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DOSSIER : LES SAIGNEMENTS CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline - N°40 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

Volume 8

N°40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

LES SAIGNEMENTS

DOSSIER

LES SAIGNEMENTS CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT Qu’il soit aigu et extériorisé, ou au contraire discret et responsable de signes peu spécifiques, tout saignement n’en est pas moins grave. Un syndrome hémorragique implique toujours une démarche raisonnée et rigoureuse face à des situations parfois critiques ...

Management et entreprise Quel intérêt de développer une médecine gériatrique chez le chat et savoir proposer un bilan

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

Revue de presse internationale : notre sélection thématique d’articles

- Conduite à tenir face à des saignements spontanés ou d’apparition brutale chez le chien et le chat - Comment rechercher et diagnostiquer des saignements chroniques chez le chien et le chat - Comment explorer une épistaxis - Geste Comment réaliser le temps de saignement buccal - Urgence Comment détecter et stabiliser des hémorragies aiguës chez le chien et le chat - Comment explorer l’hémostase auprès d’un animal - L’utilisation du sang et de ses dérivés - Chirurgie Opérer un animal présentant un risque hémorragique : quelle prévention ? - Imagerie médicale Les saignements thoraciques : apport de l’imagerie et pièges à éviter - Observation clinique Troubles de l’hémostase chez un Bouvier bernois

Féline - Comment diagnostiquer et traiter les hémorragies oculaires chez le chat :

Rubrique - N.A.C. Démarche diagnostique et thérapeutique face à une stase gastrique par surcharge chez le lapin


revue de formation à comité de lecture

Volume 8

indexée dans les bases de données :

N°40

• Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin

sommaire

DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

(CAB International)

• CAB Abstracts Database

Éditorial par Luc Chabanne Test clinique - Une masse œdématiée, tuméfiée sur le pénis d’un dogue de Bordeaux Cécile Riboud, Françoise Lemoine

6

DOSSIER

4

LES SAIGNEMENTS

CANINE - FÉLINE

chez le chien et le chat

- Conduite à tenir face à des saignements spontanés ou d’apparition brutale chez le chien et le chat Armelle Diquélou, Maud Debreuque, Mélanie Pastor 7 - Comment rechercher et diagnostiquer des saignements chroniques chez le chien et le chat Cindy Chervier, Mélanie Pastor, Jean-Luc Cadoré, Luc Chabanne 12 - Fiche - Comment explorer une épistaxis chez le chien et le chat Cindy Chervier, Mélanie Pastor, Jean-Luc Cadoré, Luc Chabanne 18 - Geste - Comment réaliser un temps de saignement buccal Émilie Krafft, Luc Chabanne 20 - Urgence - Comment détecter et stabiliser des hémorragies aiguës chez le chien et le chat Céline Ladous, Isabelle Goy-Thollot 21 - Comment explorer l’hémostase auprès d’un animal Morgane Charbonneau 26 - L’utilisation du sang et de ses dérivés chez le chien et le chat Mathieu Manassero, Ghita Benchekroun, José Retortillo, Luc Chabanne 32 - Chirurgie - Opérer un animal présentant un risque hémorragique : quelle prévention ? Dominique Maman, Luc Chabanne, Éric Viguier 39 - Imagerie médicale - Les saignements thoraciques : apport de l’imagerie et pièges à éviter chez le chien et le chat Amandine Savet 46 - Observation clinique - Des troubles de l’hémostase chez un Bouvier bernois Jérémy Dernis, Dominique Maman, Catherine Bonnefont, Luc Chabanne 52

FÉLINE - Comment diagnostiquer et traiter les hémorragies oculaires chez le chat Hélène Arnold-Tavernier

56

RUBRIQUE - N.A.C- Démarche diagnostique et thérapeutique face à une stase gastrique par surcharge chez le lapin Christopher Scala

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MANAGEMENT ET ENTREPRISE - Médecine préventive Colette Arpaillange - Quel intérêt de développer une médecine gériatrique chez le chat ? Édith Beaumont-Graff - Savoir proposer un bilan gériatrique chez le chat Édith Beaumont-Graff

Souscription d’abonnement en page 82 69 71

CANINE - FÉLINE

73

FMCvét - formation médicale continue vétérinaire

FÉLINE

- Revue de presse internationale - Notre sélection d’articles par Colette Arpaillange, Julien Debeaupuits, Céline Ladous, Kevin Le Boedec,

RUBRIQUE

Mathilde Malherbe, Christelle Maurey, Marie-Pierre Poud, Lawrence Souchu, Michaël Verset 76

Test clinique - Les réponses

81

Tests de formation continue - Les réponses

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MANAGEMENT FMC Vét

Observation originale

3

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 387


gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

une masse œdématiée, tuméfiée sur le pénis d’un dogue de Bordeaux

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)

Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)

Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)

Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Francis Fieni (Reproduction, E.N.V.N.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jean-Pierre Genevois (Chirurgie, E.N.V.L.) Isabelle Goy-Thollot (Urgences, E.N.V.L.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Odile Sénécat (Médecine interne, E.N.V.N.) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 31 €, U.E. : 32 € Tarifs d’abonnement : voir p. 82 S.A.R.L. au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1012 T 80121 I.S.S.N. 1637-3065

Cécile Riboud, Françoise Lemoine Clinique vétérinaire Vetocéane 9, allée A. Fillion 44120 Vertou

1 Jeune étalon Dogue de Bordeaux (photo F. Lemoine).

1 Quel est votre diagnostic ? 2 Quel traitement proposez-vous ?

Réponses à ce test page 81

comité de lecture

Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Av. des Lions - Ste Marie des Champs - BP 14 - 76191 Yvetot Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 388 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

U

n jeune mâle Dogue de Bordeaux âgé de 2 ans est présenté en consultation car il présente depuis 24 heures une masse oedématiée, tuméfiée, d’environ 4 mm à l’extrémité distale du pénis (photo 1). ● De plus, il se lèche intensément la région pénienne. ● Le propriétaire explique qu’il s’agit d’un étalon reproducteur de son élevage, déjà père de plusieurs portées de chiots. ● Aucun trouble de la miction n’est décrit. ● L’examen général est normal. ● L’examen du système reproducteur met en évidence un prolapsus de l’urètre dont la muqueuse est enflammée mais non nécrosée. ● Avant toute autre manipulation, un prélèvement préputial est effectué afin de réaliser si besoin une analyse bactériologique.

4

Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Isabelle Bublot, Samuel Buff, Stéphane Bureau, Claude Carozzo, Eddy Cauvin, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Guillaume Chanoit, René Chermette, Valérie Chetboul, Bernard Clerc,

Cécile Clercx (Liège), Laurence Colliard, Laurent Couturier, Jack-Yves Deschamps, Armelle Diquelou, Olivier Dossin, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Didier Fau, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Jean-Pierre Genevois, Anne Gogny, Isabelle Goy-Thollot, Dominique Grandjean,

Jean-François Guelfi, Laurent Guilbaud, Philippe Hennet, Juan Hernandez, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Claude Petit, Xavier Pineau,

Luc Poisson, Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin.


conduite à tenir

face à des saignements spontanés ou d’apparition brutale chez le chien et le chat

Les saignements aigus, potentiellement létaux, représentent des situations stressantes pour le propriétaire et le vétérinaire. Le choc hypovolémique nécessite une prise en charge immédiate. Tous les lieux de saignements potentiels sont à rechercher soigneusement. Les pertes de sang réelles et la fonctionnalité du système hémostatique sont à apprécier. Des examens complémentaires peuvent être utiles en fonction du diagnostic différentiel raisonné, établi à partir de l’anamnèse et des commémoratifs ainsi que de l’examen clinique.

L

es saignements peuvent être liés à une perturbation du système hémostatique (acquise ou congénitale) [3, 5, 7], mais également à une autre affection locale ou systémique (tableau 1). [2, 4, 8, 10, 11, 12, 13] Surtout lorsqu’ils surviennent brutalement, ces saignements peuvent représenter des situations d’urgence. ● La démarche de réanimation médicale est primordiale lorsque leur importance met en jeu le pronostic vital de l’animal*. Même si la démarche diagnostique est momentanément retardée face à des mesures telles que la mise sous perfusion, une oxygénothérapie, voire une transfusion, elle se révèle indispensable afin de mettre ensuite en place le traitement le plus efficace. ● Les mesures de réanimation médicale ne doivent pas, dans la mesure du possible, empêcher un diagnostic ultérieur. Ainsi, une démarche raisonnée et rigoureuse est nécessaire face à des saignements brutaux afin de pouvoir réagir de manière cohérente dans de telles situations. ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS Le recueil de l’anamnèse et des commémoratifs est une étape indispensable à la démarche diagnostique. D’un point de vue

Armelle Diquélou Maud Debreuque Mélanie Pastor Unité Pédagogique de Médecine Interne, Département des Sciences Cliniques des Animaux de Compagnie et de Sport, École Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23, chemin des Capelles 31 076 Toulouse cedex 3

Objectif pédagogique ❚ Savoir mettre en place une démarche diagnostique rigoureuse lors des saignements aigus. 1

Épistaxis sévère chez un chien (photo service de médecine E.N.V.T.).

épidémiologique, une maladie systémique ou une tumeur est plutôt suspectée sur un animal vieillissant, et un trouble congénital sur un animal jeune. ● Il est nécessaire d’apprécier au cours de l’entretien avec le propriétaire si l’animal a déjà pu présenter des signes de saignements discrets non remarqués jusqu’alors, ou si un léger déficit du système hémostatique aurait pu passer inaperçu. ● Tout renseignement concernant le déroulement des chaleurs chez les chiennes non castrées, les éventuelles complications d’opérations ou des blessures antérieures subies par l’animal est à obtenir. En effet, un trouble de l’hémostase primaire, comme une maladie de von Willebrand, peut être asymptomatique dans les conditions de la vie courante, mais peut être remarqué lors de brèches créées par un acte chirurgical ou des traumatismes cutanés [3]. ● Lors de saignements brutaux, il convient de savoir si l’animal a été un moment hors de la surveillance de son propriétaire. Ceci permet d’évaluer le risque d’intoxication suite à l’ingestion de rodenticides anticoagulants ou si l’animal a pu recevoir un choc. Une rupture de rate par exemple, suite à un traumatisme ou l’évolution d’une tumeur liénale**, peut se traduire sur le plan clinique par une ascite hémorragique soudaine et importante. ● Toute modification du comportement de l’animal, notamment une fatigabilité, et toute perte de poids récente peut amener à envisager une affection systémique se traduisant brutalement par des saignements [7].

Le 1er prix éditorial 2007

NOTES * cf. l’article “Urgence Comment détecter et stabiliser des hémorragies aiguës chez le chien et le chat” de C. Ladous et I. Goy-Thollot, dans ce numéro. ** Liénale : nouveau terme préconisé par les anatomistes pour splénique.

Essentiel ❚ Lors de saignements brutaux, vérifier d’abord si l’animal a été un moment hors de la surveillance de son propriétaire pour évaluer le risque d’intoxication ou l’hypothèse d’un choc (rupture de rate).

CANINE - FÉLINE

7

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 391


comment rechercher et diagnostiquer

Cindy Chervier1 Mélanie Pastor2 Jean-Luc Cadoré1 Luc Chabanne1

des saignements chroniques chez le chien et le chat

1Unité

de Médecine, École Nationale Vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Étoile

2Unité

de Médecine, École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 3

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les principales causes de saignements chroniques. ❚ Savoir suspecter un saignement occulte. ❚ Savoir choisir les examens complémentaires face à un saignement chronique, qu’il soit d’origine locale ou systémique.

NOTE * cf. l’article “Conduite à tenir face à des saignements spontanés ou d’apparition brutale”, de A. Diquélou et coll., dans ce numéro.

Essentiel ❚ Un saignement chronique, extériorisé ou occulte, peut être dû à une cause locale ou systémique.

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 396 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Un saignement chronique n’est pas toujours aisé à mettre en évidence et son origine est parfois difficile à localiser. Ses conséquences peuvent être importantes, et le pronostic de l’affection sous-jacente, à l’origine du saignement, est quelquefois sombre.

