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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine - féline - N°61 - DÉCEMBRE 2015

DOSSIER : LES ÉTATS KÉRATO-SÉBORRHÉIQUES CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT

Couv NPC 61 BAT_Couv NPC 49 10/03/2016 21:42 Page1

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

Volume 13

N°61 DÉCEMBRE 2015 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

- Comprendre l’état kératoséborrhéique chez le chien et le chat - Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques sans prurit primaire chez le chiot - Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques localisés, sans prurit primaire chez le chien adulte

DOSSIER

LES ÉTATS KÉRATOSÉBORRHÉIQUES CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT Prurit, alopécie, nodules, ulcères, état kératoséborrhéique sont les grands types lésionnels, en dermatologie vétérinaire. L’état kératoséborrhéique est le motif de consultation le plus fréquent ...

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Test clinique : Un “sable squameux blanchâtre” sur des poules fermières - Tests de formation continue - Revue de presse internationale : Des synthèses en Cancérologie, Anesthésie, Digestif / Thérapeutique, Imagerie

- Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques généralisés, sans prurit chez le chien adulte - Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques avec prurit primaire chez le chien - Traitement symptomatique chez le chien et le chat

Féline - Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques avec prurit primaire - sans prurit primaire

Rubriques - Management de l’entreprise : comment vos clients utilisent internet - Principe actif - le telmisartan


La prise en charge de la maladie rénale chronique féline est depuis toujours délicate pour les propriétaires et pour leur chat.1-5 C’est la raison pour laquelle, Semintra®, premier antagoniste des récepteurs de l’angiotensine à usage vétérinaire, se présente en solution, à administrer par voie orale.6

SEMINTRA® 4 mg/ml solution orale pour chats. COMPOSITION EN PRINCIPES ACTIFS : 1 ml contient : Telmisartan 4 mg. CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DÉLIVRANCE : Liste I. Usage vétérinaire. À ne délivrer que sur ordonnance. INDICATIONS : Réduction de la protéinurie associée à la maladie rénale chronique (MRC) chez le chat. CONTRE-INDICATIONS : Ne pas utiliser durant la gestation ou la lactation (voir également la rubrique « Utilisation en cas de gravidité ou de lactation »). Ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. EFFETS INDÉSIRABLES : Les signes gastro-intestinaux légers et transitoires suivants ont été observés rarement dans une étude clinique (en ordre décroissant de fréquence) : régurgitation légère et intermittente, vomissement, diarrhée ou selles molles. Des élévations des enzymes hépatiques ont été très rarement observées et les valeurs sont revenues à la normale dans les quelques jours suivant l’arrêt du traitement. Les effets attribuables à l’activité pharmacologique du produit observés à la dose de traitement recommandée comprenaient des baisses de pression sanguine et des diminutions de la numération érythrocytaire. Mise à jour du texte : 12.12.2013 (Version 03).

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Pour que Yoyo redevienne vite le chat d’avant malgré sa Maladie Rénale Chronique

1. Polzin et al. (2013) J Vet Em Crit Care; pp 1–11. 2. Boyd et al. (2008) J Vet Intern Med; 22:1111–1117. 3. Syme et al. (2006) J Vet Intern Med; 20:528–535. 4. Westfall et al. (2001) J Vet Intern Med; 15:467–470. 5. Elliot et al. (2000) J Small Anim Pract; 41(6):235–42. 6. Résumé des caractéristiques du produit Semintra (2013) : Semintra est indiqué pour réduire la protéinurie associée à l’insuffisance rénale chronique (IRC) chez le chat.

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3 Sommaire 61 BAT_PP 3 Sommaire 10/03/2016 20:55 Page3

Volume 13

sommaire

N°61 DÉCEMBRE 2015 DOSSIER

Plus d’informations sur www.neva.fr

Éditorial - Didier Pin Test clinique - Un “sable squameux blanchâtre” sur des poules fermières Samuel Boucher, Matthieu Pinson, Franck Belaud

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LES ÉTATS KÉRATOSÉBORRHÉIQUES chez le chien et le chat

CANINE - FÉLINE - Comprendre l’état kératoséborrhéique chez le chien et le chat 7 Didier Pin - Comment diagnostiquer et traiter les EKS sans prurit primaire chez le chiot 11 Marion Mosca, Didier Pin - Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques localisés, sans prurit primaire chez le chien adulte 17 Oscar Fantini - Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques généralisés, sans prurit chez le chien adulte 23 Émilie Vidémont-Drevon - Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques avec prurit primaire chez le chien 31 Charline Pressanti - Traitement symptomatique des états kératoséborrhéiques chez le chien et le chat 41 Anne Roussel

FÉLINE - Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques avec prurit primaire chez le chat Anne Roussel Comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques sans prurit primaire chez le chat Anne Roussel

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- Management de l’entreprise - Comment vos clients utilisent internet

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revue de formation à comité de lecture

Alison Chatard, Marine Hugonnard - Principe actif - le telmisartan Camille Gillet, Yassine Mallem

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indexée dans les bases de données :

RUBRIQUES

• Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin

FMCvét - formation médicale continue vétérinaire Revue de presse internationale - Notre sélection d’articles

(CAB International)

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• CAB Abstracts Database

par Pauline Fick, Maïa Vanel, Franck Floch, Anaïs Prouteau

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

- Cancérologie - Le traitement des carcinomes péri-oculaires et des carcinomes épidermoïdes de stade avancé de la tête chez le chat : l’électroporation potentialise l’efficacité de la bléomycine - Anesthésie - Anesthésie gazeuse : effet du réchauffement sur la température corporelle de petits chiens - Digestif / Thérapeutique - Durée de survie des chiens atteints d’hémangiosarcome splénique traités par splénectomie avec ou sans chimiothérapie adjuvante - Imagerie - Évaluation à l’échographie de la taille des surrénales chez des chiens normaux, en corrélation avec leur poids Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses Observations, synthèses et données originales

(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

CANINE - FÉLINE FÉLINE RUBRIQUE 72 74

Souscription d’abonnement en page 10 et sur www.neva.fr

FMC Vét

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 219


4 Test clinique Q Pseudo-gale BAT_mise en page 10/03/2016 17:47 Page4

gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline

test clinique un “sable squameux blanchâtre” sur des poules fermières

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Dominique Fanuel (Oniris) Pascal Fayolle (École d’Alfort) Marc Gogny (École d’Alfort) Roger Mellinger (praticien)

Samuel Boucher1 Matthieu Pinson2 Franck Belaud1

disponible sur www.neva.fr

Q

Rédacteurs en chef scientifiques Colette Arpaillange (praticien) Anne Gogny (Reproduction, Oniris) Christophe Hugnet (praticien)

Comité de rédaction Philippe Baralon Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Eddy Cauvin (Imagerie, praticien) Valérie Chetboul (Cardiologie, E.N.V.A.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, VetAgro Sup) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, Oniris) Armelle Diquelou (Médecine, E.N.V.T.) Francis Fieni (Reproduction, Oniris) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Marion Fusellier (Imagerie, Oniris) Didier Fau (Chirurgie, VetAgro Sup) Isabelle Goy-Thollot (Urgences, VetAgro Sup) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, VetAgro Sup) Xavier Pineau (Toxicologie, VetAgro Sup) Benoît Rannou (Biologie fonctionnelle, VetAgro Sup) Odile Sénécat (Médecine interne, Oniris) Renaud Tissier ((Pharmacie - toxicologie, E.N.V.A.) Éric Viguier (Chirurgie, VetAgro Sup) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

uatre poules pondeuses fermières sans race définie sont élevées sur un parcours d’environ 10 m² contenant un poulailler en bois acheté en jardinerie. ● Elles résident sur la côte vendéenne et nous sont apportées à la consultation parce qu’elles présentent sur leur plumage un “sable squameux blanchâtre” important qui recouvre partiellement certaines plumes. Ces structures sont retrouvées sur l’ensemble du plumage, de la tête à la queue. Les squames sont plus concentrées à la base des plumes qu’à leur extrémité. ● En examinant les poules, outre ces squames, nous observons un remaniement de la peau de la face qui se trouve extrêmement kératinisée, au point de créer des replis peauciers qui obligent les paupières à se fermer. Tous ces oiseaux sont anémiés comme semble le laisser penser la coloration pâle de la peau et des crêtes et barbillons. ● Le propriétaire nous signale un arrêt de ponte.

1Labovet

conseil (Réseau Cristal) BP 539 85505 Les Herbiers cedex 2Labovet conseil (Réseau Cristal) BP 627 85300 Challans

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Squames blanchâtres sur le plumage (photos Samuel Boucher).

1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?

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2 Quels examens complémentaires mettez-vous en œuvre ?

3 Quel traitement proposez-vous ?

Hyperkératose de la tête de la poule contaminée.

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. CEE : 60 € Institutions : 120 € T.T.C.

