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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°38 - JUIN / AOÛT 2008

DOSSIER : REPRODUCTION : ACTUALITÉS EN ENDOCRINOLOGIE ET EN THÉRAPEUTIQUE

Couv NPC 38 V2

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gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

N°38 JUIN JUILLET AOÛT 2008 revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

REPRODUCTION - Indications et limites des dosages hormonaux en reproduction chez le chien et le chat - Reconnaître et diagnostiquer l’infertilité d’origine hormonale chez le chien et le chat - Comment induire l’œstrus chez la chienne - Thérapeutique Les nouvelles molécules en reproduction canine, féline : mieux les connaître pour mieux les utiliser - Comment programmer et gérer une césarienne chez le chien et le chat - Comment traiter par chimiothérapie et radiothérapie les tumeurs de l’appareil génital chez le chien et le chat

DOSSIER

REPRODUCTION : ACTUALITÉS EN ENDOCRINOLOGIE ET EN THÉRAPEUTIQUE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT En reproduction canine et féline, les nouvelles techniques et thérapeutiques (induction de la parturition, programmation des césariennes, endocrinologie de la reproduction, …) se développent à toute vitesse. Un bilan pratique permet de les cerner pour mieux les appliquer, et les proposer à vos clients …

Management et entreprise La loi sur les chiens dangereux et le vétérinaire Tribune - La loi sur les chiens dangereux : une chance ou un risque pour les vétérinaires ?

Féline - Les causes hormonales d’infertilité chez la chatte - Comment induire l’œstrus chez la chatte - Nouvelle technique Comment récolter et évaluer la semence grâce au sondage urétral chez le chat mâle - Observation clinique Des pertes vulvaires chez deux chattes reproductrices

Rubriques - Chirurgie endocrinienne Traitement chirurgical du pancréas chez le chien et le chat - Élevages et collectivités La qualité sanitaire des chiots en animalerie : une démarche qualité


PP 3 Sommaire

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N°38 revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius

JUIN JUILLET AOÛT 2008

sommaire

(CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

DOSSIER Éditorial par Alain Fontbonne Test clinique - Une monorchidie chez un West Highland White Terrier Anne Gogny

REPRODUCTION : actualités en endocrinologie et en thérapeutique

5 4

CANINE - FÉLINE - Indications et limites des dosages hormonaux en reproduction chez le chien et le chat Samuel Buff, Émilie Rosset, François Garnier - Reconnaître et diagnostiquer l’infertilité d’origine hormonale chez le chien et le chat Alain Fontbonne, Emmanuel Fontaine - Comment induire l’œstrus chez la chienne Giovanna Bassu - Thérapeutique - Les nouvelles molécules en reproduction canine, féline: mieux les connaître pour mieux les utiliser Alain Fontbonne - Comment programmer et gérer une césarienne chez le chien et le chat Xavier Lévy, Christophe Desbois - Comment traiter par chimiothérapie et radiothérapie les tumeurs de l’appareil génital chez le chien et le chat Dominique Tierny

chez le chien et le chat

7

13 21

26 32

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FÉLINE - Les causes hormonales d’infertilité chez la chatte Alain Fontbonne - Comment induire l’œstrus chez la chatte Catherine Gilson, Samuel Buff - Nouvelle technique - Comment récolter et évaluer la semence grâce au sondage urétral chez le chat mâle Emmanuel Fontaine - Observation clinique - Des pertes vulvaires chez deux chattes reproductrices Anne Gogny, Francis Fiéni

47 49

53

57

RUBRIQUES - Chirurgie endocrinienne - Traitement chirurgical du pancréas chez le chien et le chat Antoine Dunié-Mérigot, Cyrill Poncet - Élevages et collectivités - La qualité sanitaire des chiots en animalerie : une démarche qualité Alain Fontbonne, Emmanuel Fontaine

62 Souscription d’abonnement en page 82

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MANAGEMENT ET ENTREPRISE - Dossier - La loi sur les chiens dangereux et le vétérinaire Dona Sauvage - La loi sur les chiens dangereux et le rôle du vétérinaire : une chance ou un risque ? Colette Arpaillange, Claude Béata

CANINE - FÉLINE 73

FÉLINE

77

RUBRIQUE

Test clinique - Les réponses

80

Tests de formation continue - Les réponses

82

MANAGEMENT

3

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 79


PP 4 Test clinique Q

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gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

une monorchidie

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)

chez un West Highland White Terrier

Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)

U

n chien de race West Highland White Terrier est présenté en consultation pour une monorchidie du testicule

Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)

Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Francis Fieni (Reproduction, E.N.V.N.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jean-Pierre Genevois (Chirurgie, E.N.V.L.) Isabelle Goy-Thollot (Urgences, E.N.V.L.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Odile Sénécat (Médecine interne, E.N.V.N.) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

Directeur de la publication

1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?

Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 28 €, U.E. : 30 € Tarifs d’abonnement : voir p. 82 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1012 T 80121 I.S.S.N. 1637-3065

1

Un Westie de 9 mois a été préalablement opéré d’une hernie inguinale (photo A. Gogny).

2 Quelle conduite adoptez-vous ? 3 Quel examen complémentaire proposez-vous ?

Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Av. des Lions - Ste Marie des Champs - BP 14 - 76191 Yvetot Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 80 - JUIN / AOÛT 2008

droit. ● L'animal a 9 mois et a été opéré à l'âge de 6 semaines d'une hernie inguinale à droite (photo 1). Le chirurgien a ôté une masse graisseuse et l'a disséquée après exérèse, sans rien noter de particulier. Il n'a pas été effectué d'analyse histologique. ● À l'examen clinique général, aucune anomalie n’est détectée. Une cicatrice, qui correspond à la réduction de la hernie, est visible en regard de l'anneau inguinal. ● L'examen du pénis ne montre ni anomalie, ni balanoposthite. À la palpation, le testicule cryptorchide n'est pas localisé en région inguinale. ● Une échographie ne permet pas non plus de le visualiser dans l'abdomen.

Anne Gogny Service de reproduction des animaux de compagnie Centre Hospitalier Vétérinaire E.N.V.N. Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

4

Réponses à ce test page 80

comité de lecture Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Isabelle Bublot, Samuel Buff, Stéphane Bureau, Claude Carozzo, Eddy Cauvin, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Guillaume Chanoit, René Chermette, Valérie Chetboul,

Bernard Clerc, Cécile Clercx (Liège), Laurence Colliard, Laurent Couturier, Jack-Yves Deschamps, Armelle Diquelou, Olivier Dossin, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Didier Fau, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi Frédéric Gaschen, Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Dominique Grandjean, Jean-François Guelfi,

Laurent Guilbaud, Philippe Hennet, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Claude Petit, Xavier Pineau, Luc Poisson, Hervé Pouliquen,

Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin Patrick Verwaerde Éric Viguier.


PP 5 Edito

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éditorial Dresser un bilan pratique permettant aux vétérinaires de disposer et d’appliquer des connaissances et des techniques récentes …

L

e congrès mondial de reproduction canine et féline, qui se tient tous les quatre ans, vient de se dérouler à Vienne (Autriche) du 9 au 11 juillet 2008. Cet événement a été l’occasion pour un peu plus de 200 vétérinaires, universitaires ou praticiens, de faire le point des connaissances et d’échanger leurs observations et découvertes. Les conférences et les discussions ont permis de dégager les principaux axes de développement actuels dans cette discipline. L’induction de la parturition, la programmation des césariennes, l’endocrinologie de la reproduction, l’infertilité, d’origine hormonale ou infectieuse, la gestation physiologique et pathologique, la néonatalogie, avec la prévention de la prématurité et des maladies des jeunes consécutives à une mise bas dystocique, l’amélioration des techniques de récolte et de conservation des gamètes, notamment chez le chat, ont fait l’objet de présentations par plusieurs équipes. Ainsi, la reproduction canine et féline est en plein essor, comme la plupart des domaines de la médecine vétérinaire. Au sein de cette discipline, les nouvelles techniques et les connaissances se développent à une allure exponentielle. C’est pourquoi, deux ans après le dossier spécial consacré aux “pertes vulvaires chez la chienne et la chatte”, l’équipe de rédaction du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline a choisi de faire le point sur les nouveautés en reproduction et en gestion des collectivités, dans le but de dresser un bilan pratique permettant aux vétérinaires de disposer et d’appliquer des connaissances et des techniques récentes dans leur pratique quotidienne. En collaboration avec les rédacteurs, nous avons ainsi choisi de faire le point, dans les espèces canine mais aussi féline, sur l’endocrinologie sexuelle, souvent mal connue des confrères : les nouveaux dosages hormonaux, l’approche de l’infertilité d’origine hormonale, l’induction des chaleurs sont ainsi privilégiés. Nous avons souhaité également développer l’approche pratique de la mise bas, notamment la programmation et la gestion des césariennes, que tout vétérinaire doit être à même de gérer avec succès de nos jours. Un article est consacré aux nouvelles molécules qui permettent désormais au praticien de disposer de méthodes de gestion médicales de la reproduction très efficaces, avec très peu d’effets indésirables, notamment sur la fertilité ultérieure. Certains pourraient également avoir une utilité lors de certains troubles du comportement (cf. rubrique Management de l’entreprise vétérinaire sur la nouvelle loi sur les chiens dangereux). Étant donné le développement de l’insémination artificielle dans l’espèce féline, nous avons choisi dans la rubrique “Nouvelles techniques” de décrire une technique simple de recueil du sperme chez le chat. Enfin, de façon connexe, il nous a semblé utile de montrer qu’une filière sanitaire “haut de gamme” est réalisable lors de la vente de chiots en animalerie (rubrique “Élevages et collectivités”). Ce dossier n’aurait pas été complet sans une mise au point sur la chimiothérapie et la radiothérapie, techniques qui permettent de traiter nombre de tumeurs de l’appareil génital chez le chien et le chat. Des protocoles sont proposés avec des spécialités anticancéreuses, pas toujours disponibles en France actuellement, mais qui le seront dans un futur proche. C’est pourquoi nous avons décidé de vous les présenter. e numéro d’été du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vise ainsi à actualiser les connaissances en reproduction et à présenter les nouvelles techniques ou les nouveaux traitements disponibles, ou en passe de l’être. Nous espérons que les confrères y trouveront des idées qui leur donnent envie de développer davantage la reproduction dans leur clientèle, et qu’ils pourront utiliser pour faire évoluer leur exercice et pour répondre à toutes les demandes qu’ils peuvent recevoir de leurs clients. ❒

Alain Fontbonne Service de Reproduction Animale E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

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PP 7-12 Dosages hormonaux

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indications et limites

des dosages hormonaux en reproduction Émilie Rosset Samuel Buff

chez le chien et le chat Malgré l’émergence de nouvelles techniques d’investigation (imagerie médicale), les dosages hormonaux sont encore beaucoup utilisés en reproduction. Ce sont des outils essentiels dans le cadre des investigations de la fonction reproductrice, tant du mâle que de la femelle. Une bonne connaissance de leurs indications est nécessaire. La difficulté d’utilisation des dosages hormonaux est souvent liée à la durée de leur mise en œuvre et à leur coût. La difficulté de leur interprétation réside, quant à elle, dans la variabilité inter-individuelle des concentrations hormonales en relation avec les événements physiologiques.

