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DOSSIER : FERTILITÉ ET REPRODUCTION ASSISTÉE

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

Volume 9

N°45 SEPTEMBRE 2010 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline - N°45 - SEPTEMBRE 2010

• CAB Abstracts Database

DOSSIER FERTILITÉ

ET REPRODUCTION ASSISTÉE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT De plus en plus fréquentes, les consultations pour une infertilité d’un chien ou d’une chienne nécessitent une démarche rigoureuse et ordonnée. Celle-ci prend en compte l’ensemble des causes potentielles, de la plus fréquente à la plus rare ...

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Test clinique - Tests de formation continue - Revue de presse internationale : notre sélection en imagerie, reproduction, cancérologie et neurologie

- Questions-Réponses Conduite à tenir devant la cryptorchidie chez le chien - Infertilité chez la chienne et la chatte : comment l’explorer ? - Conduites à tenir - Pour explorer la fertilité chez le chien et le chat - Devant une semence de mauvaise qualité - Comment évaluer la qualité de la semence chez le chien - Comment inséminer une chienne : techniques et résultats - Gestes Comment réaliser et interpréter une analyse cytologique vaginale - Comment réfrigérer du sperme pour un envoi postal - Les échanges internationaux de semence - Observation clinique Des chaleurs anovulatoires

Féline - Insémination artificielle : du rêve à la réalité - Comment évaluer la qualité de la semence chez le chat

Rubrique - Élevage et collectvités - L’élevage canin et félin : état des lieux en France - La visite d’élevage obligatoire - Management - Comment organiser une banque de semence en France ? - Témoignage - Développer la reproduction en clientèle


Volume 9

sommaire Éditorial par Alain Fontbonne Test clinique - Stériliser une chatte trouvée Anne Gogny Questions-Réponses … sur la cryptorchidie chez le chien et le chat Philippe Mimouni, Xavier Lévy

septembre 2010

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DOSSIER

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FERTILITÉ ET REPRODUCTION ASSISTÉE

CANINE - FÉLINE - Conduite à tenir face à une infertilité chez la chienne et chez la chatte : comment l’explorer ? Alain Fontbonne, Emmanuel Fontaine - Conduite à tenir pour explorer la fertilité chez le chien et le chat mâles Anne Gogny, Francis Fiéni - Techniques - Comment récolter la semence chez le chien et évaluer sa qualité Samuel Buff - Conduite à tenir face à une semence de mauvaise qualité chez le chien et chez le chat Samuel Buff - Techniques - Comment inséminer une chienne : techniques et résultats Xavier Lévy - Geste - Comment réaliser et interpréter une analyse cytologique vaginale chez le chien et le chat Anne Gogny, Francis Fiéni - Geste - Comment réfrigérer du sperme pour un envoi à distance Anne Roussel, Françoise Lemoine, Anne Gogny - Les échanges internationaux de semence pour le chien Fernando Mir, Alain Fontbonne - Observation clinique - Des chaleurs anovulatoires chez une chienne Françoise Lemoine, Anne Roussel

N°45

chez le chien et le chat

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FÉLINE - Insémination artificielle chez la chatte : du rêve à la réalité Emmanuel Fontaine, Florence Vannier, Alain Fontbonne - Techniques - Comment récolter la semence chez le chat et évaluer sa qualité Samuel Buff

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RUBRIQUES - Élevage et collectivités - L’élevage canin et félin : état des lieux en France Cassandre Boogaerts - Élevage et collectivités - La visite d’élevage obligatoire : un nouvel enjeu pour le vétérinaire Cassandre Boogaerts - Management - Le fonctionnement d’une banque de semence canine en France Philippe Mimouni, Xavier Lévy - Témoignage - Comment développer la reproduction en clientèle Françoise Lemoine

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revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

FMCvét - formation médicale continue vétérinaire

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- Revue de presse internationale - Notre sélection d’articles par Arnaud Colson,

• Index Veterinarius

Julien Debeaupuits, Anne Gogny, Renaud Jossier, Antoine Monfleur, Floriane Morio 74 - Résidus urinaires cytotoxiques chez des chiens recevant une chimiothérapie anticancéreuse - Cytoponction du nœud lymphatique satellite lors de mastocytome : corrélation grade et survie - Aspect radiographique du lymphome pulmonaire chez le chat et le chien - Imagerie médicale chez 11 chats atteints de dysautonomie - Confirmation histologique de polyneuropathie chez 11 chiens atteints de paralysie laryngée - Prévalence des infections du tractus urinaire chez le chien après chirurgie en cas d’extrusion discale thoraco-lombaire - Administrer de l’aglépristone en phase lutéale chez des chiennes non gravides induit une régression lutéale précoce - Concentrations hormonales chez les chiennes souffrant d’atonie utérine primaire

Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses Observations et résultats originaux

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CANINE - FÉLINE FÉLINE RUBRIQUE

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FMC Vét

Souscription d’abonnement en page 79

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline vol 9 / no 45 SEPTEMBRE 2010 - 167


gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

stériliser une chatte trouvée

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Dominique Fanuel (ONIRIS), Marc Gogny (ONIRIS) Roger Mellinger (praticien)

Rédacteurs en chef Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)

Comité de rédaction Philippe Baralon (Phylum) Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Toxicologie, VetAgro Sup) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, VetAgro Sup) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, ONIRIS) Francis Fieni (Reproduction, ONIRIS) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Alain Ganivet (Élevage et collectivité, praticien) Jean-Pierre Genevois (Chirurgie, VetAgro Sup) Isabelle Goy-Thollot (Urgences, VetAgro Sup) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, VetAgro Sup) Jean-Louis Pouchelon (Cardiologie, E.N.V.A.) Odile Sénécat (Médecine interne, ONIRIS) Chargée de mission rédaction : Hélène Rose Gestion des abonnements et comptabilité Vanessa De Oliveira - Marie Servent Mise en page - Infographie Thomas Dobrzelewski Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

U

ne chatte de race Européen est présentée en consultation pour ovariectomie. Elle a été trouvée au début de l'été, 6 mois auparavant, et son âge actuel est estimé à 18 mois.

La chatte n'a jamais été vue en chaleur (photo 1).

L'état général de l'animal est bon et son examen clinique ne montre pas d'anomalie.

La palpation abdominale permet d'identifier l'utérus. Visuellement, l'existence d'une cicatrice chirurgicale est suspectée sur la ligne médiane entre l'ombilic et le pubis. Cependant, aucune suture abdominale résiduelle n'est palpable, et le plan musculaire n'est pas induré en regard de la ligne blanche.

La chatte ne présente pas de signe d'anomalie de la différenciation sexuelle.

1 En cas d’ovariectomie antérieure, quels sont les examens complémentaires possibles ?

Anne Gogny Service de reproduction des animaux de compagnie Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire ONIRIS École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3

1

Lorsque le statut sexuel d'une femelle n'est pas connu, il peut être très difficile de savoir si elle est entière ou non (photo A. Gogny).

2 Quels sont les avantages et les limites de ces examens complémentaires ? Réponses à ce test page 81

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix de vente au N° : 37 €, U.E. : 38 € Tarifs d’abonnement : voir p. 79 S.A.R.L. au capital de 7622 € Siège social : Europarc 15, rue Le Corbusier, 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1012 T 80121 I.S.S.N. 1637-3065

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comité de lecture

Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Av. des Lions - Ste Marie des Champs - BP 14 - 76191 Yvetot Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / no 45 168 - SEPTEMBRE 2010

en page 79

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Jérôme Abadie, Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Dominique Begon, Jean-Jacques Bénet, Éric Bomassi, Samuel Boucher, Didier Boussarie, Stéphane Bertagnoli, Isabelle Bublot, Samuel Buff, Stéphane Bureau, Claude Carozzo, Eddy Cauvin, Laurent Cauzinille, Guillaume Chanoit, René Chermette, Valérie Chetboul, Bernard Clerc,

Cécile Clercx (Liège), Laurence Colliard, Laurent Couturier, Jack-Yves Deschamps, Armelle Diquelou, Olivier Dossin, Gilles Dupré, Julien Debeaupuits Patrick Devauchelle, Brigitte Enriquez, Didier Fau, Pascal Fayolle, Pauline de Fornel, Annabelle Garand, Laurent Garosi, Frédéric Gaschen (Berne), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Anne Gogny, Isabelle Goy-Thollot,

Dominique Grandjean, Laurent Guilbaud, Philippe Hennet, Juan Hernandez, Laetitia Jaillardon Jean-Pierre Jégou, Stéphane Junot Yves Legeay, Kevin Le Koedec Bertrand Losson (Liège), Pierre Maisonneuve, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat, Pierre Paillassou, Mélanie Pastor, Jean-Marc Person, Claude Petit,

Xavier Pineau, Luc Poisson, Hervé Pouliquen, Pascal Prélaud, Nathalie Priymenko, Alain Régnier, Brice Reynolds, Dan Rosenberg, Patricia Ronsin, Yves Salmon, Brigitte Siliart, Ouadji Souilem (Tunisie), Isabelle Testault, Jean-Laurent Thibaud, Étienne Thiry, Cathy Trumel, Bernard Toma, Isabelle Valin, Michaël Verset Éric Viguier.


éditorial Encore rares il y a quelques années dans les cliniques vétérinaires, les consultations pour une infertilité d’un chien ou d’une chienne sont de plus en plus fréquentes. Elles nécessitent une démarche rigoureuse et ordonnée ...

L

a réflexion sur la reconnaissance des collèges européens de vétérinaires spécialistes avance à grand pas. Celle-ci doit prendre en compte les vraies spécificités des disciplines pour déterminer au mieux ce qui correspond à un véritable exercice professionnel de spécialiste, nécessitant des connaissances poussées et un savoir-faire particulier. Il existe un collège vétérinaire européen dans le domaine de la reproduction : l’ECAR (European College of Animal Reproduction). Si, dans le domaine des animaux de rente ou de la pratique vétérinaire équine, “la reproduction“, autrefois dénommée en France, de façon un peu restrictive “pathologie de la reproduction”, est reconnue comme ayant une réelle spécificité nécessitant des compétences propres, cela n’a pas été forcément le cas pour les animaux de compagnie. La reproduction du chien et du chat a été longtemps ballottée, notamment au sein des écoles ou des facultés vétérinaires européennes, entre “la chirurgie”, qui revendiquait une primauté par rapport à la stérilisation chirurgicale de convenance, et “la médecine interne”, qui, à l’instar de certaines facultés américaines, avait tendance à considérer “la reproduction” comme une sous-spécialité médicale, au même titre que la cardiologie ou la neurologie. Or, s’il y a bien un domaine spécifique à notre discipline “Reproduction”, c’est bien celui de la fertilité et de la reproduction assistée qui font l’objet de ce dossier spécial n°45 du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline. En effet, il ne s’agit là ni de chirurgie, ni de médecine interne, mais bien d’une approche disciplinaire spécialisée et spécifique. De très nombreuses techniques de reproduction assistée sont utilisables et à la portée de tous les praticiens intéressés par ces nouveaux créneaux professionnels, sans compter, pour les plus aventureux, la création et la gestion d’une banque de semence canine. Ainsi, l’approche thérapeutique et réglementaire face à une cryptorchidie chez le chien, savoir “comment inséminer une chienne”, “comment évaluer la qualité de la semence chez le chien” ou “comment réfrigérer le sperme en vue de son envoi postal” sont autant d’actes à bien maîtriser et qui sont décrits dans ces articles, d’autant que le développement du chien de race (et dans une moindre mesure du chat de race) rend les demandes de particuliers ou d’éleveurs de plus en plus fréquentes. Ceci devrait s’intensifier encore en raison de l’obligation réglementaire de visites vétérinaires des structures d’élevage canin et félin, même de très petite taille (à partir de deux portées produites par an), ce qui va augmenter la technicité de la filière et favoriser la confiance et les échanges entre éleveurs et praticiens vétérinaires. En raison du développement du chien de race, du prix parfois élevé des reproducteurs, de l’investissement affectif vis-à-vis de l’animal de compagnie et parce que les propriétaires savent que des traitements existent chez l’humain, les consultations pour une infertilité d’un chien ou d’une chienne, encore rares il y a quelques années dans les cliniques vétérinaires, sont de plus en plus fréquentes. Elles nécessitent une démarche rigoureuse et ordonnée qui prend en compte l’ensemble des causes potentielles, de la plus fréquente vers la plus rare. Curieusement, depuis un an ou deux les propriétaires de chats de race, dont certains ont des chaleurs très frustes (Persans) ou une libido faible, consultent également de plus en plus spontanément leur vétérinaire pour des troubles de la fertilité, d’autant que les méthodes pour recueillir et examiner la semence chez le chat sont désormais bien au point et simples à mettre en œuvre, par cathétérisme urétral par exemple. L’insémination artificielle féline devient elle aussi une réalité. Toutes ces nouvelles avancées techniques sont donc décrites. Outre les aspects techniques, notre consœur, Françoise Lemoine, praticienne très impliquée dans la discipline, explique “comment développer la reproduction en clientèle”.