U

n saignement chronique se présente en général comme un saignement de faible importance, mais de caractère persistant ou récidivant. Étant données les capacités de compensation de l’organisme, les conséquences cliniques et biologiques de ce type de saignement ne sont pas immédiates si bien que sa reconnaissance est retardée, d’autant que certains des saignements peuvent passer inaperçus. Dans ce cas (saignements occultes), seule une variation de certains indices biologiques permet de les suspecter. ● Afin de hiérarchiser les affections pouvant être à l’origine d’un saignement chronique, les commémoratifs de l’animal et l’anamnèse sont à recueillir méthodiquement. Une prédisposition raciale existe pour certaines coagulopathies. La possibilité de voyages dans des zones d’endémie de maladies vectorielles doit être explorée, en particulier lors d’épistaxis (leishmaniose, ehrlichiose) [2, 4] et d’hémoptysie (dirofilariose) [6]. ● Dès lors que les saignements sont mis en évidence en différents sites (épistaxis bilatérale [2, 4], hémorragies rétiniennes et hématurie, …), une origine systémique doit être évoquée en priorité. La présence d’autres signes cliniques peut également orienter le diagnostic, comme par exemple une leishmaniose suspectée lors de polyadénomégalie et d’épistaxis. ● Cet article propose une démarche diagnostique face à des saignements chroniques chez le chien et le chat, qu'ils soient extériorisés ou occultes. Il aborde les éléments de suspicion clinique et biologique de ces saignements, puis s'attache à proposer

12

1

Pétéchies (photo unité de médecine, E.N.V.L.).

une conduite générale face à ces saignements. Le choix des examens complémentaires est détaillé selon qu'une cause systémique ou locale (selon la localisation du saignement) est suspectée. LES CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE Les saignements extériorisés Certains saignements sont directement apparents, qu’ils proviennent d’un orifice naturel (cavité buccale, narines, vulve, prépuce, anus) ou d’une lésion cutanée. ● La visualisation du saignement et son caractère chronique (persistant ou récidivant) peuvent être le motif de consultation : épistaxis, hématémèse, hémoptysie, méléna, hémochésie, ecchymoses, hématurie, saignement vulvaire (en dehors du diœstrus), ... (photos 1, 2). ● Le caractère chronique du saignement peut toutefois ne pas être d’emblée reconnu et conduire dans un premier temps à une démarche diagnostique davantage orientée vers un saignement aigu*. ●

Les saignements occultes Au contraire des saignements extériorisés, certains saignements chroniques ne sont pas directement apparents. Ils sont alors qualifiés d’occultes et leur reconnaissance n’est pas toujours aisée. Il s’agit fréquemment de saignements d’origine digestive de faibles intensité (méléna ou hémochésie modérées), mais aussi d’hématurie microscopique, d’hémorragies pulmonaires, d’hémorragies rétiniennes, de saignements cavitaires (hémothorax, hémopéritoine), d’hémarthrose ou de saignements nerveux.


comment explorer

Fiche

une épistaxis chez le chien et le chat

Cindy Chervier1 Mélanie Pastor2 Jean-Luc Cadoré1 Luc Chabanne1 1Unité

de Médecine, École Nationale Vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Étoile

2Unité

de Médecine, École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 3

Objectif pédagogique ❚ Savoir hiérarchiser les examens complémentaires face à une épistaxis et explorer une origine locale ou systémique de saignements nasaux.

Essentiel ❚ Examiner soigneusement la cavité buccale lors d’épistaxis. ❚ Évaluer la couleur des muqueuses, rechercher des pétéchies, des fistules oro-nasales, des abcès dentaires, ou une déformation du palais dur. ❚ Vérifier que l’animal ne présente pas de déformation faciale. ❚ Avant tout autre examen, un bilan biologique initial est primordial.

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 402 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Face à un animal présentant une épistaxis, le clinicien doit orienter sa démarche diagnostique vers l’exploration d’une cause locale (“intranasale”) ou systémique (“extranasale”) afin de limiter le nombre d’examens à entreprendre.

L’

épistaxis correspond à un écoulement de sang, extériorisé par la fosse nasale, d’origine nasale ou sinusale. Elle est le plus souvent d’apparition aiguë, mais peut également, par un caractère persistant ou récidivant, constituer un saignement chronique. ● Le saignement peut varier en intensité, et peut être minoré si une partie du sang est déglutie, aboutissant à du méléna. ● Cet article propose une démarche face à une épistaxis chez le chien et le chat. Il expose les critères d'orientation que le clincien peut retenir afin de privilégier une origine locale ou systémique du saignement nasal. Les examens complémentaires pour explorer une cause locale ou systémique sont ensuite détaillés. COMMENT ORIENTER SON DIAGNOSTIC ET LES EXAMENS DE 1re INTENTION

Critères anamnestiques, cliniques ou biologiques Divers critères anamnestiques, cliniques ou biologiques peuvent être retenus afin de privilégier une cause locale ou systémique du saignement. Ils peuvent donc aider le clinicien à hiérarchiser ses hypothèses, afin d’établir un plan diagnostique optimal. Cependant, ces critères ne sont qu’une orientation diagnostique. En aucun cas, ils ne sont pathognomoniques d’une des deux “catégories”. ● Le signalement de l’animal peut être utile pour orienter le clinicien vers une affection causale en priorité. - Les tumeurs des cavités nasales se manifestent de préférence chez les animaux âgés, tandis que la présence de corps étrangers ou encore les affections immunologiques (rhinite dysimmunitaire principalement) se rencontrent plutôt chez les jeunes animaux. ●

18

- Une épistaxis secondaire à une thrombopathie de type maladie de von Willebrand peut être évoquée, particulièrement chez un chien de race Doberman, une affection aspergillaire chez les chiens de race dolichocéphale, ou un polype nasopharyngé chez un jeune chat. ● Un entretien précis avec le propriétaire est également primordial. Il s’agit de préciser les caractéristiques de l’épistaxis (unilatéralité versus bilatéralité du saignement, présence d’un jetage ou d’éternuements associés, durée des signes cliniques et mode d’apparition, …) et de l’interroger sur un éventuel traumatisme antérieur, une promenade en forêt (corps étranger), ou encore un séjour dans le sud de la France (leishmaniose principalement). ● Il est souvent rapporté qu’une épistaxis unilatérale caractérise une atteinte locale, tandis qu’un saignement bilatéral suggère une atteinte systémique. Cependant, 52 p. cent des chiens présentant une épistaxis d’origine extra-nasale ont un saignement unilatéral dans l’étude de Bissett [2]. ● La durée d’évolution du saignement semble supérieure pour les causes locales (> 1 mois) par rapport aux causes systémiques [5].

Un examen clinique complet ● Un examen clinique complet doit être réalisé et intéresser notamment la cavité buccale : évaluation de la couleur des muqueuses, recherche de pétéchies, de fistules oro-nasales, d’abcès dentaires, ou d’une déformation du palais dur, ... ● Une déformation faciale est également à rechercher. La présence d’écoulements séreux ou muqueux, d’éternuements, d’obstruction de la colonne d’air, ou d’une déformation faciale ou du palais suggère une cause locale du saignement. Cependant, des éternuements sont retrouvés lors de cause systémique, par la seule présence de l’épistaxis (39 p. cent des cas dans l’étude de Bissett). Une obstruction de la colonne d’air peut être gênée par la présence d’un caillot sanguin. ● Une polyadénomégalie périphérique constitue un signe d’appel d’une maladie


geste comment réaliser

un temps de saignement buccal chez le chien et le chat

Émilie Krafft Luc Chabanne Unité de médecine E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

Le temps de saignement buccal est un test diagnostique simple, peu coûteux, à réaliser pour explorer les troubles de l’hémostase primaire.

L

e temps de saignement buccal mesure le temps nécessaire à l’arrêt du saignement suite à une incision de la muqueuse orale [2]. C’est une méthode d’exploration in vivo de l’hémostase primaire (figure 1). ● L’hémostase primaire dépend des propriétés vasoplégiques des parois vasculaires, de l’intégrité de l’endothélium, du nombre et de la qualité des plaquettes ainsi que de certains facteurs plasmatiques (facteur de von Willebrand, fibrinogène) [1]. ● Pour réaliser ce temps de saignement, une méthode standardisée est recommandée pour obtenir des résultats interprétables et reproductibles. Une numération plaquettaire doit être réalisée au préalable car une thrombopénie peut allonger le temps de saignement [2, 3].

2 Lancette placée verticalement contre la muqueuse labiale à la face interne de la babine, directement en regard de la canine maxillaire.

RÉALISATION PRATIQUE

3 Incision.

Encadré - Interprétation du temps de saignement [3, 4] Normal : < à 3 minutes. ● Augmenté lors de : - thrombopénie ; - thrombopathie ; - maladie de von Willebrand. ●

Références 1. Brooks M. Coagulopathies and thrombosis. Textbook of vet internal medecine. Philadelphia: WB Saunders, 2000;1829. 2. Forsythe LT, Willis SE. Evaluating oral mucosa bleeding times in healthy dogs using a spring-loaded device. Canadian vet J 1989;30:344-5. 3. Marks S.L. The buccal mucosal bleeding time. J American animal hospital association 2000;36:289-90. 4. Jergens AE, Turrentine MA, Kraus KH, coll. Buccal mucosa bleeding times of healthy dogs and dogs in various pathologic states, including thrombocytopenia, uremia and von Willebrand's disease. Am J Vet research 1987;48:1337-42. 5. Sato I, Znderson GA, Parry BW. An interobserver and intraobserver study of buccal mucosal bleeding time in Greyhounds. Research in vet science 2000; 68:41-5. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 404 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

● L’animal est placé en décubitus latéral. La babine est retournée et maintenue en place par un lien qui ferme la gueule ; l’animal ne doit pas pouvoir se lécher (photo 1). Le lien permet également de créer une légère congestion vasculaire. ● La lancette est placée verticalement contre la muqueuse labiale à la face interne de la babine, directement en regard de la canine maxillaire (photo 2). ● Une pression sur la lancette permet de sortir la lame et d’effectuer l’incision (photo 3). Dès cet instant, le chronomètre est lancé. - Un papier buvard utilisé pour recueillir le sang qui s’écoule de la brèche est maintenu à 1 ou 2 mm de l’incision afin de ne pas interférer avec la formation du clou plaquettaire (photo 4). Précaution : Éviter l’écoulement de sang dans

la gueule de l’animal, ce qui pourrait conduire à de l’agitation et des mâchonnements.

- La mesure se termine lorsque l’incision arrête de saigner. Le temps de saignement buccal doit être inférieur à 3 minutes (encadré) [2, 4].

20

1 Animal placé en décubitus latéral.

Figure 1 - Quand réaliser un temps de saignement Le temps de saignement doit être réalisé lorsqu’un trouble de l’hémostase primaire est suspecté, à savoir en présence de : - pétéchies ; - écchymoses ; - épistaxis ; - saignement des tractus digestifs et génito-urinaires ; - races prédisposées avant un acte sanglant (Doberman).

matériel Une lancette à ressort*, à usage unique (Simplate II®, Triplett® ou Surgicutt®) est privilégiée pour obtenir une incision standardisée de la muqueuse, plutôt qu’une lame ou le biseau d’une aiguille. ● Du papier buvard est utilisé pour le sang qui s’écoule de la brèche. * Dispositif ●

de médecine humaine

4 Utilisation du papier buvard.

CONCLUSION ● Malgré l’utilisation d’une méthode codifiée, la mesure reste très opérateur dépendant [5]. ● Un temps de saignement supérieur à 4 min est néanmoins fortement en faveur d’un trouble de l’hémostase primaire. ❒


urgence

comment détecter et stabiliser des hémorragies aiguës Céline Ladous Isabelle Goy-Thollot

chez le chien et le chat Une hémorragie aiguë est toujours considérée comme une urgence vitale. Quelle qu’en soit la cause, et quel que soit l’état clinique de l’animal, un traitement adapté est à instaurer sans délai.

