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DOSSIER : LE JETAGE CHEZ LES ÉQUIDÉS

BonneCouve2

21/02/08

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gestes et gestion

LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire équine

N°1 MAI JUIN JUILLET 2004

LE JETAGE Conduites à tenir, fiches pratiques : - L’examen clinique - Les pièges à éviter - Démarche diagnostique et examens complémentaires - Les prélèvements utiles - Geste - Comment effectuer les prélèvements

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE - N°1 - MAI / JUIN / UILLET 2004

Imagerie médicale des voies respiratoires supérieures - L’examen radiographique - L’examen endoscopique Observation clinique - Jetage évolutif chez une jument

Thérapeutique - Les traitements médicaux

DOSSIER : LE JETAGE

CHEZ LES ÉQUIDÉS Signe clinique très fréquemment rencontré chez les équidés, le jetage peut être le symptôme principal de nombreuses maladies (sinusite, empyème des poches gutturales, ...) ou n’être qu’une des manifestations cliniques de l’affection ...

Revue internationale - Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles - Synthèse - T e c h n i q u e p o u r l ’ i n j e c t i o n d a n s l a b o u r s e p o d o t ro c h l é a i re REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE

Gestes chirurgicaux - La chirurgie des poches gutturales - La sinusocentèse - Explorer les sinus par la technique des volets osseux - Le retrait des dents jugales

Âne - Les affections à l’origine de jetage : particularités chez l’âne et les croisés

Rubriques - Nutrition comment alimenter un cheval dysphagique ? - Principe actif la bromhexine - Urgence comment réaliser la ligature de la carotide commune ? - Management La responabilité civile du vétérinaire


sommaire Éditorial Maryvonne Barbaray Test clinique : Boiterie du genou chez une jument Cynthia Roosen

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N°1 MAI JUIN JUILLET 2004

CHEVAL ET ÉQUIDÉS Le jetage nasal : l’examen clinique chez les équidés 9 Fiche - Caractériser le jetage : les pièges à éviter chez les équidés 12 Le jetage nasal : démarche diagnostique et examens complémentaires chez les équidés 13 Fiche - Les points forts de l’examen clinique et des examens complémentaires Catherine Gaillard-Lavirotte 19 Les prélèvements utiles lors de jetage chez le cheval 21 Geste - Comment effectuer les prélèvements lors de jetage chez le cheval ? Gwenaëlle Dauphin, Stephan Zientara 27 Imagerie médicale Catherine Gaillard-Lavirotte - L’examen radiographique des voies respiratoires supérieures chez le cheval 31 - L’examen endoscopique des voies respiratoires supérieures chez le cheval 33 Observation clinique - Jetage évolutif chez une jument Vincent Boureau, Emmanuel Maurin 35 Conduites à tenir thérapeutiques - Les traitements médicaux lors de jetage chez le cheval Jean-Luc Cadoré 41 - Geste chirurgical - La chirurgie des poches gutturales chez le cheval 45 - Geste chirurgical - Techniques de sinusocentèse chez le cheval Louis-Marie Desmaizières 49 - Geste chirurgical - Explorer les sinus par la technique des volets osseux chez le cheval Olivier Bisseaud 51 - Le retrait chirurgical des dents jugales chez le cheval Eddy Cauvin 57

DOSSIER LE JETAGE chez les équidés

ÂNE Les affections à l’origine de jetage : particularités chez l’âne et les croisés Christophe Hugnet

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RUBRIQUES Principe actif - La bromhexine Marc Gogny Urgence - Comment réaliser la ligature de la carotide commune chez le cheval Louis-Marie Desmaizières Nutrition - Comment alimenter un cheval dysphagique Nathalie Priymenko Management de l’entreprise vétérinaire La responsabilité civile du vétérinaire Nicolas Barety

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REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières Revue thématique des articles parus à l’étranger 72 Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection de 12 articles Laura Borde, Mohamed Bourassi, Jean-Michel Casamata, Matthieu Lenormand, Diane Liennasson, Delphine Moniot, Sophie Pradier, Bertrand Rillaerts, Nicolas Serraud 73 Synthèse - Technique pour l'injection dans la bourse podotrochléaire Laura Borde, Cyrille Piccot-Crézollet 79

Souscription d’abonnement en page 82

CHEVAL ÂNE RUBRIQUE

Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses

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REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 3


test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr

boiterie du genou chez une jument

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Pierre Chuit (praticien, Suisse) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)

Cynthia Roosen

Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (E.N.V.T.) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)

Comité de rédaction Nicolas Barety (Juridique, avocat) Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Chirurgie, E.N.V.L.) Anne Couroucé- Malblanc (Médecine interne et sportive, E.N.V.N.) Guenaëlle Dauphin (A.F.S.S.A. Alfort) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Claire Scicluna (Anesthésie, praticien)

Chargées de mission rédaction Valérie Colombani Anne Quinton Abonnement et Promotion Marie Servent, Maryse Mercan

Clinique équine de la Brousse route de Launac 31330 Grenade

1 Quelles sont les affections responsables d’un syndrome "canal carpien" ?

Publicité Maryvonne Barbaray Valérie Colombani - Marie Servent

2 Quels sont les examens complémentaires à mettre en œuvre ?

NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr

3 Quel(s) traitement(s) envisager ? Quel est le pronostic associé ?

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA

Réponses à ce test page 81

SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P en cours I.S.S.N. en cours Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 4 - MAI / JUIN / JUILLET 2004

Une jument cheval de selle de sept ans nous est référée pour une boiterie antérieure gauche apparue six mois auparavant (photo 1). ● Un gonflement de la région du genou a été noté un mois après l’apparition de la boiterie. Des soins locaux ont été prescrits, sans autre examen complémentaire : alternance d’application de pommade anti-inflammatoire à base de prednisolone, lidocaïne et diméthylsulfoxyde (Ekyflogyl®) et d’argile. La jument a été mise au repos, mais ces traitements n’ont pas apporté d’amélioration significative. ● L’examen clinique révèle un gonflement et une douleur à la mobilisation du carpe gauche, avec une boiterie antérieure gauche associée, de grade 3/5, dans toutes les circonstances de l’examen. Le test de flexion active du carpe est positif. ● Un examen physique plus précis permet de mettre en évidence une distension du canal carpien. ●

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Jument de 7 ans qui présente une boiterie de l’antérieur gauche : noter la distension du canal carpien (photo L.-M. Desmaizières).

comité de lecture

pour recevoir le prochain numéro, souscrivez votre abonnement en page 82 ou tél. 01 41 94 51 51

Bruno Baup, Agnès Benamou, Jean-Jacques Bénet, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Cirier, Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Jean-Michel Krawiecki, Claire Laugier,

ou mail neva@neva.fr

Serge Lenormand, Pierre Leveillard, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jean-Jacques Monet, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet (Québec), Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Brigitte Siliart, Youssef Tamzali, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.


éditorial une revue de formation continue ciblée sur l’équine, accessible à tous les praticiens

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ecteur en fort développement, l’équine représente une opportunité pour les cliniques et les cabinets vétérinaires. La France compte en effet, quelque 700 000 chevaux, ânes et poneys. Ce développement de l’équine se traduit par quelles activités pour le vétérinaire, et par quel potentiel d’activité ? - Le cheval de loisir prend surtout une importance croissante dans cette filière, sous toutes ses formes : cheval de compagnie, endurance, attelage, concours hippique, ... mais aussi les races de chevaux lourds, en vogue auprès du public, chez tous les amoureux du cheval. - Cela se traduit pour les praticiens par une activité accrue : les propriétaires de chevaux s’adressent tout naturellement à leur vétérinaire, celui qui soigne leurs animaux de compagnie (chien, chat, oiseaux, ...), ou leurs élevages dans un cadre plus rural. - Conseils sanitaires, vente de médicaments, de produits d’hygiène et d’aliments se développent et vont continuer à progresser, d’autant plus que les vétérinaires vont s’intéresser à ces gammes, et avoir à cœur de les promouvoir dans leur clinique ou dans leur cabinet. - Dans les laboratoires vétérinaires, cet intérêt et cette opportunité se traduisent par un fort développement, et par une stratégie équine bien identifiée comme "nouvelle gamme de compagnie".

Maryvonne Barbaray

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 Créteil Cedex neva@neva.fr

Les rédacteurs en chef - Louis-Marie Desmaizières E.N.V.T. - Christophe Hugnet et - Catherine Gaillard Praticiens mixtes 26160 La Bégude de Mazenc - Stephan Zientara A.F.S.S.A. Alfort

Ce développement de l’équine intéresse quels vétérinaires ? Sans doute pas tous, mais de plus en plus de praticiens qui exercent au sein des structures mixtes dans les villes moyennes ou petites, ainsi que tous ceux qui, à la périphérie ou au centre des plus grandes, ont une clientèle d’animaux de loisirs. Les chevaux, ânes et poneys, et autres chiens, chats, hamsters, ... font souvent partie de la "tribu" familiale. A l’heure où la demande de formation continue se fait de plus en plus forte, NÉVA propose le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine. Cette nouvelle revue décline le concept du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine, afin que tous ceux qui, au sein des cliniques et des cabinets vétérinaires soignent et opèrent chevaux, ânes ou poneys, aient un outil, qui réponde à leurs besoins d’information et de formation. Comme sa sœur aînée, cette revue est organisée autour d’un Dossier spécial proposant des conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques, des fiches, de courts articles. Une place particulière est réservée aux spécificités de l’âne ou du poney. Plusieurs rubriques que vous retrouverez régulièrement constituent le troisième cahier. Ces articles (Principe actif, Nutrition, Urgence, Management de l’entreprise vétérinaire, ...) peuvent se rapporter ou non au Dossier spécial.

Louis-Marie Desmaizières

L’essentiel des revues internationales Avec “la revue internationale”, le quatrième cahier est une ouverture vers l’extérieur. Comment, en effet, se former sans regarder ce qui est publié dans les revues étrangères ? Mais comment trouver le temps de tout lire, de tout suivre ? Deux enseignants, Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières, rassemblent pour vous tous les articles publiés, classés par thème. Ils sélectionnent les articles les plus intéressants et/ou les plus pratiques et, avec la collaboration de leurs internes, les synthétisent. Au total, ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vous propose : - 19 articles alliant informations médicales et chirurgicales, des données sur la gestion des cas, les critères de facilité d’exécution et de coût pour votre client ; - une revue de 48 articles parus récemment ; - 12 résumés et une synthèse bibliographique. Cette mine d’informations a été organisée et collectée par l’équipe qui a conçu le projet et qui dirige la rédaction : un conseil scientifique composé d’enseignants et quatre rédacteurs en chef, praticiens, enseignant et chercheur (cf. ci-contre). Des comités de rédaction et de lecture pluridisciplinaires appuient cette équipe. Leur objectif : mettre à la portée du plus grand nombre de praticiens et d’étudiants des ❒ informations évaluées, pédagogiques, accessibles à tous.

Catherine Gaillard-Lavirotte

Christophe Hugnet

Stephan Zientara LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 6 - MAI / JUIN / JUILLET 2004

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le jetage nasal l’examen clinique chez les équidés

Catherine Gaillard-Lavirotte Clinique Vétérinaire des Lavandes 8, avenue Aristide Briand 26 160 La Bégude de Mazenc

Objectif pédagogique

L’examen clinique complet permet de hiérarchiser les examens complémentaires à effectuer, lors de jetage chez le cheval. Cet article présente les différentes phases de cet examen.

Réaliser l’examen clinique d’un cheval qui présente un jetage.

Définition

S

igne clinique très fréquemment rencontré chez les équidés, le jetage peut être le principal symptôme de nombreuses maladies (sinusite, empyème des poches gutturales, mycose des poches gutturales), ou n’être qu’une des manifestations cliniques de l’affection. Par exemple, lors de maladie obstructive chronique des petites voies respiratoires, le jetage est présent dans la moitié des cas, mais la toux et la détresse respiratoire représentent le principal motif d’appel du propriétaire (encadré). L'objectif de cet article est de revisiter les principales causes de jetage auxquelles le praticien est confronté et de proposer une démarche diagnostique, en présentant les principaux examens complémentaires qui peuvent être réalisés en clientèle courante. CARACTÉRISATION DU JETAGE

Afin d’orienter sa démarche diagnostique, il est important de déterminer si le jetage est séreux, muqueux, spumeux, purulent ou hémorragique, s’il contient des aliments ou s’il est une combinaison de ces événements. ● La présence d’une odeur nauséabonde, l’expression uni- ou bilatérale, la durée

Le jetage est défini comme l’écoulement de matériel non gazeux par les naseaux.

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NOTE *cf. Fiche Caractériser le jetage :

Jetage sanguin bilatéral lors d’une mycose de la poche gutturale gauche (photos C. Gaillard-Lavirotte).

les pièges à éviter, du même auteur, dans ce numéro.

Essentiel

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Fracture ouverte des côtes avec pneumothorax

d’évolution, l’intensité, la fréquence, les modalités d’apparitions, la contagiosité, la présence de symptômes associés, les modifications au cours du temps sont également à confronter à la nature du jetage, afin de le caractériser le plus précisément possible*.

Encadré - Pathophysiologie du jetage d’origine respiratoire L’appareil respiratoire est une interface entre - Lors d’inflammation discrète, les sécrétions

l’environnement et le milieu intérieur corporel. Constituée d’un épithélium pseudo-stratifié, sa muqueuse, produit des sécrétions qui doivent le protéger de tout matériel nocif contenu dans l’air inspiré, mais aussi permettre le réchauffement et l’humidification de l’air inspiré. Ainsi, il existe en permanence une certaine quantité de fluide dans l’appareil respiratoire. ● Tout dérèglement de cet équilibre, en raison d’agents irritants ou infectieux, de perturbations immunitaires et autres anomalies pathogéniques se traduit par une augmentation des sécrétions.

rencontrées sont séreuses à muqueuses. - Lors d’inflammation sévère ou de contamination bactérienne, les polynucléaires neutrophiles et les autres cellules inflammatoires affluent dans ces sécrétions et en modifient l’aspect. De translucides, elles deviennent troubles, puis opaques, pour se colorer dans des teintes jaunâtres à verdâtres. ● En raison de l’importante vascularisation de la muqueuse respiratoire, tous les phénomènes de nature érosifs ou invasifs peuvent induire des saignements plus ou moins intenses selon la nature et la localisation des lésions.

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❚ Déterminer d’abord si le jetage est séreux, muqueux, spumeux, purulent ou hémorragique, s’il contient des aliments, ou s’il est une combinaison de ces événements. ❚ Des "crachats" sur le sol ou les murs du box, des marques de décoloration, d’irritation ou des croûtes sèches sur les naseaux et le devant des antérieurs sont des signes indirects de jetage. ❚ Veiller à bien explorer les nœuds lymphatiques mandibulaires et rétro-pharyngiens.

ÉQUIDÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 9


Fiche

caractériser le jetage les pièges à éviter

Catherine Gaillard-Lavirotte Clinique Vétérinaire des Lavandes 8, avenue Aristide Briand 26 160 La Bégude de Mazenc

Objectif pédagogique Réaliser le diagnostic étiologique des différentes affections à l’origine de jetage chez le cheval.

chez les équidés Lors de la consultation, il est conseillé de ne pas banaliser l’examen du jetage, mais de rester vigilant à certaines situations, au cours desquelles l’interprétation des signes cliniques peut être délicate.

L NOTE * cf. Comment alimenter un cheval dysphagique”, par N. Priymenko, dans ce numéro.

ors de l’examen, il est important d’interroger la personne qui suit le cheval, afin de noter l’évolution des sécrétions au cours du temps. Un jetage séreux d’origine virale peut se transformer en jetage purulent à la suite d’une contamination bactérienne. ● Souvent appelé à ce stade évolutif, le praticien doit pouvoir identifier la virémie primaire, afin de protéger le reste de l’effectif. Plusieurs types de jetage sont souvent observés de façon concomitante. ● Lors de mycose des poches gutturales, un jetage purulent nauséabond est souvent associé au jetage sanguin, en raison du développement des membranes diphtériques aspergillaires. JETAGE UNILATÉRAL OU BILATÉRAL ? Il est généralement entendu qu’un jetage unilatéral traduit une affection située entre les naseaux et la partie caudale du septum nasal, et que toute atteinte située au-delà de ce dernier se traduit par un jetage bilatéral. ● Cependant, un jetage bilatéral peut aussi traduire une affection proximale bilatérale. ● Pour des raisons non connues, certaines affections pulmonaires peuvent entraîner un jetage unilatéral avec parfois un changement de côté du jetage au cours du temps. ● Lors d’affection des poches gutturales, dont l’ostium débouche dans la paroi dorsolatérale du naso-pharynx, les sécrétions sont ●

Essentiel ❚ Noter l’évolution des sécrétions au cours du temps. ❚ Plusieurs types de jetage sont souvent observés de façon concomitante. ❚ Le jetage de nature alimentaire peut traduire des troubles digestifs ou neurologiques.

généralement ipsilatérales lors d’atteinte modérée, et parfois bilatérale lors d’atteinte plus importante. L’INTERMITTENCE DU JETAGE L’augmentation des sécrétions de l’appareil respiratoire profond ne se traduit pas toujours par un jetage. L’expulsion par les naseaux varie selon la capacité du cheval à déglutir ou non ces sécrétions. Ainsi, certains jetages peuvent n'être observés qu’après une période de décubitus, ou au début d’une activité physique. ● Lors d’atteinte sinusale ou des poches gutturales, l’écoulement par les naseaux est conditionné par le taux de remplissage de ces cavités et la position de la tête du cheval. ● Lors de sinusite ou d’empyème des poches gutturales, le jetage est surtout observé quand les chevaux se nourrissent au sol. Par ailleurs, les orifices d’abouchement de ces cavités dans le naso-pharynx peuvent se boucher ou être comprimés par d’autres structures. ●

LE JETAGE N’EST PAS EXCLUSIVEMENT D’ORIGINE RESPIRATOIRE ● Le jetage de nature alimentaire peut être la traduction de troubles digestifs ou neurologiques. ● En revanche, dans certaines situations, les signes respiratoires ne sont que le reflet de l'atteinte d’un autre système. Bien que relativement rares chez les équidés, certaines cardiopathies provoquent par exemple indirectement du jetage.