L

es indications des dosages hormonaux sont de plus en plus nombreuses en reproduction des carnivores domestiques. ● Chez la femelle, ils peuvent être utilisés pour le suivi des cycles physiologiques (suivi de chaleurs, prévoyance de terme, … afin d‘optimiser les chances de réussite d’une saillie), ou dans certaines situations pathologiques comme une infertilité ou un syndrome de rémanence ovarienne. ● Chez le mâle, les dosages hormonaux sont utilisés pour l’exploration de l’infertilité, en cas de suspicion de tumeurs testiculaires ou en présence d’une cryptorchidie. ● Cet article propose une synthèse sur leur intérêt et leurs limites, après un rappel sur le principe de ces dosages. QUELLES CONTRAINTES POUR LA RÉALISATION D'UN BON DOSAGE HORMONAL ?

● Les hormones stéroïdiennes (progestérone, testostérone et œstradiol) font l’objet des demandes les plus courantes.

Université de Lyon E.N.V.L. C.E.R.R.E.C. & Unité Clinique de Reproduction 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Etoile

Objectif pédagogique ❚ Comprendre et savoir utiliser les dosages hormonaux en reproduction des carnivores domestiques. 1

Compteur à scintillation, permettant de réaliser des dosages quantitatifs d’œstradiol ou de progestérone par R.I.A. à l’E.N.V.L. (photo E. Rosset).

Cependant, elles ne peuvent pas être dosées à n’importe quel stade du cycle. ● Un dosage hormonal ne peut être envisagé qu’après un recueil complet de l’anamnèse et un examen clinique approfondi. Il suppose également une bonne connaissance des particularités physiologiques de l’espèce [12]. ● Un dosage isolé ne fournit qu’une image instantanée mais ne présage en rien de la capacité fonctionnelle et adaptative de l’organe exploré. Par exemple, un dosage de testostérone unique n’a aucun intérêt, car il ne représente en rien l’état de la fonction testiculaire. Certains individus peuvent avoir une fertilité et une libido normales avec une testostéronémie faible, tandis que d’autres présentent des déficiences fonctionnelles graves malgré des concentrations normales ou élevées. Ceci est dû à la pulsatilité de la sécrétion de testostérone par les cellules de Leydig. Une exploration dynamique avec stimulation de la fonction testiculaire est donc plus indiquée [9, 12]. ● L’une des grandes avancées techniques de ces dernières années est l’émergence des tests E.L.I.S.A. (photos 2, 5) ou de la chimioluminescence (photo 4). Le praticien peut ainsi réaliser ces examens pendant la consultation, ou la faire pratiquer dans un laboratoire de proximité qui n’aurait pas pu obtenir les autorisations nécessaires à la réalisation d’un dosage radio-immunologique (techniques R.I.A.) [1] (photo 1). ● Si les hormones dosées sont restées globalement les mêmes, la sensibilité et la fiabilité des tests ont été améliorées et autorisent

Le 1er prix éditorial 2007

Essentiel ❚ Afin dévaluer la capacité fonctionnelle d’un organe, une exploration hormonale dynamique est préférable à un dosage isolé. ❚ Les tests E.L.I.S.A. et la chimioluminescence permettent désormais à tous les praticiens de réaliser des examens hormonaux.

CANINE - FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 83


PP 13-20 Infertilite hormonale

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reconnaître

et diagnostiquer l’infertilité d’origine hormonale chez la chienne Les troubles hormonaux ne constituent pas la cause la plus fréquente d’infertilité chez la chienne mais ils sont sous-estimés. Une approche raisonnée permet de les diagnostiquer suffisamment tôt afin de les traiter rapidement et de tenter de rétablir la fertilité.

L

e mauvais choix du moment optimal d’accouplement et/ou de l’insémination artificielle reste, encore actuellement, la cause de loin la plus fréquente d’infertilité chez la chienne (selon les auteurs, 40 à 60 p. cent des causes d’infertilité [3, 8, 12]). ● Selon les données du C.E.R.C.A.*, les causes infectieuses (endométrites, vaginites, maladies infectieuses de la reproduction) représentent la 2e grande cause d’infertilité, chez les chiennes d’élevage notamment. Elles sont systématiquement à rechercher chez une chienne infertile. ● Les causes hormonales d’infertilité chez la chienne sont pourtant loin d’avoir une importance négligeable. Parmi elles, les kystes ovariens folliculaires prédominent incontestablement. ● Nous abordons dans cet article les causes hormonales d’infertilité ainsi que la démarche diagnostique à adopter. LES CAUSES HORMONALES D’INFERTILITÉ ET LEURS PRINCIPAUX SYMPTÔMES Les troubles centraux, les affections ovariennes, les troubles fonctionnels génitaux, les dysendocrinies non gonadiques, les dysendocrinies non gonadiques, les troubles congénitaux constituent les principales causes hormonales d’infertilité (photo 1).

Les troubles centraux Un nanisme hypophysaire (nanisme proportionné) peut être à l’origine d’un retard de puberté, lié à une insuffisance en gonadotropines, F.S.H. (Folliculo Stimulating Hormone) et L.H. (Luteinising Hormone). ●

Alain Fontbonne Emmanuel Fontaine Service de Reproduction Animale E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les causes hormonales pouvant générer une infertilité. ❚ Comprendre comment la fertilité est perturbée par un trouble hormonal. ❚ Adopter une démarche diagnostique raisonnée face à une infertilité d’origine hormonale.

1

Différence d’aspect et de développement entre la vulve d’une chienne impubère (à droite), et celle d’une chienne pubère (à gauche) (photo A. Fontbonne).

L’“hypogonadisme”, notion imprécise et désuète caractérisant une insuffisance d’hormones sexuelles, peut être parfois suspecté lors d’anœstrus prolongé ou de chaleurs peu fréquentes chez la femelle.

Le 1er prix éditorial 2007

Les affections ovariennes Les kystes ovariens folliculaires sont des structures à paroi fine contenant un liquide séreux et sécrétant une grande quantité d’œstrogènes. Ils sont le plus souvent unilatéraux, mais peuvent être présents dans les deux ovaires (32 p. cent des cas). Selon notre expérience, ils représentent une cause non négligeable de troubles de la cyclicité chez des chiennes assez jeunes. On ne connaît pas leur héritabilité dans l’espèce canine. Cliniquement, une augmentation de la fréquence et de la durée des chaleurs (hyperœstrus) est souvent observée, éventuellement accompagnée d’autres symptômes évocateurs (encadré 1). ● Les kystes ovariens lutéaux ou lutéinisés, secrétant de la progestérone, peuvent induire un anœstrus [2, 3, 8, 12], même lorsqu’ils sécrètent également des œstrogènes (la notion de “corps jaune persistant” n’est pas clairement définie chez la chienne). En réalité, dans un tel cas, la chienne reste bloquée au stade du metœstrus (diœstrus). Ces kystes prédisposent très nettement au développement d’un pyomètre. ● Cliniquement, les tumeurs œstrogénosécrétantes de l’ovaire induisent en général un hyperœstrus. Dans de rares cas, ces tumeurs peuvent, malgré une sécrétion accrue d’œstradiol, provoquer un anœstrus ●

NOTE * C.E.R.C.A. : Centre d’Étude en Reproduction des Carnivores de l’E.N.V.A.

Essentiel ❚ Les kystes ovariens folliculaires sont la principale cause hormonale d’infertilité chez la chienne. Ils se manifestent cliniquement par un hyperœstrus. ❚ Les kystes ovariens lutéaux peuvent provoquer un anœstrus.

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CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 89


PP 21-24 Oestrus chienne

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comment induire l’œstrus Giovanna Bassu

chez la chienne Chez la chienne, la transition entre l’anœstrus et le prœstrus n’est pas encore bien connue. L’induction de l’œstrus a deux applications majeures : le traitement de l’anœstrus primaire ou secondaire et la synchronisation des chaleurs, qui permet une gestation et une mise bas à une période différente de celle dictée par le cycle naturel.

Rue Edmond Dellcourt, 62 1070 Bruxelles Belgique

Objectif pédagogique ❚ Comprendre et savoir utiliser les méthodes d’induction des chaleurs dans la pratique quotidienne. 1

Shiba-Inu de 5 ans qui présente un anœstrus secondaire prolongé depuis un an (photo G. Bassu).

