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DOSSIER : JETAGE ET AFFECTIONS DES VOIES RESPIRATOIRES SUPÉRIEURES

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

Volume 9

N°44 MAI 2010 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

- Questions-Réponses Les rhinites allergiques, mythe ou réalité ? - Conduites à tenir face à un jetage chez le chien et le chat - Imagerie - Imagerie des cavités nasales et des sinus

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline - N°44 - MAI 2010

- Comment identifier, diagnostiquer et traiter les affections nasales d’origine dentaire chez le chien et le chat - Suspecter, diagnostiquer et traiter les tumeurs des cavités naso-sinusales

DOSSIER JETAGE

- Comment diagnostiquer et traiter les rhinites et rhino-sinusites fongiques chez le chien et le chat - L’aérosolthérapie chez le chien et le chat

ET AFFECTIONS DES VOIES RESPIRATOIRES SUPÉRIEURES CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT Le jetage nasal, symptôme facilement observé par le propriétaire de l’animal, est le 1er signe clinique noté lors d’affection des cavités nasales. Lorsqu’il devient chronique, il doit faire l’objet d’une approche diagnostique rigoureuse ...

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Test clinique - Tests de formation continue - Revue de presse internationale : notre sélection en reproduction, en cancérologie et en neurologie

Féline - Conduite diagnostique face à un jetage chronique - Diagnostic et maîtrise du coryza en élevage félin

Rubrique - N.A.C. - Diagnostiquer et traiter le jetage chez le lapin - Thérapeutique - Intérêt de l’acide fusidique pour le traitement des pyodermites localisées du chien - Chirurgie - Comment traiter la dermatite des plis chez le chien


Volume 9

N°44

sommaire

Mai 2010

DOSSIER Éditorial par Philippe Hennet Test clinique - Crises convulsives chez une chienne de 3 ans Arnaud Colson, Dominique Fanuel-Barret, Marion Fusellier-Tesson Questions-Réponses - Les rhinites allergiques, mythe ou réalité ? Christophe Hugnet, Laurent Guilbaud, Jean-Luc Cadoré

JETAGE

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ET AFFECTIONS DES VOIES RESPIRATOIRES SUPÉRIEURES chez le chien et le chat

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CANINE - FÉLINE - Conduite à tenir face à un jetage chez le chien et le chat Laurent Guilbaud, Cindy Chervier, Isabel Rodrigez, Jean-Luc Cadoré - Imagerie - Imagerie des cavités nasales et des sinus : avantages et inconvénients des différentes techniques Renaud Jossier, Aurélie Laborde, Marion Fusellier-Tesson - Comment identifier, diagnostiquer et traiter les affections nasales d’origine dentaire chez le chien et le chat Florian Boutoille, Philippe Hennet - Suspecter, diagnostiquer et traiter les tumeurs des cavités naso-sinusales chez le chien Frédérique Ponce, Marine Hugonnard - Comment diagnostiquer et traiter les rhinites et rhino-sinusites fongiques chez le chien et le chat Jacques Guillot, Dimitri Leperlier, René Chermette - L’aérosolthérapie chez le chien et le chat Christophe Hugnet

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FÉLINE - Conduite diagnostique face à un jetage chronique chez le chat Julien Debeaupuits - Diagnostic et maîtrise du coryza en élevage félin Aurélien Grellet

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revue de formation à comité de lecture

RUBRIQUES - N.A.C. - Diagnostiquer et traiter le jetage chez le lapin Franck Rival - Thérapeutique - Intérêt de l’acide fusidique pour le traitement des pyodermites localisées du chien : Emmanuel Bensignor - Dermatologie - Comment traiter la dermatite des plis chez le chien Jean-Guillaume Grand, Cyrill Poncet

indexée dans les bases de données :

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• Index Veterinarius (CAB International)

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• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

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agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - Revue de presse internationale - Notre sélection d’articles par Arnaud Colson, Julien Debeaupuits, Jean-Baptiste Delsarte, Jennifer Crochemore, Luis Matres Lorenzo 76 - Gestation et taux de conception après deux inséminations intravaginales avec du sperme de chien congelé avec 5 p. cent de glycérol ou 5 p. cent d’éthylène glycol - Population folliculaire, mucification du cumulus et configuration de la chromatine de l’ovocyte pendant la période périovulatoire chez la chienne - Le score Apgar : un nouveau système d’évaluation de la viabilité des chiots nouveau-nés et de leur pronostic de survie à court terme - La méningite-artérite cortico-sensible : actualisation - Résidus sériques chez les chiens recevant une chimiothérapie anticancéreuse Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses

(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

CANINE - FÉLINE FÉLINE RUBRIQUE MANAGEMENT

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FMC Vét

Ce numéro comprend un supplément Thérapeutique et médicaments vétérinaires - TMV

Observations et résultats originaux

Souscription d’abonnement en page 82

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 87


gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

crises convulsives

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Dominique Fanuel (ONIRIS), Marc Gogny (ONIRIS) Roger Mellinger (praticien)

Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)

Comité de rédaction Philippe Baralon (Phylum) Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, VetAgro Sup) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, VetAgro Sup) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, ONIRIS) Francis Fieni (Reproduction, ONIRIS) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jean-Pierre Genevois (Chirurgie, VetAgro Sup) Isabelle Goy-Thollot (Urgences, VetAgro Sup) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, VetAgro Sup) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Odile Sénécat (Médecine interne, ONIRIS) Chargée de mission rédaction : Hélène Rose Gestion des abonnements et comptabilité Vanessa De Oliveira - Marie Servent Mise en page - Infographie Thomas Dobrzelewski Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

U

ne chienne Berger allemand non stérilisée de 3 ans est présentée pour des crises convulsives qui évoluent depuis plusieurs jours (photo 1). Ces crises ont une durée de 1 à 3 min pendant lesquelles, après un court moment de prostration, la chienne tombe inconsciente, pédale dans le vide, bave, et urine parfois en fin de crise. Les propriétaires rapportent au moins deux crises par jour, qu’ils constatent lorsqu’ils rentrent du travail. Ils sont inquiets car la chienne semble aveugle et récupère de moins en moins entre les crises.

À son admission, c’est-à-dire environ 5 h après la dernière crise convulsive, l’examen clinique général ne montre rien d’anormal.

L’examen neurologique permet de déceler une absence bilatérale de réponse à la menace avec des réflexes photomoteurs normaux, compatibles avec une amaurose bilatérale.

Aucune crise telle que décrite par les propriétaires n’est observée en consultation.

1 De quel type de crises convulsives s’agit-il, quelle peut être l’origine de l’amaurose ?

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37 €, U.E. : 38 € Tarifs d’abonnement : voir p. 82 S.A.R.L. au capital de 7622 € Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier, 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1012 T 80121 I.S.S.N. 1637-3065

2 Où localisez-vous l’origine des troubles nerveux décrits, quelles sont vos hypothèses diagnostiques et quels examens complémentaires envisagez-vous ?

comité de lecture

Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Av. des Lions - Ste Marie des Champs - BP 14 - 76191 Yvetot Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / no 44 88 - Mai 2010

chez une chienne de 3 ans

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Jérôme Abadie, Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Isabelle Bublot, Samuel Buff, Stéphane Bureau, Claude Carozzo, Eddy Cauvin, Laurent Cauzinille, Guillaume Chanoit, René Chermette, Valérie Chetboul, Bernard Clerc,

Cécile Clercx (Liège), Laurence Colliard, Laurent Couturier, Jack-Yves Deschamps, Armelle Diquelou, Olivier Dossin, Gilles Dupré, Julien Debeaupuits, Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Didier Fau, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Annabelle Garand, Laurent Garosi, Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Anne Gogny, Isabelle Goy-Thollot,

Arnaud Colson1 Dominique Fanuel-Barret2 Marion Fusellier-Tesson3 1.

Urgences / Soins intensifs 2. Médecine Interne 3. Imagerie Médicale Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire, ONIRIS BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

1 L’examen neurologique permet de déceler une absence bilatérale de réponse à la menace avec des réflexes photomoteurs normaux (photo A. Colson).

3 Quelle prise en charge thérapeutique proposez-vous dans l’immédiat et sur le long terme ? Réponses à ce test page 80 Dominique Grandjean, Laurent Guilbaud, Philippe Hennet, Juan Hernandez, Laetitia Jaillardon, Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot, Yves Legeay, Kevin Le Koedec, Bertrand Losson (Liège), Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Mélanie Pastor, Jean-Marc Person, Claude Petit,

Xavier Pineau, Luc Poisson, Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin, Michaël Verset Éric Viguier.


éditorial Lors de jetage nasal, l’anamnèse associée à l'examen clinique systématique permettent une orientation diagnostique, voire le diagnostic. Grâce aux examens complémentaires dont nous disposons de nos jours, une approche plus logique et une réduction du nombre d’affections d’origine indéterminée sont possibles ...