CONCLUSION La caractérisation précise du jetage est une étape indispensable de la démarche diagnos❒ tique.

formation continue

ÉQUIDÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 12 - MAI / JUIN / JUILLET 2004

1. Un jetage séreux ou séromuqueux accompagne toujours les affections pulmonaires obstructives chroniques : ❑ oui ❑ non 2. Le tympanisme des poches guttturales peut induire une dysphagie : ❑ oui ❑ non 3. Lors de jetage sanguin bilatéral peu abondant, la mycose des poches gutturales peut totalement être exclue : ❑ oui ❑ non 4. Le jetage est permanent lors d'affection sinusale : ❑ oui ❑ non

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le jetage nasal démarche diagnostique et examens complémentaires

Catherine Gaillard-Lavirotte

chez les équidés

Clinique Vétérinaire des Lavandes 8, avenue Aristide Briand 26 160 La Bégude de Mazenc

Objectif pédagogique

Comment réaliser le diagnostic étiologique du jetage chez les équidés ? Cet article propose une démarche diagnostique appropriée à chaque type de jetage.

Réaliser le diagnostic étiologique des différentes affections à l’origine de jetage chez les équidés.

D

e nombreuses affections se traduisent par du jetage chez les équidés. Dans un article de synthèse de 1996, W.D. Wilson a recensé, de façon non exhaustive, l’ensemble des causes responsables des différents types de jetage : - 43 causes de jetage séreux et muqueux sont dénombrées, dont 11 qualifiées de fréquentes ; - 36 de jetage purulent, dont 17 fréquentes (photo 1) ; - 32 de jetage alimentaire, dont 9 fréquentes (photo 2) ; - 51 de jetage sanguin, (dont 11 fréquentes) . ● Il est donc important de procéder de façon rigoureuse par étape et de hiérarchiser ses examens cliniques afin d’établir un diagnostic et de mettre en place l’attitude thérapeutique adéquate. DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE FACE À UN JETAGE SÉREUX OU MUQUEUX Les jetages séreux, séro-muqueux et muqueux résultent d’une augmentation des sécrétions glandulaires de l’appareil respiratoire, en réponse à un phénomène inflammatoire. Tout exercice chez un cheval sain peut se traduire par une augmentation des sécrétions séreuses dans les 30 minutes qui suivent l’effort (photo 3). Ce phénomène est considéré comme normal, sauf lors de sécrétions très importantes, de toux, d’intolérance à l’exercice ou de toute autre anomalie respiratoire. ● Les jetages séreux à muqueux sont généralement bilatéraux. Un jetage séreux unilatéral, peut provenir d’une anomalie d’origine lacrymale, il convient alors de réaliser un examen ophtalmologique. ●

1re hypothèse : les affections virales ● Les affections virales respiratoires représentent la première cause de jetage séreux bilatéral chez les équidés.

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Jetage purulent asymétrique observé lors de bronchopneumonie à S. equi. (photos C. Gaillard-Lavirotte).

● Observé dans les premières phases de l’évolution virale, parfois accompagné d’un état de méforme avec baisse de l’appétit et fièvre, ce signe clinique passe souvent inaperçu. C’est pourtant à ce stade qu’il est préférable de réaliser les écouvillons nasopharyngés afin d’identifier l’agent viral. ● En complément de cet examen, l’analyse sérologique est une méthode de choix pour établir le diagnostic. Les principaux virus rencontrés sont ceux de la grippe équine et les herpèsvirus : E.H.V.-1 et E.H.V.-4. Ces derniers ont une vitesse de contagion plus lente et d’autres signes cliniques peuvent leur être associés (surtout pour E.H.V.-1) tels que des avortements et des troubles neurologiques. ● Le statut vaccinal des chevaux de l’effectif est à évaluer, afin d’adapter une stratégie de prophylaxie médicale.

Objectif L'identification précoce d'une affection virale permet de soigner l’animal, mais aussi d’éviter la propagation de l’affection.

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Jetage séreux bilatéral mis en évidence après un effort.

Essentiel ❚ Identifier précocément une affection virale permet de soigner l’animal et d’éviter la propagation de l’affection.

❚ Toujours observer le cheval dans son milieu de vie habituel.

2e hypothèse : les maladies respiratoires obstructives chroniques Le contact dans l’environnement ou dans l’alimentation de facteurs poussiéreux ou irritants favorisent l’apparition d’un jetage séreux bilatéral souvent accompagné de toux et de conjonctivite. Il est donc important de toujours observer le cheval dans son milieu de vie habituel. La qualité et le lieu de stockage des fourrages sont également très importants à évaluer.

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ÉQUIDÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 13


Fiche

les points forts de l’examen clinique et des examens complémentaires

Commémoratifs : race, âge, mode de vie Anamnèse : modalités d’apparition et d’évolution du jetage Inspection

Catherine Gaillard-Lavirotte Clinique Vétérinaire des Lavandes 8, avenue Aristide Briand 26 160 La Bégude de Mazenc

ÉTAPE ❶ ÉTAPE

Objectifs - Identifier la nature du jetage - Aborder et rassurer l’animal

Rechercher les signes directs et indirects de jetage : Exemples : - “crachats” sur les parois du box ; - marques de décoloration, irritation ou croûtes sèches ● Affection sinusale avec lésions (naseaux et devant des antérieurs) dentaires sous-jacentes ● Détecter la présence de déformations caractéristiques ● Troubles pulmonaires chroniques ● Examiner la courbe respiratoire ● Tympanisme des poches gutturales, ... ● Examiner la région parotidienne à la recherche d’hypertrophies ● Vérifier la perméablilité des veines jugulaires N.B. Toute présence de dilatation nasale, de tirage ●

costal ou de mouvements antéro-postérieurs de l’anus sont les signes d’une dyspnée.

Palpation

ÉTAPE

Objectif - Rechercher une déformation, une douleur

Exemples : Explorer les nœuds lymphatiques, en particulier mandibulaires et rétro-pharyngiens ● Palper le larynx (test de la “claque”) ● Palper le thorax (surtout chez les poulains) ●

Percussion

Adénopathie Dysfonctionnement laryngé ● Fracture de côtes (poulains), ... ● ●

Objectif - Rechercher des modifications de l’aire de projection normale des structures (sinus, poumons) ou des zones de matité

ÉTAPE

Exemples : Explorer les sinus frontaux et maxillaires ● Toujours comparer les côtés droit et gauche ● Explorer l’aire de projection pulmonaire ●

À réaliser dans un endroit avec une acoustique favorable Auscultation

Objectif - Rechercher et identifier les bruits anormaux

Ausculter le cœur Ausculter la trachée ● Ausculter les poumons : test d’hyperventilation ● ●

Affections sinusales Épanchement pleural ● Affections pulmonaires obstructives chroniques, ... ●

ÉTAPE

Exemples : ● Trachéite, bronchite, pneumonie, bronchopneumonie, pleuropneumonie ● Maladie des petites voies respiratoires ● Toute atteinte pulmonaire ● Affection cardiaque, ...

Examens complémentaires Affection virale (grippe équine, herpèsvirus) Maladies respiratoires obstructives chroniques ● Dictyocaulose ● Fente palatine chez le poulain ● Communication bucco-nasale ou bucco-sinusale ● Affections des poches gutturales ● Affections néoplasiques (tumeur intrathoracique, lymphome, mélanome) ● Affection traumatique (fracture de côte, inhalation de corps étranger) ● Affection bactérienne ( S. zooepidermicus, S. equi, Pasteurella sp., E. coli, Klebsiella, mycoplasmes, bactéries anaérobies. Chez le poulain : recherche de rhodococcose) ● Œdème pulmonaire ● ●

Coagulopathies

- Analyse sérologique, ponction de liquide céphalo-rachidien - Examen cytologique des voies respiratoires profondes - Examen cytologique des voies respiratoires profondes - Examen endoscopique - Examens radiographique, endoscopique - Examens endoscopique, radiographique, échographique - Cytoponction de la tumeur et des nœuds lymphatiques satellites, examens endoscopique, radiographique, échographique, biopsie, histologie - Examens endoscopique, radiographique, ... - Analyse bactériologique, cytologie (lavage broncho-alvéolaire, lavage trachéo-bronchique), examens endoscopique, radiographique, échographique, bilan sanguin - Examens échocardiographique, endoscopique, électrocardiogramme, recherche de la cause primaire - Exploration de l’hémostase

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ÉQUIDÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 19


les prélèvements utiles lors de jetage

chez le cheval Quels sont les prélèvements utiles lors de jetage chez le cheval ? Comment les réaliser ? Quand et à qui les envoyer ?

P

our effectuer le diagnostic d'une maladie respiratoire et optimiser le traitement ainsi que les mesures à prendre, l'évaluation du système respiratoire ne se limite plus à une auscultation au stéthoscope. Une évaluation semi-quantitative des signes respiratoires, éventuellement complétée par une endoscopie, est une méthode sensible de diagnostic des troubles pulmonaires, en particulier de l'appareil respiratoire inférieur.

Des examens cytologiques, microbiologiques et histologiques peuvent apporter des informations supplémentaires sur les processus inflammatoires et les réponses immunes en jeu et leurs impacts sur la fonction respiratoire. Ces 20 dernières années, les techniques complémentaires d'exploration de l'appareil respiratoire du cheval ont connu des progrès incontestables. Cet article fait le point sur les prélèvements classiquement réalisés, en insistant sur les aspects pratiques. Des méthodes exploratoires plus invasives sont également décrites.

Gwenaëlle Dauphin Stephan Zientara A.F.S.S.A. Alfort Laboratoire d'études et de recherches en pathologie animale et zoonoses 22, rue Pierre Curie BP 67 94703 Maisons-Alfort

Objectif pédagogique Réaliser les prélèvements adéquats lors de jetage chez le cheval, bien les envoyer au laboratoire et savoir les interpréter.

QUELS PRÉLÈVEMENTS ? Plusieurs types de prélèvements peuvent être effectués : écouvillons nasal et pharyngé,

Figure - Les prélèvements à réaliser en fonction de l’origine du jetage Suspicion clinique

Type de jetage

Prélèvement Aide au diagnostic - Sérologie - Écouvillon naso-pharyngien

Virose respiratoire

Infection bactérienne

Sinusite

- Jetage mucopurulent - Jetage purulent ou à odeur de nécrose

- Ponction - Endoscopie

Empyème des poches gutturales

- Jetage mucopurulent - Jetage purulent ou jetage avec dyspnée

- Sondage - Endoscopie

Affections des voies respiratoires profondes

- Jetage mucopurulent - Jetage purulent

- Aspiration trachéale - Endoscopie

Diverses étiologies

- Jetage alimentaire (dysphagie)

- Endoscopie - Radiographie (+/- sondages, biopsies, dosages, ...)

Tumeur

- Jetage à odeur de nécrose - Biopsie - Jetage hémorragique - Endoscopie - Jetage alimentaire - Radiographie (selon localisation et origine)

Pneumonie gangreneuse

- Jetage à odeur de nécrose

Abcès pharygien

- Ponction - Endoscopie - Radiographie

Abcès pulmonaire, pneumonie pleuropneumonie

- Aspiration trachéale - Lavage broncho-alvéolaire (cytologie et culture)

Bronchopneumopathies chroniques obstructives

- Jetage muqueux - Jetage mucopurulent

- Jetage avec dyspnée

- Écouvillon naso-pharyngien

- Aspiration trachéale - Lavage broncho-alvéolaire - Thoracocenthèse (cytologie et culture) - Radiographie - Échographie

Essentiel ❚ Les écouvillonnages naso-pharyngés sont les prélèvements de choix pour le diagnostic des maladies virales lors d’hyperthermie sévère associée à un jetage séreux à séro-muqueux. ❚ L’écouvillon trachéal permet de rechercher des bactéries de l'appareil respiratoire inférieur. ❚ Récolter le sérum lors de la phase aiguë et lors de la phase de convalescence.

CHEVAL

- Aspiration trachéale - Lavage broncho-alvéolaire (cytologie) - Thoracocenthèse (cytologie et culture) - Échographie

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 21


geste comment effectuer

les prélèvements lors de jetage chez le cheval Cet article présente les modalités pratiques des différentes techniques de prélèvement utiles lors de jetage chez le cheval.

A.F.S.S.A. Alfort Laboratoire d'études et de recherches en pathologie animale et zoonoses 22, rue Pierre Curie BP 67 94703 Maisons-Alfort

Objectif pédagogique Réaliser de façon correcte les prélèvements utiles lors de jetage.

L

’écouvillonnage naso-pharyngien, l’écouvillonnage trachéal, la récolte de sérum, l’aspiration transtrachéale, l’aspiration trachéale endoscopique, le lavage broncho-alvéolaire, le sondage des poches gutturales, la ponction des sinus, la thoracocentèse et la biopsie pulmonaire sont les différentes techniques qui permettent de réaliser des prélèvements lors de jetage chez le cheval.

Gwenaëlle Dauphin Stephan Zientara

1

Réalisation d’un écouvillonnage naso-pharyngien : l’écouvillon est introduit dans le naseau et poussé jusqu’au nasopharynx (photo A.F.S.S.A. Alfort).

Le sondage des poches gutturales n’est pas abordé dans cet article (cf. articles de C. Gaillard-Lavirotte et de L.M. Desmaizières dans ce numéro). L’ÉCOUVILLONNAGE NASO-PHARYNGIEN De gros écouvillons de gaze d'une longueur de 20 cm conviennent le mieux. L'écouvillon est introduit dans le naseau et poussé profondément, jusqu'au nasopharynx par le méat nasal ventral (photos 1, 2). Faire tourner l'écouvillon afin de charger au maximum le coton. ● L'écouvillon peut être laissé en place plusieurs minutes avant d'être retiré, puis il doit être placé immédiatement dans un milieu de transport (avec des antibiotiques, pour la recherche virale uniquement). Il est recommandé d’effectuer un écouvillon par naseau. ● La tige de l'écouvillon est ensuite sectionnée et l'extrémité cotonnée est introduite dans un tube stérile et imbibée dans le milieu de transport. Si nécessaire, du milieu de transport peut être préparé avec une petite quantité (3 ml environ) de sérum physiologique, additionné, si possible pour la recherche virale, d’antibiotiques (pénicilline 100 UI/ml et streptomycine 0,1mg/ml) et d’un antifongique (Fungizone®, 1 µg/ml). ● Le prélèvement est expédié le plus rapidement possible (deux à quatre heures) sous régime du froid au laboratoire (cf. article des mêmes auteurs dans ce numéro). ●

2

Gros écouvillon de gaze qui permet de réaliser les écouvillonnages naso-pharyngien et trachéal (photo G. Dauphin).

Essentiel

L’ÉCOUVILLON TRACHÉAL L’écouvillonnage trachéal est le plus souvent réalisé au moyen de la sonde endoscopique. ● Toutefois, des contaminations du prélèvement, par Pseudomonas ou des bactéries anaérobies, liées à l'utilisation de l'endoscope sont fréquentes. ●

LA RÉCOLTE DE SÉRUM Le sang est récolté sur tube sec. Afin d'obtenir une meilleure conservation du sérum, le tube de prélèvement peut être centrifugé afin de bien séparer le sérum du caillot sanguin et le sérum seul, placé dans un nouveau tube avant envoi.

● ●

LES LIQUIDES D'ASPIRATION (L.A.T.) OU DE LAVAGE TRACHÉO-BRONCHIQUE (L.T.B.) ET DE LAVAGE BRONCHO-ALVÉOLAIRE (L.B.A.) L'aspiration des sécrétions trachéales peut être effectuée soit par voie percutanée, soit par endoscopie. ● Les deux techniques sont relativement simples à réaliser. ●

27

❚ Le prélèvement réalisé par écouvillonnage nasopharyngien est expédié 2 à 4 h, sous régime du froid, au laboratoire. ❚ Effectuer l’écouvillonnage trachéal avec une sonde endoscopique. ❚ L’écouvillon naso- pharyngien est le prélèvement le plus simple à réaliser. ❚ Aspirer les sécrétions trachéales, soit par voie percutanée, soit par endoscopie.

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 27


imagerie médicale examen radiographique des voies respiratoires supérieures chez le cheval

Afin d’explorer les voies respiratoires supérieures du cheval, plusieurs incidences radiographiques peuvent être utilisées. Cette fiche présente les indications et les conditions pratiques de réalisation des clichés.

Catherine Gaillard-Lavirotte Clinique vétérinaire des Lavandes 8, rue Aristide Briand 26160 La Bégude de Mazenc

Objectif pédagogique Explorer les sinus, les cavités nasales, le larynx et le pharynx chez le cheval, à l’aide de l’examen radiographique.

