DOSSIER : LES EXAMENS EN DERMATOLOGIE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline - N°41 - JUIN 2009
gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline
Volume 8
N°41 JUIN 2009 revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
• Veterinary Bulletin (CAB International)
• CAB Abstracts Database
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
DOSSIER
LES EXAMENS EN DERMATOLOGIE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT Les affections de la peau et de ses annexes peuvent être récidivantes, chroniques, voire invalidantes pour l’animal, et difficiles à gérer ... Parmi les examens disponibles en dermatologie, quels sont ceux que peut faire le praticien, les prélèvements à envoyer, et ceux que peut proposer le spécialiste ? Quelles sont les nouvelles méthodes d’investigation ?
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
Revue de presse internationale : notre sélection thématique d’articles
- Approche clinique et choix des examens complémentaires accessibles au praticien en dermatologie - L’antibiogramme lors d’otites externes : indispensable ou inutile ? - La cytologie en dermatologie - Indications et techniques de la biopsie - L’allergologie : comment utiliser les tests ? Quels prélèvements envoyer ? - Quand et comment référer à un spécialiste en allergologie - La P.C.R. en dermatologie - Apport de l’histochimie et de l’immunohistochimie en dermatologie - Intérêt de la tomodensitométrie et de l’IRM dans la gestion des otites chez les carnivores domestiques - L’échographie en dermatologie - La microscopie confocale à balayage laser : un examen complémentaire d’avenir ?
Féline - Approche clinique et choix des examens complémentaires accessibles au praticien
Rubrique - Nutrition Alimenter ou non un chien lors de pancréatite aiguë - Observation clinique Calculs de xanthine chez un chien leishmanien traité par l’allopurinol
revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
Volume 8
sommaire
N°41 JUIN 2009
• Veterinary Bulletin (CAB International)
• CAB Abstracts Database
DOSSIER
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC
LES EXAMENS EN DERMATOLOGIE
(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
Éditorial par Christophe Hugnet Test clinique - Pyomètre sur une chienne reproductrice Fernando Mir, Emmanuel Fontaine
chez le chien et le chat
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CANINE - FÉLINE - Approche clinique et choix des examens complémentaires accessibles au praticien en dermatologie Céline Hadjaje, Blaise Hubert, Geneviève Marignac 6 1. Ce que peut faire le clinicien et les prélèvements qu’il peut envoyer - L’antibiogramme lors d’otites externes : indispensable ou inutile ? Christophe Hugnet 12 - La cytologie en dermatologie chez le chien et le chat Pascal Prélaud 16 - Indications et techniques de la biopsie en dermatologie vétérinaire Emmanuel Bensignor 23 - L’allergologie : comment le praticien peut-il l’utiliser ? Quels prélèvements envoyer ? Pascal Prélaud 29 2. Que va faire le spécialiste ? Pourquoi lui référer ? - Qu’est-ce qu’un spécialiste en dermatologie vétérinaire et à quoi sert-il ? Emmanuel Bensignor 33 - Quand et comme référer à un spécialiste en allergologie Pascal Prélaud 34 Les nouvelles méthodes d’investigation : - La P.C.R. en dermatologie Corine Boucraut-Baralon 38 - L’apport de l’histochimie et de l’immunohistochimie en dermatologie Dorothée Watrelot-Virieux 41 - Intérêt de la tomodensitométrie et de l’IRM dans la gestion des otites chez les carnivores domestiques Sophie Segond 48 - L’échographie en dermatologie Caroline Boulocher, Didier Pin 54 - La microscopie confocale à balayage laser : un examen complémentaire d’avenir ? Caroline Boulocher, Didier Pin 59
FÉLINE - Approche clinique en dermatologie et choix des examens complémentaires accessibles au praticien en dermatologie chez le chat Blaise Hubert, Geneviève Marignac, Céline Hadjaje 60
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RUBRIQUES - Nutrition - Alimenter ou non un chien lors de pancréatite aiguë Juan Hernandez, Géraldine Blanchard 63 Observation clinique - Des calculs de xanthine chez un chien leishmanien traité par l'allopurinol Jean-Pierre Beaufils, Pierre-Christophe Dhéry 69
CANINE - FÉLINE FÉLINE
FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - Revue de presse internationale - Notre sélection d’articles par Colette Arpaillange, Julien Depeaupuits, Anne Gogny
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Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses
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RUBRIQUE FMC Vét
observation originale
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 467
gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr
des écoulements vulvaires persistants sur une chienne primipare
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Roger Mellinger (praticien)
U
Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)
Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)
Comité de rédaction Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, E.N.V.L.) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, E.N.V.N.) Francis Fieni (Reproduction, E.N.V.N.) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jean-Pierre Genevois (Chirurgie, E.N.V.L.) Isabelle Goy-Thollot (Urgences, E.N.V.L.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Odile Sénécat (Médecine interne, E.N.V.N.) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr
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comité de lecture
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ne chienne Lévrier Azawakh, primipare de 3 ans destinée à la reproduction est présentée en consultation pour des écoulements vulvaires persistants depuis 3 semaines.
Après avoir été saillie de façon non désirée par son père, un avortement de convenance a été induit un mois et demi auparavant avec trois injections de benzoate d’œstradiol à 3 jours d’intervalle.
Face aux pertes vulvaires, une antibiothérapie à base d’amoxicilline/ acide clavulanique, puis de marbofloxacine a été instaurée par le vétérinaire traitant.
À l’examen clinique, la chienne se révèle en bon état général. De faibles écoulements et un léchage de la région vulvaire sont notés. Aucun trouble digestif ni augmentation de la prise de boisson ne sont signalés par le propriétaire. Le frottis vaginal présente 100 p. cent de cellules parabasales basophiles avec une nombreuse population de polynucléaires neutrophiles (photo 1). Les paramètres de la numération formule sanguine sont compris dans les valeurs usuelles, et selon le bilan biochimique, l’urémie est de 0,24 g/l et la créatininémie de 7 mg/l. La progestéronémie est de 10 ng/ml.
L’échographie abdominale révèle une dilatation des cornes utérines avec un contenu hypoéchogène dans son ensemble (photo 2). Les ovaires montrent des structures nodulai-
4
Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Isabelle Bublot, Samuel Buff, Stéphane Bureau, Claude Carozzo, Eddy Cauvin, Laurent Cauzinille, Sylvie Chastant-Maillard, Guillaume Chanoit, René Chermette, Valérie Chetboul, Bernard Clerc,
Cécile Clercx (Liège), Laurence Colliard, Laurent Couturier, Jack-Yves Deschamps, Armelle Diquelou, Olivier Dossin, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Didier Fau, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Laurent Garosi Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Jean-Pierre Genevois, Anne Gogny, Isabelle Goy-Thollot, Dominique Grandjean,
Fernando Mir Emmanuel Fontaine Service de Reproduction Animale - E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex
1 Frottis vaginal montrant une nombreuse population de neutrophiles degenerés (photo CERCA).
2 Dilatation de la lumière utérine (photo imagerie médicale E.N.V.A.).
res hypoéchogènes de 7 mm compatibles avec des corps jaunes. 1 Quel est votre diagnostic ? 2 Quel traitement proposez-vous ? 3 Quel est le pronostic ? Réponses à ce test page 77
Jean-François Guelfi, Laurent Guilbaud, Philippe Hennet, Juan Hernandez, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Jean-Marc Person, Claude Petit, Xavier Pineau,
Luc Poisson, Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Yannick Ruel, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin.
éditorial La dermatologie illustre l’intérêt d’un partenariat entre vétérinaires généralistes et spécialistes pour traiter des affections récidivantes, chroniques et parfois invalidantes pour l’animal et difficiles à gérer ...
L
a peau et ses annexes sont a priori les structures les plus facilement et immédiatement accessibles au praticien : tous les sens (à l’exception de la qualité gustative !) renseignent le clinicien. Ainsi, outre les indispensables recueils de l’anamnèse et des commémoratifs, l’examen clinique à distance et rapproché, la topographie lésionnelle apportent tant d’informations qu’il n’est pas toujours nécessaire de recourir à des examens complémentaires lourds et coûteux pour proposer un diagnostic étiologique. Les calques, raclages et autres examens des poils et des squames au microscope optique sont très souvent suffisants, bien que trop souvent non réalisés. Cependant, le riche diagnostic différentiel rencontré lors d’affections récidivantes, chroniques et/ou parfois invalidantes pour l’animal conduit le clinicien vers d’autres examens spécifiques accessibles à tous : recherches mycologique et parasitaire, antibiogramme en veillant à reconnaître ses intérêts et ses limites, identification des allergènes et surtout biopsies cutanées dont le nombre, la localisation et la qualité sont souvent déterminants. Ces prélèvements a priori simples à réaliser ne peuvent apporter les renseignements escomptés que s’ils sont réalisés dans le cadre d’un diagnostic différentiel réfléchi et en respectant des règles assurant leur qualité et leur valeur prédictive. Ainsi, un diagnostic étiologique pertinent évite au clinicien des prescriptions hasardeuses, voire dangereuses en terme de santé publique : une antibiothérapie de très longue durée (plusieurs mois), parfois en rythme non continu (2 jours par semaine) est une pratique qui, à ce jour, ne peut être défendue par notre profession ! La dermatologie vétérinaire est riche du plus grand nombre de vétérinaires cliniciens spécialistes en France. La collaboration praticien généraliste - praticien spécialiste est le fruit d’un réel partenariat dans le respect des compétences et des limites des uns et des autres : leur interdépendance les conduit, dans l’intérêt de l’animal et de son propriétaire, à proposer parfois de nouvelles méthodes d’investigations telles que l’histochimie et l’immunohistochimie, la tomodensitométrie (scanner) et l’IRM, ou encore la microscopie confocale à balayage laser. Un état des lieux de ces techniques est exposé dans ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline, permettant de reculer un peu plus les limites des célèbres “dermatoses idiopathiques“. Les spécificités de la dermatologie féline sont également abordées sous un angle résolument pratique, ce qui aide les praticiens à sortir de la rengaine thérapeutique : “les chats étant peu sensibles aux corticostéroïdes, une injection d’une forme retard ne fera pas de mal”. Les affections cutanées félines sont au moins aussi passionnantes que celle du chien, car beaucoup reste encore à découvrir dans cette espèce. arce qu’être spécialiste résulte de la conjonction de l’envie d’excellence, de la nécessité d’humilité et du besoin de partager, gageons que ce dossier consacré aux examens complémentaires en dermatologie illustrera l’intérêt d’un partenariat entre vétérinaires généralistes et spécialistes. ¿
Christophe Hugnet Clinique vétérinaire 8, rue Aristide Briand 26160 La Bégude de Mazenc
P
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Réf. : NPC 41
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approche clinique
et choix des examens complémentaires
accessibles au praticien en dermatologie
Céline Hadjaje Geneviève Marignac Blaise Hubert Unité de Parasitologie-Dermatologie E.N.V. Alfort 94704 Maisons-Alfort Cedex
Le praticien dispose d’examens complémentaires de plus en plus sophistiqués et pointus. Parfois coûteux, leur choix doit être raisonné et interprété en fonction de l’ensemble de la consultation dermatologique.
Objectif pédagogique Savoir choisir les examens complémentaires adaptés dans une démarche diagnostique rigoureuse pour mettre en place un traitement approprié.
L
a consultation de dermatologie suit un protocole rigoureux. Après avoir défini le motif de consultation et des éléments de l’anamnèse, un examen clinique général, puis un examen dermatologique sont effectués, à distance d’abord, rapproché ensuite, les propositions d’hypothèses diagnostiques sont hiérarchisées, et des examens complémentaires adaptés découlant du diagnostic différentiel, sont choisis pour mettre en place un traitement spécifique. Cet article aborde quelques éléments de l’anamnèse et de l’examen clinique qui permettent d’orienter le clinicien vers un ou plusieurs examens complémentaires adaptés à la pratique quotidienne (figure).
Le 1er prix éditorial 2007
Essentiel
1
Lésion circulaire, alopécique, érythémateuse et hyperpigmentée chez un Yorkshire atteint de dermatophytose (photo Parasitologie-Dermatologie ENVA).
Figure - Approche clinique d’un cas de dermatologie Anamnèse complète Examen général Examen dermatologique à distance, puis rapproché Hypothèses diagnostiques hiérarchisées Examens complémentaires adaptés Diagnostic
MOTIF DE CONSULTATION
Le recueil des commémoratifs
Le motif de consultation reflète la préoccupation du propriétaire et ce qu’il attend du praticien. Il doit donc être bien identifié et satisfait dans la mesure du possible.
Le motif de consultation peut en lui-même orienter le clinicien, et le choix des examens. Par exemple, la présence d’un prurit n’est en règle générale pas observée dans les dysendocrinies à manifestation cutanée. En revanche, ce symptôme oriente vers des hypothèses parasitaires (gale ou cheyletiellose : raclages cutanés), fongiques (dermatite à Malassezia : calque par test à la cellophane adhésive), bactériennes (pyodermite : calques par impression ou par apposition), ou allergiques (intradermoréactions, tests d’éviction).