L’

O.R.L. (oto-rhino-laryngologie) est une discipline qui n'est pas bien individualisée en médecine vétérinaire car historiquement prise en charge par l’ensemble de la profession et, pour les formes les plus sévères, à cheval sur plusieurs spécialités : dermatologie, médecine interne (cardiologie/pneumologie), imagerie médicale, chirurgie. Les carnivores sont caractérisés sur le plan anatomique par des cavités nasales (et non pas des sinus) logées au-dessus de leur cavité buccale, il est donc intéressant d’envisager la rhinologie en parallèle avec l’odonto-stomatologie dans ces espèces. Le jetage nasal, symptôme facilement observé par le propriétaire de l’animal, est le 1er signe clinique noté lors d’affection des cavités nasales. Il peut présenter différents aspects, séreux, muqueux, purulent, reflétant la chronicité de l’affection et la survenue de surinfections bactériennes. Lorsqu’il devient chronique, il doit faire l’objet d’une approche diagnostique rigoureuse. Les infections bactériennes ne constituant jamais, ou quasi-jamais, une cause primaire de jetage nasal chez le chat et le chien, un traitement antibiotique prolongé en l’absence de diagnostic précis n’est donc pas une attitude thérapeutique à adopter en présence de jetage chronique. Si les progrès technologiques adaptés à la médecine vétérinaire permettent, de nos jours, la mise en œuvre d’examens d’imagerie médicale sophistiqués tels que le scanner (tomodensitométrie) ou l’IRM, le praticien ne doit pas oublier qu’avant de mettre en œuvre ces examens dits complémentaires, l’anamnèse associée à l'examen clinique systématique orientent le diagnostic, ou même indiquent le diagnostic. Ainsi, est-il besoin de faire effectuer un scanner pour observer que le jetage purulent de ce Yorkshire, Caniche ou Teckel est dû à une communication oro-nasale associée à une grave parodontite sur une canine maxillaire ? Un examen clinique bucco-dentaire préalable n’aurait-il pas été salutaire ? Une approche rigoureuse consiste en une prise en compte de l’espèce (chat ou chien), de la race (chiens de petite taille), de l’âge, des symptômes initiaux (éternuements primaires et violents ou secondaires au jetage, ronflements, raclement de gorge), et des signes cliniques observés (saignements, état parodontal, ventilation nasale, déformation buccale ou faciale, processus rétro-orbitaire, dépigmentation de la truffe, …). Grâce à celle-ci, le diagnostic peut être orienté et les examens complémentaires (radiologie, endoscopie, scanner, imagerie par résonance magnétique) choisis. Néanmoins, les examens complémentaires dont nous disposons actuellement permettent à la fois une approche plus logique et une réduction du nombre d’affections d’origine indéterminée. Il n’est actuellement plus besoin d’effectuer une rhinotomie exploratrice pour effectuer des prélèvements et aboutir à un diagnostic. On peut également, grâce à ces examens, élucider un plus grand nombre de diagnostics histologiques de rhinite lympho-plasmocytaire, non spécifiques, pour découvrir qu’il s’agit en fait d’une rhino-sinusite fongique, d’une rhinite secondaire à un corps étranger ou d’une rhinite associée à une tumeur. Il ne faut donc pas hésiter à utiliser ces moyens d’exploration des cavités nasales, parfois il est vrai un peu coûteux, plutôt que de prescrire de multiples traitements symptomatiques inefficaces qui retardent le diagnostic, favorisent l’aggravation des lésions, et au final, risquent d’être tout aussi coûteux.

Philippe Hennet Dipl AVDC, Dipl EVDC Dentisterie, Chirurgie maxillofaciale et ORL Clinique Vétérinaire ADVETIA 5 rue Dubrunfaut 75012 Paris

L

a rhinologie est donc, tout comme l’O.R.L. dans son ensemble, une discipline passionnante, parfois complexe, où beaucoup de choses méritent encore d’être défrichées. Alors à vos méninges, puis à vos instruments ! ¿

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 91


questions - réponses sur… Christophe Hugnet1 Laurent Guilbaud2 Jean-Luc Cadoré3 1Clinique

vétérinaire des Lavandes 26160 La Bégude de Mazenc 2Clinique vétérinaire des Arcades 69400 Villefranche sur Saone 3VetAgroSup Campus Vétérinaire de Lyon 69280 Marcy L’étoile

les rhinites allergiques mythe ou réalité ?

O Dans quelles circonstances doit-on évoquer une rhinite allergique ? Quels sont les signes et les symptômes d’appel ?

L’hypothèse de rhinite allergique doit être évoquée après avoir éliminé les au-tres causes de rhinite. La rhinite allergique semble peu fréquente chez le chien et le chat.

Les manifestations cliniques sont un écoulement séreux bilatéral, des éternuements associés parfois à une conjonctivite oculaire.

Le caractère récidivant, et parfois saisonnier, est souvent observé. Des manifestations dermatologiques associées sont rarement notées. O Quels examens complémentaires peuvent aider pour établir un diagnostic étiologique ?

La recherche des aéro-allergènes responsables de cette expression allergique est souvent difficile.

Les intradermoréactions apportent parfois des informations pertinentes. Les techniques ex vivo (dosage des IgE, tests de dégranulations, …) ne sont pas validées chez le chien et le chat pour cette indication. O La rhinoscopie apporte-t-elle des informations pertinentes ?

La rhinoscopie permet d’exclure d’autres causes de rhinite (aspergillose, corps étranger, etc), mais ne présente pas de caractère pathognomonique.

L’histopathologie de biopsies de la muqueuse peut permettre de confirmer le caractère réactionnel à médiation immune non infectieux et non néoplasique du processus observé. O Quels traitements peuvent être prescrits ?

Il existe trop peu de publications pour conclure à la supériorité d’un traitement. Outre les corticostéroïdes administrés par

voie systémique, les antihistaminiques pourraient avoir une certaine efficacité.

Des instillations locales de préparations ophtalmiques contenant des vasoconstricteurs et/ou des corticostéroïdes sont aussi rapportées. O La désensibilisation est-elle envisageable ?

Il n’est pas encore possible de déterminer, par un test validé, l’aéro-allergène responsable de cette manifestation allergique.

Une désensibilisation instaurée sur le modèle de ce qui est pratiqué lors d’atopie canine n’est donc pas recommandée pour l’instant.

Quelques rapports de cas cliniques font cependant mention d’une disparition des manifestations cliniques de rhinite chez des chiens par ailleurs atopiques (avec lésions cutanées) qui ont subi une immunothérapie de désensibilisation. ¿