L

a réalisation de clichés radiographiques des voies respiratoires supérieures est possible avec un appareil portable, en raison de la faible épaisseur des structures osseuses et de l’important proportion d’air. CONTENTION

● Le cheval est maintenu debout et tranquillisé pour plus de facilité (exemples de protocoles de tranquillisation : détomidine : 10 à 20 μg/kg en intraveineuse (I.V.), romifidine 0,035 à 0,05 mg/kg I.V., xylazine 1 mg/kg I.V., acépromazine : 0,1 mg/kg I.V.). Ne jamais négliger l’auscultation pré-anesthésique. ● Son licol est retiré et placé autour du cou, ou un licol en corde est utilisé.

1

Incidence latéro-latérale centrée sur le sinus maxillaire : utilisation d’un marqueur radio-opaque sur le chanfrein.

Indications ❚ Un jetage ❚ Une déformation ❚ Des bruits respiratoires à l’exercice

INCIDENCES RÉALISÉES

Essentiel

Pour l’exploration des sinus et des cavités nasales

❚ L’incidence latéro-latérale centrée sur le sinus maxillaire explore les cavités nasales et sinusales. ❚ L’incidence dorso-ventrale centrée à mi-hauteur de la crête faciale explore les sinus et permet de latéraliser l’affection. ❚ Les incidences obliques permettent de dégager les racines dentaires.

Trois types d’incidences permettent d’explorer les sinus et les cavités nasales : 1. l’incidence latéro-latérale centrée sur le sinus maxillaire : cavités nasales et sinusales. Indication : sinusite (visualisation d’un niveau

matériel appareil radiographique portatif haute fréquence ; ● cassettes 24 x 30 cm ou 30 x 40 cm équipé de films rapide (400 (Fast) ou 200 (Medium) ; ● couple film écran terre rare, sensibilité 400 à 800 ; ● grille (si appareil suffisamment puissant) ● marqueurs radio-opaques (repère pour l’identification, l’orientation et la position) ; ● porte cassette ou pied de perfusion ; ● produit de contraste injectable pour les fistules ; ● produit de contraste type baryte pour les troubles de la déglutition ; ● équipement de radioprotection. ●

2 Incidence dorso-ventrale (photos C. Gaillard-Lavirotte).

Figure 1 - Incidences obliques à 30° : arcades dentaires maxillaires (coupe transversale en regard des prémolaires) Arcade dentaire maxillaire

Cassette

DLO* 30° 30°

Axe horizontal 30°

CHEVAL

VLO** 30°

Arcade dentaire mandibulaire Cassette

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 31


imagerie médicale examen endoscopique des voies respiratoires supérieures

chez le cheval Cette fiche présente les modalités pratiques de réalisation de l’examen endoscopique des voies respiratoires supérieures chez le cheval.

Mettre en œuvre un examen endoscopique afin d’explorer les voies respiratoires supérieures chez le cheval. 1

Indications

Vue endoscopique du larynx (photos J.-L. Cadoré).

❚ Jetage uni- ou bilatéral ❚ Toux ❚ Bruits respiratoires

MISE EN ŒUVRE L’endoscope est présenté parallèlement à l’axe des cavités nasales, il est positionné médialement et ventralement dans le naseau afin de rester dans le méat ventral. L’introduction est rapide lors des dix 1ers centimètres car les chevaux réagissent souvent à ce moment-là en levant la tête, voire en jetant un antérieur vers l’avant. ● La progression s'effectue ensuite plus lentement en restant sur le plancher. En cas de gêne, évaluer l’obstacle et vérifier que l’endoscope ne se trouve pas dans le méat moyen. ● L’inspection des premières structures ana●

matériel ● Un endoscope souple d’au moins 80 cm avec un diamètre de 6 à 16 mm suffit pour l’exploration des voies respiratoires supérieures. - Lors de l’examen des poches gutturales chez un cheval adulte, le diamètre ne doit pas excéder 12 mm (un diamètre de 8 ou 9 mm est même préférable). - Chez les poulains, on utilise facilement un diamètre de 9 mm. ● Prévoir au minimum une pince à biopsie et un cathéter d’aspiration suffisamment longs pour être introduits dans le canal opérateur. La source lumineuse et le système d’irrigation sont posés sur une table, une colonne, ou portés. ● Matériel pour les prélèvements : - tube E.D.T.A. ; - tube sec ; - milieux de transport pour la bactériologie ou la virologie ; - 500 ml de sérum physiologique ; - flacon de formol ; - compresses ; - petite aiguille (pour récupérer les prélèvements sur la pince à biopsie, cf. astuce) ; - etc.

*Clinique vétérinaire des Lavandes 8, rue Aristide Briand 26160 La Bégude de Mazenc ** Département Hippique E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat, BP 83 69280 Marcy l’Étoile

Objectif pédagogique

L

’examen endoscopique des voies respiratoires supérieures est un examen complémentaire simple, qui peut être réalisé en clientèle. Il permet de visualiser des modifications lésionelles, mais aussi fonctionnelles.

Catherine Gaillard-Lavirotte* Jean-Luc Cadoré**

anormaux ❚ Déformations

Geste

2

Rentrer directement l’endoscope jusqu’au pharynx et évaluer les 1res structures anatomiques lors du retrait.

tomiques peut être réalisée lors de l’avancée, mais il est souvent plus facile de rentrer directement l’endoscope jusqu’au pharynx, de poursuivre l’évaluation anatomique et fonctionnelle, puis d’évaluer ces structures lors du retrait (photos 1, 2, 3).

❚ Assez facile ❚ Praticien généraliste ❚ Connaissances anatomiques nécessaires ❚ Formation de base indispensable

Encadré - Contention La contention de l’animal est réalisée grâce à : - la participation d’un aide : la présence d’une personne qui tient le cheval à la tête suffit chez certains chevaux ; - un tord-nez suffit dans la majorité des cas ; - une contention chimique : prévoir diverses molécules selon les cas : acépromazine, xylazine, détomidine, romifidine, dérivés morphiniques*. L’utilisation de ces substances modifie l’évaluation fonctionnelle : déplacement dorsal du voile du palais induit par la tranquillisation, mobilisation des cartilages arythénoïdes modifiée lors du test de la claque (ou "slap test" : un opérateur donne une claque sur le garrot du cheval, ce qui doit induire une abduction du cartilage arythénoïde controlatéral). Ne jamais négliger l’auscultation pré-anesthésique. - l’inhalation de phéromones environ 20 mn

3

Vue endoscopique de la région ethmoïdale.

NOTE * cf. Article examen radiographique des voies respiratoires supérieures de C. Gaillard-Lavirotte, dans ce numéro.

CHEVAL

après la procédure aurait un effet apaisant. - un gel anesthésique peut être réparti sur l’extrémité distale de l’endoscope, ou un spray anesthésique peut être pulvérisé dans les narines.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 33


observation clinique jetage évolutif

chez une jument Une jument de huit ans est présentée a la consultation pour un jetage nasal muco-purulent, hémorragique et malodorant unilatéral à gauche, présent depuis plusieurs mois.

ANAMNÈSE Les symptômes sont apparus environ six mois auparavant. Le jetage constaté initialement était séro-hémorragique et intermittent. ● Progressivement, l’affection évolue vers un jetage de plus en plus purulent et d’excrétion plus continue, avec un caractère hémorragique intermittent (photos 1, 2). Des antibiothérapies successives ne sont pas venues à bout de ce jetage (benzylpénicilline procaïnée 50 000 U.I. matin et soir en intramusculaire, streptomycine 11 mg/kg en intramusculaire deux fois/j, sulfadiméthoxine 50 mg/kg une fois/j par voie orale). ● Le traitement en cours fait appel à une antibiothérapie per os : sulfadiméthoxine et trimétoprime, 50 mg/kg, deux fois par jour, depuis 15 jours. ● Au cours de l’évolution de la maladie, une diminution du volume courant des voies nasales du côté gauche, accompagnée de bruits essentiellement inspiratoires (ronflements) lors du travail, sont apparus. ● Une déformation du chanfrein est visible à gauche, surtout depuis trois semaines, et s’accentue de plus en plus selon la propriétaire (photo 3). ●

EXAMEN CLINIQUE GÉNÉRAL ● La jument est en bon état d’embonpoint et présente un comportement vif et alerte.

*Clinique La Châtaigneraie 44 240 Suce-sur-Erdre **Service de pathologie médicale des équidés E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

Objectif pédagogique Diagnostiquer l’affection en cause lors de jetage évolutif chez le cheval et mettre en place un traitement adapté.

C

ette jument est utilisée pour une activité de loisir. Elle est correctement vaccinée (grippe équine et tétanos) et vermifugée. La ration alimentaire est à base de foin à volonté, complétée de quatre litres de mélange orge entière et granulés matin et soir. Parmi les antécédents pathologiques de l’animal, l’exérèse d’un carcinome épidermoïde de la membrane nictitante gauche, réalisée trois ans auparavant, peut être notée.

Vincent Boureau* Emmanuel Maurin**

1

Motif de consultation

La jument présente un jetage de plus en plus purulent et d’excrétion continue (photos V. Boureau).

L’examen clinique général ne montre pas d’anomalies significatives. ● L’examen de la cavité buccale permet de vérifier l’intégrité des arcades molaires en regard des cavités des sinus maxillaires. ●

❚ Jetage nasal muco-purulent, hémorragique et malodorant unilatéral à gauche, présent depuis plusieurs mois.

SÉMIOLOGIE RESPIRATOIRE ● L’examen de l’appareil respiratoire n’indique pas de polypnée au repos (la fréquence respiratoire est de 12 mouvements/min). ● Une dyspnée, qui concerne la phase inspiratoire de la courbe respiratoire, apparaît à l’effort et se matérialise par un tirage costal.

Inspection L’animal présente : - une conjonctivite ipsi-latérale ; - une fistule au niveau de canthus médial des paupières de l’œil gauche (photos 4, 5) avec un écoulement purulent ; - une déformation de consistance dure (osseuse), visible au niveau de l’os frontal (photos 4, 5) ; - une dyspnée à dominante inspiratoire accentuée à l’effort.

Symptômes ❚ Jetage permanent mucopurulent unilatéral avec épisodes hémorragiques, d’évolution chronique et récidivante, et lymphadénite associée. ❚ Fistulisation au niveau de l’os frontal déformé, à proximité du canthus interne de l’œil. ❚ Obstruction mécanique des voies respiratoires supérieures du côté gauche, avec une déformation visible extérieurement.

Palpation ● Les nœuds lymphatiques mandibulaires et rétro-pharyngiens sont hypertrophiés et douloureux du côté gauche. ● La réalisation d’un test d’obstruction volontaire des naseaux confirme, en accentuant la dyspnée, une imperméabilité partielle des voies nasales du côté lésionnel.

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CHEVAL

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les traitements médicaux lors de jetage chez le cheval

Cet article présente les différents traitements médicaux de 1re intention lors d’affections à l’origine de jetage chez le cheval, en fonction du type de jetage, ainsi que les traitements préventifs utiles lors d’interventions chirurgicales qui visent à traiter ces affections.

L

’observation d’un jetage, qu’il soit uni ou bi-latéral, rare ou abondant, séreux, purulent alimentaire ou hémorragique, lié ou non à l’exercice, est un motif fréquent de consultation du praticien (photo 1). ● En fonction de l’étiologie et du contexte clinique, qui autorise ou non une stratégie diagnostique complète, un traitement médical peut être proposé en première intention. ● Ce traitement peut être administré en attente d’un diagnostic plus précis, ou de façon spécifique lors de maladie infectieuse classique comme la gourme, ou en préparation à une intervention chirurgicale, ou bien encore en complément de celle-ci. LES TRAITEMENTS MÉDICAUX DE PREMIÈRE INTENTION Pour le jetage avec infection ou surinfection streptococcique des 1res voies respiratoires L’infection par Steptococcus equi sbsp equi ou zooepidemicus est responsable de la gourme qui peut évoluer sous plusieurs formes : - la forme catarrhale est la plus classique, caractérisée au décours de son évolution, par l’apparition d’un jetage parfois abondant associé à une adénomégalie mandibulaire ; - les co-infections des cavités sinusales et gutturales sont fréquentes, avec également une adénomégalie respectivement mandibulaire et rétro-pharyngienne. ● Le choix du traitement par le clinicien est dicté par l’imminence de l’abcédation : - lorsque celle-ci est proche (nœuds lymphatiques fluctuants à la palpation), la favoriser semble préférable et le recours aux antibiotiques doit être envisagé. Il convient de recourir aux applications de préparations phlogogènes (application de compresses alcoolisées) ; ●

- dans les autres cas, l’utilisation d’antibiotiques auquel l’agent pathogène est habituellement sensible est proposée. Le choix se porte alors sur la classe des pénicillines ou des sulfamides en 1re intention : - les pénicillines sont plus rapides d’action et sont bactéricides, les sulfamides sont bactériostatiques, mais ils ont l’avantage du relai per os, après injection par le praticien ; - les céphalosporines constituent une alternative également intéressante. Les critères de choix sont liés au caractère aigu, subaigu ou chronique de l’affection, au spectre large et à la pharmacocinétique de l’antibiotique, et aux capacités du proriétaire à réaliser les soins. ● Pour contribuer au confort du cheval, souvent gêné par la douleur due à l’inflammation, qui entraîne d’ailleurs souvent une dysphagie, mais aussi pour limiter le phénomène inflammatoire, l’administration d’anti-inflammatoires non stéroïdiens est intéressante. ● Si le jetage est abondant, l’utilisation de fluidifiants par voie générale comme l’acétylcystéine, la dembrexine ou la bromhexine semble bénéfique, bien qu’il n’existe pas d’études pertinentes sur ce sujet*. ● Dans les cas d’empyème sinusal ou guttural, ces mêmes fluidifiants, mais surtout l’acétylcystéine, peuvent être utilisés dans les liquides physiologiques d’irrigation habituellement employés** (figure 1, tableau 2). Pour le jetage hémorragique Non pulmonaire ● L’importance du saignement, souvent majorée par l’observateur, indique au praticien si l’acte chirurgical salvateur est nécessaire : la ligature de la carotide commune, permanente ou temporaire, lors d’hémorragie massive ou imminente (situation d’urgence) dans une poche gutturale identifiée par l’examen endoscopique***. Pour ce type d’hémorragie, il est illusoire de recourir aux médicaments dits hémostatiques et anti-hémorragiques lors de saignements importants. Cette intervention n’est pas réalisée en routine en dehors des situations d’urgence. ● La présence de sang est parfois observée lors d’affection sinusale (tumorale ou non), lors d’affection nasale, ou encore assez régulièrement lors de l’évolution d’un hématome

Jean-Luc Cadoré Département Hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy l’Étoile

Objectif pédagogique Traiter les affections à l’origine de jetage chez le cheval et prévenir les complications liées à leur traitement chirurgical.

1

Les critères de choix d’un traitement sont liés au caractère aigu, subaigu ou chronique de l’affection (photo J.-L. Cadoré).

NOTES * cf. dans ce numéro : * Principe actif. ** Pour en savoir plus. *** Fiche de C. Gaillard-Lavirotte.

Essentiel ❚ Lorsque l’abcédation est imminente, la favoriser à l’aide d’applications de préparations phlogogènes. ❚ Dans les autres cas, utiliser les pénicillines ou les sulfamides en 1re intention. ❚ Les critères de choix du traitement sont liés au caractère aigu, subaigu ou chronique de l’affection.

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CHEVAL

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geste

la chirurgie des poches gutturales chez le cheval Simples ou plus complexes, plusieurs techniques chirurgicales permettent de traiter les affections des poches gutturales chez le cheval. Laquelle choisir ? Comment les mettre en œuvre ?

L

es affections des poches gutturales sont relativement fréquentes chez le cheval. Certaines, en particulier la mycose, peuvent avoir des conséquences catastrophiques si elle ne sont pas diagnostiquées précocement. Dans la plupart des affections des poches gutturales (empyème, tympanisme), le traitement est surtout médical. Ce traitement doit être entrepris rapidement pour limiter les conséquences (dysphagie, compression laryngée, …). Cet article présente les techniques chirurgicales à mettre en œuvre lorsque le traitement médical est démontré comme ineffiTechnique n° 1

cace (mycose), ou qu’il a été instauré tardivement, ou en cas d’échec de ce traitement. LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA MYCOSE ● Le traitement consiste à supprimer l’irrigation dans les artères qui courent sur la face caudale de la poche gutturale avec deux objectifs (encadré 1) : - empêcher le sang de s’écouler par une éventuelle brèche vasculaire ; - modifier les “conditions climatiques”, en particulier chaleur et humidité. ● Plusieurs techniques sont disponibles : - une technique simple mais imparfaitement efficace : 1. la ligature de l’artère carotide commune ; - d’autres plus complexes : 2. la ligature de l’artère carotide interne ; 3. la ligature de l’artère carotide interne associée à la mise en place d’un cathéter à ballonnet ; 4. l’embolisation de l’artère carotide interne et/ou de l’artère maxillaire.

Une technique simple : la ligature de l’artère carotide commune

La technique de ligature de l’artère carotide commune, peut être réalisée sur cheval debout (cf. rubrique "Urgence" de ce numéro). ●

La pose d’une ligature à cet endroit pourrait sembler suffisante pour supprimer l'hémorragie lors de brèche dans les artères carotide interne et maxillaire qui lui font suite. Il n’en est rien : chez les équidés, comme pour d’autres espèces, il existe un shunt vasculaire dans la boïte crânienne appelé cercle de Willis. Il peut donc subsister une hémorragie par le biais d’un flux de sang rétrograde, qui provient de l’artère carotide interne controlatérale ou de l’artère vertébrale [3] (figure 1). De plus, il a été montré que la seule ligature de l’artère carotide commune ipsilatérale augmente le risque de flux rétrograde dans l’artère carotide interne affectée. ●

● Dans les cas d’urgence, il est donc recommandé de ligaturer les deux artères carotides communes [9]. La ligature de l’une ou des deux carotides n’engendrer pas de perturbations de l’irrigation cérébrale : le relais est normalement pris par l’artère vertébrale qui aboutit aussi dans le cercle de Willis.

