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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline - N°57 - JUIN 2014 DOSSIERS : ANTIBIOTHÉRAPIE ET ANTIBIORÉSISTANCE - LES ANÉMIES IMMUNOLOGIQUES

Couv NPC 57_Couv NPC 49 06/11/2014 11:37 Page1

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

Volume 12

N°57 JUIN 2014 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

- Les enjeux associés aux antibiotiques utilisés chez les carnivores domestiques - Stratégie thérapeutique chez le chien et le chat : comment intégrer les propriétés pharmacologiques des antibiotiques ?

DOSSIERS ANTIBIOTHÉRAPIE ET ANTIBIORÉSISTANCE La situation chez les carnivores domestiques est singulière par rapport à celle des animaux de rente, avec des enjeux spécifiques. Le fait que la médecine canine soit individuelle la rapproche beaucoup de la médecine humaine ...

LES ANÉMIES

- La méthodologie d’étude de la sensibilité aux antibiotiques par diffusion et par dilution - Pour une approche raisonnée de l’antibioprophylaxie - Thérapeutique - Le miel : une alternative moderne au traitement des plaies - Le diagnostic des anémies hémolytiques immunologiques chez le chien - La prise en charge initiale des anémies immunologiques

IMMUNOLOGIQUES

- Traitements immunodépresseurs lors d’anémies immunologiques

CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT

Féline

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Test clinique - Tests de formation continue

: Une cécité brutale

- Revue de presse internationale : L’utilisation raisonnée des antibiotiques en préopératoire Des synthèses en Cardiologie, Endocrinologie, Chirurgie / Biologie, Digestif/Imagerie, Reproduction

- Les anémies immunologiques chez le chat

Rubriques - Technique L’antibiogramme - Observation clinique Un Fox-terrier soigné avec du miel - Principe actif - Le fentanyl


NEVA 57.pdf

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29/10/2014

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3 Sommaire 57 bAT_PP 3 Sommaire 06/11/2014 11:52 Page3

Volume 13 Plus d’informations sur www.neva.fr

sommaire

Éditorial Jean-Yves Madec 5 Test clinique - Une cécité brutale chez un chien Emmanuel Topie, Marion Fusellier, Dominique Fanuel-Barret 4 CANINE - Féline Dossier antibiothérapie et antibiorésistance - Les enjeux associés aux antibiotiques Jean-Yves Madec 7 - Stratégie thérapeutique chez le chien et le chat : comment intégrer les propriétés pharmacologiques des antibiotiques Aude Ferran 12 - La méthodologie d’étude de la sensibilité aux antibiotiques par diffusion et par dilution Pascal Sanders, Mireille Bruneau, Christophe Soumet 17 - Pour une approche raisonnée de l’antibioprophylaxie chez le chien et le chat Pablo Rivier 19 - Thérapeutique - Le miel : une alternative moderne au traitement des plaies chez les animaux de compagnie Émeline Chopin, Christophe Roy 24 Dossier les anémies immunologiques - Le diagnostic des anémies hémolytiques immunologiques chez le chien : quels critères ? Caroline Cluzel 30 - La prise en charge initiale des anémies immunologiques chez le chien et chez le chat Anaïs Boyeaux, Isabelle Goy-Thollot 35 - Traitements immunodépresseurs lors d’anémies immunologiques chez le chien Luc Chabanne 41 FÉLINE - Les anémies immunologiques chez le chat : chat n’est pas chien ! Luc Chabanne RUBRIQUES - Technique - L’antibiogramme : comment le réaliser ? quelle utilité pour le praticien ? Marisa Haenni, Jean-Yves Madec, Eric Jouy - Observation clinique - Un Fox-terrier pris dans un piège de type collet soigné avec du miel Émeline Chopin, Christophe Roy - Principe actif - Le fentanyl Alexandre Fournier, Jack-Yves Deschamps

N°57 DOSSIERS - ANTIBIOTHÉRAPIE ET ANTIBIORÉSISTANCE

- LES ANÉMIES IMMUNOLOGIQUES chez le chien et le chat

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51 57 59

revue de formation à comité de lecture

FMCvét - formation médicale continue vétérinaire Revue de presse internationale - Thérapeutique / Chirurgie - L’utilisation raisonnée des antibiotiques en préopératoire chez le chien Colette Arpaillange (d’après la conférence de L. Trepanier congrès WSAVA) Notre sélection d’articles par Caroline Bonnaud, Victor Caudal, Gaël Chassain, Pauline Fick, Guillaume Freson. 63 - Cardiologie - Insuffisance cardiaque congestive gauche aiguë chez 100 chats - Cardiologie - Influence de l’utilisation des béta-bloquants dans la survie de chiens atteints de sténose sous-aortique - Chirurgie / Biologie - Compraraison du stress oxydatif chez le chien suite à une ovariectomie sous coelioscopie ou par laparotomie - Endocrinologie - Lésions surrénaliennes à l’échographie chez 151 chiens - Endocrinologie - Survie à long terme des chiens présentant un hypercorticisme d’origine surrénalienne : comparaison entre le mitotane et le trilostane - Digestif / Imagerie - Échographie du pancréas chez des chats avec une suspicion de pancréatite - Reproduction - Implants de Desloréline chez des chiennes pré-pubères

indexée dans les bases de données :

Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses Résultats originaux ou observations originales

• Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

CANINE - FÉLINE FÉLINE RUBRIQUE

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Souscription d’abonnement en page 70 et sur www.neva.fr

FMC Vét

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 231


4 Test clinique Q 57 BAT_Test clinique Q 05/11/2014 21:42 Page4

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

une cécité brutale

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Dominique Fanuel (Oniris) Pascal Fayolle (École d’Alfort) Marc Gogny (École d’Alfort) Roger Mellinger (praticien) Colette Arpaillange (praticien) Anne Gogny (Reproduction, Oniris) Christophe Hugnet (praticien)

Chargée de mission rédaction Lolita Savaroc

Comité de rédaction Philippe Baralon Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Eddy Cauvin (Imagerie, praticien) Valérie Chetboul (Cardiologie, E.N.V.A.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, VetAgro Sup) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, Oniris) Armelle Diquelou (Médecine, E.N.V.T.) Francis Fieni (Reproduction, Oniris) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Marion Fusellier (Imagerie, Oniris) Didier Fau (Chirurgie, VetAgro Sup) Isabelle Goy-Thollot (Urgences, VetAgro Sup) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, VetAgro Sup) Xavier Pineau (Toxicologie, VetAgro Sup) Benoît Rannou (Biologie fonctionnelle, VetAgro Sup) Odile Sénécat (Médecine interne, Oniris) Éric Viguier (Chirurgie, VetAgro Sup) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. CEE : 60 € Institutions : 120 € T.T.C. SARL au capital de 7622 €

U

n chien Shih Tzu mâle entier de 3 ans est présenté en consultation pour une cécité, apparue brutalement 2 mois auparavant, alors que l’animal a fait une fugue et a été retrouvé en état de choc à proximité d’une route. ● La propriétaire rapporte un changement de comportement dans les deux jours qui ont suivi, avec pertes d’équilibre, désorientation et marche sur le cercle à gauche. L’animal est anorexique et a tendance à se cacher. Les troubles nerveux se sont estompés rapidement. ● Deux semaines plus tard, une conjonctivite bilatérale est observée, ce qui motive alors une consultation chez le vétérinaire traitant. La cécité, qui n’avait pas été remarquée par les propriétaires, est objectivée sans lésion oculaire associée, hormis la conjonctivite. ● Le chien présente ensuite un épisode d’abattement, avec anorexie et adipsie. Le vétérinaire traitant, consulté à nouveau, met en place un traitement anti-inflammatoire avec des glucocorticoïdes avec de l’Oromedrol® (méthylprednisolone), à 1 mg/kg/j en deux prises, pendant 5 jours. Selon la propriétaire, l’état du chien s’améliore nettement.

comité de lecture

Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1017 T 80121 - I.S.S.N. 1637-3065 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Les contenus du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline sont protégés par la législation sur le droit d’auteur. Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon (loi du 11 mars 1957). Les “copies ou reproductions sont strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective (...)”. Le non respect de la législation constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / no 57 - 2014

Emmanuel Topie1 Marion Fusellier2 Dominique Fanuel-Barret3

disponible sur www.neva.fr

Rédacteurs en chef scientifiques

4

Jérôme Abadie Hélène Arnold-Tavernier Jean-François Bardet Michel Baron Dominique Begon Jean-Jacques Bénet Stéphane Bertagnoli Emmanuel Bensignor Éric Bomassi Samuel Boucher Didier Boussarie Isabelle Bublot Samuel Buff Claude Carozzo Eddy Cauvin Laurent Cauzinille René Chermette Cécile Clercx (Liège)

Laurence Colliard Arnaud Colson Laurent Couturier Julien Debeaupuits Jack-Yves Deschamps Patrick Devauchelle Olivier Dossin Pauline de Fornel Alain Ganivet Annabelle Garand Laurent Garosi Frédéric Gaschen Jean-Pierre Genevois Emmanuel Gaultier Dominique Grandjean Laurent Guilbaud Juan Hernandez Catherine Ibisch

Je m’abonne en page 70

1Internat en clinique des animaux

de compagnie 2Unité d'Imagerie médicale 3Unité de Médecine interne

des animaux de compagnie École Nationale Vétérinaire Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique Oniris CS 40706, 44307 Nantes cedex 3

Aucun antécédent médical ou chirurgical n’est rapporté. Ses vaccinations, vermifugations et traitements contre les parasites externes sont à jour. ● L’examen clinique révèle une bradycardie à 70 battements par minute, et une mydriase bilatérale. Des vomissements sont observés au cours de la consultation. ● Aucune lésion oculaire n’est mise en évidence à l’examen ophtalmologique. ● L’examen neurologique confirme la cécité ; la réponse à la menace est absente des deux côtés. Les réflexes photomoteurs directs et indirects sont totalement absents. Aucune autre anomalie n’est observée. 1 Quelles sont les hypothèses diagnostiques ? 2 Quels examens complémentaires sont préconisés ? 3 Une fois le diagnostic établi, quel traitement envisager ? Réponses à ce test page 71

Laetitia Jaillardon Nicolas Jardel Jean-Pierre Jégou Renaud Jossier Stéphane Junot Dimitri Leperlier Bertrand Losson Pierre Maisonneuve Yassine Mallem Laurent Marescaux Lucile Martin-Dumon Philippe Masse Pierre Moissonnier Pierre Paillassou Bernard-Marie Paragon Mélanie Pastor Jean-Marc Person Luc Poisson

Jean-Louis Pouchelon Hervé Pouliquen Pascal Prélaud Nathalie Priymenko Alain Régnier Brice Reynolds Florence Roque Dan Rosenberg Patricia Ronsin Émilie Rosset Yves Salmon Brigitte Siliart Ouadji Souilem (Tunisie) Isabelle Testault Jean-Laurent Thibaud Isabelle Valin Michaël Verset Émilie Vidémont-Drevon

et découvrez les offres spéciales et les offres parrainage sur www.neva.fr


5 éditorial 57 BAT_07 05/11/2014 11:32 Page5

éditorial La médecine vétérinaire canine renforce son action contre l’antibiorésistance ...

