DOSSIER : LE POULAIN
N°11 DÉCEMBRE / MARS 2007
revue de formation à comité de lecture LE POULAIN - La pathologie du poulain : enjeux et perspectives - Connaître les principales causes de mortalité : diagnostic nécropsique et données statistiques chez le poulain de 1 à 6 mois - Fiche - Comment réaliser une autopsie chez le poulain de 1 à 6 mois
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°11 - DÉCEMBRE / MARS 2007
Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques - Conduite à tenir devant les diarrhées du poulain de 1 mois au sevrage - Démarche diagnostique et thérapeutique face à une suspicion d’affection respiratoire chez un poulain - Conduite à tenir face à une arthrite septique chez le poulain nouveau-né
DOSSIER : LE POULAIN
Le poulain, ce futur “crack” est un être sensible à de nombreuses affections. Dans certains cas, le rêve peut rapidement devenir cauchemar ... Aussi, un choix décisionnel diagnostique et thérapeutique ciblé et efficace est indispensable, afin de ne pas compromettre la carrière sportive du futur champion, et parfois sa vie. Un poulain a une physiologie particulière, donc des besoins différents d’un cheval adulte qu’il convient de bien connaître ...
Revue internationale - Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection (novembre - décembre - janvier 2007) - Synthèse - Prise en charge de la fourbure chez les équidés
Âne Observation clinique Des contractures tendineuses chez un jeune âne
Rubriques - Geste Comment réaliser un lavage articulaire à l’aiguille chez le poulain
- Anesthésie Les particularités de l’anesthésie chez le poulain
- Nutrition Comment bien alimenter un poulain jusqu’au sevrage
-
Observation clinique Six cas de leucoencéphalomalacie liée à des intoxications chez des chevaux
N°11
sommaire Éditorial par Serge Lenormand
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Test clinique - Une déchirure ancienne du col utérin Djemil Benchariff, Daniel Tainturier, Lamia Briand-Amirat, Olivier Gautier
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DÉCEMBRE / MARS 2007
DOSSIER SPÉCIAL
CHEVAL ET ÉQUIDÉS - La pathologie du poulain : enjeux et perspectives Jean-Luc Cadoré, Marie-Flore Awad - Connaître les principales causes de mortalité : diagnostic nécropsique et données statistiques chez le poulain de 1 à 6 mois Jackie Tapprest, Claire Laugier, Nathalie Foucher, Corinne Sevin, Karine Maillard - Fiche - Comment réaliser une autopsie chez le poulain de 1 à 6 mois Jackie Tapprest, Claire Laugier, Nathalie Foucher, Corinne Sevin, Benoït Écolivet, Armand Pontin, Lydia Bodet Conduites diagnostiques et thérapeutiques - Conduite à tenir devant les diarrhées du poulain de 1 mois au sevrage Rozenn Le Moan - Démarche diagnostique et thérapeutique face à une suspicion d’affection respiratoire chez un poulain Aurélie Wilczynski, Jean-Luc Cadoré - Conduite à tenir face à une arthrite septique chez le poulain nouveau-né Jean-Michel Casamatta, Mathieu Lenormand, Serge Lenormand, Morgane Schambourg
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LE POULAIN
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ÂNE - Observation clinique - Des contractures tendineuses chez un jeune âne Camille Tourmente, Louis-Marie Desmaizières
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RUBRIQUES - Geste - Comment réaliser un lavage articulaire à l’aiguille chez le poulain Jean-Michel Casamatta, Mathieu Lenormand, Serge Lenormand, Morgane Schambourg - Anesthésie - Les particularités de l’anesthésie chez le poulain Cédric Prouvost - Nutrition - Comment bien alimenter un poulain jusqu’au sevrage Géraldine Blanchard - Observation clinique - Six cas de leucoencéphalomalacie liée à des intoxications chez des chevaux Nathalie Priymenko, Stéphane Fresnel
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REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE - Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières Revue thématique des articles parus dans les revues internationales (novembre - décembre - janvier 2007) - Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection Lofti Benalioua, Anne-Sophie Bobet ,Pedro Darder Cabrer, Franck Croisier, Jean-Philippe Germain, Alexandre Louis, Marina Magalhaes, Erwan Martin, Julien Olive, Alexandre Richoux, Marine Rosengarten - Synthèse - Prise en charge de la fourbure chez les équidés Julien Olive, Jean-Luc Cadoré - Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue - Les réponses résultats originaux ou observation originale
Souscription d’abonnement en page 66 54
CHEVAL 56
ÂNE
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RUBRIQUE
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REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 147
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr
une déchirure ancienne du col utérin
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Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Pierre Chuit (praticien, Suisse) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)
Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (E.N.V.T.) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)
Comité de rédaction Nicolas Barety (Juridique, avocat) Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Imagerie, praticien) Gwenaëlle Dauphin (A.F.S.S.A. Alfort) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.N.) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Anne Malblanc (Médecine interne et sportive, E.N.V.N.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Youssef Tamzali (Médecine interne, E.N.V.T.)
Chargée de mission de rédaction Isabelle Cruau-Louis Mise en page - infographie Maxime Roguier, Maëlle Brard Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent
ne double ponette Argentin de polo est mise tardivement à la reproduction, à l’âge de 17 ans. C’est souvent le cas dans cette discipline car la carrière sportive du cheval prime sur la carrière de reproducteur. L’âge moyen de mise à la reproduction de ces juments est de l’ordre de 15-16 ans, ce qui limite le nombre de produits issus des juments d’élites (photo 1). ● L’examen gynécologique met en évidence une déchirure du col utérin avec une importante perte de substance (photo 2). ● Après ce diagnostic, le nouvel acquéreur a interrogé l’ancien propriétaire. Celui-ci confirme que la jument a été malencontreusement saillie en Argentine à l’âge de 2,5 ans. Le poulinage a alors nécessité une extraction forcée et les lésions du col utérin induites n’ont pas été diagnostiquées. ● Les inséminations artificielles pratiquées sont restées infructueuses au cours de plusieurs cycles œstraux successifs. Des tentatives de transferts d’embryons, récoltés à 7-8 jours après l’ovulation, afin de transférer chez des mères porteuses, se sont soldées par un autre échec.
Djemil Bencharif1 Daniel Tainturier1 Lamia Briand-Amirat1 Olivier Gauthier 2 1Pathologie
de la reproduction 2Chirurgie ENV Nantes Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
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Double ponette Argentin.
1 Quelle attitude adopter pour sauvegarder l’avenir reproducteur de cette jument ?
Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
2 En cas d’échec de ces méthodes réparatrices, quelle autre technique pourrait-on envisager pour assurer la descendance de la lignée ?
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 30 € T.T.C CEE : 32 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0407 K 86 321 I.S.S.N. 1767-5081
comité de lecture
Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 148 - DÉCEMBRE / MARS 2007
test clinique
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Bruno Baup, Agnès Benamou, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Florent David (Canada), Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Jean-Michel Krawiecki, Claire Laugier, Jean-Pierre Lavoie (Canada) Agnès Leblond,
Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jacques Monet, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Morgane Schambourg (Canada), Claire Scicluna, Brigitte Siliart, Mathieu Spriet (Canada), Christopher Stockwell, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.
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Déchirure du col utérin visible à l’examen des voies génitales postérieures (photos D. Bencharif).
Réponses à ce test page 65
Abonnez-vous en page 66 Pour tous renseignements : tél. (33)1 41 94 51 51 fax (33)1 41 94 51 52 mail neva@neva.fr
éditorial Le poulain, ce futur “crack” ...
