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DOSSIER : LEs DÉFAUTS D’APLOMBS CHEZ LES ÉQUIDÉS LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°2 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

N°2 AOÛT SEPTEMBRE OCTOBRE 2004

LES DÉFAUTS D’APLOMBS Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques - L’examen chez l’adulte - Reconnaître les défauts - Les conséquences des défauts chez l’adulte - Diagnostiquer les déviations angulaires chez le poulain - Classifier les asymétries Imagerie médicale - L’apport de la radiographie chez le poulain et chez le cheval

DOSSIER : LES DÉFAUTS D’APLOMB

CHEZ LES ÉQUIDÉS Face à un cheval adulte qui présente un défaut d’aplombs, les possibilités du praticien sont très limitées. Seule l’intervention précoce chez le poulain permet un contrôle efficace pendant la croissance ....

Revue internationale - Revue thématique des articles parus à l’étranger - Synthèses du congrès international d’ophtalmologie - Un panorama des meilleurs articles - Synthèse - Technique d’injection intra-articulaire cervicale sous contrôle échographique

REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE

Observation clinique - Valvus du carpe chez un poulain

Thérapeutique - Corriger les défauts d’aplombs chez le poulain - Traiter les déviations angulaires chez le poulain - Traiter contracture et hyperlaxité - La gestion orthopédique des asymétries de pied

Âne - L’examen clinique et les particularités des pieds chez l’âne - Reconnaître et corriger les anomalies des pieds

Rubriques - Principe actif L’oxytétracycline - Geste chirurgical La technique d’élévation du périoste - Management - La visite du poulain nouveau-né - Comportement - Aborder et examiner un poulain


sommaire Éditorial Louis-Marie Desmaizières

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Test clinique : Intoxication à la moxidectine chez un poulain Catherine Gaillard-Lavirotte, Christophe Hugnet

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AOÛT SEPTEMBRE OCTOBRE 2004

CHEVAL ET ÉQUIDÉS L’examen des aplombs chez le cheval adulte Louis-Marie Desmaizières, Bruno Baup Reconnaître les défauts d’aplombs chez le cheval adulte Louis-Marie Desmaizières, Bruno Baup Les conséquences des défauts d’aplombs chez le cheval adulte Louis-Marie Desmaizières, Bruno Baup Comment diagnostiquer les déviations angulaires chez le poulain Morgane Schambourg Conduite à tenir devant des syndromes contracture et hyperlaxité chez le poulain Morgane Schambourg Comment classifier les asymétries des sabots chez le cheval Pierre Chuit Imagerie médicale - L’apport de la radiographie dans le diagnostic des déviations chez le poulain Eddy Cauvin - L’apport de la radiographie dans le diagnostic des déviations chez le cheval Eddy Cauvin Observation clinique - Un cas de valgus du carpe chez un poulain David Aebischer, Cyrille Piccot-Crézollet, Olivier M. Lepage Conduites à tenir thérapeutiques - Geste - Comment corriger les défauts d’aplombs chez le poulain Christopher Stockwell - Comment traiter les déviations angulaires chez le poulain Morgane Schambourg - Comment traiter contracture et hyperlaxité chez le poulain Morgane Schambourg - La gestion orthopédique des asymétries de pied chez le cheval Bruno Baup, Louis-Marie Desmaizières

N°2

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DOSSIER

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LES DÉFAUTS D’APLOMBS chez les équidés

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ÂNE - L’examen clinique et les particularités des pieds chez l’âne Ahmed Chabchoub, Faouzi Labdolsi, Mohamed Abrougui - Reconnaître et corriger les anomalies de conformation des pieds chez l’âne Ahmed Chabchoub, Faouzi Landolsi, Noureddine Ben Cheihida

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RUBRIQUES Principe actif – L’oxytétracycline Jean-Dominique Puyt Geste chirurgical - la technique d’élévation du périoste chez le cheval Daniela Forresu-Buiret Management – La visite du poulain nouveau-né : comment valoriser un acte important ? Jean-Marc Betsch Comportement - Comment aborder et examiner un poulain ? Vincent Boureau

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REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE

Souscription d’abonnement en page 82

Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières Revue thématique des articles parus à l’étranger Synthèses de congrès : congrès international d’ophtalmologie Catherine Gaillard-Lavirotte Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection Synthèse - Technique d’injection intra-articulaire cervicale sous contrôle échographique chez le cheval Nicolas Serraud

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RUBRIQUE

Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses

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REVUE INTERNATIONALE

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CHEVAL

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 83


NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Pierre Chuit (praticien, Suisse) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Sainte-Hyacinthe)

test clinique intoxication à la moxidectine d’un poulain de quatre jours Catherine Gaillard-Lavirotte Christophe Hugnet Clinique Vétérinaire des Lavandes 26160 La Bégude-de-Mazenc

Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (E.N.V.T.) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)

Comité de rédaction Nicolas Barety (Juridique, avocat) Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Chirurgie, E.N.V.L.) Anne Couroucé- Malblanc (Médecine interne et sportive, E.N.V.N.) Guenaëlle Dauphin (A.F.S.S.A. Alfort) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Claire Scicluna (Anesthésie, praticien)

Chargée de mission rédaction Valérie Colombani Abonnement et Promotion Marie Servent, Maryse Mercan Publicité Maryvonne Barbaray Valérie Colombani NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr

● Un poulain de 4 jours pesant environ 40 kg reçoit par inadvertance 1,5 mg/kg de moxidectine par voie orale, soit un surdosage d’environ 3 fois la dose recommandée pour un équidé de plus de 4 mois. ● Il est retrouvé le lendemain matin, soit 12 heures après l’ingestion, en décubitus latéral, conscient mais incapable de se lever. ● Lorsqu’il est soutenu, il ne semble pas présenter de réflexes proprioceptifs et se laisse tomber au sol. ● Il est en hypothermie (T : 36,9°C) et en bradycardie. Ce poulain présente des ecchymoses de l’arcade sourcilière, des trémulations, une absence de réflexe de succion, une cécité apparente avec mydriase et disparition du réflexe pupillaire. ● Le transit digestif est conservé mais diminué. ● La miction est conservée avec des urines claires.

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Poulain avec sonde naso-gastrique à demeure placée dans l’œsophage distal. (photos C. Gaillard-Lavirotte).

1 Quelle attitude thérapeutique adopter ? 2 Quelles sont les principales circonstances d’apparition de telles intoxications ?

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA

Réponses à ce test page 81

Prix du numéro : 30 € T.T.C CEE : 32 € T.T.C

comité de lecture

SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P en cours I.S.S.N. 1767-5081 Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.).

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 84 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

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Bruno Baup, Agnès Benamou, Jean-Jacques Bénet, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Cirier, Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Jean-Michel Krawiecki, Claire Laugier,

Serge Lenormand, Pierre Leveillard, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jean-Marie Monet, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet (Québec), Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Brigitte Siliart, Youssef Tamzali, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.

2 Alimentation entérale en décubitus sternal.

Pour recevoir le prochain numéro, souscrivez votre abonnement en page 84 ou tél. 01 41 94 51 51 ou mail neva@neva.fr


éditorial Face à un cheval adulte qui présente un défaut d’aplombs, les possibilités du praticien sont très limitées. Seule l’intervention précoce chez le poulain permet un contrôle efficace pendant la croissance et peut limiter l’apparition des boîteries à l’âge adulte.

D

epuis fort longtemps, la morphologie des chevaux a été analysée de façon à définir les proportions et les angulations permettant d’optimiser leurs performances durablement. De Bourgelat - qui décrit à la fin du 18ème siècle son "canon hippique" inscrivant le corps du cheval dans un carré -, en passant par Morris au début du 19ème - qui introduisit la mesure des angles articulaires -, de nombreux auteurs ont décrit les aplombs des chevaux au moyen de repères géométriques. Les aplombs idéaux des membres (ou bons aplombs), ont ainsi été édités et répertoriés en règles d’aplombs. Lorsqu’un cheval sort de l’une de ces règles, on dit qu’il présente un “défaut d’aplombs”. Les défauts d’aplombs ont pour origine des anomalies de croissance qui peuvent se manifester par différents types de déviations. Les déviations angulaires et rotatoires, fréquemment associées, concernent les structures osseuses. Elles sont généralement secondaires à un retard d'ossification, à une laxité des tissus périarticulaires ou à des anomalies de la plaque de croissance. Les déviations sagittales impliquent les tendons et ligaments. Une mauvaise position intra-utérine, une phase de croissance rapide, ou une douleur sont souvent incriminées dans l'origine des contractures.

Louis-Marie Desmaizières Département des sciences cliniques des animaux de sport et de loisirs E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

Chez le cheval adulte, la présence de ces défauts d’aplombs est toujours préjudiciable à plus ou moins long terme, en particulier lors d’utilisation sportive. Ces défauts prédisposent prématurément à diverses affections de l’appareil ostéo-articulaire. Les lésions obtenues sont bien souvent irréversibles (arthropathies dégénératives) ou invalidantes (desmites, tendinites…) et empêchent dans bien des cas, l’utilisation du cheval au maximum de ses capacités physiques à moyen terme, et le rendent invalide, à long terme. Face à une anomalie d’aplombs chez un adulte, il est impossible, excepté pour la boite cornée, de proposer un quelconque traitement correctif. Le vétérinaire praticien ne peut que conseiller comment utiliser l’animal, comment l’aider avec une ferrure correctrice adéquate ou prescrire des traitements préventifs visant à retarder l’apparition des signes cliniques de boiterie. Confronté à l’apparition d’une boiterie associée à un défaut d’aplombs, le diagnostic, certes intéressant, entraîne dans bien des cas la mise en place d’une thérapeutique qui ne peut que prolonger la carrière sportive du cheval à plus ou moins long terme. En revanche, le traitement précoce des défauts d’aplombs, pendant la croissance, peut se révéler particulièrement efficace grâce à la mise en œuvre de mesures conservatrices (repos, orthèses, corrections alimentaires), de mesures orthopédiques (parage, maréchalerie) associée ou non à des traitements médicaux (anti-inflammatoires, oxytétracycline) et à des traitements chirurgicaux (élévation du périoste, pontage trans-épiphysaire, desmotomie, etc.) Il est nécessaire d’intervenir sur le poulain, le plus précocement possible. C’est pourquoi le praticien conseille aux éleveurs et à ses clients de surveiller les aplombs dès la naissance, de manière à prendre les mesures appropriées pour corriger les défauts.

L

es éleveurs doivent surveiller les lignées prédisposées, apporter aux animaux de tous âges, notamment aux poulinières, une alimentation équilibrée, éviter que les poulains aient une trop grande activité, et veiller à la bonne qualité des sols des paddocks. Même si bien des chevaux restent exploitables malgré la présence d’anomalies d’aplombs, ce n'est qu'en s'efforçant de les traiter précocement qu’il est possible de limiter l’apparition de boiteries chroniques difficile à traiter. ❒

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 85


l’examen des aplombs chez le cheval adulte

Louis-Marie Desmaizières* Bruno Baup** *Département des sciences cliniques des animaux de sport et de loisirs E.N.V.T., 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

Les aplombs, c'est-à-dire la direction présentée par les membres, conditionnent l’équilibre du cheval, l’efficacité et l’amplitude de ses mouvements, ainsi que la résistance de son appareil locomoteur aux lésions, donc sa longévité. Cet article expose les règles d’aplomb et leur importance, ainsi que celles de l’équilibre du pied.

**Clinique Equine de la Brousse 31330 Grenade-sur-Garonne

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les règles d’aplombs des membres du cheval. ❚ Savoir évaluer l’équilibre d’un pied.

L

es allures d’un cheval, ses aptitudes au travail, ses performances en compétition, sont en grande partie liées à sa morphologie. Bien qu'il y ait certaines spécificités propres à chaque race équine, certaines exigences de conformation demeurent essentielles à tous les chevaux. L’EXAMEN AU REPOS

Il est d’abord indispensable, afin de bien apprécier les aplombs et de pouvoir repérer leurs défauts, d'observer d'abord l'animal immobile (photo), et de vérifier la conformité à chacune des règles d'aplombs (encadré 1).

L’examen clinique orthopédique (photo L.-M. Desmaizières).

L’EXAMEN EN MOUVEMENT Il convient ensuite de regarder le cheval en mouvement, car les défauts d'aplombs ont des répercussions fonctionnelles sur les allures (cf. infra). ● Observer également le cheval au pas et au trot, de face et de derrière. La personne le tenant fait pour celà des aller-retours en ligne droite devant l'examinateur. ●

Figure 1 - Aplombs normaux des membres postérieurs de derrière et de profil

Essentiel ❚ Afin de bien apprécier les aplombs et de pouvoir repérer leurs défauts, il est indispensable, d'observer d'abord l'animal immobile. ❚ Observer aussi le cheval au pas et au trot, de face et de derrière.

Plan sagittal du grasset et de la jambe

Plan sagittal du jarret et du métatarse

CHEVAL

125 - 130° Plan sagittal du doigt

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 86 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

Tenu au licol par une tierce personne, le cheval est regardé à l’arrêt, sur un sol dur et horizontal, à l’appui sur ses quatre membres, sans qu’une attitude ne lui soit imposée, tête et encolure libres. On peut aussi l’observer "placé", antérieurs et postérieurs, deux à deux, confondus vus de profil. Toutefois, cette position imposée peut masquer des anomalies. ● L’examinateur se place d’abord à 5 mètres de distance environ pour apprécier l’ensemble, fait le tour de l’animal, puis se rapproche. Pour chaque membre, il faut deux postes d’observation : - de face et de profil pour les antérieurs ; - de dos et de profil pour les postérieurs (figure 1). ●

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50 - 55 °


reconnaîte les défauts d’aplombs

Louis-Marie Desmaizières* Bruno Baup**

chez le cheval adulte

*Département des sciences cliniques des animaux de sport et de loisirs E.N.V.T., 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex **Clinique Equine de la Brousse 31330 Grenade-sur-Garonne

Très fréquents chez les chevaux, les défauts d’aplombs sont souvent considérés comme des problèmes mineurs de conformation. Pourtant, ils engendrent des déséquilibres biomécaniques et prédisposent parfois à des troubles graves.

Dans un premier temps, l'inspection des aplombs permet d'identifier la ou les régions du membre concerné. Il s'agit essentiellement chez l’adulte des articulations du carpe (figure 1), du jarret (figure 2), du boulet (figure 3) et des articulations interphalangiennes (figure 4).

Objectif pédagogique

Reconnaître les défauts d’aplombs chez le cheval pour les traiter

LES DÉFAUTS D’APLOMBS ROTATOIRES

Le défaut d’aplomb est dit angulaire, ou linéaire, lorsque l’alignement normal des rayons osseux des membres dans un plan frontal, c’est-à-dire latéro-médial est modifié. ● Les règles d'aplombs ne sont alors pas respectées si l’on examine le cheval de face ou de derrière : les rayons osseux des membres ne sont pas alignés. ● Les deux principaux défauts d’aplombs sont le valgus et le varus (cf. Définitions).

Un défaut d’aplomb rotatoire ou axial correspond à une rotation de tout ou partie du membre autour de son axe proximo-distal. ● Deux défauts d’aplombs rotatoires sont décrits : - le membre panard : la pince du pied pointe vers l’extérieur, c’est une rotation latérale ; - le membre cagneux : la pince du pied pointe vers l’intérieur, c’est une rotation médiale (photo 1). ● L’origine de la déviation peut être n’importe quelle articulation du membre. La dénomination “panard” ou “cagneux” n’indique pas la région concernée, celle-ci est à préciser (figure 5). ● En pratique, on observe que le plan sagittal du membre ou de certains rayons osseux n'est pas parallèle au plan médian du corps. Une des règles d'aplombs, dans l'examen de face ou de derrière, n'est donc pas respectée.

Figure 1 - Le valgus et le varus du carpe

Figure 2 - Le valgus et le varus du tarse

Définitions

U

n défaut d’aplomb se traduit par une déformation de l'axe du membre, latéralement ou médialement, distalement à un point d'origine. Qu’ils soient angulaires, rotatoires ou sagittaux, les défauts d’aplombs ont diverses causes que cet article présente après les avoir les définis. DÉFAUTS D’APLOMBS ANGULAIRES

❚ Valgus : déviation latérale (vers l’extérieur) d'un segment du membre, par rapport au segment mmédiatement proximal à lui. ❚ Varus : déviation médiale (vers l’intérieur) d'un segment du membre, par rapport au segment immédiatement proximal à lui.

Rappel - Les aplombs normaux

CHEVAL

Valgus du carpe : “genou de bœuf” ou “de vache”

Varus du carpe “genou cambré”

Valgus du tarse “jarret clos” ou “crochu”

Varus du tarse “jarret cambré” ou “trop ouvert”

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 89


les conséquences des défauts d’aplombs

Louis-Marie Desmaizières* Bruno Baup**

chez le cheval adulte En cas de défaut d’aplombs, des lésions de l’appareil locomoteur se développent avec une expression clinique plus ou moins marquée en début de carrière mais qui s’amplifient avec les années d’entraînement.

L

es défauts d’aplombs ont des conséquences fonctionnelles et lésionnelles (figure 1). Il est impossible de corriger des défauts d’aplombs chez l’adulte et il est fortement déconseillé d’essayer sous peine de conséquences dramatiques.

