LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine - féline - N°64 - NOVEMBRE 2016 DOSSIER : LES MALADIES DE L’ŒSOPHAGE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT
Couv NPC 64 BAT_Couv NPC 49 02/12/2016 20:28 Page1
gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline
Volume 14
N°64 NOVEMBRE 2016 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)
indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
• Veterinary Bulletin (CAB International)
• CAB Abstracts Database
- Les signes d’appel des affections de l’œsophage chez le chien et le chat - Place des examens para-cliniques dans le diagnostic des affections œsophagiennes chez le chien - Les œsophagites et les sténoses œsophagiennes : diagnostic, traitement et prévention chez le chien
DOSSIER
LES MALADIES DE L’ŒSOPHAGE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT
Grand méconnu que l’œsophage ! Pourtant la pathologie œsophagienne est riche et la pharmacopée œsophagienne n’est pas indigente, mais mal maîtrisée, et souvent difficile à administrer ...
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Test clinique : Une masse abdominale chez un chat européen de 12 ans - Tests de formation continue - Revue de presse internationale : Synthèse de Neurologie
- Les anomalies de la phase oro-pharyngée chez le chien et le chat - Les corps étrangers œsophagiens chez le chien - Le mégaœsophage chez le chien et le chat : conduite à tenir diagnostique et thérapeutique - Nutrition - Les sondes d’œsophagostomie : comment les utiliser en pratique
Féline - Les affections de l'œsophage chez le chat
Rubriques - Techniques chirurgicales Entérotomie et entérectomie - Chirurgie - Le volvulus mésentérique : le comprendre et mener à bien sa prise en charge
Sommaire NPC 64 BAT_PP 3 Sommaire 02/12/2016 20:19 Page3
Volume 14
N°64
sommaire Plus d’informations sur www.neva.fr
DOSSIER LES MALADIES DE L’ŒSOPHAGE chez le chien et le chat
Éditorial Laurent Guilbaud Test clinique - Une masse abdominale chez un chat européen de 12 ans Alejandro Bandres
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CANINE - FÉLINE - Les signes d’appel des affections de l’œsophage chez le chien et le chat Marine Hugonnard - Place des examens para-cliniques dans le diagnostic des affections œsophagiennes chez le chien Amandine Drut - Les œsophagites et les sténoses œsophagiennes : diagnostic, traitement et prévention chez le chien Dominique Blanchot - Les anomalies de la phase oro-pharyngée chez le chien et le chat Julien Debeaupuits, Laurent Gouardo, Édouard Aletti - Les corps étrangers œsophagiens chez le chien : conduite à tenir Alexandra Gabriel, Anaïs Lamoureux - Le mégaœsophage chez le chien et le chat : conduite à tenir diagnostique et thérapeutique Virginie Fabrès, Rachel Lavoué - Nutrition - Les sondes d’œsophagostomie : comment les utiliser en pratique Alexandre Fournet, Mathieu Manassero
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revue de formation à comité de lecture
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FÉLINE - Les affections de l'œsophage chez le chat Nicolas Soetart, Amandine Drut
indexée dans les bases de données :
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• Index Veterinarius (CAB International)
RUBRIQUES - Techniques chirurgicales - Entérotomie et entérectomie Mathieu Manassero, Adeline Decambron, Véronique Viateau - Chirurgie - Le volvulus mésentérique : le comprendre et mener à bien sa prise en charge Quentin Cabon, Thibaut Cachon
• Veterinary Bulletin (CAB International)
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• CAB Abstracts Database
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
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FMCvét - formation médicale continue vétérinaire Revue de presse internationale - Notre sélection
CANINE - FÉLINE
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par Nicolas Soetart
- Neurologie - Comparaison des signes cliniques et de l’évolution associés aux myélopathies ischémiques et aux extrusions discales aiguës non compressives chez le chien
FÉLINE RUBRIQUE
Test clinique - Les réponses
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Tests de formation continue - Les réponses
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Observations, synthèses et données originales
Souscription d’abonnement en page 69 et sur www.neva.fr
FMC Vét
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016 - 146
SPLENOMÉGALIE CHEZ UN CHAT EUROPEEN DE 12 ANS Test clinique NPC Questions 15/11_mise en page 16/11/2016 20:33 Page4
gestes et gestion
LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine féline
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Dominique Fanuel (Oniris) Pascal Fayolle (École d’Alfort) Marc Gogny (École d’Alfort) Roger Mellinger
Rédacteurs en chef scientifiques
Alejandro Bandres
disponible
Colette Arpaillange (praticien) Anne Gogny (Reproduction, Oniris) Christophe Hugnet (praticien)
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Comité de rédaction Philippe Baralon Xavier Berthelot (Reproduction, E.N.V.T.) Géraldine Blanchard (Alimentation - nutrition) Corine Boucraut-Baralon (Diagnostic) Séverine Boullier (Microbiologie, E.N.V.T.) Eddy Cauvin (Imagerie, praticien) Valérie Chetboul (Cardiologie, E.N.V.A.) Luc Chabanne (Immunologie - Hématologie, VetAgro Sup) Jean-Claude Desfontis (Pharmacie - toxicologie, Oniris) Armelle Diquelou (Médecine, E.N.V.T.) Francis Fieni (Reproduction, Oniris) Alain Fontbonne (Reproduction, E.N.V.A.) Marion Fusellier (Imagerie, Oniris) Didier Fau (Chirurgie, VetAgro Sup) Isabelle Goy-Thollot (Urgences, VetAgro Sup) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Olivier Jongh (Ophtalmologie, praticien) Christelle Maurey (Médecine interne, néphrologie, E.N.V.A.) Didier Pin (Dermatologie, VetAgro Sup) Xavier Pineau (Toxicologie, VetAgro Sup) Nathalie Priymenko (Reproduction, E.N.V.T.) Benoît Rannou (Biologie fonctionnelle, VetAgro Sup) Odile Sénécat (Médecine interne, Oniris) Renaud Tissier ((Pharmacie - toxicologie, E.N.V.A.) Éric Viguier (Chirurgie, VetAgro Sup) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. CEE : 60 € Institutions : 120 € T.T.C.
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epuis 6 jours, un chat européen mâle stérilisé de 12 ans est abattu et présente une anorexie. Il est nourri avec de la pâtée et des croquettes, de marque non rapportée. Il n’est pas à jour de ses vaccins. Traité avec du Frontline Combo® (fipronil) tous les 2 mois et il n’est pas vermifugé. l Le chat a commencé à refuser de manger, à avoir des signes de nausée, à boire peu et semblait abattu. Sa propriétaire l’a emmené chez son vétérinaire traitant, qui a détecté une masse abdominale à la palpation. l Un traitement à base de Laxatone® (huile de paraffine) et Cerenia® (maropitant) 1 mg/kg a été mis en place. Ne voyant pas d’amélioration malgré le traitement, le propriétaire est retourné chez son vétérinaire, qui, suspectant une occlusion intestinale l’a référé. l L’examen clinique général montre un animal abattu. L’animal présente une bradycardie à 130 bpm et des muqueuses pâles et collantes. Á la palpation abdominale, une masse ferme en forme de disque de 5 cm de diamètre et de 2 cm d’épaisseur est repérée au niveau abdominal crânial, suspectée de concerner la rate. Par ailleurs, il souffre de pulicose.
comité de lecture
SARL au capital de 7622 € Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey
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Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 147 - SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
une masse abdominale chez un chat européen de 12 ans
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Jérôme Abadie Hélène Arnold-Tavernier Jean-François Bardet Michel Baron Dominique Begon Jean-Jacques Bénet Stéphane Bertagnoli Emmanuel Bensignor Éric Bomassi Samuel Boucher Didier Boussarie Isabelle Bublot Samuel Buff Claude Carozzo Eddy Cauvin Laurent Cauzinille René Chermette Cécile Clercx (Liège)
Laurence Colliard Arnaud Colson Laurent Couturier Julien Debeaupuits Jack-Yves Deschamps Patrick Devauchelle Olivier Dossin Pauline de Fornel Alain Ganivet Annabelle Garand Laurent Garosi Frédéric Gaschen Jean-Pierre Genevois Emmanuel Gaultier Dominique Grandjean Laurent Guilbaud Juan Hernandez Marine Hugonnard
Ancien interne animaux de compagnie École Vétérinaire de Nantes (Oniris) Rue Berna 3, 6ºD 50003, Saragosse, Espagne
1 Vue du chat hospitalisé le jour de l’admission, une voie veineuse avec un cathéter sur la veine céphalique pour mettre sous perfusion a été posée Photo Service Urgences et soins intensifs, Oniris).