Les alopécies peuvent être prurigineuses ou non. Si une alopécie n’est pas prurigineuse, une dysendocrinie ou une dysplasie folliculaire sont à envisager et, en fonction de la suspicion diagnostique, des biopsies cuta
et de l’anamnèse constitue une 1re étape indispensable à ne jamais négliger. Un diagnostic différentiel hiérarchisé est établi à la suite de l’examen dermatologique.
CANINE - FÉLINE
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 470 - JUIN 2009
6
Traitement spécifique Ré-évaluation(s) Guérison
Gestion au long court
nées ou des tests hormonaux sont indiqués (tableau 1).
Une démarche diagnostique rigoureuse permet de ne pas se cantonner au motif de consultation mais d’appréhender la dermatose dans son intégralité.
En cas de dermatose héréditaire comme la dermatite atopique canine, si la guérison n’est pas envisageable, le prurit peut être géré au long court, ce qui permet de satisfaire la demande du propriétaire. L’ANAMNÈSE
Souvent riche d’enseignements, l’anamnèse est essentielle dans la démarche diagnos-
l’antibiogramme lors d’otites externes indispensable ou inutile ? chez le chien et le chat
Christophe Hugnet Clinique vétérinaire des Lavandes 26160 La Bégude de Mazenc
Il est fréquent qu’une otite externe récidive, ou devienne chronique, particulièrement chez le chien. Selon les “standards” actuels en oto-dermatologie, la recommandation de réaliser un antibiogramme semble être la règle. Que faut-il en penser ? Les résultats obtenus ont-ils une valeur prédictive ?
Objectif pédagogique Identifier les limites de l’antibiogramme lors d’otites externes.
L
Le 1er prix éditorial 2007
Essentiel Un antibiogramme devrait permettre de prédire l’efficacité clinique d’une prescription antibiotique en fonction de la sensibilité avérée ou non de la bactérie isolée vis-à-vis du ou des antibiotiques choisis.
CANINE - FÉLINE
es otites externes chez les carnivores domestiques peuvent être dues à la présence d’acariens parasites, ou de corps étrangers, ou à l’existence d’une allergie ou, plus rarement, d’un processus néoplasique local. L’inflammation du conduit auriculaire s’accompagne d’un trouble de l’homéostasie locale qui donne souvent lieu au développement d’une population importante de bactéries ou de Malassezia (photos 1, 2).
L’utilisation in situ de pommades ou de suspensions auriculaires contenant des antibiotiques, toujours associés à des antiinflammatoires stéroïdiens et parfois, à des antifongiques permet souvent la résolution des symptômes. Cependant, il est fréquent que l’otite externe persiste ou récidive. Il est alors habituel de recommander de réaliser un prélèvement afin d’isoler une souche bactérienne suivie d’un antibiogramme [1, 3]. De nombreux prélèvements sont en effet polymicrobiens, ce qui rend difficile la détermination du ou des principaux germes impliqués.
Après avoir rappelé les limites techniques et pharmacologiques de l’antibiogramme, nous discutons de l’intérêt pratique, de la pertinence scientifique et de la valeur prédictive de cet examen complémentaire lors d’otite externe. LES LIMITES DE L’ANTIBIOGRAMME
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 476 - JUIN 2009
Les germes identifiés (Staphylococcus coagulase positive, Staphylococcus coagulase negative, Pseudomonas aeruginosa, Bacillus spp., Corynebacterium spp., Bacillus
12
1
Otite externe purulente chez un Bouvier Bernois (photo C. Hugnet).
spp., ...) peuvent être déclarés sensibles ou résistants aux antibiotiques disponibles.
Il n’est pas rare d’avoir des résultats indiquant la multirésistance d’une bactérie isolée du prélèvement, tandis que le résultat thérapeutique de l’utilisation in situ de cet antibiotique amène une nette améloration. Inversement, on peut observer une absence d’efficacité clinique d’un traitement correctement effectué avec un antibiotique pour lequel la bactérie isolée est sensible selon les résultats de l’antibiogramme.
Outre l’importante variabilité interlaboratoire sur les résultats d’un antibiogramme concernant un même prélèvement [2], d’autres raisons pharmacologiques expliquent les limites de l’antibiogramme lors d’otite externe.
En France, l'antibiogramme demandé par un clinicien est réalisé généralement à l’aide d’une unique technique – la technique de diffusion dite des disques –, standardisée par un comité français. COMMENT INTERPRÉTER UN ANTIBIOGRAMME ? Après mise en culture d’un isolat bactérien résultant d’un prélèvement du microbisme auriculaire, l’antibiogramme vise à déterminer in vitro la sensibilité de la souche bactérienne à différents antibiotiques d’intérêt pratique.
L’intérêt pour le clinicien est de prédire l’efficacité clinique de sa prescription antibiotique en fonction de la sensibilité avérée ou non de la bactérie isolée vis-à-vis du ou des antibiotique(s) choisi(s).
la cytologie
en dermatologie chez le chien et le chat
Pascal Prélaud Clinique Vétérinaire Advetia 5, rue Dubrunfaut 75012 Paris CERI 8, rue de Saintonge 75003 Paris
Objectifs pédagogiques
La pratique de la cytologie en dermatologie est une des pierres angulaires du diagnostic et du suivi thérapeutique.
Savoir réaliser les prélèvements de différentes lésions, nécessaires à un examen cytologique. Savoir reconnaître les différentes cellules obtenues sur le prélèvement et les interpréter.
A
près la description des différentes techniques et des principes d’interprétation décrits dans les articles consacrés à la cytologie dermatologique dans cette revue*, voici quelques éléments pour améliorer la pratique de cet examen et éviter quelques pièges. Les particularité du prélèvement de certaines lésions difficiles sont détaillés, de même que les principaux artéfacts qui compliquent parfois l'examen cytologique dit de surface. La cytologie des nodules, plus complexe, requiert une démarche rigoureuse dont le but est essentiellement de différencier les lésions inflammatoires et néoplasiques.
Le 1er prix éditorial 2007
NOTE * cf. les articles du Dossier
LA CYTOLOGIE INFLAMMATOIRE DE SURFACE
“La cytologie en pratique ”LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline, 2004;20(4):514-46.
Conseils de prélèvement
Pour un examen cytologique d’une lésion papuleuse, presser très fortement la lésion jusqu’à faire sourdre un liquide récolté sur une lame. Le scotch-test coloré permet la recherche de Malassezia à la surface de lésions prurigineuses ou d’accès difficile.
L’examen cytologique d’une papule est des plus intéressants car il peut révéler l’existence d’une infection ou d’une dermatite éosinophilique par exemple.
Pour effectuer cet examen, ne pas hésiter à presser très fortement la ou les papules jusqu’à faire sourdre un liquide que l’on récolte en appliquant une lame (photos 1, 2).
La même technique peut être appliquée aux lésions squameuses ou croûteuses très adhérentes. En revanche, si la croûte est peu adhérente, il est préférable de la retirer et d’effectuer des calques avec la face inférieure de la croûte et sur la lésion sous-crustacée.
Conseils pour les lésions périorificielles
Les lésions périorificielles sont fréquemment contaminées par de la salive ou des excréments. L’interprétation de l’examen cytologique peut donc être difficile.
Pour ce type de lésions, il convient d’essuyer délicatement la zone lésée, puis de réaliser le prélèvement à l’aide d’un scotch (photo 3).
CANINE - FÉLINE
Crédit Formation Continue :
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 480 - JUIN 2009
Lésion croûteuse adhérente (photos clinique Advetia).
2
Après pression de la peau, l'exsudat est récolté par pression sur une lame.
Conseils pour les papules et les croûtes
Geste
0,05 CFC par article
1
Conseils pour les périonyxis
Les périonyxis bactériens, fongiques, ou parasitaires, souvent discrets chez le chien,
16
3
Examen cytologique des marges anales : récolte au scotch après un nettoyage doux.
sont néanmoins à l’origine de fortes démangeaisons des doigts.
Ainsi, lors de prurit podal apparemment alésionnel, il est nécessaire d’effectuer un prélèvement pour examen cytologique. Ce prélèvement s’effectue avec un ruban adhésif à-même le bourrelet unguéal, en essayant de récolter un maximum de matériel. Conseils pour les lésions ulcérées purulentes
Lorsque des lésions ulcérées sont obstruées ou recouvertes par du pus ou du tissu nécrotique, il est nécessaire d’effectuer les prélèvements à différents niveaux, en procédant par stratification.
indications et techniques de la biopsie
en dermatologie vétérinaire chez le chien et le chat n s e … e s -
La biopsie cutanée est un examen complémentaire qui permet de réaliser des analyses histologiques, immunologiques, de microscopie électronique, bactériologique, mycologique, ... Il est nécessaire dans un certain nombre de cas de dermatologie animale et souhaitable dans d’autres. Le prélèvement peut être réalisé sous anesthésie locale ou sous anesthésie générale. La biopsie au trépan et celle en côte de melon sont les deux principales techniques.
P
armi les nombreux examens complémentaires disponibles en dermatologie, l'examen histopathologique de biopsies cutanées est certainement l'un des plus riches d'enseignements [1, 2, 3, 4]. La peau est en effet un organe superficiel, facilement accessible. Cet examen est donc beaucoup plus aisé dans cette localisation que pour les organes internes.
Les biopsies cutanées peuvent également être utiles dans le cadre de l'examen bactériologique, ou pour mettre en place des techniques diagnostiques plus sophistiquées (microscopie électronique, examens immunologiques) [4].
Il est utile de bien connaître les indications et les contre-indications de la biopsie, ainsi que ses modalités de réalisation, pour mettre à profit cet examen complémentaire en consultation de dermatologie (photo 1). Cet article décrit les principales indications, les méthodes (encadré 1) et les différentes techniques de cet examen et détaille certains points particuliers. LE PRINCIPE DE LA BIOPSIE
Le principe de la biopsie cutanée est simple : il consiste à prélever une carotte de peau (totalité des couches cutanées, i.e. : épiderme, derme et hypoderme) [4]. Le prélèvement obtenu est acheminé au laboratoire de diagnostic dans un milieu de
Emmanuel Bensignor Consultant en dermatologie et allergologie Clinique Vétérinaire 17, boulevard des Filles du Calvaire 75003 Paris Clinique Vétérinaire 6, rue mare pavée 35510 Rennes-Cesson Centre Hospitalier Vétérinaire rue Viviani 44000 Nantes
Objectifs pédagogiques Savoir réalliser une biopsie cutanée. Connaître ses indications et ses contre-indications chez le chien et le chat.
1
Technique au trépan : le matériel est enfoncé jusqu’à ce que la résistance s’estompe.
Figure 1 - Les indications absolues de la biopsie cutanée pour examen histopathologique - Dermatites auto-immunes, génodermatoses - Traitements antérieurs inefficaces - Suspicion de néoplasie - Ulcérations persistantes - Toute dermatose d'aspect inhabituel
transport adapté en fonction de la recherche réalisée (gestes).
La biopsie est un examen complémentaire, dont les résultats sont à interpréter en fonction des données de l'anamnèse et de l'examen clinique. Elle ne remplace jamais un bon sens clinique.
C’est donc un acte motivé, qui n’est pas utilisé comme une solution de dernier recours, lorsqu'on ne sait plus quoi faire : “L'histopathologie n'est pas un acte divinatoire” (Z. Alhaidari). Au contraire, la biopsie est à réaliser dans un but précis : en pratique, elle est utile pour confirmer une hypothèse diagnostique, suggérée par l'examen clinique et l'anamnèse, ou à l'opposé pour éliminer des hypothèses diagnostiques dans le diagnostic différentiel [1].
Gestes
Le 1er prix
Le prélèvement est à
éditorial 2007
acheminer au laboratoire de diagnostic dans un milieu de transport adapté en fonction de la recherche réalisée : - du formol pour les examens histopathologiques ; - du milieu de Michel pour l'immunofluorescence ; - du glutaraldéhyde pour la microscopie électronique . - du soluté isotonique pour l'examen bactériologique ou mycologique ; - la congélation pour les examens immunopathologiques ; - R.N.A. later pour les examens génétiques par exemple).
23
CANINE - FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 487
l’allergologie
chez le chien et le chat comment utiliser les tests ? quels prélèvements envoyer ? Les tests allergologiques sont d’un réel intérêt. Ils sont plus aisés à utiliser chez le chien que chez le chat. La désensibilisation est un des moyens les plus simples et les moins onéreux d’améliorer la vie d’un animal, notamment atopique sur le long terme. Cet article montre comment le praticien peut utiliser l’allergologie et quels sont les avantages et les limites des tests disponibles.
I
Objectif pédagogique Savoir utiliser les tests allergologiques in vitro et in vivo chez le chien et le chat
1
Intradermoréactions positives de lecture aisée (témoin positif en haut à gauche) chez un boxer atopique (photo Clinique Advetia).
l peut être tentant d’utiliser des examens allergologiques pour établir un diagnostic de maladie allergique. Toutefois, les indications de ces différents examens sont sensiblement différentes. Utilisés à bon escient, ils représentent un outil de diagnostic, de thérapeutique et de communication très efficace et simple d’utilisation.
Dans le cadre d’une pratique généraliste, le recours aux tests allergologiques est parfois plus facile qu’en pratique spécialisée car ils peuvent être réalisés précocement dans l’évolution d’une maladie allergique. Après un rappel sur les tests actuellement validés ou non, le diagnostic d’une maladie allergique est envisagé chez le chien. Les spécificités du chat sont rappelées.
