N°5 JUIN SEPTEMBRE 2001
POLYURO POLYDIPSIE Conduites à tenir devant : - une polyuro-polydipsie - un hypocorticisme - une hypercalcémie
Fiches pratiques - Potomanie - Hypertension - Insuffisance rénale chronique - Causes toxiques - Insuffisance hépatique - Diabète insipide - Imagerie médicale
Observation : - Ictère
Féline - Comment traiter un diabète - PUPD et hyperthyroïdie - Observation : PUPD, hypertension et conséquences oculaires
Rubriques
DOSSIER :
POLYURO-POLYDIPSIE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT la polyuro-polydipsie est un symptôme banal et fréquent, mais dont la valeur sémiologique n’est plus à démontrer...
Management et entreprise L’entreprise vétérinaire face à la concurrence Comment faire face avec succès et devenir ainsi le leader sur sa zone de chalandise...
Fiche action 1 ➜ Identifier et connaître sa concurrence Fiche action 2 ➜ Les promotions : comment réagir face aux concurrents Fiche action 3 ➜ Deux cas particuliers de situation concurrentielle
REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE
- Alimentation : l’évolution des concepts diététiques dans le traitement des insuffisances rénales - Principe actif : la desmopressine - Comportement : la socialisation du chiot - Geste chirurgical : le myélogramme - Immunologie et le B.A. BA en BD : la réponse immunitaire spécifique - N.A.C. : protocoles de vaccination (lapins, furets, rongeurs)
Tribune libre - Vendre des antiparasitaires externes
Cas cliniques - Comment contrer une concurrence agressive - La solution : oublier les coefficients...
sommaire Editorial - Trouver la cause d’une polyuro-polydipsie ? Une démarche classique affinée par le progrès des techniques - par Jean François Guelfi Test clinique : Dermatologie canine Questions-réponses sur polyuro-polydipsie par Brigitte Sillart
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N° 5 JUIN SEPTEMBRE 2001
CANINE Conduite à tenir face à une polyuro-polydipsie - Yvan Gamet Conduite à tenir devant un hypocorticisme - Olivier Reboul, Isabelle Goy-Thollot Conduite à tenir devant une hypercalcémie - Karine Savary-Bataille Fiches : - Polyuro-polydipsie et potomanie Emmanuel Gaultier - Conduite à tenir devant une hypertension - Laurent Roche - Polyuro-polydipsie et insuffisance rénale chronique - Colette Arpaillange - Les causes toxiques de polyuro-polydipsie - Xavier Pineau - Polyuro-polydipsie et insuffisance hépatique - Lucile Martin, Brigitte Siliart, Patrick Nguyen, Henri Dumon
- Polyuro-polydipsie et diabète insipide - Colette Arpaillange - Rôle de l’imagerie médicale dans l’exploration d’une polyuro-polydipsie Jennifer E. Lawry
- Observation clinique - ictère chez une chienne labrador de sept ans - Sophie Valet
DOSSIER POLYUROPOLYDIPSIE du chien et du chat
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FÉLINE - Comment traiter un diabète chez le chat - Brigitte Siliart - Polyuro-polydipsie et hyperthyroïdie chez le chat - Odile Sénécat - Observation clinique - PUPD, hypertension et conséquences oculaires chez un chat - Laurent Roche
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RUBRIQUES Alimentation : - L’évolution des concepts diététiques dans le traitement et la prévention des insuffisances rénales - Patrick Nguyen, Marianne Diez, Lucile Martin, Brigitte Siliart, Henri Dumon
Principe actif : - La desmopressine - Marc Gogny Comportement : - La socialisation du chiot - Muriel Alnot-Perronin Le geste chirurgical : - Le myélogramme : réalisation pratique au sternum - Christophe Hugnet Immunologie : - La réponse immunitaire spécifique : les micro-organismes Séverine Boullier, Stéphane Bertagnoli
Le B.A ba en BD : - Les commandos de l’immunité - Stéphane Bertagnoli, Sévérine Boullier, Frédéric Mahé Nouveaux animaux de compagnie : - Protocoles de vaccination : lapins, furets, rongeurs - Arnaud Charondière
MANAGEMENT ET ENTREPRISE Editorial - Pas de complexes par Philippe Baralon Pharmacie - l’entreprise vétérinaire face à la concurrence - Philippe Baralon Identifier et connaître sa concurrence - Fabrice Labadie Les promotions : comment réagir face aux concurrents - Fabrice Labadie Tribune libre - Vendre des antiparasitaires externes : le vétérinaire face à la concurrence - Laurent Montange Deux cas particuliers de situation concurrentielle - Philippe Baralon Cas clinique - la solution : oublier les coefficients - Philippe Baralon Test clinique : les réponses Formation continue : les réponses
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Souscription d’abonnement page 90
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CANINE FÉLINE
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RUBRIQUE MANAGEMENT
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 165
LE NOUVEAU Vétérinaire PRATICIEN gestes et gestion NÉVA Europarc - 1 Allée des Rochers 94045 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
test clinique
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Dominique Fanuel (E.N.V.N.) Pascal Fayolle (E.N.V.A.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Jean-François Guelfi (E.N.V.T.) Jean-Pierre Jégou (praticien) Roger Mellinger (praticien)
dermatologie Gilles Bourdoiseau
Rédacteurs en chef
Unité de parasitologie Département des Animaux de Compagnie E.N.V.L. 1 avenue Bourgelat B.P. 83 69280 Marcy L’Etoile
Colette Arpaillange (E.N.V.N.) Christophe Hugnet (praticien)
Rédacteur en chef management Philippe Baralon (Phylum)
Comité de rédaction Xavier Berthelot (reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation-nutrition, E.N.V.A.) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic, E.N.V.T.) Patrick Bourdeau (Dermatologie, E.N.V.N.) Florence Buronfosse (Toxicologie, E.N.V.L.) Luc Chabanne (Immunologie-Hématologie, E.N.V.L.) Bernard Clerc (Ophtalmologie, E.NV.A.) Valérie Chetboul (Cardiologie, E.N.V.A.) René Chermette (Parasitologie-mycologie, E.N.V.A.) Olivier Dossin (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.T.) Valérie Dramard (Comportement, praticien) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Emmanuel Faget (Internet, praticien) Alain Fontbonne (Elevage et collectivité, E.N.V.L.) Yvan Gamet (Médecine interne, praticen) Alain Ganivet (Elevage et collectivité, praticien) Laurent Marescaux (Imagerie, E.N.V.N.) Jean-Louis Pellerin (Microbiologie, E.N.V.N.) Claude Petit (Pharmacie-toxicologie, E.N.V.T.) Patricia Ronsin (Reproduction, E.N.V.T.) Etienne Thiry (Virologie, Liège) Abonnements Carine Bedel Marie Servent
1 Quel type d'affections cutanées ces lésions primaires et secondaires caractérisent-elles ?
Publicité Maryvonne Barbaray Carine Bedel Marie Servent
2 Devant le caractère récidivant, quelles hypothèses diagnostiques doit-on envisager, et quels examens complémentaires doit-on réaliser ?
NÉVA Europarc - 1 Allée des Rochers 94045 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
Directeur de la publication
3 Quelles sont les conséquences ?
Maryvonne Barbaray Revue bimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES – NÉVA
2 Lésion au niveau de la racine des membres antérieurs (photos G. Bourdoiseau).
comité de lecture Hélène Arnold-Tavernier, Jean-François Bardet, Michel Baron, Jean-Jacques Bénet, Emmanuel Bensignor, Juliette Besso, Gérard Bosquet, Vincent Boureau, Didier Boussarie, Régis Braque, Stéphane Bureau, Jean-Jacques Bynen, Philippe Camuset, Sylvie Chastant-Maillard, Claude Chauve, Yan Cherel,
SARL au capital de 50 000 F. Siège social : Europarc - 1 Allée des Rochers 94045 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P. 0901 T801 21 I.S.S.N. 0399-2519 Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 346
Un chien bouledogue français femelle, âgé de 5 mois, est présenté à la consultation pour des lésions cutanées étendues et récidivantes. 1 Lésions importantes Cet animal, acheté dans un chenil à l'âge de 2 mois, est au niveau des babines. en bon état général, correctement vacciné et vermifugé. Son appétit et son comportement sont normaux, sa température rectale de 38,5°C. L'animal a présenté des lésions prurigineuses peu de temps après son acquisition. Une antibiothérapie d'une dizaine de jours associée à des shampooings a permis d'observer une disparition provisoire des lésions. Celles-ci sont étendues : elles intéressent la tête (en particulier les babines et les joues) (photo 1), l'encolure, la racine des membres antérieurs (photo 2), la ligne inférieure du corps, en particulier la région mammaire, et de façon plus discrète, les extrémités. Elles consistent en des papules, des pustules et des croûtes associées à de l'érythème (notamment au niveau des plis de la face, des aisselles) et un prurit marqués. Les ganglions lymphatiques superficiels explorés sont de volume normal.
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Cécile Clercx (Liège), Jean-Pierre Cotard, Jack-Yves Deschamps, Pierre Desnoyers, Gilles Dupré, Patrick Devauchelle, Marc Eloit, Brigitte Enriquez, Pascal Fanuel, Frédéric Gaschen (Berne, Suisse), Olivier Gauthier, Emmanuel Gaultier, Sébastien Géroult, Jean-Pierre Genevois, Isabelle Goy-Thollot,
Laurent Guilbaud Jacques Guillot, Philippe Hennet, Marc Henroteaux (Liège, Belgique), Yves Legeay, Bertrand Losson (Liège, Belgique), Leila Loukil, Sandrine Macchi, Lucile Martin-Dumon, Philippe Masse, Martine Mialot, Jean-Paul Mialot, Pierre Moissonnier, Patrick Pageat,
Pierre Paillassou, Luc Poisson, Jean-Louis Pouchelon, Alain Régnier, Yannick Ruel, Yves Salmon, Odile Sénécat, Brigitte Siliart, Thomas Tavernier, Isabelle Testault, Jean-Jacques Thiébault, Bernard Toma, Muriel Vabret, Isabelle Valin.
Editorial Trouver la cause d’une polyuro-polydipsie ? Une démarche classique affinée par le progrès des techniques ’ association d’une polyurie et d’une polydipsie (souvent désignée par l’abrévia tion peu élégante PUPD), fait partie des syndromes classiquement observés chez le chien et le chat, même si ce dernier reste dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, un animal encore plein de secrets. Quand le propriétaire mentionne cette anomalie, le trouble est parfois flagrant. Dans d’autres cas, la vigilance s’impose car on confond parfois fréquence des mictions et quantité d’urine émise ! Et le nombre de bols bus chaque jour reste un critère peu fiable. Je connais des bols de 150 ml et d’autres qui en contiennent plus de 800! Une fois la réalité du phénomène bien établie, nous allons nous livrer à un jeu de piste passionnant. Point n’est besoin d’être un spécialiste (ouf!). En respectant certaines règles qui sont agréablement rappelées dans ce numéro, et avec du bon sens, nous arriverons vous et moi à trouver presque toujours la solution, c’est-à-dire à détecter la cause de la polyuro-polydipsie, donc à la traiter de façon spécifique et avec une bonne chance de réussite. Il faudra tour à tour cotoyer la clinique, la biologie médicale, l’imagerie et peut être même l’exploration fonctionnelle.
L
Jean-François Guelfi Unité de Médecine interne chien et chat Hématologie École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23 chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex
Attention ! La précieuse bandelette peut se révéler trompeuse Les commémoratifs (prise de médicaments ?...) et l’examen clinique, minutieux comme d’habitude (masses palpables comme des nœuds lymphatiques, la thyroïde, l’utérus..., suspicion d’hypercorticisme, ...) orientent déjà mais il faut toujours aborder la biologie avec l’examen des urines et du sang. Attention ! La précieuse bandelette peut se révéler trompeuse. A votre place, je ne ferais pas grand cas des résultats de la densité urinaire et j’utiliserais un réfractomètre (correctement ajusté). Je sais aussi qu’il existe des fausses protéinuries et je continuerais d’acheter de l’acide nitrique pour réaliser la bonne vieille réaction de Heller. Rappelez-moi aussi qu’il faut réaliser un examen cytologique et bactériologique des urines car il serait dommage d’oublier en chemin une pyélonéphrite. N’hésitons pas à demander un large bilan biochimique : glycémie, calcémie, protidémie, phosphatémie, créatininémie, K, Na, ALAT, PAL... thyroxine chez le chat. Pour une fois, la biochimie surclasse l’hématologie qui se montre ici relativement avare d’informations. Une orientation tout de même avec la neutrophilie possible du pyomètre, les polyglobulies primaires ou secondaires, la thrombocytose, la lymphopénie et l’éosinopénie du Cushing. J’allais oublier la présence possible de cellules anormales au cours de certaines hémopathies malignes ! Allons, demandons tout de même un hémogramme. Parmi les causes de syndrome polyuro-polydipsique figurent en bonne place diverses tumeurs (organes lymphoïdes, glandes endocrines ...) et des troubles hépatiques et rénaux. On comprend alors la place importante pour le diagnostic de l’imagerie médicale (radiographie du thorax, échographie abdominale...) et de la cytologie (ponction de masses...). Ce n’est qu’à la fin que seront éventuellement (heureusement car ils sont lourds!) envisagés des tests d’exploration fonctionnelle (clairance de la créatinine, test de privation d’eau et administration d’hormone anti-diurétique) dont on connaît mieux aujourd’hui les subtilités. Les plus chevronnés d’entre vous ont reconnu là les grandes lignes de la démarche classique, qu’ils connaissent bien car les causes de polyuro-polydipsie n’ont pas changé. Et pourtant, je leur conseille vivement de lire attentivement ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN : ils verront que le progrès vient d’une meilleure maîtrise de la réalisation des tests et d’une plus grande finesse dans l’interprétation Jean-François Guelfi des résultats. Alors, bonne lecture ! ❒
DOSSIER SPÉCIAL Polyuro-polydipsie Après un article introductif sur la conduite à tenir globale face à une polyuro-polydipsie, ce dossier comporte des articles synthétiques sous forme de fiches présentant les affections les plus fréquentes ou les plus méconnues (hypert e n s i o n , potomanie, hypocorticisme) ainsi que les principaux éléments diagnostiques et thérapeutiques.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 167
questions réponses sur… polyuro-polydipsie Gestion ■ Existe-t-il des causes particulières de poly- sous-diagnostiquées : le foie possède des uro-polydypsie (PUPD) en fonction de l’âge, du sexe ou du statut corporel de l’animal ? ● Chez un jeune : les systèmes régulateurs sont très performants et compensent les déficits. Aussi, une PUPD doit toujours appeler l’attention du clinicien : elle peut être le premier signe d’un syndrome néphrotique, d’un shunt, d’un diabète juvénile, ou même d’une maladie d’Addison. ● Chez la femelle : la première question à poser concerne la date des dernières chaleurs. Hormis un éventuel pyomètre, l'activité lutéale entraîne diverses dysendocrinies (hypercorticisme, hyperprolactinémie, hypothyroïdie, acromégalie et résistance à l’insuline), qui s'améliorent spontanément en anœstrus. Avec l’âge, les signes s’aggravent et une dysendocrinie s’installe définitivement. ● Chez l’animal âgé : insuffisances rénales ou hépatiques et hypertension sont les causes les plus courantes. Cependant, la sénescence est liée à une dégénérescence nerveuse et des troubles neurologiques ou hormonaux avec PUPD. Le risque d’hypercalcémie néoplasique est aussi plus élevé ainsi que, chez le chat, l’hyperthyroïdie. ● Chez l’animal obèse : tout bilan endocrinien montre, plus ou moins mêlés, hypothyroïdie, hypercorticisme, acromégalie, hyperprolactinémie et insulinorésistance car obésité et dysendocrinie constituent un cercle vicieux, chacun étant la cause ou la conséquence de l’autre. Il est préférable, dans un premier temps d'appliquer un régime restrictif. Si aucun amaigrissement n’est constaté, il devient indispensable d'évaluer les dysendocrinies. En pratique, la démarche n’est pas simple car les propriétaires appliquent plus ou moins le régime ; certains chats sont vraiment peu coopératifs et chez les chiennes, la survenue d’un cycle rend tout amaigrissement et tout bilan hormonal impossibles !