Alain Fontbonne DVM, PhD, Dipl. ECAR, Maître de Conférences Chef de l’Unité de Reproduction Animale Responsable du CERCA* ENVA 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex *Centre d’Études en Reproduction des Carnivores

pour en savoir plus ...

les dossiers spéciaux de reproduction dans Le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline - N°38 (juin/juillet/août 2008) : Reproduction : Actualités en endocrinologie et en thérapeutique p. 83-137 - N°30 (septembre/octobre 2006) : Les pertes vulvaires chez la chienne et la chatte p. 265-319 LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 170 - SEPTEMBRE 2010

P

our toutes ces raisons, ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canineféline complète très utilement dans le domaine de la reproduction des animaux de compagnie les précédents dossiers spéciaux. Nul doute que la lecture de ce numéro soit utile, pratique et riche d’enseignements nouveaux mais simples à mettre en œuvre par nos confrères lecteurs. ¿

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résultats originaux

questions - réponses sur… la cryptorchidie

chez le chien et le chat

Philippe Mimouni Xavier Lévy Clinique vétérinaire des Poumadères, Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-Ouest (CRECS) 58 Bd Poumadères 32 600 l'isle Jourdain

La cryptorchidie est l'anomalie héréditaire congénitale la plus fréquente de l'appareil urogénital, elle peut être unilatérale ou bilatérale. O Quand peut-on mettre en évidence une anomalie de descente des testicules ?

Chez le chien, il faut souvent attendre 6 à 12 semaines pour pouvoir correctement isoler les testicules dans le scrotum, car s’ils sont normalement en place dans les 10 jours qui suivent la naissance, ils ne sont pas toujours palpables à ce moment-là.

Sur le plan réglementaire, c'est un vice rédhibitoire, et un motif de non confirmation chez le chien de race.

Chez le chat, le diagnostic définitif de cryptorchidie ne peut pas être établi sur des chats âgés de moins de 7 à 8 mois, même si la descente testiculaire s’effectue normalement avant la naissance. Les testicules peuvent, en effet, circuler librement dans le canal inguinal avant la puberté. Dans cette espèce, cette anomalie est rare (entre 1 et 2 p. cent). Elle est plus souvent unilatérale que bilatérale. La grande majorité des mâles cryptorchides présentés à moins de 6 mois ont les testicules en place 6 semaines plus tard sans aucun traitement. Ce diagnostic tardif peut poser problème lors de vente de chatons mâles destinés à la reproduction. O Existe-t-il des races prédisposées ?

Chez le chien, la fréquence de cette anomalie dépend de la race, elle est plus élevée chez les animaux de petites races. Elle varie entre 1 et 15 p. cent (1,2 p. cent chez les chiens croisés ; 9,5 p. cent en moyenne pour l'ensemble des races). Certaines races seraient prédisposées comme le Boxer, le Yorkshire, le Spitz Nain, le Husky Sibérien, le Schnauzer nain, le Berger des Shetland, le Chihuahua, et le Caniche Nain.

Chez le chat, le Persan semble prédisposé. O Comment diagnostiquer une anomalie de descente des testicules ?

Les cryptorchidies peuvent être abdominales ou inguinales, selon que le testicule

Objectifs pédagogiques Savoir identifier une anomalie de la descente testiculaire chez le chiot et le chaton. Corriger la cryptorchidie dans les indications et les limites des différentes solutions thérapeutiques.

1

Palpation et localisation du testicule ectopique sur un chiot (Berger belge Tervueren) de 2 mois (photo Ph Mimouni).

est resté dans l'abdomen ou qu'il est engagé dans l'espace inguinal [1, 4]. - Dans les cryptorchidies abdominales, le testicule n'a pas franchi l'anneau inguinal profond. Il peut être resté au voisinage du rein, à sa place originelle ou se trouver plus ou moins rapproché de l'anneau inguinal profond. - Lors de cryptorchidie inguinale, le testicule est situé entre l'anneau inguinal superficiel et le scrotum, en position sous-cutanée. On parle de testicule oscillant ou “ascenseur” quand le testicule en position inguinoscrotale est facilement repositionnable dans le scrotum par palpation/taxis.

Chez le chien, l’examen consiste en une palpation attentive des régions scrotale et inguinale, l'animal étant manipulé couché sur le dos, puis en position debout (photo 1). - En cas de cryptorchidie unilatérale, il est indiqué de remonter le testicule scrotal en position inguinale pour voir de quel côté se situe l'anomalie de position. Le testicule droit qui est le plus souvent interne (deux fois plus souvent que le gauche). - Le diagnostic peut être difficile chez les très jeunes chiots de petites races. Le recours à l'échographie est alors parfois nécessaire (photo 2). Cet examen ne permet pas toujours de localiser le testicule mal positionné.

Chez le chat, l’examen est fondé sur l’inspection du scrotum des chats mâles âgés de 5 mois ou plus ; les testicules du chat sont mobiles dans l’anneau inguinal (testicule ascenseur) jusqu’à la puberté, il convient donc d’être très prudent avant 8 mois pour conclure.

Définitions

Cryptorchidie : anomalie du développement de l'appareil génital mâle qui se caractérise par l'absence de descente ou la migration incomplète d'un ou des deux testicules qui sont normalement externes, dans le scrotum. Ectopie testiculaire : insertion du testicule dans un autre endroit, hors des bourses et de son trajet normal, en raison d'un défaut de la migration du testicule lors de son trajet de descente. N.B. En médecine vétérinaire, les termes de cryptorchidie et ectopie testiculaire sont employés comme synonymes. Monorchidie et anorchidie : - Le terme monorchidie désigne théoriquement l’absence d’un testicule par agénésie ; il est utilisé à tort lors de cryptorchidie unilatérale.

- Anorchidie est le terme utilisé lorsque les deux gonades sont absentes par agénésie.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 171


conduite à tenir face à une infertilité

Alain Fontbonne Emmanuel Fontaine

chez la chienne et chez la chatte

Reproduction animale / Centre d’Étude en Reproduction des Carnivores École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, av. du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

comment l’explorer ?

Popularité croissante des chiens et des chats de race, raisons sentimentales, voire financières, sont autant de facteurs qui expliquent la recrudescence des consultations pour “infertilité”. Pour explorer la fonction de reproduction, il convient de procéder de manière raisonnée en adoptant une démarche au cas par cas.

L’

infertilité est évoquée si aucun chiot/chaton n’est produit après la mise à la reproduction, si les portées sont de taille réduite par rapport à la moyenne de la race (hypoprolificité), ou si les chaleurs ne sont pas visualisées (anœstrus pathologique), …Autant de situations différentes, auxquelles il convient néanmoins de proposer une démarche adaptée. En terme de fertilité, la “normalité” est cependant difficile à établir au sein des races canines et félines.

Les données avancées par les clubs de races et autres sociétés sous-estiment la plupart du temps ce paramètre : dans de nombreux cas, aucun contrôle, ne serait-ce que visuel, n’est effectué. Certains animaux peuvent simplement ne pas avoir été saillis, ce qui conduit à des résultats erronés.

Nous recommandons de considérer comme infertile, une femelle qui n’a engendré aucun chiot ou chaton, après deux mises à la reproduction consécutives.

Plusieurs causes expliquent l’infertilité : - des problèmes survenant lors de la mise à la reproduction ; - une mauvaise qualité de la semence du mâle ; - des troubles hormonaux [10] ; - une malformation du tractus génital ; - ou des maladies infectieuses.

Le vétérinaire est en général sollicité pour ce type de consultation d’infertilité à trois moments différents du cycle : 1. en dehors de périodes d’activité sexuelle : anœstrus chez la chienne, anœstrus ou interœstrus chez la chatte ;

2. au moment des chaleurs précédant la mise à la reproduction ;

3. pendant le métœstrus, après un diagnostic de gestation constatant la non gravidité. À chacune de ces situations correspond un contexte particulier, et un environnement hormonal différent, susceptible d’influencer le résultat des examens engagés, et les décisions du vétérinaire.

L’objectif de cet article est de présenter une démarche raisonnée, à adapter à chaque cas. Il rappelle l’importance de recueillir des commémoratifs complets, avant de présenter l’examen de l’appareil génital de la femelle, et les examens complémentaires à proposer (figures 1, 2).

Objectifs pédagogiques

Savoir explorer un cas d’infertilité selon une démarche raisonnée. Connaître les examens complémentaires disponibles.

Essentiel Un moment de mise à la reproduction mal déterminé est, chez la chienne, la 1re cause d’infertilité. Chez la chatte, la 1re cause d’infertilité est une absence d’accouplement et/ou de déclenchement de l’ovulation. Un examen minutieux de l’appareil génital par échographie, voire par endoscopie, est à réaliser de manière systématique. L’insémination intra-utérine est la meilleure arme du clinicien pour tenter d’optimiser la fertilité.

RECUEILLIR LES COMMÉMORATIFS : TOUTE L’IMPORTANCE DE DISCUTER Avant de se lancer dans des examens complémentaires, il convient de prendre le temps de discuter avec les propriétaires, et d’aborder avec eux certains points essentiels concernant la conduite de la reproduction. Vérifier le déroulement de la saillie Une des premières questions qu’il convient de poser est de demander aux propriétaires s’ils ont bien observé le ou les accouplements. En effet, certains propriétaires pensent que la saillie est systématique quand une femelle en chaleurs est mise en contact avec un mâle, ce qui n’est pas toujours le cas. Une femelle hyper-dominante peut, par exemple, refuser d’être saillie. Chez la chienne

Chez la chienne, il est important que les propriétaires confirment avoir vu le verrouillage des deux partenaires.

Lié à la présence des bulbes érectiles à la base du pénis du mâle, celui-ci doit durer suffisamment longtemps (au moins une dizaine de minutes) pour pouvoir confirmer que la saillie s’est bien déroulée [12].

CANINE - FÉLINE

Chez la chatte

Chez la chatte, l’ovulation est provoquée par le coït : l’absence de saillie est la 1re cause d’infertilité [13].

Même si la saillie ne dure en général que quelques secondes, elle est facile à recon-

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 173


conduite à tenir pour explorer

la fertilité

Anne Gogny1 Francis Fiéni2

chez le chien et le chat mâles

1Reproduction

des animaux de compagnie Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire 2Unité

de Biotechnologie et Pathologie de la reproduction ONIRIS École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

Les éléments qui interfèrent avec la fertilité sont très nombreux et ne sont pas limités à l'appareil génital. Face à une baisse de fertilité ou avant d'entamer une carrière reproductrice, la fertilité de l'animal implique de suivre une démarche raisonnée.