➜ Ce chat est donc présenté avec une atteinte marquée de l’état général, caractérisée par une anorexie, une déshydratation modérée et des nausées associées à une organomégalie abdominale crâniale. 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 2 Quels examens effectuer ? 3 Quels traitements mettre en œuvre ? Réponses à ce test page 70
Catherine Ibisch Laetitia Jaillardon Nicolas Jardel Jean-Pierre Jégou Renaud Jossier Stéphane Junot Dimitri Leperlier Bertrand Losson Pierre Maisonneuve Yassine Mallem Laurent Marescaux Lucile Martin-Dumon Philippe Masse Pierre Moissonnier Pierre Paillassou Bernard-Marie Paragon Mélanie Pastor Jean-Marc Person
Luc Poisson Jean-Louis Pouchelon Hervé Pouliquen Pascal Prélaud Alain Régnier Brice Reynolds Florence Roque Dan Rosenberg Patricia Ronsin Émilie Rosset Yves Salmon Brigitte Siliart Ouadji Souilem (Tunisie) Isabelle Testault Jean-Laurent Thibaud Isabelle Valin Michaël Verset Émilie Vidémont-Drevon
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éditorial La pathologie œsophagienne est riche et la pharmacopée œsophagienne n’est pas indigente, mais mal maîtrisée, et souvent difficile à administrer ...
G
rand méconnu que l’œsophage ! Simple tube reliant la bouche à l’estomac ? La pathologie œsophagienne est riche : inflammation, troubles de la motricité, obstruction intra ou extra-luminale du fait de son trajet médiastinal (corps étranger, anomalie anatomique, tumeur, parasites), brûlure chimique. Symptomatologie difficile entre vomissements, régurgitations et reflux ; troubles de la déglutition (dysphagie) ou douleur à la déglutition (odynophagie) ; ptyalisme ou simple anorexie. L’œsophage est aussi révélateur d’affections systémiques : troubles hydro-électrolytiques, endocriniens, nerveux, immunologiques. Son exploration est délicate car c’est un organe difficile à visualiser ou à marquer, et les tests sanguins disponibles sont souvent mal maîtrisés. Combien sont ceux qui se sont évertués à réaliser un transit baryté œsophagien ? Si, par hasard, il est dilaté, bien souvent on ne pense même pas à lui. Ses extrémités (sphincters) sont également mystérieuses avec une jonction œsophagogastrique capricieuse ou, plus rarement, le sphincter œsophagien crânial qui refuse de s’ouvrir (achalasie). Le cardia mérite également toute notre attention. L’exploration de la jonction gastro-oesphagienne nécessite ainsi d’associer la sémiologie clinique, l’imagerie (radiographie, échographie, scanner, radioscopie) et l’endoscopie et l’échographie car les troubles peuvent être intermittents comme lors l’invagination gastro-oesophagienne. Bien souvent, la découverte d’une affection cardiale relève du hasard ou d’un concours de circonstances (sérendipité) : reflux, invagination, tumeur œsophagienne. Inversement, on néglige de rechercher les répercussions œsophagiennes d’une autre affection comme les troubles respiratoires obstructifs chez les races brachycéphales responsables d’un reflux douloureux qui aggrave la dyspnée, les troubles ioniques responsables d’un défaut de motricité, les troubles de la déglutition chez les animaux cardiaques ou dyspnéiques, les répercussions de la faiblesse musculaire chez l’animal âgé qui délaisse ses croquettes et préfère un aliment humide. Pourtant, la pharmacopée œsophagienne n’est pas indigente (topiques, antivomitifs, anti-sécrétoires, anti-inflammatoires, stimulant de la motricité), mais mal maîtrisée, et souvent difficile à administrer. Les traitements hygiéniques sont aussi négligés : texture des aliments mal adaptée à l’animal âgé, sonde d’alimentation trop rarement mise en œuvre, … L’œsophage mérite indéniablement ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline. Sont ainsi successivement envisagés les signes d’appel des affections de l’œsophage chez le chien et le chat (article de Marine Hugonnard), les examens para-cliniques dans le diagnostic des affections œsophagiennes chez le chien (Amandine Drut), les œsophagites et les sténoses œsophagiennes : leur diagnostic, leur traitement et leur prévention chez le chien (Dominique Blanchot), les anomalies de la phase oro-pharyngée chez le chien et le chat (Julien Debeaupuits et coll), le mégaœsophage chez le chien et le chat : conduite à tenir diagnostique et thérapeutique (Virginie Fabrès, Rachel Lavoué) et la conduite à tenir face aux corps étrangers œsophagiens chez le chien (Alexandra Gabriel, Anaïs Lamoureux). Les particularités des affections de l'œsophage chez le chat font l’objet d’une synthèse (Nicolas Soetart, Amandine Drut) et l’utilisation des sondes d’œsophagostomie en pratique est détaillée dans un article très illustré (Alexandre Fournet, Mathieu Manassero). n numéro riche de promesses pour mieux comprendre et mieux traiter. ❒
U
Laurent Guilbaud Chargé d’enseignement à VetAgro-sup, CEAV de Médecine Interne, CES de Diététique Canine et Féline Clinique Vétérinaire des Arcades 544 Boulevard Louis Blanc 69400 Villefranche/Saône
à suivre : ➜ Les affections de l’œsophage distal et de la jonction gastro-œsophagienne Émilie Krafft
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016 - 148
6-10 Signes d’appel affections œsophage VERSO BAT_Gabarit Bleu 30/11/2016 19:55 Page6
les signes d’appel des affections de l’œsophage chez le chien et le chat
Marine Hugonnard Campus Vétérinaire de Lyon, Service de Médecine Interne des Animaux de Compagnie, 1 avenue Bourgelat, 69 280 Marcy l’Étoile.
Les régurgitations sont le principal symptôme d’appel d’une affection œsophagienne. Trop souvent confondues avec des vomissements, elles s’en distinguent par l’absence d’efforts expulsifs. D’autres symptômes d’appel possibles d’une affection œsophagienne sont la dysphagie, l’odynophagie, le ptyalisme, la toux ou l’anorexie.
Objectifs pédagogiques z Savoir suspecter une affection œsophagienne. z Savoir hiérarchiser les hypothèses diagnostiques étiologiques en fonction de l’épidémiologie et de l’anamnèse.
Essentiel z Les régurgitations sont le symptôme d’appel cardinal d’une affection œsophagienne. z Des régurgitations apparaissant en post-sevrage doivent faire envisager un mégaœsophage ou une anomalie des arcs aortiques. z Des régurgitations d’apparition aiguë associées à une odynophagie doivent évoquer l’hypothèse d’un corps étranger œsophagien ou d’une sténose œsophagienne. z Des régurgitations apparaissant après une chirurgie doivent faire penser à une sténose œsophagienne ou à une œsophagite.