Toutefois, peu d’informations sont disponibles sur l’utilisation des chevaux qui ont subi une ligature des deux carotides pour une activité sportive de très haut niveau. Figure 1 - Le cercle de Willis Artère cérébrale rostrale

Louis-Marie Desmaizières Département des sciences cliniques des animaux de sports et de loisirs E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique Traiter la mycose, l’empyème et le tympanisme des poches gutturales.

Essentiel ❚ En cas d’urgence, lors de mycose, ligaturer l’artère carotide commune du côté lésé, ou les deux artères carotides communes si l’hémorragie n’est pas contrôlée. ❚ La ligature de l’artère carotide interne, associée à la mise en place d’un cathéter à ballonnet, est la technique la plus employée actuellement dans le traitement de la mycose des poches gutturales.

Artère cérébrale moyenne

Traitement Artère communicante caudale

Artère intercarotidienne

Artère cérébrale caudale

L’objectif du traitement est de supprimer l’irrigation dans les artères qui courent sur la face caudale des poches gutturales.

CHEVAL Artère carotide interne

Artère vertébrale

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 45


geste chirurgical

techniques de sinusocentèse chez le cheval

Département des sciences cliniques des animaux de sports et de loisirs E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

Cette fiche décrit les sites et les principales étapes pour la réalisation d’une sinusocentèse chez le cheval.

Objectif pédagogique

1

Réaliser une sinusocentèse chez le cheval. 2

LES INDICATIONS Les indications de la sinusocentèse sont : - le prélèvement d’un liquide sinusal ; - le drainage sinusal ; - la sinusoscopie : dans ce cas, l’anesthésie générale est préférable, pour éviter le bris du matériel (encadré). ● Une bonne contention permet aussi d’effectuer ce geste chirurgical en clientèle, en utilisant un petit fibroscope.

Louis-Marie Desmaizières

Indications ❚ Prélèvement d’un liquide sinusal. ❚ Drainage sinusal. ❚ Sinusoscopie.

3 2

Le matériel nécessaire :

- 1. un sinusoscope

(arthroscope de 4 mm de diamètre, vision 30°) ; - 2. un drain de Redon ; - 3. un perforateur à main pour broche.

LES SITES D’INTRODUCTION Il est possible de réaliser la sinusocentèse à plusieurs endroits, selon le sinus à atteindre. ● Pour le sinus frontal : l’introduction est réalisée à 60 p. cent de la distance, dans une direction latérale, entre la ligne médiane et la canthus médial et 0,5 cm caudalement à la ligne qui rejoint les deux canthus médiaux (photo 2) ; ● Pour le sinus maxillaire caudal, il existe deux possibilités : - choix 1 : à 2 cm rostralement et 2 cm ventralement au canthus médial ; - choix 2 : à 2,5 à 3 cm dorsalement à la crête faciale, et à 2,5 cm à 3 cm rostralement au canthus médial (photo 3).

2

Pour une sinusocentèse du sinus frontal, le site d’introduction se situe à 60 p. cent de la distance entre la ligne médiane et le canthus médial, et 0,5 cm caudalement à la ligne qui rejoint les deux canthus médiaux (photos L.-M. Desmaizières).

matériel Le matériel nécessaire dans tous les cas Dans tous les cas, avoir à sa disposition (photo 1) :

- une tondeuse ; - un manche de bistouri N°3 ; - une lame bistouri N°11 ; - un clou de Steimann de 3 mm de diamètre ; - des compresses ; - un mandrin de Jacob. Le matériel spécifique Du matériel supplémentaire spécifique peut être nécessaire. ● Pour un prélèvement sinusal : - un cathéter 13 G de 105 mm ; - une pince à biopsie ou rongeur Ferris Smith ; - une agrafeuse à peau.

Geste Pour un drainage sinusal : - un drain de Redon CH 18 ; - un monofilament irrésorbable 0 (décimale 3,5) (Monosof®, Éthicrin®) ; - des outres de 1 litre de solution saline tiédie ; - un perfuseur. ● Pour une sinuscopie : - un optique de 3,5 mm oblique à 30° (semblable à celui nécessaire pour une arthroscopie) ; - une chemise pour optique ; - un perfuseur ; - une outre de 1 litre de solution saline. ● Pour les prélèvements (cf. Comment effectuer les prélèvements lors de jetage chez le cheval, par G. Dauphin, dans ce numéro). ●

❚ Facile d’exécution ❚ Praticien généraliste

CHEVAL

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geste chirurgical explorer les sinus

par la technique des volets osseux chez le cheval

Olivier Bisseaud Clinique équine de l’Essonne Le Bois Moret 91580 Auvers Saint Georges

L’exploration des sinus présente de nombreuses indications chez le cheval. Cet article présente deux abords de la technique des volets osseux, à choisir selon le sinus à atteindre.

Objectif pédagogique

L

Indications

Trépaner les sinus par la technique des volets osseux.

’exploration chirurgicale des sinus paranasaux chez le cheval est indiquée lors de sinusite étendue ou chronique, parfois associée à une déformation de la face. L’identification pré-opératoire du siège anatomique des lésions est primordiale : elle peut être effectuée par radiographie, par fibroscopie des voies respiratoires supérieures, et/ou par sinusoscopie. INDICATIONS

La trépanation présente un intérêt diagnostique (sinusoscopie, biopsie) et thérapeutique (soins de drainage, répulsion dentaire simple), mais l’accès aux différentes cavités sinusales demeure limité. ● La technique des volets osseux en offre un accès plus vaste. 1. Cette technique est la 1ère étape des chirurgies sinusales plus invasives, telles que l’exérèse d’un kyste sinusal congénital ou non, le traitement ou l’exérèse d’un important hématome progressif de l’ethmoïde, la répulsion dentaire multiple, la reconstruction d’une fracture par enfoncement de la face ou du crâne, l’exérèse d’une tumeur sinusale (photo 1). 2. La trépanation des sinus présente aussi un intérêt pour traiter les sinusites. Le sinus maxillaire, seul à déboucher dans les cavités nasales par le foramen nasomaxillaire, est fréquemment impliqué (figures 1, 2). ●

❚ Sinusoscopie, biopsie. ❚ Soins de drainage. ❚ Répulsion dentaire simple. ❚ Traitement des sinusites.

Geste

1

Les affections prolifératives des sinus, certains traumatismes de la tête et certains soins dentaires sont les principales indications de la technique des volets osseux (photo O. Bisseaud).

Figure 1 - Abord des sinus par les volets

❚ Facile d’exécution. ❚ Praticien généraliste. ❚ Bloc opératoire nécessaire.

osseux frontonasal ou maxillaire (d’après [1])

matériel

A : Volet frontonasal B : Volet maxillaire 1. Sinus maxillaire rostral 2. Sinus maxillaire caudal 3. Sinus conchal ventral 4. Sinus sphénopalatin 5. Sinus frontal 6. Labyrinthe ethmoïdal 7. Foramen frontomaxillaire 8. Sinus conchal dorsal 9. Sinus conchofrontal (association des sinus frontal et conchal dorsal)

A

La technique des volets osseux nécessite un matériel spécifique : - une perceuse ; - des mèches de 2,5 mm et de 3,5 mm ; - un ostéome plat ; - un maillet ; - des curettes de Volkmann ; - des fils d’acier.

B

L’ANESTHÉSIE ET LA PRÉPARATION CHIRURGICALE La trépanation des sinus par la technique des volets osseux s’effectue : 1. soit sous anesthésie générale en décubitus latéral, avec la tête légèrement inclinée vers le bas pour permettre l’évacuation du sang et des exsudats par les naseaux ; 2. soit sur cheval debout sous (narco)neuroleptanalgésie, avec une anesthésie

CHEVAL

locale de la peau et une anesthésie loco-régionale du sinus (50 mL de xylocaïne), au travers d’un petit trou foré dans le sinus malade (cf. infra, technique du volet frontonasal). ● La préparation du site chirurgical est

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retrait chirurgical des dents jugales chez le cheval Retirer une dent chez un cheval, qu’il soit jeune ou âgé, n’est jamais une procédure bénigne, car les complications et les risques ne peuvent pas être négligés. Quels sont-ils ? Quelles précautions prendre avant d’envisager une intervention ?

L

es affections dentaires sont relativement communes chez les chevaux et les poneys de tous types et de toutes races. Le retrait d’une dent, considéré comme une intervention bénigne dans d’autres espèces, est compliqué chez les équidés par l’anatomie particulière des dents jugales, prémolaires et molaires (encadré et figure 1).

INDICATIONS Outre les fractures, les anomalies d’éruption et les tumeurs, les infections périapicales ("abcès dentaires") sont de loin les indications les plus fréquentes pour le retrait d’une dent. ● Le retrait chirurgical est souvent un dernier recours lorsque d’autres approches plus "conservatrices" ont échoué. Inversement, il convient d’éviter de laisser une infection s’installer trop longtemps dans l’os alvéolaire et / ou les sinus, car les risques de complications augmentent alors. ●

Eddy Cauvin Département hippique E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat BP 83 - 69280 Marcy l’Étoile

Objectif pédagogique

Figure 1 - Schéma d’une dent jugale de cheval adulte et son alvéole,

Connaître les particularités des dents chez le cheval.

en coupe sagittale Cavité pulpaire

Racines

Dentine

Indications

Lamina dura de l’alvéole Émail Ligament périodontal Cementum

Couronne de réserve

❚ Infections périapicales ("abcès dentaires") ❚ Fractures ❚ Anomalies d’éruption ❚ Tumeurs

Couronne

Figure 2 - Position des dents jugales d’un cheval adulte (d’après Sisson et Grosman, the Anatomy of Domestic Animals 1953)

Essentiel

M3 M2 PM 2 PM 3 PM 4 M 1 M3 M2 M1 PM 3 PM 4 PM 2

Encadré - Particularités anatomiques des dents chez le cheval ● Le retrait des dents jugales est limité par la difficulté majeure à séparer la dent, même abîmée, de son alvéole. - En effet, si leurs racines sont très courtes, les dents jugales définitives sont pourvues d’une couronne de réserve extrêmement développée après la formation de la dent permanente. - Cette couronne est enchâssée dans une alvéole cylindrique profonde, et attachée sur toute sa longueur par un ligament périodontal, extrêmement résistant et rigide (figure 2). ● De plus, l’abord de la dent par la bouche est compliqué car la couronne dépasse relativement peu de la gencive et, surtout, la cavité buccale du cheval a une amplitude d’ouverture restreinte (figure 2).

Ainsi, l’espace laissé par l’ouverture forcée de la gueule pour les molaires est largement inférieur à la longueur de la couronne, excepté chez les chevaux très âgés.

❚ Le retrait d’une dent est compliqué chez les équidés en raison de l’anatomie particulière des dents jugales, prémolaires et molaires. ❚ La dent se forme une fois pour toute avant l’éruption : le jeune cheval a une longueur de dent prédéfinie. ❚ L’éruption de la dent est continue. ❚ Une dent jugale permanente est moins difficile à retirer chez le cheval âgé.

● Contrairement à une idée commune, la dent du cheval ne pousse pas de manière continue. Elle se forme une fois pour toute avant l’éruption, et le jeune cheval a une longueur de dent prédéfinie. C’est l’éruption qui est continue. Aussi, à mesure que la surface s’use, la partie enchâssée de la couronne se raccourcit : la partie exposée dans la gueule reste à peu près constante.

CHEVAL

● Une dent jugale permanente est donc d’autant moins difficile à retirer que le cheval est âgé.

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les affections

à l’origine de jetage particularités

Christophe Hugnet

chez l’âne et les croisés

Clinique Vétérinaire des Lavandes 8 rue A. Briand 26160 La Begude de Mazenc

L’âne est sensible à l’ensemble des germes impliqués couramment dans les causes de jetage exposés dans les articles précédents de ce Dossier spécial.

T

rès présent dans le pourtour méditerranéen et en Afrique de l’ouest, l’âne (equus asinus) revient en force dans toutes les campagnes françaises. Souvent en compagnie de chevaux ou de poneys, l’âne peut constituer un réservoir asymptomatique de nombreuses affections, virales et parasitaires en particulier. De même, la proximité fréquente des ânes dans les prés avec des bovins ou des volailles peut conduire au portage chronique, éventuellement contagieux d’affections tuberculeuses (photo 1) . Outre quelques particularités anatomiques, sont développées les spécificités des ânes vis-à-vis des différentes infections virales, bactériennes et infestations parasitaires à expression clinique sous forme de jetage. PARTICULARITÉS ANATOMIQUES En dehors de la forme plus allongée du crâne de l’âne par rapport aux chevaux et aux poneys, il existe une particularité anatomique importante : l’absence de cloison dans le sinus maxilaire (il existe deux sinus maxillaires médial et latéral chez le cheval). Celle-ci doit conduire le praticien à une évaluation radiographique différente chez l’âne.

LA MORVE : la forme aigüe chez l’âne Maladie légalement réputée contagieuse, la morve est l’objet d’une réglementation spécifique. Ceci impose une conduite à tenir et un pronostic vital défavorable pour les animaux atteints (abattage obligatoire). Épidémiologie L’âne s’avère extrêmement sensible à des bactéries telles que Burkhloderia mallei (anciennement Pseudomonas mallei). ● La morve est une zoonose majeure, mortelle et très contagieuse. En particulier, dans la forme aiguë, le bacille de la morve est présent dans toutes les sécrétions et excrétions de l’organisme : pus, jetage, urine, fèces, larmes et salive. ●

Objectif pédagogique Connaître les spécificités des formes de jetage chez l’âne et les croisés.

1

La proximité fréquente des ânes dans les prés avec des bovins ou des volailles peut conduire au portage chronique.

Dans les formes chroniques, les sécrétions des organes atteints sont une source de bacilles. ● La forme aiguë est la règle chez l’âne. Le mulet exprime une forme subaiguë, tandis que le cheval présente plutôt la forme chronique. ● Il existe actuellement des foyers enzootiques en Asie (Inde, Pakistan, Afghanistan, Indonésie…), en Afrique (Sénégal, Soudan, Mauritanie), au Moyen-Orient (Irak, Iran, Turquie…) et en Amérique du Sud (Brésil). L’Europe est indemne depuis 1930, avec quelques cas sporadiques en Grèce et en Roumanie en 1965. Les derniers cas identifiés en France en 1965 étaient liés à des importations d’Espagne et d’Afrique. ● La voie de pénétration de l’agent pathogène est digestive ou cutanée, soit à partir de sujets infectés, soit indirectement via des aliments ou objets souillés (cas le plus fréquent). Signes cliniques ● L’expression clinique peut prendre deux formes selon la localisation de Burkhloderia mallei : 1. la forme respiratoire, signe d’une atteinte des premières voies aériennes et des poumons, associe un jetage d’abord séreux, évoluant progressivement vers un aspect mucopurulent (couleur jaune à verdâtre, teinté de sang parfois). Les nœuds lymphatiques mandibulaires sont hypertrophiés et douloureux. Lorsqu’ils s’ouvrent, ils laissent sourdre un pus de consistance particulière, historiquement appelé huile de farcin. La forme cutanée s’exprime par de volumineux et douloureux œdèmes cutanés évoluant vers l’apparition de lésions nodulaires, progressivement ulcératives, associées à l’expression d’huile de farcin.

2

L’absence de cloison dans le sinus maxilaire est une particularité anatomique importante par rapport aux chevaux et aux poneys (Photos C. Hugnet).

Essentiel ❚ Il existe une particularité anatomique importante chez l’âne : l’absence de cloison dans le sinus maxilaire, d’où une évaluation radiographique différente. ❚ Très fréquente chez l’âne, la dictyocaulose est le plus souvent asymptomatique malgré une contamination parasitaire souvent massive. ❚ Les ânes peuvent être porteurs asymptomatiques de peste équine.

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ÂNE

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principe actif

Marc Gogny

la bromhexine

L

a bromhexine est un mucolytique commercialisé depuis le début des années 1980 chez l’animal et chez l’homme. ● Ses propriétés, ainsi que celles de son principal métabolite, l’ambroxol, en font fait une substance très employée. ● Puis, devant la complexité de la physiopathologie des affections respiratoires, la difficulté de mettre en évidence de réels bénéfices cliniques et la nécessité de donner la priorité aux médicaments capables de soulager rapidement l’animal - les antibiotiques, les anti-inflammatoires et les bronchodilatateurs -, le recours à la bromhexine est devenu moins fréquent. ● De récentes publications, chez l’animal d’expérience et chez l’homme, pourraient lui donner un regain d’intérêt.

Le pic plasmatique est cependant atteint en une heure environ. ● Comme toutes les bases faibles liposolubles, la bromhexine se distribue très largement dans l’organisme. Elle fait l’objet d’un métabolisme rapide et intense. ● Chez le cheval, les deux métabolites principaux sont l’hydroxybromhexine et la desmethylbromhexine. L’ambroxol, issu de la combinaison des deux transformations, est produit en moindre quantité (figure). ● La demi-vie d’élimination de la bromhexine est comprise entre trois et quatre heures. L’élimination s’effectue à la fois par voie rénale et biliaire. Pharmacodynamie

Unité de pharmacologie et de toxicologie E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706, 44307 Nantes cedex 03

Classe pharmacologique - Mucolytique - Mucorégulateur

Indications ❚ Jetage accompagné de difficultés respiratoires. ❚ Maladies inflammatoires chroniques des petites voies respiratoires. ❚ Bronchopneumopathies obstructives chroniques.

