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DOSSIER - FIÈVRE D’ORIGINE A DÉTERMINER CHEZ LES ÉQUIDÉS

Volume 6

N°21 FÉVRIER 2010 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

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FIÈVRE D’ORIGINE À DÉTERMINER

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°21 - FÉVRIER 2010

chez les équidés

DOSSIER : FIÈVRE

D’ORIGINE À DÉTERMINER chez les équidés Face à une fièvre d’origine à déterminer, il est indispensable de présenter une stratégie au propriétaire, en fonction du contexte médical et économique, des qualités du cheval, de son statut physiologique, des échéances sportives et du climat de confiance ...

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles d’équine parus dans les revues internationales

- Conduite à tenir face à une fièvre d’évolution chronique apparemment isolée chez le cheval adulte - Conduite à tenir face à une fièvre aiguë isolée : approche pratique - Comment interpréter et gérer une modificaiton de la température corporelle du cheval pendant la période péri-opératoire - Attitude du praticien face à une hyperthermie : résultats d’une enquête épidémiologique

- Observation clinique Herpèsvirus et fièvre isolée chez le cheval

Âne - Particularités de l’hyperthermie et de la fièvre d’origine à déterminer chez l’âne

Rubriques - Observation clinique Une dent incluse chez un cheval de 4 ans - Gestes et techniques - Comment réaliser un pansement pour la face solaire du pied - Comment réaliser une injection intraveineuse sous garrot - L’administration loco- régionale d’un antibiotique


Volume 6

sommaire Éditorial par François Valon

N°21 FÉVRIER 2010

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DOSSIER

Test clinique - Un cas d’hyperthermie persistante Marie Nolf, Julien Olive, Émilie Segard, Susana Monteiro, Olivier Lepage, Jean-Luc Cadoré

FIÈVRE

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D’ORIGINE À DÉTERMINER chez les équidés

CHEVAL ET ÉQUIDÉS - Conduite à tenir face à une fièvre d’évolution chronique apparemment isolée chez le cheval adulte Sarah Ténédos, Jean-Luc Cadoré - Conduite à tenir face à une fièvre aiguë isolée : approche pratique chez le cheval adulte François Valon, Isabelle Daguin-Gervais - Comment interpréter et gérer une modification de la température corporelle du cheval pendant la période péri-opératoire Francis Desbrosse, Roland Perrin, Thomas Launois, Laurent Brogniez, Jean-Michel Vandeweerd - Attitude du praticien face à une hyperthermie : résultats d’une enquête épidémiologique Céline Chadufaux, François Valon, Jean-Luc Cadoré - Observation clinique Herpèsvirus et fièvre isolée chez le cheval François Valon

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ÂNE - Particularité de l’hyperthermie et de la fièvre d’origine à déterminer chez l’âne Ahmed Chabchoub, Amel El Goulli Derouiche

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RUBRIQUES - Observation clinique Une dent incluse chez un cheval de 4 ans Benoît Tainturier, Pierre Chuit, Xavier Ribot - Gestes et techniques - Comment réaliser un pansement pour la face solaire du pied Yan Santinelli, Sandrine Boue, Xavier Ribot - Comment réaliser une injection intraveineuse sous garrot Yan Santinelli, Sandrine Boue, Xavier Ribot - L’administration loco-régionale d’un antibiotique Yan Santinelli, Sandrine Boue, Xavier Ribot

revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données :

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agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

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(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE - Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain - Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection par Marion Boidot, Coline Borel, Julie Cassagne, Claire Forgeard, Laurine Galand, Morgane Grall, Céline Molitor, Virginia Mottini, Benjamin Richard, Céline Vélu Test clinique - les réponses Tests de formation continue - les réponses

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CHEVAL ÂNE RUBRIQUE

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REVUE INTERNATIONALE

Ce numéro comprend un supplément Thérapeutique et médicaments vétérinaires - TMV

Observations et résultats originaux

Souscription d’abonnement en page 66

3

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol. 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 3


NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

Conseil scientifique

test clinique un cas d’hyperthermie persistante

Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Marc Gogny (ONIRIS) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage(VetAgro Sup) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)

Marie Nolf, Julien Olive, Émilie Segard, Susana Monteiro, Olivier Lepage, Jean-Luc Cadoré Clinéquine - E.N.V.L. 1, rue Bourgelat BP 83 69280 Marcy l’Étoile

Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (praticien) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)

Comité de rédaction Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, VetAgro Sup) Jean-François Bruyas (Reproduction, ONIRIS) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, ONIRIS) Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, VetAgro Sup) Céline Mespoulhès-Rivière (Chirurgie, E.N.V.A.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Roland Perrin (Chirurgie, praticien) Jean-Marc Person (Immunologie, ONIRIS) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Fabrice Rossignol (Chirurgie, praticien) François Valon (Médecine interne, praticien) Youssef Tamzali (Médecine interne, E.N.V.T.) Gestion des abonnements et comptabilité Vanessa De Oliveira - Marie Servent Mise en page - Infographie Thomas Dobrzelewski Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 38 € T.T.C CEE : 39 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0412 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081 Impression : ETC-INN Avenue des lions Ste-Marie des Champs B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 4 - FÉVRIER 2010

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U

ne jument selle français de 5 ans est consultée par un confrère parce qu’elle est abattue et qu’elle présente une bilirubinurie et une hyperthermie persistante depuis une semaine. Les mêmes symptômes ont été observés 4 mois auparavant.

Lors du 2nd épisode, notre confrère administre deux injections de Carbésia® (posologie inconnue). Aucune amélioration n’est observée suite à ce traitement.

À l’examen clinique que nous réalisons, la jument adopte souvent une position campée. La température rectale est normale (37,5°C).

Hospitalisée, de nombreux pics d’hyperthermie, jusqu’à 39°C, sont notés.

L’analyse hématologique et biochimique montre une leucocytose neutrophilique (17600 leucocytes/µL dont 86 p. cent de neutrophiles), une anémie (hématocrite 27 p. cent ; hémoglobine 9 g/dL) et une hyperfibrinogènémie (8,68 g/L).

La jument montre une expiration active. Un lavage broncho-alvéolaire (L.B.A.) est donc réalisé pour rechercher un foyer inflammatoire. Le résultat du L.B.A. suggère en priorité une maladie des petites voies respiratoires.

Une paracentèse abdominale permet de

comité de lecture Bruno Baup, Philippe Benoit, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Séverine Boullier, Christian Bussy, Eddy Cauvin, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Chuit (Suisse), Florent David (Canada), Isabelle Desjardins, Francis Desbrosse, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Claire Laugier,

Jean-Pierre Lavoie (Canada), Anne-Cécile Lefranc, Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jacques Monet, Emmanuelle Moreau, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Morgane Schambourg, Claire Scicluna, Brigitte Siliart, Mathieu Spriet (Canada), Christopher Stockwell, Etienne Thiry (Liège), Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.

1

Omentum flottant dans du liquide abdominal anéchogène dans la partie la plus crâniale de l’abdomen (photo clinéquine, E.N.V.L.).

recueillir un liquide inflammatoire neutrophilique et granulomateux (27 000 cellules nucléées/mm3 dont 82 p. cent de neutrophiles, 13 p. cent de cellules macrophagiques et 68 g/L de protéines totales). Cette inflammation est compatible avec une péritonite. 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 2 Quels examens complémentaires réaliser pour déterminer l’origine de cette hyperthermie ? 3 Quels traitements mettre en place ? Réponses à ce test page 65

Abonnez-vous en page 68 Pour tous renseignements : tél. (33)1 41 94 51 51 fax (33)1 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr


éditorial “Ce qui est rare est rare, et un cheval atteint d’une fièvre d’origine inconnue ne souffre pas d’une infection rare le plus souvent, mais d’une infection courante de présentation atypique !” ...

“D

octeur, mon cheval à une Piro.” Tel est, fréquemment, l'appel pour une consultation ou la formulation pour la tentative d'achat “du traitement salvateur”. Les circonstances sont souvent semblables : l’animal a refusé sa ration ; il présente une hyperthermie d'intensité variable généralement supérieure à 39°C, les muqueuses sont “sales” et il est parfois observé de “grosses pattes” ! Face à ce tableau clinique et dans ce contexte, de nombreux confrères ont, pour cette raison, surnommé ce syndrome : “piro-like“, nos enseignants lui ont préféré : fièvre isolée ou fièvre d’origine inconnue. Une réflexion confraternelle s'est engagée pendant plusieurs années dans le cadre de la commission maladies infectieuses de l’AVEF avec le concours du service de médecine de l’École nationale vétérinaire de Lyon. En effet, si les piroplasmoses à Babesia caballi ou à Theileria equi sont largement présentes en France, leur implication dans ce syndrome est très largement surestimée. Pour s’opposer à cette dérive simplificatrice et préjudiciable, il convient de proposer une démarche clinique et diagnostique bien comprise. La fièvre, qui ne doit pas être confondue avec l’hyperthermie au sens strict, est un mécanisme fréquent associé aux inflammations de toutes natures, mais elle est surtout présente lors d’infections bactériennes, virales ou parasitaires. La phase initiale de nombreuses infections se présente le plus souvent sans symptôme caractéristique et, lorsque les signes existent, ils nécessitent pour être identifiés une investigation clinique poussée dépassant largement l'usage du thermomètre ! D’autres infections évoluent à “bas bruit”. Enfin, l’apparition d’une fièvre isolée peut être particulièrement préoccupante dans certaines situations et notamment en milieu hospitalier, les infections nosocomiales sont toujours redoutées. Trop souvent, l’investigation initiale bien menée reste vaine et la question fatidique du propriétaire tombe : “qu’est-ce qu’il a ?”. La nature ayant horreur du vide et les propriétaires du silence, dans un contexte de concurrence parfois féroce, il est indispensable, en fonction du contexte médical et économique, des qualités du cheval, de son statut physiologique, des échéances sportives et du climat de confiance, de présenter une stratégie. Il est d’abord utile de se rappeler la parole de nos maîtres : “ce qui est rare est rare, et un cheval atteint d’une fièvre d’origine inconnue ne souffre pas d’une infection rare, mais d’une infection courante de présentation atypique !”. Il est indispensable de faire prendre conscience au propriétaire que dans la majorité des cas, seule la répétition des examens cliniques et complémentaires permet d’identifier des signes orientant le diagnostic. Cette démarche doit être expliquée pas à pas. Il est ensuite important de réaliser les bons prélèvements, au bon moment, et de demander les bonnes analyses qui sont correctement interprétées. Le développement des laboratoires de biologie équine est d’une aide considérable. Dès lors que le diagnostic de fièvre est établi, rares sont les situations où aucun traitement médical n’est institué, l’attente du propriétaire est forte ! L’objectif est de hâter la guérison, de limiter les complications et les séquelles sans nuire. Le suivi médical est là aussi indispensable pour s’assurer de la pertinence des choix thérapeutiques. L’épidémiologie clinique descriptive et analytique permet d’appréhender l’affection au sein de l’effectif dans l’espace mais aussi dans le temps, elle participe au diagnostic. Son objectif principal est l’analyse des sources probables de la maladie, de son mode de transmission et des facteurs de risque qui lui sont associés. Le recueil des informations épidémiologiques descriptives actualisées au plan régional, national et international pour les maladies infectieuses est d’une importance capitale, particulièrement pour les affections les plus redoutées. Le RESPE (réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine) répond à ce besoin. épidémiologie clinique précède, puis s’associe à la phase stratégique qui planifie les mesures permettant de limiter l’extension de la maladie. Cette procédure est indispensable pour répondre avec objectivité au risque de contagion ou de transmission aux chevaux et à l’homme (zoonose). ¿

L’

François Valon Clinique vétérinaire du Parc de Brières ZA des Pedras 44117 Saint André des Eaux

revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)• • Veterinary Bulletin (CAB International)

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agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 5


conduite à tenir face à une fièvre d’évolution chronique apparemment isolée chez le cheval adulte Sarah Ténédos1 Jean-Luc Cadoré2

1. IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Équitation) BP 207 49411 Saumur Cédex

La prise en charge d’un cheval présenté pour une fièvre d’évolution chronique apparemment isolée nécessite une démarche médicale absolument précise et rigoureuse. L’objectif est clair : la recherche de l’agent responsable pour un traitement causal spécifique.