disponible sur www.neva.fr

C

roire que l’antibiorésistance ne puisse être qu’une problématique des animaux de rente serait une erreur. D’ailleurs, la médecine vétérinaire canine a déjà pris ce sujet à bras le corps il y a quelques années, en particulier en éditant des recommandations de bonnes pratiques en dermatologie canine. Aujourd’hui, le plan EcoAntibio lui permet de renforcer cette action, en l’inscrivant dans un cadre beaucoup plus global qui inclut l’ensemble du monde animal. La situation chez les carnivores domestiques est singulière par rapport à celle des animaux de rente : on n’utilise pas les antibiotiques dans un contexte de production alimentaire, et on ne soigne pas des troupeaux ou des lots d’animaux. Le fait que la médecine canine soit individuelle la rapproche finalement beaucoup de la médecine humaine. Il y a donc des enjeux spécifiques à l’antibiorésistance chez le chien et le chat, notamment celui de sa transmission à l’homme, qui est exclusivement sous-tendue par les relations de proximité. Le rôle du propriétaire est également essentiel, et des actions du plan ÉcoAntibio s’adressent à lui, à l’image de la campagne d’information menée chez l’homme (‘’Les antibiotiques, c’est pas automatique’’). La médecine vétérinaire canine n’a pas traversé de crise majeure sur ce sujet, contrairement à la filière porcine, par exemple. En effet, c’est à la suite de la transmission tragique d’un type nouveau de staphylocoque doré (Staphylococcus aureus), résistant à la méticilline (SARM), aux professionnels du porc en 2005, qu’une vaste enquête a été mise en œuvre à l’échelle européenne. Pour autant, le SARM est également bien présent chez le chien et le chat. Mais son origine est tout autre, car ce sont principalement des clones humains, communautaires ou hospitaliers. D’ailleurs, on constate souvent que des germes multi-résistants d’origine humaine ont été transmis au chien ou au chat. Réciproquement, le contact avec son animal de compagnie (vétérinaires, propriétaires, …) est un facteur de risque d’acquisition de l’antibiorésistance. L’Association française des vétérinaires d’animaux de compagnie (AFVAC) fait chaque année une place importante au sujet de l’antibiorésistance au sein de son congrès annuel, et elle est très active dans l’élaboration de recommandations de bonnes pratiques sur l’usage des antibiotiques. Elle s’inscrit ainsi dans le cadre de la mobilisation vétérinaire globale en place dans plusieurs pays, qui est déclinée en France par le plan ÉcoAntibio, sous l’égide du ministère de l’Agriculture. Une auto-saisine de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient également de rendre ses conclusions (juin 2014), dont certaines portent sur l’usage des antibiotiques chez le chien et le chat.

Les niveaux de résistance chez les carnivores domestiques sont également suivis en France par le réseau Résapath, seul dispositif structuré et pérenne en Europe qui permette ce suivi épidémiologique. En effet, une démarche coordonnée de surveillance de l’antibiorésistance animale existe bien en Europe, mais elle ne porte que sur les filières d’élevage à l’abattoir, et en aucun cas sur les animaux de compagnie. Les enjeux associés à l’antibiorésistance chez les carnivores domestiques sont discutés dans un premier article de ce dossier spécial ‘’Antibiothérapie et Antibiorésistance’’ du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire canine-féline. L’objectif général de ce dossier est de présenter les principaux aspects de cette problématique chez les carnivores domestiques. Comprendre l’antibiorésistance, c’est aussi savoir la définir et la mesurer : un article proposé par Pascal Sanders en rappelle les principes, les objectifs et la méthodologie. Ces éléments sont ensuite repris en détail dans l’article de Marisa Haenni et coll. sur l’antibiogramme, qui explique comment le vétérinaire praticien peut utilement, et avec Suite p. 6 quelles limites, en exploiter les résultats.

Jean-Yves Madec Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) Site de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

“L

’antibiorésistance figure parmi les 50 risques globaux les plus importants à l’échelle de la planète. Plus de 1000 experts internationaux issus de l’industrie, des autorités gouvernementales, du monde académique et de la société civile, réunis en janvier 2013, au huitième Forum économique Mondial de Davos (Suisse), ont dressé la liste de ces risques majeurs.

“L

e monde s’achemine vers une ère post-antibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer , a déclaré le Dr Keiji Fukuda, sous-directeur général de l’OMS pour la sécurité sanitaire.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 214 - 233


5 éditorial 57 BAT_07 05/11/2014 11:32 Page6

éditorial - antibiothérapie et antibiorésistance

disponible sur www.neva.fr

L’article d’Aude Ferran et coll. rappelle à quel point les propriétés pharmacologiques des antibiotiques sont un élément clé de toute stratégie thérapeutique chez le chien et le chat. L’article de Pablo Rivier illustre comment l’antibioprophylaxie chirurgicale peut garder une place raisonnée en pratique vétérinaire malgré les risques d’émergence d’antibiorésistance. Enfin, à l’heure de la recherche de possibles alternatives aux antibiotiques, deux articles d’Emeline Chopin et coll. illustrent comment le miel peut être une solution pertinente dans la prise en charge de certaines infections des carnivores. ’antibiorésistance est une problématique globale que nul ne peut ignorer, et qui relie l’homme, les animaux et les biotopes de chacun d’eux dans une approche ‘’One Health’’. Tout prescripteur d’antibiotiques doit comprendre qu’il contribue à la sélection de gènes de résistance, donc à leur possible dissémination. Ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire canine-féline introduit cette thématique pour le chien et le chat, qui, comme les autres animaux, constituent un maillon de la chaîne. Ils sont surtout de très bons compagnons de l’homme, avec lequel ils partagent leur environnement de vie et … leurs bactéries multi-résistantes. Bonne lecture à tous ! r

L ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

www.neva.fr Un nouvel outil pratique au service de votre formation continue

25/03/13

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Volume 8

:

N°30 OCTOBRE 2012/ JANVIER

2013 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

NÉVA – Nouvelles Éditions Vétérinaires et Alimentaires Europarc 15, rue Edouard Le Corbusier 94035 Créteil Cedex Tél. : +33 1 41 94 51 51 • Fax : +33 1 41 94 51 52 • Courriel : neva@neva.fr

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

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gest es et gest ion

LE NOUVEA PRATvétICIENU érinaire

:

LES MORTS SUBITES ET INATTENDUES - Actualités en perspective Les pratiques sanitaires en équine et leurs coûts

canine féline

(CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

- Les causes de mort subite ou inattendue chez des équidés adultes : données d’après 466 cas

MORTS SUBITES ET MORTS INATTENDUES chez les équidés Face à une mort subite ou inattendue, l’objectif n°1 est de comprendre. Établir le diagnostic est une démarche complexe à mener avec rigueur ...

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

www.neva.fr

- Revue de presse internationale: notre sélection en Imagerie, Locomoteur, Endocrinologie, Digestif, Reproduction, Thérapeutique, Neurologie / métabolisme - Test clinique - Deux cas de mort subite au pré chez le cheval

- Immunologie clinique bilan et perspective : - De la biologie à la pathologie clinique - Hématologie hémostase : quels enjeux pour la pratique d’aujourd’hu i et pour demain ? - Les avancées en neurologie chez les chiens et les chats - Les nouveautés en stomatologie : à la lumière du passé, le présent et l’avenir - Les avancées en pathologie respiratoire - La nutrition des carnivoresdomestiques

- Les causes de mortalité chez le cheval adulte : étude rétrospective à partir de 2106 autopsies - Les causes de mort subite du cheval entretenu au box ou au pré, conduite à tenir - Les causes de mort subite au cours au juste après une épreuve sportive

Rubriques - Communication - Comment rédiger un rapport d’autopsie chez le cheval - Toxicologie - L’intoxication à l’if et au laurier rose

DOSSIER

- Thérapeutique La résistance aux antibiotiques des bactéries d’origine équine - Observation clinique Rupture de vessie suite au poulinage

Spécial 12

ans LES AVANCÉES MAJE

au quotidien : ce qui a changé et ce qui pourrait changer ! - L’ophtalmolo gie vétérinaire aujourd’hui et demain ...

- Nutrition - Les probiotiques chez le cheval : intérêts et limites

URES CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT

Un numéro spécial anniversaire pour majeures de quelques présenter les avancées et quelles perspectives disciplines, ce qui a changé depuis 2000, pour les années à venir …

2000-2012

12e ANNIVERSAIR

FMCvét formation médicale

- Test clinique

continue vétérinaire

: Vomissemen

ts chez un chiot - Tests de formation - Revue de presse de 3 mois continue internationale : Une du 7e congrès mondial de dermatologie sélection des communicatio ns et des synthèses vétérinaire de en imagerie et Vancouver (Canada) en anesthésie

1er et 2e

revue de formation à comité de lecture

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

• Index Veterinarius

- Définition des morts subites chez le cheval : causes et stratégie diagnostique

DOSSIER :

Volume 11

N°52 OCTOBRE 2012

indexée dans les bases de données :

- Questions-réponses sur les morts subites du cheval : les conseils de l’expert

L

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire

(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

E

Rubriques - Réglementat ion Gestion des déchets produits

par les vétérinaires praticiens : bases juridiques - Imagerie médicale Suivi de gestation chez la chienne, la chatte et la furette : intérêts et limites de la radiographie

Prix éditorial 2012 et 2013


7-11 Enjeux utilisation antibios BAT_Gabarit dossier ruminants 03/11/2014 11:08 Page7

les enjeux associés aux antibiotiques Jean-Yves Madec

utilisés chez les carnivores domestiques Des bactéries multi-résistantes aux antibiotiques sont trouvées chez les animaux de compagnie. Quels en sont les principaux déterminants ? En quoi le lien privilégié avec l’homme joue-t-il un rôle ? Les enjeux sont-ils superposables à ceux associés aux filières de production ? Comment la profession vétérinaire peut-elle répondre à cette question ?

L

es antibiotiques sont des molécules précieuses pour la maîtrise des infections bactériennes, et leur perte d’efficacité est inquiétante. L’animal est souvent pointé du doigt, la plus grande quantité pondérale d’antibiotiques utilisée dans le monde l’est en effet dans le domaine agricole. La résistance aux antibiotiques animale a fortement augmenté ces dernières années, et sa contribution à la résistance humaine est souvent débattue. Les données scientifiques montrent néanmoins que le lien homme-animal en matière d’antibiorésistance est complexe. Au demeurant, de nombreux exemples de transmission de l’antibiorésistance de l’homme vers l’animal sont décrits. ● Chez les animaux de compagnie, l’antibiorésistance recouvre d’autres enjeux qu’en agriculture. Il s’agit d’une médecine individuelle, et les animaux ne sont pas producteurs de denrées alimentaires [12, 13]. Par ailleurs, la connaissance des niveaux de résistance est moins précise qu’en élevage. ● A l’avenir, il faut trouver le bon curseur pour atteindre une proportion acceptable de bactéries antibiorésistantes dans tous les écosystèmes (homme, animal, environnement). L’antibiorésistance, sans jamais disparaître, peut (et doit) diminuer. Il est nécessaire, en premier lieu, de préserver l’efficacité des antibiotiques importants pour l’homme. Cet article propose de discuter des enjeux qu’elle recouvre dans le cadre spécifique des animaux de compagnie.

Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) Site de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

L’HOMME, LA POULE ET LE CHIEN ...

Objectifs pédagogiques

Une fable imaginaire ‘’L’homme, la poule et le chien’’, illustrerait parfaitement la chronologie de la prise de conscience de l’antibiorésistance chez l’homme et chez l’animal. D’abord l’homme, puis les animaux d’élevage, puis les animaux de compagnie. ● L’homme est le premier confronté à l’antibiorésistance. Dans les années 50, la pénicilline a été une molécule miracle, mais l’émergence rapide de la résistance chez le staphylocoque doré a entraîné de nombreux échecs thérapeutiques. Dès lors, c’est l’industrie pharmaceutique qui a permis, par plusieurs dizaines d’années d’approvisionnement en nouveaux antibiotiques, de conserver l’efficacité de ces médicaments. ● Le monde agricole prend connaissance de la résistance aux antibiotiques de façon détournée, principalement sous l’impulsion des médecins qui s’en inquiètent. Cette prise de conscience survient, en outre, environ une cinquantaine d’années après celle des médecins. Quelques sujets majeurs ont agité l’élevage : - celui des antibiotiques promoteurs de croissance, que l’Europe a totalement interdit en 2006 ; - ou celui du staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM), porté sur les devants de la scène chez le porc en 2005, soit 45 ans après la même émergence chez l’homme. Il s’agissait de contaminations humaines à partir d’élevages de porcs aux Pays-Bas, portant l’éclairage sur un risque possible pour l’homme à partir de l’animal de production [10]. ● Chez l’animal de compagnie, aucun fait n’a été médiatisé à ce jour. Pourtant, le vétérinaire canin est presque davantage confronté à l’antibiorésistance que le vétérinaire rural (en dermatologie, par exemple). Même si des démarches pour l’usage raisonné des antibiotiques ont été initiées il y a quelques années en France pour le chien et pour le chat, la dimension (inquiétante) de la prescription de masse à l’échelle du troupeau n’existe pas, et le risque alimentaire non plus. L’animal de compagnie rejoint donc cette problématique en dernier, d’une ●

❚ Comprendre pourquoi les antibiotiques sont des molécules précieuses. ❚ Comprendre les mécanismes de transmission de l’antibiorésistance entre l’animal de compagnie et l’homme. ❚ Comprendre les spécificités des carnivores domestiques sur la problématique de l’antibiorésistance.