Réponses à ce test page 72

comité de lecture

SARL au capital de 7622 € Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 1017 T 80121 - I.S.S.N. 1637-3065 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 220

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Jérôme Abadie Hélène Arnold-Tavernier Jean-François Bardet Michel Baron Dominique Begon Jean-Jacques Bénet Stéphane Bertagnoli Emmanuel Bensignor Éric Bomassi Samuel Boucher Didier Boussarie Isabelle Bublot Samuel Buff Claude Carozzo Eddy Cauvin Laurent Cauzinille René Chermette Cécile Clercx (Liège)

Laurence Colliard Arnaud Colson Laurent Couturier Julien Debeaupuits Jack-Yves Deschamps Patrick Devauchelle Olivier Dossin Pauline de Fornel Alain Ganivet Annabelle Garand Laurent Garosi Frédéric Gaschen Jean-Pierre Genevois Emmanuel Gaultier Dominique Grandjean Laurent Guilbaud Juan Hernandez Catherine Ibisch

Laetitia Jaillardon Nicolas Jardel Jean-Pierre Jégou Renaud Jossier Stéphane Junot Dimitri Leperlier Bertrand Losson Pierre Maisonneuve Yassine Mallem Laurent Marescaux Lucile Martin-Dumon Philippe Masse Pierre Moissonnier Pierre Paillassou Bernard-Marie Paragon Mélanie Pastor Jean-Marc Person Luc Poisson

Jean-Louis Pouchelon Hervé Pouliquen Pascal Prélaud Nathalie Priymenko Alain Régnier Brice Reynolds Florence Roque Dan Rosenberg Patricia Ronsin Émilie Rosset Yves Salmon Brigitte Siliart Ouadji Souilem (Tunisie) Isabelle Testault Jean-Laurent Thibaud Isabelle Valin Michaël Verset Émilie Vidémont-Drevon


5 Éditorial Pin NPC 61 BAT_07 10/03/2016 21:00 Page5

éditorial L’état kératoséborrhéique, le motif de consultation le plus fréquent en dermatologie vétérinaire ...

I

l est classique, en dermatologie vétérinaire, de raisonner à partir de grands types lésionnels ou de motifs de consultation. Cinq sont couramment utilisés en raison de leur fréquence et de l’aisance avec laquelle le praticien les reconnaît : prurit, alopécie, nodules, ulcères, état kératoséborrhéique. Parmi ceux-ci, le plus fréquent est sans doute l’état kératoséborrhéique. Aussi, avonsnous choisi de vous présenter ce grand type lésionnel dans ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire canine-féline intitulé “Les états kératoséborrhéiques chez le chien et le chat”. L’état kératoséborrhéique (EKS) désigne, traditionnellement, en dermatologie vétérinaire, une atteinte cutanée chronique, caractérisée par la production excessive de squames et des altérations des lipides de surface (d’origine sébacée, sudorale et épidermique), chacune de ces manifestations peut être d’importance relative variable. Il est simple de considérer, comme un ensemble, toutes les atteintes cutanées chroniques, caractérisées par la production excessive de squames et des altérations des lipides de surface. Cet ensemble a été désigné d’abord par le terme de séborrhée, puis de syndrome ou d’état kératoséborrhéique et récemment, par celui de trouble de la kératinisation. Comme le montrent les articles de ce dossier, cet ensemble est en fait très hétérogène. Cette hétérogénéité est ainsi soulignée par les multiples dénominations qui désignent cet état, en médecine vétérinaire, et qui ne sont pas, en fait, synonymes. En dermatologie de l’homme, le terme d’état kératoséborrhéique n’existe pas et une différence nette est faite entre ce qui est du domaine de la pathologie des glandes sébacées, la séborrhée, la dermatite séborrhéique et l’acné, et ce qui est du domaine de la kératinisation ou, plus précisément, de la différenciation épidermique, par exemple les ichtyoses et les kératodermies palmoplantaires. En médecine vétérinaire, à l’image de ce qui est fait chez l’homme [2], le groupe des affections de la glande sébacée réunit ainsi l’acné du chat, la séborrhée primaire, la dermatite séborrhéique liée à la prolifération de Malassezia spp., l’adénite sébacée granulomateuse, le syndrome comédoneux du Schnauzer nain, ainsi que des dermatoses récentes [1, 3], et le groupe des troubles de la différenciation épidermique rassemble les ichtyoses et les kératodermies palmoplantaires, la dermatose répondant à l’administration de zinc, l’acrodermatite létale du Bull terrier, la parakératose folliculaire congénitale. Les autres dermatoses peuvent être réparties en dermatoses infectieuses, eczémas et dermatoses spongiformes, dermatoses des états d’hypersensibilité, troubles de la pigmentation cutanée, génodermatoses. Afin de décrire les états kératoséborrhéiques du chien et, dans un cahier spécial “Féline”, les particularités chez le chat, d’une manière qui colle à la pratique et didactique à la fois, nous avons adopté une classification clinique, dichotomique : sont d’abord distingués les états kératoséborrhéiques avec prurit primaire ou inaugural, c’est-à-dire les états kératoséborrhéiques initialement prurigineux, des états kératoséborrhéiques sans prurit primaire, c’est-à-dire initialement non prurigineux. Parmi ces derniers, sont distingués ceux d’apparition précoce, chez le chiot, de ceux qui s’expriment chez l’adulte. Les états kératoséborrhéiques acquis, apparaissant chez l’adulte, peuvent être séparés en deux groupes : ceux qui affectent la totalité ou une grande partie de la surface corporelle, dès le début de leur évolution, et ceux qui sont responsables d’une atteinte localisée. Pour chacune des dermatoses décrites, les signes cliniques ou les lésions qui les caractérisent sont soulignés afin d’en bien montrer les particularités. Avec cet abord pratique, notre vœu le plus cher est que ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire canine-féline vous persuade, s’il en est besoin, qu’un examen clinique approfondi, complété par une anamnèse détaillée, permet, dans un grand nombre de cas, un diagnostic précis, étiologique. Bonne lecture ! ❒

Didier Pin Dermatologie Université de Lyon VetAgro Sup 69280 Marcy l’Etoile

Références 1. Peters-Kennedy J, coll. Scaling dermatosis in three dogs associates with abnormal sebaceous gland differentiation. Vet Dermatol. 2014;25:23-8. 2. Saurat J-H, Lachapelle J-M, Lipsker D, coll. Dermatologie et infections sexuellement transmissibles. Elsevier Masson SAS, 2009:1152. 3. Yager JA, coll. Abnormal sebaceous gland differentiation in 10 kittens (“sebaceous gland dysplasia”) associated with generalized hypotrichosis and scaling. Vet Dermatol. 2011;23:136-44.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 221



7-10 Comprendre physiopathologie BAT_Gabarit Bleu 11/03/2016 12:12 Page7

comprendre l’état kératoséborrhéique chez le chien et le chat

Didier Pin Dermatologie Université de Lyon VetAgro Sup 69280 Marcy l’Etoile

Afin de mieux comprendre comment se forment les squames et la cause de l’altération des lipides, il convient de connaître la différenciation normale de l’épiderme.

Objectif pédagogique ❚ Connaître les éléments clés de la physiopathologie de l’état kératoséborrhéique chez le chien et le chat.

L

’état kératoséborrhéique (EKS) désigne, classiquement en dermatologie vétérinaire, une atteinte cutanée chronique, caractérisée par la production excessive de squames et des altérations des lipides de surface (d’origine sébacée, sudoripare et épidermique), chacune de ces manifestations pouvant être d’importance relative variable.

Définition

❚ La dermatite séborrhéique

1 Abdomen d’un lévrier atteint de leishmaniose montrant des squames, de grande taille, amiantacées, dites sporiasiformes (photos Unité de dermatologie, VetAgro Sup).

est caractérisée par un état kératoséborrhéique limité à des zones nummulaires, séparées par de la peau saine.

LES DIFFÉRENTS TYPES DE SQUAME ● Les squames sont des lamelles de couche cornée, blanchâtres ou grisâtres, qui correspondent à une perte plus ou moins importante de cellules de la couche cornée, les cornéocytes, immatures, et qui desquament sous forme d’agrégats. ● Sont distinguées : - des squames de grande taille, épaisses, d’aspect micacé, appelées psoriasiformes (photo 1) ; - des squames de petite taille, fines, pulvérulentes et blanchâtres, appelées pityriasiformes (photo 2) ; - des squames de taille variable, adhérentes à la peau et lui donnant un aspect de peau de poisson, appelées ichtyosiformes (photo 3). ● Les altérations des lipides de surface peuvent se traduire par : - une séborrhée sèche, dans laquelle la peau, les squames et le poil ont un aspect sec, plus ou moins cireux ; - ou par une séborrhée grasse, dans laquelle la peau et le poil ont un aspect gras, voire huileux, et les squames sont grasses, souvent agglomérées par une matière lipidique. ● La dermatite séborrhéique est caractérisée par un état kératoséborrhéique limité à des zones nummulaires, séparées par de la peau saine. Une odeur forte, de beurre rance, et un toucher cireux ou gras peuvent être associés.