Aéroallergènes
Essentiel
Lorsque le vétérinaire présente au propriétaire d’un animal une maladie qui se manifeste comme une allergie, une de ses premières requêtes est de savoir à quoi son animal est allergique.
Des tests allergologiques peuvent être effectués pour rechercher les sensibilisations de l’animal. Toutefois, il convient d’informer le propriétaire qu’en médecine vétérinaire, ces examens ne sont validés que chez le chien et pour les aéroallergènes (Intradermoréactions (I.D.R.) et dosages d’Ig E) (tableau 1).
Les tests allergologiques ne sont validés que chez le chien pour les aéroallergènes. Le diagnostic d’une maladie allergique est avant tout clinique. La seule indication en médecine vétérinaire des tests allergologiques est la mise en évidence d’allergie à des aréoallergènes chez le chien atopique, et le choix d’une immunothérapie spécifique (désensibilisation).
Trophallergènes
Puces
Chien
- Validé
éditorial 2007
LES TESTS VALIDÉS OU NON
en pratique courante : dosage d’Ig E spécifiques d’allergène I.D.R.
Le 1er prix
La manière dont, en pratique, effectuer les intradermoréactions est ensuite indiquée.
Tableau 1 - Les indications et les limites des tests allergologiques Allergènes
Pascal Prélaud Clinique Vétérinaire Advetia 5, rue Dubrunfaut 75012 Paris
Chat Ig E
I.D.R.
Ig E
- Validé
pour les tests - Lecture difficile - Aucun test validé de bonne spécificité
- Aucune - Aucune valeur diagnostique valeur diagnostique pour les allergies chroniques
- Non validé
- Non validé
- Non validé
- Non validé
CANINE - FÉLINE
- Manque de sensibilité
- Manque de
Venins d'hyménoptères
- Validé
- Non disponible
- Non validé
- Non validé
Autres insectes
- Non validé
- Non validé
- Non validé
- Non validé
Bactéries
- Non validé
- Non validé
- Non validé
Crédit Formation Continue :
Levures
- Aucune valeur diagnostique
- Non validé
- Non validé
- Non validé
0,05 CFC par article
sensibilité
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 493
point de vue
qu’est-ce qu’un spécialiste en dermatologie vétérinaire
Emmanuel Bensignor
et à quoi sert-il ? Généralistes et spécialistes sont-ils complémentaires ou concurrents ? Voici un point de vue emprunt d’une expérience de terrain.
L
a question de l’utilité d’un spécialiste dépasse largement le cadre de la consultation de dermatologie. Dans ce contexte, il est utile de comparer la médecine animale avec celle de l’humain : les connaissances scientifiques et techniques évoluent rapidement, et il apparaît difficile de tout savoir sur tout, autrement dit, d’être compétent pour tout.
Il est donc souhaitable, tant pour le public (les propriétaires), que pour les animaux malades, que pour la profession de pouvoir disposer de plusieurs types de compétence. Ceux-ci sont d’ailleurs clairement délimités par les types d’enseignements prodigués par les écoles vétérinaires ou par les organismes de formation continue, ainsi que par les instances professionnelles ordinales ou syndicales.
Le réseau vétérinaire a longtemps été constitué par les praticiens “généralistes” et les praticiens “motivés” ou “éclairés” (qui se sont formés après l’école, pour certains en faisant par exemple un certificat d’études supérieures).
Depuis quelques années, dans une démarche initiée par les Collèges Européens sous l’égide du Bureau Européen de la Spécialisation Vétérinaire, une réelle spécialité a été créée. En France, un Diplôme d’Études Spécialisées Vétérinaires en Dermatologie permet ex officio à ses titulaires de se prévaloir du titre de spécialiste.
L’intérêt du spécialiste est triple : 1. par ses compétences et ses connaissances, il peut et doit améliorer le niveau de soins proposés au public ; 2. étant amené à consulter des cas difficiles, il peut et doit mettre en place des examens complémentaires pas toujours accessibles en pratique quotidienne et utiliser des protocoles thérapeutiques parfois non disponibles ou difficiles à gérer dans une activité généraliste ; 3. dans le cadre de la “chaîne de soins”, son intervention permet d’améliorer les relations entre les clients et les vétérinaires.
Consultant en dermatologie et allergologie Clinique Vétérinaire 17, boulevard des Filles du Calvaire 75003 Paris
En dermatologie, quelques exemples pratiques peuvent être cités : la réalisation d’examens allergologiques complexes*, et d’actes biopsiques délicats ou à risque, la mise en place de protocoles d’immunothérapie rapide, celle de traitements pérennes onéreux au long cours, la réalisation d’actes de chirurgie cutanée, de photothérapie, … Dans un futur relativement proche, le spécialiste va être amené à utiliser des techniques encore expérimentales chez l’animal, qui vont probablement se développer**.
Le spécialiste est, en outre, présent pour rassurer le propriétaire et pour jouer le rôle de médiateur entre ce dernier et son vétérinaire “de famille”. Ce point nous semble le plus important ; il est en effet parfois difficile de faire comprendre au propriétaire que son animal présente une maladie chronique, non curable (exemples de la dermatite atopique, des dermatites auto-immunes). La confirmation du diagnostic par un spécialiste aide, dans bien des cas, à persuader le propriétaire de mettre en place des traitements pérennes parfois onéreux et contraignants. Cette phase de persuasion est souvent difficile. Un véritable contrat de soins est utile pour confirmer le rôle de chacun dans la prise en charge thérapeutique.
Le spécialiste peut également jouer le rôle d’arbitre entre le vétérinaire référant, le propriétaire et l’éleveur dans certaines situations conflictuelles.
Finalement, le spécialiste joue un rôle de sentinelle vis-à-vis de l’émergence de certaines affections cutanées (par exemple, les stpahylocoques résistants à la méthicilline, les génodermatoses, les accidents cutanés médicamenteux, …). Il dispose aussi souvent de la primauté de certaines molécules innovantes dans le cadre d’essais cliniques,
Clinique Vétérinaire 6, rue mare pavée 35510 Rennes-Cesson
L
e dermatologue vétérinaire et le généraliste vétérinaire font donc équipe ; c’est leur collaboration qui permet de mieux répondre aux demandes de plus en plus pointues des propriétaires d’animaux de compagnie et ce n’est que par ce travail d’équipe, qui passe par des rapports simples et non conflictuels, que la discipline peut progresser. ¿
Centre Hospitalier Vétérinaire rue Viviani 44000 Nantes
Le 1er prix NOTE
éditorial 2007
cf. les articles dans ce numéro : * “Approche clinique et choix des examens complémentaires accessibles au praticien en dermatologie”, de C. Hadjaje, G. Marignac, B. Hubert. “L’antibiogramme lors d’otites externes : indispensable ou inutile ?”, de C. Hugnet. “La cytologie en dermatologie chez le chien et le chat”, de P. Prélaud. “Indications et techniques de la biopsie en dermatologie vétérinaire chez le chien et le chat”, de E. Bensignor. “L’allergologie chez le chien et le chat : comment utiliser les tests ? Quels prélèvements envoyer ?”, de P. Prélaud. ** “Quand et comment référer à un spécialiste en allergologie chez le chien et le chat”, de P. Prélaud. “La P.C.R. (Polymerase Chain Reaction) en dermatologie”, de C. Boucraut-Baralon. “L’apport de l’histochimie et de l’immunohistochimie en dermatologie”, de D. Watrelot-Virieux. “Intérêt de la tomodensitométrie et de l’IRM dans la gestion des otites chez les carnivores domestiques”, de S. Segond. “L’échographie en dermatologie chez le chien et le chat”, de C. Boulocher, D. Pin. “La microscopie confocale à balayage laser : un examen complémentaire d’avenir ?”, de C. Boulocher, D. Pin.
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 497
quand et comment référer à un spécialiste en allergologie chez le chien et le chat
Pascal Prélaud Clinique Vétérinaire Advetia 5, rue Dubrunfaut 75012 Paris
Objectif pédagogique
Référer un cas auprès d’un spécaliste en allergologie est parfois la meilleure solution pour être efficace et permettre la mise en œuvre d’emblée d’un traitement approprié. Quand et comment faire appel à un confrère ?
Savoir utiliser les compétences complémentaires pour mettre en œuvre un traitement et un suivi optimum d’un animal allergique.
1
I Le 1er prix éditorial 2007
Essentiel Les allergies les plus fréquentes chez les carnivores domestiques sont les allergies aux aérollergènes, tels que les acariens de la poussière de la maison ou les pollens. Face à une exploration de dermatite atopique canine, les I.D.R. sont en général effectuées avec les allergènes les plus fréquemment impliquées. L’utilisation d’une batterie très large d’aéroallergènes permet de diagnostiquer des allergies rares.
CANINE - FÉLINE
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 498 - JUIN 2009
l n’est pas possible d’effectuer le diagnostic de toutes les maladies allergiques par une simple prise de sang, malgré les progrès de la biologie. L’allergologie est en effet une discipline à part entière en médecine canine. De plus, la prise en charge des maladies allergiques chroniques nécessite une forte adhésion de la part du propriétaire, qu’il est aisément possible d’obtenir en s’appuyant sur une consultation référée. Après un classement des allergies fréquentes communément observées en clientèle, et des allergies rares ou plus rarement diagnostiquées, l’intérêt de référer un cas pour répondre à la demande de propriétaires est montré. RÉFÉRER POUR DES TESTS ALLERGOLOGIQUES Les allergies fréquentes Les allergies les plus fréquentes chez les carnivores domestiques sont les allergies aux aérollergènes, tels que les acariens de la poussière de la maison ou les pollens. Si l’on n’effectue pas régulièrement des tests allergologiques au sein de sa structure, il est raisonnable de référer un cas de dermatite atopique canine pour la réalisation d’intradermoréactions. Cette démarche est d’autant plus intéressante que, même si ces examens sont simples à réaliser, l’interprétation et le choix d’une désensibilisation en fonction des résultats sont parfois plus délicates.
D’autre part, chez le chat, la réalisation et l’interprétation des intradermoréactions est problématique car elle nécessite une anesthésie générale, ainsi que l’adjonction d’une injection de fluorescéine pour lecture en lumière UV.
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I.D.R. à l’aide d’extraits de venins.
- Les venins sont d’abord utilisés dilués au 1/1000e (ligne du haut) puis, si aucune réaction n’est observée, on effectue à nouveau un test à une dilution moindre. - Dans ce cas, une réaction au venin d’abeille est observée à la concentration de 0,1µg/ml (photo Clinique Advetia).
Les allergies aux aéroallergènes représentent la très grande majorité des indications de tests allergologiques chez le chien (et le chat). Le spécialiste peut effectuer des intradermoréactions vis-à-vis des allergènes les plus courants pour explorer une dermatite atopique canine. Mais, il est aussi nécessaire de disposer d’une batterie très large d’aéroallergènes pour pouvoir gérer les cas d’allergies rares (cf. infra).
Les allergies rares ou rarement diagnsotiquées
Certaines allergies sont rarement diagnostiquées faute de connaître les moyens d’y parvenir ou faute de matériel adéquat.
Ces cas peuvent aussi être référés.
Les allergies aux venins d’hyménoptères
La pratique de tests diagnostiques d’allergie aux venins d’hyménoptères est particulière : en effet, les tests et, si besoin, la première phase du traitement sont effectués sur une même journée.
Les intradermoréactions (I.D.R.) à base d’extrait de venins d’hyménoptères sont réalisés par des injections progressives de la manière suivante : - les extraits sont dilués au 1/1000e et la réaction cutanée est observée ; - si aucune réaction n’est notée, une 2nde I.D.R. est effectuée avec des extraits à une dilution plus faible (photo 1).
En cas de résultat positif, l’animal est hospitalisé pour une désensibilisation “ultrarapide” sur 6 heures (rush therapy) [1].
quand et comment référer à un spécialiste en allergologie chez le chien et le chat
Pascal Prélaud Clinique Vétérinaire Advetia 5, rue Dubrunfaut 75012 Paris
Objectif pédagogique
Référer un cas auprès d’un spécaliste en allergologie est parfois la meilleure solution pour être efficace et permettre la mise en œuvre d’emblée d’un traitement approprié. Quand et comment faire appel à un confrère ?
Savoir utiliser les compétences complémentaires pour mettre en œuvre un traitement et un suivi optimum d’un animal allergique.
1
I Le 1er prix éditorial 2007
Essentiel Les allergies les plus fréquentes chez les carnivores domestiques sont les allergies aux aérollergènes, tels que les acariens de la poussière de la maison ou les pollens. Face à une exploration de dermatite atopique canine, les I.D.R. sont en général effectuées avec les allergènes les plus fréquemment impliquées. L’utilisation d’une batterie très large d’aéroallergènes permet de diagnostiquer des allergies rares.
