosage, même quelque temps après l’ingestion. Pharmacodynamie Mécanisme d’action
Les A.I.N.S. bloquent la synthèse des prostaglandines, par inhibition des cycloxygénases (COX). ● Le carprofène se fixe avec une affinité légèrement supérieure sur les COX2 dans des tests in vitro sur des cellules canines. Son pouvoir d’inhibition des COX semble cependant très partiel aux concentrations tissulaires obtenues in vivo. Son mécanisme d’action principal reste donc actuellement en grande partie inconnu. ●
Action analgésique
Le carprofène se caractérise avant tout par une activité analgésique remarquable. ● Probablement imputable à l’isomère R-, l’analgésie résulte du passage de la barrière hématoméningée et d’une action centrale, même si le faible blocage des prostaglandines inflammatoires peut l’amplifier. ●
PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES chimique : 2-[6-chloro-9H-carbazol-2-yl]propanoic acid ● Dénominations communes internationales : Carprofène, carprofen ● Noms commerciaux* : Carprodyl®, Rimadyl F®, Rimadyl Injectable® ● Structure et filiation : Au sein des A.I.N.S., le carprofène fait partie de la sous-famille des acides arylpropioniques, à l’instar de l’ibuprofène, du kétoprofène ou du védaprofène. ● Caractéristiques : Comme la plupart des A.I.N.S., le carprofène est un acide faible liposoluble qui possède un pKa de 4,3. Comme le kétoprofène et le védaprofène, le produit commercialisé est un mélange
Marc Gogny Unité de Pharmacologie et Toxicologie ENV BP 40706 44307 Nantes cedex 03
Classe pharmacologique - Anti-inflammatoire non stéroïdien - Analgésique - Antipyrétique
Essentiel ❚ Le carprofène est doué d’une excellente action analgésique, probablement d’origine centrale. ❚ Il est indiqué dans le traitement de la douleur péri-opératoire, ainsi que chez le chien, dans l’accompagnement au long cours des animaux arthrosiques. ❚ Sa tolérance est généralement bonne. ❚ Ses effets indésirables sont les mêmes que pour tous les anti-inflammatoires non stéroïdiens (A.I.N.S.), mais restent limités dans les conditions normales d’emploi.
gestion Prix indicatif ❚ Le traitement oral quotidien d’un chien de 25 kg est d’environ : 0,39 € à 0,50 € H.T. (prix centrale).
Figure - Structure du carprofène
● Dénomination
H N COOH
Cl
de deux énantiomères S+ et R- qui ont des comportements pharmacocinétiques différents. La stabilité du carprofène est moyenne, et sa conservation à l’abri de la lumière est recommandée. L’exposition du produit à des températures supérieures à 25°C est déconseillée.
RUBRIQUE
NOTE * Plusieurs génériques ont reçu récemment une A.M.M. et sont commercialisés en France.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline OCTOBRE / NOVEMBRE 2007 - 303
P 61 Surpoids et arthrose BAT
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nutrition
comprendre
les effets du surpoids
sur l’arthrose
L’
LES EFFETS DU SURPOIDS LORS DE LA CROISSANCE La croissance est une période essentielle qui conditionne toute la vie de l’animal. Par rapport aux besoins de l’adulte, l’apport de
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Unité de nutrition E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex
Objectif pédagogique
L’obésité est désormais considérée comme une maladie. À ce titre, elle est directement responsable de trouble organique et peut également aggraver des affections telles que l’arthrose. obésité constitue un risque majeur pour les maladies orthopédiques, particulièrement chez le chien, plus encore chez le chiot de grande race en raison de sa croissance importante et rapide [9]. La prévalence de surpoids et d’obésité est en constante augmentation tant chez l’Homme que chez les animaux de compagnie. Deux enquêtes réalisées à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort en 2003 et 2006 constatent que 38,8 p. cent des chiens et 26,8 p. cent des chats qui venaient en consultation de vaccination étaient en surpoids ou obèses [3, 4]. Le surpoids se définit comme un poids supérieur au poids idéal. Au-delà d’un surpoids de 15 p. cent, on parle d’obésité. Ainsi, un Labrador qui doit peser 28 kg est obèse à 32 kg (photo 1). ● En quoi l’alimentation peut-elle être une aide et faire partie intégrante de la prise en charge de l’arthrose ? L’intervention nutritionnelle se résume principalement par une gestion de la vitesse de croissance des chiens de grand format, et par une lutte contre le surpoids et l’obésité. ● Après une présentation des effets du surpoids lors de la croissance, les relations entre le surpoids et l’arthrose sont abordés dans cet article. En revanche, les compléments nutritionnels proposés en accompagnement de la prise en charge de l’arthrose ne sont pas traités. Même si certains d’entre eux montrent des propriétés intéressantes et semblent prometteurs, ils sont souvent l’objet d’études contradictoires ou d’études in vitro [1, 2].