Essentiel ❚ Surtout si elle est chronique, toute atteinte cutanée, de nature mécanique, chimique ou biologique, altère, au travers d’un ou de plusieurs des facteurs de régulations, la différenciation normale de l’épiderme ainsi que le fonctionnement des glandes sébacées et des glandes sudoripares.

2 Dos d’un chat atteinte de teigne à M. canis. Noter les très nombreuses squames de petite taille, pulvérulentes, dites pityriasiformes.

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CANINE - FÉLINE

3 Abdomen d’un Golden retriever atteint d’ichtyose.

- Noter les larges squames ichtyosiformes,

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

de grande taille, adhérentes à l’épiderme et emprisonnant des poils.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 223


11-16 Diagnostic et tt EKS sans prurit chiot BAT_Gabarit Bleu 08/03/2016 16:45 Page11

comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques sans prurit primaire chez le chiot re des poils noirs (DFPN), séborrhée primaire, parakératose folliculaire congénitale et syndrome comédonneux du Schnauzer nain.

Les états kératoséborrhéiques du chiot, d’origine génétique, sont assez rares mais il est important de bien les connaître Pour les diagnostiquer, et conseiller au mieux les propriétaires, tant pour le traitement que sur le plan génétique, pour la reproduction.

Nous envisageons successivement la race et l’âge d’apparition, les signes cliniques d’après leur localisation corporelle et les troubles non cutanés associés, ainsi que le résultat des examens complémentaires, éléments essentiels pour établir le diagnostic. Les traitements sont détaillés ensuite. ●

L’ANAMNÈSE

Marion Mosca Didier Pin Dermatologie Université de Lyon VetAgro Sup 69280 Marcy l’Etoile

Objectifs pédagogiques ❚ Reconnaître, chez le chiot, les dermatoses responsables d’état kératoséborrhéique, sans prurit primaire. ❚ Comprendre l’étiologie et le mode de transmission. ❚ Savoir traiter ces affections, ou plutôt les contrôler.

La race

U

n état kératoséborrhéique est un état pathologique caractérisé par un squamosis plus ou moins abondant, avec des squames de taille variable, parfois pigmentées et une séborrhée plus ou moins profuse, sèche ou grasse. ● Nous nous intéressons aux dermatoses responsables d’un état kératoséborrhéique (EKS) chez les chiots (c’est-à-dire aux dermatoses qui apparaissent de la naissance à 12 18 mois), sans prurit primaire : ichtyoses, nanisme hypophysaire du Berger allemand, acrodermatite létale du Bull terrier, alopécie des robes diluées (ARD), dysplasie folliculai-

Certaines races sont prédisposées aux dermatoses responsables d’état kératoséborrhéique chez le chiot sans prurit primaire (tableau 1). L’âge d’apparition L’âge auquel les signes cutanés apparaissent est une précieuse indication. ●

● Lors de retard de croissance chez le Berger allemand souffrant de nanisme hypophysaire, celui-ci s’exprime dès la naissance, mais les signes cutanés s’observent après l’âge de 3 à 4 mois.

Tableau 1 - Races prédisposées aux dermatoses responsables d‘EKS sans prurit primaire d’apparition précoce Dermatoses ●

Ichtyose

Nanisme hypophysaire

Acrodermatite létale

Syndrome comédoneux

Séborrhée primaire

Parakératose folliculaire congénitale

Dysplasie folliculaire des poils noirs

Alopécie des robes diluées

Races prédisposées - Golden retriever - Norfolk terrier - Bulldog américain - Cavalier King Charles - Jack Russel terrier Berger allemand Bull terrier

Essentiel ❚ Bien expliquer au propriétaire l’importance du traitement symptomatique à long terme (shampoing antiséborrhéique, émollients, réhydratants) pour obtenir des résultats. ❚ Le chiot atteint d’état kératoséborrhéique sans prurit primaire doit être écarté de la reproduction. ❚ Le diagnostic définitif de la plupart de ces dermatoses est établi après les résultats des biopsies cutanées effectuées sur les zones lésionnelles.

Schnauzer nain - Cocker - Springer Spaniel - West Highland White terrier - Basset Hound - Rottweiler

- Labrador

CANINE - FÉLINE

- Husky de Sibérie

- Bearded collie - Border collie - Basset Hound - Papillon - Saluki - Beagle - Jack Russel terrier - Cocker américain - Cavalier King Charles - Schipperke - Teckel - Setter Gordon - Pointer - Épagneul de Munster - Doberman - Teckel - Braque de Weimar - Dogue allemand - Whippet - Yorkshire - Pinscher - Chihuahua - Bouvier bernois - Boston terrier - Schnauzer - Berger des Shetland - Terre Neuve

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 227


17-22 Diagnostic des états keratoseborrhéiques BAT_Gabarit Bleu 08/03/2016 16:54 Page17

comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques localisés sans prurit primaire chez le chien adulte Les troubles de la kératinisation sont un motif de consultation fréquent chez le chien, au même titre que le prurit ou l’alopécie. La sémiologie cutanée des états kératoséborrhéiques manque cependant de spécificité. Une démarche diagnostique minutieuse et rigoureuse est donc indispensable afin d’établir un diagnostic.

L

’état kératoséborrhéique (EKS), encore appelé syndrome kératoséborrhéique, trouble de la kératinisation ou séborrhée, est caractérisé par une production excessive de squames par l’épiderme, des troubles de la production et des altérations des lipides de surface. Ces dernières modifications provoquent une alcalinisation du pH cutané qui favorise l’apparition de complications infectieuses, bactériennes et fongiques. ● Un érythème, souvent discret, des débris secs et cireux, des débris gras associés à des croûtes et des poils collés en mèches graisseuses, des dépilations, un pelage sec, gras et terne, des manchons pilaires, ainsi qu’une lichénification, des comédons et une hyperpigmentation sont le plus souvent rencontrés. ● Une démarche diagnostique méticuleuse est indispensable pour définir une liste d'hypothèses diagnostiques hiérarchisées qui sont successivement écartées ou retenues, grâce à des examens complémentaires ou à des épreuves thérapeutiques. ● Les troubles de la kératinisation peuvent être classés selon l’absence ou la présence d’un prurit, la distribution localisée ou généralisée des lésions et l’âge d’apparition de la dermatose. Nous passons en revue dans cet article les principaux EKS localisés (encadré), sans prurit primaire chez le chien adulte, à travers les différents moments de la consultation dermatologique, du recueil de l’anamnèse au traitement (tableaux 1, 2).

Oscar Fantini CES de dermatologie, Dipl. ECVD VetEchoDerm 4 chemin des prèles 97417 La Montagne

Objectif pédagogique ❚ Savoir diagnostiquer et traiter les principaux états kératoséborrhéiques localisés, sans prurit primaire, chez le chien adulte. 1

Dépilation circulaire et débris kératoséborrhéiques au niveau de la glande supracaudale chez un Beagle mâle entier (photo Unité de dermatologie, VetAgro Sup).

LA DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE Le signalement ● Le signalement et le recueil des commémoratifs et de l'anamnèse constituent un moment primordial de la consultation, car ils permettent de collecter de nombreuses informations utiles et de suggérer à eux seul le diagnostic. ● Le sexe et le statut sexuel sont rarement des facteurs déterminants du diagnostic ; toutefois, certaines affections ont une prédisposition sexuelle. Par exemple, la présence d’une alopécie de forme ovale, lentement extensive, de croûtes et de débris kératoséborrhéiques gras à la base de la queue d’un mâle entier est très évocatrice d’une séborrhée de la glande supracaudale (encadré) (photo1). ● L’âge de l'animal au moment de l'apparition des premiers symptômes est une information importante car certains états kératoséborrhéiques (EKS) se rencontrent plus volontiers chez des sujets appartenant à une tranche d'âge spécifique. Par exemple certains troubles de la cornification, tels que la séborrhée du bord libre du pavillon (encadré), s’expriment plutôt chez le chien adulte. De même, la probabilité d'observer une dermatose parasitaire telle qu’une démodécie est plus grande chez un jeune animal (encadré). Toutefois, la démodécie peut également être observée chez le chien âgé, à la faveur d’une maladie sous-jacente (syndrome de Cushing, hypothyroïdie, diabète, tumeur, etc) [12].

Essentiel ❚ Le sexe et le statut sexuel sont rarement des facteurs déterminants du diagnostic des états kératoséborrhéiques localisés. ❚ L’âge de l'animal au moment de l'apparition des premiers symptômes est important car certains états kératoséborrhéiques se rencontrent plus volontiers chez des sujets d’une tranche d'âge spécifique.