2. Clinique équine, département hippique E.N.V.L., 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy l’étoile

Objectifs pédagogiques Savoir établir une démarche clinique et diagnostique face à une fièvre d’évolution chronique apparemment isolée. Savoir choisir les examens complémentaires en fonction des données recueillies. Connaître les modalités du traitement non spécifique d’une fièvre d’évolution chronique isolée.

Q

uoi de plus inconfortable pour un praticien que de recevoir un cheval en consultation parce qu’il “n’est pas comme d’habitude” ou parce qu’il “boude ses granulés”, et de se rendre compte que le seul symptôme apparent est une hyperthermie ? S’agit-il alors d’une hyperthermie au sens strict du terme, secondaire par exemple à un coup de chaleur ou s’agit-il d’un syndrome fébrile lié à une affection sous-jacente ?

L’hyperthermie vraie résulte d’une augmentation de la production de chaleur, de l’absorption de chaleur, ou d’une altération de la capacité de perte de chaleur [11, 14, 25] ; elle est abordée très rapidement dans cet article. Les cas de syndrome fébrile pour lesquels le seul symptôme est une hyperthermie ne sont pas des maladies rares, mais plutôt des affections banales associées à une présentation clinique inhabituelle [2, 14, 18, 25]. Confronté à ce type de cas, le clinicien doit préférer identifier et éradiquer la cause de ce syndrome fébrile, plutôt que mener une lutte aveugle contre ce signe clinique [2].

Ainsi, une démarche diagnostique rigoureuse semble indispensable face à un

Définitions

Une hyperthermie correspond à une élévation de la température corporelle ou d’une partie du corps au-dessus de la “normale”. La fièvre résulte d’une augmentation de la température corporelle engendrée par un déséquilibre à la hausse du “thermostat hypothalamique”. La fièvre est alors considérée comme un syndrome, avec une hyperthermie comme symptôme majeur, mais dans lequel une anorexie, une tachypnée ou encore une tachycardie sont fréquemment associées.

COMMENT DÉFINIR UNE “FIÈVRE D’ÉVOLUTION CHRONIQUE APPAREMMENT ISOLÉE” Le “thermostat hypothalamique” Les équidés sont homéothermes : ils sont capables de maintenir une température corporelle centrale constante, indépendamment du milieu extérieur, grâce à un système de thermorégulation performant [11, 14, 25]. La température centrale du cheval adulte est située entre 37,5 et 38,5°C ; la température rectale est la température la plus proche de la valeur de la température centrale [11, 14]. Des variations de l’ordre de 1°C sont observées au cours de la journée, avec typiquement un pic de température en fin de journée [14].

Le centre responsable du maintien de la température corporelle se situe dans la région préoptique de l’hypothalamus antérieur ; il se comporte comme un “thermostat“ qui maintient la température du noyau central à une valeur de consigne, et déclenche des réponses de thermolyse ou de thermogénèse, en fonction des variations détectées par les thermorécepteurs [10, 11, 14, 16, 19, 25].

L’hyperthermie versus la fièvre Une hyperthermie correspond à une élévation de la température corporelle ou d’une partie du corps au-dessus de la “normale” [10, 19]. Elle est secondaire à une

Tableau 1 - Les principales causes pathologiques d’hyperthermie vraie chez le cheval [10, 11, 14, 16, 19, 25] Mécanismes mis en jeu

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

6

Situations cliniques - Syndrome convulsif généralisé - Hyperthermie maligne

Production excessive de chaleur

- Intoxication aux composés phénolés - Hyperthermie liée à l’exercice - Paralysie hyperkaliémique périodique

Absorption excessive de chaleur

- Coup de chaleur

Atteinte de la capacité de perte de chaleur

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 6 - FÉVRIER 2010

syndrome fébrile chronique, mais la reconnaissance du syndrome fébrile, tout d’abord explicitée dans cet article est l’étape préliminaire.

- Anhidrose - Lésion hypothalamique antérieure


conduite à tenir face à une fièvre aiguë isolée approche pratique chez le cheval adulte Lors de fièvre aiguë isolée, identifier son origine et mettre en œuvre des thérapeutiques adaptées, raccourcit la période de convalescence sans nuire, diminue les séquelles et la mortalité et permet de limiter la morbidité dans l’effectif.

É

tablir l’étiologie d’une fièvre aiguë isolée constitue souvent un défi pour le praticien. La fièvre aiguë isolée peut être définie comme une augmentation brutale de la température rectale au delà de son seuil de normalité, sans symptôme ou signe clinique caractéristique de l’affection d’un appareil. Plusieurs chevaux dans un effectif peuvent présenter des fièvres isolées. Cette fièvre peut évoluer pendant une à deux semaines ; au delà, elle est considérée comme chronique et d’origine indéterminée*.

Il est indispensable de distinguer l’hyperthermie au sens strict du syndrome fièvre dont l’hyperthermie représente un signe clinique majeur.

La fièvre est une élévation de la température corporelle, suite au dérèglement du thermostat hypothalamique, conséquence rare d’un dysfonctionnement neurologique ou sous l’effet courant de substances pyrogènes endogènes et/ou exogènes [9, 28]. QUELLES ORIGINES POSSIBLES ?

La fièvre peut avoir pour origine une cause infectieuse, néoplasique, immune, inflammatoire ou toxique [1, 9].

La plupart des agents responsables de fièvres chroniques peuvent être impliqués. En réponse à une infection bactérienne, virale ou parasitaire, l’organisme déclenche une réaction immunitaire qui, dans une majorité des cas, permet sa résolution.

En cas de processus aigu, des symptômes ou des signes cliniques et biologiques apparaissent ou se modifient. Des examens cliniques et complémentaires de base répétés doivent permettre d’identifier des signes qui orientent le diagnostic [1].

François Valon Isabelle Daguin-Gervais Clinique vétérinaire du Parc de Brières ZA des Pedras 44117 Saint André des Eaux

Objectifs pédagogiques

1

La tique Ixodes ricinus transmet la maladie de Lyme ; elle est aussi le vecteur de l’anaplasmose granulocytaire. Ixodes ricinus femelle (photos M. L’Hostis).

2

Ixodes ricinus Mâle.

La fièvre est fréquemment associée aux affections tumorales chez le cheval, particulièrement dans les cas de lymphome [20]. Dans ce cas, des signes digestifs (malabsorption, perte d'état) et/ou thoraciques associés à des syndromes paranéoplasiques (hypercalcémie) sont en général présents.

Les fièvres associées à des réactions immunitaires chez le cheval sont souvent secondaires à des infections ou à des toxiques. Aussi, cet article est essentiellement consacré à l’étude des fièvres d’origine infectieuse. Les origines toxiques et iatrogènes sont évoquées.

L’objectif est de proposer une démarche diagnostique bien comprise pour une prise en charge efficace du cheval. Après un rappel des définitions et des mécanismes physiopathologiques (encadré 1) sont développés les données du diagnostic différentiel, le recueil de l’anamnèse, l’examen clinique, puis l’épidémiologie clinique, le diagnostic de laboratoire, et le traitement.

NOTE* cf. L’article “Conduite à tenir face à une fièvre d’évolution chronique apparemment isolée chez le cheval adulte” de S. Ténédos et J.-L. Cadoré dans ce numéro.

Connaître la démarche clinique et diagnostique face à une fièvre d’évolution aiguë, apparemment isolée. Savoir identifier les pathogènes impliqués lors de ce syndrome et choisir les examens complémentaires. Connaître les modalités du traitement spécifique et non spécifique d’une fièvre Le 1er prix d’évolution aiguë éditorial 2008 isolée.

Définition La fièvre aiguë isolée peut être définie comme une augmentation brutale de la température rectale, au delà de son seuil de normalité, sans symptôme ou signe clinique caractéristique de l’affection d’un appareil.

Essentiel Distinguer l’hyperthermie au sens strict du syndrome fièvre, dont l’hyperthermie représente un signe clinique majeur.

CHEVAL

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 15


comment interpréter et gérer une modification de la température corporelle du cheval pendant la période péri-opératoire

Francis Desbrosse Roland Perrin Thomas Launois Laurent Brogniez Jean-Michel Vandeweerd Clinique Equine 1, rue des Champs La Brosse 78470 Saint-Lambert-des-Bois

Objectif pédagogique Savoir adapter la prise de décision médicale et chirurgicale en fonction des modifications de la température corporelle du cheval en période péri-opératoire.

L

a conduite à tenir face à des modifications de la température corporelle du cheval pendant la période péri-opératoire diffère selon la cause. Les signes cliniques et des examens complémentaires adaptés (bilan sanguin, analyse des gaz sanguins, examens bactériologiques, ...) permettent de la déterminer. Cet article présente, sous forme de tableaux, un guide de la prise de décision médicale et chirurgicale en fonction des différentes situations observées.

Essentiel L’examen pré-opératoire et la prise de température sont des gestes très importants à réaliser dans de bonnes conditions. L’évolution de la température est à surveiller très attentivement. Considérée comme normale dans la littérature, 38°C est une valeur charnière.

CHEVAL

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 26 - FÉVRIER 2010

Déterminer la température rectale constitue un examen simple, très utile dans la prévention et la gestion des troubles rencontrés en période périopératoire. Il est possible de structurer l’interprétation de ses variations autour d’une valeur charnière de 38 degrés celcius.

MESURER L’ÉVOLUTION DE LA TEMPÉRATURE, DES SIGNES CLINIQUES ET BIOLOGIQUES

banal, souvent délégué, alors qu’il est très important.

En cas d’anomalie lors de cet examen initial, l’intervention chirurgicale peut être retardée. Si aucune anomalie n’est constatée, la température sert de valeur de référence initiale. L’examen, la prise de température, et la prise de sang ne se pratiquent pas “à la descente du camion”, mais au box lorsque le cheval s’est habitué à l’environnement. Ceci demande en général au moins 20 minutes.

Plus que la valeur de la température, c’est sa cinétique qui est utile. Il est donc conseillé d’établir une courbe car celle-ci permet de visualiser rapidement cette évolution.