CANINE - FÉLINE
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es affections œsophagiennes chez le chien et le chat s’expriment le plus souvent par des régurgitations, qu’il s’agisse d’affections inflammatoires, motrices ou obstructives de l’œsophage [3, 7]. Les affections inflammatoires ou obstructives de l’œsophage sont fréquemment accompagnées d’odynophagie (déglutition douloureuse), de dysphagie (difficulté à accomplir l’action de manger), de ptyalisme et d’anorexie en combinaison variable. Parfois, une toux, un jetage, une dyspnée et/ou une fièvre constituent le motif de consultation principal d’une atteinte œsophagienne. Ils sont alors le témoin indirect de l’affection œsophagienne dont la complication la plus fréquente est la bronchopneumonie par fausse déglutition*. ● Cet article introductif détaille les symptômes d’appel des affections œsophagiennes en soulignant les particularités liées à l’espèce. Il aborde les pièges sémiologiques pour limiter les risques de confusion entre une dysphagie oro-pharyngée, œsophagienne et des vomissements. Il propose des clés pour hiérarchiser les hypothèses diagnostiques étiologiques après identification d’une affection œsophagienne. RECONNAÎTRE DES SIGNES D’APPEL D’AFFECTION ŒSOPHAGIENNE Sémiologie Les affections de l’œsophage peuvent être classées en atteinte fonctionnelle (mégaœsophage, hypomotilité œsophagienne, dysphagie crico-pharyngée), obstructives (corps étranger œsophagien, sténose cica-
●
z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 149 - SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
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Radiographie de profil du thorax d’un chien d’un an présenté pour vomissements évoluant depuis l’acquisition, après ingestion de croquettes enrobées de baryte. - La radiographie est diagnostique d’une dilatation focale de l’œsophage, le plus probablement consécutive à une anomalie d’un arc aortique. - Noter que dans ce cas, un interrogatoire ciblé du propriétaire n’a pas permis de mettre en évidence de régurgitations (photo Imagerie VetAgro Sup).
tricielle, anomalie des arcs aortiques, compression extrinsèque de l’œsophage) ou inflammatoires (œsophagite). ● La liste des principales affections œsophagiennes et leur traduction clinique sont synthétisées dans le tableau 1. Régurgitations ● Les régurgitations sont un signe d’appel fréquent et relativement spécifique d’une affection œsophagienne, sans être pathognomoniques (tableau 1). Elles sont le signe prédominant lors de mégaœsophage**. Dans une étude portant sur 33 chats atteints d’affection œsophagienne, 24 chats (73 p. cent) avaient des régurgitations confirmées ou suspectées [3]. ● Les régurgitations correspondent à l’expulsion passive d’aliments, d’eau ou de salive provenant de l’œsophage. Elles doivent être différenciées des vomissements (tableau 2). Le terme de régurgitations est exceptionnellement mentionné comme motif de consultation. Dans les rares cas où le propriétaire l’emploie, c’est rarement à bon escient. Aussi, lorsque les vomissements sont le motif de consultation et bien que les vomissements soient beaucoup plus
NOTE cf. les articles dans ce numéros : * “Les anomalies de la phase oro-pharyngée chez le chien et le chat ” de J. Debeaupuits. ** “Le mégaœsophage chez le chien et le chat : conduite à tenir diagnostique et thérapeutique” de R. Lavoué et V. Fabrès.
11-17 Place examens para-cliniques BAT_Gabarit Bleu 30/11/2016 20:06 Page11
les examens para-cliniques dans le diagnostic des affections œsophagiennes chez le chien Lors d’affection œsophagienne, des examens de laboratoire dits “de routine” (analyse biochimique sanguine, hémogramme, analyse urinaire, voire analyse coproscopique parasitaire) et des examens radiographiques sans préparation du thorax et de la région cervicale sont à effectuer de prime abord. Ces examens de première intention justifient parfois la réalisation d’examens de laboratoire spécifiques, d’une œsophagographie ou d’un examen endoscopique.
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ans le diagnostic des affections œsophagiennes, les examens paracliniques doivent être intégrés à une démarche médicale rigoureuse, dictée par la récolte de l’anamnèse et des commémoratifs, ainsi que par la réalisation d’un examen clinique complet qui inclut une évaluation du système nerveux. ● Observer l’animal en train de prendre un repas est indispensable pour caractériser les signes cliniques et pour localiser précisément l’atteinte (photo 1). Cet article présente les différentes étapes de la démarche diagnostique lors d’affection œsophagienne (figures 1, 2) et décrit les principales indications des examens para-cliniques recommandés. Un diagramme décisionnel peut constituer une aide au diagnostic mais le jugement clinique est toujours prioritaire. LES EXAMENS DE LABORATOIRE Les examens de laboratoire dits ” de routine ” Les examens de laboratoire dits ”de routine” incluent une analyse biochimique sanguine, un hémogramme, une analyse urinaire, voire une analyse coproscopique parasitaire dans les zones d’endémie de la spirocercose.
Amandine Drut Service de Médecine Interne des Carnivores Domestiques, Oniris École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantiques Site de la Chantrerie BP 50707 44307 Nantes Cedex 03
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les principales indications des examens para-cliniques dans le diagnostic des affections œsophagiennes. ❚ Penser à rechercher les principales complications. ❚ Établir une démarche médicale rigoureuse pour établir un diagnostic étiologique.
1 Observation d’un repas lors de l’examen clinique d’une chienne Beauceron de 8 ans présentant une dysphagie pharyngée (photo A. Drut, Service de Médecine Interne des Carnivores Domestiques, Oniris Nantes).
L’identification d’une affection causale à l’origine de l’atteinte œsophagienne
Définition
Une analyse biochimique sanguine peut orienter la démarche diagnostique vers une affection causale : - par exemple, une hyperkaliémie associée à une hyponatrémie suggère un hypocorticisme ; - une hyperlipémie, dans un contexte clinique compatible, constitue un élément de suspicion d’une hypothyroïdie ; - une augmentation de l’activité de la créatine kinase et de l’aspartate aminotransférase oriente la démarche diagnostique vers la recherche d’une myopathie. ● La découverte d’une protéinurie doit inciter à rechercher une maladie systémique (par exemple : lupus érythémateux systémique). ● Dans certaines zones géographiques, une analyse coproscopique parasitaire peut conduire à l’identification d’œufs de Spirocerca lupi. ●
❚ Une œsophagographie est un examen radiographique réalisé après ingestion de produit de contraste. Essentiel ❚ Une œsophagographie est indiquée lorsque l’examen radiographique sans préparation ne révèle pas d’anomalie ou ne permet pas d’obtenir un diagnostic de certitude. ❚ Un examen endoscopique est recommandé lorsque des anomalies de la muqueuse œsophagienne ou des anomalies visibles dans la lumière œsophagienne sont suspectées.
La recherche des complications liées à l’atteinte œsophagienne ● Une analyse biochimique et un hémogramme permettent de détecter d’éventuelles complications liées à l’atteinte œsophagienne, telles qu’une malnutrition pouvant engendrer une hypoalbuminémie et une anémie non régénérative (photo 2), ou une pneumonie par aspiration, susceptible de s’accompagner d’une leucocytose neutrophilique.
CANINE - FÉLINE
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016 - 154
18-22 OESOPHAGITES ET STENOSES V° BAT2_Gabarit Bleu 30/11/2016 20:29 Page18
les œsophagites
et les sténoses œsophagiennes chez le chien diagnostic, traitement et prévention
Dominique Blanchot Clinique Vétérinaire Occitanie 185 Avenue des États-Unis 31200 Toulouse
Les signes cliniques, les moyens de traitement des œsophagites et des sténoses œsophagiennes sont présentés dans cet article.
Objectifs pédagogiques ❚ Reconnaître les signes cliniques d’appel d’une œsophagite ou d’une sténose œsophagienne. ❚ Connaître les éléments du diagnostic des œsophagites et des sténoses œsophagiennes. ❚ Connaître les principes de traitement des œsophagites et des sténoses œsophagiennes chez le chien et le chat.
