N°4 FÉVRIER MAI 2001
HALITOSE Conduites à tenir, fiches pratiques : - Comment examiner la cavité buccale chez un chien et un chat ? - Comment prévenir et traiter l’halitose d’origine parondontale ? - Chirurgie : l’extraction dentaire - Imagerie médicale
Observation : - Traitement d’une tumeur
Féline - Comment diagnostiquer les “lésions du collet” ou résorptions odontoclastiques félines
Rubriques
DOSSIER : SOINS BUCCO-DENTAIRES
DU CHIEN ET DU CHAT l’halitose ou mauvaise haleine est un des premiers motifs de consultation en pathologie bucco-pharyngée...
Management et entreprise 1. Comment bien vendre des soins dentaires Pratiquement tous les chiens et les chats, au cours de leur vie, ont besoin de soins dentaires...
2. Comment calculer la performance de sa clientèle REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE
- Alimentation et odeurs fécales - Principe actif : la cimétidine - Analyses et commentaires : néoformation gingivale - Geste chirurgical : le détartrage - Élevage et collectivité : cas d’angiostrongylose - Comportement : l’acquisition des autocontrôles chez le chiot - La trousse d’urgence : le mannitol - Diagnostic et le B.A. BA en BD : le western blot - N.A.C. : Choc occlusif chez un furet
Fiches action : - Tribune libre - Témoignage - Analyser vos comptes - Quels critères d’analyse financière ? - Cas clinique : analyser votre entreprise
sommaire Editorial par Jean-Luc Cadoré Tests cliniques : questions Christophe Hugnet réponses page 97 Questions-réponses sur détartrage et anesthésie Roger Mellinger
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FÉVRIER MAI 2001
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DOSSIER HALITOSE et soins
CANINE Comment examiner la cavité buccale d’un chien et d’un chat Philippe Hennet Fiche : L'examen clinique Ronan Cognet Comment la traiter l’halitose d’origine parondontale ? Comment la prévenir ? Philippe Masse Fiche thérapeutique Ronan Cognet - Colette Arpaillange Chirurgie : L’extraction dentaire chez les carnivores domestiques Ronan Cognet Imagerie : L’examen radiographique des dents du chien et du chat Roger Mellinger Observation clinique : traitement d’une tumeur chez un bouvier bernois Axelle Barot, Olivier Gauthier
N°4
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buccodentaires
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FÉLINE Comment diagnostiquer les lésions de résorption odontoclastiques félines ? Olivier Gauthier
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RUBRIQUES Alimentation et odeurs fécales du chien et du chat Pascale Pibot Principe actif : La cimétidine Jean-Claude Desfontis, Marc Gogny Analyse et commentaires : Néoformation gingivale chez un chien Frédérique Degorce Geste chirurgical : Le détartrage ou le traitement hygiénique de la maladie parondontale Philippe Masse Élevage et collectivité : Cas d’angiostrongylose canine dans la région lyonnaise Virginie Villeneuve, Jean-Louis Madec, Gilles Bourdoiseau; Frédéric Beugnet Comportement : L’acquisition des autocontrôles chez le chiot Colette Arpaillange La trousse d'urgence : Le mannitol Arnaud Lavirotte, Christophe Hugnet Diagnostic : Le western-blot ou “immunoblotting” Corine Boucraut-Baralon Le B.A.BA en BD : Le western-blot Frédéric Mahé N.A.C. : Choc occlusif chez un furet Emmanuel Risi, Alexandre Louis, Rodolphe Milliat
47 53 55 57 61
65 68 70 71
Souscription d’abonnement page 98
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MANAGEMENT ET ENTREPRISE Marketing et soins dentaires Roger Mellinger Tribune libre : Une médecine qui “parle” au propriétaire d’animal de compagnie Pierre-Henri Belin Témoignage : Valentin Cassan : 15 ans de travail sur l’hygiène bucco-dentaire Propos recueillis par Philippe Baralon Analyser vos comptes à partir des formulaires fiscaux 2035-A et 2035-B Philippe Baralon Quels critères d’analyse financière ? Philippe Baralon Cas clinique : analyser votre entreprise les données - la solution Philippe Baralon
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CANINE
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FÉLINE
Test clinique : les réponses Formation continue : les réponses
97 98
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RUBRIQUE MANAGEMENT
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 249
gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire NÉVA Europarc - 1 Allée des Rochers 94045 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Pascal Fayolle (E.N.V.A.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Jean-François Guelfi (E.N.V.T.) Jean-Pierre Jégou (praticien) Roger Mellinger (praticien)
Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)
Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)
Comité de rédaction Xavier Berthelot (reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation-nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Patrick Bourdeau (Dermatologie, E.N.V.N.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie-Hématologie, E.N.V.L.) Bernard Clerc (Ophtalmologie, E.NV.A.) Valérie Chetboul (Cardiologie, E.N.V.A.) René Chermette (Parasitologie-mycologie, E.N.V.A.) Olivier Dossin (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.T.) Valérie Dramard (Comportement, praticien) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Emmanuel Faget (Internet, praticien) Alain Fontbonne (Elevage et collectivité, E.N.V.L.) Yvan Gamet (Médecine interne, praticen) Alain Ganivet (Elevage et collectivité, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, E.N.V.N.) Jean-Louis Pellerin (Microbiologie, E.N.V.N.) Claude Petit (Pharmacie-toxicologie, E.N.V.T.) Patricia Ronsin (Reproduction, E.N.V.T.) Etienne Thiry (Virologie, Liège) Abonnement Carine Bedel - Marie Servent
tests cliniques ■ Un chien, yorkshire, mâle de 7 ans, est présenté pour l’exploration d’une fistule faciale (photo 1), sous orbitaire évoluant depuis deux mois. Ce chien avait subi alors une extraction de la carnassière sous-jacente, siège d’une infection radiculaire. Une antibiothérapie motivée par un antibiogramme reste cependant sans effet. L’examen de la cavité buccale permet d’observer une cicatrisation incomplète de la plaie d’extraction permettant de supposer un probable trajet fistuleux entre l’alvéole et la région sous-orbitaire. L’examen clinique est par ailleurs normal.
Christophe Hugnet Clinique Vétérinaire des Lavandes 8, rue A. Briand 26160 La Begude de Mazenc
1 Quelle cause doit-on envisager ? 2 Quels examens complémentaires sont envisageables ?
1 Fistule évoluant depuis deux mois malgré une antibiothérapie ciblée (photo Christophe Hugnet).
3 Quelles précautions sont nécessaires pour éviter ce type de complication ?
Réponse à ce test page 97
■ Un rat mâle de 10 mois est présenté à la consultation en raison d’un larmoiement rouge bilatéral, évoluant depuis 3 jours. L’examen clinique révèle également la présence d’une coloration rouge sur les bords des narines. Une dyspnée est notée (photo 1).
Publicité Maryvonne Barbaray Carine Bedel (publicité-promotion) Marie Servent (publicité-promotion) NÉVA Europarc - 1 Allée des Rochers 94045 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
1 Quelle est la nature de cette coloration rouge ?
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray
2 Quelle étiologie peut-on envisager ?
Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES – NÉVA
3 Quel traitement proposez-vous ?
1 Larmes de sang chez un rat adulte (photo Christophe Hugnet).
Réponse à ce test page 97
SARL au capital de 50 000 F. Siège social : Europarc - 1 Allée des Rochers 94045 CRÉTEIL CEDEX
comité de lecture
C.P.P.A.P 0901 T801 21 I.S.S.N. 0399-2519 Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 250
questions
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Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Jean-Jacques Bénet, Emmanuel Bensignor, Juliette Besso, Gérard Bosquet, Vincent Boureau, Didier Boussarie, Régis Braque, Stéphane Bureau, Jean-Jacques Bynen, Sylvie Chastant-Maillard, Claude Chauve, Yan Cherel,
Cécile Clercx (Liège), Jean-Pierre Cotard, Jack-Yves Deschamps, Pierre Desnoyers, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Marc Eloit, Brigitte Enriquez, Pascal Fanuel, Frédéric Gaschen (Berne, Suisse), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Sébastien Géroult, Jean-Pierre Genevois,
Isabelle Goy-Thollot, Laurent Guilbaud Jacques Guillot, Philippe Hennet, Marc Henroteaux (Liège, Belgique), Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège, Belgique), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Jean-Paul Mialot,
Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Luc Poisson, Jean-Louis Pouchelon, Alain Régnier, Yannick Ruel, Yves Salmon, Odile Sénécat, Brigitte Siliart, Isabelle Testault, Jean-Jacques Thiébault, Bernard Toma, Muriel Vabret, Isabelle Valin.
questions réponses sur…
détartrage et anesthésie
Gestion Les arguments pour convaincre son client peuvent être les suivants
❚ Il convient de réaliser ces soins non pour des raisons de confort mais pour des raisons médicales.
❚ L’anesthésie sera réalisée en respectant les standards d’exercice : - un examen pré-opératoire ; - un protocole adapté ; - un monitorage de l’anesthésie.
❚ L’anesthésie volatile est particulièrement bien adaptée pour des soins dentaires dont la durée est difficilement prévisible. Ce mode d’anesthésie présente l’avantage de pouvoir moduler l’anesthésie dans le temps avec un minimum d’effets cumulatifs délétères. Le choix d’un circuit fermé à bas débit offre en outre l’avantage de pouvoir utiliser de l’isoflurane pour un coût horaire très faible. Le circuit fermé de Stephens, en raison de sa faible résistance, peut être utilisé sur les nombreux animaux pesant moins de 8 kg.
Un caniche, de 13 ans, présente une maladie parodontale avec un dépôt de tartre très important. L’halitose incommode les propriétaires. L'examen clinique révèle un souffle mitral 6/6 sans répercussion clinique majeure. Les propriétaires refusent une anesthésie générale. ■ Quels soins curatifs peuvent être proposés ? Le détartrage manuel sans anesthésie est-il suffisant ? L’importance du dépôt de tartre n’est pas proportionnelle à celle de la maladie parodontale, il en est de même pour l’halitose. Le simple examen des dents, après ouverture de la bouche chez un animal vigile, ne permet donc pas d’évaluer avec précision le stade d’évolution de la maladie parodontale. Le détartrage manuel, sans anesthésie, ne permet, dans le meilleur des cas, que d’éliminer le tartre supra-gingival localisé en face vestibulaire. Il n’est pas possible d’éliminer le tartre sous-gingival ni d’explorer les poches parodontales. Dans ce cas, le diagnostic, le traitement et le pronostic ne peuvent être envisagés qu’après avoir convaincu le propriétaire de la nécessité d’une anesthésie. Le fait d’avoir détecté un souffle mitral ne doit pas être un obstacle à l’anesthésie, le vétérinaire doit au contraire s’appuyer sur cette découverte pour mettre le propriétaire en
réponses de Roger Mellinger Clinique Vétérinaire 149, Route de Guentrange 57100 Thionville
1 Unit dentaire avec anesthésie volatile (Photo R. Mellinger). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 20001 - 254
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confiance et lui expliquer qu’il va anesthésier l’animal avec le protocole et le monitorage adaptés à son cas pour accroître la sécurité de l’anesthésie à son maximum.
■ Une modification de l'alimentation peutelle être justifiée ? Une modification de l’alimentation n’est pas justifiée si le traitement de fond de la maladie parodontale ne peut être appliqué. ■ Une antibiothérapie quotidienne est-elle envisageable ? Quels sont les inconvénients de ce type de traitement ? Une antibiothérapie destinée à détruire la flore buccale produisant les composés volatils responsables de l’halitose peut permettre d’éliminer la mauvaise haleine pendant un temps limité. Si le traitement de fond de la maladie parodontale n’est pas mis en œuvre, le tartre et la plaque dentaire sont rapidement recolonisés par la flore pathogène. La seule prescription d’un traitement antibiotique est vouée à l’échec, ce qui constitue un inconvénient majeur. ■ Quelle est la solution idéale ? Quels arguments doivent être développés pour convaincre les propriétaires de l'utilité de l'anesthésie ? La solution idéale est de pouvoir mettre en œuvre le traitement idéal. Si l’on considère le cas sous un angle critique, il est possible d’affirmer qu’il ne faut pas attendre l’âge de 13 ans pour proposer un traitement de la maladie parodontale. Il est certain que ce chien aurait pu bénéficier d’un traitement beaucoup plus précoce pour contrôler et limiter l’évolution de cette maladie. Le vétérinaire doit convaincre ses clients de l’intérêt de soins dentaires précoces et réguliers, comme cela est admis pour nos propres dents. Une telle démarche relève de la médecine préventive face à une maladie prévisible. Il est néanmoins certain que la peur de l’anesthésie représente l’obstacle majeur à la mise en œuvre de ces soins, c’est donc au vétérinaire d’utiliser tous les moyens pour mettre son client en confiance (cf gestion). Enfin et c’est très important, pour des raisons psychologiques, il faudra rendre un animal propre et bien réveillé. ❒
comment examiner
la cavité buccale
chez le chien et le chat
Philippe Hennet Clinique Vétérinaire 4, rue Linois - 75015 PARIS
Il est fondamental pour le praticien de savoir rechercher et reconnaître les signes d’une maladie. Or, la sémiologie de la cavité buccale est souvent méconnue car peu enseignée.