MENTIONS LEGALES ONSIOR 6 MG COMPRIMES POUR CHATS, ONSIOR 5 MG COMPRIMES POUR CHIENS, ONSIOR 10 MG COMPRIMES POUR CHIENS, ONSIOR 20 MG COMPRIMES POUR CHIENS, ONSIOR 40 MG COMPRIMES POUR CHIENS, ONSIOR 20 MG/ML SOLUTION INJECTABLE POUR CHIENS ET CHATS Onsior 6 mg comprimés pour chats. Composition : Robenacoxib 6 mg, excipients qsp 1 comprimé. Indications : Traitement de la douleur aiguë et de l’inflammation associées aux troubles musculo-squelettiques chez les chats. Administration et posologie : Voie orale. Administrer soit sans, soit avec un peu de nourriture, une fois par jour au même moment chaque jour, jusqu’à 6 jours. Les comprimés d’Onsior sont faciles à administrer et bien acceptés par la plupart des chats. Les comprimés ne doivent pas être coupés en deux ou cassés. Dose de robenacoxib recommandée : 1 mg/kg de poids corporel, pouvant varier de 1 à 2,4 mg/kg, soit pour les chats de 2,5 à < 6 kg : 1 comprimé ; de 6 à < 12 kg : 2 comprimés. Lire attentivement la notice avant administration. Contre-indications : Ne pas utiliser chez les chats présentant des ulcérations gastro-intestinales. Ne pas utiliser en association avec des corticostéroïdes ou autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité au principe actif ou à l’un des excipients. Se reporter à la section gravidité et lactation. Effets indésirables : Une diarrhée modérée et transitoire, des selles molles ainsi que des vomissements sont fréquemment observés. Précautions particulières d’emploi : Lire attentivement la notice avant utilisation. La sécurité de ce médicament vétérinaire n’a pas été établie chez les chats pesant moins de 2,5 kg ou âgés de moins de 4 mois. L’utilisation chez le chat insuffisant cardiaque, rénal ou hépatique, ou chez le chat déshydraté, hypovolémique ou hypotendu peut faire courir un risque supplémentaire. L’utilisation dans ces conditions, si elle ne peut être évitée, nécessite une surveillance étroite. Utiliser ce médicament vétérinaire sous stricte surveillance vétérinaire, en cas de risque d'ulcération gastro-intestinale ou d’intolérance connue à d'autres AINS. Se laver les mains après avoir administré le médicament vétérinaire. Chez les jeunes enfants, l’ingestion accidentelle augmente le risque d’effets indésirables dus aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. En cas d’ingestion accidentelle, consulter un médecin immédiatement et lui montrer la notice ou l’étiquette. L’exposition cutanée prolongée chez la femme enceinte, surtout si on se rapproche du terme de la grossesse, augmente le risque de fermeture prématurée du canal artériel fœtal. Utilisation en cas de gravidité et de lactation : Ne pas utiliser chez l’animal en gestation ou en période de lactation car la sécurité du robenacoxib n’a pas été établie chez les femelles gestantes ou allaitantes ni chez les chats utilisés pour la reproduction. Interactions médicamenteuses : Lire attentivement la notice avant utilisation. Surdosage : Lire attentivement la notice avant utilisation. Catégorie : Liste I. Usage vétérinaire. Respecter les doses prescrites. A ne délivrer que sur ordonnance. Conservation : Tenir hors de portée des enfants. À conserver à une température ne dépassant pas 30°C. Présentation : Boîte de 30 comprimés. AMM EU/2/08/089/021 du 15/06/2009. Fabricant : Novartis Santé Animale SAS – 26 rue de la Chapelle – 68330 Huningue France. Onsior 5 mg comprimés pour chiens. Onsior 10 mg comprimés pour chiens. Onsior 20 mg comprimés pour chiens. Onsior 40 mg comprimés pour chiens. Composition : Onsior 5 mg comprimés pour chiens : Robenacoxib 5 mg, excipients qsp 1 comprimé. Onsior 10 mg comprimés pour chiens : Robenacoxib 10 mg, excipients qsp 1 comprimé. Onsior 20 mg comprimés pour chiens : Robenacoxib 20 mg, excipients qsp 1 comprimé. Onsior 40 mg comprimés pour chiens : Robenacoxib 40 mg, excipients qsp 1 comprimé. Indications : Chez le chien, traitement de la douleur et de l’inflammation associées à l'arthrose chronique. Administration et posologie : Voie orale. Administrer sans nourriture ou au moins 30 minutes avant ou après le repas, une fois par jour au même moment chaque jour. Les comprimés d’Onsior sont arômatisés et sont avalés sans difficulté par la plupart des chiens. Les comprimés ne doivent pas être coupés en deux ou cassés. Dose de robenacoxib recommandée : 1 mg/kg de poids corporel, pouvant varier de 1 à 2 mg/kg, soit pour les chiens de 2,5 à < 5 kg : 1 comprimé de Onsior 5 mg, soit pour les chiens de 5 à < 10 kg : 1 comprimé de Onsior 10 mg, soit pour les chiens de 10 à < 20 kg : 1 comprimé de Onsior 20 mg, soit pour les chiens de 20 à < 40 kg : 1 comprimé de Onsior 40 mg, soit pour les chiens de 40 à < 80 kg : 2 comprimés de Onsior 40 mg. Une réponse clinique est normalement observé en une semaine. Le traitement devra être arrêté si aucune amélioration clinique n’apparaît sous 10 jours. Lire attentivement la notice avant utilisation. Contre-indications : Ne pas utiliser chez les chiens présentant des ulcérations gastro-intestinales ou des troubles hépatiques. Ne pas utiliser en association avec des corticostéroïdes ou autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité au principe actif ou à l’un des excipients. Se reporter à la section gravidité et lactation. Effets indésirables : Des effets indésirables gastro-intestinaux ont été très fréquemment rapportés, mais la plupart de ces cas étaient modérés et n'ont pas nécessité de traitement Des vomissements et des selles molles ont été observés très fréquemment ; une perte d’appétit et une diarrhée ont été constatées fréquemment et du sang dans les selles a été reporté rarement. Aucune augmentation d’activité des enzymes hépatiques n’a été observé chez les chiens traités pendant une durée pouvant aller jusqu'à 2 semaines. Cependant, l’augmentation d’activité de ces enzymes hépatiques était fréquente avec un traitement prolongé. Dans la plupart des cas, l'animal ne présentait pas de signes cliniques et l’activité des enzymes hépatiques se stabilisait ou diminuait lors d’un traitement au long cours. L’augmentation d’activité des enzymes hépatiques avec des signes cliniques d’anorexie, une apathie ou des vomissements était rare. Précautions particulières d’emploi : Lire attentivement la notice avant utilisation. La sécurité du médicament vétérinaire n’a pas été établie chez les chiens pesant moins de 2,5 kg ou âgés de moins de 3 mois. En cas de traitement prolongé, les enzymes hépatiques doivent être contrôlées en début de traitement, par exemple après 2, 4 et 8 semaines. Il est recommandé par la suite de poursuivre une surveillance régulière, par exemple tous les 3-6 mois. Le traitement doit être interrompu si l’activité des enzymes hépatiques augmente anormalement ou si le chien présente des signes d'anorexie, apathie ou des vomissements avec élévation du taux des enzymes hépatiques. L’utilisation chez le chien insuffisant cardiaque, rénal ou hépatique, ou chez le chien déshydraté, hypovolémique ou hypotendu peut faire courir un risque supplémentaire. L’utilisation dans de telles conditions, si elle ne peut être évitée, nécessite une surveillance étroite. Utiliser ce médicament vétérinaire sous stricte surveillance vétérinaire, en cas de risque d'ulcération gastro-intestinale ou d’intolérance connue à d'autres AINS. Se laver les mains après avoir administré le médicament vétérinaire. En cas d’ingestion accidentelle, consulter un médecin immédiatement et lui montrer la notice ou l’étiquette. Chez les jeunes enfants, l’ingestion accidentelle augmente le risque d’effets indésirables dus aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. L’exposition cutanée prolongée chez la femme enceinte, surtout si on se rapproche du terme de la grossesse, augmente le risque de fermeture prématurée du canal artériel fœtal. Utilisation en cas de gravidité et de lactation : Ne pas utiliser chez l’animal en gestation ou en période de lactation car la sécurité du robenacoxib n’a pas été établie chez les femelles gestantes ou allaitantes ni chez les chiens utilisés pour la reproduction. Interactions médicamenteuses : Lire attentivement la notice avant utilisation. Surdosage : Lire attentivement la notice avant utilisation. Catégorie : Liste I. Usage vétérinaire. Respecter les doses prescrites. A ne délivrer que sur ordonnance. Conservation : Tenir hors de portée des enfants. À conserver à une température ne dépassant pas 25°C. Présentation : Boîte de 28 comprimés. Onsior 5 mg comprimés pour chiens AMM EU/2/08/089/006 du 16/12/2008, Onsior 10 mg comprimés pour chiens AMM EU/2/08/089/010 du 16/12/2008, Onsior 20 mg comprimés pour chiens AMM EU/2/08/089/014 du 16/12/2008, Onsior 40 mg comprimés pour chiens AMM EU/2/08/089/018 du 16/12/2008. Fabricant : Novartis Santé Animale SAS – 26 rue de la Chapelle – 68330 Huningue France. Onsior 20 mg/ml solution injectable pour chiens et chats. Composition : Robenacoxib 20 mg, Metabisulfite de sodium (E 223) 1 mg, excipients qsp 1 ml. Indications : Chez le chien, traitement de la douleur et de l'inflammation liées à une chirurgie orthopédique ou des tissus mous. Chez le chat, traitement de la douleur et de l'inflammation liées à la chirurgie des tissus mous. Administration et posologie : Voie sous cutanée. Injection sous cutanée chez les chiens et les chats environ 30 minutes avant l'intervention (au moment de l'induction de l'anesthésie générale) à la dose de 1 ml pour 10 kg de poids corporel (2 mg/kg). Lire attentivement la notice avant administration. Contre-indications : Ne pas utiliser chez les animaux présentant des ulcérations gastro-intestinales. Ne pas utiliser en association avec des corticostéroïdes ou autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité au principe actif ou à l’un des excipients. Se reporter à la section gravidité et lactation. Effets indésirables : Chez le chat : Des effets indésirables gastro-intestinaux (tels que des vomissements) ont été rapportés très fréquemment, mais la plupart de ces cas étaient modérés et n'ont pas nécessité de traitement. Les diarrhées ou les vomissements avec du sang étaient rares. Une légère douleur au point d’injection a été très fréquemment observée. Une douleur modérée à sévère au point d’injection était fréquemment rapportée. Chez le chien : Des effets indésirables gastro-intestinaux (tels que des vomissements) ont été rapportés fréquemment, mais la plupart de ces cas étaient modérés et n'ont pas nécessité de traitement. Les diarrhées, selles molles et foncées ou la perte de l’appétit étaient rares. Une légère douleur au point d’injection a été fréquemment observée. Une douleur modérée à sévère au point d’injection était peu fréquente. Précautions particulières d’emploi : Lire attentivement la notice avant utilisation. La sécurité du médicament vétérinaire n’a pas été établie chez les chats âgés de moins de 4 mois et chez les chiens âgés de moins de 2 mois ou chez les chiens et chats pesant moins de 2,5 kg. L’utilisation en cas d’insuffisance cardiaque, hépatique ou rénale, de déshydratation, d’hypovolémie ou d’hypotension peut présenter un risque supplémentaire. L’utilisation dans de telles conditions, si elle ne peut être évitée, nécessite une surveillance étroite et une fluidothérapie. Utiliser ce médicament vétérinaire sous stricte surveillance vétérinaire, en cas de risque d'ulcération gastro-intestinale ou d’intolérance connue à d'autres AINS. Se laver les mains et les parties du corps exposées immédiatement après avoir administré le médicament. En cas d’ingestion ou d'injection accidentelle, consulter un médecin immédiatement et lui montrer la notice ou l’étiquette. L’exposition cutanée prolongée et l’injection accidentelle chez la femme enceinte, surtout si on se rapproche du terme de la grossesse, augmente le risque de fermeture prématurée du canal artériel fœtal. Utilisation en cas de gravidité et de lactation : Ne pas utiliser chez l’animal en gestation ou en période de lactation car la sécurité du robenacoxib n’a pas été établie chez les femelles gestantes ou allaitantes ni chez les chats et chiens utilisés pour la reproduction. Interactions médicamenteuses : Lire attentivement la notice avant utilisation. Surdosage : Lire attentivement la notice avant utilisation. Catégorie : Liste I. Usage vétérinaire. Respecter les doses prescrites. A ne délivrer que sur ordonnance. Conservation : Tenir hors de portée des enfants. À conserver au réfrigérateur (entre 2 °C et 8 °C). Éviter toute contamination lors de l'utilisation du médicament. Conserver le flacon dans son carton d’emballage d’origine. Présentation : Flacon verre de 20 ml. AMM EU/2/08/089/020 du 16/12/2008. Fabricant : Vericore Ltd. – Kinnoull Road Kingsway West – Dundee DD2 3XR Royaume Uni. Pour toute information : Novartis Santé Animale SAS, 14 boulevard Richelieu, F-92500 Rueil Malmaison. Ligne Directe Vétérinaire 01 55 47 87 47 – www.ah.novartis.com.


conduite à tenir

face à un jetage chez le chien et le chat

Laurent Guilbaud1 Cindy Chervier2 Isabel Rodrigez2 Jean-Luc Cadoré2 1 Clinique

Vétérinaire des Arcades 544, boulevard Louis Blanc 69400 Villefranche/Saône

La prise en charge d’un chien ou d’un chat présentant un jetage demande de la rigueur. Les examens complémentaires utiles étant limités et en général onéreux, le recueil des commémoratifs et de l’anamnèse doit être le plus précis possible, et l’examen clinique méticuleux et attentif.

L

2 Unité

de Médecine, VetAgro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon, 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Étoile

Objectif pédagogique ❚ Connaître la démarche 1

e jetage désigne habituellement un écoulement nasal visible (photo 1). Toutefois, cet écoulement peut être masqué par le léchage. Lorsque les sécrétions ont une origine caudale dans la cavité nasale, elles peuvent s’écouler dans le nasopharynx et provoquer de la toux ou un éternuement inversé (reverse sneezing). Le reverse sneezing se manifeste par une inspiration soudaine réflexe par irritation des choanes avec fermeture du larynx entraînant

diagnostique face à un jetage chez le chien et le chat.