L
’œsophagite est une inflammation aiguë ou chronique de la muqueuse œsophagienne pouvant atteindre parfois les couches plus profondes (muscularis mucosae et sous-muqueuse). Les sténoses œsophagiennes sont caractérisées par un rétrécissement pathologique de la lumière de l’œsophage et peuvent être, entre autres, la conséquence d’œsophagites non traitées. Cet article propose une synthèse des principales causes d’œsophagites et de sténoses œsophagiennes. Les symptômes ainsi que les moyens de diagnostic et les traitements sont abordés.
Figure 1 - Principales causes d’œsophagite
❶ Le reflux gastro-œsophagien ❷ Les corps étrangers ❸ L’ingestion de produits caustiques ❹ Les brûlures thermiques ❺ L’ingestion de médicaments (doxycycline, clindamycine)
❻ Les agents infectieux (rare)
LES ŒSOPHAGITES Étiologie L’inflammation de l’œsophage peut être la conséquence d’un certain nombre d’affections et peut survenir à tout âge : - reflux gastro-œsophagien ; - corps étrangers ; - ingestion de produits caustiques ; - brûlures thermiques ; - ingestion de médicaments (doxycycline, clindamycine) ; - agents infectieux (rare) (figure 1). ● Les causes infectieuses sont rares chez l’animal et surviennent essentiellement chez des sujets immunodéprimés. ● Chez le chat, le calicivirus, l’herpès virus, les coronavirus ont été mis en cause. ● Les œsophagites sont plus fréquentes chez le chien que chez le chat. Dans cette espèce, certains médicaments comme les tétracyclines et la clindamycine sont mis en cause dans l’apparition d’œsophagites parfois sévères dans cette dernière espèce [2, 8]. ● Toutefois, les œsophagites les plus souvent observées sont liées à un traumatisme local : ●
Signes cliniques d’appel ❚ Les signes cliniques d’appel d’une œsophagite ou d’une sténose œsophagienne sont les symptômes d’une dysphagie œsophagienne avec la présence de régurgitations plus ou moins importantes.
CANINE - FÉLINE
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 161 - SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
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Œsophagite post-traumatique suite à l’ingestion d’un os chez un Westie de 9 ans (photo D. Blanchot).
ingestion de produits caustiques, présence prolongée de corps étranger (photo 1), ingestion de substances chaudes et surtout, présence de reflux gastro-œsophagiens trop fréquents [5]. Ces reflux s’observent à la suite d’une anesthésie générale par diminution du tonus du sphincter œsophagien caudal (barbituriques) [1], de la présence d’une hernie hiatale et lors de syndrome obstructif des brachycéphales (photo 2). Clinique ● Les symptômes sont souvent discrets et peu caractéristiques : toux d’origine indéterminée, hypersalivation, régurgitations de liquide le matin ou à la suite d’un effort physique, dysorexie et postures traduisant une douleur ou un inconfort. ● Lors de lésions plus importantes, un syndrome dysphagique apparaît avec régurgitations, anorexie, déglutitions
23-28 Anomalies phase oro-pharyngée BAT_Gabarit Bleu 30/11/2016 20:37 Page23
les anomalies
de la phase oro-pharyngée Julien Debeaupuits Laurent Gouardo Édouard Aletti
chez le chien et le chat
Clinique vétérinaire SQYVET 42, route de Chartres
Les dysphagies sont des affections fréquentes chez le chien, plus rares chez le chat. Les causes en sont très variées : corps étranger, sténose, tumeur, ... La régurgitation est la manifestation clinique la plus fréquente. Les dysphagies sont classées selon la phase de la déglutition qui est atteinte. La radiographie est un examen de choix pour évaluer la principale complication, la bronchopneumonie. Une vidéofluoroscopie peut se révéler nécessaire pour établir le diagnostic d'une dysphagie (en particulier lors d'atteinte d'atteinte cricopharyngée).
L
a dysphagie est un terme non spécifique caractérisant une anomalie de la déglutition. On considère l'origine d'une dysphagie en prenant en compte la phase de la déglutition qui est atteinte. Ainsi, les dysphagies peuvent être d'origine oropharyngée, œsophagienne ou gastroœsophagienne [4, 12] (photo 1). Cet article s'intéresse exclusivement aux anomalies de la phase oro-pharyngée (figure 1).L Son objectif est de présenter les notions de dysphagies et de régurgitations en se focalisant sur les anomalies de la phase oro-pharyngée (encadré 1).
78190 Trappes
Objectifs pédagogiques z Établir une démarche
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Chiot avec retard de croissance et cachexie souffrant d’achalasie cricopharyngée (photo J. Debeaupuits).
Après avoir présenté les grandes phases de la déglutition, nous abordons les affections pouvant atteindre cette phase et proposons une démarche diagnostique en trois temps. Tout d'abord, il s'agit de caractériser la dysphagie, en s'appuyant sur l'anamnèse et un examen clinique rigoureux. Ensuite, il convient de rechercher la cause de la dysphagie en réalisant des examens complémentaires. Enfin, il s'agit de rechercher les éventuelles complications.
diagnostique lors de dysphagies concernant la phase oro-pharyngée de la déglutition. z Connaître les principales hypothèses lors de dysphagie oro-pharyngée. z Connaître les différences sémiologiques et cliniques entre régurgitations et vomissements.
LE BILAN ANAMNESTICO-CLINIQUE, LORS DE DYSPHAGIE ORO-PHARYNGÉE l Le contexte d’apparition et d'évolution des régurgitations est une donnée majeure : apparition à la naissance, aggravation après le sevrage, difficultés à la déglutition, absence de modification du comportement alimentaire, régurgitation immédiate, retard de croissance, … l L'anamnèse est essentielle pour l'exploration d'une dysphagie [3]. En effet, les signes cliniques ne sont habituellement pas observés lors de l'examen clinique et il est
Essentiel z Les dysphagies peuvent être d'origine oropharyngée, œsophagienne ou gastro-œsophagienne. z La régurgitation est une des manifestations cliniques de la dysphagie.
Figure 1 - Diagramme présentant les différentes structures impliquées dans le processus de déglutition lors de la phase oro-pharyngée [d'après 10] Muscles constricteurs du pharynx
Air
Cavités nasales
Palais dur t Cavité orale n me Ali
Muscles cricopharyngés (sphincter œsophagien supérieur)
Laryngo-pharynx
Nasopharynx Palais mou Oropharynx
Épiglotte
CANINE - FÉLINE
Œsophage Cartilage cricoïde
Larynx
Trachée
z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016 - 166
29-33 Corps étrangers oesophagiens BAT_Gabarit Bleu 30/11/2016 20:56 Page29
conduites à tenir face à un corps étranger œsophagien Alexandra Gabriel1 Anaïs Lamoureux2
chez le chien Les corps étrangers œsophagiens sont une urgence médicale. La majorité des corps étrangers peuvent être retirés sous contrôle endoscopique, sans complication sérieuse associée. Des complications telles que perforation œsophagienne, pyothorax, … sont toutefois possibles et doivent être anticipées.