■ Existe-t-il des causes sous-diagnostiquées ou sous-évaluées ? En effet, les affections hépatiques sont
■ Les dosages hormonaux réalisés en clinique vétérinaire par des automates sont-ils suffisants et fiables pour l’exploration d’une PUPD ? Ces automates proposent le cortisol et la thyroxine. À condition de pratiquer les tests appropriés, ils sont tout à fait satisfaisants pour les diagnostics d’hypo ou d’hyperthyroïdie, d’hypo ou d’hypercorticisme, mais ne permettent pas le diagnostic des autres dysendocrinies (polydysendocrinie liée au cycle œstral, diabète ou acromégalie).
osmorécepteurs qui ajustent la sécrétion d’ADH à l’hydratation du bol alimentaire. En cas d’affection, cette osmorégulation entraîne une PUPD, bien avant que les capacités fonctionnelles du foie ne soient atteintes. Le praticien est trompé par le bon état général et s'oriente faussement vers une dysendocrinie (PAL et cholestérol sont augmentés). ALAT et acides biliaires permettent de signer une atteinte parenchymateuse et/ou une choléstase.
■ Existe-t-il des facteurs alimentaires susceptibles de provoquer une polyurie ou une polydypsie ? La consommation d’eau dépend de l’apport de sodium et de matière sèche. Pour le sodium, l’effet est immédiat et le passage à un aliment plus salé (le pourcentage de sodium peut doubler entre deux aliments industriels) entraîne brutalement une polydypsie qui surprend le propriétaire. ● Pour la matière sèche, le comportement dypsique étant fondé sur une prise d’eau a priori, l’adaptation est plus lente et le passage d’un aliment sec à un aliment humide entraîne une polyurie passagère. Ceci peut inquièter le propriétaire d’un chat car la litière est anormalement mouillée. ●
■ Doit-on toujours chercher à traiter une PUPD ? Les potomanes ne seraient pas à traiter. Cependant, les troubles comportementaux sont de véritables affections neurologiques perturbant l’osmorégulation centrale ou les régulations hypothalamo-hypophysaires. Essayer alors de typer l’affection comportementale, pour envisager un traitement approprié.
réponses de Brigitte Siliart
Parfois aussi, la polydipsie et surtout la polyurie sont insupportables pour le propriétaire. Un essai de traitement au Minirin® peut être intéressant (condition absolue : natrémie > 140 mM/l) (cf rubrique Principe actif dans ce numéro). ❒
Laboratoire des dosages hormonaux Unité de biochimie Département de Biologie et de pharmacologie Ecole Nationale Vétérinaire E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie B.P. 50707 44307 Nantes Cedex 03
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 351
conduite à tenir
devant une
polyuro-polydipsie
Yvan Gamet Quartier ”Cros de la mûre” 84100 Uchaux
Le syndrome de polyuro-polydipsie (PUPD) est l’un des grands syndromes souvent explorés en médecine vétérinaire. Si un grand nombre de cas ne présente pas de difficultés diagnostiques particulières, certains nécessitent une exploration systématique poussée. Une fois de plus, il est important de sélectionner les tests en fonction de leur facilité de réalisation, d’interprétation, et de la fréquence des maladies.
F
réquemment rencontrée, la polyuropolydipsie (PUPD) doit être recherchée systématiquement dans le cadre de la consultation médicale, car les propriétaires ne la rapportent pas toujours spontanément (encadré 1). L’augmentation de la boisson et/ou le volume des urines peuvent être le motif principal de la consultation, comme ils peuvent être révélés au cours de l’anamnèse. Avant d’entamer une investigation diagnostique longue et onéreuse, il est nécessaire de confirmer la présence de PUPD (photo 1). Il existe entre vingt et trente maladies présentant une PUPD comme symptôme majeur ou secondaire. Afin de permettre une approche diagnostique simple et efficace, il convient de les envisager par appareil ou
fonction concernés (tableau 1). Aussi, nous proposons une démarche diagnostique en trois étapes : ● étape N°1 : réaliser les examens complémentaires de base ; ● étape N°2 : effectuer les examens complémentaires spécifiques en fonction des résultats obtenus ; ● étape N°3 : comment diagnostiquer le diabète insipide central , le diabète insipide neutrogénique), ou une potomanie.
respond à une augmentation des volumes d’eau bue et ceux d’urine émise. Elle se rencontre dans un nombre important d’affections et résulte de schémas pathogéniques variés.
EXAMEN CLINIQUE ET ANAMNÈSE L’examen clinique et l’anamnèse ne doivent en aucun cas être négligés. Le praticien n’a pas la même attitude et les mêmes suspicions diagnostiques face à un animal en bon état général, voire obèse, un animal maigre, chez un mâle et chez une femelle, chez un animal âgé ou plus jeune. De même, les conditions de vie et la présence de symptômes (digestifs, respiratoires, …) associés sont à prendre en compte. Au cours de l’examen clinique, une attention particulière est portée à la palpation des ganglions périphériques (hypercalcémie paranéoplasique) et de la cavité abdominale (pyomètre, hypertrophie splénique ou hépatique, taille et sensibilité des reins). ÉTAPE NUMÉRO 1 : CONFIRMATION DE LA POLYURO-POLYDIPSIE La PUPD doit d’abord être confirmée : 100 ml/kg/jour et plus de boisson, densité
Encadré 1- Recueil des commémoratifs La polyurie est difficile à quantifier avec exactitude. Le recueil des commémoratifs au cours de l’entretien avec le propriétaire doit permettre de : ● distinguer les symptômes associés à la polyurie de ceux de l’incontinence urinaire, des mictions inappropriées ou de la pollakiurie ; ● s’assurer qu’aucun médicament n’a été administré récemment. Les diurétiques et les corticoïdes sont les molécules les plus fréquemment incriminées, mais d’autres peuvent provoquer une PUPD de manière sporadique :
Définition ❚ La polyuro-polydipsie cor-
en cas de doute, vérifier la monographie du médicament ou interompre son administration si celle-ci n’est pas essentielle. Attention : un propriétaire peut rapporter de manière subjective des volumes de miction importants et parfois de la malpropreté. Plus objectivement, il est possible de mettre en évidence une densité urinaire inférieure à 10151020. Une mesure isolée d’une densité urinaire faible, en dehors d’un contexte de polydipsie, ne doit pas faire conclure à une PUPD et doit être contrôlée ultérieurement.
1 Bandelette urinaire montrant une glycosurie et une cétonémie (photo Service de médecine, ENVN).
Essentiel ❚ La quantité maximale d’eau normalement bue en 24 heures, quelles que soient les conditions climatiques et le type d’alimentation, est de 100 ml/kg. ❚ La densité urinaire est inférieure à 1015-1020 de manière répétée.
CANINE - FÉLINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN-SEPTEMBRE 2001 - 353
conduite à tenir devant un hypocorticisme chez le chien et le chat La polyuro-polydipsie est observée dans 25 p. cent des cas, d’hypocorticisme.
L
’hypocorticisme correspond à un déficit prononcé et simultané en minéralocorticoïdes et glucocorticoïdes. Cette affection peut être primaire ou secondaire (encadré 1). Cet article concerne essentiellement la maladie d’Addison, hypocorticisme primaire spontané, d’origine idiopathique le plus souvent, qui correspond à un déficit prononcé simultané en minéralocorticoïdes et glucocorticoïdes.
Unité de Médecine Interne Département des Animaux de Compagnie E.N.V.L. 1 avenue Bourgelat B.P. 83 69280 Marcy L’Étoile
phocytose sont recherchées. Densité urinaire
La densité urinaire est inférieure à 1.030 dans 60 p. cent des cas. Électrocardiogramme
Les désordres électrolytiques (notamment le potassium) sont fréquemment à l'origine d'un dysfonctionnement cardiaque (bradycardie, …).
Les signes cliniques
Traitement lors de crise aiguë
Il convient de repérer : ● les principaux signes cliniques : PUPD, abattement, anorexie, vomissements, déshydratation, hypothermie, amaigrissement. ● les autres : bradycardie, augmentation du temps de recoloration capillaire (TRC), pouls faible, tremblements, douleur abdominale, méléna.
1. Perfusion de NaCl 0.9 p. cent à raison de 40 à 50 mL/kg en 2 heures puis diminuer. 2. Supplémentation hormonale : ● Corticothérapie : dexaméthasone (0.2 mg/kg/j) ; ● Minéralocorticoïdes : acétate de désoxycorticostérone (Syncortyl®IM, 0.2 mg/kg/j). 3. Traitement symptomatique des troubles digestifs : ● topiques gastro-intestinaux ● anti-vomitifs.
Examens biochimiques
1. Ionogramme (K+, Na+, Cl-, et le rapport Na/K) : plus le rapport Na/K est faible et plus la suspicion est forte (mais il n’est pas pathognomonique). Un hypocorticisme est suspecté lorsque < 24 Na/K . 2. Bilan rénal. 3. Calcium (hypercalcémie dans 30 p. cent des cas). 4. Bilan hépatique (PAL et ALAT augmenté dans 30 p. cent des cas). 5. Glycémie (on observe parfois une hypoglycémie). Numération formule sanguine
Une anémie, une éosinophilie et une lym-
Savoir identifier un hypocorticisme d'autant que le pronostic est bon et le traitement facile.
Seul le test de simulation à l’ACTH permet le diagnostic de certitude (encadré 2). ÉTAPE 3 : TRAITEMENT DE L'HYPOCORTICISME
Ce sont des examens complémentaires simples, confortant la suspicion clinique d'hypocorticisme.
Objectif pédagogique
ÉTAPE 2 : LA CONFIRMATION DE L'HYPOCORTICISME
ÉTAPE 1 : RECONNAÎTRE L'HYPOCORTISCISME
Examens complémentaires
Olivier Reboul Isabelle Goy-Thollot
Signes d’appel ❚ Les principaux signes cliniques d’un l’hypocorticisme sont : - la PUPD, - l’abattement, - l’anorexie, - les vomissements, - la déshydratation, - l’hypothermie. - amaigrissement.
Traitement d’entretien 1. Supplémentation hormonale ● Corticothérapie : Prednisolone ( 0.2 mg/kg/j). ● Minéralocorticoïdes : acétate de fludrocortisone (Fludrocortisone®**, 10 µg/kg matin et soir). 2. Supplémentation en NaCl : ajouter une pincée de sel dans chacun des repas. 3. Suivre l’évolution de la maladie et adapter la posologie des médicaments notamment des glucocorticoïdes afin de donner la dose minimale efficace.
Essentiel ❚ Seul le test de stimulation à l’ACTH permet le diagnostic de certitude.
CANINE - FÉLINE
Notes ❚ *L’aldostéronémie peut être dosée au Laboratoire de Biochimie et d’Endocrinologie de l’ENV Lyon et de l’ENV Nantes par méthode RIA. ❚ **Obtenu à la pharmacie centrale des hôpitaux.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 359
conduite à tenir devant une hypercalcémie chez le chien et le chat La polyuro-polydipsie est fréquemment associée à une hypercalcémie chez les carnivores. Elle en constitue même parfois l’unique signe clinique. Bien que le diagnostic d'une hypercalcémie soit relativement simple, la détermination de l'affection sous-jacente nécessite une démarche diagnostique rigoureuse.
L
’hypercalcémie est un syndrome qui ne constitue pas lui-même un diagnostic clinique, mais est le signe d’une affection sous-jacente. En raison des lésions graves qui peuvent se développer secondairement, l’hypercalcémie ne doit jamais être ignorée et doit être traitée de façon appropriée et énergique afin d’éviter l'installation de lésions organiques permanentes. DÉFINITION
L’hypercalcémie correspond à une augmentation du calcium (Ca2+) total sanguin. Le Ca2+ ionisé (50 p. cent du Ca2+total) représente la fraction biologique active. Sa mesure est plus informative que celle du Ca2+ total, mais elle est beaucoup plus délicate (électrode sélective, prélèvement sanguin anaérobique). ● Chez le chien, le calcul de la calcémie corrigée prend en compte une variation de la calcémie liée à celle de l’albumine : calcium corrigé (mg/l) = calcium total mesuré (mg/l) – albumine (g/l)+ 35 ● Chez le chat, une formule similaire n’est pas validée.
Karine Savary-Bataille Department of Clinical Sciences North California State University College of Veterinary Medicine Raleigh U.S.A.
ÉTAPE 1 : RECONNAÎTRE L'HYPERCALCÉMIE Les signes cliniques
Objectif pédagogique
Les manifestations cliniques de l’hypercalcémie varient d’un état asymptomatique à des signes d’IRC sévère. ● L'intensité des symptômes dépend de la sévérité, de la durée et de la rapidité de développement de l’hypercalcémie. ● Les symptômes d'appel majeurs sont les suivants (tableau 1) : - des symptômes généraux : dépression, anorexie ; - des symptômes concernant l'appareil urinaire : PUPD, déshydratation, urolithiases ; - des symptômes gastro-intestinaux : vomissements, constipation ; - des symptômes neuromusculaires : convulsions, faiblesse musculaire ; - des symptômes cardiaques : toutefois plus rares : modifications de l’ECG, bradyarythmies. La fréquence des signes cliniques entre le chien et le chat varie. Cette différence peut être attribuée à celle des principales affections sous-jacentes entre ces deux espèces (tableau 1). - En règle générale, seuls les animaux souffrant d’hyperparathyroïdie primaire (HPP) expriment des symptômes résultant uniquement de l'état d’hypercalcémie. - Lors d’hypercalcémie secondaire, les signes cliniques spécifiques de la maladie associée peuvent se superposer à ceux de l’hypercalcémie. Ainsi, il est souvent difficile de distinguer les signes directement liés à l'hypercalcémie de ceux qui résultent d’une affection sous-jacente ou de lésions consé-
Déterminer l’origine d’une hypercalcémie et comment la traiter énergiquement.
Signes d’appel majeurs ❚ PUPD, déshydratation ; ❚ dépression ; ❚ faiblesse musculaire ; ❚ troubles digestifs, anorexie.