Jetage muco-purulent unilatéral (photo L. Guilbaud).

un ronflement et un étirement de l’encolure [1]. La description du jetage doit comporter : - sa nature : séreux, muqueux, muco-purulent, plus ou moins hémorragique ; - son volume : rare ou abondant ; - sa fréquence : permanent ou intermittent ; - sa localisation : unilatéral ou bilatéral ; - son évolution. Lorsque le jetage est constitué uniquement de sang, on le dénomme épistaxis (mot féminin).

Essentiel ❚ Les adénocarcinomes sont les tumeurs nasales les plus fréquentes chez le chien. ❚ Le lymphome est la tumeur nasale la plus fréquente chez le chat. ❚ L’épistaxis signe soit une atteinte locale (naso-sinusale), soit une atteinte systémique. ❚ Un jetage évoluant sur plusieurs mois chez un animal âgé doit systématiquement évoquer un processus tumoral. ❚ Un ronflement qui se modifie en fonction de la position de la tête du chat évoque prioritairement un polype naso-pharyngé.

Tableau 1 - Les différents types de jetage et leur signification clinique [1] Nature du jetage

Caractéristiques

Séreux

- Clair - Acellulaire Muqueux

- Clair

Hémorragique

Épistaxis

- Irritation non spécifique

- Souvent, 1er signe d’une affection des voies respiratoires supérieures - Passe en général inaperçu à cause du léchage

de la muqueuse nasale - Peut également résulter d’un excès de production de larmes

- Résultat d’une production - Affection nasale chronique

- Opaque - Le passage à un jetage purulent peut signifier - Visqueux - Pâle - J a u n â t re ou verdâtre une incapacité de l’appareil - Riche en neutrophiles mucociliaire à luter contre

- Peut être le résultat d’une atteinte de la cavité nasale ou des sinus (l’infection bactérienne est le plus souvent secondaire)

- Riche en protéines

Mucopurulent

Signification clinique

exacerbée de mucus par les cellules caliciformes de la muqueuse nasale

- Acellulaire

Purulent

Physiopathologie

et bactéries

une infection bactérienne

- Intermédiaire entre

- La charge bactérienne

muqueux et purulent

dépend de l’étiologie

non infectieuse

CANINE - FÉLINE

- Affection chronique associée à une infection bactérienne ou à un foyer de nécrose

- Sang mélangé avec les autres types de jetage

- Indique une lésion de la muqueuse nasale

- Sang en nature

- Affection locale ou affection systémique

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

9

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 93


imagerie des cavités nasales et des sinus

avantages et inconvénients des différentes techniques Face à une épistaxis ou à un jetage, l’imagerie médicale est devenue un examen incontournable pour établir un diagnostic des lésions affectant les cavités nasales. Afin de choisir la meilleure technique d’imagerie : radiographie, échographie, tomodensitométrie,ou IRM, en fonction du cas et de la situation, le praticien doit pouvoir fonder son choix sur des critères aussi objectifs que possible.

S

i établir un diagnostic d’atteinte des cavités nasales n’est pas en général difficile, la mise en évidence de l’agent causal peut être un véritable défi. L’étude des commémoratifs, de l’anamnèse et de l’état clinique de l’animal permet d’orienter le diagnostic vers une affection d'origine inflammatoire, fongique, néoplasique, ou encore vers une affection secondaire à un traumatisme, à la présence d’un corps étranger ou à une maladie parodontale sévère. Cependant, le recours à des examens complémentaires, notamment à l’imagerie médicale, est nécessaire dans la grande majorité des cas afin d’avoir un diagnostic de certitude. ● Ces examens sont pratiqués presque systématiquement sous anesthésie générale. Ils doivent être réalisés avant la rhinoscopie si celle-ci est envisagée afin d’éviter que des lésions iatrogènes ne compliquent l’interprétation. ● Dans certains cas, la rhinoscopie (qui n’est pas un examen d’imagerie) peut se révéler être l’examen complémentaire qui perm e t un diagnostic de cert i t u d e . ● Cet article présente successivement les méthodes d’imagerie permettant l’exploration des cavités nasales et des sinus frontaux et compare leur capacité diagnostique.

Renaud Jossier Aurélie Laborde Marion Fusellier-Tesson Unité d’Imagerie Médicale, Centre Hospitalier Vétérinaire, ONIRIS, École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l'Alimentation, Site de la Chantrerie, BP 50707 44307 Nantes cedex 03

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les incidences radiographiques nécessaires au diagnostic des affections des cavités nasales. ❚ Connaître les signes radiographiques orientant vers une tumeur des cavités nasales ou vers une aspergillose. ❚ Comprendre l'intérêt de l'imagerie de désuperposition dans l'exploration des cavités nasales.

1

Position dorsoventrale intra-orale. La cassette est placée à l’intérieur de la gueule de l’animal. - Cette technique ne permet pas une exploration complète des cavités nasales chez le chat et chez les brachycéphales (Photo Service d'Imagerie Médicale, Centre Hospitalier Vétérinaire, Oniris).

EXAMENS RADIOGRAPHIQUES DES CAVITÉS NASALES ET DES SINUS Quelles vues radiographiques choisir ?

Essentiel

En raison de la complexité anatomique de la tête d’un chien ou d’un chat (composée d’une cinquantaine d’os), une bonne connaissance anatomique et des vues stand a rdisées d’excellente qualité technique sont donc nécessaires. Une tranquillisation voire une anesthésie générale est souvent indispensable pour obtenir des clichés de bonne qualité. ● Plusieurs positions sont décrites (encadré 1) : 1. les vues dorsoventrale et dorsoventrale intra-orale : pour ces incidences, il est possible d’utiliser les radiographies dentaires. Le film (ou capteur) peut alors être introduit en position intraorale, plus caudale que les cassettes conventionnelles, sans être gêné par les commissures des lèvres ; 2. la vue ventrodorsale ; 3. la vue ventro rostrale dorsocaudale oblique 20° (VR-DCd Ob 20°) (tableau 1) ; 4. la vue latérale ; 5. la vue rostrocaudale ou frontale. ● Les vues dorsoventrale intra-orale et vue ventro rostrale dorsocaudale oblique 20° sont préférées pour évaluer les cavités ●

❚ En 1ère intention, la radiographie des cavités nasales oriente souvent le diagnostic. ❚ Le scanner (ou tomodensitométrie) et l'imagerie par résonance magnétique (IRM) sont plus sensibles et permettent de réaliser un bilan d'extension locale.

CANINE - FÉLINE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 101


comment identifier,

diagnostiquer et traiter

les affections nasales d’origine dentaire chez le chien et le chat Les communications oro-nasales d’origine dentaire sont fréquemment responsables d’infections nasales chez les carnivores domestiques. Un diagnostic précis et rigoureux est à établir avant d’envisager les différentes étapes du traitement qui vont assurer la réussite de la fermeture de la communication.

L

ors de jetage nasal chronique, chez le chien de petite taille, une origine dentaire est toujours à suspecter. En effet, l’extension d’une infection dentaire à partir d’une dent maxillaire (à l’exception des molaires) peut entraîner l’apparition d’une communication oro-nasale, puis d’une infection nasale.

Le traitement d’une telle affection passe par l’extraction de la dent “malade”, ce qui augmente en général la taille de la communication. De même, une extraction dentaire particulièrement agressive, une canine surtout, peut aboutir à la formation d'une communication oro-nasale iatrogène.

Différentes techniques chirurgicales basées sur l’utilisation de lambeaux mucogingivaux permettent de refermer ces communications pathologiques ou iatrogènes.

Après un rappel de quelques données anatomiques et épidémiologiques essentielles (encadré 1), cet article présente les symptômes qui doivent évoquer la présence d’une communication oro-nasale d’origine dentaire, les moyens diagnostiques à la disposition du praticien, avant de décrire le traitement médical et chirugical d’une telle communication. IDENTIFIER UNE COMMUNICATION ORO-NASALE D’ORIGINE DENTAIRE Symptômes associés aux communications oro-nasales d’origine dentaire Un jetage nasal séreux, qui évolue avec la chronicité vers un jetage purulent à cause

Florian Boutoille Philippe Hennet Clinique Vétérinaire ADVETIA 5 rue Dubrunfaut 75012 Paris

Objectifs pédagogiques Comprendre pourquoi les communications oro-nasales d’origine dentaire sont fréquentes chez les carnivores domestiques. Savoir diagnostiquer l’origine dentaire d’une communication oro-nasale et savoir quels examens complémentaires mettre en œuvre. Connaître le traitement d’une communication oro-nasale d’origine dentaire.

1

Scanner des cavités nasales chez un chien au niveau de la 4e prémolaire maxillaire à gauche et de la racine de la canine maxillaire à droite. - Noter la proximité de la racine mésio-palatine de la PM4 et de la racine de la canine avec les cavités nasales et l’extrême finesse de la paroi osseuse les séparant (photo Centre de cancérologie Maisons-Alfort).

de la surinfection s’étendant au sein des structures endonasales, est une observation classique (encadré 1). Un traitement antibiotique peut réduire, voire supprimer temporairement le jetage. Mais le jetage reprend suite à l’arrêt du traitement. Celui-ci est unilatéral et se situe du côté de l’atteinte dentaire. Cependant, lors de maladie parodontale sévère, il n’est pas rare d’observer une atteinte bilatérale.

Au cours du repas, le passage d’aliments ou de liquide de la cavité buccale aux cavités nasales peut provoquer des éternuements qui sont souvent le motif de la consultation. Ces éternuements ne sont pas toujours liés à la prise d’aliments, ils peuvent être dus au passage de salive et à l’irritation chronique de la muqueuse nasale [2, 9].

L’épistaxis n’est pas le symptôme le plus fréquent en cas de communication oronasale dont l’origine est la maladie parodontale. Néanmoins, elle peut être observée en raison de l’inflammation et de l’hyperhémie régnant au sein des cornets nasaux. Lors de luxation ou d’avulsion dentaire, l’effondrement de la plaque osseuse médiale de l’alvéole peut traumatiser les structures endonasales et générer des saignements. De même, une tumeur maxillaire envahissant la cavité nasale adjacente peut être à l’origine d’une épistaxis.