U
n corps étranger œsophagien nécessite une prise en charge immédiate [5, 8, 10, 11]. En effet, plus le corps étranger persiste dans l’œsophage, plus le risque de pneumonie par aspiration et de lésions pariétales œsophagiennes augmente. ● Les corps étrangers de nature osseuse constituent de loin la majorité des corps étrangers œsophagiens (47 à 100 p. cent des cas selon les études). Les autres types de corps étrangers retrouvés sont des os à mâcher en peau de buffle, des hameçons, des morceaux de plastique, des aiguilles (particulièrement chez les chatons et chez des jeunes chats), des corps étrangers linéaires (chat), des balles, des jouets, etc. ● La localisation préférentielle des corps étrangers correspond à trois zones de rétrécissement anatomique naturel de l’œsophage : l’entrée du thorax, la base du cœur et la région juste en amont du sphincter œsophagien caudal. La plupart des corps étrangers, soit trop grands pour passer, soit tranchants/ coupants ou pointus, restent bloqués à ces endroits critiques. Les corps étrangers lisses ou arrondis ont tendance à passer spontanément dans l’estomac, sauf en cas de dysmotilité œsophagienne ou lors de zone de rétrécissement pathologique (par exemple : sténose bénigne, néoplasie). ● Le retrait sous endoscopie est la technique de choix. Parmi les techniques de retrait de corps étrangers œsophagiens décrites. Le taux de réussite est excellent et la plupart des lésions pariétales œsophagi-
1 dipl. ECVIM-CA Spécialiste en médecine interne 2 CHV Pommery Service de médecine interne 226 Boulevard Pommery 51100 Reims
ennes, associées au corps étranger et son retrait, guérissent sans complications. Toutefois, des complications sévères, voire fatales, peuvent survenir. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES ● Les corps étrangers œsophagiens sont une cause fréquente de dysphagie et de régurgitation chez le chien ; ils sont plus rares chez le chat en raison d’un comportement alimentaire différent [2, 5, 7, 11]. ● Chez les chiens, les Terriers, plus particulièrement les West Highland White terriers, sont prédisposés [3, 5, 6, 10]. Toutes les tranches d’âge peuvent être représentées*.
ANAMNÈSE, SIGNES CLINIQUES ET COMPLICATIONS ASSOCIÉES Recueil de l’anamnèse Le recueil de l’anamnèse avec les propriétaires permet souvent de suspecter le corps étranger si ceux-ci ont pu observer ou suspecter son ingestion [7, 11]. Ce dialogue permet également de connaître le type de corps étranger ingéré et le moment de l’ingestion. Mais la difficulté résulte surtout de la capacité du clinicien de suspecter cette hypothèse lorsque le propriétaire ne rapporte pas l’ingesiton d’un corps étranger. Les signes cliniques sont en effet peu spécificiques. ● Exceptionnellement, certains corps étrangers œsophagiens cervicaux peuvent être palpés en région jugulaire gauche. ●
Signes cliniques ● Les signes cliniques sont plus ou moins sévères selon le type et la taille du corps étranger, sa localisation, la durée de l’obstruction et la présence de complications [2, 5, 8, 10, 11]. Les lésions pariétales œsophagiennes sont induites par la pression directe qu’exerce le corps étranger sur la paroi œsophagienne ainsi que par l’augmentation du péristaltisme secondaire à la présence du corps étranger.
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître l’épidémiologie, les signes cliniques, les examens complémentaires, les méthodes d’extraction et les complications possibles lors de corps étrangers œsophagiens. ❚ Comprendre pourquoi le corps étranger œsophagien est une urgence médicale.
Essentiel ❚ Les Terriers, plus particulièrement le West Highland White terrier, sont prédisposés aux corps étrangers œsophagiens.
CANINE - FÉLINE
NOTE * La raison de cette prédisposition n’est pas claire. Il pourrait s’agir d’une différence anatomique ou comportementale par rapport aux autres races.
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016 - 172
34-40 megaoesophage V°BAT2_Gabarit Bleu 02/12/2016 19:11 Page34
le mégaœsophage conduite à tenir diagnostique et thérapeutique
Fabrès1
Virginie Rachel Lavoué2 1
Service de Médecine Interne École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort
chez le chien et le chat
2
Service de Médecine Interne École Nationale Vétérinaire de Toulouse (INP-ENVT) 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 3
Le mégaœsophage est une affection plus fréquente chez le chien que chez le chat. Une anamnèse complète ainsi que des radiographies thoraciques sans préparation permettent en général de l’identifier. Toutefois, le diagnostic étiologique du mégaœsophage nécessite une démarche diagnostique rigoureuse afin de rechercher une cause sous-jacente. Si aucune affection sous-jacente n’est identifiée, l’essentiel du traitement repose sur des mesures hygiéniques. Celles-ci limitent les complications du mégaœsophage qui diminuent l’espérance de vie des animaux.
Objectifs pédagogiques z Savoir reconnaître les signes cliniques et radiographiques d’un mégaœsophage. z Connaître les différentes causes et les complications du mégaœsophage afin de les rechercher et d’informer le propriétaire du pronostic. z Pouvoir mettre en œuvre les principales mesures hygiéniques palliatives.
Définition
z Diverticule œsophagien : dilatation cavitaire de la paroi formant une hernie de la muqueuse.
L
Essentiel z Le mégaœsophage se manifeste cliniquement par la présence de régurgitations.
CANINE - FÉLINE
z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 177 - SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
e mégaœsophage se définit par la présence d’une dilatation de l’œsophage sur toute sa longueur ; celle-ci survient suite à un déficit de motilité œsophagienne [9, 10]. Cette affection se différencie du jabot ou des diverticules œsophagiens (définition) qui se caractérisent par une dilatation focale de l’œsophage. l Le mégaœsophage peut être congénital ou acquis. La forme acquise apparaît chez l’adulte, et peut être idiopathique (forme la plus courante), ou secondaire à une affection sous-jacente. l Lors de la suspicion clinique de mégaœsophage, il convient ensuite de l’identifier, puis de rechercher une affection sousjacente. En effet, la prise en charge thérapeutique et le pronostic dépendent en partie de la présence d’une cause identifiable à l’origine du mégaœsophage.
34
1
Radiographie de thorax de chien atteint d’un mégaœsophage. Les flèches montrent les bords ventral et dorsal de l’œsophage dilaté par de l’air (photo service d’imagerie de l’ENV Alfort).
QUAND SUSPECTER UN MEGAŒSOPHAGE ? Le mégaœsophage se manifeste cliniquement par la présence de régurgitations [9, 10, 13]. Leur fréquence et le moment d’apparition par rapport au repas sont variables. Les régurgitations sont le plus souvent postprandiales, mais peuvent être différées par rapport à la prise alimentaire. Lors de régurgitations décalées des repas, la confusion avec des vomissements est fréquente. De plus, la présence de mouvements abdominaux peut parfois être visualisée lors de la remontée du bol alimentaire dans l’œsophage, ce qui complique l’identification par le propriétaire de l’animal. Aussi, est-il nécessaire d’interroger celui-ci très précisément afin d’exclure la présence de prodromes évocateurs de vomissements (mâchonnement, salivation) et d’efforts abdominaux expulsifs répétés, associés au rejet d’aliments (tableau 1). l Le tableau clinique peut également inclure un amaigrissement malgré un appétit conservé à augmenté, du ptyalisme et des troubles respiratoires, reflets des complications que le mégaœsophage entraîne : déficit énergétique, présence d’une œsophagite ou d’une bronchopneumonie par aspiration. Lors d’atteinte neurol
41-47 sondes œsophagostomie BAT_Gabarit Bleu 01/12/2016 19:02 Page41
les sondes d’œsophagostomie chez le chien et le chat
Alexandre Fournet1 Mathieu Manassero2
comment les utiliser en pratique
1MSc, 2MSc,
Les sondes d’œsophagostomie présentent de nombreux avantages comparativement aux autres dispositifs de nutrition entérale. Simples, leur mise en place et leur gestion incitent à une utilisation plus fréquente.