En routine, le rythme de la prise de température chez un cheval hospitalisé est bijournalier (matin et soir). En revanche, 3 heures après un résultat anormal, il est utile de reprendre la température. Par exemple, une anomalie détectée le matin induit un contrôle à midi, et un contrôle à minuit, si elle a été détectée en soirée. 38°C : une valeur charnière

Face à un animal hospitalisé, l’évolution de la température et celle des signes cliniques et biologiques associés sont à prendre en compte depuis le stade pré-opératoire jusqu’au stade post-opératoire. Ces signes ont une signification qui permet d’établir un diagnostic et de mettre éventuellement en œuvre une thérapeutique, de prendre les bonnes décisions dans l'intérêt des chevaux, de leurs propriétaires et de nos structures hospitalières, car, grâce à la surveillance de la température, un risque infectieux nosocomial peut être rapidement détecté* [3].

L’examen initial pré-opératoire est déterminant. La prise de température est un acte

Bien que la valeur de 38°C soit considérée comme normale dans la littérature [1], le tableau 1 indique qu’elle constitue une valeur charnière.

Elle peut être associée à une activité musculaire inhabituelle au box (cheval qui tourne en rond, par exemple) et à un état de stress, mais aussi à un état inflammatoire ou à une pathologie subclinique.

Dès lors, une valeur de 38°C dans le cadre de la période péri-opératoire doit inciter à la prudence. Elle nécessite une analyse de sa cinétique (augmente-t-elle ou diminue-t-elle ?) et la réalisation d’examens sanguins complémentaires (détection d’un état inflammatoire ou infectieux).

NOTE

Entre 38°C et 38,5°C

* cf. l’article “Les infections nosocomiales : comment les reconnaître et les gérer dans une structure hospitalière équine”, de Roland Perrin, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine Hors-Série 2008;5:242-8.

26

Si la une température est située entre 38°C et 38,5°C, elle n’est pas nécessairement liée à un état infectieux, mais peut refléter un état de douleur ou d’inflammation (inflammation du site chirurgical,


attitude du praticien

face à une hyperthermie résultats d’une enquête épidémiologique La piroplasmose est, en général, la 1re cause envisagée lors d’hyperthermie isolée chez un équidé. Il existe de nombreuses autres causes : infectieuses, inflammatoires, immunitaires, néoplasiques. Les praticiens sont en attente d’informations actualisées sur ce syndrome hyperthermie. Une enquête a donc été menée auprès de confrères, praticiens sentinelles de l’AVEF, de mai 2007 à janvier 2008.

L’

hyperthermie est un signe clinique précoce mais très peu spécifique chez les équidés. Lorsqu’elle est identifiée, elle fait généralement l’objet d’investigations complémentaires pour en déterminer plus précisément l’origine. Des traitements symptomatiques sont alors mis en place.

Depuis plusieurs années, lors des réunions de la commission maladies infectieuses de l’AVEF, les praticiens débattent des maladies impliquées dans le syndrome fièvre isolée, de leur diagnostic et de leur traitement. Si, pour un certain nombre d’entre eux, une infection par les piroplasmes ne fait aucun doute, pour d’autres, le diagnostic étiologique est difficile à établir (photo 1). Toutefois, face à une fièvre apparemment isolée, un traitement basé sur l’imidocarbe (Carbésia®), seule molécule disponible en France contre les piroplasmes, est souvent administré, associé ou non à des anti-infectieux. C’est pour cette raison que l’appellation syndrome “piro-like” est fréquemment utilisée.

Afin de mieux connaître ce syndrome, la majorité des participants à cette commission a souhaité établir la liste des agents pathogènes potentiellement impliqués dans cette affection, décrire leur épidémiologie et élaborer une démarche diagnostique.

Cette commission maladies infectieuses a donc proposé aux organisateurs du congrès

Céline Chadufaux1 François Valon2 Jean-Luc Cadoré3 1. Ancien interne du département hippique E.N.V.L.vétérinaire itinérante, 33290 Le Pian Médoc 2. Clinique vétérinaire 44117 St André des Eaux 3. Clinique équine, département hippique E.N.V.L., 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy l’étoile

Objectif pédagogique Connaître la démarche des praticiens lors d’hyperthermie isolée chez un équidé et leur attente.

1

Photographies de Piroplasmose à Babesia sp. dans des hématies. (Photo C. Chadufaux, Laboratoire d’hématologie ENVL)

annuel de l’AVEF une session “piro-like” qui a été programmée à Deauville en octobre 2007.

Au préalable, il a été convenu de réaliser un “état des lieux”, grâce à un questionnaire envoyé aux praticiens, afin d’évaluer leur attitude vis-à-vis de ce syndrome et de mieux connaître leurs interrogations. Cet article propose une synthèse sur les informations obtenues.

Le 1er prix éditorial 2008

Définition On entend par syndrome “fièvre isolée” ou “piro-like “, une température supérieure à 38,5° C, avec éventuellement des muqueuses pâles, mais sans autre signe clinique majeur, et notamment respiratoire.

SUJETS, MATÉRIEL ET MÉTHODES L’enquête a été réalisée entre mai 2007 et janvier 2008 en utilisant le questionnaire élaboré par la commission des maladies infectieuses de l’AVEF (encadré ci-après).

Les 124 vétérinaires interrogés, pour la majorité vétérinaires sentinelles impliqués dans le R.E.S.P.E. (réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine), sont membres de cette association. Ils ont été contactés d’abord par téléphone, une ou plusieurs fois, puis par courriel et par courrier.

Essentiel La piroplasmose est la première cause d’hyperthermie évoquée.

CHEVAL

RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE Nombre de réponses Sur les 124 vétérinaires interrogés, 58 ont répondu au questionnaire, cinq ne pratiquent plus en clientèle équine ou pensent ne pas avoir vu de cas de piroplasmose,

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

31

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 31


observation clinique herpèsvirus

observation originale

et fièvre isolée chez le cheval

Les herpèsvirus peuvent-ils ne se manifester que par de l’hyperthermie, sans symptomatologie identifiée ? C’est à cette question que cette observation clinique se propose de répondre.

U

n cheval selle français entier de 7 ans de très bon niveau CSO vit dans une écurie de 70 chevaux, dont 30 de bon niveau de CSO. Ces chevaux bénéficient régulièrement de paddock en herbe, ils vont en promenades en extérieur, et ont des sorties régulières pour des concours.

Les symptômes sont apparus chez ce cheval depuis 12 heures. On note une hyperthermie à 40°C, des muqueuses pâles et très légèrement ictériques, le transit digestif est conservé mais l’animal refuse sa ration.

Les autres chevaux de l’écurie ne présentent pas ou n’ont pas présenté de syndrome infectieux. Ce cheval est vacciné contre la grippe et la rhinopneumonie HVE-1 tous les 6 mois. Le dernier rappel vaccinal a été réalisé 2 mois auparavant.

Des facteurs de risques sont identifiés. Ce cheval a été examiné dans une clinique “étrangère” pour raideur, 6 jours avant son pic thermique, il a reçu une mésothérapie (avec un cocktail de produits médicamenteux de composition inconnue, mais contenant des corticoïdes). HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES Les hypothèses diagnostiques émises sont : une fièvre aiguë isolée d’origine compatible avec une maladie infectieuse vectorielle (notamment piroplasmose aiguë, anaplasmose), ou une infection virale. TRAITEMENT Un traitement est tout de suite mis en œuvre : - Imidocarb (Carbésia®) 10 ml / I.M.,1 injection ; - Estocelan® 25 ml / I.V., 1 injection ;

François Valon Clinique vétérinaire du Parc de Brières ZA des Pedras 44117 Saint André des Eaux

- Ceftiofur (Excenel®) 1 g en I.M. 1 fois par

Objectifs pédagogiques

jour, pendant 8 jours.

Connaître les hypothèses diagnostiques lors de syndrome fièvre aiguë isolée chez le cheval. Connaître dans cette situation les examens complémentaires à réaliser.

LES 1res ANALYSES BIOLOGIQUES

Des analyses hématologiques et biochimiques sont effectuées pour orienter le diagnostic.

Une anémie et une thrombopénie peu marquée sont notées, on observe une numération et une formule leucocytaire normales, ainsi qu’une bilirubine totale dans la limite maximale.

ÉVOLUTION

Le 1er prix

L’évolution se révèle favorable, la température redevient normale en 24 h, le cheval mange à nouveau mais il est fatigué.

Compte tenu de cette évolution, l’antibiothérapie est poursuivie, sans autre modification.

Une ration alimentaire adaptée à un cheval au repos est administrée, l’exercice est limité à des promenades au pas.

éditorial 2007

ANALYSES BIOLOGIQUES COMPLÉMENTAIRES

Signes cliniques Hyperthermie à 40°C Muqueuses pâles et très légèrement ictériques Refus de la ration Transit digestif conservé

Des analyses biologiques complémentaires sont réalisées pour établir le diagnostic (analyses spécifiques) : 1. des analyses sérologiques : - Theileria equi et Babesia caballi par la méthode d’immunofluorescence indirecte (IFI) : celles-ci se révèlent négatives. - L’analyse sérologique Erhlichiose par la méthode ELISA est aussi négative. - La sérologie HVE-1par réaction de fixation du complément (R.F.C) est, en revanche, positive au 1/32. 2. La recherche Theileria equi et Babesia caballi par amplificationgénique (P.C.R) : les résultats sont négatifs.

Hypothèses diagnostiques Piroplasmose aiguë Anaplasmose Infection virale

BILAN BIOLOGIQUE DE CONTRÔLE

CHEVAL

À 2 semaines, le bilan biologique de contrôle indique une normalisation des paramètres biologiques, la persistance d’une thrombocytopénie modérée.

Une séroconversion HVE-1 est observée (1/32 au 1/128).

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 35


particularité de l’hyperthermie et de la fièvre d’origine à déterminer Ahmed Chabchoub Amel El Goulli Derouiche

chez l’âne Tous les systèmes de l’organisme de l’âne peuvent être affectés par un processus pathologique associé à de l’hyperthermie ou à de la fièvre.

Objectifs pédagogiques Connaître les particularités de l’hyperthermie et de la fièvre d’origine à déterminer chez l’âne. Savoir adapter la thérapeutique à cette espèce.

C

et article présente les particularités cliniques, l’étiologie majeure de l’hyperthermie et de la fièvre, les examens complémentaires à réaliser, ainsi que ce qui différencie l’abord thérapeutique de la fièvre chez l’âne. Nous relatons successivement les particularités des principales entités pathologiques rencontrées chez l’âne. LA TEMPÉRATURE NORMALE CHEZ L'ÂNE ET SES VARIATIONS

L’âne est un animal homéotherme. Sa température corporelle varie entre 36,5°C et 37,7°C, avec une moyenne de 37,1°C [7]. Cette température dépend de divers facteurs que le clinicien doit prendre en considération : 1. l’influence du moment de la journée : la température corporelle augmente avec l'heure de la journée en indiquant un cycle circadien [4, 5] ; 2. la température rectale varie selon la température ambiante. En effet, les heures durant lesquelles la température corporelle est maximale chez l’âne coïncident avec les heures où la valeur de la température ambiante est la plus élevée. Il existe des heures de la journée qui sont potentiellement stressantes pour les ânes ; 3. les conditions météorologiques pendant une saison imposent des changements importants dans la température rectale des ânes, ceux-ci indiquent un facteur de stress thermique qui nécessite une réponse de l’organisme pour le maintien de l'homéostasie ; 4. les variations individuelles dans les valeurs de la température rectale sont attribuées aux différentes réponses physiologiques individuelles vis-à-vis des conditions météorologiques au cours d’une saison. De plus, divers facteurs comme le sommeil,

Service de pathologie médicale des équidés et carnivores École nationale de médecine vétérinaire Sidi-thabet 2020 Tunisie

1

Poches gutturales chez un âne atteint d’une grippe équine dans sa forme de surinfection bactérienne : abcédation des nœuds lymphatiques de l’auge (photo A. Chabchoub).

les repas et la posture, peuvent influer sur la température du corps.