Tableau 1 - Signes cliniques associés à l’hypercalcémie chez le chien et le chat d’après (1) et (2) ; nr : non rapporté
Signes cliniques Anorexie/léthargie Polyurie/Polydipsie ● Vomissements ● Faiblesse musculaire et tremblements ● Signes urinaires (pollakiurie, hématurie ou strangurie) ● Signes neurologiques (ataxie ou paraparésie) ● ●
Chien
Chat
88 % 68 % 53 % 23 % nr nr
70 % 24 % 18 % nr 22 % 14 %
1 L’origine paranéoplasique est la principale cause d'hypercalcémie : ganglions poplités hypertrophiés lors de lymphosarcome multicentrique chez une chienne boxer (Photo D. Fanuel).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 361
Fiche
polyuro-polydipsie
et potomanie
chez le chien Comment reconnaître et différencier une potomanie liée à un état d’anxiété de simples rituels mis en place par l’animal pour que son propriétaire s’intéresse à lui ? Une thérapeutique médicamenteuse ou comportementale simple permet de répondre de façon satisfaisante à chacun de ces différents cas de figure.
L
a potomanie, encore appelée diabète insipide psychogène, se traduit sur le plan clinique par une augmentation exagérée et permanente de la consommation d’eau chez un chien qui est normalement capable de concentrer ses urines. ÉTIOLOGIE La potomanie connaît deux origines différentes chez le chien. 1. La surconsommation d’eau peut être la conséquence d’un rituel. La prise de boisson révèle alors avant tout un besoin de communication avec le maître. Ces rituels apparaissent souvent après une affection organique accompagnée d’un épisode de polyuropolydipsie (gastro-entérite, affection rénale, suites d’administration de corticoïdes). La prise de boisson implique une attention des propriétaires, celle-ci n’échappe pas à l’animal. L’affection peut guérir, mais l’animal continue à boire davantage ... Ces rituels ne constituent pas une entité comportementale pathologique en soit, ce sont de simples apprentissages. Cependant, ils sont révélateurs de dysfonctionnements au sein du groupe famille-chien : ils apparaissent plus souvent dans les foyers dans lesquels la communication est mal structurée ou insuffisante. 2. La potomanie peut être l’expression d’un trouble anxieux intermittent, évolué ou permanent. La surconsommation d’eau constitue alors une activité substitutive, au même titre que le léchage anxieux ou plus rarement la boulimie (8 p. cent des activités substitutives selon P. Pageat). Ce comportement est émis de façon involontaire et incontrôlée,
Emmanuel Gaultier Pherosynthèse Route de St Saturnin 84400 Apt
contrairement à la séquence comportementale du rituel. Définitions
PRINCIPAUX SYMPTÔMES Pour différencier le rituel de l’activité substitutive, il convient de se faire décrire avec détail la situation déclenchante ainsi que la séquence comportementale complète. 1. Cas d’un rituel : la phase de rituel apparaît systématiquement en présence d’un membre du groupe et dans le même contexte déclencheur qu’il convient de repérer : avant une sortie, lorsque le chien ne participe pas à l’action commune des maîtres, lors d’une situation conflictuelle. ● Une phase appétitive démesurée peut en outre être mise en évidence : le chien tourne autour du maître ou autour de la gamelle, pousse celle-ci du museau, gémit ou aboie, fait des trajets incessants entre la gamelle et le maître en tentant d’attirer son attention. ● La phase consommatoire (absorption d’eau) commence dès qu’il y est parvenu. Au cours de celle-ci, le chien consomme peu d’eau , il se contente de la"mâchonner", sans réellement l’absorber. ● La présence du maître est obligatoire puisque le rituel est un acte de communication. 2. Cas d’une activité substitutive : ● lors de la phase appétitive, l’animal recherche la moindre quantité d’eau. Lorsque celleci est repérée, commence aussitôt la phase consommatoire. ● La phase consommatoire : cette dernière ne s’achève qu’avec l’apaisement du chien. - Il s’agit de la phase réfractaire. Le chien consomme ou alterne consommation et recherche d’eau si la source se tarit avant qu’il ne soit apaisé. - Dans les cas d’anxiété, les volumes d’eau ingérés sont bien plus importants que lors des rituels et la recherche d’eau peut être continuelle. - Dans une meute, tous les chiens apparaissent assoiffés lorsqu’un potomane existe parmi eux. En effet, le potomane absorbe tout mais n’est pas rassasié et les autres n’ont jamais rien à boire !
❚ Activité substitutive : activité motrice volontaire, déclenchée dans une situation conflictuelle ou un contexte émotionnel qui interdit l'exécution d'une réponse adaptative. Elle permet l'apaisement de la tension émotionnelle. Les activités substitutives appartiennent toujours au groupe des activités autocentrées (léchage, consom-mation d'eau ou de nourriture...). ❚ Rituel : séquence comportementale qui possédait initialement une fonction liée à la satisfaction des besoins vitaux (boire, manger, ...) et qui, progressivement, va acquérir une fonction de communication. (d'après P. Pageat)
Essentiel ❚ La surconsommation d’eau peut être la conséquence d’un rituel ou révéler une potomanie. ❚ Dans le cas d’un rituel, la présence du maître est obligatoire car c’est un acte de communication.
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CANINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN-SEPTEMBRE 2001 - 365
Fiche
conduite à tenir devant une hypertension chez le chien et le chat Laurent Roche
L’hypertension est de plus en plus dépistée car elle entraîne des conséquences graves au niveau cérébral, oculaire et rénal. Elle est le plus souvent associée à d’autres affections. Polyuro-polydipsie et hypertension systémique sont souvent observées.
L
’association des syndromes polyuropolydipsie et hypertension systémique est souvent constatée. 56,7 p. cent des chats atteints d’hypertension présentent une polydipsie, selon une étude d’Elliott et al [2]. Avec la perte de poids, la polydipsie est un des deux signes les plus fréquemment décrits par les propriétaires. Dans l’étude de Littman [3], 29 p. cent des chats hypertendus avaient une PUPD. En revanche, l’hypertension primaire, forme la plus répandue chez l’Homme, est très rare chez les carnivores domestiques. Quelques cas semblent avoir été rapportés [1]. La pression artérielle est un paramètre peu mesuré en routine : les outils dont nous disposons permettent en effet difficilement d’obtenir des mesures fiables (encadré 1).
HYPERTENSION ET MÉCANISME DE RÉGULATION HORMONALE INDUISANT UNE PUPD Le mécanisme de régulation de la pression artérielle fait intervenir un contrôle nerveux ainsi qu’un contrôle humoral. Ce mécanisme, visant à lutter contre l’hypertension, entraîne une polyurie et par conséquent, une polydypsie. ● Le contrôle humoral Le contrôle humoral comporte un mécanisme qui induit une plus forte élimination d’eau par les reins. Les cellules myocardiques des oreillettes sont capables de sécréter une hormone polypeptidique : le facteur atrial natriurétique (FAN). Lors d’hypertension, le volume de remplissage des auricules augmente. Ceci déclenche le largage du FAN dans la circulation générale. Cette hormone possède un effet globale-
ment diurétique par différents mécanismes : - le FAN augmente le débit de filtration glomérulaire (DFG) en induisant une vasodilatation des artérioles rénales afférentes et une vasoconstriction des artérioles rénales efférentes. De plus, le FAN inhibe la réabsorption de sodium et d’eau par les tubes collecteurs de la médulla. - le FAN inhibe la sécrétion de rénine du système rénine angiotensine aldostérone. Ainsi, la sécrétion d’aldostérone par la zone glomérulée de la cortico-surrénale est également diminuée. Or, ce minéralocorticoïde permet la réabsorption de sodium et d’eau par le tubule contourné distal des néphrons. Sa diminution entraîne une perte d’eau plus importante.
Unité de Médecine Département de Médecine interne chien et chat École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23 chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex
Objectif pédagogique Étudier les raisons de l’association polyuro-polydipsie et hypertension.
HYPERTENSION SECONDAIRE AVEC PUPD ASSOCIÉE Insuffisance Rénale Chronique (IRC) Chez le chien, la polyuro-polydipsie est une des manifestations cliniques les plus précoces lors d’IRC [4]. Dans cette même espèce, 60 à 80 p. cent des néphropathies sont accompagnées d’hypertension [5]. ● Chez le chat, les dysfonctionnements rénaux sont la première cause d’hypertension [2]. L’hypertension est doublement associée aux ●
Essentiel ❚ Hypertension et syndrome polyuro-polydipsie s o n t intimement liés.
Encadré 1- La pression artérielle Définition ● PA
= DC x RPT ● PA : pression artérielle ● DC : débit cardiaque ● RPT : résistance périphérique totale La pression artérielle oscille entre deux valeurs : la pression artérielle systolique (PAS) et la pression artérielle diastolique (PAD). Méthodes de mesure ● Méthode
directe : par mise en place d’un cathéter artériel relié à un transducteur (réservée à l’expérimentation) ● Méthodes indirectes : dans les deux cas qui suivent, l’animal doit être placé en décubitus latéral et un brassard pédiatrique est placé sur l’artère tibiale crâniale. - Méthode ultrasonographique (Doppler)
Valeurs déterminées (en mm Hg) : Chien : PAD= 82 ± 15, PAS= 147 ± 28 [12] Chat : PAD = 90 ± 10, PAS= 162 ± 19 [13]. - Méthode oscillométrique (Dinamap-Critifon) Valeurs déterminées (en mm Hg) : Chien : PAD= 76, PAS= 133 [14] Chat : PAD= 77 ± 25, PAS= 140 ± 27 [15]. Quelle que soit la méthode, les mesures doivent être répétées cinq fois afin de calculer une moyenne.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 367
Fiche
polyuro-polydipsie
et insuffisance rénale chronique
chez le chien La polyuro-polydypsie est l’un des symptômes cardinaux de l'insuffisance rénale chronique chez le chien comme chez le chat. Outre l'augmentation du débit de filtration glomérulaire et de la production d'urine qui en résulte, elle reflète en particulier l'incapacité des néphrons à concentrer les urines.
Colette Arpaillange Unité de Médecine, E.N.V.N, Atlanpole la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Symptômes cliniques Les symptômes cliniques sont le reflet de l’incapacité du rein à assurer ses multiples fonctions. ● Ce sont, pour la plupart, des signes tardifs. Les manifestations précoces (en gras dans le tableau “signes cliniques”) sont extrêmement discrètes. ● La mesure de la densité urinaire présente un intérêt majeur dans le dépistage car la dilution des urines est un signe précoce, qui apparaît dès que les 2/3 des néphrons sont détruits.
Objectif pédagogique Présenter les principaux éléments diagnostiques de l'IRC et les bases de la thérapeutique médicale et diététique.
Signes cliniques Syndrome néphrotique
Signes ● ●
Généraux
- Anorexie, amaigrissement, fatigabilité, déshydratation, hypothermie
●
Gastro-intestinaux
- Vomissements, diarrhée, halitose, stomatite, ulcérations buccales, constipation, saignements digestifs (hématémèse, méléna)
●
Urinaires
- Nocturie, reins fermes et de petite taille à la palpation
●
Cardiorespiratoires
- Hypertension, conséquence : souffle cardiaque ou bruit de galop (CT +++), dyspnée, œdème pulmonaire
●
Neuromusculaires
- Léthargie, faiblesse musculaire, dépression ou stupeur, tremblements, convulsions, coma
●
Oculaires
- Congestion sclérale, rétinopathie hypertensive, cécité brutale
●
Hématologiques
- Muqueuses pâles, diathèse hémorragique (saignements)
●
Cutanés
- Poil piqué et terne, alopécie diffuse
SYMPTÔMES BIOLOGIQUES Analyse d’urine La baisse de la capacité de concentration des urines est un élément précoce et constant.
Principales modifications Urines diluées Baisse de la densité urinaire 1008 < d < 1020 (isosthénurie) ● Protéinurie modérée ● ●
Syndrome néphrotique ●
Protéinurie massive
Dosages sanguins Le rein assure des fonctions variées, excrétions et régulations métaboliques notamment, dont certains paramètres sanguins sont le reflet. Le diagnostic de l’insuffisance rénale repose sur le recueil des commémoratifs, l’examen clinique, l’analyse d’urine et l’observation d’une augmentation de la créatininémie (> 15 mg/l)et de l’urémie (> 0,5 g/l). Une augmentation isolée de l'urémie n'est pas synonyme d'insuffisance rénale. Les causes "extra-rénales" de variation de l'urémie sont très nombreuses et il est important d'associer systématiquement le dosage de ces deux paramètres pour apprécier réellement la fonction glomérulaire.
Ascite (eau de roche),
●
Œdèmes déclives
●
Thromboembolie : dyspnée aiguë, douleur brutale avec boîterie
Principales modifications Créatininémie augmentée Urémie augmentée ● Hyperphospathémie ● Hypokaliémie ● Hypocalcémie ● Hyperglycémie modérée ● Acidose métabolique ● Hyperamylasémie ● Hyperlipasémie ● Anémie non régénérative ● ●
Syndrome néphrotique ● ●
Hypercholestérolémie Hypoalbuminémie
CANINE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 369
Fiche
les causes toxiques
de polyuro-polydipsie chez le chien Xavier Pineau C.N.I.T.V. E.N.V.L. , 1 avenue Bourgelat B.P. 83 69280 Marcy L’Etoile
Les principales causes toxiques de polyuro-polydipsie chez le chien sont répertoriées dans cette fiche qui analyse 450 cas d’intoxications vraisemblales entre 1991 et 1999. Le traitement de ces intoxications est symptomatique et éliminatoire. Seules les intoxications par l’éthylène glycol et l’amitraz peuvent être traitées par un traitement antidotique (cf Rubrique Trousse d’urgence, dans le Nouveau Praticien Vétérinaire N°2, Aôut/Octobre 2000). Causes toxiques de polyuro-polydipsie chez le chien (analyse de 450 cas d’intoxications vraisemblables entre 1991 et 1999)
Molécule (usage) ●
Pour en savoir plus Pour vitamine D, amitraz, éthylène, glycol, détergents, hydrocarbures :
Corticoïdes
●
Pour le chocolat :
Pouliquen H. Intoxications au chocolat chez les carnivores domestiques. Point vét. 2001,32(214):40-42 ●
Métabolique (hypernatrémie) gastrique
Vomissements, diarrhée coma, déshydratation convulsions
30,4 (n =21/69)
● Vitamine D3 (raticide, médicament)
Métabolique (hypercalcémie) puis rénal
Vomissements, diarrhée, prostration, insuffisance rénale, dyspnée
21,3 (n =17/80)
Métabolique (hyperosmolarité) puis rénal
Vomissements, coma, convulsions, insuffisance rénale
14,4 (n =23/160)
Gastrique, puis rénal
Vomissement/ulcère, déshydratation insuffisance rénale
9,7 (n =18/185)
Gastrique
Vomissement, diarrhée, coliques, salivation, ataxie
7,4 (n =9/121)
Métabolique (hyperglycémie)
Vomissements, agitation, tachycardie, diarrhée, polypnée, convulsions
6,6 (n =14/212)
Buccal, gastrique
Vomissements, prostration, salivation, diarrhée, ulcères coliques, toux, dyspnée
4,2 (n =21/502)
Agitation, vomissements, salivation, ataxie, érythème prostration, tremblements dyspnée
3,5 (n =7/223)
Prostration, ataxie, bradycardie, hypothermie, constipation, météorisme
2,1 (n =12/575)
● Éthylène glycol (antigel)
●
AINS (ibuprofène)
●
Engrais NPK
●
Chocolat
●
Détergents, eau de javel
●
White spirit
Pour les AINS :
Joguet A. Intoxications des carnivores domestiques par les AINS à usage humain. Etude bibliographique et épidémiologique d'après les données du CNITV de Lyon entre 1991 et 1998. Thèse de doctorat vétérinaire, Lyon, 2000,94 p. ●
Métabolique (hyperglycémie)
Ouvrages :
- Précis de toxicologie clinique vétérinaire (1987). Lorgue G et coll. éd Point vét. - Handbook of poisoning in dogs and cats (2000). Campbell A, Chapman M. Blackwell science. 272 p.