Laurence Yaguiyan-Colliard
❚ Savoir reconnaître et lutter contre le surpoids pour limiter l’arthrose et ses manifestations cliniques.
1
Palpation des côtes pour évaluer le surpoids d’un chien. Les côtes doivent être facilement palpables par un mouvement d’avant en arrière, et ce, sans pression des doigts (photo C. Jourdain de Muizon).
tous les nutriments doit être augmenté chez le jeune. ● La croissance s’apprécie par l’augmentation de la hauteur au garrot (croissance staturale) et du poids (croissance pondérale). Ces deux paramètres sont déterminés génétiquement. Cependant, la vitesse de croissance et du gain pondéral sont directement liées à l’apport énergétique : un apport énergétique excessif entraîne un surpoids. ● Dans les espèces à courte durée de vie (animaux de boucherie), la vitesse de croissance maximale est souvent recherchée pour augmenter les gains de production. Ce n’est pas le cas du chien. - Des études ont montré une corrélation entre la vitesse de croissance, le développement et l’aggravation de troubles ostéoarticulaires tels que l’ostéochondrose ou la dysplasie de la hanche [5, 15, 16]. En effet, la croissance musculaire est plus tardive que la croissance osseuse : c’est visible sur les chiots en état corporel normal. Un Dogue allemand de 7 mois est ainsi normalement osseux et peu musclé. - Ce n’est qu’après le pic de croissance, entre 6 mois (grand format) et 8 mois (race géante) que la masse musculaire se développe, contribuant à la stabilité du squelette. Or, une articulation instable, soumise à un excès de contraintes causées par un excédent de poids, a toutes les chances de subir des lésions (photo 2). - Une vitesse de croissance modérée est donc recherchée, que ce soit pour les chiens de grande race et de race géante,
2
Le chat en surpoids souffre également d’arthrose, même si les manifestations cliniques sont moins évidentes que chez le chien (photo L. Yaguiyan-Colliard).
Essentiel ❚ La croissance s’apprécie par l’augmentation de la hauteur au garrot et du poids. ❚ Une articulation instable, soumise à un excès de contraintes causées par un excédent de poids, a toutes les chances de subir des lésions. ❚ L’apport énergétique doit être adapté au format et à l’âge de l’individu.
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline OCTOBRE / NOVEMBRE 2007 - 305
P 64-66 NAC - Retention foetale ratte BAT V2
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N.A.C.
observation originale
un cas de rétention fœtale chez une rate
Anne Gogny Francis Fiéni Service de reproduction des animaux de compagnie E.N.V.N. Atlanpole - La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3
Après examen clinique et diagnostic échographique, une intervention chirurgicale est réalisée sur une rate qui présente une rétention fœtale.
Objectif pédagogique ❚ Diagnostiquer et traiter les cas de rétention placentaire.
U
ne rate âgée d’un an et demi est présentée en consultation pour des pertes hémorragiques vulvaires observées depuis 3 jours. L'animal, obèse, présente en outre une baisse de l'appétit (photo 1). La rate vit en semi-liberté dans un appartement, avec un mâle introduit depuis environ 2 mois. Elle n'a jamais présenté d'affection et n'a jamais eu de portée. EXAMEN CLINIQUE
L'examen clinique général ne montre rien d'anormal, si ce n’est l’abattement de l’animal. La palpation abdominale met en évidence une masse d'environ 5 cm sur 2, de consistance ferme, présente en région abdominale caudale, et plutôt excentrée vers le côté droit. ● L'examen de la vulve montre des petites pertes hémorragiques, mais il est surtout remarqué une structure pendulaire molle, de couleur sombre, en région vulvaire. À l'extraction, cette structure s'avère être le cordon ombilical d'un placenta discoïde. Bilan clinique ●
2
L'échographie montre une structure hyperéchogène en S. Il s'agit de la colonne vertébrale d'un fœtus.