L
’interrogatoire du propriétaire a dans un premier temps, pour but le recueil de l’anamnèse. Il permet de connaître à la fois les symptômes qui ont été observés et motivent la consultation, de connaître les antécédents de l’animal. Un examen attentif et ordonné des différentes structures faciales, buccales et pharyngées doit être entrepris. Cet examen clinique peut être complété par des examens complémentaires. ANAMNÈSE Motifs de consultation Signes subjectifs et fonctionnels
Ces signes subjectifs et fonctionnels sont souvent la cause d’une consultation lors d’affection bucco-pharyngée. Parmi les principaux, on peut noter les difficultés ou le refus de s’alimenter, la douleur, la sialorrhée, l’halitose et des bruits anormaux. ● Difficultés et refus de s’alimenter Ces troubles peuvent avoir pour origine une douleur bucco-pharyngée (voir ci-dessous), un obstacle ou un trouble fonctionnel. Une masse ou un corps étranger buccal peuvent gêner la préhension de l’aliment ou sa mastication. Une masse ou un corps étranger pharyngé peuvent gêner la déglutition de l’aliment. Des lésions neuro-musculaires peuvent empêcher la préhension ou la mastication (paralysie du trijumeau, myosite des muscles masticateurs, …). Il en est de même pour les affections altérant le fonctionnement de l’appareil manducateur : fracture mandibulaire, lésions de l’articulation temporo-mandibulaire (fracture, luxation, ankylose), masse ou cellulite rétro-orbitaires.
● Douleur La douleur chez l’animal n’est malheureusement souvent mise en évidence que lorsqu’elle atteint un degré élevé compte tenu de la subjectivité de son évaluation. De ce fait, toute douleur rapportée par le propriétaire doit être prise en considération. De nombreuses affections bucco-dentaires sont douloureuses. Parmi les affections les plus douloureuses, on peut noter les lésions muqueuses ulcératives (gingivo-stomatites chroniques félines, stomatite ulcérative du chien), les lésions intéressant la pulpe dentaire (fracture dentaire récente, résorption odontoclastique féline, carie chez le chien), les parodontites sévères, les abcès parodontaux, les ostéomyélites et les lésions diffuses des tissus mous (cellulite, phlegmons). La douleur peut se manifester par une agressivité ou à l’opposé par une prostration, par un comportement anormal (se frotter le museau avec les pattes ou sur le sol, secouer la tête) ou uniquement par une baisse de l’appétit. ● Sialorrhée L’animal qui bave est un motif fréquent de consultation. La sialorrhée (ou ptyalisme) peut être due à une sécrétion exagérée ou à un écoulement extra-buccal d’une quantité normale de salive. On reconnaît de nombreuses causes : - des causes bucco-pharyngées (stomatite, pharyngite, douleur bucco-dentaire, dysfonctionnements temporo-masticateurs) ; - des causes anatomiques et fonctionnelles (races brachycéphales, hypersécrétions salivaires idiopathiques, stress) ; - des causes œsophagiennes (masse, corps étranger, œsophagite) ; - des causes gastriques (gastrite, ulcère, hernie hiatale) ; - des causes toxiques et des causes neurologiques : la salive déversée peut être plutôt aqueuse (hypersécrétion parotide) ou muqueuse (hypersécrétion mixte ou écoulement extra-buccal), muco-purulente (infection buccale) ou hémorragique (plaie ou tumeur bucco-pharyngée).
Objectif pédagogique Comment examiner la cavité buccale d’un chien et d’un chat.
Signes d’appel ❚ Les signes subjectifs et fonctionnels : - difficultés et refus de s’alimenter ; - douleur ; - sialorhée ; - halitose ; - bruits anormaux. ❚ Les signes objectifs : - tuméfaction ; - dents cassées ; - coloration anormale d’une ou plusieurs dents.
Essentiel ❚ L’examen intra-oral commence toujours par un examen de l’animal vigile. ❚ Dans 85 p. cent des cas, l’halitose est due à une infection bucco-pharyngée.
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CANINE - FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 257
Fiche
les points forts Ronan Cognet* Colette Arpaillange**
de l’examen clinique
Unité de Chirurgie de L’ENVN *Unité de Chirurgie **Unité de Médecine E.N.V.N, Atlanpole la Chantrerie BP 407060 443070 Nantes Cedex 03
Figure 1 - Examen extra-oral
- inspection, - palpation, - inspection/palpation
tuméfaction
symétrie
douleur
examen oculaire
modification de consistance
aspect tégument
perte de substance
jetage
ganglions lymphatiques
glandes salivaires
Figure 2 - Examen intra-oral machoires
pharynx > > > >
> intégrité osseuse > mobilité > occlusion dentaire
masses inflammation mucocoele corps étranger
palais
lèvres
> intégrité > inflammation (palais mou) > corps étranger
> cheilite (inflammation) > intertrigo
langue
gencive > > > > >
> inflammation > ulcère > masses (muqueuse sous linguale : mucocoele)
inflammation récession ulcération hyperplastie masse
dents
émail
> nombre > position > mobilité LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 264
> intégrité > dyscoloration > tartre
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comment prévenir
l’halitose d’origine parodontale ? comment la traiter ?
Philippe Masse
Clinique Vétérinaire du Matterberg 67550 Vendenheim
L’halitose est un des symptômes de la maladie parodontale les plus fréquents et surtout les plus remarqués par les propriétaires de chiens et de chats. Pour la traiter, il est important de cerner les attentes du propriétaire indisposé par l’halitose de son animal. Souhaite-t-il des soins élaborés avec la contrainte future d’une hygiène quotidienne rigoureuse ? Acceptera-il de faire "détartrer" son animal tous les six mois ? Est-il prêt à accepter l’extraction de plusieurs dents ou veut-il conserver à n’importe quel prix l’intégralité de la dentition de son animal ? a maladie parodontale est la cause la plus fréquente d’halitose : on estime que 85 p. cent des chiens et chats de plus de 3 ans présentent une maladie parodontale. Après avoir exposé les mécanismes de cette maladie et déterminé l’origine de l’halitose, nous donnerons les principaux éléments de prévention et de traitement à la disposition du praticien.
L
COMMENT PRÉVENIR L’HALITOSE ET LA MALADIE PARODONTALE ? La prévention de la maladie parodontale et de l’halitose qui en découle, reposent sur des soins hygiéniques visant à limiter la formation de la plaque dentaire et réduire la charge bactérienne dans la cavité buccale. Ces mesures hygiéniques sont variées et peuvent être associées les unes aux autres (tableau 1). Quelle que soit la technique prescrite par le praticien, leur bonne observance est un facteur-clef. Ces mesures doivent être appliquées dès le plus jeune âge pour habituer l’animal. Les gestes d’hygiène bucco-dentaires doivent rentrer dans les mœurs des propriétaires tout comme le toilettage, la vaccination ou les traitements anti-parasitaires.
● Stade avancé de la parodontite (infection sous-gingivale) La gingivite marginale provoque un élargissement de l’espace sous-gingival. Dans ces
❚ La maladie parodontale est une affection des structures des éléments de soutien de la dent : - la gencive ; - le ligament parodontal ; - le cément et l’os alvéolaire. ❚ Distinguer deux stades dans l’atteinte du parodonte : - un stade initial de gingivite ; - un stade avancé de parodontite profonde.
Le brossage des dents ● Le brossage régulier avec un dentifrice adapté doit être effectué au minimum trois fois par semaine. Pour améliorer l’observance, il convient de prescrire ce brossage tous les jours. Le dentifrice doit répondre aux critères suivants : - innocuité à l’ingestion ; - appétence ; - effet antiseptique ; - action abrasive.
Encadré 1 - Pathogénie de l’halitose d’origine parodontale ● Stade initial de la parodontite (gingivite marginale) Sous l’effet de facteurs favorisants (alimentation, race…. ) une plaque dentaire se forme sur la surface de l’émail. Cette plaque est un film macromoléculaire acellulaire qui constitue un substrat à la multiplication de bactéries aérobies gram positives. La prolifération bactérienne détermine la minéralisation de la plaque, formant le tartre. Elle se traduit par une gingivite marginale. A ce stade initial, l’halitose est absente à modérée, car la flore bactérienne mise en jeu dans les mécanismes pathogéniques ne produit peu ou pas de substances malodorantes.
Définition
poches où l’émail est entartré, la gencive libre est œdématiée, des débris alimentaires s’accumulent. Une flore composée de bactéries anaérobies gram négatives se développe. Cette flore est responsable de l’évolution d’une parodontite profonde, avec perte de l’attache épithéliale de la gencive et ostéolyse alvéolaire. La destruction des structures de soutien de la dent se fait sous l’action de toxines bactériennes parmi lesquelles on trouve des dérivés organiques soufrés issus de la dégradation des protéines endogènes (salive, fluide gingival, parodonte) et exogènes (débris alimentaires).
Essentiel ❚ Effectuer les séances de brossage de préférence sur des jeunes animaux. ❚ Ne pas brusquer les animaux, ni les maîtres : le temps du brossage doit être progressif et atteindre 2 mn au terme de l’apprentissage. ❚ Moins contraignante que le brossage, l’application d’antiseptique est une alternative intéressante sur les animaux rétifs.
CANINE
Ces substances, comme le sulfure d’hydrogène ou les mercaptans (Thioalcool), sont volatiles et très nauséabondes. Des études ont montré une corrélation entre la présence de ces substances dans l’haleine de chien et l’existence d’une halitose perceptible sur le plan organoleptique.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001- 265
Fiche
mesures thérapeutiques
lors des principales affections dentaires chez le chien et le chat Ronan Cognet
* Unité de Chirurgie ENV Nantes Atlanpôle La Chantrerie B.P. 40706 44307 Nantes Cedex 03
FISTULES ORO-NASALES ➞ De préférence, 3 jours avant l’intervention pour intervenir dans
1. Antibiothérapie
de bonnes conditions d’hygiène 2. Détartrage polissage et extraction des dents mobiles 3. Hygiène buccodentaire ➞ Intervenir en milieu assaini 4. Fermeture chirurgicale par la technique des lambeaux ➞ Technique du double lambeau muco-palatin ; technique du lambeau muco-périosté de translation
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES TRAITEMENT SPÉCIFIQUE
ABCÈS DENTAIRE 1. Extraction de la dent (ou des dents) concernée ou sa dévitalisation ainsi qu’un parage et une irrigation des zones nécrotiques ➞ Réaliser une radiographie des dents suspectes lors de fistules infra-orbitaires, buccales ou sous-mandibulaires afin d’évaluer les dégâts osseux 2. Antibiothérapie
GINGIVITE 1. Détartrage supra et sous-gingival, surfaçage radiculaire, polissage de l’émail, irrigation sulculaire 2. Extraction des dents mobiles 3. Brossage des dents 4. Utilisation de lamelles à mâcher 5. Antiseptiques locaux ➞ Si la gingivite persiste après traitement, rechercher des facteurs systémiques tels que le diabète, une gestation, une infection virale, une autre cause d’immunodéficience NB : intervenir rapidement ➞ En effet, l’inflammation de la gencive est généralement associée à la présence de tartre. La maladie parodontale débute par cette inflammation et à ce stade, les lésions sont réversibles après traitement. La maladie évolue et les lésions du parodonte telles que récession gingivale et destruction osseuse sont irréversibles. Une chirurgie parodontale est nécessaire pour restaurer les rapports anatomiques normaux.
MESURES THÉRAPEUTIQUES MESURES HYGIÉNIQUES
FRACTURES DENTAIRES EXPOSITION PULPAIRE
➞ oui ➞ ancienne (> 5 jours) : traitement endocanalaire = pulpectomie ➞ récente (< 4-5 jours) : - animal > 18 mois = pulpectomie - animal < 18 mois = pulpotomie
➞ non ➞ coiffage pulpaire ou scellement des tubules dentinaires NB : la chirurgie dentaire entraîne des douleurs importantes : ➞ il est recommandé d’utiliser un traitement analgésique en post-opératoire (AINS).
CHOIX DE L’ANTIBIOTIQUE EN ODONTOSTOMATOLOGIE Ce choix est fondé sur : 1. La sensibilité de l’espèce bactérienne responsable ➞ Flore polymorphe 2. La diffusion de l’antibiotique sur le siège de l’infection ➞ Flore aérobie et anaérobie 3. Une toxicité minimale 4. Une activité suffisamment étendue au sein de la cavité buccale 5. Bactéricide > bactériostatique à spectre égal ➞ Doxycycline : 10 mg/kg/j ➞ Amoxycilline : 10 mg/kg/j ➞ Spiramycine-métronidazole : 12,5 mg/kg/j Association intéressante : spiramycine (macrolide) se concentre dans les glandes sublinguales et parotides et métronidazole particulièrement actif sur les bactéries anaérobies ➞ Clindamycine : 22 mg/kg/j LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVIRER - MAi 2001 - 270
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CANINE - FÉLINE
chirurgie extraction dentaire
chez les carnivores domestiques
Unité de Chirurgie de L’ENVN Unité de Chirurgie E.N.V.N, Atlanpole la Chantrerie BP 407060 443070 Nantes Cedex 03
Comment choisir la technique la mieux adaptée à chaque situation ? Voici les différentes étapes de l’extraction dentaire.
Objectif pédagogique
L
’extraction dentaire est un acte chirurgical. Aussi, elle nécessite une bonne connaissance anatomique de l’organe dentaire et du matériel adapté. Si le développement de l’odonto-stomatologie en a réduit les indications, notamment grâce aux traitements endocanalaires, l’extraction dentaire est parfois incontournable. LES INDICATIONS DE L‘EXTRACTION DENTAIRE On extrait une dent lorsqu’elle ne peut recevoir de traitement conservateur, lorsqu’elle menace l’intégrité des tissus environnants ou lorsqu’elle ne peut plus remplir ses fonctions. C’est le cas : - des dents fracturées ou cariées pouvant être responsables de fistules oro-nasales par exemple. C’est l’alternative aux traitements endocanalaires ; - des dents lactéales persistantes ; - au cours du détartrage, lorsqu’une dent est trop mobile et irrécupérable ; - quand une dent n’a plus de soutien osseux à la suite d’un traumatisme ; - lors de complexe gingivo-stomatite chronique chez le chat. Dans ce cas, l’extraction de toutes les dents impliquées dans le processus inflammatoire est indiquée après échec du traitement médicamenteux ; - des dents surnuméraires, pouvant être à
Ronan Cognet
Comment tenir les instruments. Comment effectuer une extraction simple ou une extraction complexe.