L
’élevage implique un coût non négligeable. La naissance finalise tous les espoirs du propriétaire depuis le moment où il a pensé le choix de l’étalon et obtenu l’embryon qui doit devenir le “crack” ou plus simplement le cheval dont il rêve. Attendu avec impatience, le poulain est là … Dans certains cas, le rêve peut rapidement devenir cauchemar. De 0 à 30 jours, ce sont essentiellement les conditions du poulinage et le statut immunitaire du poulain qui déterminent les affections dominantes. La caractéristique de l’évolution dans la maladie comme vers la guérison est l’extrême rapidité. Le diagnostic et le traitement doivent être réalisés dans l’urgence et avec les bons gestes. Le parasitisme, présent dès le plus jeune âge, est à contrôler. Les aplombs doivent être surveillés et modifiés très tôt si nécessaire pour une croissance harmonieuse. De 30 à 90 jours, le poulain peut présenter un déficit immunitaire qui le rend très vulnérable, même vis-à-vis de germes banaux. La rhodococcose en est une illustration sévère. Les conditions environnementales sont primordiales (concentration en chevaux, hygiène des locaux, tenue des litières et état des paddocks, …) L’arrivée de chevaux étrangers dans le troupeau, ou pire, l’introduction du poulain dans un haras, constitue un facteur de risque non négligeable. La mise au paddock sur un terrain rendu poussiéreux par le surpâturage doit être absolument déconseillée. Un protocole sérieux de vermifugation est poursuivi ; les aplombs sont toujours surveillés, il est déjà trop tard pour certaines corrections chirurgicales … De 90 à 180 jours, la conduite de l’élevage devient essentielle, la physiologie digestive a évolué vers celle de l’adulte, les pathologies digestives s’en rapprochent également. La croissance est rapide avec un gain moyen de poids de l’ordre d’un kilo par jour. Les pathologies locomotrices apparaissent avec l’augmentation des sollicitations articulaires. L’apport de nourriture spécifique au poulain, doit être raisonné pour éviter une prise de poids trop rapide. Le mode d’élevage est également raisonné, en fonction des sols sur lesquels on élève : préférer un élevage en plein air sur des sols durs pour éviter le galop forcé derrière la mère après chaque lâcher ... Au protocole de vermifugation en place, il convient d’ajouter une vermifugation contre le ténia. Un protocole de vaccination est aussi instauré. Avec le sevrage apparaîtront d’autres affections, en particulier liées au stress. Après ces étapes successives, le rêve pourra peut-être devenir cheval ... Ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine, en parallèle du horssérie sur la néonatalogie, aborde essentiellement le poulain de plus d’un mois et l’accompagne jusqu’au sevrage. Débutant par une brillante présentation des principales entités pathologiques rencontrées (J.-L. Cadoré), il propose la conduite qu’il est possible de tenir face aux principales situations rencontrées au quotidien. Un article de grande qualité fondé sur les données rassemblées par le Laboratoire d’Etudes et de Recherches en Pathologie Équine sur l’autopsie de 5 896 poulains en 20 ans expose les principales causes de mortalités en région normande (Jackie Tapprest et coll). Une fiche sur la technique d’autopsie est aussi proposée. Après un rappel de toutes ces conditions pour lesquelles un choix décisionnel diagnostique et thérapeutique ciblé et efficace est indispensable, afin de ne pas compromettre la carrière sportive du futur champion et parfois sa vie, sont ainsi abordées : les diarrhées si fréquentes et parfois si délicates à gérer (R. le Moan), les affections respiratoires si multiples (A. Wilczynski et coll) et les arthrites septiques, entité fréquente qu’il convient de gérer judicieusement (J.-M. Casamatta et coll).
Serge Lenormand Clinique Lenormand Conques, 33420 Saint-Aubin de Branne
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out au long du numéro, nous verrons qu’un poulain a une physiologie particulière, donc des besoins différents d’un cheval adulte. Ainsi, certaines particularités sont à prendre en compte lors de l’anesthésie (C. Prouvost), et … un poulain s’alimente différemment pour une croissance la plus harmonieuse possible (G. Blanchard). Bonne lecture à tous et bon courage, le poulain 2007 est déjà là. ❒
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 149
la pathologie du poulain : enjeux et perspectives Jean-Luc Cadoré Marie-Flore Awad Clinique équine Département hippique E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Connaître les principales affections pour mieux les suspecter et les reconnaître.
Objectif pédagogique Reconnaître les principales affections chez le poulain de 15 jours au sevrage.
U
ne fois la période néonatale passée sans déplorer la survenue d’affections parfois très graves, comme la septicémie ou les conséquences d’une naissance trop précoce, le poulain peut, de l’âge de 15 jours jusqu’au sevrage, présenter de nombreuses autres affections ou maladies qui lui sont spécifiques. Ces affections bénignes ou graves, peuvent être assorties d’un pronostic réservé à court, moyen ou plus long terme. La connaissance de ces particularités pathologiques permet au clinicien de mieux les repérer précocement, voire de les prévenir. UN OBSERVATOIRE DE LA SANTÉ DU POULAIN
Depuis maintenant plus de 20 ans, les travaux menés à l’Institut de Pathologie du Cheval constituent une base de données des plus intéressantes pour mieux comprendre la nature de la morbidité et de la mortalité des chevaux de tous âges, dans la grande région de Normandie. Il s’agit donc, comme cela l’avait été imaginé, d’un véritable observatoire de la santé du cheval, certes dans une région déterminée, mais dans laquelle le nombre de naissance est majoritaire. ● L’analyse des données exposées dans l’article de J. Tapprest et coll montre bien les grandes tendances déjà annoncées dans une 1re étude rétrospective publiée par C. Collobert en 1995. ● Ainsi, une recommandation importante pour le clinicien est de faire passer le message que toute mortalité d’un poulain, même lorsque le diagnostic a été établi par la clinique et les examens paracliniques, doit absolument faire l’objet d’une investigation nécropsique, parfois valablement complétée par une expertise biologique. ●
LES DOMINANTES PATHOLOGIQUES La pathologie respiratoire ● La pathologie respiratoire est dominée par les formes respiratoires de rhodococcose,
1
Auscultation de bruits digestifs chez une jeune pouliche (photo M.-F Awad).
Essentiel
bien plus fréquentes que les streptococcoses qui représentent la première cause de mortalité (figure). ● Beaucoup d’autres affections respiratoires non infectieuses peuvent exister dans cette tranche d’âge, sans forcément avoir des répercussions cliniques ; parfois ces dernières sont d’ordre digestif (dysphagies) ; elles sont bien décrites dans l’article d’A.Wilcinzky et coll., dans lequel on retrouve aussi toutes les affections respiratoires, parfois graves, consécutives à l’évolution d’affections digestives.
❚ Toute mortalité d’un poulain doit absolument faire l’objet d’une investigation nécropsique. ❚ La pathologie respiratoire est dominée par les formes respiratoires de rhodococcose. ❚ En pathologie digestive, les principales causes de mortalité identifiées sont les entérocolites et les typhlocolites souvent infectieuses. ❚ Si leur fréquence est relativement faible, les polyarthrites septiques doivent retenir l’attention, compte tenu de leur évolution péjorative.
La pathologie digestive ● Les principales causes de mortalité identifiées sont les entérocolites et les typhlocolites souvent infectieuses (clostridies, coliformes, plus rarement salmonelles, rotavirus et coronavirus). Viennent ensuite les ulcérations gastro-duodénales et les arrêts de transit qui méritent un intérêt tout particulier (photo 1). ● Parallèlement, la fréquence des diarrhées doit être bien connue, comme le souligne l’article de R. Le Moan dans lequel leur étiologie parasitaire, infectieuse et non infectieuse, notamment lors de la présence d’ulcérations gastro-duodénales, est soulignée.
CHEVAL
La pathologie de l’appareil locomoteur ● Si leur fréquence est relativement faible, les polyarthrites septiques doivent retenir l’attention compte tenu de leur évolution péjorative possible lorsqu’elles sont prises en charge trop tardivement.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 151
connaître les principales causes de mortalité :
diagnostic nécropsique et données statistiques Jackie Tapprest1 Claire Laugier1 Nathalie Foucher1 Corinne Sevin1 Karine Maillard2
chez le poulain de 1 à 6 mois
1 Afssa - Dozulé Laboratoire d’études et de Recherches en Pathologie Equine RN 175 14430 Goustranville 2 Laboratoire Départemental Frank Duncombe route de Rosel 14053 Cæn cedex
Figure - Les causes de mortalité
Après l’âge d’un mois, certaines causes de mortalité diminuent. Cet article présente les différentes causes de mortalité ainsi que les moyens de diagnostic : tableau lésionnel, prélèvements et analyses complémentaires de laboratoire.
chez le poulain de 1 à 6 mois : données sur 5 896 autopsies réalisées de 1986 à 2006
Objectif pédagogique Connaître les affections, causes de mortalité chez le poulain de 1 à 6 mois.