1er Prix éditorial Essentiel

2013

❚ L’antibiorésistance est une conséquence systématique de l’usage des antibiotiques. ❚ Les infections nosocomiales à germes multi-résistants sont une problématique en médecine canine. ❚ Les bactéries sont très souvent résistantes à plusieurs antibiotiques (multi-résistance). ❚ Les résistances à chaque famille d’antibiotiques ne sont pas à considérer indépendamment.

CANINE - FÉLINE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

7

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 235


12-16 Stratégie 3-11 BAT 2_Gabarit Bleu 06/11/2014 12:06 Page12

stratégie thérapeutique chez le chien et le chat comment intégrer les propriétés pharmacologiques des antibiotiques

Aude Ferran Laboratoire de Physiologie,Pharmacologie, Thérapeutique ENVT 23 chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

L’usage des antibiotiques ne doit pas être une ‘’couverture’’ pour pallier l’absence de diagnostic. En raison de la rapidité d’émergence de résistances bactériennes en médecine vétérinaire et humaine, l’usage des antibiotiques doit être raisonné et réduit au strict nécessaire.

Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre l’incidence du classement tempsvs concentration-dépendant dans le schéma posologique. ❚ Comprendre les processus de sélection de résistances qui peuvent se produire lors d’un traitement antibiotique. ❚ Connaître l’intérêt des traitements courts en antibioprophylaxie chirurgicale.

L

2e Prix éditorial 2013

Essentiel ❚ La connaissance du mode d’action (pharmacodynamie) et du devenir de l’antibiotique (pharmacocinétique) permet d’optimiser les schémas posologiques. ❚ Les sélections de résistances bactériennes sont corrélées à l’utilisation des antibiotiques.

es antibiotiques sont largement utilisés en médecine vétérinaire pour traiter ou pour prévenir les infections bactériennes. Cependant, l’augmentation de bactéries multi-résistantes a récemment fait l’objet de recommandations pour encourager une utilisation plus raisonnée des antibiotiques [10]. ● L’antibiothérapie raisonnée consiste à optimiser les schémas posologiques afin d’obtenir une efficacité maximale sur les bactéries pathogènes, avec la plus courte durée de traitement possible (figure) [1, 7, 12]. ● Dans l’idéal, seules les bactéries pathogènes devraient être tuées par l’antibiotique. En réalité, tout traitement antibiotique affecte les bactéries commensales (tube digestif, nasopharynx, …). Plus le nombre et la diversité des bactéries affectées par le traitement augmente, plus le risque de sélection de résistances est important. LA SÉLECTION DE L’ANTIBIOTIQUE

● Le premier critère pour choisir un antibiotique est son activité sur la bactérie suspectée d’être la cause de l’infection (pharmacodynamie) [7].

Spectre d’activité

CANINE - FÉLINE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 240 - JUIN 2014

● Lorsque le pathogène responsable de l’infection est difficile à déterminer, un traitement antibiotique à large spectre est nécessaire. ● Les associations à utiliser en première intention, sont par exemple l’amoxicillineacide clavulanique ou TMP-sulfamides. Dans la plupart des cas, la combinaison de plusieurs molécules à large spectre, tels que céfalexine plus marbofloxacine, est déconseillée. En effet, la pression de sélection de

12

Figure - Antibiothérapie raisonnée Optimiser la décision de traitement µ Ne pas effectuer d’antibioprophylaxie pour les chirurgies propres et courtes (castration, ovariectomie, …) ● Éviter les utilisations inutiles ●

(infections virales, parasitaires, …)

Optimiser le choix de la molécule Éviter les combinaisons d’antibiotiques en première intention ● Éviter les molécules critiques (C3G/C4G, et surtout les molécules réservées à l’usage humain) ●

Optimiser la dose ●

Pendre en compte le type tempsou concentration-dépendant de l’antibiotique

Optimiser la durée de traitement ●

Réduire cette durée au strict nécessaire

résistances est plus élevée, et en cas d’échec thérapeutique, il reste peu de marge de manœuvre pour le traitement de seconde intention. ● Dans tous les cas, il convient d’éviter d’associer un antibiotique bactéricide (qui tue les bactéries) à un antibiotique bactériostatique (qui inhibe la croissance des bactéries). Par exemple, les bêta-lactamines et la doxycycline ne doivent pas être associées. Diffusion tissulaire ● La prise en compte du site infectieux est nécessaire dans le choix d’une antibiothérapie. Elle apporte des indications sur le type de bactéries responsables de l’infection (aérobies, anaérobies, …), et des éléments de décision pour le choix de l’antibiotique. ● En effet, le site infectieux impose certaines restrictions sur l’usage des antibiotiques. - Par exemple, les aminoglycosides ne sont pas actifs en milieu anaérobie ou acide, et ils sont inactivés par des débris purulents. L’amoxicilline passe mal la barrière hémato-encéphalique en absence d’inflammation, etc. - Il existe des cas où, même si la bactérie est déclarée ‘’sensible’’ par des tests in vitro, l’efficacité in vivo au site infectieux est nulle. - A l’inverse, les concentrations tissulaires peuvent être très supérieures aux concentrations plasmatiques. Les concentrations uri-


17-18 méthodologie BAT_Gabarit dossier ruminants 03/11/2014 11:21 Page17

la méthodologie d’étude de la sensibilité aux antibiotiques par diffusion et par dilution

Pascal Sanders Mireille Bruneau Christophe Soumet

Les antibiotiques sont des médicaments indispensables dans l’arsenal thérapeutique à la disposition du médecin et du vétérinaire. La cible thérapeutique est la bactérie pathogène. La sensibilité à un antibiotique peut être déterminée par des méthodes standardisées de laboratoire décrites dans cet article.

Anses Laboratoire de Fougères 10 B, rue Claude Bourgelat 40608 35302 Fougères Cedex

Objectif pédagogique ❚ Connaître les principes techniques de deux méthodes de détermination de la sensibilité à un antibiotique d’un isolat bactérien : la méthode par dilution, et la méthode par diffusion.

1

Antibiogramme basé sur la détermination de CMI par dilution en microplaque (photo P. Sanders, Anses, Laboratoire de Fougères).

L

’effet d’un antibiotique sur le développement d’une souche bactérienne isolée et identifiée au niveau de l’espèce bactérienne est mesuré in vitro par des méthodes standardisées. ● Deux méthodes sont classiquement utilisées : - la méthode par diffusion en gélose, appelée antibiogramme, qui exprime la sensibilité sous forme d’un diamètre d’inhibition mesuré en mm ; - et la méthode par dilution qui exprime la sensibilité sous la forme de concentrations minimales inhibitrices (CMI). Cette dernière est la méthode de référence pour mesurer la sensibilité à un antibiotique [1]. ● Nous proposons de décrire les grands principes techniques des deux méthodes de détermination de la sensibilité à un antibiotique d’un isolat bactérien : la méthode par dilution et la méthode par diffusion.

2e Prix éditorial 2013

Essentiel ❚ La méthode de référence

2

Antibiogrammes basés sur la détermination de diamètre d’inhibition par la méthode diffusion en milieu gélosé. - Gauche : E. coli sensible aux 16 antibiotiques testés. - Droite : E. coli résistant à 13 des 16 antibiotiques testés (photo E. Jouy, Anses, Laboratoire de Ploufragan).

ne permet pas d’observer une croissance visible après un temps d’incubation dans des conditions de culture prédéfinies (milieu de culture, température d’incubation, pH, teneur en 02 et C02). Pour la plupart des espèces bactériennes, les LA MÉTHODE PAR DILUTION CMI sont obtenues en étudiant la croissance ● Pour un antibiotique donné, une gamme après 18 à 24 h d’incubation. de dilution de l’antibiotique, de raison 2, est LA MÉTHODE PAR DIFFUSION réalisée dans un milieu liquide ou dans un ● Une méthode indirecte, couramment utilimilieu solide. ● La méthode couramment utilisée est sée par les laboratoires de diagnostic, déterbasée sur l’utilisation de plaques de micro- mine le diamètre d’inhibition d’une croissandilution. Celles-ci permettent de tester la ce visible autour de disques, contenant des sensibilité à un ensemble d’antibiotiques en quantités définies d’antibiotique disposés à bouillon de culture (photo 1). Chaque puits la surface d’un milieu gélosé, ensemencé par de la microplaque est ensemencé avec une une suspension ajustée d’un isolat bactérien suspension bactérienne standardisée dont (photo 2). Chaque isolement bactérien est identifié au on connaît l’espèce. ● La CMI est la première concentration qui niveau de l’espèce bactérienne. L’antibiotique stoppe la multiplication bactérienne, et diffuse dans la gélose autour du disque-pastille,

pour mesurer la sensibilité à un antibiotique d’une souche bactérienne est la méthode par dilution (dilutions en milieu gélosé). ❚ La sensibilité à un antibiotique s’effectue pour un isolat bactérien pur identifié au niveau de l’espèce bactérienne. ❚ La sensibilité à un antibiotique nécessite des conditions de culture (milieux, température, atmosphère) standardisé en fonction de l’espèce bactérienne.

CANINE - FÉLINE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

17

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 245


19-23 RIVIER Antibioproplhylaxie - 3-11_Gabarit Bleu 03/11/2014 20:15 Page19

pour une approche raisonnée de l’antibioprophylaxie chez le chien et le chat L’objectif de l’antibioprophylaxie est de s’opposer à la prolifération bactérienne, afin de diminuer le risque d’infection du site opératoire. Comment en faire une utilisation raisonnée et raisonnable en chirurgie ?