Action mucolytique

PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique Chez le cheval, une seule étude a été publiée sur le devenir de la bromhexine dans l’organisme. ● Par voie orale, la biodisponibilité de la bromhexine est inférieure à 10 p.cent. Ce chiffre est lié à une dégradation partielle dans le tube digestif, et surtout à un effet de premier passage hépatique important. ●

PROPRIÉTES PHYSICO-CHIMIQUES Dénomination chimique : {2-amino 3,5-dichloro N-cyclohexyl benzylamine}. ● Dénomination commune internationale : Bromhexine ● Noms commerciaux vétérinaires : Quentan®, Flubron®, Bisolvon®. ● Structure et filiation : - La bromhexine est un dérivé semi-synthétique de la vasicine, un alcaloïde extrait d’un arbuste indien, Adhatoda vasica, très largement employé en médecine traditionnelle védique, notamment dans le traitement de l’asthme et de la tuberculose. - Son métabolite, l’ambroxol, et la dembrexine (Sputolosin®) sont structuralement très proches (figure). ● Caractéristiques : - La bromhexine se présente comme une poudre cristalline blanche, pratiquement insoluble dans l’eau. Sa structure aromatique et ses substituants halogénés lui confèrent en revanche une bonne liposolubilité. ●

Le principal effet de la bromhexine est de fluidifier le mucus, par une action réductrice. Les ponts qui associent entre elles les chaînes glycoprotéiques sont rompus et la viscosité diminue, ce qui favorise à la fois “l’escalator ciliaire” et le drainage des sécrétions lors des accès de toux ou d’éternuement (encadré). ● Une augmentation transitoire du jetage précède donc parfois l’amélioration de l’état clinique de l’animal. ●

Figure - Structures de la bromhexine, de l’ambroxol et de la dembrexine

Essentiel ❚ Le principal effet de la bromhexine est de fluidifier le mucus. ❚ La bromhexine et ses dérivés peuvent augmenter la concentration locale des antibiotiques, administrés en même temps. ❚ Les mucolytiques ont leur place dans le traitement des affections aiguës des voies respiratoires, en complément de l’emploi des antibiotiques et des anti-inflammatoires, ❚ La forme injectable semble la plus appropriée mais la voie orale peut être utilisée en relais.

- L’atome d’azote entre les deux cycles lui donne un caractère légèrement basique, ce qui permet d’en préparer un sel d’acide chlorhydrique, et de la mettre en solution. - La molécule est assez stable, mais il est préférable de la conserver à l’abri de la lumière.

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urgence comment réaliser la ligature

Louis-Marie Desmaizières

de la carotide commune

Département des sciences cliniques des animaux de sports et de loisirs

chez le cheval

Geste d’urgence, la ligature de la carotide commune peut être temporaire ou définitive.

Indication ❚ Rupture de la carotide interne ou de l’artère maxillaire lors de mycose des poches gutturales.

L

a ligature de la carotide commune est effectuée lors d’hémorragie abondante qui émane des cavités nasales. ● La tranquillisation est à éviter si le cheval a perdu beaucoup de sang. ● S’il est nécessaire de la réaliser, administrer de la romifidine (Sedivet®), à la dose de 0,058 mg/kg, soit 3 mL/450 kg.

E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

Geste ❚ Facile d’exécution. ❚ Praticien généraliste.

1

Tout d’abord, le lieu d’incision est repéré (photos L.-M. Desmaizières).

matériel - une trousse de chirurgie de base ; - un dissecteur à 90°, ou une pince hémostatique longue et courbe (pour passer le fil sous l’artère) ; - une pochette de fil tressé irrésorbable déc. 5 (pour le vaisseau) ; - une pochette de fil nylon irrésorbable déc. 3,5 (pour la peau).

TECHNIQUE DE LIGATURE DÉFINITIVE La ligature de la carotide commune comprend 10 étapes : 1. le repérage du site, dorsalement au sillon jugulaire, dans le triangle de Viborg (photo 1) ; 2. l’anesthésie locale, en U ou sur le trajet ; 3. l’incision cutanée de 8 cm ; 4. l’incision du muscle peaucier du cou ; 5. la dissection mousse au doigt ; 6. le repérage du pouls ; 7. la dissection de la carotide à l’aide d’un dissecteur (ou d’une pince hémostatique longue et courte) ;

2

La carotide commune est extériorisée. Attention à ne pas léser le tronc vago-sympatique.

Figure - Position anatomique du tronc vago-sympathique chez le cheval (coupe du cou)

Tronc vagosympathique

Attention : Le tronc vago-sympathique est intimement lié à la carotide (figure).

8. l’extériorisation de la carotide (photo 2) ; 9. la double ligature avec un polyfilament irrésorbable (Mersuture®) (photo 3) ; 10. la suture cutanée et sous-cutanée.

Veine jugulaire Œsophage

Incision et plan de dissection 3

Artère carotide commune

TECHNIQUE DE LIGATURE TEMPORAIRE

LES RISQUES ET LES COMPLICATIONS

Avant de référer, il est possible de mettre en place une ligature temporaire. 1. Dans ce cas, le nœud est réalisé avec un fil irrésorbable de gros diamètre (5 à 7). Laisser des chefs très longs permet de localiser la ligature. 2. Les chefs sont ensuite ramenés à l’extérieur de la plaie. 3. La plaie est fermée temporairement, par deux points avec le même type de fil. 4. L’ensemble est protégé par un pansement collé.

● Les risques sont un traumatisme de la veine jugulaire ou de l’œsophage lors de la dissection, ou la ligature en masse du tronc vago-sympathique avec l’artère carotide commune. ● Les complications sont : - à court terme, la persistance du saignement par l’intermédiaire du cercle de Willis* ; - à long terme, la formation d’un séroma sous-cutané, qui peut s’infecter par la suite. Le traitement consiste alors à enlever un point cutané pour drainer la plaie. ❒

La carotide commune est ligaturée (double ligature) avec un polyfilament irrésorbable (photo Y. Tamzali).

NOTE * cf. dans ce numéro : - Geste - Chirurgie des poches gutturales chez le cheval, du même auteur ; - Articles sur le jetage, par C. Gaillard.

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nutrition

comment alimenter un cheval dysphagique

Nathalie Priymenko Unité de nutrition-alimentation E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique

Trouble assez rare chez le cheval, la dysphagie pose des problèmes pour la prise en charge alimentaire de l’animal atteint.

Alimenter un cheval dysphagique.

G

énéralement d’origine traumatique ou septique, la dysphagie peut aussi être causée par certaines des plantes qui composent le régime alimentaire. ● Toute lésion au niveau des lèvres et des muscles de la face (qui provoque des troubles de la préhension), des dents, de la langue, des joues et des muscles de la mastication (avec des troubles de la mastication) peut aussi empêcher la prise alimentaire. ● Des cas de dysphagie liés à une intoxination botulinique ou à une intoxication au plomb ont aussi été rapportés. Ces affections entraînent une paralysie du pharynx et de l’œsophage, ainsi qu’une paralysie de la langue. ● Dans cet article, nous limitons notre propos aux troubles de la déglutition, c’est-à-dire aux troubles qui affectent les propriétés fonctionnelles du pharynx et de l’œsophage. Nous présentons les plantes toxiques incriminées, et les modalités d’alimentation d’un animal dysphagique (encadré 1). PROPOSER UNE ALIMENTATION SPÉCIFIQUE ● Afin d'éviter à un cheval dysphagique de présenter une fausse déglutition, il peut être utile de distribuer une alimentation spécifique. Cette recommandation est valable dans tous les cas, hormis pour les troubles dysphagiques d’origine toxique, qui évoluent lentement et dont la prise en charge reste délicate : peu d’éléments de pathogénie sont connus et l’évolution est extrêmement longue. ● Les aliments que nous proposons peuvent être distribués sur de courtes périodes, lors de dysphagies liées à un traumatisme, par exemple.

PRÉFÉRER L’ALIMENTATION PAR SONDE ● Un cheval qui présente des troubles de la déglutition risque à tout moment d’inhaler des solides ou des liquides, et de développer des complications pulmonaires, souvent mortelles.

Geste

1

❚ Si nécessaire, la sonde gastrique peut être mise en place, puis retirée à chaque repas.

En cas de dysphagie, la pose d’une sonde peut s’avérer utile pour éviter les fausses déglutitions.

Lors de la prise d’eau et de nourriture, il est nécessaire d’éviter que des particules alimentaires pénètrent dans la trachée. ● Si l’éventuelle inhalation de salive et de liquide reste inévitable lors de dysphagie, le cheval peut, en toussant, essayer d'évacuer la plupart de ces liquides, qui ne constituent pas un milieu favorable à la croissance bactérienne. Ceci n’est pas le cas si le cheval dysphagique reçoit, par voie orale, un aliment liquide complet. De même, pour des rations constituées de solides (granulés ou grains), la toux ne permet pas toujours d’évacuer les particules alimentaires hors de la trachée. ● C’est pourquoi, chez un cheval atteint de dysphagie, il est nécessaire de distribuer l'alimentation par sondage naso-gastrique. Toutefois, il est difficile de poursuivre un tel mode d’alimentation pendant une longue durée, principalement à cause de problèmes comportementaux, mais aussi des risques de coliques, de diarrhées et de fourbures. ● L’alimentation assistée avec une sonde naso-gastrique présente peu de risques, au regard des risques septiques et métaboliques liés à l’alimentation parentérale, et aux risques septiques qui existent lors d’œsophagostomie [2] (photo 1). Si nécessaire, la sonde naso-gastrique peut être mise en place, puis retirée à chaque repas. ● Sur un plan pratique, une alimentation par sonde naso-gastrique nécessite de mettre ●

Essentiel ❚ Pour alimenter un cheval dysphagique, le risque de fausse déglutition impose l’utilisation d’une sonde naso-œsophagienne. ❚ Choisir un aliment complet, de densité élevée, avec : - des taux de cellulose brute et de matières grasses élevés ; - des glucides très digestibles. ❚ Ne pas dépasser 7 litres d’aliment pour un cheval de taille moyenne. ❚ Alimenter l’animal progressivement : de 25 p. cent de la ration théorique le 1er jour à 100 p. cent en une semaine. ❚ Couvrir en priorité les besoins protéiques.

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management

la responsabilité civile du vétérinaire

Responsabilité sur les soins, sur l’obligation de moyens, de résultats, d’information, de conseil sont les différentes facettes de la responsabilité civile professionnelle du vétérinaire. Le praticien engage aussi sa responsabilité lorsqu’il rédige un certificat ou lorsqu’il garde un animal.

L

’ouverture de plus en plus large des portes de la responsabilité civile professionnelle explique en grande partie la multiplication des réclamations présentées devant les Tribunaux. ● Les vétérinaires n’ont pas échappé à cette tendance forte des dix dernières années, qui conduit à exclure le droit à l’erreur, alors même que l’aléa sur le résultat recherché constitue un élément intrinsèque à leur activité. Se sont additionnées aux actions fondées sur la qualité des soins, celles relatives au devoir de conseil et d’information dont la mise en œuvre n’est, en pratique, pas toujours aisée. S’ajoutent également les réclamations relatives aux dommages matériels et immatériels causés par l’utilisation de produits défectueux au sens de la loi du 19 mai 1998. ● Cette énumération n’étant pas exhaustive, il convient, pour clarifier, de dégager les grands axes de responsabilité. Écartons la responsabilité du vétérinaire du fait des personnes dont il est responsable pour nous intéresser uniquement à la responsabilité qu’il encourt, de son fait personnel, à l’égard du propriétaire du cheval.

LA RESPONSABILITÉ CIVILE SUR LES SOINS ● Le droit français connaît deux types de responsabilité : - la responsabilité contractuelle, qui peut être engagée à l’occasion d’un dommage survenant lors de l’exécution d’un contrat ; - la responsabilité délictuelle, qui peut être engagée lorsque le dommage survient alors que les parties ne sont pas liées par un contrat. ● En ce qui concerne les soins, la jurisprudence estime que la responsabilité professionnelle est une responsabilité contractuelle, liée à l’existence d’un contrat de

soins passé entre le praticien et son client. Son caractère contractuel conduit à s’interroger sur sa nature juridique, dans la mesure où le droit français connaît deux types d’obligation contractuelle : - l’obligation de moyens : le professionnel s’engage à tout faire pour tenter d’obtenir un résultat mais ne peut garantir son obtention ; - l’obligation de résultat : le professionnel promet d’obtenir le résultat convenu.

Nicolas Barety Avocat à la cour Membre de l’Institut du droit équin 29, avenue de Suffren 75007 Paris

Le vétérinaire soumis à une obligation de moyens ● L’intérêt de la distinction est primordial car, dans la première hypothèse (obligation de moyens), c’est au client de démontrer que le professionnel a été défaillant dans les moyens qu’il a ou non utilisés, alors que, dans la seconde hypothèse (obligation de résultat), il appartient au professionnel de démontrer que l’absence d’obtention du résultat promis provient d’une cause étrangère qui ne lui est pas imputable : force majeure, fait du client, ou fait d’un tiers. ● La Jurisprudence a opté pour la première hypothèse depuis le célèbre arrêt de la Cour de Cassation du 20 mai 1936 (Affaire Docteur Nicolas C/ Mercier) par lequel, en matière médicale, les magistrats ont estimé qu’"il se forme entre le médecin et son client un véritable contrat comportant, pour le praticien, l’engagement, sinon évidemment de guérir le malade, du moins de lui donner des soins, non pas quelconques, mais consciencieux, attentifs et, réserve faite de circonstances exceptionnelles, conformément aux données acquises de la science". Il appartient donc au client qui souhaite mettre en jeu la responsabilité du praticien, de prouver la faute de celui-ci, et non pas simplement l’absence de résultat.

Il doit également prouver le lien de causalité entre la faute et le dommage invoqué. ... et à une certaine obligation de résultat ● Cependant, l’obligation de résultat n’est pas totalement absente de la relation entre le vétérinaire et son client. - En effet, le dommage peut avoir été causé par le matériel utilisé par le vétérinaire : c’est notamment l’hypothèse de la défaillance de l’appareil diffusant des rayons X, ou celle du dispositif de maintien de l’animal en cours d’intervention.

Objectif pédagogique Connaître les principaux éléments de responsabilité civile professionnelle vis-à-vis du propriétaire d’un cheval.

Essentiel ❚ Le droit français connaît deux types de responsabilité civile sur les soins : - la responsabilité contractuelle ; - la responsabilité délictuelle. ❚ Le praticien vétérinaire a une responsabilité contractuelle pour les soins. ❚ Le vétérinaire est tenu à une obligation de moyens et non de résultat, sauf si le dommage est lié au matériel utilisé. ❚ Dans ce cas, il suffit au client de démontrer l’existence d’un dommage pour que le vétérinaire soit reconnu responsable. ❚ Penser à "pré-constituer" la preuve que vous avez informé et conseillé votre client. ❚ La rédaction de certificats (certificat de bonne santé, visite d’achat, ...) engage la responsabilité du praticien. ❚ Le praticien doit porter à la connaissance de son client tous les risques, même les risques exceptionnels.

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revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré* et Louis-Marie Desmaizières** * Département Hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy l’Étoile ** Département des sciences cliniques des animaux de sport et de loisirs E.N.V.T., 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

tous les articles pratiques parus ce dernier semestre classés par thème

LOCOMOTEUR ● Jones

NY, Patterson-Kane JC. Fibrous dysplasia in the accessory carpal bone of a horse. Equine Vet J 2004;36(1):93-5. ● Sandler EA, Frisbie DD, McIlwraith CW. A dose titration of triamcinolone acetonide on insulinlike growth factor-1 and interleukin-1-conditioned equine cartilage explants. Equine Vet J 2004; 36(1):58-63. ● Johnson PJ, Ganjam VK, Slight SH, Kreeger JM, Messer NT. Tissue-specific dysregulation of cortisol metabolism in equine laminitis. Equine Vet J 2004; 36(1):41-5. ● Brama PA, van den Boom R, DeGroott J, Kiers GH, van Weeren PR. Collagenase-1 (MMP-1) activity in equine synovial fluid: influence of age, joint pathology, exercise and repeated arthrocentesis. Equine Vet J 2004;36(1):34-40. ● Bjornsdottir S, Ekman S, Eksell P, Lord P. High detail radiography and histology of the centrodistal tarsal joint of Icelandic horses age 6 months to 6 years. Equine Vet J 2004;36(1):5-11. ● Watson KM, Stitson DJ, Davies HM. Third metacarpal bone length and skeletal asymmetry in the Thoroughbred racehorse. Equine Vet J 200;35(7):712-4. ● Brommer H, Van Weeren PR, Brama PA, Barneveld A. Quantification and age-related distribution of articular cartilage degeneration in the equine fetlock joint. Equine Vet J 2003;35(7):697701. ● Post EM, Singer ER, Clegg PD, Smith RK, Cripps PJ. Retrospective study of 24 cases of septic calcaneal bursitis in the horse. Equine Vet J 2003;35(7):662-8. ● Le Jeune SS, Macdonald MH, Stover SM, Taylor KT, Gerdes M. Biomechanical investigation of the association between suspensory ligament injury and lateral condylar fracture in thoroughbred racehorses. Vet Surg 2003;32(6):585-97. ● Nixon AJ, Schachter BL, Pool RR. Exostoses of the caudal perimeter of the radial physis as a cause of carpal synovial sheath tenosynovitis and lameness in horses: 10 cases (1999-2003). J Am Vet Med Assoc. 2004;15,224(2):264-70. ● Stephen JO, White NA 2nd, McCormick WH, Cowles RR, Corley KT. Risk factors and prevalence of injuries in horses during various types of steeplechase races. J Am Vet Med Assoc 2003;15,223(12):1788-90. ● Crowson CL, Jann HW, Stein LE, Claypool LP, Moll HD, Blaik MA. Quantitative effect of tenorrhaphy on intrinsic vasculature of the equine superficial digital flexor tendon. Am J Vet Res 2004;65(3):279-82. ● Van den Boom R, Brama PAJ, Kiers GH, De Groot J, Van Weeren PR. Assessment of the effects of age and joint disease on hydroxyproline

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 72 - MAI / JUIN / JUILLET 2004

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and glycosaminoglycan concentrations in synovial fluid from the metacarpophalangeal joint of horses. Am J Vet Res 2004;65(3):296-302. ● Billinghurst RC, Brama PAJ, Van Weeren PR, Knowlton MS, McIlwraith W. Evaluation of serum concentrations of biomarkers of skeletal metabolism and results of radiography as indicators of severity of osteochondrosis in foals. Am J Vet Res 2004;65(2):143-50. ● McKenzie III HC, Murray MJ. Concentrations of gentamicin in serum and bronchial lavage fluid after once-daily aerosol administration to horses for seven days. Am J Vet Res 2004;65(2):173-8. ● Pauwels FET, McClure SR, Amin V, Van Sickle D, Evans RB. Effects of extracorporeal shock wave therapy and radial pressure wave therapy on elasticity and microstructure of equine cortical bone. Am J Vet Res 2004;65(2):207-12. ● Khumsap S, Lanovaz JL, Rosenstein DS, Byron C, Clayton HM. Effect of induced unilateral synovitis of distal intertarsal and tarsometatarsal joints on sagittal plane kinematics and kinetics of trotting horses. Am J Vet Res 2003;64(12):1491-5. ● Katz LM, Marr CM, Elliott J. Characterization and comparison of the responses of equine digital arteries and veins to endothelin-1. Am J Vet Res 2003;64(11):1438-43.