CANINE - FÉLINE
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 498 - JUIN 2009
l n’est pas possible d’effectuer le diagnostic de toutes les maladies allergiques par une simple prise de sang, malgré les progrès de la biologie. L’allergologie est en effet une discipline à part entière en médecine canine. De plus, la prise en charge des maladies allergiques chroniques nécessite une forte adhésion de la part du propriétaire, qu’il est aisément possible d’obtenir en s’appuyant sur une consultation référée. Après un classement des allergies fréquentes communément observées en clientèle, et des allergies rares ou plus rarement diagnostiquées, l’intérêt de référer un cas pour répondre à la demande de propriétaires est montré. RÉFÉRER POUR DES TESTS ALLERGOLOGIQUES Les allergies fréquentes Les allergies les plus fréquentes chez les carnivores domestiques sont les allergies aux aérollergènes, tels que les acariens de la poussière de la maison ou les pollens. Si l’on n’effectue pas régulièrement des tests allergologiques au sein de sa structure, il est raisonnable de référer un cas de dermatite atopique canine pour la réalisation d’intradermoréactions. Cette démarche est d’autant plus intéressante que, même si ces examens sont simples à réaliser, l’interprétation et le choix d’une désensibilisation en fonction des résultats sont parfois plus délicates.
D’autre part, chez le chat, la réalisation et l’interprétation des intradermoréactions est problématique car elle nécessite une anesthésie générale, ainsi que l’adjonction d’une injection de fluorescéine pour lecture en lumière UV.
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I.D.R. à l’aide d’extraits de venins.
- Les venins sont d’abord utilisés dilués au 1/1000e (ligne du haut) puis, si aucune réaction n’est observée, on effectue à nouveau un test à une dilution moindre. - Dans ce cas, une réaction au venin d’abeille est observée à la concentration de 0,1µg/ml (photo Clinique Advetia).
Les allergies aux aéroallergènes représentent la très grande majorité des indications de tests allergologiques chez le chien (et le chat). Le spécialiste peut effectuer des intradermoréactions vis-à-vis des allergènes les plus courants pour explorer une dermatite atopique canine. Mais, il est aussi nécessaire de disposer d’une batterie très large d’aéroallergènes pour pouvoir gérer les cas d’allergies rares (cf. infra).
Les allergies rares ou rarement diagnsotiquées
Certaines allergies sont rarement diagnostiquées faute de connaître les moyens d’y parvenir ou faute de matériel adéquat.
Ces cas peuvent aussi être référés.
Les allergies aux venins d’hyménoptères
La pratique de tests diagnostiques d’allergie aux venins d’hyménoptères est particulière : en effet, les tests et, si besoin, la première phase du traitement sont effectués sur une même journée.
Les intradermoréactions (I.D.R.) à base d’extrait de venins d’hyménoptères sont réalisés par des injections progressives de la manière suivante : - les extraits sont dilués au 1/1000e et la réaction cutanée est observée ; - si aucune réaction n’est notée, une 2nde I.D.R. est effectuée avec des extraits à une dilution plus faible (photo 1).
En cas de résultat positif, l’animal est hospitalisé pour une désensibilisation “ultrarapide” sur 6 heures (rush therapy) [1].
nouvelle méthode d’investigation la P.C.R.
(Polymerase Chain Reaction)
Corine Boucraut-Baralon
en dermatologie
Laboratoire Scanelis 9, allée Charles Cros - BP 70006 31771 Colomiers Cedex
Objectifs pédagogiques Connaître les principales indications de l’utilisation de la P.C.R. pour le diagnostic des maladies infectieuses à tropisme cutané. Savoir réaliser un prélèvement cutané et connaître les limites de l’interprétation des résultats.
En dermatologie, la P.C.R. peut être utilisée en 1re intention pour rechercher une origine infectieuse à certaines lésions cutanées, ou après un examen histopathologique d’orientation. Elle trouve son principal intérêt dans le domaine du diagnostic virologique. Dans des situations particulières, la recherche de certains parasites ou bactéries est également intéressante.
L
Le 1er prix éditorial 2007
Définition La P.C.R. (Polymerase Chain Reaction) est une méthode d’analyse qui permet de confirmer la présence d’agents pathogènes dans des prélèvements biologiques de nature variée.
Essentiel Dans le cadre d’un diagnostic dermatologique, la P.C.R. est surtout utilisée pour rechercher une origine virale. La P.C.R. est une technique d’analyse très sensible. Veiller à ne pas contaminer le prélèvement.
a P.C.R. (Polymerase Chain Reaction) est désormais un outil de diagnostic utilisé en routine pour la recherche d’agents infectieux dans des prélèvements biologiques [1‚ 2].
Le terme P.C.R. désigne différentes méthodes d’analyse fondées sur le même principe d’amplification d’une séquence génétique cible, spécifique de l’agent pathogène à rechercher, mais sur des technologies différentes (méthodes qualitatives ou quantitatives, utilisation de sondes d’hybridation pour la détection ou le typage de souches, …).
L’utilisation de ces méthodes pour le diagnostic dermatologique est intéressante, car elle permet de mettre en évidence l’agent recherché directement dans les lésions, après raclage ou biopsie.
Les spécificités de l’analyse P.C.R. en dermatologie concernent les prélèvements à réaliser et l’interprétation des résultats qui sont abordés après un rappel des principales indications de la technique dans ce domaine. QUAND UTILISER LA P.C.R. EN DERMATOLOGIE
CANINE - FÉLINE
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 502 - JUIN 2009
Dans le cadre d’un diagnostic dermatologique, la P.C.R. est utilisée pour rechercher la cause, virale surtout mais non exclusivement, de lésions localisées ou étendues. Cette métohde permet la confirmation directe d’une infection par des virus à tropisme cutané ou muqueux exclusif (papillomavirus, poxvirus) ou non (virus de la maladie de Carré, herpès virus canin ou félin, calicivirus félin, rétrovirus félins, …) [3, 4, 5, 6, 7]. Elle peut également être intéressante pour
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1
Lésions observées dans un cas de syndrome systémique sévère à calicivirus félin (photo B. Reynolds, E.N.V.T.).
un diagnostic de leishmaniose sur des lésions peu caractéristiques, lorsque la sérologie est négative, alors que l’examen histopathologique est compatible. Elle a aussi été utilisée pour confirmer des cas de toxoplasmose [8] ou de mycobactériose [9].
La P.C.R. peut être mise en œuvre sur des prélèvements autres que cutanés pour les maladies systémiques. Par exemple, dans le cas de lésions cutanées observées au cours de certaines infections virales, les agents infectieux peuvent être recherchés dans les prélèvements classiquement utilisés pour le diagnostic des viroses incriminées (sang sur E.D.T.A., cellules conjonctivales ou liquide céphalo-rachidien pour la maladie de Carré, écouvillon rectal pour la parvovirose).
Dans la plupart des autres manifestations cutanées d’une maladie supposée infectieuse, un prélèvement ciblé sur les lésions est le plus pertinent.
Si les signes cliniques sont évocateurs par exemple d’une étiologie virale, la P.C.R. peut être demandée d’emblée pour confirmer l’hypothèse diagnostique. Si les signes cutanés sont exclusifs, elle peut être indiquée après un examen histopathologique d’orientation qui révèle par exemple des inclusions évocatrices d’une virose (poxvirose, maladie de Carré, ...) et permet de cibler les analyses à réaliser. COMMENT RÉALISER LES PRÉLÈVEMENTS La P.C.R. est une technique d’analyse très sensible. Or, les lésions cutanées sont souvent très riches en virus, en parasites ou en bactéries.
nouvelle méthode d’investigation l’apport de l’histochimie et de l’immunohistochimie en dermatologie Les techniques histochimiques et immunohistochimiques, associées à un examen histologique classique, sont une aide précieuse au diagnostic. Elles mettent en évidence par exemple, un agent figuré, ou en cancérologie cutanée, elles permettent d’établir le diagnostic différentiel entre des tumeurs de morphologies voisines mais de pronostics très différents.
L
es prélèvements destinés à une analyse histologique en microscopie optique, qu’il s’agisse de biopsies cutanées ou de pièces d’exérèse, sont l’objet de techniques de routine qui requièrent plusieurs temps successifs : fixation, inclusion en paraffine, coupe, coloration et montage. Tout examen histologique commence par l’observation des coupes en coloration standard. Les colorations usuelles effectuées associent deux ou trois colorants différents : - l’hémalun-éosine (H.E.) : l’hémalun, substance basique, colore les noyaux en violet et l’éosine, substance acide, colore les cytoplasmes en rose ; - l’hémalun-éosine-safran (H.E.S.) : le safran colore les fibres de collagène en jaune orangé. En fonction des lésions observées, des techniques complémentaires (histochimie et/ou immunohistochimie) peuvent être nécessaires.
L’histochimie met en évidence une substance dans un tissu à l'aide de colorations chimiques ou enzymologiques, et l’immunohistochimie révèle une substance dans un tissu en utilisant les propriétés antigéniques de cette substance (réaction antigène/anticorps).
Après une présentation des différentes colorations histochimiques (encadré 1), les principes et les techniques de l'immunohistochimie sont rappelés, puis les principales indications de l'immunohistochimie en dermatologie sont développées.
Dorothée Watrelot-Virieux Unité de Pathologie morphologique et clinique Université de Lyon E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Etoile
PRINCIPE ET TECHNIQUES DE L’IMMUNOHISTOCHIMIE Principe
Toutes les méthodes immunohistochimiques permettent de visualiser sur coupes histologiques des sites antigéniques cellulaires (nucléaires, membranaires ou cytoplasmiques) ayant réagi avec des anticorps mis en contact avec la coupe. Des complexes immuns stables sont ainsi formés [7].
Les techniques immunohistochimiques peuvent s’effectuer : - soit sur du matériel fixé et inclus en paraffine (dans la grande majorité des cas) ; - soit sur des prélèvements congelés rapidement dans l’isopentane et l’azote liquide, puis coupés au cryostat. Cette méthode-ci permet la recherche d’un plus grand nombre d’antigènes (notamment les antigènes membranaires détruits par la fixation), mais elle est difficilement compatible avec la pratique courante. Seules les techniques immunohistochimiques sur prélèvements fixés sont traitées dans cet article. Le formol reste à l’heure actuelle le fixateur qui donne les meilleurs résultats pour l’immunohistochimie.
Les techniques de l’immunohistochimie sur prélèvements fixés
Après étalement des coupes sur lames silanées, déparaffinage et inhibition des peroxydases endogènes (par H2O2), l’anticorps primaire est déposé sur le tissu et reconnait, s’il existe, le récepteur antigénique recherché.
Afin d’augmenter la sensibilité de la réaction, différentes méthodes d’amplification sont utilisées, dont l’une des plus fréquemment employées est le système avidine-biotine. Un 2e anticorps, susceptible de se fixer à l’anticorps primaire et complexé à un système avidine-biotine-peroxydase, est déposé.
La révélation de la peroxydase se fait avec différents chromogènes comme la diaminobenzidine (D.A.B.), l’aminoéthylcarbazole (A.E.C.) ou le 4 chloro-1-naphtol (C.N.) qui colorent la préparation en brun, rouge et bleu respectivement (figure 1). Une contre-coloration douce à l’hématoxyline colore le tissu, et permet une détermination topographique du marquage.
Objectif pédagogique Connaître les applications des techniques d’histochimie et d’immunohistochimie en dermatologie.
Le 1er prix éditorial 2007
Essentiel Les colorations histochimiques mettent en évidence des agents figurés (champignons, bactéries), des granulations ou des pigments spécifiques d’un type cellulaire, des dépôts cellulaires anormaux, ou des constituants cellulaires normaux.
CANINE - FÉLINE
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 505
intérêt de la tomodensitométrie et de l’IRM dans la gestion des otites
Sophie Segond
chez les carnivores domestiques
Centre Hospitalier Vétérinaire Atlantia 22, rue René Viviani 44200 Nantes
Objectifs pédagogiques Connaître l’intérêt de l’imagerie de désuperposition. Connaître les conséquences d’une atteinte chronique ou récidivante de l’oreille externe, sur les différents compartiments de l’oreille et sur les organes et les tissus avoisinants. Comprendre que des causes sous-jacentes expliquent parfois les difficultés de traitement d’une atteinte de l’oreille externe.
gestion Prix indicatif Le coût est d’environ
- 260 à 290 € pour un scanner - 280 à 400 € pour une IRM.
Essentiel Le scanner et l’IRM sont des techniques d’imagerie précieuses pour l’exploration de l’oreille externe, moyenne et interne. L’IRM est plus sensible que le scanner pour l’étude des tissus mous.
Lors d’otite externe chronique ou récidivante chez le chien ou le chat, le recours à l’imagerie de désuperposition, scanner et IRM, peut être intéressant. Ces méthodes d’investigation permettent d’évaluer les conséquences d’une otite externe sur les compartiments profonds de l’oreille (oreille moyenne et interne), et de rechercher d’éventuelles causes sous-jacentes à cette otite, afin d’effectuer le meilleur choix thérapeutique.