CANINE - FÉLINE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 233


VIDEMONTV - Diagnostic et tt des EKS sans prurit CN adulte correc MB 03-03-16_Gabarit Bleu 08/03/2016 16:39 Page23

comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques généralisés, sans prurit chez le chien adulte

En cas d’état kératoséborrhéique généralisé sans prurit, chez le chien adulte, des maladies systémiques sont à rechercher, en particulier la leishmaniose. En présence de signes généraux, les dysendocrinies et certaines formes de lupus érythémateux font également partie du diagnostic différentiel. Lorsqu’il n’existe pas de manifestation extra-cutanée, il convient d’envisager une adénite sébacée granulomateuse ou, plus rarement, une dermatose lichénoïde.

L

es états kératoséborrhéiques (EKS) se traduisent par la présence de pellicules ou de squames, aux caractéristiques variables, et d’une séborrhée, sèche ou grasse. Ils peuvent être associés ou non à un prurit et être localisés ou généralisés (tableau 1). ● Lors d’EKS généralisé non prurigineux chez un chien adulte, des signes généraux sont tout d’abord à rechercher avec le recueil de l’anamnèse et l’examen clinique, afin d’orienter le diagnostic. ● La leishmaniose doit être systématiquement évoquée lors d’atteinte marquée de l’état général, en particulier si celle-ci est associée à des atteintes extra-cutanées, articulaires, rénales ou hématologiques. ● Le principal diagnostic différentiel est un lupus érythémateux, dont il existe différentes formes, certaines strictement cutanées et d’autres systémiques qui peuvent s’accompagner de lésions cutanées (encadré 1). ● Les dysendocrinies les plus fréquemment rencontrées chez le chien (hypothyroïdie, hypercorticisme et dysendocrinies sexuelles) sont également responsables de l’apparition d’un EKS généralisé non prurigineux chez le chien adulte et d’atteintes extra-

Encadré 1 - Classification des formes de lupus érythémateux chez le chien

Émilie Vidémont-Drevon Dip ECVD CHVSM Unité de Dermatologie, 74370 Saint Martin Bellevue

Objectifs pédagogiques

La classification des différentes formes de lupus est complexe. Il existe des formes strictement cutanées et des formes systémiques (lupus érythémateux systémique) pouvant s’accompagner de lésions cutanées. ● Plusieurs formes à traduction cutanée existent : - le lupus érythémateux cutané (autrefois dénommé lupus discoïde) : il se manifeste par une atteinte localisée le plus fréquemment (face principalement). Il existe quelques descriptions d’atteinte généralisée [12] ; - le lupus érythémateux cutané vésiculeux : il se caractérise par des vésicules, des bulles et des ulcères sur l’abdomen des Colleys et des Shetlands ; - le lupus érythémateux cutané exfoliatif est une dermatite exfoliative généralisée chez les jeunes Braque allemand. ●

cutanées. Cependant, contrairement aux précédentes hypothèses, l’état général est souvent moins sévèrement altéré et une alopécie bilatérale symétrique non inflammatoire accompagne l’EKS. ● En l’absence de signe extra-cutané, le clinicien évoque, en priorité, une adénite sébacée granulomateuse (ASG). Il s’agit d’une dermatose rare due à la destruction des glandes sébacées dont la pathogénie est inconnue. ● Plus rarement, une dermatose lichénoïde pourra être en cause (encadré 2). Cet article expose la démarche diagnostique face à un état kératoséborrhéique (EKS) généralisé non prurigineux chez le chien adulte. Le but est d’identifier la dermatose en cause et de mettre en place un traitement spécifique lorsque celui-ci existe.

❚ Connaître les maladies responsables d’un état kératoséborrhéique généralisé sans prurit chez le chien adulte. ❚ Savoir comment les diagnostiquer et les traiter.

Essentiel ❚ Hypercorticisme, hypothyroïdie et dysendocrinies sexuelles sont, le plus souvent, responsables d’un état kératoséborrhéiques (EKS) généralisé, associé à une alopécie bilatérale symétrique, non inflammatoire et non prurigineuse. ❚ Une leishmaniose et un lupus érythémateux sont à évoquer, en présence d’un EKS généralisé non prurigineux qui s’accompagne d’une altération de l’état général.

RECUEIL DES COMMÉMORATIFS ET DE L’ANAMNÈSE

CANINE - FÉLINE

● Les éléments épidémiologiques peuvent permettre de s’orienter et doivent donc être recueillis avec précision.

Le lieu de vie de l’animal La leishmaniose, qui doit être systématiquement envisagée lors d’état kératoséborrhéique (EKS), est une maladie qui concerne les chiens vivant, ou ayant séjourné, en ●

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 239


31-40 états kératosébo avec prurit chien BAT_Gabarit Bleu 09/03/2016 20:48 Page31

comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques avec prurit primaire chez le chien

Un état kératoséborrhéique sur un chien qui présente par ailleurs des manifestations de prurit conduit à s’interroger sur la ou les causes de ces lésions. Les dermatoses prurigineuses sont fréquentes chez le chien et peuvent, par l’inflammation cutanée qu’elles induisent, entraîner l’apparition d’un squamosis et d’une séborrhée. Lors d’état kératoséborrhéique et de prurit, la présence d’une dermatose parasitaire, allergique doit être envisagée, ou plus rarement, une affection tumorale ou auto-immune.

L

es dermatoses prurigineuses sont fréquentes chez nos carnivores domestiques. Les dermatoses allergiques concernent notamment un chien sur dix dans la population canine et un chien sur deux en consultation spécialisée de dermatologie. L’inflammation cutanée et les démangeaisons qui accompagnent ces dermatoses peuvent entraîner des modifications de l’homéostasie cutanée et aboutir à un trouble de la kératinisation secondaire. Il est donc nécessaire dans un premier temps, de préciser ces lésions d’état kératoséborrhéique (EKS) et de comprendre les modifications du métabolisme cutané qui conduisent à ces lésions. ● Cet article détaille les différentes dermatoses primitivement prurigineuses les plus fréquentes, leur présentation clinique spécifique, ainsi que les examens complémentaires utiles pour établir le diagnostic. Il convient de bien différencier les troubles primitivement prurigineux des lésions d’EKS qui peuvent se surinfecter au cours du temps et ainsi, acquérir un caractère prurigineux. ● Les traitements spécifiques de chaque dermatose sont abordés brièvement ainsi que les traitements topiques utilisables pour contrôler les EKS du chien et du chat.

Charline Pressanti Service de dermatologie INP - ENVT Clinique des animaux de compagnie et de sport 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre comment les désordres kératoséborrhéiques peuvent être induits par le prurit et l’inflammation cutanée. ❚ Savoir reconnaître et diagnostiquer les principales dermatoses prurigineuses du chien pouvant être associées. ❚ Savoir mettre en place un traitement spécifique de la dermatose sous-jacente et un traitement, souvent de courte durée.

1 Squamosis intense (photo service de dermatologie INP - ENVT).

PRÉSENTATION CLINIQUE Les signes cliniques associés à un état kératoséborrhéique (EKS) sont divers. Un ou plusieurs de ces signes peuvent co-exister sur un même animal. ● Leur spécificité est très variable. Il s’agit du squamosis, de la séborrhée, des comédons, des manchons pilaires et des plaques séborrhéiques. ● La présence d’un seul des signes est suffisante pour établir la présence d’un EKS sur l’animal. ●

Le squamosis Peu spécifique, le squamosis accompagne de nombreuses dermatoses (photo 1). Il est la conséquence d’un défaut de différenciation de l’épiderme qui conduit à la formation d’amas de kératinocytes qui deviennent visibles lorsqu’ils se détachent. Ces altérations de la différenciation sont souvent secondaires à un phénomène prurigineux. Il existe cependant des troubles cutanés pour lesquels le squamosis est lié à un défaut de synthèse de certains acteurs de la cornéogénèse. Le squamosis n’est donc pas, dans ce cas, lié au prurit. Ces cas ne sont pas abordés dans cet article. ● Lorsqu’une inflammation cutanée est présente, lorsque la peau est agressée ou irritée (prurit), de nombreux mécanismes de défense cutanés sont initiés. Les premières réponses immunitaires observées sont médiées par les kératinocytes. Ainsi, dans ●

En pratique ❚ Toutes les dermatoses prurigineuses peuvent entraîner l’apparition d’un état kératoséborrhéique. ❚ Les deux principales lésions sont un squamosis et une séborrhée.

Signes cliniques ❚ Les signes cliniques associés à un état kératoséborrhéique sont divers : squamosis , séborrhée, comédons, manchons pilaires, plaques séborrhéiques.

CANINE - FÉLINE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 247


41-46 Traitement états kerato-seborrhéiques BAT_Gabarit Bleu 09/03/2016 18:52 Page41

le traitement symptomatique des états kératoséborrhéiques chez le chien et le chat

Anne Roussel 37 rue Serge Mauroit 38090 Villefontaine 56 route de Vienne 69007 Lyon

Le traitement symptomatique des états kératoséborrhéiques a pour but de restaurer le renouvellement épidermique et de rétablir la différenciation des kératinocytes. Lorsque l’état kératoséborrhéique est secondaire, le traitement de la cause primitive est indispensable.