Défauts d’aplombs angulaires et rotatoires

Lorsqu’un cheval a des aplombs des membres irréguliers, l’appui est inégal sur les différentes parties du sabot : la paroi la plus proche du centre de gravité du membre est la plus chargée. Par conséquent, en l’absence de ferrure, la corne s’use exagérément dans cette zone, tandis qu'elle s'allonge et s'évase dans les régions supportant

● ●

Influence sur les aplombs des pieds Influence sur la biomécanique du cheval

- Aplombs panards - Aplombs cagneux

- Défaut d’extension du carpe (genou arqué)

Conséquences lésionnelles ●

Figure 2 - Vue palmaire

Maladie dégénérative articulaire

● Entésophytes et desmopathies

du pied droit d’un cheval

Maladie naviculaire Capsulites, desmites, tendinites ● Fractures ●

avec un valgus du boulet

Poids du corps

Inflammation du pied

moins de poids, ce qui déséquilibre le pied. ● Le talon surchargé a tendance à s’enrouler et à repousser la fourchette qui se déforme et s'amincit progressivement. Elle assure alors moins bien sa fonction d'amortissement. En outre, la surcharge se répercute localement sur le bourrelet périoplique : l’écrasement de son système vasculaire entrave l'avalure.

en fonction du défaut d’aplomb - Le pied d'un cheval aux aplombs panards aborde le sol par le talon ou par le quartier externe, tandis que sa pince est tournée en dehors au poser, puis il quitte le sol par la mamelle ou par le quartier interne (figure 3). - Les allures sont ensuite particulièrement modifiées car les membres ne se déplacent alors plus seulement dans le plan longitudinal. Avec des aplombs panards, le pied, quelle que soit l'allure, se dirige vers le membre opposé, le frôle et repart en dehors. - Le cheval est alors prédisposé aux "coups de manchette". En effet, le pied, surtout s'il est ferré, risque de toucher et de blesser le boulet du membre opposé. On dit que le cheval “s'atteint”, voire “se coupe” en face interne et un peu en arrière des boulets. - Pour les membres postérieurs, l’aplomb panard n'est généralement pas un défaut grave, et chez les trotteurs, cette anomalie peut même être recherchée, car elle facilite le passage des anté-

Connaître les conséquences des défauts d’aplombs chez le cheval adulte.

Défauts d’aplombs sagittaux

Encadré 1 – Les empreintes observées au sol

1. Les chevaux aux aplombs panards

Objectif pédagogique

Conséquences fonctionnelles

Les conséquences fonctionnelles ●

**Clinique Equine de la Brousse 31330 Grenade-sur-Garonne

Figure - Les principales conséquences des défauts d’aplombs chez le cheval adulte

LES DÉFAUTS D’APLOMBS ANGULAIRES ET ROTATOIRES

L’influence sur l’aplomb des pieds

*Département des sciences cliniques des animaux de sport et de loisirs E.N.V.T., 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

rieurs à l'intérieur des postérieurs. Toutefois, quand la déviation est très prononcée, souvent associée à des jarrets clos, les chevaux sont exposés à se couper.

2. Les chevaux aux aplombs cagneux - Le pied d'un cheval aux aplombs cagneux aborde au contraire le sol par le talon ou le quartier interne, puis quitte le sol par la mamelle ou le quartier externe (figure 3). - Un cheval cagneux des antérieurs a ainsi tendance à "billarder" pendant les allures, autrement dit à jeter ses sabots en dehors pendant leur phase de suspension. - Le mouvement de rotation du pied est marqué selon la localisation de la déviation. Généralement, plus elle est haute, plus les mouvements latéraux sont amples. - Un cheval à la fois ouvert des jarrets et cagneux du bas des membres vacille des jarrets : à la fin de l’appui, le membre pivote sur la pince du pied et la pointe du jarret se porte davantage en dehors.

Paroi externe longue et évasée

Bourrelet périoplique comprimé Paroi interne surchargée, aspect bombé

Essentiel ❚ Les déviations rotatoires chez les chevaux adultes entraînent des irrégularités d’allures qui se traduisent d’abord par une orientation anormale du pied. ❚ Pour les membres postérieurs, l’aplomb panard n'est généralement pas un défaut grave.

CHEVAL

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 93


comment diagnostiquer

les déviations angulaires chez le poulain

Entité pathologique fréquente et sérieuse chez le poulain, les déviations angulaires peuvent vite ruiner le potentiel athlétique de l’individu atteint. Cet article présente l’étiologie et le diagnostic des déviations angulaires chez le poulain.

Attention à ne pas confondre le valgus bilatéral du carpe avec la rotation externe de l’ensemble des antérieurs, bien visible si on l’examine par-dessus l’épaule du poulain.

Cette anomalie-ci de conformation, fréquente chez le jeune animal au poitrail étroit, se corrige d’elle-même avec le développement du poitrail (photo 1). ● Dans les déviations angulaires, les forces anormales appliquées sur les plaques de croissances génèrent une croissance compensatrice selon la loi de Wolff. Cette loi décrit la capacité d’un os à modifier sa forme et sa longueur pour s’accommoder de nouvelles charges mécaniques [4]. Celles-ci s’accompagnent souvent de : - rotation externe dans le cas d’un valgus (aplomb panard) ; - rotation interne dans le cas d’un varus (aplomb cagneux) associées le plus souvent à une absence de parallélisme des surfaces articulaires

Large Animal Surgery Atlantic Veterinary College 550 University avenue Charlottetown PE - C1A 4P3 - Canada

Objectif pédagogique Diagnostiquer les différents types de déviations angulaires chez le poulain.

L

es déviations angulaires le plus souvent rencontrées chez le poulain sont, par ordre de fréquence décroissant, le valgus du carpe (photo 1), le valgus et le varus du tarse, le varus du boulet (cf. définitions). ● Le valgus est souvent accompagné d’une rotation externe du membre, tandis que le varus est souvent associé à une rotation interne.

Morgane Schambourg

Définitions 1

Poulain Paint horse âgé de 4 semaines présentant un valgus bilatéral des carpes, plus sévère à droite, associé à un valgus du boulet antérieur gauche. - En plus de ces déviations, noter la rotation externe bilatérale des membres antérieurs. Cette rotation est "physiologique", car elle intéresse l’ensemble du membre : la face médiale du radius est visible de face. - Le manque de développement du thorax et la traction des muscles sub-scapulaires sur le coude sont responsables de cette conformation particulièrement fréquente et qui se résout d’elle-même avec l’élargissement du poitrail.

Figure 1- Schéma simplifié des fléchisseurs des phalanges

❚ Une déviation angulaire est l’angulation anormale d’une articulation ou d’un os long dans le plan frontal, pouvant être accompagnée d’une rotation. ❚ Le terme de valgus est utilisé lorsque la portion du membre distale à l’articulation part vers l’extérieur. ❚ Le terme de varus est utilisé lorsqu’elle part vers l’intérieur.

(membre antérieur gauche, vue médiale)

Essentiel ❚ Le valgus du carpe, le valgus et le varus du tarse, le varus du boulet sont les déviations angulaires le plus souvent rencontrées chez le poulain.

CHEVAL

COMMENTAIRES DE LA FIGURE 1. Muscle fléchisseur superficiel des phalanges (F.S.P.) 2. Muscle fléchisseur profond des phalanges (F.P.P.) 3. Bride radiale (bride ou ligament accessoire du F.S.P.) 4. Bride carpienne (bride ou ligament accessoire du F.P.P.) 5. Tendon du fléchisseur profond des phalanges 6. Tendon du fléchisseur superficiel des phalanges.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 99


conduite à tenir

devant des syndromes

contracture et hyperlaxité

Morgane Schambourg Large Animal Surgery Atlantic Veterinary College 550 University avenue Charlottetown PE C1A 4P3, Canada

chez le poulain Chez le poulain, l’hyperlaxité et les contractures - acquises ou congénitales - sont relativement faciles à diagnostiquer. L’examen attentif des structures adjacentes et du membre controlatéral permet parfois de détecter une cause sous-jacente.

A

la naissance, le poulain présente souvent un certain degré de laxité qui s’améliore en général rapidement avec l’exercice. Par ailleurs, cette anomalie peut se développer après une immobilisation prolongée, et se compliquer de plaies profondes nécessitant une intervention. ● Les contractures peuvent se développer in utero, ou à la faveur d’un traumatisme ou encore d’un épisode de croissance rapide, et doivent être traitées sans délai sous peine d’hypothéquer définitivement l’avenir sportif du poulain. ● Les contractures du carpe sont le plus souvent rencontrées entre 1 et 6 mois, celles de l’articulation interphalangienne distale entre 6 semaines et 6 mois, et celles de l’articulation métacarpophalangienne se développent plus tardivement entre 9 et 18 mois.

● Lorsque leur traitement est négligé, les contractures aboutissent en effet à des anomalies d’aplombs irrécupérables. Celles-ci soumettent certaines structures à des forces anormales susceptibles d’induire des lésions, notamment : - une conformation de type "droit-jointé" : celle-ci accroît le risque d’ostéoarthrose métacarpophalangienne et interphalangienne et le risque de douleur au niveau du pied (par augmentation des forces de concussion), et favorise, selon certains auteurs (Ross MW et Dyson SJ, 2003 cf. pour en savoir plus page 51 ; Adams “Equine lameness”, 2nd ed.), les tendinites du fléchisseur supérieur du doigt ; - au contraire, une conformation "longjointé" augmente les risques de desmite du suspenseur du boulet et de lésion des sésamoïdes (photo 1) ; - un "jarret coudé" favorise le développement d’une "courbe" (desmite du ligament plantaire long, du fléchisseur superficiel, ou du fléchisseur profond des phalanges) ; - un "jarret droit" prédispose à l’ostéoarthrose des étages distaux du tarse et à l’accrochement de la rotule (photo 1) ; - les forces de compression sévères appliquées à l’aspect dorsal d’un "genou creux" favorisent les lésions intra-carpiennes, en particulier chez le galopeur.

Objectif pédagogique Reconnaître l’hyperlaxité et les contractures chez le poulain. Définitions ❚ L’hyperlaxité tendineuse ou ligamentaire : - c’est une affection qui atteint les ligaments périarticulaires et/ou les unités musculo-tendineuses des fléchisseurs ; - elle se traduit par une instabilité articulaire pour les premiers et par une hyperextension des articulations carpiennes, tarsiennes, métacarpophalangiennes et/ou interphalangiennes pour les seconds. ❚ Une contracture : - c’est une affection qui atteint d’abord une unité musculo-tendineuse dont la longueur est insuffisante en comparaison de celle des rayons osseux ; - elle se traduit par une incapacité à réaliser une extension du membre.

L’EXAMEN CLINIQUE

Essentiel

Laxité et contractures sont des affections faciles à diagnostiquer (tableau). Les causes sont diverses (encadré). 1. La laxité des fléchisseurs profonds se tra-

❚ L’examen radiographique n’est pas nécessaire dans le cas de laxité congénitale, mais fortement recommandé dans tous les cas de contracture acquise

1 Jument quarter horse âgée de 7 ans, présentant une boiterie postérieure aggravée malgré un repos d’une durée supérieure à un an. - Noter l’angle extrêmement ouvert du jarret, la distension des récessus latéraux et dorso-médiaux de l’articulation tarso-crurale, l’hyperextension de l’articulation métacarpophalangienne et l’absence d’alignement des phalanges, plus marquée sur le membre postérieur droit. - A l’examen, la boiterie est bilatérale, degré 4/5 à droite, 2/5 à gauche. Le membre gauche est placé en position axiale et en rotation interne de façon à décharger le membre postérieur droit. - Cette jument présente des signes radiographiques d’ostéoarthrose intertarsienne distale et tarso-métatarsienne bilatérale, ainsi qu’une desmite sévère du suspenseur du boulet à droite, répondant à l’anesthésie locale, développée malgré sa mise au repos. - La sévérité des lésions secondaires à cette très mauvaise conformation met fin à une brillante mais courte carrière.

CHEVAL

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 103


comment classifier les asymétries des sabots

Pierre Chuit

chez le cheval

Case postale 107 1297 Founex Suisse

Cet article illustre quelques données et conclusions liées à trente années d’observations et d’interrogations sur les sabots disparates chez le cheval.

I

l est difficile d'apprécier des sabots asymétriques, légèrement disparates, voire difformes lors d'un examen d'achat. Essayons de faire le tour de cette question, sachant qu'aucune recette ni réponse ne peut être offerte en guise de conclusion, si ce n'est faire preuve de prudence. LES ASYMÉTRIES CONGÉNITALES Toutes les variétés et tous les degrés de cambrure, de la muraille du pied pinçard au pied bot, en passant par le pied de travers, peuvent être la conséquence d'un facteur héréditaire [8]. Dans ce cas, il est le plus souvent accompagné d'une rétraction du tendon fléchisseur superficiel et présent sur les deux membres antérieurs.

1 Selle suisse de 3 mois atteint du 2e degré. - Noter la rondeur du pied et l’appui sur le corps de sole, caractéristique du pied bot appelé par les anglo-saxons "Ballerina syndrome". - Ce cheval a été traité au fer de Thary (demi-lune) et aux antiinflammatoires. Il n’en a plus jamais souffert. - On conseille désormais une ferrure collée ou un renforcement les parois avec de l’Equithan. - Essayer dans les 15 1ers jours le traitement à l’oxytétracycline (3 g d’oxytétracycline en I.V. lent et/ou dilué dans 250 à 500 ml de solution saline), à répéter dans les 48 h., si nécessaire. - Le résultat obtenu se constate dans les 72 heures [1, 7].

2

3

LES ASYMÉTRIES ACQUISES Une classification moderne en quatre degrés Une classification des "club foot" en quatre degrés a été récemment présentée [8]. 1. Le degré I correspond à l’ancien pied pinçard [3, 4] : le pied apparaît mal proportionné par un angle de pince de 3 à 5 degrés plus grand que le congénère. La légère luxation des 2e et 3e phalanges augmente la rondeur du bourrelet coronaire. 2. Le degré II correspond au pied rampin : l'angle de pince est environ 5 à 8 degrés plus grand que le pied opposé (photos 1, 2, 3). - Les cercles de croissance sont plus larges en talon qu'en pince. - La sole touche le sol et les glomes deviennent épais. Une fois correctement parés, les talons n'atteignent plus le sol. 3. Le degré III correspond au pied bot : la paroi est cambrée et les cerclures sont deux fois plus larges en talon qu'en pince. - La pression de la 3e phalange déforme le corps de sole juste en avant de la pointe furcale (photos 4, 5).

4

- La sole souffrant sous le poids du membre affiche des signes de meurtrissures. - Le bourrelet coronaire déborde largement sur la face dorsale de la pince. La radiographie met en évidence une déminéralisation de la 3e phalange en pince ; 4. Le degré IV correspond à un degré plus élevé de pied bot : l'angle de pince est de 80 degrés et plus (photo 6). - La paroi peut être très concave selon la qualité de la corne et son épaisseur. - Le bourrelet coronaire est aux talons au même niveau qu'en pince. - La sole supporte le poids de la colonne osseuse tant est qu'elle touche le sol au contraire de la muraille. A l’examen radiographique, on observe un bord dorso-distal de l'os du pied arrondi par l'extrême déminéralisation, parfois une légère cambrure de la face dorsale de la 3e phalange. Un début de bascule de la 3e phalange peut aussi être apprécié.

5

Pouliche de 4 mois atteinte de degré 2-3.

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Pied bot (degré 4) sur un poulain de 4 mois.

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CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 107


imagerie médicale l’apport de la radiographie dans le diagnostic des déviations

Eddy Cauvin

chez le poulain

Service d’imagerie médicale vétérinaire Ecole nationale vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Etoile

En 1re intention, ou plus tard, une grande partie des diagnostics de déviation des membres chez le poulain peuvent être décelés à l’examen radiographique. Cet examen permet parfois des diagnostics fiables, mais il ne remplace pas l’examen clinique.

Objectif pédagogique Réaliser un examen radiographique pour mettre en évidence les déviations de membres chez le poulain.

Sésamoïdes Physe de P1

L

es déviations sont des affections très préoccupantes chez le poulain, qu’elles soient acquises ou congénitales. ● Un examen radiographique de qualité apporte des éléments déterminants, non seulement qualitatifs mais aussi quantitatifs, sur l’implication du squelette dans une déviation du membre. Il peut donner des renseignements précis sur la cause d’une déviation, ses conséquences ostéoarticulaires éventuelles et permet, notamment chez le poulain, de suivre son évolution dans le temps [2, 6, 7]. attention Il existe un grand nombre de pièges, d’artefacts et de variations physiologiques qui sont des sources de subjectivité ou d’erreurs d’interprétation. Le praticien doit donc être conscient de ces limites et doit toujours moduler ses conclusions en fonction des autres examens.

2

La déviation observée sur la photo 1 est due uniquement à l’obliquité du faisceau par rapport au plan sagittal du membre. Elle est créée par l’angulation normale du boulet.

● La radiographie est utile dans la majorité des cas afin de : - déterminer une cause primaire éventuelle de la déviation ; - quantifier la sévérité de la déviation pour établir le pronostic, indiquer un traitement optimal et suivre l’évolution dans le temps ; - détecter des lésions secondaires qui modifient le pronostic ; - détecter des affections associées ou concomitantes : ostéochondrose, infections d’origine hématogène, traumatismes multiples.

CHEVAL LA RÉALISATION PRATIQUE Un examen radiographique complet est nécessaire. Au minimum deux projections orthogonales pour chaque région sont réalisées, si possible quatre, et des clichés supplémentaires si nécessaire (encadré 1).