Motif de consultation ❚ Pertes hémorragiques vulvaires observées depuis 3 jours.
- L'animal présente une masse abdominale en région abdominale caudale et des pertes hémorragiques vulvaires. - Un placenta a été extrait de son vagin.
Hypothèses diagnostiques
HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES
❚ Une rétention fœtale. ❚ Une infection puerpérale. ❚ Une gestation extra-utérine.
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 308 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
La 1re hypothèse à envisager est une rétention fœtale, compte tenu de la présence d'un mâle dans l'environnement de la rate et de la prolificité naturelle de cette espèce, qui met bas une moyenne de 10 ratons par portée (de 8 à 14 petits) [7]. En effet, l'existence d'une masse abdominale associée à des pertes sanguines d'origine vaginale suggèrent une mise bas partielle. Ceci est confirmé par l'extraction d'un placenta lors de l'examen clinique. La femelle a probablement dévoré les nouveau-nés dès leur naissance, ce qui expliquerait que la propriétaire n'ait rien noté.
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La rate, âgée de 1 an et demi, présente un abattement marqué (photos A. Gogny).
Les autres affections possibles sont une infection utérine puerpérale ou une gestation extra-utérine. Ce dernier trouble a été observé chez le rat, avec une implantation de l'embryon dans l'omentum, et chez le chinchilla et le hamster, sous la forme d'une gestation ectopique associée à une gestation utérine [3, 5, 6]. ●
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES L'examen complémentaire de choix est l'échographie abdominale. Les images obtenues permettent de conclure à la présence d'un fœtus (photo 2). ● L'absence de pulsations cardiaques révèle la mort du produit. Les mesures échographiques montrent que le raton est proche du terme. Ceci correspond aux conclusions de la palpation abdominale, qui permettait de sentir une masse de 5 cm sur 2. Bilan des examens complémentaires ●
- L'animal présente une rétention fœtale, avec un fœtus mort. - Il n'est pas possible à ce stade de savoir si la gestation est utérine ou ectopique.
TRAITEMENT L'extraction chirurgicale du fœtus, par césarienne ou par ovario-hystérectomie peut être effectuée. Ce dernier choix est retenu selon le choix de la propriétaire, qui souhaite stériliser l'animal, et en raison de l'état général altéré de la rate. Remarque : l'espérance de vie du rat, de 3 à 4 ans chez le mâle, et souvent proche de 2 ans pour la femelle, aurait pu constituer une limite à ce choix (encadré). ●
P 68-71 Obs clinique uvéo-cutané BAT V2
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un syndrome uvéo-cutané chez un Berger allemand
Stéphanie Margaillan1 Didier Pin2 Olivier Jongh3 1 Clinique vétérinaire de Dromel 13009 Marseille 2 Unité de Dermatologie, 3 Service d’ophtalmologie, E.N.V.L. 69280 Marcy l’Étoile
Cette observation présente un syndrome uvéo-cutané ; l’équivalent chez l’Homme est le syndrome de Vogt-Koyanagi-Harada, il s’exprime classiquement par l’association de troubles dermatologiques et oculaires. Ce syndrome est une 1re publication chez un Berger allemand.
Objectif pédagogique ❚ Savoir reconnaître un syndrome uvéo-cutané et le traiter.
Motif de consultation ❚ Épiphora bilatéral, chéilite, dermatose de la face et du scrotum
U
Hypothèses diagnostiques
Essentiel ❚ L’association de troubles oculaires et dermatologiques évoque un syndrome uvéo-cutané ou une leishmaniose.
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observation clinique
observation originale
❚ Syndrome uvéo-cutané ou syndrome de Vogt-Koyanagi-Harada. ❚ Leishmaniose. ❚ Lupus cutané. ❚ Lupus érythémateux systémique. ❚ Pemphigus foliacé. ❚ Pemphigus érythémateux. ❚ Vitiligo.