S

uite à une perte de sang importante ou à un saignement dans un organe vital, même s’il semble stable, un animal peut décompenser rapidement. ● Un diagnostic rapide est indispensable à la mise en place d’un traitement adapté dans les plus brefs délais. ● Après avoir décrit les paramètres à évaluer afin de détecter précocement une hémorragie aiguë, cet article expose les étapes de la stabilisation d’un animal. Le traitement des principales affections qui peuvent être à l’origine d’hémorragies est proposé. DÉTECTER UNE HÉMORRAGIE AIGUË

Le motif de consultation peut être l’hémorragie aiguë lorsqu’elle est visible, mais il n’est pas rare que seuls des signes secondaires soient perceptibles. ● Les principaux signes cliniques associés à une anémie aiguë sont un abattement, une tachycardie, une tachypnée, des muqueuses pâles, un pouls bondissant. ● Lorsque l’anémie est due à une perte de sang aiguë, le tableau clinique est dominé par les signes de choc hypovolémique : temps de recoloration capillaire augmenté, pouls faible, hypotension, extrémités froides, hypothermie, … ● Lorsqu’elle concerne un organe vital (hémorragie intracrânienne, pulmonaire, pleurale, péricardique, …), une hémorragie aiguë peut compromettre la survie de l’animal, même en l’absence de choc hypovolémique ou d’anémie grave [4]. ● L’examen clinique initial a pour but d’évaluer en priorité ces fonctions vitales. Geste : ●

- Un cathéter veineux est mis en place sans délai. - Quelques millilitres de sang peuvent être collectés à partir du cathéter, afin de mesurer rapidement l’hématocrite et le taux de protéines totales (photo 1).

Unité SIAMU E.N.V.L. 1, avanue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

Objectifs pédagogiques ❚ Reconnaître et traiter en urgence une hémorragie aiguë. ❚ Connaître les affections à l’origine d’une hémorragie aiguë. 1

Un tube à microhématocrite (après centrifugation), une table de lecture de l’hématocrite et un réfractomètre permettent d’évaluer rapidement l’hématocrite et le taux de protéines totales de l’animal (photo C. Ladous, SIAMU, ENVL). ● Une perte de sang est rapidement compensée par une redistribution des fluides extravasculaires vers le milieu intravasculaire, ce qui entraîne le plus souvent une chute de l’hématocrite et du taux de protéines totales. ● Cependant, lors d’hémorragie aiguë, il n’est pas rare que l’hématocrite soit initialement normal, soit parce que la redistribution des fluides est inadéquate, soit en raison d’une splénocontraction. Ainsi, une chute du taux de protéines totales peut être la seule modification observée [4]. Geste :

- Une thoracocentèse ou une abdominocentèse, si possible guidée par une échographie rapide ciblant les principaux sites d’épanchement (espace pleural, entre les lobes hépatiques, autour des reins et au pôle crânial de la vessie), peut aider à détecter un hémothorax ou un hémopéritoine. - Du sang est collecté dans un tube E.D.T.A. (hémogramme et frottis sanguin), un tube citraté (temps de coagulation) et un tube sec ou hépariné (analyses biochimiques), si possible avant la mise en place d’un traitement qui pourrait induire des artéfacts analytiques. N.B. : Si un trouble de l’hémostase est suspecté, les prises de sang sont pratiquées de préférence dans des sites où un pansement compressif peut être laissé en place après la ponction pendant 5 minutes (veines céphaliques et saphènes) [4].

Le 1er prix éditorial 2007

Essentiel ❚ La survie de l’animal est compromise si l’hémorragie est responsable d’une anémie aiguë, d’un choc hypovolémique ou de l’atteinte d’organes vitaux (système nerveux central, poumons, cœur...). ❚ L’examen clinique initial a pour but d’évaluer en priorité ces fonctions vitales.

CANINE - FÉLINE

COMMENT STABILISER L’ANIMAL

1. Par l’oxygénothérapie L’oxygénothérapie est indispensable au traitement de l’hypoxie tissulaire secondaire au choc hypovolémique et à l’anémie. ●

21

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 405


comment explorer l’hémostase Morgane Charbonneau Service d’urgences C.H.U.V. E.N.V.N. Route de Gachet Atlanpole - La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

Objectif pédagogique ❚ Savoir sélectionner et interpréter les examens complémentaires face à des troubles de l’hémostase primaire et/ou secondaire.

auprès d’un animal chez le chien et le chat Les troubles de l’hémostase peuvent se manifester sous différentes formes : saignements cutanés qui perdurent, épistaxis, hématurie, pétéchies, dyspnée lors d’hémothorax, … Le pronostic est variable selon la localisation du saignement et le volume perdu. Différents tests diagnostiques sont accessibles afin de confirmer un trouble de l’hémostase.

L’ Essentiel ❚ Pour explorer un trouble de l’hémostase primaire, réaliser une numération plaquettaire et un temps de saignement capillaire. ❚ Pour un trouble de l’hémostase secondaire, effectuer un temps de Quick et un temps de Céphaline Activé.

hémostase est un ensemble complexe de processus physiologiques assurant in vivo l’arrêt des saignements. Elle interrompt l’effusion de sang hors de l’appareil circulatoire lors de lésions vasculaires et permet la réparation de ces lésions [7]. Le système hémostatique maintient le sang à l’état liquide dans l’appareil circulatoire [3]. ● L’exploration de l’hémostase passe par la prise en compte du signalement de l’animal, de l’historique et de la clinique, souvent évocateurs d’un trouble, et qui permettent d’identifier le temps de l’hémostase atteint. ● Cet article présente les différents tests diagnostiques disponibles pour confirmer un trouble de l’hémostase, leurs indications, leurs modalités de réalisation et leurs interprétations. SIGNALEMENT, COMMÉMORATIFS ET ANAMNÈSE La race et le sexe Certains troubles de l’hémostase primaire, les thrombopathies, sont plus particulièrement décrites chez certaines races, par exemple la thrombasthénie de Glanzmann du Montagne des Pyrénées, ou le syndrome de Chediak-Higashi du chat persan à robe diluée. ● De même, certaines coagulopathies sont plus spécifiques de races, par exemple l’hémophilie A du Berger Allemand. ● L’hémophilie, A et B, n’atteint que les mâles ; cette hypothèse est donc à écarter chez les femelles. ●

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 410 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

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1

Pétéchies faisant suspecter un trouble de l’hémostase primaire et en particulier, une thrombopénie chez ce chien adulte (photo M. Charbonneau).

L’âge Les troubles de l’hémostase peuvent être acquis ou congénitaux. ● Lors d’un trouble congénital, l’animal est souvent jeune et peut avoir présenté des épisodes hémorragiques antérieurs. Une enquête familiale révèle parfois des troubles similaires chez les parents ou la fratrie. ● Les troubles acquis de l’hémostase touchent des animaux de tout âge, qui n’ont pas toujours présenté d’épisodes hémorragiques antérieurs. ● Au sein de l’hémostase primaire, les anomalies plaquettaires qualitatives (thrombopathies) sont presque exclusivement rencontrées chez les jeunes, alors que les anomalies plaquettaires quantitatives (thrombopénies) sont pratiquement l’apanage des adultes. ●

Anamnèse ● Certains médicaments comme l’aspirine peuvent être à l’origine d’une thrombopathie. ● Des toxiques comme les rodenticides sont à l’origine de coagulopathies [2, 5, 6].

SIGNES CLINIQUES La nature du saignement peut permettre de suspecter le temps de l’hémostase impliqué (hémostase primaire ou secondaire) et ainsi, de sélectionner les examens appropriés (encadré 1).


l’utilisation du sang et de ses dérivés

Mathieu Manassero1 Ghita Benchekroun2 José Retortillo1 Luc Chabanne3

chez le chien et le chat

1

Unité de Chirurgie Unité de Médecine interne ENVA - 7, avenue du général de Gaulles 94704 Maisons Alfort 2

3 Unité de Médecine interne ENVL - 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l'Étoile.

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les indications de la transfusion et le rôle des différents composés sanguins. ❚ Savoir tester la compatibilité sanguine entre le donneur et le receveur. ❚ Savoir prendre la décision de transfuser, reconnaître les complications éventuelles et les gérer. NOTE * Spécialité de médecine humaine.

Essentiel ❚ La transfusion sanguine repose sur l’administration de sang total ou de dérivés sanguins. ❚ Elle permet de répondre à tout déficit qualitatif ou quantitatif des composants sanguins. ❚ Le prélèvement de sang dans des systèmes ouverts est à réserver aux transfusions extemporanées.

La transfusion sanguine répond à des indications particulières. Elle nécessite d’avoir les composés sanguins adéquats à disposition et une bonne connaissance du choix des produits à transfuser et de leur immunogénicité propre. La maîtrise de la technique et le suivi post-transfusionnel sont essentiels à la réussite de cet acte.

L

a transfusion sanguine correspond à l’administration par voie intraveineuse de sang ou de dérivés sanguins. Décrite pour la première fois au 17e siècle [6], la transfusion est un acte de plus en plus courant en médecine vétérinaire. Elle permet d’apporter les éléments figurés du sang et des facteurs de la coagulation, donc essentiellement : - d’assurer un maintien de la capacité de transport d’oxygène ; - d’assurer un maintien de la volémie ou de corriger une hypovolémie dans un contexte de perte sanguine ; - de corriger certains troubles de l’hémostase de manière rapide. Dans une moindre mesure, la transfusion sanguine peut participer au maintien de la pression oncotique et à la correction des déficits immunologiques ou enzymatiques [2, 3, 4, 5, 7, 10, 11, 12]. ● Une transfusion s’articule autour du choix du composé sanguin à administrer (encadré 1), du choix du donneur et des règles d’administration et de surveillance transfusionnelle. COMMENT RÉALISER LE PRÉLÈVEMENT

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 416 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

● Le sang est prélevé chez des animaux calmes, éventuellement tranquillisés (tableau 1). ● La ponction s’effectue au niveau de la veine jugulaire après préparation aseptique du site (photo 1). ● Le donneur idéal est un jeune adulte (1 à 6 ans), en bonne santé, correctement vacciné, recevant un traitement antiparasitaire interne et externe régulier, présentant des paramètres hématologiques et biochimiques dans les valeurs usuelles et un frottis sanguin normal.

32

1

Site de ponction jugulaire pour prélèvement sanguin après préparation aseptique du site (photo M. Manassero).

Tableau 1 - Protocoles de sédation Chez le chien :

- Midazolam (Hypnovel®*) : 0.2 mg/kg (I.M.) + butorphanol (Dolorex®) 0,2 mg/kg (I.M.)

Chez le chat :

- Kétamine (Imalgène®*) : 5 mg/kg (I.M.) + midazolam (Hypnovel®*) 0,2 mg/kg (I.M.) ou induction et maintien à l’isoflurane (Forène®*)

Un certain nombre de maladies infectieuses peuvent être potentiellement transmises lors de la transfusion sanguine [2, 3, 4, 15]. Leur dépistage chez le donneur doit donc être réalisé (tableau 2). ● Le poids moyen du donneur est variable selon la quantité souhaitée : en général, > 25 kg chez le chien pour un don de 450 ml et > 4 kg chez le chat. ● La quantité de sang prélevée peut atteindre 22 ml/kg chez le chien et 50 ml chez le chat [3, 4, 6]. ● Des prélèvements réguliers peuvent être effectués toutes les 3 à 4 semaines. - Chez le chien, le sang est recueilli sur un kit de prélèvement de type “fermé” (photo 5), la poche contenant un milieu anticoagulant (C.P.D. : Citrate, Phosphate, Dextrose, permettant la conservation du sang total pendant 21 jours) est directement relié à la voie de prélèvement [6, 14]. ●


chirurgie

opérer un animal

présentant un risque hémorragique quelle prévention ?

1 E.N.V.A. Interne en Animaux de Compagnie 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons Alfort.

Le risque accru de saignements opératoires lors d’interventions sur des animaux qui présentent un trouble de la fonction hémostatique nécessite la mise en œuvre de mesures préventives spécifiques. Celles-ci sont axées sur la transfusion de composés sanguins, l’administration de molécules antihémorragiques et la pratique de techniques chirurgicales d’hémostase. Les indications et l’efficacité de ces mesures préventives diffèrent selon la maladie rencontrée.