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 110 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

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P1 Épiphyse de P2

1

Déviation frontale (“angulaire”) apparente créée par une rotation axiale de P1 par rapport au métatarse. Noter le déplacement des sésamoïdes (flèches orange) indiquant la rotation du métatarse, alors que P1 apparaît symétrique (photos E. Cauvin, ENVL).

Remarque Diminuer le nombre de clichés afin de limiter le coût est une source majeure d’erreurs. C’est une fausse économie, d’autant que le prix d’un film ne le justifie pas.

Le poulain doit souvent être tranquillisé afin de faciliter son positionnement. Une contention adéquate par des personnels expérimentés est un énorme atout. ● Comme pour tout examen radiographique, il convient de prévoir à l’avance tous les équipement requis : tabliers, gants et protège-thyroïdes, porte-cassettes et réglette d’1 m. L’utilisation d’un tableau de constantes approprié est un garant de qualité. Ces examens devraient être réalisés en milieu hospitalier, où les conditions optimales de qualité et de sécurité sont disponibles. En pratique, ils peuvent être facilement réalisés sur le haras, mais les règles de radioprotection doivent toujours être assurées. ● Les difficultés majeures sont le positionnement de l’animal et de l’appareil à rayons. La majorité des déviations angulaires est associée à des déviations axiales (rotations). il n’est pas possible de quantifier précisément une déviation tridimensionnelle sur des radiographies (photos 1, 2, encadré 2). ●


imagerie médicale l’apport de la radiographie dans le diagnostic des déviations chez le cheval

Chez le cheval adulte, l’examen radiographique est souvent moins fiable que l’évaluation clinique dans le diagnostic des défauts d’aplomb. Cet article présente les principales lésions observées à la radiographie ainsi que les limites de cet examen.

Eddy Cauvin Service d’imagerie médicale vétérinaire ENVL 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Etoile

Objectif pédagogique Réaliser un examen radiographique afin de mettre en évidence les déviations des membres chez le cheval.

L

es déviations des membres du cheval après la maturité squelettique sont le plus souvent dues à des anomalies congénitales ou acquises lors de la croissance. Il s’agit alors de défauts d’aplombs qui peuvent ou non avoir des conséquences cliniques. ● Le rôle d’un examen radiographique est alors avant tout de détecter ou de confirmer la présence de lésions éventuelles, secondaires aux contraintes mécaniques anormales induites par la déviation. ● Il est généralement inutile pour préciser la déviation et reste moins fiable que l’observation (encadré). Les anomalies de conformation du pied, où la radiographie joue un rôle fondamental ne sont pas abordées dans cet article. LES SIGNES DE REMANIEMENTS OSSEUX Le praticien doit rechercher avant tout des signes de remaniements osseux aux sites de compression, notamment sur les épiphyses et sur les os cuboïdes : les forces excessives entraînent une sclérose focale de

Zone radiotransparente

Os radial du carpe Os carpal III Métacarpien III 1

Cliché latéromédial fléchi du carpe d’un cheval Pur-Sang de quatre ans. - Noter l’irrégularité du contour dorsodistal

Halo d’opacité

de l’os radial du carpe (flèches jaunes).

Halo d’opacité

Cliché latéro-médial

- Une zone radiotransparente mal définie (flèches rouges) est

Cliché dorso-latéral palmaro-médial

entourée d’un halo diffus d’opacité augmentée, avec perte de la trabéculation spongieuse (flèches noires). - Des images similaires sont visibles sur l’os carpal III. - Ces signes indiquent une sclérose osseuse focale associée à une ébauche d’arthrose médiocarpienne, indiquant une accumulation anormale de forces compressives dans cette région. - Ces lésions peuvent prédisposer au développement de fractures articulaires (Photos E. Cauvin, ENVL).

l’os spongieux sous la plaque sous-chondrale [3]. Celle-ci s’épaissit et on note une augmentation d’opacité diffuse une perte de la trame spongieuse fine (photos 1, 2). ● Des microfractures sont souvent présentes, mais elles sont rarement visibles à la

Encadré - Les limites de l’examen radiographique pour l’évaluation d’une déviation centrée sur une articulation ou d’une irrégularité de compression L’évaluation radiographique d’une déviation centrée sur une articulation ou d’une irrégularité de compression peut être discutée. ● Un mauvais positionnement du cheval peut entraîner une déviation apparente du segment osseux distal, due à la laxité intrinsèque physiologique, parfois considérable, des capsules et des ligaments. ● Une augmentation de l’espace articulaire à l’opposé de la déviation est observée. Ceci est particulièrement net pour l’alignement des phalanges (photo 3), dans les plans sagittal comme frontal. Il est rarement possible d’obtenir des clichés sans positionner le pied sur une cale, auquel cas ●

l’alignement est faussé par le positionnement imposé (photo 4). Les quatre pieds devraient alors être placés sur des cales de même épaisseur Ces cales devraient être disposées dans la position la plus naturelle du cheval. Si cela est techniquement possible [1, 2], c’est trop difficile pour être pratiqué en routine.

2

Cliché oblique dorso-45°-latéral palmaro-médial du carpe du même cheval que la photo 1.

● Il

persiste de plus des variations majeures dues à la position du cou et du centre de gravité du cheval selon son niveau de stress ou de tranquillisation.

CHEVAL

● Le praticien doit donc se concentrer sur les anomalies de forme de chaque os et les angles entre les surfaces articulaires et la diaphyse.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 115


observation clinique un cas de valgus du carpe

chez un poulain

David Aebischer Cyrille Piccot-Crézollet Olivier M. Lepage Département hippique, ENVL 1, avenue Bourgelat 69 280 Marcy l'Étoile

Un poulain Trotteur français mâle, âgé de trois semaines, est référé à la clinique équine de l'École nationale vétérinaire de Lyon pour une déviation en valgus des deux carpes, plus marquée à droite.

Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter un valgus du carpe chez le poulain.

L

e poulinage et la période néonatale se sont déroulés sans incident notable. La déviation en valgus du carpe droit était présente à la naissance, et l’éleveur note une légère augmentation de l’angle depuis cette période. EXAMEN CLINIQUE GÉNÉRAL ET DE L'APPAREIL LOCOMOTEUR Le poulain présente un bon état général, et un comportement vif et alerte. Il pèse 73 kg à l'admission et l'examen clinique général ne montre pas d'anomalies significatives. L’inspection

● La déformation est bien plus prononcée au niveau du carpe droit que du gauche. En suivant l'axe du membre antérieur droit depuis le coude vers le bas, on remarque en effet que le radius est vertical, puis qu'au niveau du carpe l'axe du membre est dévié vers l'extérieur. ● Il s'agit donc d'un valgus du carpe, déviation latérale du membre, distalement au radius. On observe aussi chez ce poulain une déformation dite de rotation (photo 1). La pince est dirigée vers l'extérieur, c’est donc un "panard". Le boulet et le pied suivent également la déviation du carpe s'inscrivant dans un même plan frontal que le carpe.

La palpation Les deux membres antérieurs sont examinés. Une attention particulière est accordée à la région de la plaque de croissance distale du radius, aux articulations du carpe et du boulet. ● Aucune inflammation régionale n'a été constatée et aucune douleur n'est mise en évidence par la palpation. ●

1

Le poulain Trotteur français mâle à l’admission. La vue de face permet d’apprécier la déviation en valgus du membre antérieur droit (photos E.N.V.L., Département hippique). ● Pour le valgus du carpe, une manipulation diagnostique est effectuée, afin de déterminer si la déviation peut être réduite manuellement ou pas.

geste ● Placer une main sur la face médiale du carpe et l'autre main sur la face latérale du canon/boulet. ● L’objectif est de réaligner l’axe du membre en exerçant une pression modérée (photo 2).

Dans ce cas, il n’est pas possible de réaligner les os du radius et du canon. Nous concluons que nous n’avons pas affaire à une déviation d’origine ligamentaire.

2 Exemple de manipulation diagnostique à effectuer afin de savoir si la déviation peut être totalement réduite.

Motif de consultation ❚ Déviation en valgus des deux carpes présente depuis la naissance chez un poulain de 3 semaines.

EXAMEN RADIOGRAPHIQUE

Symptômes Il est nécessaire d'effectuer des clichés radiographiques dorso-palmaires (de face) des articulations impliquées dans la déviation, afin de pouvoir mesurer l'angle exact de la déviation, de s'assurer de l'intégrité des os cuboïdes, de la plaque de croissance et du cartilage épiphysaire. Cette radiographie nous révèle l’importance de la déviation (photo 3). ● Il est également utile de vérifier que la région concernée ne souffre pas d'autres affections pouvant compromettre l'évolution de la croissance du poulain, comme une fracture impliquant la plaque de croissance. ● Une vue latéro-médiale (de profil) des deux carpes est réalisée dans le cas ou une déviation dans le plan sagittal est observée. ●

❚ Valgus du carpe. ❚ Déformation de rotation : pied “panard”. ❚ Pas d’inflammation régionale. ❚ Pas de douleur.

CHEVAL

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 117


geste comment corriger les défauts d’aplombs

Christopher Stockwell

chez le poulain

Selon le type d’atteinte : défaut d’aplomb, déviation angulaire ou contraction tendineuse, les corrections ne sont pas les mêmes. L’auteur nous fait part de son expérience dans la mise en place des différents traitements.

L

es défauts d’aplomb des poulains sont de trois ordres : les déviations angulaires, les contractions tendineuses et les hyperextensions tendineuses. Les déviations angulaires nécessitent la pose de bandages et de résine ou une intervention chirurgicale. Les contractions tendineuses, lorsqu’elles sont congénitales, sont soignées par injection intraveineuse et, lorsqu’elles sont acquises, par des fers orthopédiques ou par la chirurgie. Enfin, les hyperextensions digitées sont en général traitées par des bandages de soutien. QUELLE STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE EN FONCTION DU DÉFAUT D’APLOMB ? Le cas des déviations angulaires

● La plupart des déviations angulaires se corrigent avant l’âge d’un mois, à l’aide d’immobilisation au box, de bandages, d’un parage des pieds adéquat, de la pose de chaussons collés et d’une complémentation phosphocalcique et vitaminique par voie orale. Ces déviations sont dues à une ossification incomplète des os du carpe ou du tarse, ou à une flaccidité des tissus mous péri articulaires. geste

Cette flaccidité peut être facilement évaluée en soulevant le membre du poulain, et en mobilisant doucement l’articulation concernée. ● Dans certains cas, un traitement chirurgical doit être envisagé. Cette décision est prise habituellement entre 3 et 6 semaines après la naissance. Des clichés radiographiques de face des articulations déviées sont réalisés, de manière à dépister d’éventuelles fractures de type Salter-Harris ; et afin de mesurer les angles de

déviation (cf. articles de Morgane Schambourg et d’Eddy Cauvin dans ce numéro). 1. Lorsque la déviation est modérée (inférieure à 10°), la technique de l’élévation du périoste est choisie si l’anomalie persiste après l’âge de 3 semaines, et quand aucune fracture épiphysaire n’est visible ; 2. Si la déviation est importante (supérieure à 10°) ; que l’animal concerné a plus de 6 semaines ou qu’il présente une fracture épiphysaire, un pontage trans-épiphysaire est indiqué. Parfois, le pontage est réalisé à la suite de l’échec d’une élévation de périoste.

Clinique vétérinaire L’attache 14700 Falaise

Objectif pédagogique Connaître les traitements possibles en fonction des différents défauts d’aplombs chez le poulain.

Le cas des hyperextensions digitées

La plupart du temps, les hyperextensions digitées ne nécessitent pas de traitement autre que des bandages de soutien destinés à protéger la face palmaire ou plantaire du boulet. ● La correction peut être facilitée par l’utilisation de fers collés avec une extension en talon. ●

notre expérience Nous utilisons parfois de simples petites planches de bois que nous appliquons sur le pied à l’aide de bande adhésive toilée, en évitant soigneusement de déborder sur le périople. Le cas des contractions tendineuses ● Les contractions tendineuses congénitales répondent souvent à l’injection intraveineuse de 3 g d’oxytétracycline.

notre expérience - Nous utilisons 35 ml de Terramycine 100®. Cette injection est renouvelable toutes les 24 heures, deux à trois fois. - Lorsque la contraction est sévère, nous posons une attelle ou une résine, en plus du protocole d’injection d’oxytétracycline.

Essentiel ❚ La stratégie thérapeutique doit être la moins invasive possible de manière à obtenir un résultat cosmétique optimal. ❚ Les contractions tendineuses sévères nécessitent la pose de résines sous anesthésie générale. ❚ En cas de déviation angulaire, effectuer une élévation de périoste ou un pontage trans-épiphysaire.

Dans tous les cas, une litière épaisse est recommandée.

CHEVAL

La pose de fers collés avec une extension en pince permet aussi de corriger certaines contractions acquises, survenues à la suite d’une douleur podale, lorsque les sols deviennent secs, ou après un parage agressif.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 121


comment traiter les déviations angulaires Morgane Schambourg Large Animal Surgery Atlantic Veterinary College 550 University avenue Charlottetown PE - C1A 4P3 Canada

Objectif pédagogique Mettre en place le traitement adapté lors de déviation angulaire chez le poulain.

chez le poulain Du confinement à la pose de matériel orthopédique, le praticien dispose de plusieurs traitements. Pour les déviations, le choix dépend de nombreux facteurs : âge du poulain, localisation et degré de déviation, présence de rotation ou d’autres anomalies.

L Exemple d’un fer orthopédique commercial pouvant être collé pour aider à corriger une déviation (dans ce cas, varus sur un membre antérieur ou postérieur gauche, valgus sur un membre antérieur ou postérieur droit) (photo M. Schambourg).

Essentiel ❚ Mettre en place un traitement chirurgical lorsque la déviation est sévère ou lorsque le potentiel de croissance de la plaque ou du segment osseux (métacarpe, métatarse) impliqué est faible. ❚ Lors de varus ou de valgus sans rotation associée, le pronostic esthétique est bon à excellent si l’intervention est réalisée suffisamment tôt.

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 124 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

es déviations angulaires chez le poulain doivent être corrigées précocement, en raison de la durée limitée d’activité métabolique intense des plaques de croissance les plus souvent affectées et de la plasticité des os cuboïdes. Si les déviations mineures s’améliorent spontanément dans de nombreux cas, l’intervention du praticien s’impose dès lors que l’amélioration semble insuffisante en regard du potentiel de croissance des régions affectées (tableau).

PRÉCAUTIONS ET CONTENTION Concernant l’alimentation, certains auteurs recommandent de sevrer précocement le poulain ou de diminuer sa ration. Limiter l’exercice L’exercice contrôlé est recommandé chez tout poulain atteint de déviation angulaire. ● Il varie suivant l’âge de l’animal, la sévérité et la nature de sa déviation. Il s’agit de limiter les périodes pendant lesquels l’animal applique des contraintes susceptibles d’aggraver sa condition. - Pour un poulain âgé de plusieurs mois présentant un valgus du carpe modéré et dont les plaques de croissance du boulet ne risquent plus de développer une croissance anormale compensatrice, il convient de limiter le temps au pâturage à quelques heures par jour. - Pour un poulain prématuré souffrant de retard d’ossification, l’immobilisation au box avec ou sans plâtre, voire le maintien en décubitus, s’imposent. La complémentation en cuivre a par ailleurs un effet sans doute plus préventif que curatif. ●

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Comment traiter le défaut d’ossification des os cuboïdes ● Lors d’ossification minimale, il convient de limiter autant que possible la station debout aux courtes périodes de tétées si le poulain en est capable, et le recoucher immédiatement pour le maintenir en décubitus sur un matelas.

Poulain prématuré : éviter la station debout ● Lorsque le poulain présente des signes d’immaturité (oreilles molles, poil soyeux, front très bombé), il est indispensable de réaliser des radiographies des os cuboïdes (carpe, tarse).

Confiner le poulain dans un box

En cas de retard d’ossification, le poulain est confiné dans un petit box jusqu’à ossification complète. Faire des bandages ● Certains praticiens appliquent un épais bandage de type Robert Jones avec ou sans attelle, une attelle articulée, ou un plâtre n’incluant pas le pied, afin de ne pas aggraver la laxité souvent déjà présente. Si les poulains supportent très bien la mise en place d’attelles rigides ou de plâtres incluant les deux carpes, l’ambulation est presque impossible si l’on empêche la flexion des membres postérieurs. L’immobilisation de ces derniers est donc rarement entreprise, bien que l’ossification des os du tarse soit souvent aussi peu avancée que celle des os du carpe. ● La peau particulièrement fine du poulain est sujette aux plaies de compression. ● Les bandages doivent donc être changés au minimum tous les deux jours et appliqués avec précaution : faire particulièrement attention à ne pas exercer de pression en regard des saillies osseuses (pisiforme, processus styloïde du radius, etc.). ● Les plâtres doivent être quotidiennement surveillés et changés toutes les deux à trois semaines en raison de la vitesse de croissance du foal, ou dès la moindre suspicion de plaies de compression.