Objectif pédagogique Savoir mener un examen clinique rigoureux lors de suspicion de baisse de la fertilité chez le chien et le chat mâles.

A Essentiel L'infertilité a des causes très variées et peut se manifester longtemps après l'événement déclencheur. N'importe quelle maladie peut avoir des répercussions sur la fertilité du mâle. Le stress lié à une douleur chronique, quel que soit l'organe atteint, peut limiter la libido d'un animal.

ussi bien face à une suspicion d'infertilité, ou lorsque un animal entame une carrière reproductrice, ou lors de cession, il est utile d’évaluer la fertilité d’un chien ou d’un chat mâle.

Afin de mener à bien cette évaluation, il convient de : 1. recueillir les commémoratifs, et l'anamnèse en cas de trouble ; 2. effectuer un examen général de l'animal ; 3. examiner l'appareil génital ; 4. observer le comportement sexuel ; 5. examiner la semence.

L'ordre dans lequel sont réalisées ces différentes phases est à ajuster en fonction de l'animal et du motif de consultation. Ainsi, lorsqu'un chien est très apeuré ou stressé,

CANINE - FÉLINE

0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 180 - SEPTEMBRE 2010

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Des troubles de la socialisation peuvent conduire à des comportements qui nuisent à la reproduction (photo A. Gogny).

il est préférable de commencer par l'examen comportemental, voire par la collecte de la semence, avant de réaliser l'examen clinique. Inversement, si une infertilité est suspectée, il vaut mieux examiner l'appareil génital avant de recueillir le sperme [19].

1. LE RECUEIL DES INFORMATIONS

Le relevé de l'identification de l'animal est indispensable en 1er lieu. Les commémoratifs permettent d'identifier des causes pouvant interférer avec la fertilité de l'animal. Ainsi, certains médicaments provoquent une baisse de qualité du sperme (les antifongiques, les stéroïdes, ...), ou une baisse de libido (les anti-inflammatoires stéroïdiens, les dérivés anabolisants des stéroïdes,

Tableau 1 - Les causes extrinsèques de baisse apparente de la fertilité chez le chien mâle Domaines

Causes

Alimentation, entretien, milieu de vie du mâle

Relation du mâle avec les autres éléments de son environnement

Mode de suivi des chaleurs de la femelle et conduite de la reproduction

Fréquence des saillies

- Utilisation trop intensive du mâle

Nombre de femelles saillies

- Utilisation trop intensive du mâle

Crédit Formation Continue :

1

Conduite de la saillie

- Mauvaises conditions zootechniques - Mauvaise socialisation intraspécifique (photo 1) - Troubles anxieux - Absence de suivi de chaleurs - Saillie ou insémination en dehors de la période de fertilité de la femelle

- Personne qui encadre la saillie dominante ou trop interventionniste - Femelle agressive - Manque d'expérience du mâle - Environnement perturbant (bruit, mouvements de personnes, ...)


techniques comment récolter la semence chez le chien et évaluer sa qualité Chez le chien, le prélèvement de semence est facile à réaliser par masturbation. L’examen spermo(cyto)gramme permet d’apprécier quantitativement et qualitativement la semence.

L

es consultations pour infertilité sont en constant développement. Elles sont surtout motivées par l’engouement pour les animaux de race pure, chez lesquels les accouplements se négocient à des prix parfois très élevés. L’infertilité d’un mâle peut donc représenter un préjudice financier important pour le propriétaire, qu’il soit éleveur ou simple particulier.

La qualité de la semence devrait idéalement être évaluée au moins une fois par an, chez les individus destinés à la reproduction. Pour cela, il convient d’étudier de multiples paramètres liés aux caractéristiques fonctionnelles et morphologiques des spermatozoïdes. Ceci permet de mieux estimer le potentiel fécondant d'un échantillon de sperme.

Après avoir évoqué les techniques de récolte de la semence chez le chien, l’examen spermo(cyto)gramme est détaillé avec une analyse des propriétés physico-chimiques de la semence, une numération des spermatozoïdes, un examen de leur mobilité et de leur morphologie. COMMENT RÉCOLTER LA SEMENCE Chez le chien, la semence peut être facilement récoltée par masturbation. La présence d’une femelle en chaleurs est en général conseillée, elle améliore la libido, et autorise souvent un prélèvement de meilleure qualité ; si besoin, il est possible d’utiliser des écouvillons vaginaux, prélevés chez des chiennes en œstrus, et conservés au congélateur jusqu’au moment du prélèvement [1, 2].

Le matériel utilisé (cônes de récolte, tubes, pipettes, lames et lamelles) est de préférence réchauffé à température corporelle, maintenu au sec et à l’écart de tout contaminant, notamment les désinfectants spermicides (photos 1, 2).

Samuel Buff

Université de Lyon, France VetAgro Sup C.E.R.R.E.C. & Unité Clinique de Reproduction 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Etoile

Objectif pédagogique Savoir évaluer la qualité de la semence chez le chien.

1

En France, la récolte de semence est le plus souvent réalisée à l’aide de cônes souples sur lesquels des tubes en polypropylène sont adaptés (photo S. Buff).

Chez le chien, l’éjaculat comporte trois phases, émises successivement : - la 1re est d’origine prostatique (aspect translucide) ; - la 2de correspond à la fraction spermatique : aspect laiteux, plus ou moins consistant selon la concentration ; - la dernière phase est aussi d’origine prostatique.

Une couleur jaune, brune, ou rouge, confirme la présence de sang ou d’urine dans l’éjaculat.

Le volume de semence varie en fonction de la quantité de liquide prostatique recueilli et en fonction de la taille du chien : de < 2 mL à > 20 mL, avec une moyenne de 5 mL pour les deux 1res phases.

Une quantité adéquate de la 3e phase est à recueillir, pour récolter intégralement la fraction cellulaire, et permettre éventuellement d’évaluer la composante prostatique.

L’EXAMEN DE LA SEMENCE Pour évaluer la semence, il convient : - de déterminer le nombre total de spermatozoïdes produits ; - d’estimer leur mobilité immédiate ; - d’observer leur morphologie.

2

- Dans d’autres pays, des entonnoirs rigides sont plus facilement utilisés. - Chaque dispositif présente ses propres avantages, et nécessite que la technique de récolte soit adaptée (photo Minitube).

Essentiel Chez le chien, la 2de phase de l’éjaculat correspond à la fraction spermatique. Il convient de recueillir également une fraction de la 3e phase de l’éjaculat.

Le nombre de spermatozoïdes La numération en spermatozoïdes est variable d’un chien à l’autre (hétérogénéité raciale en particulier : 250 x 106 à 3 x 109 spermatozoïdes/éjaculat), ou d’un éjaculat à l’autre.

Une dose inséminante nécessite au moins 100 à 150 x106 spermatozoïdes normaux et mobiles, d’après la majorité des auteurs [1, 2, 3, 4].

La concentration en spermatozoïdes est le plus souvent déterminée à l’aide d’une

CANINE - FÉLINE

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 187


conduite à tenir face à une semence de mauvaise qualité

Samuel Buff

chez le chien et le chat Évaluer le potentiel reproducteur d’un mâle nécessite un examen de sa semence. La définition des seuils en dessous desquels l’éjaculat est considéré comme de mauvaise qualité n’a pas encore été harmonisée : l’ensemble des éléments dont dispose le praticien est donc à considérer pour établir un pronostic, notamment lorsqu’un des paramètres étudiés (numération, morphologie, ou mobilité) est déficient.

U

ne semence de mauvaise qualité peut résulter : d’un prélèvement mal réalisé, d’un mâle insuffisamment stimulé, de conditions de manipulation de la semence inappropriée, ou d’une infertilité (ou subfertilité) sous-jacente qui a parfois motivé la consultation. Afin de ne pas commettre d’erreur de diagnostic, le praticien explore chacune de ces hypothèses avec rigueur. Cet article développe les raisons pour lesquelles une semence peut être altérée, en partant des observations réalisées au cours du spermogramme et du spermocytogramme*. Un tableau récapitulatif est proposé ciaprès (tableau). RECHERCHER UNE OLIGOSPERMIE ET UNE ASPERMIE

Chez le chien, le volume de l’éjaculat dépend de l’âge et de la taille du mâle, de la fréquence des sollicitations, et de la quantité de liquide prostatique récoltée*, **. Outre ces données, des altérations sensibles du volume de l’éjaculat peuvent être observées.

L’oligospermie caractérise une insuffisance de volume de l’éjaculat, et l’aspermie correspond à une absence d’éjaculation. Ces deux situations peuvent être rencontrées en dépit d’une érection à priori satisfaisante, et de contractions urétrales distinctes [23]. Elles sont à distinguer d’une incapacité à éjaculer, qui peut être causée par :

Université de Lyon VetAgrosup C.E.R.R.E.C. & Unité Clinique de Reproduction 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Etoile

- une insuffisance de stimulation (manque de libido, absence de femelle en œstrus) ; - une douleur entraînant un refus du prélèvement ; - des perturbations extérieures entraînant une interruption prématurée du prélèvement**.

Chez le chat, une récolte à l’aide d’un vagin artificiel est souvent vouée à l’échec, même avec des individus entraînés depuis plusieurs semaines, pour des raisons similaires [12, 36].

Connaître la démarche diagnostique face à une semence de mauvaise qualité chez le chien et le chat.

L’éjaculation rétrograde

Définitions

L’éjaculation rétrograde peut expliquer une aspermie ou une oligospermie sévère, notamment lorsque l’érection et les contractions urétrales liées à l'éjaculation sont distinctement observées.

Chez le chat, l’éjaculation rétrograde, définie comme une remontée du sperme jusqu’à la vessie via l’urètre, intéresse près de 50 p. cent des spermatozoïdes émis. Chez le chien, quoique physiologique, elle est rarement mise en évidence [6]. Une étude montre qu’elle est présente chez 12 chiens sur 15 [5], mais qu’elle ne concerne guère plus de 5 x 106 spermatozoïdes.

Une vidange vésicale, par cathétérisme ou par cystosynthèse, et une analyse du culot de centrifugation mettent en évidence des spermatozoïdes en quantité excessive dans la vessie.

Normalement, lors de l’éjaculation, le col de la vessie se contracte sous l’effet de la stimulation α-adrénergique (système nerveux sympathique), ce qui prévient le flux rétrograde des spermatozoïdes vers la vessie.

L’éjaculation rétrograde peut être induite par l’administration de xylazine (agoniste α2-adrénergique). Chez le chien, cette molécule induirait de manière simultanée une augmentation de la contractilité du canal déférent, et une diminution de la pression de fermeture du col de la vessie.

Objectif pédagogique

Oligospermie : insuffisance de volume de l’éjaculat.

Aspermie : absence d’éjaculation.

Essentiel L’azoospermie est l’affection la plus souvent rapportée chez le chat. Le dosage des phosphatases alcalines de la fraction spermatique permet de différencier une azoospermie sécrétoire d’une azoospermie excrétoire. La concentration en PAL dans la fraction spermatique est en général > à 5 000 UI/L.

CANINE - FÉLINE

NOTES * cf. “Comment récolter la semence et évaluer sa qualité chez le chien” et “Comment récolter la semence et évaluer sa qualité chez le chat”, du même auteur. ** cf. “Conduite à tenir pour explorer la fertilité chez le chien et le chat mâles”, par A. Gogny.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 2010 - 191


techniques comment inséminer une chienne

résultats originaux

Xavier Lévy

techniques et résultats

Clinique vétérinaire des Poumadères, Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-Ouest (CRECS) 58 Bd Poumadères 32600 l'isle Jourdain

Objectif pédagogique Savoir choisir la technique d’insémination la plus appropriée à chaque chienne.