A
près l’âge d’un mois, les causes de mortalité chez les poulains liées à des événements survenus pendant la gestation ou le poulinage sont exceptionnelles. De même, les morts liées à un défaut de transfert de l'immunité colostrale diminuent avec l'âge. Le risque de mortalité est ainsi inférieur à celui des poulains de moins d’un mois. Malgré tout, sur 5 896 autopsies effectuées à l’Afssa-Dozulé depuis 1986, presque 12 p. cent (695) concernent des poulains âgés de 1 à 6 mois. Les races Trotteur Français et Pur Sang sont les plus représentées (respectivement 48 p.cent et 42 p. cent des poulains). ● Chez le poulain de plus d’un mois, l'immunité propre se développe progressivement et les infections systémiques régressent au profit des infections localisées, notamment les bronchopneumonies (27 p. cent) et les entérocolites (20 p. cent). Parallèlement, les affections digestives non infectieuses prennent une importance croissante (22 p. cent) (figure). Cette tranche d'âge est également la cible principale de la rhodococcose qui représente, toutes formes cliniques confondues (respiratoire, digestive et musculo-squelettique), près de 25 p. cent des causes de mortalité des poulains entre 1 et 6 mois en Basse Normandie. ● Les principales causes de mortalité du poulain de 1 à 6 mois sont traitées à la lumière des données statistiques. Les lésions et les prélèvements sont ensuite développés.
Essentiel ❚ Chez le poulain de plus d’un mois, les septicémies régressent au profit des infections localisées. ❚ Les bronchopneumonies sont la 1re cause de mortalité. ❚ Les ulcères gastro-duodénaux occupent une place prépondérante dans les affections digestives non infectieuses.
1
Broncho-pneumonie à Streptocoque β-hémolytique (photo Afssa-Dozulé).
LES BRONCHOPNEUMONIES CHEZ LE POULAIN Les bronchopneumonies sont la 1re cause de mort chez les poulains. ● Rhodococcus equi est identifié dans 67 p. cent des cas, Streptococcus zooepidemicus dans 16 p. cent, Escherichia coli dans 9 p. cent et Klebsiella pneumoniae dans 6 p. cent. Ces bactéries les plus fréquemment impliquées peuvent être isolées seules ou en association. ●
Les lésions observées
1. Les lésions liées à une infection par Rho-
CHEVAL
dococcus equi : ● Rhodococcus equi est responsable de lésions respiratoires, de lésions digestives et de lésions musculo-squelettiques. ● Dans un souci de simplification, nous détaillons l'ensemble des lésions rencontrées dans les différentes formes cliniques (encadré).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 153
Fiche
Jackie Tapprest Claire Laugier Nathalie Foucher Corinne Sevin Benoît Ecolivet Armand Pontin Lydia Baudet Afssa - Dozulé Laboratoire d’études et de Recherches en Pathologie Equine RN 175 14430 Goustranville
Objectif pédagogique Savoir réaliser une autopsie du poulain.
comment réaliser une autopsie chez le poulain de 1 à 6 mois Le protocole d’autopsie que nous recommandons tel qu’il est pratiqué à l’Afssa-Dozulé est lourd mais il permet d'établir un diagnostic dans plus de 90 p. cent des cas. Hors structure spécialisée, ce protocole peut être allégé en fonction des commémoratifs et des conditions pratiques de réalisation.
L
a première étape indispensable à la réalisation d’une autopsie est le recueil de l’anamnèse. Chez le poulain, certaines informations signalent des facteurs de risque de pathologie infectieuse : immunité d'origine colostrale défectueuse, présence de maladies enzootiques dans l'élevage notamment la rhodococcose et la gourme. L'autopsie doit avoir lieu le plus tôt possible : le délai entre l'autopsie et la mort conditionne la qualité des résultats.
Essentiel ❚ La première étape indispensable est le recueil de l’anamnèse. ❚ L’autopsie doit avoir lieu le plus tôt possible : le délai entre l’autopsie et la mort conditionne la qualité des résultats. ❚ Les muscles du nouveau-né sont plus pâles que ceux de l’adulte.
L’EXAMEN EXTERNE DU POULAIN Le cadavre du poulain est placé en décubitus dorsal, les membres écartés, si possible sur un banc d'autopsie (photo). ● L'examen doit être soigneux ; relever notamment, le signalement, la coloration des muqueuses ainsi que toute anomalie présente : distension abdominale, tuméfaction articulaire ou ombilicale, uvéite, ... ●
L’EXAMEN DU TISSU CONJONCTIF SOUS-CUTANÉ ET DES MUSCLES Le cadavre est dépouillé selon une incision ventrale médiane, de la symphyse mandibulaire au pubis, en contournant la région ombilicale et le fourreau chez le mâle ; celle-ci est poursuivie par des incisions en croix en face interne des membres. ● La peau est reclinée sur la plus grande surface possible. ● L'aspect du tissu conjonctif, le côté hypostatique, les infiltrations hémorragiques et la coloration des muscles sont notés. ●
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 158 - DÉCEMBRE / MARS 2007
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Position optimale du poulain pour autopsie : décubitus dorsal sur une berce, membres écartés (photo Afssa-Dozulé ). ● Les muscles du nouveau-né sont plus pâles que ceux de l'adulte.
L’ÉVISCÉRATION DES ORGANES ABDOMINAUX ● L'ouverture de l'abdomen est réalisée par une incision sur la ligne blanche, qui contourne la zone ombilicale, à l'aide d'un bistouri. ● Lors d'épanchement, le liquide péritonéal peut être récolté à l'aide d'une seringue et placé dans des tubes secs et EDTA, pour des analyses complémentaires éventuelles. Noter l'aspect et la quantité de liquide présent. Poursuivre l'ouverture de la cavité par des incisions bilatérales le long de l'hypocondre et en avant des creux inguinaux. Les deux volets pariétaux ainsi constitués sont réclinés. ● En un 1er temps, il convient d’examiner le péritoine, puis de vérifier la topographie des diverses portions du tube digestif, notamment de l'intestin grêle et du côlon replié. ● Procéder ensuite à l'éviscération des organes abdominaux qui sont déposés sur un support propre (table) pour un examen détaillé et pour réaliser les prélèvements. ● Isoler la rate par section des ligaments néphro-splénique et gastro-splénique. - Pour extraire le tractus digestif, une double ligature est posée sur l'œsophage à proximité du cardia, une seconde sur le côlon flottant à l'entrée du bassin. - Sectionner entre les ligatures, puis la racine du mésentère, le ligament hépato-duodénal et l'ensemble du tractus digestif, incluant le pancréas et une portion de l'artère mésentérique crâniale, est ainsi isolé et placé sur la table.
conduite à tenir diagnostique et thérapeutique devant les diarrhées
Rozenn Le Moan
du poulain de 1 mois au sevrage
Clinique vétérinaire Stockwell-Poutas 14700 Falaise
Objectif pédagogique
Affection fréquente chez le poulain de 1 à 6 mois, les diarrhées sont importantes en terme de morbidité, de mortalité et de coût pour l’éleveur.
Reconnaître et traiter les diarrhées du poulain de l’âge d’un mois au sevrage.