Figure 1 - Marche à suivre en cas d’induction de chaleurs

L

’étude du cycle reproducteur de la chienne est une science encore jeune; sa variabilité et sa complexité apparaissent au fur et à mesure de l’avancement de la recherche. ● Il y a quelques années encore, les données sur le cycle reproducteur de la chienne étaient souvent extrapolées de celles d’autres espèces, telles que les ruminants. Aussi, les méthodes utilisées pour induire des chaleurs chez la chienne n’étaient fondées que sur des protocoles utilisés dans ces espèces. ● Le cycle reproducteur chez la chienne est plus long que celui de beaucoup d’autres animaux domestiques, avec une moyenne de 5 à 8 mois ; il est caractérisé chez la chienne par une phase folliculaire (chaleurs) suivie d’une phase lutéale (que la chienne soit gestante ou non) d’environ 2 mois et d’une phase d’anœstrus assez longue d’une durée variable de 2 à 10 mois [1]. ● La régularité des chaleurs est indépendante de la périodicité saisonnière et n’est modifiée ni par la gestation ni par la lactation (photo 1). ● Différents protocoles ont été proposés pour induire les chaleurs chez la chienne, mais seuls quelques uns se sont avérés efficaces pour induire un œstrus fertile et sans effets secondaires. ● Un facteur d’échec majeur dans l’induction de chaleurs fertiles est lié à une mauvaise utilisation du protocole ; aussi, le clinicien doit en tenir compte dans sa démarche diagnostique (figure 1).

Le 1er prix

❶ Écarter toute cause pathologique

éditorial 2007

sous-jacente

❷ S’assurer de ne pas être face à une mauvaise détection des chaleurs ❸ Tenir compte d’un délai minimum de 4 mois entre deux chaleurs, sinon le taux d’infertilité augmente, probablement en raison d’une inadéquate réparation endométriale (en effet, durant 130-150 jours, l’endomètre doit subir une involution nécessaire à l’utérus pour se préparer à une éventuelle future gestation) [6] ❹ S’assurer du bon fonctionnement ovarien : effectuer un dosage de la progestérone et des œstrogènes avec un protocole de stimulation fondé sur l’utilisation des agonistes de la GnRH 0,02-0,03 µg/Kg I.V. : - dosage à T 0, - à T 60’ et à T 90’ pour les œstrogènes ; - à T 0 et après 10 jours pour la progestérone [6]

Essentiel

Après un rappel sur le cycle sexuel chez la chienne et ses variations physiologiques (encadré), nous présentons les différentes méthodes d’induction de l’œstrus.

❚ Le raccourcissement d’un interœstrus physiologique est souvent décevant quant à la fertilité. ❚ Une molécule efficace chez la chienne pré-pubère est maintenant disponible sur le marché (implant GnRH).

COMMENT INDUIRE UN ŒSTRUS PAR L’ADMINISTRATION DE GONADOTROPHINES Des combinaisons de divers dosages de F.S.H. et de L.H. ont été utilisées sans réel succès dans l’induction d’un œstrus fertile. Parmi les gonadotrophines les plus utilisées, certaines sont d’origine placentaire [11] : la P.M.S.G. (Pregnant Mare Serum Gonadotropin), appelée maintenant eCG (equine Chorionic Gonadotropin) et l’hCG (human Chorionic Gonadotropin). ●

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CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 97


PP 26-30 Nouvelles molecules

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les nouvelles molécules en reproduction

Alain Fontbonne Service de Reproduction Animale E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

Objectif pédagogique ❚ Connaître les molécules nouvelles ou en devenir et leur intérêt en reproduction des carnivores domestiques

Le 1er prix éditorial 2007

NOTE * cf. l’article “Comment induire l’œstrus chez la chienne” de G. Bassu, dans ce numéro.

Essentiel ❚ Les anti-prolactiniques dopaminergiques présentent un intérêt dans : - l’induction des chaleurs ; - le traitement du pyomètre ; - l’induction de l’avortement après 40 jours ; - la réduction du volume mammaire avant une intervention chirurgicale.

CANINE - FÉLINE

canine et féline

mieux les connaître pour mieux les utiliser Au cours des dernières années, plusieurs nouvelles molécules sont apparues en médecine vétérinaire canine et féline. Pour d’autres, de nouvelles indications ont été précisées. Elles complètent ainsi l’arsenal thérapeutique à disposition des vétérinaires.

L

es anti-prolactiniques dopaminergiques, utilisés en médecine vétérinaire depuis plusieurs années, ont rapidement présenté plusieurs indications en gynécologie canine, au delà du simple tarissement de la lactation. L'aglépristone, apparue ensuite, s'est révélée une molécule aux intérêts multiples et précieux. Les agonistes de la GnRH, qui sont en passe d’être disponibles sous forme d’implant souscutané, représentent une véritable révolution. L’implant de desloréline (Suprelorin®) est commercialisé en France. ● S’ajoutent à cela, les nouvelles molécules anti-androgènes (osatérone), anti-œstrogènes ou inhibiteurs de l'aromatase. Ainsi, la maîtrise de la reproduction des carnivores est facilitée par un veritable arsenal thérapeutique. ● L’objectif de cet article est de dresser une synthèse des principales applications, confirmées ou seulement potentielles, de ces nouvelles molécules. Nous nous intéressons tout d’abord à des substances pour lesquelles de nouvelles indications ont vu le jour récemment, puis aux molécules nouvellement commercialisées, et enfin aux substances utilisables hors A.M.M. DES NOUVELLES INDICATIONS POUR CERTAINES MOLÉCULES RÉCENTES Les anti-prolactiniques dopaminergiques Les substances anti-prolactiniques sont couramment utilisées en médecine vétérinaire pour tarir la lactation chez la chienne. ● Ces molécules, et principalement les dopaminergiques (cabergoline ou bromo●

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 102 - JUIN / AOÛT 2008

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1

Chienne Dogue Allemand avant un traitement d'induction de l'œstrus avec de la cabergoline (photo C.E.R.C.A. E.N.V.A.).

criptine), peuvent raccourcir l’interœstrus lors d’administration en fin d’anœstrus. - Cette action semble davantage liée à l’action centrale directe de la dopamine qu’à l’effet anti-prolactinique. C’est pourquoi la métergoline, une molécule anti-sérotoninergique qui ne possède une action dopaminergique qu’à forte dose, est peu utilisée dans cette indication. - Ainsi, en cas de retard de chaleurs (anœstrus > 8 mois), il est possible dans 70 p. cent des cas environ d’induire un œstrus fertile en administrant quotidiennement de la cabergoline (Galastop®) par voie orale à la dose de 5 μg/kg pendant 3 semaines [2]*. Afin de réduire le coût du traitement, il semble possible de n’administrer la cabergoline qu’un jour sur deux, ceci en raison de la longue demi-vie de cette substance dans l’organisme (Verstegen, communication personnelle). L’administration prolongée de cabergoline peut néanmoins entraîner une décoloration transitoire du pelage, dont il faut prévenir le propriétaire (encadré 1, photos 1, 2). - La bromocryptine (Parlodel®) peut également être préconisée dans la même indication. ● L’intérêt des dopaminergiques ne s’arrête pas à ces seules indications. La prolactine étant le principal facteur lutéotrope après 30 jours de gestation, il est possible d’utiliser


PP 32-37 Prog cesarienne

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comment programmer et gérer une césarienne chez le chien et le chat

Xavier Lévy Christophe Desbois Service de reproduction animale E.N.V.A. 7, avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les indications d’une césarienne planifiée, savoir comment la programmer. ❚ Savoir maîtriser les différents temps de la césarienne.

Le 1er prix

L

éditorial 2007

Essentiel ❚ Une césarienne planifiée limite les complications opératoires et la mortalité néonatale. ❚ La césarienne comprend trois temps forts : l’anesthésie, la chirurgie, la réanimation des nouveau-nés. ❚ Cette intervention est proposée si la date de l’ovulation est connue avec précision, ce qui impose un suivi de chaleur rigoureux.

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 108 - JUIN / AOÛT 2008

La césarienne peut-être réalisée dans l’urgence en cas de dystocie, ou décidée à l’avance lorsqu’elle est planifiée. Le vétérinaire peut en effet proposer au propriétaire de programmer le jour et l’heure de la césarienne, avant même la saillie. Il planifie l’intervention, limite ainsi le stress de l’équipe et du propriétaire, pour une meilleure efficacité. a naissance de chiots est un moment important pour le propriétaire (ou l’éleveur) où se mêlent des considérations affectives et financières, sources de nervosité. Sur des critères médicaux, le vétérinaire propose à son client un choix rationnel entre une mise bas naturelle/assistée ou envisager une césarienne, généralement dans l’urgence. Après avoir rappelé les indications d’une césarienne planifiée et les méthodes de planification, nous détaillons la technique de la césarienne planifiée, développée au C.E.R.C.A. (Centre d’Études en Reproduction des Carnivores) ainsi que sa réalisation pratique. LES AVANTAGES D’UNE CÉSARIENNE Une césarienne planifiée offre plus de sérénité au propriétaire et au vétérinaire, lorsque le risque de dystocie est élevé. ● Le propriétaire espère en effet avoir des chiots vivants et vigoureux, une chienne en bonne santé pouvant être remise à la reproduction ultérieurement. L’enjeu économique peut être aussi considéré : le prix de vente d’un chiot oscille entre 500 et 4 000 € (photo 1). ● En cas de mise bas difficile, et à l’instar de ce qui a été démontré chez la femme, le taux de mortalité néonatale augmente rapidement avec le délai d’expulsion du chiot (5,4 p. cent dans les 4 premières heures après les 1ers symptômes de mise bas à 14 p. cent au delà de 5 heures) [6, 8]. De plus, lorsqu’une césarienne est réalisée après le début des contractions, le nombre de complications chez la mère et ses petits augmente nettement [9]. Au contraire, la réalisation ●

32

1

Pré-oxygénation d’une chienne calme en décubitus latérale.