L

ors d’intervention chirurgicale, le risque d’infection existe, quelle que soit la qualité de la technique chirurgicale, et quel que soit l’environnement de la salle opératoire. La plaie opératoire constitue un milieu favorable pour les bactéries (hématome, ischémie, modification du potentiel d’oxydoréduction, …), et l’intervention chirurgicale diminue les défenses immunitaires. l Une infection est considérée comme postopératoire lorsqu’elle se développe dans les 30 jours qui suivent l’intervention chirurgicale, ou dans une période d’un an lorsqu’un implant a été utilisé. Le taux d’infection et/ou d’inflammation des plaies chirurgicales chez les carnivores domestiques est de 5,8 p. cent [6]. L’antibioprophylaxie chirurgicale est guidée par des règles strictes dont le non respect

peut entraîner un échec thérapeutique, ou une antibiorésistance. LE RISQUE INFECTIEUX LORS DE TOUTE INTERVENTION l Toutes les plaies chirurgicales sont contaminées, malgré une tonte, un nettoyage et une asepsie chirurgicale irréprochables. Les différents protocoles d’asepsie cutanée ne permettent pas de stériliser la peau. Environ 20 p. cent des bactéries cutanées persistent en profondeur et sont inaccessibles aux solutions antiseptiques [15]. l Des études cliniques, réalisées chez le chien, ont montré que la surface de la peau est colonisée à nouveau par la flore bactérienne 90 min après l’asepsie cutanée, transformant ainsi une chirurgie “propre“ en chirurgie “propre contaminée“ [14]. l L’antibioprophylaxie doit cibler la ou les bactérie(s) les plus souvent mises en cause dans les infections postopératoires pour un type d’intervention chirurgicale donné (tableau 1) [4, 7] ; elle ne doit pas chercher à prendre en compte toutes les bactéries éventuellement rencontrées sur le site opératoire. Par exemple, dans le tractus digestif, la concentration bactérienne augmente considérablement entre l’estomac et le rectum. Les bactéries les plus communes

Tableau 1 - Antibioprophylaxie en fonction du type d’intervention chirurgicale Type de chirurgie

Bactérie communément rencontrée

Antibiotique

Dose

l

Orthopédie

- Staphylococcus intermedius

- Céfalexine

- 30 mg/kg/90 min IV

l

Thoracique

- Staphylococcus intermedius - Coliformes

- Céfalexine

- 30 mg/kg/90 min IV

l

Gastro-intestinale

- Coliformes

- Céfalexine

- 30 mg/kg/90 min IV

l

Colorectale

- Coliformes - Anaérobies

- Céfalexine - Néomycine

- 30 mg/kg/90 min IV - 20 mg/kg 3 fois/j PO

l

Neurochirurgie

- Staphylococcus intermedius

- Céfalexine

- 30 mg/kg/90 min IV

l

Cutanée

- Staphylococcus intermedius

- Céfalexine

- 30 mg/kg/90 min IV

l

Hépato-biliaire

- Coliformes - Anaérobies

- Céfalexine - Néomycine

- 30 mg/kg/90 min IV - 20 mg/kg 3 fois/j PO

- Céfalexine

- 30 mg/kg/2 h IV - 5 mg/kg/ 2 h IV

l

Urogénitale (pyomètre, abcès prostatiques)

- Escherichia Coli - Streptococcus sp. - Anaérobies

- Enrofloxacine

Pablo Rivier 98, avenue de la Liberté 69280 Marcy l’Etoile

Objectifs pédagogiques z Connaître les règles d’utilisation des antibiotiques en chirurgie. z Définir une conduite à tenir raisonnée tenant compte du risque d’antibiorésistance et du risque d’infection. Définition

z L’antibioprophylaxie chirurgicale se définit par l’administration d’antibiotiques préalablement à l’intervention chirurgicale, avant toute contamination.

2e Prix éditorial 2013

Essentiel z L’antibioprophylaxie est guidée par des règles strictes, dont le non respect peut entraîner un échec thérapeutique, ou une antibiorésistance. z Une utilisation raisonnée des antibiotiques permet de diminuer aussi bien le risque d’antibiorésistance que le risque d’infection.

CANINE - FÉLINE

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

19

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 247


24-29 Le miel traitement des plaies - BAT_Gabarit Bleu 06/11/2014 12:09 Page24

thérapeutique le miel, alternative moderne au traitement des plaies

Chopin1

Emeline Christophe Roy2

chez les animaux de compagnie

1 École

Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique, Site de La Chantrerie, Route de Gachet, 44300 Nantes

L’utilisation du miel, connu pour ses propriétés cicatrisantes depuis l’Antiquité, dans le traitement de certaines plaies, trouve aujourd’hui un regain d’intérêt, notamment en médecine humaine. Dans un contexte de moindre utilisation des antibiotiques, cet article met en lumière l’intérêt d’utiliser le miel chez les animaux.

2 Clinique

Vétérinaire des Mazets Membre commission apicole SNGTV 15400 Riom es Montagnes

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître le mode d’action du miel, et savoir expliquer ses propriétés cicatrisantes. ❚ Savoir utiliser le miel dans le traitement des plaies.

2e Prix éditorial 2013

L

Essentiel ❚ Tous les miels présentent des propriétés cicatrisantes même si certains sont mieux adaptés au traitement des plaies infectées. ❚ L’activité bactéricide du miel est à très large spectre, y compris pour les bactéries multirésistantes. ❚ L’utilisation du miel, présente souvent un rapport coût-bénéfice très intéressant.

CANINE - FÉLINE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 252 - JUIN 2014

e développement de produits de synthèse efficaces pour la cicatrisation des plaies a réduit l’emploi du miel. Cependant, dans le contexte actuel d’augmentation des résistances bactériennes aux antibiotiques, le miel retrouve tout son intérêt. ● En médecine humaine, de nombreuses publications scientifiques relatent des cas cliniques traités avec succès. En médecine vétérinaire, les études et des descriptions cliniques sont plus rares, mais les résultats sont semblables. ● Cet article rappelle les vertus et les limites du miel dans le traitement de certaines affections. Un cas clinique l’illustre (photos 1 bis, 3 bis, 4 bis)*. QUEL SPECTRE D’ACTIVITÉ ANTIMICROBIENNE POUR LE MIEL ? Le miel est généralement utilisé dans le cadre de plaies infectées ou susceptibles de le devenir (brûlures, soins post-opératoires). Son activité antimicrobienne est à très large spectre mais non exhaustive. ● Au moins 80 espèces de bactéries sont inhibées par le miel [8], aussi bien les souches sensibles aux antibiotiques que celles qui y sont résistantes. Ainsi, par exemple, le miel est efficace contre Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), Escherichia coli producteur de b-lactamases à spectre étendu (BLSE), Pseudomonas aeruginosa résistant à la ciprofloxacine (CRPA), ou encore ●

24

1bis Lésions présentes sur la face palmaire du membre à J0 (Photo C. Deviers).

histoire - Au 16è siècle, Ambroise Paré utilisait l’huile bouillante pour cautériser les plaies faites par les arquebuses sur les champs de bataille. - Les 18è et 19è siècles ont vu apparaître le développement de l’antisepsie fondée sur l’utilisation de molécules chimiques. - Au 20è siècle, les préparations topiques contenant des antibiotiques, éventuellement associés aux corticoïdes, ont très largement amélioré l’efficacité des soins. - Dans les 50 dernières années, malgré ces progrès techniques et scientifiques, un certain nombre de substances naturelles, faciles d’accès et peu coûteuses, ont continué à être utilisées. Le miel, connu pour ses propriétés cicatrisantes depuis Babylone, en est un bon exemple [12]. - En 1920, la première publication scientifique rapporte l’efficacité du miel dans le traitement des plaies [13].

Enterococcus faecium résistant à la vancomycine (VREF) [16]. ● L’activité antifongique du miel a été vérifiée pour différentes espèces de Candida, ainsi que pour les espèces les plus communes de dermatophytes [8]. Le même auteur décrit par ailleurs une efficacité in vitro sur les leishmanies. ● Un des principaux échecs au traitement des plaies chroniques atones semble lié à l’existence de biofilms bactériens. En effet, de multiples espèces bactériennes, organisées en biofilms à la surface de ces plaies, sont ainsi protégées des antibiotiques et de la réponse immunitaire de l’hôte. NOTE

* cf. L’article ‘’Observation clinique : un Fox-terrier dans un piège type collet soigné avec du miel’’, des mêmes auteurs, dans ce numéro.


30-34 Diagnostic anémies hémolytiques BAT_Gabarit Bleu 06/11/2014 12:12 Page30

le diagnostic des anémies hémolytiques immunolgiques chez le chien quels critères ?

Caroline Cluzel DACVP Pathologie Clinique Département de Pathologie et Microbiologi Faculté de médecine Vétérinaire de l’Université de Montréale Saint-Hyacinthe (Québec)

Les anémies hémolytiques immunologiques ou à médiation immune (AHMI) sont la cause d’anémie la plus fréquente dans l’espèce canine en Amérique du Nord [10], et certainement la 2e cause en France, après les anémies parasitaires. Il est primordial de bien connaître leurs particularités et les outils diagnostiques disponibles afin de prendre en charge l’animal de manière efficace.

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la physiopathogénie et les critères diagnostiques de l’anémie hémolytique immunologique ou à médiation immune (AHMI). ❚ Comprendre la différence entre AHMI primaire et AHMI secondaire. ❚ Connaître les indications des tests diagnostiques à disposition du praticien.

U

Essentiel ❚ Une autoagglutination persistante en milieu salin, une sphérocytose, ou un test de Coombs positif sont typiquement observés lors d’AHMI. ❚ Il est important de distinguer AHMI primaire et AHMI secondaire, car le traitement et le pronostic peuvent être différents. ❚ Une absence de signe de régénération à l’hémogramme n’exclut pas une AHMI.

CANINE - FÉLINE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 258 - JUIN 2014

ne anémie hémolytique ou à médiation immune (AHMI) est caractérisée par une destruction excessive des érythrocytes (hémolyse) par le système immunitaire, suite à la liaison d’anticorps à leur surface [4, 10]. Toutes les causes d’hémolyse ne reposent pas sur un processus à médiation immunitaire. Les anémies hémolytiques non immunitaires (comme les microangiopathies, les dommages oxydatifs, les toxines, ou les déficits enzymatiques héréditaires) doivent être différenciées des AHMI [1]. ● Il existe deux grands types d’AHMI [1, 4, 10] : 1. les anémies hémolytiques primaires ou idiopathiques : c’est la forme la plus fréquente (60 à 70 p. cent) d’AHMI, elle est considérée comme un processus auto-immun car aucune cause sous-jacente n’est identifiée. Il s’agit d’un diagnostic d’exclusion. 2. les anémies hémolytiques secondaires : l’anémie est secondaire à une réaction immunologique dirigée contre des antigènes étrangers (du “non soi”), associés à la membrane des érythrocytes, ou qui ont modifié leur structure membranaire (encadré 1). ● Cet article s’intéresse essentiellement aux anémies hémolytiques primaires. Pour les anémies hémolytiques secondaires, nous en résumons les causes dans le tableau 1.

30

1

Muqueuses ictériques chez un animal atteint d’anémie hémolytique immunologique ou à médiation immune (AHMI) (photo Anne-Charlotte Barrot).

Encadré 1 - Rappels de physiopathologie ● L’anémie hémolytique ou à médiation immune (AHMI) est une réaction d’hypersensibilité de type II. Les anticorps impliqués sont majoritairement des IgG, parfois une combinaison d’IgG et IgM, plus rarement des IgA [1]. ● Les érythrocytes à la surface desquels sont fixées des IgG sont éliminés par les macrophages du foie et de la rate (érythrophagie) : il s’agit d’une hémolyse extra-vasculaire [4, 9, 10]. ● La fixation d’IgM active la voie classique de la cascade du complément. Le complexe d’attaque membranaire formé cause des dommages directs à la membrane des érythrocytes, et libère l’hémoglobine dans la circulation. On parle d’hémolyse intra-vasculaire [4, 9, 10].

Tableau 1 - Les principales causes d’AHMI secondaire [1,4] ●

Les affections néoplasiques

- Lymphome - Leucémie lymphoïde - Hémangiosarcome - Sarcome anaplasique

Les maladies infectieuses

- Babésiose - Leishmaniose - Ehrlichiose - Dirofilariose - Anaplasmose - Leptospirose

- Sulfonamides - Céphalosporine - Pénicilline - Carprofène ● Les médicaments - Trimétoprime - Sulfonamide - Phénylbutazone - Lévamisole

Autres

- Réaction post-transfusionnelle - Piqûre d’abeille


35-40 Prise en charge anémies BAT 2_Gabarit Bleu 06/11/2014 11:16 Page35

la prise en charge initiale des anémies immunologiques chez le chien et chez le chat Relativement faciles à suspecter lors de l’examen clinique, les anémies immunologiques nécessitent une démarche clinique et diagnostique rigoureuse afin d’être caractérisées et traitées. La prise en charge initiale permet d’enrayer le phénomène immunologique et de lutter contre les conséquences de l’anémie, responsable du fort taux de mortalité.

Anaïs Boyeaux Isabelle Goy-Thollot Unité SIAMU - Vetagro-Sup. Campus Vétérinaire de Lyon. 1 avenue Bourgelat 69280 Marcy-L’Etoile

A

Objectifs pédagogiques

1

❚ Savoir prendre en charge un animal anémié, le stabiliser, et mettre en place les premiers traitements. ❚ Savoir quand et comment transfuser. ❚ Connaître les conséquences d’une anémie.