A
vant l’âge de 6 mois, 80 p. cent des poulains connaissent au moins un épisode de diarrhée. De nombreuses causes peuvent être à l’origine de ces affections digestives*. Dans cet article, nous détaillons les affections spécifiques du poulain de plus d’un mois, puis nous essayons d’établir la conduite à tenir devant un épisode de diarrhée et les méthodes préventives à mettre en place. ÉPIDÉMIOLOGIE
Des études ont permis d’identifier les différents agents infectieux responsables de diarrhée et leur fréquence. ● Dans plus de la moitié des cas, des agents infectieux sont isolés. Selon une étude menée sur les gastro-entérites du poulain de la naissance au sevrage, sur 1200 poulains dont 185 poulains ont présenté une diarrhée (la diarrhée de chaleur de poulinage n'étant pas incluse), en BasseNormandie de 1999 à 2002, à l’AFSSADozulé, les causes infectieuses représentent 71 p. cent des cas (tableau 1). Les poulains malades ont moins d'1 mois pour 53 p. cent d’entre eux, 1 à 2 mois pour 20 p. cent, et 2 à 6 mois pour 27 p. cent. ● Il n’a pas observé de corrélation entre l’âge des poulains atteints et la gravité des symptômes. Dans la majorité des cas, le pronostic est bon, si les traitements sont mis en place. ● Toutes les causes de diarrhée décrites chez le poulain de 0 à 15 jours* d’origine infectieuses, alimentaires, liées à une intolérance au lactose, iatrogènes consécutives à l’administration d’antibiotiques sont également rencontrées chez le poulain plus âgé, exceptée la diarrhée de chaleur de lait (photo 1). À cela s’ajoutent d’autres agents pathogènes, des parasites et d’autres facteurs liés aux modifications de mode vie du poulain
NOTE * Cf. article “Les diarrhées du poulain de 0 à 15 jours” du même auteur, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine Hors-série Néonatalogie des équidés.
1
L’ingestion de sable ou de terre peut entraîner une diarrhée (photo R. Le Moan)
Tableau 1 - Origine des diarrhées
●
chez le poulain (d’après étude AFSSA-Dozulé sur 185 poulains de 1999 à 2002)
Fréquence ●
Rotavirus
48 %
●
E. Coli
15 %
●
Clostridium
7%
●
Strongyloïdes westeri
2%
●
Rhodococcus equi
1%
●
Causes non infectieuses
27 %
que nous abordons dans cet article (tableau 2). Les diarrhées d’origine infectieuse Les principaux agents infectieux sont décrits* chez le poulain de 0 à 15 jours (Salmonella, E. Coli, Enterococcus, Clostridium, Actinobacillus equuli, Aeromanas hydrophilia, Campylobacter, Rotavirus, Coronavirus). ● Nous ne détaillons ici que deux nouveaux agents responsables de diarrhée chez le poulain plus agé : Rhodococcus equi et Lawsonia intracellularis. ●
Essentiel ❚ Dans la moitié des cas de diarrhées chez le poulain, des agents infectieux sont isolés. ❚ Il n’existe pas de corrélation entre l’âge des poulains atteints et la gravité des symptômes. ❚ Une infestation parasitaire massive peut parfois s’accompagner de diarrhée. ❚ L’ingestion de sable ou de terre peut entraîner une diarrhée.
CHEVAL
Rhodoccocus equi Rhodococcus equi est une bactérie intracellulaire, responsable d’une pneumonie abcédative chez le poulain. Elle peut s’accompagner d’une infection des nœuds
●
17
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 161
démarche diagnostique et thérapeutique
face à une suspicion d’affection respiratoire
Aurélie Wilczynski1 Jean-Luc Cadoré2
chez un poulain Face à une suspicion d’affection respiratoire chez le poulain, qu’il soit nouveau-né ou un peu plus âgé, la démarche diagnostique requiert une bonne connaissance des particularités physiologiques du jeune.
COMMÉMORATIFS ET ANAMNÈSE Il est nécessaire tout d’abord de recueillir quelques renseignements, puis de réaliser un examen clinique complet. ● Lors de l’évaluation d’un poulain, les facteurs de risque à prendre en compte sont l’état de santé de la jument pendant la gestation, le déroulement du poulinage, et les premières heures de vie de l’animal. - Si la jument a présenté des écoulements vaginaux, il convient de suspecter une placentite, qui peut être à l’origine d’une septicémie chez le poulain. - De même, un poulinage dystocique peut prédisposer à une fracture de côtes ou à une asphyxie à la naissance. - Demander au propriétaire si le poulain a bien bu son colostrum. ● Veiller à ne pas confondre ce qui est physiologique chez le poulain et anormal chez l’adulte ou chez un poulain plus âgé. ●
Le pré Charmoy 71400 Autun 2 Département hippique ENVL 1, avenue Bourgelat, 69280 Marcy l’étoile
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les différences physiologiques du poulain. ❚ Établir un diagnostic différentiel face à des signes cliniques respiratoires.
L
es symptômes exprimés par le poulain nouveau-né sont souvent frustes, peu caractéristiques et communs à plusieurs causes. Le diagnostic des affections est difficile. Or, ce diagnostic et un traitement précoces sont nécessaires car l’évolution vers la mort peut être rapide. Aussi, il est nécessaire de connaître les particularités physiologiques, cliniques et comportementales du poulain. Après un bref rappel de l’examen clinique du poulain, cet article propose un guide d’hypothèses diagnostiques, d’examens complémentaires et de traitements à réaliser face à un poulain présentant des signes cliniques qui peuvent faire suspecter une affection respiratoire.
1
1
Auscultation pulmonaire sur un nouveau-né (photo département hippique, clinique équine E.N.V.L.).
Par exemple, dans les premières 24-48 heures de sa vie, le poulain présente une dysphagie physiologique. Si après les 48 premières heures, il continue à rejeter son alimentation juste après le repas, une anomalie du palais comme une fente palatine peut être suspectée.
Définitions
L’EXAMEN CLINIQUE
❚ La dysphagie est une déglutition difficile ou anormale.
L’examen à distance du poulain nouveau-né et de sa mère doit précéder l’examen rapproché. L’examen à distance Observer d’abord l’attitude du nouveauné, son interaction avec sa mère, son réflexe de succion (spontané dans les 20 à 30 premières minutes) [2]. Le poulain boit 5 à 7 tétées par heure, de 30 à 90 s chacune [2]. Il alterne des phases de sommeil et des phases d’activité autour de la mère. Il est intéressant d’observer la courbe respiratoire et de calculer la fréquence respiratoire avant toute autre manipulation. ● En un 2e temps, le praticien recherche des traumatismes, comme une fracture des sinus, une déformation de la face, signe d’une éventuelle déviation du septum nasal par exemple. ● Une hyperextension de la tête peut révéler une douleur dans la région atlanto●
❚ La dyspnée est un terme qui décrit la sensation de respiration difficile. ❚ Le jetage est un liquide, de consistance diverse et d’aspects multiples, qui s’écoule par les naseaux.
Essentiel ❚ Ne pas confondre ce qui est physiologique chez le poulain et anormal chez l’adulte.
CHEVAL
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 165
conduite à tenir face à une arthrite septique
Jean-Michel Casamatta Mathieu Lenormand Serge Lenormand Morgane Schambourg
chez le poulain
Clinique Lenormand Conques, 33420 Saint-Aubin de Branne
Affection grave et fréquente, l’arthrite septique est souvent associée à une maladie systémique. Il s’agit d’une urgence qui nécessite la mise en place d’un traitement agressif et précoce.
L
’arthrite septique du poulain est le plus souvent la conséquence d’une dissémination par voie sanguine d’une bactérie à partir d’un foyer infectieux initial ou bien d’une septicémie. Plus rarement, chez le nouveau-né, son origine peut être traumatique ou iatrogène. ● Cette affection peut provoquer à long terme une diminution importante des capacités athlétiques de l’animal [14] voire, dans les cas les plus graves, son euthanasie. Il est donc indispensable de mettre en place des mesures préventives efficaces et un traitement agressif et précoce afin de limiter ces conséquences désastreuses. ● L’objectif de cet article est de présenter les éléments importants d’une gestion la plus judicieuse possible d’une arthrite septique. RAPPELS SUR LA PHYSIOPATHOLOGIE DES ARTHRITES SEPTIQUES
● Chez le poulain, un ensemble de facteurs prédispose au maintien des infections au niveau articulaire si bien que les bactéries colonisent l’os sous-chondral et la membrane synoviale, et y prolifèrent rapidement (figure) [6,11]. ● Une fois l’articulation colonisée, la phase aiguë de l’inflammation déclenche l’afflux de polynucléaires neutrophiles et la synthèse d’un ensemble d’enzymes lytiques. Rapidement, la matrice cartilagineuse et les protéoglycanes sont détruites. La perméabilité vasculaire augmente et entraîne une distension synoviale douloureuse. ● Parallèlement, la formation de fibrine sur la surface articulaire diminue la nutrition du cartilage et aggrave sa dégradation. ● La dégradation du cartilage s’effectue en 2 à 5 jours et les dégâts sont rapidement irréversibles (même chez le poulain). ● Le diagnostic doit être établi le plus précocement possible ; ainsi, les dégâts sont
Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter une arthrite septique chez le poulain.