L

es maladies provoquant une altération de la fonction hémostatique, susceptibles de compliquer un acte chirurgical, sont essentiellement les anomalies plaquettaires (liées à un déficit en plaquettes ou à une altération de leur activité), les affections vasculaires et les troubles liés aux facteurs de la coagulation. Héréditaires ou acquises, ces anomalies sont de plus en plus diagnostiquées en pratique vétérinaire grâce à des examens sanguins devenus courants (numération et formule sanguine, temps de coagulation) ainsi qu’à des dosages sanguins plus spécifiques désormais disponibles (dosages des facteurs de la coagulation ou du fibrinogène). Ces maladies peuvent être répertoriées en grandes familles (tableau 1). ● Si les connaissances sur ces maladies nous permettent, à l’heure actuelle, d’être de plus en plus performants dans leur dépistage et parfois dans leur traitement, des questions demeurent sur la prise en charge de tels animaux dans le cadre d’une intervention chirurgicale. Quelles sont les possibilités thérapeutiques lorsque ces animaux doivent subir une intervention chirurgicale d’urgence ? Est-il plus raisonnable de déconseiller une intervention de convenance sur ces animaux

Dominique Maman1 Luc Chabanne2 Éric Viguier3

2

Unité de Médecine interne 3

Unité de Chirurgie E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir évaluer le risque hémorragique d’un animal. ❚ Connaître les principes de préparation des différents composés sanguins et leurs indications. Le 1er prix ❚ Connaître les molécules éditorial 2007 indiquées pour soutenir la fonction hémostatique et les techniques chirurgicales permettant de limiter les pertes hémorragiques.

1

Lors d’intervention sur un animal atteint d’un trouble connu de la fonction hémostatique, une évaluation clinique précise est indispensable (photo anesthésie, E.N.V.T.).

en raison du risque hémorragique accru, les privant ainsi du bénéfice chirurgical ? Quels sont le coût et la disponibilité des mesures préventives nécessaires pour une intervention programmée ? ● Cet article tente de répondre à ces questions, en présentant la gestion pré- et peropératoire des animaux atteints d’un trouble connu de la fonction hémostatique. La prise en charge de ces cas comprend une évaluation clinique précise de l’animal, des thérapeutiques pré-opératoires spécifiques, ainsi que des techniques chirurgicales visant à minimiser les pertes sanguines pendant l’intervention (photo 1).

Essentiel ❚ Réaliser un examen clinique minutieux et des examens complémentaires en période pré-opératoire sont indispensables pour apprécier le risque hémorragique et adapter au mieux les mesures préventives.

LES MESURES PRÉ-OPÉRATOIRES Une évaluation clinique et paraclinique précise de l’animal Une évaluation clinique précise est indispensable, même si l’origine du risque hémorragique est initialement connue. Celle-ci comprend un recueil attentif des commémoratifs de l’animal et de sa lignée, un examen clinique complet et des examens complémentaires destinés à affiner le diagnostic et à évaluer les conséquences sur ses fonctions hémostatiques. ●

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CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 423


imagerie médicale

les saignements thoraciques apport de l'imagerie et pièges à éviter Amandine Savet Centre Hospitalier Vétérinaire Saint-Martin, 275, route Impériale 74370 Saint-Martin Bellevue

Objectif pédagogique ❚ Savoir quand réaliser et comment interpréter les examens d’imagerie médicale lors de troubles hémorragiques thoraciques.

chez le chien et le chat Lors de troubles hémorragiques thoraciques, les examens d’imagerie médicale s’inscrivent dans la prise en charge globale de l’animal. Bien qu’essentiels, ils manquent souvent de spécificité et sont à interpréter dans le contexte clinique et en tenant compte de l’évolution clinique.

L

Essentiel ❚ Les examens d’imagerie sont intégrés à la prise en charge globale de l’animal. ❚ L’imagerie des troubles hémorragiques associés à un traumatisme est bien connue et étudiée chez le chien, qui a servi de modèle expérimental en traumatologie humaine.

CANINE - FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 430 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

e poumon est un organe cible fréquemment touché lors de troubles hémorragiques chez les carnivores domestiques. Les hémorragies pulmonaires peuvent résulter de traumatismes ou de coagulopathies. ● Le diagnostic repose principalement sur les données de l’anamnèse, des commémoratifs, de la clinique et des examens biologiques. Les examens d’imagerie médicale sont à utiliser de manière raisonnée pour confirmer le diagnostic, pour qualifier l’atteinte et pour dresser un bilan d’extension lésionnel. ● Après un rappel sur la définition et la fréquence des troubles thoraciques (encadré 1),

cet article précise comment utiliser l’imagerie et comment interpréter les images. ● Nous allons nous attacher principalement à décrire les mécanismes physiopathologiques impliqués dans les contusions et en déduire les images pathologiques. En effet, ce type de lésions est largement étudié et décrit ; de plus, les images associées peuvent être retrouvées dans les autres causes non traumatiques de lésions hémorragiques thoraciques. COMMENT UTILISER L’IMAGERIE MÉDICALE LORS DE TROUBLES HÉMORRAGIQUES THORACIQUES Les examens d’imagerie sont, dans tous les cas, réalisés une fois l’animal stabilisé, et en aucun cas, aux dépens de la réanimation médicale. Le rapport entre le risque et le bénéfice d’un tel examen doit clairement être posé et évalué. ● Ces examens sont utilisés de manière raisonnée et en fonction de leur disponibilité, afin de répondre à plusieurs questions : exis●

Encadré 1 - Les troubles hémorragiques thoraciques : définition, fréquence ● Les troubles hémorragiques thoraciques sont principalement rencontrés lors de traumatisme thoracique chez les carnivores domestiques. Parmi ces affections, les contusions pulmonaires ont une place prépondérante. Elles consistent en une hémorragie interstitielle ou alvéolaire ou en un œdème secondaire à un traumatisme thoracique. Ce type de lésion est fréquemment rencontré dans les accidents de la voie publique [18] et chez les chats dits “parachutistes” [21]. ● Les autres causes traumatiques sont les plaies par balles et les coups reçus par d’autres animaux ou par des humains. ● Selon les études, les traumatismes thoraciques sont rencontrés chez environ 35 à 40 p. cent des chiens [13, 18, 20] et 17 p. cent des chats [18] ayant une fracture d’un membre secondaire à un accident de la voie publique. ● Des contusions pulmonaires sont présentes chez près de 50 p. cent des animaux ayant subi un traumatisme thoracique. ● Le taux de mortalité associé est de 40 p. cent chez l’Homme, les lésions thoraciques étant responsables de 20 à 25 p. cent des décès en

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traumatologie [5, 3]. ● La plupart des animaux atteints de contusion pulmonaire présentent également d’autres lésions intra-thoraciques parmi lesquelles le pneumothorax, les épanchements pleuraux, les fractures de côtes, les hernies diaphragmatiques, les atteintes myocardiques, et les épanchements péricardiques [4, 7]. Cependant, les contusions pulmonaires sont parfois les seules lésions visibles sur un animal accidenté. ● Les hémorragies pulmonaires d’origine non traumatique sont beaucoup plus rares. Leurs causes sont nombreuses. Elles incluent, des causes infectieuses (leptospirose, dirofilariose, …), les troubles de la coagulation (C.I.V.D., thrombopathies, thrombopénies), les intoxications aux anticoagulants, les thrombo-embolies, les défaillances cardiaques, les néoplasmes, les torsions de lobe, les hémorragies induites par l’exercice, et les hémorragies d’origine iatrogène. ● En résumé, toute pathologie inflammatoire ou à l’origine d’une fragilité vasculaire peut être à l’origine de troubles hémorragiques thoraciques [1, 14].


observation clinique

Observation originale

des troubles de l’hémostase Jérémy Dernis1 Dominique Maman1 Catherine Bonnefont2 Luc Chabanne1

chez un Bouvier bernois

1Unité

de médecine, E.N.V.L. 1, avenue Claude Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

2Laboratoire

d’Hématologie, E.N.V.L. 1, avenue Claude Bourgelat, 69280 Marcy l’Étoile

Objectif pédagogique ❚ Connaître la démarche diagnostique face à des saignements chez un jeune chiot et les principaux troubles de l'hémostase congénitaux.

NOTE * cf. Geste “Comment réaliser un temps de saignement buccal chez le chien et le chat”, de É. Krafft, L. Chabanne dans ce numéro.

Essentiel ❚ L'hémophilie A est la coagulopathie héréditaire la plus fréquente chez le chien et la maladie de von Willebrand, le trouble de l'hémostase héréditaire le plus fréquent. ❚ Une numération et une formule sanguine, un temps de saignement et un bilan d'hémostase sont indispensables pour orienter le diagnostic.

céphaline activée (T.C.A.). La découverte de cette anomalie a motivé la consultation afin d’établir un diagnostic précis de l’affection et du pronostic.

Lors de saignements chroniques chez un chiot, un déficit congénital de l’hémostase peut être en cause avec, en chefs de file, l’hémophilie A et la maladie de von Willebrand. La conduite à tenir et la démarche diagnostique sont abordées au travers de ce cas clinique.

Examen clinique

U

n chiot Bouvier bernois est présenté en consultation pour une suspicion de trouble de l’hémostase. Ce jeune chien de 5 mois a présenté différents épisodes de saignements, notamment lors de la perte des crocs de lait (dents déciduales). ● L’entretien avec la propriétaire révèle la survenue de boiteries intermittentes et fluctuantes, touchant différents membres. Un œdème du membre postérieur droit est également rapporté, de même que des hématomes lors de choc ou suite à des prises de sang. ● Issu de la même portée, un chiot mâle est mort des suites d’hémorragies importantes après l’exérèse d’un kyste. Ce dernier avait de plus, tendance à développer de fréquents hématomes. Par ailleurs, au sein de la portée un autre chiot mâle mort-né, alors que les sept femelles ont survécu et n’ont pas développé de troubles particuliers (figure 1). ● Une mesure des temps de la coagulation réalisée par le vétérinaire traitant a révélé une augmentation isolée du temps de

● Lors de l’examen clinique, peu d’anomalies sont notées. ● L’auscultation pulmonaire se révèle claire dans les deux hémithorax, aucun gonflement ou aucune douleur des membres n’est notée. ● L’inspection de la cavité buccale ne révèle pas de saignements gingivaux.

Examens complémentaires ● Un temps de saignement gingival*, un hémogramme et une nouvelle exploration des temps de la coagulation sont les examens complémentaires effectués en première intention (tableau 1). - La numération révèle une anémie modérée (hémoglobine à 10,2 g/dl) régénérative associée à une leucocytose neutrophilique (19,9 g/l) et à une thrombocytose modérée (682 g/l). - Le temps de saignement n’est pas augmenté (1’20). - L’augmentation isolée du T.C.A. est confirmée (28’9 secondes pour un témoin à 14’9). ● En deuxième intention, un dosage des facteurs VIII, IX et von Willebrand (FvW) est réalisé. Le dosage du FvW et du facteur IX se révèlent dans les valeurs usuelles, alors que le dosage du facteur VIII est très diminué : un diagnostic d’hémophilie A est donc établi chez ce chiot.

Figure 1 - Arbre généalogique du chiot atteint

CANINE - FÉLINE

Femelles

Mâles

Chiens testés

Chiens porteurs, suspects de maladie de von Willebrand Chiot hémophile A LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 436 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

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Chiots ayant présenté des saignements

Chiens indemnes, statut inconnu


comment diagnostiquer et traiter les hémorragies oculaires chez le chat

Hélène Arnold-Tavernier Vétérinaire consultant en ophtalmologie 13, rue du général de Négrier 90000 Belfort

Les hémorragies oculaires font partie du diagnostic différentiel du syndrome ”œil rouge”. L’œil est un organe très richement vascularisé, les hémorragies peuvent donc concerner l’une ou l’ensemble de ses tuniques. La localisation des hémorragies au sein des structures oculaires permet d’orienter le diagnostic étiologique et d’établir un pronostic concernant la vision mais aussi, dans certains cas, la conservation du globe.

Objectif pédagogique ❚ Savoir localiser une hémorragie oculaire et diagnostiquer son origine afin de proposer le traitement adapté.