C
lassiquement, l’imagerie n’a pas sa place dans la liste des méthodes diagnostiques utilisées lors d’affections cutanées chez les carnivores domestiques. Cependant, lors d’otite externe chronique ou récidivante, des méthodes d’imagerie s’avèrent utiles pour dresser un bilan d’extension de l’atteinte auriculaire et vérifier si elle est exclusivement inflammatoire (otite au sens strict) ou s’il existe une cause sousjacente. Cela permet de choisir la meilleure solution thérapeutique, sur des animaux qui sont souvent des candidats potentiels à la chirurgie. Ces méthodes d’imagerie sont la radiographie, la tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique. Cet article développe l’intérêt du scanner et de l’IRM dans la gestion des otites externes pour évaluer leurs conséquences et en déterminer les causes sous-jacentes. QUELLE TECHNIQUE D’INVESTIGATION CHOISIR, DANS QUELLE SITUATION ? Imagerie de désuperposition ou autre examen complémentaire ? Pour évaluer le type et le degré d’atteinte des différents compartiments de l’oreille, il existe différents moyens diagnostiques : - l’otoscopie ou la vidéo-otoscopie ; - la radiographie ; - l’échographie ; - la tomodensitométrie ; - l’imagerie par résonance magnétique ; - la chirurgie.
L’exploration du conduit auditif et la visualisation du tympan sont souvent difficiles
CANINE - FÉLINE
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 512 - JUIN 2009
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par otoscopie. Le conduit auditif externe est en effet long et coudé (surtout chez le chien), et de plus, en cas d’inflammation chronique, il est souvent sténosé. La vidéo-otoscopie peut rendre l’exploration de la zone profonde du conduit auditif externe plus aisée, mais un tympan intact ne permet pas de conclure à une absence d’otite moyenne [1, 7]. Il est donc nécessaire de réaliser une myringotomie pour apprécier le contenu de la bulle [1, 7]. L’examen devient alors invasif.
La radiographie connaît d’importantes limites liées à l’existence de nombreuses superpositions anatomiques au niveau du crâne. Des clichés selon plusieurs incidences et sous anesthésie générale doivent être réalisés, d’où un coût de l’examen radiologique souvent analogue à celui du scanner [2]. Par ailleurs, la radiographie est peu sensible et entraîne souvent une sous-estimation des lésions [1, 2] (25 p. cent de faux négatifs lors d’otite moyenne [11, 13]), d’autant plus facilement que l’atteinte est aiguë, récente [1, 7]. Lors d’atteinte tumorale, il est possible de visualiser une éventuelle lyse osseuse, mais l’extension tumorale est en général mal évaluée [2].
L’échographie ne présente que peu d’intérêts. Elle améliore quelque peu la sensibilité de la radiographie, car elle permet de préciser l’existence d’une otite moyenne. En effet, la réflexion des ultrasons s’effectue selon une surface concave quand la bulle est pleine de liquide et selon une surface convexe quand la bulle est remplie d’air. L’exploration se limite à l’oreille moyenne [2] et les résultats obtenus dépendent beaucoup de l’expérience du manipulateur.
Le scanner et l’IRM sont des techniques d’imagerie en plein développement et très précieuses pour l’exploration de l’oreille externe, moyenne et interne. Elles nécessitent une anesthésie générale mais ne sont pas invasives [2]. Ces techniques présentent le double avantage, par rapport à la radiographie conventionnelle, de permettre une désuperposition des structures anatomiques étudiées et une détection des modifications même lorsqu’elles sont encore subtiles [2] (100 p. cent de diagnostic des atteintes de l’oreille moyenne [11]). Elles permettent un bilan d’extension local et régional du processus lésionnel.
nouvelle méthode d’investigation
l’échographie Caroline Boulocher1 Didier Pin2 1 Unité A.C.S.A.I. (Anatomie, Chirurgie, Soins Intensifs, Anesthésiologie et Imagerie) UPSP 2007.03.135 RTI2B 2 Unité de Dermatologie UPSP 2007.03.135 RTI2B École Nationale Vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Connaître l'intérêt de l'échographie dans l’exploration de la peau et dans le diagnostic, la surveillance et le suivi des affections cutanées.
en dermatologie chez le chien et le chat Actuellement encore limitée au domaine de la recherche, l'échographie cutanée est peu utilisée en dermatologie vétérinaire [2, 4, 15]. Depuis près de 30 ans, cette technique est un outil d'investigation en dermatologie chez l’Homme. C'est une technique d’imagerie non invasive, qui apporte des éléments d’informations complémentaires à l’examen dermatologique clinique.
L’
Le 1er prix éditorial 2007
Essentiel L'échographie cutanée est un examen à la fois qualitatif et quantitatif, sensible, reproductible, non invasif, immédiat et facilement réalisable sur l’animal. L’échogénicité et l’échotexture des structures cutanées reflètent la microarchitecture histologique et la teneur en eau des tissus.
échographie était utilisée initialement chez l’Homme pour mesurer l'épaisseur de la peau et la profondeur des lésions. Ses applications en routine sont maintenant très nombreuses, grâce à l'apparition de sondes de haute fréquence (figure 1) [1, 18]. Les données apportées par l'examen doppler sur la vascularisation intralésionnelle et la néovascularisation sont prometteuses, pour un diagnostic positif et différentiel des tumeurs cutanées [5, 13].
Chez l’animal, l’échographie est couramment utilisée en médecine générale (échographie abdominale et échocardiographie) et pour l'examen du système musculo-tendineux.
L'échographie cutanée sur l'animal présente un grand potentiel et l'utilisation de sondes de haute fréquence offre des perspectives riches et prometteuses en dermatologie chez le chien et le chat (figure 2).
Cet article présente l’examen échographique de la peau chez le chien et le chat, décrit l’aspect des images obtenues, et précise les applications actuelles et potentielles de cette technique d’imagerie en dermatologie vétérinaire.
COMMENT EFFECTUER UN EXAMEN ÉCHOGRAPHIQUE DE LA PEAU Le matériel La résolution de l'image échographique est le paramètre limitant de l'examen échographique de la peau (encadré 1). Elle dépend directement de la fréquence de la sonde utilisée.
Sans avoir la précision de l’analyse histologique, l’utilisation de sondes de haute fréquence (> 20 MHz) permet d’individualiser les différentes couches de la peau à l’état normal [14].
En dermatologie humaine, les sondes les plus couramment utilisées ont une fréquence de 20 MHz, ce qui correspond, selon la technologie de la sonde, à une résolution axiale de 50 à 80 µm et à une résolution latérale de 200 à 300 µm. Certains échographes sont équipés de sondes allant jusqu'à 100 MHz [8]. L'échographie doppler n'est pas compatible avec ces fréquences et nécessite un équipement particulier que n’offrent pas les échographes classiques.
En pratique vétérinaire, les sondes employées pour les échographies abdominales et cardiaques chez les carnivores
Figure 1 - Les indications de l'échographie en dermatologie chez l’Homme
Exploration des tumeurs cutanées malignes (mélanome malin, carcinomes basocellulaires et épidermoïdes…) et bénignes (nævus, kératoses séborrhéique, angiomes…) [13, 14]
CANINE - FÉLINE
Évaluation de la réaction aux tests cutanés (épicutanés et intradermiques), distinction réaction allergique/phénomène irritatif : mesure des paramètres de surface et des paramètres de l’inflammation [14]
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 518 - JUIN 2009
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Diagnostic et suivi des sclérodermies (localisées et systémiques), du psoriasis vulgaire, de l'eczéma de contact… [14]
Suivi de diverses thérapies locales (dermocorticoïdes, traitements au laser) ou systémiques (corticothérapie, substitutifs hormonaux) [10]
Mesure du photovieillissement [11]
Évaluation des brûlures (profondeur) et des tissus de cicatrisation (distinction tissus sains et hypertrophiques) [14]
Autres applications : évaluation de l'ostéoporose, dépistage d'ulcères des points de pression, études de l'hyperlaxité cutanée, détection de thrombose vasculaire superficielle, … [14]
nouvelle méthode d’investigation
la microscopie confocale à balayage laser
un examen complémentaire d'avenir ? La microscopie optique à balayage laser est une méthode non invasive d'imagerie tomographique à l'échelle cellulaire, avec une résolution proche de celle obtenue avec l’histologie.
Connaître le principe et l’intérêt de la microsopie confocale en dermatologie.
Image bidimensionnelle de microscopie confocale.
- À 15-20 µm de profondeur se trouve le stratum granulosum, formé de deux à quatre couches de cellules granuleuses.
- Elles ont une taille de 25 à 35 µm et un noyau central,
qui apparaît noir (flèches blanches), entouré d’un cytoplasme granuleux et plus lumineux (Barre = 25 µm).
taire non invasif en dermatologie chez l'Homme [1, 3].
L'architecture histologique de la peau est visualisée en trois dimensions, de façon dynamique. La résolution est proche de celle de l'histologie standard (0,5-1,0 µm de résolution latérale, 4 à 5 µm de résolution axiale), jusqu'à une profondeur de 300 à 400 µm. Cette limite d'exploration est due à la faible pénétration des ondes proches de l'infrarouge dans la peau. Chez l'homme, comme chez les animaux, l'épiderme, la jonction dermo-épidermique et le derme papillaire peuvent ainsi être détaillés [2, 4].
En pratique, un anneau est posé sur la région d'intérêt pour la fixer. Cette zone est ensuite mise en contact mécanique avec la lentille de l'objectif du microscope, par l'intermédiaire d'un liquide d'immersion (eau ou gel). L'opérateur visualise des coupes de la peau dans les plans horizontal et vertical en parallèle. Après un examen global de la région étudiée, il peut ensuite zoomer sur la zone à caractériser.
Les images sont stockées sous format D.I.C.O.M. (photo), et des vidéos peuvent être enregistrées, puis exportées [5]. CONCLUSION
QUEL EST SON INTÉRÊT ?
Le 1er prix éditorial 2007
Essentiel La microscopie confocale, technique très avancée en microscopie optique, présente l’avantage de pouvoir acquérir des images du tissu analysé in vivo, sans l’endommager.
Références 1. Gonzalez S, Swindells K, Rajadhyaksha M, coll. Changing paradigms in dermatology: confocal microscopy in clinical and surgical dermatology. Clin Dermatol. 2003;21:359-69. 2. Marghoob AA, Charles CA, Busam KJ, coll. In vivo confocal scanning laser microscopy of a series of congenital melanocytic nevi suggestive of having developed malignant melanoma. Arch Dermatol. 2005;141(11):1401-12. 3. Pellacani G, Cesinaro AM, Seidenari S. In vivo assessment of melanocytic nests in nevi and melanomas by reflectance confocal microscopy. Mod Pathol. 2005;18:469-74. 4. Rajadhyaksha M, González S, Zavislan JM, coll. In vivo confocal scanning laser microscopy of human skin II: advances in instrumentation and comparison with histology. J Invest Dermatol. 1999;113(3):293-303. 5. http://www.olympusconfocal.com /theory/confocalintro.html accédé en ligne le 05/07/2008.
La microscopie confocale à balayage laser est actuellement de plus en plus utilisée chez l’homme en pratique courante.
Cette technique est une piste prometteuse pour la dermatologie chez les animaux.¿
Crédit Formation Continue :
Remerciements
0,05 CFC par article
La microscopie confocale est une technique d'imagerie “cellulaire” non invasive, elle permet de réaliser un examen histologique de la peau in vivo et en temps réel. Cette technique est de plus en plus utilisée comme moyen d'investigation complémen
1 Unité A.C.S.A.I. (Anatomie, Chirurgie, Soins Intensifs, Anesthésiologie et Imagerie) UPSP 2007.03.135 RTI2B 2 Unité de Dermatologie UPSP 2007.03.135 RTI2B École Nationale Vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique
LE PRINCIPE DE CETTE TECHNIQUE
Les images des tissus obtenues par microscopie confocale in vivo ressemblent à celles obtenues ex vivo en microscopie optique classique. La façon dont elles sont générées est cependant totalement différente, et réalisable in vivo.
Le principe physique de la microscopie confocale a été décrit pour la 1re fois par Marvin Lee Minsky, dans le milieu des années 1950. Ce n'est qu'à la fin des années 1980 que cette technique a commencé à être utilisée pour l'analyse des tissus biologiques. Le plus souvent, un rayon laser est utilisé comme source de lumière.
L’appareil est un microscope confocal à balayage laser, ou M.C.B.L. (C.L.S.M. en anglais pour Confocal Laser Scanning Microscope). Les tissus ne sont pas directement observés par l'utilisateur. Les images sont recomposées par un ordinateur.
La microscopie confocale peut être considérée comme une tomographie à l'échelle cellulaire. L’opérateur visualise des sections horizontales (ou sections “optiques”) du tissu. Une série de sections optiques est ensuite obtenue, par le déplacement du plan focal de l’objectif à différentes profondeurs du tissu. Une fois la tomographie obtenue, en réunissant les différentes images, comme pour le scanner à rayon X, l'ordinateur peut reconstruire par stéréoscopie une vue en trois dimensions du tissu, ou une vue en deux dimensions, nette en tout point de la zone imagée.
Caroline Boulocher1 Didier Pin2
à MAVIG GmbH pour l’image de microscopie confocale.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 523
approche clinique en dermatologie
et choix des examens complémentaires
accessibles au praticien en dermatologie chez le chat
Geneviève Marignac Blaise Hubert Céline Hadjaje Unité de Parasitologie-Dermatologie E.N.V. Alfort 94704 Maisons-Alfort Cedex
La consultation dermatologique permet au clinicien de s’orienter vers des hypothèses diagnostiques en prenant en compte les spécificités du chat. Selon ces hypothèses, un choix hiérarchisé d’examens complémentaires adaptés permet de confirmer le diagnostic.