Face à ces divers facteurs de variations, plus que les autres équidés, l’âne possède la capacité de permettre à la température du corps de fluctuer loin de la valeur normale [4, 7].

La température corporelle moyenne est maintenue constante grâce à une régulation soigneuse de l’équilibre entre la production de chaleur et le contrôle de la perte de chaleur.

L’augmentation de la fréquence respiratoire favorise la perte de chaleur par évaporation. La polypnée associée à la transpiration sont les moyens les plus importants par lesquels l'âne perd de la chaleur et maintient une température normale de son organisme.

Les troubles de la régulation thermique peuvent être en rapport avec les hyperthermies non fébriles dans lesquelles une élévation de la température du corps au-dessus de la normale est notée. Cette élévation serait alors sous l’effet d’une production excessive de la chaleur, ou encore liée à une insuffisance d’élimination des calories provoquée par des causes purement physiques telles que l’hyperthermie d’ambiance (coup de chaleur, hyperthermie d’exercice, …).

L’hyperthermie peut aussi être due à des désordres métaboliques. Par opposition, dans le cas de l’hyperthermie fébrile, la fièvre est liée à un dérèglement central de la thermorégulation associant ainsi hyperthermie et troubles généraux.

Essentiel Différents facteurs peuvent faire varier la température corporelle de façon naturelle : - le moment de la journée ; - la température ambiante ; - les conditions climatiques ; - le degré d’activité. Chez l’âne, la température corporelle peut fluctuer plus loin de la valeur normale que chez les autres équidés. Les troubles de la régulation thermique peuvent être en rapport avec les hyperthermies non fébriles. L’hyperthermie peut aussi être due à des désordres métaboliques.

ÂNE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 39


observation originale

observation clinique une dent incluse chez un cheval de 4 ans

Benoît Tainturier1 Pierre Chuit2 Xavier Ribot1

Une sinusite unilatérale chez le jeune cheval, peut être liée à une affection dentaire provoquée par une dent incluse. Ce cas clinique présente un défaut d’éruption d’une molaire adulte sur un cheval de 4 ans et développe un exemple de traitement médical et chirurgical.

L

1. 18 bd Henri IV 75181 Paris cedex 04 2. 24 chemin de Pacoty, 1297 Founex, Suisse

Objectifs pédagogiques

1

es affections dentaires sont fréquentes chez le jeune cheval de l’âge de 5 mois à 5 ans, correspondant à la période d’éruption des dents adultes. Elles peuvent concerner les dents déciduales (rétention d’une coiffe), ou les dents définitives (éruption anormale d’une dent adulte), les affections sont en général mineures sur les dents déciduales alors que sur les dents définitives, les conséquences cliniques sont sévères.

Les symptômes cliniques vont de la simple difficulté à la mastication jusqu’aux signes tels que halitose, œdème jugal, ou sinusite [1, 15].

Le cheval présente un jetage nasal droit purulent et nauséabond, récidivant depuis plus de 2 mois (Photo B. Tainturier).

ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS

EXAMEN CLINIQUE

Un cheval hongre selle français de 4 ans est présenté à la consultation pour une sinusite survenue 9 semaines auparavant.

Le cheval a d’abord présenté un jetage unilatéral droit, purulent et nauséabond, associé à une halitose sans aucune phase d’hyperthermie.

Le 1er examen de la cavité buccale, réalisé par le praticien traitant, a révélé une anomalie de la dernière molaire supérieure droite (dent n° 111 selon la numérotation de Triadan [16]). La dent semblait coupée en deux et un morceau de la dent était mobile. Ce fragment de la dent 111 a été ôté facilement à l’aide d’une longue pince ; il présentait une odeur proche de celle du jetage. Cette dent n’a pas nécessité de traitement spécifique, mis à part un nivellement dentaire en raison de l’irrégularité de la table dentaire.

Une antibiothérapie a été administrée à base de pénicilline procaïne 14 000 UI/kg en IM deux fois par jour pendant 5 jours, suivie de sulfadiméthoxine 30 mg/kg et de triméthoprime 7 mg/kg par voie orale deux fois

L’examen clinique révèle : - un jetage nasal unilatéral droit muco-purulent, persistant et nauséabond, associé à une halitose (odeur de fourrage en fermentation) (photo 1) ; - une déformation du compartiment rostral du sinus maxillaire droit, en regard des dents jugales droites (projection des dents 108 et 109) (photo 2) ; - une matité à la percussion du sinus maxillaire droit ; - un appétit normal ; - un bon état général avec un poids de 570 kg (mesuré) ; - une température rectale de 37,6 °C.

Ces observations permettent de suspecter une sinusite maxillaire droite.

Un examen complet de la cavité buccale est réalisé sous tranquillisation (détomidine 7 µg/kg et butorphanol 17 µg/kg en IV). Cet examen révèle la présence d’un diastème (espace anormal entre deux dents) entre les deux dernières molaires supérieures droites (dents 110 et 111). Le diastème est comblé par du fourrage en putréfaction. Un fragment

par jour pendant 15 jours.

Au terme de ce traitement, le jetage nasal est résorbé, mais il réapparait 2 semaines plus tard. Le praticien prescrit alors une 2de antibiothérapie à base de sulfadiméthoxine 30 mg/kg et de triméthoprime 7 mg/kg par voie orale deux fois par jour pendant 4 semaines.

Devant la persistance du jetage, le cheval nous est adressé en consultation.

Connaître le diagnostic différentiel lors de jetage unilatéral chez le jeune cheval. Savoir mettre en place un traitement médical et chirurgical adapté lors de sinusite unilatérale Le 1er prix due à une inclusion éditorial 2007 dentaire.

Essentiel La principale cause de jetage unilatéral chez le cheval est la sinusite, primaire ou secondaire à une affection dentaire maxillaire. Le diagnostic clinique d’une inclusion dentaire repose sur un examen détaillé de la cavité buccale et un examen radiographique.

RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 45


gestes et techniques

comment réaliser un pansement pour la face solaire du pied

Yan Santinelli Sandrine Boue Xavier Ribot

Un pansement de pied doit être relativement facile à changer quotidiennement. Voici la solution que nous avons adoptée.

Service vétérinaire de la Garde Républicaine S.S.A. Ministère de la Défense 18, boulevard Henri IV Quartier des Célestins 75181 Paris Cedex 04

E

Objectif pédagogique Savoir réaliser un pansement pour la face solaire du pied chez le cheval.

5

L’appui est facilité par la cale en cas d’intolérance à l’hyperextension du pied (photos Y. Santinelli).

Essentiel Pour protéger la face solaire, le pansement doit à la fois être étanche et très résistant. En cas d’intolérance à l’extension du pied, fixer une cale en bois sous les talons permet de soulager et d’améliorer la locomotion du cheval.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 52 - FÉVRIER 2010

n contact permanent avec la litière, le pied d’un cheval est une zone très difficile à protéger des souillures et de l’humidité.

Pour protéger la face solaire, le pansement doit être à la fois étanche, mais aussi très résistant, pour ne pas se déchirer sous le poids du cheval.

La partie absorbante du pansement est constituée de compresses hydrophiles. La protection contre l’humidité extérieure est assurée au moyen d’une couche épaisse de coton cardé hydrophobe. L’ensemble est fermement maintenu contre la face solaire du pied par une plaque métallique vissée au fer par cinq mortaises : une en pince, une sur chaque mamelle, et une sur chaque éponge (photo 1).

L’ensemble du dispositif est emballé dans de l’Élastoplaste®. Ceci améliore l’étanchéité du pansement et permet, en remontant jusqu’au boulet, de faire la jonction avec le pansement du site d’une éventuelle injection sous garrot (photo 2). Pour faciliter le retrait de l’Élastoplaste®, il est recommandé d’intercaler entre la peau et ce dernier une bande non adhésive type Velpeau®.

En cas d’intolérance à l’extension du pied, il est possible de soulager et d’améliorer la locomotion du cheval en fixant une cale en bois sous les talons (photos 3, 4, 5). Il convient de chanfreiner la cale, afin qu’elle vienne “mourir” en pince. La longueur des deux vis maintenant la cale et la plaque métallique aux éponges du fer doit être adaptée.

L’utilisation d’une cale en bois offre plusieurs avantages : 1. le bois est une matière simple à travailler. Il est donc facile d’adapter la hauteur de la cale en fonction de l’évolution clinique du cheval ; 2. l’élévation des talons soulage la douleur liée à l’extension du pied ; 3. la cale surélève la face solaire et contribue ainsi à mieux la protéger la plaie de la litière. ¿

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1

Parage de la plaie sous anesthésie générale (photos Y. Santinelli).

2

Cheval debout avec pansement complet (élastoplaste).

3

Fixation de la plaque métallique au fer.

4

Fixation d’une cale en bois sous le fer et la plaque.


gestes et techniques comment réaliser une injection intraveineuse sous garrot

Yan Santinelli Sandrine Boue Xavier Ribot

L’injection intraveineuse sous garrot est une technique utilisée pour concentrer un principe actif dans les parties distales d’un membre.

Service vétérinaire de la Garde Républicaine S.S.A. Ministère de la Défense 18, boulevard Henri IV Quartier des Célestins 75181 Paris Cedex 04

P

our réaliser une injection intraveineuse sous garrot, le but est de réaliser cette injection dans l’une des deux veines digitales du pied après avoir posé un garrot proximalement au site d’injection. Cela empêche la substance administrée de diffuser immédiatement dans la circulation générale. Plus le garrot est placé distalement sur le membre, plus la concentration du principe actif injecté est importante en aval.

Pour permettre une bonne diffusion du principe actif dans le membre, il est nécessaire que la solution injectée soit suffisamment volumineuse (50 à 60 ml).

Il convient de diluer la solution injectable choisie avec un soluté isotonique stérile, comme du sérum physiologique ou du ringer lactate. La dilution permet : - un bon “remplissage” de la vascularisation du pied ; - réduit l’irritation veineuse induite par la solution injectée ; - et améliore sa tolérance. LE MATÉRIEL NÉCESSAIRE Pour ce faire, le matériel utile comprend : - un garrot en caoutchouc ou une bande d’Esmarch ; - une aiguille épicranienne 0,8 x 25 ; - une seringue de 60 ml ; - une seringue de 5 ml ; - une aiguille 0,5 x 15 (pour l’anesthésie locale) ; - quelques compresses et de la bande adhésive type Élastoplaste® pour faire le pansement après l’intervention (photo 1). LA PRÉPARATION DU CHEVAL Pour réaliser cette injection intraveineuse sous garrot, il convient de tondre le cheval et d’effectuer une préparation chirurgicale de la zone de l’injection.

Objectif pédagogique Savoir réaliser une injection intraveineuse sous garrot chez le cheval.

1

Matériel nécessaire pour la réalisation d’une injection intraveineuse sous garrot.