Le traitement conservateur ● Chez le poulain âgé de moins de 4 mois, un valgus du carpe de l’ordre de 5° est


comment traiter contracture et hyperlaxité Morgane Schambourg Large Animal Surgery Atlantic Veterinary College 550 University avenue Charlottetown PE C1A 4P3, Canada

Objectif pédagogique Décrire les traitements indiqués lors de contracture et d’hyperlaxité chez le poulain.

chez le poulain

Un traitement conservateur est souvent proposé pour l’hyperlaxité, ou dans les cas plus sévères un traitement orthopédique. Le pronostic est variable pour les contractures. Selon leur gravité et leur caractère chronique, un traitement conservateur, médical, orthopédique ou chirurgical est choisi. LES TRAITEMENTS DE LA LAXITÉ Le traitement conservateur ● La plupart des cas de laxité congénitale se résolvent spontanément en moins d’une semaine. ● Il suffit de limiter les plaies d’abrasion à l’aspect palmaire ou plantaire du membre distal (talons et boulet) par un léger bandage, un contrôle de l’exercice et une bonne litière.

Le travail de maréchalerie 1 Contracture bilatérale du fléchisseur superficiel, nettement plus sévère à gauche chez un poulain de selle âgé de 4 mois. - Ce poulain a initialement été traité par la pose de bandages avec attelles qui ont créé des plaies de compression (en voie de cicatrisation) à l’aspect dorsal et dorso-latéral des boulets et à l’aspect médial du carpe. - Les pieds n’ont par ailleurs pas été parés. - Le membre droit pourrait être amélioré par desmotomie de la bride radiale et ferrure orthopédique mais le pronostic sur le membre gauche est désespéré en raison de la déformation irrécupérable des structures osseuses (à moins de réaliser une ostectomie et une arthrodèse du boulet).

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 128 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

● En présence de plaies ou de laxité sévère, la pose de fers avec extension en talons suffit à rétablir l’axe des phalanges. ● Les fers couramment vendus sont indiqués. Une petite plaque en aluminium ou en contreplaqué faite sur mesure, collée avec de l’acrylique, peut aussi être utilisée.

LES TRAITEMENTS DES CONTRACTURES Le traitement de l’hyperflexion du carpe L’hyperflexion du carpe se résout en général d’elle-même dans les cas les moins sévères. ● Il est recommandé de limiter l’activité, donc la fatigue musculaire du poulain, par un accès réduit à un petit paddock. ● Des séances de physiothérapie (extension manuelle du carpe), à raison de quatre à six séances par jour de 10 à 15 min, sont utiles. ● Lorsque la contracture est telle que le poulain ne peut se lever et téter sans aide, ou en l’absence d’amélioration suite au traitement conservateur, l’administration de tétracyclines, la pose d’un bandage avec attelle (simple tube de P.V.C. coupé dans sa longueur) ou un plâtre peuvent aider à résoudre la contracture. ●

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En présence de paramètres rénaux normaux, un traitement d’oxytétracycline est prescrit, par voie intraveineuse lente à raison de 2 à 5 g, une à trois fois (à 48 heures d’intervalle). Cette molécule chélate le calcium et aurait un effet de relâchement musculaire par inhibition de la contraction. Selon une étude récente, des myofibroblastes à propriétés contractile constituent la majorité des cellules présentes au niveau du fléchisseur profond et de sa bride carpienne. De plus, l’oxytétracycline diminue l’expression d’une protéine possédant elle-même des propriétés contractiles, ainsi que l’expression par les myofibroblastes de l’A.R.N. messager codant pour l’enzyme matrix métalloproteinase-1 (M.M.P.-1). Chez le poulain, l’oxytétracycline inhiberait donc à la fois la contraction des fibres présentes dans les tendons fléchisseurs, ainsi que l’organisation des fibres de collagène qui limitent leur élongation. ● Il est recommandé de changer chaque jour les bandages, voire de les laisser en place une partie de la journée seulement (6 à 12 heures) chez les nouveau-nés afin de limiter les plaies de compression (photo 1). ● Un plâtre doit être scrupuleusement examiné chaque jour et changé tous les 10 à 15 jours chez les très jeunes poulains en raison de leur croissance rapide et des risques accrus de plaies dues aux contraintes que le plâtre imprime aux articulations. ● Il est également possible d’utiliser des attelles commerciales ou de les réaliser sur mesure. ● En règle générale, une semaine d’immobilisation suffit à résoudre la plupart des contractures congénitales du carpe. Les cas réfractaires peuvent être traités par ténotomie de l’ulnaire latéral et du fléchisseur ulnaire du carpe. Si la réduction manuelle n’est toujours pas possible, le fibrocartilage palmaire du carpe doit également être incisé, mais le pronostic devient défavorable. ●

Les traitements de la contracture du fléchisseur profond ("pied bot") ● La contracture du fléchisseur profond est rarement congénitale et, dans ce rare cas, elle se résout d’elle-même sans nécessiter


la gestion orthopédique des asymétries de pied

Bruno Baup* Louis-Marie Desmaizières** *Clinique Equine de la Brousse 31330 Grenade-sur-Garonne **Département des sciences cliniques des animaux de sport et de loisirs E.N.V.T., 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

Objectif pédagogique Connaître les différents types de fer et leur utilisation

chez le cheval Quelques règles de base de maréchalerie permettent de maintenir le pied dans la conformation la plus favorable au bien-être et à la locomotion du cheval.

Q

uelques règles de base sont indispensables afin de maintenir le pied dans la conformation la plus favorable au bien-être et à la locomotion du cheval. Cet article développe le parage et la ferrure, les deux étapes de la maréchalerie orthopédique.

1 Pied à talons et parois dissymétriques.

LE PARAGE Le parage du pied permet de corriger ou tout au moins d’équilibrer les défauts de conformation. ● Deux principes fondamentaux doivent être appliqués : - le respect des talons ; - le parage à plat. ●

2 "Rolling du fer" : fer Sainte Croix.

3 "Rolling du fer" : ajusture DL.

4 "Rolling du fer" : fer NBS.

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 132 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

Pour les pieds à pinces longues et à talons bas Il est nécessaire de tronquer la pince pour les chevaux qui ont un pied trop long. Pour les pieds encastelés ou bots ● Rétablir une meilleure conformation en parant les talons. ● Le faire graduellement sur plusieurs mois, si possible avec un contrôle radiologique, pour éviter les tensions excessives et brutales sur les structures ligamentaires et tendineuses. Pour les pieds à parois (et/ou talons) dissymétriques ● Les parer pour rétablir un parallélisme entre la face solaire de la phalange et le sol mais aussi rétablir autant que faire se peut une symétrie dans l’axe des parois (photo 1). ● Si le membre du cheval ne présente pas de défaut d’aplomb : l’examen clinique statique du pied suffit pour apprécier la correction à apporter. ● Si un cheval possède des talons ou des parois dissymétriques en même temps qu’une rotation du pied et/ou une déviation, il est souvent plus difficile d’apprécier la correction à apporter :

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- il convient de l’examiner d’abord : pour cela, le poser en dynamique et apporter les corrections de parage nécessaires au poser à plat du pied dans le mouvement. Les caméras numériques, capables de reproduire la démarche image par image, constituent une réelle aide en pratique courante ; - il est aussi conseillé de prendre une radiographie dorso-plantaire du pied à 90° et d’apprécier le parallélisme entre la face solaire de la phalange et le sol. LA FERRURE La pose d’une ferrure orthopédique peut faciliter la bascule du pied, rectifier les défauts des talons et des parois, soulager les pincements articulaires, diminuer les contraintes sur les ligaments collatéraux et protéger la sole. ● Les fers orthopédiques regroupent plusieurs types de ferrures en une seule. ●

Reculer le fer ● Le recul du fer permet de positionner correctement le centre de pression. ● Plusieurs techniques peuvent être utilisées (encadré). Faciliter la bascule du pied ● Le reculer du fer permet de reculer le point de bascule et de favoriser la propulsion. Il est aussi possible d’arrondir la rive externe de manière à supprimer l’angle abrupt qu’elle représente ("rolling" en anglais). ● Idéalement, donner cet effet au fer à l’endroit où le pied quitte le sol. - S’il quitte le sol en pince (lors d’un déplacement en ligne droite ), on peut tout à fait appliquer le terme de relevé de pince. - En revanche, et pour réduire les contraintes du pied (quel que soit le mouvement choisi, cercle…), certains fers possèdent une rive externe arrondie tout autour du fer qui diminue les contraintes quel que soit l’endroit du fer ou le pied quitte le sol (photo 2). - Une ajusture particulière peut être donnée au fer afin de faciliter la bascule (ajusture D.L.) (photo 3). Sont disponibles également les fers N.B.S.®, directement issus de la théorie d’Ovnicek ou les fers Sainte Croix Forge (photo 4). - Il est aisé de se rendre compte de l’effet


l’examen clinique

et les particularités des pieds chez l’âne

Ahmed Chabchoub* Faouzi Landolsi* Mohamed Abrougui** *Service de pathologie médicale des équidés et carnivores École nationale de médecine vétérinaire Sidi-Thabet 2020 Tunisie **Atpne Spana 1005 El Omrane Tunis Tunisie

Le pied de l’âne offre quelques particularités. Aussi, le parage et le ferrage diffèrent du cheval, de même que la contention et l’hygiène générale.

Objectif pédagogique Connaître les particularités des pieds chez l’âne.

L

es publications concernant les pieds de l'âne sont rares et sont des extrapolations des connaissances sur le pied du cheval. De plus, la population asine est très hétérogène : la reconnaissance officielle par les haras de six races françaises et les importations en provenance du monde entier ont créé une grande diversité. ● Deux modèles d’ânes considérés comme extrêmes, très différents par leurs pieds et leurs aplombs, peuvent être décrits : l’âne d’Europe et l’âne d’Afrique (encadré 1). ● D’une façon générale, l’âne a des pieds cylindriques avec une absence d'ouverture des talons, contrairement au cheval dont le pied s'évase vers le sol et dont les talons bougent à chaque foulée. ● Chez l'âne, la pousse de la corne est cylindrique, si bien que le fer épouse la circonférence du pied pendant toute sa croissance, et l'absence de mouvement des talons permet de ne pas cisailler les clous. ● La corne du pied de l’âne est très hydratée, épaisse mais peu dense, ce qui rend le bro-

Essentiel ❚ Le brochage est délicat car la corne du pied est très hydratée, épaisse mais peu dense.

Geste ❚ Pendant la contention, une longueur de longe suffisante doit toujours être laissée pour permettre à l'animal d'approcher le bout du nez vers l’opérateur. Figure - Structure visible

L’EXAMEN CLINIQUE Pour l’examen clinique de l’âne et surtout de l’ânon, il convient de prendre en compte les paramètres physiologiques propres à cette espèce et les particularités relatives à son système locomoteur (tableau 1, encadré 3).

Encadré 1 - Les particularités de conformation des pieds chez l’âne d’Europe et l’âne d’Afrique

sur la surface porteuse de poids de l’enveloppe du sabot

L’âne d’Europe ● L’âne

d’Europe est plus grand et plus fort que ceux d’Afrique, avec des membres puissants. Le pied a une angularité proche de 50°, l'alignement phalangien semble brisé et la fourchette située en arrière est en contact avec le sol. Le pied est dit “rampin”. ● Dans sa face plantaire, l’âne d’Europe a la paroi en forme de lyre (figure) et son pied a un fort développement en avant (pince, mamelle) par rapport à la position de la fourchette. ● Ce type d'âne évolue dans les régions tempérées sur des sols souples, des herbages denses et humides. Par sa constitution et ses aplombs, il semble bien adapté à la traction. L’âne d'Afrique ● L’âne

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 134 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

chage délicat. En effet, les clous de maréchalerie avec le grain d'orge sont censés sortir en abordant la corne périphérique. Celle-ci est normalement plus dense chez le cheval. Le maréchal-ferrant est souvent obligé de donner une courbure à la pointe du clou pour assurer un brochage convenable (encadré 2). ● La manière de se lever constitue une autre particularité de l’âne par rapport au cheval. En effet, pour se lever, le cheval pose ses antérieurs au sol, racle le sol de ses postérieurs pour élever l'arrière-main, l’encolure lui servant de balancier, alors que l'âne s'agenouille pour se coucher et se lever. De ce fait, et lorsque le sol est dur, cela provoque des hygromas et des genoux pelés. ● L'âne est adapté à une démarche frappée ; il n'y a pas de glissement au sol comme pour le cheval. Le pas et le trot sont ses allures préférées. Le galop de l’âne est disgracieux et rarement prolongé, sans doute parce que son dos n'a pas la souplesse de celle du cheval. L'âne est apprécié en montagne pour son pied sûr.

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d’Afrique est en général petit, sec, avec

des membres fins que l'on peut qualifier de grêles. Les aplombs sont dressés avec une angularité dépassant souvent les 60°. Les sabots sont petits, ronds, étroits et encastelés. La fourchette est en retrait, fine et non fonctionnelle. ● Ce modèle d'âne est surtout utilisé pour porter des charges ou des personnes. Ses allures habituelles sont le pas et le trot. ● Cet âne est originaire des zones sèches où le sol est brûlant, dur et agressif. Il a développé une adaptation au milieu. Ses pieds sont encastelés pour protéger la sensibilité de la sole et de la fourchette. La muraille est épaisse et surtout très hydratée, donc tendre. C'est comme si la faiblesse de l'amortissement du pied constitué par des aplombs dressés avec cette encastelure était compensée par une muraille relativement tendre, absorbant les chocs pour préserver les articulations.


reconnaître et corriger les anomalies de conformation des pieds chez l’âne

Département des sciences cliniques École nationale de médecine vétérinaire Sidi-Thabet 2020 Tunisie

Chez l’âne, les défauts d’aplombs sont surtout en rapport avec des anomalies de conformation du pied. Cet article décrit les principales anomalies de conformation du pied de l’âne et explique comment les corriger.

L

es ânes peuvent présenter des déviations d’aplombs congénitales ou acquises. Les premières sont en rapport avec la précocité sexuelle, la consanguinité non maîtrisée ou l’absence de sélection. Les secondes, qui sont les plus fréquentes, sont la conséquence de positions antalgiques dues à des abcès, des fourbures ou des blessures au niveau du pied. LES PRINCIPALES ANOMALIES DE CONFORMATION DU PIED DE L’ÂNE Les anomalies décrites ici sont classées par ordre décroissant de fréquence.

1. Le pied long en pince ● Le pied long en pince est une anomalie caractérisée par une pince anormalement allongée (photos 1, 2), ce qui expose l’âne à buter. Le pied est aplati et mince au niveau des quartiers avec des talons souvent fuyants et une sole généralement très mince dans la région de la pince. ● Cette déformation est souvent en rapport avec un défaut de parage par négligence ou bien la conséquence d’un parage mal fait. L’âne est souvent plus touché par cette déformation que le cheval. Les ânes qui ne travaillent pas sont les plus touchés. En effet, quand les propriétaires ne curent pas les pieds et que les ânes ne se déplacent pas, les pied ne s’usent pas. 2. Le pied à paroi dérobée Le pied est dit “à paroi dérobée” lorsque le bord inférieur du pied est irrégulier, déchiqueté, éclaté par place (photo 3). ● Le sabot s’apprête mal au parage et à la bonne attache des clous. Il s’agit souvent d’un pied qui séjourne fréquemment dans l’eau ou la boue.

Ahmed Chabchoub Faouzi Landolsi Noureddine Ben Cheihida

Objectif pédagogique Déceler et traiter les défauts d’aplomb chez l’âne. 1

Le pied à paroi dérobée peut être la conséquence d’un pied mal ferré.

3. Le pied pinçard ● Le pied pinçard est un pied à talon trop haut (photo 4). ● Il peut être la conséquence d’une corne excessivement rapée en pince. 4. Le pied comble ● Le pied comble se caractérise par une surface de la sole exagérément plate. Celle-ci peut même dépasser le niveau de la surface d’appui de la paroi du sabot. Cette anomalie est l’une des conséquences de la fourbure chronique. Elle s’accompagne par des cercles qui rident la paroi du sabot, caractéristiques de cette affection. La sole du pied comble s’aplatit nettement et s’épaissit énormément. Elle se transforme en couches successives d’une corne dure et écailleuse. ● Contrairement au cheval, chez qui le pied comble coïncide avec une bascule de la troisième phalange, chez l’âne celle-ci est rarement observée.

2

Le pied long en pince, vu de dessus (photo 1) et en face plantaire (photo 2), comporte une pince anormalement allongée, ce qui expose l’âne à buter.

3

Pied dérobé avec décollement de la ligne blanche.

5. Le pied rampin ● Le pied rampin (photo 5) est une exagération du pied pinçard. ● La pince est renversée vers l’avant et l’âne la traîne pendant la marche. Les talons sont très hauts. 4

6. Le pied cerclé ● Le pied cerclé comporte de façon anormale des rides circulaires au niveau du sabot (photo 6). Des cercles ondulants au niveau du talon et des quartiers peuvent être le signe de l’évolution d’une affection chronique du pied. La corne est alors sèche et écailleuse. ● Chez l’âne, le pied cerclé est souvent la conséquence d’une affection chronique.

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Pied pinçard.

ÂÂNNEE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 137


principe actif

l’oxytétracycline

L

Son élimination s’opère d’abord par voie rénale, ensuite par voie biliaire, et principalement sous forme non dégradée. Sa demi-vie d’élimination est assez longue, de l’ordre de 13 à 14 h, ce qui lui permet d’être administrée par voie intraveineuse une ou deux fois seulement par 24 heures.

’oxytétracycline, antibiotique majeur de la classe des tétracyclines, est très largement utilisée en médecine vétérinaire, mais son utilisation chez les équidés est plus limitée en raison de ses effets secondaires, notamment des réactions d’intolérance générale.