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Buccal, gastrique
●
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 372
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Principaux symptômes Fréquence de la PUPD associés* (en %)* Vomissements 33,3 prostation, polyphagie (n =10/30)
● Chlorure de sodium (sel de cuisine, sel régé-nérant/de déneigement)
●
Rec. Med. Vet. Numéro spécial Toxicologie des carnivores domestiques. 1995,171(2/3):99-192
Mécanisme
Amitraze
* Dans les cas rapportés
Métabolique (hyperglycémie)
polyuro-polydipsie
Fiche
et insuffisance hépatique
chez le chien et le chat
* Unité de nutrition-endocrinologie, E.N.V.N, Atlanpole la Chanterie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
L’objectif de cette fiche est de fournir des clés de diagnostic différentiel rapides lors de PUPD. Nous ne traiterons pas du cas de l’insuffisance hépatique aiguë ou suraiguë avec apparition rapide d’un ictère flamboyant car son diagnostic est facile. Seules sont envisagées les affections dont le diagnostic différentiel pose des difficultés. SYMPTÔMES CLINIQUES Le polymorphisme des symptômes observés rend le diagnostic clinique souvent difficile. Attention : La polyuro-polydipsie est l’un des signes cliniques les plus fréquemment rencontrés chez les chiens atteints d’insuffisance hépatique en raison de la baisse de la sensibilité des osmorécepteurs hépatiques et de
Lucile Martin, Brigitte Siliart, Patrick Nguyen, Henri Dumon
Objectif pédagogique Diagnostic différentiel lors de polyuro-polydypsie.
l’augmentation exagérée de l’activité du système rénine, angiotensine et aldostérone (cf. suite de l’article). Le foie est un carrefour métabolique qui contribue à réguler la synthèse et l’utilisation de nombreuses hormones et divers métabolites. L’altération de la fonction hépatique se traduit donc par de profondes modifications fonctionnelles).
Essentiel ❚ La polyuro-polydipsie est un signe fréquent en cas d’insuffisance hépatique. ❚ Le diagnostic de certitude repose sur la mise en oeuvre de multiples examens complémentaires.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 373
polyuro-polydipsie et diabète insipide chez le chien Le diabète insipide se caractérise par une polyuro-polydipsie majeure entraînant des surconsommations d'eau spectaculaires. Généralement, la PuPd constitue même le seul et unique symptôme. DÉFINITION Le diabète insipide se caractérise par l'émission de quantités importantes d'urine diluée (hyposthénurique). Les symptômes procèdent d'une absence de concentration de l'urine sous l'effet de la vasopressine (ou ADH, anti-diurétique hormone). Il existe deux formes de diabète insipide : 1. le diabète insipide central (DIC) ou hypophysaire qui résulte d'un défaut de sécrétion d'ADH ; 2. le diabète insipide néphrogénique (DIN) ou rénal qui découle d'une résistance rénale à l'action de l'ADH ; ● le diabète insipide est dit complet lorsque la sécrétion d'ADH est totalement abolie ou lorsque les récepteurs à l'ADH s'avèrent complètement insensibles ; ● le diabète est qualifié de partiel, dans le cas contraire. La potomanie (cf. fiche) (ou polydipsie primaire, ou diabète insipide dipsogène) est rattachée au diabète insipide car l'augmentation primitive de la consommation d'eau aboutit secondairement à une baisse de la sécrétion d'ADH, et produit des symptômes apparentés au diabète insipide central. ÉTIOLOGIE Le diabète insipide central est soit primaire (idiopathique ou familial), soit secondaire à une lésion intracrânienne, hypophysaire ou entraînant une compression de la région hypothalamo-hypophysaire (tableau 1). Dans le diabète insipide néphrogénique, la résistance à l'action de l'ADH peut elle aussi être primaire (formes familiales, et plus précisément anomalie génétique chez l'homme) et plus fréquemment secondaires. Ainsi, l'insensibilité des récepteurs peut être induite par différents facteurs métaboliques, certaines
toxines bactériennes (Escherichia coli) et par quelques médicaments. Important : le diabète insipide acquis est le plus souvent secondaire à une affection qu'il convient d'identifier, soit en poursuivant les investigations (tomodensitométrie lors de DIC, échographie ± biopsie rénale si DIN), soit en répétant les évaluations lors du suivi.
Fiche
Colette Arpaillange Unité de Médecine, E.N.V.N, Atlanpole la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Objectif pédagogique Connaître l’étiologie du diabète insipide, les examens complémentaires nécessaires pour le diagnostic différentiel et le traitement.
SYMPTÔMES Symptômes cliniques ● Le symptôme essentiel est une polyuriepolydipsie spectaculaire, avec recherche frénétique d'eau. La PuPd est associée généralement à l'émission d'urines hyposthénuriques (d < 1005), ou isosthénuriques (d ≈ 1007) dans les formes partielles (sécrétion d'ADH diminuée ou sensibilité des récepteurs diminuée). ● Des symptômes liés à la déshydratation, pouvant aller jusqu'à une encéphalopathie, peuvent apparaître si l'animal est soumis à une privation de boisson. ● Lors de diabète insipide central (DIC) secondaire, les symptômes liés au phénomène causal, troubles nerveux ou endocriniens sont rarement observés d'emblée, mais peuvent apparaître au cours de l'évolution.
Essentiel ❚ L'hypothèse de diabète insipide n’est envisagée que si la densité urinaire est très abaissée (<1005, généralement proche de 1000). ❚ Les causes de diabète insipide néphrogénique secondaire sont nombreuses (hypercalcémie, pyomètre, maladie d'Addison, néphropathies, ...). Elles doivent être identifiées par des examens appropriés.
Symptômes biologiques Symptôme obligatoire - urines fortement diluées (d <1005, sans jamais dépasser 1007 lors de DI partiel). ● Autres symptômes - secondaires au diabète insipide (DI) : généralement, hyponatrémie et hypokaliémie modérées "de dilution". Si déshydratation : hypernatrémie et hyperkaliémie sévères, hémoconcentration ; - secondaires à l'affection causale (tableau 2). ●
Gestion ❚ Diabète insipide : Le coût journalier du traitement (Minirin®) est estimé à 5 F. à raison de 2 gouttes par jour de la solution endonasale et 5 F. pour un comprimé à 0,1mg.
Diagnostic L'hypothèse de diabète insipide n’est envisagée que : 1. si la densité urinaire est effondrée (le DI est exclus si la densité urinaire est > 1007) 2. si les autres causes de PuPd et de DI ont été formellement éliminées, en particulier l'insuffisance rénale chronique, l'hypercorti-
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE - 377
rôle de l’imagerie médicale
dans l’exploration d’une polyuro-polydipsie Cet article présente les principales techniques d’imagerie susceptibles d’aider au diagnostic des affections fréquemment associées à la polyuropolydipsie : hypercorticisme, diabète sucré, hypercalcémie, affections rénales et hépatiques, pyomètre.
L
es examens radiographiques et échographiques sont utiles au diagnostic de la polyuro-polydispsie (PUPD) dans deux situations : ● lorsque le diagnostic étiologique est difficile à établir à l’aide des commémoratifs, de l’examen clinique et des premiers examens sanguins ou urinaires ; ● lorsque des informations complémentaires concernant l’affection associée sont recherchées. DIAGNOSTIC DE L’HYPERCORTICISME Radiographie Les tests endocriniens donnent des résultats faussement négatifs dans 15 à 30 p. cent des cas d’hypercorticisme hypophysaire. La sensibilité de ces tests est encore inférieure en présence d'une tumeur surrénalienne [1]. Face à ces cas pour lesquels le diagnostic est difficile, la radiographie et l’échographie sont des outils précieux. Ces techniques d'imagerie médicale permettent également de différencier un hypercorticisme d’origine hypophysaire, d'un hypercorticisme d'origine surrénalienne. ● Lors d’hypercorticisme, une hépatomégalie est très souvent présente sur les radiographies abdominales. Elle est alors à l’origine d’un déplacement dorso-caudal de l’axe de l’estomac. Bien que non spécifique, l'absence d'une hépatomégalie est peu compatible avec un diagnostic d’hypercorticisme. On recherchera également la présence d’une masse cranialement à l'un des deux reins. L’identification d’une tumeur surrénalienne est d’autant plus facile que certaines se calci-
fient (figure 1). Néanmoins, les tumeurs de petite taille ne peuvent généralement pas être visualisées. ● D’autres anomalies sont visibles sur les radiographies abdominales lors d'hypercorticisme : - une distension abdominale ; - une graisse péritonéale abondante ; - des calcifications dystrophiques, des tissus mous et de la peau ; généralement, ces calcifications cutanées se situent au niveau de la ligne médiale dorsale ou ventrale, ainsi que dans la région inguinale ; - une vessie souvent de volume important en cas de PUPD chronique ; - des calculs vésicaux (dans 5 à 10 p. cent des cas d'hypercorticisme) : ils résultent de l'augmentation de la calciurie ou de la présence d’une cystite chronique [1]. Échographie L’échographie réalisée par une personne ayant une bonne expérience est un moyen pratique et fiable d’éliminer l’hypothèse d’une tumeur surrénalienne (figure 2).
Jennifer E. Lowry Mountain Veterinary Imaging Fort Collins Colorado USA
Objectif pédagogique
❚ Intérêts de la radiographie et de l’échographie lors de polyuro-polydipsie.
Essentiel ❚ Ces techniques d'imagerie médicale permettent de différencier un hypercorticisme d’origine hypophysaire d'un hypercorticisme d'origine surrénalienne. ❚ Dans le cadre du diagnostic ou du suivi d’un diabète sucré, l’imagerie permet de détecter des anomalies associées au niveau du pancréas et du système urinaire.
CANINE - FÉLINE
1 Masse minéralisée au niveau de la glande surrénale droite chez un chien. Radiographie abdominale sous incidence latérale (clichés J. E. Lowry).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 379
observation clinique
ictère
chez une chienne Une femelle labrador non stérilisée de sept ans est référée pour exploration d’une ascite apparue dix jours auparavant.
L
’anamnèse fait état d’une dysorexie apparue depuis deux ou trois mois qui évolue vers l’anorexie. La chienne, Isis, a été examinée par son vétérinaire traitant trois semaines auparavant. Un bilan hématobiochimique incluant les paramètres urée, créatinine, A.L.A.T. et A.S.A.T. et une numération et formule sanguines ne montre aucune anomalie. Isis a été revue, dix jours auparavant en raison d’une distension abdominale. Un traitement à base d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (bénazépril Fortekor®), de furosémide (Dimazon®) et de gentamicine (Septigen®) a été entrepris. EXAMEN CLINIQUE L’animal est abattu et très amaigri (photo 1). Les muqueuses sont sub-ictériques. A l’auscultation cardiaque, une tachycardie à 160 b.p.m. est notée, sans souffle audible. L’animal est en polypnée. La palpation abdominale révèle la présence d’un épanchement (signe du flot positif). La ponction abdominale permet de recueillir un liquide séro-hémorragique trouble. La densité urinaire est de 1034 et l’analyse des urines au moyen d’une bandelette détecte une forte bilirubinurie. Au bilan, ictère accompagné d’un épanchement abdominal et d’une PUPD chez une chienne de 7 ans. HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES L’absence de signes cliniques d’hémolyse détectables à l’examen clinique oriente le diagnostic vers un ictère hépatique ou posthépatique. L’implication du foie dans le processus pathologique qui affecte cette chienne permettrait en outre d’expliquer les autres symptômes observés (ascite, polyuropolydipsie...). Les hypothèses étiologiques envisagées sont : - pour l’ictère hépatique : tumeur hépatique
d’infiltration diffuse (lymphome), hépatite infectieuse (leptospirose) ou toxique, inflammation du tractus biliaire ; - pour l’ictère post-hépatique : obstruction du canal cholédoque (cholélithiase) ou sa compression par une tumeur.
Sophie Valet Unité de Médecine, E.N.V.N, Atlanpole la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Objectif pédagogique
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Examen du liquide d’épanchement L’analyse du liquide d’épanchement est réalisée. Sa densité est de 1033. L’examen cytologique montre une population cellulaire polymorphe de densité cellulaire faible. La morphologie des cellules observées est normale. Ces éléments permettent de conclure qu’il s’agit d’un transsudat modifié.
Diagnostiquer un ictère face à un tableau clinique relativement complexe.
Examens sanguins La numération et la formule sanguines mettent en évidence une anémie modérée avec leucocytose et thrombopénie. ● Le bilan biochimique sanguin montre une cholestase importante associée à une cytolyse modérée et une bilirubinémie très augmentée. ● L’ionogramme révèle une hypokaliémie modérée. ● Une augmentation modérée du temps de Quick est détectée au cours du bilan de coagulation réalisé en raison des saignements prolongés observés suite aux ponctions sanguines. ● Une électrophorèse des protéines sériques est réalisée. Le tracé électrophorétique montre une hypoalbuminémie modérée (25g/l). Le tracé ne présente pas d’anomalie significative en dehors d’un petit pic béta-1. Ces modifications sont difficilement interprétables et ne témoignent pas en faveur d’un syndrome inflammatoire évolutif. ●
1 Isis en consultation : noter l’amaigrissement et la distension abdominale (photos service de médecine, E.N.V.N.).
Symptômes A l’examen clinique, nous retenons : ❚ une polyuro-polydypsie ; ❚ un épanchement abdominal ; ❚ une bilirubinurie massive et des muqueuses sub-ictériques ; ❚ un amaigrissement ; ❚ une anorexie et un abattement
Examen sérologique Une recherche sérologique de leptospirose est également demandée. Ce résultat permet d’éliminer du diagnostic différentiel une infection leptospirosique. Ces examens confirment l’atteinte hépatique et la cholestase (augmentation des ALAT, des PAL, et de la bilirubinémie) qui déterminent une insuffisance hépatique grave (dimi-
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Hypothèses diagnostiques ❚ Ictère hépatique ❚ Ictère post-hépatique.
CANINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 385
comment traiter un diabète chez le chat Le diabète est la dysendocrinie la plus anciennement connue et la plus fréquente chez le chat, pourtant son diagnostic et son traitement présentent encore de nombreuses difficultés.