IMAGERIE ● Nielsen JV, Berg LC, Thoefnert MB, Thomsen PD. Accuracy of ultrasound-guided intra-articular injection of cervical facet joints in horses: a cadaveric study. Equine Vet J 2003;35(7):657-61. ● Berg LC, Nielsen JV, Thoefner MB, Thomsen PD. Ultrasonography of the equine cervical region: a descriptive study in eight horses. Equine Vet J 2003;35(7):647-55. ● Dyson S, Murray R, Schramme M, Branch M. Lameness in 46 horses associated with deep digital flexor tendonitis in the digit: diagnosis confirmed with magnetic resonance imaging. Equine Vet J 2003;35(7):681-90. ● Erichsen C, Eksell P, Widstrom C, Berger M, Holm KR, Johnston C. Scintigraphy of the sacroiliac joint region in asymptomatic riding horses: scintigraphic appearance and evaluation of method. Vet Radiol Ultrasound 2003;44(6):699-706. ● Rose PL, Moore I. Imaging diagnosis - Avulsion of the medial collateral ligament of the tarsus in a horse. Vet Radiol Ultrasound 2003;44(6):657-9. ● Murray RC, Dyson SJ, Schramme MC, Branch M, Woods S. Magnetic resonance imaging of the equine digit with chronic laminitis. Vet Radiol Ultrasound 2003;44(6):609-17.

CHIRURGIE Rotting AK, Freeman DE, Doyle AJ, Lock T, Sauberli D. Total and partial ovariohysterectomy in seven mares. Equine Vet J 2004;36(1):29-33. ● Swor TM, Watkins JP, Bahr A, Honnas CM. Results of plate fixation of type 1b olecranon fractures in 24 horses. Equine Vet J 2003;35(7):670-5. ●

● Booth TM, Abbot J, Clements A, Singer ER, Clegg PD. Treatment of Septic Common Digital Extensor Tenosynovitis by Complete Resection in Seven Horses. Vet Surg 2004;33(2) ● Sutter WW, Hardy J. Laparoscopic repair of a small intestinal mesenteric rent in a broodmare. Vet Surg 2004;33(1):92-5. ● Rumbaugh ML, Burba DJ, Natalini C, Hosgood G, Moore RM. Evaluation of a vessel-sealing device for small intestinal resection and anastomosis in normal horses. Vet Surg 2003;32(6):574-9. ● Doyle AJ, Freeman DE, Rapp H, Murrell JA, Wilkins PA. Life-threatening hemorrhage from enterotomies and anastomoses in 7 horses. Vet Surg 2003; 32(6):553-8. ● Desmaizières LM, Martinot S, Lepage OM, Bareiss E, Cadore JL. Complications associated with cannula insertion techniques used for laparoscopy in standing horses. Vet Surg 2003;32(6):501-6. ● Davenport-Goodall CL, Ross MW. Scintigraphic abnormalities of the pelvic region in horses examined because of lameness or poor performance: 128 cases (1993-2000). J Am Vet Med Assoc 2004;224(1):88-95. ● Jenson PW, Gaughan EM, Lillich JD, Bryant JE. Segmental ostectomy of the second and fourth metacarpal and metatarsal bones in horses: 17 cases (1993-2002). J Am Vet Med Assoc 2004;15,224(2):271-4. ● Dechant JE, Baxter GM, Southwood LL, Crawford WH, Jackman BR, Stashak TS, Trotter GW, Hendrickson DA. Use of a three-drill-tract technique for arthrodesis of the distal tarsal joints in horses with distal tarsal osteoarthritis: 54 cases (1990-1999). J Am Vet Med Assoc 2003;15,223(12):1800-5.

ANESTHÉSIE ● Cruz AM, Kerr CL, Bouré LP, Sears WC. Cardiovascular effects of insufflation of the abdomen with carbon dioxide in standing horses sedated with detomidine Am J Vet Res 2004;65(3):357-62. ● Brosnan RJ, Steffey EP, LeCouteur RA, Farver TB, Imai A. Effects of duration of isoflurane anesthesia and mode of ventilation on intracranial and cerebral perfusion pressures in horses. Am J Vet Res. 2003;64(11):1444-8.

NEUROLOGIE ● Gandini

G, Fatzer R, Mariscoli M, Spadari A, Cipone M, Jaggy A. Equine degenerative myeloencephalopathy in five Quarter Horses: clinical and neuropathological findings. Equine Vet J 2004; 36(1):83-5. ● Van Biervliet J, de Lahunta A, Ennulat D, Oglesbee M, Summers B. Acquired cervical scoliosis in six horses associated with dorsal grey column chronic myelitis.Equine Vet J. 2004;36(1):86-92. ● Van Biervliet J, Scrivani PV, Divers TJ, Erb HN, de Lahunta A, Nixon A. Evaluation of decision criteria for detection of spinal cord compression


revue internationale - notes de synthèse based on cervical myelography in horses: 38 cases (1981-2001). Equine Vet J 2004;36(1):14-20. ● Smith JJ, Provost PJ, Paradis MR. Bacterial meningitis and brain abscesses secondary to infectious disease processes involving the head in horses: seven cases (19802001). J Am Vet Med Assoc 2004;224(5):739-42.

DIGESTIF Benders NA, Veldhuis Kroeze EJ, Van der Kolk JH. Idiopathic muscular hypertrophy of the oesophagus in the horse: a retrospective study of 31 cases. Equine Vet J 2004;36(1):46-50. ● Elce YA, Kraus BM, Habecker RL, Arnold C. Jejunal perforation in three young horses. Equine Vet J 2003;35(7):720-2. ● Merritt AM, Sanchez LC, Burrow JA, Church M, Ludzia S. Effect of GastroGard and three compounded oral omeprazole preparations on 24 h intragastric pH in gastrically cannulated mature horses. Equine Vet J. 2003;35(7):691-5. ● Roussel AJ, Hooper RN, Cohen ND, Bye AD, Hicks RJ, Schulze JL. Evaluation of the effects of penicillin G potassium and potassium chloride on the motility of the large ●

intestine in horses. Am J Vet Res 2003;64(11):1360-3.

RESPIRATOIRE ● Chaffin

MK, Cohen ND, Martens RJ, Edwards RF, Nevill M. Foal-related risk factors associated with development of Rhodococcus equi pneumonia on farms with endemic infection. J Am Vet Med Assoc 2003;15,223(12):1791-9. ● Deaton CM, Marlin DJ, Smith NC, Harris PA, Roberts CA, Schroter RC, Kelly FJ. Pulmonary epithelial lining fluid and plasma ascorbic acid concentrations in horses affected by recurrent airway obstruction. Am J Vet Res 2004;65(1):80-7. ● Van Erck E, Votion DM, Kirschvink N, Art T, Lekeux P. Use of the impulse oscillometry system for testing pulmonary function during methacholine bronchoprovocation in horses. Am J Vet Res 2003;64(11):1414-20.

PHARMACOLOGIE ● Caldwell FJ, Mueller POE, Lynn RC, Budsberg SC. Effect of topical application of diclofenac liposomal suspension on experimentally induced subcutaneous inflammation in horses. Am J Vet Res 2004;65(3):271-6 ❒

un panorama des meilleurs articles d’équine PRONOSTIC DES COLIQUES CHIRURGICALES ET MÉDICALES CHEZ LES ÉQUIDÉS Matériel et méthode - Effectuée à la clinique équine de l’université d’Utrecht en Hollande, l’article concerne un effectif de 649 chevaux admis au cours de l’année 1999 pour coliques. - Plusieurs variables ont été prises en considération et regroupées par catégories : les variables cliniques : durée des coliques, douleur, fréquence cardiaque, couleur des muqueuses, bruits digestifs et pli de peau ; les variables paracliniques : pH de sang veineux, hémogramme et liquide de la paracentèse abdominale), et type de traitement médical ou chirurgical. - L’analyse statistique de ces variables a été effectuée selon un modèle aléatoire proportionnel. ●

Résultats - Dans le lot de chevaux étudiés : 64 p. cent ont bénéficié d’un traitement médical,

avec un taux de réussite de 85 p. cent. Parmi ces animaux (93 p. cent de ces animaux ont été revus après un an) ; 28 p. cent ont eu une traitement chirurgical, avec un taux de survie de 54 p. cent à court terme (88 p. cent d’entre eux ont été revus après un an). Le taux de récidive était de 32 p. cent alors que la récupération de performance était de 95,6 p. cent. - Cette étude a montré que les strangulations et les déplacements intestinaux représentent les principales causes des coliques chez les chevaux. En revanche, une partie des variables utilisées pour déterminer un pronostic reste subjective, et dépend souvent du type de coliques observées et de l’appréciation du clinicien. Cependant, l’interprétation des paramètres clinique et paraclinique permet d’établir un bon diagnostic et de donner ❒ par la suite un pronostic. ●

LIEN ENTRE LE TIC À L’AIR ET L’ÉTRANGLEMENT DE L’INTESTIN GRÊLE dans le foramen épiploïque chez le cheval : 68 cas Matériel et méthode - L'étude est menée à partir de données qui proviennent des universités vétérinaires : de l’Illinois : tous les chevaux de plus d'un an qui ont subi une laparotomie exploratrice pour étranglement d'intestin grêle entre 1994 et 2002 ; de Liverpool : tous les chevaux qui ont subi une laparotomie exploratrice pour coliques entre 1991 et 2001. ● Des tests de Fischer* sont utilisés pour rechercher un lien entre les propositions "le cheval tiquait à l'air avant l'intervention chirurgicale" ●

Digestif

(information obtenue auprès des propriétaires) et "le cheval présentait une incarcération dans le foramen épiploïque" (diagnostic à la laparotomie exploratrice). Résultats - Les résultats montrent que, parmi les chevaux opérés d'une incarcération dans le foramen épiploïque, il existe significativement plus de chevaux tiqueurs que de chevaux non tiqueurs (p < 0,001) (facteur 35 en Illinois et 8 à Liverpool). Ceci montre la sensibilité du facteur "tic".

Objectif de l’étude ❚ Évaluer le pronostic à court et à long terme des chevaux en coliques.

Journal of Veterinary Internal Medecine 2003;17:343-8 Pronostic of medical and chirurgical colics in the horse Van der Linden MA, Laffont CM, Sloet Van Oldruitenborgh MM Synthèse par Mohamed Bourassi, E.N.V.L.

Objectifs de l’article ❚ Mettre en évidence une prédisposition ou non des chevaux qui tiquent à l'air à une incarcération de l’intestin grêle dans le foramen épiploïque. ❚ Aider à orienter la décision chirurgicale et à établir un pronostic.

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revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine D'autre part, sont recencés significativement plus de tiqueurs parmi les chevaux opérés d'une incarcération dans le foramen épiploïque que parmi les chevaux opérés d'autres types de coliques (49 p. cent vs 10,4 p. cent à Liverpool), ce qui met en évidence la spécificité du facteur "tic". ●

Journal of American Veterinary Medicine Association 2004;224(4):562-4 Association between cribbing and entrapment of the small intestine in the epiploic foramen in horses: 68 cases (1991-2002). Archer DC, Freeman DE, Doyle AJ, Proudman CJ, Edwards GB

Conclusion - Les auteurs concluent à l'existence d'un lien entre la présence d'un tic à l'air et le risque d'incarcération dans le foramen épiploïque.

Synthèse par Delphine Moniot, E.N.V.L.

Ils précisent que ce lien n'est pas forcément de cause à effet (en rappelant notamment que le tic à l'air ne causerait pas d'aérophagie), et qu'il semble plutôt y avoir une cause commune (stress) à ces deux éléments. - Ils proposent cependant que le tic à l'air fasse partie des indices décisionnels, lors de suspicion d’affection digestive qui semble nécessiter une ❒ approche chirurgicale abdominale. NOTE *Tests non paramétriques qui permettent de comparer des variables qualitatives)

ÉVALUATION DES NEUTROPHILES ACTIVÉS DANS LE SANG DES CHEVAUX EN COLIQUES

Objectif de l’étude

Hypothèses

❚ Montrer un lien possible entre la présence de granulocytes neutrophiles activés et les coliques chez le cheval.

- Dans cette étude, les hypothèses suivantes sont formulées : lors de coliques étranglées, les granulocytes neutrophiles des chevaux sont activés dans les vaisseaux sanguins ; leur présence constituerait un paramètre péjoratif pour le pronostic. - L’état d’activation des neutrophiles est évalué, chez 30 chevaux atteints de coliques associées, soit à une obstruction étranglée (14 chevaux), soit à une obstruction non étranglée (9), soit à une entérite (7).

Résultats - Le nombre total de neutrophiles n'est pas significativement différent entre les chevaux atteints de coliques et les témoins. - Le nombre de neutrophiles immatures est significativement plus élevé chez les chevaux qui présentent une obstruction étranglée. - Tous les chevaux qui ont une entérite présentent des signes indiscutables d'activation intravasculaire des neutrophiles. En revanche, des neutrophiles activés sont présents seulement chez certains chevaux avec une obstruction étranglée. Parmi ceux-ci, les signes Matériel et méthode d'activation sont corrélés à une augmentation du - Les critères utilisés par les auteurs pour estimer nombre de chevaux morts ou euthanasiés. l’état d’activation des neutrophiles sont : une diminution de la capacité du neutrophile à se dé- Conclusion former, une augmentation de la taille et une di- - La détection des neutrophiles activés pourrait minution du nombre de granulations, ainsi être un indicateur péjoratif du pronostic. qu'une augmentation de la quantité de molécu- - D'autres études sont nécessaires pour détermiles d’adhésion membranaires CD11-CD18. ner si ces neutrophiles activés sont directement - Trente chevaux sains servent de témoins pour responsables d'une mauvaise évolution des cheles analyses. ❒ vaux qui présentent une colique étranglée.

American Journal of Veterinary Research 2003;64,11:1364-8 Evaluation of activated neutrophils in the blood of horses with colic Weiss DJ, Evanson OA Synthèse par Sophie Pradier, E.N.V.L.

ÉVALUATION DE LA MESURE DE LA CONCENTRATION URINAIRE EN SUCROSE comme méthode de détection des ulcères gastriques chez le cheval Objectif de l’article

❚ Mettre en place une technique facile, sensible et économique de détection et de suivi des ulcères gastriques.

En raison de la prévalence élevée des ulcères gastriques chez le cheval (de 50 à plus de 90 p. cent chez l’adulte de plus d’un an), et de l’absence de signes cliniques associés, il est intéressant de mettre en place une technique facile, sensible et économique de détection et de suivi de cette affection.

Matériel et méthode

American Journal of Veterinary Research 2004;65(1):31-9 Evaluation of urine concentration for detection of gastric ulcers in horses O’Conner MS, Steiner JM, Roussel AJ, Willimas DA, Meddings JB, Pipers F, Cohen ND Synthèse par Diane Liennasson, E.N.V.T.

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- Actuellement, la seule méthode disponible est la gastroscopie mais elle est peu adaptée à l’exercice itinérant et reste onéreuse. Une étude, qui porte sur la perméabilité au sucrose de la muqueuse gastrique et sur son élimination urinaire, permet d’envisager une nouvelle méthode. - Le principe est simple : le sucrose ne peut franchir qu’une muqueuse gastrique ulcérée. Dans ce cas, il est éliminé par les reins. Si la muqueuse est saine, il n’est pas absorbé dans l’estomac : il est alors hydrolysé dans les portions proximales de l’intestin et ne peut donc plus être détecté. - Treize chevaux ont été soumis à une privation alimentaire, ce qui induit des ulcères (méthode pré-établie), puis à un traitement aux anti-acides (Oméprazole à 4mg/kg per os, une fois par jour

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pendant 21 jours). - Un score (système pré-établi) et un suivi des lésions ont été réalisés, en aveugle, par gastroscopie pré- et post-traitement. - Du sucrose est administré à la sonde, à la dose de 454 g in toto sur cheval à jeun, puis l’urine est récoltée deux et quatre heures après.