1 Lambeau gingival sur une 4ème prémolaire supérieure gauche fracturée chez un chien (photos Unité de Chirurgie- ENVN).
l’origine de troubles parodontaux ou d’anomalies d’occlusion. LES INSTRUMENTS DE BASE Un minimum de matériel adapté à la dentisterie des carnivores domestiques est nécessaire [4] (encadrés 1 et 2). L’EXTRACTION SIMPLE Avant toute extraction dentaire, s’assurer d’abord de la propreté de la gueule afin d’empêcher que les débris (tartre, pâte à polir) ne contaminent l’alvéole et interférent avec la cicatrisation normale. Un rinçage de la cavité buccale avec une solution antiseptique (chlorhexidine diluée) est généralement suffisant. L’émail et la dentine dentaires sont des tissus fortement minéralisés, ils sont très denses mais cassants, surtout chez le chat [3]. La dent doit donc être manipulée avec délicatesse. En aucun cas, il ne faut "forcer". L’extraction dentaire est un acte qui demande de la patience. 2 Présentation des instruments : de gauche à droite : sonde parodontale, décolleur de Molt, syndesmotome, élevateur-luxateur [2], daviers, turbine dentaire.
Encadré 1 - Les instruments de base Les instrument de base qu’il convient d’utiliser sont (photo 2) : - une sonde parodontale ; - une lame de bistouri N°11 ou N°15 et le manche de bistouri ; - un décolleur de Molt : il permet de lever un lambeau de gencive, donc un abord plus aisé de la région du collet et de la crête alvéolaire ; - des syndesmotomes : ils sont utilisés pour rompre l’attache épithéliale ainsi que les fibres
proximales du ligament alvéolo-dentaire ; élévateurs-luxateurs de diamètres différents (2 mm à 4 mm) : ils sont introduits entre la dent et l’alvéole ; la partie tranchante doit être bien affûtée ; des daviers dentaires : ils servent à la préhension de la dent à extraire ; en aucun cas ils ne doivent être utilisés pour "arracher" la dent ; des instruments rotatifs : turbine dentaire et fraises boule et fissure.
- des
-
25
CANINE - FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 271
l’examen radiographique
des dents
du chien et du chat
Clinique Vétérinaire 149, Route de Guentrange 57100 Thionville
La radiographie des dents peut se révéler délicate en raison des difficultés à positionner correctement la tête pour éviter les erreurs d’incidence, de collimatage et au final, les superpositions.
Objectif pédagogique
L
’examen visuel des dents associé à l’utilisation d’une sonde exploratrice et d’une sonde parodontale graduée permet une bonne approximation de la qualité de la dent et de ses tissus de soutien. Une bonne estimation, à la fois qualitative et quantitative, n’est toutefois possible qu’après obtention d’un cliché radiographique de qualité. Seul un cliché radiographique permet de visualiser les structures internes de la dent ainsi que les relations de cette dent avec ses tissus de soutien [1, 2]. Les indications d’un tel examen sont donc multiples et variées.
Savoir bien positionner l’animal pour effectuer une radio dentaire correcte.
1 Bien positionner la tête de l’animal : vue oblique mandibule droite (photos R. Mellinger).
fois qu’il est possible de placer le film en position parallèle par rapport au plan de la dent (photo 2). Dans la pratique, cette situation idéale ne se rencontre que pour la radiographie des dents implantées dans la branche horizontale de la mandibule. 2. Pour les autres dents, on utilise donc la technique de la bissectrice qui, lorsqu’elle est bien appliquée, permet une projection fidèle de la dent (figures 1, 2, 3, 4, photos 3, 4, 5).
TECHNIQUES DE RADIOGRAPHIE DENTAIRE L’objectif est toujours de placer le film le plus près possible de la région à radiographier soit en position intra-buccale, soit en position extra-buccale. Les deux techniques utilisées sont fondées sur l’application de deux principes géométriques simples : celui des parallèles et celui des bissectrices [3].
2 Technique de la parallèle.
La mise en œuvre de cette technique nécessite une bonne connaissance de l’anatomie des racines puisqu’elle suppose que l’opérateur oriente la source de rayons X après avoir reconstruit virtuellement l’espace radiographié en trois dimensions (photos 3, 4, 5).
Le choix de la technique est déterminé par des considérations anatomiques [4]. 1. On utilise la technique parallèle chaque axe de la dent
Roger Mellinger
Le choix de la bonne incidence est grandement facilité lorsque l’on dispose d’un générateur adapté à la radiographie dentaire.
axe de la dent
bissectrice
9O°
Rayon X
rayon X plan du film
bissectrice
3 Technique de la bissectrice : incisives supérieures.
9O°
CANINE - FÉLINE
plan du film axe de la dent correct
1 Le faisceau de rayons X doit être perpendiculaire à la bissectrice définie par l’axe de la dent et le plan du film.
29
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 275
observation clinique traitement d’une tumeur
chez un bouvier bernois
uivi pour une otite chronique érythémato-cérumineuse, ce chien bouvier bernois mâle, âgé de 9 ans ne présente pas d’autres antécédents médicaux ni chirurgicaux.
son développement. Le reste de la cavité buccale ne présente pas d’anomalie, excepté la présence de tartre en quantité modérée. Il n’y a pas de symptômes associés au développement de ce nodule. L’examen rapproché du nodule montre une néoformation d’un cm de diamètre, non douloureuse, rosée, lisse, de consistance ferme et non ulcérée. Il n’y a pas de modification de la taille et de la consistance des ganglions lymphatiques régionaux.
EXAMEN CLINIQUE
HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES
Le jour de la consultation, l’animal est en excellent état général. Il présente néanmoins : - une otite unilatérale érythémato-cérumineuse ; - une conjonctivite bilatérale légère ; - un nodule sur l’hémimandibule gauche situé entre la canine et la première prémolaire. Les propriétaires n’en avaient pas remarqué l’existence. Aussi, il n’est pas possible d’obtenir d’informations sur son apparition ni sur
A ce stade, plusieurs hypothèses peuvent être formulées évoquant essentiellement : - une formation néoplasique : épulis, améloblastome, fibrosarcome, mélanome achromique ; - une hyperplasie gingivale ; - un granulome inflammatoire.
Lors d’une consultation de routine, une tumeur mandibulaire est découverte fortuitement. Ce cas illustre le recours à une hémimandibulectomie rostrale pour traiter cette tumeur.
S
Axelle Barot Olivier Gauthier Unité de chirurgie, Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Motif de la consultation ❚ Une otite unilatérale érythémato-cérumineuse et une légère conjonctivite bilatérale.
Signe d’appel ❚ Un nodule sur l’hémimandibule gauche.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Afin de connaître la nature du nodule, une biopsie chirurgicale large est réalisée. Elle
Hypothèses diagnostiques ❚ Formation néoplasique ; ❚ Hyperplasie gingivale ; ❚ Granulome inflammatoire.
CANINE
1 A gauche : aspect à la première consultation. (photos Unité de chirugie, ENVN)).
A droite : aspect un mois après biopsie large
35
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 281
comment diagnostiquer les lésions de résorption
odontoclastiques félines ?
Olivier Gauthier
Couramment dénommées "lésions du collet", les lésions de résorption odontoclastiques restent à ce jour, mal connues et peu décrites. Cette affection spécifique du chat et des autres félidés sauvages, détruit les organes dentaires. Si par souci de simplicité, les lésions de résorption odontoclastiques ont souvent été appelées "caries du chat", plusieurs caractéristiques les distinguent des caries.
L
es lésions de résorption odontoclastiques correspondent à des cavités creusées dans le cément, l’émail et la dentine, au niveau de la jonction amélo-cémentaire, plus rarement au niveau de la racine, entraînent une destruction des tissus dentaires minéralisés (photos 1, 2 et 3). Ces lésions résultent de l’activité de résorption de cellules de la lignée ostéoclastique, qualifiés alors d’odontoclastes en raison de leur substrat dentinaire. La destruction des tissus dentaires s’inscrit dans un contexte physiopathologique complexe, souvent associée à d’autres affections bactériennes et inflammatoires de la cavité buccale dont la maladie parodontale et le complexe gingivite-stomatite chronique [4, 7, 18, 20]. De nombreux synonymes ont été utilisés pour qualifier ces lésions dans la littérature : lésions du collet ("neck lesions"), lésions linéaires cervicales ("cervical line lesions"), résorptions radiculaires externes ("external root resorptions") [11,12, 17] mais seule la qualification de résorptions odontoclastiques dépasse la dénomination descriptive pour faire référence à l’étio-pathogénie de cette affection. A ce jour, il n’existe aucune étude épidémiologique française (encadré 1).
Elles présentent en effet un certain nombre de caractéristiques communes avec les ostéoclastes. ● Ces cellules dégradent la matrice dentinaire par décalcification (elles possèdent des pompes à protons à l’origine de sécrétions acides qui déminéralisent la dentine), forment des lacunes de résorption identique à celles qu’engendrent des ostéoclastes en culture. Ces cellules peuvent se déplacer sur leur substrat, expliquant en partie le phénomène dynamique et progressif de destruction des tissus dentaires. Leurs précurseurs peuvent être des cellules de la lignée des monocytes et des macrophages comme ceux présents dans la gencive. ● Leur action peut être stimulée par le LPS (lipopolysaccharide bactérien), la vitamine D,
Unité de chirurgie, Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Objectif pédagogique Comment diagnostiquer rapidement les lésions de résorption odontoclasitques félines pour les traiter convenablement.
1 Première molaire mandibulaire présentant une lésion de résorption odontoclastique dans la région du collet.
Essentiel 2 Lésion de résorption odontoclastique localisée sur la racine d’une dent extraite (microscopie électronique à balayage (photos Unité de Chirurgie, ENVN).
❚ Environ 25 p. cent de la population féline présente des lésions odontoclastiques. ❚ La gravité et la fréquence de ces lésions semble augmenter avec l’âge du chat. ❚ Les lésions de résorption odontoclastiques se développent souvent chez des animaux immunodéprimés, infectés par le FIV et le FeLV.
FÉLINE
ÉTIOPATHOGÉNIE L’observation microscopique de la surface de dents atteintes montrent la présence de cellules de type ostéoclastique à l’intérieur des lésions de résorption [17,18].
●
3 Coupe longitudinale d’une dent de chat présentant une lésion de résorption odontoclastique dans la région du collet (microscopie électronique à balayage.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 287
alimentation
flatulence et odeurs fécales : du chien et du chat
influence de l’alimentation
Comment limiter les flatulences ? Comment éviter les selles malodorantes ? Un certain nombre de substances de plus en plus prises en compte par les industriels de l’alimentation favorisent la digestion et limitent ainsi les troubles intestinaux et les désagréments qu’ils occasionnennt.
E
n France, plus d'un chat sur trois vit exclusivement à l'intérieur et 76 p.cent des possesseurs de chats déclarent être gênés par les odeurs de selles de leur animal [1]. Pour le chien, le problème est différent puisqu'il sort quotidiennement, mais les flatulences sont un motif fréquent de plainte des propriétaires. Dans un certain nombre de cas, les flatulences sont un des symptômes de maladies digestives induisant un syndrome de malassimilation-maldigestion. Les flatulences sont alors dues à la présence anormalement importante de substrats non digérés dans le côlon (encadré 1). Si les corrections alimentaires ne suffisent pas à régler le problème, il conviendra de rechercher de façon plus approfondie un trouble organique digestif. Le diagnostic s'appuie alors sur l'examen de l'animal et les renseignements recueillis auprès des propriétaires sur les autres signes éventuellement observés : diarrhée, vomissements, amaigrissement, signes évocateurs d'une douleur abdominale, ... LES FACTEURS FAVORISANTS Les facteurs liés à la composition de la ration Les aliments contenant une fraction non digestible importante, d’origine animale ou végétale, sont tous susceptibles de favoriser l’apparition de fermentations indésirables. 1- Le lait peut être à l’origine de gaz chez les animaux qui digèrent mal le lactose. L'acti-
vité lactasique diminue en effet après le sevrage : ● chez le chaton, le niveau adulte est réduit à 1/10 à 1/30 du niveau à la naissance [14]. ● On déconseille donc la distribution de lait chez un animal sevré car l'activité de la lactase n'est pas influençable par une consommation régulière de lactose. L'apparente bonne tolérance au lait de certains individus n'est pas le résultat d'une induction enzymatique, mais celui d'un changement de flore de l'intestin grêle - augmentation des bactéries lactolytiques- Les fermentations bactériennes compensent la maldigestion [17]. 2- Certaines graines de légumineuses sont parfois mal digérées par le chien ou le chat à cause des facteurs anti-nutritionnels qu'elles contiennent. Le soja cru contient des antitrypsines qui perturbent la bonne digestion des protéines. Mais ces antitrypsines sont détruites en grande partie à la cuisson-extrusion. Les graines de légumineuse (haricots blancs, petits pois, lentilles ou graines de soja), sont plus à craindre à cause des sucres complexes qu'elles contiennent : sucrose, stachyose, raffinose… Ces glucides indigestibles représentent 8 à 15 p.cent de la matière sèche du soja. Mal digérés par le chien et le chat , ils sont fermentés dans le côlon. 3- Les aliments très riches en fibres fermentescibles sont également à risque. Les pectines, gommes et mucilages, capables de retenir l'eau en formant un gel visqueux, entravent l’attaque par les enzymes digestives. Un excès de fibres fermentescibles favorise la production de gaz (cf définitions). Par exemple, les choux, les choux-fleur sont à éviter chez les animaux sensibles : les pectines qu'ils contiennent exagèrent les flatulences. 4- L’amidon des céréales est d’autant moins bien digéré que sa cuisson laisse à désirer. Si l’amidon est mal cuit (ex : pommes de terre), il devient un substrat très fermentescible pour la flore intestinale, en particulier lactobacilles et streptocoques. Parmi les produits de dégradation de l’amidon par la flore, figure l’acide lactique. Cet acide est peu résorbé par la muqueuse intestinale et possède un fort pouvoir osmotique. Parmi les différentes céréales utilisées en ali-
Pascale Pibot Centre de Recherche Royal Canin Beaucour - 44470 Mauves-sur-Loire
Objectif pédagogique Quelle alimentation et quels conseils prodiguer pour favoriser une bonne digestion du chien et du chat.