Essentiel Les chiens de petite taille (Yorkshire Terrier, Caniche, Teckel, Schnauzer nain, ...) sont prédisposés aux communications oro-nasales. Les signes d’appel sont un jetage nasal séreux à purulent, le plus souvent unilatéral, et des éternuements au moment des repas.

CANINE - FÉLINE

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 109


suspecter, diagnostiquer et traiter les tumeurs

Frédérique Ponce Marine Hugonnard Unité de Médecine Interne VetAgro Sup. 1, avenue Bourgelat - BP 83 69280 Marcy L’Étoile

des cavités naso-sinusales chez le chien

Rares chez le chien (environ 1 à 2 p. cent des tumeurs), les tumeurs des cavités naso-sinusales représentent cependant la majorité des affections naso-sinusales.

Objectifs pédagogiques Définir les critères de suspicion des tumeurs naso-sinusales. Connaître les techniques pour un diagnostic précoce des tumeurs naso-sinusales. Exposer les moyens thérapeutiques les plus adaptés à la prise en charge de ces tumeurs.

L

Essentiel Les tumeurs naso-sinusales sont le plus souvent des carcinomes. Elles affectent de préférence des chiens de grande race d’âge moyen ou âgés. Les symptômes d’appel des tumeurs naso-sinusales sont non spécifiques (jetage, épistaxis, cornage). Entre les 1ers symptômes et le diagnostic s’écoulent environ 3 mois, car le traitement antibiotique et/ou anti-inflammatoire améliore souvent les symptômes de façon transitoire.

es tumeurs des cavités naso-sinusales sont principalement des tumeurs malignes invasives, responsables d’une infiltration locale importante. Celle-ci est l’un des principaux facteurs pronostiques péjoratifs, en association avec le type histologique de la tumeur.

Un diagnostic précoce par imagerie médicale et par histologie permet de déterminer le stade clinique de la tumeur, donc d’établir un pronostic et de mettre en place un traitement adapté, qui fait souvent appel à la radiothérapie.

Cette démarche est indispensable pour garantir une survie de plusieurs mois à plusieurs années et pour préserver une bonne qualité de vie pour l’animal. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

L’âge moyen des chiens atteints est d’environ 10 ans, bien que des tumeurs nasales affectant des chiens âgés d’1 an aient été rapportées [11].

Les races de taille moyenne à grande sont les plus souvent concernées [11, 2]. Les chiens brachycéphales sont sous-représentés dans toutes les études qui décrivent un risque accru pour les chiens dolichocéphales et mésocéphales (Berger allemand, Berger belge, Colley, …) [2].

Aucune prédisposition sexuelle n’est rapportée [2, 10]. Le rôle de l’exposition à la fumée de cigarette ou aux polluants environnementaux dans le développement de tumeurs nasales est encore controversé [7].

Les tumeurs des cavités nasales sont le plus souvent des tumeurs malignes. Ainsi, CANINE - FÉLINE les carcinomes au sens large (adénocarcinome, carcinome épidermoïde, carcinome indifférencié) représentent deux tiers des tumeurs naso-sinusales. Le dernier tiers est Crédit Formation Continue : constitué de divers sarcomes (fibrosarcome, chondrosarcome, ostéosarcome, sarcome 0,05 CFC par article indifférencié). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 114 - MAI 2010

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Tableau 1 - Potentiel métastatique en fonction du type de tumeur [6] Ganglions

Poumons 19 %

Adénocarcinome

Carcinome épidermoïde

Ostéosarcome

12,5 %

Chondrosarcome

8,3 %

14 %

L’agressivité est essentiellement locale, le potentiel métastatique est faible au moment du diagnostic mais peut atteindre 40 à 50 p. cent à la mort du chien.

Les sites métastatiques les plus fréquents sont les nœuds lymphatiques loco-régionaux et les poumons. Plus rarement, des métastases osseuses, hépatiques, rénales, et cérébrales ont été décrites (tableau 1) [6,11].

QUAND PENSER À UNE TUMEUR NASALE ? L’hypothèse de tumeur nasale, confortée par les critères épidémiologiques précités, est évoquée en présence de symptômes respiratoires hauts (jetage, épistaxis, stertor) et/ou nerveux. Il est rare que des symptômes nerveux isolés soient la conséquence d’une tumeur naso-sinusale. - En début d’évolution, le tableau clinique est souvent fruste, en général limité à des signes respiratoires non spécifiques (jetage unilatéral séromuqueux ou mucopurulent, discrète épistaxis). - Par la suite, le jetage peut devenir bilatéral par effondrement du septum nasal, et l’épistaxis s’intensifie. Des signes d’obstruction de la cavité nasale (cornage, ronflements) peuvent apparaître. - Lorsque la tumeur continue à progresser, un épiphora par obstruction mécanique des canaux lacrymaux, une procidence de la 3e paupière, une exophtalmie, une cécité, une déformation de la face ou du palais dur peuvent survenir.

Deux tiers des tumeurs nasales ont un point de départ caudal. Elles ont tendance à croître caudalement d’où le risque d’effondrement de la lame criblée de l’ethmoïde, à l’origine de possibles symptômes nerveux (troubles du comportement, convulsions, ataxie, …).


comment diagnostiquer et traiter

Jacques Guillot1 Dimitri Leperlier2 René Chermette1

les rhinites et rhino-sinusites fongiques

1 Unité de Parasitologie-Mycologie, ENVA 2 Unité de Chirurgie, ENVA

chez le chien et le chat Les champignons peuvent être responsables de rhinites et de rhino-sinusites chroniques chez les carnivores domestiques. L’aspergillose demeure une dominante pathologique chez les chiens dolicocéphales, alors que la cryptococcose est la mycose profonde la plus fréquente chez les chats. Pour un diagnostic de certitude, le recours aux examens complémentaires est obligatoire. L’application d’une solution antifongique par balnéation des cavités nasales et des sinus est souvent recommandée.

C

hez le chien, l’aspergillose rhinosinusale demeure une dominante pathologique. Cette mycose constituerait la 2e cause de jetage chronique chez le chien (environ 25 p. cent), après les processus néoplasiques (30 à 40 p. cent) [6]. Ces dernières années, plusieurs études ont permis de préciser la démarche diagnostique. Les modalités du traitement par balnéation des cavités nasales ont également fait l’objet d’études relativement récentes. ● Chez le chat, la cryptococcose demeure la cause principale de rhinite fongique, bien que des cas d’aspergillose rhino-sinusale soient décrits. ● Aux États-Unis ou dans certains pays tropicaux, il existe d’autres causes de rhino-sinusites fongiques (Rhinosporidium seeberi, Sporothrix schenckii, Histoplasma capsulatum). ● Cet article ne concerne que les mycoses susceptibles d’être diagnostiquées en France métropolitaine. Les principales étapes du diagnostic des rhinites et des sinusites fongiques des carnivores ainsi que les modalités de traitement sont rappelées. DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE Diagnostic clinique Les rhino-sinusites fongiques sont des affections chroniques qui se traduisent clas-

7 avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la démarche diagnostique lors de suspicion de rhinite ou de rhino-sinusite fongique chez un chien ou un chat. ❚ Savoir choisir des antifongiques utilisables par voie systémique, et appliquer une solution antifongique par balnéation des cavités nasales et des sinus.

1

Aspect caractéristique de la truffe d’un chien présentant une aspergillose rhino-sinusale (photos Unité de Parasitologie, ENVA).

siquement par un jetage souvent abondant et muco-purulent, d'abord unilatéral puis éventuellement bilatéral. ● Lors d’aspergillose (ou de mycose due à un autre champignon filamenteux), le jetage peut s'accompagner d'une épistaxis, d'une douleur à la palpation du chanfrein, et parfois d'une adénite satellite. L'ulcération de l’angle externe des narines est fréquemment observée chez le chien ; la truffe apparaît parfois hyperkératosique et craquelée [8] (photo 1). ● Lors de cryptococcose féline, il est parfois possible d’observer une masse pseudotumorale conduisant à l’obstruction d’une narine ou à la déformation de l’os nasal (photo 2). L’extension dans le nasopharynx est possible, elle entraîne une dysphagie. Seule une petite proportion des chats atteints présente de la toux ou de la dyspnée, alors que des lésions pulmonaires peuvent être mises en évidence pour plus de la moitié des animaux atteints [3]. ● En début d’évolution, l’état général de l’animal n’est pas altéré. Pour les formes les plus invasives ou lorsque l'atteinte se poursuit pendant de nombreux mois, une extension à la sphère oculaire ou une dissémination au système nerveux central est possible [8].

2

Déformation du chanfrein chez un chat présentant une cryptococcose nasale.

Essentiel ❚ Une mycose est suspectée dans tous les cas de rhinite chronique ne répondant pas aux thérapeutiques anti-infectieuses classiques.

CANINE - FÉLINE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 119


l’aérosolthérapie chez le chien et le chat

Christophe Hugnet Clinique vétérinaire des Lavandes 26160 La Bégude de Mazenc

L’

aérosolthérapie est une technique particulièrement bien développée et étudiée en médecine humaine. En médecine vétérinaire, seul le cheval a fait l’objet d’études nombreuses et rigoureuses, essentiellement dans le cadre du traitement des maladies des petites voies respiratoires. ● Jusqu’à présent, il n’existait pas de dispositif adapté à la distribution de substances actives via une aérosolisation en médecine canine et féline. ● Il convient de ne pas confondre cette technique de distribution des médicaments avec l’usage des humidificateurs qui génère n t des vapeurs d’eau plus ou moins chargées de molécules volatiles. PRINCIPE DE L’AÉROSOLTHÉRAPIE ● L’ a é rosolthérapie permet de véhiculer dans l’arbre respiratoire des particules de taille variable. L’efficacité de cette technique dépend également de la capacité volumique respiratoire de l’animal traité, de sa fréquence respiratoire, et de son poids. Il est assez complexe de s’assurer de la délivrance d’une quantité optimale de principe actif sur le site même de son action supposée. ● La taille optimale des particules pour atteindre la trachée est de 2 à 10 µm, et de 0,5 à 5 µm pour pénétrer jusqu’aux voies respiratoires profondes [1]. ● Il est considéré que seulement 10 à 20 p. cent des molécules actives délivrées via ce système atteignent l’arbre trachéobro nchique, et le pourcentage des molécules actives qui parvient jusqu’aux alvéoles pulmonaires est encore plus faible. ● Lors d’affections sévères ou chroniques, la polypnée limite encore plus la capacité de pénétration des principes actifs au plus profond du système respiratoire. ● Afin de prévenir une bronchostriction réflexe lors de l’instauration de ce type de traitement, il est préconisé d’adjoindre de façon systématique un bronchodilatateur dans le mélange délivré via l’aérosol [1].