L Essentiel ❚ La position, la profondeur et l’aspect des lésions hémorragiques sont des aides au diagnostic. ❚ Les hémorragies apparemment localisées à l’œil peuvent révéler une maladie systémique sous-jacente. ❚ Les conséquences d’une hémorragie dépendent de leur origine mais aussi de leur localisation au sein du globe oculaire.

es hémorragies oculaires constituent un motif de consultation d’urgence lorsqu’elles sont directement visibles par le propriétaire (conjonctive, chambre antérieure), ou lorsque celui-ci a assisté au traumatisme initial. Le caractère aigu de l’affection et les commémoratifs permettent alors d’établir un diagnostic et de proposer un traitement rapidement. ● Dans d’autres cas, lorsque l’hémorragie est localisée dans le segment postérieur de l’œil, c’est la cécité ou un changement de comportement qui motive la consultation. Celle-ci intervient alors plus tardivement par rapport à l’apparition des lésions. Le diagnostic est parfois plus difficile. Le pronostic visuel, voire vital, dépend de la rapidité de mise en œuvre du traitement. ● Après un rappel sur l’irrigation oculaire (encadré 1), cet article propose une conduite à tenir face à une hémorragie oculaire. Un examen ophtalmologique complet permet de

1

Hémorragies conjonctivales et hyphéma suite à un accident de la voie publique (photo H. Arnold-Tavernier).

déterminer les localisations préférentielles des hémorragies, afin d’orienter les examens complémentaires. ● Le pronostic et le traitement de l’hémorragie en dépendent directement. Les hémorragies cutanées (paupières) et les hémorragies rétrobulbaires, qui ne concernent pas spécifiquement le globe, ne sont pas traitées dans cet article. COMMENT DIAGNOSTIQUER L’HÉMORRAGIE SOUS-CONJONCTIVALE L’hémorragie sous-conjonctivale est directement visible. Elle peut être diffuse ou se traduire par la présence de pétéchies ou d’ecchymoses [2, 15] (photo 1). ● Elle est fréquente, spectaculaire, mais sans conséquence grave en l’absence d’autres lésions (tableau 1). ● Lorsqu’elle fait suite à un trauma facial, elle s’accompagne d’autres lésions du globe oculaire qu’il convient de rechercher. C’est le cas lors de rupture sclérale due à un plomb ou à un corps étranger, à un accident de la voie publique ou à un choc violent à globe fermé (balle de golf, de tennis, coup de batte, …). ●

Tableau 1 - Étiologie des hémorragies sous-conjonctivales chez le chat [15] Traumatisme

FÉLINE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 440 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Choc sur l’œil (plomb, balle, corps étranger, trauma à globe fermé) ● Prolapsus du globe ● Choc à la tête ● Hémorragie rétrobulbaire (injection, tumeur, corps étranger)

Anomalie sanguine, troubles de la coagulation

Vasculite

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- Intoxication

- Néoplasique

- Néoplasique - Infectieuse

- Infectieuse

- Auto-immune

- Immune


N.A.C.

démarche diagnostique et thérapeutique face à une stase gastrique par surcharge chez le lapin

Christopher Scala 5 La Sarette 139 avenue de Hambourg 13008 Marseille

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir diagnostiquer et traiter une stase gastrique par surcharge et un arrêt de transit digestif chez le lapin.

Essentiel ❚ Un arrêt du transit digestif secondaire à une surcharge gastrique est un motif fréquent de consultation chez le lapin. ❚ Les symptômes d’un arrêt de transit digestif sont l’anorexie, l’abattement et l’absence d’émission de selles. ❚ La cause la plus fréquente de surcharge gastrique est la présence d’un mélange de poils et d’aliments déshydratés qui stagnent dans l’estomac. ❚ Le pronostic d’un arrêt de transit est réservé chez le lapin. ❚ Le traitement doit être rapidement instauré : il est d’abord médical et éventuellement chirurgical en absence d’amélioration rapide.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 448 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

La stase gastrique par surcharge est une affection très fréquente chez le lapin. Elle est due à un mélange de poils et d’aliments déshydratés dans l’estomac. Lorsque la stase gastrique est diagnostiquée, un traitement médical doit être rapidement mis en place. En l’absence d’amélioration rapide, une gastrotomie peut être envisagée, en prenant en compte les risques importants de cette intervention chez le lapin.

L

a stase gastrique chez le lapin résulte de l’accumulation d’un contenu sec déshydraté dans l’estomac qui ne peut plus être évacué par le pylore, ce qui conduit à une hypomotricité de l’estomac. Les poils et les aliments s’agglomèrent pour former une masse compacte visible à la radiographie. Les poils font souvent un bouchon en premier et l’aliment s’accumule ensuite, jusqu’à la formation d’un trichobézoard [11, 12]. Cette affection se rencontre donc principalement en période de mue et chez les races à poils longs. ● La surcharge de l’estomac entraîne une anorexie, puis une dysbiose de la flore commensale caecale, une modification du pH intestinal et des acides gras volatiles [1, 5, 6], avec, comme conséquence, la prolifération de bactéries productrices de gaz par fermentation anaérobie. Cette dilatation gazeuse est douloureuse (position voûtée), stimule le système nerveux sympathique et aggrave le tableau clinique (iléus). ● Ce syndrome, d’évolution chronique, entre dans le diagnostic différentiel du “lapin anorexique”. En effet, il se manifeste par une anorexie qui dure depuis 2 à 7 jours, un défaut d’abreuvement qui aggrave la dessiccation du contenu stomacal, une diminution puis un arrêt du transit digestif se traduisant par une absence de production de crottes (absentes ou peu nombreuses et de taille réduite type “crottes de souris”).

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Selon la durée d’évolution du syndrome et l’état d’hydratation, l’animal est plus ou moins abattu. ● Cet article présente une démarche diagnostique de la stase digestive par surcharge gastrique, et décrit les traitements disponibles : le traitement médical en première intention, et la gastrotomie si l’état de l’animal en s’améliore pas rapidement. COMMENT DIAGNOSTIQUER UNE STASE DIGESTIVE PAR SURCHARGE GASTRIQUE ● Face à un lapin anorexique, une malocclusion dentaire est d’abord suspectée. En l’absence d’anomalie dentaire, un trichobézoard, ou un contenu gastrique déshydraté constitué d’un mélange de poils et d’aliments, est recherché. ● Dans le 1er cas, les anomalies dentaires sont visibles à l’examen buccodentaire à l’œil nu pour les incisives ou avec un otoscope pour les dents jugales. Une anesthésie flash gazeuse peut être nécessaire afin de mieux objectiver les anomalies dentaires [11]. ● Une radiographie abdominale peut mettre en évidence une dilatation gazeuse gastrique et ou cæcale. ● Dans le 2nd cas, la radiographie abdominale montre une dilatation gastrique avec un important contenu digestif compact entouré d’un halo gazeux plus ou moins important, et parfois associée à un contenu gazeux du cæcum et du côlon (photos 1, 2). ● La présence d’air dans l’estomac, les intestins ou le cæcum, est toujours anormale chez le lapin.

COMMENT METTRE EN PLACE UN TRAITEMENT MÉDICAL DE PREMIÈRE INTENTION Le lapin doit être hospitalisé, et un traitement médical doit être mis en place dans un 1er temps, afin de relancer le transit digestif. Le tube digestif du lapin retrouve sa motilité par la prise alimentaire et par l’exercice physique. La présence de selles dures dans la litière est un signe de reprise du transit digestif. En revanche, la présence de selles de très petite taille, du type “crottes de souris”, est anormal, et suggère un arrêt ou un ralentissement du transit digestif. ●


quel intérêt de développer une médecine gériatrique chez le chat ?

Édith Beaumont-Graff Clinique vétérinaire 145, route d’Avignon 30000 Nîmes

Les chats âgés fréquentent peu nos cabinets et cliniques. Convaincre leurs propriétaires que les vétérinaires peuvent mettre leurs compétences au service du bien-être de leur chat constitue un nouveau défi à relever pour notre profession. a fréquentation des chats au sein de nos cabinets et cliniques vétérinaires va croissant ces 30 dernières années. Très adapté à la vie moderne et citadine, le chat est l’animal favori des français, avec près de 10 millions de félins. Les attentes des propriétaires évoluent alors que les progrès de la médecine vétérinaire et le confinement ont notablement augmenté la durée de vie des chats de compagnie. Presque un quart d’entre eux auraient plus de 11-12 ans, et la longévité des chats stérilisés est en moyenne de 15 ans pour 6 à 8 ans pour leurs congénères “libres”. Le record, selon le livre Guiness, serait de 36 ans !

L

Objectif pédagogique ❚ Connaïtre l’intérêt de la médicalisation du chat âgé.

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Chez un chat, le suivi médical est d’autant plus important que les signes sont liés à des troubles organiques souvent très discrets (photo É. Beaumont-Graff).

Le 1er prix éditorial 2007

Le chat senior n’est donc plus une exception. Considéré comme âgé à partir de 12 ans, il devrait bénéficier d’une attention particulière pour vivre le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions. Quoique louable, ce vœu risque de rester pieu en raison d’un certain nombre de blocages inhérents au propriétaire, au chat et au vétérinaire (encadré 1).

Encadré 1 - La médicalisation des chats : des obstacles ou des réticences à lever Les obstacles à la médicalisation des chats âgés sont nombreux : - Le chat s’exprime peu et ne se plaint pas. Les signes liés à des troubles organiques sont souvent très discrets (photo 1). Si le chat vit à l’extérieur, une diarrhée peut passer ainsi inaperçue pendant des semaines. Les signes de maladie sont le plus souvent comportementaux et peu spécifiques. - Le propriétaire de chat voit souvent son animal comme un être naturel, indépendant, dont il ne faut pas perturber l’équilibre. - L’administration de traitement se révèle plus compliquée chez le chat que chez le chien : il est difficile de contraindre un chat, et ce fin gourmet détecte vite toutes les adjonctions faites à sa nourriture. Il ne répond pas toujours présent à l’appel au moment des soins et se sent libre de déserter le logis familial si on l’embête trop. - Les chats de maison ne sont pas toujours bien socialisés aux humains, sortent peu de leurs domaines de vie et sont vite ●

paniqués lors des visites chez le vétérinaire. Certains d’entre eux développent de véritables phobies des soins, ce qui rend tout examen impossible sans tranquillisation. - Si la fréquentation du vétérinaire ne se fait pas régulièrement dans de bonnes conditions dès le plus jeune âge, le placement dans une cage de transport et le voyage se révèlent vite des épreuves violentes, les maîtres les renouvellent donc le moins souvent possible (photo 2). - Las de devoir louvoyer avec ces animauxdifficiles et de s’appliquer à des gestes techniques, à priori simples, qui peuvent se transformer en véritable parcours du combattant, le vétérinaire lui-même, a tendance de manière plus ou moins consciente à favoriser la non médicalisation des chats dès lors que l’examen risque de s’avérer un peu long et compliqué. ● Ces obstacles peuvent pourtant être contournés et levés.

Une médicalisation utile, possible et souhaitable Grâce aux consultations vaccinales et à un suivi régulier du chat dès son plus jeune âge, des actions de prévention de certaines affections sont mises en place pour en retarder les effets. Dès la stérilisation par exemple, un suivi régulier du poids peut être effectué. ● Une information délivrée sur le tartre bien avant son apparition et l’examen régulier de la bouche permettent de faire du détartrage un soin incontournable évident et nécessaire. ● À partir de l’âge de 7 ans, des palpations régulières de la thyroïde, de l’abdomen, une auscultation soignée, des mesures de la pression artérielle, le dépistage de signes d’I.R.C., facilitent la mise en place des traitements ou des régimes appropriés. Le diagnostic précoce de Felv ou de FIV permet de prendre des mesures prophylactiques adaptées. ●

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 455


savoir proposer un bilan gériatrique chez le chat Comment convaincre les propriétaires de l’utilité de réaliser un bilan gériatrique chez leur chat ? Comment apprendre à reconnaître les niveaux de motivation affichés par le client au moment de la consultation et adapter son discours en fonction de ceux-ci ? hacun des clients rencontrés en consultation ou lors d’une discussion au comptoir a son propre niveau d’attente et d’engagement dans la démarche de soins. Dès lors, un discours stéréotypé ou un développement standardisé des arguments ne peut convaincre qu’une faible partie de la population. Le vétérinaire court deux risques principaux : - s’exposer à un rejet et faire fuir le client ; - s’épuiser à chercher à convaincre et se décourager. ● En s’inspirant du modèle d’aide à la décision développé par Proshaska et Di Clemente en 1992, notre confrère Gil Wittke retient quatre principaux niveaux d’intention affiché par le client et propose une stratégie adaptée à chaque niveau (encadré 1) [4].

C

S’ADAPTER AUX DIFFÉRENTS MOTIFS DE CONSULTATION ● Chaque motif de consultation implique une demande et des attentes différentes de la part de propriétaires auxquelles il est nécessaire de s’adapter [1]. ● Il est possible de distinguer la demande de traitement au comptoir, la visite vaccinale, une consultation pour un trouble aigu, une consultation suite à des troubles chroniques. Différents types d’exemple sont proposés dans l’encadré 2).