Essentiel ❚ Les flatulences concernent plus le chien que le chat, peut être parce qu’elles sont favorisées par le comportement alimentaire du chien qui mange plus goulûment. ❚ Le riz se révèle la céréale mieux tolérée par les animaux sensibles, en particulier à cause de la structure particulière de l'amidon de riz. ❚ Chez le chien comme chez le chat, les viandes de médiocre qualité favorisent les réactions de putréfaction intestinale.
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Rubrique réalisée en partenariat avec
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 293
principe actif la cimétidine Jean-Claude Desfontis Marc Gogny
L
e traitement symptomatique des inflammations hautes du tube digestif (œsophage, estomac et duodénum) peut être assuré dans de nombreux cas par les pansements gastro-intestinaux couvrants classiques. Dans le cas d’affections plus graves, le recours à un traitement plus ciblé sur la production par l’estomac d’acide chlorhydrique et de suc gastrique peut être indispensable. A côté des récents inhibiteurs de la seule pompe H+/K+ développés en médecine humaine, les antagonistes des récepteurs histaminiques H2, dont la cimétidine représente le chef de file, présentent un avantage par leur efficacité à la fois sur la sécrétion gastrique acide et enzymatique. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique La cimétidine est absorbée rapidement après administration par voie orale. Sa résorption est possible aussi bien dans le grêle que dans le colon. Malgré cela, sa biodisponibilité chez le chien est comprise entre 70 p. cent et 80 p. cent et est diminuée par la prise du repas. Sa fixation aux protéines plasmatiques est faible. Sa demivie d’élimination plasmatique est d’environ
une heure mais peut être prolongée en cas d’insuffisance hépatique ou rénale. Son élimination se fait essentiellement par voie rénale sous forme native et conjuguée (~70 p. cent).
Unité de Pharmacologie et Toxicologie, ENV Nantes EN.V.N. Atlanpôle La Chantrerie B.P. 40706 44307 Nantes Cedex 03
Pharmacodynamie Effet antisécrétoire gastrique
La cimétidine, par son activité antagoniste compétitive réversible sur les récepteurs histaminiques H2, inhibe la sécrétion gastrique dans ses deux composantes principales. La sécrétion acide est surtout concernée. La cimétidine peut limiter la production de protons après stimulation par l’histamine, la pentagastrine, l’insuline, la caféine ou les aliments. Mais elle abaisse aussi le débit total de pepsine. Le volume de suc gastrique est ainsi nettement diminué. La cimétidine n’altère pas la production de mucus, ne modifie pas l’évacuation gastrique (sauf à des doses supérieures à 10 mg/kg), n’affecte pas la sécrétion pancréatique et est sans effet sur le sphincter œsophagien caudal.
Classe pharmacologique ❚ antihistaminique H2 ❚ anti-sécrétoire gastrique ❚ antiulcéreux gastrique ou duodénal
Autres effets
Contrairement antisécrétoires
aux autres molécules antihistaminiques H2
PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES ●
Dénomination chimique : N-Cyano-N’-methyl-N’’-(2-(((5-methyl-1Himidazol-4-yl)methyl)thio)ethyl)guanidine.
●
Dénomination commune internationale : cimétidine.
Histamine
Cimétidine
Structure et filiation ●
La cimétidine est un analogue structural de l’histamine.
●
Accrochée sur le cycle imidazole, une chaine latérale volumineuse se situe à la place du groupement éthylamine.
●
Par sa structure, c’est une base faible liposoluble.
Figure - Structure de l’histamine et de la cimétidine
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001- 299
analyse et commentaires
néoformation gingivale
chez un chien
analyses cytologique et histologique
LAPVSO - 129, Route de Blagnac 31201 Toulouse cedex 2
Analyses cytologique et histologique d’une néoformation gingivale chez un chien croisé caniche, mâle, âgé de 9 ans, présenté à la consultation pour halitose.
Objectif pédagogique Comment établir un diagnostic cytologique.
L
’examen de la cavité buccale révèle, outre un dépôt de tartre modéré, une néoformation gingivale engainant la face caudale du croc supérieur gauche. Elle mesure environ 2 cm de diamètre, a une consistance molle et apparaît partiellement pigmentée (photo 1). Des cytoponctions à l’aiguille fine sont réalisées : des prélèvements sont effectués selon des directions et des profondeurs différentes au sein de la masse.
Frédérique Degorce
1 Néoformation gingivale engainant la face caudale du croc supérieur gauche (Photo F. Delisle). ●
Au fort grossissement, atypies nucléaires et nucléolaires nettes : taille nucléaire variable, nucléoles multiples et irréguliers souvent proéminents (photo 3). Nucléoles multiples Cellule au noyau monstreux
● Au
faible grossissement, population de cellules, soit isolées, soit regroupées en amas épithélioïdes (photo 2).
Granulations pigmentaires dans le cytoplasme
Amas épithélioïdes
3 Cytoponction de la néoformation, MGG, X 1000 : les atypies nucléaires et nucléolaires sont nettes : taille nucléaire variable, nucléoles multiples et irréguliers souvent proéminents. Au centre, une cellule au noyau monstrueux. En bas au milieu, une figure mitotique.
Cellule isolée
● Cellules difficiles à classer : phénotype mésenchymateux (cytoplasme allongé, anguleux à fusiforme), phénotype épithélial (cytoplasme ovoïde centré par un noyau rond à contours lisses et réguliers, exhibant un volumineux nucléole central) (photo 4).
2 Cytoponction de la néoformation, MGG, X 400:
"m" : cellules exprimant un phénotype "mésenchymateux"
m
m
population de cellules monomorphes, soit isolées, soit regroupées en amas épithélioïdes. ●
Le lecteur hésite entre un sarcome et un carcinome (photos 2, 3, 4).
●
Un examen à l’objectif 40 ou à l’immersion révèle la présence dans certaines cellules de fines granulations grises à noirâtres (photos 3, 5) : granulations pigmentaires qui témoignent de l’origine mélanique des cellules tumorales.
DIAGNOSTIC - Un diagnostic cytologique de mélanome malin à localisation buccale peut alors être établi à l’issue de cet examen. Ce type tumoral étant réputé, particulièrement dans cette localisation, pour son potentiel métastatique précoce par voie hématogène ou lymphatique. Aussi, un bilan d’extension est immédiatement mis en œuvre : cytoponction à l’aiguille fine du nœud lymphatique de drainage (lymphocen-
e
"e" : cellule exprimant un phénotype "épithélial"
m
4 Cytoponction de la néoformation, MGG, X 1000 Certaines cellules expriment un phénotype de cellules mésenchymateuses (cytoplasme allongé, anguleux à fusiforme), d’autres un phénotype épithélial (cytoplasme ovoïde centré par un noyau rond à contours lisses et réguliers, exhibant un volumineux nucléole central).
Ery
Ly
Noyau avec deux nucléoles Granulations pigmentaires noirâtres dans le cytoplasme
Ly = lymphocytes Ery = érythrocytes
Cellule tumorale isolée (limite cytoplasmique)
5 Cytoponction de la néoformation, MGG, X 1000. Une cellule tumorale contient de fines granulations noirâtres : ce sont des granulations pigmentaires qui témoignent de son origine mélanique.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 301
geste chirurgical le détartrage ou le traitement hygiénique de la maladie parodontale Cette séance ne doit pas se limiter à un simple détartrage "vite fait", mais doit comporter des étapes bien précises pour assurer un résultat durable. Un détartrage rapide est un détartrage "mal fait". Cet acte mérite d’être valorisé aux yeux des propriétaires, et doit être perçu comme un acte chirurgical réalisé par un praticien consciencieux.
U
n diagnostic clinique de maladie parodontale au stade initial doit motiver une séance de soins parodontaux sous anesthésie générale. INDICATIONS Ce traitement a pour objectif de : ● résoudre la maladie parodontale et ses signes cliniques tels que gingivite et halitose ; ● évaluer l’état du parodonte et la viabilité des dents de l’animal ; ● prévenir l’évolution de la maladie vers un stade avancé et ses conséquences, tant locales que systémiques. Négliger une parodontite peut mettre en péril l’état général d’un animal par ailleurs en bonne santé ; ● rétablir des bases saines pour la mise en place de méthodes d’hygiène bucco-dentaire assurant une prévention de la maladie.
pour le détartrage sous-gingival : une curette de Gracey ; ● pour l’exploration de l’espace sous-gingival : une sonde parodontale graduée ; ● pour le polissage : une brossette ou une cupule en caoutchouc montée sur un appareillage rotatif ou oscillant, type contre-angle de dentisterie ; ● pour l’irrigation sous-gingivale : une seringue remplie de solution antiseptique montée avec aiguille mousse. ●
Philippe Masse Clinique Vétérinaire du Matterberg 67550 Vendenheim
Définition "Détartrage" est le terme communément usité par les praticiens et les propriétaires d’animaux de compagnie pour évoquer une séance de soins parodontaux sous anesthésie générale.
PROTOCOLE OPÉRATOIRE L’animal est placé sous anesthésie générale avec, au minimum, une intubation trachéale pour faciliter la respiration et éviter tout reflux de liquide dans les voies aériennes. ● Le recours aux substances vagolytiques (Glycopyrolate ou atropine) limite la salivation et rend les soins dentaires plus agréables. ● Le protocole anesthésique tient compte de l’état de l’animal, de son âge et de la durée de l’intervention. L’anesthésie gazeuse est recommandée pour des questions de sécurité, de confort et de rapidité de réveil. ● L’animal est installé en décubitus latéral, gueule ouverte sur un support permettant la récolte des liquides (salive, sang, irrigations). ●
MATÉRIEL
La séance de soins parodontaux doit comprendre des étapes précises pour offrir un résultat optimal et durable. Toute négligence conduit à une rechute rapide de la maladie parodontale et à des mécontentements bien légitimes de la part de nos clients.
La bonne pratique de la dentisterie vétérinaire exige un équipement adapté. Un pasd’âne et un détartreur ultrasonique ne suffisent pas à effectuer un bon détartrage. Pour celà, il convient de se procurer le matériel suivant : ● pour le détartrage supra-gingival : un petit davier dentaire, un détartreur manuel, un détartreur ultrasonique ;
Les étapes d’un détartrage complet sont les suivantes : 1. le détartrage supra-gingival ; 2. le détartrage sous-gingival ; 3. le sondage des poches parodontales ; 4. le polissage ; 5. l’irrigation de l’espace sous-gingival.
Geste ❚ Facile d’exécution ❚ Matériel spécifique incontournable ❚ Demande du temps et de l’application
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001- 303
cas d’angiostrongylose canine dans la région lyonnaise
Une chienne de race Beagle présente des troubles respiratoires, son état général est altéré. Cette chienne fait partie d’une meute de quatre chiens de chasse. Sans antécédent médical particulier, elle n’est ni vaccinée ni vermifugée. L’animal a fait une fugue de 15 jours en forêt. Elle est essoufflée au moindre effort depuis son retour.
L
es résultats des examens complémentaires (clichés radiographiques, examen coproscopique) ont permis de diagnostiquer une angiostrongylose, et de mettre en place un traitement à base d’oxfendazole (Dolthène®). EXAMEN CLINIQUE
L’animal est amaigri, son appétit est irrégulier. Les muqueuses sont pâles. La température rectale, 38,2°C, est considérée comme normale. Des symptômes respiratoires sont présents même au repos : l’animal est essoufflé et présente une dyspnée avec tirage costal, ainsi qu’une toux forte et quinteuse. A l’auscultation, les bruits respiratoires (râles et crépitations) signant une bronchite sont augmentés. Une arythmie cardiaque est notée. L’examen conduit donc à un bilan d’atteinte respiratoire et circulatoire (avec anémie) évoluant de façon apyrétique (tableau 1). Six hypothèses diagnostiques Toutes les causes d’insuffisance respiratoire et d’anémie avec atteinte de l’état général sont à rechercher. Six hypothèses diagnostiques sont considérées : 1- Une intoxication aux anticoagulants doit être envisagée, comme tout autre cause susceptible d’engendrer un syndrome hémorragique ou hémolytique. Une exploration des temps de saignements doit être effectuée. Durant sa fugue, le chien est susceptible de s’être intoxiqué. 2- Les hypothèses de babésiose ou d’ehrlichiose sont a priori écartées étant donnée le caractère apyrétique de l’affection de ce chien. Un frottis sanguin est néanmoins réalisé. 3- Une helminthose : de nombreux helmin-
Virginie Villeneuve* Jean-Louis Madec* Gilles Bourdoiseau** Frédéric Beugnet ***
thes peuvent être responsables de troubles respiratoires, voire d’un amaigrissement [5] : Oslerus osleri, Crenosoma vulpis, Filaroides hirti, Ankylostoma caninum, Angiostrongylus vasorum, Dirofilaria immitis. A priori, O. osleri et F. hirti sont à écarter puisque l’examen clinique ne révèle pas de signes de trachéite chronique (absence d’irritation à la palpation). Les troubles sont plutôt pulmonaires. 4- L’hypothèse infectieuse est peu probable : pas de fièvre, appétit conservé. 5- Une insuffisance cardiaque : mais l’auscultation cardiaque n’est pas en faveur de cette hypothèse. 6- Une angiostrongylose : Angiostrongylus vasorum, helminthe se localisant dans les artères pulmonaires, est susceptible d’engendrer des symptômes respiratoires, puis circulatoires (anémie par hémolyse intravasculaire) et cardiaques (insuffisance secondaire à l’hypertension pulmonaire). Un contrôle coproscopique permet de rechercher une telle infestation. EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
* Clinique Vétérinaire, 7, Place du Colonel Fabien 69700 Givors ** Laboratoire de Parasitologie ENVL, BP 83- 69280 Marcy l’étoile. *** Merial 29, avenue Tony GarnierBP 7123- 69348 Lyon Cedex 07
Motif de consultation Depuis plusieurs jours, cette chienne Beagle de 5 ans est très essoufflée après l’effort.
