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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°36 - JANVIER / MARS 2008

DOSSIER : LES MALADIES RÉNALES CHRONIQUES CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT

Couv NPC 36

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gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

N°36 JANVIER FÉVRIER MARS 2008 revue de formation à comité de lecture Actualité Cas de rage en France : du Maroc à la Seine-et-Marne en passant par …

LES MALADIES RÉNALES CHRONIQUES

DOSSIER

LES MALADIES RÉNALES CHRONIQUES

CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT De nombreuses maladies rénales peuvent aboutir à une insuffisance rénale chronique. Les connaître, les identifier permet de mieux apprécier les conséquences qu’elles entraînent et d’adapter le traitement …

Management et entreprise Reportage - Des cliniques vétérinaires aux États-Unis : trois modes d’exercice en Floride Comment utiliser ces modèles en France

- Comment reconnaître les affections rénales responsables d’insuffisance rénale chronique chez le chien - La classification IRIS des maladies rénales chroniques des carnivores domestiques - Comment réaliser un diagnostic des maladies rénales chroniques asymptomatiques - Les maladies rénales chroniques : choix, intérêt et interprétation des examens complémentaires - Imagerie médicale La place de l’imagerie médicale dans le diagnostic des affections rénales chroniques - Imagerie médicale La biopsie rénale : intérêt et limites - Conduite thérapeutique dans les affections rénales chroniques

Féline - Particularités des affections rénales chroniques dans l’espèce féline - Diagnostic et traitement de l’hypertension artérielle systémique chez le chat

Rubriques - Nutrition - Comment adapter le régime alimentaire lors d’une insuffisance rénale chronique - Chirurgie - Conduite à tenir devant une luxation traumatique de la hanche - NAC - Les hémoparasites chez le furet, les rongeurs, les reptiles, les amphibiens et les poissons


NP 36 Sommaire

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N°36 JANVIER FÉVRIER MARS 2008

sommaire Éditorial par Dominique Péchereau Test clinique - Une lésion unilatérale de l’œil gauche : tubulopathie liée à une leptospirose Colette Arpaillange Actualités - Cas de rage en France : du Maroc à la Seine-et-Marne en passant par… Bernard Toma

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DOSSIER

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LES MALADIES RÉNALES CHRONIQUES

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CANINE - FÉLINE - Comment reconnaître les affections rénales responsables d’insuffisance rénale chronique chez le chien Christelle Maurey-Guenec - La classification IRIS des maladies rénales chroniques des carnivores domestiques Hervé P Lefebvre, Jean-Louis Pouchelon - Comment réaliser un diagnostic des maladies rénales chroniques asymptomatiques chez le chien et le chat Brice Reynolds, Catherine Layssol-Lamour, Cathy Trumel, Hervé P. Lefebvre - Les maladies rénales chroniques : choix, intérêt et interprétation des examens complémentaires Mélanie Pastor, Marion Hugonnard - Imagerie médicale - L’imagerie médicale dans le diagnostic des affections rénales chroniques chez le chien et le chat Laurent Marescaux - Imagerie médicale - La biopsie rénale : intérêt et limites Colette Arpaillange, Jérôme Abadie, Arnaud Dorizon - Conduite thérapeutique dans les affections rénales chroniques chez le chien et le chat Dominique Péchereau

chez le chien et le chat

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FÉLINE - Particularités des affections rénales chroniques dans l’espèce féline Christelle Maurey-Guenec - Diagnostic et traitement de l’hypertension artérielle systémique chez le chat Jean-François Serres, Valérie Chetboul, Carolina C. Sampedrano, Vassiliki Gouni, Jean-Louis Pouchelon

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RUBRIQUES - Nutrition - Comment adapter le régime alimentaire lors d’une insuffisance rénale chronique chez le chien et le chat Lucile Martin - Chirurgie - Conduite à tenir devant une luxation traumatique de la hanche chez le chien et le chat Jean-Guillaume Grand, Stéphane Bureau - NAC - Les hémoparasites chez le furet, les rongeurs, les reptiles, les amphibiens et les poissons Didier Boussarie

59 Souscription d’abonnement en page 86

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CANINE - FÉLINE

MANAGEMENT ET ENTREPRISE

FÉLINE

- Des cliniques vétérinaires aux États-Unis : trois modes d’exercice en Floride Christophe Hugnet

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Test clinique - Les réponses

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Tests de formation continue - Les réponses

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RUBRIQUE MANAGEMENT

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JANVIER/ MARS 2008 - 467


PP 4 Test clinique questions

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gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)

test clinique

une lésion unilatérale de l’œil gauche chez un chien Husky

U

Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)

Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)

Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Francis Fieni (Reproduction, E.N.V.N.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Odile Sénécat (Médecine interne, E.N.V.N.) Etienne Thiry (Virologie, Liège) Patrick Verwaerde (Anesthésie, E.N.V.T.) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray

n chien Husky mâle de 13 ans est présenté à la consultation pour une lésion unilatérale de l’oeil gauche qui évolue depuis une quinzaine de jours (photo 1). ● L’examen révéle un myosis, un blépharospasme et un légère microphtalmie qui se traduisent par une procidence discrète de la membrane nictitante. L’œil droit est parfaitement normal. La cornée présente un point d’impact hémorragique (photo 2). ● Le test à la fluroscéine est négatif. La sécrétion lacrymale est normale. Ces signes évoquent une uvéite d’origine probablement traumatique en raison du caractère unilatéral et de la présence d’une lésion cornéenne. ● Les propriétaires rapportent une augmentation de la quantité de boisson depuis 2 mois. Un examen des urines est réalisé. Les urines sont de couleur claire. Leur densité est basse (1.014). La bandelette révèle la présence de glucose.

Médecine des carnivores E.N.V N. Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 Nantes Cedex 03

1 Fax, chien Husky mâle de 13 ans.

1 Quel est votre diagnostic ?

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

2 Quelles sont les hypothèses diagnostiques et les examens complémentaires à effectuer en priorité ?

Directeur de la publication

3 Comment interpréter ces premiers résultats ?

Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 28 €, U.E. : 30 € Tarifs d’abonnement : voir p. 86 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1012 T 80121 I.S.S.N. 1637-3065

comité de lecture

Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des Lions Sainte Marie des Champs - BP 14 - 76191 YVETOT Cedex

Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 468 - JANVIER / MARS 2008

Colette Arpaillange

4

Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Isabelle Bublot, Samuel Buff, Stéphane Bureau, Claude Carozzo, Eddy Cauvin, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Guillaume Chanoit, René Chermette, Valérie Chetboul,

Bernard Clerc, Cécile Clercx (Liège), Laurence Colliard, Laurent Couturier, Jack-Yves Deschamps, Armelle Diquelou, Olivier Dossin, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Didier Fau, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot,

2

Aspect de l’œil gauche (photos Médecine E.N.V.N.).

4 Quelle hypothèse diagnostique retenez-vous alors ? Quelles sont les hypothèses étiologiques ? Réponses à ce test page 84

Dominique Grandjean, Jean-François Guelfi, Laurent Guilbaud, Philippe Hennet, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Claude Petit,

Xavier Pineau, Luc Poisson, Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin.


PP 7 Edito

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éditorial La force nouvelle de la néphrologie vétérinaire est de regrouper ses compétences pour confronter les points de vue, les expériences afin de permettre à chacun d’entre nous d’apporter les soins les plus adaptés ...

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e numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline est consacré aux maladies rénales chroniques et non à l’insuffisance rénale chronique. Ce choix est bien plus que sémantique, il est le reflet fidèle de l’évolution de la néphrologie canine et féline depuis plusieurs années, et indique les prémices de son futur. De nombreuses maladies rénales peuvent en effet, aboutir à une insuffisance rénale chronique, les connaître, les identifier permet de mieux apprécier les conséquences qu’elles entraînent et d’adapter le traitement. Et, classique confirmation, néphrologie canine et féline révèlent, au fil des pages, similitudes et différences. Le diagnostic différentiel initial consiste à essayer de déterminer si le malade a une atteinte glomérulaire, tubulaire, interstitielle sur la base de l’examen clinique, de l’analyse d’urine, de l’évaluation de la protéinurie et d’examens de biochimie plasmatique. Pour affiner le diagnostic et le pronostic, le clinicien aura aussi recours à des analyses sérologiques, à la mesure de la pression artérielle, à des examens d’imagerie médicale comme l’échographie, voire le scanner, l’I.R.M., la scintigraphie et à la biopsie rénale. Mais pour quelles raisons ferions-nous autant de recherches diagnostiques et ne pas nous satisfaire du diagnostic d’insuffisance rénale chronique ?