L
e diabète du chat résulte d’une insulinopénie ou d’une insulinorésistance, maladies associées à des tableaux cliniques très différents. ÉTIOLOGIE ET SIGNES CLINIQUES Il existe trois principaux types de diabète :
1. Le diabète juvénile insulinopénique ou de type 1 (≈ 2 p. cent*) : dû à un processus autoimmun secondaire à une infection virale. Ce diabète est très rare, mais peut être sous dépisté.
phase prédiabétique et d’établir le diagnostic avant que l’état général de l’animal ne se dégrade trop. Ce diagnostic peut être délicat.
Brigitte Siliart, Lucile Martin Laboratoire des dosages hormoinaux Unité INRA de nutrition et d’endocrinologie Département de Biologie et de pharmacologie Ecole Nationale Vétérinaire E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie B.P. 50707 44307 Nantes Cedex 03
DIAGNOSTIC Chez le chat, une hyperglycémie isolée ne suffit pas à confirmer un diabète. On a l’habitude d’incriminer le stress, mais cette hyperglycémie est peut aussi être due à l’existence d’une autre maladie (à rechercher systématiquement si le diabète est écarté) (encadré 1). La confirmation du diabète se fait par mesure de la fructosamine. Elle se forme par fixation du glucose sur les protéines sanguines. Cette réaction spontanée ne dépend que de la concentration du glucose sanguin et de
Objectif pédagogique Dépister les différents diabètes du chat et choisir l’insulinothérapie adaptée.
2. Le diabète insulinorésistant ou de type 2 (≈ 10 p. cent*) les deux principales causes en sont l’obésité et l’administration répétée de progestatifs et/ou de corticoïdes. L’animal est pléthorique, boulimique, apathique avec un bon état général, même s’il a du mal à se toiletter. Ce diabète guérit quelquefois spontanément, après une insulinothérapie passagère, 6 à 20 semaines après l’arrêt du traitement stéroïde. 3. Le diabète insulinonécessitant (≈ 88 p. cent*) du vieil adulte (de plus de huit ans), où l’insulinorésistance s’ajoute à l’insulinopénie. Il résulte probablement de l’évolution lente d’un prédiabète insulinorésistant, passé inaperçu tant que l’état général du chat était correct et que l’élévation de la glycémie restait modérée. Lorsque la glycémie augmente, la "toxicité" du glucose provoque brutalement l’apoptose des cellules ß et une insulinopénie (figure 1). Le propriétaire constate alors une brusque dégradation de l’état de l’animal, avec PUPD, poils piqués, amaigrissement, éventuellement apparition d’une plantigradie. Parfois, une maladie intercurrente permet au vétérinaire de contrôler la glycémie dans la
1 Il est impératif de faire maigrir les chats obèses (photo Service de médecine, E.N.V.N.).
demi-vie des protéines sanguines. Elle reflète les variations cumulées de la glycémie pendant les deux précédentes semaines. Les perturbations endocriniennes En dehors des dysendocrinies responsables de l’insulinorésistance (hypercorticisme et acromégalie des chats obèses), le diabète induit lui-même des perturbations endocriniennes.
47
Note * Pourcentage des cas référés au LDH Laboratoire des dosages hormonaux de l’ENVN entre 1995 et 2000.
FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 389
polyuro-polydipsie
Fiche
et hyperthyroïdie
Odile Sénécat
féline
Service de médecine E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie B.P. 40706 44307 Nantes cedex 03
Objectif pédagogique Comment détecter une hyperthyroïdie féline et comment choisir les mesures thérapeutiques adaptées.
L’hyperthyroïdie résulte d’une tumeur hypersécrétante de la thyroïde (hyperplasie adénomateuse bénigne ou adénome sécrétant dans 98 p. cent des cas) : il s’agit d’une maladie systémique caractérisée par une concentration excessive en hormones thyroïdiennes circulantes : thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3). EXPRESSION CLINIQUE (TABLEAU 1) Tableau 1 - Expression clinique Signes généraux Maigreur voire cachexie (amaigrissement en dépit d’une polyphagie) ● PUPD ● Pelage ébouriffé, mal entretenu ● Hyperthermie, intolérance à la chaleur, halètement ● Apathie, fatigabilité : hyperthyroïdie “apathique”, lorsque des anomalies cardiovasculaires (ou une IRC) coexistent ●
1 Chat hyperthyroïdien : noter l’état de maigeur de l’animal (Photo Unité de médecine, ENVN).
Signes digestifs
DIAGNOSTIC Diagnostic clinique ● Eléments
Examens complémentaires d’orientation (tableau 2) ●
Radiographie thoracique Cardiomégalie ● Œdème pulmonaire (éventuellement lors d’insuffisance cardiaque congestive) ● Épanchement pleural parfois (lors d’insuffisance cardiaque congestive) ●
Échographie
Polyphagie ● Diarrhée chronique ● Vomissements intermittents
Hypertrophie ventriculaire gauche Épaississement du septum interventricuaire ● Dilatation de l’atrium et du ventricule gauches ● Hypercontractilité myocardique ● Rarement, images de cardiomyopathie dilatée ● Tachycardie sinusale fréquente (> 220 batt/min) ● Amplitude onde R en D2 : augmentée ● ●
Signes comportementaux ou nerveux ●
Anomalies cardio-vasculaires
Tableau 2 - Examens complémentaires pour orienter le diagnostic
●
●
de suspicion (tableau 1)
- chat âgé (12 ans en moyenne ; attention, l’affection est possible sur les animaux plus jeunes) - PUPD ; - palpation d’un goître ; - amaigrissement avec polyphagie ; - diarrhée chronique ; - tachycardie, signes d’hypertension artérielle.
Hyperactivité, nervosité, agressivité Flexion ventrale de l’encolure, lors d’hypokaliémie Préparation d’une masse cervicale
●
Nodule assez mobile en région cervicale ventrale = goître*
Électrocardiographie ●
Signes cardio-vasculaires
Note Dans les tableaux, les caractères gras correspondent aux signes cliniques ou aux informations les plus importantes.
Intolérance à l’effort Dyspnée ● Tachycardie ● Souffle, bruits de galop – dysrythmie ● Distension abdominale, signe du flot + (ascite) ● ●
Signes d’hyperten-
●
Mesure de la pression artérielle
sion artérielle ou d’insuffisance cardiaque
Signes cutanés
FÉLINE
Dysrythmies (ventriculaires ou supraventriculaires, troubles de la conduction intraventriculaire
Alopécie possible
●
●
Hypertension artérielle
Hématologie – biochimie
Des anomalies hématologiques ou biochimiques sont possibles, mais non constantes et peu spécifiques (tableau 3).
Signes oculaires ●
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 394
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Hyphéma, hémorragies ou décollement rétiniens, cécité lors d’hypertension artérielle.
* L’absence de masse palpable ne permet pas d’écarter l’hyperthyroïdie : le tissu thyroïdien hypersécrétant peut présenter un volume normal ou être ectopique.
observation clinique
PUPD, hypertension
et conséquences oculaires
chez un chat
Laurent Roche Unité de Médecine Département de Médecine interne chien et chat École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23 chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex
Objectif pédagogique Savoir suspecter une maladie systémique à partir de manifestations oculaires.
Motif de consultation ❚ Diminution de la vision depuis deux semaines.
Une chatte de type Européen âgée de 6 ans est présentée à la consultation pour une diminution de la vision depuis deux semaines. Quelques mois auparavant, l’animal a été traité pour un hyphéma d’apparition brutale.
L
’entretien avec le propriétaire révèle que l’animal boit en plus grande quantité depuis quelques semaines et qu’il vomit une fois par jour.
1 Chat insuffisant rénal chronique : aspect tortueux des vaisseaux, principalement des artérioles. (photos service de médecine, E.N.V.T.).
EXAMEN CLINIQUE L’examen clinique général permet de déceler une maigreur marquée ainsi qu’une légère déshydratation.
●
● L’examen ophtalmologique montre différentes anomalies fonctionnelles et anatomiques : - le réflexe du clignement à la menace est très diminué sur l’œil droit et absent sur l’œil gauche ; - le cristallin de chacun des yeux est le siège d’une cataracte débutante : des vacuoles corticales de couleur rouge pâle sont présentes (photo 1). - Enfin, on observe un décollement rétinien total à gauche associé à des plages hémorragiques (photo 3). La rétine de l’œil droit est partiellement décollée, ses vaisseaux sont épaissis. On note également quelques zones hémorragiques (photo 2).
Signes cliniques ❚ Diminution de vision ❚ Vomissements ❚ Polydipsie
Hypothèses diagnostiques ❚ Polyglobulie (syndrome d’hyperviscosité sanguine) ❚ Hyperthyroidie ❚ Insuffisance rénale chronique.
FÉLINE
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Le diagnostic différentiel doit tenir compte de l’examen ophtalmologique ainsi que des diverses anomalies décelées à l’examen clinique général. Ainsi, doivent être prises en compte les affections suivantes : - une polyglobulie (syndrome d’hyperviscosité sanguine) ; - une hyperthyroidie ; - une insuffisance rénale chronique. EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Des examens complémentaires sont alors effectués.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 398
2 Chat insuffisant rénal chronique : décollement de rétine, hémorragies rétiniennes et pré-rétiniens avec transudat vitréen (transudation).
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3 Chat insuffisant rénal chronique : décollement rétinien complet. ● L’examen hématologique ne montre aucune anomalie. Nous pouvons donc écarter l’hypothèse de polyglobulie. ● L’analyse biochimique permet d’écarter une hyperthyroïdie.
alimentation l’évolution des concepts diététiques dans le traitement et la prévention des insuffisances rénales Il est important que les animaux, même et surtout insuffisants rénaux mangent. Minimiser les conséquences cliniques et physiopathologiques de l’affection, ralentir l’évolution de la maladie, dans la mesure où les mécanismes en sont connus : tels sont les objectifs généraux de la prise en charge nutritionnelle de l'animal insuffisant rénal chronique. A cet égard, les concepts nutritionnels ont évolué, comment ? Où en est-on ?
L
’évolution sur une quinzaine d'années d'un aliment indiqué pour le chien insuffisant rénal chronique (IRC), vue au travers au travers de la documentation technique destinée aux vétérinaires, est assez illustrative de l'évolution des concepts sur le plan de la nutrition mais aussi sur celui du marketing.
● Dans sa première version, il est "low protein" c'est-à-dire à teneur restreinte en protéines. Il a aussi une densité énergétique élevée et garantit un haut niveau d'appétence. ● Le second est encore "restricted protein", à teneur réduite en protéines et à densité énergétique élevée. Sa teneur en phosphore est réduite, celle en vitamines du complexe B accrue et celle de sodium modérément réduite. ● A partir de la troisième version, il devient "low phosphorus" : la restriction protéique passe alors au second plan (et à deux niveaux, moyen et bas). ● Dans sa version actuelle, cet aliment a une teneur réduite en phosphore et restreinte à deux niveaux en protéines (de bonne qualité). Il a toujours une densité énergétique élevée, sa teneur en sodium est toujours modérément réduite et celle en vitamines B accrue. Il est encore enrichi en vitamine E et le niveau des acides gras polyinsaturés ω3 est accru. D'autres aliments fournis par d'autres fabricants) sont aussi enrichis en fibre soluble ou le seront bientôt en arginine.
La restriction phosphorée et la réévaluation de la restriction protéique : deux priorités de la décennie D'un point de vue nutritionnel, les concepts n'ont connu qu'un seul bouleversement majeur au cours de la dernière décennie : la priorité donnée à la restriction phosphorée et la réévaluation de l'importance accordée, sur le plan de la physiopathologie, à la restriction protéique. L'accent mis sur les autres paramètres repose, soit sur des données acquises de longue date (sodium, vitamines B), soit sur des travaux plus récents (acides gras, fibre soluble). Dans tous les cas, l'argumentation doit être considérée selon ce sur quoi elle se fonde, qu'il s'agisse de résultats d'expérimentations (dans l'espèce considérée, avec constitution, au hasard, d'un groupe témoin) ou de l'opinion d'experts, sans omettre une multitude de situations intermédiaires (expérimentations sans témoins, extrapolation de travaux effectués dans d'autres espèces, hypothèses fondées sur des données physiopathologiques, etc.). AJUSTEMENT DE L’APPORT PROTÉIQUE Il n'y a guère de discussion sur la restriction de l’apport protéique au niveau de ce qui est nécessaire. Une baisse de l’ingestion globale de protéines permettrait une diminution de la production des dérivés azotés (urée, parmi beaucoup d'autres), normalement excrétés par le rein. D'un point de vue strictement nutritionnel, un apport au-delà du nécessaire est-il d'ailleurs jamais justifié, si ce n'est pour stimuler l'appétence que peut susciter l'aliment ?
Patrick Nguyen*, Marianne Diez**, Lucile Martin*, Henri Dumon*, Brigitte Siliart*, * Unité de nutrition et endocrinologie Ecole nationale vétérinaire de Nantes - B.P. 40706 - 44307 Nantes Cedex 3 ** Unité de nutrition, Faculté de médecine vétérinaire Université de Liège
Objectif pédagogique Montrer l’importance de la nutrition sur les conditions et l’espérance de vie des animaux atteints d’insuffisance rénale.
Essentiel ❚ L’apport azoté ne participe pas à la dégradation anatomique ou fonctionnelle du rein. ❚ Chez des chats naturellement insuffisants rénaux chroniques (IRC), un taux protéique modérément restreint permet une amélioration de l'état général (poids, hématocrite, albuminémie) et une diminution de l'urémie, de la créatininémie et de la phosphatémie. ❚ ll faut réduire l’apport de phosphore et/ou corriger les perturbations hormonales concernant le métabolisme phosphocalcique, puisqu’on ne sait pas exactement quels sont les mécanismes en jeu. ❚ Il est important de veiller à la teneur en potassium et en sodium dans les aliments pour chats.
Rubrique réalisée en partenariat avec
L'intérêt de la restriction de l’apport protéique ● Chez le rat et chez l’homme, l'intérêt de la restriction a été confirmée, mais les résultats sont encore controversés malgré les études expérimentales effectuées à ce sujet (encadré 1). En effet, les études cliniques sensu stricto sont peu nombreuses et les modèles expérimentaux semblent ne reproduire
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RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE - 2001 - 401
principe actif la desmopressine Marc Gogny
L
e traitement de certaines formes de diabète insipide repose sur l’administration à vie d’hormone antidiurétique. L’apparition, à la fin des années soixante, de la desmopressine, analogue dépourvu des effets vasoconstricteurs de l’ADH, a augmenté la sécurité d’emploi et en a fait le principe actif le plus utilisé, chez l’homme comme chez l’animal. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique Les données pharmacocinétiques précises concernant la DDAVP (encadré) chez le chien ne sont pas disponibles. Cependant, la prise en compte de sa structure peptidique, l’extrapolation des données obtenues chez l’homme, et les résultats thérapeutiques permettent d’imaginer son comportement. ● Hydrosoluble, elle est vite résorbée par voie parentérale. Par voie endonasale (peu pratique chez l’animal), ou après administration dans le sac conjonctival, la résorption est également très rapide, de l’ordre de quelques minutes. Elle reste cependant très incomplète, de l’ordre de 10 p. cent, avec une importante variabilité selon les animaux. ● Par voie orale, malgré la structure peptidique sensible aux enzymes protéolytiques, une faible absorption reste possible, même si la biodisponibilité est encore plus faible, et les variations individuelles sont accentuées.