- En cas d’excitation de la chienne, arrêter la pré-oxygénation (photo C.E.R.C.A, E.N.V.A.).

d’une césarienne planifiée donne des résultats identiques à la mise bas naturelle [14]. QUAND CONSEILLER UNE CÉSARIENNE PLANIFIÉE ? La césarienne planifiée peut être préconisée en suivant des critères épidémiologiques, mais ne doit pas être proposée à tous les propriétaires (figure 1) [14, 17]. ● Certaines races présentent une incidence de dystocie élevée : Bulldog anglais, Bouledogue français, Boxer, Shih Tzu, Yorkshire terrier, Labrador, … même si la mise bas normale est la règle dans 99,4 p. cent des cas (toutes races confondues) [1]. ● Si la sélection de chiennes présentant des mises bas difficiles peut imposer la réalisation de césariennes, toutes les dystocies ne sont pas d’origine héréditaire (bride vaginale, …). ●

LES MÉTHODES “TRADITIONNELLES” DE PLANIFICATION D’UNE CÉSARIENNE Au contraire de la césarienne d’urgence, décidée lors de mise bas dystocique ou/et de souffrance fœtale (fréquence cardiaque < 130-150 bpm) [2], la césarienne planifiée est réalisée avant même le début de l’expulsion des chiots (stade 2). ● La cascade d’événements qui conduisent à l’expulsion du fœtus chez la chienne (modèle extrapolé de la mise bas chez la brebis) permet au vétérinaire de définir le moment optimal pour la réaliser (figure 3), en déterminant l’ovulation par suivi des chaleurs, en mettant en évidence la chute de progestérone précédant la mise bas, en visualisant à l’aide d’un vidéo-endoscope ●


PP 38-46 Chimio et radio

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comment traiter

par chimiothérapie et radiothérapie les tumeurs de l’appareil génital chez le chien et le chat

Dominique Tierny

Oncovet Centre de Cancérologie Vétérinaire Avenue Paul Langevin 59650 Villeneuve d’Ascq

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir analyser le risque de récidive locale ou métastatique d’une tumeur de l’appareil reproducteur. ❚ Connaître les indications d’une radiothérapie ou d’une chimiothérapie et savoir proposer une stratégie anticancéreuse raisonnée pour améliorer le pronostic de survie.

Le 1er prix éditorial 2007

Essentiel ❚ L’exérèse chirurgicale guérit la majorité des tumeurs primitives testiculaires du chien. ❚ En cas de tumeur indifférenciée, à risque métastatique élevé, une chimiothérapie adjuvante à base de cisplatine ou carboplatine peut être entreprise.

Les tumeurs de l’appareil génital sont, le plus souvent, traitées chirurgicalement. Toutefois, comme pour les autres organes, la stratégie thérapeutique anticancéreuse, peut inclure la chimiothérapie, traitement systémique du cancer, ou la radiothérapie, traitement locorégional du processus tumoral.

L

a décision d’initier une chimiothérapie ou une radiothérapie peut se faire dans un objectif palliatif, sur des tumeurs inopérables ou au stade métastatique, ou dans un objectif curatif, en thérapeutique adjuvante à la chirurgie d’exérèse, sur des tumeurs à risque métastatique pour la chimiothérapie, ou à risque de récidive locale pour la radiothérapie. ● Dans certains types histologiques très chimio ou radiosensibles (tumeurs vénériennes canines transmissibles par exemple), une chimiothérapie exclusive ou une radiothérapie exclusive permettent d’aboutir à une guérison complète, sans exérèse chirurgicale. ● Cet article s’intéresse d’abord aux tumeurs de l’appareil génital mâle qui peuvent être traitées par chiomiothérapie et radiothérapie (tumeurs testiculaires, prostatiques, du pénis, du fourreau et du scrotum). Puis, il présente les tumeurs de l’appareil génital femelle sur lesquelles cette stratégie anticancéreuse peut être bénéfique. Les données de pathologie comparée sont rassemblées par type de tumeurs dans l’encadré 5. COMMENT TRAITER LES TUMEURS DE L’APPAREIL GÉNITAL MÂLE Les tumeurs testiculaires du chien et les traitement préconisés

CANINE - FÉLINE

Les tumeurs testiculaires représentent environ 90 p. cent des tumeurs de l’appareil génital mâle (encadré 1) [5]. Par traitement chirurgical

La castration chirurgicale guérit la majorité des tumeurs primitives testiculaires du chien, qui restent le plus souvent confinées au testicule.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 114 - JUIN / AOÛT 2008

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1

Échographie abdominale : métastases iliaque et lombo-aortique gauches d’un sertolinome (photo D. Tierny).

Nœud lymphatique iliaque gauche

Une dissémination métastatique est observée dans moins de 15 p. cent des cas de sertolinomes ou de séminomes, et encore plus rarement dans les tumeurs des cellules interstitielles de Leydig. Les nœuds lymphatiques satellites sont les premiers sites de dissémination métastatique (nœuds lymphatiques inguinaux, souslombaires et iliaques) (photo 1) [10]. À terme, des métastases à distance peuvent être mises en évidence (foie, poumons, reins, rate, système nerveux central, peau, …). ● Avant toute décision chirurgicale, un examen clinique complet incluant un toucher rectal est impératif. Une numération formule sanguine est préconisée pour exclure des cytopénies sanguines induites par un hyperoestrogénisme (thrombopénie, anémie, leucopénie). ● Un bilan d’extension par échographie abdominale (évaluation des nœuds lymphatiques iliaques, hypogastriques) ou par scanner abdomino-pelvien est préconisé en cas de signes cliniques faisant suspecter une dissémination métastatique à distance du processus tumoral testiculaire, ou si la lecture du compte rendu d’examen histologique sur pièce d’exérèse chirurgicale du testicule tumoral évoque une agressivité tumorale. Toute lésion suspecte doit faire l’objet de cytoponctions lorsqu’elle est accessible (encadré 2). ●


PP 47-48 Infertilite chatte

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les causes

hormonales d’infertilité chez la chatte

L’approche de l’infertilité chez la chatte implique de se souvenir que le fonctionnement hormonal dans cette espèce est différent de celui de la chienne*. L’absence de chaleurs (anœstrus) reste un problème majeur en chatterie. L’ANOESTRUS ● Chez la chatte, comme chez la chienne, il convient de distinguer entre l’anœstrus primaire, et l’anœstrus secondaire. ● L’anœstrus secondaire se caractérise chez une chatte préalablement cyclée, par l’absence de chaleurs après un délai raisonnable pour que celles-ci apparaissent. ● À la puberté chez la chatte, les premières chaleurs ne se manifestent qu’à la saison sexuelle, et, si une jeune chatte devient mûre sexuellement pendant la saison hivernale, ses premières chaleurs apparaîssent retardées.

Objectif pédagogique ❚ Connaître les principales causes hormonales d’infertilité chez la chatte. 1

Une observation clinique est parfois insuffisante pour repérer les chaleurs. - Dans ce cas, un frottis vaginal s'avèrera indispensable (photo C.E.R.C.A. E.N.V.A.).

Des troubles génétiques ou congénitaux comme un pseudohermaphroditisme, ou un mosaicisme, ne sont pas rares, chez la chatte. Un examen clinique et/ou un caryotype permettront de faire le diagnostic. ● Une ovariectomie antérieure passée inaperçue peut être difficile à repérer. ● En chatterie, l’utilisation d’antifongiques pour traiter la teigne est une cause fréquente d’anœstrus prolongé. Les stéroïdes (progestagènes ou corticoïdes) agissent de même. ●

Étiologie

Diagnostic

La cause la plus fréquente d’anœstrus chez la chatte est l’anœstrus saisonnier hivernal. ● L’anœstrus pathologique est plus souvent rencontré chez les races à poil long, et parmi celles-ci, fréquemment chez le Persan. Dans cette race, les chaleurs silencieuses sont particulièrement fréquentes, et ceci d’autant plus que les chattes vieillissent. Seuls des frottis vaginaux effectués pendant la saison de reproduction peuvent aider à les dépister (les dosages de progestérone ne servent à rien dans cette espèce à ovulation déclenchée) (photo 1). ● Une luminosité insuffisante est souvent responsable d’anœstrus en chatterie (on doit pouvoir “lire un journal sans difficulté dans le local au moins 14 heures par jour”). ● À l’inverse, un éclairement continu, 24 heures sur 24, est également inhibiteur de la cyclicité. Le stress ou les mauvaises conditions d’élevage (nourriture de mauvaise qualité, …) peuvent jouer un rôle néfaste. L’obésité est également défavorable.

Face à un cas d’anœstrus, il convient d’effectuer : - un recueil rigoureux des commémoratifs (origine iatrogène, conditions d’élevage, …) ; - un examen clinique approfondi (ambiguïté sexuelle, obésité, cicatrices d’une ovariectomie antérieure, …) ; - un frottis vaginal, afin de repérer des chaleurs silencieuses ; - une échographie ovarienne, pour rechercher une affection de l’ovaire (kystes, tumeur) ; - un caryotype.

Alain Fontbonne Service de Reproduction Animale E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

Le 1er prix éditorial 2007

NOTE * Cet article complète celui du même auteur “Reconnaître et diagnostiquer l’infertilité d’origine hormonale chez la chienne”, dans ce numéro.

Essentiel ❚ L’anœstrus est fréquent en hiver chez le Persan. ❚ Une luminosité suffisante dans la chatterie permet souvent d’obtenir des chaleurs toute l’année.

Traitement ● Lors de chaleurs silencieuses, un mâle vasectomisé ou non peut être placé dans la chatterie ou près de celle-ci, ce qui semble favoriser l’expression clinique des chaleurs (photo 2). - Il convient d’augmenter l’intensité lumineuse de la chatterie (on doit pouvoir “lire un journal sans difficulté dans le local au

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FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 123


PP 49-52 Oestrus chatte

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comment induire l’œstrus

Catherine Gilson Samuel Buff

chez la chatte Plusieurs protocoles d’induction de l’œstrus peuvent être appliqués chez la chatte. Le but est de provoquer un œstrus à tout moment de l’année, de sorte qu’il aboutisse à une ovulation fécondante. Le taux de succès est très variable d’une méthode à l’autre.