Dominique Péchereau Clinique Vétérinaire 55, avenue Jean Mermoz 64000 Pau

La néphrologie vétérinaire, et c’est là sans doute sa force nouvelle, a su depuis une dizaine d’années regrouper ses compétences pour confronter les points de vue, les expériences afin de permettre à chacun d’entre nous d’apporter les soins les plus adaptés. Deux exemples illustrent cette évolution : les travaux du groupe I.R.I.S.* (L’International Renal Interest Society ), et plus récemment, la création d’un groupe d’études sur les biopsies rénales sous l’égide de la W.S.A.V.A. L’I.R.I.S. (www.iris-kidney.com) qui est composé d’un groupe international d’experts reconnus par tous. Ces experts ont établi une classification de l’insuffisance rénale à l’instar de celle qui est appliquée chez l’Homme. Cette classification que vous retrouverez dans ce numéro, nous donne des stades de gravité et des facteurs péjorants comme l’hypertension artérielle et la protéinurie. Elle permet de parler le même langage, de pouvoir comparer les études publiées et de les analyser avec justesse, afin d’établir un socle commun pour les recherches futures. On voit “apparaître” un stade I, stade initial au cours duquel le tissu rénal est endommagé par une affection primaire mais dont les mécanismes rénaux compensateurs masquent à la fois le mécanisme causal et ses effets sur l’animal (il est cliniquement sain !). La notion de dépistage précoce est enfin reconnue et valorisée. Elle laisse entrevoir des traitements précoces, une véritable prévention. Cette notion, vous la retrouverez dans différents articles de ce numéro.

Le 1er prix éditorial 2007

NOTE * cf article ”La classification IRIS des maladies rénales chroniques des carnivores domestiques” de H-P Lefebvre et J-L Pouchelon p. 14.

Le deuxième projet, après de longues discussions, vient de naître, simultanément en Amérique du nord, en Asie et en Europe. Il consiste en l’étude systématique de biopsies rénales avec recours à l’histologie classique mais aussi à l’immunofluorescence et à la microscopie électronique par des laboratoires de référence. En Europe, le laboratoire de référence est celui de l’université d’Utrecht. Il devrait permettre, comme cela a été le cas en hépatologie, non seulement d’interpréter les biopsies de la même façon, en fournissant dans quelques années un guide de lecture, mais aussi d’accroître les informations obtenues. Ceci devrait donc permettre de mieux comprendre les mécanismes lésionnels rénaux et, par là même, d’envisager des traitements plus ciblés. L’autre avancée de la néphrologie, c’est la publication récente d’études cliniques, souvent multicentriques, permettant de mieux connaître les facteurs de risque, qui sont repris dans la classification I.R.I.S., mais aussi de juger de la véritable efficacité des différents traitements à notre disposition. Vous le constaterez, elles ont servi de socle aux auteurs pour vous fournir des informations tout à fait actualisées, et analysées avec justesse. La notion d’une prise en charge individualisée sur des bases reconnues par tous se dessine ainsi… Comme pour beaucoup d’autres spécialités médicales, la néphrologie se nourrit du partage des connaissances et de la mise en commun des énergies.

C

e numéro a été conçu en essayant d’être fidèle à ses principes, en espérant que vous vous joindrez à la communauté des passionnés du ”rein”, pour procurer une longue ❒ vie aux chiens et aux chats insuffisants rénaux

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JANVIER / MARS 2008 - 471


PP 8-9 Actualite rage

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actualité

cas de rage en France du Maroc à la Seine-et-Marne en passant par …

Bernard Toma Service maladies contagieuses E.N.V.A 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Des enquêtes policères, des vaccinations en masse d’enfants dans les écoles, ... Pour tirer les premières leçons de ce nouvel épisode de rage canine en France lié au Maroc, il est d’abord nécessaire de résumer les faits connus à ce jour (3 mars 2008) avant d’en commenter les implications.

C

as de rage en France, du Maroc à la Seine-et-Marne : ce titre ne permet pas de savoir si le mot “cas” est au singulier ou au pluriel. En fait, il faut sans doute considérer qu’il s’agit d’un pluriel, même si la preuve matérielle définitive ne pourra probablement pas être apportée, à cause de l’élimination des cadavres.

Le 1er prix éditorial 2007

LES FAITS ● Pour faire simple, nous allons résumer les faits essentiels apparemment certains, en laissant de côté d’innombrables détails dont la récolte semble avoir été difficile et dont la véracité est incertaine. ● Le diagnostic de rage a été porté sur une chienne dénommée Cracotte, le 26 février 2008, par l’Institut Pasteur de Paris. Le lendemain, le typage génétique du virus permettait à l’Institut Pasteur d’affirmer qu’il s’agissait d’un lyssavirus de génotype 1, de type Africa 1 et provenant du Maroc. ● Cracotte, chienne malade et ayant mordu un enfant, avait été euthanasiée en Seineet-Marne le 19 février. Elle n’a apparemment jamais mis les pattes au Maroc. Il fallait donc qu’une enquête en amont essaie d’élucider le lien entre Cracotte et le Maroc. Cela semble être chose faite épidémiologiquement, même si non virologiquement démontrable. ● Un 1er chien, en provenance de France, séjourne au Maroc de janvier à octobre 2007, en bénéficiant apparemment d’une grande liberté. Il rentre en France en octobre, malade, en passant par l’Espagne et le Portugal. Il est vu par un vétérinaire à Auch début novembre et euthanasié le 12 novembre 2007 (sans recherche de rage).

Les cas de rage canine ces dernières années - 2001 : un chien importé du Maroc ; - 2002 : un chien importé du Maroc ; - 2004 : de janvier à août, deux chiens importés du Maroc et un qui en revenait. du Maroc ; - 2007-2008 : de novembre à février, trois chiens dont un revenait du Maroc.

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 472 - JANVIER / MARS 2008

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Il a été en contact, entre autres, avec un 2e chien qui tombe malade au début du mois de janvier 2008, mord (?) et est euthanasié en Seine-et-Marne le 5 janvier, sans recherche de rage. Ce 2e chien a vécu pendant plusieurs semaines avec Cracotte qui tombe malade et doit être euthanasiée le 19 février. ●

LES COMMENTAIRES ● Il est probable que la chaîne épidémiologique citée ci-dessus (premier chien, deuxième chien, Cracotte) corresponde à la réalité de la transmission du virus rabique marocain à un chien (Cracotte) n’ayant pas quitté l’Hexagone. ● Ceci signifie que deux cas de rage canine seraient demeurés méconnus en France en 2007-2008, avant qu’un 3e cas, identifié lui, permette d’en soupçonner l’existence. ● Les conséquences d’une telle situation sont diverses et inquiétantes : - la 1ère est qu’en l’absence d’identification des deux premiers cas de rage, des personnes éventuellement contaminées n’ont pas pu être prises en charge, et bénéficier d’un traitement antirabique. Il est possible qu’aucune personne n’ait réellement été contaminée par les deux premiers cas de rage, mais dans le cas contraire, l’efficacité d’un traitement appliqué 2 à 4 mois après une contamination est plus qu’hypothétique ; - la 2e est que d’autres animaux aient pu être contaminés par les deux premiers cas de rage. L’enquête en cours devrait permettre de le démontrer ou de le suspecter et, par la suite, de mettre en œuvre des mesures supprimant le risque correspondant ; - la 3e est que la France risque de perdre son statut de pays indemne de la rage au sens de l’Office international des épizooties (O.I.E.), puisque des cas de rage à transmission locale (deux au minimum) ont été enregistrés (ou soupçonnés). ● Cette situation conduit à s’interroger sur les raisons qui ont pu amener deux confrères à “passer à côté” d’une suspicion de rage et à euthanasier des chiens sans envisager cette hypothèse. De tout temps, on sait que l’expression clinique de la rage, notamment chez le chien, est polymorphe, l’adage “Rien n’est rage, tout est rage” étant bien connu. ● Dans la lutte contre cette zoonose majeure


PP 10-13 Affections renales chien

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comment reconnaître les affections rénales

responsables d’insuffisance rénale chronique

Christelle Maurey-Guenec E.N.V.A. Service de médecine 7, avenue du général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectif pédagogique ❚ Connaître la démarche étiologique, le traitement et le pronostic en fonction de la néphropathie suspectée.

Le 1er prix éditorial 2007

Essentiel ❚ Un rapport PU/CU élevé (> 0,5) persistant en l’absence de signes d’inflammation du tractus urinaire évoque d’abord une atteinte glomérulaire. ❚ La présence d’une hypertension artérielle systémique chez le chien est fréquemment associée à des atteintes glomérulaires.

CANINE - FÉLINE

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chez le chien Les néphropathies chroniques peuvent être classées en fonction de la localisation des lésions morphologiques. Des éléments sémiologiques permettent d’orienter le clinicien au quotidien.

L’

insuffisance rénale chronique est une maladie fréquente chez les carnivores domestiques. Elle est le plus souvent observée chez les sujets âgés, mais elle s’observe aussi chez des animaux jeunes et est alors le plus souvent secondaire à des malformations rénales qui peuvent conduire rapidement à une altération majeure de la fonction rénale. L'insuffisance rénale chronique est la conséquence d'une réduction du nombre de néphrons fonctionnels, en raison de l'évolution d'une néphropathie progressive et irréversible qui atteint classiquement les deux reins. ● Les néphropathies chroniques sont irréversibles (à la différence des néphropathies aigues possiblement réversibles), et souvent évolutives ; elles peuvent provoquer une insuffisance rénale chronique mais pas toujours. ● Les néphropathies peuvent atteindre les différents segments du néphron : les glomérules (glomérulopathie), les tubules (tubulopathie), le tissu interstitiel de soutien rénal (néphropathie interstitielle) et/ou les vaisseaux (néphropathie vasculaire). ● Des éléments sémiologiques peuvent orienter le clinicien sur la localisation préférentielle de la néphropathie. Ainsi, une importante albuminurie (normalement non filtrée) est fortement évocatrice d’une glomérulopathie. ● Certaines néphropathies, le syndrome de Fanconi par exemple, peuvent entraîner des modifications importantes de l’homéostasie (par exemple, une glycosurie sans hyperglycémie), mais elles sont très rarement responsables de l’apparition d’une insuffisance rénale chronique [1]. Un article fait état de la durée de survie des animaux atteints de Fanconi en comparaison à des animaux sains et démontrent que les ani-

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1

Test à l’acide sulfosalicylique à 5 p. cent, mélange volume à volume avec l’urine. - L’intensité de la turbidité est corrélée à la quantité de protéines (photo C. Maurey-Guenec).