Muqueuses pâles chez un chien.

B

U

ne anémie hémolytique à médiation immune (AHMI) est caractérisée par une destruction des globules rouges (GR) suite à la fixation d’anticorps (Ac) sur leur surface, avec pour conséquence une diminution de l’oxygénation tissulaire [2, 16]. ● Les AHMI sont fréquentes et sont souvent associées à un fort taux de mortalité en médecine vétérinaire. Le taux de survie à un an est de seulement 30 à 50 p. cent. Il est donc essentiel de cibler les examens complémentaires pour mettre en place rapidement une thérapie agressive adaptée [10, 12, 15]. ● Lors de la prise en charge initiale, l’objectif est de lutter contre l’hypoxie et l’hémolyse, et de prévenir le risque de thromboembolie. Actuellement, il n’existe pas de consensus dans la littérature sur la prise en charge initiale et le traitement en général des AHMI, faute d’études prospectives de qualité. Les données citées dans cet article sont donc souvent issues de l’expérience professionnelle de l’auteur ou de paroles d’experts [15]. EXAMEN CLINIQUE L’expression clinique est d’intensité variable selon les individus (tableau 1). De même, les signes se manifestent plus ou moins rapidement. Il existe en effet des mécanismes cardio-vasculaires et métaboliques compensateurs qui aident l’organisme à tolérer un certain degré d’anémie [14]. - Des études ont montré que le transport maximal d’oxygène chez le chien s’effectue

2e Prix éditorial 2013

Essentiel 1

Muqueuses ictériques chez un chien (photos C. Pouzot, SIAMU, VetAgro-Sup).

pour des valeurs d’hémoglobine entre 10 et 12 g/dL (soit une hématocrite entre 30 et 34 p. cent). - La valeur critique d’hémoglobine au-delà de laquelle l’organisme ne parvient plus à compenser est de 10 p. cent [14]. ● Les principaux motifs de consultation sont l’abattement et la dysorexie. ● Les muqueuses pâles sont un signe d’appel majeur d’anémie. Un ictère et des urines colorées doivent orienter vers une anémie hémolytique [4, 10, 16]. ● Les anémies immunologiques sont souvent d’évolution chronique. À un stade très avancé de la maladie, les symptômes apparaissent tardivement. Des cas d’évolution aiguë à suraiguë sont toutefois possibles.

❚ Les anémies immunologiques sont fréquentes en médecine vétérinaire, avec un pourcentage de mortalité pouvant atteindre 50 à 70 p. cent. ❚ Le plus souvent d’évolution chronique, ces anémies sont diagnostiquées à un stade avancé qui nécessite une prise en charge rapide et agressive.

CANINE - FÉLINE

DIAGNOSTIC ● Des examens complémentaires sont indispensables dès l’admission, pour orienter le diagnostic et confirmer la suspicion clinique d’anémie hémolytique à médiation immune (AHMI). Réalisés auprès de l’animal,

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 263


41-46 Traitements immunosuppresseurs BAT_Gabarit Bleu 04/11/2014 21:14 Page41

les traitements immunodépresseurs lors d’anémies immunologiques chez le chien Si un traitement immunodépresseur trouve toute son indication lors d’une anémie immunologique, des interrogations et des incertitudes subsistent sur le choix du principe actif, son utilisation seule ou combinée, les doses et la durée des traitements.

Luc Chabanne Université de Lyon VetAgro Sup Campus Vétérinaire Unité de Pathologie médicale Département des Animaux de Compagnie 1, avenue. Bougelat 69280 Marcy L’Etoile

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les différents protocoles thérapeutiques disponibles. ❚ Cerner les limites de leur utilisation.

L

a destruction des hématies lors d’une anémie immunologique résulte, selon la classification de Gell et de Coombs, d’un phénomène d’hypersensibilité de type II : les anticorps présents à la surface des hématies* sont à l’origine de leur destruction, soit directement par activation du complément avec hémolyse intravasculaire, soit beaucoup plus souvent parce que les globules rouges sensibilisés sont reconnus par les phagocytes dans différents organes, en particulier la rate et le foie, à l’origine d’une hémolyse extravasculaire (figure 1). ● Un traitement immunodépresseur visant à limiter la production d’anticorps, mais aussi la destruction immunologique des hématies trouve par conséquent toute son indication dans le traitement de ce type d’anémies. ● La corticothérapie, initiée lors du traitement inaugural**, est préconisée par tous les auteurs. D’autres traitements immunodépresseurs lui sont parfois associés. Toutefois, de nombreuses interrogations ou incertitudes persistent sur la meilleure straté-

2e Prix éditorial 2013

1

La race Cocker est une race prédisposée aux anémies immunologiques primaires, avec un facteur de risque 12 fois supérieur (photo C. Arpaillange).

gie à adopter : le choix du principe actif à utiliser, son utilisation seule ou combinée, les doses et la durée des traitements restent en effet des variables très discutées (tableau 1), et dépendent de la réponse individuelle de chaque animal (encadré 1). NOTES cf. Les articles dans ce même numéro. * ‘’Le diagnostic des anémies hémolytiques immunologiques dans l’espèce canine : quels critères ?’’, de Caroline Cluzel ; ** ‘’Prise en charge initiale des anémies immunologiques chez le chien et le chat’’, de Anaïs Boyeaux, Isabelle Goy-Thollot.

Figure 1 - Pathogénie des anémies immunologiques Terrain génétique

Facteurs environnementaux

Réponse immunitaire anormale : auto-immunité

❚ L’utilisation d’un glucocorticoïde comme seul immunodépresseur est susceptible d’induire une issue satisfaisante dans une grande proportion de cas. ❚ De nombreuses interrogations ou incertitudes persistent sur le choix d’un immunodépresseur autre que les glucocorticoïdes. ❚ L’azathioprine présente un faible coût et une faible toxicité chez le chien.

Agent infectieux Médicaments Tumeurs Réponse immunitaire appropriée

CANINE - FÉLINE

Xéno-anticorps

Auto-anticorps

Pronostic Traitement

Essentiel

Lyse immunologique

Pronostic Traitement

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 269


47-50 Anémies immunologiques BAT 28-10_Gabarit Gris 04/11/2014 17:24 Page47

les anémies immunologiques chez le chat chat n’est pas chien !

Les anémies immunologiques ne sont généralement pas considérées comme des anémies fréquentes chez le chat, mais des données récentes vont à l’encontre de cette idée.

I

l existe peu de données permettant d’évaluer l’importance des anémies immunologiques chez le chat. Toutefois, des études récentes [5, 13] leur accordent une importance non négligeable, évaluée entre 15 et 18 p. cent lors d’anémie dans cette espèce. ● Dans une étude effectuée à la Faculté vétérinaire de Berlin, sur 100 cas d’anémie [5], 24 correspondaient à une anémie hémolytique, 15 étaient immunologiques. Dans une autre étude publiée par une équipe de l’Université de Bristol, sur 60 cas d’anémie [13], 11 (18 p. cent) correspondent à une anémie hémolytique immunologique. ● Après avoir situé l’origine des anémies immunologiques et leur importance relative, sont abordés la conduite diagnostique, puis le pronostic et le traitement de ce type d’affection. LES ANÉMIES IMMUNOLOGIQUES SECONDAIRES Données épidémiologiques ● Chez le chat, une origine secondaire dans ce type d’anémies est souvent évoquée. En effet, selon des études déjà anciennes [10, 16], une cause sous-jacente ou maladie associée peut être identifiée dans 72 à 86 p. cent des anémies immunologiques. ● Dans les autres cas, aucun autre processus pathologique n’accompagne l’anémie : elles sont donc qualifiées de primaires (ou d’idiopathiques). Toutefois, si on se réfère aux études plus récentes mentionnées supra [5, 13], les anémies immunologiques secondaires sont aujourd’hui moins fréquentes que les anémies immunologiques primaires : - Parmi les 15 cas d’anémie immunologique de la première étude [5], 12 sont primaires (80 p. cent) et seulement trois sont secondaires !

- Sur les 11 cas identifiés initialement comme des anémies immunologiques dans la seconde étude [13], neuf sont primaires (82 p. cent) et seulement deux sont secondaires (une infection à Candidatus Mycoplasma haemominutum et un cas de néoplasie gastro-intestinale). Les maladies associées aux anémies immunologiques ● Les maladies les plus fréquemment associées à ces anémies sont les maladies infectieuses, avec : - les hémoplasmes (anciennement hémobartonelles), en premier lieu ; - le FeLV ; - les FIV et PIF, dans une moindre mesure ; - les affections tumorales (lymphomes, myélodysplasies et leucémies en particulier). ● D’autres causes associées ont été décrites, notamment en lien avec une prise médicamenteuse (propylthiouracyl, érythropoïétine recombinante) ou en lien avec des affections inflammatoires non infectieuses (cholangio-hépatite, polyarthrite, …). Pour illustrer l’importance relative de ces différentes maladies associées, notons les résultats obtenus dans l’étude de l’équipe de Bristol [13] : sur 60 cas d’anémie, aucun cas d’infection par Mycoplasma haemofelis (ex-Haemobartonella felis) n’a été mis en évidence par PCR, trois présentaient une PCR positive pour Candidatus Mycoplasma haemominutum, deux pour le FeLV et un pour le FIV. Au total, 13 cas sur 60 étaient en lien avec une origine infectieuse, mais seulement deux de ces 13 cas présentaient des signes d’anémie immunologique (autoagglutination persistante en milieu salin ou test de Coombs positif).

Luc Chabanne Université de Lyon VetAgro Sup Campus Vétérinaire Unité de Pathologie médicale Département des Animaux de Compagnie 1, avenue. Bougelat 69280 Marcy L’Etoile

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir évoquer une anémie immunologique chez le chat. ❚ Connaître les caractéristiques propres aux anémies immunologiques chez le chat. ❚ Connaître les limites du diagnostic biologique. ❚ Savoir mettre en œuvre un traitement adapté.

2e Prix éditorial 2013

Essentiel ❚ Les anémies immunologiques représentent 15 à 18 p. cent des anémies chez le chat. ❚ 80 p. cent des anémies immunologiques chez le chat sont primaires. ❚ L’anémie classique de type normocytaire normochrome est souvent sévère. ❚ L’anémie peut être non régénérative lors de la prise en charge.

LES ANÉMIES IMMUNOLOGIQUES PRIMAIRES Données épidémiologiques ● Les anémies immunologiques primaires affectent principalement de jeunes chats (< 3 ans), de race “commune” à poils courts, des deux sexes [4, 6, 11]. ● Dans une étude [4], les chats Persan Colorpoint (dénommés Himalayan aux USA)

FÉLINE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 275


21-26 antibiogramme BAT _Gabarit dossier ruminants 03/11/2014 11:23 Page51

technique

l’antibiogramme Marisa Haenni1 Jean-Yves Madec1 Eric Jouy2

comment le réaliser et quelle utilité pour le praticien ? L’antibiogramme permet de déterminer, in vitro, la sensibilité d’une bactérie vis-à-vis d’un antibiotique donné. Pour réaliser cet examen, les méthodes sont diverses, mais toutes visent à indiquer la présence éventuelle d’un mécanisme de résistance, naturel ou acquis, pouvant mener à un échec thérapeutique. Afin que l’antibiogramme apporte concrètement une plus-value au praticien, le dialogue doit être permanent entre le laboratoire et le vétérinaire.