Le 1er prix éditorial 2008

2

Méthode de contention lors de réalisation d’une injection intraveineuse sous garrot sur un postérieur.

Essentiel

Pour travailler dans de bonnes conditions de sécurité et améliorer la tolérance du garrot, il est préférable de tranquilliser l’animal. Un alpha 2 agoniste comme la xylazine (0,15 à 0,3 mg/kg) peut être utilisé pour ses effets à la fois sédatifs et antalgiques. En raison de l’hyperesthésie cutanée qu’elle provoque parfois, il convient d’éviter l’emploi de la détomidine lors d’injection sur les postérieurs.

Il est possible d’associer des opiacés (nalbuphine, tartrate de butorphanol, morphine) si le garrot est mal toléré par l’animal mais cela ne s’impose pas de façon systématique.

Afin d’éviter une réaction brutale du cheval lors du cathétérisme de la veine digitale,

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L’injection intraveineuse sous garrot est effectuée dans l’une des deux veines digitales du pied. Tranquilliser l’animal pour travailler dans de bonnes conditions de sécurité et améliorer la tolérance du garrot.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 53


gestes et techniques l’administration loco-régionale d’un antibiotique

L’

administration loco-régionale d’un antibiotique peut être effectuée par voie intra-synoviale, par des implants imprégnés d’antibiotiques, par voie intra-osseuse ou par voie intra-veineuse sous garrot. PAR VOIE INTRA-SYNOVIALE L’administration d’antibiotique par voie intra-synoviale chez le cheval est souvent réalisée après un lavage articulaire.

Les injections dans une articulation ou dans une gaine synoviale peuvent être réalisées par des ponctions à l’aiguille fine répétées une fois par jour, ou à l’aide d’un drain laissé en place.

L’amikacine (500 mg à 1 g), la pénicilline sodique (2 à 5 millions d’UI), la gentamicine (200 à 500 mg), le ceftiofur (500 mg) et l’enrofloxacine (500 mg) ont été utilisés par différents auteurs. Cette dernière est déconseillée en raison de sa toxicité pour le cartilage.

Des pompes reliées à des cathéters intrasynoviaux, permettant une délivrance d’antibiotique presque continue, ont été testées, mais nécessitent des soins très lourds.

AVEC DES IMPLANTS IMPRÉGNÉS D’ANTIBIOTIQUES Les implants imprégnés d’antibiotiques mis au contact de la zone infectée sont le plus souvent irrésorbables (polyméthylméthacrylate).

Le plâtre de Paris peut servir d’implant imprégné à résorption rapide.

Il existe également des “éponges” de collagène imprégnées de gentamicine ; elles libèrent leur principe actif pendant 15 jours.

Le taux d’élution de l’antibiotique dépend de la surface de polymère en contact avec les tissus. En général, l’antibiotique représente 5 p. cent du poids du polyméthylméthacrylate (par exemple : 0,5 g d’amikacine pour 10 g de polyméthylméthacrylate).

Les nombreux antibiotiques utilisés doivent être stables à 100°C, pour permettre la polymérisation. Les plus courants sont la gentamicine et l’amikacine.

Les implants peuvent être préparés juste avant la chirurgie ou stérilisés et stockés. Ils peuvent être laissés en place si aucune gêne n’est révélée. Ils ne doivent pas être mis dans une articulation, car ils sont abrasifs pour le cartilage.

Yan Santinelli Sandrine Boue Xavier Ribot Service vétérinaire de la Garde Républicaine S.S.A. Ministère de la Défense 18, boulevard Henri IV Quartier des Célestins 75181 Paris Cedex 04

PAR VOIE INTRA-OSSEUSE L’injection d’antibiotique par voie intraosseuse est réalisée sous garrot (maintenu 30 min après l’injection), dans la cavité médullaire d’un os long. L’os peut être foré à l’aide d’une vis creuse, à travers laquelle la préparation est instillée. Une aiguille à perfusion intra-osseuse de pédiatrie peut être utilisée.

L’emploi de pénicilline, d’ampicilline, de gentamicine et d’amikacine a été décrit. La dose “systémique” de l’antibiotique est souvent diluée dans un volume de 30 à 60 ml de chlorure de sodium isotonique ou de Ringer lactate. Le tout est injecté lentement, en 10 min.

Cette voie est une alternative intéressante lors d’œdèmes importants ou d’infections cutanées, qui empêchent l’injection dans les vaisseaux superficiels pour réaliser une perfusion intra-veineuse sous garrot.

PAR VOIE INTRA-VEINEUSE SOUS GARROT

Lors d’injection par voie intra-veineuse sous garrot, un petit cathéter (ou une aiguille épicranienne 0,8 x 25) est introduit dans une veine superficielle, après préparation chirurgicale du site de ponction et pose d’un garrot proximalement (ou deux garrots : un proximal et un distal selon la zone à traiter). Le garrot est laissé en place 30 minutes après l’injection*.

Les antibiotiques les plus couramment utilisés pour cette voie sont la gentamicine, l’amikacine et le ceftiofur. La vancomycine et l’enrofloxacine ont également été testées. Cette dernière entraîne des vasculites, elle n’est donc pas conseillée. La dose d’antibiotique et le volume de dilution à utiliser varient selon les auteurs.

Entre un tiers et la moitié de la dose systémique (parfois jusqu’à 100 p. cent) de l’antibiotique est dilué dans 30 à 60 ml de chlorure de sodium isotonique ou de Ringer lactate (parfois jusqu’à 120 ml), en fonction de la zone à traiter.

Les injections sont répétées toutes les 24 à 48 h, de 3 à 6 fois en général.

Ce geste peut être réalisé sur cheval debout sédaté. ¿

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Objectif pédagogique Savoir réaliser une administration loco-régionale d’un antibiotique chez le cheval.

Le 1er prix éditorial 2008

NOTE * cf. “Comment réaliser une injection intraveineuse sous garrot chez le cheval”, des mêms auteurs dans ce même numéro.

Essentiel Les antibiotiques couramment utilisés sont : - par voie intra-synoviale, l’amikacine, la pénicilline sodique, la gentamicine, le ceftiofur et l’enrofloxacine ; - pour les implants, la gentamicine et l’amikacine ; - lors d’injection intra-osseuse, la gentamicine et l’amikacine ; - par voie intraveineuse sous garrot, la gentamicine, l’amikacine et le ceftiofur.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 55


revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 Jean-Philippe Germain2 1 Pôle équin E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Clinique

vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

les articles parus classés par thème dans les revues - Equine Veterinary Journal (Equine Vet J) ............................................................................. 2009-22 ............................... 2009;41:465-73; 2009;41(6):547-51; 2009;41(2):160-4; 2009;41(7):653-7 - American Journal Veterinary Medical Association (Am J Vet Assoc) .... ................................................................................................................................................................................ 2009;235(6):731-3 - American Journal Veterinary Research (Am J Vet Res) ............................................ ................................................................................................................ 2009;70(8):992-1000; 2009;70(10):1259-68 - Veterinary Radiology and Ultrasound (Vet Radio Ultrasound) ............. æ..................................................................................................................................................................................... 2009;50(4):23-8 - Journal of Veterinary Internal Medicine (J Vet Intern Med) .............................. æ ............................................................................................................................ 2009;23:1097-102; 2009;23:598-605; - Journal of the American Veterinary Medical Association (JAVMA) ...... .................................................................................................................................................................................... 2009;70(2):203-9

Chirurgie osseuse - Évaluation clinique du traitement chirurgical des fractures diaphysaires complètes des os métacarpe ou métatarse III chez 10 chevaux adultes et 11 poulains

Chirurgie des tissus mous - Castration du cheval de plus de 2 ans : moins de complications avec une nouvelle technique - Résection partielle du pli salpingopharyngé pour le traitement de trois poulains atteints de tympanisme bilatéral des poches gutturales

Cancérologie - Néoplasie gastrique chez les équidés

Digestif - L’hémoculture positive chez les chevaux adultes en diarrhée est-elle un facteur pronostique ? - Diversité des lésions de gastrites et d’ulcérations gastriques chez le cheval adulte

- Gastro-jéjunostomie chez les poulains atteints de retard de la vidange gastrique : 16 cas (2001-2006) : quel pronostic à long terme ?

Imagerie - Diagnostic échographique des subluxations coxo-fémorales chez le cheval

Respiratoire - Influence de l’inflammation subclinique du tractus respiratoire sur la fonction respiratoire équine évaluée par l’oscillométrie d’impulsion

Locomoteur - Évaluation des glycosaminoglycanes polysulfatés ou du hyaluronate de sodium administrés en intraarticulaire pour le traitement de chevaux atteints d’ostéoarthrite induite expérimentalement

chez le poulain

Pharmacologie - Comparaison des effets du firocoxib et de la flunixine méglumine sur le jéjunum post-ischémie chez le cheval - Effets du butorphanol sur la douleur induite par la castration chez des poneys - Effets in vivo du Méloxicam sur les médiateurs de l’inflammation, l’activité des MPM et les marqueurs biologiques du cartilage dans les articulations du cheval présentant une synovite aiguë - Les propriétés anti-inflammatoires de la lidocaïne administrée par voie intraveineuse chez des chevaux dont le jéjunum présente des lésions ischémiques Synthèses rédigées par par Marion Boidot, Coline Borel, Julie Cassagne, Claire Forgeard, Laurine Galand, Morgane Grall, Céline Molitor, Virginia Mottini, Benjamin Richard, Céline Vélu

Néonatologie - Association entre la concentration sanguine en lactate et la récupération

un panorama des meilleurs articles d’équine Chirurgie osseuse Objectif de l’étude Évaluer les éléments cliniques, le traitement chirurgical par fixation interne, les complications postopératoires et le devenir de chevaux et de poulains présentés avec une fracture complète d’un Mc III ou Mt III.

Equine Veterinary Journal 2009;41:465-73. Surgical management of complete diaphyseal third metacarpal and metatarsal bone fractures: clinical outcome in 10 mature horses and 11 foals. Bischofberger AS, Fürst A, Auer J, Lischer C. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 56 - FÉVRIER 2010

ÉVALUATION CLINIQUE DU TRAITEMENT CHIRURGICAL DES FRACTURES DIAPHYSAIRES COMPLÈTES des os métacarpe ou métatarse III chez 10 chevaux adultes et 11 poulains Les fractures complètes de l’os métacarpe ou métatarse III (McIII, MtIII) représentent un tiers des fractures d’os long chez le cheval.

Leur traitement chirurgical, non dénué de complications fréquentes, est délicat.

Sujet, matériel et méthodes Les données médicales et chirurgicales de 10 chevaux adultes (> 1 an) et de 11 poulains (< 1 an) ont été recueillies entre 1992 et 2005 à l’université de Zürich.

Des suivis radiographiques et/ou téléphoniques à court et à long terme ont ensuite été réalisés.

Résultats La fracture est simple transverse dans 33,3 p. cent des cas ou simple oblique (28,6 p. cent) ; 71,4 p. cent des fractures sont ouvertes (de type II

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essentiellement). Huit chevaux (4 adultes / 4 poulains) développent une infection au site chirurgical dont deux se sont compliquées d’une ostéomyélite. Deux poulains seulement sont traités avec succès. Deux adultes sont euthanasiés pour fourbure.

Une instabilité du site fracturaire secondaire à une mauvaise technique de fixation est notée sur quatre adultes. Ces chevaux sont alors euthanasiés.