Symptômes Lors de l’examen clinique, nous retenons : ❚ un amaigrissement ; ❚ un essoufflement ; ❚ des bruits respiratoires augmentés ; ❚ des muqueuses pâles.
Hypothèses diagnostiques ❚ intoxication aux anticoagulants ; ❚ babésiose ou d’erhlichiose ; ❚ helminthose ; ❚ hypothèse infectieuse ; ❚ insuffisance cardiaque ; ❚ angiostrongylose.
1- Temps de saignement
Le temps de Quick est normal et le taux de prothrombine reste à 100 p. cent, ce qui supprime l’hypothèse d’intoxication aux anticoagulants. 2- Frottis sanguin
Le frottis sanguin ne permet pas de mettre en évidence de parasites (Babesia canis ou microfilaires de Dirofilaria immitis), des érythroblastes sont présents en faveur d’une anémie régénérative. 3- Numération formule sanguine
La numération formule sanguine (tableau 1) confirme l’anémie. On constate également une leucocytose.
1 Cliché radiographique du thorax, vue de profil. Lésions de densification pulmonaire en tache. Arborisation nette des vaisseaux pulmonaires (photo V. Villeneuve).
4- Radio
Un cliché radiographique de profil du thorax est réalisé (photo 1). Il montre une silhouette cardiaque normale, des taches de densification sur l’ensemble des lobes pulmonaires, et des images dites en pinceau des vaisseaux. Ceci témoigne des zones inflammatoires avec infiltration cellulaire. 5- Examen coproscopique
L’examen coproscopique par flottaison en iodo-mercurate de potassium est réalisé. Il montre la présence en grand nombre de lar-
61
Essentiel ❚ Les signes cliniques sont apparus 3 semaines après qu’elle soit rentrée de sa fugue chez son propriétaire.
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE N°4 FÉVRIER - MAI 2001307
Fiche-client
comportement l’acquisition des autocontrôles chez le chiot
Au cours du développement, les comportements deviennent de plus en plus complexes et évoluent d'un fonctionnement primitif réflexe de type "stimulus-réponse" à une séquence comportementale organisée.
L
a production de séquences comportementales organisées, avec un apaisement et un signal d’arrêt, signe la mise en place des auto-contrôles. Cette acquisition se fait essentiellement au cours des jeux et des interactions avec la fratrie. Elle nécessite obligatoirement la présence de la mère ou éventuellement d'un autre adulte éducateur.
Exemple : l’acquisition de l'inhibition de la morsure. Après l'éruption des dents lactéales, vers 5 à 6 semaines, les morsures deviennent douloureuses pour les autres chiots. Initialement, le degré de pression dépend seulement de l'excitation et s'accentue donc au cours du jeu. Le chiot mordu crie et la mère intervient pour "calmer" et interrompre le mordeur… La mère intervient également quand c'est elle qui est mordue.
La morsure inhibée Les chiots apprennent progressivement à
Colette Arpaillange * Emmanuel Gaultier **
contrôler l'intensité de la pression afin d'éviter les sanctions maternelles : dès lors ils s'arrêtent de mordre dès que le partenaire crie. C'est ce que l'on appelle la "morsure inhibée" qui est normalement acquise à deux mois. Au-delà de l’inhibition de la morsure, la régulation maternelle s’exerce sur l’ensemble des comportements moteurs. Conséquences Les chiots qui n'ont pas acquis la capacité à se contrôler s'avèrent brutaux, difficiles à maîtriser et à éduquer. Les défauts d'acquisition des autocontrôles se traduisent par un tableau clinique très spectaculaire et très invalidant. C’est "le syndrome hypersensibilité-hyperactivité": son traitement peut s’avérer extrêmement lourd et contraignant. Prévention La présence d'une mère expérimentée, ou éventuellement de chiens adultes qui remplissent cette mission éducative, est indispensable pendant la période de socialisation, au moins de la 5ème à la 8ème semaine, afin de permettre la mise en place des autocontrôles. Après l’adoption, la famille doit prolonger la mission éducative maternelle en régulant le comportement ludique (fiche-conseils). ■
* Unité de Médecine, E.N.V.N, Atlanpole la Chantrerie BP 407060 443070 Nantes Cedex 03 ** Pherosynthèse Route de St Saturnin 84400 Apt
Essentiel ❚ Les déficits des autocontrôles doivent être détectés le plus tôt possible dés les premières consultations vaccinales. ❚ Le pronostic dépend en effet de la précocité de la prise en charge.
Geste En consultation vaccinale : ❚ inclure un examen en liberté pour évaluer le contrôle de l'exploration. ❚ stimuler le chiot pour évaluer son contrôle global et sa tolérance à la contrainte. ❚ susciter la prise en gueule de la main pour apprécier le contrôle de la morsure.
Fiche-client
Favoriser l’acquisition des autocontrôles conseils pratiques
> 1. Respecter le temps de sommeil : entre 12 et 16 h par jour chez un chiot ! > 2. Proscrire les jeux de tiraillement et de traction. > 3. Interrompre les séquences de jeux lorsque le chiot s’excite, s’agite, aboie ou grogne. Ne pas répondre par des cris ou de l’agitation mais adopter une attitude indifférente. Renouer contact avec le chiot lorsque le calme est revenu. > 4. Ne pas accepter les mordillements et les tiraillements. Les interrompre par une tape sur le nez, voire par une prise par la peau du cou et un plaquage au sol tant que le chiot est jeune.
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La mise en présence prolongée des chiots avec la mère est indispensable jusqu’à la 8e semaine (photo C. Arpaillange).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 311
la trousse d’urgence le mannitol Le mannitol agit comme un diurétique osmotique. Il est utilisé dans des solutions hyperosmolaires de concentation variable (10 à 20 p. cent).
Arnaud Lavirotte Christophe Hugnet Clinique Vétérinaire des Lavandes 8 rue A. Briand 26160 La Bégude de Mazenc
A
près injection intraveineuse (IV), le mannitol suit une distribution dans le compartiment extracellulaire. Il ne pénètre pas dans les yeux. Il ne franchit pas la barrière hématoméningée sauf lors de lésion de celle-ci, lors d’acidose métabolique, ou lors de surdosage. Seul 7 à 10 p. cent du mannitol est métabolisé, le reste est éliminé par voie urinaire sous forme inchangée. De nombreux mécanismes expliquent l’efficacité et l’utilité du mannitol : diurèse osmotique, piège à radicaux libres, ...
Essentiel Quatre indications : ❚Diminuer la pression intracrânienne : hypertension intracrânienne, œdème cérébral traumatique, coup de chaud. ❚ Induction de la diurèse. ❚ Favoriser l’excrétion urinaire de certains toxiques. ❚Diminuer la pression intra-oculaire : traitement du glaucome.
INDICATIONS ET POSOLOGIE 1. Diminuer la pression intracrânienne : hypertension intracrânienne (tumeur cérébrale, hydrocéphalie, ...), œdème cérébral traumatique ou non, coup de chaud, … Mannitol (10 à 20 p. cent) : 1,5 g/kg en IV sur 20 minutes. Sol. 10 p. cent : 15 ml/kg Sol. 20 p. cent : 7,5 ml/kg Attention à l’effet rebond sur la pression intracrânienne. L’utilisation simultanée de furosémide à la dose de 0,5-1 mg/kg, 15 mn après le mannitol, limite cet effet néfaste.
Pour en savoir plus Plumb DC. Veterinary Drug Handbook,, Third Ed., ISUP/Ames Ed., 1999, 750. ● Tennant B. Small Animal Formulary, BSAVA, 1994, 218. ● Kirk and Bistner’s Handbook of Veterinary Procedures and Emergencies Treatment, 6th Ed., WB Saunders Company, Philadelphia, 1995, 1006. ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 61
2. Induction de la diurèse lors d’insuffisance rénale aiguë oligurique Il est indispensable de corriger les désordres hydro-électrolytiques et acido-basiques au préalable. Mannitol (10 à 20 p. cent) : 0,25-0,5 g/kg en IV sur 20 minutes. Sol. 10 p. cent : 2,5-5,0 ml/kg Sol. 20 p. cent : 1,25-2,50 ml/kg Si diurèse, répéter toutes les 4 à 6 heures. 3. Favoriser l’excrétion urinaire de certains toxiques (aspirine, barbiturique, éthylène glycol), aide à la résorption d’œdème ou d’ascite Mannitol (10 à 20 p. cent) : 0,5 g/kg la première heure. Sol. 10 p. cent : 5,0 ml/kg Sol. 20 p. cent : 2,50 ml/kg Si diurèse, perfusion d’une solution à 5 p. cent à raison de 10 ml/kg/h
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4. Diminuer la pression intra-oculaire : traitement du glaucome Mannitol (10 à 20 p. cent) : 1-2 g/kg en IV sur 20 minutes. Sol. 10 p. cent : 10 – 20 ml/kg Sol. 20 p. cent : 5-10 ml/kg - Supprimer l’eau pendant 3 h. - Répéter deux à quatre fois pendant 48 h. - Surveiller les signes et les paramètres de déshydratation. CONTRE-INDICATIONS Quatre types de contre-indications sont à souligner : - animal en anurie secondaire à une maladie rénale, présentant une déshydratation sévère ; - saignement intracrânien ; - congestion pulmonaire sévère ou œdème pulmonaire ; - insuffisance cardiaque. EFFETS INDÉSIRABLES Les effets indésirables notés sont : - les déséquilibres hydro-électrolytiques (pertes de sodium, potassium et chlore) ; - la diarrhée, les vomissements ; - un œdème aigu pulmonaire, une insuffisance cardiaque congestive, la tachycardie. PRÉCAUTIONS D’EMPLOI ET DE CONSERVATION ● Ne pas ajouter de KCl ou de NaCl dans une solution concentrée de mannitol, sinon on observe la formation de précipités. ● Conservation à température ambiante. Éviter la réfrigération. Si l’on observe une cristallisation, il faut le réchauffer entre 35 et 50°C pour le resolubiliser, en particulier pour les concentrations supérieures à 15 p. cent.
FORMES DISPONIBLES ET COÛT On dispose en France de Mannitol à 10 p. cent et à 20 p. cent, sous forme de poches souples ou de flacons en verre. Deux laboratoires disposent de spécialités avec AMM vétérinaire : Virbac et Aguettant. - Solution à 10 p. cent en 500 ml : 9 à 12 F H.T. - Solution à 20 p. cent en 250 ml : 7 à 9 F H.T.
■
diagnostic
le western blot Corine Boucraut-Baralon
ou "immunoblotting"
*Scanelis, E.N.V.T 23, chemin des capelles 31076 Toulouse cedex 3
.
Objectif pédagogique ❚ Comprendre le Western Blot (cf BD ci-jointe) et savoir dans quel cas utiliser cette technique.
Le Western Blot est une technique d’analyse de protéines également utilisée comme outil sérologique en infectiologie. Cette technique permet de détecter des anticorps dirigés contre des antigènes spécifiques caractérisés par leur poids moléculaire. Son intérêt réside essentiellement dans sa grande spécificité.
L
principe de la technique Western Blot est un transfert sur membrane d’une protéine ou d’un mélange de protéines (antigènes viraux par exemple) après séparation électrophorétique en fonction du poids moléculaire. ● La membrane sur laquelle les protéines sont fixées est mise en contact avec des anticorps de référence ou des sérums à tester. ● Dans un second temps, un système immuno-enzymatique révéle les protéines immobilisées ayant interagi de façon spécifique avec les anticorps de l’échantillon à tester (cf BD ci-contre). E
Essentiel ❚ Cette technique est utilisée pour le diagnostic des infections rétrovirales (HIV chez l'homme, FIV chez le chat), des coronaviroses félines, de la Leishmaniose et de la Borréliose canines. ❚ Le Western Blot est utilisé comme technologie de confirmation en raison de sa grande spécificité.
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 316
UNE MÉTHODE DE DIAGNOSTIC En diagnostic des maladies infectieuses ou parasitaires, le Western Blot peut s'utiliser de deux façons : 1. Par la mise en évidence de la présence d'antigènes particuliers en séparant par électrophorèse les protéines de l'échantillon et en utilisant un sérum de référence connu ou des anticorps purifiés. Un profil défini (nombre et taille) de bandes sur la membrane après révélation permet de conclure à la positivité du test. On met ainsi en évidence directement la présence de l'agent pathogène dans le prélèvement. Cette technique n’est pas utilisée en diagnostic de routine. Cependant, une technique dérivée est commercialisée pour mettre en évidence des prions dans les tissus nerveux d’animaux suspects d’ESB.