Objectif pédagogique Savoir choisir les examens complémentaires adaptés chez le chat dans une démarche diagnostique rigoureuse pour mettre en place un traitement adapté.
L
a consultation de dermatologie chez le chat suit la même démarche que pour le chien. Un recueil précis de l’anamnèse et des circonstances d’apparition de la dermatose sont indispensables. Ensuite seulement, l’examen clinique général et dermatologique, la formulation d’hypothèses diagnostiques hiérarchisées, la mise en place d’examens complémentaires adéquats, se terminent par la prescription d’un traitement adapté. Cet article complète celui de la consultation de dermatologie chez le chien* et détaille les spécificités de la consultation chez le chat.
Le 1er prix éditorial 2007
NOTE *cf. l’article “Approche clinique et choix des examens complémentaires accessibles au praticien en dermatologie”, de C. Hadjaje, G. Marignac, B. Hubert, dans ce numéro.
L’ANAMNÈSE Dans l’espèce féline, il convient d’être particulièrement attentif à l’âge d’apparition des lésions.
Si les animaux âgés sont prédisposés aux maladies de système ou aux néoplasmes, les jeunes chats ne sont pas les seuls à être prédisposés aux ectoparasitoses et aux dermatophytoses. En effet, tout chat non confiné est prédisposé à ces atteintes en raison du
Essentiel La conduite de l’examen dermatologique chez le chat obéit aux mêmes critères que celui du chien. Toutefois, la spécificité de la pathologie féline nécessite une interprétation particulière des examens complémentaires.
temps passé à l’extérieur et à la méthode de chasse à l’affût.
Pour ces animaux qui sortent, des affections particulières à l’espèce comme la poxvirose (apparition brutale de lésion érosive croûteuse podale ou faciale) ou la kératose actinique sont à ne pas omettre.
La présence d’autres animaux au sein du foyer ou dans les maisons voisines est aussi souvent instructive (un lapin ou un cobaye dans l’entourage évoque une possible contamination par T. mentagrophytes).
Les particularités raciales sont aussi importantes : par exemple, les Persans sont très prédisposés aux dermatophytoses, à la séborrhée primaire idiopathique ou au syndrome “dirty face” (photo 1) ; les Bengal à l’artérite du philtrum nasal ; les chats blancs aux kératoses actiniques et aux carcinomes épidermoïdes, … Le tableau 1 rapporte quelques prédispositions raciales parmi les plus fréquentes.
Tableau 1 - Quelques prédispositions raciales du chat Races
FÉLINE
0,05 CFC par article
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Prédispositions
Persan
- Dermatophytose - Séborrhée primaire idiopathique
Exotic short hair
- Séborrhée primaire idiopathique
Sphinx Devon Rex
- Urticaire pigmentaire - Séborrhée idiopathique
Européen blanc ou à taches blanches
- Kératose actinique - Carcinome épidermoïde
Européen roux
Crédit Formation Continue :
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 524 - JUIN 2009
1
“Dirty face syndrom” chez un Persan (photo Parasitologie-Dermatologie ENVA).
- Lentigo
nutrition alimenter ou non
un chien lors de pancréatite aiguë
Lors de pancréatite aiguë, “to feed or not to feed”, là est la question ! Tiraillé entre l’école du jeun et celle de la réalimentation, le clinicien est parfois désabusé. Cet article vise à fournir les données scientifiques actuelles qui guident ces deux approches et propose des recommandations pratiques.
L
e jeûne total a longtemps été la pierre angulaire du traitement des pancréatites aiguës canines. Ce dogme provenait d’un raisonnement logique selon lequel le pancréas devait être mis au repos. L’alimentation était considérée comme un élément d’auto-entretien de la pancréatite.
Les données issues de la médecine humaine et de la recherche expérimentale remettent en cause cette approche.
Après un rappel sur les notions de physiologie, de physiopathologie, et sur le rôle majeur du pancréas dans la digestion des protéines, des glucides et des lipides (encadré), cet article répond à trois questions importantes : quand, comment et avec quel type d’aliment faut-il nourrir un chien atteint de pancréatite aiguë ? QU’EST-CE QU’UNE PANCRÉATITE AIGUË CHEZ LE CHIEN ? La pancréatite résulte d’un processus d’autodigestion. L’extravasation des enzymes digestives pancréatiques provoque une irritation chimique généralisée qui peut se traduire par de l’œdème simple mais aussi par la nécrose et une hémorragie grave.
Des phénomènes inflammatoires en cascade entrent alors en jeu. La libération de cytokines, de peptides vasoactifs, l’activation du système kallikréine/kinines et/ou de la cascade de la coagulation entraînent une réponse inflammatoire systémique d’intensité variable.
LES ARGUMENTS EN FAVEUR DU JEÛNE ET DE LA RÉALIMENTATION Une diète totale prolongée a été préconisée pendant longtemps, y compris chez l’Homme.
Juan Hernandez1 Géraldine Blanchard2 1C.H.V. Frégis Service de médecine interne 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil
Progressivement, les délais de diète ont été raccourcis. Quel soutien nutritionnel faut-il mettre en place ?
2Consultant en nutrition 33, avenue Ile de France 92186 Antony
Des arguments en faveur du jeûne Les éléments de physiologie (encadré 1) incitent à proposer le jeûne complet comme partie intégrante du traitement.
Le jeûne vise à réduire les sécrétions enzymatiques et à limiter l’autodigestion de l’organe. Dès lors, le chien n’est pas exposé à l’odeur des aliments (phase céphalique) et aucun aliment qui puisse induire la libération de cholécystokinine (C.C.K.) et de sécrétine n’est administré.
Objectif pédagogique Savoir quand, comment et avec quel type d’aliment nourrir un chien atteint de pancréatite aiguë.
Des arguments en faveur de la réalimentation parentérale
Le 1er prix éditorial 2007
Lors de pancréatite, les dépenses énergétiques augmentent de manière importante [3] et une perte de la masse protéique due à la réponse inflammatoire, elle-même conséquence de la nécrose du pancréas et des tissus avoisinants, est aussi observée [5]. Une augmentation de l'uréogenèse, une intolérance au glucose, une augmentation de la lipolyse accompagnent le catabolisme protéique.
Cette situation catabolique est aggravée par le jeûne, qui est déjà, en lui-même, à l’origine d’une dénutrition.
La réalimentation des chiens atteints de pancréatite aiguë est donc indispensable. En effet, par rapport au besoin en énergie de base, les besoins énergétiques peuvent être multipliés par 1,2 à 1,5 lors d’une pancréatite aiguë.
Des arguments en faveur de la réalimentation entérale : nutrition parentérale totale ou nutrition entérale totale
La nutrition parentérale totale (N.P.T.) était considérée comme la voie d'abord idéale car elle était sensée ne pas stimuler la sécrétion pancréatique. Plusieurs travaux chez l’Homme montrent une diminution de la mortalité et de la morbidité chez les patients réalimentés par N.P.T. par rapport à un groupe non alimenté [1].
Les inconvénients de la nutrition parentérale totale (N.P.T.) sont cependant multiples : risque d'infection du cathéter central, hyper-
Essentiel La réalimentation des chiens atteints de pancréatite aiguë est donc indispensable. Lors de pancréatite, les besoins énergétiques peuvent en effet être multipliés par 1,2 à 1,5 par rapport au besoin en énergie de base.
RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 527
observation originale
observation clinique des calculs de xanthine chez un chien leishmanien traité par l’allopurinol
L’association allopurinol et antimoniate de méglumine est définie comme le traitement de consensus de la leishmaniose par la Société française de parasitologie. Cette observation clinique permet de comprendre le mécanisme de formation des calculs de xanthine, et propose des solutions pour éviter leur formation lors du traitement d’un chien leishmanien.
U
n chien croisé Beagle, mâle castré, âgé de 8 ans, nous est présenté pour une obstruction urétrale due à une urolithiase. L’animal pèse 13,8 kg. Il est non vacciné et nourri exclusivement avec des aliments humides achetés en supermarché.
Une 1 ère obstruction s'était produite 2 mois plus tôt. Un sondage urétral et un traitement médical avaient permis la reprise des mictions. Les propriétaires ne souhaitaient pas le faire opérer.
Une leishmaniose a été diagnostiquée chez ce chien 6 ans auparavant (immunofluorescence indirecte (I.F.I.) positive au 1/800 ; seuil de positivité du laboratoire* : > 1/100 ; 1/50 et 1/100 considérés comme douteux).
Un traitement d’induction associant de l’antimoniate de N-méthylglucamine (Glucantime®, Mérial) et de l’allopurinol** a été mis en œuvre, suivi d’un traitement d’entretien : deux administrations quotidiennes d’allopurinol 200 mg par voie orale, (soit 14,5 mg/kg matin et soir), et une injection sous-cutanée de Glucantime® (deux ampoules, soit 217 mg/kg), toutes les 3 semaines.
Depuis la mise en place de ce traitement, des sérologies leishmaniose de contrôle, réalisées chaque année (cinq en tout), ont toujours été positives, avec des titres variant de 1/100 à 1/400 (dernier titre connu, 8 mois auparavant).
NOTES * Laboratoire Bio St-O 31650 Saint-Orens-de-Gameville. ** Spécialité de médecine humaine
Jean-Pierre Beaufils1 Pierre-Christophe Dhéry2 1Clinique
Vétérinaire Route de Salinelles 30250 Sommières
2Clinique
Vétérinaire La Cigale Place des enfants de troupe 30170 Saint-Hippolyte-du-Fort
Objectif pédagogique Connaître le mécanisme de formation des calculs de xanthine, et savoir éviter leur formation lors du traitement un chien leishmanien. Quelques uns des calculs de xanthine retirés de la vessie du Beagle, après hydropropulsion rétrograde (photo J.-P. Beaufils).
Le 1er prix éditorial 2007
EXAMEN CLINIQUE ET EXAMENS COMPLÉMENTAIRES À l'examen clinique, le chien apparaît abattu. Sa température rectale est normale.
Sa vessie est très dure et distendue. Un sondage urinaire est réalisé avec difficulté, la sonde bloquant à plusieurs reprises sur des structures solides, probablement des calculs. Environ un litre d'urine mélangée à du sang est retiré.
Une échographie de la vessie montre la présence de plusieurs calculs de petite taille.
Un examen biochimique révèle un taux d’urée sanguine légèrement augmenté (0,7 g/l, valeurs usuelles 0,2-0,5 g/l), alors que la créatininémie, la glycémie et la protidémie sont dans les limites des valeurs usuelles.
Une cystotomie, suivie d'une hydropropulsion rétrograde, est décidée avec les propriétaires, avec une éventuelle urétrostomie pour faire remonter tous les calculs urétraux dans la vessie, si besoin.
TRAITEMENT CHIRURGICAL ET ÉVOLUTION Lors de la laparotomie, la paroi vésicale apparaît hémorragique. Du mésothélium est adhérent à cette paroi, probable séquelle de l'occlusion survenue 2 mois plus tôt.
La vessie est incisée et deux calculs de couleur verte, d'aspect bosselé, mesurant quelques millimètres, sont extraits dans la région du col.
Motif de consultation Obstruction urétrale due à une urolithiase.
Essentiel Les calculs de xanthine ont un aspect comparable aux calculs d’urate : petits, verts et lisses.
RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 533
revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - Journal of the American Veterinary Medical Association (JAVMA) - Journal Veterinary International Medicine (J Vet Inter Med) - Journal of Feline Medicine and Surgery - Domestic Animal Endocrinology
2009;234(4):486-94 2008:22, 2009;23 ..................................................................................................................................................................................................20 2009;11(6):499-502 ....................................................................................................................................................................................................................................................... 2008:34 ............................................................................................................................
..................................................................................................................................................
Endocrinologie
Cardiologie
chez le chien et le chat
- Syndrome de Cushing LH-dépendant chez un furet
- Évaluation du risque d’endocardite et d’autres affections cardiaques en fonction de la sévérité de l’affection parodontale chez le chien
Maladies infectieuses
Reproduction - Suivi après traitement du pyomètre par l'aglépristone chez le chat
Cancérologie - Le masitinib, sûr et efficace pour le
traitement des matocytomes canins
- L’ascite est un facteur pronostique négatif pour les chiens atteints d’hépatite chronique
Gastroentérologie
Synthèses rédigées par
- Effets de la qualité de l’échantillon sur la sensibilité des biopsies per-endoscopiques dans la détection des lésions gastriques et duodénales
Colette Arpaillange, Julien Debeaupuits, Anne Gogny
un panorama des meilleurs articles Endocrinologie
SYNDROME DE CUSHING LH-DÉPENDANT chez un furet Cet article décrit un cas d’hyperadrénocorticisme LH-dépendant chez un furet castré. L'hyperadrénocorticisme a trois causes possibles : 1. un hyperaldostéronisme ; 2. un hypercortisolisme, qui peut résulter de l'expression anormale de récepteurs à la LH ; 3. ou un hyperandrogénisme.
Chez le furet castré, l'hyperandrogénisme est la cause la plus fréquente. Dans cette espèce, le tissu surrénalien exprime des récepteurs à la LH, qui ne sont fonctionnels que chez les animaux malades. Historique du cas
Un furet mâle castré âgé de 5 ans est présenté pour polyuro-polydipsie, polyphagie et fatigabilité depuis 8 mois. L'examen clinique ne montre aucune anomalie, en dehors d'une légère alopécie sur la tête. Les valeurs biochimiques sanguines sont comprises dans les valeurs usuelles, ainsi que la numération-formule sanguine.