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n chien Berger allemand mâle de 6 ans, est référé à la consultation de l’École vétérinaire de Lyon pour un épiphora bilatéral, une chéilite et une dermatose du scrotum. ● L’animal est vermifugé deux fois par an avec l’association pyrantel-praziquantel (Drontal®) et ses derniers rappels datent de de 3 ans (rappel CHPPiLR). Il vit en appartement, sans congénère et est nourri avec une alimentation industrielle sèche. De nombreux voyages dans le Midi sont rapportés par les propriétaires. ● Trois semaines auparavant, il a été vu par son vétérinaire traitant pour un épiphora bilatéral et un prurit facial évoluant depuis 2 à 3 jours. L’état général du chien était bon. Une hyperhémie conjonctivale était visible. L’examen dermatologique montrait la présence d’une chéilite et d’un épaississement de la peau du scrotum, sans érythème. ● Aucune amélioration n’a été observée après le traitement suivant : - chlorure de benzalkonium et bleu de méthylène (Ocryl®) ; - framycétine et dexaméthasone (Fradexam®) ; - applications locales de prednisolone et de chloramphénicol (Cortanmycétine®) sur les babines et le scrotum. EXAMEN CLINIQUE L’état général est bon. La palpation abdominale ne révèle aucune anomalie. ● ●
RUBRIQUE
Examen cardio-respiratoire L’examen de l’appareil cardiovasculaire met en évidence des muqueuses roses, un temps
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 312 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
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Dépigmentation et dépilation des paupières et uvéite (photo D. Pin - Unité de dermatologie E.N.V.L.).
de remplissage capillaire inférieur à 2 s, une fréquence cardiaque de 100 batts/min avec un pouls fémoral bien frappé et concordant. ● La courbe et l’auscultation respiratoires ne montrent aucune anomalie. Examen ophtalmologique ● La fonction visuelle est conservée : le comportement de l’animal en milieu inconnu et en lumière atténuée est normal. Le clignement à la menace est présent sur les deux yeux et les réflexes pupillaires, direct et consensuel, sont normaux. ● Une dépilation et une dépigmentation des paupières, ainsi qu’une hyperhémie conjonctivale sont observées (photo 1). Le test de Schirmer est de 19 mm à gauche et de 20 mm à droite. ● La cornée perd de sa transparence sur le bord latéral de l’œil gauche. ● Les iris, droit et gauche, ont un aspect irrégulier, boursouflé, terne. ● Un phénomène de Tyndall et un hyphéma modéré sont observés au sein de la chambre antérieure de l’œil droit. ● Des synéchies antérieures entraînent un retard à la dilatation de la pupille. ● À l’examen du fond d’oeil, des lésions de choriorétinite sont visibles de façon bilatérale. ● Une légère hypotension oculaire a été constatée, mesurée au Tonopen®. L’examen ophtalmologique permet donc de conclure à une dépilation et une dépigmentation des paupières associées à une uvéite, antérieure et postérieure, bilatérale.
P 74-77 Management affections articulaires
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les outils disponibles
pour le diagnostic et le traitement Roger Mellinger1 Jean-François Bardet2 1 Clinique vétérinaire 149, route de Guentrange 57100 Thionville 2 Clinique vétérinaire 32, rue Pierret 92200 Neuilly-sur-Seine
des affections articulaires
quand et comment les utiliser ? L’approche des affections articulaires a largement bénéficié du développement des techniques médicales. Les moyens d’actions disponibles permettent de proposer des solutions efficaces à tous les âges, et concernent une large gamme de services : sélection, alimentation, dépistage précoce, diagnostic, traitements, … La maîtrise du coût de revient est un élément fondamental pour garantir une gestion saine de notre activité.
Objectif pédagogique ❚ Connaître les matériels qui permettent un meilleur contrôle des affections articulaires.
Essentiel ❚ Utiliser toutes les techniques de diagnostic disponibles en choisissant les plus adaptées au cas considéré. ❚ Les principaux progrès résultent de la mise au point d’instruments et d’implants réduisant le traumatisme chirurgical.
Scanner axial du coude de la photo 1 montrant l’arthrose sévère et le remaniement du coude avec présence d’un processus coronoïde détaché associé à des ostéophytes. Vue tridimensionnelle du coude de la photo 1 mettant en évidence les remaniements arthrosiques sévères, le processus coronoïde et l’ostéophyte de grande taille bourgeonnant sur la face crâniale de la tête du radius proximal.
L
es moyens diagnostiques et thérapeutiques disponibles ont considérablement changé nos possibilités et par conséquent, notre offre de services. L’exploration de la complexité anatomique et fonctionnelle des articulations a notamment bénéficié des progrès de l’imagerie médicale. La connaissance des aspects physiopathologiques des affections articulaires a par ailleurs profité des recherches en nutrition, biomécanique, immunologie, anatomopathologie, pharmacologie, …
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Vue médio-latérale d’un coude très arthrosique permettant de visualiser un ostéophyte de très grande taille sur la tête du radius en partie crâniale, ainsi que sur le rebord dorsal du processus anconé (photos J.- F. Bardet).