L

e traitement des états kératoséborrhéiques (EKS) implique, lorsque cela est possible, le traitement de la cause primitive. Les soins locaux sont particulièrement intéressants, car ils participent à une amélioration rapide des lésions. La diversité des compositions et des galéniques permet d’adapter le traitement aux différents types de séborrhée, ainsi qu’aux animaux et aux exigences de leur propriétaire. Les traitements systémiques sont indiqués dans certaines affections spécifiques et requièrent un suivi très régulier. Nous présentons les soins topiques, puis les traitements systémiques utilisés dans le traitement des EKS chez le chat et le chien. LES SOINS TOPIQUES Définitions

● Quelques définitions sont indispensables à la bonne compréhension des mécanismes d’action des différents principes actifs utilisés dans le traitement des états kératoséborrhéiques (EKS) [16]. ● Les actifs kératolytiques entraînent une diminution de la cohésion entre les cornéocytes, favorisant ainsi l’élimination des squames. ● Les agents kératoplastiques favorisent la différenciation des kératinocytes, en inhibant la multiplication et facilitant la kératinisation. Leur mécanisme d’action n’est pas complétement élucidé. ● L’action de “flush folliculaire” permet de réduire les sécrétions et l’hyperkératose folliculaires et d’éliminer les agents infectieux. L’action anti-séborrhéique vise à diminuer les sécrétions sébacées.

Les agents hydratants augmentent la teneur en eau de la peau. Parmi ces agents, il existe différentes catégories de produits : - les émollients agissent en diminuant les pertes hydriques transcutanées ; ils lissent, adoucissent et ramollissent la peau : il s’agit des cires et des huiles végétales (gamme Dermoscent®2), animales et minérales (vaseline) ; - les agents humectants ont la capacité d’attirer et de retenir l’eau du fait de leurs propriétés hygroscopiques. Parmi ces agents, on trouve : la glycérine (Allercalm®1, Dermoscent Atop 7®2 Hydra Cream, gamme Douxo®3, Ermidra®4 Spray, gamme Phlox®5, Seboderm®1 et Humiderm®1, Sensiderm®4), l’urée (Seboderm®1 et Humiderm®1), le lactate de sodium, l’acide lactique (Humiderm®1, Phlox®5 atospray), l’acide carboxylique, le propylène glycol (Ermidra®4 Spray, Humiderm®1) et l’avoine colloïdal (Allercalm®1, Pyoskin®1 et Sensiderm®1). Le propylène glycol est un des agents hygroscopiques les plus efficaces. ●

Les différents principes actifs ● Différents principes actifs sont utilisés dans la gestion des états kératoséborrhéiques (EKS) du chat et du chien : soufre, acide salicylique, goudron, peroxyde de benzoyle, sulfure de sélénium, phytosphingosine, lactate d’ammonium, lactate d’éthyle, gluconate de Zinc, urée, hydroxy acides et trétinoïne. Ils sont présentés dans le tableau 1. ● Ces données sont fournies à titre indicatif et il ne s’agit en aucun cas d’une liste exhaustive.

Objectif pédagogique ❚ Connaître les principaux traitements utilisés dans le traitement des états kératoséborrhéiques, leur mode d’action et les précautions associées à leur prescription.

Essentiel ❚ Les traitements topiques et notamment les shampooings sont indispensables aux traitements des EKS. ❚ Le choix du topique est adapté au type de séborrhée. ❚ L’utilisation d’émollients est très utile au traitement des séborrhées sèches. ❚ La tonte permet de faciliter l’action des topiques et d’accélérer la guérison.

Les modalités pratiques Une tonte préalable permet de dégager les lésions et facilite la réalisation des soins et l’action des principes actifs. ● Lors de séborrhée sèche, l’utilisation de principes actifs hydratants est souvent suffisante. ●

NOTES 1. Virbac 2. LDC 3. Sogeval

4. MP Labo 5. Phlox Petcare

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 257


47-52 EKS avec prurit chat BAT_Gabarit Gris 09/03/2016 18:54 Page47

comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques avec prurit primaire chez le chat

Anne Roussel 37 rue Serge Mauroit 38090 Villefontaine 56 route de Vienne 69007 Lyon

Les états kerato-séborrhéiques, associés à un prurit primaire, sont assez fréquents chez le chat. Leur prise en charge nécessite la mise en place d’une démarche diagnostique souvent longue et fastidieuse, à l’origine parfois du découragement des propriétaires.

L

es états kerato-séborrhéiques du chat, associés à un prurit primaire, incluent principalement les dermatoses parasitaires et allergiques. Leur diagnostic nécessite une démarche diagnostique d’exclusion très rigoureuse. En présence de signes cliniques évocateurs ou de signes généraux associés, des examens complémentaires plus approfondis sont mis en œuvre pour le diagnostic d’affections plus rares (folliculite murale dégénérative mucineuse, dermatose à cellules géantes associée au FeLV). Cet article présente cette démarche diagnostique, ainsi que le traitement des différentes affections. DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE

Les squames ont une très faible valeur sémiologique. Toutes les affections engendrant une inflammation cutanée influent sur le renouvellement épidermique et peuvent donc se traduire par un état kératoséborrhéique (EKS). ● Par conséquent, la démarche diagnostique est une démarche d’exclusion. ●

Commémoratifs et anamnèse Le recueil des données commémoratives et anamnestiques est essentiel pour orienter la démarche diagnostique : - la race ; - l’âge à l’apparition des lésions ; - le sexe ; - le mode de vie ; - la présence de signes cliniques généraux associés ; - la réponse aux thérapeutiques antérieures ; - les manifestations prurigineuses : le prurit est dit primaire lorsque les démangeaisons sont antérieures aux lésions ; - la contagion humaine ; ●

Objectifs pédagogiques

1

❚ Connaître les principales affections à l’origine d’un ’état kératoséborrhéique primitivement prurigineux chez le chat. ❚ Savoir les diagnostiquer et les traiter.

Gale notoédrique (photo E. Maina).

- les déplacements en France ou à l’étranger ; - les traitements antiparasitaires, … L’examen clinique général et dermatologique L’examen clinique général et dermatologique doit être minutieux afin de mettre en évidence d’autres lésions qui pourraient aider à établir le diagnostic. L’inspection de la cavité buccale, par exemple, peut révéler la présence d’ulcères ou de granulomes évoquant un contexte viral, auto-immun ou allergique. L’examen otoscopique permet parfois de visualiser Otodectes cynotis, agent de la gale des oreilles qui peut être à l’origine d’une dermatose prurigineuse plus étendue mimant une dermatose allergique. ● L’ensemble de la démarche diagnostique est présenté dans la figure 1. ●

Les examens complémentaires Le premier temps consiste à rechercher d’éventuels parasites en réalisant un peignage minutieux, un test au ruban adhésif cristal et des raclages (encadré en pratique). L’observation des prélèvements nécessite d’adopter de bons réglages du microscope (encadré matériel). Un traitement antiparasitaire externe est mis en place de façon systématique est adapté au contexte épidémiologique, afin d’exclure définitivement l’hypothèse. L’hypothèse d’une teigne est systématiquement explorée chez un chat squameux (lumière de Wood, raclages, culture mycologique). Les signes cliniques sont, en effet, très variables et parfois accompagnés de prurit. ● Des examens cytologiques cutanés (test au ruban adhésif coloré, calque par impres●

Essentiel ❚ Les causes les plus fréquentes d’états kératoséborrhéiques (EKS) associés à du prurit sont les infestations par les ectoparasites et les dermatoses allergiques. ❚ La démarche diagnostique implique tout d’abord, la recherche des ectoparasites et la mise en place d’une éviction parasitaire stricte. ❚ Une fois l’hypothèse d’ectoparasitose écartée, la démarche allergologique est initiée.

FÉLINE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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53-61 EKS sans prurit primaire chat BAT 2_Gabarit Gris 14/03/2016 11:44 Page53

comment diagnostiquer et traiter les états kératoséborrhéiques sans prurit primaire chez le chat

Anne Roussel 37 rue Serge Mauroit 38090 Villefontaine 56 route de Vienne 69007 Lyon

Le diagnostic des EKS sans prurit primaire du chat est assez délicat. Il requiert un recueil précis des données anamnestiques et une démarche rigoureuse. Selon l’étiologie, le pronostic et les modalités thérapeutiques sont très variables.