Tableau 1 - Causes d’affections rénales chroniques [6] Congénitale ou familiale (tableau 4) Acquise 1. Infectieuse ● Leptospirose

● ●

Pyélonéphrite Leishmaniose

2. Glomérulonéphrites 3. Amyloïdose 4. Néoplasie (atteinte bilatérale) ● Lymphome ● Cystadénocarcinome ● Néphroblastome ● Métastases bilatérales 5. Séquelles d’insuffisance rénale aiguë 6. Hydronéphrose bilatérale 7. Ischémie rénale 8. Hypercalcémie 9. Idiopathique

maux Fanconi vivent aussi longtemps que les autres [10]. ● Cet article traite principalement des néphropathies classiquement responsables de l’apparition d’une insuffisance rénale chronique (I.R.C.). Après avoir proposé une classification des principales néphropathies responsables d’une I.R.C., nous soulignons les conséquences sémiologiques d’une telle classification. COMMENT CLASSER LES MALADIES RÉNALES CHRONIQUES ● La classification des maladies rénales chroniques est en partie arbitraire (aucun consensus n’existe à ce sujet) car elle peut


PP 14-16 Classification IRIS

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la classification IRIS

des maladies rénales chroniques

Hervé P. Lefebvre1 Jean-Louis Pouchelon2

des carnivores domestiques

1Département

des Sciences Cliniques et UMR181 Physiopathologie et toxicologie expérimentales INRA E.N.V.T. 23 chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 03

2Unité

de Cardiologie d’Alfort et Unité Mixte de Recherche INSERM U841 E.N.V.A. 7 avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

Objectif pédagogique ❚ Connaître les principes de la classification I.R.I.S.

La classification I.R.I.S. des maladies rénales chroniques des carnivores domestiques crée quatre stades en fonction de la créatininémie, afin de faciliter la démarche diagnostique, pronostique et thérapeutique.

L

’International Renal Interest Society (I.R.I.S.) (www.iris-kidney.com), créée en 1998 et regroupant 19 experts* (l’I.R.I.S. Board) de 10 pays différents, a récemment proposé une classification des différents stades de l’insuffisance rénale chronique chez le chien et le chat. Cette classification a fait l’objet d’un consensus au sein de l’I.R.I.S. Board, ainsi que de modifications après discussion avec les sociétés européenne et américaine de néphrologie et d’urologie vétérinaires. Ces recommandations ont été récemment diffusées par la British Small Animal Veterinary Association [1].

Le 1er prix éditorial 2007

NOTE

Essentiel ❚ La classification n’est valable que pour les maladies rénales chroniques. ❚ La définition des stades repose sur la valeur de la créatininémie. ❚ L’évaluation de la protéinurie et de la pression artérielle systémique est nécessaire lors de maladies rénales chroniques.

● La classification I.R.I.S. s’est inspirée de celles utilisées en néphrologie humaine, mais avec des critères spécifiques vétérinaires. ● Elle a pour but de remplacer la terminologie utilisée jusqu’alors, qui ne reposait pas sur des définitions précises, les mêmes termes traduisant parfois des différences importantes selon les pays (exemple : renal failure et renal insufficiency) (tableau 1). ● Cet article présente la classification I.R.I.S. 2006, susceptible d’être révisée en fonction de la progression des connaissances. ● Cette classification n’est valable que pour l’insuffisance rénale chronique stable du chien et du chat, et ne peut être appliquée chez l’animal présentant une insuffisance rénale aiguë ou chronique décompensée. ● Elle a pour objectif principal d’aider le vétérinaire praticien dans la démarche diagnostique, pronostique et thérapeutique des maladies rénales chroniques des carnivores domestiques.

(Allemagne), Grauer G (USA), Heiene R (Norvège), Huttig A (Allemagne), Kosztolich A (Autriche), Lefebvre HP (France), Michell AR (GB), Mitten R (Australie), Polzin D (USA), Pouchelon JL (France), Santilli R (Italie), Watanabe T (Japon), Watson D (Australie).

* I.R.I.S. Board : Brown S (USA), Brovida C (Italie), Cotard JP (France), Cowgill L (USA), Elliott J (GB), Fernandez del Palacio MJ (Espagne), Gnass S

Tableau 1 - Classification 2006 des maladies rénales chroniques du chien et du chat de l’International Renal Interest Society Créatinine plasmatique Fonction rénale résiduelle*

Stade

1

2

CANINE - FÉLINE

3

4

Chien

Chat

Terminologie ancienne

Signes biologiques et cliniques, physiopathologie - Non azotémique - Possibilité d’inaptitude à concentrer les urines, de lésions rénales échographiques, …

Entre 100 et 33 p. cent

< 125 µmol/l (14 mg/l)

< 140 µmol/l (16 mg/l)

- Sujet à risque rénal ou asymptomatique

Entre 33 et 25 p. cent

125-179 µmol/l (14-20 mg/l)

140-249 µmol/l (16-28 mg/l)

- I.R.C.** débutante

- Azotémie légère - Développement de l’hyperparathyroïdisme et des déséquilibres hydro-électrolytiques

Entre 25 et 10 p. cent

180-439 µmol/l (21-50 mg/l)

250-439 µmol/l (29-50 mg/l)

- I.R.C.** urémique

- Azotémie modérée à sévère - Signes cliniques présents (ex. : gastrite urémique, anémie, …)

Moins de 10 p. cent

≥ 440 µmol/l (50 mg/l)

≥ 440 µmol/l (50 mg/l)

- I.R.C.** terminale

- Azotémie sévère - Signes cliniques sévères, crises urémiques

* Fonction rénale résiduelle : pourcentage de la fonction rénale normale (100 p. cent), mais seulement estimation conceptuelle ** I.R.C. : insuffisance rénale chronique. non fondée actuellement sur des preuves scientifiques. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 478 - JANVIER / FÉVRIER 2005

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PP 17-20 maladies asymptomatiques

17/03/08

20:18

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comment réaliser un diagnostic des maladies rénales chroniques asymptomatiques chez le chien et le chat

Le dépistage des maladies rénales chroniques asymptomatiques du chien et du chat représente une des difficultés majeures du diagnostic en néphrologie vétérinaire. Les méthodes diagnostiques doivent être mises en œuvre, en particulier chez l’animal à risque, mais leurs limites respectives doivent être bien connues.

E

❚ Connaître les méthodes diagnostiques du dépistage des maladies rénales chroniques asymptomatiques.

1

Échographie rénale : kystes envahissant l’intégralité du parenchyme rénal chez un chat. - Maladie rénale polylystique fortement suspectée (photo Département des Sciences Cliniques E.N.V.T.).

souvent asymptomatiques. Ces deux premiers stades, et notamment le stade 1, représentent une difficulté diagnostique pour affirmer ou infirmer la présence d’un déficit fonctionnel rénal [11]. ● Après avoir vu comment reconnaître un animal à risque rénal, nous indiquons comment identifier une maladie rénale chronique dès les stades 1 et 2. ●

COMMENT IDENTIFIER L’ANIMAL À RISQUE RÉNAL ET INFORMER LE PROPRIÉTAIRE ● Fréquentes chez les carnivores domestiques, les maladies rénales chroniques peuvent rester longtemps asymptomatiques.

Tableau 1 - Les principales affections rénales d’origine génétique Chien

Amyloïdose

- Beagle - Shar pei

- Bull terrier Atteinte - Cocker anglais de la membrane basale - Dalmatien - Doberman pinscher glomérulaire - Samoyède

Glomérulonéphrite

- Bouvier bernois - Bull mastiff - Épagneul breton - Rottweiler - Soft-coated Wheaten terrier

Maladie polykystique rénale

- Bull terrier - Cairn terrier - West highland white terrier

Département des Sciences Cliniques 1UMR181 Physiopathologie et Toxicologie Expérimentales, I.N.R.A. E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 03

Objectif pédagogique

n 2006, l’International Renal Interest Society (I.R.I.S.) a proposé une classification des maladies rénales chroniques en quatre stades, en fonction de la concentration plasmatique de créatinine [12].* ● Le stade 1 correspond à des chiens ou à des chats présentant un risque de développer une insuffisance rénale chronique, ou qui sont déjà insuffisants rénaux, mais qui ne présentent aucun signe clinique ou biologique. Ce stade 1 est une des originalités de cette classification. ● Le stade 2 comprend les sujets légèrement azotémiques, avec éventuellement des signes biologiques détectables (hyperphosphatémie par exemple), mais qui sont

Brice Reynolds Catherine Layssol-Lamour Cathy Trumel Hervé P. Lefebvre1

- Alaskan Malamute - Chien d’élan norvégien - Chow chow - Golden retriever - Lhassa apso - Schnauzer nain - Shih tzu - Boxer - Soft-coated Wheaten terrier - Caniche royal

Dysplasie rénale

Cystoadénocarcinome - Berger allemand multiple

Atteinte tubulaire - Basenji (syndrome de Fanconi) - Chien d’élan norvégien

Cystinurie

- Terre-Neuve - Mastiff - Labrador retriever - Bouledogue anglais

Amyloïdose

- Abyssin - Siamois

NOTE

Le 1er prix

éditorial 2007 * cf. l’article “La classification IRIS des maladies rénales chroniques des carnivores domestiques” de H. P. Lefebvre et J.-L. Pouchelon, dans ce numéro.