2

Vagin ouvert dans sa partie crâniale. - Au centre, le col utérin avec son ouverture, posé sur sa partie dorsale. - Sur les côtés, le cul-de-sac du vagin crânial. - En arrière du col, noter le dernier repli ventro-dorsal sectionné. - Remarquer l’ouverture ventrale du col de l’utérus.

Face aux cycles peu fréquents de la femelle et au prix des saillies parfois élevé, l’insémination artificielle est un outil rentable, si la technique est bien maîtrisée.

D

ans l'espèce canine, la sélection des races, effectuée sur des critères phénotypiques et non “génotypique” chez le chien), incite l’éleveur à sélectionner des mâles parfois éloignés géographiquement (semence réfrigérée ou congelée), ou à utiliser la semence d'animaux après leur mort (semence congelée). Ceci permet d’utiliser certaines caractéristiques présentes chez un mâle, qui n’étaient pas à la mode, et de revenir en arrière quand des erreurs de sélection ont été réalisées (gène de maladie, …)

La rentabilité est un facteur clé en reproduction, et le lieu de dépôt du sperme influence les résultats obtenus. L’insémination a longtemps été limitée au dépôt dans le vagin de la chienne de semence fraîchement collectée. Cependant, lorsque les mâles sont âgés ou incapables de saillir (maladies invalidantes, cancers, …), ou lorsque la semence utilisée est réfrigérée, voire congelée, il est nécessaire d’injecter les spermatozoïdes directement dans l’utérus, afin d’obtenir de meilleurs taux de gestation et de prolificité.

1

Vue endoscopique d’un vestibule de chienne. - Au centre, noter la papille urétrale (flèche blanche), et sur les côtés, les culs de sac du vestibule (flèches jaunes) (photo X. Lévy).

Différentes méthodes d'insémination intravaginale, et surtout intra-utérine (méthode scandinave, par vidéo-vaginoscopie rigide et technique chirurgicale) ont été mises au point depuis 1975. Pour chacune d'elles, il convient de respecter trois règles : efficacité, innocuité et faisabilité. Après un rappel de l’anatomie de la chienne (encadré 1), nous présentons dans cet article les indications et les techniques d’insémination intra-vaginale, puis intra-utérine, en comparant les résultats obtenus.

Encadré 1 - Les points clés de l’anatomie de la chienne Afin d’optimiser la mise à la reproduction, la Essentiel semence peut être déposée en région para-cer Pour de la semence vicale (intra-vaginale), ou directement dans l’uréfrigérée ou congelée, térus (corps et cornes). Les particularités anatomiques de la chienne l’insémination intra-utérine doivent être connues afin de limiter les compliest indispensable. cations : fausse route, douleur et reflux de l’éjaculat.

En arrière des lèvres vulvaires, le vestibule présente une inclinaison dorsocrâniale, terminée par le cingulum (jonction vestibulo-vaginale), qui surmonte la papille urétrale (figure 1, photo 1). CANINE - FÉLINE

Le vagin de la chienne est long et étroit dans sa partie la plus crâniale : ainsi, il mesure 20 à 30 cm de long chez les chiennes de plus de 25 kg. La moitié crâniale du vagin présente trois replis dorso-médiaux, elle se termine par le tubercule Crédit Formation Continue : du col de l’utérus. Le tubercule du col “tombe” dans le vagin, ce qui entraîne la présence de 0,05 CFC par article

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 198 - SEPTEMBRE 2010

34

culs-de-sac péri-cervicaux. L’inclinaison de l’ostium cervical varie de 20 à 90° (photo 2). Le cervix a une texture cartilagineuse, et mesure entre 0,5 et 1,5 cm.

Figure 1 - Anatomie de l’appareil génital de la chienne Pli dorso-médian Col de l’utérus

Vagin Corps de l’utérus Orifice urétral Vestibule

Vulve


geste comment réaliser et interpréter

une analyse cytologique vaginale chez le chien et le chat

Anne Gogny1 Francis Fiéni2 1Reproduction

des animaux de compagnie Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire 2 Unité de Biotechnologie et Pathologie de la reproduction, ONIRIS École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

Peu coûteuse et facile à réaliser l'analyse cytologique vaginale apporte de nombreuses informations, tant dans le suivi de la reproduction que dans le cadre pathologique et aussi bien chez la chienne que chez la chatte.

Objectif pédagogique Réaliser et interpréter un frottis vaginal chez la chienne et chez la chatte.

L’

analyse cytologique vaginale constitue l'un des outils indispensables au diagnostic, dans le suivi de la reproduction de la chienne, mais aussi dans le diagnostic différentiel des affections du tractus génital de la femelle, voire dans certaines maladies testiculaires du mâle (encadré). Cette fiche explique comment réaliser les prélèvements vaginaux, et les préparer pour l'examen microscopique, et comment interpréter les images obtenues.

Essentiel Pour l'interprétation du frottis, privilégier la forme des cellules plutôt que leur couleur car des colorants périmés peut conduire à des diagnostics erronés. La présence de bactéries sur un frottis vaginal ne signe pas toujours une infection. Le frottis est le reflet de l'activité œstrogénique, il peut donc remplacer le dosage de l'œstradiol. Chez la chatte, le nombre de cellules présentes sur le frottis est toujours très peu élevé.

COMMENT RÉALISER LE PRÉLÈVEMENT VAGINAL Le prélèvement vaginal est effectué à l'aide d'un écouvillon préalablement humidifié avec du sérum physiologique. La principale difficulté du geste est d'éviter la fosse clitoridienne (geste).

1

Les cellules parabasales se caractérisent par une forme ronde ou ovoïde, une petite taille et un noyau bien visible (chienne, RAL 555®, x 400) (photo A. Gogny).

Encadré - Les indications du frottis vaginal Chez la chienne et chez la chatte, le frottis vaginal est indiqué : - pour le suivi des chaleurs ; - dans le diagnostic différentiel des pertes vulvaires ; - lors d'inflammation vulvaire ou vaginale ; - dans toutes les maladies dues à une sécrétion ou à une résorption œstrogénique anormale ; - lors de cycle œstral anormal (chaleurs atypiques, inapparentes ou irrégulières, anœstrus prolongé) ; - pour tenter de mettre en évidence une saillie récente.

geste 1er temps

2e temps

Bassin

Bassin Colon

Colon

Anus

Anus Écouvillon

CANINE - FÉLINE

Utérus

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 204 - SEPTEMBRE 2010

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Vessie

Vagin

Fosse clitoridienne

1 L'animal placé debout, l'écouvillon est introduit verticalement, au niveau de la commissure supérieure de la vulve, le long de la paroi caudale du vestibule. Ce geste est effectué en pinçant les lèvres de la vulve et en les tirant vers le bas de façon à voir la fosse clitoridienne.

Écouvillon

Utérus

Vessie

Vagin Fosse clitoridienne

2 Lorsque la progression de l’écouvillon est stoppée par le plafond du vagin, il est placé horizontalement, et poussé sans forcer dans le vagin. Puis, un mouvement de rotation est imprimé pour récolter les cellules de la paroi vaginale [5].


geste comment réfrigérer

Anne Roussel1 Françoise Lemoine2 Anne Gogny1

du sperme pour un envoi à distance De plus en plus de praticiens sont sollicités pour réfrigérer et expédier du sperme canin, afin d’éviter aux propriétaires des déplacements longs et onéreux. Si cette procédure n'est pas difficile, elle nécessite le respect de quelques règles à bien connaître.

L’

un des intérêts de la réfrigération et de la dilution du sperme est d’accroître la longévité des spermatozoïdes, et de rendre possible l'envoi postal de la semence [6]. Cette fiche présente les différentes phases pour préparer la semence et l’envoyer.

1. LES MESURES RÉGLEMENTAIRES

L’identité et l’état de santé du chien sont les 1ers points à vérifier lors de la récolte du sperme. Le vétérinaire qui prélève le sperme délivre une attestation, pour certifier que celui-ci provient bien de l’étalon désigné (article 13 du Règlement international de la fédération cynologique internationale).

La Société Centrale Canine reconnaît les portées issues d’une semence réfrigérée si le vétérinaire ayant préparé la semence et celui qui pratique l’insémination ont suivi une formation spécifique, au titre de laquelle un agrément est accordé.

Exporter de la semence nécessite des certificats vétérinaires et des analyses sanguines spécifiques au pays dans lequel la semence est envoyée. Il convient donc de se renseigner au préalable auprès du ministère de l’Agriculture et de la société canine nationale (kennel club) du pays concerné [3].

Outre ces mesures réglementaires de base, une bonne communication entre le vétérinaire qui prélève l’étalon et celui qui insémine la lice est nécessaire pour coordonner l’envoi et la réception de la semence au moment optimal pour l’insémination artificielle. Ceci implique un suivi de chaleur précis.

2. PRÉLEVER LA SEMENCE ET ÉVALUER SA QUALITÉ Les trois phases de l’éjaculat sont récoltées dans des tubes en plastique différents.

1Service de reproduction des animaux de compagnie Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire École Nationale Vétérinaire Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique- ONIRIS BP 40706 44307 Nantes Cedex 3 2Clinique vétérinaire Vétocéane, 9, allée Alphonse Fillion 44120 Vertou

Objectif pédagogique Savoir préparer du sperme réfrigéré pour son envoi postal. 1

Récolte des trois phases spermatiques séparées. La présence d’une femelle en chaleur est souhaitable.

Seule la phase spermatique est conservée (photo 1).

La présence d’une femelle en chaleur facilite la récolte de la semence, et améliore la qualité de celle-ci.

Il est indispensable de s’assurer de la bonne qualité du sperme, selon ces critères : 1. mobilité > 70 p. cent ; 2. formes anormales < 30 p. cent ; 3. au moins 150 x 106 spermatozoïdes par insémination artificielle.

Un spermogramme est joint au prélèvement.

La phase spermatique peut ensuite être centrifugée à 600 - 700 g, pendant 5 à 6 min, à température ambiante (photo 2). Le liquide séminal, nuisible à la survie des spermatozoïdes, est éliminé avec le surnageant [6]. Certains praticiens ne centrifugent pas la semence lorsque la fraction des phases est correctement réalisée.

3. CHOISIR LE DILUEUR ET DILUER LA SEMENCE

Il est possible de préparer soi-même le dilueur, ou de se le procurer auprès d’un laboratoire spécialisé ou de certaines centrales d’achat vétérinaires (tableaux 1, 2). Selon le mode d’emploi du dilueur utilisé, il peut être nécessaire, pour terminer sa préparation, de le compléter avec du jaune d’œuf, débarrassé de l'albumine : par exemple, pour 8 mL de TRIS-glucose, 2 mL de jaune d’œuf sont à ajouter [2, 7] (photos 3, 4).

Si le dilueur est préparé en grande quantité, il peut être aliquoté et congelé. Pour l’utiliser, il suffit de le décongeler au bain-

2

Centrifuger le sperme à 600 - 700 g pendant 5 à 6 min, puis éliminer le surnageant (photos A. Roussel).

Essentiel La coordination entre les vétérinaires intervenants est fondamentale. La chaîne du froid est à préserver de façon continue.

CANINE - FÉLINE

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 209


les échanges internationaux Fernando Mir Alain Fontbonne Centre d’Étude en Reproduction des Carnivores (CERCA), École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectif pédagogique Connaître les principales règles à respecter lors des échanges internationaux de semence.

de semence pour le chien Les vétérinaires impliqués en reproduction canine sont confrontés, un jour ou l’autre, à la question des échanges internationaux de semence. Les réglementations sont très variables d’un pays à l’autre. Voici les points clés sur ces échanges.