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 318 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
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APPROCHE DIAGNOSTIQUE L’imagerie médicale ● Encore prépondérante, la radiographie conventionnelle était, jusque récemment, la seule technique d’imagerie disponible. Ses possibilités sont cependant limitées par la projection de structures anatomiques tridimensionnelles sur un espace bidimensionnel, ainsi que par le faible contraste de l’image des tissus mous. ● Les techniques d’imagerie par tomodensitométrie (scanner), résonance magnétique (IRM), arthroscopie, et échographie, apportent une alternative intéressante dans de nombreux cas (photos 1, 2, 3). ● Les indications et les avantages des différentes techniques d’imagerie sont présentées dans le tableau 1. L’évolution des différentes approches au fil des progès et des connaissances est proposée dans le tableau 2.
La physiopathologie L’expression clinique de nombreuses affections articulaires est relativement équivoque, elle ne permet pas toujours d’aboutir à un diagnostic précis, car des facteurs étiologiques très différents entraînent des processus physiopathologiques avec, in fine, des symptômes comparables. ● La rupture du ligament croisé antérieur, qui représente une dominante de la pathologie articulaire chez le chien, est un bon exemple de la nécessité de ne plus aborder cette affection sous son seul aspect lésionnel, puisque son origine n’est pas uniquement traumatique mais qu’elle a aussi des causes biomécaniques (pente tibiale), médicales (Cushing, diabète, obésité, …). La prise en considération de ces aspects trouve des applications dans la prévention, le choix du traitement chirurgical, le pronostic. ● Les techniques d’immunologie, de P.C.R., d’histologie permettent de mieux étudier les causes non traumatiques des affections articulaires ●
APPROCHE THÉRAPEUTIQUE ● Le respect de la fonction articulaire et son rétablissement rapide s’accordent
P 78 Fiche prothèses BAT V2
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les prothèses comment les utiliser ?
Éric Viguier Service de chirurgie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
quels résultats ?
Objectif pédagogique
La prothèse articulaire permet de retrouver la mobilité tout en supprimant la douleur arthrosique. En médecine vétérinaire, la prothèse de hanche est utilisée depuis plus de 30 ans. Les prothèses de coude et de genou sont apparues récemment et se développent dans les centres spécialisés.
❚ Connaître les différents types de prothèses.
à propos des prothèses cimentées ou non ❚ La 1ère prothèse cimentée “de Type Richard” puis, des prothèses cimentées modulaires ont été réalisées (photo). Olmsteadt a posé 2600 prothèses cimentées depuis 27 ans. - Les résultats sont très honorables, les complications sont minimales et diminuent avec l’expérience du chirurgien. - Les prothèses cimentées s’adaptent plus facilement aux variations anatomiques, le manteau de ciment optimisant l’ajustage. - Elles sont nombreuses sur le marché et sont toujours les solutions de recours quand les autres prothèses ne peuvent pas être implantées. - Lors d’infection, elles sont difficiles à gérer en raison de la présence du ciment difficile à retirer [2]. - Les prothèses non cimentées impactées sont plus techniques concernant le choix et la pose. Elles se fixent solidairement grâce à leur profil adapté dans une chambre calibrée, forée dans le fémur proximal. Puis, de l’os se forme et s’engage contre et dans un revêtement surfacique adapté.