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2. Par la mise en évidence d’anticorps dirigés contre un ou plusieurs antigènes d’un agent pathogène (mise en évidence d'une réponse sérologique). On utilise donc des antigènes connus et standardisés qui ont été séparés par électrophorèse et transférés sur membrane et on cherche à mettre en évidence la présence d'anticorps spécifiques dans le sérum de l'animal. L’analyse du profil (nombre et taille de bandes), permet d’interpréter le test (présence ou non d’anticorps spécifiques de chacune des protéines correspondant aux bandes observées). UTILISATION EN ROUTINE Cette deuxième technique est la plus utilisée en diagnostic de routine car plus simple à standardiser : il est possible de conserver des membranes sur lesquelles sont fixées les protéines (antigènes) et de les utiliser à la demande pour tester un sérum. Ce type de test est réalisé par exemple pour le diagnostic des infections rétrovirales (HIV chez l'homme, FIV chez le chat), des coronaviroses félines, de la Leishmaniose et de la Borréliose canines. Elle est particulièrement intéressante pour vérifier la spécificité d'un résultat positif obtenu avec d'autres types de tests sérologiques (par exemple vérification d'un test "rapide" FIV positif chez un chat, en dehors d'un contexte d'infection possible). La présence d'anticorps dirigés contre un ou plusieurs antigènes viraux, bactériens ou parasitaires permet de confirmer un résultat positif. SA SENSIBILITÉ La sensibilité du Western Blot est proche de celle des techniques ELISA et en général supérieure à celle des kits de détection rapide d’anticorps. Le Western Blot est cependant rarement utilisé comme technique sérologique de première intention car elle nécessite le recours à un laboratoire spécialisé et son coût est légèrement supérieur à celui des autres techniques. ❒
Corine Boucraut-Baralon & Frédéric Mahé Bonjour, je suis une protéine. Aujourd'hui, nous parlerons du Western Blot, ce qui explique mon chapeau. C'est une technique particulière d'électrophorèse de protéines, ayant plusieurs applications en diagnostic.
Comme vous le savez, les protéines ont des poids moléculaires différents. Dans un premier temps, on les dépose sur un gel (en général un gel de polyacrylamide).
Et nous, et nous ?
Quand on fait passer un courant électrique léger dans la bande, les protéines migrent dans le gel pour s'ordonner en fonction de leur poids moléculaire.
AÏE!
E!
OUILL
On utilise alors une deuxième bande (en nitrocellulose, par exemple), qu'on applique sur le gel de départ... Puis on fixe définitivement les protéines sur la deuxième bande par électrotransfert. En anglais, "membrane" se dit "blot", d'où le nom du procédé (il existe aussi le Southern blot et le Northern blot). Et c’est moi C’est moi Northern! Southern!
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On dispose alors d'une membrane qui est une réplique parfaite du gel de départ, avec toutes les protéines en ordre, de la plus grosse à la plus petite.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001- 317
On peut utiliser ce procédé avec des protéines issues d'un prélèvement (A), ou avec des protéines standardisées et purifiées (B).
On peut découper la membrane pour obtenir des bandes identiques On fait alors appel à des anticorps.
A
B
Le Western blot peut être utilisé de deux façons...
Soit on cherche les anticorps présents chez un animal. On utilise alors des membranes sur lesquelles on a fixé des antigènes purifiés et standardisés (exemple : FIV).
L'anticorps spécifique se lie à la protéine qu'il reconnaît. Il faut révéler cette réaction en utilisant des anticorps spécifiques des anticorps utilisés. Ceux-ci sont marqués, ce qui va permettre de les repérer
Soit on cherche directement les antigènes présents chez l'animal, avec des anticorps purifiés et des sérums tests (exemple : ESB).
Il n'y a plus qu'à comparer avec des témoins pour vérifier si l'interaction a eu lieu, et où elle a eu lieu. L'intérêt principal de cette technique est sa s p é c i f i c i té . C'est pourquoi, en médecine vétérinaire, le WB est principalement utilisé pour confirmer la spécificité d'une sérologie positive obtenue avec une autre technique (infection par le FIV ou les coronavirus félins, Leishmaniose, etc).
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Et pour conclure : pourquoi «Western»? Tout simplement parce que l’inventeur de la technique de transfert d’ADN après électrophorèse sur membrane s’appelle M. Southern. Les autres techniques dérivées, par jeu, ont été appelées Northern, puis Western. Il n’y a pas encore d’Eastern Blot, mais on peut rêver... On est tous très déçus! Ça faisait très classe et très politiquement correct...
C’est moi, M. Southern!
N.A.C. choc occlusif chez un furet Emmanuel Risi Alexandre Louis Rodolphe Milliat Unité de Chirugie E.N.V.N, Atlanpole la Chantrerie BP 407060 443070 Nantes Cedex 03
Cas d’un jeune furet atteint d’un syndrome d’occlusion intestinale. L’occlusion par corps étranger est une affection fréquente chez le furet de moins d’un an.
Objectif pédagogique
L
e furet est un carnivore domestique susceptible de présenter des affections semblables à celles du chien et du chat. Le traitement d’un état de choc occlusif repose sur des principes théoriques semblables. Cependant, la petite taille de l’animal et les connaissances médicales moins approfondies dans cette espèce rendent l’examen clinique et les actes techniques moins aisés.
1 Radiographie sans préparation. Les anses intestinales sont fortement dilatées (photos chirurgie, E.N.V.N.).
Présenter le traitement d’une affection fréquente chez le furet : l’occlusion intestinale par corps étranger.
COMMÉMORATIFS ET EXAMEN CLINIQUE Un furet mâle castré de 9 mois est présenté à la consultation pour anorexie et apathie marquée depuis 24 heures. L’animal est correctement vacciné et pèse 900 g. ● Deux jours avant la consultation, le propriétaire a remarqué une modification du comportement de l’animal. L’appétit et la prise de boisson sont conservés. ● Le lendemain, des vomissements d’aspect "bileux" sont apparus. L’animal semble très fatigué, apathique et refuse de s’alimenter. Le furet perd 200 g en deux jours. Le jour de la consultation, l’animal est dans un état léthargique et en bradypnée, ses muqueuses sont congestionnées. Le taux de déshydratation est évalué à 7 p. cent, la température rectale est de 35,7 °C (hypothermie sévère). A ce stade de l’examen, un diagnostic d’état de choc est porté. Les hypothèses étiologiques retenues sont : - un choc septique ; - une occlusion digestive ; - une intoxication ; - une IRA. Les examens complémentaires réalisés sont : - un examen radiologique, qui révèle des anses intestinales fortement dilatées évo-
2 Site d’occlusion sur le jéjunum. Le site d’occlusion sépare de façon nette une anse intestinale dilatée et congestionnée en amont et un intestin d’aspect normal en aval.
quant un iléus mécanique (photo 1) ; - une échographie, qui montre un épanchement dans la cavité abdominale, des anses intestinales dilatées et un hyperpéristaltisme ; - des dosages sanguins qui ne révèlent rien d’anormal (urée, créatinine, PAL, ALAT). A ce stade, l’hypothèse d’occlusion est retenue et une laparotomie exploratrice est programmée. INTERVENTION CHIRURGICALE Le furet est anesthésié avec une association Tilétamine-Zolazépam (Zoletil®, 10 mg/kg IM). Un relais gazeux à l’halothane est ensuite instauré au masque. L’animal est placé sur un tapis chauffant. Les anses intestinales apparaissent fortement congestionnées et dilatées. L’inspection de la cavité abdominale met en évidence une zone d’occlusion intéressant le jéjunum (photo 2).
Essentiel ❚ Le traitement d’un syndrome occlusif relève de la même stratégie chez le furet et chez les autres carnivores domestiques, avec quelques nuances : ● cathétérisme veineux difficile ; la pose d’un cathéter intra-osseux permet une thérapeutique liquidienne efficace ; ● risque accru de sténose intestinale après intervention et risque important d’occlusion intestinale chez le furet, notamment chez le jeune.
La cause de l’occlusion est un corps étranger sphérique de 2 cm de diamètre, peu mobile et de consistance dure. Une entérotomie est
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RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 -321
Marketing et soins dentaires
Roger Mellinger Clinique Vétérinaire 149, Route de Guentrange 57100 Thionville
Essentiel ❚ L’état de santé de la cavité buccale a une incidence sur l’état de santé globale. ❚ La santé buccale doit être abordée dès la première visite vaccinale en exposant le remplacement des dents de lait par les dents définitives.
En proposant des soins dentaires, le vétérinaire reste dans le domaine de la médecine préventive et curative. Ces soins ne doivent pas être considérés comme une médecine de luxe, leur mise en œuvre permet d’augmenter le confort de vie des animaux et de leurs propriétaires.
P
our développer une activité, il nous faut aller au devant de la demande de nos clients en analysant le marché avec une approche objective. Si l’on inclut l’examen de la cavité buccale à l’examen général auquel on doit soumettre tous les animaux lors de la consultation, quel qu’en soit le motif, on constate qu’il existe dans la gueule de tout animal, un potentiel de travail largement inexploité. Pratiquement, tous les chiens et les chats, au cours de leur vie, ont besoin de soins dentaires. Ils débutent souvent, chez les chiens de petite race, par l’extraction des dents de lait persistantes, ils se prolongent par l’élimination régulière de la plaque dentaire et du tartre afin de contrôler l’évolution de la mala-die parodontale, ils consistent aussi à proposer des soins conservateurs pour des dents fracturées afin d’en éviter les complications. L’INCIDENCE SUR L’ÉTAT DE SANTÉ GLOBALE
2
Modèles dentaires illustrant la maladie parondontale.
Gestion ❚ Seul un vétérinaire convaincu peut convaincre son client de la nécessité de réaliser certains soins dentaires.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 326
Il est faux de penser que l’évolution d’une maladie parodontale, qu’une dent fracturée ne puisse pas avoir de conséquences locales ou systémiques sur l’état de santé. Les études épidémiologiques ont démontré qu’un mauvais état de la bouche peut parfois avoir des conséquences désastreuses sur l’état de santé général [2]. Nos clients connaissent cette réalité, ils ont tous des dents et pour la plupart d’entre eux, pour l’avoir personnellement expérimenté, ils savent que la bouche mérite des soins attentifs. Aussi, le premier obstacle à la mise en œuvre des soins dentaires n’est pas le fait de nos clients mais du vétérinaire qui auto-limite ses offres de soins. Il accepte souvent, comme une fatalité, que se développent dans la cavité buccale des
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1 Modèles dentaires tranparents visualisant les dents avec leurs racines (photos R. Mellinger).
affections à caractère chronique qu’il n’accepterait jamais de voir échapper à son contrôle s’il s’agissait d’une autre partie de l’organisme. En partant du principe qu’aucun vendeur sérieux ne peut promouvoir un produit auquel il ne croit pas, il est d’abord nécessaire que le vétérinaire soit convaincu de l’utilité et de l’efficacité des soins dentaires qu’il propose. La démonstration de cette utilité peut être faite simplement en se référant aux principales affections rencontrées dans la pratique courante. Le tableau 1 résume ces différents cas de figure. LA PERCEPTION DU CLIENT La perception que nos clients ont de la santé buccale de leur compagnon est variable. S’il s’agit d’un chien de travail, le maître est très attentif aux aspects fonctionnels de la bouche. Dans ce cas, toute fracture dentaire constitue un motif de consultation. ● S’il s’agit d’un animal destiné à être confirmé ou d’exposition, le premier motif de consultation concerne l’aspect esthétique de la denture. Dans ce cas, nous sommes sollicités pour corriger des défauts d’occlusion. ● Dans la majorité des cas, il s’agit uniquement d’un animal de compagnie, la mauvaise haleine qui est perceptible dès le stade de la gingivite et qui accompagne l’évolution de la maladie parodontale est le principal motif d’inquiétudes [3]. En pratique, nous pouvons cependant souvent constater, que le client ne s’inquiète que lorsque la maladie parodontale a atteint un ●
Tribune libre
une médecine qui “parle” au propriétaire d’animal de compagnie ! Parce qu'on croit avoir examiné la bouche en ayant simplement ouvert la gueule, parce qu'on pense qu'il y a plus important et qu'il faut faire vite, parce qu'on se sent démuni sur le plan thérapeutique…, la cavité buccale demeure la grande oubliée de l'examen clinique. La dentisterie vétérinaire est encore enfermée dans le carcan opposant d'une part, le trio détartrageextraction-antibiotique pour le praticien dit “généraliste”, et la médecine référée du spécialiste.