Unité de Pharmacologie et Toxicologie E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie B.P. 40706 44307 Nantes Cedex 03
La demi-vie d’élimination de la desmopressine est supérieure à celle de l’ADH, mais ne dépasse pas deux heures. Elle passe dans le lait.
Classe pharmacologique
Pharmacodynamie ● L’hormone antidiurétique La vasopressine, ou ADH, tire ses deux noms de ses deux principaux effets biologiques, qui concourent au maintien de la volémie et de la pression artérielle. Son action vasoconstrictrice, par stimulation directe des cellules musculaires lisses vasculaires, est due à la mise en jeu des récepteurs V1. Secondairement, ces récepteurs stimulent la contraction des cellules mésangiales glomérulaires, inhibent la libération de rénine, stimulent celle de l’ACTH par l’hypophyse antérieure, et favorisent la glycogénolyse hépatique. L’économie de l’eau est liée à la mise en jeu des récepteurs V2. Leur localisation principale est le tube collecteur rénal. Après stimulation, ces récepteurs provoquent la formation de pores hydriques membranaires (les aquaporines). Le tube collecteur, rendu perméable à l’eau, permet la réabsorption hydrique sous l’effet du gradient osmotique corticopapillaire, et la concentration finale de l’urine. En cas de carence en ADH, ce mécanisme physiologique de concentration de l’urine est défaillant, ce qui entraîne une polyuropolydipsie, avec baisse importante de la densité urinaire.
- analogue de l’hormone antidiurétique
Indications ❚ La principale indication de la desmopressine est le diabète insipide d’origine centrale,
Gestion ❚ Le coût du traitement, compris entre cinquante et cent francs par semaine, est à prendre en compte.
Figure - Structure de la desmopressine
Vasopressine (ADH) PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Dénomination chimique : 11-(3-acide mercaptopropanoïque), 8-D-arginine vasopressine Autre appellation : 1-desamino, 8-D-arginine vasopressine ● Dénomination commune internationale : desmopressine ● Abréviation : DDAVP La desmopressine est un analogue structural de la vasopressine (ADH), peptide de neuf acides aminés, dont elle ne diffère que par la suppression du groupement aminé porté par le premier acide aminé de la chaîne, la cystéine. De plus, l’acide aminé en position 8, l’arginine, est ici dextrogyre. Ces modifications changent la structure stéréospatiale de la molécule, et la rendent ●
S CH2 CH
C Tyr Phe Gln Asn Cys Pro 1 Arg GlyNH2
NH2 O
Desmopressine S CH2 CH2
C Tyr Phe Gln Asn Cys Pro d Arg GlyNH2 O
incapable de se fixer sur les récepteurs V1. La solution endonasale est commercialisée sous une forme légèrement acidifiée (pH 4), avec comme excipient le chlorobutanol, et quelques rares irritations oculaires peuvent être observées lors de l’emploi par voie conjonctivale.
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN-SEPTEMBRE 2001 - 405
Fiche-client
comportement la socialisation du chiot
Muriel Alnot - Perronin
28, rue de Chimay 28130 Mevoisins
Que faire ou ne pas faire pour réussir la socialisation d’un chiot ? De précieux conseils pour éviter aux propriétaires, le chiot devenu grand, désagréments et désenchantement.
Ces deux acquis comportementaux majeurs de la période de socialisation résultent de mécanismes d'acquisition similaires : ● la confrontation à des stimuli environnementaux pendant une période "sensible"; ● l’ncorporation dans le répertoire comportemental pour une reconnaissance ultérieure.
L
La période de socialisation est la période pendant laquelle le jeune acquiert les autocontrôles (cf Le Nouveau Praticien N°3, Décembre-Janvier 2001) et les comportements qui permettent la vie sociale. Cette période se situe entre la 3ème et la 12ème semaine de vie.
a période de socialisation est la dernière période du développement pendant laquelle le jeune acquiert les autocontrôles. La socialisation inter-spécifique et l'acquisition de l'homéostasie sensorielle constituent deux acquis comportementaux majeurs de la période de socialisation.
Comment apprendre l’autre ? conseils pratiques > > A FAIRE ➊ Mettre le chien dès l’adoption, en contact avec le maximum de personnes de race, de taille, d’âge, de sexe et d’apparence différentes (même vestimentaire). ❷ Entretenir des contacts réguliers. ❸ Mettre le chiot en présence d’objets de taille, de forme, émettant des sonorités différentes. ❹ Emmener le chien dans des endroits riches en stimulations de toutes sortes : gares, marchés, grandes artères urbaines, … qui sollicitent tous les sens de l’animal. > A NE PAS FAIRE ➊ Surprotéger le chiot (tenu en laisse ou dans les bras) en se disant qu’il est trop petit. ❷ Ne pas le sortir (isolement) sous prétexte qu’il n’a pas eu tous ses rappels de vaccin : préférer vacciner tôt ou sortir dans des endroits animés mais “propres ” ! ❸ Empêcher que d’autres personnes que son maître ne le manipulent pour les mêmes raisons. ❹ Le rassurer (par des caresses ou un ton de voix chaleureux) s’il montre des signes de crainte dans des situations nouvelles pour lui : cela correspond à renforcer le chien (lui donner raison d’avoir peur) en le caressant.
La socialisation interspécifique n’est pas généralisable comme peut l’être la socialisation intraspécifique. Spontanée jusqu’à la 12ème semaine, il convient de l’entretenir de façon continue car elle est réversible (contrairement à la socialisation intraspécifique), même si elle a été bien réalisée dans l’élevage. > Si elle n’est pas entretenue, il est possible d’observer une désocialisation. > Les contacts avec l'espèce humaine doivent être variés et enrichissants (interactions positives et amicales !).
Mettre en contact les animaux dès le plus jeune âge avec les personnes de tous âges (Photo E. Gaultier).
Essentiel ❚ La socialisation à l'homme est fondamentale : elle garantit la qualité des interactions avec l'espèce humaine. ❚ Le chiot se forge un niveau optimal d'homéostasie sensorielle lorsqu’il incorpore des stimuli dans sa "base de données". Devenu adulte, il fait preuve d'une grande adaptabilité à l'environnement extérieur et d'une bonne stabilité émotionnelle. ❚ Sortir le chiot le plus tôt possible, le mettre en contact avec un maximum de stimulations impérativement avant l'âge de trois mois.
> Les propriétaires souhaitent ne pas exposer le chiot "aux microbes" avant que le programme vaccinal ne soit achevé (après 12 semaines). Ne pas encourager cette attitude. Deux arguments : 1. isoler totalement le chiot est illusoire puisque les agents infectieux sont véhiculés par le propriétaire lorsqu'il rentre chez lui ; 2. le risque de développer un trouble comportemental grave est beaucoup plus certain et sérieux que celui d'attraper un virus ! > Pour rassurer le chien, la tendance spontanée est de le caresser et de lui parler d'une voix douce, voire larmoyante, ce qui entraîne une contagion émotionnelle (le chiot perçoit une inquiétude de son propriétaire) et apporte une gratification au comportement indésirable (caresse). Au contraire, Il faut se montrer indifférent ou parfaitement à l'aise face à la situation qui semble lui poser problème !
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 407
geste chirurgical le myélogramme réalisation pratique au sternum Le myélogramme est un acte simple à réaliser qui fournit au praticien de nombreux renseignements sur l'origine de désordres hématologiques quantitatifs (diminution, augmentation, syndrome d'hyperviscosité sanguine) et parfois qualitatifs.
propriétaire éventuellement et non douloureux. Cette technique peut être pratiquée sur le chien et le chat, quels que soient leur poids, leur âge ou leur morphologie.
Christophe Hugnet, Clinique Vétérinaire des Lavandes 8 Av. A. Briand 26160 La Bégude de Mazenc
Description en images de cette technique facile d’utilisation (photos 1 à 8)
L
e myélogramme aide à l’exploration des désordres hématologiques concernant les lignées cellulaires. Ainsi, lors d’anémie, de polyglobulie, de leucémie ou d’infiltrations médullaires, cet examen est souvent indispensable. Lors de recherche de certains parasites intracellulaires (leishmanies par exemple), le myélogramme est très utile. Technique Le prélèvement effectué dans la première sternèbre présente de nombreux avantages. En effet, sa réalisation s’effectue sans anesthésie (une sédation est exceptionnellement nécessaire), rapidement, en présence du
2 Positionnement en décubitus dorsal : la zone opératoire est tondue ici pour faciliter la visualisation. - Seule une antisepsie locale est nécessaire. - Point rouge : centre du corps de la première sternèbre. - Points noirs : base des sillons jugulaires.
1 Matériel nécessaire (aiguilles 18 G, seringue UU 20 ml, lames) (photos Ch. Hugnet).
Geste
Matériel Le matériel nécessaire est d’un très faible coût puisqu’on utilise des aiguilles de 18 G (roses, usage unique, 1,2 x 40 mm), une seringue en plastique (de 10 ou 20 ml, à usage unique) et des lames de microscopes polies, dégraissées et rodées. ❒
❚ Facile d’exécution ❚ Coût du matériel très faible ❚ Réalisable au cours de la consultation
RUBRIQUE 3 Le chien est en position assise, la tête est tenue en l’air (position plus aisée en général sur animal vigile).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 223
immunologie la réponse immunitaire spécifique les micro-organismes Le vétérinaire praticien est quotidiennement confronté au système immunitaire dont le fonctionnement est complexe et très structuré. Qui n'a pas demandé des examens complémentaires, tels les "tests sérologiques", à des fins diagnostiques ? Sans parler des vaccinations réalisées en routine et qui utilisent des propriétés caractéristiques du système immunitaire. Le praticien a donc tout intérêt à connaître les particularités du système immunitaire.
L
e système immunitaire a pour rôle de maintenir l’intégrité de l’organisme, en particulier de prévenir ou de bloquer la pénétration et la multiplication d’agents étrangers, micro-organismes le plus souvent, mais aussi cellules tumorales. Les micro-organismes sont envisagés dans cet article. Il existe dans l’organisme différents niveaux de protection contre les agents extérieurs : Le premier est représenté par les barrières physico-chimiques : barrière cutanée, épithélium des muqueuses, mucus, etc. - La réponse non spécifique : Si les agents extérieurs arrivent à traverser ces premières barrières, il y a alors activation d’une réponse non spécifique : celle-ci fait intervenir principalement les polynucléaires et le complément. - La réponse immunitaire spécifique (R.I.S.) : Si cette réponse n’est pas assez efficace ou assez rapide pour éliminer l’agent extérieur, la réponse immunitaire spécifique est alors activée. Le système immunitaire est divisé en différents compartiments et possède de nombreux effecteurs ayant chacun des fonctions spécialisées. ● Les principaux effecteurs cellulaires sont : - les cellules présentatrices de l’antigène
(CPA) (macrophages, cellules dendritiques, et lymphocytes B activés), les lymphocytes T CD4+, les lymphocytes T CD8+ et les lymphocytes B qui synthétisent les anticorps (AC) ; - les cellules du système immunitaire se reconnaissent grâce à des marqueurs de surface spécifiques, qui ne sont pas exprimés par les autres cellules de l’organisme ; - ces cellules lymphoïdes communiquent entre elles par l’intermédiaire de médiateurs chimiques, les cytokines, qui forment un système très complexe de régulation de la réponse immunitaire. ● On distingue deux grands compartiments pour le système immunitaire : - le premier est le compartiment central (mœlle osseuse hématopoïétique et thymus) dans lequel sont synthétisées les cellules du système immunitaire ; - le deuxième est le compartiment périphérique où a lieu la réponse immunitaire. A leur arrivée dans ce compartiment périphérique, les cellules lymphoïdes sont naïves et doivent être activées pour pouvoir participer à la réponse immunitaire. Leur activation a lieu dans les organes lymphoïdes secondaires (nœuds lymphatiques, rate, plaques de peyer, etc), lors de la rencontre avec les antigènes. RECONNAISSANCE DES AGENTS ÉTRANGERS Les cellules présentatrices de l’antigène (CPA) patrouillent en permanence dans tout l’organisme et repèrent les antigènes étrangers. Pour les micro-organismes, la reconnaissance s’effectue grâce à des éléments de surface, différents de ceux exprimés par l’organisme hôte : - Il existe des cellules présentatrices de l’antigène (CPA) spécialisées dans la reconnaissance des micro-organismes extracellulaires - d’autres CPA sont spécialisées dans la reconnaissance des micro-organismes intracellulaires. La nature de la réponse immunitaire protectrice est différente selon les caractéristiques du micro-organisme rencontré.
Séverine Boullier*, Stéphane Bertagnoli** * Service de microbiologie immunologie ** Service de maladies contagieuses, virologie E.N.V.T 23, chemin des capelles 31076 Toulouse cedex 3
Objectif pédagogique Mise en place et fonctions de la réponse immunitaire spécifique dirigée contre les micro-organismes.
Essentiel ❚ La nature de la réponse immunitaire protectrice est différente selon les caractéristiques du microorganisme rencontré. ❚ La réponse immunitaire spécifique est longue à se mettre en place : trois semaines en moyenne pour que les effecteurs se différencient et rejoignent le site d’infection. ❚ Ce temps de latence permet aux microorganismes de proliférer dans l’hôte et, éventuellement d’induire des signes cliniques.
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RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE - 411
Aujourd’hui :
Stéphane Bertagnoli & Séverine Boullier Dessin : Frédéric Mahé
Première partie : La reconnaissance de l’antigène
Les défenses immunitaires se répartissent en deux secteurs : le central (moëlle osseuse et thymus), et le périphérique (nœuds lymphatiques, ou ganglions, et tous les autres tissus). La réponse immunitaire a lieu dans le secteur périphérique.
Car parfois, les micro-organismes pénètrent dans une brèche...
Nous, les Cellules Présentatrices de l’Antigène, on monte la garde en secteur périphérique
Appelez-nous CPA, comme tout le monde...
Les CPA sont spécialisées : certaines pour les germes intracellulaires, les autres pour les germes extracellulaires. Ciel ! Encore une invasion ! Et celui-là c’est pour moi !
Celui-ci c’est pour moi !
Elles phagocytent l’intrus et décodent ses antigènes de surface On va le faire parler !
Eh, j’en tiens un !
Le Lymphocyte CD4 est le pivot de la réponse immunitaire : il active les cellules adéquates avec ses cytokines.
Puis, les CPA retournent dans le nœud lymphatique, pour prévenir les lymphocytes CD4 de l’invasion, et déclencher la réponse immunitaire. Voici mon antigène de surface m’identifiant comme CPA
Oui, mais quelles sont les cellules adéquates ?
OK, passez.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN-SEPTEMBRE 2001 - 413
En effet, la réponse sera différente, selon que l’agent pathogène sera extracellulaire ou intracellulaire Je suis l’intrus intra !
Dans le cas de pathogènes extracellulaires, ce sont les lymphocytes B qui seront en première ligne... Activez-vous, les gars, qui se dévoue?
C’est pour moi, celui-ci, je le reconnais
Et moi l’intrus extra !
Le plasmocyte synthétise des anticorps spécifiques du pathogène reconnu.
Le lymphocyte B ayant «reconnu» le pathogène est activé et se transforme en plasmocyte.