Essentiel ❚ La protéinurie est la variable urinaire indispensable à documenter. ❚ La créatininémie est la variable plasmatique nécessaire au dépistage et à la classification du stade. ❚ Le débit de filtration glomérulaire est le meilleur indicateur de la fonction rénale. ❚ La détection d’une protéinurie chez un chien ou un chat ne signifie pas qu’une maladie rénale est présente.

CANINE - FÉLINE

Chat ●

Maladie polykystique rénale

- Persan

- Oriental

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JANVIER / MARS 2008 - 481


PP 21-28 Examens complémentaires

17/03/08

19:54

Page 21

choix, intérêt et interprétation des examens complémentaires lors de maladies rénales chroniques Mélanie Pastor Marine Hugonnard

chez le chien et le chat Les examens complémentaires permettent d’évaluer les répercussions fonctionnelles des néphropathies chroniques, à différents stades d’avancement, pour une meilleure prise en charge. Le pronostic des maladies rénales chroniques diffère en effet, selon que le traitement est adapté ou non, et que sa mise en place est précoce ou non.

L

es examens complémentaires ont une place primordiale dans le diagnostic ou le suivi d’une maladie rénale. Ils sont utilisés en parallèle de l’évaluation clinique de l’animal. ● L’analyse d’urine est incontournable quelle que soit la nature et l’avancée de la maladie rénale. En revanche, les examens sanguins utilisés diffèrent selon que l’on souhaite établir un diagnostic précoce d’un dysfonctionnement rénal, ou encore ajuster le traitement d’un insuffisant rénal chronique. ● Dans cet article, les examens utiles pour le diagnostic précoce d’une maladie rénale chronique sont détaillés, car un dépistage précoce est essentiel pour instaurer rapide-

ment un traitement adapté susceptible de ralentir l’évolution de l’affection. LE DIAGNOSTIC D’UN DYSFONCTIONNEMENT RÉNAL Le terme “insuffisance rénale chronique” (I.R.C.) est classiquement défini par l’existence d’une azotémie sanguine chronique (urée et créatinine plasmatiques supérieures aux valeurs usuelles). Or, une azotémie n’existe qu’au delà de 75 p. cent de néphrons lésés. Le dysfonctionnement rénal se définit omme une atteinte isolée ou associée d’une ou plusieurs fonctions rénales (filtration glomérulaire, réabsorption tubulaire et fonction endcrine), quelle que soit son étendue. Aussi, un dysfonctionnement rénal n’est pas forcément synonyme d’insuffisance rénale, et une affection rénale c’est-à-dire l’existence de lésions rénales, n’évolue pas systématiquement vers un dysfonctionnement de l’organe (figure 1).

❚ Savoir choisir les examens complémentaires adéquats et les interpréter lors d’une maladie rénale chronique.

Le 1er prix éditorial 2007

Le diagnostic d’une insuffisance rénale chronique ● La reconnaissance d’une insuffisance rénale chronique (I.R.C.) est fondée sur la mise en évidence d’une azotémie, c’est-à-dire d’une valeur d’urée et d’une créatininémie plasmatiques supérieures aux valeurs usuelles.

en fonction de la réduction néphronique Pourcentage de réduction néphronique Stade terminal Insuffisance

?%

Objectif pédagogique

Figure 1 - Altération de la fonction rénale

75 %

Unité de Médecine Département Animaux de Compagnie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Etoile

Essentiel ❚ L’analyse d’urine est incontournable quelle que soit la nature et la gravité de la maladie rénale. ❚ Une densité urinaire basse, ou une protéinurie rénale persistante sont des indications précoces de dysfonctionnement rénal.

Dysfonctionnement Fonction rénale maintenue

CANINE - FÉLINE

Excréation rénale Concentration urinaire

Normale

Réduite sans azotémie

Normale

Altérée

Évolution de la fonction rénale Réduite avec azotémie Altérée

21

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JANVIER / MARS 2008 - 485


PP 29-33 Imagerie insuffisance renale

17/03/08

18:04

Page 29

l’imagerie médicale dans le diagnostic des affections rénales chroniques

Laurent Marescaux

chez le chien et le chat Parmi les techniques d’imagerie médicale, l’échographie est de loin celle qui présente le plus d’avantages par sa qualité, sa disponibilité et son coût, pour le diagnostic des affections rénales chroniques. Pour différencier les maladies des reins, il est souvent nécessaire de recourir aux prélèvements échoguidés. Les autres techniques (radiographie, scanner, scintigraphie) ont des indications particulières.

L

e diagnostic de l’insuffisance rénale chronique repose surtout sur des analyses sanguines et urinaires. ● L’imagerie médicale est cependant incontournable pour tenter d’identifier la cause de l’insuffisance rénale. ● Les différentes techniques d’imagerie médicale (radiographie, échographie, scanner et scintigraphie) apportent chacune des informations plus ou moins pertinentes. À notre connaissance, l’I.R.M. n’a pas montré d’applications particulières à ce jour dans l’évaluation des reins du chien et du chat ; c’est pourquoi nous n’abordons pas cette technique. ● Cet article présente surtout l’échographie, et évoque les autres techniques d’imagerie médicale : la radiographie et le scanner. LA RADIOGRAPHIE

La radiographie a perdu nombre de ses indications dans l’évaluation des reins. ● Sans contraste, cette technique permet souvent de détecter la présence de calculs rénaux qui peuvent provoquer des images parfois équivoques en échographie par la présence de cônes d’ombre en profondeur (photo 1). Avec des radiographies de bonne qualité, il est possible aussi de repérer des lithiases urétérales qui semblent de plus en plus fréquentes, en particulier chez le chat. ● Attention cependant, certains calculs sont

Oncovet Centre de Cancérologie Vétérinaire Avenue Paul Langevin 59650 Villeneuve d’Ascq

Objectif pédagogique ❚ Connaître les avantages et les inconvénients des techniques d’imagerie médicale dans le diagnostic des affections rénales chroniques. 1

Chienne, Caniche, 10 ans. - Radiographie de l’abdomen en incidence latérale, qui met en évidence des calculs rénaux et vésicaux de grande taille (photo L. Marescaux).

Calculs rénaux Calculs vésicaux

Le 1er prix éditorial 2007

Figure - Technique de l’urographie intraveineuse ●

Préparation de l’animal - Diète de 48 h - Lavement 3 à 4 h avant l’examen

Radio sans préparation - Latérale droite et ventrodorsale

Produit de contraste - Produit iodé (concentration de 350 à 380 mg d’iode par cc) - Posologie : 800 mg d’iode par kg

Essentiel ❚ Avec des radiographies de bonne qualité, il est possible de repérer des lithiases urétérales qui semblent de plus en plus fréquentes, chez le chat. ❚ L’échogénicité rénale augmente avec la fréquence ultrasonore et avec l’âge de l’animal, en particulier chez le chat.

2 cc/kg environ N.B. Chez l’animal insuffisant rénal, la posologie est augmentée (1200 à 1600 mg d’iode/kg) ●

Radio avec produit de contraste - T 0 : incidence ventrodorsale de l’abdomen - T 5 : incidences ventrodorsale et latérale droite, compression abdominale pendant 10 min - T 15 : incidences ventrodorsale et latérale droite, levée de la compression - T 25 : incidences ventrodorsale, latérale droite (et obliques) - (T 40 : incidences ventrodorsale et latérale droite)

peu radiopaques et l’absence de visualisation de calculs ne permet pas de les exclure de façon certaine. ● Cette technique permet aussi de détecter une néphromégalie mais sans en déterminer la nature [1]. ● L’urographie intraveineuse apporte quelques informations complémentaires (figure). Elle permet de visualiser le parenchyme rénal et peut mettre en évidence des territoires non fonctionnels dans le rein ou des déformations

29

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JANVIER / MARS 2008 - 493


PP 34-40 Biopsie renale

17/03/08

20:57

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imagerie médicale la biopsie rénale Colette Arpaillange1 Jérôme Abadie2 Arnaud Dorizon3

intérêt et limites

chez le chien et le chat

1

Unité de Médecine Interne Centre Hospitalier Vétérinaire 2 Unité d’Anatomie Pathologique 3 Unité d’Imagerie Médicale E.N.V.N Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03

Objectif pédagogique ❚ Savoir dans quels cas utiliser la biopsie rénale pour préciser un diagnostic ou une thérapeutique

Le

1er

prix

éditorial 2007

Essentiel ❚ Quelle que soit la technique de biopsie, l’échantillon obtenu ne doit concerner que le cortex rénal. ❚ Une pénétration plus profonde du trocard à biopsie augmente les risques d’hémorragie et de lésions secondaires (fibrose ou infarctus). ❚ La classification actuellement utilisée est celle de l’O.M.S. car il n’existe pas encore de classification anatomopathologique des néphropathies animales consensuelle.