E

n Europe, l’élevage félin est en pleine évolution depuis quelques années. Désireux de répondre à une demande de plus en importante de la part de leur clientèle, les éleveurs s’adressent désormais aux centres de reproduction assistée. ● Le désaisonnement des chaleurs des reproductrices est la demande la plus fréquente, elle répond au besoin de produire des chatons pendant toute l’année (photo 1). ● Les félins domestiques ont depuis longtemps servi de modèle d’étude pour le développement des plans de sauvegarde des félidés sauvages. Les vétérinaires disposent de nombreuses données publiées sur le sujet. ● Après un rappel sur la physiologie de la reproduction féline et sur la période

Objectif pédagogique ❚ Connaître les méthodes d’induction de l’œstrus chez la chatte.

Définitions

1

Pour répondre à une demande de chatons à certaines périodes de l’année (en hiver, en particulier), l’induction artificielle de l’œstrus ou la prolongation de la saison sexuelle sont nécessaires (photo S. Buff).

❚ Le prœstrus est

optimale de fécondité (encadré 1), les différentes méthodes d’induction sont décrites avec leurs modalités et leurs résultats. LES MÉTHODES D’INDUCTION DE L’ŒSTRUS ● Différentes méthodes sont décrites pour induire l’œstrus chez la chatte et répondre ainsi à la demande des propriétaires et surtout des éleveurs : la modulation de l’éclairement, l’utilisation de l’hCG, d’autres gonadotrophines, de la GnRH ou d’analogues de la GnRH.

Encadré 1 - Rappels sur la reproduction féline et le cycle des chaleurs La chatte est une espèce polyœstrienne saisonnière, chez laquelle la période de reproduction est associée aux jours longs. L’anœstrus hivernal est induit lors de la diminution de la durée d’ensoleillement journalier. ● Dans l’hémisphère nord, la période sexuelle féline s’étend de février à septembre, à l’exception des chattes vivant en appartement ou en chatterie disposant d’un éclairement journalier prolongé. ● La race joue un rôle important sur l’anœstrus hivernal et la cyclicité : les chats à poils longs ont des chaleurs moins fréquentes et moins marquées que les chats à poils courts de type Siamois (photo 2) [1, 3, 5, 7]. ● Chez la chatte, le prœstrus n’est pas fréquemment exprimé (cf. définition). - La plupart des chattes débutent directement les chaleurs en œstrus (cf. définition). - Il est conseillé d’attendre le 2e ou le 3e jour après le début des chaleurs pour procéder à ●

Université de Lyon E.N.V.L. C.E.R.R.E.C. & Unité Clinique de Reproduction 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Etoile

l’accouplement, afin que les follicules aient atteint un développement suffisant. ● Le comportement de chaleur chez la chatte est plus ou moins prononcé selon la race : miaulements répétés, roulades, lordose, déviation latérale de la queue [3], … ● L’ovulation dans l’espèce féline est induite par la sécrétion hypophysaire d’un pic de L.H. en réponse au stimulus coïtal. Cependant, l’ovulation peut apparaître spontanément chez 30 à 35 p. cent des chattes [7]. - Dans seulement 50 p. cent des cas, une seule saillie est suffisante pour induire une ovulation. - En revanche, quatre saillies par œstrus sont associés à l’ovulation dans 100 p. cent des cas, ainsi qu’à un nombre élevé de follicules ovulés. ● À l’échographie, les follicules apparaissent grandir progressivement pour devenir pré-ovulatoires lorsqu’ils atteignent la taille de 4,2 mm de diamètre [7].

la phase des chaleurs au cours de laquelle la femelle refuse le mâle.

❚ L’œstrus est

Le 1er prix éditorial 2007

la phase du cycle au cours de laquelle la femelle accepte le mâle.

Essentiel ❚ Le chat est une espèce polyœstrienne saisonnière, chez qui la période de reproduction est associée aux jours longs. ❚ Les chats à poils longs ont des chaleurs moins fréquentes et moins marquées que les chats à poils courts de type Siamois.

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FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 125


PP 53-56 Geste semence chat male

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nouvelle technique

comment récolter et évaluer

la semence grâce au sondage urétral chez le chat mâle Une équipe italienne a développé récemment une technique de récolte, fondée sur l’utilisation d’α2-agonistes qui rend la récolte et l’évaluation de la semence chez le chat mâle accessible à tout vétérinaire. Prélever et récolter la semence d’un chat mâle ne nécessite donc plus l’utilisation d’un étalon entraîné à la récolte au vagin artificiel ou d’un électroéjaculateur, appareil relativement coûteux.

L

es techniques de récolte de semence chez le chat mâle ont été développées car ces animaux constituaient un modèle pour l’étude des félins sauvages. Actuellement, le chat de race connaît un véritable engouement. Ainsi, les ventes augmentent et les éleveurs sont de plus en plus intéressés par le développement des techniques de reproduction assistée qui permettraient de leur ouvrir de nouveaux horizons en termes de sélection génétique. Aussi, faire reproduire son chat est un acte qui peut nécessiter l’intervention du vétérinaire, soit pour confirmer un potentiel reproducteur, soit pour réaliser une insémination artificielle. ● Comparées à d’autres espèces comme le chien, ces techniques en sont encore à leurs

❚ Connaître la technique de prélèvement de la semence par sondage urétral chez le chat. ❚ Savoir évaluer la qualité de la semence chez le chat.

1

Extériorisation du pénis par taxis et maintien dans cette position (photo C.E.R.C.A. E.N.V.A.).

balbutiements, mais elles se développent en clinique. Il en est ainsi pour la récolte et l’évaluation de la semence chez le chat mâle, accessible en pratique quotidienne. ● Après un rappel sur les techniques de récolte de la semence, nous indiquons comment prélever la semence par sondage urétral, puis comment apprécier sa qualité.

Par électroéjaculation - Cette technique est celle de référence pour la récolte de semence chez les Félidés [2]. - Chez le chat, le prélèvement est réalisé sous anesthésie générale - avec un protocole à base de médétomidine (80 µg/kg)-kétamine (5 mg/kg) en I.M.

Le 1er prix éditorial 2007

LES α2-AGONISTES ET L’ÉJACULATION : UNE NOUVELLE TECHNIQUE Jusqu’à récemment, prélever un chat mâle ne pouvait se faire que de deux façons : - par utilisation de vagin artificiel ; - par électroéjaculation (encadré 1) [1]. ● Récemment une équipe italienne a présenté une nouvelle technique de prélèvement de la semence de chat, se fondant sur l’utilisation d’α2-agonistes [4]. ●

chez le chat mâle - Ce procédé est le moins invasif, mais il nécessite l’utilisation d’un mâle entraîné à ce type de prélèvement et d’une femelle en chaleur. - Cette technique est actuellement surtout utilisée surtout dans les chatteries expérimentales. Elle est difficilement transposable en technique courante.

C.E.R.C.A. - E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectifs pédagogiques

Encadré 1 - Les techniques de récolte de la semence Par utilisation de vagin artificiel

Emmanuel Fontaine

Une sonde est introduite dans le rectum sur environ 9 cm pour stimuler les voies nerveuses de l’éjaculation [3]. - Des séries d’implusions électriques sont ensuite appliquées et permettent d’obtenir une érection et une éjaculation. Lorsque la sonde est bien positionnée et que la stimulation est correctement délivrée, l’animal présente une extension des postérieurs avec une protrusion des griffes. - Cette technique est plus facile à utiliser en clinique. Mais, outre le problème du matériel, elle se heurte à la réticence de bon nombre de propriétaires qui la jugent trop invasive et douloureuse pour leurs animaux.

Essentiel ❚ Chez le chat, l’utilisation des a2-agonistes permet d’obtenir un relargage des spermatozoïdes dans l’urètre sans induire l’éjaculation. ❚ Le prélèvement de semence chez le chat peut se faire à l’aide d’une sonde urétrale dont l’extrémité est coupée, insérée dans l’urètre sur 9 cm, puis immédiatement retirée.

FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 129


PP 57-61 Obs clinique chatte

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observation clinique des pertes vulvaires chez deux chattes reproductrices Une vaginite est à envisager devant des pertes vulvaires chez le chat, particulièrement lorsque l’affection semble chronique ou récidivante, en l’absence d’autres signes cliniques urogénitaux. Lors de pertes vulvaires ou de causes d’infertilité en général, les vaginites sont à prendre en compte dans le diagnostic différentiel. Cette observation décrit l’apparition simultanée d’une vaginite chez deux chattes de haute valeur génétique apparentées.

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eux chattes des forêts norvégiennes, âgée de 2 et 5 ans, sont présentées à la consultation pour des pertes vulvaires apparues quelques semaines auparavant. Les animaux sont des reproducteurs de haute valeur génétique : l'une est la représentante du standard pour la race, l'autre est sa fille (photo 1).

ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS Les deux chattes vivent dans un appartement et n'ont pas accès à l'extérieur. ●

Chatte n°1 : la mère La mère, âgée de 5 ans, n'a pas d'antécédents pathologiques. Elle n'a jamais reçu de progestatifs. Depuis sa mise à la reproduction, elle a mené trois gestations à terme, (naissance annuelle avec des mises bas sans complications) ; la dernière a eu lieu un an auparavant. Les chatons issus de ces portées étaient viables et ne montraient aucune anomalie. ● Depuis 2 mois, la chatte présente des écoulements vulvaires. L’échographie abdominale réalisée lors de la 1re consultation, n'a pas montré de modifications de la structure utérine ou du contenu de l'utérus. ● L'animal a présenté des chaleurs 10 jours avant cette consultation, et a été saillie par un mâle de la même race, malgré des pertes vulvaires. ● Trois traitements successifs ont été prescrits ●

Anne Gogny1 Francis Fiéni2 1 Service de reproduction des animaux de compagnie Centre Hospitalier Vétérinaire 2 Unité de Biotechnologie et pathologie de la reproduction E.N.V.N. Atlanpole La Chantrerie BP 40706 - 44307 Nantes Cedex 3

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir identifier une vaginite chez la chatte. ❚ Traiter une vaginite chez une chatte reproductrice.