L
a nutrition et le soutien nutritionnel sont des éléments clés dans la gestion thérapeutique des animaux hospitalisés, puisque tout défaut d’apport énergétique peut être à l’origine de nombreux effets indésirables, tels qu’une diminution de la fonction immunitaire laissant place à une augmentation du risque d’infections, une augmentation du temps d’hospitalisation, donc des coûts hospitaliers, ainsi qu’une augmentation des taux de morbidité et de mortalité [1, 2]. Cet article rappelle les indications amenant à envisager un apport nutritionnel assisté chez l’animal. Il propose aussi une démarche dans le choix de la voie d’administration (entérale versus parentérale). Enfin, il détaille une technique de réalimentation entérale : la sonde d’œsophagostomie. LA NUTRITION ASSISTÉE DE L’ANIMAL : QUAND ET COMMENT ? Indications
En médecine vétérinaire, l’apport nutritionnel assisté doit être considéré chez tout animal ayant eu une perte de poids non intentionnelle de plus de 10 p. cent de son poids corporel usuel (5 p. cent chez les animaux pédiatriques), ou ne s’étant pas alimenté depuis 3 à 5 jours [3]. Il doit aussi être envisagé chez les animaux sujets aux pertes protéiques prolongées (animaux présentant une maladie rénale chronique, un phénomène tumoral évolué, des diarrhées et/ou vomissements chroniques, des plaies étendues ou des plaies de brûlures). Enfin, il doit être anticipé chez tout animal dont l’affection pathologique empêche une l
alimentation spontanée (animaux présentant une affection oro-pharyngée – tumeur de la cavité buccale, fractures de la mâchoire – ou ayant subi une chirurgie digestive) [3, 5]. l Cet apport alimentaire peut s’effectuer, soit par voie entérale, ce qui permet l’apport d’aliments dans le tractus digestif par l’utilisation de sondes d’alimentation, soit par voie parentérale, ce qui permet l’apport de nutriments dans le sang circulant par l’intermédiaire d’un cathéter veineux central [3]. Voie entérale versus voie parentérale : laquelle choisir ? l Le choix de la voie d’administration repose en premier lieu sur la fonctionnalité du tube digestif : - la voie entérale est toujours privilégiée en cas d’intégrité fonctionnelle du tractus digestif (capacité de digestion et d’absorption des aliments conservée) ; - la voie parentérale est utilisée chez les animaux comateux, ou présentant de sévère dysfonctionnements gastro-intestinaux (vomissements incoercibles, syndromes de malassimilation, pancréatites sévères, ou péritonites) [4]. l Dans le cadre d’une alimentation entérale, plusieurs types de sondes peuvent être utilisées : sondes naso-œsophagiennes, nasogastriques, de pharyngostomie, d’œsophagostomie, de gastrotomie et de jéjunostomie. Le choix de la sonde “idéale” doit systématiquement être issue d’un questionnement préalable à son positionnement : - le tube digestif est-il fonctionnel sur la totalité ou sur une partie de sa longueur ? - une anesthésie de l’animal est-elle envisageable ? - l’animal est-il à risque de reflux gastroœsophagiens et/ou de pneumonie par fausse déglutition ? - quelle est la durée souhaitée du maintien de la sonde [5, 6] ? l De même, la technicité du positionnement des sondes, la tolérance des animaux vis à vis d’elles, et les complications associées à leur utilisation doivent être intégrées à ce schéma de réflexion.
Résident ECVS
PhD, Dip. ECVS
Service de chirurgie, CHUVA École Nationale Vétérinaire 94704 Maisons-Alfort Cedex
Objectifs pédagogiques z Connaître les indications et les contre-indications de la nutrition entérale et parentérale. z Connaître les avantages et les inconvénients de l’utilisation des sondes d’œsophagostomie. z Connaître les étapes clefs dans le positionnement des sondes d’œsophagostomie et savoir identifier les accidents qui en résultent. z Savoir utiliser les sondes d’œsophagostomie, connaître les complications inhérentes à l’utilisation de ce dispositif et agir en conséquence.
Essentiel z Les sondes d’œsophagostomie offrent de nombreux avantages : peu onéreuses pour le propriétaire, elles sont d’un positionnement simple et rapide, bien tolérées par l’animal à long terme, et permettent une réalimentation aisée.
CANINE - FÉLINE
z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016 - 184
48-53 Particularités affections oesophage chat V° BAT_Gabarit Gris 01/12/2016 18:28 Page48
les particularités des affections de l'œsophage Nicolas Soetart Amandine Drut
chez le chat
Médecine interne des animaux de compagnie Oniris École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantiques Site de la Chantrerie BP 50707 44307 Nantes Cedex 03
Les maladies de l’œsophage sont rares chez le chat. Leur fréquence pourrait être sous-estimée, car les signes d’appels sont souvent non spécifiques. Leur diagnostic nécessite une démarche rigoureuse. Le contexte clinique dans lequel l’affection se manifeste et une bonne connaissance des principales affections de l’œsophage chez le chat sont donc essentiels, pour établir une liste d’hypothèses diagnostiques hiérarchisées.
Objectifs pédagogiques z Connaître les principales affections œsophagiennes décrites chez le chat. z Savoir suspecter et diagnostiquer une affection œsophagienne chez le chat.
U
ne anamnèse détaillée et un examen clinique exhaustif sont tout d’abord nécessaires lorsqu’une atteinte œsophagienne est suspectée chez le chat. Des examens paracliniques sont nécessaires pour établir un diagnostic étiologique. Comme chez le chien, les affections peuvent être distinguées en maladies congénitales et en maladies acquises de l’œsophage. Cet article présente d’abord les généralités sur les affections de l’œsophage chez le chat, puis développe les maladies les plus fréquemment rencontrées dans cette espèce.
Essentiel z Les maladies de l’œsophage sont rares chez le chat. z La distinction entre vomissements et régurgitations est parfois difficile dans cette espèce. z Certains chats atteints d’affection œsophagienne présentent un tableau clinique atypique, par exemple avec des signes respiratoires isolés.
LES RACES CONCERNÉES ● Contrairement au chien, il existe peu de données concernant les prédispositions raciales des maladies œsophagiennes chez le chat. ● Bien que certaines races apparaissent surreprésentées dans des séries de cas (Persans, Siamois), la plupart des publications concerne des chats domestiques [5, 11].
LES SIGNES CLINIQUES Les manifestations cliniques associées aux affections œsophagiennes chez le chat comprennent l’ensemble des signes décrits chez le chien : régurgitations, vomissements, hypersalivation, dysphagie, … ● Les régurgitations constituent un élément fort de suspicion d’une affection œsopha●
FÉLINE z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 191 - SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
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gienne. Néanmoins, la distinction entre régurgitations et vomissements est particulièrement difficile dans cette espèce. ● Dans cette espéce, une atteinte œsophagienne peut se manifester exclusivement par des signes respiratoires (toux, dyspnée, sifflements, …) [5, 11]. ● D’autres signes cliniques généraux accompagnent fréquemment les maladies de l’œsophage : abattement, perte de poids, … LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ● Les outils à la disposition du clinicien pour diagnostiquer une affection œsophagienne chez le chat sont les mêmes que ceux chez le chien*. ● La mise en œuvre de certaines investigations complémentaires peut toutefois se révéler délicate chez un animal non coopératif ou lorsqu’il existe peu de données d’interprétation dans l’espèce (par exemple, vidéofluoroscopie).
LES AFFECTIONS CONGÉNITALES DE L’ŒSOPHAGE Trois entités principales sont décrites chez le chat : - les malformations vasculaires à l’origine d’un jabot œsophagien ; - la hernie hiatale ; - et le mégaœsophage congénital. ● Les autres affections congénitales œsophagiennes sont particulièrement rares chez le chat et ne sont pas développées dans cet article. ●
1. Les malformations vasculaires ● La plupart des cas de malformation vasculaire sont liés à une persistance du 4e arc aortique droit associée à un ligament artériel gauche [5, 18]. Toutefois, la persistance d’autres structures vasculaires embryonnaires est décrite [20]. Ces anomalies peuvent être associées à des malformations du squelette axial [18].