Le taux de survie global est de 62 p. cent (3 adultes / 10 poulains). Dans le suivi à long terme, 11 chevaux (2 adultes / 9 poulains) sont prêts à démarrer ou à reprendre une activité.

Discussion et conclusion

La fixation interne avec l’utilisation de


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine plaques et de vis peut être un traitement efficace des fractures ouvertes ou fermées, complètes, diaphysaire de l’os Mc III ou Mt III chez le cheval adulte et chez le poulain.

Le pronostic postopératoire est significativement corrélé à l’âge (adulte / poulain), au poids (< ou > 320 kg), à la présence et à la gestion d’une éventuelle infection. ¿

Synthèse par Coline Borel Clinéquine VetAgro Sup.

Chirurgie des tissus mous

CASTRATION DU CHEVAL DE PLUS DE 2 ANS : moins de complications avec une nouvelle technique Différentes techniques de castration ont été décrites chez le cheval : cheval debout ou couché, testicules couverts ou découverts, abord scrotal, inguinal ou par laparoscopie, suture de la vaginale ou non.

Les complications post-chirurgicales les plus fréquentes sont l’œdème excessif, l’hémorragie et l’infection. Elles sont plus fréquentes chez les étalons de plus de 2 ans en raison de la plus grande dimension des anneaux inguinaux et de la plus forte adhérence de la vaginale aux tissus environnants.

Cette étude décrit une nouvelle technique de castration par approche inguinale avec ouverture de la vaginale, ligature du cordon spermatique et suture de la vaginale et évaluer son taux de complications. Elle compare le taux de complications post-chirurgicales à celui des autres techniques. 238 étalons âgés de 2 à 23 ans ont été castrés sous anesthésie générale selon la procédure suivante : - incision cutanée en regard de l’anneau inguinal externe ; - incision du fascia sous-jacent ;

- séparation du tissu conjonctif aux doigts ; - incision du feuillet pariétal de la vaginale du côté opposé au crémaster sans dilacération du tissu scrotal environnant ; - identification du ligament de la queue de l’épididyme et extériorisation du testicule, section de ce ligament, ligature du cordon spermatique le plus proximalement possible (une ligature transfixante et un nœud de Miller modifié à 1 cm d’écart) ; - section du cordon vasculaire et du conduit déférent à 1 cm distalement à la ligature ; - puis, suture de la vaginale, du fascia, du tissu sous-cutané et de la peau avec des surjets simples. Conclusion Les complications les plus fréquentes ont été de l’œdème au niveau du site d’incision (37,8 p. cent des cas) et/ou du scrotum (24,3 p. cent), des coliques transitoires (8,8 p. cent), un hématome et du seroma (1,7 p. cent chacun).

Cette technique induit cependant moins de complications que les techniques précédemment décrites. ¿

Objectif de l’étude Décrire une nouvelle technique de castration par approche inguinale avec ouverture de la vaginale.

Equine Veterinary Journal 2009;41(6):547-51. Results and complications of a novel technique for primary castration with an inguinal approach in horses. Kummer M, Gygax D, Jackson M, Bettschart-Wolfensberger R, Furst A.

Synthèse par Laurine Galant E.N.V.T.

RÉSECTION PARTIELLE DU PLI SALPINGOPHARYNGÉ pour le traitement de trois poulains atteints de tympanisme bilatéral des poches gutturales Cas rapportés Les cas rapportés ont été adressés à l’université vétérinaire du Michigan après un échec du traitement médical ou chirurgical. Il s’agit d’une pouliche de 1 mois et de deux poulains de 1 et 2 mois. Le tympanisme est bilatéral et apparu dans les semaines suivant la naissance chez les trois animaux.

La pouliche présentait un empyème secondaire et une dysphagie. Huit mois après la chirurgie elle va bien, la dysphagie est résolue.

Deux ans et 3 ans après l‘opération, les deux poulains se portent bien.

Technique chirurgicale Le poulain est positionné en décubitus dorsal. La poche gutturale est abordée par une technique de Whitehouse modifiée. L’incision cutanée est réalisée ventralement à la veine linguofaciale. Une dissection mousse permet ensuite d’aborder la région ventro-latérale de la poche gutturale. Le pli salpingopharyngé est identifié le long de la lame cartilagineuse de la trompe d’Eustache et 2 cm sont excisés. La dissection est aidée par un cathéter placé dans l’orifice pharyngé de la poche gutturale. L’incision cutanée

cicatrise par seconde intention.

Pendant 7 jours, le poulain est placé sous gentamicine, ampicilline, flunixine et oméprazole. Discussion et conclusion L’auteur rappelle que la cause du TPG (tympanisme des poches gutturales) reste inconnue : l’hypothèse d’un défaut congénital d’ouverture de l’orifice pharyngé de la trompe d’Eustache reste la plus probable, avec une inflammation du pli salpingopharyngé secondaire à une infection. Ce tissu surnuméraire agit comme une valve unidirectionnelle.

Plusieurs traitements chirurgicaux sont possibles : communication entre les deux poches par réalisation d’une fenestration dans le septum médian, création d’une fistule salpingo-pharyngée au laser, résection de la bande cartilagineuse de l’orifice pharyngé. La technique décrite ici a déjà été abordée dans d’autres études. Dans cette étude, il n’y a eu ni récidive de TPG ni complications à court et long terme.

Malgré le petit nombre de cas de cette étude, cette technique est à prendre en compte dans le traitement du TPG. ¿

Objectif de l’étude Présenter la technique chirurgicale de résection partielle du pli salpingopharyngé et son intérêt dans le traitement du tympanisme des poches gutturales au travers de 3 cas.

Journal of the American Veterinary Medical Association 2009;235(6):731-3. Partial resection of the plica salpingo-pharyngeus for the treatment of three foals with bilateral tympany of the auditory tube diverticulum (guttural pouch). Sparks HD, Stick JA, Brakenhoff JE, Cramp PA, Spirito MA. Synthèse par Nathalie Veniard Clinéquine VetAgro Sup.

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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 57


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine

Cancérologie

NÉOPLASIE GASTRIQUE CHEZ LE CHEVAL

Les néoplasies gastriques sont rares chez le cheval. La tumeur gastrique la plus commune dans cette espèce est le carcinome à cellules squameuses.

Les autres proliférations tumorales gastriques rapportées sont des adénocarcinomes, des leïomyosarcomes, des tumeurs stromales gastrointestinales, des papillomes et des polypes bénins.

Le diagnostic ante-mortem est souvent difficile.

Objectif de l’étude Fournir une anamnèse, des signes cliniques, et des données clinicopathologiques et pathologiques associées aux néoplasies gastriques chez le cheval.

Sujets, matériels et méthodes

Journal of Veterinary Internal Medicine 2009;23:1097-102. Gastric Neoplasia in Horses. SD Taylor, GJ Haldorson, B Vaughan, and N Pusterla.

Cette étude rétrospective comprend la récolte des données sur 24 chevaux qui présentent une tumeur gastrique, diagnostiquée grâce à une biopsie ante-mortem ou un à examen post-portem.

Sont étudiés l’historique, les signes cliniques, ainsi que les données clinicopathologiques et pathologiques enregistrées pour les 24 chevaux.

Résultats

Synthèse par Julie Cassagne Clinéquine VetAgro Sup.

L’étude ne révèle pas de prédisposition de sexe ou de race dans les affections tumorales gastriques.

L’âge moyen des chevaux est de 18 ans avec un intervalle allant de 9 à 25 ans.

Les signes cliniques durent en moyenne 3 semaines et comprennent de l’inappétence, une perte de poids, des borborygmes diminués, de la léthargie, de l’hypersalivation, des coliques, de l’hyperthermie et de l’halithose.

La palpation transrectale, les analyses sanguines, la gastroscopie, l’abdominocentèse et l’échographie trans-abdominale sont autant d’examens complémentaires utiles dans le diagnostic

Digestif

Déterminer la proportion de chevaux adultes en diarrhée ayant une hémoculture positive. Déterminer le lien entre hémoculture positive et survie.

Equine Veterinary Journal 2009;41(2):160-4. Blood culture status in mature horses with diarrhoea: a possible association with survival. Johns I, Tennent-Brown B, Dallap Schaer B, Southwood L, Boston R, Wikins P.

Synthèse par Virginia Mottini, Clinéquine VetAgro Sup.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 58 - FÉVRIER 2010

Conclusion Le carcinome à cellule squameuse est la tumeur gastrique primaire la plus fréquente chez le cheval. Le temps de survie après le diagnostic est court.

Les métastases de tumeurs gastriques sont fréquentes. ¿

L’HÉMOCULTURE POSITIVE CHEZ LES CHEVAUX ADULTES EN DIARRHÉE est-elle un facteur pronostique ? Sujet, matériel et méthodes

Objectifs de l’étude

des tumeurs gastriques. L’anomalie sanguine la plus souvent rencontrée est l’hyperfibrinogénémie (68 p. cent), suivie par l’anémie (37 p. cent), la lymphopénie (42 p. cent) et la leucocytose neutrophilique (26 p. cent).

Une biochimie sanguine révèle bien souvent une hypoalbuminémie (56 p. cent), une hyperglobulinémie (58 p. cent) et une hypercalcémie de processus tumoral (25 p. cent).

74 p. cent des tumeurs gastriques étudiées sont des carcinomes à cellules squameuses qui se présentent chez 74 p. cent des sujets sous la forme d’une masse unique. Des métastases sont découvertes chez 68 p. cent des chevaux présentant ce type de néoplasie.

Le leïomyosarcome gastrique est mis en évidence chez 8 p. cent des sujets. Il s’exprime sous la forme d’une masse solitaire provenant de la musculeuse de la portion squameuse de l’estomac et ne métastase pas.

Les trois dernières tumeurs diagnostiquées sont un mésothéliome, un adénocarcinome et un lymphome gastrique et ne représentent chacune que 4 p. cent des tumeurs.

78 p. cent des chevaux présentent des métastases au moment du diagnostic de néoplasie gastrique.

Une étude est menée sur 31 chevaux adultes, admis entre juin 2006 et juin 2007 à l’hôpital du New Bolton Center (Pennsylvanie) pour diarrhée aiguë, ou parce qu’ils ont développé une diarrhée au cours de leur hospitalisation.

Les prélèvements de sang pour hémoculture sont effectués à l’admission et après 24 h d’hospitalisation.

Plusieurs paramètres cliniques et paracliniques sont enregistrés et un score de sévérité est calculé à l’admission et à 24 h d’hospitalisation.

Résultats 29 p. cent des chevaux ont une hémoculture positive à l’admission ou au cours des 24 h suivantes.

Corynebacterium spp. est le germe le plus fréquemment isolé.

Les chevaux qui ont une hémoculture positive

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ont une fréquence cardiaque, un taux d’hématocrite et une concentration plasmatique en potassium significativement plus élevés à l’admission, par rapport aux chevaux ayant une hémoculture négative. 24 heures après l’admission, leurs taux d’hématocrite et leurs concentrations en protéines totales sont significativement plus élevés que ceux des chevaux ayant une hémoculture négative.

Les scores de sévérité sont significativement plus élevés chez les chevaux qui ont une hémoculture positive, et leurs chances de survie sont significativement plus faibles. Discussion et conclusion

L’incidence d’une hémoculture positive parmi les chevaux de cette étude est supérieure à celle rapportée par de précédentes études.