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La chatte n°1 est une chatte des forêts norvégiennes de haute valeur génétique : elle est représentante du standard pour la race (photo A. Gogny).

par des confrères, sans amélioration : 1. de la céfalexine (Therios®) pendant 3 semaines ; 2. puis une injection d'aglépristone (Alizine®) suivie d'une administration de marbofloxacine (Marbocyl®) pendant 3 semaines ; 3. puis deux injections d'aglépristone* à une semaine d'intervalle, associées à des injections quotidiennes de cloprosténol (Estrumate®) pendant 7 jours, et à un traitement antibiotique à base d'amoxicilline + acide clavulanique (Synulox®). Chatte n°2 : la fille ● Âgée de 2 ans, la fille n'a jamais mené de gestation, ni reçu de progestagènes. En chaleurs 15 jours avant la consultation, elle a également été saillie. ● La chatte présente des pertes vulvaires depuis environ 6 semaines, mais n'a reçu aucun traitement.

EXAMENS CLINIQUES Chatte n°1 ● La mère est en bon état. L'examen clinique général ne montre aucune anomalie, en dehors d'une légère hyperplasie mammaire associée à une faible lactation, en régression d'après la propriétaire. La température rectale est de 38,8°C. La vessie est pleine, de la taille d'une petite mandarine. Le comportement mictionnel est normal. ● L'examen de l'appareil génital met en évidence un écoulement mucopurulent, de couleur blanchâtre, exprimé lors de pression sur la vulve. Celle-ci est légèrement congestionnée. La zone périvulvaire est souillée, avec des poils collés.

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Motif de consultation ❚ Des pertes vulvaires depuis quelques semaines chez deux chattes de haute valeur génétique.

NOTE * Spécialité de médecine humaine.

Hypothèses diagnostiques ❚ Une vaginite ❚ Une vestibulite ou une vulvite ❚ Une infection utérine ou une infection du tractus urinaire ❚ Une tumeur utérine ou une tumeur du tractus urinaire ❚ Un mucomètre ❚ Un avortement ❚ Une gestation

FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 133


PP 62-66 Chirurgie endocrinienne

22/07/08

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chirurgie endocrinienne

traitement chirurgical

Antoine Dunié-Mérigot Cyrill Poncet Centre hospitalier de Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil

Objectif pédagogique ❚ Connaître les indications et les risques de chirurgie du pancréas.

Le 1er prix éditorial 2007

Essentiel ❚ La vascularisation du pancréas est intimement liée à celle du duodénum. ❚ Le pancréas est un organe sensible aux manipulations chirurgicales ; des pancréatites peuvent être observées en post-opératoire. ❚ La pancréatectomie totale est une intervention à proscrire en raison des complications élevées associées. ❚ L’insulinome est la tumeur pancréatique la plus fréquente du pancréas, le pronostic chirurgical est encourageant.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 138 - JUIN / AOÛT 2008

du pancréas chez le chien et le chat L’intime relation entre la vascularisation du pancréas avec le duodénum constitue la principale difficulté de la chirurgie du pancréas. Chaque indication chirurgicale doit être soigneusement établie, en connaissance des risques et des complications.

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es indications de chirurgie pancréatique sont souvent méconnues en médecine vétérinaire. Or, une intervention chirurgicale sur le pancréas peut s’avérer nécessaire dans certains cas, lors de certains cas de pancréatites, de pseudokyste, de nécrose, d’abcès, de tumeurs pancréatiques. La susceptibilité du pancréas aux manipulations et la proximité de sa vascularisation avec celle du duodénum constituent les principales difficultés à cette intervention. Une bonne connaissance de l’anatomie de cet organe est donc indispensable, ainsi qu’une prise en charge rigoureuse de l’animal. Après un rappel de l’anatomie pour une bonne intervention chirurgicale (encadré 1), nous présentons les indications, puis les techniques proposées. INDICATIONS ET DÉCISIONS CHIRURGICALES

● Diverses affections pancréatiques nécessitent un acte chirurgical : certains cas de pancréatites, le pseudokyste, la nécrose, l’abcès, les tumeurs pancréatiques.

La pancréatite ● La pancréatite représente l’affection la plus fréquente du pancréas [1, 2]. ● Les indications chirurgicales ne sont envisagées que dans les formes graves de pancréatite lorsque le traitement médical a échoué et que des lésions nécessitent d’être retirées. La biopsie reste également une indication afin d’établir un diagnostic. ● De plus, certains cas de pancréatites peuvent engendrer une obstruction des voies biliaires (à cause d’un œdème ou d’une fibrose). Une chirurgie de dérivation des

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1

Photographie peropératoire d’une pancréatite nécrosante. - Noter les lésions en taches de bougie (cytostéatonécrose) blanchâtres sur l’ensemble du pancréas (photo A. Dunié-Mérigot).

voies biliaires peut alors être envisagée (cholécystoduodénostomie ou cholécystojéjunostomie) [1, 2]. ● Certains animaux atteints de pancréatite peuvent être nourris par sonde de jéjunostomie. La mise en place de cette sonde permet de shunter le pancréas, donc d’éviter de stimuler le pancréas. Les lésions secondaires aux pancréatites : pseudokyste, nécrose et abcès Les pseudokystes sont des lésions secondaires aux pancréatites chez le chien et le chat. Il s’agit de l’accumulation de sécrétions et de débris pancréatiques au sein d’un sac pancréatique fibreux et non épithélialisé. Les pseudokystes peuvent être aspirés sous contrôle échoguidé dans la plupart des cas [4, 5]. Si la lésion est volumineuse, le risque de perforation échoguidée est important. Un drainage chirurgical peut être envisagé, associé à une omentalisation [6] ou à un abouchement de la paroi du pseudokyste à l’estomac (cystogastrostomie), au duodénum (cystoduodénostomie) ou au jéjunum (cystojéjunostomie) [3, 7]. Le pronostic semble être meilleur que pour les abcès pancréatiques [3]. Les lésions de nécrose pancréatiques sont décrites chez le chien et se rencontrent dans 7 p. cent des pancréatites (photos 1, 2) [3]. ● La présence de lésions nécrotiques peut être une indication chirurgicale. Les zones nécrotiques sont excisées par pancréatectomie partielle. Des guérisons complètes ont ainsi été décrites [1]. ●


PP 67-70 Elevages et collectivites

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élevages et collectivités la qualité sanitaire des chiots en animalerie une démarche qualité Une filière de qualité a été mise en place ces dernières années, de l’amont à l’aval, pour vendre dans certaines animaleries des chiots en bonne santé.

LE CHOIX DE L’ÉLEVAGE ● Les sociétés de courtage qui souhaitent adopter une démarche qualité n’intègrent dans leur circuit de commercialisation que des chiots issus d’élevages canins français sélectionnés : ceci permet d’assurer la traçabilité. ● Un audit technique et sanitaire de l’élevage est d’abord effectué, afin de s’assurer

Service de Reproduction Animale E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

Objectif pédagogique ❚ Connaître les résultats d’une démarche qualité pour les chiots vendus en animalerie.

J

usque récemment, la qualité sanitaire des chiots en animalerie laissait souvent à désirer. Les conditions sanitaires douteuses, l’absence de réglementation spécifique, le large approvisionnement grâce à des filières d’importation de chiots très jeunes, suivi parfois d’allotements réalisés avec un minimum de précautions sanitaires, généraient fréquemment de graves problèmes de santé des chiots. ● Aussi, la vente de chiots en animalerie avait-elle mauvaise presse auprès de nombreux vétérinaires. ● Face à ce constat, trois grandes sociétés françaises (encadré 1), ont développé une démarche de qualité. Cette démarche implique une mise à la vente de chiots issus d’élevage sélectionnés, la formation des personnels d’élevage et d’animalerie, l’implication des vétérinaires à toutes les étapes de la chaîne, le suivi médical et juridique des animaux si une difficulté est rencontrée après la vente. ● Elle a conduit à la création en mars 2008 d’un syndicat, le S.I.P.A.C. (Syndicat Interprofessionnel de l’Animal de Compagnie) : la promotion de la qualité en animalerie est un des principaux objectifs (encadré 2). ● Au-delà des critiques d’ordre éthique, il est intéressant de savoir s’il est possible de proposer à la vente des chiots de bonne qualité en animalerie. Cet article propose d’analyser le bilan sanitaire des quatre dernières années d’une société française de fourniture de chiots*.

Alain Fontbonne Emmanuel Fontaine

1

Un élevage surpeuplé, manquant d’hygiène ou de bonnes conditions d’épanouissement comportemental ne doit pas être retenu comme source d’approvisionnement de chiots (photo A. Fontbonne).

Encadré 1 - Les entreprises de courtage en animalerie Le développement de la vente de chiots en animalerie s’est accru ces dernières années avec : - une demande qui a augmenté : à la fin des années 1990, 900 000 chiots étaient vendus ou cédés par an en France, dont 80 000 à 12 000 en animalerie [14] ; ce marché n’a cessé de progresser depuis ; - la demande est variable au cours de l’année et liée à une demande accrue pour certaines races, parfois peu disponibles (Bichons, Yorkshire terriers, Bouledogues français, …) ; - de nombreux éleveurs sont réticents à vendre leurs chiots en animalerie. ● De cette difficulté d’approvisionnement est née la profession de “courtier” ou “broker” [17] : ces courtiers jouent le rôle de grossistesrépartiteurs (figure 1). Leur situation est centrale dans cette filière. Certains ont choisi de développer une démarche qualité en s’approvisionnant chez des éleveurs canins français sélectionnés et régulièrement contrôlés.