Résultats - Cette étude permet d’établir une relation entre la présence et la gravité des ulcères, et la concentration urinaire en sucrose : la concentration augmente avec la gravité des lésions. - Une sensibilité de 83 p. cent et une spécificité de 90 p. cent sont associées à une concentration seuil de 0,7 mg/mL, et à un score supérieur à 1 de gastrite ulcéreuse. - Or, dans ce système, un score supérieur à un est associé à des signes cliniques ou à une baisse de performances.

Conclusion - Le dosage du sucrose urinaire (par osmolarité ou chromatographie), effectué sur un prélève-


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine ment, 2 à 4 heures après l’administration d’une dose unique de sucrose, permet de détecter des ulcères gastriques et d’en évaluer leur gravité. - Cette technique, qui reste à valider et dont la

sensibilité peut encore être améliorée, pourra à l’avenir être utilisée au quotidien par le vétérinaire de terrain. ❒

Respiratoire

ANALYSE DES FACTEURS DE RISQUES DE L’OBSTRUCTION CHRONIQUE des voies respiratoires chez les chevaux nord-américains : 1444 cas (1990-1999) Matériel et méthode - Cette étude rétrospective concerne 1 444 chevaux atteints d’obstruction chronique des voies respiratoires (R.A.O.), et 1 444 chevaux témoins, examinés pour d’autres motifs dans les universités nord-américaines, entre 1990 et 1999. - Les chevaux sont sélectionnés dans la "Veterinary Medical Database", qui rassemble les cas de 24 cliniques nord-américaines. - Les chevaux du lot témoin sont sélectionnés de manière à ce que les années et les lieux de consultation correspondent à ceux des chevaux malades. - Les paramètres répertoriés sont la clinique, le mois et l’année d’admission, ainsi que l’âge, le sexe, la race et la survie du cheval. Résultats - Le risque d’obstruction chronique des voies respiratoires augmente significativement avec l’âge

les chevaux de plus de 7 ans sont six à sept fois plus touchés que les chevaux de moins de 4 ans. - Les pur-sangs sont trois fois plus touchés que les poneys. - Les chevaux sont respectivement 1,6 et 1,5 fois plus présentés à la consultation en hiver et au printemps, qu’en été. Conclusion - L’obstruction chronique des voies respiratoires présente une évolution saisonnière, et s’exprime particulièrement en hiver et au printemps. - Elle est surtout diagnostiquée chez les vieux chevaux et les pur-sangs. - Les femelles semblent être plus touchées que les mâles, sans différence significative. - Ces observations pourraient laisser supposer un déterminisme génétique à l’apparition de l’ob❒ struction chronique des voies respiratoires.

Objectif de l’étude ❚ Identifier les facteurs de risques de l’obstruction chronique des voies respiratoires (R.A.O.) parmi les chevaux présentés à la consultation dans les universités nord-américaines.

Journal of American Veterinary Medicine Association 2003;223(11):1645-50 Analysis of risk factors for recurrent airway obstruction in North American horses: 1444 cases (1990-1999) Couetil LL, Ward MP. Synthèse par Nicolas Serraud,, E.N.V.T.

Locomoteur

L’EFFICACITÉ DU DANTROLENE SODIUM dans le contrôle de la myosite d’exercice chez les pur-sangs La myosite d’exercice - La myosite d’exercice (M.E.) est une affection qui atteint les muscles, lors ou à la suite de l’exercice. Elle est le plus souvent présente après une période de repos, alors que le cheval reçoit toujours un régime élevé en carbohydrates. - Le dosage des créatines kinases (C.K.), adjoint aux signes cliniques, joue un rôle majeur dans le diagnostic. C’est le critère sur lequel cette étude est principalement fondée. - La régulation des contractions musculaires est anormale chez les pur-sangs qui présente des ME récidivantes. Celà pourrait être attribué à une dysrégulation du calcium intracellulaire. - Le dantrolène sodium, un myorelaxant qui agit notamment sur les flux calciques au travers du réticulum sarcoplasmique, pourrait probablement présenter un intérêt. Chez l’homme, il a été utilisé avec succès lors de myosites récidivantes, et lors d’hyperthermie maligne. Matériel et méthode - Les chevaux ont été examinés deux fois à une semaine d’intervalle, après deux jours stricts de box. Les animaux reçoivent le traitement (dantrolène sodium à la dose de 2 mg/kg ou placebo) en aveugle, une heure avant la mise à l’exercice. La seconde fois, les traitements sont inversés pour chaque cheval. - Des prises de sang sont réalisées une heure ●

avant l’exercice et six heures après : les créatine kinases sont dosées sur le second prélèvement. Les concentrations sont comparées avant et après l’exercice pour chaque cheval. - Un diagnostic de myosite d’exercice (créatine kinase > 1000 UI/L) a été établi dans trois cas (incidence de 4 p. cent), uniquement sur des chevaux qui avaient reçu le placebo. Discussion - La pathogénie de la myosite d’exercice n’est pas complètement élucidée, mais une dysrégulation du calcium intracellulaire semble bien y jouer un rôle prépondérant. Toutefois, cette hypothèse mérite encore des investigations supplémentaires. - Noter que, dans cette étude, l’incidence moyenne de la M.E. est de 4 p. cent, c’est-à-dire moindre que les 7 p. cent évoqués par Mc Gowan et coll. pour le Royaume-Uni (2002). - Les auteurs précisent qu’il serait intéressant de répéter l’étude plus tard dans la saison, à une période où les chevaux reçoivent une ration plus riche et réalisent un exercice plus important, deux facteurs de risque associés à la myosite d’exercice. Résultats - Les résultats de cette étude montrent que le dantrolène sodium a un effet statistiquement significatif, comparé à un placebo, en réduisant les taux de créatines kinases post-exercice, et en semblant prévenir les myosite d’exercice chez ❒ les chevaux sensibles.

Objectif de l’article ❚ Explorer l’efficacité d’une administration prophylactique de dantrolène à des chevaux susceptibles de présenter des myosites d’exercice.

Equine Veterinary Journal 2003;35(7):701-11 The efficacy of dantrolene sodium in controlling exertional rhabdomyolysis in the Thoroughbred racehorse Edwards JG, Newtont JR, Ramzan PH, Pilsworth RC, Shepherd MC Synthèse par Matthieu Lenormand E.N.V.L.

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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 75


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine L’ISOFLURANE EST-IL PLUS SÛR QUE L’HALOTHANE POUR L’ANESTHÉSIE ÉQUINE ?

Anesthésie

Résultats d‘une étude prospective en aveugle

Objectifs de l’étude ❚ Comparer les effets de l’isoflurane et de l’halothane, pour savoir si l’un ou l’autre est associé à une diminution du taux de mortalité. ❚ Établir les principales causes de mort.

Equine Veterinary Journal 2004;36(1):64-71 Is isoflurane safer than halothane in equine anaesthesia? Results from a prospective multicentre randomised controlled trial Johnston GM, Eastment JK, Taylor PM, Wood JL Synthèse par Nicolas Serraud, E.N.V.T.

Environ un cheval sur cent meurt de manière inattendue suite à une anesthésie générale. Un certain nombre d’expériences semble montrer que l’isoflurane est meilleur que l’halothane pour l’entretien de l’anesthésie. Matériel et méthode - Cette étude prospective est réalisée en aveugle au cours de 8242 anesthésies générales pour des chirurgies de "convenance", réalisées dans 35 cliniques à travers sept pays différents. Le choix du gaz anesthésique est réalisée au hasard avant l’induction et sans modification des mesures de prémédication et d’induction. - 4149 anesthésies ont été réalisées à l’halothane, 4028 à l’isoflurane. Résultats - Un total de 134 morts a été enregistré, soit 1,6 p. cent. Le risque moyen de mortalité n’est pas significativement différent entre les deux groupes. En revanche, avec l’isoflurane, une diminution ●

Chirurgie osseuse

❚ Étudier l’intérêt d’une perfusion intra osseuse de gentamicine. ❚ Démontrer ses avantages sur les autres voies d’administration.

Journal of American Veterinary Medicine Association 2004;33(2): Intraosseous Gentamincin Perfusion of the Distal Metacarpus in Standing Horses Mattson S, Bouré L, Pearce S, Hurtig M, Burger J, Black W Synthèse par Bertrand Rillaerts E.N.V.L.

Conclusion - Sur la totalité de l’échantillon, l’utilisation de l’isoflurane comme agent de maintien de l’anesthésie n’a pas entraîné de modification significative du risque de mortalité par rapport à l’halothane. - En revanche, son utilisation chez les chevaux âgés de 2 à 5 ans est significativement plus sûre. - L’utilisation de l’isoflurane est à privilégier chez les chevaux qui présentent un risque de trouble ❒ cardiaque, à l’examen pré-anesthésique.

PERFUSION INTRA-OSSEUSE DE GENTAMYCINE dans le métacarpe distal chez le cheval debout Matériel et méthode

Objectifs de l’étude

significative du risque est observée chez les chevaux âgés de 2 à 5 ans et elle s’accompagne d’une baisse du nombre de complications postopératoire. - Les arrêts cardiaques sont la cause la plus fréquente de mortalité liée à l’anesthésie, suivis des fractures au réveil et des myosites. L’utilisation de l’isoflurane permet de réduire d’environ 60 p. cent le risque de mort d’origine cardiaque, mais n’améliore pas le risque de myosite.

- Douze chevaux sont utilisés. Une vis cannelée (non commercialisée) est placée au tiers distal du métacarpien principal, sous sédation et anesthésie locale. Un garrot est posé sous le carpe et 2,2 mg/kg de gentamicine diluée à l’aide d’une solution saline stérile sont perfusés. - Les chevaux sont euthanasiés deux par deux à intervalles réguliers dans les 36 heures. Plusieurs prélèvements synoviaux et osseux sont réalisés distalement à la région perfusée. Des prélèvements sanguins systémiques ante et postmortem sont effectués. La réalisation pratique de l’acte ne semble pas poser de problème particulier. - Aucune complication n’est observée à court terme. - La concentration de gentamicine est mesurée sur les prélèvements. Elle est comparée à la concentration minimale inhibitrice (C.M.I.) de cet antibiotique sur les agents pathogènes communs du cheval qui y sont sensibles. Résultats - Dans les prélèvements de liquide synovial, les concentrations de gentamicine atteignent 25 à 50

fois la C.M.I. Ils restent supérieurs à cette concentration durant au moins 12 heures. - Dans les prélèvements osseux, la concentration de gentamicine atteint 2 à 6,8 fois la C.M.I. Ils restent supérieurs à cette concentration durant au moins 2 heures. - Dans le sérum, les concentrations de gentamicine restent très faibles. Conclusion - Les auteurs concluent qu’une perfusion toutes les 36 heures suffit pour lutter efficacement contre une infection bactérienne dans la région étudiée. - Ils trouvent des concentrations de gentamicine plus importantes par cette méthode que par voie générale. Ils en déduisent une toxicité moins importante. Les auteurs affirment que cette méthode comporte des avantages pratiques sur l’infusion intraveineuse locale et l’injection intra osseuse. - Cet article ouvre une voie intéressante dans le traitement des infections ostéo articulaires distales des membres du cheval. Afin de confirmer ces résultats, des études à plus long terme et sur membres infectés pourraient être envisagées. ❒

GESTION DES FRACTURES COMMINUTIVES DE LA PHALANGE PROXIMALE chez le cheval : 64 cas (1983-2001) Matériel et méthode

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 76 - MAI / JUIN / JUILLET 2004

- Vingt-huit chevaux avec une fracture comminutive modérée ont été traités par réduction à foyer ouvert, associée à une desmotomie du ligament collatéral latéral de l’articulation du boulet. - Sept n’ont pas subi de desmotomie, une frac-

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ture a été réduite à foyer fermé. - Sur 19 chevaux qui présentaient une fracture comminutive sévère, différentes options ont été adoptées. - Un système de fixateur externe (implantation de trois broches transfixantes solidarisées à une


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine structure métallique en U sur laquelle repose le pied) a été mis en place chez huit chevaux. - Cinq cas ont été traités à l’aide d’une technique plus originale qui reprend le principe de la précédente, mais en utilisant deux broches transfixantes non filetées sur leur partie intra-osseuse et filetées à leur extrémité extra-osseuse. Aux extrémités, sont vissés des cônes de renfort externes pour solidariser les broches à l’armature métallique. - Un plâtre transfixant a été implanté sur six chevaux. Résultats - Pour les fractures comminutives modérées traitées par fixation interne, le pronostic vital semble très favorable (92 p. cent). - Pour les fractures comminutives sévères, les techniques par transfixation sont les plus indiquées. Le traitement des fractures fermées par les plâtres transfixants a été bénéfique dans quatre cas sur six, mais les fixateurs externes restent plus indiqués en cas de suspicion de lésions tissulaires importantes, principalement dans les fractures ouvertes. Parmi les complications les plus fréquentes, l’os●

téoarthrite de l’articulation du boulet cause une boiterie sévère à long terme. Pour y pallier, les auteurs ont pratiqué trois arthrodèses qui se sont avérées bénéfiques. Par ailleurs, la fracture de l’os métacarpien ou métatarsien III est une complication grave de la mise en place de fixateurs externes. - C’est pourquoi les fixateurs externes avec cônes de renfort externes semblent intéressants. En effet, ils diminuent le stress à l’interface osbroche, donc le risque de nécrose, d’infection et de fracture. Parmi les cinq chevaux sur lesquels a été implanté le fixateur externe à cône de renfort externe, aucune fracture n’est apparue. ●

Objectifs de l’étude ❚ Dresser le bilan sur 64 cas de fractures comminutives modérées (38), et sévères (26) ❚ Présenter les données épidémiologiques, les techniques chirurgicales utilisées, la gestion post-opératoire, le suivi à moyen et à long terme, et le pronostic vital et sportif de ces fractures.

Conclusion - Cet article est intéressant pour la gestion chirugicale des fractures comminutives sévères. - Il fournit des résultats comparatifs sur les différentes techniques de traitement des fractures comminutives, et présente les premiers résultats publiés de la technique qui utilise les cônes de renfort externe. ❒

Journal of American Veterinary Medicine Association 2004;224:254-63 Management of comminuted fractures of the proximal phalanx in horses : 64 cas (1983-2001) Kraus BM, Richardson DW, Nunamaker DM, Ross MW Synthèse par Jean-Michel Casamata E.N.V.L.

EFFETS DE L’INJECTION DE TOXINE BOTULIQUE DE TYPE B dans le sphincter anal externe sur la pression anale chez le cheval Matériel et méthode locale de toxine botulique de type B dans un délai de 15 jours avant l'intervention. ● La pression anale est mesurée au repos (pression de base), ainsi que lors des contractions vo- Par ailleurs, la capacité de diffusion de la toxine lontaires du sphincter externe (pression maxi- est limitée et les modalités d'injection décrites ici male) avant l'administration locale de toxine bo- n'ont pas permis la relaxation de la portion ventulique de type B (T.B.B.) et à intervalles réguliers trale du sphincter anal. ● Comme les lacérations périnéales surviennent après le traitement (J0 à J168). précisément à cette localisation, il semble judi● Des doses variables de T.B.B. (de 500 à 2500U) sont injectées dans le sphincter anal externe des cieux de répartir la dose de T.B.B. en quatre points équidistants pour obtenir une relaxation chevaux traités selon deux modalités : 1. une dose complète de 4 mL est injectée un de l'ensemble du sphincter. point unique à 12 h dans le sphincter anal externe ; ● Aucun effet secondaire systémique ou local 2. la dose est administrée en deux points à 10 h n'est à déplorer après l'injection de doses de 500 à 1500 U. Cependant, l'utilisation d'une dose plus et 2 h. élevée peut conduire à l'expression de signes cli● Un suivi clinique rigoureux est mis en place dans les jours qui suivent l'administration, et à l'occa- niques de botulisme comme celà a été observé sion de chaque mesure de pression pour détec- sur un cheval après l'injection de 2500 U (faiblesse, léthargie et dysphagie pendant un mois ter l'apparition d'éventuels signes de toxicité. après injection). Résultats Conclusion ● L'injection de T.B.B. dans le sphincter anal externe a permis de réduire la pression anale maxi- ● Le cheval semble donc particulièrement sensimale de façon transitoire chez tous les chevaux ble à l'action de la toxine botulique de type B traités comparés aux chevaux témoins, quelle comparé aux autres espèces, et l'index théraque soit la dose utilisée. peutique reste étroit. À l'inverse, la pression de repos ne semble pas af- ● L'injection de T.B.B. dans le sphincter anal exfectée par le traitement. terne permet ainsi une réduction transitoire et lo● La relaxation maximale du sphincter anal excale du tonus musculaire anal. terne est obtenue en 15 jours après l’injection, ● Des études cliniques sont encore nécessaires puis la pression anale revient progressivement à pour évaluer l'intérêt de cette modalité thérapeula normale dans un délai d'environ trois mois. tique dans le cadre des lacérations périnéales ● Les auteurs conseillent donc l'administration chez la jument. ❒

Chirurgie tissus mous

Objectif de l’étude ❚ Tester les effets de l'injection locale de toxine de Clostridium botulinum de type B (TBB) dans le sphincter anal externe de onze chevaux sains, dans le but de réduire l'incidence des déhiscences de suture après chirurgie reconstructrice de lacérations périnéales chez la jument.