Héhéhé, il va en prendre plein la figure !...
Pour les pathogènes intracellulaires, ce sont les lymphocytes CD8 qui seront mobilisés... Et celui-là, vous le reconnaissez ?
Activé, le lymphocyte CD8 devient un tueur : le lymphocyte cytotoxique, ou «LT»
Oui, moi, je le prends !
le LT élimine les cellules infectées avec des granules cytotoxiques (ici symbolisés par un couteau de commando) ... Au secours ! Je suis infectée !
Pas de pitié !
... ce qui lui permet d’éliminer aussi l’agent intracellulaire ! LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN-SEPTEMBRE 2001 - 414
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Les lymphocytes B peuvent être également mobilisés quand le pathogène intracellulaire passe entre les cellules ...
Mais tout ceci prend du temps, et les pathogènes en profitent pour proliférer ...
(à suivre)
N.A.C. protocoles de vaccination lapins, furets et rongeurs Arnaud Charondière
La première consultation des petits mammifères est un échange d’informations entre le propriétaire, qui recherche le bien-être de son animal et le praticien amené à le soigner. C’est l’occasion de mettre en place des mesures de prophylaxie sanitaire (environnement, alimentation) et médicale (vaccination, vermifugation). Quelles sont les vaccinations courante à effectuer chez les nouveaux animaux de compagnie ? ien que diverses maladies infectieuses, spécifiques ou non, puissent affecter les petits Mammifères, la vaccination concerne essentiellement le lapin et le furet.
B
PROTOCOLE DE VACCINATION CHEZ LE LAPIN Chez le lapin, la vaccination concerne quatre maladies : la myxomatose, la maladie hémorragique virale, la pasteurellose, l’entérotoxémie. La myxomatose Dès l’âge de 28 jours, la primo-vaccination peut être réalisée par immunisation croisée. ● On utilise alors un vaccin hétérologue, par voie sous-cutanée (Lyomyxovax ®*) ou intradermique (Dermyxovirax®*, Vacciderm® Myxomatose*) du virus du Fibrome de Shope. ● L’injection ID doit être répétée 6 à 8 semaines plus tard, puis tous les 4 mois à l’aide du même vaccin hétérologue ou d’un vaccin homologue (Dervaxymyxo® SG 33 Rappel*). L’administration SC nécessite un rappel tous les 4 mois. Les vaccins ID sont plutôt utilisés en élevage et les vaccins sous-cutanés (SC) leur sont souvent préférés (tableau). ●
La maladie hémorragique virale (tableau) L’immunité est obtenue grâce à un vaccin inactivé adjuvé. En milieu sain, la primovac-
cination est obenue en une injection unique à l’âge de 8 (Cunical®) ou 10 semaines Lapinject®). En mileu contaminé, une injection plus précoce, suivie d’une seconde à 4 à 6 semaines d’intervalle est nécessaire. Le rappel est semestriel (Cunical®) ou annuel (Lapinject®). La pasteurellose ● Seul un vaccin (Pabac®*) possède une AMM lapin en France. Il peut être administré dès la 5ème semaine avec un rappel à 4 semaines, puis tous les 6 mois. Il ne contient que la valence P. multocida. ● D’autres vaccins inactivés adjuvés peuvent être utilisés hors AMM afin d’élargir le spectre (Lysopast®** (P. multocida + P. haemolytica) en SC ; Rhiniffa T®** (P. multocida + Bordetella bronchiseptica), en intra-musculaire (IM), en suivant un protocole similaire, à raison de 0,5 ml par injection.
Unité de Médecine Interne Département des Animaux de Compagnie E.N.V.L. 1 avenue Bourgelat B.P. 83 69280 Marcy L’Etoile
Objectif pédagogique Présenter l'essentiel des protocoles de vaccination applicables en fonction des différentes espèces.
L’entérotoxémie Coglavax®* et Tasvax®* sont deux vaccins inactivés adjuvés disposant d’une AMM lapin. Chez le nouveau-né, issu d'une mère non vaccinée, la primovaccination commence dès l'âge de 2 semaines. ● En revanche, si la mère est immunisée, la vaccination n’est réalisée qu’à 8 semaines. Une seconde injection est nécessaire 4 à 6 semaines plus tard, avec un appel annuel. ●
PROTOCOLE DE VACCINATION CHEZ LE FURET Chez le furet, la vaccination ne concerne que la maladie de Carré et la rage. La maladie de Carré ● Le furet est sensible à ce virus canin. Après une incubation de 1 à 4 semaines, la mort survient en une semaine. ● La vaccination est possible dès 6 semaines, avec deux injections à 3 à 4 semaines d’intervalle suivies d’un rappel annuel. L’utilisation de vaccins atténués confère une meilleure immunité. Les valences vaccinales généralement associées (parvovirose, hépatite de Rubarth, leptospirose) semblent inof-
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Notes * Médicament vétérinaire possédant une AMM pour l’espèce concernée. ** Médicament vétérinaire ne possédant pas d’AMM pour l’espèce concernée.
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 415
pharmacie : l’entreprise vétérinaire
Philippe Baralon
face à la concurrence Armée d’une bonne réflexion et soutenue par une structure professionnelle de qualité, une clinique ou un cabinet vétérinaire peut s’imposer face à ses concurrents.
L
’univers concurrentiel d’une entreprise vétérinaire ne se compose que d’autres entreprises vétérinaires, lorsqu’il s’agit de services (d’actes). En revanche, en matière de pharmacie, le spectre des acteurs est beaucoup plus large et inclut également des officines, des jardineries, des animaleries, des libre-service agricoles et des grandes et moyennes surfaces. L’idée convenue en la matière expose que l’entreprise vétérinaire, “petite structure” ballottée entre des géants n’a aucune chance de s’imposer. Il s’ensuit naturellement une forte tendance à la passivité et au fatalisme ; la négation de l’intérêt de toute stratégie concurrentielle. Peu d’idées reçues sont aussi fausses et aussi dangereuses que celle-ci. Au contraire, une démarche pragmatique permet de définir, généralement assez aisément, un comportement adapté à l’environnement concurrentiel local. BIEN CONNAÎTRE LA CONCURRENCE Rappelons un truisme : pour faire face à la concurrence, encore faut-il la connaître. D’abord en termes généraux, mais ensuite et surtout au plan local. Les médicaments vétérinaires – y compris ceux qui font l’objet d’une forte concurrence (les anti-parasitaires externes par exemple) – sont très majoritairement achetés dans des circuits “techniques”, cabinets vétérinaires ou pharmacies. Les officines Les officines représentent donc les principaux concurrents des entreprises vétérinaires. Elles se caractérisent par la densité de leur réseau (22 000 points de vente, soit quatre fois plus
que les vétérinaires), la qualité de leur immobilier (emplacement, accessibilité, conception de leur zone d’accueil et de vente), leur large plage d’ouverture (généralement plus de 60 heures par semaine). Surtout, les officines bénéficient d’une fréquentation très élevée, de l’ordre de 20 contacts par an pour une famille moyenne. Dès lors, le franchissement de la porte d’une pharmacie représente un acte courant et très peu impliquant. En revanche, les pharmacies sont généralement pénalisées par l’étroitesse de leur gamme (le plus souvent une gamme spécifique à ce réseau et quelques produits “prévendus”) et la spécialisation du personnel en santé humaine, fortement ressentie par les clients.
Phylum, BP 111, 31675 Labège Cedex e-mail : baralon@phylum.fr
Objectif pédagogique Raisonner sa stratégie concurrentielle en fonction des données locales.
Les jardineries et les animaleries Les jardineries (ou les libre-service agricoles en milieu rural) et les animaleries abordent le marché non plus sous l’angle du médicament (comme les officines), mais sous l’angle de l’animal. C’est pourquoi, ces concurrents importants sur le marché du pet-food (cf Le Nouveau Praticien Vétérinaire N°3, Novembre-Janvier 2001), restent marginaux sur le marché du médicament en se cantonnant le plus souvent à quelques anti-parasitaires d’entrée de gamme et une marque connue d’anti-parasitaire externe. On se trouve à l’évidence dans le cas de points de vente qui ne prétendent pas attirer le chaland spécifiquement désireux d’acheter ce type de produit, mais qui souhaitent offrir ce type de produit et le proposer à des clients venus pour un autre motif (pet-food, accessoire, litière…). Les atouts de ces circuits de distribution résident dans l’accessibilité des points de vente et dans un positionnement qui est souvent perçu comme celui d’un “spécialiste de l’animal de compagnie”.
Essentiel ❚ Une bonne connaissance de la concurrence locale est irremplaçable. ❚ La concurrence se concentre sur quelques références de produits de prévention, de marque connue, largement distribué. ❚ En matière de prix, le positionnement objectif est “pas plus cher qu’ailleurs”. ❚ L’augmentation de la fréquentation de la clinique est un objectif essentiel.
Les hypermarchés et supermarchés Les hypermarchés et supermarchés n’ignorent jamais le fabuleux marché des
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MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 419
Fiche-action n° 1
identifier et connaître sa concurrence
Fabrice Labadie
Comment bien connaître sa concurrence pour mieux la surveiller et en tirer parti ?
Ponctuellement, il peut être intéressant de connaître les promotions réalisées.
C
Il convient de distinguer les deux sources d'information directe et indirecte. ● L'information directe est celle que le vétérinaire ou son personnel obtient en se rendant sur un lieu de vente, en consultant une facture ou un document du concurrent. Cette information est fiable car contrôlée : il convient de la privilégier. Cette information peut être obtenue lors d'achats (animalerie, jardinerie, pharmacie, …) ou lors de contacts privilégiés avec un client (catalogue de groupement, facture du concurrent, …). Il est important que la recherche d'informations directes devienne un réflexe de façon à obtenir une base de données à jour et exploitable.
onfrères, pharmaciens, jardinerie, animalerie, grandes surfaces d’alimentation ou de bricolage, groupements proposent des produits identiques ou comparables à ceux que vous proposez, ce sont donc des concurrents. Selon les régions ou les villes, cette concurrence peut être plus ou moins dense, plus ou moins agressive.
■ POURQUOI METTRE EN PLACE UNE VEILLE CONCURRENTIELLE ? Surveiller ses concurrents permet de savoir quels sont les produits qu'ils commercialisent et à quels prix. Il est ainsi possible de répondre objectivement aux questions que tout vétérinaire se pose. Qui sont mes concurrents réels ? Quels sont les produits ou les secteurs pour lesquels j'ai un ou plusieurs concurrents directs ? Mes prix sont-ils compétitifs ? Bénéficier de cette information permet d'orienter ses choix de gammes et de positionner ses prix par rapport à une référence connue.
■ COMMENT METTRE EN PLACE UN SYSTÈME DE VEILLE ? Avant tout, il est nécessaire que l'ensemble des associés travaillant au sein de l'entreprise vétérinaire soient convaincus de l’intérêt de récolter ce type d’informations. Le personnel salarié peut être sollicité pour la récolte d’informations dans les magazins qu’il fréquente. La personne en charge de la centralisation des données doit disposer d'un système simple qui lui permet de compiler et de mettre à jour l'ensemble des données. Ce peut être très simplement un tableur comportant une liste de produits, la liste des concurrents identifiés, et les prix pratiqués par chacun d’eux.
■ QUELLE INFORMATION COLLECTER ? Gammes vendues, conditionnements et prix constituent l'information essentielle.
13, Impasse de la Garenne 41600 Lamotte Beuvron e-mail : f.labadie@libertysurf.fr
■ OÙ TROUVER L'INFORMATION ? Objectif pédagogique Comment mettre en place une grille d’analyse des prix pratiqués par ses différents concurrents ?
● L'information indirecte est celle qui est rapportée par un client, un confrère ou un délégué commercial. Elle peut être fiable mais doit être confirmée par une visite ou un appel téléphonique.
■ COMMENT EXPLOITER CETTE INFORMATION ? Afin de savoir si le prix que je propose pour le produit X est trop élevé, il convient de : 1. lister l'ensemble des concurrents vendant le même produit et de mettre en face le prix de ce produit. 2. identifier les produits directement en concurrence (par exemple des aliments “croissance”), leur revendeur et leur prix. Comme les conditionnements sont souvent différents, il peut être intéressant de ramener le prix à un coût unitaire (kg ou litre). 3. évaluer le service apporté avec ce produit : conseils, documentation originale fournie, relance pour les traitements récurrents, geste techniques gracieux (adminstration du premier comprimé ou du premier traitement auriculaire), etc. La synthèse permet, pour chaque concurrent, de répondre aux questions suivantes : est-il plus cher que moi ? apporte-t-il plus de services que moi ?
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1 Gammes vendues, conditionnements et prix constituent l'information essentielle à recueillir (photo V. Boureau).
Gestes ❚ La recherche d'informations directes doit devenir un réflexe de façon à obtenir une base de données à jour et exploitable des offres et des prix propoés par ses concurrents.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 423
Fiche-action n° 2
les promotions : comment réagir face aux offres des concurrents ? Faut-il répercuter les offres que nous proposent nos fournisseurs auprès de nos clients ? Peut-on créer ses propres promotions et quand le faire ? L’activité commerciale dévalorise -t-elle l’image du vétérinaire ?
U
ne promotion est un avantage temporaire destiné à faciliter l'utilisation et/ou stimuler l'achat d'un produit. Les fabricants, via les centrales d'achats, font régulièrement aux vétérinaires des offres commerciales fondées sur un volume d'achat et sur une période donnée. ■ QUELLES PROMOTIONS PEUT-ON ENVISAGER ? ● Événement ou saisonnalité Les promotions les plus simples et les plus courantes sont la réduction temporaire du prix, le plus souvent en relation avec un événement (lancement de produit, nouvelle présentation) ou une saison d'activité : mise au pré des animaux, saison des puces ou des tiques, ...
La carte de fidélité Un système de carte de fidélité peut être mis en place, notamment pour les aliments physiologiques. Lorsqu’un certain volume d'achats est atteint, le client bénéficie d’une remise sous forme de produits offerts par le fabricant.
●
■ QUEL EST L'INTÉRÊT DU VÉTÉRINAIRE ? La réduction temporaire du prix permet d'orienter le client vers un produit particulièrement avantageux. C'est aussi l'occasion de l’inciter à acheter en début de saison. Le fabricant a effectué de son côté une action publicitaire à destination du client final, faire correspondre une offre commerciale à cette action renforce la demande. Il se développe ainsi rapidement un volume de chiffre d'affaires sur un produit donné.
●
La carte de fidélité : jouer sur la durée Les cartes de fidélité qui travaillent sur la durée permettent à ses meilleurs clients. de bénéficier d’une remise. Attention ! Le Code de déontologie interdit la création d’une carte de fidélité par le vétérinaire.
Fabrice Labadie 13, Impasse de la Garenne 41600 Lamotte Beuvron e-mail : f.labadie@libertysurf.fr
●
Objectif pédagogique Comment réfléchir sa politique d’offres commerciales.
■ COMMENT RÉPERCUTER UNE OFFRE COMMERCIALE ? Le fabricant fait une remise de x p. cent, faut-il répercuter cette remise dans son intégralité ? Répercuter le pourcentage de réduction sur le prix de vente provoque une réduction de la marge. Afin de maintenir sa marge unitaire, il est conseillé d'ajouter la marge en valeur absolue au prix d'achat, ce qui a pour effet de baisser le prix final tout en maintenant la marge du vétérinaire (cf exemple).