PHARMACOLOGIE

Pharmacodynamie

Pharmacocinétique

● L’oxytétracycline bloque la synthèse des protéines bactériennes par fixation sur la sous-unité 30S des ribosomes. Elle pénètre dans les bactéries, en partie de manière passive, en partie de manière active sous forme de chélates. Il en résulte un effet bactériostatique et un comportement globalement plutôt temps-dépendant dans les cinétiques de bactéricidie. ● Le spectre naturel des tétracyclines est large, orienté aussi bien sur les bactéries à Gram positif (staphylocoques, streptocoques, Clostridium, Corynebacterium) que sur celles à Gram négatif (Escherichia coli, Salmonella, Proteus, Klebsiella). La plupart des souches de Pseudomonas sont résistantes. ● Les concentrations thérapeutiques efficaces sont comprises entre 1 et 4 mcg/ml.

● L’oxytétracycline est présentée sous forme de chlorhydrate pour les équidés, soit en solution aqueuse injectable à effet immédiat, soit sous forme de poudre orale.

Les solutions organiques retard à base de polyvinylpyrrolidone, du type de la Terramycine Longue Action®, sont formellement contre-indiquées en raison des risques d’intolérance locale au point d’injection. ●

Sa résorption parentérale par voie intramusculaire sous forme de solution aqueuse est rapide, avec un pic de concentrations (Cmax) atteint dans les deux heures.

Sa résorption par voie orale est en revanche très incomplète. L’oxytétracycline se répartit de manière assez homogène dans l’organisme, avec cependant une affinité pour le calcium dentaire et osseux.

PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES ● Dénomination chimique : (4S,4aR,5S,5aR,6S,12aS)-4-(diméthylamino)3,5,6,10,12,12a-hexahydroxy-6-méthyl-1,11dioxo-1,4,4a,5,5a,6,11,12a-octahydrotétracène2-carboxamide ● Dénomination Commune Internationale : Oxytétracycline ● Noms commerciaux vétérinaires : Actitétra i®, Colitétral®, Duphacycline Spray®, Oxytétracycline 5% Vétoquinol®, Oxytétracycline 10% Vétoquinol®, Oxytétrin Spray®, Ténaline 5%®, Terramycine 100 solution injectable®, Terramycine poudre soluble®. ● Structure et filiation - L’oxytétracycline fait partie du groupe des tétracyclines avec une structure tétracyclique condensée (figure). - La partie pharmacophore de la molécule est un enchaînement dicétophénolique qui lui confère

Résistances bactériennes ●

En raison de leur très large emploi,

Jean-Dominique Puyt Unité de Pharmacologie et Toxicologie E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 03

Classe pharmacologique - Antibiotique bactériostatique

Indications ❚ Maladie infectieuses bactériennes principalement pulmonaires provoquées par des germes sensibles à Gram positif et négatif.

Essentiel ❚ En raison de leur très large emploi, les résistances acquises aux tétracyclines sont classiques chez les équidés. ❚ L’oxytétracycline en solution aqueuse injectable est surtout utilisée chez les équidés par voie intraveineuse. ❚ Cette molécule est à proscrire en usage collectif et doit être réservée à des traitements individuels.

Figure - Structure de l’oxytétracycline des propriétés chélatrices (formation de lésions complexes avec des métaux divalents, calcium et magnésium), base de ses effets pharmacologiques, notamment sa pénétration intrabactérienne et de sa fixation sur la sous-unité 30S des ribosomes bactériens. ● Caractéristiques - L’oxytétracycline est un composé liposoluble, amphotère à dominante basique, peu soluble dans l’eau sous forme de base, plutôt stable, mais sensible à la lumière. - L’oxytétracycline en solution aqueuse in vitro, par déshydratation, puis par épimérisation se transforme en épianhydrotétracycline, un comRUBRIQUE posé très néphrotoxique qui se forme dans les solutions périmées. Les solutions périmées doivent impérativement être éliminées.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 139


geste chirurgical

la technique d’élévation du périoste chez le cheval

Utilisée depuis les années 1980, l’élévation du périoste est une technique utilisée pour la correction des anomalies de croissance.

L

e principe de l’élévation du périoste est de stimuler la croissance du côté "plus court" de l’os affecté. C’est pourquoi le site chirurgical se trouve toujours du côté concave de la déviation, c’est-à-dire latéral sur un valgus et médial sur un varus. ● Deux techniques chirurgicales réalisées sous anesthésie générale sont employées pour obtenir cet effet : - l’incision avec élévation de périoste ; - l’incision circonférentielle. ● Des études comparatives ont montré que l’incision hémicirconférentielle du périoste causait une accélération de la croissance de l’os du côté ipsilatéral, donc une correction en cas de déviation angulaire, même quand elle n’est pas accompagnée d’élévation. ● Pour cette raison, chez le poulain, l’incision hémicirconférentielle du périoste a presque complètement remplacé l’ancienne technique, dans laquelle l’incision hémicirconférentielle était suivie par l’élévation du périoste. De plus, l’élévation périostée semble causer dans certains cas des réactions prolifératives plus importantes, avec un résultat esthétique souvent moins bon. Remarque Le terme “élévation du périoste” est employé au sens large pour désigner l’ensemble des chirurgies d’accélération de la croissance.

Daniela Forresu-Buiret Département Hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy l’Étoile

Figure 1 - Sites d’élévation du périoste

Objectif pédagogique

sur le membre antérieur

Expliquer l’utilité et le mode opératoire de l’élévation de périoste chez le cheval.

Section du périoste pour les déviations du carpe

Section du périoste pour les déviations du métacarpe

Section du périoste pour les déviations angulaires du boulet

Encadré 2 Rappels anatomiques

L’INTERVENTION SUR LE CARPE

Le périoste est constitué de trois couches : 1. La couche plus interne est richement vascularisée, et contient des cellules ostéoprogénitrices, qui sont capables de se différencier en ostéoblastes et en chondroblastes. 2. La couche intermédiaire est constituée de cellules ostéoprogénitrices indifférenciées. 3. La couche plus externe est constituée par des fibres de collagène et élastiques, et contient des fibroblastes, des fibres nerveuse et des vaisseaux sanguins. Durant la croissance, le périoste est impliqué dans la production, le maintien de l’équilibre et le remaniement de la diaphyse. Le périoste s’active en réponse à différents stimuli locaux et généraux.

L’intervention est effectuée sur la partie distale du radius, côté concave (figure 1). 1. Une incision cutanée verticale de 3 cm de long est réalisée juste au dessus de la plaque de croissance, entre les tendons extenseurs, commun et latéral du doigt pour le côté latéral. 2. L’incision est prolongée jusqu’au périoste (encadré 1). 3. Les tissus sous-cutanés sont disséqués et

le tendon extenseur latéral est séparé de l’ulna avec une hémostatique courbe. S’il est bien identifiable, l’ulna fibreux est incisé avec le périoste. 4. L’incision du périoste est effectuée avec une lame de scalpel n° 12 ("à bec de perroquet"), parallèlement à la plaque de croissance et 2 cm au-dessus de celle-ci, sur la moitié de la circonférence du radius (180°). Il est important de protéger de la lame les tissus sous-cutanés, les vaisseaux sanguins,

1

Incision hémicirconférentielle sur le métacarpe distal : après l’incision cutanée, les tissus sous-cutanés sont disséqués à l’aide d’une hémostatique courbe (photos E.N.V.L., Département hippique, Lepage).

Essentiel ❚ Il est conseillé d’effectuer l’intervention le plus tôt possible, pour avoir une correction meilleure et plus rapide, et éviter des complications.

RUBRIQUE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT/ SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 141


management

la visite du poulain nouveau-né comment valoriser un acte important ?

Jean-Marc Betsch Clinique équine de Méheudin 61150 Écouché

La visite du nouveau-né a pour objectif de s’assurer que la période néonatale (1re semaine de vie), se déroule dans de bonnes conditions. Comment effectuer cette visite avec professionnalisme ?

D

ans la grande majorité des cas, le poulinage se passe bien et les affections néonatales graves ont significativement diminué depuis une vingtaine d’années. Si le poulain est alerte et tète bien, les clients professionnels appellent rarement le praticien pour une visite du nouveau-né, mais il n’est pas rare de voir persister certaines pratiques ou même des “mauvaises” habitudes sans intérêt ou contre-indiquées. ● Même chez l’éleveur confirmé, nous entendons régulièrement des phrases comme : ”Tant que vous êtes là, vous ne pourriez pas jeter un œil sur mon poulain qui vient de naître ? “ Or, le vétérinaire ne “jette” jamais “un œil “ ! Il va effectuer :

1. un examen clinique complet ; 2. certains examens spécifiques du poulain ; 3. les premiers soins (ou vérifier leur bienfondé) ; et informer le propriétaire sur les points-clés à observer au cours de la première semaine. ● Si le praticien conduit cette visite de la sorte, avec professionnalisme, aucun client ne refusera une facture légitime, établie en fonction du temps passé (tableau 1). PRENDRE LES COMMÉMORATIFS : UN ACTE ESSENTIEL Même si le poulain semble normal à la 1re visite, la prise en compte des commémoratifs est essentielle pour déterminer si des facteurs de risques sont présents : - les circonstances de fin de gestation ; - le poulinage ; - les heures de lever et de tétées (photo 1) ; - la qualité du colostrum ; etc. ●

Bien connaître chacun de ces événements est un élément-clé de la prévention des maladies néonatales.

Objectif pédagogique Vendre une visite du poulain nouveau-né efficace.

Tableau 1 - Éléments d’information à fournir lors de la première visite Poulinage

Mesurer la qualité du colostrum : colotest

1re heure

Le poulain est debout

2e

Le poulain tète correctement

heure

3e heure

Le placenta est complet et totalement passé

L’exercice progressif doit progressivement améliorer les aplombs et ne jamais les aggraver

1 Tétée du poulain (photos J.M. Betsch).

L’observation plusieurs fois par jour est un élément clé de la prévention des maladies néonatales

Essentiel

Essentiel ❚ Même si le poulain semble

Toute faiblesse, diminution des tétées, ou mamelle tendue est un motif de consultation

L’EXAMEN CLINIQUE DU NOUVEAU-NÉ ● L’examen du poulain nouveau-né suit les règles générales de tout examen clinique complet de la tête à la queue : muqueuses, yeux, bouche, cœur, poumons, palpation des articulations, de l’abdomen, etc. ● Le fort souffle systolo-diastolique gauche du canal artériel peut persister quatre à cinq jours et s’atténuer progressivement. ● Des muqueuses anormalement jaunes ou orangées doivent faire immédiatement penser à une septicémie ou érythrolyse néonatale. ● La température normale du poulain nouveau-né va de 37,5° à 38,8°C (tableau 2). L’absence de fièvre peut être un piège puisque 50 p. cent des poulains septicémiques ont une température rectale normale.

normal à la première visite, la prise en compte des commémoratifs est essentielle. ❚ L’absence de fièvre peut être un piège puisque 50 p. cent des poulains septicémiques ont une température rectale normale. ❚ Lors de la 1re semaine de vie, tout changement de comportement, même le fait que le poulain devienne “gentil”, est une anomalie qui peut annoncer une affection grave.

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RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 145


comportement

Vincent Boureau Clinique vétérinaire La Châtaigneraie 44 240 Sucé-sur-Erdre

Objectif pédagogique Aborder et examiner un poulain en fonction de son stade de développement comportemental.

comment aborder et examiner un poulain Le poulain est particulièrement sensible aux expériences soit aversives, soit favorables, qui surviennent pendant son développement comportemental. L’abord et la manipulation d’un poulain pour l’examen clinique sont donc différents selon ce stade de développement comportemental.

D

ans sa pratique quotidienne, le vétérinaire est souvent jugé sur son abord de l’animal. Chez le cheval, cet abord comporte des caractéristiques particulières liées à l’espèce. ● Lorsqu’il s’agit d’un poulain (défini comme un animal de moins de six mois), la prise de contact, les examens et les actes médicaux, sont parfois encore plus délicats car le poulain ne bénéficie pas encore des apprentissages de l’adulte (photo 1).

1

Pendant la période d'imprégnation, la relation de proximité constante avec la mère est essentielle pour l'apprentissage des caractéristiques de l'espèce. L'exploration du milieu et les contacts avec d'autres individus sont limités.

Lorsque l’animal acquiert des apprentissages au fur et à mesure des expériences, les techniques d’abord de l’animal évoluent. Cet article resume les différentes techniques d'abord du poulain en fonction des différentes étapes du développement comportemental (encadré 1).

Encadré 1 - Les différentes étapes du développement comportemental

2

En période néonatale, aborder le poulain en présence de sa mère (photos E.Gaultier Copyright Phérosynthèse).

Essentiel ❚ L’environnement sensoriel du poulain modifie son développement cérébral. ❚ La période néonatale correspond aux 72 premières heures après la naissance. ❚ La période de socialisation comprend l’imprégnation (jusqu’à 1 mois) et la socialisation stricto sensu (jusqu’à 3 mois environ).

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 148 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

1. La période néonatale ● La période néonatale correspond aux 72 1res heures qui suivent la naissance. Elle se caractérise par un attachement unilatéral (de la mère vers le poulain) qui devient réciproque. ● Le déterminisme de l’attachement fait intervenir tous les canaux sensoriels et notamment le système olfactif, via les phéromones d’adoption. ● Le développement sensori-moteur est particulièrement rapide dans l’espèce équine. ● Si des comportements réflexes persistent (réflexe de tétée, de miction), les capacités motrices sont acquises très rapidement (station debout, motricité orientée). Il en va de même de l’équipement sensoriel du nouveau-né. 2. La période de socialisation ● La période de socialisation comprend : - l’imprégnation (jusqu’à 1 mois) ; - la socialisation stricto sensu (jusqu’à 3 mois environ). ● La période d’imprégnation - L’imprégnation dure jusqu’à 1 mois environ. C’est une phase de dépendance maternelle avec une relation de proximité constante, pendant laquelle s’établit l’apprentissage des caractéristiques de l’espèce. - Les jeux du poulain sont solitaires ou dirigés vers la mère, mais les contacts sont très limités avec les congénères et exclus avec d’autres espèces. - L’exploration de l’environnement est une

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exploration en étoile : chaque stimulation environnementale entraîne une réaction émotionnelle de peur, contrebalancée par la recherche de l’apaisement au contact de la mère. - Une habituation à l’homme comme élément de l’environnement est progressivement possible, mais elle n’autorise pas le contact et ne peut être généralisée (l’animal ne supporte que les figures qu’il a l’habitude de voir chaque jour). ● La période de socialisation sensu stricto La socialisation sensu stricto dure jusqu’à trois mois environ. - C’est une phase d’exploration active de l’environnement, constituée de stimulations environnementales, de congénères et d’autres espèces. - Les jeux entre poulains d’âge proche se développent et des associations préférentielles apparaissent. Le grooming réciproque (toilettage mutuel) est fréquent. Au niveau alimentaire, le poulain est d’ailleurs plus autonome. 3. La période juvénile Débutant à 3 mois, la période juvénile correspond à l’acquisition des comportements qui permettent la communication au sein du groupe et les règles de la vie sociale de l’adulte. ● Les interactions avec les congénères permettent l’apprentissage de la hiérarchie. ● Les relations avec les autres espèces, dont l’Homme, peuvent bénéficier des processus de conditionnement. ●


revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré* et Louis-Marie Desmaizières** * Département Hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy l’Étoile

tous les articles parus ce dernier trimestre classés par thème

** Département des Sciences Cliniques Des Animaux de sport et de loisirs E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

LOCOMOTEUR Smith LJ, Marr CM, Payne RJ, Stoneham SJ, Reid SW. What is the likelihood that Thoroughbred foals treated for septic arthritis will race? Equine Vet J 2004;36(5):452-6. ● Eliashar E, McGuigan MP, Wilson AM. Relationship of foot conformation and force applied to the navicular bone of sound horses at the trot. Equine Vet J 2004;36(5):431-5. ● Schumacher J, Livesey L, DeGraves FJ, Schumacher J, Schramme MC, Hathcock J, Taintor J, Gomez J. Effect of anaesthesia of the palmar digital nerves on proximal interphalangeal joint pain in the horse. Equine Vet J 2004;36(5):409-14. ● Pinchbeck GL, Clegg PD, Proudman CJ, Morgan KL, French NR. Whip use and race progress are associated with horse falls in hurdle and steeplechase racing in the UK. Equine Vet J 2004;36(5):384-9. ● Ely ER, Verheyen KL, Wood JL. Fractures and tendon injuries in National Hunt horses in training in the UK: a pilot study. Equine Vet J 2004;36(4):365-7. ● Takahashi T, Kasashima Y, Ueno Y. Association between race history and risk of superficial digital flexor tendon injury in Thoroughbred racehorses. JAVMA 2004;225(1):90-3. ● Santamaría S, Bobbert MF, Back W, Barneveld AB, René van Weeren P. Evaluation of consistency of jumping technique in horses between the ages of 6 months and 4 years. AJVR 2004;65(7):945-50. ●