L

2

Boîte en polystyrène pour le transport de semence réfrigérée.

CANINE - FÉLINE

a semence réfrigérée peut être envoyée de façon simple et rapide, pour être utilisée dans un court délai*. De plus, utiliser de la semence congelée est devenu techniquement accessible pour la plupart des éleveurs, ce qui permet de la conserver pendant une période presque indéfinie.

Le choix d’une méthode de conservation dépend de multiples facteurs : - la distance entre les deux pays concernés ; - la disponibilité du mâle (est-il vivant et fertile ou sa semence a-t-elle été congelée avant sa mort ?) ; - le moment optimal pour la reproduction ; - les réglementations spécifiques à chaque pays.

Pouvoir “accoupler” des chiens à distance entre différents pays, et même différents continents, sans avoir besoin de les déplacer permet aux propriétaires d’économiser des frais de transport et de diminuer leur investissement en temps. Néanmoins, ces envois de semence sont soumis a des réglementations parfois très compliquées, qui varient en fonction des pays et des clubs de race.

Après un développement sur les récipients conseillés en fonction de la destination, cet article expose les principales recommandations et réglementations pour les échanges internationaux de semence. LE RÉCIPIENT L’envoi de semence réfrigérée

La semence réfrigérée peut être envoyée dans une boîte en polystyrène (Néopor®) ou dans un thermos classique (photos 1, 2). Crédit Formation Continue :

Son transport est très simple, et aucune 0,05 CFC par article documentation concernant les conteneurs

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 212 - SEPTEMBRE 2010

48

1

Thermos à gauche, boîte en polystyrène à droite, pour le transport de semence réfrigérée (photos CERCA).

n’est nécessaire. Son utilisation est cependant limitée, car la semence ne se conserve alors que pendant 48 à 72 h au maximum [3].

De plus, le jour de l’envoi dépend du moment optimal pour inséminer la chienne, il convient donc de faire spécialement attention aux week-ends et aux jours fériés. L’envoi de semence congelée Pour les échanges avec des pays lointains (Japon, USA, Canada, Australie, … ), il est préférable d’utiliser de la semence congelée, car le colis peut rester en attente plusieurs jours à la douane.

La semence congelée est conservée de manière quasi illimitée dans de l’azote liquide à -196ºC.

De petits volumes d’azote liquide peuvent être transportés dans des conteneurs classiques, mais ce liquide peut se renverser et se révéler dangereux. L'azote sous forme liquide est d’ailleurs considéré comme une "matière dangereuse", et son utilisation dans le cadre des transports est soumise à une réglementation très stricte.

NOTE * cf. l’article “Comment réfrigérer du sperme pour un envoi postal”, par A. Roussel, F. Lemoine et A. Gogny, dans ce numéro.


observation clinique

observation originale

des chaleurs anovulatoires chez une chienne

U

ne chienne reproductrice de race Setter Anglais âgée de 4,5 ans est présentée en consultation pour un suivi de chaleurs (photo 1). Elle n’a aucun antécédent médical, ni chirurgical, et est régulièrement vaccinée et vermifugée.

Aucun trouble de la fertilité n’est rapporté par le propriétaire. La chienne a eu deux portées de sept et neuf chiots, et ses chaleurs sont régulièrement espacées de 6 mois. Il a observé la veille une petite goutte de sang au niveau des poils périvulvaires, mais ces écoulements lui semblent plus discrets que lors des chaleurs habituelles.

La chienne est en bon état général. Aucune anomalie n’est relevée à l’examen clinique.

La vulve est légèrement œdématiée, et présente de discrètes pertes séro-hémorragiques. À l’introduction d’un écouvillon, la chienne dévie légèrement la queue. SUIVI D’UN CYCLE ANOVULATOIRE Suivi des chaleurs Dès le 1er jour, un examen cytologique vaginal et un dosage de la progestérone (motivé par la discrétion des symptômes) sont réalisés : - le frottis vaginal est riche en cellules parabasales, avec quelques cellules intermédiaires et une grand nombre d’hématies : c’est un frottis de début de pro-œstrus ; - la progestéronémie est de 1,33 ng/mL (dosage quantitatif MiniVidas®) (figure 1).

Les frottis et les dosages de la progestérone sont répétés au cours du suivi, afin de détecter le moment optimal pour l’insémination artificielle.

1Clinique

vétérinaire Vétocéane, 9, allée Alphonse Fillion, 44120 Vertou

2Service de reproduction des animaux de compagnie, Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique- ONIRIS, BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3

Figure 1 - Concentrations sériques en progestérone lors d'un cycle anovulatoire Progestérone (ng/mL)

2

Objectif pédagogique

0

Savoir reconnaître et réagir face à un cycle anovulatoire.

/0 2 20 /0 22 2 /0 24 2 /0 26 2 /0 28 2 /0 02 2 /0 04 3 /0 06 3 /0 08 3 /0 10 3 /0 12 3 /0 3

1

18

Avec le développement de la reproduction assistée canine, le dosage de la progestérone et le suivi échographique de l’ovulation sont couramment mis en œuvre afin de déterminer le moment optimal de l’insémination. Certains troubles du cycle sont alors parfois détectés.

Françoise Lemoine1 Anne Roussel2

Évolution de la progestéronémie au cours du cycle

Aucune valeur ne dépasse 2 ng/mL.

Dès le 4e jour, la cytologie vaginale révèle de nombreuses cellules superficielles kératinisées en amas, caractéristiques d’un frottis d’œstrus.

Pendant les 9 premiers jours de chaleurs, la progestéronémie oscille entre 1,20 et 1,44 ng/ mL.

Un suivi échographique des chaleurs est réalisé pour visualiser d’éventuels follicules ovariens, et d’exclure l’hypothèse d’une affection ovarienne (kystes, tumeur, …) car la progestéronémie reste à des valeurs basales.

Au 14e jour des chaleurs, la progestéronémie diminue brusquement, avec un retour à une valeur presque basale : 0,72 ng/mL et la chienne présente des pertes vulvaires jaunâtres épaisses. - le frottis vaginal révèle un grand nombre de polynucléaires, de bactéries (coques), avec des images de phagocytose et de cellules parabasales. Aucune cellule superficielle n’est visible. - L’échographie du tractus génital permet de visualiser des ovaires de petite taille, de forme ovalaire ; l’ovaire gauche présente à sa surface deux petites cavités anéchogènes de 2 mm de diamètre (photo 2). Les images de l’utérus ne montrent pas d’anomalie, ce qui permet d’exclure une infection utérine (métrite ou pyomètre). - Une analyse bactériologique d’un prélèvement vaginal met en évidence un hæmophilus, en culture pure et très abondante. Un traitement antibiotique de la vaginite est donc mis en place, à l’aide de céfalexine.

Au 16e jour des chaleurs, la progestéronémie est légèrement remontée, à 1,71

1

La chienne étudiée lors d’une visite de suivi (photo F. Lemoine).

Essentiel Un cycle anovulatoire se caractérise par une progestéronémie ne dépassant pas 3,5 ng/ml au moment de l’œstrus cytologique. Les cycles anovulatoires sont rares ou sous-diagnostiqués.

CANINE - FÉLINE

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 215


insémination artificielle chez la chatte du rêve à la réalité L’apport zootechnique de l’insémination artificielle sur la sélection génétique n’est plus à démontrer. Les possibilités qu’offre cette technique intéressent de plus en plus les éleveurs de chats de race. Les praticiens sont donc amenés à proposer des inséminations artificielles chez la chatte.

Emmanuel Fontaine Florence Vannier Alain Fontbonne Centre d’Étude en Reproduction des Carnivores (CERCA), École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, av. du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectif pédagogique Connaître les principes de l’insémination artificielle dans l’espèce féline.

1

Une sonde urinaire est introduite dans le vagin avant l’insémination (photos E. Fontaine).

É

voquer l’insémination artificielle dans l’espèce féline peut prêter à sourire, car nous sommes plus souvent sollicités pour stériliser les chats que pour les aider à procréer. La demande est pourtant bien réelle, car l’intérêt de cette technique est loin d’être négligeable dans la filière du chat de race : elle permet d’accoupler des reproducteurs non consentants, de diminuer le risque de transmission de maladies infectieuses (la teigne, principalement), crainte majeure des éleveurs sélectionneurs (qui préfèrent travailler par petits groupes), donc d’augmenter le pool de reproducteurs.

Les 1res études sur l’insémination artificielle chez les chats domestiques remontent aux années 1970 [10]. Cette technique a connu un nouvel essor à partir des années 2000, avec de nombreuses publications [12, 18]. Celles-ci ont posé les bases de la pratique actuelle dans les centres spécialisés.

Fruit de travaux récents menés au Centre d’Étude en Reproduction des Carnivores de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort, cet article montre que l’insémination artificielle chez la chatte ne relève pas de l’utopie. Il présente les différentes techniques pour déposer la semence, en position intra-vaginale ou intra-utérine, puis précise le moment propice pour réaliser l’insémination. OÙ DÉPOSER LA SEMENCE ?

Chez la chatte, comme chez la chienne, il est possible de réaliser des inséminations intravaginales ou des inséminations intra-utérines.

Essentiel La dose minimale : - pour une insémination

2

Après l’insémination, le train postérieur de la chatte est maintenu en une position surélevée, pendant 5 à 10 min, pour favoriser, de manière passive, la remontée des spermatozoïdes dans les voies génitales.

Une fois la semence récoltée (encadré 1), il convient de choisir où la déposer.

L’insémination intra-vaginale L’insémination intra-vaginale est la technique la plus simple : 1. une sonde urinaire est insérée sur quelques centimètres à l’entrée du vagin ; 2. la femelle est ensuite surélevée (photos 1, 2) ; 3. la semence est injectée ; N. B. Il est recommandé d’injecter au maximum 0,3 mL ; au delà, un reflux de sperme est très souvent observé ; 4. le train postérieur de la femelle est maintenu en position surélevée pendant 10 min, afin de faciliter la descente des spermatozoïdes dans les voies génitales femelles.

intra-vaginale est de 80 millions de spermatozoïdes, chiffre très supérieur à la quantité moyenne de spermatozoïdes dans l'éjaculat du chat ; - pour une insémination intra-utérine est de 8 millions de spermatozoïdes, chiffre compatible avec l’éjaculat moyen d’un chat mâle.

FÉLINE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

55

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 219


techniques comment récolter la semence

résultats originaux

chez le chat et évaluer sa qualité

Chez le chat, la semence peut être récoltée par cathétérisme urétral. L’examen spermocytogramme permet d’évaluer la qualité de la semence.

Université de Lyon VetAgro Sup C.E.R.R.E.C. & Unité Clinique de Reproduction 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Etoile

Objectifs pédagogiques Connaître les techniques de récolte de semence chez le chat. Savoir évaluer la qualité de la semence.

C

hez le chat, la récolte de semence à l’aide d’un vagin artificiel ne donne pas des résultats suffisamment satisfaisants. Depuis 1970, l’électro-éjaculation a été largement utilisée, et reste la méthode la plus employée. Il est toutefois désormais possible d’obtenir un éjaculat exploitable pour une insémination de manière exclusivement pharmacologique.

Cette avancée devrait permettre de réaliser plus souvent des spermogrammes dans l’espèce féline, et de développer de nouvelles consultations pour infertilité, ou pour favoriser la reproduction assistée.

Cette fiche présente les techniques de récolte de la semence chez le chat, puis les paramètres qui permettent d’évaluer sa qualité.