Une hémoculture positive semble être un facteur pronostique défavorable. ¿


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine GASTROJÉJUNOSTOMIE chez les poulains atteints de retard de la vidange gastrique : 16 cas (2001-2006) : quel pronostic à long terme ? La présence d’ulcères gastro-intestinaux peut provoquer un retard de la vidange gastrique mais le mécanisme exact demeure inconnu.

Lorsque la maladie est sévère, une thérapeutique médicale se révèle souvent insuffisante pour lever l’obstruction, une intervention chirurgicale doit être envisagée. Diverses techniques existent et la gastrojéjunostomie permet de contourner une obstruction située entre le pylore et la courbure caudale du duodénum. Le pronostic à court terme de cette intervention est réservé.

Sujet, matériel et méthodes Seize poulains de course d’un âge moyen de 65 jours sont présentés à la clinique équine de Hagyard (Kentucky) entre 2001 et 2006 pour obstruction de la vidange gastrique diagnostiquée sur la base des signes cliniques, des images échographiques et endoscopiques. Ils ont subi une gastrojéjunostomie.

Les informations sur le devenir à long terme de ces chevaux ont été obtenues grâce aux entraîneurs et aux propriétaires, et par le recueil de leurs résultats sportifs.

Résultats Huit poulains sur 16 dans cette catégorie sont considérés comme survivants à long terme (c’està-dire qu’ils sont en vie plus de 31 mois après la chirurgie) (50 p.cent). Sur ces huit cas, sept ont commencé l’entraînement et trois les courses. Un seul a présenté un retard de croissance et a été réformé. Par ailleurs, sur ces huit cas, deux ont été présentés 3 ans suite à la chirurgie pour ulcères gastriques et pour colique légère, les deux cas ont été traités médicalement avec succès.

Huit cas sur 16 sont morts dans les 2 à 4 mois suivants la chirurgie pour diverses raisons (50 p.cent).

Quatre cas ont été euthanasiés : l’un suite à une péritonite due à la rupture d’un ulcère gastrique, un autre suite à une endotoxémie associée à un reflux important et de la diarrhée, et deux autres pour une cholangiohépatite sévère due à une sténose du duodénum à hauteur du canal cholédoque.

Quatre cas sont morts de façon naturelle : deux à la suite de la réduction de la gastrojéjunostomie et les deux autres pour des causes n’ayant pas de rapport avec l’intervention chirurgicale (salmonellose et lésions musculo-squelettiques).

Discussion et conclusion Les ulcères gastro-intestinaux sont fréquents chez les poulains. En dépit d’une thérapeutique médicale agressive, ceux-ci développent une sténose du pylore et/ou du duodénum empêchant la vidange gastrique et requérant une intervention chirurgicale.

Cette étude montre que le pronostic à long terme des individus traités chirurgicalement par gastrojéjunostomie est relativement bon (50 p. cent de survie à long terme).

De nombreuses complications peuvent cependant faire suite à la chirurgie. Elles incluent la persistance des ulcères gastriques, une obstruction de la papille duodénale majeure résultant de la sténose du duodénum et qui peut être la cause d’une pancréatite, d’une cholangite ou d’une cholangiohépatite, une infection du site chirurgical, la formation d’adhérences, un iléus post-opératoire et un retard de croissance.

Des recherches supplémentaires devraient être réalisées pour comprendre la physiopathologie des ulcères gastro-intestinaux chez les poulains afin d’améliorer le traitement médical. ¿

Objectif de l’étude Évaluer le pronostic à long terme des poulains ayant survécu à une gastrojéjunostomie.

Equine Veterinary Journal 2009;41(7):653-57. Long-term prognosis of gastrojéjunostomie in foals with gastric outflow obstruction : 16 cases (2001-2006). Coleman MC, Slovis NM, Hunt RJ.

Synthèse par Céline Vélu, Clinéquine VetAgro Sup.

DIVERSITÉ DES LÉSIONS DE GASTRITES ET D’ULCÉRATIONS GASTRIQUES chez le cheval adulte

Dans cette étude, 21 chevaux adultes ont été euthanasiés pour d’autres raisons que les affections gastriques et leurs estomacs ont été prélevés juste après la mort. Dans les zones macroscopiquement anormales, des échantillons représentatifs de 2 cm2 sont prélevés sur toute l'épaisseur de la paroi stomacale.

Les lésions sont classées macroscopiquement et histologiquement.

Au niveau de la muqueuse squameuse : - 7 estomacs présentent des lésions d'hyperkératose souvent proches de la margo plicatus ; - 12 estomacs présentent des cicatrices ponctuelles vers le cardia et sur les courbures, des bactéries et des levures peuvent être visualisées à ces niveaux ;

- 2 estomacs présentent des érosions diffuses sur la petite courbure et vers le cardia ; - 13 estomacs présentent des lésions de la margo plicatus associées à une métaplasie glandulaire et parmi eux, 11 présentent aussi des lésions sur la petite courbure.

Au niveau de la muqueuse glandulaire : - 10 estomacs présentent de l'hyperhémie à proximité du pylore ; - 12 estomacs présentent des érosions focales dans les régions du cardia, du pylore et du fundus ; - 4 estomacs présentent des ulcères : pour 3 d'entre eux les lésions sont uniquement près du pylore tandis que pour le dernier, les lésions sont multiples.

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Objectif de l’étude Explorer la variété et l'étendue des lésions gastriques dans une population mixte de chevaux adultes.

Equine Veterinary Journal 2009;41(7):638-44. Pathology of gastritis and gastric ulceration in the horse . Part 1: Range of lesions present in 21 mature individuals. Martineau H, Thompson H, Taylor D.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 59


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Discussion et conclusion Cette étude illustre la diversité des lésions gastriques dans une population mixte de chevaux adultes. De plus, c'est la 1re fois que la métaplasie glandulaire est mise en évidence sur des estomacs de chevaux. Par ailleurs, aucun organisme de type Helicobacter n'a été détecté au niveau aux lésions observées.

Synthèse par Morgane Grall E.N.V.T.

Imagerie

DIAGNOSTIC ÉCHOGRAPHIQUE DES SUB-LUXATIONS COXO-FÉMORALES chez le cheval Les boiteries des membres pelviens suite à une atteinte coxo-fémorale sont rares chez le cheval. Le diagnostic précis des sub-luxations coxo-fémorales est un défi car les signes cliniques que sont le crépitement, l’asymétrie pelvienne et les anomalies à la palpation transrectale sont rares et non pathognomoniques.

Le recours à la radiographie et/ou l’échographie affine souvent le diagnostic d’une atteinte de la région pelvienne.

Objectif de l’étude Étudier les caractéristiques cliniques, échographiques et radiographiques, de chevaux présentant une sub-luxation coxofémorale diagnostiquée par échographie sur cheval debout.

Veterinary Radiology and Ultrasound 2009;50(4): 23-8

Sujet, matériel et méthodes Sur une période de 5 ans, les cas de sept chevaux présentant une sub-luxation coxo-fémorale sont étudiés. Certains des signes cliniques communs aux affections de la région pelvienne sont observés chez cinq des chevaux.

Ultrasonographic diagnosis of coxofemoral subluxation in horses. Brenner S, Witcomb MB.

Synthèse par François-Xavier Laleye Clinéquine VetAgro Sup.

Résultats

Locomoteur

Évaluer le bénéfice de l’administration intra-articulaire de glycosaminoglycanes ou d’acide hyaluronique dans le traitement de l’ostéoarthrite chez le cheval.

Evaluation of polysulfated glycosaminoglycan or sodium hyaluronan administered intra-articularly for treatment of horses with experimentally induced osteoarthritis. Frisbie DD, Kawcak CE, McIlwraith CW, Werpy NM.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 60 - FÉVRIER 2010

À l’échographie, une sub-luxation crânio-dorsale

est objectivée sur les sept chevaux.

L’examen radiographique est fondé sur des vues ventro-dorsales, réalisées sur animal couché sous anesthésie générale, le membre maintenu en extension par des longes attachées à la table de radiologie.

Deux cas de sub-luxation sont confirmés mais les contraintes de cette méthode la cantonnent au diagnostic post-mortem. Discussion et conclusion

Le pronostic des sub-luxations associées à une fracture de l’acétabulum est sombre à réservé.

L’échographie et/ou la radiographique permettent d’identifier les chevaux présentant ces lésions.

À l’échographie, les chevaux sont forcés de reporter leur poids sur le membre atteint, ce qui permet un meilleur diagnostic. ¿

ÉVALUATION DES GLYCOSAMINOGLYCANES POLYSULFATÉS OU DU HYALURONATE DE SODIUM ADMINISTRÉS EN INTRA-ARTICULAIRE pour le traitement de chevaux atteints d’ostéoarthrite induite expérimentalement

Objectif de l’étude

JAVMA 2009;70(2):203-9.

La principale originalité de cette étude réside dans la comparaison des lésions macroscopiques avec leur aspect histologique afin d’établir des corrélations et ainsi, de mieux comprendre leur pathogénie.

Dans le même numéro, les auteurs proposent un système de gradation post-mortem des lésions histopathologiques de gastrites et d’ulcérations gastriques (Equine vet. J. 2009;41(7):646-51). ¿

L’ostéoarthrite fait partie des affections les plus courantes et les plus débilitantes chez le cheval, avec un lourd impact économique.

De nombreux traitements ont été évalués : les AINS, les corticoïdes, les glycosaminoglycanes (GAGs) et l’acide hyaluronique. Les effets bénéfiques des deux derniers, mis en évidence in vitro, ne se retrouvent pas toujours in vivo.

Sujet, matériel et méthodes Une étude est menée sur 24 chevaux sains âgés de 2 à 5 ans sur lesquels une ostéoarthrite de l’articulation moyenne du carpe est induite par fragmentation via un ostéotome, puis une mise à nue de l’os sous-chondral est réalisée sous contrôle arthroscopique à J 0. Une euthanasie est pratiquée à J 70.

Les animaux sont répartis en trois groupes distincts qui sont traités à trois reprises : J 14 ; J 21 et J 28. - 8 chevaux sont traités avec 250 mg de GAGs et 125 mg d’amikacine par voie intra-articulaire (IA) ;

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- 8 chevaux sont traités avec 20 mg d’acide hyaluronique et 125 mg d’amikacine par voie IA ; - 8 chevaux “contrôles” sont traités avec 2 ml de NaCl 0,9 % et 125 mg d’amikacine par voie IA.

Les chevaux sont maintenus au repos en box durant 15 jours post-opératoires, puis mis à l’exercice sur tapis roulant avec trot et galop durant 6 minutes, 5 jours par semaine.

Un examen clinique complet et une ponction articulaire des deux carpes sont effectués une fois par semaine, avec un système de grade pour évaluer en aveugle toutes modifications clinique, nécropsique, et histologique. Des clichés radiographiques des deux carpes sont réalisés à J -7, J +14 et J +70. Résultats et discussion

L’induction d’une ostéoarthrite induit une dégradation significative de l’articulation du carpe, tant clinique que para-clinique. Aucun effet secondaire n’est objectivé suite aux traitements. Aucune amélioration clinique et radio-


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine graphique n’est obtenue suite aux traitements.