L

a problématique de l’antibiorésistance est aujourd’hui largement mise en lumière, tant en médecine humaine que vétérinaire. Le Plan EcoAntibio2017, à l’image des plans antibiotiques en médecine humaine, a pour but, au travers d’une quarantaine d’actions, de promouvoir l’usage raisonné des antibiotiques et de diminuer la prévalence de l’antibiorésistance dans les diverses filières animales [10]. Les méthodes de détermination in vitro de l’activité des antibiotiques vis-à-vis des bactéries constituent donc l’un des premiers pas de cette démarche. ● Ces méthodes varient par leur complexité à mettre en œuvre, leur coût et le type d’information qui en résultent. ● Dans tous les cas, elles doivent être effectuées en laboratoire, par des personnes spécifiquement formées dont les compétences s’étendent de la maîtrise méthodologique à l’évaluation et à l’interprétation des résultats. LA DÉFINITION DE LA RÉSISTANCE ET DE LA SENSIBILITÉ La définition même de sensibilité doit être précisée puisque les scientifiques distinguent les notions de résistances naturelles et de résistances acquises (épidémiologique ou clinique).

Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 1 Laboratoire de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07. 2 Laboratoire de Ploufragan-Plouzané Technopôle Saint-Brieuc Armor 22440 Ploufragan

C4G

C3G

INH

C3G

Objectifs pédagogiques ❚ Appréhender les différentes

INH

méthodes permettant de déterminer la sensibilité ou la résistance d’une bactérie vis-à-vis d’un antibiotique donné. ❚ Connaître la méthode par diffusion en milieu gélosé. ❚ Comprendre l’importance de la lecture interprétative et son intérêt pour le praticien.

ATM

C3G 1

Caractéristiques typiques d’un phénotype de Béta-Lactamase à spectre étendu (BLSE). Les synergies (flèches rouges) sont visibles entre un inhibiteur de bêta-lactamase (INH : acide clavulanique ou tazobactam) et les céphalosporines de 3è ou de 4è génération (C3G, C4G) ou l’aztreonam (ATM, famille des monobactams).

2e Prix éditorial 2013

La résistance naturelle

Définitions

● La résistance naturelle constitue une caractéristique propre à une espèce bactérienne et peut être étendue à un groupe bactérien donné. ● Ces résistances naturelles, qui sont connues et référencées, concernent la totalité des souches de l’espèce ou du groupe bactérien concerné. A titre d’exemple, tous les bacilles à Gram négatif non exigeants (dont Escherichia coli) résistent à la pénicilline G parce qu’ils sont structurellement imperméables à cette molécule. De même, toutes les bactéries à Gram positif sont résistantes aux quinolones (hors fluoroquinolones), pour des raisons de faible affinité entre ces molécules et les enzymes cibles.

❚ La résistance naturelle : résistance intrinsèque propre à toutes les bactéries d’une même espèce ou d’un même groupe. ❚ La résistance acquise : apparition d’un mécanisme de résistance par modification du patrimoine génétique d’une bactérie, alors que tous les autres membres de la même espèce sont restés sensibles.

Essentiel ❚ La résistance est dite clinique ou épidémiologique.

La résistance acquise La résistance acquise est une résistance développée par des bactéries vis-à-vis d’un antibiotique auquel elles étaient auparavant sensibles, et auquel les autres bactéries de la même espèce sont restées sensibles. Cette résistance peut être due à une mutation ponctuelle dans le chromosome de la

RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 279


57-58 Miel Obs clin NPC - BAT_Gabarit rubrique 06/11/2014 12:01 Page57

observation originale

observation clinique un Fox-terrier dans un piège type collet soigné avec du miel

Emeline Chopin1 Christophe Roy2 1 École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique, Site de La Chantrerie, Route de Gachet, 44300 Nantes

U

n chien Fox-terrier de 10 ans est présenté en consultation pour une plaie au niveau du membre antérieur droit. Ce chien de chasse a fugué, et n’a été retrouvé que 5 jours plus tard, une patte prise dans un piège de type collet, destiné aux renards.

2 Clinique Vétérinaire des Mazets Membre commission apicole SNGTV 15400 Riom es Montagnes

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir comment utiliser le miel sur une plaie en complément d’un traitement antiseptique et antibiotique. ❚ Savoir comment utiliser le miel. e

EXAMEN CLINIQUE ● Les lésions concernent la face dorsale et la face palmaire du membre, jusqu’au coussinet accessoire, au-dessus duquel le collet s’est resserré. ● Lors de la consultation, une légère coloration noire superficielle de la peau de l’extrémité du membre, cartonnée, ainsi qu’une congestion marquée sous la zone de striction du collet qui est en dépression, sont observées (photos 1, 1 bis, 2, 2 bis). Il n’y a alors aucun exsudat.

L’origine de la plaie Les chiens de chasse se font parfois piéger dans les collets destinés aux espèces chassées. Ce type de piège est pourtant interdit en France car non sélectif, et facteur d’une éventuelle longue agonie de l’animal qui n’est pas toujours pris au cou (les seuls pièges de type collet autorisés sont des collets à arrêtoir, qui doivent avoir une circonférence minimale de 21 cm, et qui n’auraient donc pas pu piéger ce Fox-terrier au niveau d’un membre [1]). ● Dans ce cas, la plaie est créée par hypoxie des tissus situés sous le câble du collet. En effet, la compression des vaisseaux sanguins à ce niveau ne permet plus un approvisionnement correct des tissus de l’extrémité du membre, qui ne reçoivent plus assez d’oxygène et de nutriments, et se dévitalisent. ● Le mécanisme est le même lors de la formation des escarres, lésions cutanées d’origine ischémique, créées par une compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses. La durée de compression nécessaire pour induire une plaie n’est pas connue avec exactitude, mais il est estimé qu’une pression de 60 mmHg pendant une à deux heures serait suffisante pour entraîner une lésion [2]. ●

1 Lésions présentes sur la face dorsale du membre à J0 (Photo C. Deviers).

2 Prix éditorial

TRAITEMENT

2013

Les soins habituellement pratiqués Les plaies sur des membres, dues à des pièges, sont de gravité variable : selon les délais d’intervention et le traumatisme, elles peuvent aller d’une simple atteinte des tissus superficiels (peau et tissu conjonctif sous-cutané), à une fracture ouverte ou à une gangrène. ● Les soins pratiqués sont donc adaptés à chaque situation, et peuvent entraîner une amputation. ● Les chasseurs font souvent le choix de soins locaux, très variables selon les habitudes, de la simple désinfection à la chlorhexidine, à l’application de diverses pommades. Ces soins se révèleraient inefficaces dans un cas comme celui-ci, car les tissus superficiels sont dévitalisés. ● Si l’animal est présenté à un vétérinaire, celui-ci peut prévoir un parage chirurgical de l’extrémité du membre, suivi de l’application d’une pommade cicatrisante de type Dermaflon®, ainsi que la mise en place d’un pansement protecteur. Le tout est en général associé à une antibiothérapie par voie générale, afin de limiter le risque de complications bactériennes (bactéries anaérobies en particulier). ● La principale difficulté du traitement réside dans son coût, qui doit parfois être limité pour les chiens utilisés pour la chasse. ●

Signes cliniques ❚ Lésions sur la face dorsale et la face palmaire du membre. ❚ Légère coloration noire superficielle de la peau de l’extrémité du membre. ❚ Peau cartonnée. ❚ Congestion marquée. ❚ Aucun exsudat.

RUBRIQUE

NOTE Les photos 1 bis, 2 bis, 3 bis et 4 bis illustrent l’article “Le miel, alternative moderne au traitement des plaies chez les animaux de compagnie” des mêmes auteurs, dans ce numéro

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 285


59-61 Principe actif BAT _mise en page 06/11/2014 11:22 Page59

principe actif le fentanyl Alexandre Fournier Jack-Yves Deschamps

Le combat contre la douleur concerne les animaux, mais aussi les soignants. Les morphiniques sont la famille de molécules les plus efficaces en matière d’analgésie. Ils agissent sur trois récepteurs : les mu, les deltas et les kappa. Le récepteur mu est principalement à l’origine de l’analgésie.

L

e fentanyl est un agoniste pur de la morphine. C’est un analgésique et un sédatif puissant qui agit au niveau central, à la différence d’autres molécules, telles que les anti-inflammatoires non stéroïdiens [6]. ● Sa puissance analgésique, son action courte (30 min), son effet d’épargne sur les anesthésiques (diminution de la quantité d’anesthésique pour induire un animal prémédiqué au fentanyl) et ses faibles effets cardio-vasculaires, font du fentanyl injectable un morphinique de choix en per et post opératoire. ● Disponible en solution transdermique et sous forme de patch, il permet une excellente analgésie, et un grand confort d’utilisation en post-opératoire, ou pour toute autre douleur intense ou rebelle aux autres analgésiques. PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES

Dénomination chimique : N-(1-(2phenylethyl)-4piperidinyl)-N-phenyl-propanamide ● Dénomination commune internationale : Fentanyl ● Dénomination commerciale : - formes injectables : Fentadon® (spécialité vétérinaire), Fentanyl® (spécialité humaine) ; - solution transdermique : Recuvyra® (spécialité vétérinaire) ; - patch transdermique : Durogesic® (spécialité uniquement humaine) ; ● Structure Le fentanyl est apparenté aux dérivés bicycliques. Il dérive de la gamma-aniline pipéridine. (figure 1).

PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique La pharmacocinétique du fentanyl a été étudiée chez le chien, mais pas chez le chat. ● Les concentrations plasmatiques diminuent rapidement après l'injection intraveineuse du fentanyl (Fentadon®), en raison de sa redistribution dans les tissus adipeux (forte lipophilie du fentanyl). Chez les chiens, son taux de liaison aux protéines plasmatiques est de 60 p. cent. ● Le fentanyl possède un important volume de distribution, supérieur à 5 L/kg. Aux doses recommandées, sa cinétique plasmatique est indépendante de la posologie [3]. Il a une demi-vie d'élimination relativement longue : de 45 min à plus de 3 h chez les chiens. Sa clairance plasmatique est élevée, avec des valeurs allant de 40 à 80 ml/min/kg. ● Cette molécule est principalement éliminée par des mécanismes d’hydroxylation et de désalkylation. Moins de 8 p. cent de la dose totale administrée est éliminée sous forme inchangée. Le fentanyl peut être métabolisé par des voies hépatiques, ou bien extra-hépatiques, comme la voie rénale. [3]. ● Après application cutanée de solution transdermique (Recuvyra®), le fentanyl et le salicylate d’octyle sont rapidement absorbés dans la couche cornée. Les concentrations maximales de fentanyl dans le plasma, de 0,7 à 4,7 ng/mL, sont atteintes entre 10 et 18 h ●

Figure 1 - Structure du fentanyl

Urgences et Soins Intensifs, Médecine interne Oniris, École nationale vétérinaire agroalimentaire et de l’alimentation Nantes Atlantique La Chantrerie BP40706, 44307 Nantes Cedex 3

Classes pharmacologiques - Analgésique - Sédatif

Essentiel ❚ La morphine est le chef de file des morphiniques. ❚ Le fentanyl est un morphinique analgésique et un sédatif puissant. ❚ Sous forme injectable, son action courte le rend bien adapté aux sédations courtes, aux prémédications et à la réalisation d’analgésie par perfusion en continu (CRI : (Constant Rate Infusion). ❚ Sous forme de solution transdermique, le fentanyl permet, en quelques heures, une excellente analgésie pendant 4 jours.

● Caractéristiques Le fentanyl est commercialisé avec autorisation de mise sur le marché (AMM) vétérinaire, sous forme de citrate de fentanyl 157 µg/mL, soit 100 µg/mL de Fentanyl en forme injectable (Fentadon®), et de solution transdermique (Recuvyra®), soit 50 mg/mL de Fentanyl, associés à deux excipients : le salicylate d’octyle, et l’alcool isopropylique.

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RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 287


63-64 Utilisation raisonnée des antibios en pré-op 3-11_Revue internationale NPC 49 03/11/2014 20:52 Page63

revue internationale Thérapeutique, chirurgie

UTILISATION RAISONNÉE DES ANTIBIOTIQUES en préopératoire chez le chien

Cette synthèse de la conférence présentée par le Professeur Lauren Trepanier, lors du congrés mondial de la WSAVA à Auckland, a pour but de clarifier les bonnes pratiques en matière d’antibioprophylaxie chirurgicale.