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Distension articulaire d’un jarret sur un poulain atteint d’une arthrite septique (photo J.-M Casamatta).
Figure - Les facteurs prédisposants aux infections articulaires Les conditions de vie Une diminution des défenses immunitaires du poulain dont la cause principale est le défaut complet ou partiel de transfert passif des immunoglobulines La nature et la virulence du germe Un débit sanguin plus faible dans les capillaires, et des intercommunications vasculaires par les vaisseaux transphyséaux qui se ferment entre 7 à 10 jours
moins importants, le traitement instauré moins lourd et moins onéreux et le pronostic plus favorable. LE DIAGNOSTIC Anamnèse Il convient d’abord de s’informer sur les conditions du poulinage, de la délivrance et des premières heures de vie du poulain. Toutes ces questions visent à évaluer le risque de se trouver face à un poulain septicémique. ● Il est important de connaître le délai d’apparition des symptômes et l’évolution des signes locaux. ●
Essentiel ❚ Les signes d’appel de l’arthrite septique sont : - une boiterie et une distension articulaire ; - un œdème péri-articulaire en début d’évolution ; - l’hypertermie est un signe fréquent, mais pas systématique, notamment si des anti-inflammatoires ont été administrés. ❚ La dégradation du cartilage s’effectue en 2 à 5 jours et les dégâts sont rapidement irréversibles. ❚ Il est important de connaître le délai d’apparition des symptômes et l’évolution des signes locaux.
Le diagnostic clinique [10] ● Un examen clinique général permet de détecter les signes de septicémie ou d’autres foyers infectieux, notamment intestinal ou pulmonaire. ● La boiterie, ou une difficulté à se lever chez le poulain est le signe clinique qui doit alerter le vétérinaire et le propriétaire. Localement, on observe une distension articulaire (photo 1), mais parfois un œdème et une cellulite péri-articulaire compliquent son
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 173
observation clinique
observation originale
des contractures tendineuses chez un jeune âne
Cette observation présente un cas de déformation en flexion ou “contracture tendineuse” chez un jeune âne, liée à une croissance osseuse rapide, et les traitements médicaux et chirurgicaux réalisés.
❚ Connaître les différents grades de pied-bot et de bouleture. ❚ Choisir sur quelle structure tendineuse ou ligamentaire intervenir en fonction de la contracture.
Â
Motifs de consultation
ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS Issus de géniteurs croisés âne des Pyrénées, de grande taille, alimenté avec une ration riche en protéines, ce jeune âne a eu une croissance particulièrement rapide. Ses propriétaires envisagent pour lui un avenir de reproducteur. ● Depuis l’âge de 15 mois, l’âne se tient de façon anormale. Il a des difficultés locomotrices en raison d’une bouleture et d’un pied-bot qui atteignent les deux membres antérieurs (photo 1). EXAMEN CLINIQUE Excepté l’affection locomotrice, l’examen clinique général ne révèle pas d’anomalie significative.
E.N.V.T. Département des sciences cliniques des Animaux de sport et loisirs 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Objectifs pédagogiques
gé d’un an et demi, un âne est présenté en consultation à la clinique équine de l’école vétérinaire de Toulouse en raison de contractures tendineuses acquises.
●
Camille Tourmente Louis-Marie Desmaizières
1
L’âne présente des contractures tendineuses ...
❚ Difficultés locomotrices. ❚ Bouleture et pied-bot sur les deux membres antérieurs. Définition ❚ Chez un équidé, le pied-bot est un défaut d’aplomb caractérisé par un angle entre la face dorsale et le sabot qui excède 70°.
... et des talons (photos Clinique équine E.N.V.T).
Essentiel 2
Figure 1 - Grade du pied-bot en fonction de l’angle entre la face dorsale et le sol (d’après Adams et coll.)
Examen locomoteur Inspection
Les membres antérieurs présentent un piedbot de grade 1 (angle entre la face dorsale et le sol restant < à 90°) (photo 2, figure 1). ● Les boulets révèlent un défaut d’extension, la bouleture est plus marquée sur le membre antérieur droit (photo 3) que sur le gauche (photo 4). ●
❚ Les contractures congénitales apparaissent à la naissance ou dans les premiers jours de vie du poulain. ❚ Les pieds-bots apparaissent entre 6 semaines et 6 mois. ❚ Souvent dues à un tendon fléchisseur superficiel trop court par rapport au reste du squelette, les bouletures surviennent plus tardivement, entre 9 et 18 mois et sont fréquemment bilatérales.
Palpation ● Pour évaluer le grade de la bouleture, on provoque une extension forcée du boulet. ● Une bouleture de degré 3 (angle du boulet supérieure à 180° lors de cette manipulation) est notée (figure 2).
Bilan clinique Cet âne âgé d’un an et demi présente
deux défauts d’aplombs majeurs : - une contracture bilatérale du tendon fléchisseur profond du doigt : pied-bot de grade 1 sur les antérieurs ; - une contracture bilatérale du tendon fléchisseur superficiel du doigt : bouleture de degré 3 sur les antérieurs.
ÂNE
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LE NOUVEAU PRATICIEN équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 179
geste
Fiche
comment réaliser
un lavage articulaire à l’aiguille chez le poulain
Clinique Lenormand Conques 33420 Saint-Aubin de Branne
E
n cas d’arthrite septique, le lavage articulaire permet de diminuer la concentration bactérienne, de drainer et d’éliminer la fibrine et les médiateurs de l’inflammation qui contiennent tous les acteurs de la dégradation du cartilage (les enzymes lysosomales, les métalloprotéinases, hyaluronidases).
Objectif pédagogique Savoir réaliser un lavage articulaire à l’aiguille.
Geste
RÉALISATION DE LA PONCTION La sédation du poulain est une aide précieuse*. Un examen pré-anesthésique permet d’évaluer le risque car le poulain est souvent débilité par une infection plus générale que l’arthrite septique. ● Après préparation chirurgicale du site, il convient d’implanter deux aiguilles de 16 G ou 18 G, de chaque côté de l’articulation, afin d’augmenter le volume articulaire qui va être rincé. Par exemple, au niveau de l’articulation tibio-talienne, une 1re aiguille qui sert de voie d’entrée est insérée en face dorso-médiale (car il y a moins de franges synoviales), une 2nde, voire une 3e, au niveau des récessus synoviaux plantaires pour la sortie (photo 2). ● La distension peut être obtenue en injectant à la seringue pour insérer une 2e aiguille, puis une outre sous pression (à l’aide d’une manchette à pression) est branchée sur l’aiguille. Ne pas hésiter à alterner les voies d’entrée des fluides (photo 3). Ponctuellement, les fluides doivent être mis sous pression en empêchant leur sortie. Puis, l’articulation est vigoureusement massée en regard des récessus. Enfin, laisser les fluides s’écouler de nouveau. La pression de sortie induite crée une dépression qui aspire les débris. ●
LAVAGE AVEC UNE SOLUTION ISOTONIQUE STÉRILE ● Une solution isotonique stérile (NaCl ou Ringer Lactate) convient parfaitement pour effectuer les lavages. ● L’ajout d’un antiseptique dans le liquide de lavage est proscrit en raison du risque d’induction d’une arthrite chimique. Les agents anti-microbiens offrent peu d’avantages car le contact est limité lors du lavage. ● La quantité minimum de liquide requise est de 3 l, en fonction de la taille de l’articulation. ● L’aspect du liquide de lavage et la présence de débris tissulaires conditionnent le
Jean-Michel Casamatta Mathieu Lenormand Serge Lenormand Morgane Schambourg
1
Matériel de lavage (photos J.-M Casamatta).
matériel Le matériel utilisé pour un lavage articulaire à l’aiguille est : - une tondeuse, un rasoir ; - pour la stérilisation du site : des compresses, un antiseptique, de l’alcool, ... - du NaCl de 1 l ou 3 l ; - une manchette à pression de 1 l ou 3 l ; - un perfuseur à gros débit ; - des aiguilles 16 ou 18 G ; - des gants stériles ; - un champ collant (photo 1).