L
Références 1. Conzemius M. Elbow replacement VOS Symposium Proc, 33th annal Conf 2006;49-50. 2. Cook JL, Payne JT. Surgical treatment of osteoarthritis, Vet Clin North Am Small Anim Pract. 1997;27(4):931-44. 3. Innes J, Pettitt R, Comerford E, coll. Total knee replacement for dogs. Vet Rec. 2007;(3)160(9):312. 4. Marcellin-Little DJ. BFX cimentless canine total hip arthrosplasty VOS Symposium Proc 33th annal Conf 2006;101-2. 5. Olmsteadt M, Hohn B, Turner T. technique for canine total hip replacement. Vet Surg 1981;10(1):4-9. 6. Peck J. The Kyon Hip experience VOS Symposium Proc 33th annual Conf 2006;99-100.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 322 - OCTOBRE / NOVEMBRE 2007
a technique de pose de la prothèse de hanche a été parfaitement codifiée au début des années 1980 [5]. Pour les chiens de grande et de moyenne taille, c’est la procédure de sauvetage recommandée. Les résultats sont excellents (> 95 p. cent). Les performances sont encore améliorées par la conception de profils mieux adaptés, de dispositifs de fixation plus sûrs et de techniques de pose affinées. ● Les prothèses coxo-fémorales sont toutes constituées d’une tige fémorale prolongée par une tête fémorale s’articulant dans un cotyle prothétique, fixé directement ou non dans l’acétabulum. La conception des prothèses a évolué. En devenant modulaires, elles s’adaptent mieux aux tailles des chiens et aux dimensions des différentes parties osseuses : longueur et diamètre du fût fémoral, longueur du col fémoral, diamètre de la tête de fémur, dimension et profondeur du cotyle. Des prothèses uniques et sur mesure, dimensionnées à la géométrie de la hanche obtenue par scanner, ont été réalisées chez le chien. ● Les prothèses peuvent être cimentées ou non. Les prothèses cimentées ont été les premières à être implantées. Développées depuis 15 ans, les prothèses non cimentées sont commercialisées depuis quelques années. En 2005, 2500 prothèses non cimentées avaient été posées. ● Des prothèses avec dispositifs de vissage de la tige fémorale ont été développées à Zurich par le Pr. Montavon pour éviter l’usage du ciment et assurer d’emblée une fixation solide. Sur une série de 200 prothèses implantées, on relève 15 p. cent de complications, dont les descellements cupulaire et
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Prothèses de hanche cimentée posées chez un chien. (Porte-vet ND) (photo E. Viguier).
Les prothèses non cimentées [1, 4] ●
Avantages
- Biocompatibilité augmentée - Moins de matériel implanté - Ancrage osseux de qualité - Traumatismes endostés moins agressifs - Temps chirurgical diminué - Pas de complication liée au ciment
●
Inconvénients
- Fissures fémorales - Fractures lors de la pose
fémoral, luxation, casse de l’implant et fracture fémorale [6]. ● Outre les prothèses coxo-fémorales, des prothèses de coude et de genou sont aussi implantées. - Lewis a réalisé, en 1995, la première pose de prothèse de coude contrainte, modèle à charnière responsable de nombreuses complications. - Vasseur crée ensuite un modèle à plusieurs compartiments, qui est abandonné. - Conzemius développe une prothèse à deux compartiments. Sur une série de 20 chiens opérés pour arthrose, 16 ont une amélioration significative de la fonction un an après la pose, trois présentent des complications sérieuses ; l’état d’un des chiens ne s’est pas amélioré [1]. Ce type de prothèse, cimenté ou non, est actuellement proposé par une société américaine. Sur 22 hôpitaux aux États-Unis utilisant ce type de prothèse, 80 à 85 p. cent obtiennent de bons résultats. Les complications des prothèses de coude sont la luxation latérale, les fractures de l’olécrane et l’infection [1]. ● Des prothèses de genou ont aussi été développées récemment [3]. Elles sont encore en essais cliniques. ❒
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imagerie spécialisée structure de coûts Philippe Baralon
et conséquences stratégiques
L
e développement des techniques performantes d'imagerie en médecine vétérinaire pose des questions techniques, relatives à la compétence et à l'équipement, mais aussi économiques. Faut-il s'attendre à une diffusion large de ces équipements, ce qui ravirait les fournisseurs, ou au contraire, vont-ils se concentrer dans des centres spécialisés travaillant sur des animaux référés par des cliniques non équipées ? Si la radiologie est désormais presque universelle, si l'échographie simple se répand vite et largement, qu'en sera-t-il de la radiologie numérique, de l'échographie élaborée, de la tomodensitométrie ou de l'IRM ? DEUX TYPES DE COÛTS : FIXES ET VARIABLES
Comme toute activité, l'imagerie mobilise des ressources qui génèrent schématiquement deux types de coûts : des coûts fixes et des coûts variables [1]. ● Les coûts fixes, comme leur nom l'indique, ne varient pas en fonction de l'activité1. En matière d'imagerie, ces coûts sont importants : construction et/ou aménagement d'un local dédié, équipement d'imagerie lui-même, sans oublier l'effort de formation continue. Appelons "configuration
technique", l'ensemble de ces ressources ; une fois la configuration technique acquise, les coûts supportés par l'entreprise sont les mêmes, que l'équipement d'imagerie fonctionne une fois par semaine ou plusieurs fois par jour. ● Les coûts variables, au contraire, évoluent linéairement en fonction de l'activité2. C'est très clairement le cas pour les consommables, mais ils sont généralement peu coûteux en imagerie. ● La situation de la main d'œuvre, vétérinaire spécialisé, infirmier et opérateur, exige un examen plus approfondi. Elle est souvent considérée comme un coût variable car les professionnels requis, bien que disposant de compétences spécialisées, ne se consacrent pas exclusivement à l'imagerie : ils peuvent le faire progressivement, au fur et à mesure du développement de l'activité. Cependant, pour les technologies très élaborées, comme la tomodensitométrie ou l'IRM, la spécialisation du personnel de lecture et d'interprétation est souvent telle qu'il devient pertinent de considérer le coût afférent comme fixe. ● Cette option est légitime dans le cas d'un hôpital vétérinaire de taille significative disposant d'un service d'imagerie totalement spécialisé.