1. Instruire immédiatement le procès du client et penser : “Encore un qui veut une consultation gratuite”. La réponse habituelle immédiate (et légitime) qui s’ensuit : “Je suis navré, je ne peux rien vous délivrer si je n’ai pas vu l’animal”, provoque chez le client une sensation de rejet immédiat. Ce dernier instruit aussitôt en réaction symétrique un procès au vétérinaire : “Celui-là, il ne pense qu’à s’enrichir, il se moque pas mal de mon chat et de mes problèmes !” 2. Se réjouir du fait que ce client-là, que vous n’attendiez pas, a franchi les portes de votre clinique, et préfère s’adresser à vous plutôt qu’au pharmacien pour un conseil. Vous vous placez alors immédiatement dans une position de professionnel qui prend soin de son client. Vous pouvez lui délivrer, non pas des médicaments mais des informations utiles qui vont, le cas échéant, l’amener à franchir à nouveau la porte, quelques heures ou quelques jours plus tard avec son animal. Vous validez le fait que vous avez parfaitement compris et accepté que le client ne vienne pas avec son chat, vous prenez le temps de l’écouter et vous lui montrez que vous prenez en compte sa demande. “Que se passe-t-il ? Quels symptômes manifeste til ?”. Quelques questions permettent de proposer des hypothèses diagnostiques : “Est-ce qu’il boit beaucoup ? Est-ce qu’il maigrit ? Quelles modifications comportementales observez-vous ?”. Vous pouvez évoquer et formuler diverses hypothèses : “Je crains qu’il ne puisse avoir telle ou telle ou telle maladie”, puis expliquez Figure - Modèle transthéorique du changement (d’après Prochaska Di Clemente, 1992)

Édith Beaumont-Graff Clinique vétérinaire 145, route d’Avignon 30000 Nîmes

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir reconnaître et s'adapter aux différents niveaux de motivation rencontrés. ❚ Savoir choisir son bilan en fonction des signes et des objectifs retenus.

Le 1er prix éditorial 2007

Encadré 1 - Un modèle d’aide à la décision Prochaska et Di Clemente ont conçu, en 1992, un modèle pour tenter d’expliquer comment l’individu change, par ses propres moyens aussi bien que sous l’effet d’une thérapie. C’est ce qu’ils ont appelé le “modèle transthéorique du changement” (M.T.T.). Ce modèle figure les différentes étapes d’un processus de changement (figure) : - la précontemplation : l’individu n’a pas l’intention de changer parce qu’il ne croit pas avoir un problème ; - la contemplation : l’individu est conscient d’avoir un problème et envisage sérieusement de changer ; - la préparation : l’individu prévoit de passer bientôt à l’action ; - l’action : l’individu s’efforce vraiment de changer et le maintient (l’individu persévère après avoir changé).

Précontemplation

Guérison

Rechute

Contemplation

La demande de traitement au comptoir ● Chaque praticien a vécu ce type de demande. “Ce n’est pas que je ne veux pas venir, mais…”. Le chat n’est pas déplaçable aux dires du propriétaire. Deux attitudes sont possibles :

Maintien

Préparation

MANAGEMENT

Action

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 457


revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - Journal of the American Veterinary Medical Association (JAVMA) - Journal Veterinary International Medicine (J Vet Inter Med) - Journal Veterinary Emergency Critical Care (J Vet Emerg Crit Care) - Journal of Feline Medicine and Surgery -- Veterinary Surgery (Vet Surg)

2008, 233(11) ; 233(8), 233(9) 2007:21, 2008:22,23, 2009:23

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2008:10 2008:37(1)

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Cardiologie

Imagerie

- Évaluation de la concentration plasmatique en troponine I cardiaque comme moyen de différencier une dyspnée d’origine cardiaque d’une dyspnée d’origine extracardiaque chez le chat

- Évaluation échographique de la glande mammaire chez la chatte

Chirurgie - Abord transiliaque pour l’exposition du disque intervertébral et du foramen lombo-sacrés : description de la technique

Maladies infectieuses - Hépatites primaires chez le chien : étude rétrospective (2002-2006) - Effets de l’interféron félin oméga sur le temps de survie et la qualité de vie de chats atteints de péritonite infectieuse féline

Respiratoire - Étude des causes et des facteurs

pronostiques des pneumonies par fausse déglutition chez le chien : 88 cas (2004-2006) - Données clinico-pathologiques et radiographiques des cas de pneumonies par fausse déglutition chez le chien : 88 cas (2004-2006) Synthèses rédigées par Colette Arpaillange, Julien Debeaupuits, Céline Ladous, Kevin Le Boedec, Mathilde Malherbe, Marie-Pierre Poudrai, Lawrence Souchu, Michaël Verset

un panorama des meilleurs articles DONNÉES CLINICO-PATHOLOGIQUES ET RADIOGRAPHIQUES DES CAS DE PNEUMONIES PAR FAUSSE DÉGLUTITION chez le chien : 88 cas (2004-2006)

Respiratoire

● Le diagnostic des pneumonies par fausse déglutition repose sur l’association de signes cliniques d’atteinte respiratoire et de lésions radiographiques compatibles chez des animaux à risque. Matériel et méthodes

Objectifs de l’étude ❚ Évaluer les signes cliniques et radiographiques des chiens atteints de pneumonie par fausse déglutition. ❚ Déterminer les signes de développement précoce de la maladie.

X Journal of the American Veterinary Medical Association 2008;233(11):1742-7. Clinical, clinicopathologic, and radiographic findings in dogs with aspiration pneumonia: 88 cases (2004-2006). Kogan DA, Johnson LR, Jandrey KE, Pollard RE.

Synthèse par Kevin le Boedec, Assistant clinique de médecine, service de médecine, E.N.V.A.

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 460 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Cette étude rétrospective, menée sur 2 ans, regroupe des chiens pour lesquels un diagnostic final de pneumonie par fausse déglutition a été établi, avec au moins deux clichés radiographiques disponibles par animal. ● Les données commémoratives, anamnestiques, cliniques et paracliniques ont été étudiées chez ces chiens répartis en deux groupes, selon que la pneumonie s’est développée avant ou au cours de l’hospitalisation. Résultats ●

● Des crépitements ou un renforcement des bruits respiratoires sont l’anomalie clinique la plus fréquente lors de pneumonie par fausse déglutition, pour plus de 2/3 des chiens de cette étude. La tachypnée concerne moins de la moitié des chiens et une hyperthermie est présente chez 1/3 des animaux seulement. Douze p. cent des chiens ne présentent aucun signe clinique. ● Une neutrophilie, une hypoalbuminémie et une hypoxémie sont les anomalies paracliniques (hors radiographie) les plus fréquentes. ● Le signe radiographique le plus souvent observé est une opacification alvéolaire (74 p. cent), limitée à une région du poumon (52 p. cent), le plus souvent le lobe moyen droit (45 p. cent).

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Lors d’atteinte pulmonaire multifocale à la radiographie, les lobes crâniaux droit et gauche et le lobe moyen droit sont les régions les plus souvent atteintes. ● Aucune prédisposition significative de race ou de poids n’a été identifiée. ● Les seules différences significatives entre pneumonies par fausse déglutition d’apparition récente et ancienne sont paracliniques, et non cliniques : les affections récentes s’accompagnent d’une valeur d’hématocrite plus basse et d’une leucocytose neutrophilique plus marquée. Aucune différence radiographique n’a été mise en évidence. Discussion et conclusion ● Au cours de l’examen clinique, l’auscultation pulmonaire est primordiale pour identifier une pneumonie par fausse déglutition. ● L’anomalie radiographique la plus fréquemment observée est une atteinte du lobe moyen droit, probablement liée à la position anatomique de la bronche principale droite. ● Il existe peu de différence entre affections récentes et anciennes : l’hématocrite diminué peut être expliqué par la perfusion au cours de l’hospitalisation et la leucocytose neutrophilique plus marquée, par une réponse inflammatoire plus aiguë lors d’affection récente. ● Mais, l’évaluation de la pertinence des différents examens réalisés dans l’objectif de préciser la durée d’évolution de la maladie est limitée par le caractère rétrospectif de cette étude. ❒


revue internationale - un panorama des meilleurs articles de canine - féline ÉTUDE DES CAUSES ET DES FACTEURS PRONOSTIQUES DES PNEUMONIES PAR FAUSSE DÉGLUTITION chez le chien : 88 cas (2004-2006) Les pneumonies par fausse déglutition résultent du passage de contenu digestif dans l’appareil respiratoire. Matériel et méthodes Cette étude rétrospective, menée sur 2 ans, regroupe des chiens pour lesquels un diagnostic final de pneumonie par fausse déglutition a été établi par le clinicien avec au moins deux clichés radiographiques disponibles par animal. Résultats Étiologie ● Au moins une maladie sous-jacente a été identifiée chez tous les chiens de cette étude. ● Dans plus de 2/3 des cas, une seule affection prédispose à la pneumonie par fausse déglutition, avec par ordre de fréquence décroissante : une affection œsophagienne (mégaoesophage, troubles de la motilité hernie hiatale, …), des vomissements (atteinte primitive du tube digestif, une insuffisance rénale, une atteinte du pancréas ou du foie), une affection neurologique (myasthénie grave, convulsions, …), une affection laryngée (paralysie laryngée principalement, opérée ou non) et post-anesthésique.

Lorsque deux maladies sous-jacentes coexistent (26 p. cent des cas), il s’agit le plus souvent d’affection œsophagienne et neurologique (myasthénie principalement). Facteurs pronostiques ● Aucun facteur pronostique n’a pu être mis en évidence. Le taux de survie est élevé (77 p. cent) et n’est corrélé ni aux types, ni aux nombres de causes sous-jacentes, ni à la sévérité des lésions radiographiques, ni à la durée d’hospitalisation, ni aux traitements antibiotiques utilisés. ● Une hospitalisation est nécessaire dans une grande majorité de cas (88 p. cent des cas). La plupart des animaux qui n’ont pas survécus ont été euthanasiés, en raison d’un pronostic sombre ou d’une prise en charge jugée trop lourde. ●

Objectifs de l’étude ❚ Identifier les causes sous-jacentes associées aux pneumonies par fausse déglutition. ❚ Dégager des facteurs pronostiques.

X Journal of the American Veterinary Medical Association 2008;233(11):1748-55. Etiology and clinical outcome in dogs with aspiration pneumonia: 88 cases (2004-2006). Kogan DA, Johnson LR, Sturges BK, Jandrey KE, Pollard RE.

Discussion et conclusion ● La recherche d’une cause sous-jacente, particulièrement de maladies associées à des vomissements/régurgitations, est primordiale lors de pneumonie par fausse déglutition. ● Le taux de survie associé aux pneumonies par fausse déglutition est en général bon. La survie n’est pas corrélée à la sévérité de la pneumonie ni à la cause de la fausse déglutition. ❒

Synthèse par Kevin le Boedec, Assistant clinique de médecine, service de médecine, E.N.V.A.

HÉPATITES PRIMAIRES CHEZ LE CHIEN : étude rétrospective (2002-2006) Les hépatites primaires (H.P.) canines sont fréquentes et regroupent les hépatites aiguës (H.A.), les hépatites chroniques (H.C.), les hépatites lobulaires disséquantes (H.L.D.), les hépatites granulomateuses (H.G.) et les hépatites éosinophiliques (H.E.). Les H.A. et les H.C. sont secondaires à une surcharge en cuivre, “hépatite cuprique” (H.A. cu ou H.C. cu) ou idiopathiques (H.A. i ou H.C. i). ● Des critères histologiques ont été proposés par la W.S.A.V.A.* pour différencier ces entités. Matériel et méthodes ●

● Cette étude rétrospective porte sur 101 chiens présentés entre 2002 et 2006. ● Inclusion par concordance de l’analyse histologique avec le standard W.S.A.V.A. ● Exclusion si hépatite inflammatoire secondaire (hépatite réactive non spécifique ou ischémique). Résultats

Les hépatites primaires (H.P.) constituent 0,5 p. cent du nombre des consultations sur la période d’étude. ● Les races Cocker américain, Labrador, Golden, W.H.W.T., Jack Russel et Pointers allemands sont surreprésentées avec une prédominance des femelles. ● La répartition des animaux est la suivante : - les hépatites chroniques (H.C.) (67) dont 42 H.C. i, 24 H.C. cu et 1 H.C. leishmanienne ; - les hépatites aiguës (H.A.) (21) dont 16 H.A. i et 5 H.A. cu ; ●

Maladies infectieuses

- les hépatites lobulaires disséquantes (H.L.D.) (7) ; - les hépatites granulomateuses (H.G.) et les hépatites éosinophiliques (H.E.) (1) ;

Objectifs de l’étude

- les autres (4).