American Journal of Vet Research 2004;65(1):26-30 Effects of injection of botulinum toxin type B into the external anal sphincter on anal pressure of horses Adam-Castrillo D, White NA 2nd, Donaldson LL, Furr MO Note de synthèse par Laura Borde E.N.V.T.

REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 77


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine CONCENTRATION OSSEUSE DE GENTAMICINE

Pharmacie

après une injection intra-articulaire ou une perfusion intraveineuse locorégionale chez le cheval Matériel et méthode

- Celle-ci reste supérieure à la C.M.I. des principaux

Objectifs de l’article

- Cette étude expérimentale a été menée sur 12 che-

❚ Comparer les concentrations intra-articulaire et osseuse de gentamicine après une administration intra-articulaire ou une perfusion intraveineuse loco-régionale ❚ Évaluer le temps pendant lequel elles restent supérieures à la C.M.I. des principaux agents pathogènes.

vaux adultes sains, répartis en deux groupes de six : groupe 1 : 1 g de gentamicine administré simultanément dans les deux articulations métacarpo-phalangiennes droite et gauche ; groupe 2 : 1 g de gentamicine administré simultanément dans les deux veines palmaires latérales droite et gauche. - Des prélèvements de sérum et de liquide synovial, ainsi que des biopsies osseuses sont réalisés à 1, 4, 8, 12 et 24 heures, et les concentrations de gentamicine sont déterminées par immunofluorescence. - Les concentrations de l'os, du liquide synovial et du sérum sont ensuite comparées au cours du temps et entre les deux groupes, à l'aide d'une ANOVA*. Les ratios A.U.C.**/C.M.I.***, Cmax*/C.M.I. et T.* > C.M.I. sont également calculés et comparés. - Des valeurs de p < 0,05 sont considérées comme significatives.

agents pathogènes équins pendant plus de 24 h, quelle que soit la voie d'administration. - La concentration en gentamicine de l'os reste au dessus de la C.M.I. pendant 8 h, mais devient inférieure après 12 h. Elle ne montre pas de différence significative entre les deux méthodes. - Aucune différence significative n’est notée entre les concentrations sériques de gentamicine obtenues par l'une ou l'autre des deux méthodes.

Veterinary Surgery 2003;32(6):559-65 Bone gentamicin concentration after intra-articular injection or regional intravenous perfusion in the horse Werner LA, Hardy J, Bertone AL Synthèse par Nicolas Serraud, E.N.V.T.

Résultats

- L'administration intra-articulaire de gentamicine dans l'articulation métacarpo-phalangienne permet d'obtenir une concentration dans le liquide synovial significativement plus élevée que l'administration intraveineuse loco-régionale.

Conclusion

- Chez les chevaux sains, la concentration de gentamicine dans le liquide synovial est supérieure à la C.M.I. des principaux agents pathogènes équins, pendant plus de 24 h après une administration intraarticulaire ou par perfusion loco-régionale. - La concentration après injection intra-articulaire est significativement plus importante qu'après perfusion locale. Aussi, cette voie devrait être utilisée de préférence dans le traitement des arthrites septiques. - La concentration osseuse de gentamicine est supérieure à la C.M.I. des principaux agents pathogènes équins pendant 8 à 12 h, mais ne présente pas de différence significative selon la méthode employée. Ces deux voies d'administration peuvent donc être ❒ utiles dans le traitement de l'ostéomyélite.

DÉTECTION DES SALMONELLES ET ÉVALUATION D’UN PROTOCOLE

Hygiène

de décontamination des boxes d’hospitalisation dans une université américaine

Objectifs de l’article ❚ Prévenir les infections noscomiales ❚ Connaître les sites à prélever.

- Une épidémie de salmonellose nosocomiale est catastrophique, tant d’un point de vue sanitaire qu’économique, au sein d’une structure hospitalière universitaire ou privée. La prévention de telles contaminations est multifactorielle. - L’étude réalisée porte sur les sites à prélever, les méthodes de détection (culture bactérienne versus P.C.R., Polymerase chain reaction), et les modes de décontamination pour déceler la présence des bactéries et leurs réservoirs, identifier les chevaux à risques et "blanchir" l’environnement. Détection des salmonelles : méthode et résultats

Journal of American Veterinary Medicine Association 2003;223(11):1640-4 Detection of salmonella organisms and assessment of a protocol for removal of contamination in horses stalls at a veterinary teaching hospital Alinovi CA, Ward MP, Couetil LL, Wu CC Synthèse par Diane Liennasson, E.N.V.T.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 78 - MAI / JUIN / JUILLET 2004

- Les échantillons sont prélevés dans les bâtiments, à l’aide d’une compresse stérile humidifiée d’eau stérile. Ils portent aussi sur les crottins, voire sur des biopsies réalisées lors d’autopsie. - Les conduites d’écoulement, les fissures des murs ou du sol et les coins du box sont les sites privilégiés de survie des salmonelles, tandis que la porte du box et la mangeoire apparaissent sains. - Souvent, le sérotypage et/ou l’antibiogramme des prélèvements fécaux d’un cheval en phase clinique (i.e. diarrhée), et les échantillons de son box sont identiques : il est indispensable de détruire les salmonelles relarguées avant d’installer un autre cheval.

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Blanchiment de l’environnement : méthode et résultats

- La méthode de blanchiment employée consiste en deux cycles de nettoyage espacés de 24 h, puis en une désinfection par des dérivés peroxygénés laissés en contact au moins 24 h. - De nouvelles cultures bactériennes et des analyses par P.C.R. sont alors effectuées. Les cultures restent négatives mais certaines P.C.R. sont positives. - La technique P.C.R. est plus sensible, mais moins spécifique, puisqu’elle détecte l’ADN bactérien capable de persister après traitement aux ammoniums quaternaires et/ou aux désinfectants per oxygénés. La P.C.R. induit donc trop de faux positifs pour être utilisée avec pertinence comme moyen de surveillance. En revanche, son délai court permet de déclarer comme "sains" des boxes plus rapidement que la culture bactérienne. Dans les cas où les cultures restent positives après traitement, elle permet de préciser les sites de contamination résiduelle du box sur lesquels il est nécessaire de s’attarder. Conclusion La prévention comporte ainsi surtout une désinfection correcte, dont l’efficacité se contrôle par une culture bactérienne négative. ❒


injections

dans la bourse naviculaire

Laura Borde* Cyrille Piccot-Crézollet**

chez le cheval Dans quelles indications pratiquer une injection thérapeutique de la bourse naviculaire ?

Indications ❚ Douleur chronique de la

D

ans une étude intitulée “injection de corticostéroïdes, d’acide hyaluronique et d’amikacine dans la bourse naviculaire de chevaux avec des signes de douleur dans la région naviculaire ne répondant pas aux autres traitements : 25 cas (1999-2002)” menée à l’Université du Texas par l’équipe de R.M. Dabareiner [1], 25 chevaux sont admis pour boiterie : la douleur est localisée dans la région naviculaire. Ils ont tous reçu de la phénylbutazone, ont bénéficié d’une ferrure orthopédique, et 18 chevaux ont reçu des injections de corticostéroïdes et d’acide hyaluronique dans l’articulation interphalangienne distale. Le traitement consiste en l'injection dans la bourse podotrochléaire d'un mélange de méthylprednisolone (40 mg : Dépo-médrol®) ou de triamcinolone (6 mg : Kénacort®*), d’acide hyaluronique (10 mg : Hyonate®) et d'amikacine (125 mg : Amiklin®**) (encadré 1). RÉSULTATS Le traitement est considéré comme un succès s'il permet le retour du cheval à son niveau de performance initial sans signe de boiterie. ● À court terme, 20 chevaux (80 p. cent) ne montrent plus de douleur et retournent à un travail normal dans les deux semaines qui suivent l'injection. Ils restent cliniquement sains 3 à 6 mois après le traitement initial (moyenne 4,6 mois). Quatre chevaux restent boiteux, parmi lesquels trois présentent une autre cause de boiterie. Un cheval devient brutalement boiteux au bout de 6 semaines, en raison d’une lésion sévère du tendon fléchisseur profond en région du pâturon. ●

NOTES * Spécialité humaine. ** Médicament réservé au milieu hospitalier.

Peut être remplacé par 200 mg de gentamicine G4®, plus facilement disponible. *** Production osseuse localisée à une insertion ligamentaire.

* Département des sciences cliniques des animaux de sports et de loisirs E.N.V.T., 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03 ** Département hippique E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat BP 83 69280 Marcy-l’Etoile

1

Injection de la bourse naviculaire : positionnement de l’aiguille (insertion entre les glômes, direction : repère 1 cm sous la couronne, à mi-distance dorso-palmaire du bord coronal) (photo E.N.V.L.). ● À long terme, 14 chevaux (56 p. cent) retournent à l'activité initiale pour une durée d'un à 3 ans après le 1er traitement. Cependant, ce résultat a demandé des injections périodiques dans la bourse naviculaire ou l'administration périodique d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (A.I.N.S.) par voie générale. Parmi les cas d’échec, il est rapporté deux cas de rupture du tendon fléchisseur profond en région du pâturon.

région naviculaire réfractaire aux traitements classiques (ferrure orthopédique, repos et A.I.N.S. ❚ Lésions radiographiques d'enthésophytes à l'insertion des ligaments sésamoïdiens collatéraux, près du récessus proximal de l'os naviculaire ou lors de lésions érosives légères de la facies flexoria de l'os naviculaire. ❚ Soulager de façon temporaire des douleurs chroniques de la région naviculaire qui ne répondent pas aux autres traitements.

Contre-indications ❚ Les chevaux qui montrent des lésions ligamentaires aiguës de l'appareil naviculaire. ❚ Animaux qui présentent des lésions radiographiques sévères de la facies flexoria de l'os naviculaire.

Encadré 1 - Technique - Après sédation, anesthésie digitale proximale (protocole non précisé dans l’article) et positionnement du pied sur une cale inclinée, une aiguille spinale de 18 G et 7,5 cm est insérée sur la ligne médiane, à l'extrémité distale de la dépression formée par la jonction entre les cartilages collatéraux et le tendon fléchisseur profond du doigt, à l'extrémité proximale du coussinet plantaire. - L'aiguille est inclinée de 10 à 30 degrés par rapport à la surface du sol. - Elle est insérée dans le plan médian à une profondeur de 4 à 5 cm jusqu'à ce que l'opérateur rencontre une résistance ferme (facies flexoria de l'os naviculaire). - Le bon positionnement de l'aiguille est contrôlé par un examen radiographique

ou fluoroscopique. - Après injection, les chevaux reçoivent de la phénylbutazone pendant 5 jours par voie générale (Ékybute® 2,2 mg/kg en intraveineuse, 1 fois/j pendant 5 jours). - Ils sont confinés en box ou en stalle pendant une semaine, suivie d'un travail léger la semaine suivante, avant le reprise d'une activité normale. - La ferrure correctrice est maintenue chez tous les chevaux après traitement. - Les chevaux sont revus à la clinique 6 mois plus tard. - Cinq chevaux reçoivent des injections multiples à 6 mois d'intervalle (trois traitements en moyenne).

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 79


test clinique les réponses

ostéochondrome du radius 1 Quelles sont les affections responsables d’un syndrome "canal carpien" ? ● Une affection du canal carpien se traduit généralement par une distension synoviale, visible d’une part sur la face palmaro-médiale du genou, entre le processus styloïde du radius crânialement, l’os accessoire du carpe palmairement, la châtaigne proximalement, et la région du tendon distalement (récessus proximal et distal de la synoviale du canal carpien), et d’autre part, au-dessus de l’os accessoire du carpe et en arrière du radius, sur la face latérale du genou (récessus proximal de la synoviale du canal carpien) (photo 2). ● Une perte de la concavité de la face palmaro-médiale du carpe, entre le processus styloïde du radius crânialement et l’os accessoire du carpe palmairement, constitue un signe d’appel d’une synovite du canal carpien. ● Différentes affections peuvent entraîner cette distension synoviale : - la synovite du canal carpien, associée ou non à une atteinte de son contenu, principalement une tendinite du fléchisseur superficiel du doigt (F.S.D.), ou une desmite de son ligament accessoire (L.A.-F.S.D. ou bride radiale) ; - la lésion des parois du canal carpien : rétinaculum des fléchisseurs, os accessoire du carpe, fléchisseur radial du carpe et ligament commun palmaire du carpe. ● Les lésions osseuses les plus fréquemment associées à la synovite sont l’ostéochondrome de la face palmaire du radius et les fractures de l’os accessoire du carpe.

Des examens complémentaires sont donc indispensables pour objectiver les lésions sous-jacentes à la distension synoviale du canal carpien. 2 Quels sont les examens complémentaires à mettre en œuvre ? ● L’examen radiographique du carpe doit inclure les incidences dorso-palmaire (face), latéro-médiale (profil) et obliques dorso-médiale et dorso-latérale. Faire légèrement varier l’incidence de profil vers des vues obliques, car la localisation de l’ostéochondrome peut être telle qu’il n’est pas visible sur la vue latéro-médiale stricte (photo). La jument présentée dans ce cas montrait un volumineux ostéochondrome à la face palmaire du radius, visible sur l’incidence radiographique latéro-médiale ou profil classique. L’ostéochondrome du radius se situe proximalement à la crête transverse du radius. Le contour de cette crête peut donner une image radiographique assez irrégulière, et cette variation morphologique ne doit pas être confondue avec l’ostéochondrome du radius. ● L’examen échographique permet de préciser les lésions des tissus mous associées à

Cynthia Roosen Clinique équine de la brousse route de Launac 31330 Grenade

Encadré 1 - Le traitement chirurgical Le cheval subit l’examen clinique préalable à toute anesthésie et une voie veineuse permanente est posée. Une couverture antibiotique (pénicillineprocaïne 22 000 U.I. deux fois/j : Dépocilline®), ainsi que des antiinflammatoires non stéroïdiens (flunixine-méglumine 1,1 mg/kg par jour : Finadyne®) sont administrés. Vérifier l’éventuelle nécessité d’administrer un sérum anti-tétanique avant l’intervention. ● Notre choix s’est porté sur la technique chirurgicale classique : - anesthésie générale classique, zone chirurgicale préparée de façon large et aseptique. - noter la position de l’ostéochondrome grâce à un repère radio-opaque placé sur le site chirurgical et à une vérification immédiate par examen radiographique ; - une dissection progressive et atraumatique des tissus mous permet d’atteindre l’ostéochondrome. - Une ostectomie complète est réalisée, si possible au plus près du radius. - Une asepsie rigoureuse doit être respectée : la contamination de cette gaine doit être impérativement évitée, sous peine de complications post-opératoires lourdes. En cas de contamination, rincer abondamment la synoviale à l’aide de liquide physiologique stérile ; ● Il est préférable de laisser en place un drain actif fermé, généralement 24 à 48 heures après l’intervention, car des collections sont fréquemment observées. ●

2

Ostéochondrome du radius (photo B. Baup).

l’ostéochondrome du radius (encadré 1) [1]. Dans ce cas, la jument présente une distension synoviale substantielle des récessus du canal carpien, ainsi qu’une desmite de la bride radiale, secondaire à la présence de l’ostéochondrome du radius. L’examen échographique ne modifie pas le traitement envisagé, mais permet d’affiner le pronostic lésionnel et sportif, ainsi que le temps de repos prescrit. 3 Quel(s) traitement(s) envisager ? Quel est le pronostic associé ? ● Le traitement de l’ostéochondrome de la face palmaire du radius est chirurgical : l’exérèse de l’excroissance osseuse sous anesthésie générale (encadré 1). ● Un bandage compressif est posé et changé régulièrement pendant environ 2 semaines. Surveiller systématiquement l’absence de compression par le bandage de l’os accessoire du carpe et du processus styloïde radial. ● Une période de repos de 3 semaines au box est prescrite, puis le cheval est sorti au pas en main, 2 fois par jour pendant 2 semaines. Il peut être mis dans un petit paddock les 4 semaines suivantes, si nécessaire sous tranquillisation, afin qu’il reste calme, et si aucune complication n’est observée. ● Un contrôle radiographique et échographique est réalisé à 2 et 6 mois après l'intervention, afin d’évaluer la cicatrisation des éventuelles lésions des tissus mous associées, et de vérifier l’absence de récidive de l’ostéochondrome. Le propriétaire doit être prévenu du risque de récidive. Ces examens de contrôle permettent de décider de la remise au travail du cheval. ● Suite à l’exérèse chirurgicale d’un ostéochondrome du radius, le pronostic sportif est fonction des lésions des tissus mous objectivées préalablement : si elles sont absentes ou modérées, le pronostic est excellent. Si une atteinte des tissus mous, notamment de la bride radiale, est présente, le pronostic est à moduler en fonction de l’évolution de la cicatrisation ligamentaire. Le pronostic sportif est amélioré lorsque le diagnostic et le traitement sont réalisés précocement. ❒

Références 1. Denoix JM, Audigié F. Examen échographique du carpe du cheval : lésions identifiées sur 45 cas cliniques. Prat. Vét. équine, 1993;25:193-203. 2. Held JP, Patton CS, Shires M. Solitary osteochondroma of the radius in three horses. JAVMA, 1992;201:1216. 3. Southwood LL, Stashak TS, Fehr JE, al. Lateral approach for endoscopic removal of solitary osteochondroma causing carpal canal syndrome in a horse. JAVMA 1992;201:1216.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MAI / JUIN / JUILLET 2004 - 81


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