CHIRURGIE Nixon AJ, Fortier LA, Goodrich LR, Ducharme NG. Arthroscopic reattachment of osteochondritis dissecans lesions using resorbable polydioxanone pins. Equine Vet J 2004;36(5):376-83. ● Story MR, Bramlage LR. Arthroscopic debridement of subchondral bone cysts in the distal phalanx of 11 horses (1994-2000). Equine Vet J 2004;36(4):356-60. ● Brommer H, Rijkenhuizen AB, Brama PA, Barneveld A, van Weeren PR. Accuracy of diagnostic arthroscopy for the assessment of cartilage damage in the equine metacarpophalangeal joint. Equine Vet J 2004;36(4):331-5. ● Bauer SM, Santschi EM, Fialkowski J, Clayton MK, Proctor RA. Quantification of Staphylococcus aureus adhesion to equine bone surfaces passivated with plasmalyte and hyperimmune plasma. Vet Surg 2004;33(4):376-81. ● Warren B. Parainguinal laparocystotomy for urolith removal in Geldings. Vet Surg 2004;33(4):386-90. ● Barnes AJ, Slone DE, Lynch TM. Performance after partial arytenoidectomy without mucosal closure in 27 Thoroughbred racehorses. Vet Surg ●

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 152 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

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2004;33(4):398-403. ● Lee WR, Tobias KM, Bemis DA, Rohrbach BW. In Vitro efficacy of a polyhexamethylene biguanide-impregnated gauze dressing against bacteria found in veterinary patients. Vet Surg. 2004 July;33(4) ● Simon O, Laverty S, Bouré L, Marcoux M, Szöke MO. Arthroscopic removal of axial osteochondral fragments of the proximoplantar aspect of the proximal phalanx using electrocautery probes in 23 Standardbred racehorses. Vet Surg 2004;33(4):422-7. ● Harriss FK, Galuppo LD, Decock HEV, Mcduffee LA, Macdonald MH. Evaluation of a technique for collection of cancellous bone graft from the proximal humerus in horses. Vet Surg 2004;33(3):293300. ● Scott GSP, Crawford WH, Colahan PT. Arthroscopic findings in horses with subtle radiographic evidence of osteochondral lesions of the medial femoral condyle: 15 cases (1995–2002). JAVMA 2004;224(11):1821-6. ● Greenberg CB, Davidson EB, Bellmer DD, Morton RJ, Payton Me. Evaluation of the tensile strengths of four monofilament absorbable suture materials after immersion in canine urine with or without bacteria. AJVR 2004;65(6):847-53. ● Eggleston RB,Mueller POE, Parviainen AK, Groover ES. Effect of carboxymethylcellulose and hyaluronate solutions on jejunal healing in horses. AJVR 2004;65(5):637-43. ● Lansdowne JL, Bouré LP, Pearce SG, Kerr CL, Caswell JL. Comparison of two laparoscopic treatments for experimentally induced abdominal adhesions in pony foals. AJVR 2004;65(5):6816. ● Rowe EL, Sullins KE. Excision as treatment of dermal melanomatosis in horses: 11 cases (1994–2000). JAVMA 2004;225(1):pages? ● Weese JS, DaCosta T, Button L, Goth K, Ethier M, Boehnke K. Isolation of methicillin-resistant Staphylococcus aureus from the environment in a veterinary teaching hospital. JVIM, 2004;18(4):468–70.

IMAGERIE ● Hopper BJ, Steel C, Richardson JL, Alexander GR, Robertson ID. Radiographic evaluation of sclerosis of the third carpal bone associated with exercise and the development of lameness in Standardbred racehorses. Equine Vet J 2004;36(5):441-6. ● Driver AJ, Barr FJ, Fuller CJ, Barr AR. Ultrasonography of the medial palmar intercarpal ligament in the Thoroughbred: technique and normal appearance. Equine Vet J 2004;36(5):402-8. ● Tunley BV, Henson FM. Reliability and repeatability of thermographic examination and the normal thermographic image of the thoracolumbar region in the horse. Equine Vet J 2004;36(4):30612.

● Zubrod CJ, Schneider RK, Tucker RL. Use of magnetic resonance imaging to identify suspensory desmitis and adhesions between exostoses of the second metacarpal bone and the suspensory ligament in four horses. JAVMA 2004;224(11):1815-20. ● Busoni V, Snaps F, Trenteseaux J, Dondelinger RF. Magnetic resonance imaging of the palmar aspect of the equine podotrochlear apparatus: normal appearance. Vet Radiol, 2004;45(3):198204. ● Audigié F, Tapprest J, George C, Didierlaurent D, Foucher N, Faurie F, Houssin M, Denoix JM. Magnetic resonance imaging of a brain abscess in a 10-month-old filly. Vet Radiol, 2004;45(3):210-5. ● Pease AP, Scrivani PV, Erb HN, Cook VL. Accuracy of increased large-intestine wall thickness during ultrasonography for diagnosing large-colon torsion in 42 horses. Vet Radiol, 2004;45(3):220-4.

RESPIRATOIRE ● Brown JA, Derksen FJ, Stick JA, Hartmann WM, Robinson NE. Effect of laryngoplasty on respiratory noise reduction in horses with laryngeal hemiplegia. Equine Vet J 2004;36(5):420-5. ● Tessier C, Holcombe SJ, Derksen FJ, Berney C, Boruta D. Effects of stylopharyngeus muscle dysfunction on the nasopharynx in exercising horses. Equine Vet J 2004;36(4):318-23. ● Metayer N, Lhote M, Bahr A, Cohen ND, Kim I, Roussel AJ, Julliand V. Meal size and starch content affect gastric emptying in horses. Equine Vet J 2004;36(5):436-40. ● Sullins KE, White NA, Lundin CS, Dabareiner R, Gaulin G. Prevention of ischaemia-induced small intestinal adhesions in foals. Equine Vet J 2004;36(5):370-5. ● Stephen JO, Corley KTT, Johnston JK, Pfeiffer D. Factors Associated with Mortality and Morbidity in Small Intestinal Volvulus in Horses. Vet Surg 2004;33(4):340-8. ● Nolen-Walston RD, D’Oench SM, Hanelt LM, Sharkey LC, Paradis MR. Acute recumbency associated with Anaplasma phagocytophilum infection in a horse. JAVMA 2004;224(12):1964-6. ● Tomlinson JE, Wilder BO, Young KM, Blikslager AT. Effects of flunixin meglumine or etodolac treatment on mucosal recovery of equine jejunum after ischemia. AJVR 2004;65(6):761-9. ● Lopes MAF, White II NA, Crisman MV, Ward DL. Effects of feeding large amounts of grain on colonic contents and feces in horses. AJVR 2004;65(5):687-94. ● Lopes MAF, White II NA, Donaldson L, Crisman MV, Ward DL. Effects of enteral and intravenous fluid therapy, magnesium sulfate, and sodium sulfate on colonic contents and feces in horses. AJVR 2004;65(5):695-704. ● Saulez MN, Cebra CK, Tornquist SJ. The diagnostic and prognostic value of alkaline Phospha-


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine tase activity in serum and peritoneal fluid from horses with acute colic. JVIM, 2004;18(4):564–7. ● Salazar P, Traub-Dargatz JL, Morley PS, Wilmot DD, Steffen DJ, Cunningham WE, Salman MD. Outcome of equids with clinical signs of West Nile virus infection and factors associated with death. JAVMA 2004;225(2):267-74. ● Ward MP, Levy M, Thacker HL, Ash M, Norman SKL, Moore GE, Webb PW. Investigation of an outbreak of encephalomyelitis caused by West Nile virus in 136 horses. JAVMA 2004;225(1):84-9.

ANESTHESIE Thomasy SM, Slovis N, Maxwell LK, Kollias-Baker C. Transdermal fentanyl combined with nonsteroidal antiinflammatory drugs for analgesia in horses. JVIM, 2004;18(4),550-4. ● Sellon DC, Roberts MC, Blikslager AT, Ulibarri C, Papich MG. Effects of continuous rate intravenous infusion of butorphanol on physiologic and outcome variables in horses after celiotomy. JVIM, 2004;18(4):555–63. ●

synthèse de congrès

congrès international d’ophtalmologie de Munich (Allemagne)

TECHNIQUES CHIRURGICALES DE TRANSPLANTATION CORNÉENNE chez le cheval en utilisant des ondes de choc radiales - Cette présentation compare trois techniques chirurgicales de transplantation cornéenne chez le cheval : la kératoplastie pénétrante (K.P.), la kératoplastie endothéliale lamellaire profonde (K.E.L.P.) et la kératoplastie lamellaire postérieure (K.L.P.) à partir de 105 cas. - Les auteurs rappellent l’importance de l’incidence des affections oculaires d’origine mycosique en Floride. Résultats - Les abcès profonds du stroma cornéen représentent la principale indication de ce type de chirurgie. La kératoplastie pénétrante est aussi utilisée dans le traitement des prolapsus de l’iris et les desmétocœles. - La récupération de la vision est respectivement de 76,8, 90 et 91,4 p. cent pour les K.P., K.E.L.P. et K.L.P. Une greffe de prélèvements congelés prélevés chez des donneurs est réalisée dans 87,6 p.

E.C.V.O.-E.S.V.O.-D.O.K. du 10 au 13 juin 2004

cent des cas, toutes ont présenté un certain degré de rejet. - Des éléments fongiques sont isolés dans un peu plus de 45 p. cent des cas. - Les complications incluent de la déhiscence (n=20), un hyphéma (n=5), des ulcères (n=3) un œdème cornéen persistant (n= 1) une endophthalmie (n=1) et une atrophie bulbaire associés à de la cécité (n=18). Conclusion - Cet article montre l’intérêt des techniques chirurgicales de transplantation cornéenne chez le cheval avec, dans cette étude, 83,2 p. cent de réussite de récupération de la vision. - En revanche, les auteurs soulignent la nécessité de traitements médicamenteux pour diminuer le rejet des greffes et le développement d’opacités, sans en préciser les modalités. ❒

ANOMALIES OCULAIRES CONGÉNITALES chez les chevaux Mountains Horses en Europe Matériel et méthode - Vingt et un chevaux Rocky Mountain Horses et Kentucky mountain saddle horses sont examinés entre 1999 et 2003 avec une lampe à fente et un ophtalmoscope indirect avant et après dilatation pupillaire. Résultats - La principale anomalie rencontrée est la présence de kystes des corps cillaires (8/21) qui sont souvent bilatéraux, un cheval présente en plus une dysplasie rétinienne. - Deux chevaux présentent une dysgénésie du seg-

Catherine Gaillard-Lavirotte Clinique Vétérinaire des Lavandes 26160 La Bégude-de-Mazenc

Objectif de l’étude ❚ Comparer trois techniques chirurgicales de transplantation cornéenne chez le cheval.

Department of Large and Small Animal Clinical Sciences, University of Florida, U.S.A. Penetrating keratoplasty, deep lamellar endothelial keratoplasty, and posterior lamellar keratoplasty in the horse. Visual outcome in 105 cases (1993-2004) Brooks DE, Kallberg ME, Ollivier FJ, Cutler TJ, Denis HM, Hendrix DV, Scotty, NC, Lassaline ME, Blackwood S, Gelatt KN, Andrews SE

Objectif de l’étude

ment antérieur avec plusieurs anomalies oculaires. - L’incidence des anomalies est plus importante chez les chevaux de robe dite chocolat (8/14) et seuls 10 chevaux sur les 21 examinés ne présentent pas d’anomalie oculaire. Conclusion - Les anomalies observées en Europe dans ces races sont les mêmes que celles rencontrées aux États-Unis. - Dans tous les cas, les auteurs insistent sur l’importance des examens oculaires et le choix des reproducteurs, en raison du faible nombre de reproducteurs sur notre continent. ❒

❚ Comparer l’incidence des anomalies oculaires chez les chevaux Mountains Horses d’Europe par rapport aux données américaines.

Department of small animals ophtalmology service, Veterinary faculty, University of Zurich Congenital ocular anomalies in Mountains Horses in Europe Kaps S, Eule JC, Spiess BM

UTILISATION LOCALE D’ACYLOVIR ET DE CÉPHALOSPORINE dans le traitement des kératites superficielles ponctuées chez le cheval L’objectif est d’établir un protocole thérapeutique permettant, en cas de kératites ponctuées, d’éliminer de l’agent viral, de diminuer ou d’éliminer l’inflammation récurrente. Matériel et méthode - Huit chevaux atteints de kératite ponctuée sont inclus à la suite d’un examen ophtalmologique complet (ophtalmologie directe et rétro illumina-

tion, test de Schirmer, test à la fluorescéine et au rose bengale, écouvillons conjonctivaux afin de réaliser une analyse P.C.R. vis-à-vis d’herpès virus (E.H.V.2 et 5) et d’adénovirus (E.A.d.V. 1 et 2) équins). - Les chevaux reçoivent deux jours de traitements intensifs par voie locale : ● acyclovir (antiviral) toutes les deux heures ; ● cyclosporine (anti-inflammatoire, immuno-

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Objectif de l’étude ❚ Proposer une attitude thérapeutique lors de kératites ponctuées.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 153


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Clinic for equine surgery and internal medicine, Ludwig-Maximillians-university, veterinaerstr. 13, 80539 Munich Germany The use of topical Acyclovir and cyclosporine A in the treatment of superficial punctate keratitis in the horse. Mc Mullen RJ, Gesell S, Mäule M

modulateur) toutes les 12 heures ● héparine-sodium (protecteur épithélial) toutes les 6 ou 8 heures ; A partir du 3e jour, l’acyclovir n’est plus administré que toutes les 3 heures. - Les chevaux sont réévalués une semaine, puis 15 jours après. En cas d’amélioration nette ou au 15e jour, l’acyclovir n’est plus appliqué que 4 fois par jour et la cyclosporine toutes les 24 ou 48 heures. Résultats - Le traitement est une réussite lors de disparition de l’œdème et de la néovascularisation cornéens, de diminution des opacités ponctuées, et de diminution de l’inflammation. - Une jument n’a présenté qu’une amélioration partielle, la cyclosporine a été remplacée par un collyre à la dexaméthasone. - Un autre cheval a subi une plaie cornéenne profonde, sûrement à la suite des frottements, néces-

Clinic for equine surgery and Internal medicine, Ludwig-Maximillians-University, Veterinaerstr. 13, 80539 Munich, Germany Cataract surgery in equids Gerhards H

Conclusion - Les mécanismes d’action et les lésions induits par l’herpès virus chez les chevaux semblent similaires à ceux rencontrés chez l’homme. - L’acyclovir est un antiviral spécifique des herpès virus, son efficacité vis-à-vis des herpès virus équine est encore à démontrer. L’amélioration clinique rencontrée chez les chevaux traités à l’acyclovir semble montrer son efficacité lors d’applications fréquentes. - La cyclosporine a été choisie en raison de son activité immunomodulatrice sélective, par opposition aux corticostéroïdes connus pour pouvoir réactiver des souches latentes d’herpès virus. - Cette présentation montre l’intérêt des infections virales oculaires, notamment herpétiques, et les modalités d’utilisation des antiviraux locaux. ❒

LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA CATARACTE DES ÉQUIDÉS

Objectif de la conférence ❚ Faire le point sur les techniques chirurgicales de traitement de la cataracte des équidés

sitant la modification du traitement mis en place. - L’isolement d’A.D.N. viral est inconstant pour les herpès virus et aucun adénovirus n’a été isolé.

- L’auteur rappelle les différentes techniques chirurgicales décrites (aspiration, extractions intra- ou extra-capsulaire du cristallin, phacoémulsification). - Il rappelle que si le pronostic est généralement bon lors de cataractes congénitales ou juvéniles, il est réservé lors de cataractes associées à des uvéites récurrentes.

- Les cataractes séniles ne nécessitent généralement pas de traitement chirurgical. - Dans tous les cas, l’auteur insiste sur l’importance des examens ophtalmologiques préopératoires, avec notamment la présence d’un réflexe pupillaire photomoteur, l’absence de lésion rétinienne grâce à l’échographie et la réalisation d’un électrorétinogramme. ❒

un panorama des meilleurs articles d’équine TRAITEMENT DE LA DESMITE PROXIMALE DU SUSPENSEUR DU BOULET RÉCURRENTE OU CHRONIQUE

Locomoteur

Objectif de l’étude ❚ Évaluer l’efficacité du traitement par onde de choc radiale par rapport à un exercice contrôlé dans cette affection.

Equine Veterinary Journal 2004;36 (4):313-316 Treatment of chronic or recurrent proximal suspensory desmitis using radial pressure wave therapy in the horse Crowe OM, Dyson SJ, Wright IM, Schramme MC, Smith RKW Synthèse par Aurélie Wilczynski, E.N.V.L.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 154 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

en utilisant des ondes de choc radiales chez le cheval Matériel et méthode - Une seconde évaluation est réalisée six mois - Cette étude concerne 65 chevaux atteints de après le diagnostic. desmite proximale du suspenseur du boulet Résultats dont 20 sur le membre antérieur, 43 sur le posté- 41 p. cent des chevaux avec boiterie postérieur et 2 sur les deux membres. - Un examen clinique de l’appareil locomoteur, rieure et 53 p. cent des chevaux avec boiterie permet d’établir le diagnostic de la desmite antérieure ne boitent plus et retournent au traavec des examens complémentaires : anesthé- vail complet six mois après le diagnostic. - L’état clinique des chevaux ne s’est pas dégradé sies locales, échographie et radiographie. - Les chevaux sont classés selon la sévérité des pendant l’essai, ni les lésions observées à l’écholésions échographiques, selon le siège de l’affec- graphie. tion (membre postérieur ou antérieur) et selon la - Le traitement est généralement bien toléré, les seuls effets secondaires notés parfois sont une durée de la boiterie avant le diagnostic. - Les chevaux sont traités trois fois à deux semai- excoriation de la peau, une alopécie et une renes d’intervalle avec 1000 impulsions d’onde pousse de poil blanc. choc à fréquence de 10 Hz latéralement, et 1000 Conclusion médialement avec la Swiss Dolorclast Vet Machine. En même temps, un programme d’exer- - Les résultats de cette étude, comparés à ceux cice contrôlé est effectué : six semaines de repos d’une étude précédente utilisant seulement un au box et de marche en main, 10 à 12 semaines traitement par exercice contrôlé, suggèrent que le traitement par onde de choc radiale améliore le de marche de durée progressive, puis de trot. - Ils sont réévalués cliniquement et par échogra- pronostic de la desmite proximale du suspenseur. phie 10 à 12 semaines après le diagnostic. La re- - Ce traitement doit cependant être modifié lors de lésions échographiques plus sévères. ❒ prise progressive du travail est alors instaurée.