INTÉRÊT DE CE TRAITEMENT ● L’aérosolthérapie est un mode d’administration qui permet de limiter les effets systémiques d’un médicament, car celui-ci agit directement in situ. Cela peut présenter un intérêt pour certains antibiotiques tels que la

gentamycine qui présente une toxicité rénale importante. L’aérosolisation de la gentamycine a été jugée comme efficace dans le cadre du traitement de trachéobronchites infectieuses du chat et du chien (toux de chenil en particulier) [4]. ● L’administration de bronchodilatateurs par aérosol a permis de prévenir les phénoménes de bronchostriction classiquement constatés lors d’un lavage broncho-alvéolaire chez le chat [2].

Objectif pédagogique ❚ Connaître les intérêts et les limites de l’aérosolthérapie chez le chien et le chat.

MODALITÉS DU TRAITEMENT ● Les principales molécules employées lors d ’ a é rosolthérapie sont des antibiotiques (aminoglycosides), des glucocorticoïdes, des ß2-agonistes (albuterol) et des anticholinergiques (ipatropium). Ces substances sont mises en suspension dans une solution salée isotonique, puis distribuées via un dispositif spécifique, par exemple de l’air comprimé. ● Le chat asthmatique, le chien souffrant de bronchite chronique [3] et les chiots atteints par le complexe de la toux de chenil sont les principaux candidats à ce type de traitement. Ils doivent recevoir respectivement : des glucocorticoïdes associés éventuellement à des bronchodilatateurs, des glucocorticoïdes, ce qui évite une administration per os, potentiellement source d’hypercorticisme iatrogène, des aminoglycosides, ce qui limite les risques de néphrotoxicité. ● Les médicaments sont employés sous leurs formulations injectables, ou éventuellement sous des formulations prévues pour l’aérosolthérapie, qui existent en pharmacopée humaine. Elles sont mélangées à raison d’un volume de médicament pour neuf volumes de solution salée isotonique. ● Les séances de traitement par aérosol doivent durer entre 30 et 45 min, et être répétées toutes les 4 à 12 h selon certains auteurs.

LES LIMITES DE CETTE TECHNIQUE ● Les facteurs limitants à l’usage de cette technique sont la détermination empirique de la dose de principe actif à délivrer, de la dose effectivement délivrée, mais aussi la nécessaire coopération de l’animal qui doit accepter la présence d’un dispositif bruyant et contraignant (masques). ● Le coût de ce type de traitement est un autre facteur limitant, car l’appareillage nécessaire excède en général les 300 €. ❒

Essentiel ❚ L’aérosolthérapie est particulièrement adaptée à l’administration d’antibiotiques comme la gentamycine, de glucocorticoïde, de ß2-agonistes, et d’anticholinergiques. ❚ Les chats asthmatiques, les chiens qui souffrent de bronchite chronique et les chiots atteints de toux de chenil sont les cibles les plus intéressantes pour cette technique.

Références 1. Boothe DM. Drugs affecting the re s p i r at o ry system. In : Small animal clinical pharmacology and therapeutics. Philadelphia : WB Saunders Company, 2001:602-23. 2. Kirschvink N, Leemans J, Delvaux F, coll. Bronchodilatators in bronchoscopy-induced a i rflow limitation in allergen-sensitized cats. J Vet Intern Med 2005;19:161-7. 3. Kirschvink N, Leemans J, Delvaux F, coll. Inhaled fluticasone reduces bro n c h i a l responsiveness and airway inflammation in cats with mild chronic bronchitis. J Fel Med Surg 2006;8:45-54. 4. Miller CJM, Mc Kiernan BC, Hauser C, coll. Gentamicin aerosolization for the treatment of infectious tracheobronchitis. J Vet Intern Med 2003;17:386.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 125


conduite diagnostique Julien Debeaupuits Praticien hospitalier en médecine Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort 94700 Maisons-Alfort

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir explorer un jetage chronique chez le chat, et réaliser un examen clinique rigoureux. ❚ Comprendre et raisonner le choix et l’enchaînement des examens complémentaires.

Essentiel ❚ Lors de jetage chronique bilatéral qui évolue depuis plusieurs semaines, et qui rétrocède en partie, aux traitements, rechercher une affection sous-jacente. ❚ Les rhinites chroniques non spécifiques et les affections néoplasiques sont les deux causes les plus fréquentes de jetage chronique chez le chat. ❚ Penser à l’inhalation d’un corps étranger en cas de crises d’éternuements d’apparition brutale et d’évolution paroxystique associée à un jetage unilatéral.

face à un jetage chronique chez le chat Le jetage nasal est un signe clinique fréquent en consultation féline. Lors d’évolution chronique, (plus de 4 semaines), les rhinites chroniques non spécifiques et les tumeurs des cavités nasales sont les causes les plus fréquentes. Les rhinites bactériennes, lymphoplasmocytaires ou allergiques sont extrêmement rares dans cette espèce. Seule une démarche exhaustive et minutieuse permet d’établir le diagnostic étiologique d’un jetage chronique.

L

es hypothèses infectieuses sont privilégiées lors de la présentation aiguë d’un jetage nasal chez le chat (herpèsvirus et calicivirus dans 90 p. cent des cas, parfois compliqués d’une surinfection bactérienne [10]). ● En revanche, dès lors que le jetage devient chronique, d’autres hypothèses sont à envisager, en particulier les rhinites chroniques non spécifiques, les affections néoplasiques, voire les mycoses (figure 1). Une approche rigoureuse et hiérarc h i s é e permet d’établir un diagnostic et de proposer un traitement adapté. ● La démarche diagnostique face à un jetage chronique chez le chat s’appuie sur le recueil des éléments anamnestiques d’orientation, la réalisation d’un examen clinique approfondi et rigoureux, et sur le choix raisonné et approprié d’examens complémentaires. RECUEIL DES COMMÉMORATIFS ET DE L’ANAMNÈSE

FÉLINE

Commémoratifs

Les études de distribution des affections nasales en fonction de l’âge permettent de ❚ Crédit Formation Continue : privilégier une origine néoplasique lorsque 0,05 CFC par article l’animal a plus de 8 ans. ●

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 126 - MAI 2010

42

Figure 1 - Origine de rhinites chroniques chez 77 chats selon une étude rétrospective (Henderson et coll. [4])

● Chez les chats jeunes (< 8 ans), une affection congénitale ou un polype sont à rechercher [2, 4]. ● Les chats qui vivent avec d’autres congénères (forte densité) sont plus sensibles aux rhinites chroniques non spécifiques (hypothétique rôle d’un agent infectieux viral) (encadré 1). Les animaux qui ont accès à l’extérieur sont plus exposés à des corps étrangers, à des traumatismes ou à des rhinites fongiques [5].

Anamnèse ● Si le jetage évoque essentiellement une affection nasale, il peut également s’observer lors d’atteinte paranasale, voire systémique. ● Quoique souvent visible sur l’animal, le jetage séreux peut néanmoins passer inaperçu ou être léché par l’animal. Lors d’écoulement caudal, le jetage peut être dégluti, ce qui rend tardif sa mise en évidence (exemple des tumeurs des cavités nasales, souvent à localisation caudale). ● Les renseignements sur le volume, la fréquence (jetage continu ou intermittent), la localisation (unilatéral ou bilatéral), l’apparence (séreux, muqueux, purulent, mucopurulent, sanguin, ou épistaxis pure) sont précieux.


diagnostic et maîtrise du coryza

Aurélien Grellet Unité de Médecine de l’Élevage et du Sport (UMES) École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, av. du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectif pédagogique ❚ Connaître la conduite diagnostique et les moyens prophylactiques face à des problèmes de coryza dans une chatterie.

Essentiel ❚ Les principaux agents responsables du coryza sont : - le calicivirus félin ; - l’herpès virus félin ; - Chlamydophila felis ; - Bordetella bronchiseptica. ❚ Les signes cliniques observés varient en fonction de l’agent pathogène, et en fonction de l’état de santé de l’animal et de la conduite d’élevage.

en élevage félin Motif fréquent de consultation, le coryza en élevage félin est un défi pour le clinicien qui doit adopter une démarche raisonnée et globale, de manière à limiter la durée des signes cliniques et les récidives.

L

es infections des voies respiratoires supérieures sont les infections les plus fréquentes et les plus faciles à détecter dans les collectivités félines. Leur prise en charge est cependant difficile. ● Cet article rappelle quels sont les principaux agents responsables du coryza dans les élevages félins. En effet, plus souvent isolés chez des chats atteints de coryza, ces agents peuvent également l’être chez des animaux cliniquement sains. Ceci révèle l’existence de porteurs asymptomatiques et la circulation de ces agents en élevage. Une gestion optimale du coryza en élevage nécessite donc une bonne connaissance des principaux agents impliqués et de leurs particularités (encadré 1, tableau 2). ● Les différentes méthodes diagnostiques ainsi que les moyens de prévention en élevage sont ensuite présentés. IDENTIFIER LES AGENTS INFECTIEUX EN CAUSE L’aspect des lésions cliniques est un élément d’orientation diagnostique intéressant.

Léthargie ● Éternuement ● Conjonctivite ● Hypersalivation ●

Écoulement oculaire

Écoulement nasal ● Ulcération orale

● Quel que soit l’agent infectieux impliqué, les signes cliniques observés dépendent de nombreux facteurs comme la charge infectieuse et la souche impliquée, l’état général et l’âge de l’animal, l’état immunitaire (protection colostrale et vaccinale), et la conduite d’élevage. ● Certains signes cliniques sont plus fréquemment observés en fonction de l’agent infectieux présent (photo 1, tableau 1).