Utilisée depuis de nombreuses années en médecine vétérinaire, la biopsie rénale s’est développée avec la généralisation des techniques d’échographie qui autorisent l’échoguidage des prélèvements percutanés. Les vétérinaires hésitent cependant à la pratiquer par craintes de complications, par manque de maîtrise du geste de prélèvement, mais aussi parce que le résultat est parfois décevant.

L

a biopsie rénale permet d’obtenir un échantillon de tissu rénal pour effectuer une analyse histopathologique. Cet examen est destiné à préciser le diagnostic lésionnel afin de formuler un pronostic et de proposer une thérapeutique plus ciblée. ● En médecine humaine, la biopsie rénale est un geste couramment pratiqué pour le diagnostic initial, comme pour le suivi en particulier dans le cadre d’une transplantation rénale. Chez l’Homme, la classification des lésions rénales est relativement consensuelle. Elle répond notamment aux objectifs principaux de la biopsie rénale : préciser le pronostic et affiner la thérapeutique. En médecine vétérinaire, ce n’est pas encore parfaitement le cas [3]. Dans des indications bien définies, la réalisation d’une biopsie rénale peut présenter toutefois un intérêt majeur. ● Afin de préciser l’intérêt et les limites de cet examen, nous avons choisi de recueillir les avis des trois intervenants : l’interniste, l’imageur et enfin le pathologiste. L'AVIS DE L'INTERNISTE

CANINE - FÉLINE

Les indications La biopsie rénale n’a d’intérêt que lorsque les résultats de l’examen histologique sont susceptibles de : - préciser le diagnostic de la maladie rénale et d’en déduire des choix thérapeutiques ; - donner des indications sur la progression ●

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 498 - JANVIER / MARS 2008

34

1

La biopsie rénale peut permettre de préciser le diagnostic de la maladie rénale et d’en déduire des choix thérapeutiques (photo C. Arpaillange).

probable des lésions et sur le pronostic, deux éléments susceptibles de peser sur le devenir de l’animal et d’influencer le conseil du clinicien et l’attitude du propriétaire ; - permettre le dépistage d’une maladie familiale héréditaire, et de donner des conseils génétiques dans un contexte d’élevage et de sélection des reproducteurs ● Dès lors, il convient de distinguer les situations où la biopsie rénale a un intérêt majeur, de celles où l’intérêt est plus discutable, et enfin, les cas où elle n’a aucun intérêt. Intérêt majeur

La biopsie rénale présente un intérêt majeur quand un diagnostic précis est susceptible de modifier la gestion du cas, ce qui se résume à quelques situations cibles : - les suspicions de glomérulopathies (protéinurie massive, syndrome néphrotique) ; - les insuffisances rénales aiguës ; - une suspicion de tumeurs. 1. Suspecter des glomérulopathies (protéinurie massive, syndrome néphrotique). Le traitement de ces affections peut varier selon les données de l’examen histologique. Ainsi, lors de glomérulonéphrite membraneuse, la présence probable de complexes immuns circulants justifie la prescription d’un traitement immunosuppresseur [8]. 2. Suspecter une tumeur - L’examen histopathologique permet d’établir le diagnostic de tumeur lors de néphromégalie ou de masse rénale, et de déterminer le type tumoral. - Le pronostic et les décisions thérapeutiques (néphrectomie, chimiothérapie) en dépendent. ●


PP 43-48 Therapeutique

17/03/08

21:47

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conduite thérapeutique dans les affections rénales chroniques Dominique Péchereau

chez le chien et le chat Outre l’approche nutritionnelle, sans nul doute incontournable dans le traitement des maladies rénales chroniques, le clinicien dispose d’autres thérapeutiques soit pour ralentir l’évolution inexorable de la maladie, soit pour améliorer la qualité de vie du chien ou du chat malade. Savoir les choisir permet d’accroître l’espérance de vie des malades.

L

es maladies rénales chroniques sont fréquemment rencontrées chez le chien ou le chat, en particulier chez les animaux âgés, certains estiment que plus de 30 p. cent des chats de plus de 15 ans présentent une insuffisance rénale chronique (I.R.C.) [13]. Alors que le pronostic d’une I.R.C. a été longtemps considéré comme sombre car la mort de l’animal survenait assez rapidement après son diagnostic, depuis quelques années, ce point de vue s’est largement modifié, en particulier chez le chat, si la prise en charge médicale est appropriée [5, 9]. ● L’approche thérapeutique de cette affection comprend trois axes principaux : - le traitement de la maladie causale lorsque celle-ci peut être identifiée ; - le ralentissement de l’évolution de l’I.R.C., comme la thérapeutique nutritionnelle, le contrôle de la protéinurie ou de l’hypertension artérielle ; - la prise en charge des complications : troubles digestifs, infections. ● Avant de mettre en œuvre un traitement, le premier objectif est de stabiliser l’animal malade en phase de décompensation (en particulier, lors d’insuffisance rénale aiguë pré ou post-rénale qui complique une I.R.C.), avec une hydratation correcte et stable. ● Une fois l’animal stabilisé, le classement du stade l’I.R.C. en fonction des critères définis par l’International renal interest society (I.R.I.S.) permet d’identifier les axes majeurs de traitement. Donner une alimentation adaptée, contrôler une éventuelle hypertension artérielle, une

Clinique Vétérinaire 55, avenue Jean Mermoz 64000 Pau

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les thérapeutiques lors d’insuffisance rénale chronique, avec un traitement “sur mesure” et une surveillance régulière. ❚ Discuter des facteurs associés à l’aggravation de l’I.R.C. et leur prise en charge.

1

Amyloïdose rénale chez un chien : dépôt de la substance amyloïde (colorée au rouge Congo), provoquant une distension importante du mésangium (photo D. Péchereau).

protéinurie ou une hyperparathyroïdie secondaire sont des éléments qui permettent de ralentir la progression d’une I.R.C. [1, 6, 9]. ● Dans tous les cas, le traitement est individualisé pour correspondre aux besoins de chaque animal. De plus, l’identification précoce et le traitement des complications (infections urinaires, déshydratation, hypokaliémie, gastropathie urémique) peut diminuer la morbidité et ralentir l’évolution de l’I.R.C.

Le 1er prix éditorial 2007

IDENTIFIER ET TRAITER LA MALADIE PRIMAIRE ● Lorsqu’une insuffisance rénale chronique est diagnostiquée chez un chien ou chez un chat, une cause primaire doit être recherchée, bien qu’elle soit souvent difficile à identifier (tableau 1). ● Chez le chien, il convient de rechercher une affection à prédisposition génétique (dysplasie rénale, glomérulonéphrite héréditaire, amyloïdose) (photo 1), des maladies parasitaires ou bactériennes (leishmaniose, ehrlichiose, borréliose, leptospirose, pyélonéphrite), une hydronéphrose, une maladie cardiaque, une ma-ladie à médiation immune, une lithiase rénale, la prise de médicaments, une hypercalcémie (photos 2, 3, 4), … ● Chez le chat, une maladie à prédisposition génétique polykystose rénale (P.K.D.) , une affection tumorale (lymphome), une pyélonéphrite, une péronite infectieuse féline (P.I.F), une hypertension artérielle (primaire ou secondaire), une lithiase rénale ou urétérale (de plus en plus fréquemment observée) sont des causes possibles (photo 5).

Essentiel ❚ L’identification précoce et le traitement des complications (infections urinaires, déshydratation, hypokaliémie, gastropathie urémique) peut diminuer la morbidité et ralentir l’évolution de l’I.R.C.

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CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JANVIER / MARS 2008 - 507


PP 51-53 Affections rénales chat

17/03/08

15:11

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les particularités

des affections rénales chroniques dans l’espèce féline L’insuffisance rénale chronique est très fréquente dans l’espèce féline. La néphrite tubulo-interstitielle est la lésion la plus fréquemment identifiée. Une classification des néphropathies chroniques permet de dégager des éléments sémiologiques qui orientent le clinicien au quotidien.

L

es maladies rénales chroniques sont classiquement responsables de l’apparition d’une insuffisance rénale chronique (I.R.C.). En général, une destruction de 75 p. cent du tissu rénal fonctionnel a lieu avant que le syndrome puisse être identifié par les épreuves de laboratoire de routine. Par ailleurs, toutes les affections rénales sont intrinsèquement évolutives et auto- entretenues dès lors qu’une déperdition d’une certaine proportion du tissu fonctionnel est présente. ● En dépit de ce caractère souvent irréversible, il est important d’essayer d’identifier la néphropathie responsable afin de mettre en place des traitements spécifiques, s’ils existent, et de limiter ainsi l’évolution de la maladie. ● Les principales néphropathies concernées par une prise en charge spécifique en sus d’un traitement de soutien rénal sont la pyélonéphrite, les lithiases du haut appareil urinaire, le lymphome, les glomérulonéphrites (dans certains cas), la néphropathie due à une hypercalcémie. Par ailleurs, l’identification de la néphropathie peut permettre d’affiner le pronostic. ● Après avoir rappelé l’épidémiologie des principales lésions responsables d’I.R.C. chez le chat, nous présentons à l’aide de courtes monographies ces lésions avant de souligner l’intérêt d’une démarche étiologique. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES L’insuffisance rénale chronique (I.R.C.) est fréquente dans l’espèce féline. La prévalence totale des néphropathies chroniques dans cette espèce est estimée entre 0,5 et 2 p. cent de la population globale. Chez le chat vieillissant, la prévalence atteint environ 8 p. cent des chats de plus de 10 ans

Christelle Maurey-Guenec E.N.V.A. Service de médecine 7, avenue du général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les néphropathies chroniques et savoir quelles sont les néphropathies qui nécessitent un traitement spécifique.