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revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine TRAITEMENT MÉDICAL DE LA TENDINITE DU FLÉCHISSEUR SUPERFICIEL DU DOIGT Étude comparative sur 219 chevaux (1992-2000) Matériel et méthode 1. Une 1re étude est conduite sur 150 chevaux distribués en quatre groupes selon leur traitement : ● le groupe A : seulement un programme d’activité contrôlée (P.A.C.) ; ● le groupe B : un P.A.C. avec injections intra-lésionnelles d’acide hyaluronique (H.A.) ; ● le groupe C1: un P.A.C. avec un traitement systémique et intra-lésionel de glycosaminoglycans polysulphatés (P.S.G.A.G.) ; ● le groupe C2 : un P.A.C. avec un traitement systémique de P.S.G.A.G. 2. Une 2de étude est menée sur 69 chevaux formant le groupe D.P.A.C. et injections intra-lésionelles de β-aminoproprionitril fumarate. - Un suivi clinique et échographique est réalisé tous les trois mois sur une période de 12 à 15 mois, puis deux ans au moins après la reprise totale du travail. Il s'agit également de déterminer si le taux de récidive est corrélé avec la discipline sportive du cheval et si l'utilisation du score d'alignement des fibres (F.A.S.), à quatre mois après traitement, peut améliorer l'établissement du pronostic de rémission. Résultats - On n’observe pas de différence significative du

taux de récidive sur le membre lésé parmi les groupes A, B, C1 et C2 (42,5 à 44,4 p. cent). - Le taux de récidive sur les tendons traité par injection intra-lésionelle de β-aminoproprionitril fumarategroupe D (16 p. cent) est sensiblement inférieur aux autres groupes A, B, C1 et C2. - Le score d'alignement des fibres (F.A.S.) à quatre mois après le traitement fournit une bonne valeur pour le pronostic de guérison. - Le risque de récidive de tendinite s'échelonne selon la discipline équestre dans laquelle évolue le cheval : le concours de saut d’obstacles, puis le concours complet, les courses d'obstacle et enfin, les courses de plat qui représentent le plus grand risque de tendinite du fléchisseur superficiel du doigt. Conclusion - Cette étude sur le suivi à long terme de chevaux atteints de T.F.S.D. dans diverses disciplines sportives est intéressante pour établir le pronostic de rémission. - Le traitement par injections intra-lésionnelles de β-aminoproprionitril fumarate réduit le risque de récidive. - Le F.A.S. à quatre mois est une bonne valeur pour le pronostic de rémission. ❒

Objectif de l’étude ❚ Déterminer si certaines injections ou administrations apportent de meilleurs résultats pour soigner la tendinite du fléchisseur superficiel du doigt que la seule application d'un programme d'activité contrôlée.

Equine Veterinary Journal (2004) jul; 36 (5):415-9 Medical management of superficial digital flexor tendonitis : a comparative study in 219 horses (1992-2000) Dyson SJ Synthèse par David Aebischer, E.N.V.L.

DÉVELOPPEMENT ET VALIDATION D’UNE TECHNIQUE D’INJECTION PÉRI-ARTICULAIRE de l’articulation sacro-iliaque chez les chevaux Matériel et méthode - Trente-six chevaux mâles et femelles, d’âge compris entre 8 mois et 30 ans, d’un poids moyen de 515 kg et de différentes races sont utilisés dans cette étude qui comprend une première partie d’observations réalisées à partir de cadavres et une seconde partie consacrée à l’étude in vivo. 1. Première partie : ● L’approche médiale utilisée dans l’étude est testée et admise comme la plus sûre pour éviter certaines formations vasculo-nerveuses importantes présentes à proximité du site d’injection ; ● L’aiguille spinale 15 G d’une longueur de 25 cm est introduite 2 cm de façon crâniale au tuber sacral controlatéral ; et avancée le long de la face médiale de l’aile de l’ilium ipsilatéral jusqu’à ce que la surface dorsale du sacrum soit rencontrée ; ● 1 ml de bleu de méthylène est alors injecté en région sacro-iliaque ; ● la même technique est répétée de l’autre côté ; ● les tissus colorés sont localisés et identifiés après dissection de la région et désarticulation de l’articulation sacro-iliaque. 2. Deuxième partie ● Dix-huit chevaux sont injectés selon la technique précédemment décrite, puis euthanasiés ; ● les injections sont considérées comme réussies si le bleu de méthylène est retrouvé dans l’articulation sacro-iliaque ou à moins de 2 cm du bord du tiers moyen ou caudal de l’articulation.

Les critères de réussite sont décidés, à partir du postulat de diffusion possible des principes actifs sur 2 cm ainsi que sur la haute prévalence des affections dégénératives qui affecte la région caudomédiale de l’articulation sacro-iliaque. Résultats - Le bleu de méthylène n’est jamais observé dans l’articulation sacro-iliaque. - En revanche, le colorant est retrouvé en région péri-articulaire pour toutes les injections (n=48), et selon les critères de succès prédéfinis, 96 p. cent des injections sont correctement localisées. La distance moyenne séparant le bleu de méthylène de l’articulation est de 1 cm (de 0.8 à 3.8 cm). Les tissus colorés sont retrouvés à moins de 2 cm de l’articulation dans 88 p. cent des cas. - Le taux de succès total, considérant à la fois la localisation et la distance des tissus colorés par rapport à la marge de l’articulation, est de 83 p. cent. Conclusion - Cette technique d’injection fournit une méthode facile à réaliser, sûre et fiable pour accéder à la région péri-articulaire médiale de l’articulation sacro-iliaque. - Des investigations supplémentaires sont nécessaires pour établir les indications cliniques, l’efficacité et les risques de l’utilisation de cette technique en routine. ❒

Objectif de l’étude ❚ Développer une technique d’injection intra-articulaire ou péri-articulaire de l’articulation sacro-iliaque, sûre et peu invasive, à réaliser dans un but diagnostique ou thérapeutique.

Equine Veterinary Journal 2004;36 (4): 324-30 Development and validation of a periarticular injection technique of the sacroiliac joint in horses Engeli E, Haussler KK, Erb HN Synthèse par Émilie Ségard, E.N.V.L.

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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 155


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine CASTRATION DE ROUTINE CHEZ 568 POULAINS MÂLES DE TRAIT

Chirurgie tissus mous

Incidence d’éviscération et de hernie de l’omentum Matériel et méthodes

Objectif de l’étude ❚ Comparer les complications de la castration de 568 poulains mâles de trait avec des études précédentes.

Equine Veterinary Journal 2004;36 (4):336-40 Routine castration in 568 draught colts: incidence of evisceration and omental herniation Shoemaker R, Bailey J, Janzen E, Wilson DG Synthèse par Susana Monteiro, E.N.V.L.

- 568 poulains mâles (belge et percheron) de 4 à 5 mois sont castrés dans les mêmes conditions, pendant une période de trois ans (1998-2000). - La technique de castration fermée est utilisée chez 59 p. cent des poulains et la technique ouverte de castration dans 41 p. cent des cas. - Le suivi post-opératoire est réalisé par des vétérinaires pendant 24 heures pour l’observation des complications (éviscération et hernie de l’omentum). - Les valeurs sont analysées par le test (Anova) et ne sont considérées comme significatives que si p < 0,05. Résultats - Le taux des hernies inguinale/scrotale palpables avant la chirurgie est de 4,6 p. cent (26/568). - L’éviscération de l’intestin grêle est observée dans 4,8 p. cent des cas (27/568) avec un taux de survie de 72,2 p.cent (13/18) après la chirurgie. Les techniques ouverte et fermée résultent respectivement en 8 et 19 cas d’éviscération. - La hernie de l’omentum est présente chez 2,8

p.cent (16/568) des poulains, six cas après l’utilisation de la technique ouverte et dix cas avec la technique fermée. Conclusion - L’étude montre qu’il n’y a pas de différence significative entre la technique fermée et ouverte, ni entre le taux des hernies de l’omentum et l’éviscération. - L’incidence d’éviscération dans cette étude est beaucoup plus élevée que dans des études précédentes. La pathogénie de l’éviscération après la castration n'est pas encore très bien expliquée. La taille de l'anneau inguinal, la position de la jambe, la pression intra-abdominal et l'exercice exagéré demeurent des hypothèses. - Le taux des hernies inguinale/scrotale palpables a mis en évidence l’importance de l’examen physique pré chirurgical. - Le taux d’éviscération en combinaison avec le taux des hernies pré chirurgicales et les hernies de l’omentum est de 12,2 p. cent (66/568), ce qui est assez élevé pour envisager des études futures, notamment sur la prédisposition génétique. ❒

ÉTUDE RÉTROSPECTIVE DE CAS DE VOLVULUS DE L’INTESTIN GRÊLE

Digestif

chez 115 chevaux de 1988 à 2000 Matériel et méthode - Cette étude rétrospective concerne 115 chevaux admis, entre 1988 et 2000, à l’Université de New Bolton (Pennsylvanie, Etats-Unis), suite à un volvulus de l’intestin grêle. - Toutes les données nécessaires à l’étude sont obtenues grâce à un registre de cas, répertoriant les commémoratifs, les signes cliniques, les analyses de laboratoire, les conclusions chirurgicales et d’autopsie ainsi que le suivi des chevaux. - La population des chevaux "volvulus" est comparée à la population des chevaux hospitalisés à l’Université. - Les résultats des différents tests statistiques sont considérés comme significatifs lorsque les valeurs de p sont inférieures à 0,05.

Objectif de l’étude ❚ Analyser les commémoratifs, le signalement, les signes cliniques, les résultats d’analyses, le traitement et le devenir de chevaux avec un volvulus de l’intestin grêle.

Résultats

Veterinary Surgery 2004;33:333-9

- Les commémoratifs ne sont pas significativement différents entre les deux groupes de chevaux. - Aucune relation significative entre la douleur et la durée des signes cliniques ou les traitements administrés par le vétérinaire référant n’est constatée. - Les données cliniques et de laboratoire à l’admission sont très variables et ne permettent pas d’élaborer une base de donnée de référence. - 87 p. cent des chevaux admis sont opérés. Parmi

Small intestinal volvulus in 115 horses : 1988-2000 Stephen JO, Corley KTT, Johnson JK, Pfeiffer D Synthèse par Émilie Codron, E.N.V.L.

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ces chevaux, 34 p. cent présentent d’autres lésions abdominales en plus du volvulus. 16 p. cent sont euthanasiés pendant la chirurgie et 25 p. cent subissent une entérectomie. - En post-opératoire, le traitement consiste en l’administration d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires, et plus rarement de prokinétiques et d’anti-acides. - 49 p. cent des chevaux opérés présentent des complications post-opératoires (principalement douleur abdominale, reflux, pyrexie, infection de la plaie chirurgicale, diarrhée). Ces chevaux restent plus longtemps hospitalisés (11 jours en moyenne contre 8,9 jours pour les chevaux n’ayant pas présenté de complications). - Au final, sur 115 chevaux admis, 58 p. cent ont survécu et sont sortis de la clinique. Conclusion - 115 chevaux avec un volvulus de l’intestin grêle ont été recensés sur une période de douze ans. En comparaison avec de précédentes études, la population de chevaux est plus âgée (supérieure à 3 ans) et présente un meilleur pronostic de survie post-chirurgicale. - Une chirurgie est très souvent nécessaire pour résoudre le problème (87 p. cent des chevaux). Les complications post-chirurgicales sont très fréquentes (près de 50 p. cent). ❒


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine INFLUENCE SUR LES DONNÉES ANATOMO-CLINIQUES ET NUTRITIONNELLES DE LA MISE EN PLACE D’UNE ALIMENTATION PARENTÉRALE chez des chevaux adultes, suite à une résection de l’intestin grêle suivie d’une anastomose Matériel et méthodes : - L’étude a été menée sur 30 chevaux adultes ayant subi une résection de moins de 50 p. cent de la longueur totale de l’intestin grêle, ainsi qu’une anastomose termino-terminale, séparés de façon aléatoire en deux groupes équivalents : l’un recevant une perfusion continue de glucose, lipides et acides aminés, administrée depuis la fin de la chirurgie jusqu’à la reprise d’une alimentation normale ; l’autre restant à jeun selon le protocole classique suivi lors de telles chirurgies. - Différentes données anatomo-cliniques ont ainsi pu être comparées sur une période d’au moins 48 heures, révélant des variations significatives entre les deux groupes. Résultats : - Le groupe supplémenté a montré une élévation

Objectif de l’étude ❚ Vérifier l’hypothèse selon laquelle une alimentation parentérale chez des chevaux opérés de colique permet d’améliorer leur statut nutritionnel en post-opératoire.

moins marquée que le groupe de contrôle en ce qui concerne les paramètres biochimiques indicateurs d’une privation alimentaire (bilirubine totale, triglycérides), l’albumine et l’urée. - L’insulinémie et la glycémie en période postopératoire ont été en revanche supérieures pour le premier groupe. Discussion : - L’hypothèse de départ est donc confirmée. - Cependant, cette méthode ne peut être systématisée sans études complémentaires permettant, entre autres, de comprendre les effets secondaires éventuels de telles pratiques (comme les phénomènes d’intolérance au glucose et aux lipides pouvant apparaître lors de dégradation importante de l’état clinique), ainsi que les interactions liées à l’activation du système neuroendocrine (stimulé par le stress chirurgical). ❒

Equine Veterinary Journal (2004) 36 (5) 390-6 Nutritional and clinicopathological effects of post operative parenteral nutrition following small intestinal resection and anastomosis in the mature horse. Durham AE, Phillips TJ, Wlamsley JP, Newton JR Synthèse par Julie Carnus, E.N.V.T.

LA POLYMYXINE B PROTÈGE LES CHEVAUX contre l’endotoxémie induite in vivo Matériels et méthodes : - Vingt-quatre chevaux de race légère (480 kg de poids moyen) reçoivent 20 ng d’endotoxine d’E. coli 055:B5 par kg de poids vif (kgPV) en perfusion IV dans 500 ml de sérum physiologique (NaCl 0.9 p. cent) pendant 30 minutes. - Les chevaux sont répartis en quatre groupes : 1. Polymyxine B 5000 pre : reçoivent 5000 UI de Polymyxine B/kgPV trente minutes avant la perfusion d’endotoxine et 50 ml de NaCl 0.9 p. cent après. 2. Polymyxine B 5000 post : reçoivent 50 ml de NaCl 0.9 p. cent 30 minutes avant et 5000 UI PMB/kg P.V. 30 min après. 3. Polymyxine B 1000 pre : reçoivent 1000 UI de polymyxine B/kg P.V. 30 minutes avant et 50 ml du NaCl 0,9 p. cent 30 min après. 4. Saline : reçoivent 50 ml du NaCl 0.9 p. cent 30 minutes avant et trente minutes après. - Paramètres contrôlés : appétit, comportement, fréquence cardiaque, température rectale, activité du "tumor necrosis factor"α (T.N.F.), concentration sanguine de thromboxane B2 (T x B2), rapport urée/créatinine (U/C) et G.G.T. urinaire et comptage de polynucléaires neutrophiles. La comparaison statistique de données avec une analyse de la variance (test Anova) entre les groupes avec et sans traitement est significative quand p est inférieur à 0,05. Résultats - Les chevaux du groupe Polymyxine B pre continuent à manger et ils sont debout pendant et après la perfusion d’endotoxine. Les animaux traités avec de la polymyxine B se sentent mieux que les autres.

Pharmacie

- Une augmentation significative de la fréquence cardiaque se produit dans les groupes Saline et Polymyxine B 5000 post mais pas dans les groupes Polymyxine B 1000 pre et Polymyxine B 5000 pre. Tous les chevaux recevant de la polymyxine B ont une fréquence cardiaque plus basse que ceux du groupe Saline après la perfusion d’endotoxine. - Les polynucléaires neutrophiles sont plus élevés dans les groupes PMB 5000 pre et Polymyxine B 1000 pre une heure après la perfusion d’endotoxine que dans les groupes Saline et Polymyxine B 5000 post. - Les chevaux des trois groupes Polymyxine B ont une activité du T.N.F. plus basse que celle du groupe Saline après la perfusion d’endotoxine. - Une augmentation significative de T x B2 est observée dans tous les groupes sauf dans Polymyxine B 5000 pre, avec un pic une heure après la perfusion d’endotoxine. - Il n’est pas constaté d’effet significatif de la Polymyxine B ni du NaCl 0.9 p. cent sur la GGT ni l’U/C urinaires trois jours après la perfusion d’endotoxine. Conclusion - Les chevaux qui reçoivent du sérum physiologique 0.9 p. cent comme placebo montrent la réponse attendue à l’endotoxémie : anorexie, tachycardie, hyperthermie, neutropénie, augmentation de l’activité du TNFα et de la concentration de TxB2. - En revanche, les chevaux qui reçoivent de la polymyxine B ne montrent pas de signes d’endotoxémie ; cet effet protecteur dépend du temps et de la dose. ❒

Objectif de l’étude ❚ Montrer le besoin d’un traitement pour l’endotoxémie du cheval afin de réduire son incidence.