Signes cliniques d’infection par un calicivirus ● Les différentes souches de calicivirus se distinguent par leur tropisme et leur virulence. Bien que dans certains cas, l’infection puisse être subclinique, les manifestations

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Kératite

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Toux

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Pneumonie

(+)

(+)

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+/-

++ modéré

+ léger

+++ signe clinique très évocateur de l’agent

50

Suspecter

❚ Crédit Formation Continue : +++ marqué

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 134 - MAI 2010

● Des examens complémentaires sont cependant nécessaires pour mettre en évidence le ou les agents infectieux impliqués.

Tableau 1 - Principaux signes cliniques observés

0,05 CFC par article

Chat d’élevage atteint de coryza (photo Unité de Médecine de l’Élevage et du Sport, ENVA).

en fonction de l’agent infectieux impliqué (d’après Gaskell) Herpès virus Bordetella Chlamydophila Signe clinique Calicivirus félin bronchiseptica felis

CANINE - FÉLINE

1

(+) moins commun

+/- subclinique

- absent


N.A.C.

diagnostiquer et traiter le jetage Franck Rival

chez le lapin Les lapins sont prédisposés aux affections respiratoires en raison de leur anatomie. Lors de jetage, une démarche clinique rigoureuse permet d’identifier la cause pour mettre en place un traitement adapté.

Objectif pédagogique ❚ Connaître les agents pathogènes responsables du jetage chez le lapin et savoir mettre en place un traitement adapté.

L

es maladies respiratoires du lapin sont nombreuses. L’une des plus connues est la pasteurellose, mais de nombreuses autres causes existent. ● Le jetage, souvent appelé à tort coryza, peut cacher une atteinte des voies respiratoires profondes : un examen clinique attentif est donc nécessaire. Des examens complémentaires indispensables tels que l’imagerie médicale et les analyses de laboratoire le complètent utilement. ● Un traitement étiologique est alors mis en place pour un meilleur résultat. ÉTIOLOGIE Les lapins ne peuvent respirer que par le nez : tout l'air qu’ils inhalent doit franchir

1

Rhinite purulente chez un lapin (photo F. Rival).

leurs deux petites narines, puis continuer à progresser dans les cornets nasaux tapissés d’une muqueuse très riche en capillaires sanguins et de milliers de cils très fins servant à retenir la poussière et l'excès d'humidité en suspension. Une exposition prolongée et continuelle à de mauvaises conditions environnementales déclenche l’apparition d’éternuements, ce qui entraîne une irritation de la muqueuse nasale, et favorise l’introduction de bactéries (photo 1).

Tableau 1 - Causes du jetage chez le lapin (modifié d’après [2, 6]) Étiologie du jetage

Caractéristiques - Saisonnier

Allergie

si allergène extérieur - Commémoratifs

- Souvent accompagné ●

Malocclusion dentaire

Tumeurs

Virus

d’épiphora ou d’écoulement purulent des yeux

Bactéries

Agent responsable - Poussières - Foin de mauvaise qualité - Environnement (surtout les pollens)

- Génétique - Alimentaire - Mode de vie (absence d’exercice et de lumière naturelle) - Traumatique

- Rares

-

- Souvent aiguë - Accompagné de toux,

- Adénovirus - Calicivirus - Poxvirus

lésions cornéennes, pneumonie

- Plus souvent chronique, ●

Clinique Vétérinaire de l’Arche 192 av. de Romans 26000 Valence

accompagné d’anorexie, pneumonie possible

Essentiel ❚ La pasteurellose est une cause fréquente de jetage chez le lapin. ❚ Lors de jetage chez le lapin, penser à vérifier les conditions d’hébergement. ❚ Les animaux atteints présentent des éternuements, d’abord brefs puis incessants, suivis ou accompagnés d’un jetage nasal.

- Paramyxovirus - Papillomavirus - Bordetella bronchiseptica - Mycoplasma (bovis, arginini) - Pasteurella multocida - Pseudomonas aeruginosa - Staphylococcus aureus

RUBRIQUE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 141


thérapeutique

intérêt de l’acide fusidique

pour le traitement des pyodermites localisées du chien

Emmanuel Bensignor Consultant en dermatologie et allergologie vétérinaire, Paris, Rennes et Nantes

Les pyodermites bactériennes sont un motif fréquent de consultation en dermatologie vétérinaire. L’étude prospective, ouverte, multicentrique présentée dans cet article a évalué l’intérêt d’utiliser une pommade d’acide fusidique pour le traitement de pyodermites localisées, superficielles ou profondes, chez le chien.

Objectif pédagogique Savoir utiliser un traitement local à l’aide d’acide fusidique lors de pyodermite localisée chez le chien.

D

éfinies comme des infections bactériennes pyogènes de la peau, les pyodermites sont dues à la multiplication d’un agent bactérien, le plus souvent Staphylococcus pseudintermedius, à la faveur d’un déséquilibre de l’homéostasie cutanée (traumatisme, dermatite allergique, dysendocrinie, par exemple) [1, 2, 13, 20]. Cette multiplication peut avoir lieu : - à la surface de la peau : pyodermites superficielles ; - en profondeur de la peau : pyodermites profondes.

Le traitement des infections cutanées bactériennes fait appel à l’utilisation des antiseptiques, par voie locale, et des antibiotiques, par voie locale et/ou générale.

En cas de pyodermite localisée, il est souhaitable d’éviter une antibiothérapie systémique, et de se concentrer dans un 1er temps sur un traitement topique, surtout pour les infections superficielles [9]. En effet, les traitements antibiotiques systémiques en dermatologie sont souvent longs, et exposent la totalité de l’organisme traité au médicament, ce qui pose problème alors que l’apparition de souches polyrésistantes de staphylocoques est de plus en plus souvent rapportée en médecine canine [10].

Par voie locale, l’utilisation concomitante d’un antibiotique et d’un dermocorticoïde ne semble pas justifiée en cas d’infection bactérienne patente. Le recours à un antibiotique seul est donc indiqué.

Dans ce contexte, seules deux molécules sont disponibles en pratique quotidienne : - la mupirocine, commercialisée seulement pour l’homme (Mupiderm®) ;

1

Pyodermite localisée chez un chien : nombreuses papules, lichénification et hyperpigmentation sur un fond érythémateux et alopécique (photo E. Bensignor).

- l’acide fusidique, commercialisé chez le chien (Forudine® pommade).

Le but de cette étude est d’évaluer l’efficacité et la tolérance de la Forudine® pommade dans le traitement des pyodermites bactériennes localisées du chien. Il s’agit d’un essai ouvert et multicentrique, réalisé en France. MATÉRIELS ET MÉTHODES Caractéristiques des chiens traités

Vingt-deux chiens (13 mâles et 9 femelles) ont été inclus dans l’essai. L’âge moyen des animaux est de 5,8 ans (1 an à 14 ans).

Douze races de chiens sont représentées : - Bull Terrier, Labrador et Yorkshire : 14 p. cent chacune ; - Bouledogue Français, Setter Anglais, Sharpeï, et croisés : 9 p. cent chacune ; - Berger Allemand, Boxer, Carlin, Cocker et Golden Retriever : 5 p. cent chacune.

Tous les chiens présentaient des lésions cutanées localisées, sans atteinte de l’état général.

Essentiel L’examen microscopique d’un calque cutané permet de confirmer l’origine bactérienne d’une dermatose.

RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 MAI 2010 - 145


dermatologie comment traiter la dermatite des plis (ou maladie des plis) Jean-Guillaume Grand1 Cyrill Poncet2 1

Résident en chirurgie Clinique Vétérinaire Alliance 8, boulevard Godard 33300 Bordeaux 2 Service de chirurgie Centre Hospitalier Vétérinaire Frégis 43, avenue Aristide Briand 94110 Arcueil

Objectif pédagogique Connaître les différentes dermatites des plis, les modalités du traitement et la technique chirurgicale la plus adaptée à chaque localisation.

chez le chien Chez le chien, lors de dermatite ou de “maladie” des plis, le traitement médical permet souvent une amélioration significative des signes cliniques, mais celui-ci n’est le plus souvent que palliatif. La résection chirurgicale des plis de peau apparaît alors comme la seule option curative définitive.

L

Essentiel Les dermatites des plis sont reconnues comme des causes potentielles d’infections urinaires récidivantes et de vaginites. Surtout liée à la conformation de l’animal, la dermatite des plis affecte les chiens brachycéphales et obèses. La formation de plis de peau induit des changements dans l’environnement cutané local. Alors que le sébum présente un effet bactériostatique et fungistatique, à l’inverse, son accumulation excessive favorise la prolifération bactérienne.

a maladie des plis (communément appelée dermatite des plis ou “intertrigo”) est une affection inflammatoire de la peau qui résulte du chevauchement de zones cutanées adjacentes, et qui contribue à modifier l’environnement cutané local. Cette affection est fréquente dans certaines races de chien (Sharpei, Cocker, Carlin, Bouledogues français et anglais, Pékinois, Setter) ou chez les animaux obèses. Elle est essentiellement liée à la conformation de l’animal. Les plis cutanés créent un environnement chaud et humide, propice au développement bactérien. Ils sont soumis à des frictions répétées, et sont situés près des zones de sécrétions (salive, larmes, urines, selles, sécrétions vaginales). L’ensemble de ces conditions peut favoriser l’apparition d’une infection cutanée, avec un érythème et une exsudation (parfois suppurative), accompagnée de prurit et de douleur. Après un rappel sur sa physiopathologie, et la fréquence des pyodermites (encadré 1), nous développons les différents types de dermatites des plis, puis indiquons comment traiter cette affection. ÉTIOLOGIE

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 9 / n°44 152 - MAI 2010

La pathogénie de la maladie des plis apparaît comme un processus complexe et multifactoriel (encadré 1). Plusieurs mécanismes sous-tendent son développement : 1. le frottement des deux versants du pli l’un contre l’autre constitue le facteur étiologique le plus important [16]. Quatre zones sont classiquement affectées par les dermatites des plis [1, 3, 7, 9, 10, 16]. Ce sont selon

68

1

Dermatite des plis de la face chez un Carlin (photo C. Poncet).