S
’il est vrai que la plupart des actes orthodontiques nécessite une expertise, il est non moins évident que l'odonto-stomatologie, réalisable en pratique courante, est à tout point de vue sousexploitée. Pourtant les soins bucco-dentaires relèvent bien d’un problème de santé animale et non d'un gadget médico-marketing supplémentaire. En effet il s’agit bien souvent d’affections délabrantes qui ont un impact tant local que systémique et qui génèrent de la douleur. L'odonto-stomatologie, une discipline très riche La dentisterie présente tous les aspects d'une discipline complète, diversifiée et intellectuellement stimulante. Elle comprend aussi bien le conseil, la prévention, la sensibilisation à l'hygiène buccale, le diagnostic, la gestion médicale de cas chroniques, la chirurgie avec une technicité plus ou moins importante selon les interventions. De surcroît, cette discipline "parle" au propriétaire de chien et de chat : le propriétaire transpose facilement le caractère aigu des douleurs bucco-dentaires, qu'il a probablement lui-même expérimentées. Le sujet peut aisément être abordé au cours de la consultation. Montrer les lésions buccales souvent visibles contribue à valoriser son image auprès du propriétaire de l’animal. L'odonto-stomatologie est aussi un potentiel de développement pour la clinique. il y a dix
ans, la dermatologie était considérée de manière analogue comme une discipline de spécialiste. On voit la place qu'elle a prise aujourd’hui dans nombre de cliniques ! Un investissement intellectuel et technique raisonnable Pour faire rentrer la discipline dans sa pratique quotidienne, "il faut se mouiller", aime à rappeler notre confrère Guy Camy. Trois niveaux d'investissement permettent d'asseoir sa pratique. 1. D'abord investir sur les connaissances : une démarche diagnostique cohérente repose sur une somme de connaissances raisonnables puisque les entités pathologiques fréquentes sont en nombre limité. De surcroît, des ouvrages et des formations sont maintenant disponibles, notamment auprès du groupe GEROS de la CNVSPA. Au-delà de la technique dentaire, il faut également pouvoir lever les éventuelles appréhensions ayant trait à la sédation et l'anesthésie des animaux, parfois facteur limitant des examens approfondis de la cavité buccale. 2. Investir sur le matériel : contrairement à une idée commune, l'investissement en matériel n'est pas des plus onéreux si l'on se cantonne à ce qui est classiquement nécessaire. Un appareil de radiographie dentaire, du petit matériel et un unit de bonne qualité ouvrent déjà de nombreuses possibilités diagnostiques et thérapeutiques. Le reste viendra petit à petit, si le besoin s'en fait sentir. 3. Avoir une démarche active auprès du propriétaire. Une sensibilisation qui s'exerce dès la première consultation vaccinale à plus de chance d'aboutir à des résultats. Il faut pouvoir ensuite offrir des solutions satisfaisantes aux affections ou aux problèmes diagnostiqués qui résultent souvent d’une mauvaise hygiène buccale. Ce sont aussi bien des actes techniques que des produits dentaires.
Pierre-Henri Belin Responsable technique VIRBAC Santé animale B.P. 447 06515 Carros
Essentiel ❚ Évoquer les soins buccodentaires dès la première consultation vaccinale, moment de plus grande écoute du nouveau propriétaire. ❚ Le brossage dentaire, même s’il est difficile à promouvoir, doit être mis en avant : il s'agit du moyen de lutte le plus efficace contre la plaque dentaire. ❚ Si le propriétaire ne peut envisager le brossage, lui proposer des solutions alternatives à base de croquettes ou de lamelles à mâcher qui donnent des résultats intéressants.
Gestion ❚ L’appareil de radiographie dentaire, clef de voûte de la pratique, est un matériel extrêmement vite rentabilisé.
Le succès repose sur un service de qualité qui associe un discours clair, des capacités diagnostiques et une technicité minimum : une alliance de science, de savoir-faire et de communication. ❒
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MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 329
Témoignage
Valentin Cassan
Propos recueillis par Philippe Baralon Phylum, BP 111 31675 Labège Cedex e-mail : baralon@phylum.fr
15 ans de travail sur l'hygiène bucco-dentaire Rencontre avec notre confrère, Valentin Cassan, praticien à Toulon. ■ Nouveau Praticien : Quand avez-vous commencé à vous intéresser à l'hygiène bucco-dentaire ? - Valentin Cassan : J'ai commencé il y a une quinzaine d’années, mais c’est depuis 10 ans seulement que cette pratique s’est vraiment développée. Au cours d’un séminaire dentaire organisé par l’A.A.H.A. à Boston en 1990, j’ai découvert et compris l’importance de l’hygiène dentaire comme prophylaxie des parodontites chez les animaux de
1
■ Pourtant les maîtres sont globalement
moins concernés par la santé dentaire de leur animal que par les problèmes dermatologiques par exemple. VC : Les dents sont cachées, à l’inverse du pelage qui se voit. Le propriétaire découvre les lésions dentaires beaucoup plus tard que les lésions cutanées. La chute du poil et le grattage de l’animal sont des avertisseurs visuels faciles à décoder. La mauvaise odeur de la peau dans les cas de séborrhée est spontanément rattachée à une maladie de peau, tandis que la mauvaise haleine n’est jamais associée à la maladie parodontale du chien, dont le maître ignore jusqu’à l’existence.
■ Comment structurez-vous votre argumentation ? - V. Cassan : J’explique l’intérêt de l’hygiène dentaire comme prophylaxie des gingivites, des stomatites et des parodontites : ● la mauvaise haleine, en particulier chez les
Valentin Cassan :
“J’explique l’intérêt de l’hygiène dentaire comme prophylaxie des gingivites, des stomatites et des parodontites”.
compagnie. Sur deux jours de séminaire, j’avais été surpris qu’un après-midi entier soit consacré à l’hygiène ; la partie marketing y tenant une place importante.
Mes cinq motivations pour aborder ce sujet avec mes clients > 1. Pour la satisfaction de faire de la médecine préventive : plutôt prévenir que guérir. > 2. Pour remettre la pathologie dentaire à sa juste place dans les pathologies canine et féline : trois animaux sur quatre présentés à la consultation souffrent d’au moins un problème bucco-dentaire. > 3. Pour faciliter le dépistage précoce des affections bucco-dentaires par le maître. S’il brosse régulièrement les dents de son animal, il devient une véritable sentinelle chargée du dépistage précoce des épulis, mélanomes, tumeurs, ainsi que des fractures dentaires ou stomato-gingivites. > 4. Pour la rapidité du retour sur investissement. L’augmentation des ventes de produits d’hygiène et des soins dentaires est très sensible. Même si certains clients n’arrivent pas à pratiquer le brossage, leur motivation pour prévenir les affections dentaires est renforcée et la demande de détartrage progresse. > 5. Pour montrer l’intérêt que je porte au confort et au bien-être de l’animal par opposition à la médecine et à la chirurgie, qui peuvent effrayer le client.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 330
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analyser vos comptes Philippe Baralon Phylum, BP 27-16, 31312 Labège Cedex e-mail : baralon@phylum.fr
Objectif pédagogique Transformer un document strictement fiscal en un outil de suivi des résultats de son entreprise.
Essentiel ❚ Les formulaires 2035-A et 2035-B n'ont pas été conçus pour fournir des informations au gestionnaire de l'entreprise mais seulement pour calculer l'impôt à payer. ❚ L'exploitation des données figurant sur les formulaires 2035-A et 2035-B nécessite des retraitements sous peine de conduire à des interprétations gravement erronées. ❚ Le chiffre d'affaires du cabinet ne figure pas sur le formulaire 2035-A (il s'agit de la somme des recettes). ❚ Les éléments exceptionnels ou non récurrents ne sont pas intégrés à l'analyse financière.
à partir des formulaires fiscaux 2035-A et 2035-B Comment calculer le chiffre d’affaires du cabinet, la marge brute, les charges de structures, le résultat courant pour “sortir le nez du guidon” et avoir une idée précise des données financières de l’entreprise.
L
a comptabilité de la plupart des entreprises vétérinaires ne repose que sur l'enregistrement des recettes et des dépenses (comptabilité de type "bénéfices non commerciaux"-BNC), alors que la majorité des entreprises tiennent compte également des charges et des produits (comptabilité de type "bénéfices industriels et commerciaux"-BIC). La compréhension de cette particularité et de ses conséquences constitue un pré-requis pour pouvoir analyser les documents comptables qui, bien souvent, se résument à l'annexe de la déclaration fiscale (formulaires 2035-A et 2035-B). Les cabinets vétérinaires peuvent tenir leur comptabilité hors taxes (HT) ou toutes taxes comprises (TTC). Nous nous placerons ici dans l'hypothèse d'une comptabilité hors taxes : c’est en effet la configuration la plus fréquente et la solution recommandée. Les dernières entreprises vétérinaires à tenir une comptabilité TTC, généralement parce que cela leur semble plus simple, doivent changer d'option sous peine de rencontrer des difficultés d'interprétation supplémentaires. PRODUITS ET RECETTES, CHARGES ET DÉPENSES
Gestion ❚ Si vous n'êtes pas certain de l'option retenue pour votre comptabilité : TTC ou HT, reportez-vous aux lignes DB, DC, DD et DE du formulaire 2035-B pour obtenir la réponse.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 334
Lorsqu'un vétérinaire vend un service (un acte), un médicament ou un aliment, comptablement cela correspond à un produit. Or, une comptabilité de type BNC n'enregistre que la recette correspondante. Si produit et recette sont concomitants, cela ne présente pas de problème. En revanche, s'il existe des décalages dans le temps, parce que le client ne paie pas tout de suite (le vétérinaire a alors une créance sur le client), alors, sur une période donnée, la somme des recettes peut différer significativement de la somme des produits. Symétriquement, lorsqu'un vétérinaire consomme un médicament (dans un acte ou
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pour le vendre en l'état) ou emploie une ASV, comptablement cela correspond à une charge. Or, une comptabilité de type BNC n'enregistre que la dépense correspondante, lorsque le vétérinaire règle sa centrale ou paie son ASV. Si charge et dépense sont concomitantes, cela ne présente pas de problème. En revanche, s'il existe des décalages dans le temps, parce que le vétérinaire ne paie pas tout de suite sa centrale (le vétérinaire a alors une dette envers son fournisseur), parce qu'il stocke le médicament avant de l'utiliser ou de le vendre, ou parce qu'il ne paie son personnel qu'en fin de mois, et les charges sociales qu'en fin de trimestre, alors, sur une période donnée, la somme des dépenses peut différer significativement de la somme des charges. ÉTAPE 1 : CALCULER LE CHIFFRE D'AFFAIRES Le calcul du chiffre d'affaires est la première étape de l'analyse des comptes de l'entreprise vétérinaire. Calcul en effet, car, contrairement à une idée extrêmement répandue, le formulaire 2035-A ne contient pas le chiffre d'affaires de l'exercice mais la somme des recettes (ligne AD). Or, ces deux éléments diffèrent. Néanmoins, le chiffre d'affaires s'obtient aisément en corrigeant la somme des recettes de la variation des créances comme suit : CA = recettes + créances HT en fin d'exercice – créances HT en début d'exercice. Les créances étant ignorées par la comptabilité BNC, il est indispensable d'en assurer un suivi extra-comptable (cf fiche-action n°2 : interprétation du montant des créances). A une date donnée, la somme des créances inclut la totalité des sommes dues y compris celles pour lesquelles il n'y a pas encore de retard de paiement parce que les factures ne sont pas encore éditées ou viennent d'être envoyées. On comprend aisément que si les créances s'accroissent, le chiffre d'affaires est inférieur à la somme des recettes et vice versa. De plus, la formule ci-dessus montre que si les créances sont faibles par rapport à la somme des recettes, il est sans doute possible d'accepter l'approximation : CA = recettes.
Fiche-action N°1
quels critères d’analyse financière ?
Philippe Baralon Phylum, BP 111 31675 Labège Cedex e-mail : baralon@phylum.fr
Munis de la marge brute et du résultat courant de l'entreprise vétérinaire, la phase d'analyse permet d’apprécier la performance réalisée.
Essentiel ❚ Ne comparer plusieurs cabinets que si les données de départ sont homogènes et retraitées. ❚ La marge brute par diplôme et le résultat courant par associé représentent les deux critères clés de l'analyse financière de l'entreprise vétérinaire. ❚ Raisonner en valeur absolue, et non en pourcentage.
D
eux grandes méthodes d'analyses peuvent être utilisées, souvent simultanément : l’analyse comparative et l’analyse historique. ● L'analyse comparative consiste à juger les résultats d'un cabinet par rapport à ceux d'autres cabinets vétérinaires. Est-ce utile ? Le problème vient de la qualité des informations de départ. S'il s'agit de comparer des ratios issus de formulaires 2035-A et 2035-B sans aucune des précautions déjà mentionnées -comme le font souvent des cabinets comptables qui suivent un grand nombre de vétérinaires ou des clubs d'utilisateurs de logiciels - les conclusions obtenues sont dans le meilleur des cas sans intérêt. En revanche, lorsqu'un certain nombre de cabinets décident d'échanger des informations traitées de manière homogène, l'analyse comparative se révèle précieuse. ● L'analyse historique se fonde sur le suivi de l'évolution de la même entreprise au cours du temps. Une fois encore, il faut se méfier des changements intervenus dans les méthodes de retraitement des informations fournies par les formulaires 2035-A et 2035-B. Sous cette réserve, l'analyse historique représente la principale méthode d'analyse financière applicable au cabinet vétérinaire (comme à n'importe quelle entreprise).
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER-MAI 2001 - 338
Le résultat courant L'appréciation de l'efficacité économique de l'entreprise repose sur le résultat courant. A la différence de la marge brute, le résultat courant ne saurait être ramené au nombre de diplômes car les vétérinaires salariés ont déjà été pris en compte dans les charges de structure. Nous utiliserons donc le ratio du résultat courant par associé égal au résultat courant divisé par le nombre d'associés en "équivalents temps plein". Une précision utile avant de comparer plusieurs entreprises sur ce critère : tenir compte du temps de travail exprimé en jours. Un cabinet vétérinaire dégageant 100 000 Euros par an de résultat courant par associé pour 240 jours de travail (5,5 jours par semaine et 7 semaines de congés) est moins performant que celui qui n'atteint que 82 000 Euros mais pour 195 jours de travail (4,5 jours par semaine et 7 semaines de congés). Ne jamais raisonner en pourcentage Le raisonnement en pourcentage conduit à des conclusions hâtives, voire à des contresens. Ainsi, beaucoup glosent à l'infini sur le ratio "résultat courant sur chiffre d'affaires".
La marge brute
● Le premier point à souligner est de bien faire attention à ne pas se contenter de diviser le bénéfice figurant sur le formulaire 2035-B par la somme des recettes figurant sur le formulaire 2035-A2.