1

La prévalence en France de la maladie polykystique est estimée à 40 p. cent chez le persan (photo C.Maurey-Guenec).

Tableau 1 - Les néphropathies chroniques

Le 1er prix

chez le chat [5, 7, 10]

éditorial 2007

Congénitales ou familiales ● ●

Amyloïdose (Abyssin) Maladie polykystique (P.K.D.) (Persan et races apparentées)

Acquise Néphrite tubulo-interstitielle Glomérulonéphrites ● Amyloïdose + glomérulosclérose ● Néoplasie (atteinte bilatérale) - Lymphome - Métastases bilatérales - Tumeurs rénales primitives (carcinomes, néphroblastomes, ...) ● Hydronéphrose bilatérale ● Séquelles d’insuffisance rénale aiguë ● Néphropathie due à une hypercalcémie ● Pyélonéphrite chronique ●

Essentiels

et 15 p. cent des chats de plus de 15 ans [6, 13]. La lésion rénale la plus souvent incriminée est la néphrite tubulo-interstitielle (environ 70 p. cent des cas). Les autres lésions sont le lymphome, la pyélonéphrite chronique, la maladie polykystique, la glomérulonéphrite, l’amyloïdose et la néphrite, la pyogranulomateuse secondaire à une péritonite infectieuse féline, qui est assez fréquente (tableau 1) (photo 1) [3].

❚ Dans 70 p. cent des cas, la lésion rénale la plus souvent incriminée est la néphrite tubulo-interstitielle. ❚ La dichotomie atteinte glomérulaire versus atteinte tubulo-interstitielle lors d’insuffisance rénale chronique permet de cibler les examens complémentaires, d’affiner le traitement et le pronostic.

ÉTUDES SPÉCIALES La néphropathie tubulo-interstitielle ● Dans la très grande majorité des néphrites tubulo-interstitielles, la cause reste inconnue. Récemment, de nombreuses publications font état de l’association fréquente entre lithiases du haut appareil urinaire (urétérales et rénales) et néphropathie.

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FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JANVIER / MARS 2008 - 515


PP 54-58 hypertension arterielle chez le chat

17/03/08

12:59

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diagnostic et traitement de l’hypertension artérielle systémique

François Serres Valérie Chetboul Carolina C. Sampedrano Vassiliki Gouni Jean-Louis Pouchelon

chez le chat

Unité de cardiologie d’Alfort (U.C.A) E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

L’hypertension artérielle a fait l’objet ces dernières années de nombreuses études et publications. Un groupe d’experts a ainsi publié un ensemble de recommandations concernant son diagnostic et son traitement, fondées non plus seulement sur la mesure de la pression artérielle, mais également sur l’observation des lésions des “organes cibles” de l’H.T.A. (rein, cœur, œil, cerveau). Cette démarche vise notamment à éviter de “surdiagnostiquer” l’H.T.A., en raison d’un effet “blouse blanche” très marqué dans l’espèce féline.

Objectif pédagogique ❚ Savoir diagnostiquer une hypertension artérielle. ❚ Connaître les thérapeutiques associées à une hypertension artérielle.

Le 1er prix éditorial 2007

NOTE * Médicament à usage humain.

Essentiel ❚ La pathogénie de l’hypertension artérielle secondaire à l’insuffisance rénale chronique reste largement méconnue car la rétention hydrosodée et l’activation du système rénine angiotensine semblent modérées. ❚ Le diagnostic d’H.T.A. doit, si possible, reposer sur l’association d’une pression artérielle élevée et sur la mise en évidence de lésions des organes cibles. ❚ Fréquentes et évocatrices, les lésions oculaires doivent être systématiquement recherchées.

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 518 - JANVIER / MARS 2008

L

’hypertension artérielle systémique (H.T.A.) est désormais une entité essentielle de la médecine interne vétérinaire, en particulier chez le chat, chez qui elle a, entre autres, profondément transformé la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique (I.R.C.). L’H.T.A est retrouvée avec une forte incidence dans plusieurs affections communes du chat âgé. ● Les principales difficultés rencontrées par le clinicien sont la confirmation d’une suspicion d’H.T.A., notamment en raison d’un risque élevé de “faux positifs”, et la gestion d’une hypertension “réfractaire” au traitement par l’agent antihypertenseur de référence (l’amlodipine, Amlor®*). Des publications récentes apportent des précisions sur la démarche à suivre pour le diagnostic et la prise en charge de l’H.T.A. [1, 9]. ● Si l’arsenal thérapeutique réservé au traitement de l’hypertension artérielle systémique (H.T.A.) chez le chat reste restreint, l’association de molécules (notamment inhibiteur calcique et inhibiteur d’enzyme de conversion de l’angiotensine) est de plus en plus préconisée, notamment dans le cas d’H.T.A. secondaire à une insuffissance rénale chronique. ● Après des rappels sur la définition, l’étiologie et la pathogénie de l’hypertension artérielle, cet article développe comment

54

1

L’insuffisance rénale chronique est souvent associée au développement d’une hypertension artérielle, observée chez au moins un chat insuffisant rénal sur cinq (photo C. Arpaillange).

diagnostiquer cette affection, comment établir les causes et déterminer les conséquences avant d’envisager la conduite thérapeutique. DÉFINITION, ÉTIOLOGIE ET PATHOGÉNIE L’ hypertension artérielle (H.T.A.) se définit par l’élévation persistante de la pression artérielle systémique systolique et/ou diastolique (P.A.S. et/ou P.A.D.) au-delà des valeurs usuelles. Les mécanismes étiologique et pathogéniques responsables de l’H.T.A. chez le chat sont encore imparfaitement connus. Chez les carnivores domestiques, l’H.T.A. est souvent secondaire à une autre affection. Les maladies rénales (néphrites tubulointerstitielles avec ou sans lésion glomérulaire associée) représentent une part importante des affections responsables d’H.T.A., à la différence de l’Homme chez qui l’hypertension artérielle essentielle domine. ● L’insuffisance rénale chronique (I.R.C.) est ainsi souvent associée au développement d’une hypertension artérielle (H.T.A.), qui est observée chez au moins un chat insuffisant rénal sur cinq (photo 1) [15]. La pathogénie de l’H.T.A. secondaire à l’I.R.C. reste largement méconnue chez le chat car la rétention hydrosodée et l’activation du système rénine angiotensine semblent le plus souvent modérées [8]. ● L’hyperthyroïdie est la 2e cause d’hypertension artérielle (H.T.A.) [1, 14]. La pathogénie de l’H.T.A. secondaire à l’hyperthyroïdie est également méconnue, avec un rôle ●


PP 59-62 Nutrition IRC

17/03/08

12:10

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nutrition comment adapter

le régime alimentaire lors d’une insuffisance rénale chronique

Lucile Martin Unité de nutrition et end E.N.V N. Atlantopôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

Objectif pédagogique

L’alimentation doit être surveillée de près dans le développement et le traitement de l’insuffisance rénale chronique (I.R.C.). Son contrôle et son adaptation peuvent avoir un rôle préventif et thérapeutique, le surpoids accroît en effet le risque.

❚ Connaître les critères de choix d’une alimentation raisonnée pour chien ou chat insuffisant rénal chronique.

L’

insuffisance rénale chronique (I.R.C.) est la seconde cause de mort, chez le chat et le chien, après les cancers. Elle est la conséquence d’un processus pathologique complexe ignoré au moment du diagnostic. ● Chez l’animal, en l’absence d’hémodialyse et de transplatation rénale, les traitements palliatifs sont les plus utilisés. Parmi ceux-ci, les modifications raisonnées des apports nutritionnels jouent un rôle majeur. En résumé, elles ont pour objectif de : - limiter la progression des lésions rénales ; - s’opposer aux carences des fonctions rénales : fonctions endocrine, excrétrice, et sécrétrice ; les conséquences de ces carences sont à évaluer pour les adapter à chaque situation clinique ; - prévenir les complications. ● Après avoir rappelé le rôle de l’alimentation dans l’insuffisance rénale chronique, cet article indique comment nourrir un chien ou un chat atteint par cette maladie. LE RÔLE DE L’ALIMENTATION

● L’alimentation peut avoir un rôle préventif (implication dans l’étiologie de la maladie) et un rôle thérapeutique lors d’insuffisance rénale chronique (I.R.C.). ● L’épidémiologie de l’I.R.C. est mal connue. Une seule étude est consacrée à ce sujet chez le chat [5]. Les auteurs, au travers d’une enquête téléphonique, ont cherché à établir les conduites à risque associées au développement d’une I.R.C. : mode de vie et alimentation. ● Le risque d’I.R.C. augmente avec l’apport énergétique, la concentration en potassium et la teneur en cendres du régime (photo 1) [4].