❚ Facile à réaliser. ❚ Conditions parfaites de réalisation plus difficiles à mettre en place. NOTES cf. articles dans ce numéro : *“Particularités de l’anesthésie chez le poulain” de C. Prouvost **“Conduite à tenir face à une arthrite septique chez le poulain” du même auteur.
Essentiel ❚ L’ajout d’un antiseptique dans le liquide de lavage est proscrit en raison du risque d’induction d’une arthrite chimique.
2
Mise en place des aiguilles de chaque côté de l’articulation.
volume de lavage et peuvent justifier de doubler la quantité, ou même de réaliser une arthroscopie si la technique à l’aiguille semble insuffisante**. ● Après chaque lavage, injecter un antibiotique localement, et faire un bandage stérile.
3
Mise sous pression des fluides dans l’articulation.
CHEVAL
CONCLUSION Les lavages articulaires sont répétés chaque jour, jusqu’à résolution des signes cliniques et/ou amélioration significative des valeurs de l’analyse du liquide synovial. ❒
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 183
les particularités de l’anesthésie
Cédric Prouvost
chez le poulain
Clinique Équine de Vendée, La Bargouillerie, 85320 Mareuil sur Lay
L’anesthésie du poulain ne diffère pas fondamentalement de l’anesthésie du cheval adulte, en particulier pour les médicaments disponibles et à utiliser. Elle requiert, cependant, la connaissance des spécificités physiologiques et métaboliques de ce jeune animal, encore immature dans certaines grandes fonctions.
Objectif pédagogique Connaître les spécificités physiologiques et adapter le protocole anesthésique au poulain.
L Essentiel ❚ L’anesthésie du poulain ne diffère pas fondamentalement de l’anesthésie du cheval adulte. ❚ Les particularités physiologiques du poulain doivent être prises en compte lors de l’anesthésie.
Geste ❚ Ne pas mettre le poulain à jeun avant une anesthésie, afin d’éviter le stress et de contribuer à maintenir la glycémie.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 184 - DÉCEMBRE / MARS 2007
es risques inhérents à la nature même des interventions ainsi que l’état parfois débilité des poulains qui doivent subir une anesthésie générale, nécessitent l’acquisition de réflexes afin de ne pas compromettre le résultat d’une intervention chirurgicale aussi bien élective qu’urgente. Cet article se propose d’apporter au praticien hospitalier, mais surtout au praticien sur le terrain, soucieux d’anesthésier les poulains dits “juvéniles” de plus d’un mois, les particularités et les réflexes dont ils doivent faire preuve (obligation de moyen). LA PRISE EN CHARGE DU POULAIN ET LE CHOIX D’UN PROTOCOLE ANESTHÉSIQUE
Si les poulains nouveau-nés de moins d’une semaine subissant une chirurgie nonabdominale ont 7,3 fois plus de risque de mortalité que le groupe des chevaux de 4 à 8 ans, selon l’enquête confidentielle concernant la mortalité péri-opératoire réalisée par Johnston et coll. en 1995 (CEPEF-1), entre 1 et 3 mois d’âge ce risque diminue considérablement et devient similaire au 0,9 p. cent de mortalité péri-opératoire de la population de référence. Ainsi, lors du premier mois de vie, le poulain acquiert progressivement sa maturité. ● Quelques particularités physiologiques persistent cependant plus longtemps. Cellesci sont rapportées dans les tableaux 1, 2. ● La prise en charge du poulain est essentielle. Même s’il est en bonne santé, une chirurgie élective peut être reportée à une période ultérieure (hernie ombilicale non étranglée par exemple). ●
40
1
Couchage rapide d’un poulain au box (photo C. Prouvost).
S’il est débilité, une chirurgie d’urgence est nécessaire, mais l’anesthésie ne doit pas être envisagée avant que tous les efforts ne soient mis en œuvre pour stabiliser les fonctions cardiovasculaire et pulmonaire (septicémie, choc, …). ● Le choix du protocole anesthésique dépend de la durée de l’intervention : sédation debout et anesthésie locale, neuroleptanalgésie, anesthésie fixe ou gazeuse. Pour une intervention de plus de 30 minutes, une anesthésie générale gazeuse doit être retenue [1]. Des interventions même minimes pour la réalisation de radiographies, une cathétérisation jugulaire, un pansement, requièrent une contention efficace du poulain, mais les plus récalcitrants, peu coopérants ou inconfortables, nécessitent alors une sédation ou une anesthésie afin d’éviter tout stress ou toute blessure (photo 1). LA PRÉPARATION PRÉ-OPÉRATOIRE ● Comme pour toute intervention programmée, l’examen pré-opératoire doit être rigoureux afin de déceler toute anomalie susceptible de compromettre le bon déroulement de l’anesthésie.
nutrition
comment bien alimenter
un poulain jusqu’au sevrage
Géraldine Blanchard Nutrition clinique E.N.V.A. 7, avenue du Général de gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
Le but de l’alimentation du poulain est d’assurer une croissance optimale pour amener un poulain en bonne santé à l’âge adulte.
Objectif pédagogique Préparer le poulain au sevrage afin d’éviter les carences à l’origine d’affections ostéo-articulaires.
L
a difficulté de l’alimentation raisonnée du poulain vient à la fois d’un manque certain de connaissances scientifiques, mais aussi de l’existence de nombreux facteurs d’influence sur la croissance dont l’alimentation de la mère et du poulain, la génétique, l’environnement, incluant le mode d’élevage, une éventuelle mise à l’entraînement, etc., et d’une diversité de situations d’élevage (place et qualité du pâturage), d’utilisation future, de race, de format (poneys, chevaux de selle, chevaux lourds). POIDS ET CROISSANCE
Au cours de sa croissance, le poulain prend du poids chaque jour, mais à la différence d’autres espèces, comme le chien, son gain moyen quotidien (G.M.Q.) ne cesse de diminuer après la naissance, c’est-à-dire que, jour après jour, il prend de moins en moins de poids (encadré). ● L’estimation du poids permet de vérifier que la croissance est régulière. Si l’on ne dispose pas d’une balance fiable, des mesures de la hauteur au garrot et du périmètre thoracique permettent, grâce à des formules assez simples, d’estimer le poids du poulain (tableau). ● Le sexe commence à avoir un impact à partir de 18 mois. ●
LE POULAIN SOUS LA MÈRE ● Le poulain allaité doit pouvoir être nourri par sa mère à la demande, c’est-à-dire être en sa présence. Les grandes clés de la réussite de l’allaitement sont une mère en bonne santé (ni trop grasse, ni trop maigre), nourrie de manière équilibrée et suffisante, et correctement abreuvée (pas d’eau, pas de lait !) (photos 1, 2). ● Très rapidement, le poulain commence à consommer des aliments solides, de l’herbe ou du foin, mais aussi les aliments concentrés de sa mère si celle-ci en dispose.
1 Ce poulain chétif est celui d’une jument
trop maigre car sous-alimentée (recevant seulement quelques kilos de foin par jour) (photos G. Blanchard).