Figure - Les interventions qui imposent une antibioprophylaxie

Quelques cas particuliers En chirurgie dentaire En chirurgie dentaire, les antibiotiques longue action tels que le Convenia® ne sont pas adaptés à l’antibioprophylaxie qui doit être de courte durée, sauf s’il existe une infection préexistante qui nécessite une antibiothérapie. l L’antibioprophylaxie n’est cependant pas justifiée pour les interventions mineures comme les détartrages, sauf cas particulier (sujets immunodéprimés, …). l

❚ Connaître les bonnes pratiques en matière d’antibioprophylaxie chirurgicale.

Les interventions longues, quelles qu’elles soient Les interventions dans des zones potentiellement contaminées Les interventions en ophtalmologie, car la zone oculaire est difficile à décontaminer

L

’antibiothérapie préopératoire, tout comme l’antisepsie, n’ont pas pour but de ‘’stériliser’’ le site chirurgical, ce qui est illusoire, mais de contrôler la population bactérienne pendant l’intervention. l Le recours aux antibiotiques est à proscrire pour la plupart des interventions chirurgicales de courte durée (moins d’une heure) lorsqu’aucune contamination extérieure n’est à redouter. C’est le cas des interventions les plus courantes en chirurgie vétérinaire (stérilisations, exérèse de masses cutanées, splénectomie par exemple). l Les interventions imposant une antibioprophylaxie sont bien repertoriées (figure 1). Ce sont : - les interventions longues quelles qu’elles soient : le risque d’infection est en relation avec l’hypothermie, l’hypotension et la diminution de la perfusion tissulaire ; - les interventions dans des zones potentiellement contaminées : ouverture d’organes de l’oropharynx, du tube digestif, de l’appareil urogénital, des voies respiratoires, intervention dans la cavité buccale ou dans les oreilles, … ; - les interventions en ophtalmologie car la zone oculaire est difficile à décontaminer ; - les interventions sur des tissus dévitalisés : par exemple, les plaies et traumatismes. Les tissus doivent être soigneusement débridés. Les antibiotiques locaux sont inutiles car inactivés en présence de débris nécrotiques ; - état d’immunodéficience ; - un état infectieux préexistant : si l’intervention chirurgicale peut être différée, il est préférable de contrôler l’infection avant.

Objectif pédagogique

les interventions sur des tissus dévitalisés

Essentiel ❚ Une étude Suisse

Un état d’immunodéficience

portant sur plus de 1000 interventions a établi que le risque infectieux double par période de 70 min de temps chirurgical supplémentaire. ❚ Administrer l’antibiotique (amoxicilline/acide clavulanique ou céphalosporine de 1ère génération) par voie intra veineuse, 1 h avant l’intervention, et renouveler toutes les demi-vies jusqu’à la fermeture cutanée.

Un état infectieux préexistant

en pratique Protocole d’antibiothérapie pré-opératioire en ophtalmologie (cataractes), proposé lors de cette conférence :` - instiller un collyre à base de fluroquinolones (fluoxacine, ofloxacine), toutes les 6 h, la veille de l’intervention, et 3 fois dans l’heure qui précède ; - effectuer une antisepsie de la zone opératoire avec une solution de polyvidone iodée à 5 p. cent (la chlorhexidine est à proscrire). Lors de chirurgie colique En médecine humaine, lors de chirurgie colique, il est d’usage d’administrer de la néomycine ou de l’érythromycine par voie orale 24 h avant l’intervention. Les lavements préopératoires doivent être évités car ils augmentent le risque infectieux.

l

En chirurgie urinaire Pour les interventions en chirurgie urinaire nécessitant une antibioprophylaxie, la cefalexine et les fluoroquinolones conviennent. l Lors d’infection avérée, il est préférable d’obtenir un antibiogramme. Si un sondage est nécessaire, la durée doit en être limitée (le risque d’infection est multiplié par 1,3 par jour de sondage !). l Pour les sondes à demeure, bien respecter l’asepsie et utiliser un système de collecte fermé. l Chez les chiens mâles, les sondages intermittents doivent être privilégiés. l

u WSAVA Auckland, Mars 2013. Utilisation raisonnée des antibiotiques en pré-opératoire Lauren Trepanier Université de Cornwell, USA Synthèse par Colette Arpaillange

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FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 291


65-70 Revue Internationale 57 BAT_Revue internationale NPC 49 06/11/2014 11:05 Page65

revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - Vet Radiol Ultrasound - J Vet Intern Med - J Vet Med Sci - JAVMA - Reproduction in Domestic Animals

2013,online,9p 2014;28:473-80 ; 28(3):857-62 ..................................................................................................................................................................................................................................................................................... 2014;76(2):273-6 ........................................................................................................................................................................................................................................................................ 2014;244:1060-5 ; 244:1181-5 ........................................................................................................................................................................................................................ 2014;49(2):297-301 ....................................................................................................................................................................................................................................................................

..........................................................................................................................................................................................................................................

Cardiologie - Insuffisance cardiaque congestive gauche aiguë : évaluation de la taille de l’atrium gauche chez 100 chats - Survie de chiens atteints de sténose sous-aortique : influence de l’utilisation des béta-bloquants

Endocrinologie - Lésions surrénaliennes à l’échographie : données cliniques d’une découverte fortuite chez 151 chiens (2007-2010)

- Survie à long terme des chiens présentant un hypercorticisme d’origine surrénalienne : comparaison entre le mitotane et le trilostane administré deux fois par jour pour la survie à long terme

- Implants de Desloréline chez des chiennes pré-pubères : effets à court et à long terme sur le tractus génital

Digestif / Imagerie

Chirurgie/Biologie

- Échographie du pancréas chez des chats avec une suspicion de pancréatite : corrélation avec les mesures de la lipase spécifique pancréatique féline et celle de la lipase par colorimétrie : 161 cas (2008-2012)

- Comparaison du stress oxydatif chez le chien suite à une ovariectomie sous cœlioscopie ou par laparotomie

Reproduction

Synthèses rédigées par Caroline Bonnaud, Victor Caudal, Gaël Chassain, Pauline Fick, Guillaume Freson.

un panorama des meilleurs articles SURVIE À LONG TERME DES CHIENS PRÉSENTANT UN HYPERCORTICISME D’ORIGINE SURRÉNALIENNE : comparaison entre le mitotane et le trilostane administré deux fois par jour ● Le traitement du syndrome de Cushing surrénalien repose sur une exérèse chirurgicale ou sur un traitement médical : pour ce faire, le premier choix a longtemps été le mitotane. ● Responsable de nombreux effets secondaires, celui-ci n’est plus utilisé ou presque depuis la mise sur le marché du trilostane.

Endocrinologie

stimulation : ils sont inversement proportionnels à la survie. L’abattement au moment de la présentation est un facteur pronostique négatif. Discussion

Objectifs de l’étude ❚ Comparer les médianes de survie entre le mitotane et le trilostane.

Résultats

L’utilisation de deux protocoles différents pour le mitotane, dont les médianes de survie ne sont pas les même, induit nécessairement un biais. ● La médiane de survie est moins bonne que lors d’adrénalectomie (15,6 mois vs 23-31,8 mois selon les études). ● Le trilostane induit une tendance à l’augmentation de taille des surrénales (Mantis, Vet Rad 2003), alors que le mitotane entraîne généralement une diminution de taille des surrénales et induit une nécrose corticale, qui peut être intéressante pour la destruction du tissu tumoral. L’absence de différence significative de survie semble infirmer cette hypothèse. ● La fréquence des effets secondaires est comparables à la littérature (60 p. cent pour le mitotane, 23 p. cent pour le trilostane). ● L’abattement, présenté comme facteur pronostique le plus significatif, reste très subjectif.

On n’observe pas de différence significative des médianes de survie entre un traitement réalisé avec du mitotane et du trilostane (15,6 mois vs 14 mois). 57 p. cent des chiens ont développé des effets secondaires avec le mitotane, et 33 p. cent avec le trilostane. ● Les seuls facteurs pronostiques significatifs sont l’âge, et la concentration de cortisol post-

Le choix de la molécule ne modifie pas la médiane de survie. Comme Le trilostane entraîne moins d’effets secondaires, il convient de l’utiliser en première intention. ● Cette étude permet de conforter le choix d'utiliser le trilostane (seul disponible en France en médecine vétérinaire). ❒

Matériels et méthodes ● Pour cette étude, 26 chiens sont sélectionnés rétrospectivement, 14 sont traités au mitotane et 12 au trilostane. Les cas ont été suivis entre 1994 et 2009. ● Le diagnostic d’hypercorticisme est obtenu par test à l’ACTH (22 chiens) ou freinage dexaméthasone dose faible (11 chiens). Un RCCU* est réalisé pour 16 chiens. ● L’origine surrénalienne est déterminée par échographie. 23 chiens présentent une masse surrénalienne unilatérale, et trois une masse bilatérale. ● Deux protocoles de traitements différents sont utilisés pour le mitotane.

Conclusion ●

u J Vet Inter Med, 2014;28:473-80 Long term survival of dogs with adrenal-dependent hyperadrenocorticism : a comparison between mitotane and twice daily trilostane treatment Arenas C, Melian C, Perez-Alenza MD.

* Mesure de Rapport cortisol urinaire sur créatinine urinaire

Victor Caudal, Clinique VetRef, Angers.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 293


71-73 Test clinique R 57 BAT_Test clinique réponses 06/11/2014 12:39 Page71

test clinique

disponible sur www.neva.fr

les réponses

Emmanuel Topie1 Marion Fusellier2 Dominique Fanuel-Barret3

une cécité d’origine nerveuse chez un chien

1Internat en clinique des animaux

de compagnie 2Unité d'Imagerie médicale 3Unité de Médecine interne

des animaux de compagnie École Nationale Vétérinaire Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique Oniris CS 40706, 44307 Nantes cedex 3

Signes cliniques ❚ L’amaurose est une cécité sans lésion oculaire

❚ Absence bilatérale des réflexes photomoteurs ❚ Bradycardie ❚ Vomissements ❚ Troubles du comportement alimentaire et dipsique

Essentiel ❚ La méningoencéphalomyélite granulomateuse peut se présenter sous des formes cliniques très diverses, forme oculaire notamment. ❚ Un examen IRM normal de l’encéphale ne permet pas d’éliminer une méningoencéphalomyélite.

1 Quelles sont les hypothèses diagnostiques ? ● En tenant compte des symptômes de troubles nerveux avec ataxie, désorientation et changement de comportement, une atteinte nerveuse centrale chronique d’apparition brutale est identifiée. ● L’amaurose, cécité sans lésion oculaire, associée à l’absence bilatérale des réflexes photomoteurs, laisse suspecter une lésion en avant (syndrome de rétine silencieuse, névrite optique rétropapillaire) ou sur le chiasma optique. La bradycardie, les vomissements et les troubles du comportement alimentaire et dipsique sont compatibles avec une atteinte diencéphalique. ● Les hypothèses diagnostiques retenues sont : - une origine inflammatoire (Toxoplasmose, Néosporose, maladie de Carré, Encéphalomyélite immunopathologique, …) ; - une origine traumatique (hématome) ; - une origine vasculaire (ischémie, hématome) ; - voire une origine congénitale (hydrocéphalie) ; - ou une origine néoplasique. ● Les causes métaboliques et dégénératives sont exclues, en raison de l’aspect localisé de la lésion, et de l’âge de l’animal.