Equine Veterinary Journal 2004;36(5):397-401 Polymyxin B protects horses against induced endotoxaemia in vivo Barton MH, Parvianen A, Norton N Synthèse par Margalida Llodrà, E.N.V.L.

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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 157


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine FACTEURS DE RISQUE ASSOCIÉS À L'ÉLIMINATION FÉCALE DE SALMONELLES

Hygiène

Objectif de l'étude ❚ Estimer la prévalence et identifier les facteurs de risque de l'élimination fécale de salmonelles, chez des chevaux hospitalisés présentant des signes d'affection gastro-intestinale.

J Am Vet Med Assoc 2004;225(2):275-81 Risk factors associated with fecal Salmonella shedding among hospitalized horses with signs of gastrointestinal tract disease Ernst NS, Hernandez JA, MacKay RJ, Brown MP, Gaskin JM, Nguyen AD, Giguere S, Colahan PT, Troedsson MR, Haines GR, Addison IR, Miller, BJ. Synthèse par Maryline Clément, E.N.V.L.

par des chevaux hospitalisés pour affection gastro-intestinale - L'élimination fécale de salmonelles par les chevaux hospitalisés est un réel problème, les chevaux excréteurs étant une source potentielle d'infection nosocomiale. - Une épidémie de salmonelles peut s'avérer catastrophique dans une structure hospitalière universitaire, d'un point de vue sanitaire, économique ou pédagogique. Matériel et méthode - Cette étude rétrospective concerne 450 chevaux atteints d'affection gastro-intestinale, hospitalisés durant l'année 2002 à l'université vétérinaire de Floride. - Des prélèvements fécaux sont réalisés dans les 12 heures suivant l'admission, puis tous les deux jours. À la demande du clinicien, des échantillons fécaux supplémentaires peuvent être réalisés. À partir des fèces collectées, une culture bactérienne est effectuée, puis un isolement de salmonelles, un sérotype et un antibiogramme sont demandés. - Selon les résultats de la culture bactérienne, les chevaux sont répartis en deux catégories : chevaux excréteurs et chevaux non excréteurs de salmonelles. - Des données concernant les chevaux de l'étude sont recueillies et groupées en variables épidé-

miologiques, cliniques et paracliniques. La relation entre ces variables et l'excrétion de salmonelles est étudiée par régression linéaire. Résultats - La prévalence globale de l'élimination de salmonelles est de 13 p. cent chez les chevaux atteints d'affections gastro-intestinales. - Le sérotype le plus fréquemment isolé est S‡almonella newport (20 p. cent), suivi par les sérotypes Anatum, Java et Saint-Paul (13 p. cent chacun). - Le pourcentage de poulains excréteurs de salmonelles est 3,27 fois supérieur à celui des adultes. - Celui des adultes excréteurs traités avec des antibiotiques avant leur hospitalisation est 3,09 fois plus important que celui des chevaux non traités. - Le pourcentage des chevaux adultes excréteurs ayant subi une chirurgie abdominale est 2,09 fois supérieur à celui des chevaux non opérés. Conclusion - L'étude suggère que les poulains souffrant de maladies gastro-intestinales sont plus prédisposés que les adultes à excréter des salmonelles. - D'autre part, une exposition aux antibiotiques avant l'hospitalisation ou une chirurgie abdominale pendant l'hospitalisation augmentent le risque d'élimination de salmonelles dans les fèces par les chevaux atteints d'affections gastro-intestinales. ❒

EFFICACITÉ COMPARÉE DE L’ADMINISTRATION DE DEXAMETHASONE INTRAVEINEUSE ET PER OS

Respiratoire

chez les équidés souffrant d’obstruction chronique des voies respiratoires Matériels et méthodes

Objectif de l’étude ❚ Comparer l’action de la dexaméthasone administrée en intraveineuse à une administration per os sur des chevaux souffrant d’obstruction chronique des voies respiratoires.

Equine Veterinary Journal 2004;36:426-30 Efficacy of oral and intravenous dexamethasone in horses with recurrent airway obstruction Cornelisse CJ, Robinson NE, Berney EA, Kobe CA, Boruta DT, Derksebn FJ Synthèse par Emmanuel Grange, E.N.V.L

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 158 - AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004

- L’étude a été réalisée par le département des grands animaux de l’Université de l’Etat du Michigan, sur 14 chevaux (répartis en deux protocoles) souffrant d’obstruction chronique des voies respiratoires (R.A.O). - Les chevaux inclus sortent d’une phase de rémission clinique et présentent un niveau d’obstruction comparable au début de l’étude. 1. Protocole 1 : huit chevaux sont répartis en deux sous-groupes, l’un recevant de la dexaméthasone par voie intra-veineuse à la dose de 0,1 mg/kg, l’autre recevant un volume identique de sérum physiologique également par voie intraveineuse. 2. Protocole 2 : six chevaux traités selon cinq protocoles différents sont répartis de manière aléatoire : - 0,1 mg de dexaméthasone par voie intra-veineuse ; - un volume équivalent de sérum physiologique par voie intraveineuse ; - l’administration per os de 0,082 mg/kg (non nourri - forme injectable) ; - l’administration de 0,164 mg/kg per os (non nourri) ; - l’administration de 0,164 mg/kg per os (une

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heure après la prise du repas). ● Les paramètres utilisés sont : la compliance dynamique (mesurée en l/cm d’eau), la résistance pulmonaire (cm d’eau), la valeur du pic de flux inspiratoire (l/sec), la valeur du pic du flux expiratoire (l/sec), la fréquence respiratoire, et la variation de pression pleurale. ● Tous ces paramètres sont évalués à 0, 6, 24, 30, 48 et 72 heures après le traitement, et sont soumis à une analyse statistique informatisée de type Anova. Résultats et conclusions - Les résultats de l’étude du protocole 1 montrent une différence significative entre le lot traité à la dexamethasone et le lot placebo, à partir de deux à quatre heures après l’administration intraveineuse. - Les résultats de l’étude du protocole 2 concluent à une amélioration significative à partir de six heures et pendant au moins 30 heures, quel que soit le mode d’administration de la dexaméthasone, comparativement au lot témoin. - L’efficacité des administrations per os semble plus durable (jusqu'à 72 heures), mais aucune différence significative n’est rapportée entre les différentes formes (intra-veineuse, per os non nourri, per os une heure après le repas). ❒


technique d’injection intra-articulaire cervicale sous contrôle échographique chez le cheval

Comment réaliser une injection intra-articulaire cervicale sous contrôle échographique ?

L

es lésions dégénératives et l’ostéochondrose des processus articulaires cervicaux sont une source fréquente de douleurs chez le cheval. ● Le diagnostic est généralement établi par un examen radiographique : les processus articulaires crâniaux sont dirigés dorso-médialement, les caudaux ventro-latéralement. (photo 1). ● Ils délimitent ensemble des articulations larges, ovales, dirigées dans un plan oblique dorsal. Les processus articulaires cervicaux caudaux sont le plus souvent concernés. ● L’infiltration des processus articulaires peut aider au diagnostic et offrir une solution de traitement, les signes cliniques étant provisoirement améliorés par l’injection de

corticostéroïdes dans l’articulation. L’injection d’anesthésique local permet de confirmer le site douloureux par la régression des signes cliniques. ● Un article intitulé : “Technique pour l’injection intra-articulaire cervicale chez le cheval” de J.S. Matoon et coll. décrit une technique d’infiltration des articulations cervicales sous contrôle échographique qui permet de vérifier le bon positionnement de l’aiguille [2] (encadré). ●

DISCUSSION Les principales difficultés rencontrées lors de la réalisation de cette technique sont liées surtout aux éventuels mouvements du cheval. ● La sédation peut être utile pour le confort du cheval et la mobilisation de son encolure, qui permet d’ouvrir l’espace articulaire, mais elle provoque un abaissement de la tête peu pratique pour l’injection. ●

Nicolas Serraud Clinique équine de la brousse Route de Launac 31 330 Grenade sur Garonne

Indications ❚ Lésions dégénératives et ostéochondrose des processus articulaires cervicaux.

Geste ❚ Geste sans réelle difficulté mais matériel radiographique et échographique performant indispensable. ❚ À réaliser en clinique. ❚ Opérateur confirmé.

Encadré - Matériel et méthodes ● La détermination du site d’injection est réalisée par radiographie, à l’aide de marqueurs métalliques, ou par palpation. Les apophyses tranverses de la première vertèbre cervicale sont en effet aisément palpables et la longueur d’une vertèbre correspond à peu près à la largeur d’une main. ● Une sédation est nécessaire, à l’aide de la xylazine seule (0,3-0,4 mg/kg par voie intraveineuse) ou en association avec la détomidine (0,01 mg/kg par voie intraveineuse). ● La zone d’injection est tondue et enduite de gel échographique. ● Une sonde sectorielle ou linéaire de 5 à 7,5 MHz est utilisée et dirigée parallèlement au grand axe de l’encolure. Nielsen règle le focus de l’échographe à 3 cm [4]. ● Dans cette position, les processus articulaires sont les structures osseuses les plus dorso-latérales et ont une apparence hyper-échogène caractéristique. Ensemble, deux processus articulaires cranial et caudal forment une interface échogène curviligne, en forme de S. Elle est souvent comparée à une chaise, le processus crânial formant le siège et la marge crâniale du processus caudal le dossier. L’espace articulaire est situé à la jonction entre les deux et apparaît anéchogène. ● Tourner la tête du cheval du côté opposé au site d‘injection facilite le placement de l’aiguille en tendant les tissus mous sous-jacents et en élargissant l’espace articulaire.

Le site d’injection est préparé comme pour une intervention chirurgicale et une anesthésie locale est réalisée (1 ml de lidocaïne par voie souscutanée). Une petite incision est parfois nécessaire (avec une lame de 11 ou de 15). ● La sonde échographique est désinfectée. L’utilisation d’une enveloppe stérile en latex permet de former une barrière entre la sonde et le cheval, mais il est nécessaire de placer une couche de gel échographique entre la sonde et l’enveloppe pour éviter que l’air ne vienne dégrader l’image. Le contact acoustique entre le latex et le cheval est réalisé grâce à du gel échographique stérile ou en mouillant la région à l’alcool. ● Les processus articulaires sont à nouveau identifiés, l’espace articulaire est placé au centre de l’image et une aiguille spinale de 3,5 inches et 18 à 20 G est insérée dans l’axe de la sonde. L’épaisseur du faisceau n’est que de quelques millimètres. ● L’aiguille peut être insérée crânialement ou caudalement à la sonde. Elle est avancée jusque dans l’espace articulaire, le mandrin est retiré et le liquide articulaire est aspiré. Il peut être conservé pour analyse. ● Le produit est alors injecté : une dose de 40 mg de méthylprednisolone et de 125 mg d’amikacine est rapportée dans la littérature [2]. ● L’aiguille est ensuite retirée et cette procédure peut être répétée dans d’autres sites.

1

Radiographie d’une arthrose cervicale. Vue de profil (photo E.N.V.L., Département hippique).

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test clinique les réponses

intoxication à la moxidectine d’un poulain de quatre jours

1 Quelle attitude thérapeutique adopter ? ● Il n’existe pas d’antidote. Le traitement a deux buts. 1. Lutter contrer l’absorption du toxique. Pour cela, il convient : - lors d’ingestion récente : d’effectuer un lavage gastrique, par sondage naso-gastrique et d’administrer de l’huile de paraffine (environ 1,5 l pour 100 kg) ; - lors d’ingestion plus ancienne : de traiter avec du charbon végétal (2 g/kg) activé par sondage naso-gastrique afin de limiter le cycle entéro hépatique ; - certains auteurs préconisent d’administrer à la sonde du sorbitol ou du dioctylsulfosuccinate de sodium (10 à 20 mg/kg). 2. Maintenir les fonctions vitales (encadré 1). ● Pour ce poulain, les 1ers signes d’amélioration clinique ont été observés après 36 h de soins. ● La fluidothérapie et la nutrition entérale ont été arrêtées 72 h après qu’il a récupéré la capacité de se lever et de s’alimenter seul. ● La récupération a été totale, sans aucune séquelle particulière. ● L’antibiothérapie a été poursuivie 10 jours. ● Le poulain présente seulement une laxité aux postérieurs corrigés par des fers collés avec extension en talon (photo 3). 2 Quelles sont les principales circonstances d’apparition de telles intoxications ? ● Les jeunes animaux sont plus sensibles à la toxicité de ces molécules en raison de l’immaEncadré 2 - Les mécanismes d’action des macrolides endectrocides lors de toxicité aiguë ● Les macrolides endectocides (avermectines et milbémycines) modifient la libération et la fixation des acides gamma-aminobutyriques sur leurs récepteurs. Par leur action G.A.B.A. agoniste, elles interfèrent aussi avec les canaux du chlore liés au glutamate. Ces mécanismes induisent l’entrée des ions chlore à travers les jonctions post synaptiques, donc un état de repos irréversible qui se traduit par une paralysie flasque, puis la mort du parasite. ● Chez les mammifères, ces récepteurs se localisent exclusivement dans le système nerveux central normalement protégé par la barrière hémato-méningée. ● La biodisponibilité de la moxidectine administrée par voie orale est d’environ 40 p. cent et sans doute un peu plus lors d’alimentation lactée. Le pic plasmatique est atteint en 8 heures. La demi-vie est de 28 jours chez le cheval. L’élimination se fait par un cycle entéro-hépatique.

Catherine Gaillard-Lavirotte Christophe Hugnet Clinique vétérinaire des Lavandes 26160 La Bégude-de-Mazenc

3

En fin de traitement, le poulain présente seulement une laxité aux postérieurs corrigée par des fers collés avec extension en talon.

Encadré 1 - Le traitement Le traitement suivant est appliqué : - une fluidothérapie avec du ringer lactate® (100 à 120 ml/kg/j) associée à l’administration d’un mélange de dextrose et sorbitol (Energidex®) 100 ml/jour en I.V. lente ; - une nutrition entérale avec la mise en place d’une sonde naso-gastrique à demeure et un apport lacté. Entre deux utilisations, la sonde est reculée dans l’œsophage distal et l’administration est effectuée en position debout ou en décubitus sternal afin d’éviter les fausses déglutitions. Le lait de la mère est récupéré, sauf si elle a reçu le même type de vermifuge. Dans ce cas, on peut utiliser du lait de remplacement ; - une antibiothérapie de couverture : ceftiofur (Excenel®) 2,2 mg/kg I.M. ●

une ou deux fois par jour ; - un nettoyage fréquent du cordon ombilical, avec le soin de toutes les petites plaies superficielles ; - le maintien du poulain au chaud, le retourner fréquemment, le stimuler par des massages et des mouvements de kinésithérapie ; - le transit digestif est évalué régulièrement et aidé avec l’utilisation de laxatifs par voie orale ou intra rectale (Microlax® adulte, 1 ampoule, 1 à 3 fois par jour). ● Bien surveiller la fonction urinaire. En cas d’absence de miction ou de distension abdominale, il est impératif d’évaluer une éventuelle rupture de la vessie par un examen échographique abdominal et d’effectuer des examens complémentaires pour envisager un traitement chirurgical.

turité de leur barrière hémato méningée (encadré 2). Les récepteurs M.D.R.1 (glycoprotéines P) se trouvent dans la membrane luminale des cellules endothéliales des capillaires du cerveau, constituant ainsi un des éléments fonctionnels de la barrière hématoméningée. ● Il est probable que ces récepteurs soient qualitativement ou quantitativement non fonctionnels chez le jeune de moins de 4 mois. ● Il est ainsi déconseillé d’utiliser ces molécules chez des animaux de moins de 4 mois. En raison de la liposolubilité de ces molécules, elles se concentrent dans le lait. Éviter ainsi de traiter les juments après la mise bas. ● Les intoxications sont souvent rencontrées lors de surdosages : mauvaise évaluation du poids de l’animal, erreur de manipulation lors de l’administration, nouvelle dose donnée trop tôt. Les signes cliniques peuvent survenir lors d’administration d’une double dose chez un poulain ou d’une triple dose chez un adulte. Certaines sensibilités individuelles pourraient exister. ❒

Pour en savoir plus ● Campbell WC. Ivermectin and abamectin. Springer-Verlag New York Inc. 1989:363p. ● Goehring LS, Van Oldruitenborghoosterbaan MM. Moxidecting poisoning in a foal ? Tijdschr Diergeneeskd. 1er juillet 1999;124(13): 412-4. ● Johnson PJ, Mrad DR, Schwartz AJ, Kellam L. Presumed moxidectin toxicosis in tree foals. J Am Vet Med Assoc. 1er mars 1999,214(5): 678-80. ● Kahn SA, Kuster DA, Hansen SR. A review of moxidectin overdose cases in equine from 1998 through 2000. Vet. Hum. Toxicology août 2002;44(4):232-5.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine AOÛT / SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004 - 161


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