Les dosages et les tests sont réalisés chez l'animal malade, et confrontés aux résultats des mêmes tests effectués dans un groupe de furets des deux sexes, castrés et cliniquement sains.
Chez le furet étudié, le ratio corticoïdes/créatinine urinaire (R.C.C.U.) est plus élevé, et l'ACTH plasmatique beaucoup plus faible que dans le groupe contrôle. Ces résultats excluent un diagnostic d'hypercortisolisme ACTH-dépendant.
L'examen échographique montre une hypertrophie de la glande surrénale droite, tandis que la gauche ne peut être détectée.
La fonction des récepteurs à la LH est explorée par un test de stimulation à l'hCG, il montre une augmentation du cortisol plasmatiques et de l’androstènedione, chez le furet malade uniquement.
Un diagnostic d'hypercortisolisme LH-dépendant associé à un hyperandrogénisme est alors établi. Le traitement consiste en la pose d'un implant de 9,4 mg de desloreline (Suprelorin®).
Quatre mois après, les valeurs du R.C.C.U. et de l'androstènedione plasmatique avant stimulation sont identiques à celles mesurées chez les furets sains, et l'ACTH plasmatique a augmenté. Les symptômes cliniques ont disparu. À l'échographie, la taille de la glande surrénale droite a diminué, et la glande gauche est visible et de taille normale. Les résultats des mêmes tests, effectués 20 mois plus tard, sont tous compris dans les valeurs de référence.
Objectifs de l’étude Évaluer l’efficacité d’un traitement par un agoniste à la GnRH sur un cas d’hypercortisolisme LH-dépendant chez un furet castré.
Discussion Le diagnostic de l’hypercortisolisme LHdépendant a été établi grâce aux éléments suivants : 1- des signes cliniques proches du syndrome de Cushing ; 2- la valeur initiale du R.C.C.U. élevée ; 3- l'augmentation de la taille d’une surrénale et l'atrophie de l’autre ; 4- l'augmentation de la cortisolémie après administration d’hCG ; 5- l'inhibition de la sécrétion d’ACTH ; 6- la guérison des symptômes et la normalisation des valeurs après la pose de l’implant de desloreline.
L'augmentation unilatérale de la taille des surrénales n'est pas expliquée.
Il s'agit du 1er cas confirmé d’hypercortisolisme LH-dépendant traité efficacement par un agoniste à la GnRH chez un furet. ¿
Domestic Animal Endocrinology 2008;34:278-283 Luteinizing hormone-dependent Cushing’s syndrome in a pet ferret (Mustela putorius furo). Schoemaker NJ, Kuijten AM, Galac S.
Synthèse par Anne Gogny, résidente E.C.A.R., Reproduction des Animaux de compagnie, C.H.V., E.N.V.N.
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FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 537
revue internationale - un panorama des meilleurs articles de canine - féline
Maladies infectieuses
Objectif de l’étude Évaluer l’importance de l’ascite dans l’évolution des animaux souffrant d’hépatite chronique.
Journal Veterinary International Medicine 2009;23:63-6 Ascite is a negative prognostic indicator in chronic hepatitis in dogs. Raffan E, Mc Callum A, Scase TJ, Watson PJ.
NOTE
* Liver standardization group. W.S.A.V.A. Standards for Clinical and Histological Diagnosis of Canine and Feline Liver Diseases. Philadelphia, PA: Elsevier; 2006.
Synthèse par Julien Debeaupuits, Praticien Hospitalier, Unité de médecine, E.N.V.A.
L’ASCITE EST UN FACTEUR PRONOSTIQUE NÉGATIF pour les chiens atteints d’hépatite chronique L’évaluation de critères pronostiques lors d’hépatite chronique (H.C.) a déjà fait l’objet de nombreuses publications. L’ascite est associée à une mauvaise évolution chez l’Homme. Méthodes Cette étude rétrospective porte sur 34 chiens (janvier 1996, décembre 2005).
Les critères d’inclusion sont : diagnostic d’une hépatite chronique (H.C.) selon les critères histologiques de la W.S.A.V.A.*, augmentation des alanines aminotransferases, signes cliniques compatibles avec une hépatopathie au moment de la biopsie, dossier clinique complet et suivi.
Ont été exclus les animaux présentant une cause d’hépatopathie, un manque de suivi ou la présence d’une affection non-hépatique au moment de la biopsie.
Résultats 14 chiens présentent de l’ascite au moment de la biopsie. Cinq animaux ont été euthanasiés pour des raisons non liées à l’H.C. 22 chiens ont été euthanasiés et 4 sont morts pour des raisons liées à l’H.C. Seuls 3 sont tou-
Cardiologie
Les animaux ont été sélectionnés entre 2002 et 2006, à partir d’une base de données regroupant plus de 650 structures vétérinaires. Les critères d’inclusion sont la présence d’une affection parodontale et l’évaluation de son stade (1, 2 ou 3) : - stade 1 : inflammation gingivale aiguë sans récessus ; - stade 2 : gingivite chronique (> 6 mois), moins de 25 p. cent de perte de l’attachement ou de lyse de l’os alvéolaire, et parfois associée à des poches parodontales ; - stade 3 : même caractéristiques que le grade 2 mais avec une perte jusqu’à 50 p. cent.
Les animaux ont été exclus quand les données épidémiologiques et cliniques étaient incomplètes, le grade de la maladie n’avait pas été établi, les animaux n’ont pas été suivis ou quand ils avaient plus de 15 ans.
Une cohorte d’animaux “sains” a été sélectionnée à partir de la même base de données. Les critères d’inclusion ont été une absence de diagnostic de maladie parodontale lors de la consultation ou dans les antécédents. Le choix de ces animaux “sains” respecte les données épidémiologiques des animaux malades.
Ces deux groupes ont été comparés entre eux, pour évaluer l’apparition d’évènements cardiovasculaires (cardiomyopathies, insuffisances valvulaires, endocardite, arythmies, anomalies cliniques cardio-dépendantes) et non cardio-vasculaires théoriquement indépendants de l’affection paro
Estimer la répercussion des affections parodontales sur l’appareil cardiovasculaire (endocardite et cardiomyopathie notamment) chez le chien.
Journal of the American Veterinary Medical Association 2009;234(4):486-94 Evaluation of the risk of endocarditis and other cardiovascular events on the basis of the severity of periodontal disease in dogs. Glickman LT, Glickman NW, Moore GE, Goldstein GS, Lewis HB.
FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 538 - JUIN 2009
Discussion et conclusion
L’étude montre que l’ascite est un facteur pronostique pertinent pour l’évolution des chiens avec hépatite chronique (H.C.).
Les origines de l’épanchement sont l’hypertension portale (par accumulation de collagène et fibrose de la région périsinusoïdale), l’activation neurohormonale et l’hypoalbuminémie. ¿
ÉVALUATION DU RISQUE D’ENDOCARDITE ET D’AUTRES AFFECTIONS CARDIAQUES en fonction de la sévérité de l’affection parodontale chez le chien Méthodes
Objectif de l’étude
jours vivants à la fin de l’étude. La médiane de survie des animaux du diagnostic jusqu’à la mort secondaire à l’HC est de moins de 2 semaines (1-3) pour les chiens avec épanchement et de 24,3 mois (11,4-37,1) sans épanchement. La médiane de survie des animaux depuis l’apparition des signes cliniques jusqu’à la mort est de 2 mois (0-5,6) pour les chiens avec épanchement, et de 33 mois (8,6-57,4) pour les chiens sans épanchement.
Aucune différence significative n’est constatée entre les groupes concernant le sexe ou le traitement mis en place sauf pour l’alimentation et l’usage de la spironolactone (diurétique de choix lors d’ascite secondaire à une hépatopathie).
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dontale (par exemple dysplasie de la hanche, hémangiosarcome ou borréliose, …). Résultats 59 296 chiens sont atteints de maladies parodontales (23 043 stade 1 ; 20 732 stade 2 ; 15 521 stade 3) et sont comparés à 59 296 chiens sains épidémiologiquement compatibles.
La comparaison de l’apparition de maladies à priori indépendantes d’une affection parodontale avec les deux cohortes révèle une association faiblement significative entre la dysplasie de la hanche, l’incontinence urinaire, la maladie de Lyme et l’affection parodontale.
Les affections cardiaques sont retrouvées de façon significative plus fréquemment chez les animaux souffrant d’une maladie parodontale. La fréquence de ces affections est corrélée à l’intensité de la maladie parodontale. Ainsi, les animaux avec un stade 3 ont six fois plus de risques de développer une endocardite que les animaux sains et près de quatre fois plus de développer une cardiomyopathie hypertrophique.
Discussion Cette étude épidémiologique montre qu’il existe une corrélation entre une affection parodontale sévère et certains événements cardiovasculaires chez le chien (endocardite et cardiomyopathie en particulier) : en effet, les chiens avec une maladie parodontale de stade 3 ont six fois plus de risques de développer une endocardite. Ces résultats comparés aux données en
revue internationale - un panorama des meilleurs articles de canine - féline médecine humaine suggèrent l’intérêt théorique d’une mise en place de mesures prophylactiques dans la gestion des maladies parodontales.
Néanmoins, malgré la richesse des cas observés, plusieurs points sont à regretter : - étude rétrospective ; - absence de standardisation précise de l’évaluation de la maladie parodontale ; - absence de standardisation de la méthode diagnostique des événements cardio-vasculaires, notamment l’endocardite pour laquelle aucun examen n’est optimal ; - absence de standardisation des mesures pro-
phylactiques éventuellement mises en place pour la gestion des affections parodontales sévères. Conclusion Les résultats de cette étude montrent que la maladie parodontale peut être associée à certaines affections cardio-vasculaires, notamment endocardite ou cardiomyopathie.
L’inflammation chronique est probablement un mécanisme important dans la relation entre flore buccale et affection systémique. Les soins bucco-dentaires occupent donc une place privilégiée dans la médecine préventive canine. ¿
Synthèse par Julien Debeaupuits, Praticien Hospitalier, Unité de médecine, E.N.V.A.
Gastroentérologie
EFFETS DE LA QUALITÉ DE L’ÉCHANTILLON SUR LA SENSIBILITÉ DES BIOPSIES PER-ENDOSCOPIQUES dans la détection des lésions gastriques et duodénales chez le chien et le chat Matériels et méthodes Les critères d’inclusion de cette étude multicentrique portant sur 99 chiens et 51 chats sont : - réalisation d’une endoscopie digestive haute sur des chiens et chats symptomatiques ; - biopsies réalisées lors de l’endoscopie ; - absence de lésions focales évidentes macroscopiquement (ulcère, masse) ; - confirmation du point précèdent histologiquement.
L’évaluation histologique a été réalisée par le même opérateur qui a défini la nature de la lésion (selon le standard WSAVA) et caractérisé la qualité de l’échantillon (inadapté, marginal ou adapté), sur la base de la représentativité de celui-ci (nombre de villosités et profondeur du prélèvement).
Résultats 2 126 échantillons ont été obtenus et classés en inadapté (238), marginal (643), adapté (1 243) et non évalué (2). Le diagnostic histologique a été lymphangiectasie (27), atrophie villositaire (26), lésions des cryptes (20), lymphome (6), infiltration duodénale (94) et infiltration gastrique (87). Plusieurs lésions peuvent coexister sur le même animal.
Chez le chien, la qualité de l’échantillon est primordiale. Les échantillons inadaptés contiennent peu de lésions.
Chez le chat, la même tendance est retrouvée hormis pour les infiltrations cellulaires modérées pour lesquelles la qualité de l’échantillon influence peu le diagnostic.
L’estimation du nombre d’échantillons nécessaires au diagnostic du lymphome en fonction de la qualité du prélèvement n’a pu être évaluée, compte tenu du faible nombre de cas (6).
Six prélèvements de muqueuse duodénale de qualité marginale à bonne semblent nécessaires pour un diagnostic lésionnel avec 99 p. cent de confiance (exception faite lors de maladie des cryptes chez le chien où 13 échantillons sont nécessaires). Si les prélèvements sont inadaptés, le nombre d’échantillons requis passe à 10-15
pour le même indice de confiance (voire 20 lors de maladies des cryptes). Discussion
Objectif de l’étude
L’étude démontre que la qualité du prélèvement influe fortement sur la sensibilité diagnostique des biopsies gastriques et duodénales obtenues par endoscopie. Ainsi, une diminution de sa qualité (prélèvement trop superficiel) requiert d’augmenter le nombre d’échantillons afin d’établir le diagnostic. L’inverse est également démontré. Exception faite lors d’infiltration cellulaire modérée des muqueuses gastriques et duodénales félines, où la marginalité des prélèvements ne diminue pas la sensibilité diagnostique.
L’étude ne permet pas d’établir précisément le nombre de prélèvements nécessaires en fonction de l’affection recherchée. Toutefois, la qualité est inversement proportionnelle au nombre de prélèvements nécessaires.