Phylum BP 17530 31675 Labège Cedex
Objectif pédagogique ❚ Comprendre la structure de coût d'une activité d'imagerie spécialisée, en déduire les principes d'une stratégie de développement de ce métier.
NOTES 1 En
réalité les coûts fixes ne le sont que dans une plage d'activité donnée : par exemple, au-delà d'un certain nombre d'images par jour, un 2e équipement devient nécessaire. 2 La linéarité des coûts variables constitue une approximation d'une réalité plus complexe : par exemple, le temps de lecture et d'interprétation peut varier en fonction du niveau d'activité sous l'effet de l'expérience. 3 Il ne s'agit que d'un exemple dénué de valeur normative.
Tableau - Exemple de coûts fixes d'une unité spécialisée de tomodensitométrie en fonction du niveau d'activité Configuration technique 1
1
1
1
Équivalent temps plein vétérinaire imageur
0,5
1
1,5
2
●
Équivalent temps plein opérateur
0,5
1
1,5
2
●
Nombre d'actes maximal / an
750
1 500
2 250
3 000
●
Nombre d'appareils
●
Coûts annuels H.T. en €
Nature des postes de coûts ●
Locaux dédiés (25
5 000 €
5 000 €
5 000 €
5 000 €
●
Location de l'équipement
25 000 €
25 000 €
25 000 €
25 000 €
●
Maintenance de l'équipement
25 000 €
25 000 €
25 000 €
25 000 €
●
Technicien
20 000 €
40 000 €
60 000 €
80 000 €
●
Imageur spécialisé
50 000 €
100 000 €
150 000 €
200 000 €
●
Formation continue
2 500 €
2 500 €
5 000 €
5 000 €
●
Divers (assurance, entretien)
2 500 €
2 500 €
2 500 €
2 500 €
130 000 €
200 000 €
272 500 €
342 500 €
Total
m2)
Essentiel ❚ Le développement de services d'imagerie spécialisé avec une équipe dédiée engage presque exclusivement des coûts fixes. ❚ Le niveau d'activité détermine la rentabilité de l'imagerie spécialisée.
MANAGEMENT
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline OCTOBRE / NOVEMBRE 2007 - 323
P 81 Test clinique Q BAT
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test clinique les réponses
Vincent Segalini1 Jonathan-Paul Mochel2
un tératome ovarien chez une chienne Boxer 1 Quel est votre diagnostic ? ● La présence d’une masse hétérogène de 5 cm de diamètre, visible à l’échographie, qui peut être un ovaire, laisse suspecter un processus tumoral ou un kyste ovarien. Les kystes ovariens ou para-ovariens peuvent être très volumineux et facilement confondus avec des structures tumorales à l'échographie. L'âge de cette chienne orienterait vers ce diagnostic en première approche. ● L’aspect macroscopique laisse supposer que cette tumeur est un tératome ovarien. L’examen cytologique par ponction à l’aiguille fine du kyste après exérèse, accompagnée d’une coloration de May-GrunwaldGiemsa, décrit la présence de polymorphonucléaires neutrophiles dégénérés, de rares poils et de quelques grandes cellules épithéliales polygonales assimilées à des kératinocytes (photos 3, 4). La confirmation de cette hypothèse est apportée par examen histologique de la pièce d’exérèse. 2 Comment qualifier le comportement biologique de ces tumeurs ? ● Les tératomes sont les tumeurs de cellules germinales les plus différenciées. Elles représentent 13 p. cent des tumeurs ovariennes de la chienne et peuvent associer des tissus d’origine ectodermique (follicules pileux, glandes sébacées), mésodermique (cartilage, dent, os, muscle squelettique) et endodermique (épithéliums respiratoire et digestif) (photo 5) [1]. Si un tératome peut être bénin ou malin, selon certains auteurs, 85 p. cent des tératomes ont un caractère malin [4]. À l’instar des adénocarcinomes, les tératocarcinomes présentent un fort pouvoir de dissémination métastatique, notamment à l’étage viscéral (carcinomatose péritonéale) (30 à 50 p. cent des cas, en fonction des études). Les métastases peuvent aussi se retrouver dans les poumons, le médiastin antérieur et l'os [2]. ● Pour des raisons mal identifiées, ces tumeurs se développent le plus souvent en lieu et place de l’ovaire gauche, et atteignent des animaux plus jeunes (âge moyen : 4 ans) que les autres tumeurs spontanées de l’ovaire (âge moyen : entre 10 et 14 ans) [5]. 3 Quels symptômes y sont associés ? ● Les tératomes ovariens sont exceptionnellement hormono-secrétants.