2

Le chevauchement des plis de peau est responsable d’une inflammation chronique, marquée par un érythème et une exsudation. - Le prurit secondaire peut conduire à une extension des lésions en région péri-orbitaire comme illustré par ce Bouledogue anglais (photo J.-G. Grand).

la localisation, les intertrigos labial, facial (ou nasal), vulvaire et de la queue ; 2. la coexistence d’affections cutanées diverses provoque un déséquilibre de l’environnement cutané, qui favorise l’apparition et/ou la multiplication d’agents pathogènes (dermatite atopique, allergie alimentaire, …) [16] ; 3. la stérilisation et l’obésité jouent également un rôle. Il a été suggéré que la stérilisation précoce (avant la puberté) était responsable d’un défaut de développement des caractères sexuels secondaires par manque d’œstrogènes, pouvant ainsi prédisposer à une hypoplasie vulvaire et au développement d’une dermatite péri-vulvaire. - Une étude a montré peu de différence dans la conformation vulvaire à 15 mois d’âge entre des chiennes stérilisées à 7 semaines et d’autres à 7 mois [12].


revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - Journal of Veterinary Internal Medicine - Theriogenology - Journal of Small Animal Practice - Animal reproduction Science

2010;24:379-83 2009;72:401-7,1120-31 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2010;51:150-4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2010;118:94-7 ................................................................................................................................................................................................................

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Reproduction - Population folliculaire, mucification du cumulus et configuration de la chromatine de l’ovocyte pendant la période périovulatoire chez la chienne. - Le score Apgar : un nouveau système d’évaluation de la viabilité des chiots nouveau-nés et de leur pronostic de survie à court terme.

Cancérologie

- Gestation et taux de conception après deux inséminations intravaginales avec du sperme de chien congelé avec 5 p. cent de glycérol ou 5 p. cent d’éthylène glycol.

- Résidus sériques chez des chiens recevant une chimiotherapie anticancéreuse. Synthèses rédigées par

Neurologie - La méningite-artérite cortico-sensible : actualisation.

Arnaud Colson, Julien Debeaupuits, Jean-Baptiste Delsarte, Jennifer Crochemore, Luis Matres Lorenzo

un panorama des meilleurs articles Reproduction

POPULATION FOLLICULAIRE, MUCIFICATION DU CUMULUS et configuration de la chromatine de l’ovocyte pendant la période périovulatoire chez la chienne Chez la chienne, la folliculogenèse et l'environnement endocrine en période périovulatoire présentent des particularités. Ainsi, la méïose ovocytaire se termine après l'ovulation, et la sécrétion de pro g e s t é rone commence avant le pic de LH. ● Chez les autres mammifères, cette phase est étroitement liée à la mucification des cellules de la granulosa qui entourent le follicule. ●

Objectifs de l’étude ❚ Décrire la population folliculaire présente dans l’ovaire et mesurer la mucification des cellules du cumulus en la rapportant au diamètre du follicule, avant et après le pic de LH préovulatoire chez la chienne. ❚ Étudier le lien entre la taille du follicule et la configuration de la chromatine ovocytaire avant et après le pic de LH préovulatoire, et après l'ovulation.

Matériel et méthodes

 Theriogenology 2009;72:1120-31. Follicle population, cumulus mucification, and oocyte chromatin configuration during the periovulatory period in the female dog. Reynaud K, Viaris de Lesegno C, Chebrout M, Thoumire S, Chastant-Maillard S.

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 160 - MAI 2010

L'étude est scindée en deux phases expérimentales, menées in vivo sur des ovaires de chiennes ovariectomisées à un stade défini du cycle œstral. ● Celui-ci est déterminé par des frottis vaginaux, par des dosages de progestérone, d'œstradiol et de LH, et par des échographies ovariennes. ● Le nombre et la taille des follicules ovariens sont notés. Les complexes ovocytes-cumulus (C.O.C.) sont recueillis avant l'ovulation par ponction des follicules ou, après l'ovulation, par rinçage des oviductes avec un milieu de survie adapté aux ovocytes. ● Dans l'expérience n°1, un score de mucification est attribué à chaque C.O.C., en fonction de son aspect, du nombre de couches de cellules de la granulosa mucifiées et du diamètre du C.O.C. Le diamètre des ovocytes collectés est mesuré. ● Dans l'expérience n°2, l'ADN ovocytaire est visualisé par une coloration au Hoechst et la tubuline est détectée grâce à une réaction immunohistochimique avec un anticorps monoclonal. Ceci permet d'évaluer le degré de densification de la chro m a t i n e. Les ovaires proviennent de chiennes de races variées. ●

76

Résultats ● 1re expérience : la masse mucifiée atteint 1000 à 1500 µm de diamètre juste avant l'ovulation. Le diamètre moyen des follicules au moment de l'ovulation est de 6 mm (tableau 1). ● 2e expérience : le degré de densification de la chromatine en fonction du stade physiologique de la chienne est indiqué dans le tableau 2.

Discussion et conclusion ● Chez la chienne, l'expansion du cumulus n'est observée qu'après le pic de LH et dans les follicules de plus de 4 mm de diamètre. Les ovocytes, dont la chromatine est gro u p é e , seraient aptes à reprendre leur méïose, et le pic de LH serait impliqué dans l'activation de la densification. ● Chez la chienne comme chez l'homme, le degré de mucification n'est pas lié à l'aspect de la chromatine. La configuration de la chromatine ne change pas dans les 2 jours qui suivent l'ovulation, ce qui est cohérent avec le délai de maturation ovocytaire connu chez la chienne. ● Les follicules multi-ovocytaires sont observés en fin de croissance folliculaire, ce qui suggère qu'ils sont aptes à ovuler. Un seul ovocyte semble cependant être de bonne qualité. ● Cette étude apporte une description de la population folliculaire et de la densification de la chromatine ovocytaire en phase périovulatoire chez la chienne, et montre que des modifications du noyau ovocytaire sont observées dès la fin de la croissance folliculaire. Le rôle physiologique de ces observations reste à déterminer. ❒


test clinique Colson1

Arnaud Dominique Fanuel-Barret2 Marion Fusellier-Tesson3 1.

Urgences / Soins intensifs Médecine Interne 3. Imagerie Médicale Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire, ONIRIS BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3 2.

la question à se poser Face à ce cas clinique, se demander si l’amaurose est un effet secondaire des crises épileptiques ou bien un signe d’une lésion cérébrale, car l’examen neurologique interictal lors d’épilepsie essentielle est normal.

les réponses

des crises d’épilepsie généralisée, ou de “grand mal” 1 De quel type de crises convulsives s’agit-il, quelle peut être l’origine de l’amaurose ?

Il s’agit de crises épileptiques généralisées, dites “de grand mal”. Ce sont des crises stéréotypées, séquencées en plusieurs phases [1, 2, 3, 4] : 1. la phase des prodromes précède la crise, et dure de quelques minutes à quelques heures. Elle se manifeste par de discrets changements de comportement, le plus souvent imperceptibles pour le propriétaire ; 2. la phase d’aura correspond à des changements de comportement plus perceptibles (prostration ou hyperattachement au propriétaire), elle dure quelques secondes à quelques minutes ; 3. la phase ictale, ou critique, est la crise en elle-même avec perte de conscience et convulsions toniques, puis tono-cloniques, elle dure entre 1 et 5 min ; 4. la phase postictale termine la crise, elle est dominée par des troubles du système nerveux autonome (miction, ptyalisme, défécation), et dure de quelques secondes à quelques minutes.

Un examen neurologique postictal est peu probant dans la mesure où les anomalies détectées peuvent être dues à la crise en elle-même [3].

Une question importante à se poser dans ce cas est : “l’amaurose est-elle un effet secondaire des crises épileptiques ou bien un signe d’une lésion cérébrale ?” En effet, l’examen neurologique interictal lors d’épilepsie essentielle est normal [1, 2, 3, 4].

L’amaurose est une perte de vision d’origine nerveuse. Très stressante pour l’animal, elle est interprétée ici comme un effet secondaire des crises épileptiques. L’animal recouvre la vue en quelques secondes à quelques jours [1]. 2 Où localisez-vous l’origine des troubles nerveux décrits, quelles sont vos hypothèses diagnostiques, et quels examens complémentaires envisagez-vous ?

Les crises épileptiques permettent de localiser la lésion aux hémisphères cérébraux, plus particulièrement au cortex cérébral [1, 2, 3].

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°44 164 - MAI 2010

80

2

Image par résonance magnétique de l’encéphale en pondération T2. - Coupe transversale au niveau du télencéphale. - L’examen ne montre rien d’anormal (photo ONIRIS – Service d’Imagerie médicale).

L’épilepsie peut être :

1. une épilepsie primaire, ou idiopathique, ou encore essentielle, le cerveau et l’organisme sont alors sains ; 2. une épilepsie secondaire à une lésion cérébrale ; 3. une épilepsie réactionnelle ou symptomatique, due à l’effet d’une maladie systémique sur un cerveau sain [4].

Compte tenu des éléments épidémiologiques, le diagnostic différentiel comprend : 1. l’épilepsie essentielle ; 2. les anomalies congénitales (hydrocéphalie, lissencéphalie, microgyrie, macrogyrie, …) ; 3. les encéphaloses métaboliques (hypoglycémie, hypocalcémie, …) ; 4. une encéphalite ; 5. une tumeur, hypothèse moins probable compte tenu de l’âge de la chienne.

Dans un 1er temps, un examen biochimique sanguin permet d’exclure une encéphalose métabolique. Dans un 2e temps, un examen par résonance magnétique (IRM) de l’encéphale ne montre aucune lésion (photo 2).

Le diagnostic d’épilepsie essentielle est par conséquent établi. 3 Quelle prise en charge thérapeutique proposez-vous dans l’immédiat et sur le long terme ?

Les crises convulsives fréquentes sont un motif de traitement antiépileptique [1, 2, 3, 4].


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