L

es états kératoséborrhéiques (EKS) sont, à la différence du chien, peu fréquents chez le chat, peut-être en raison de leurs habitudes de toilettage. Leur diagnostic étiologique est relativement délicat, car les squames sont des lésions secondaires, peu spécifiques, de faible valeur sémiologique. Parmi les états kératoséborrhéiques (EKS) non associés à du prurit primaire, il convient de distinguer les EKS d’apparition précoce, et les EKS de l’adulte. La topographie lésionnelle permet ensuite d’orienter le diagnostic. L’article présente la démarche diagnostique et les modalités thérapeutiques des EKS sans prurit primaire du chat. DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE

Le recueil des données anamnestiques est essentiel : la race, l’âge à l’apparition des lésions, la présence de signes cliniques généraux associés permettent d’orienter la démarche diagnostique. ● L’examen clinique dermatologique doit être minutieux afin de mettre en évidence d’autres lésions cutanées associées qui peuvent orienter la démarche diagnostique. ● En présence d’un EKS non associé à du prurit ou secondairement prurigineux, il convient d’exclure une possible dermatophytose (faible valeur sémiologique des squames). En effet, la teigne a une expression très polymorphe chez le chat (photo 1) et peut parfois se présenter comme une séborrhée généralisée (très souvent associée à Microsporum canis, ou comme une dermatite exfoliative, voire, dans certains cas, se traduire comme un EKS très localisé du menton (confusion possible avec l’acné féline) ou de la face dorsale de la queue ●

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les principales affections à l’origine d’un état kératoséborrhéique primitivement non prurigineux chez le chat. ❚ Savoir les diagnostiquer et les traiter.

1 Lésions de dermatophytose chez un chat persan (photo Service de dermatologie INP-ENVT).

Essentiel

2

Lésion de folliculite bactérienne chez un chat (photo A. Roussel).

(confusion possible avec l’hyperplasie de la glande supracaudale). ● La recherche d’infection bactérienne ou de dermatite à Malassezia primitive ou secondaire à la séborrhée est nécessaire. Les folliculites bactériennes du chat sont relativement rares. Elles peuvent se traduire par des lésions dépilées numulaires parfois très squameuses (photo 2). ● Les dermatites à Malassezia peuvent apparaître cliniquement comme un EKS du menton mimant une acné féline, par un EKS des plis de la face avec de larges squames sombres et des manchons pilaires ou par une dermatite exfoliative. Chez les chats de type Rex*, les Sphynx ou, plus rarement, les Persans, les dermatites à Malassezia sont fréquentes et se traduisent par une dermatite séborrhéique atteignant les plis axillaires

❚ Lors d’état kératoséborrhéique (EKS) sans prurit primaire, l’hypothèse d’une teigne et de complications infectieuses est à explorer de façon systématique. ❚ La recherche d’ectoparasites est nécessaire, car le prurit est parfois discret et peut passer inaperçu chez le chat. ❚ Lors d’apparition précoce, la race de l’animal permet souvent d’orienter le diagnostic. ❚ Les états kératoséborrhéiques de l’adulte localisés comprennent l’acné féline et la séborrhée de la glande supracaudale.

FÉLINE

NOTE * Poils très courts, fin et ondulés. Il n’y a généralement pas de poils de jarre et le poil est souvent fracturé.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 269


62-64 Relation client internet BAT verso_Gabarit rubrique 10/03/2016 17:43 Page62

Étude originale

Alison Chatard1 Marine Hugonnard2 1

Ancienne étudiante 5A CHEV Campus vétérinaire de Lyon VetAgro Sup 69280 Marcy l’Etoile 2

PhD, Maître de conférences Unité Médecine Interne des Animaux de Compagnie. Université de Lyon VetAgro Sup 69280 Marcy l’Etoile

Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre comment et pourquoi les propriétaires utilisent internet comme source d’informations médicales pour leur animal de compagnie. ❚ Comprendre quel regard les propriétaires portent sur les informations trouvées en ligne. ❚ Connaître les conséquences de ces recherches sur le propriétaire, sur le vétérinaire et sur la relation vétérinaire/propriétaire.

Essentiel ❚ Les trois quarts des propriétaires interrogés pour cette étude consultent internet pour la santé de leur animal de compagnie. ❚ Les propriétaires peuvent avoir un sens critique par rapport à leurs recherches sur internet et leur confiance en les informations trouvées n’est pas absolue.

RUBRIQUE

management de l’entreprise comment vos clients utilisent internet Comment les informations que votre client a glanées sur internet se révèlent être un atout dans la pratique de la médecine vétérinaire et dans la communication avec votre client ?

A

lors qu’internet est de plus en plus utilisé comme source d’informations médicales par les propriétaires d’animaux de compagnie*, le praticien perçoit souvent les questions générées comme une possible remise en cause de ses dires et une perte de temps lors de la consultation. Or, ce média, rapidement accessible et gratuit, séduit 40 p. cent des propriétaires qui ont pour premier réflexe de consulter Internet lorsqu’un animal est blessé ou malade, selon une étude publiée aux ÉtatsUnis en 2010 [8]. En France, les recherches concernant les animaux de compagnie ont augmenté de 23 p. cent sur Google en 3 ans (de juillet 2010 à mai 2013) [2]. Comment les propriétaires d’animaux de compagnie utilisent-ils ce média ? Quelle est l’influence de leurs recherches sur une consultation vétérinaire ? Pour tenter de répondre à ces questions, une étude a été réalisée auprès de 239 clients se rendant en consultation à VetAgro Sup - campus vétérinaire de Lyon (cf. encadré matériel et méthode).

FRÉQUENCE ET TYPES D’INFORMATIONS RECHERCHÉES Parmi les propriétaires de l’étude, les trois quarts sont déjà allés sur internet pour rechercher des informations sur la santé de leur animal [1]. La plupart des propriétaires sont toutefois des utilisateurs occasionnels (62 p. cent) : ils effectuent des recherches moins d’une fois

NOTE * Un adulte français sur deux a déjà consulté internet pour rechercher des informations sur la santé [6].

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, féline 278 - DÉCEMBRE 2015

62

Encadré - Matériel et méthode ● En

avril 2013, un questionnaire a été distribué à 260 propriétaires d’animaux qui venaient consulter au Centre Hospitalier d’Enseignement Vétérinaire pour les Animaux de Compagnie (CHEVAC) de VetAgro Sup, campus vétérinaire de Lyon. N’ont pas été interrogés pour des raisons pratiques les propriétaires se rendant au service des urgences ou ayant un animal hospitalisé. - Parmi les propriétaires qui ont reçu le questionnaire, 239 ont répondu, soit un très fort taux de réponse de 92 p. cent. - Le questionnaire, comportant 26 questions à réponses fermées, abordait trois grands thème : 1. l’utilisation d’Internet par les propriétaires d’animaux de compagnie (profil des utilisateurs, informations recherchées, sites préférés) ; 2. la perception des données trouvées en ligne par les clients (fiabilité et émotions engendrées) ; 3. l’influence d’Internet (sur une consultation et la relation vétérinaire/propriétaire).

par mois, voire moins d’une fois par an [1]. ● Les propriétaires recherchent de manière privilégiée des informations sur : - une maladie ; - un symptôme ; - une race [1]. ● En revanche, vos clients déclarent rechercher rarement des informations sur : - un vétérinaire ; - les médecines douces ou alternatives ; - les interactions avec d’autres propriétaires [1]. Pas de profil type ● Tous vos clients sont de potentiels “internautes santé”. En effet, aucune relation n’a été établie entre la fréquence d’utilisation de ce média pour leur animal de compagnie et l’âge, le sexe, la situation familiale, le motif de consultation ou la profession des propriétaires [1]. ● De même, les nouveaux propriétaires ne consultent pas plus en ligne que les propriétaires plus expérimentés. Toutefois, les clients qui utilisent de manière générale régulièrement internet sont plus enclins à aller rechercher des informations en ligne pour leur animal de compagnie [1].


principe actif le telmisartan Camille Gillet Yassine Mallem

Utilisé pour son effet anti-hypertenseur permettant de diminuer la protéinurie dans l’insuffisance rénale chronique du chat, le telmisartan est un principe actif récent sur le marché vétérinaire. Cette molécule propose une alternative au traitement usuel avec un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA). Agissant par blocage spécifique des récepteurs AT-1 de l’angiotensine II, le telmisartan permet théoriquement un blocage plus complet de l’action de l’angiotensine II que les IECA.