❚ Différencier les différents types d’hépatites primaires canines et connaître leur répartition respective.

La cirrhose a été exclusivement retrouvée chez les chiens atteints d’H.C. ou d’H.L.D. ● Une évolution d’H.A. vers une H.C. a été observée pour 5 chiens. ● Les bilans sanguins et l’échographie abdominale (19 échographies normales) ne peuvent être utilisés seuls pour confirmer, voire pour caractériser une hépatite. ● Aucune différence significative de survie n’a été objectivée entre H.C. et H.A. En revanche, l’H.L.D. semble associée à une moins bonne survie. ●

Discussion et conclusion ● L’étude démontre l’importance de la mise en place de critères standardisant les groupes d’hépatites et permet ainsi une comparaison plus aisée entre les études. ● Bien que les hépatites aiguës ou les hépatites chroniques soient souvent idiopathiques (42+16), une importante prévalence des hépatopathies cupriques a été retrouvée. ● Les auteurs recommandent une évaluation systématique. Bien qu’une surcharge en cuivre ne soit pas systématiquement associée à une hépatite, la localisation de cette surcharge (centrolobulaire) est compatible avec une évolution pathologique. ❒

X Journal Veterinary International Medicine 2009;23:72-80 Primary hepatitis in dogs: a retrospective review (2002-2006). Poldervaart JH, Favier RP, Penning LC, van den Ingh TSGAM, Rothuizen J.

* Liver standardization group. W.S.A.V.A. Standards for Clinical and Histological Diagnosis of Canine and Feline Liver Diseases. Philadelphia, PA: Elsevier; 2006

Synthèse par Julien Debeaupuits, Praticien Hospitalier, Unité de médecine, E.N.V.A.

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FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 461


revue internationale - un panorama des meilleurs articles de canine - féline EFFETS DE L’INTERFÉRON FÉLIN OMÉGA sur le temps de survie et la qualité de vie de chats atteints de péritonite infectieuse féline Objectif de l’étude ❚ Évaluer l’efficacité de l’interféron félin oméga dans le traitement de la péritonite infectieuse féline. X Journal of Veterinary International Medicine 2007;21:1193-7 Effect of feline interferon-omega on the survival time and quality of life of cats with Feline Infectious Peritonitis. Ritz S, Egbernik H, Hartmann K.

Synthèse par Marie-Pierre Poudrai, Assistant hospitalier Médecine interne, Centre Hospitalier Vétérinaire de l’E.N.V.N.

● Le but de cette étude est d’évaluer l'efficacité de l'interféron félin oméga (Fe.I.F.N.oméga) dans le traitement de la péritonite infectieuse féline, en comparant un groupe de cas confirmés traités et un groupe placebo (étude en double aveugle).

Matériel et méthode Cette étude inclut 37 chats atteints de péritonite infectieuse féline (P.I.F.) : 20 dans le groupe interféron (I.F.N.) et 17 dans le groupe placebo (P.). Un épanchement abdominal, thoracique ou les deux est présent chez 36 chats sur 37. Le diagnostic de P.I.F. a été établi pour les formes humides par la mise en évidence par immunofluorescence du coronavirus félin dans les macrophages du liquide d'épanchement, et pour le cas de P.I.F. sèche par histopathologie. Tous les cas sont donc confirmés. ● Les animaux sont traités par l'interféron félin oméga (Fe.I.F.N. oméga) à la dose de 106 U/kg (0,1 ml/kg) par voie sous-cutanée, une fois par jour pendant 8 jours, puis une fois par semaine pendant 1 an ou jusqu'à la mort. Les chats du groupe placebo reçoivent 0,1 ml de sérum physiologique. Des traitements adjuvants ont été administrés : - corticothérapie in situ en intrapéritonéal et/ou intrathoracique, puis per os ; - antibiothérapie et administration d’anticorps (immunisation passive contre le typhus et le coryza), afin de limiter les risques de surinfection. ●

Résultats ● L’étude ne montre aucune différence entre les deux groupes, sauf pour le taux de lymphocytes qui est significativement plus faible dans le groupe traité (action directe de l'interféron (I.F.N.) sur les lymphocytes). La durée de survie est la même dans les deux groupes (entre 3 et 200 jours, avec une médiane à 9 jours).

ABORD TRANSILIAQUE POUR L’EXPOSITION DU DISQUE INTERVERTÉBRAL ET DU FORAMEN LOMBO-SACRÉS : description de la technique

Chirurgie

Objectif de l’étude ❚ Décrire et évaluer l’abord transiliaque du disque et du foramen de L7-S1.

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 462 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

● L’absence d'efficacité peut être imputable à différents éléments : - concentration insuffisante de l'I.F.N. dans les tissus pour exercer une activité antivirale (pas d'inhibition de la duplication virale) ; - demi-vie de l’I.F.N. courte (30 minutes) et intervalle de traitement trop long (même si l’I.F.N. active une enzyme, qui est active 3 jours et a la principale action antivirale) ; - traitement trop tardif : quand le processus à médiation immune est en place et devient autonome, l'action antivirale devient inutile. Le traitement devrait commencer avant l'envahissement des différents tissus. ● Les résultats peuvent être comparés avec la seule autre étude japonaise réalisée en 2004, incluant 12 cas suspects de P.I.F. (sans diagnostic de certitude et sans groupe témoin). Dans cette étude, quatre chats sur les 12 ont vécu plus de 2 ans. Les résultats nettement moins favorables obtenus ici pourraient s’expliquer par : - une moindre gravité du sérotype 2, qui sévit au Japon, par rapport au sérotype Européen. Le pronostic semble meilleur ; - l’utilisation de corticoïdes à dose immunosuppressive dans l’étude européenne (cinq chats ont développé des infections secondaires) ; - l’utilisation d’antibiotiques alors qu’in vitro, ils provoquent une diminution de l'efficacité de l'I.F.N. ; - certains cas de l’étude japonaise n’avaient pas bénéficié d’un diagnostic de certitude de PIF. ● La méthodologie utilisée dans cette étude est très rigoureuse (diagnostic de P.I.F. établi avec certitude). Le principal point discutable est la prescription de traitements adjuvants, qui peuvent influencer le devenir et la réponse thérapeutique. ❒

● La maladie lombo-sacrée regroupe les lésions des nerfs de la queue de cheval ou de leur vascularisation, entraînant des troubles sensitifs ou moteurs. C’est une cause importante de trouble neurologique et de douleur chez le chien, souvent causée par une sténose dégénérative du canal vertébral lombo-sacré, associée à une instabilité et à une protrusion discale lombo-sacrée. ● Le traitement chirurgical classique : décompression osseuse par laminectomie et/ou foraminotomie et discectomie, apporte des résultats assez médiocres. Ceci justifie l’étude d’une nouvelle technique.

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Matériel et méthodes 10 cadavres frais de chiens, de poids compris entre 20 et 35 kg ont permis 20 abords latéraux transiliaques de L7-S1. ● Un abord chirurgical dorsal de l’aile iliaque est effectué. Un trou de 18 mm de diamètre est foré dans l’aile iliaque, à mi-chemin entre les épines iliaques dorso-crâniale et ventro-caudale. Le foramen, la branche nerveuse et le disque intervertébral sont explorés par voie endoscopique. ● Puis, les repères anatomiques et les éventuelles corrections à apporter à l’abord sont consignés. Le rachis et le pelvis sont disséqués afin d’étudier ●


revue internationale - un panorama des meilleurs articles de canine - féline l’anatomie locale et les éventuelles lésions induites par l’abord. Résultats Chez tous les cadavres, le foramen et le disque ont été bien visualisés sans lésion iatrogène. ● Pour certains abords (8/20), la fenêtre iliaque a dû être élargie de 2-3 mm, dans une seule direction. La distance moyenne entre le centre du trou foré et la projection du foramen est de 0,7 mm (0-2,5 mm). ● Pour tous les abords, la partie ventro-crâniale de l’aile sacrale a dû être réséquée de 2-3 mm afin de visualiser le foramen, sans jamais d’atteinte de l’articulation ou des ligaments sacro-iliaques. ●

Discussion ● L’abord transiliaque permet un abord du disque et du foramen sans déstabilisation dorsale de l’articulation lombo-sacrée et sans manipulation des nerfs de la queue de cheval. ● La section des muscles durant l’abord ne modifie pas la stabilité lombo-sacrée car la section est limitée et unilatérale. De même, la portion d’aile sacrale réséquée n’appartient pas à l’articulation sacro-iliaque ni à l’insertion de ses ligaments. ● Le traitement de hernies discales lombosacrées, ventrales ou ventrolatérales, par corpectomie latérale, est permis après abord transiliaque (par analogie avec la corpectomie latérale pratiquée lors de hernie discale chronique thoraco-lombaire). Néanmoins, sa pertinence clinique est à déterminer.

X Veterinary Surgery 2008;37(1):27-31

● Le rétrécissement foraminal et l’hypertrophie des facettes articulaires sont classiquement de mauvais pronostic après chirurgie classique, probablement à cause du faible élargissement foraminal obtenu après laminectomie. ● L’abord transiliaque pourrait être utilisé pour une foraminotomie latérale, plus efficace dans l’élargissement foraminal. ● L’endoscopie permet une observation améliorée de la racine nerveuse de L7, du disque et des structures environnantes, grâce à une visualisation et une illumination excellentes. Cela permet peut-être une préservation accrue de ces structures. ● L’étude présente des limites : l’utilisation de cadavres ne permet pas d’observer les conséquences d’un saignement per-opératoire. De plus, le traumatisme iatrogène a été évalué uniquement macroscopiquement. Enfin, aucune évaluation biomécanique avec la technique de laminectomie dorsale n’a été réalisée.

Transiliac approach for exposure of lumbosacral intervertebral disk and foramen: techniquedescription Carozzo C, Cachon T, Genevois JP, Fau D, Remy D, Daniaux L, Collard F, Viguier E.

Conclusion L’abord transiliaque permet une exposition latérale du disque et du foramen de L7-S1 et pourrait permettre une corpectomie ou une foraminotomie latérale comme traitement de sténose lombo-sacrée. ● Des études ultérieures sont nécessaires afin d’évaluer l’efficacité clinique et les conséquences de cet abord sur des animaux présentant une maladie lombo-sacrée. ❒ ●

Synthèse par Michaël Verset, Maître de conférences contractuel en chirurgie à l’E.N.V.T.

Imagerie

ÉVALUATION ÉCHOGRAPHIQUE DE LA GLANDE MAMMAIRE chez la chatte Matériel et méthodes 35 chattes entières âgées de 16 mois à 8 ans (16 chats Persans et 19 Européens) sont évaluées. Elles se répartissent ainsi : 13 non gravides, 6 gravides de moins de 40 jours, 8 gravides de plus de 40 jours et 8 en lactation à moins de 4 semaines post-partum. ●

Le matériel utilisé est une sonde linéaire de 5-9 MHz.

Résultats Chez la chatte non gravide, le tissu mammaire est globalement peu développé (épaisseur inférieure à 2 mm) avec une texture hypo-échogène homogène. ●

Chez la chatte gravide de moins de 40 jours, l’épaisseur du tissu mammaire augmente jusqu’à 3 mm tout en gardant le même aspect échographique.

Chez la chatte gravide de plus de 40 jours, l’épaisseur augmente jusqu'à atteindre 6 à 9 mm, et la glande apparaît plus échogène avec une structure grossièrement granuleuse, associée à

de petites zones anéchogènes qui correspondent aux canaux galactophores. Chez la chatte en lactation mais qui n'est pas tétée, l’aspect échographique est le même qu'en fin de gestation, alors que chez la chatte en lactation en activité, l’épaisseur du tissu mammaire augmente jusqu'à atteindre 9 à 12 mm, avec une structure encore plus hétérogène et des canaux galactophores mieux visibles.

Aucune différence n'est notée entre les chattes de race Persan et les chattes de race Européen. ●

Conclusion L’épaisseur, l’échogénicité et l’hétérogénicité de la glande mammaire augmentent au cours de la gestation pour atteindre leur maximum au moment de la lactation. ● L’échographie mammaire pourrait devenir un outil diagnostique utile pour caractériser les modifications pathologiques de la mamelle de la chatte, espèce très touchée par des remaniements mammaires d'origine tumorale, à l’instar des méthodes actuellement utilisées dans la détection du cancer du sein chez la femme. ❒ ●

Objectif de l’étude ❚ Étudier l’aspect échographique normal de la glande mammaire chez la chatte dans différentes situations physiologiques.