Bien que l’étude ait été réalisée dans des centres de référés en gastro-entérologie avec différents intervenants, il est à regretter l’absence de standardisation du matériel (endoscope, pinces), de la méthode de prélèvement, et du choix du nombre d’échantillons prélevés (variable selon les animaux et les vétérinaires).
Une tendance à un moins grand nombre de prélèvements est observée pour un diagnostic chez le chat par rapport au chien. La taille de l’endoscope et de son canal opérateur par rapport à l’animal ainsi que la relative finesse de la muqueuse intestinale semblent faciliter le diagnostic dans l’espèce féline.
Évaluer la répercussion de la qualité des biopsies de muqueuse gastro-intestinale obtenue par endoscopie sur le diagnostic lésionnel.
Journal Veterinary International Medicine 2008;22:1084-9. Effect of sample quality on the sensitivity of endoscopic biopsy for detecting gastric and duodenal lesions in dogs and cats. Willard MD, Mansell J, Fosgate GT, Gualtieri M, Olivero D, Lecoindre P, Twedt DC, Collett MG, Day MJ, Hall EJ, Jergens AE, Simpson JW, Else RW, Washabau RJ.
Conclusion
L’étude démontre que la qualité des prélèvements de muqueuses gastriques et intestinales, obtenus par endoscopie, a de profondes répercussions sur la sensibilité diagnostique et le nombre de fragments nécessaires à l’identification de certaines lésions.
Ainsi, un commentaire sur la représentativité de l’échantillon au sein du compte rendu histologique est nécessaire pour permettre une bonne interprétation des résultats. ¿
Synthèse par Julien Debeaupuits, Praticien Hospitalier, Unité de médecine, E.N.V.A.
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FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 JUIN 2009 - 539
revue internationale - un panorama des meilleurs articles de canine - féline
Reproduction
SUIVI APRÈS TRAITEMENT DU PYOMÈTRE PAR L'AGLÉPRISTONE CHEZ LE CHAT Matériel et méthodes Chez 10 chattes nullipares, un diagnostic de pyomètre est établi sur la base de l'anamnèse, de l'examen clinique, des résultats de la numérationformule sanguine (N.F.S.) et d'une échographie.
Le traitement comprend des injections souscutanées d'aglépristone administrées à la dose de 10 mg/kg à J 1, J 2, J 7 et à J 14 si nécessaire, et de sulfamides / triméthoprime à la dose de 15 mg/kg, une fois par jour pendant 7 jours.
Le suivi inclut une N.F.S. et une échographie abdominale 2 semaines après la fin du traitement, ainsi qu'un suivi échographique au cours des 2 années suivantes.
Objectifs de l’étude Évaluer l'efficacité du traitement du pyomètre par l'aglépristone chez le chat, et le taux de récidive de l'affection.
Journal of Feline Medicine and Surgery 2009;11(6):499-502
Résultats Les chattes sont âgées de 8,2 ans en moyenne. Les signes cliniques associés au pyomètre durent de 4 à 21 jours et sont une anorexie, un abattement, des vomissements, une distension abdominale et des pertes vulvaires. Celles-ci augmentent au cours des 24 h qui suivent la 1re injection d'aglépristone, et cessent avant J 14 chez toutes les chattes sauf une. L'état général des animaux s'améliore en moins de 7 jours.
À l'examen échographique initial, le diamètre luminal utérin est de 0,7 à 5,7 cm. Il diminue après traitement, et l'utérus ne peut plus être visualisé dès J 14-J 21. La N.F.S. ne montre une leucocytose que chez quatre animaux.
Le succès à court terme (avant J 21) du traite-
Follow-up examinations after medical treatment of pyometra in cats with the progesteroneantagonist aglepristone. Nak D, Nak Y, Tuna B.
Synthèse par Anne Gogny, résidente E.C.A.R., Reproduction des Animaux de compagnie, C.H.V., E.N.V.N.
Cancérologie
Évaluer l’effet thérapeutique du masitinib sur les mastocytomes du chien (Mastocytomes de Grade II ou III, récidivants ou ne relevant pas de la chirurgie).
Masitinib is safe and effective for the treatment of canine mast cell tumors. Hahn KA, Oglivie G, Rusk T, Devauchelle P, Leblanc A, Legendre A, Powers B, Leventhal PS, Kinet JP, Palmerini F, Dubreuil P, Moussy A, Hermine O. Synthèse par Colette Arpaillange, praticien hospitalier C.H.V., E.N.V.N.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 8 / n°41 540 - JUIN 2009
Discussion et conclusion Le pyomètre est décrit chez les chattes de plus de 5 ans, qui ont eu ou non des portées antérieures. Seuls les chats avec un pyomètre à col ouvert montrent des pertes vulvaires, le plus souvent crémeuses, de couleur rosée à brun. Une leucocytose n'est pas systématique.
L'ovariohystérectomie est le traitement préférentiel, mais un traitement médical est utile si la reproduction est envisagée, ou si l'animal est trop âgé ou trop malade pour subir une intervention chirurgicale.
Le traitement médical inclut les prostaglandines, qui ne peuvent être utilisées que dans les cas de pyomètre à col ouvert et qui présentent de nombreux effets indésirables, et l'aglépristone. Cette dernière, un antagoniste compétitif de la progestérone, a permis le traitement du pyomètre chez 100 p. cent des chattes (4 animaux) dans une autre étude.
Ici, les chattes n'ont pas été saillies par la suite en raison de leur âge, et la fertilité après traitement n'a pas pu être évaluée.
Cette étude montre que l'aglépristone est un traitement efficace et sûr dans le traitement du pyomètre de la chatte, à court et à long terme. Ses conséquences sur la fertilité de l'animal méritent néanmoins d'être explorées. ¿
LE MASITINIB, SÛR ET EFFICACE POUR LE TRAITEMENT DES MASTOCYTOMES CANINS
Objectif de l’étude
Journal Veterinary International Medicine 2008;22(6):1301-9
ment est de 90 p. cent. Aucune récidive n'est observée au cours des 2 ans qui suivent.
Le masitinib est un inhibiteur de l’activité des tyrosines kinases. Or, certains mastocytomes du chien (environ 20 à 30 p. cent) expriment une mutation du proto-oncogène c-KIT, qui code pour une protéine de type tyrosine kinase qui présente alors une activité anormale. Matériel et méthodes
L’étude a porté sur des cas de mastocytomes mesurables de grade II ou de grade III sans métastases ganglionnaire ou viscérale, traités préalablement ou non, soit récidivants soit ne relevant pas de la chirurgie (par impossibilité d'opérer en marge saine ou par décision du propriétaire).
Dans cette étude multicentrique, 202 chiens ont été inclus entre février 2005 et octobre 2006, répartis en groupe traité (n= 161) et placebo (n = 41). Au préalable, la mutation du récepteur KIT a été recherchée pour 191 chiens sur les 202 inclus dans l’étude. Elle s’est avérée positive pour 26,7 p. cent des chiens traités et 25,6 p. cent des chiens placebo. L’étude a duré 6 mois. Résultats
Les effets indésirables sont similaires dans les 2 groupes, même si des épisodes de diarrhée et de vomissements sont notés dans le groupe traité.
Très logiquement, le masitinib n’augmente la survie par rapport au placebo que des chiens présen-
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tant des mastocytomes exprimant la mutation KIT (médiane de 416 j vs 182 dans le groupe placebo).
Cependant, le masitinib inhibe efficacement la croissance tumorale comme en témoigne l’allongement du temps de progression de la tumeur, même sur les formes sans mutation, ce qui laisse supposer l'existence d'un autre mécanisme (T.P.T. de 118 j vs 75 pour l’ensemble des formes et de 230 j vs 42 pour les formes mutées).
Cet effet est d’autant plus marqué que les chiens n’ont reçu aucun traitement préalable (traitement de 1re intention). En revanche, s’il s’agit d’un traitement de seconde intention, le temps de progression ne diminue que chez ceux exprimant la mutation.
L’absence de résultats significatifs sur le nombre de répondant résulte d’un effet placebo très marqué et inexpliqué. Conclusion
Les résultats de cette étude peuvent paraître relativement décevants et limités.
Ils auraient été sans doute bien plus prometteurs si l’étude avait été ciblée sur les seuls mastocytomes porteurs d’une mutation du gene c-KIT cible de l’action thérapeutique du produit, même si un effet positif d’inhibition de la croissance tumorale est quand même obtenu dans l’ensemble des types de mastocytomes traités. ¿
test clinique
les réponses
Fernando Mir Emmanuel Fontaine
un pyomètre
Service de Reproduction Animale E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex
sur une chienne reproductrice
Figure 1 - Protocole pour la gestion médicale
1 Quel est votre diagnostic ? Il s’agit d’un pyomètre à col ouvert.
Le complexe hyperplasie glandulokystiquepyomètre (la terminologie consacrée est "hyperplasie glandulokystique de l’utérus") est une maladie qui est liée à l’imprégnation de progestérone [1].
De plus, une étude montre que le benzoate d’œstradiol utilisé à faible dose pour induire l’avortement provoque des pyomètres dans 7,3 p. cent des cas [2]. 2 Quel traitement proposez-vous ?
Compte tenu de la qualité reproductrice de la chienne et de son bon état général, un traitement médical peut être proposé aux propriétaires pour conserver la fonction de reproduction.
L’aglépristone (Alizine®), administrée à 10 mg/kg par voie sous-cutanée, agit par compétition sur les récepteurs de la progestérone en inhibant ses effets.
En l’absence de trouble rénal, hépatique ou cardiaque, des prostaglandines (PG) de type F2α (cloprosténol - Estrumate®) sont ajoutées à la dose de 1 µg/kg par voie sous-cutanée, afin de favoriser les contractions utérines, et de lyser le corps jaune (figure 1) [3, 4]. Cependant, leur utilisation a des contraintes car elles induisent des troubles digestifs (diarrhée, vomissements, ptyalisme).
Un traitement antibiotique à large spectre est prescrit, afin de prévenir le risque de septicémie, même si ce traitement antibiotique est discutable. Certains auteurs pensent en effet qu’il est utile en présence seulement d’une hyperthermie ou d’une leucocytose marquée (globules blancs > 25 000 / mm3). Celui-ci est administré systématiquement dans toutes les études concernant le traitement médical du pyomètre.
Une collerette est également indiquée pour empêcher les léchages des secrétions vulvaires, qui pourraient induire une endotoxémie.
Des écoulements hémorragiques abondants, puis muco-purulents sont apparus 2 jours après le début du traitement. Un examen échographique à J 8 permet d’observer une diminution nette du diamètre utérin. Quinze jours après, un nouveau contrôle est réalisé sans montrer des signes de dilatation de la lumière utérine. À ce moment-là, les pertes vaginales ont disparu.
d’un pyomètre (d’après Fiéni [4]) Échographie +/Aglépristone
Échographie +/-
Aglépristone
Aglépristone
8
15
Cloprosténol 1 fois/jour
1
2
3
4
5
6
7
3 Quel est le pronostic ? Le traitement médical du pyomètre par administration d’aglépristone est efficace. 92,8 p. cent des chiennes ont guéri dans les 3 premières semaines après le début du traitement, ce qui a été confirmé par d’autres études [3].
Une étude comparative sur l’administration des prostaglandines en association au protocole d’aglépristone, réalisée sur 67 animaux, révèle un succès de 84 p. cent des chiennes 3 mois après le traitement lorsque le cloprosténol est utilisé, et de 60 p. cent, lorsqu’il ne l’est pas [4].
L’utilisation des PGF2α augmente le pourcentage de réussite du traitement lorsque l’état de l’animal permet son utilisation [4].
Il est préconisé de faire saillir la chienne lors des prochaines chaleurs car la gestation prévient les récidives [5] qui apparaissent dans 18,9 p. cent des cas [3].
Sur cette chienne, les chaleurs sont réapparues normalement 6 mois après et elle a été mise à la reproduction après un suivi des chaleurs, et elle a eu une portée de six chiots sans rencontrer de difficultés. Néanmoins, dans certains cas, les chaleurs peuvent être avancées.
CONCLUSION Le traitement médical du pyomètre est conseillé sur les chiennes destinées à la reproduction avec un état général conservé.
Il offre de bons résultats même si des récidives sont possibles. La chienne doit être mise a la reproduction lors des chaleurs suivantes et un suivi de la phase lutéale (échographie utérine) s’impose pour surveiller le risque de récidives. ¿
Références 1. Smith FO. Canine pyometra. Theriogenology 2006;66:610-2. 2. Sutton DJ, Geary MR, Bergman JG. Prevention of pregnancy in bitches following unwanted mating: a clinical trial using low dose oestradiol benzoate. J Reprod Fertil Suppl. 1997;51:239-43 3. Trasch K, Wehrend A, Bostedt H. Follow-up examinations of bitches after conservative treatment of pyometra with the antigestagen aglepristone. J Vet Med A Physiol Pathol Clin Med. 2003;50(7):375-379. 4. Fieni F. Clinical evaluation of the use of aglepristone, with or without cloprostenol, to treat cystic endometrial hyperplasia-pyometra complex in bitches. Theriogenology 2006;66: 1550-6. 5. Johnston SD, Root Kustritz MV, Olson PNS. Small animal theriogenology. Ed. Saunders Disorders of the canine uterus and uterine tubes. 2001;206-42.
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