P

remier principe actif agissant par blocage des récepteurs de type 1 de l’angiotensine II dans la pharmacopée vétérinaire, le telmisartan est une molécule innovante intéressante par sa rapidité d’action, son efficacité et sa tolérance [3]. Le telmisartan exerce un effet antagoniste compétitif sur les récepteurs AT-1, de façon très sélective, durable et réversible. ● Cette action ciblée permet une inhibition différente et plus complète du système-rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) que celui exercé par les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA). ● Il existe en effet d’autres voies de synthèse de l’angiotensine II que celle de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, qui ne sont

Unité de Pharmacologie et Toxicologie Oniris BP 40706 44307 Nantes cedex 03

Encadré - Rappel sur la réponse du système-rénine-angiotensine-aldostérone lors d’insuffisance rénale chronique chez le chat

Lors d’insuffisance rénale chronique chez le chat, le débit de filtration glomérulaire diminue par pertes néphrotiques. ● En réponse, le système-rénine-angiotensinealdostérone (SRAA) est activé pour augmenter la volémie et la pression artérielle et rétablir ainsi, le débit de filtration glomérulaire. ● Des effets délétères surviennent à moyen et à long terme, d’où la nécessité de bloquer l’action de l’angiotensine II. ●

Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre le mécanisme du telmisartan comme inhibiteur de l’action de l’angiotensine II. ❚ Savoir utiliser le telmisartan dans l’insuffisance rénale chronique du chat.

pas bloquées par les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) (encadré) [1, 11, 12]. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique ● Après administration de 1 mg/kg de telmisartan par voie orale chez le chat, l’absorption est rapide et la concentration plasmatique maximale est atteinte en 20 à 30 min. La présence d’aliments ne modifie pas son absorption [3]. ● Chez le chat, la biodisponibilité s’élève à 30 p. cent après administration orale [3, 12]. ● La haute liposolubilité du telmisartan lui confère une grande perméabilité membranaire, donc une distribution très large. D’après une étude menée chez le chien, chez le rat et chez l’homme, il se lie à plus de 99,5 p. cent aux protéines plasmatiques, notamment à l’albumine et à l’α1-glycoprotéine. Cela n’altère pas sa distribution tissulaire grâce à son grand volume de distribution et sa clairance plasmatique élevée [12].

PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES Dénomination chimique : [1,1’-biphenyl]-2-carboxylic acid, 4’-[(1,4’-dimethyl-2’-propyl[2,6’-bi-1H-benzimidazol]-1’yl)methyl]-(CAS) ● Dénomination commune internationale : Telmisartan ● Autre dénomination : BIBR277 ● Dénomination commerciale : - Semintra® 4 mg/mL ●

Caractéristiques Le telmisartan est un acide faible très lipophile à

Figure 1 - Structure chimique du telmisartan

Essentiel ❚ Le telmisartan est indiqué dans le cadre de l’insuffisance rénale chronique chez le chat. ❚ Le telmisartan est un antagoniste puissant des récepteurs AT-1 à l’angiotensine II. ❚ Le telmisartan offre une alternative de traitement aux inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine dans l’insuffisance rénale chronique du chat.

CH3

N N

CH3

N O

N

OH

CH3

RUBRIQUE un pH physiologique. Il se présente sous la forme d’une poudre cristalline blanche [11].

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 281


69-71 Revue Internationale 61 BAT R°_Revue internationale NPC 49 14/03/2016 11:20 Page69

revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - Vet Radiol Ultrasound - JAVMA - Journal of Vet Internal Medicine

2015;56(3):317-26 2015;247:765-70, 2015;247:393-403 ......................................................................................................................................................................................................... 2015;29(5):1368-75

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Cancérologie - Le traitement des carcinomes péri-oculaires et des carcinomes épidermoïdes de stade avancé de la tête chez le chat : l’électroporation potentialise l’efficacité de la bléomycine

Anesthésie - Anesthésie gazeuse :

effet du réchauffement sur la température corporelle de petits chiens

Digestif / Thérapeutique - Durée de survie des chiens atteints d’hémangiosarcome splénique traités par splénectomie avec ou sans chimiothérapie adjuvante

Imagerie - Évaluation à l’échographie de la taille des surrénales chez des chiens normaux, en corrélation avec leur poids Synthèses rédigées par Pauline Fick, Franck Floch, Anaïs Prouteau, Maïa Vanel,

un panorama des meilleurs articles LE TRAITEMENT DES CARCINOMES PÉRI-OCULAIRES ET DES CARCINOMES ÉPIDERMOÏDES DE STADE AVANCÉ DE LA TÊTE CHEZ LE CHAT : l’électroporation potentialise l’efficacité de la bléomycine ● Les carcinomes épidermoïdes représentent 15 à 50 p. cent des tumeurs cutanées chez le chat. Ces tumeurs sont fréquemment diagnostiquées à un stade avancé en raison de leur évolution insidieuse. Les traitements conventionnels, chirurgie et radiothérapie, ne sont pas dénués de préjudice esthétique ou fonctionnel, compte-tenu de la localisation préférentielle de ces tumeurs sur la tête. ● L’électrochimiothérapie (ECT) constitue une alternative thérapeutique intéressante.

Matériel et méthodes ● Vingt et un chats avec un diagnostic histologique de carcinome péri-oculaire (Groupe 1), et 26 chats avec un diagnostic histologique de carcinome épidermoïde de stade avancé de la tête (Groupe 2), ont été inclus de façon prospective et non randomisée dans cette étude multicentrique menée en Italie. ● Ils ont reçu de la bléomycine seule par voie intraveineuse, ou en association avec une électroporation.

Résultats ● Douze chats du groupe 1 et quatorze chats du groupe 2 ont reçu une électroporation en plus de la bléomycine. Chaque traitement a été administré jusqu’à obtenir une régression complète de la lésion, ou jusqu’à progression de celle-ci. ● Les chats traités par électrochimiothérapie (ECT) ont reçu de deux à neuf séances, avec une

rémission complète dans 81 p. cent des cas, et une rémission partielle dans 7,5 p. cent des cas, tandis que les chats traités par bléomycine seule ont reçu de deux à 16 doses, avec une rémission complète dans 19 p. cent des cas, et une rémission partielle dans 14 p. cent des cas. ● Le temps médian de contrôle de la maladie tumorale sans progression a été de 30,5 mois pour les chats traités par ECT, et de 3,9 mois seulement pour les chats traités par bléomycine seule. ● Tous les chats traités par bléomycine seule sont morts en lien avec la progression de leur tumeur dans un délai de 0 à 16 mois, contre sept des 26 chats traités par ECT seulement. ● Aucun effet secondaire systémique n’a été rapporté, tandis que de discrets effets secondaires immédiats et transitoires de nature inflammatoire ont été rapportés chez certains chats traités par ECT. Discussion et conclusion Cette étude démontre l’intérêt de l’association bléomycine et électroporation dans le traitement des carcinomes de stade avancé de la tête chez le chat, avec un taux de réponse globale de 89 p. cent, et très peu d’effets secondaires immédiats ou retardés. ● L’électroporation permet une entrée de la bléomycine dans les cellules tumorales augmentée de 700 fois, induisant ainsi une meilleure cassure des brins d’ADN. r ●

Cancérologie

Objectif de l’étude ❚ Comparer l’efficacité et les effets secondaires de la bléomycine seule et de la bléomycine associée à une électroporation (électrochimiothérapie) dans le traitement des carcinomes péri-oculaires et des carcinomes épidermoïdes de stade avancé de la tête chez le chat.

u Journal of Vet Internal Medicine 2015;29(5):1368-75 Electroporation enhances bleomycin efficacy in cats with periocular carcinoma and advanced squamous cell carcinoma of the head Spugnini EP, Pizzuto M, Filipponi M, coll.

Synthèse par Franck Floch, Oncovet, Villeneuve d’Ascq (59)

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 285 - DÉCEMBRE 2015


Test clinique Réponses BOUCHER - Pseudo-gale VERSO_gabarit NPE âne 14/03/2016 11:16 Page72

test clinique

observation originale

les réponses

à propos d’un cas de pseudo-gale déplumante à Megninia sp.

Samuel Boucher1 Matthieu Pinson2 Franck Belaud1 1Labovet

conseil (Réseau Cristal) BP 539 85505 Les Herbiers cede 2Labovet conseil (Réseau Cristal) BP 627 85300 Challans

sur des poules fermières 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● Une phtiriose ou une acariose des plumes sont les hypothèses diagnostiques envisagées.

disponible sur www.neva.fr

2 Observation de la femelle (x 200) au microscope optique.

3 Détail des pattes (x 500) au microscope optique après traitement au chlorolactophénol.

4 Présence de ventouses des pattes (x 500) au microscope optique après traitement au chlorolactophénol.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 288 - DÉCEMBRE 2015

2 Quels examens complémentaires mettez-vous en œuvre ? ● Un prélèvement est effectué à la base des plumes à l’aide de l’extrémité d’une lame de scalpel. Le produit de raclage est mis dans un premier temps entre lame et lamelle, simplement dans une goutte d’eau. ● L’observation directe montre des structures animales mobiles faisant penser à des acariens. Ils ont quatre paires de pattes et ne possèdent pas d’ailes. Leurs corps ne sont pas segmentés. On distingue deux types d’animaux, les uns ayant des pattes assez longues, les autres des pattes un peu plus courtes. ● Une préparation plus fine est réalisée en mettant les supposés parasites entre lame et lamelle dans une goutte de chlorolactophénol. Les structures sont légèrement décolorées. La lame est observée au microscope (grossissement 200, puis 500) (photos 1, 2, 3, 4). ● L’utilisation d’un micromètre nous permet de mesurer précisément les animaux. Les plus gros mesurent 275 µm de long et 175 µm de large, les plus petits 265 µm de long et 145 µm de large. ● Les corps sont ovalaires, on ne voit pas de stigmate, les pédipalpes sont petits. Les pattes sont réparties par paires symétriquement, en deux groupes. Elles dépassent le rostre à l’avant et le bord postérieur du corps à l’arrière. Elles se terminent par une ventouse portée par un pédicule court ou une griffe. Les pattes I et II présentent des protubérances triangulaires. On note la présence de plaques chitineuses dorsales en bouclier. Les acariens adultes (ils ont quatre paires de pattes) se répartissent en deux groupes : l’un présentant des pattes III et IV de longue taille, l’autre montrant des pattes III et IV plus ou moins atrophiées. ● Tous les sujets observés dans chacun des groupes (pattes longues ou atrophiées) sont

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Observation du mâle (x 200) au microscope optique (photos Samuel Boucher).