1 Service
de reproduction animale des animaux de compagnie E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex 2 Service
La majorité des observations cliniques recensées traduit en revanche une affection de type dynamique : gêne mécanique (“effet masse”) occasionnée par une atypie tissulaire de croissance rapide (qui peut aller jusqu’à 14-16 cm par an). La constitution d’un 3e secteur (liquide d’ascite) est la conséquence d’un défaut de retour veineux par compression, ou d’un envahissement métastatique de la cavité péritonéale (voire de l’épiploon), compliqué ou non de péritonite aseptique. ● Sont également décrits : une hyperthermie, une boiterie, des difficultés respiratoires, un pica et une diarrhée [1, 3]. 4 Quelle démarche thérapeutique adoptez-vous ? ● Face au caractère fréquemment malin de ce type de tumeur, nous préconisons son exérèse complète, associée à une analyse histologique de confirmation. ● Toute hypothèse de tératome ovarien suppose le retrait concomitant de l’utérus souvent modifié et de l’ovaire controlatéral [1]. ● Dans ce cas, comme l’animal est destiné à la reproduction et n’affiche aucune anomalie utérine ni ovarienne controlatérale objectivable par échographie, l’exérèse unilatérale de la gonade tumorisée (hémi-ovariectomie) est pratiquée. Tant que le diagnostic de certitude n'est pas établi, il convient de manipuler les tissus avec précaution lors de l'intervention, pour ne pas favoriser la dissémination d'éventuelles cellules cancéreuses [1]. Dans ce cas, il aurait été judicieux de pratiquer une analyse histologique extemporanée, pour accréditer du caractère bénin de la tumeur. ● L’analyse histologique conclut à la présence d’un tératome ovarien, dominé par une forte différenciation ectodermique (épiderme et annexes pilosébacées), associée à la présence de dérivés mésodermiques (derme, tissu adipeux et amas lymphoïde de type ganglionnaire) organisés en structures fonctionnelles. Aucune cellule tumorale maligne n’est objectivée (ce qui a permis de ne pas réintervenir pour pratiquer l’hémiovariohysterectomie). ● Gravide quelques mois plus tard, la lice a mis bas d’un chiot parfaitement sain. ❒ ●
3
Cytoponction de la masse retirée.
4
Tératome ponctionné entièrement et contenu liquidien.
5
Tératome ouvert avec contenu ectodermique (photos Service de reproduction, E.N.V.A.).
Références 1. Buff S. Reconnaître et traiter les tumeurs de l’appareil génital chez la chienne Le Nouveau Praticien Vét canine féline 2006;30:287-92. 2. Diez Bru N, Garcia Real I, Martinez EM, coll. Ultrasonographic appearance of ovarian tumors in 10 dogs Vet. Radiol. Ultrasound 1998; 39(3):226-33. 3. Nagashima Y, Hoshi K, Tanaka R, coll. Ovarian and retroperitoneal teratomas in a dog J. Vet. Med. Sci. 2000;62(7):793-5. 4. Patnaik AK, Greenlee PG. Canine ovarian neoplasms: a clinicopathologic study of 71 cases, including histology of 12 granulosa cell tumors Vet. Pathol. 1987;24:509-14.
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