X Journal of Feline and Medicine Surgery 2008;10:466-71 Ultrasonographic assessment of the feline mammary gland. Payan-Carreira R, Martins-Bessa AC.

Synthèse par Lawrence Souchu, Interne Animaux de compagnie, C.H.V., E.N.V.N.

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FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 463


revue internationale - un panorama des meilleurs articles de canine - féline

Nutrition

RELATIONS ENTRE FACTEURS NUTRITIONNELS ET PANCRÉATITES chez le chien ● Cette étude de cas rétrospective (01/01 2000 au 31/12/05) compare un groupe de chiens atteints de pancréatite (198) à un groupe témoin de chiens souffrant d’insuffisance rénale (186). Les données sont obtenues à partir du dossier médical et d’un questionnaire téléphonique ● Le choix du groupe témoin se justifie car les chiens insuffisants rénaux présentent un “profil”pathologique, une sévérité et une fréquence de la maladie similaire aux chiens atteints de pancréatite, mais sans qu’il y ait de lien entre ces deux maladies.

Objectif de l’étude ❚ Vérifier s’il existe un lien entre certains facteurs, notamment alimentaires, traditionnellement suspectés comme causes possibles de pancréatites chez le chien.

X Journal of the American Veterinary Medical Association 2008;233(9):1425-31

Résultats Aucune différence n’est observée entre les sexes, mais la proportion d’animaux stérilisés est significativement plus élevée dans le groupe de chiens atteints de pancréatite. ● Des prédispositions sont notées pour certaines races : Schnauzer nain, Yorkshire terrier et autres terriers. ● Certains facteurs semblent associés à un risque aggravé de pancréatite : sérum lipémique, diabète sucré, surpoids, ingestion d’aliment(s) inhabituel(s). ● Les chiens exposés à un ou à plus des cinq facteurs diététiques dépistés grâce au questionnaire téléphonique (ingestion occasionnelle ou régulière de restes de table, tendance à “faire les poubelles”, participation à un repas festif, …) ont 2,9 fois plus de risque de développer une ●

Associations between dietary factors and pancreatitis in dogs. Lem K, Fosgate G, Norby B, Steiner JM.

Synthèse par Mathilde Malherbe, interne E.N.V.N.

Cardiologie

❚ Déterminer si la concentration plasmatique en troponine I peut être utilisée chez le chat pour différencier une dyspnée secondaire à une insuffisance cardiaque congestive d’une dyspnée secondaire à une affection respiratoire primaire. X Journal of the American Veterinary Medical association 2008;233 (8):1261-64

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 464 - DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009

Les causes de pancréatite chez le chien ne sont pas déterminées même si certaines causes sont traditionnellement évoquées, ce que confirme cette étude : surpoids, hyperlipémie, repas riche en graisse. Cependant, les auteurs rappellent en introduction que ces facteurs n’ont pas été confirmés par d’autres travaux ce qui souligne l’intérêt de cet article. ● L’implication d’un éventuel traumatisme abdominal ou l’influence d’une ischémie secondaire à une anesthésie générale sont moins connues, alors que de tels antécédents sont mis en valeur dans cette étude. ● C’est une étude de grande ampleur par le nombre de cas étudiés et la rigueur des outils statistiques utilisés, mais des insuffisances tiennent à son caractère rétrospectif, à l’imprécision des questionnaires téléphoniques et au choix discutable de la population témoin. Son intérêt pratique n’est pas évident. ❒

La concentration plasmatique en troponine I cardiaque est un indicateur sensible et spécifique d’une lésion myocardique, qu’elle soit secondaire à une cardiopathie ou secondaire à une affection non cardiaque (dilatation et torsion gastrique, traumatisme…).

Matériel et méthodes

Chez un chat dyspnéique, si la concentration plasmatique en troponine I est inférieure à 0,2 ng/mL, la dyspnée n’est probablement pas cardiogénique. ● Si elle est supérieure à 1,42 ng/mL, la dyspnée est très probablement secondaire à une insuffisance cardiaque congestive. Cependant, un chat avec une cardiomyopathie asymptomatique et une dyspnée d’une autre origine peut avoir une concentration plasmatique en troponine I supérieure à 1,42 ng/mL. ● Le dosage de la troponine I plasmatique, corrélée à l’ensemble du tableau clinique, peut donc aider au diagnostic de l’origine d’une dyspnée chez le chat. ❒

C’est une étude prospective multicentrique. Quarante-trois chats dyspnéiques sont classés en deux groupes : les chats en insuffisance cardiaque congestive et les chats dont la dyspnée n’est pas cardiogénique. ● La concentration plasmatique en troponine I est mesurée chez tous les chats et les valeurs obtenues sont comparées entre les deux groupes. ●

Assessment of plasma cardiac troponin I concentration as a means to differentiate cardiac and non cardiac causes of dyspnea in cats Herndon WE, Rishniw M, Schrope D, Sammarco CD, Boddy KN, Sleeper MM

FMC Vét

Conclusion ●

ÉVALUATION DE LA CONCENTRATION PLASMATIQUE EN TROPONINE I CARDIAQUE comme moyen de différencier une dyspnée d’origine cardiaque d’une dyspnée d’origine extracardiaque chez le chat

Objectif de l’étude

Synthèse par Céline Ladous, Chargée de consultation, Unité SIAMU, E.N.V.L.

pancréatite. Les chiens ayant subi une intervention chirurgicale antérieure, autre qu’une stérilisation, ont plus de risque de développer une pancréatite, même si certains résultats se fondent sur un effectif un peu faible. Les auteurs suggèrent un effet des agents anesthésiques, d’un traumatisme ou d’une hypoperfusion du pancréas.

Résultats ● Les chats en insuffisance cardiaque congestive ont une concentration plasmatique en troponine I significativement supérieure à celle des chats non cardiopathes.

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100 p. cent des chats en insuffisance cardiaque congestive ont une troponine I plasmatique supérieure à 0,2 ng/mL. 100 p. cent des chats non cardiopathes ont une troponine I plasmatique inférieure à 1,42 ng/mL. Discussion et conclusion


test clinique

les réponses

Cécile Riboud Françoise Lemoine

prolapsus urétral sans nécrose chez un dogue de Bordeaux 1 Quel est votre diagnostic ? L’aspect lésionnel est caractéristique d’un prolapsus urétral, avec une protrusion de l’extrémité distale de l’urètre par le méat urinaire. ● Il s’agit d’un prolapsus urétral : une éversion de la muqueuse urétrale par le méat urinaire. ● Le prolapsus est une maladie rare qui ne touche, en général, que les jeunes adultes non castrés. Certains facteurs tels que la race, le comportement ou d’autres maladies prédisposent ces jeunes étalons à l’apparition d’un prolapsus. Les brachycéphales et particulièrement les Bulldogs anglais1, sont plus affectés que d’autres races [4, 7]. ● Les facteurs génétiques n’expliquent pas seuls cette prédisposition [5]. En effet, Birchard émet l’hypothèse qu’une augmentation de la pression abdominale due à une obstruction chronique des voies aériennes supérieures, fréquentes chez les brachycéphales, pourrait expliquer l’apparition du prolapsus [5]. Le comportement sexuel : onanisme ou excitation sexuelle intense peut également prédisposer à cette affection. Certaines affections telles que des infections génito-urinaires et des calculs peuvent aussi contribuer au risque d’apparition de prolapsus [2, 3].

Figure - Technique chirurgicale par urétropexie

2 Quel traitement proposez-vous ? ● Le traitement à mettre en œuvre dépend de l’état de la muqueuse éversée. La régression spontanée n’ayant jamais été décrite lors de prolapsus persistant non lié à une excitation sexuelle, il existe trois possibilités thérapeutiques qui sont toutes chirurgicales : 1. la réduction manuelle avec pose temporaire d’une suture en bourse pendant 5 jours [3] ; 2. la résection de la muqueuse avec apposition des muqueuses pénienne et urétrale en cas de nécrose [1, 4, 5] ; 3. l’urétropexie [4, 6] ; ● En l’absence de nécrose urétrale, la technique choisie, dans ce cas, est l’urétropexie. L’intervention est pratiquée sous anesthésie générale (encadré). ● Les complications post-opératoires telles qu’œdème, hémorragie et récidive sont parfois observées. Cependant, elles semblent beaucoup plus rares avec la technique d’urétropexie qu’avec les deux autres [6]. ❒

Clinique vétérinaire Vetocéane 9, allée A. Fillion 44120 Vertou

A

Pénis maintenu extériorisé

B

C L’aiguille est guidée par la sonde

Introduction d’une sonde

D

E

Chemin inverse de l’aiguille

2

Réduction du prolapsus en introduisant une sonde urinaire.

Suture

Encadré - L’intervention chirurgicale ● Lors de la préparation du site chirurgical, la région n’est pas obligatoirement rasée, car cet acte risque de provoquer une irritation postopératoire. La cavité préputiale est nettoyée à l’aide d’une solution de povidone iodée diluée (1 pour cent). ● Un assistant maintient le pénis extériorisé (A) (figure). er temps est la réduction du prolapsus. ● Le 1 Elle est réalisée en introduisant une sonde urinaire ou une sonde cannelée (B) (photo 2). nd temps est la fixation de l'urètre en po● Le 2 sition réduite. Pour fixer l’urètre ainsi, deux, trois ou quatre sutures sont placées en arrière du prépuce. Le fil utilisé est un monofilament 3-0 ou 4-0 résorbable monté sur une aiguille ronde. L’aiguille est insérée par la surface extérieure du pénis, aussi proximalement que la courbure de l’aiguille le permet. L’aiguille est dirigée sur la sonde urinaire et traverse donc la muqueuse intraluminale. La sonde joue le rôle de guide pour faciliter la sortie de l’aiguille par le méat urinaire et prévient la pénétration de la muqueuse intraluminale opposée (C). L’aiguille fait alors le chemin inverse à l'intérieur de la lumière urétrale vers la surface externe du pénis (D) (photo 3). Elle sort à 0,5 cm en position proximale de son site d’entrée, la ligature est donc située sur la muqueuse pénienne (E). Les nœuds doivent provoquer, grâce à la tension du fil, une légère dépression sur le tissu environnant. L’urètre est cathétérisé à l’aide d’une sonde urinaire stérile introduite jusqu’à l’extrémité distale de l’os pénien. Le prolapsus est réduit. ● Cette technique est répétée jusqu’à ce que 2 à 4 points situés à équidistance l’un de l’autre permettent la stabilité de la muqueuse urétrale. La perméabilité de l’urètre est confirmée après le retrait de la sonde urinaire. ● Le port d’un carcan est imposé pendant 10 jours. Les mictions sont contrôlées.

3

Après traversée de la muqueuse intraluminale, l’aiguille ressort par le méat urinaire (photos F. Lemoine)

Références 1. Birchard SJ. Surgical treatment of urethral prolapse in male dogs. In: Bojrab MJ, ed. Current techniques in small animal surgery. Baltimore: Williams & Wilkins, 1997:475-77. 2. Boothe HW. Penis, prepuce, and scrotum. In: Slatter D, ed. Textbook of small animal surgery. Philadelphia: WB Saunders, 1993:1336-48. 3. Fossum TW, Hedlund CS. Surgery of the urinary bladder and urethra. In: Fossum TW, ed. Small animal surgery. St. Louis: Mosby-Year Book, 1997:503-5. 4. Hidalgo A. Chirurgie du pénis chez le chien et le chat. Le Point Vét. Actualités en reproduction du chien et du chat. 2008;111-6. 6. Kirsch JA, Hauptman JG, Walshaw R. A urethropexy technique for surgical treatment of urethral prolapse in the male dog. J Am Anim Hosp Assoc 2002;38:381-4. 5. Hobson HP, Heller RH. Surgical correction of prolapse in the male urethra. Vet med/Sm Anim Clin 1971;66:1177-9. 7. Sinibaldi KR, Greene RW. Surgical correction of prolapse of the male urethra in three English bulldogs. J Am Anim Hosp Assoc 1973;9:450-3.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 8 / no 40 DÉCEMBRE / FÉVRIER 2009 - 465


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