Exemple : Un produit acheté 100 FHT est revendu 170 FHT en tant ordinaire. - La marge est de 70 F. - Le fabricant fait une promotion de 20 p. cent au vétérinaire. - Si l'on applique le même coefficient de 1,7 au prix d'achat promotionnel (80 F. HT), le prix de vente final devient 136 F. HT. Soit une perte de marge de 14 F. Si l'on impute la marge de 70 F. au prix promotionnel, le prix final devient 150 F. HT. La marge du vétérinaire est conservée et le client bénéficie d'une réduction de 20 francs (soit 12 p. cent). > Remarque 1 : Selon la situation concurrentielle locale, il est possible de trouver le juste milieu permettant de maintenir une marge satisfaisante et d'inciter le client par un prix attractif. > Remarque 2 : Certains vétérinaires préfèrent ne pas répercuter les promotions des fabricants ou des centrales pour ne pas avoir à expliquer un prix ultérieur plus élevé. C'est effectivement un choix. L'alternative est de mettre en place un sys-
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Gestion ❚ Attention ! Le Code de déontologie interdit la création d’une carte fidélité par le vétérinaire. En revanche, le client peut bénéficier de produits offerts par un fabricant, lorsqu’un certain volume d’achat d‘aliments est atteint par exemple.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 425
tribune libre vendre des antiparasitaires externes le vétérinaire face à la concurrence Quelle est la valeur ajoutée du vétérinaire ? Comment peut-il exploiter au mieux son fichier client ?
L
a confirmation de la dérogation autorisant la vente libre des antiparasitaires externes (APE), relance le débat sur la concurrence. “Le vétérinaire a-t-il aujourd'hui des atouts en main ?” Oui, assurément. Outre sa compétence reconnue, le vétérinaire s'appuie sur la qualité de son offre et les relations de confiance avec sa clientèle. Pour preuve, il est leader avec 46 p. cent du marché, et accroît ses ventes de 4 p. cent par an depuis six ans ! Cultiver sa différence… Le client fidèle attend de l'empathie, du conseil, mais aussi les meilleurs produits. C'est exclusivement la qualité qui doit orienter l'offre : le consommateur recherche d'abord la sécurité, puis l'efficacité ; la facilité et le prix n'arrivent qu'ensuite. Il convient de rappeler aux clients que certaines économies coûtent cher (mauvaise utilisation, inefficacité, toxicité). Le produit n’est qu’un élément de l’offre, qui s’accompagne d’un service (conseil), ce qui justifie un prix plus élevé. Les motivations du client diffèrent suivant le lieu d'achat. Il serait utopique de vouloir être meilleur en tout : la fréquentation d'une pharmacie est fatalement supérieure à celle d'une clinique vétérinaire mais la clientèle n’est pas la même. De plus, ce handicap peut se minorer précisément en développant ses ventes d’APE* et de diététique. Entrer dans une clinique a en effet une connotation encore trop "médicale", trop implicante pour le client, qui redoute de payer une consultation. L'accueil a pourtant singulièrement évolué : plus convivial et plus fonctionnel, il facilite les échanges. L'intérêt du merchandising (gestion des linéaires, des présentoirs, animation de l'espace d'accueil, …) n'est plus à démont-
Laurent Montange Chef de produit antiparasitaires MERIAL 29, Avenue Tony Garnier B.P. 7123 69 348 Lyon Cedex 07
rer, notamment pour les APE. Enfin, la formation du personnel est primordiale. Attention toutefois à ne pas transformer sa clinique en animalerie ce qui ne correspondrait ni aux exigences du code de déontologie, ni aux attentes des clients, pour qui le vétérinaire demeure avant tout un homme de l'art. Il est parfois tentant de laisser le client choisir seul un produit connu. Erreur : le client attend et achète un conseil adapté, c'est la valeur ajoutée du vétérinaire. Cibler sa communication… Si la communication "externe" est interdite, il ne faut pas se priver de mettre en avant les APE à l'intérieur de la clinique. Outre les outils de promotion proposés par les laboratoires, des brochures ou des supports multimedia dédiés (site internet de la clinique) seront de bons vecteurs de communication sur les maladies parasitaires. Grâce à l'informatique, le vétérinaire peut désormais exploiter une mine d'or : son fichier client. Une relance vaccinale pourra ainsi évoquer la prévention anti-puces adaptée à Lucky, victime d'une DAPP l'an dernier. Le mailing personnalisé, autorisé uniquement auprès des clients et sans caractère publicitaire, favorise l'implication, le ciblage et la fidélisation des clients réceptifs, enchantés de cette initiative. Certains vétérinaires conçoivent déjà de véritables journaux, dans lesquels leur compétence en matière de parasitisme peut être valorisée. Cette connaissance "intime" des clients est un actif que les concurrents ne posséderont jamais. La lutte antiparasitaire peut y trouver un excellent support de communication.
I
l existe donc bien de réelles opportunités pour relever le défi de la concurrence. La vente des antiparasitaires externes, comme de l'aliment, n'est pas un fin en soi, mais elle participe au développement de la relation de confiance entre propriétaires et vétérinaires. ❒
Laurent Montange.
Essentiel ❚ Le client attend et achète un conseil adapté : c'est la valeur ajoutée du vétérinaire.
Gestion ❚ Le mailing personnalisé, autorisé uniquement auprès des clients et sans caractère p u b l i c i t a i re , f a v o r i s e l'implication, le ciblage et la fidélisation des clients.
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MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 427
Fiche-action n°3
deux cas particuliers Philippe Baralon Phylum, BP 111, 31675 Labège Cedex e-mail : baralon@phylum.fr
de situation concurentielle Les situations dites de "ré-achat" d'une part et la comparaison entre spécialités humaines et vétérinaires d'autre part, constituent des cas qu'il est nécessaire d'aborder de manière spécifique.
A
u-delà des quelques "blockbusters" (cf article "l'entreprise vétérinaire face à la concurrence"), une gamme plus large de produits peut être concernée par la concurrence dès lors que le propriétaire se sent en situation de "ré-achat". LES SITUATIONS DE "RE-ACHAT" Lorsqu'un client identifie, ou pense identifier, que son animal se trouve dans la même situation que lors d'un problème intervenu
antérieurement, il cherche à se procurer le même produit que lui a prescrit son vétérinaire. Dans ce cas, il va de préférence chez le pharmacien, non pas pour payer le produit moins cher, mais pour éviter de payer une consultation qui lui apparaît inutile puisqu'il a lui même "fait le diagnostic". Si à cette occasion, il constate en plus un écart de prix significatif, il renforcera sa perception d'un niveau de prix excessif pratiqué par la clinique. La consultation : le moment-clé La prévention de ce type de problème s'effectue en consultation. En effet, l'important pour le propriétaire (et pour la santé de l'animal) réside dans la perception de la primauté de l'examen clinique et d'éventuels examens complémentaires. Ce n'est qu'en
cas clinique la solution
oublier les coefficients ...
Philippe Baralon Phylum, BP 111, 31675 Labège Cedex e-mail : baralon@phylum.fr
L
Objectif pédagogique Trois recommandations pour réagir efficacement à ce type de situation.
a première question à se poser est la réalité du problème : la part de marché du pharmacien est-elle significative ? Dans le cas présent, compte tenu de l'ancienneté de son implication sur le marché et du constat réalisé par tous les vétérinaires de la ville, la réponse est oui. Le préjudice d'image peut donc être considérable. De plus, la jardinerie, qui a visiblement calqué sa stratégie sur celle de la pharmacie, risque de s'implanter à son tour. Par ailleurs, on note que le pharmacien est sans doute habile car il a concentré son effort sur le gros conditionnement. Les propositions des différents vétérinaires ne peuvent être satisfaisantes : ● Les prix sont librement fixés et le produit en question peut être vendu sans ordonnance et dans tous les circuits, donc il n'y a rien a
Euros Prix de vente actuel TTC Prix de vente recommandé TTC Prix de vente TTC à la Pharmacie Centrale Prix de vente TTC chez SuperGardenShop
100 ml
250 ml
500 ml
11,24 11,90 11,42 11,43
21,60 22,90 22,85 22,10
33,37 29,90 28,80 28,97
espérer d'une action ordinale. Le refus de vente est interdit en France et les points de vente concurrents sont livrés par des grossistes répartiteurs, il est donc inutile de torturer le délégué du laboratoire producteur de la marque. ● La marque est reconnue, c'est un produit que les cabinets vétérinaires ont longtemps mis en avant. Quelle serait leur crédibilité à brutalement le dénigrer sans argument technique valable ? Peut-on sérieusement espérer que les clients ne constatent pas cette véritable fuite face à la concurrence ? ● Un changement de coefficient sur toute la marque conduit à baisser le prix inutilement sur le 100 et le 250 ml qui sont déjà moins chers et à adopter un prix stupide sur le 500 ml juste au-dessus de 180 francs avec un risque de réaction rapide des concurrents. ●
Essentiel ❚ Ne pas sous-estimer ses concurrents. ❚ Ne jamais “dé-référencer” un produit connu et techniquement performant pour fuir la concurrence. ❚ Prendre en compte la dynamique globale de l’activité de l’entreprise vétérinaire.
MANAGEMENT LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001- 430
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Oublier les coefficients La recommandation est donc d'oublier les coefficients et d'ajuster le prix du 500 ml en le rapprochant de celui du pharmacien mais en restant au-dessus, pour ne pas le conduire à baisser à son tour. Dans le cas présent, si
l'écart de prix n'est pas trop ancien et la situation pas trop dégradée, en tenant compte du passage à l’euro, on pourra se situer à 29,90 Euros (196,13 F) contre 28,81 pour le pharmacien. Il est possible également d'ajuster vers le haut les autres références (cf tableau récapitulatif). Un effort de vente accru Une telle mesure aurait été beaucoup plus efficace si elle avait été prise plus tôt, grâce à une veille concurrentielle normale. Par ailleurs, elle n'a de sens que si elle s'accompagne d'un effort de vente accru de la part des praticiens relayé par la structure (cf l'article "l'Entreprise vétérinaire face à la concurrence). Enfin, rien n'empêche d'informer ses confrères de la décision retenue. Une baisse de prix représente un coût pour le cabinet (30,47 F TTC soit 25,48 HT par unité dans le cas présent). Ce coût peut être compensé par un développement des ventes, par une amélioration des conditions d'achats, mais surtout par le maintien ou le développement de la fréquentation de la clinique avec l'impact sur les autres produits vendus. Attention aux raisonnements simplistes Lorsque le Docteur Corinne calcule la perte de marge sur une référence et l'augmentation nécessaire des ventes pour compenser, il a arithmétiquement raison, mais stratégiquement tort. En effet, il adopte une vision statique et partielle là où il faut prendre en compte la dynamique d'évolution de l'entreprise dans son ensemble : ● une vision statique, car elle se place à un moment donné, alors qu'il faut comparer deux évolutions : une perte continue de part de marché contre une reconquête ;
une vision partielle, car elle se focalise sur la marge commerciale sans prendre en compte ni l'évolution des conditions d'achat, ni la dégradation de "l'image prix" de la clinique, ni l'effet sur le reste de la gamme lié à une baisse ou à une hausse de la fréquentation. Si le Docteur Corinne avait raison, alors il faudrait d'urgence remonter le prix du 500 ml à 300 francs TTC. En effet, à ce prix là, il suffirait de vendre 60 p. cent du volume actuel pour retrouver le même bénéfice ! ❒ ●
test clinique réponse
dermatologie canine
Gilles Bourdoiseau
un cas de pyodémodécie 1
Unité de parasitologie Département des Animaux de Compagnie E.N.V.L. 1 avenue Bourgelat B.P. 83 69280 Marcy L’Etoile
Quels examens complémentaires proposez-vous ? Selon quel ordre ?
Les lésions observées (photo 3) permettent de définir une pyodermite superficielle étendue : pustules folliculaires de couleur blanchâtre, associées à du prurit, sans atteinte de l'état général ni adénomégalie. Une telle pyodermite est banale chez le jeune chien : folliculites, intertrigos du chiot observés chez le chien âgé de quelques mois, rétrocédant facilement à des topiques antiseptiques (ce qui avait été vraisemblablement utilisé par le propriétaire) et une antibiothérapie (prescrite par un confrère). 2
Comment classez-vous vos hypothèses diagnostiques ?
En revanche, le caractère assez étendu des lésions et leur caractère récidivant doivent faire obligatoirement envisager une pyodermite secondaire, un processus pathologique particulier ou une autre maladie cutanée ou générale sous-jacents favorisant la mutliplication bactérienne intra-folliculaire et expliquant ainsi la rechute : - aucun élément épidémiologique ou clinique ne permet d'envisager une dysimmunité grave ou une dysendocrinie congénitale ; - en revanche, les localisations des lésions, l'érythème et le prurit doivent faire envisager une dermatite atopique, même chez un animal aussi jeune, en raison de la grande fréquence de cette entité chez cette race ; - il est toutefois obligatoire, en raison de l'âge et de la race, d'effectuer des raclages cutanés répétés en vue d'éliminer, ou de confirmer, une hypothèse de démodécie. Cette maladie, d'après certaines publications et notre expérience personnelle, est très fréquente chez le bouledogue français et déroutante, d'abord parce qu'elle peut être d'emblée prurigineuse (ce qui n'est pas "classiquement" observé lors de démodécie sèche), ensuite parce que les demodex ne sont pas facilement mis en évidence (raclages cutanés parfois négatifs, nécessité de recourir à des biopsies cutanées révélant des demodex au fond de follicules assez longs (photo 4). Ce chien présente une pyodémodécie qui, outre un traitement antiseptique et antibiotique, a reçu un traitement acaricide (milbémycine oxime : Interceptor®, à raison de
3 Lésions de pyomodécie sur tout le corps du chien,
4 Biopsie de démodécie chez ce chien, G x 500
en particulier au niveau de la région mammaire.
(photos G. Bourdoiseau).
5 Le chien après deux mois de traitement.
2 mg/kg/j) jusqu'à l'obtention de deux raclages cutanés successifs négatifs (photo 5) après deux mois de traitement). Bien qu’assez onéreux, ce traitement est pratique et pour un chien de ce poids, peut être accepté. Pour en savoir
3 Quelle est votre attitude ? Le suivi de cet animal est très important : dépistage d'éventuelles rechutes, contrôle de la pyodermite, vérification d'une éventuelle dermatite atopique. La démodécie "interdit" à cet animal toute reproduction future (transmission d'une prédisposition à la descendance). ❏
● Bourdoiseau G. Parasitologie clinique du chien. Ed. NÉVA, Créteil, 2000, 486. ● Prost C. Bouledogues. Prat. Méd. Chir. An. Comp., 2001, 36, 269-274. ● Paradis M. Démodécie canine : nouvelles modalités thérapeutiques. Le Médecin Vétérinaire du Québec 2000;30:89-95. ● Guaguère E. Traitement de la démodécie généralisée. Prat.Méd.Chir. Anim. Comp. 1996;31:33-40.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN - SEPTEMBRE 2001 - 431