NOTE * cf. l’article “Les examens paracliniques dans le diagnostic des affections œsophagiennes”, de A. Drut, dans ce numéro.
54-60 enterotomie V° BAT2_Gabarit Bleu 02/12/2016 12:37 Page54
techniques chirurgicales entérotomie et entérectomie Mathieu Manassero Adeline Decambron Véronique Viateau
chez le chien et le chat
Service de chirurgie CHUVA Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort 7 avenue du général de Gaulle 94700 Maisons Alfort
Les entérotomies et les entérectomies sont des interventions fréquentes chez les carnivores domestiques. Leurs réalisations se basent sur des principes spécifiques, des critères décisionnels et des techniques particuliers. Cet article complète l’article : “La chirurgie de l’intestin grêle chez le chien et le chat : indications, contre-indications et postopératoire”*.
Objectif pédagogique ❚ Être capable de réaliser de manière rationnelle une entérotomie et une entérectomie selon les règles établies et en connaissant les complications associées.
Séreuse Musculeuse Sous-muqueuse Muqueuse
- Noter les différentes couches de l'intestin. - Lors de sutures intestinales, les sutures chargent l'intégralité de la paroi de l'intestin.
U
* de Mathieu Manassero, Adeline Decambron, Véronique Viateau dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline N°63, août-septembre 2016.
Essentiel ❚ Une suture intestinale doit être apposante, étanche, non ischémiante et doit charger l'intégralité de la paroi intestinale. ❚ La déhiscence digestive est la complication la plus redoutée car elle est associée à plus de 70 p. cent de mortalité, mais elle est rare quand les principes opératoires sont respectés.
RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue :
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 197 - SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
d’une coupe d’intestin
une entérotomie ou une entérectomie reposent sur les mêmes temps opératoires généraux. L'animal est positionné en décubitus dorsal pour un abord par cœliotomie ventrale médiane. Une exploration de la totalité de l'intestin grêle et de la cavité abdominale est effectuée. La mise en place d’écarteurs autostatiques maintient ouverte la cavité abdominale et facilite la visualisation.
NOTE
0,05 CFC par article
Figure 1 - Représentation schématique
MATÉRIEL CHIRURGICAL ET SUTURE ● Le matériel nécessaire comporte les instruments usuels de diérèse et de synthèse, auxquels s'associent des instruments spécifiques. Le matériel doit être doublé, afin de séparer le temps septique d’ouverture de l’intestin, du temps aseptique de fermeture de l’abdomen. ● Une suture intestinale doit être étanche et imperméable, tout en conservant une fonctionnalité à l’intestin. Les sutures peuvent être réalisées de manière manuelle au fil, ou de manière mécanique à l'aide d'agrafes. 1. La suture manuelle à l'aide de fil ● Le matériel de suture utilisé correspond à des fils monofilaments résorbables lents sertis à une aiguille atraumatique (encadré matériel) de diamètre dec. 1,5 à dec. 2. ● La suture est effectuée en un plan, à l'aide de points simples ou de surjets simples, apposants et perforant l'intégralité de la
54
1 Suture intestinale en points simples. - Une fois la suture réalisée, l’étanchéité est testée par injection d’un soluté isotonique sous pression. (photo service de chirurgie, ENV Alfort).
paroi afin de s'assurer de charger la sousmuqueuse, couche la plus résistante ; ces points sont disposés tous les 3 mm environ et chargent 3 mm de paroi de part et d'autre de la zone d'incision [3, 11] (photo 1). Les sutures sont posées sans tension afin d'éviter le risque d'ischémie ; de manière pratique, la suture est effectuée jusqu'à ce que la
61-66 volvulus BAT_VERSO_Gabarit Bleu 02/12/2016 18:17 Page61
gastroentérologie le volvulus mésentérique chez le chien le comprendre et mener à bien sa prise en charge
Quentin Cabon Thibaut Cachon Vetagro-Sup, Campus vétérinaire de Lyon Unité de chirurgie 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Le volvulus mésentérique est une affection rare mais souvent fatale. Un diagnostic précoce, associé à des manœuvres de réanimation et à un traitement chirurgical rapide, sont indispensables pour augmenter les chances de survie. Cet article complète le dossier sur les infections de l’intestin grêle*.
Objectifs pédagogiques ❚ Savoir suspecter et diagnostiquer rapidement un volvulus mésentérique. ❚ Connaître le pronostic associé au volvulus mésentérique. ❚ Connaître les principes de la prise en charge médicale et chirurgicale en urgence du volvulus mésentérique.
- Berger Allemand ou Pointer, - Historique de maladie intestinale chronique ou insuffisance pancréatique exocrine - Syndrome d’abdomen aigu, état de choc
Réanimation médicale - Fluidothérapie : débit de choc
L
* cf. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline N°63, août-septembre 2016.
Essentiel ❚ Le volvulus mésentérique est une affection rare chez le chien. ❚ Un syndrome abdominal suraigu associé à un état de choc sévère sont des éléments de suspicion d’un volvulus mésentérique. ❚ La précocité du diagnostic et du traitement chirurgical est indispensable pour améliorer les chances de survie.
RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue :
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 205 - SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
Suspicion clinique de volvulus mésentérique
- Analgésie adaptée
NOTE
0,05 CFC par article
Figure 1 - Prise en charge d’un volvulus mésentérique
e volvulus mésentérique est défini par la torsion des anses intestinales autour de son pédicule vasculaire mésentérique, contribuant ainsi à une ischémie intestinale [16]. Le volvulus mésentérique est donc à différencier de la torsion intestinale, qui se produit lorsque les anses intestinales subissent une torsion le long de leur axe longitudinal, créant ainsi une obstruction de la lumière intestinale et non de la vascularisation mésentérique (encadré rappels d’anatomie). ● Les volvulus mésentériques affectent le plus souvent le petit intestin, plus particulièrement le jéjunum [19]. Toutefois, des cas de volvulus colique ou de la valvule iléocæco-colique ont également été rapportés chez le chien [1, 9, 12]. Un cas de volvulus mésentérique chronique, intéressant le jéjunum distal, l’iléon et la valvule iléo-cæcocolique avec une évolution des signes cliniques sur environ 4 mois, a également été rapporté [20]. ● Affection rare chez le chien, le volvulus mésentérique est encore plus rare chez le chat puisque seuls quelques cas isolés ont été décrits [14]. Une brèche mésentérique pourrait, dans l’espèce féline, être une cause favorisante de volvulus, secondaire à une hernie des anses jéjunales au sein de cette brèche [14]. ● La prise en charge diagnostique et thérapeutique du volvulus mésentérique du petit intestin, du cæcum ou du colon étant identique, ceux-ci sont regroupés sous la dénomination ”volvulus mésentérique” dans la suite de l’article (figure 1).