Le 1er prix

Figure 1 - Le rôle central des courtiers dans la commercialisation des chiots (d’après Legeay 1999) - Particuliers - Élevages nationaux

éditorial 2007

NOTE * LTS SA, 66 Le Boulou.

Essentiel ❚ Les sociétés de courtage qui souhaitent adopter une démarche qualité n’intègrent dans leur circuit de commercialisation que des chiots issus d’élevages canins sélectionnés. ❚ Lorsqu’un élevage est pré-sélectionné, le vétérinaire est contacté, afin de mettre en œuvre les mesures de prophylaxie.

- Jardineries - Particuliers

- Élevages intra-CE

- Chaînes animalières

- Élevages hors CE

- Animaleries indépendantes

RUBRIQUE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 143


PP 73-75 Loi chiens dangereux

23/07/08

17:29

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la loi sur les chiens dangereux et le vétérinaire Dona Sauvage

Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires 34, rue Bréguet 75011 Paris

Le 12 juin 2008, le Sénat a adopté le projet de loi renforçant les mesures de prévention et de protection des personnes contre les chiens dangereux.

Objectif pédagogique ❚ Connaître les nouvelles dispositions de la loi relative à la prévention et à la protection des personnes contre les chiens dangereux.

D

ans son premier article, cette loi institue auprès du ministre de l’Intérieur et des ministres chargés de l’Agriculture et de la Santé, un Observatoire national du comportement canin. Cette mesure devrait permettre d’obtenir une estimation réelle du nombre et de la gravité des morsures, en fonction de la race du chien et des circonstances de l’accident. LES MODIFICATIONS DE LA LOI

Cette nouvelle loi modifie significativement le Code rural en imposant : - l’obtention d’un permis de détention des chiens de 1re et de 2e catégories ; - une évaluation comportementale pour tous les chiens qui ont mordu (photo) ; - la déclaration au maire de toute morsure par tout professionnel en ayant eu connaissance. ● Un fichier national va permettre le suivi statistique et administratif des animaux dont l’identification est obligatoire. Leurs propriétaires successifs vont être enregistrés, ainsi que la mention de l’exécution des obligations administratives auxquelles ces derniers sont astreints. ● L’obtention d’une qualification est imposée aux agents de sécurité qui utilisent un chien dans le cadre de leurs activités, ainsi que la mention de l’identification du chien sur leur carte professionnelle. ● En cas d’homicide involontaire résultant de l’agression commise par un chien, cette loi renforce considérablement les peines encourues par le propriétaire ou celui qui détient le chien au moment des faits : - cet homicide involontaire est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende ; - les peines sont portées à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende lorsque le propriétaire ou le détenteur n’a pas rempli toutes les obligations prévues par la loi, s’il s’agit d’un chien ayant fait l’objet de ●

1

Tout chien mordeur sera systématiquement soumis à une évaluation comportementale (photo C. Arpaillange).

mauvais traitements de la part de ces derniers, ou si le propriétaire est en état d’ivresse au moment des faits ; - elles sont portées à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende lorsque l’homicide involontaire a été commis avec deux ou plusieurs non respects des dispositions prévues (par exemple état d’ivresse du propriétaire et absence de permis de détention d’un chien de 1re ou de 2e catégorie). ● Les principales mesures concernant les vétérinaires sont : - l’évaluation comportementale ; - la déclaration au maire de toute morsure de chien dont il aurait eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions. L’ÉVALUATION COMPORTEMENTALE À LA DEMANDE DU MAIRE Article L211-14-1 L’évaluation comportementale à la demande du maire est effectuée par un vétérinaire choisi par le propriétaire, ou le détenteur de l’animal, sur une liste départementale. ● Il est inscrit dans la loi que le résultat de cette évaluation est communiqué au maire par le vétérinaire. Le secret professionnel ne peut donc pas être évoqué (article 226-13 du code pénal). ● Cette évaluation peut permettre au maire de prendre des mesures de prévention, comme celle d’imposer au propriétaire ou au détenteur du chien de suivre la formation et d’obtenir l’attestation d’aptitude prévue au 1 de l’article L.211-13. ● En cas d'inexécution des mesures prescrites ●

Le 1er prix éditorial 2007

Essentiel ❚ À la demande du maire, l’évaluation comportementale est effectuée par un vétérinaire choisi par le propriétaire ou le détenteur de l’animal sur une liste départementale. ❚ Le maire peut prendre des mesures de prévention et imposer au propriétaire de suivre la formation et d’obtenir une attestation d’aptitude.

MANAGEMENT

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 149


PP 77-79

Lois vetos comportementalistes

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tribune

la loi sur les chiens dangereux : une chance ou un risque pour les vétérinaires ? Colette Arpaillange1 Claude Béata2

1

Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire École Nationale Vétérinaire de Nantes Atlanpole La Chantrerie 44307 Nantes Cedex 2

Dans la nouvelle loi sur les chiens dangereux, les efforts de tous ont permis de montrer que la profession vétérinaire était réactive, organisée et responsable.

Objectif pédagogique ❚ Connaître le rôle du vétérinaire dans l’application de la nouvelle loi sur les chiens dangereux.

L

a loi renforçant les mesures de prévention et de protection des personnes contre les chiens dangereux a été promulguée le 20 juin 2008 (Loi 2008-582). ● Le vétérinaire se retrouve en première ligne, au cœur du système de surveillance des chiens mordeurs que prévoit cette loi. ● Cette place, qui lui revient de fait, peut être considérée comme une chance, ou comme un risque inacceptable. Ce débat interne à la profession est le reflet des controverses qui ont accompagné au fil des mois les discussions autour du premier projet de loi. L’HISTORIQUE Une mobilisation importante de nos instances a été nécessaire, afin de faire entendre la voix de la profession ces derniers mois, entre le dépôt du projet de loi devant le sénat le 11 octobre 2007 et la promulgation de la loi. Le Syndicat National des Vétérinaires d’Exercice Libéral (S.N.V.E.L.) et l’association Zoopsy, qui représente les vétérinaires comportementalistes, se sont mobilisés pour faire partie des groupes de travail, et apporter un avis éclairé. ● Grâce à la vigilance exercée, le projet de loi a pu être amendé. La “suppression” des chiens de 1re catégorie a notamment été évitée, et les mesures axées sur des critères de race ont été renforcées. ● Dès lors que l’implication des vétérinaires dans le processus d’évaluation comportementale a été acquise, ces mêmes instances ont rapidement proposé une formation à l’évaluation comportementale (photo 1). ●

CONCERNANT LES MORSURES ET LES CHIENS D’ATTAQUE OU DE DÉFENSE ● Force est de reconnaître que le dispositif législatif en vigueur avant la promulgation de la loi a fait la preuve de son inefficacité.

341, boulevard Grignan 83000 Toulon

Le 1er prix éditorial 2007

1

Berger belge agressif (photo C. Arpaillange).

La loi du 6 janvier 1999 n’a pas permis de faire diminuer le nombre de morsures, alors qu’il s’agissait de son objectif premier, ni de réduire le nombre de chiens de catégorie. ● Si le nombre de déclarations de chiens dits d’attaque (1re catégorie) a effectivement diminué, les inscriptions de chiens de 2e catégorie, dits de défense (Rottweiler et American Staffordshire Terrier), ont progressé. La suppression des chiens de 1re catégorie par les mesures prévues par la loi de 1999 est une utopie, dans la mesure où le croisement de n’importe quel chien de type molossoïde (y compris les Boxers) est susceptible de produire un chien rentrant en 1re catégorie. Quoique très contraignantes pour les propriétaires, les mesures visant les chiens de type Pit-Bull ont été vaines. UN NOMBRE DE MORSURES CONSTANT Le nombre d’accidents par morsure semble constant, et la loi de 1999 n’a montré aucune efficacité. En moyenne, deux à quatre accidents mortels dus à une attaque de chien en France sont déplorés chaque année. Le nombre de décès imputables à des chiens est de l’ordre d’une vingtaine par an aux États-Unis, ce qui permet d’avancer

Essentiel ❚ La loi du 6 janvier 1999 n’a permis ni de faire diminuer le nombre de morsures, ni de réduire le nombre de chiens de catégorie. ❚ Le vétérinaire est impliqué en premier lieu dans le dispositif de prévention des morsures canines, prévu par la nouvelle loi du 20 juin 2008.