Encadré - Cycle de vie de Megninia sp. Le cycle de vie de Megninia sp. se déroule sur l’hôte. Le parasite reste caché dans le plumage toute sa vie. ● Des œufs sont pondus sur les plumes, puis donnent naissance à des larves, une protonymphe et une deutonymphe avant de donner un adulte sexué. ●

de même taille. Ils ont tous quatre paires de pattes. On en conclut qu’on n’a pas de larves (qui auraient trois paires de pattes), ou même de nymphe qui serait plus petite bien que comportant quatre paires de pattes. ● Les éléments de diagnose recueillis nous orientent vers un acarien du genre Megninia (encadré). La diagnose d’espèce semble impossible avec une simple observation. Nous avons envoyé les lames au service de parasitologie d’Oniris où cette diagnose a pu être confirmée. 3 Quel traitement proposez-vous ? ● Avant de venir en consultation, le propriétaire des oiseaux a essayé de les traiter avec une poudre acaricide du commerce à base de plantes. Le traitement n’a pas été couronné de succès. ● Après la consultation, une poule est morte, deux ont été sacrifiées par le propriétaire. ● Toute la difficulté dans ce type de cas est de trouver un traitement antiparasitaire compatible avec la ponte des poules. Il est en effet difficile de trouver une spécialité vétérinaire ayant un temps d’attente nul pour les œufs.


Test clinique Réponses BOUCHER - Pseudo-gale VERSO_gabarit NPE âne 14/03/2016 11:16 Page73

test clinique - un cas de pseudo-gale déplumante à Megninia sp. sur des poules fermières ● Un traitement a donc été conseillé avec un topique (poudre antiparasitaire à base d’essence de géranium, contenant 0,1 p. cent de géraniol) à mettre directement sur les plumes, à raison d’une application par jour, pendant 6 jours. ● La paille du poulailler a été brûlée et celuici a été conjointement traité avec une spécialité organophosphorée à base de phoxime (500 mg/ml) qui a un temps d’attente de 12 h pour les œufs. Ce produit est habituellement destiné au traitement des poulaillers lors d’infestations par le pou rouge des volailles (Dermanyssus gallinae), dans les bâtiments d'élevage de poulettes et de poules pondeuses, en présence des animaux. On a préparé une solution à pulvériser à 2000 ppm de phoxime, puis la solution a été pulvérisée sur toutes les surfaces boisées intérieure et extérieure du poulailler. ● Les œufs ont été retirés avant l’application du traitement et cassés le lendemain. Le surlendemain, ils ont pu être à nouveau consommés. ● Une semaine après le traitement, l’oiseau infesté survivant ne présente presque plus de squames blanchâtres et le prélèvement deplumes ne nous permet plus de mettre plus en évidence de parasite. Les poules (malade ou ajoutées dans le poulailler pour remplacer les mortes après l’épisode parasitaire) ont un habitus normal, mangent et caquètent.

DISCUSSION ● Les parasites du genre Megninia sont rencontrés chez de nombreuses espèces d’oiseaux sauvages ou domestiques. Les poules présentées à la consultation n’étaient pas en contact direct avec des oiseaux sauvages potentiellement infestés. ● Cependant, quelques jours avant l’apparition des premiers signes cliniques, le propriétaire avait acheté deux autres poules sur un marché local. Il les avait mises directement avec ses autres gallinacés. Est-ce là la source de contamination ? La parasitose s’est vite développée et le propriétaire a sans doute un peu trop attendu avant de traiter. ● Les acariens du genre Megninia qui parasitent les oiseaux créent ce que l’on appelle une pseudo-gale. En effet, ils se nourrissent de graisses animales du plumage, de champignons de la peau, et de squames mais ne creusent pas de galerie dans la peau. Comme pour les gales, l’oiseau parasité présente un prurit et une dermatite parfois sévères mais le parasite vit sur la peau et

ne pénètre pas l’épiderme comme dans les cas de gale vraie. Certains auteurs émettent l’hypothèse de réactions allergiques et de pyodermites entraînant des chutes de ponte de l’ordre de 20 p. cent. ● Plus de 25 espèces d’acariens sont capables de provoquer une pseudo-gale chez les oiseaux. En France, on ne retrouve que très rarement quelques espèces du genre Megninia sur des oiseaux élevés en poulailler hors sol moderne. ● Les parasites plumicoles du genre Megninia provoquent peu de dégâts économiques sur les oiseaux eux-mêmes mais ils provoquent des chutes de ponte suite à une spoliation entraînant une malnutrition, des pertes de plumes et des dermatites. ● Dès lors, les oiseaux parasités présentent des lésions telles que celles que nous avons décrites. La kératinisation excessive de la tête, par ailleurs complètement déplumée, peut s’expliquer par un prurit intense ayant entraîné une hyperkératose. ● Chez les poulets domestiques, on peut trouver l'une ou l'autre de trois espèces du genre Megninia : M. cubitalis, M. ginglymura et M. ortari. Ces espèces ont été jusqu'à présent confondues les unes avec les autres si bien qu'aujourd'hui, malgré l'abondante littérature accumulée depuis les années 1870, il est impossible de préciser les hôtes, la répartition géographique et le pouvoir pathogène de chacune de ces espèces avec précision. ● Chez les pigeons domestiques, il n’est pas rare de voir une pseudo-gale due à un autre acarien plumicole : Syringophilus. Le pigeon parasité est dérangé et, de ce fait, couve très mal ce qui engendre des mortalités embryonnaires, les nids étant vite abandonnés. CONCLUSION Ce cas clinique de pseudo-gale à Megninia est extrêmement rare en France sur les oiseaux vivants dans les poulaillers hors sol. Cette pseudo-gale est, en revanche, parfois observée sur des poules fermières ayant des contacts avec des oiseaux sauvages. ● La difficulté ne réside pas seulement dans la diagnose d’espèce mais aussi dans le traitement, qui n’est pas compatible avec la consommation des œufs issus des poules traitées. Dans ce cas, un produit à base d’essence de géranium sur les oiseaux et un organophosphoré autorisé sur les bâtiments des poules en ponte ont permis de résoudre cette difficulté et de venir à bout de l’infestation. r ●

En pratique ❚ Toute la difficulté dans ce type de cas est de trouver un traitement antiparasitaire compatible avec la ponte des poules.

Références 1. Do Carmo Rezende L, Maciel Cunha L, Mara Teixeira C, coll. Mites affecting hen egg production - some considerations for Brazilian farms. Ciência Rural. 2013;43(7):1230-7. 2. Do Carmo Rezende L, Maciel Cunha L, Rodrigo Da Silva Martins N, coll. Epidemiology of Megninia spp. in laying flocks from the State of Minas Gerais, Brazil. J. Vet. Parasitol. 2015;24(2):198-203. 3. Gaud J, Atyeo WT, Barré N. Les acariens du genre Megninia (Analgidae) parasites de Gallus gallus. Acarologia. 1985;26(2):171-82. 4. Gaud J, Rosen S, Hadani A. Les Acariens plumicoles du genre Megninia parasites des poulets domestiques. Science véterinaires médecine comparée. 1988;90:83-98. 5. Hernandez M, coll. Ectoparasites diagnosed in laying hens from comercial farms in Cuba. Information of the presence of a new mite from the feathers: Megninia ortari (Acari Analgesidae). Revista Cubana de Ciencia Avícola. 2006;30(1):49-54. 6. Hernandez M, coll. Dynamics of parasitic population : Megninia ginglymura Mégnin (Acari Analgidae) : modelling criteria. Revista Cubana de Ciencia Avícola. 2012;31(2):127-34. 7. Shoshana R, Hadani A, Perlstein Z. The occurrence of Megninia hologastra (analgidae Gaud, 1974) on poultry in Israel. Avian Pathology. 1988;17(4):921-3. 8. Tucci EC, coll. Infestação por Megninia spp. em criação industrial de aves produtoras de ovos para consumo. Arquivos do Instituto Biológico. 2012;72(1):121-4.

Les auteurs déclarent ne pas être en situation de conflit d’intérêt.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 13 / n°61 DÉCEMBRE 2015 - 289


EN CAS D’INGESTION ACCIDENTELLE ... À BOIRE

A4 – AP Carbodote 07/15

BIEN NOIR.

CARBODOTE Laissez sa nature agir 2 à 5 ml/kg


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