61
- Antibiothérapie à large spectre
Confirmation de la suspicion clinique - Radiographies abdominales : anses intestinales sévèrement dilatées - (Recherche éventuelle d’un épanchement abdominal par échographie)
Traitement chirurgical - Laparotomie exploratrice le plus rapidement possible après admission et confirmation diagnostique
PHYSIOPATHOLOGIE DU VOLVULUS MÉSENTÉRIQUE Le volvulus mésentérique a pour conséquence une ischémie de l’anse intestinale concernée par diminution ou arrêt du flux artériel et veineux. ● L’obstruction veineuse a pour effet une congestion vasculaire et un œdème de la paroi intestinale, une diminution du péristaltisme et une anoxie tissulaire [16]. Le gaz et les liquides s’accumulent alors rapidement dans la lumière intestinale avec pour conséquence, une dilatation intestinale sévère. ● En parallèle, l’occlusion artérielle entraîne une nécrose ischémique. Une dégradation de la muqueuse intestinale progresse ainsi en quelques heures après la survenue du volvulus. ●
68-69Revue Internationale 64 V°BAT_Revue internationale NPC 49 02/12/2016 19:50 Page68
revue internationale article paru dans des revues internationales - JAVMA
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Neurologie - Comparaison des signes cliniques et de l’évolution
associés aux myélopathies ischémiques et aux extrusions discales aiguës non compressives chez le chien
2016;249(7)
Synthèse rédigée par Nicolas Soetart
un panorama des meilleurs articles Neurologie
COMPARAISON DES SIGNES CLINIQUES ET DE L’ÉVOLUTION associés aux myélopathies ischémiques et aux extrusions discales aiguës non compressives chez le chien La myélopathie ischémique ("embolie fibrocartilagineuse") et l'extrusion discale aiguë non compressive ("hernie discale de type III" ou de haute vélocité et de faible volume") sont deux affections médullaires dont la présentation clinique est similaire (déficits nerveux médullaires d'apparition suraiguë, non progressifs, parfois sans douleur associée). Le diagnostic de certitude des deux entités est basé sur l’analyse histologique des lésions (rarement disponible). ● Le but de l'étude est de mettre en évidence les différences de présentation clinique entre les deux entités (sur la base d’un diagnostic présumé) et de confirmer que leur pronostic, à long terme, ne diffère pas. ●
Objectifs de l’étude ❚ Mettre en évidence les différences de présentation clinique entre les deux entités (sur la base d’un diagnostic présumé) et confirmer que leur pronostic, à long terme, ne diffère pas.
Matériel et méthodes
u JAVMA, 2016;249(7) Comparison of clinical signs and outcomes between dogs with presumptive ischemic myelopathy and dogs with acute noncompressive nucleus pulposus extrusion Joe Fenn, Randi Drees, Holger A. Volk, Steven De Decker
Synthèse par Nicolas Soetart Assistant Hospitalier en Médecine Interne à Oniris-Nantes
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 211- SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
● Les chiens ont été recrutés entre novembre 2009 et décembre 2013 au Royal Veterinary College de Londres. ● Il s'agit de chiens présentés pour des déficits nerveux médullaires d'apparition aiguë et non progressifs pendant les premières 24 heures. Les animaux ont été inclus si une hypothèse consensuelle de myélopathie ischémique ou d'extrusion discale non compressive a été émise par un vétérinaire neurologue et un vétérinaire radiologue, sur la base des images d'IRM relues à l’aveugle par les deux spécialistes. ● Les données cliniques ont été évaluées à l’admission, puis 4 semaines plus tard. Un suivi téléphonique à plus long terme (> 3 mois après la présentation initiale) a ensuite été entrepris.
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Résultats ● Dans cette étude, 93 chiens ont été inclus : 51 pour une myélopathie ischémique et 42 pour une extrusion discale. Les chiens atteints d’extrusion discale étaient significativement plus vieux que les chiens atteints de myélopathie ischémique (7,0 ans vs 5,9 ans, P = 0,033). ● Signes cliniques : Une vocalisation à l’apparition des signes cliniques et une douleur rachidienne mise évidence à la consultation initiale étaient les deux signes cliniques significativement en faveur d’une extrusion discale (P = 0,003 et P = 0,015 respectivement). Les extrusions discales ont significativement plus touché le segment C1-C5 alors que les myélopathies ischémiques ont significativement plus intéressé le segment L4-S3 (P = 0,005). Concernant les autres segments médullaires, les deux affections ont été retrouvées à des fréquences comparables et le segment T3-L3 était le plus souvent touché. Les autres variables cliniques observées (poids du chien, condition d’apparition, progression des signes cliniques, traitement mis en place avant la consultation (AINS, corticoïdes), symétrie de l’atteinte neurologique, intensité des signes cliniques) ne différaient pas entre les deux groupes de chiens. ● Évolution à court et long terme : Dans les 12 jours qui ont suivi le diagnostic, sept chiens ont été euthanasiés (cinq immédiatement après le diagnostic). A court terme, les chiens atteints d’extrusion discale avaient environ 3 fois plus de chance
70-73 Test réponses SPLENOMEGALIE CHATBAT_gabarit NPC 30/11/2016 19:50 Page70
test clinique
observation originale
les réponses
une splénomégalie
Alejandro Bandres
chez un chat européen de 12 ans
Ancien interne animaux de compagnie École Vétérinaire de Nantes (Oniris) Rue Berna 3, 6ºD 50003, Saragosse, Espagne
1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? l Les hypothèses diagnostiques sont : 1. une maladie lymphoproliférative (lymphome) ; 1. une mycoplasmose (± anémie hémolytique) ; 2. une insuffisance rénale chronique ; 3. une infection bactérienne ; 4. une maladie myeloproliférative ; 5. un mastocytome systémique ; 6. une maladie auto-immune ; 7. une histiocytose maligne ; 8. une torsion de rate. l Compte tenu des signes cliniques observés et de la palpation d’une masse sur l’abdomen crânial en partie ventrale, l’hypothèse diagnostique la plus probable est une splénomégalie. Les principales hypothèses de splénomégalie chez le chat sont synthétisées dans le tableau 1.
disponible sur www.neva.fr
z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 14 / n°64 213- SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2016
2 Quels examens effectuer ? 1. Une analyse sanguine révèle un taux d’hématocrite de 30 p. cent, des protéines totales à 88 g/l, un plasma non ictérique et un test d’auto-agglutination positif. Une numération formule a été aussi réalisée. Celle-ci indique la présence d’agglutinats d’hématies (compatible avec une anémie hémolytique à médiation immune) et une leucopénie modérée avec lymphopénie (tableau 2). 2. Une radiographie abdominale montre une splénomégalie. 3. Une échographie abdominale confirme une splénomégalie diffuse très importante, avec une échogénicité hétérogène et la présence d’un nodule à l’extrémité caudale de la rate. 4. Les analyses biochimiques plasmatiques montrent des valeurs d’urée et de créatinine dans les normes usuelles (tableau 2). Les protéines totales élevées sont compatibles avec un état de déshydratation modéré. 5. A l’examen de frottis de cytoponction de la rate, la population cellulaire majoritairement observée est composée de cellules de taille moyenne, au noyau central ou légère-
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2 Radiographie abdominale du chat montrant une splénomégalie marquée (Service urgences et soins intensifs Oniris).
ment excentré, variablement nucléolé et au cytoplasme fortement granuleux. Ces cellules présentent des atypies cytonucléaires légères. Ce type cellulaire dominant correspond à des mastocytomes tumoraux. ➜ L’analyse cytopathologique conclut à un mastocytome splénique. Le chat est donc hospitalisé avec un diagnostic de mastocytome splénique, à priori sans métastases visibles à distance. 3 Quels traitements mettre en œuvre ? Un traitement est mis en place afin de contrôler les symptômes, en attendant la chirurgie de splénectomie. - Phénergan® (prométhazine) : 0,4 mg/kg IV trois fois par jour ; - Azantac® (ranitidine) : 5 mg/kg IV lente 3 fois par jour ; - Dermipred® (prednisolone) : 1 mg/kg per os une fois par jour ; - Inipomp® (pantoprazole) : 1 mg/kg IV, une fois par jour ; - Fluidothérapie : Ringer Lactate 3 ml /kg /h l Une chirurgie de splénectomie est planifiée. Le protocole anesthésique inclut du Valium® (diazepam) 0,3 mg/kg IV et du Propofol® 4 mg/kg IV avec un relais gazeux avec de l’Isofluorane. l Le compte rendu chirurgical rapporte une complication de saignement d’un vaisseau abdominal, résorbé par ligature mésentérique. l L’analyse histopathologique de la rate, effectuée au laboratoire d’histopathologie animale d’Oniris, montre une infiltration dif-