Samuel Buff

1

NOTE

Prélèvement de semence à l'aide d'une sonde endorectale pour l’électro-éjaculation d’environ 1 cm de diamètre. - Elle comporte trois ou cinq électrodes longitudinales, orientées en position ventrale, en regard de la symphyse pubienne. - Les stimulations sont appliquées par séries d’intensité croissante (2 à 6 volts), séparées par un repos de 2 à 5 min ; chaque série comporte environ 10 impulsions de 3 s chacune (photo S. Buff).

* Plusieurs sociétés commercialisent des électro-éjaculateurs de qualité, par exemple Minitube en Europe, et Beltrom Instruments aux États-Unis. - Minitüb GmbH (Allemagne) Téléphone : +49 8709 9229 0 Fax : +49 8709 9229 39 e-mail : minitube@minitube.de - Beltron Instruments (États-Unis) Téléphone : 1-979-775-1629 Fax : 1-866-824-9882 e-mail : sales@beltroninst.com

LES DIFFÉRENTES TECHNIQUES DE RÉCOLTE DE LA SEMENCE La récolte par électroéjaculation

L’électro-éjaculation est souvent considérée comme la méthode privilégiée pour la collecte des spermatozoïdes chez le chat, elle a été largement utilisée depuis sa description par Scott en 1970. En effet, contrairement au chien, la plupart des chats ne peuvent pas être prélevés à l’aide d’un vagin artificiel, même après une longue période d’entraînement. De plus, si le mâle est placé dans un environnement inconnu, il refuse souvent d’être prélevé.

L’électro-éjaculation peut être réalisée à n’importe quel moment, sur un animal anesthésié (80 µg/kg de médétomidine, et 5 mg/kg de kétamine, par voie sous-cutanée), notamment en l’absence d’une femelle en chaleurs (photos 1, 2). Un protocole est proposé dans la figure.

Il existe chez le chat un flux rétrograde vésical physiologique (environ 40 à 50 p. cent

2

Générateur permettant un contrôle précis des stimuli électriques appliqués à l’animal lors de l’électro-éjaculation (photo Minitube)*.

Figure - Exemple de protocole d’électro-stimulation 30 stimulations (10 à 2 volts (V), 10 à 3 V, 10 à 4 V) de 2 s, avec une pause de 1 s entre chaque

Essentiel La médétomidine à forte dose a des propriétés inductrices de l’éjaculation.

5 min de repos 30 stimulations (10 à 3 V, 10 à 4 V, 10 à 5 V) de 2 s, avec une pause de 1 s entre chaque 5 min de repos

FÉLINE

30 stimulations (10 à 4 V, 10 à 5 V, 10 à 6 V) de 2 s, avec une pause de 1 s entre chaque Remarque : En général, une contamination urinaire importante est observée pour une tension de 6 volts

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 223


élevage et collectivités la visite d’élevage obligatoire un nouvel enjeu pour le vétérinaire Les visites bisannuelles dans les élevages canins et félins sont obligatoires, depuis le décret de 2008*. Elle sont une opportunité pour renforcer le lien entre un éleveur et l’un de “ses” vétérinaires.

L

es fourrières, les refuges, les élevages, et les animaleries (tels que définis dans l'article L214-6 du code rural et de la pêche maritime) sont concernés par les visites sanitaires [3].

La loi du 06 janvier 1999 définit l’activité d’élevage : celle-ci consiste à détenir des femelles reproductrices, donnant lieu à la vente d’au moins deux portées par an [11]. Si une seule portée est vendue dans l’année, on parle de “particulier”.

Être éleveur entraîne des obligations, dont celles de : - détenir un certificat de capacité relatif aux activités liées aux animaux d’espèces domestiques ; - déclarer son établissement à la préfecture ; - tenir régulièrement à jour des registres obligatoires : le registre des entrées et des sorties et le registre de suivi sanitaire et de santé, plus souvent appelé “livre de santé”.

Des dérogations sont envisagées, selon la taille de l’élevage (une seule visite obligatoire pour les petits élevages, dont la limite serait probablement fixée à 10 chiens), et selon l’activité (encadré 1). L’arrêté relatif à ces modalités n’est pas encore paru.

Le décret du 28 août 2008 ne précise pas si les vétérinaires titulaires du mandat sanitaire sont seuls habilités à réaliser ces visites. En revanche, il est bien précisé que l’éleveur est libre de solliciter le vétérinaire de son choix. OBJECTIF DE LA VISITE D’ÉLEVAGE

La visite d’élevage obligatoire a pour but d’assurer un suivi sanitaire préventif personnalisé, et de conseiller des améliorations afin de protéger les animaux, les acheteurs, le personnel et l’environnement. À cette occasion, le vétérinaire peut avoir un aperçu

Encadré 1 - les différents types

Cassandre Boogaerts Secteur élevages canin/félin, identification électronique École Nationale Vétérinaire d’Alfort - UMES 7 avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

d’installations classées pour la protection de l’environnement

Les élevages sont qualifiés selon le nombre de chiens : - installation non classée : moins de neuf chiens sevrés ; - installation classée soumise à déclaration : entre 10 et 49 chiens sevrés ; - installation classée soumise à autorisation : plus de 50 chiens sevrés.

Ces structures sont toutes concernées par les visites sanitaires.

global et détaillé des conditions de vie et de soins portés aux animaux (encadré visite délevage).

Beaucoup d’éleveurs canins et félins craignent la mise en place des visites obligatoires, qu’ils perçoivent comme un contrôle supplémentaire pouvant leur porter préjudice. Il convient de les rassurer, le but n’est pas de dénoncer des pratiques qui ne respectent pas la législation en vigueur, mais de renforcer la collaboration avec le vétérinaire pour améliorer l’élevage et ses résultats [5, 6, 10].

Cette collaboration est d’autant plus fructueuse que le vétérinaire connaît l’élevage pour l’avoir déjà visité, et avoir déjà mis en évidence ses points forts et ses points faibles.

En cas d’enzootie au sein d’une collectivité, un état des lieux de l’établissement hébergeant les animaux est indispensable pour résoudre les difficultés. Des conduites d’élevage hasardeuses (surpopulation dans des bâtiments inadaptés, matériaux se prêtant peu à un nettoyage et à une désinfection efficaces, non respect d’une quarantaine ou de l’isolement des animaux malades, ...), sont passés en revue et des conseils pour les corriger sont prodigués. Une confiance réciproque doit s’installer.

Le décret impose la rédaction conjointe par le vétérinaire et l’éleveur d’un règlement sanitaire [11]. Les modalités de rédation de ce règlement ne sont pas encore connues. Ce règlement vise à préserver la santé et le bien-être des animaux de l’élevage, mais aussi ceux de l’ensemble du personnel travaillant sur le site. Il devrait donc codifier l’ensemble des tâches réalisées dans la structure.

Objectif pédagogique Connaître le déroulement d’une visite d’élevage et ses enjeux.

ce que permet la visite d’élevage La visite d’élevage est l’occasion de : J renforcer la collaboration entre l’éleveur et le vétérinaire, elle privilégie une approche de la pathologie de groupe, en plus de la médecine individuelle pratiquée en cabinet ;

J étudier différents champs d’actions :

- la reproduction, avec la gestion de l’infertilité [12] ; - la génétique, avec la sélection des reproducteurs ; - la médecine préventive ; - l’hygiène ; - le marketing, car bon nombre d’éleveurs vivent de cette activité ; J gérer la maîtrise des risques de zoonoses telles que la teigne, souvent rencontrée en élevage félin, ou la toxacarose [8, 13, 14].

NOTE * Ces visites étaient préconisées par le Dr Alain Fontbonne dans son rapport sur l’élevage en 2000 [3]. Le décret relatif à la protection des animaux de compagnie et modifiant le code rural [2], initialement annoncé fin 2004, est paru au Journal Officiel du 30 Août 2008.

RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 229


élevage et collectivités l’élevage canin et félin Cassandre Boogaerts Secteur élevages canin/félin, identification électronique École Nationale Vétérinaire d’Alfort - UMES 7 avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

état des lieux en France

L

e nombre d’éleveurs en France est très difficile à évaluer précisément. Les chiffres de 13 000 éleveurs canins et de 5 000 éleveurs félins sont peu fiables. Les grandes caractéristiques de l’élevage français canin et félin ne sont, en effet, pas bien connues. Depuis le rapport remis par Alain Fontbonne en 2000 au ministre de l’Agriculture de l’époque [5], et mis à part quelques thèses vétérinaires ponctuelles, aucune étude n’a été conduite à ce jour. Quelques données historiques et réglementaires sont rappelées ci-après (encadré).

Les données de la Société Centrale Canine (SCC) ne regroupent que les portées déclarées au Livre des Origines Français (LOF), donc seuls les chiens dits “de race” tels que définis par la loi du 6 janvier 1999 (tableau 1) [9]. Ceci ne représente qu’une infime partie des chiens qui naissent chaque année en France et ne correspond pas aux chiffres relatifs aux races ou aux types de chiens les plus détenus par les Français (tableau 2). De plus, les personnes dites “éleveur” peuvent être de simples particuliers ayant inscrit une seule portée au LOF ces dernière années.

Objectif pédagogique Connaître les différents types d’élevages canins et félins présents en France.

Essentiel Il existe trois grandes catégories d’éleveurs : - les sélectionneurs ; - les multiplicateurs ; - les sélectionneurs / multiplicateurs. Les élevages félins sont souvent “familiaux”.

Tableau 1- Inscriptions au livre des origines français : les 10 races les plus représentées, et évolution entre 2005 et 2009 Race

2005

2007

2009

Berger Allemand

10 971

11 203

11 321

Golden Retriever

7 842

8 483

7 787

Cavalier King Charles

6 281

6 655

7 192

Retriever du Labrador

7 274

6 569

6 433

Yorkshire Terrier

5 214

5 653

6 382

Setter Anglais

5 746

5 591

6 268

Épagneul Breton

5 494

5 571

5 382

Bouledogue Français

3 670

4 286

5 244

Cocker Spaniel Anglais

4 964

4 910

5 203

Berger Belge Malinois

3 850

4 354

5 136

RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 226 - SEPTEMBRE 2010

Les renseignements apportés par les Directions Départementales des Services Vétérinaires (DSV) sont donc plus fiables. Les DSV effectuent en effet des contrôles en élevage, disposent d’un fichier des éleveurs de chiens déclarés dans leur département,

62

L’éleveur est un professionnel même si son activité d’élevage est secondaire (photo UMES).

et sont susceptibles de détenir des données plus révélatrices du terrain. Les éleveurs non déclarés échappent aux contrôles et ne sont pas répertoriés. Il en est de même pour les élevages de chats souvent “familiaux”. SOCIOLOGIE DES ÉLEVEURS Les éleveurs peuvent être regroupés en trois grandes catégories (photo 1) : 1. Les sélectionneurs - Leur production est intégralement inscrite à un livre d’origines, les éleveurs disposent en général d’un petit nombre d’animaux. - La conformité aux standards de beauté et de travail de la race est leur 1er critère de sélection. - La vente est directe sur le site de l’élevage, et ces éleveurs ont tendance à souvent sortir leurs animaux en concours de beauté et de travail. 2. Les multiplicateurs - Le but 1er est la production à grande échelle, les animaux sont le plus souvent vendus en animalerie ou en salon de vente, avec parfois une faible part de vente directe. - La production est en partie inscrite à un Livre des Origines, ou pas du tout. Les éleveurs disposant d’un affixe (nom de l’élevage déposé auprès de la Fédération Cynologique Internationale) ont normalement pour obligation d’inscrire tous leurs chiots au LOF. Certains n’en déclarent pourtant qu’une partie, sans aucune sanction. Il n’est pas obligatoire de posséder un affixe pour inscrire des chiots au LOF. - Ces éleveurs disposent d’un grand nombre de reproducteurs (200 à 300 reproducteurs, voire plus).