MANAGEMENT

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 153


PP 80-81 Test clinique Réponses

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test clinique Anne Gogny Service de reproduction des animaux de compagnie Centre Hospitalier Vétérinaire E.N.V.N. Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

les réponses

une castration ignorée chez un West Highland White Terrier 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? L'examen clinique et échographique n'ayant pas permis de localiser le testicule cryptorchide, trois hypothèses sont envisageables : 1. Le testicule a été ôté à l'insu du chirurgien lors de la réduction de la hernie inguinale, soit parce qu'il était atrophié ou très peu développé, soit parce que la hernie était très graisseuse. 2. Le testicule est atrophié et peu différencié : sa structure et sa taille ne permettent pas de le reconnaître à l'examen échographique. La différenciation du testicule a été stoppée tôt au cours de l'organogénèse. 3. L'animal présente une agénésie du testicule droit. Il n'est pas possible, à ce stade, de s'orienter vers l'une ou l'autre de ces hypothèses. 2 Quelle conduite adoptez-vous ? ● Compte tenu de l'âge du chien, tenter de stimuler la descente testiculaire avec un traitement médical n'est pas envisageable. Si le chien est monorchide, le risque de tumorisation du testicule restant est important. Il est donc nécessaire de savoir si l'animal est monorchide ou castré. Les possibilités qui s'offrent sont : 1. de chercher le testicule cryptorchide par laparotomie ; 2. de procéder à une castration unilatérale du testicule en place, puis de mettre en évidence la persistance d'une activité hormonale qui traduirait l'existence d'un testicule en position abdominale ou inguinale. La demivie de la testostérone étant de 1 à 12 jours environ, un délai, fixé arbitrairement à 1 mois après l'intervention, permet d'éliminer tout

Tableau 1 - Concentration plasmatique basale en testostérone en fonction du statut des chiens mâles adultes (d'après Feldman, [3]) Chiens mâles adultes ●

Concentration plasmatique basale en testostérone < 20 pg/ml

Castrés

Avec deux testicules cryptorchides ● Avec un testicule scrotal et un testicule cryptorchide ● Avec deux testicules en position scrotale ●

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 156 - JUIN / AOÛT 2008

de 100 à 2000 pg/ml (de 0,1 à 2 ng/ml) de 1000 à 5000 pg/ml (de 1 à 5 ng/ml) de 1000 à 5000 pg/ml (de 1 à 5 ng/ml)

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risque de fausser le résultat en détectant la testostérone résiduelle. ● La palpation de la prostate ne peut pas permettre de distinguer un mâle stérilisé d'un animal entier. En effet, chez les chiens castrés, la prostate occupe un volume moins important que chez les animaux cryptorchides [5]. Mais dans ce cas, l'âge de l'animal (jeune adulte récemment pubère) fausse le résultat de cet examen. ● Le chien subit alors une castration du testicule gauche à testicule découvert, avec abord par voie paramédiane. Il est revu un mois plus tard pour évaluer son statut hormonal. 3 Quel examen complémentaire proposez-vous ? ● Chez le chien, la concentration plasmatique en testostérone n'est pas le reflet de l'activité testiculaire, car le testicule contient des concentrations 50 à 100 fois supérieures aux concentrations sanguines. Une altération de l'activité hormonale testiculaire n'est donc pas toujours perceptible au niveau sanguin. ● Le dosage de la concentration plasmatique basale en testostérone peut néanmoins permettre de distinguer les animaux castrés des animaux entiers, ou cryptorchides bilatéraux. Il n'existe pas de différence entre les chiens qui possèdent deux testicules en position scrotale et ceux qui ont un testicule en position abdominale (tableau 1) [3]. Les concentrations plasmatiques en testostérone peuvent varier rapidement chez un chien. Il est donc préconisé d'effectuer plusieurs prélèvements à 20 min d'intervalle. Aussi, si une concentration plasmatique élevée permet de conclure à l'existence d'un testicule chez l'animal testé, un résultat négatif ne traduit pas de façon certaine l'absence de sécrétion de testostérone par les cellules de Leydig, ce qui limite l'intérêt de ce test. ● Il est donc plus intéressant d'effectuer un test de stimulation à l'hCG (human chorionic gonadotropin) ou à la GnRH (gonadotropinreleasing hormone) (encadré 1). ● Le test de stimulation à l’hCG consiste à effectuer un dosage de la concentration plasmatique en testostérone à T0, puis à injecter 50 UI/kg d'hCG, et effectuer un 2nd


PP 80-81 Test clinique Réponses

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une castration ignorée chez un West Highland White Terrier Encadré 1 - Un autre test utilisé en recherche : le test de stimulation à la GnRH ● Lorsqu’un défaut de sécrétion de testostérone chez un chien mâle est soupçonné, le test à la GnRH pourrait permettre d'identifier son origine, car il s'appuie sur le dosage de la testostérone et de la L.H. (luteinizing hormon) (tableau 2, figure). La stimulation GnRH présente également l'avantage d'être moins immunogène que l'hCG, mais nécessite l'intégrité de l'axe hypothalamo-hypophysaire. ● Ainsi, une concentration faible en L.H. associée à une concentration faible en testostérone, après stimulation à la

GnRH, traduit une anomalie du fonctionnement de l’hypophyse ou de l'hypothalamus. Lorsque la concentration en testostérone est seule à rester basale, ceci signifie que le défaut de sécrétion provient du testicule lui-même, ou que le chien est castré. Néanmoins, ce test présente trois limites : 1. son interprétation demande un respect strict du protocole ; 2. le dosage de la L.H. est très onéreux, il ne peut donc être réalisé en routine en pratique vétérinaire ;

3. les analogues de la GnRH sont très nombreux, et les résultats des dosages de testostérone sont à interpréter en fonction de l'analogue utilisé [4]. - Chez l'Homme, le diagnostic de l'hypogonadisme peut être effectué par le dosage sanguin de la testostérone, associé aux dosages de la L.H. et de la F.S.H., qui permettent de différencier les hypogonadismes primaire (hypergonadotropique) et secondaire (hypogonadotropique) [2]. - Des tests salivaires sont également utilisés, avec de bons résultats [1].

Figure - Régulation

Tableau 2 - Interprétation des résultats

des hormones sexuelles chez le mâle

du test de stimulation à la GnRH (d'après Feldman, [3])

(d’après Feldman, [3, 4])

Concentration plasmatique Concentration de la testostérone plasmatique de L.H. 60 min après stimulation 15 min après stimulation

Système nerveux central

Augmentée et au moins > 3 ng/ml

- Augmentée

- Activité hormonale normale

Basale

- Augmentée

- Défaut de sécrétion des cellules de Leydig (animal castré ou hypogonadisme)

Basale

- Normale ou diminuée

- Dysfonctionnement de l’hypophyse ou de l'hypothalamus

Hypothalamus

?

?

GnRH Gonatrophines pituitaires FSH Cellules de Sertoli ?

Inhibine Stimulation

LH Cellules de Leydig

Testostérone Inhibition

dosage à T0+24h [8, 9]. Chez le chien, l'hCG multiplie par six la concentration plasmatique en testostérone [6]. Cette méthode a été utilisée à des fins diagnostiques chez le chat [7]. ● Chez ce chien, un test de stimulation à l'hCG a été effectué. Les résultats obtenus sont proches de zéro, avant et après stimulation, ce qui met en évidence l'absence d'activité hormonale testiculaire, très probablement liée à l'absence de testicule.

Une laparotomie aurait également permis d'arriver à cette conclusion : elle aurait mis en évidence l'absence de structures vasculaires relatives au testicule cryptorchide, avec les inconvénients de l'intervention chirurgicale (douleur, complications post-opératoires potentielles, risque d'adhérences, ...). ● Le testicule cryptorchide était sans doute en position inguinale lors de la réduction de la hernie inguinale, hypothèse d'autant plus plausible que l'animal était très jeune (moins de 6 semaines) lors de l'intervention [4].

Interprétation

Le testicule a donc pu être ôté accidentellement, en même temps que la hernie. ● Il est possible aussi que ce chien souffre d'une agénésie testiculaire, phénomène extrêmement rare, mais envisageable [10]. CONCLUSION ● Lorsque les commémoratifs autour d'un animal ne sont pas complets, et qu’un ou les deux testicules ne sont pas présents dans le scrotum, il n'est pas toujours possible de différencier un mâle castré d'un animal cryptorchide. Or, ce dernier court un risque de tumorisation testiculaire beaucoup plus important. Le test de stimulation permet de distinguer les animaux castrés ou non, il évite une laparotomie inutile aux premiers, et permet une intervention chirurgicale adaptée chez les seconds. ● Toutefois, si la recherche du testicule éventuellement restant s'appuie exclusivement sur la mise en évidence d'une activité hormonale, elle ne permet pas d'écarter avec certitude l'existence d'un testicule non sécrétant. La présence d'un testicule atrophié très peu différencié et ne sécrétant pas d'hormones sexuelles est en théorie possible. Le risque de tumorisation n'est alors pas connu. ❒

Références 1. Arregger AL, Contreras LN, Tumilasci OR, coll. Salivary testosterone : a reliable approach to the diagnosis of male hypogonadism. Clin Endocrin 2007;7(5):656-62. 2. Darby E, Anawalt BD. Male hypogonadism : an update on diagnosis and treatment. Treat Endocrinol 2005;4(5):293-309. 3. Feldman EC, Nelson RW. Clinical and diagnostic evaluation of the male reproductive tract. In : Feldman EC, Nelson RW. Canine and feline endocrinology and reproduction, 3rd ed. Philadelphia, WB Saunders, 2004a:930-52. 4. Feldman EC, Nelson RW. Disorders of the testes and epididymides. In : Feldman EC, Nelson RW. Canine and feline endocrinology and reproduction, 3rd ed. Philadelphia, WB Saunders. 2004b:961-76. 5. Johnston SD, Root Kustritz MV, Olson PNS. Clinical approach to infertility in the male dog. In : Johnston SD, Root Kustritz MV, Olson PNS. Canine and feline theriogenology. Philadelphia, WB Saunders, 2001: 371-87. 6. Kelch RP, Jenner MR, Weinstein R, coll. Estradiol and testosterone secretion by human, simian and canine testes, in males with hypogonadism and in male pseudohermaphrodites with the feminizing testes syndrome. The Journal of Clinical Investigation 1972;51:824-30. 7. Memon MA, Ganjam VK, Pavletic MM, coll. Use of human gonadotropin stimulation test to detect a retained testis in a cat. J Am Vet Med Assoc 1992;201(10):1602. 8. Meyers-Wallen VN. Clinical approach to infertile male dogs with sperm in the ejaculate. Clin Vet North Am 1991;21:609. 9. Siliart B, Fontbonne A, Badinand F. Hypogonadism in male dogs: summar of biological diagnosis, clinical features and aetiology for 519 cases (free communication). J Reprod Fert Suppl 1993;47:560-1. 10. Verstegen JP. Conditions of the male. In : Simpson GM, England GCW, Harvey M. (eds). B.S.A.V.A. Manual of small animal reproduction and neonatalogy. Cheltenham, British Small Animal Veterinary Association, 1998:71.

81

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline JUIN / AOÛT 2008 - 157


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