Le 1er prix éditorial 2007

1

Un régime alimentaire permet de limiter la progression des lésions rénales, de s’opposer aux carences des fonctions rénales, et de prévenir les complications (photo C. Arpaillange).

À l’inverse, il diminue avec l’augmentation des teneurs en certains minéraux dont le calcium, le phosphore, le magnésium et le sodium, des fibres alimentaires, et des protéines. ● L’équilibre entre les différents nutriments est à considérer dans son ensemble. ● Une perte de poids chez un chat peut être un signe d’appel, même sans modification du bilan biologique. Il est donc conseillé de peser régulièrement les chats âgés pour détecter précocement d’éventuelles affections. ● Le rôle thérapeutique de l’alimentation est plus documenté que son importance dans l’étiologie de la maladie. Les rares études ayant un intérêt pratique, considèrent des animaux naturellement atteints d’I.R.C. - Chez le chat, l’intérêt d’une modification du régime alimentaire a été évalué [12]. Très clairement, les signes cliniques sont diminués chez les animaux ayant un régime adapté et leur survie est meilleure. - Chez le chien, les résultats obtenus donnent les mêmes conclusions [7]. ● Lors d’I.R.C., il est essentiel de modifier la composition du régime et de l’adapter aux modifications biologiques induites par la maladie.

Essentiel ❚ Le risque d’I.R.C. augmente avec l’apport énergétique, la concentration en potassium et la teneur en cendres du régime ❚ Le risque d’I.R.C.diminue avec l’augmentation des teneurs en certains minéraux dont le calcium, le phosphore, le magnésium et le sodium, des fibres alimentaires, et des protéines. ❚ La restriction précoce des apports en phosphore et le contrôle de la phosphatémie jouent un rôle majeur dans le pronostic vital.

RUBRIQUE

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PP 64-70 Luxation traumatique hanche

17/03/08

16:41

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chirurgie

conduite à tenir

devant une luxation traumatique de la hanche

Jean-Guillaume Grand Stéphane Bureau

chez le chien et le chat

Clinique vétérinaire Alliance 8, boulevard Godard 33300 Bordeaux

La luxation de la hanche peut être d'origine traumatique ou constituer un stade avancé de dysplasie coxo-fémorale. Une démarche systématique et complète lors de luxation traumatique de la hanche est indispensable pour établir un bilan lésionnel complet et optimiser le choix thérapeutique.

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir établir un bilan lésionnel complet lors de luxation traumatique de la hanche pour optimiser le choix thérapeutique.

L

a luxation traumatique de la hanche est une affection orthopédique fréquente chez les carnivores domestiques. La hanche est l’articulation qui présente le plus souvent une luxation (elle représente 50 à 90 p. cent des luxations) [4]. Si elle s’inscrit en général dans un contexte traumatique évident (accident de la voie publique), elle peut aussi constituer un stade ultime de dysplasie coxo-fémorale. Un traumatisme suraigu peut donc être à l’origine de la luxation, mais sur un fond de dysplasie préexistante. Figure 1 - Les modifications

Le 1er prix éditorial 2007

des repères anatomiques lors de luxation crânio-dorsale de la hanche

- Ces trois structures forment un triangle dans une position anatomique normale. - Lors de luxation crânio-dorsale de la hanche, les trois points de repères se retrouvent alignés sur une même droite.

(d’après [7]) Déplacement crânio-dorsal du fémur

1

Vue radiographique de profil d’une luxation crânio-dorsale de la hanche chez un chat (photo Service d’imagerie médicale, E.N.V.N.).

Encadré 1 - Les étapes essentielles de la démarche diagnostique

1. Examen orthopédique initial à distance et rapproché

2. Bilan lésionnel complet 3. Radiographies en position standard de dysplasie

4. Réduction par taxis externe 5. Évaluation de la stabilité de la hanche et choix d’une stratégie thérapeutique ● Le signalement et les commémoratifs guident généralement le clinicien dans sa démarche clinique. ● Cet article propose un rappel d’anatomie et de biomécanique de l’articulation coxofémorale, et un exemple de démarche diagnostique et thérapeutique qui peut être appliquée lors de toute luxation de la hanche (encadrés 1, 2).

DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE L’examen orthopédique

Essentiel ❚ 90 p. cent des luxations traumatiques de la hanche sont des luxations crânio-dorsales. ❚ Un bandage contentif d’Ehmer est associé à 30 à 50 p. cent de récidive.

Crête de l’ilium

Tuber ischii

RUBRIQUE

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Grand trochanter

Déplacement crânio-dorsal du fémur

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Lors de l’examen à distance, l’animal présente une boiterie avec suppression d’appui, le membre boiteux apparaissant plus court et porté en adduction et en rotation externe. Cette position est typique de la luxation crânio-dorsale de la hanche. Lors de luxation caudo-ventrale, le membre luxé apparaît plus long que le membre contra-latéral et porté en abduction et en rotation interne. ● Lors de l’examen rapproché, le clinicien met en évidence [8] : - une modification du triangle formé par les trois saillies osseuses que sont la pointe de l’ilium, le grand trochanter et la tubérosité ischiatique (figure 1) ; ●


PP 73-76 NAC hémoparasites

17/03/08

15:50

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N.A.C.

les hémoparasites Didier Boussarie

chez le furet, les rongeurs, les reptiles, les amphibiens, et les poissons

Objectif pédagogique

L

es hémoparasitoses du furet sont représentées par la dirofilariose. Les signes épidémiologiques et cliniques dans cette espèce sont comparables à ceux observés chez le chien, mais le traitement comporte des spécificités que le praticien doit connaître et respecter. Tout comme chez les oiseaux, les hémoparasites sont rarement corrélés à un état pathologique chez les reptiles, les amphibiens et les poissons. Ils ne sont réellement pathogènes que pour certaines espèces en cas de forte infestation, et représentent le plus souvent une découverte de laboratoire. Une goutte de sang prélevée est étalée, séchée à l’air libre, et colorée au MayGrünwald-Giemsa (photos 1, 2). La recherche des parasites s’effectue au grossissement 100 x 10 à immersion pendant 5 à 10 minutes. L’identification précise, souvent délicate, se fait grâce à des laboratoires de parasitologie ou à des ouvrages de référence.

Consultant N.A.C. Centre Hospitalier Vétérinaire Frégis 43, avenue Aristide Briant 94110 Arcueil

❚ Connaître les hémoparasites des nouveaux animaux de compagnie et les traitements associés.

NOTE 1

Prélèvement de sang par ponction intracardiaque sur un boa constrictor (Boa constrictor imperator).

* cf. l’article “Comment diagnostiquer et traiter les filarioses des carnivores domestiques” de J. Guillot dans le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N° 34, 2007;34:221-8.

Le 1er prix éditorial 2007

2

LES HÉMOPARASITES CHEZ LE FURET La dirofilariose à Dirofilaria immitis est observée chez le furet dans les régions où elle sévit chez le chien.* Décrite au sud des U.S.A., cette affection est très fréquemment signalée dans les Antilles, en Guyane Française, à la Réunion, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. La Corse, les Canaries et les Baléares sont également des zones de forte enzootie. En France métropolitaine, D. immitis est un parasite habituel du chien dans la région Provence Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon et dans l’ensemble des départements pyrénéens. ● Le parasite est transmis par les moustiques. À l’état adulte, il gagne le cœur droit, l’artère pulmonaire et la veine cave crâniale, provoquant une détresse respiratoire accompagnée de toux, d’abattement, d’un ascite et d’un œdème pulmonaire. ● Le diagnostic est : - clinique : asthénie, détresse respiratoire, toux, ascite ; - radiographique : présence d’un épanchement pleural ; ●

Prélèvement de sang au sinus nucal sur une tortue des steppes (Testudo horsfieldi) (photos D. Boussarie).

- échographique : visualisation des vers dans le cœur et les vaisseaux cardiaques, mise en évidence d’une hypertension pulmonaire par l’effet Doppler ; - biologique : les tests E.L.I.S.A. de détection rapide antigénique utilisés dans la dirofilariose canine le sont aussi chez le furet ; ils sont spécifiques des vers femelles. ● Chez le furet, la microfilarémie semble plus faible que celle observée chez le chien (pour un nombre équivalent de filaires adultes). ● Le pronostic doit toujours être très réservé, car le traitement, souvent mal toléré, peut engendrer des complications de thromboembolie. Le traitement repose sur l’utilisation d’un adulticide : - ivermectine 500 µg/kg S.C. à renouveler 10 jours plus tard ; - dichlorhydrate de mélarsomine (Immiticide®) 2,5 mg/kg I.M. deux fois à 24 h d’intervalle, à renouveler 1 mois plus tard. Il est conseillé d’associer des anticoagulants pendant 4 à 6 semaines pour prévenir ou

Essentiel ❚ La mise en évidence des hémoparasites est réalisée sur un prélèvement sanguin, coloré au May-GrünwaldGiemsa. ❚ La transmission des parasites s’effectue, le plus souvent, par l’intermédiaire d’organismes hématophages : - insectes ; - arthropodes ; - annélides.