élevage et collectivités la visite d’élevage obligatoire un nouvel enjeu pour le vétérinaire Les visites bisannuelles dans les élevages canins et félins sont obligatoires, depuis le décret de 2008*. Elle sont une opportunité pour renforcer le lien entre un éleveur et l’un de “ses” vétérinaires.

L

es fourrières, les refuges, les élevages, et les animaleries (tels que définis dans l'article L214-6 du code rural et de la pêche maritime) sont concernés par les visites sanitaires [3].

La loi du 06 janvier 1999 définit l’activité d’élevage : celle-ci consiste à détenir des femelles reproductrices, donnant lieu à la vente d’au moins deux portées par an [11]. Si une seule portée est vendue dans l’année, on parle de “particulier”.

Être éleveur entraîne des obligations, dont celles de : - détenir un certificat de capacité relatif aux activités liées aux animaux d’espèces domestiques ; - déclarer son établissement à la préfecture ; - tenir régulièrement à jour des registres obligatoires : le registre des entrées et des sorties et le registre de suivi sanitaire et de santé, plus souvent appelé “livre de santé”.

Des dérogations sont envisagées, selon la taille de l’élevage (une seule visite obligatoire pour les petits élevages, dont la limite serait probablement fixée à 10 chiens), et selon l’activité (encadré 1). L’arrêté relatif à ces modalités n’est pas encore paru.

Le décret du 28 août 2008 ne précise pas si les vétérinaires titulaires du mandat sanitaire sont seuls habilités à réaliser ces visites. En revanche, il est bien précisé que l’éleveur est libre de solliciter le vétérinaire de son choix. OBJECTIF DE LA VISITE D’ÉLEVAGE

La visite d’élevage obligatoire a pour but d’assurer un suivi sanitaire préventif personnalisé, et de conseiller des améliorations afin de protéger les animaux, les acheteurs, le personnel et l’environnement. À cette occasion, le vétérinaire peut avoir un aperçu

Encadré 1 - les différents types

Cassandre Boogaerts Secteur élevages canin/félin, identification électronique École Nationale Vétérinaire d’Alfort - UMES 7 avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

d’installations classées pour la protection de l’environnement

Les élevages sont qualifiés selon le nombre de chiens : - installation non classée : moins de neuf chiens sevrés ; - installation classée soumise à déclaration : entre 10 et 49 chiens sevrés ; - installation classée soumise à autorisation : plus de 50 chiens sevrés.

Ces structures sont toutes concernées par les visites sanitaires.

global et détaillé des conditions de vie et de soins portés aux animaux (encadré visite délevage).

Beaucoup d’éleveurs canins et félins craignent la mise en place des visites obligatoires, qu’ils perçoivent comme un contrôle supplémentaire pouvant leur porter préjudice. Il convient de les rassurer, le but n’est pas de dénoncer des pratiques qui ne respectent pas la législation en vigueur, mais de renforcer la collaboration avec le vétérinaire pour améliorer l’élevage et ses résultats [5, 6, 10].

Cette collaboration est d’autant plus fructueuse que le vétérinaire connaît l’élevage pour l’avoir déjà visité, et avoir déjà mis en évidence ses points forts et ses points faibles.

En cas d’enzootie au sein d’une collectivité, un état des lieux de l’établissement hébergeant les animaux est indispensable pour résoudre les difficultés. Les conduites d’élevage hasardeuses (surpopulation dans des bâtiments inadaptés, matériaux se prêtant peu à un nettoyage et à une désinfection efficaces, non respect d’une quarantaine ou de l’isolement des animaux malades, ...), sont passées en revue et des conseils pour les corriger sont prodigués. Une confiance réciproque doit s’installer.

Le décret impose la rédaction conjointe par le vétérinaire et l’éleveur d’un règlement sanitaire [11]. Les modalités de rédation de ce règlement ne sont pas encore connues. Ce règlement vise à préserver la santé et le bien-être des animaux de l’élevage, mais aussi ceux de l’ensemble du personnel travaillant sur le site. Il devrait donc codifier l’ensemble des tâches réalisées dans la structure.

Objectif pédagogique Connaître le déroulement d’une visite d’élevage et ses enjeux.

ce que permet la visite d’élevage La visite d’élevage est l’occasion de : renforcer la collaboration entre l’éleveur et le vétérinaire, elle privilégie une approche de la pathologie de groupe, en plus de la médecine individuelle pratiquée en cabinet ;

étudier différents champs d’actions :

- la reproduction, avec la gestion de l’infertilité [12] ; - la génétique, avec la sélection des reproducteurs ; - la médecine préventive ; - l’hygiène ; - le marketing, car bon nombre d’éleveurs vivent de cette activité ; gérer la maîtrise des risques de zoonoses telles que la teigne, souvent rencontrée en élevage félin, ou la toxacarose [8, 13, 14].

NOTE * Ces visites étaient préconisées par le Dr Alain Fontbonne dans son rapport sur l’élevage en 2000 [3]. Le décret relatif à la protection des animaux de compagnie et modifiant le code rural [2], initialement annoncé fin 2004, est paru au Journal Officiel du 30 Août 2008.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 229


management le fonctionnement d’une banque de semence canine Philippe Mimouni Xavier Lévy

en France

Clinique vétérinaire des Poumadères, Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-Ouest (CRECS) 58 Bd Poumadères 32 600 L'Isle Jourdain

Objectif pédagogique Connaître le fonctionnement d’une banque de semence canine afin de bien conseiller le propriétaire d’un étalon.

Quatre banques de semence canine sont actuellement agréées en France par la Société Centrale Canine (figure 1). Dans celles-ci, la semence congelée d’étalons est préparée sous forme de paillettes et conservée dans de l’azote liquide. O Quand conseiller la congélation du sperme d’un étalon ?

Le praticien peut conseiller de congeler le sperme d’un étalon dans trois situations : 1. lorsqu’il est d’une grande valeur génétique, et que l’on souhaite pouvoir l’utiliser CERCA

Figure 1 Les quatre banques de semence disponibles en France CERREC CIAC

CRECS

O Où peut-on faire congeler la semence d’un étalon en France ? La semence d’un étalon peut actuellement être congelée dans les quatre banques de semence canine en France : 1. Centre d'Étude en Reproduction des Carnivores (CERCA) : Dr Alain Fontbonne École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort cerca@vet-alfort.fr 2. Centre d'Étude en Recherche en Reproduction et Élevage des Carnivores (CERREC) : Dr Samuel Buff École Nationale Vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy L'Étoile s.buff@vetagro-sup.fr

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 232 - SEPTEMBRE 2010

68

3. Centre d'Insémination Artificielle Canine (CIAC) Pr Daniel Tainturier École Nationale Vétérinaire de Nantes ONIRIS BP 40 706 Cedex 03 44307 Nantes daniel.tainturier@oniris-nantes.fr 4. Centre de Reproduction des Carnivores du Sud Ouest (CRECS) Dr Philippe Mimouni et Dr Xavier Lévy 58 Boulevard des Poumadéres 32600 Isle Jourdain vetrepro@vetrepro.fr

En

Europe, deux sites répertorient les banques de semence canine (www.evssar.org et www.canine-semenbankseurope.com) ; et un site aux USA (www.akc.org).

après sa disparition dans un but d’amélioration génétique (les croisements grand-pèrepetite fille, utilisés fréquemment en sélection canine sont grandement facilités) ; 2. lorsqu’il risque de mourir prématurément (chien de chasse au sanglier, chien de sauvetage) ; 3. lorsqu’un traitement médical risque de le rendre stérile (chimiothérapie, traitements hormonaux lors d’affection prostatique).

L’insémination en semence congelée permet d’utiliser la semence d’un étalon même si celui-ci n’est plus disponible pour des saillies.

Cette technique permet les échanges internationaux de semence, particulièrement utiles lorsqu’il existe des barrières sanitaires ou douanières*. Elle peut aussi être proposée aux propriétaires de mâles qui veulent garder un descendant pour des raisons sentimentales (le clonage n’est pas réalisable chez le chien). O Quel est le meilleur moment pour prélever un chien et conserver sa semence ?

Le moment idéal pour prélever la semence d’un chien est entre 2 et 6 ans. Cependant, les conditions d’obtention des titres (travail et beauté) et l’utilisation souvent tardive de certains étalons ne permettent pas toujours d’envisager une congélation pendant cette période.

La semence d’un chien peut être congelée à tout âge, jusqu’à 15 ans, à partir du moment où l’animal produit des spermatozoïdes mobiles, normaux et en quantité suffisante (figure 2).

D’autres facteurs que l’âge peuvent affecter la qualité de la semence : abstinence prolongée ou au contraire sur-utilisation, stress, compétition, saison chaude, toute affection hyperthermisante, libido faible, etc.

Le moment du prélèvement prend donc en compte ces différents paramètres.

NOTE * cf. l’article “Les échanges internationaux de semence de chien”, par F. Mir et A. Fontbonne dans ce numéro.


témoignage comment développer la reproduction en clientèle Les clients, éleveurs mais aussi particuliers, demandent de plus en plus souvent à leur vétérinaire un suivi de la reproduction pour leurs chiens ou leurs chats. Comment développer ce nouveau service au sein de votre clientèle ?

L

a reproduction est le plus souvent abordée dans notre pratique quotidienne sous l’angle de la “non reproduction”. Nous proposons le plus souvent de stériliser les animaux, pour des raisons médicales et comportementales, en accord avec les données médicales actuelles (EBM : evidence based medicine). Cependant, pour des raisons financières ou affectives, certains propriétaires, souvent avertis, désirent faire reproduire leurs animaux. À l’image de la médecine humaine, et de celle des autres espèces domestiques, ils souhaitent de plus en plus que la vie de reproduction de leur animal soit suivie par leur vétérinaire. UN SERVICE POUR LES “PASSIONNÉS” ET LES “PRODUCTEURS”

Les idées préconçues sont nombreuses et bien enracinées en élevage canin et félin. Celles-ci touchent aussi bien la reproduction que les relations entre les éleveurs et les vétérinaires.

Les arguments scientifiques permettent de combattre les premières. Pour les secondes, à nous de faire preuve de bonne volonté, et de ne pas regarder les éleveurs comme des Monsieur Jourdain de l’art vétérinaire, ou de systématiques mauvais payeurs.

La reconnaissance des compétences de chacun doit permettre d’établir un véritable partenariat. Il convient d’adapter son discours, ses services, ses compétences, selon le niveau de l’éleveur, donc de discuter, et surtout d’expliquer sa démarche.

La connaissance du milieu de l’élevage (notions de cynophilie, de félinophilie, et intérêt pour les grands événements de ces disciplines) est appréciée des éleveurs. Ceux-ci forment des microcosmes, selon les races qu’ils élèvent ou selon leurs activités. Véritables “VRP” de votre clinique, ils sont sans doute votre meilleur publiciste régional.

1. les passionnés, qui cherchent à produire

La mise à la reproduction

2. les véritables producteurs de chiens, pour lesquels la rentabilité est primordiale. Le cloisonnement entre ces deux catégories n’est pas aussi strict qu’il n’y paraît. La taille de l’élevage, par exemple, n’est pas un critère de classement. De plus, les objectifs dans un même élevage diffèrent parfois selon les races élevées.

Il est donc important pour le vétérinaire de connaître les objectifs de chacun de ses clients, afin de lui proposer des services adaptés.

Objectifs pédagogiques Connaître les principales demandes des éleveurs en reproduction. Savoir organiser sa structure pour proposer une activité de reproduction en clientèle.