Encadré - Quelques points de repère A la naissance, un poulain de race de selle pèse environ 10 p. cent de son poids adulte (ou encore 0,45.P0,75 avec P désignant le poids de la mère) et mesure 60 p. cent de sa taille future. ● Il double son poids en 1 mois et le triple en 2 mois. ● À l’âge de 18 mois, il pèse 70 à 80 p. cent de son poids adulte. ● Il est considéré adulte autour de 4 ans, ceci étant variable selon les formats et les races. ● Son squelette représente alors 16 p. cent de son poids corporel, contre 14 p. cent chez l’Homme et seulement 8,7 p. cent chez le chien [12]. ●
D’abord il “picore” puis, bien vite, les quantités consommées deviennent significatives, pour prendre une place prépondérante à partir de l’âge de 3 mois, alors que le sevrage est généralement réalisé vers l’âge de 6 mois. ● Aucune étude ne permet à ce jour d’estimer précisément l’ingéré d’aliments solides d’un poulain sous la mère, notamment lorsque le couple mère-poulain est au pâturage. La recommandation que l’on peut faire est alors de donner au poulain la possibilité d’accéder à l’herbe ou, à défaut, à du foin, en se rappelant que le cheval, même très jeune, est déjà un herbivore. ● L’allaitement artificiel, doit être mis en place si la jument ne peut pas allaiter (mammite, mort…), ou si elle n’a pas assez de lait. Si le poulain n’a pas du tout tété sa mère, il est indispensable de proposer du colostrum, voire du sérum de jument. Ensuite, il convient de trouver une nourrice (jument en lactation ayant perdu son poulain acceptant d’adopter l’orphelin, ou jument
2
À l’inverse, cette jument et son poulain sont pléthoriques, tous deux sur-alimentés par un apport excessif de concentrés.
Essentiel ❚ Au cours de sa croissance, le poulain prend chaque jour de moins en moins de poids, son pic de croissance est in utero.
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RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 189
observation clinique
observation originale
six cas de leucoencéphalomalacie liée à des intoxications chez des chevaux Cette observation rapporte une série de cas d’intoxications à la flumonisine B1 sur six chevaux d’un élevage. Les chevaux sont particulièrement sensibles à cette mycotoxine.
OBSERVATIONS CLINIQUES ET CHRONOLOGIE DES CAS Le 1er jour Les symptômes nerveux : amaurose, ataxie, tremblements, pousser au mur et tourner en rond, sont observés par le vétérinaire sur les trois chevaux concernés. ● Le vétérinaire note en plus une tachycardie, une polypnée et des muqueuses légèrement congestionnées sur les deux chevaux examinés (le 3e cheval est inapprochable et dangereux). La température rectale est normale. ● Un traitement symptomatique à base de détomidine (Domosédan®) et perfusion de diméthyl-sulfoxyde sur les chevaux n° 1 et 2 est mis en œuvre. Une amélioration transitoire est notée. ● Face à la suspicion d’encéphalomalacie, le vétérinaire recommande l’arrêt de la distribution de maïs pour tous les chevaux (encadré 2). ●
Unité pédagogique d’alimentation et de botanique appliquée E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex
Objectif pédagogique Savoir reconnaître une leucoencéphalomalacie chez le cheval.
Motif de consultation
U
n épisode de mortalité aiguë a été observé après une vague de grand froid en janvier, dans un élevage de chevaux de l’Aude. ● Un premier examen des conditions environnantes permettait d’envisager une intoxication au séneçon du Cap (Senecio inaequidens D.C.). Cependant, une visite plus approfondie de l’élevage et l’observation des symptômes ont orienté le diagnostic vers une leucoencéphalomalacie liée à la présence de fumonisine B1 dans le maïs, hypothèse qui a été confirmée par le laboratoire d’analyses. Entre temps, six chevaux ont présenté des symptômes et cinq d’entre eux sont morts. ● Lors de la première visite, trois chevaux de cet élevage sont vus par le vétérinaire, en raison de l’apparition subite de symptômes nerveux (encadré 1).
Nathalie Priymenko Stéphane Fresnel
1
Les lots de maïs contiennent de nombreuses larves de charançons (photo N. Priymenko).
❚ Apparition de symptômes nerveux spectaculaires (pousser au mur, tourner en rond) sur plusieurs chevaux.
Encadré 1 - Les caractéristiques de l’élevage L’exploitation où vivent ces chevaux est un GAEC entretenu par trois frères, qui possèdent environ 100 chevaux, en plusieurs lots, stationnés soit en boxes, soit en stabulation libre, soit au pâturage. Outre les chevaux, l’élevage comprend une centaine de vaches laitières et 400 brebis. ●
Hypothèses diagnostiques ❚ Leucoencéphalomalacie. ❚ Encéphalose hépatique (liée ou non au séneçon).
Les chevaux atteints de ces troubles nerveux appartiennent à un lot de 20 poulains de deux ans qui vivent en permanence à l’extérieur, sur une prairie de 15 ha.
●
● Ils reçoivent en supplément un foin de raygrass en libre service et du maïs en grain grossièrement broyé (environ 2 kg/j et par cheval), comme tous les autres chevaux de l’exploitation, les génisses et les ovins. Le concassage est réalisé pour deux jours environ et stocké dans de grands fûts en plastique avant distribution.
Dans la soirée, le vétérinaire observe une aggravation de l’état clinique des deux chevaux traités : un des poulains est couché, dans le coma et présente des mouvements de pédalage ; le second est comme fou et fonce tête baissée dans les ballots de paille qui ont été disposés autour de lui. ● Les deux poulains sont euthanasiés pour des raisons humanitaires. ●
Essentiel ❚ Connaître la sensibilité du cheval à la fumonisine B1. ❚ Mettre en garde les éleveurs vis-à-vis de l’utilisation de maïs grain. ❚ Reconnaître et éliminer les séneçons ou les plantes toxiques en général.
Le 2e jour ● Le 3e cheval atteint est retrouvé mort sur la berge d’un lac qu’il a apparemment traversé. Il a erré toute la nuit.
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 193
revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 et Louis-Marie Desmaizières2 1 Département hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Clinique vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne
les articles parus ce dernier trimestre classés par thème
ANESTHÉSIE ● Franci P, Leece EA, Brearley JC. Post anaesthetic myopathy/neuropathy in horses undergoing magnetic resonance imaging compared to horses undergoing surgery. Equine Vet J. 2006;38(6):497-501. ● Umar MA, Yamashita K, Kushiro T, et coll. Evaluation of cardiovascular effects of total intravenous anesthesia with propofol or a combination of ketamine-medetomidine-propofol in horses. Am J Vet Res. 2007;68(2):121-7.
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 198 - DÉCEMBRE / MARS 2007
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / MARS 2007 - 199
synthèse prise en charge de la fourbure chez les équidés
L
a pododermatite aseptique ou fourbure, pourtant décrite ancestralement tarde encore à nous livrer tous ses secrets (photo 1). Cette affection fait régulièrement parler d’elle et les études expérimentales foisonnent dans ce domaine. ● Le praticien se trouve pourtant toujours aussi démuni et frustré face à son évolution, comme nous l’a rappelé récemment l’histoire très médiatisée du champion Barbaro, emporté par la fourbure malgré tous les soins prodigués.L’actualité judiciaire nous invite aussi à nous pencher sur la condamnation de vétérinaires au RoyaumeUni, suite à l’administration de corticostéroïdes ayant entraîné une fourbure, et la mort d’une jument de dressage de haut niveau. ● Un état des lieux s’impose sur la relation éventuelle entre une corticothérapie et la fourbure L’AFFAIRE JUDICIAIRE
La procédure judiciaire fait intervenir le propriétaire d’un cheval de dressage de haut niveau, le vétérinaire habituel local, anglais, chargé par le propriétaire de la surveillance de son état de santé et un vétérinaire traitant occasionnel français dans le domaine orthopédique. Le vétérinaire occasionnel, celui de l’équipe de France à l’époque, a réalisé sous la surveillance du vétérinaire habituel, une infiltration de chaque jarret avec 80 mg de triamcinolone, et du dos avec 20 mg de dexaméthasone. ● La cour de justice a conclu à un surdosage de corticostéroïdes ayant entraîné une fourbure et la mort de l’animal. La responsabilité du vétérinaire français est avérée et incontestée. Le conflit reposait sur l’éventuelle responsabilité du vétérinaire anglais, ce dernier n’ayant pas respecté, selon le propriétaire, le "contrat de surveillance" passé avec celui-ci. er ● Le vétérinaire anglais a fait appel du 1 jugement selon lequel il était rendu coupable de la mort de l’animal à hauteur de 15 p. cent. Il s’est justifié par le fait qu’en s’opposant au traitement, il aurait remis en cause la compétence du vétérinaire français alors que ce type de traitement paraissait faire partie de la routine de ce dernier. ●
Jean-Luc Cadoré Julien Olive Clinique équine Département hippique E.N.V.L. 1, Avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique ❚ Connaître les relations éventuelles entre une corticothérapie et la fourbure.