RUBRIQUE

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PP 84 Test clinique réponses

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test clinique Colette Arpaillange Médecine des carnivores E.N.V N. Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 Nantes Cedex 03

les réponses

une tubulopathie

due à une leptospirose 1 Quel bilan peut-on formuler à l’issue de la consultation ? Nous sommes en présence d’une uvéite associée à un syndrome polyuro-polydipsie, et à une glucosurie chez un chien âgé.

3

La bandelette révèle une glucosurie (photo E.N.V.N.).

2 Quelles sont les hypothèses diagnostiques et les examens complémentaires à effectuer en priorité ? ● La glucosurie est généralement la traduction d’une hyperglycémie persistante ou transitoire. L’hypothèse la plus probable est celle d’un diabète sucré (photo 3). D’autres hypothèses sont envisagées : une atteinte rénale de type tubulopathie ou, moins vraisemblablement, un hypercorticisme, une atteinte hépatique. ● Lors de la glucosurie, le premier examen complémentaire à réaliser est un dosage de la glycémie. La glycémie étant modérée, afin de statuer sur le caractère chronique d’une hyperglycémie potentielle, un dosage des fructosamines est conseillé. Les résultats sont : - Glycémie : 1,73 g/l - Fructosamines : 346 micromol/l ● Les hypothèses concernant l’uvéite restent spéculatives. Le caractère unilatéral et la présence d’un impact cornéen évoquent une origine traumatique. Cependant, l’origine leptospirosique doit être envisagée. Les uvéites associées à la leptospirose sont cependant moins souvent rencontrées chez le chien que chez l’Homme ou chez le cheval. 3 Comment interpréter ces résultats ? Ces résultats permettent d’exclure une hyperglycémie chronique. 4 Quelle hypothèse diagnostique retenez-vous ? Quelles sont les hypothèses étiologiques à explorer ? ● Le diabète sucré a été écarté, le tableau clinique d’une glucosurie normoglycémique chez un chien âgé associé à une polyuropolydipsie évoque une tubulopathie interstitielle acquise. Les principales causes sont une leptospirose ou une lésion provoquée par un toxique. ● Une sérologie leptospirose est demandée. Les résultats sont en faveur d’une infection leptospirosique par une souche n’apparte-

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 548 - JANVIER / MARS 2008

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nant pas aux sérogroupes vaccinaux (Souche 296 saxkoebing : titre > 160 (sérum précoce), titre > 320 (sérum tardif)). Ces examens confirment l’hypothèse d’une leptospirose. ● Les dosages sanguins de l’urée, de la créatinine, des phosphatases alcaline (PAL) et des alanine-amino-transférase (ALAT) se révèlent normaux. ● Ce chien présente une tubulopathie consécutive à une infection leptospirosique de découverte fortuite. Cette lésion rénale n’est pas associée à une insuffisance rénale. Discussion [1, 2, 3]

La leptospirose est bien connue sous sa forme aiguë, mais beaucoup moins sous sa forme chronique et subaiguë. Ce cas est un exemple de néphrite secondaire à une infection leptospirosique. Il souligne l’intérêt de l’analyse d’urine et la conduite à tenir devant une glucosurie normoglycémique. Une glucosurie incite à penser immédiatement à un diabète sucré. Dans de rares cas, la glucosurie n’est pas associée à une hyperglycémie [7]. ● Le 1er examen à entreprendre face à une glucosurie est le dosage de la glycémie. Plusieurs dosages sont nécessaires pour éliminer une hyperglycémie transitoire, l’alternative étant le dosage des fructosamines. Les fructosamines désignent l’ensemble des protéines glyquées présentes dans le sérum et leur concentration est un bon témoin de la glycémie des 2 ou 3 dernières semaines. ● Une fois écartée l’hyperglycémie, la glucosurie peut être attribuée à un dysfonctionnement tubulaire proximal, consécutif à une lésion tubulaire ou à une glucosurie primitive héréditaire [7]. ● La glucosurie rénale survient isolément ou s’inscrit dans un ensemble plus complexe, le syndrome de Fanconi. Le syndrome de Fanconi, décrit chez l’Homme comme chez le chien, se caractérise par une augmentation de l’excrétion urinaire de glucose, d’acides aminés et des phosphates, associée à une hypophosphatémie [5]. Il est plus connu sous sa forme héréditaire, décrite en particulier chez le Basenji [5]. La forme acquise est plus rare, associée à un myélome multiple ou à l’action de toxiques ●

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PP 84 Test clinique réponses

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une tubulopathie due à une leptospirose comme la gentamicine ou l’éthylène glycol chez le chien [6]. ● Dans ce cas, l’absence de protéinurie, le caractère minime des signes cliniques permet d’exclure un syndrome de Fanconi. Le défaut d’excrétion tubulaire semble limité au glucose. ● La leptospirose est une cause connue de tubulopathie. Elle doit être recherchée en priorité. L’analyse sérologique a fait appel au test d’agglutination microscopique qui distingue le titre anticorps vis-à-vis des différents sérovars, ce qui est important pour différencier les anticorps vaccinaux des anticorps post-infectieux. Après infection par un sérogroupe autre que les sérogroupes vaccinaux, le titre est peu élevé au départ, puis augmente progressivement tandis qu’on observe une réponse anamnestique par rapport aux sérogroupes vaccinaux, et parfois, une réponse croisée envers d’autres sérogroupes. ● La sérologie par M.A.T. (microagglutination test) est la méthode de choix car elle permet d’identifier le sérovar en cause et de le distinguer des sérovars vaccinaux. Les faux négatifs existent. En particulier, il est recommandé de réaliser deux prélèvements à une quinzaine de jours d’intervalle pour permettre aux anticorps d’apparaître [8].

Les méthodes directes comme la P.C.R. (polymerase chain reaction) peuvent être utilisées. Cependant, si l’animal est sous antibiothérapie, la sensibilité est mauvaise (risque important de faux négatifs) [4]. ●

CONCLUSION Références La leptospirose est bien connue sous sa forme aiguë, mais beaucoup moins sous sa forme chronique et subaiguë, celle-ci peut évoluer chez des animaux vaccinés.

En effet, il existe plus d’une vingtaine de sérogroupes de Leptospira interrogans distinct des sérogroupes vaccinaux icterrohémorragiae et canicola qui entraîne des signes cliniques variables. ●

Ainsi, un chien atteint par une souche de sejroe serovar saxkoebing développera plutôt une forte atteinte rénale et une atteinte hépatique modérée. Le cas de ce chien est un exemple de néphrite secondaire à une infection leptospirosique par un tel sérovar. L’intérêt et l’originalité de ce cas est le caractère fortuit de sa découverte. Il souligne l’intérêt de l’analyse d’urine et la conduite à tenir devant une glucosurie normoglycémique. ❒

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1. André-Fontaine G. Canine leptospirose : Do we have a problem ?. Vet Microbiology, 2006;117 (1):19-24. 2. André-Fontaine G. Connaître les risques de transmission de leptospirose à l’homme par les animaux de compagnie. Le Nouveau Praticien Vét canine, féline 2004;18:37-40. 3. André-Fontaine G. Actualités sur la leptospirose canine. Point Vét. 2002;225:26-31. 4. Boucraut-Baralon C. L’apport des techniques de biologie au diagnostic des maladies infectieuses. Le Nouveau Praticien Vét canine, féline.2006;hors-série:438-43. 5. Brown SA. Fanconi’s syndrome : inherited and acquired. In: Kirk Rw : Current VetTherapy X Small Animal Practice. Philadelphia, WB Saunders, 1989:1163-5. 6. Hostutler RA, Dibartola SP, Eaton KA. Transient proximal renal tubular acidosis and Fanconi syndrome in a dog, J. Am. Vet. Med. Assoc., 2004;1610-4. 7. Kerl ME. Renal tubular diseases. In : Ettinger SJ, Feldman EC, Textbook of Veterinary Internal Medicine, 6th ed, Elsevier, Philadelphia, 2005:1824-9. 8. Vialard J, Grain F. La sérologie : son utilisation chez le chien et le chat. Le Nouveau Praticien Vét canine, féline. 2004;Horssérie:465-69.

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire équine

Réf. : NPC 36

Nom

❍ J e s o u h a i t e s o u s c r i re u n a b o n n e m e n t à p a r t i r d u n° 1 3 ❏ : 5 N° 4 D o s s i e r s s p é c i a u x e t 1 H O R S - S É R I E en souscription : Les maladies infectieuses des équidés

❍ Je souhaite compléter ma collection et recevoir les numéros déjà parus :

❏ n ° 1 Le jetage ❏ n ° 4 Les plaies aiguës ❏ n ° 7 Le peripartum ❏ n ° 1 0 La contre-

❏ n ° 2 Les défauts d’aplomb ❏ n ° 5 Le syndrome grippal ❏ n ° 8 Les diarrhées aiguës ❏ n ° 1 1 Le poulain

❏ n ° 3 La fin de la gestation ❏ n ° 6 Les douleurs chroniques du pied ❏ n ° 9 L’inflammation oculaire ❏ n ° 1 2 L’arthrose

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