IDENTIFIER LES PRINCIPALES DEMANDES DES CLIENTS

Pour proposer ce nouveau service en clientèle, il convient de bien définir sa cible, et de connaître ses attentes. Les données concernant les caractéristiques de l’élevage canin et félin en France sont peu nombreuses en France ; il en est de même concernant les éleveurs*. Il est toutefois possible de distinguer deux grands groupes : de beaux et de bons chiens ;

Clinique vétérinaire Vétocéane 9 allée Alphonse Fillion 44120 Vertou

“L’activité repro” offre la particularité, pour le vétérinaire canin, de se présenter sous deux angles différents : celui de la médecine individuelle, pratiquée au quotidien, et celui de la médecine de groupe. Avoir en permanence ces deux approches à l’esprit est une des difficultés.

Permettre à l’éleveur d’optimiser la reproduction nous semble être l’épine dorsale de l’activité de reproduction.

Françoise Lemoine

La principale demande des éleveurs concerne la mise à la reproduction. Offrir un suivi de chaleurs rigoureux, et savoir en promouvoir les bénéfices, est donc indispensable au développement d’une activité de reproduction : les frottis vaginaux, les dosages quantitatifs de progestérone, et les échographies ovariennes, sont des examens à réaliser en routine, et à parfaitement maîtriser. En effet, connaître le moment de l’ovulation est indispensable à une saillie réussie, à une gestation et à une mise bas bien gérées.

NOTE * cf. l’article “L’élevage canin et félin, état des lieux en France”, par C. Boogaerts, dans ce numéro.

Essentiel Bien connaître les objectifs de chacun de ses clients est une priorité, afin de leur proposer des services adaptés.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 235


revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - Journal of Veterinary Internal Medicine - Theriogenology - Journal of the American Animal Hospitalisation Association - Veterinary Radiology and Ultrasound - Journal of Feline Medicine and Surgery - Veterinary and Comparative Oncology

2010;24:384-90, 2010;24(5):1106-11 2010;73:1068-75, 2010;74(4):672-81 ...................................................................................................................................................................... 2010;46:161-7 ............................................................................................................................... .................................................................................. 2010;4(51):386-90 .......................................................................................................................................................................................................... 2010;12(8):584-91 ................................................................................................................................................................................................................... 2009;7(2):130-8 .........................................................................................................................................................

............................................................................................................................... ...................................................................................................

Cancérologie - Résidus urinaires cytotoxiques chez des chiens recevant une chimiothérapie anticancéreuse. - Cytoponction du nœud lymphathique satellite lors de mastocytome corrélation avec le grade et la survie

Imagerie - Aspect radiographique du lymphome pulmonaire chez le chat et le chien.

- Imagerie médicale chez 11 chats atteints de dysautonomie.

Reproduction

Infectiologie - Prévalence des infections du tractus urinaire chez le chien après chirurgie, en cas d’extrusion discale thoraco-lombaire.

Neurologie - Confirmation histologique de polyneuropathie chez 11 chiens atteints de paralysie laryngée.

- Administrer de l’aglépristone en phase lutéale chez des chiennes non gravides induit une régression lutéale précoce. - Concentrations hormonales chez des chiennes présentant une atonie utérine primaire. Synthèses rédigées par Arnaud Colson, Julien Debeaupuits, Anne Gogny, Floriane Morio, Antoine Monfleur, Renaud Jossier

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ASPECT RADIOGRAPHIQUE DU LYMPHOME PULMONAIRE chez le chat et le chien Tumeur fréquente chez le chien (environ 7 à 24 p. cent des tumeurs) et chez le chat (environ 33 p. cent des tumeurs), le lymphome peut atteindre primitivement ou secondairement les poumons.

Chez l’homme, les lymphomes pulmonaires se manifestent à la radiographie par des signes variés d’opacification, de type bronchique, vasculaire, interstitielle diffuse, alvéolaire, ou encore nodulaire).

Objectif de l’étude Décrire les signes radiographiques thoraciques visibles chez 23 chiens et sept chats atteints de lymphome pulmonaire.

Matériel et Méthodes

Veterinary radiology and ultrasound 2010;4(51):386-90. Radiographic appearance of confirmed pulmonary lymphoma in cats and dogs. Geyer N, Reichle J, Valdes-Martinez A, Williams J, Goggin J, Leach L, Hanson J, Hill S, Axam T.

Cette étude rétrospective repose sur l’analyse de clichés radiographiques thoraciques de sept chats et de 23 chiens, pour lesquels un diagnostic de lymphome pulmonaire a été établi, suite à une analyse histologique ou cytologique.

Le délai entre la prise des clichés radiographiques et le diagnostic définitif est de 0 à 23 jours (< à une semaine dans 78 p. cent des cas).

Résultats

Dans neuf des 23 cas, plusieurs opacifications sont décelées (tableau).

Pour la plupart, une opacification interstitielle est associée à une opacification alvéolaire, bronchique ou encore nodulaire.

De plus, trois cas présentent un épanchement pleural, et cinq une adénomégalie thoracique.

Les cas décrits sont soit des lymphomes multicentriques, soit des lymphomes secondairement pulmonaires. Discussion et conclusion

Les signes radiographiques de lymphome pulmonaire sont très variables.

Dans cette étude, les signes les plus fréquemment rencontrés chez le chien sont une opacification interstitielle diffuse, puis des opacifications nodulaires, alvéolaires et bronchiques.

Chez le chat, les anomalies les plus souvent décelées sont une opacification nodulaire associée à une opacification alvéolaire.

Cette grande variabilité de signes radiographiques peut s’expliquer par les différents envahissements histologiques de ce type tumoral : péribronchique, périvasculaire, épaississement nodulaire, destruction des parois alvéolaires.

Le diagnostic différentiel entre fibrose pulmonaire, infiltration tumorale pulmonaire, œdème pulmonaire, ou encore bronchite chronique reste donc très délicat à la radiographie. ¿

Tableau - Signes radiographiques Opacification

Synthèse par Renaud Jossier, responsable imagerie clinique VetRef, rue James Watt 49070 Beaucouzé

Nombre de cas

Répatition chiens / chats

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 238 - SEPTEMBRE 2010

23 cas

74

Radiographie normale

Alvéolaire

Interstitielle diffuse

Nodulaire

Bronchique

1 cas

6 cas

11 cas

8 cas

4 cas

- 1 chien

- 1 chien - 5 chats

- 10 chiens - 1 chat

- 5 chiens - 3 chats

- 1 chien - 3 chats


test clinique

les réponses

Anne Gogny

comment diagnostiquer

Service de reproduction des animaux de compagnie Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire ONIRIS École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3

une ovariectomie antérieure 1 En cas d’ovariectomie antérieure, quels sont les examens complémentaires possibles ?

Chez la chatte, lorsqu'une ovariectomie antérieure est suspectée, il est possible de recourir à une recherche directe par visualisation des ovaires : l'examen de la région caudale du rein, par échographie abdominale ou par laparotomie exploratrice, peut permettre de voir les ovaires en place.

Il est aussi possible d’effectuer une recherche indirecte par évaluation de l'activité sécrétoire ovarienne. Celle-ci s'appuie sur l'absence de rétrocontrôle négatif exercé par les hormones sexuelles sur la sécrétion de LH (luteinizing hormone) et de FSH (follicle stimulating hormone).

Chez la chatte, seul le dosage de la LH plasmatique a été évalué dans cette indication [4].

Le dosage de l'œstradiol après stimulation par la GnRH pourrait également permettre de discriminer les animaux stérilisés des animaux entiers [1]. 2 Quels sont les avantages et les limites de ces examens complémentaires ? L'échographie abdominale

Pour la recherche des ovaires, la conclusion de l'examen échographique dépend beaucoup du matériel utilisé et de l'expérience du manipulateur. Un résultat négatif ne peut donc pas toujours être interprété avec certitude comme une absence d'organes (photo 2).

Lorsque l'ovaire est reconnu, cet examen présente l'avantage d'être non invasif et de donner une réponse immédiate.

La laparotomie exploratrice

La laparotomie exploratrice est associée à une douleur et à d'éventuelles complications postopératoires mais, si la femelle est entière, l'ovariectomie peut être effectuée en même temps. Le dosage des gonadotrophines

Le dosage de la FSH n'est pas accessible en routine pour le praticien, mais un test ELISA semi-quantitatif (Witness® LH) permet de doser la LH. Initialement destiné à l'espèce canine, ce test peut aussi être utilisé chez le chat. Chez la chienne, ce test permet de détecter une ovariectomie antérieure avec une sensibilité de 98 p. cent et une spécificité de 78 p. cent, mais ces données ne sont pas connues chez le chat [2, 3].

2 L'échographie permet d'identifier les ovaires, mais la reconnaissance de ces organes n'est pas facile et une erreur de diagnostic est possible (photo ONIRIS Nantes).

Ce test présente les avantages d'être rapide (le résultat est obtenu en 20 min), peu invasif puisqu'il ne nécessite qu'une prise de sang, et peu onéreux. Le test ELISA révèle une concentration plasmatique en LH > à 1 ng/mL, ce qui suggère que la chatte a subi une ovariectomie (photo 3).

Six mois plus tard, elle n'a pas montré de chaleurs, malgré la reprise de la saison sexuelle saisonnière, ce qui tend à confirmer ce diagnostic.

CONCLUSION

Dans un tel cas, les conséquences d'une erreur de diagnostic ne sont pas identiques. - Conclure à l’absence d'ovaires chez une femelle entière ne se traduit que par l'apparition de chaleurs ultérieures chez la chatte. - À l'inverse, conclure à la présence d'ovaires chez une chatte qui est, en réalité, castrée conduit à une intervention chirurgicale inutile.

Le test ELISA utilisé ici a une sensibilité élevée et une spécificité médiocre. Ceci signifie que conclure à l'absence d'ovaires chez un animal entier est possible, tandis que l'inverse l'est moins. Les conséquences d'une erreur éventuelle sont donc favorables à l'animal (risque limité d’effectuer une intervention inutile). Si la sensibilité et la spécificité du dosage semi-quantitatif de LH sont similaires chez le chat et chez le chien, ce test pourrait donc constituer une bonne solution pour détecter une castration antérieure.

La démarche diagnostique s'appuie sur la notion de seuil d'erreur acceptable : les conséquences des limites des tests diagnostiques sont donc à prendre en compte. Dans le cas présent, le praticien est limité par l'absence de données chiffrées issues d'études validées dans l'espèce considérée. ¿

3

Le test ELISA de dosage de la LH, repose sur la sécrétion augmentée de la LH, par absence de rétrocontrôle négatif exercé par les hormones sexuelles (photo A. Gogny).

Gestion Le coût du test ELISA semi-quantitatif (Witness® LH) est de 10 € HT (prix achat centrale HT).

Références 1. Axner E, Gustavsson T, Ström Holst B. Estradiol measurement after GnRH-stimulation as a method to diagnose the presence of ovaries in the female domestic cat. Theriogenology 2008;70:186-91. 2. Lofstedt RM, VanLeeuwen JA. Evaluation of a commercially available luteinizing hormone test for its ability to distinguish between ovariectomized and sexually intact bitches. JAVMA 2002; 220(9):1331-5. 3. Olson PN, Munlnix JA, Nett TM. Concentrations of luteinizing hormone and follicle-stimulating hormone in the serum of sexually intact and neutered dogs. Am J Vet Res 1992;53(5): 762-6. 4. Scebra LR, Griffin B. Evaluation of a commercially available luteinizing hormone test to distinguish between ovariectomized and sexually intact queens. Proc Am College Vet Internal Med Forum, Charlotte 2003:214.

Pour en savoir plus sur la stimulation ovarienne Gogny A, Fiéni F. Une monorchidie chez un West Highland White Terrier. Le Nouveau Praticien Vét. canine-féline. 2008;38(8):80,156-7.

81

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 9 / n°45 SEPTEMBRE 2010 - 245


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