Le volume d'activité repose sur la marge brute en tenant compte du nombre de diplômes (associés et salariés). Le critère marge brute par diplôme, obtenu en divisant la marge brute par le nombre de diplômes en "équivalents temps plein" permet d'apprécier le volume d'activité de l'entreprise et de le comparer à d'autres, même de taille et/ou d'activité différentes. Pour être plus précis, il
● Deuxième point, en supposant qu'il s'agit bien d'un résultat courant et d'un chiffre d'affaires, préférez-vous ce ratio à 40 p. cent ou à 60 p. cent ? Cette question n'a évidemment aucun sens dans la mesure ou tout le monde préfère 40 p. cent de 400 000 Euros à 60 p. cent de 150 000 Euros. Seules les valeurs absolues de la marge brute et du résultat courant présentent donc un intérêt. ❒
En analyse comparative ou en analyse historique, les critères utilisés sont les mêmes.
NOTE voir "analyser vos comptes à partir des formulaires fiscaux 2035-A et 2035-B"
est possible de pondérer le nombre de diplôme par leur niveau d'efficacité (par exemple en multipliant par 0,7 à 0,9 le nombre de vétérinaires débutants, et en ne considérant comme un diplôme que les vétérinaires disposant de plus de trois ans d'expérience en clientèle).
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Fiche-action n°2
interpréter
le niveau de vos créances
Philippe Baralon
Les entreprises vétérinaires dont les créances sont significatives ont avantage à en suivre l'évolution chaque mois. Exprimer les créances en jours de chiffre d'affaires Une créance constitue un stade intermédiaire entre un produit et une recette. La somme des créances peut s'interpréter comme une "réserve" de chiffre d'affaires non encore encaissée. Pour interpréter une créance, il est intéressant de rapporter le montant des créances à celui du chiffre d'affaires. On obtient ainsi un ratio exprimé en pourcentage. Pour améliorer encore la signification de ce ratio, on cherche à mesurer le temps moyen qui s'écoule entre le produit et la recette. C'est tout l'intérêt d'exprimer les créances en jours de chiffre d'affaires selon la formule suivante : créances en jours de CA = créances HT/CA des douze derniers mois x 365. Ainsi, un cabinet A qui a un montant de créances de 20 000 Euros hors taxes peut dormir tranquille parce que son chiffre d'affaires atteint 300 000 Euros, alors que son voisin B devrait s'inquiéter de créances identiques mais pour seulement 140 000 Euros d'activité. Les créances de A ne dépassent pas 24,3 jours de chiffre d'affaires contre 52,1 pour B. Dès lors, la question brûle les lèvres : quel est le niveau "normal" des créances ? Quinze, 25, 35, 45 jours de chiffre d'affaires ? La réponse est plus subtile : il n'existe aucune norme en la matière, mais chacun peut se calculer un "étalon interne" en fonction de son activité et de ses modes de facturation. Interpréter ses créances en fonction de son activité Prenons deux entreprises vétérinaires. La première, C réalise un chiffre d'affaires de
350 000 Euros contre 450 000 Euros pour la seconde, D. Le montant hors taxes des créances atteint 14 000 Euros pour C (soit 15 jours de chiffre d'affaires) et 27 000 Euros pour D (soit 22 jours de chiffre d'affaires). Peut-on conclure que C gère mieux ses créances que D sur la simple comparaison 15 jours de CA contre 22 ?
Exemple 1 : C, spécialisée en canine, travaille à 90 p. cent pour des particuliers qui sont censés payer comptant et à 10 p. cent pour un réseau d'animalerie qui règle sur facture mensuelle, à 60 jours. Le niveau "normal" des créances pour C se calcule donc comme suit : - 90 p. cent de canine payée comptant, soit 0 jour x 0,9 = 0 jours ; - 10 p. cent de canine payée à 75 jours, soit 75 jours x 0,1 = 7,5 jours ; - ce qui conduit à un "étalon interne" de 7,5 jours. Exemple 2 : D a une activité mixte, 50 p. cent en canine pour des particuliers, 20 p. cent en rurale sur facturation mensuelle et prélèvement automatique le 20 du mois, 30 p. cent en rurale sur facturation mensuelle règlement à 30 jours. Le niveau "normal" des créances pour D se calcule donc comme suit : - 50 p. cent de canine payée comptant, soit 0 jour x 0,5 = 0 jours ; - 20 p. cent de rurale payée à 35 jours, soit 35 jours x 0,2 = 7 jours ; - 30 p. cent de rurale payée à 45 jours, soit 45 jours x 0,3 = 13,5 jours ; - ce qui conduit à un "étalon interne" de 20,5 jours. Conclusion On peut aisément conclure que D est presque à l'objectif (22 jours contre 20,5) alors que les créances de C en sont loin (15 jours contre 7,5). C'est donc à C de se mettre au travail, D pouvant se contenter de rester vigilant. ❒
Phylum, BP 111 31675 Labège Cedex e-mail : baralon@phylum.fr
Définition Une créance constitue un stade intermédiaire entre un produit et une recette.
Essentiel On ne peut pas comparer les créances de deux cabinets en valeur absolue, il faut tenir compte du montant du chiffre d'affaires et des modalités de facturation.
NOTE * Voir "analyser vos comptes à partir des formulaires fiscaux 2035-A et 2035-B" ** 15 jours de délai de facturation (en facturation mensuelle, les factures partent avec des prestations datant de 0 à 30 jours, soit 15 jours en moyenne) plus 60 jours de délai de paiement.
Vous souhaitez réagir, témoigner, donner des exemples Adressez-les nous par courrier, fax ou e-mail à : NÉVA - LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE Europarc - 1 Allée des Rochers - 94045 CRÉTEIL CEDEX - Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@neva.fr
MANAGEMENT
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE FÉVRIER - MAI 2001 - 339
Fiche-action N°3
cas clinique : les données analyser votre entreprise Philippe Baralon Phylum, BP 27-16, 31312 Labège Cedex
Objectif pédagogique Analyser votre entreprise et définir des priorités d’action.
L
es docteurs Corinne et Bactérium sont associés en clientèle mixte (50 p. cent canine et 50 p. cent rurale). Leur moral a été gravement affecté par la lecture de leurs formulaires 2035-A et 2035-B. Alors qu'ils ont le sentiment de travailler dur, ils constatent que leur bénéfice stagne désespérément. Tant d'efforts pour une si maigre récompense ! Le coup de grâce est
venu de la lecture d'un article paru dans un mensuel professionnel présentant l'analyse des comptes de 327 cabinets et situant le premier quartile sur le critère bénéfice /recettes au-delà de 55 p. cent, bien loin de leurs pauvres 44 p. cent. Le tableau ci-dessous présente les données sur les trois dernières années.
Tableau 1 - Les données financières sur les trois dernières années
En KF
1998
1999
2000
Montant des recettes
2300
2400
2515
Achats
500
560
590
Dépenses de structure 1
650
670
760
Produits financiers
0
0
5
Frais financiers
5
5
5
Plus-value à court terme
10
-
-
Dotations aux amortissements
35
45
35
-
-
-
1120
1120
1120
Moins-value à court terme Bénéfice
Frais de personnel + Impôt et taxes (taxes professionnelle incluse) + Loyer et charge locatives + Location de matériel et de mobilier + Travaux, fournitures et services extérieurs + Transports et déplacements + Frais de réception, de représentation et de congrès + Frais divers de gestion. 1
➜ A votre demande, les docteurs Corinne et Bactérium vous ont fourni les informations supplémentaires présentées dans les tableaux ci-après. Pouvez-vous les aider à analyser leur entreprise et à définir leurs priorités d'action ?
❒
Tableau 2 - Données complémentaires
En KF
31/12/1997 31/12/1998 31/12/1998 31/12/2000
Créances HT
160
157
185
215
Dette centrale HT
50
50
40
0
Stocks HT
75
70
90
130
1998 Modalité de facturation en rurale Nombres de diplômes 2 Nombre d’associés
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Jours travaillés par an par associé 2
94
1999
2000
Facturation mensuelle, règlement 30 jours 2,2
2,2
2,33
2
2
2
250
249
239
Les associés se font systématiquement remplacer pendant les vacances.
Fiche-action N°4
cas clinique la solution En KF
1998
1999
2000
Chiffre d’affaires
2297
2428
2545
Consommation
505
530
510
Marge brute
1792
1898
2035
Charges de structure
685
715
795
Résultat d’exploitation
1107
1183
1240
Résultat financier
-5
-5
0
Résultat courant
1102
1178
1240
Marge brute par diplôme
815
863
873
Résultat courant par associé
551
589
620
Résultat courant par jour travaillé
2,2
2,4
2,6
Créances en jour de C.A.
24,9
27,8
31
Stocks en jours de consommation
50,6
62
93
Une amélioration constante Contrairement à ce que laissait apparaître la simple lecture des formulaires 2035-A et 2035B des trois années considérées, la situation de l'entreprise n'a cessé de s'améliorer, le chiffre d'affaires, la marge brute et le résultat courant progressant en moyenne de respectivement 5,3 p. cent, 6,5 p. cent et 6,1 p. cent par an. Les variations des créances, de la dette auprès de la centrale et des stocks, ainsi que l'impact des éléments non récurrents expliquent la déformation de l'image renvoyée par les formulaires 2035. Compte tenu de la réduction (relative) du temps de travail des associés (deux semaines de vacances supplémentaires), le résultat courant par jour d'associé travaillé a progressé de 8,5 p. cent par an.
La profitabilité de l'entreprise est donc bonne. Créances : un point à regarder de près En revanche, alors que les créances devraient représenter 22,5 jours de CA en moyenne (50 p. cent du CA à 0 jour et 50 p. cent à 45 jours), ce ratio ne cesse de se dégrader pour atteindre 31 jours en 2000. Il s'agit d'un point à regarder de près. L’augmentation spectaculaire des stocks tient sans doute à un souci "d'optimisation fiscale" avec une grosse commande de fin d'année réglée de manière anticipée. Pour ce qui est du ratio bénéfice/recettes, il n'a aucune signification. Vous pouvez conseiller aux docteurs Corinne et Bactérium de cesser leurs lectures délétères. ❒
Philippe Baralon Phylum, BP 27-16, 31312 Labège Cedex e-mail : baralon@phylum
L'analyse financière historique de l'entreprise des docteurs Corinne et Bactérium conduit aux résultats suivants.
tests cliniques
les réponses
une fistule orofaciale
1 Quelle cause doit-on envisager ? La persistance d’une telle fistule peut être secondaire à l’évolution d’un processus néoplasique, à la présence d’un corps étranger ou la rémanence d’une structure radiculaire infectée. 2
Quels examens sont envisageables ?
Christophe Hugnet
ce numéro). La réalisation de clichés radiographiques après une extraction difficile semble être une précaution raisonnable permettant ❏ d’éviter de telles complications.
Clinique Vétérinaire des Lavandes 8, rue A. Briand 26160 La Begude de Mazenc
complémentaires
La réalisation de clichés radiographiques avec du matériel classique en premier lieu est envisageable (photo 3). Le recours à des radiographies dentaires spécifiques peut parfois être utile. Enfin, une fistulographie (injection d’un produit de contraste) est parfois indispensable. En dernier lieu, un examen tomodensitométrique peut être proposé. Lors de suspicion de néoplasie et en l’absence d’autre cause, une cytoponction peut être effectuée. Dans ce cas, l’extraction d’un fragment de racine dentaire suivi d’une antisepsie buccale journalière ont assuré la guérison sans récidive des symptômes (photo 4). 3 Quelles précautions sont nécessaires
2 Communication entre cavité buccale et la fistule.
3 Radiographie révélant la présence d’une structure radiodense type racine dentaire.
pour éviter ce type de complication ? L’extraction dentaire est un acte technique nécessitant patience et rigueur (cf article dans
4 Fragment extrait.
une chromodacryorrhée 1 Quelle est la nature de cette coloration rouge ? Cette coloration rouge appelée parfois, à tort, "larmes de sang" est en fait une chromodacryorrhée : un pigment prophyrique est élaboré par les glandes de Harder chez le rat. 2 Quelle étiologie peut-on envisager ? La sécrétion de ce pigment est stimulée par le système parasympathique innervant la glande de Harder. Ainsi, lors de stress, d’inflammation oculaire (et donc de la glande lacrymale accessoire) ou de la sphère respiratoire supérieure avec implication oculaire, on observe très fréquemment ce symptôme. En séchant, ces sécrétions se transforment en croûtes localisées autour des yeux et des narines. Plusieurs causes infectieuses sont régulièrement rencontrées : le virus responsable de la sialodacryoadénite (atteinte de toutes les glandes céphaliques), les virus Sendaï et P3 (responsable d’inflammation respiratoire) ou des
bactéries (Pasteurella pneumotropica, Mycoplasma pulmonis). La litière peut être un facteur prédisposant aux troubles respiratoires en raison du caractère agressif et irritant de certains composants (huiles volatiles dans l’écorce de certains arbres, poussières…). De même, l’accumulation d’ammoniac dans un espace inadapté (aquarium par exemple), une température élevée sont d’autres facteurs d’ambiance néfastes.
2 Croûtes rouges sur les ailes des narines.
3 Quel traitement proposez-vous ? Il convient de traiter la cause. Lors d’affection virale, on observe en général une guérison spontanée en une semaine, en l’absence d’infection bactérienne secondaire. Un antibiogramme est alors parfois nécessaire. L’utilisation d’un parasympathicolytique (atropine) peut bloquer les sécrétions de la glande lacrymale accessoire. Lors de lésions permanentes de la glande de Harder, le rat présente une chromodacryorrhée ❏ chronique.
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