Lésion 1 kystique sur le chiasma optique (photo Service d’imagerie médicale Oniris). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 299 - JUIN 2014

2 Quels examens complémentaires sont préconisés ? ● Devant l’historique des troubles nerveux, un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) et une ponction du liquide cérébro-spinal sont réalisés. Un électrorétinogramme (ERG) aurait également pu être effectué, afin d’évaluer la fonction rétinienne, et ainsi, compléter l’IRM. ● Une IRM de l’encéphale et des bulles tympaniques dans les trois plans en pondération T1, T2 et T1 après injection de gadolinium est effectuée, ainsi qu’une acquisition transversale en pondération T2 Flair. - Aucune anomalie n’est observée sur les bulles tympaniques, les conduits auditifs et les oreilles internes. - A l’étage sus-tentoriel, une lésion kystique dorsale au chiasma optique est observée, avec réhaussement net du chiasma après injection de produit de contraste (photo 1). - L’examen du cervelet met en évidence un hypersignal T2 en face latérale droite, diffus et mal délimité, avec un réhaussement net après injection de produit de contraste. La lésion n’entraîne pas d’effet de masse (photo 2). ● Ces lésions sont en faveur d’un kyste du chiasma optique, vraisemblablement récent, avec inflammation périlésionnelle, et d’une méningoencéphalomyélite au niveau du cervelet. ● Le liquide cérébro-spinal est légèrement trouble. Son analyse montre une concentration de protéines à 0,49 g/l (> la valeur seuil de 0,25 g/l) et une cellularité à 59 cellules/µl (> la valeur seuil de 3 cellules/µl). - L’analyse cytologique est en faveur d’une inflammation mononuclée modérée. - Une analyse du liquide cérébrospinal est réalisée, par PCR (polymerase chain reaction), afin de rechercher la Néosporose, la Toxoplasmose et la maladie de Carré. Les résultats sont négatifs. Ce chien est atteint d’un kyste au niveau du chiasma optique avec inflammation péri-lésionnelle, ainsi que d’une probable cérébellite, apparemment sans répercussion sur le contrôle des mouvements, mais qui explique l’ataxie auparavant observée.

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71-73 Test clinique R 57 BAT_Test clinique réponses 06/11/2014 12:39 Page72

test clinique - réponses : une cécité d’origine nerveuse chez un chien 3 Quel traitement envisager ? ● Le traitement anti-inflammatoire, immunomodulateur, est mis en place avec de la prednisolone : 2 mg/kg/j en une prise, pendant 1 semaine, puis 1 mg /kg /j, pendant 2 semaines. ● Une antibiothérapie est prescrite avec de l’amoxicilline associée à l’acide clavulanique (25 mg/kg/j en deux prises), pendant 1 semaine. ● Un traitement ponctuel associant maropitant (1 mg/kg) et ranitidine (2 mg/kg) est conseillé pour gérer les vomissements. DISCUSSION Démarche diagnostique Dans ce cas, la zone préchiasmatique, le chiasma optique, et plus largement, le diencéphale, sont les localisations susceptibles d’être concernées [2]. ● Une fois la lésion localisée cliniquement, des hypothèses peuvent être émises. Les lésions mises en évidence ici peuvent avoir une origine inflammatoire, vasculaire, traumatique, voire congénitale ou tumorale. L’hypothèse traumatique est conservée à cause des antécédents de fugue, et de l’apparition brutale des signes cliniques. Elle reste cependant peu probable en raison de l’absence d’amélioration notable depuis l’incident et de l’aspect fluctuant des signes cliniques. De plus, la propriétaire est assez imprécise lors du recueil de l’anamnèse et des commémoratifs, ce qui rend possible une apparition plus progressive des signes cliniques. ●

Examens complémentaires Les examens complémentaires sont choisis en fonction de la localisation des lésions et des hypothèses émises. ` - Un examen d’IRM est, dans ce cas, réalisé car il permet de visualiser le parenchyme cérébral jusqu’au niveau de distinction entre la substance grise et la substance blanche. L’IRM autorise, de plus, une bonne évaluation conjointe, précise et complète, des différents étages de la vision : nerfs optiques, chiasma optique, diencéphale, … - Le scanner est moins sensible que l’IRM dans la détection de certaines lésions inflammatoires de l’encéphale , il peut toutefois autoriser un diagnostic de méningoencéphalomyélite granulomateuse [1]. Une augmentation du contraste ou un effet masse avec déplacement des tissus peuvent ●

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aussi être observés. Cependant, l’interprétation peut être compliquée par certains artéfacts liés aux structures osseuses de la boîte crânienne. ➜ Un examen IRM normal, malgré une sensibilité supérieure à celle du scanner, ne permet donc pas d’exclure une lésion inflammatoire. ● Ici, l’IRM a permis de confirmer une inflammation du chiasma optique. Elle met aussi en évidence une structure kystique dorsalement à celui-ci et une cérebellite, hypothèses non envisagées, suite à l’examen clinique. ● Une analyse du liquide cérébrospinal a été effectuée pour étayer l’hypothèse inflammatoire. Cette analyse révèle en général une concentration en protéines et en cellules élevées lors d’atteinte de type méningoencéphalomyélite granulomateuse [1] mais une étude a montré que ces valeurs peuvent être dans les normes usuelles dans 10 p. cent des cas [8]. Nature des lésions La nature du kyste est incertaine. Les origines inflammatoires, congénitales, parasitaires ou inconnues sont à envisager [1, 2, 4]. ● Plusieurs éléments orientent vers une cause inflammatoire. 1. Les images de l’IRM sont compatibles avec un processus inflammatoire autour du kyste et dans le cervelet. 2. L’analyse du liquide cérébrospinal permet de conclure à une inflammation mononuclée modérée. 3. En outre, une amélioration clinique est ●

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Lésion en hypersignal T2 avec réhaussement après injection de gadolinium : compatible avec une méningoencéphalomyélite au niveau du cervelet (photo Service d’imagerie médicale Oniris).

Essentiel ❚ La sensibilité de l’IRM pour la détection des atteintes inflammatoires de l’encéphale est supérieure à celle du scanner.

étude ➜ Dans une étude, sur 42 cas de méningoencéphalomyélite granulomateuse ou d’origine inconnue, la sensibilité de l’IRM et du scanner sont relativement comparables, avec respectivement 60 et 50 p. cent de détection des lésions [3]. ● En revanche, dans le cas de méningo-encéphalomyélite multifocale, la détection de l’ensemble des lésions n’a été effectuée que dans 40 p. cent (2/5) des cas pour l’IRM, et 15 p. cent des cas (2/13) pour le scanner [3].

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 JUIN 2014 - 300


71-73 Test clinique R 57 BAT_Test clinique réponses 06/11/2014 12:39 Page73

test clinique - réponses : une cécité d’origine nerveuse chez un chien observée suite au traitement anti-inflammatoire avec des corticoïdes. Il est donc raisonnable d’envisager une forme particulière de méningoencéphalomyélite granulomateuse [4]. La forme focale est difficilement envisageable car il y a deux lésions. La forme disséminée peut être considérée comme multifocale, et correspond peut-être à la situation présentée. L’hypothèse congénitale n’est pas vérifiable. Une recherche exhaustive de parasites, hormis Neospora et Toxoplasma déjà recherchés, est coûteuse et n’a pas été réalisée [2]. Il n’est possible de conclure à une origine idiopathique que par un diagnostic d’exclusion, ce qui n’est pas adapté dans ce cas.

à retenir Les formes de la méningoencéphalomyélite granulomateuse ➜ Trois formes de la méningoencéphalomyélite granulomateuse sont classiquement décrites : 1. oculaire avec atteinte des voies optiques uniquement ; 2. focale où l’atteinte est localisée : 3. disséminée, avec atteinte diffuse de l’encéphale [1, 5, 6, 7].

Essentiel ❚ Lors d’atteinte focale de l’encéphale, il est nécessaire d’exclure des maladies parasitaires comme la néosporose, la toxoplasmose ou des maladies virales (maladie de Carré).

Traitement

Références 1. Adamo Pf, Adams Wm, Steinberg H. Granulomatous meningoencephalomyelitis in dogs. Compend Contin Educ Vet. 2007; 29(11):678-90. 2. Cauzinille L. Neurologie clinique du chien et du chat. Maisons-Alfort, éd Point Vét. 2007:239p. 3. Granger N, Smith PM, Jeffery ND. Clinical findings and treatment of non-infectious meningoencephalomyelitis in dogs:a systematic review of 457 published cases from 1962 to 2008. Vet J. 2010;184(3):290-7. 4. Higginbotham MJ, Kent M, Glass EN. Noninfectious inflammatory central nervous system diseases in dogs. Compend Contin Educ Vet. 2007;29(8):488-97. 5. Kitagawa M, Okada M, Watari T, coll. Ocular granulomatous meningoencephalomyelitis in a dog : magnetic resonance images and clinical findings. J Vet Med Sci. 2009;71(2):233-7. 6. Maehara T, Shimada A, Morita T, coll. Distribution of the inflammatory lesions in the central nervous system of dogs affected with disseminated and ocular form of granulomatous meningoencephalomyelitis. J Vet Med Sci. 2009;71(4):509-12. 7. Talarico LR, Schatzberg SJ. Idiopathic granulomatous and necrotising inflammatory disorders of the canine central nervous system:a review and future perspectives. J Small Anim Pract. 2010;51(3):138-49. 8. Thomas JB, Eger C. Granulomatous meningoencephalomyelitis in 21 dogs. J Small Anim Pract. 1989;30(5):287-93.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°57 301 - JUIN 2014

L’administration de doses immunomodulatrices de glucocorticoïdes (2 mg/kg/j de prednisolone per os) avec diminution progressive des doses, jusqu’à trouver la dose minimale efficace, est en général le traitement de première intention [1]. D’autres molécules immunosuppressives peuvent être associées aux glucocorticoïdes comme la cytosine arabinoside, la ciclosporine, la procarbazine. Les résultats d’association des corticoïdes avec ces molécules semblent prometteurs [4]. ● La médiane de survie est très variable, de quelques jours à plusieurs mois [3], selon les études et dépend en général de la gravité des signes cliniques à la mise en place du traitement [4]. ● La radiothérapie peut être envisagée dans le cadre de lésions focales, mais pas lors d’atteinte disséminée [4]. ●

Le pronostic de récupération totale est mauvais et l’administration prolongée de corticoïdes expose l’animal à des effets secondaires (hypercorticisme iatrogène, ulcération digestives, pancréatite, …) [1].

CONCLUSION ● La sémiologie et l’imagerie médicale jouent un rôle central dans l’exploration des atteintes de l’encéphale. L’IRM a une sensibilité supérieure à celle du scanner pour le diagnostic de méningoencéphalomyélite. Néanmoins, l’absence de lésion observée à l’IRM ne permet pas d’exclure un atteinte inflammatoire de l’encéphale, à fortiori lors de lésions discrètes ou diffuses. C’est pourquoi l’analyse du liquide cérébro-spinal est toujours recommandée en complément. Lorsque le diagnostic de méningoencéphalomyélite granulomateuse a pu être établi, les chances de récupération totale étaient faibles et l’espérance de vie variable, en fonction de l’intensité des symptômes lors de la mise en place du traitement. Aucun consensus n’existe pour le traitement. En général, il est préconisé d’administrer per os des corticoïdes à doses immunomodulatrices, associés ou non à d’autres molécules immunosuppressives. ● Deux suivis téléphoniques ont été réalisés à 15 jours avec la propriétaire, et à 2 mois avec le vétérinaire traitant. ● Après 15 jours de traitement, l’état est stable. ● Après 2 mois, le vétérinaire rapporte que la cécité est toujours présente, mais une nette amélioration de l’état général est observée, et le chien s’est habitué à la cécité. r

formation continue 1. L'amaurose : a. est une cécité sans lésion oculaire b. traduit toujours une atteinte du cortex cérébral c. peut correspondre à une lésion au niveau du chiasma optique 2. La méningoencéphalomyélite granulomateuse : a. est une forme particulière d'affection inflammatoire de l'encéphale qui affecte plus particulièrement les chiens des races petites et moyennes b. est une forme particulière de maladie de Carré c. est décrite sous trois formes différentes : oculaire, focale et disséminée 3. Le traitement de la méningoencéphalomyélite granulomateuse avec des glucocorticoïdes : a. est bien toléré à long terme b. est le traitement de première intention c. ne doit pas être associé à d’autres traitements immunomodulateurs

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ANNONCE OTIMECTIN 210X297mm 2014

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