1 Pied fourbu : dépression anormale du boulet coronaire (photo E.N.V.L.-D.H.).
Par ailleurs, le vétérinaire anglais a ajouté qu’il n’aurait pas lui-même administré une si forte dose et que si la requête d’un tel traitement lui avait été faite, il aurait informé le propriétaire des risques associés. ● Il s’est vu répondre qu’il était de son devoir, pour respecter le contrat passé avec le propriétaire de s’inquiéter des molécules et des doses utilisées, quelle que soit les compétences supposées du vétérinaire français. La bataille juridique s’est poursuivie entre le vétérinaire anglais et le propriétaire sur les termes exacts et le degré de surveillance requis, entre simple observation et éventuelle objection à ce qui est pratiqué par un tiers. Deux juges sur trois ont confirmé la décision de première instance. ● Cette divergence de points de vue pose la question du code de conduite à adopter dans une telle situation qui n’est, en définitive, pas si rare. Où commence la négligence professionnelle, où s’arrête la confraternité ?
Synthèse d’après les articles de : Dutton H. - The corticosteroid laminitis story : 1. Duty of care. Equine Vet J. 2007;39(1):5-6. Bailey SR, Eliott J. - The corticosteroid laminitis story : 2. Science of if, when and how. Equine Vet J. 2007;39(1):7-11. Bathe AP. - The corticosteroid laminitis story : 3. the clinical viewpoint. Equine Vet J. 2007;39(1):12-13.
ÉTIOLOGIE L’absence de preuve expérimentale du lien de causalité entre l’emploi de corticostéroïdes et la fourbure ouvre le débat de la significativité de ce risque lors de leur emploi. Le rôle potentiel des glucocorticoïdes comme agent causal de fourbure est depuis longtemps rapporté dans la littérature vétérinaire équine. ● Cependant, dans bon nombre de ces rapports, d’autres facteurs concomitants comme une affection gastro-intestinale, un dysfonctionnement métabolique ou un précédent épisode de fourbure pourraient avoir joué un rôle significatif. ●
Essentiel ❚ Les corticostéroïdes pourraient fragiliser les liaisons lamellaires à long terme, mais peu vraisemblablement à court terme.
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test clinique
Djemil Bencharif1 Daniel Tainturier1 Lamia Briand-Amirat1 Olivier Gauthier 2
les réponses
une déchirure ancienne du col utérin :
1Pathologie
de la reproduction 2Chirurgie ENV Nantes Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03
comment sauvegarder l’avenir reproducteur 1 Quelle attitude adopter pour sauvegarder l’avenir reproducteur de cette jument ? ● Une suture réparatrice est tentée en dépit de l’ancienneté et de l’importance des lésions sur le col utérin. La jument a ainsi subi trois interventions à l’École Nationale Vétérinaire de Nantes selon différents procédés. 1. La 1re intervention a été effectuée sous anesthésie générale : la jument est placée en décubitus dorsal, en inclinant la table opératoire de façon à ce que les viscères abdominaux glissent vers la cavité pelvienne, afin de refouler l’appareil génital vers l’arrière, et de faciliter l’accès au col par voie vaginale, selon la méthode décrite par Aanes [1, 2]. Cette intervention est un échec en raison de la difficulté de l’accès des chirurgiens à la cavité vaginale afin de suturer aisément le col. 2. La 2nde intervention a été tentée 3 semaines plus tard, par voie endoscopique (vaginoscopie) sur la jument debout, sous tranquillisation avec de la Détomidine (Domosedan® 15 µg/kg, soit 0,15 ml/100 kg par voie I.V.) associée à une injection d’un dérivé morphinique, le butorphanol (Torbugesic® 0,05 mg/kg, soit 0,5 ml/100 kg de poids vif par voie I.V.). ● L’intervention a été effectuée à l’aide d’une colonne de vidéo-endoscopie, dédiée à la cœliochirurgie, avec sa caméra, son optique de 33 cm de long à vision directe et sa source de lumière froide xénon, afin d’assurer une meilleure visualisation de la lésion. - Des instruments de laparoscopie ont été utilisés (ciseaux, dissecteur et pince à préhension de 5 mm de diamètre et 43 cm de long, porte-aiguille) afin d’obtenir une profondeur de travail suffisante. - Après ravivement des lèvres de la plaie utérine à la lame froide, à l’aide d’un bistouri à long manche et avec les ciseaux de cœliochirurgie, la suture du col utérin a été réalisée par un surjet simple [5, 6] avec un fil tressé résorbable (Safil®, déc. 3), en deux plans successifs sans que le surjet ne soit arrêté (photos 3, 4). Une semaine avant et deux semaines après l’intervention, un traitement d’altrenogest Regumate® à la dose de 4 mg/50 kg soit 10 ml/500 kg de poids vif par voie orale a été administré, pour empêcher toute manifestation de chaleur, afin d’éviter une dilatation cervicale et un relâchement, voire une rupture des points de suture.
Encadré - L’évaluation des techniques utilisées L’échec de la 1re intervention résidait dans l’impossibilité d’extérioriser largement le col au niveau des lèvres de la vulve, afin de suturer la plaie aisément. De plus, le spéculum, mis en place dès le début de l’opération, a rendu encore plus difficile l’accès au col. ● Les échecs rencontrés lors d’utilisation du matériel destiné à la cœlioscopie peuvent être expliqués par le manque important de substance du col et ses grandes modifications structurales rencontrées au cours du cycle. Néanmoins, la suture du col utérin semble plus facile à réaliser avec des techniques vidéo-assistées, adaptées de la ●
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cœlioscopie, sur animal debout plutôt que par des techniques conventionnelles sous anesthésie générale. ● Les échecs de ces interventions sont certainement dus à l’ancienneté de la lésion (plusieurs années) et à l’ampleur de la déchirure. De plus, les instruments réservés à la cœlioscopie pour chiens et chats sont de trop petite taille pour d’une part, saisir le col et d’autre part, pour raviver les marges de la plaie en profondeur. ● L’application de techniques vidéo-endoscopiques pour le traitement des déchirures du col utérin par les voies naturelles mérite d’être davantage explorée.
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Suture de la face interne du col (photos D. Bencharif).
Trois semaines plus tard, un examen des voies génitales postérieures montre une déhiscence des sutures et la persistance d’une brèche utérine. 3. Une 3e intervention est alors tentée sous endoscopie, en procédant de façon identique à la précédente, mais avec un fil monofilament à résorption prolongée (Monosyn®, déc.3). La jument a ensuite été laissée 3 mois sous altrenogest. Puis, un nouvel examen des voies génitales postérieures a été réalisé, mettant en évidence l’échec de la suture (encadré). 2 En cas d’échec, quelle autre technique pourrait-on envisager pour assurer la descendance de la lignée ? ● Le transfert d’embryon est la solution la plus appropriée pour transmettre le patrimoine génétique dans de telles situations. ● Pour cette jument, les récoltes ont été prévues au moment où l’embryon arrive dans la cavité utérine, soit entre 6 et 6,5 jours après la fécondation [3, 4]. Deux embryons ont pu être récoltés (un à 6,25 jours et l’autre à 6,5 jours) et transférés chez des juments porteuses. Un seul poulain mâle est né. ❒ ●
Suture finale du col de l’utérus.
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