Les GAGs ont permis de diminuer significativement l’épanchement articulaire, ce qui suggère un effet bénéfique sur les tissus mous et le processus inflammatoire au sein de l’articu-

lation. Cette observation est confirmée à l’histologie par un effet bénéfique sur la vascularisation et la fibrose des membranes synoviales.

L’acide hyaluronique permet de limiter la fibrillation cartilagineuse. ¿

Synthèse par Benjamin Richard, Clinéquine VetAgro Sup.

Néonatalogie

ASSOCIATION ENTRE LA CONCENTRATION SANGUINE EN LACTATE ET LA RÉCUPÉRATION chez le poulain La lactatémie est fréquemment utilisée en médecine humaine et en médecine vétérinaire pour évaluer le pronostic d’un animal.

Une diminution de la lactatémie au cours de l’hospitalisation a été associée à une augmentation de la survie chez l’Homme. De la même manière, des mesures en série chez l’animal pourraient apporter des valeurs pronostiques plus sûres qu’une mesure unique à l’admission.

Sujet, matériel et méthodes Cette étude rétrospective comprend la récolte des données de 225 admissions de poulains de moins de 30 jours dans des unités de soins intensifs en néonatalogie.

Sont étudiées les mesures de la lactémie (la [LAC] BG est la concentration en lactate dans les gaz sanguins artériels ou ombilicaux) à l’admission du poulain, puis 24 et 48 heures plus tard, les cultures sanguines, les mesures de pressions artérielles, et le devenir des poulains : mort ou survie à court terme (96 h) et à long terme (sortie de l’hôpital).

Résultats

La [LAC] BG est inférieure, à chaque mesure,

chez les poulains survivants.

Pour chaque augmentation de 1mmol/l de la [LAC] BG, le taux de survie à 96 h et à la sortie du poulain diminue respectivement de 18 p. cent et de 22 p. cent à l’admission, de 39 p. cent et 38 p. cent après 24 h et de 53 p. cent et 47 p. cent après 48 h.

Le taux de survie à 96 h augmente de 156 p. cent pour chaque diminution de 0,1 mmol/l de la [LAC] BG entre l’admission et 24 h d’hospitalisation.

Aucun lien significatif n’a pu être mis en évidence entre des pressions artérielles anormalement basses d’une part, des cultures sanguines positives d’autre part, et une hyperlactatémie. Conclusion

Une mesure de la lactatémie à l’admission associée à son suivi au cours de l’hospitalisation apparaît comme un bon facteur pronostique indicateur de la survie ou non du poulain au stade critique.

Une [LAC] BG augmentée à l’admission associée à une persistance de cette [LAC] BG anormalement haute au cours de l’hospitalisation assombrit le pronostic. ¿

Objectif de l’étude Évaluer la valeur pronostique de la mesure de la lactatémie lors de l’admission d’un poulain de moins de 30 jours pour des soins intensifs en néonatalogie.

J Vet Intern Med 2009;23:598-605 Association of blood lactate concentration and outcome in foals. Wotman K, Wilkins PA, Palmer JE, Boston RC.

Synthèse par Julie Cassagne Clinéquine VetAgro Sup.

Respiratoire

INFLUENCE DE L’INFLAMMATION SUBCLINIQUE DU TRACTUS RESPIRATOIRE sur la fonction respiratoire équine évaluée par l’oscillométrie d’impulsion La maladie inflammatoire du tractus respiratoire est définie comme une inflammation non septique affectant les chevaux de tout âge.

L’oscillométrie d’impulsion est une technique simple, non invasive et sensible qui permet d’évaluer la fonction respiratoire sans sédation ni broncho-provocation.

Le but de cette étude est de : - déterminer si la sensibilité de l’oscillométrie d’impulsion est suffisante pour détecter des altérations de la fonction respiratoire des chevaux atteints d’inflammation subclinique ; - caractériser l’impédance respiratoire en fonction de la fréquence et de la phase respiratoire chez les chevaux présentant un profil cytologique du liquide broncho-alvéolaire modifié.

Sujet, matériel et méthodes Au total, la fonction respiratoire a été évaluée au repos chez 34 trotteurs. Selon les résultats obtenus à l’examen cytolo-

gique du lavage broncho-alvéolaire, 19 chevaux présentaient une inflammation respiratoire et les 15 chevaux restant ont été utilisés comme contrôle.

Une moyenne des données à différentes fréquences (1 à 20 Hz) de résistance a été réalisée en fonction des deux phases respiratoires et a été comparée au groupe contrôle.

Objectifs de l’étude Savoir si la sensibilité de l’oscillométrie d’impulsion permet de détecter des altérations de la fonction respiratoire. Caractériser l’impédance respiratoire.

Résultats Les chevaux présentant une inflammation respiratoire ont montré de façon significative une résistance plus élevée (1-10 Hz) et une réactance plus faible (5-20 Hz).

Une analyse séparée de ces paramètres à l’inspiration et à l’expiration a établi les mêmes différences entre les deux groupes.

Une corrélation significative a été découverte, respectivement entre la résistance et la réactance et le pourcentage de mastocytes et d’éosinophiles sur le liquide broncho-alvéolaire.

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Equine Veterinary Journal 2009;41:384-9. Influence of subclinical inflammatory airway disease on equine respiratory function evaluated by impulse oscillometry. Richard EA, Fortier GD, Denoix JM, Art T, Lekeux PM, van Erck E.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 61


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Conclusion

Synthèse par Céline Molitor, Clinéquine VetAgro Sup.

L’oscillométrie d’impulsion est une technique qui peut être utilisée en pratique.

Pharmacologie

Simple, non invasive, elle permet à la fois de détecter précocement une affection respiratoire et d’évaluer l’efficacité des traitements. ¿

COMPARAISON DES EFFETS DU FIROCOXIB ET DE LA FLUNIXINE MÉGLUMINE sur le jéjunum post-ischémie chez le cheval Suite à une ischémie provoquée sur un segment du jéjunum pendant deux heures, différents paramètres ont été mesurés chez 18 chevaux répartis en trois lots : traités avec une solution saline (témoins), avec de la flunixine méglumine ou avec du firocoxib.

Le pouvoir antalgique du firocoxib sur les viscères s’avère comparable à celui de la flunixine méglumine, sans présenter ses inconvénients.

Les cyclo-oxygénases (COX) sont des enzymes synthétisant les prostaglandines. Elles interviennent entre autres dans la cicatrisation du jéjunum après ischémie. - La COX-1 est une enzyme constitutive dont l’inhibition bloque les processus de cicatrisation de la muqueuse jéjunale. - La COX-2 est synthétisée en quantité augmentée suite à l’ischémie et intervient entre autres dans les lésions de reperfusion : c’est donc la cible thérapeutique à privilégier.

La concentration en métabolites témoins de l’activité de la COX-1 augmente chez les chevaux traités avec du firocoxib après ischémie, mais n’augmente pas chez les chevaux traités

Objectif de l’étude Évaluer les effets antalgiques et protecteurs de la muqueuse intestinale du firocoxib chez les chevaux souffrant d’une ischémie du jéjunum.

American Journal Veterinary Research 2009;70(8):992-1000. Effect of firocoxib or flunixin meglumine on recovery of ischemic-injured equine jejunum. Cook VL, Meyer CT, Campbell NB, Blikslager AT.

Synthèse par Claire Forgeard E.N.V.T.

avec de la flunixine méglumine.

En revanche, les deux molécules inhibent la COX-2. Les analyses histologiques de la muqueuse jéjunale 18 heures après l’ischémie mettent en évidence que la densité de villosités est revenue à la normale uniquement sur les chevaux traités au firocoxib. La flunixine retarde la cicatrisation de la muqueuse jéjunale, ce qui n’est pas le cas du firocoxib dont l’action est sélective de la COX-2.

D’autre part, le flux de lipopolysaccharide (LPS) à travers la membrane jéjunale après ischémie est augmenté de façon significative chez les chevaux traités avec la flunixine méglumine par rapport au flux avant ischémie. Chez les chevaux témoins et chez ceux traités au firocoxib, aucune augmentation du flux de LPS n’est noté. Conclusion Le firocoxib semble être une molécule prometteuse dans la gestion des coliques de par ses propriétés analgésiques et protectrices de la muqueuse digestive. ¿

EFFETS DU BUTORPHANOL SUR LA DOULEUR INDUITE PAR LA CASTRATION chez des poneys La nécessité d’une analgésie postopératoire lors de castration a récemment été discutée. Une étude récente au Royaume-Uni a en effet démontré que seulement 36,9 p. cent des chevaux subissant une castration reçoivent des analgésiques après la chirurgie.

Le butorphanol est un opioïde µ-agoniste partiel et κ-agoniste total, couramment utilisé en médecine équine.

Objectif de l’étude Évaluer l’existence d’une douleur suite à une castration sous anesthésie générale et les effets sur cette douleur d’une prémédication au moyen du butorphanol.

Sujet, matériel et méthodes L’étude porte sur 20 poneys Welsh âgés de 8 à 20 mois répartis aléatoirement en deux groupes. L’un reçoit une prémédication à base de détomidine seule (10 µg/kg), l’autre reçoit une association de détomidine (10 µg/kg) et de butorphanol (0,1 mg/kg). La castration est ensuite réalisée sous anesthésie générale.

La douleur est évaluée par un observateur expérimenté grâce à une échelle visuelle analogique (DIVAS), avant la prémédication puis 1, 2, 3, 4, 6 et 24 heures après l’induction de l’anesthésie. À chaque évaluation, lorsque le degré de douleur est élevé, une administration de butorphanol (0,1 mg/kg) est réalisée ; si la douleur est à nouveau

Equine Veterinary Journal 2009;41(6):552-56. Analgesic effect of butorphanol in ponies following castration. Love EJ, Taylor PM, Clark C, Whay HR, Murrel J.

Synthèse par Marion Boidot E.N.V.T.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 62 - FÉVRIER 2010

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sévère lors d’évaluations suivantes, les auteurs réalisent une injection de flunixine méglumine (1 mg/kg). Résultats Les animaux qui ont reçu du butorphanol en prémédication ont un temps de réveil significativement prolongé, en partie grâce au confort apporté pendant la période post-opératoire immédiate.

Cependant, l’injection d’analgésique n’a pas été nécessaire après la castration chez un poney et, chez les autres animaux, les temps d’administration des doses supplémentaires d’analgésiques ne sont pas statistiquement différents entre les deux groupes. De plus, une injection de la flunixine méglumine est requise chez la plupart des animaux, 1 à 5 h après une administration de butorphanol.

Conclusion La castration entraîne une douleur post-opératoire sévère et l’administration d’une dose préopératoire unique de butorphanol n’est pas suffisante pour lutter contre cette douleur. ¿


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine EFFETS IN VIVO DU MÉLOXICAM SUR LES MÉDIATEURS DE L’INFLAMMATION, L’ACTIVITÉ DES MPM ET LES MARQUEURS BIOLOGIQUES DU CARTILAGE dans les articulations du cheval présentant une synovite aiguë

Le méloxicam est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) COX-2, sélectif très utilisé chez le cheval.

La synovite aiguë, comme celle qui accompagne les arthrites septiques, est connue pour ses effets néfastes sur le cartilage.

La suppression de l’activité des métaloprotéinases de la matrice (MPM) par le méloxicam a été prouvée in vitro, mais les effets in vivo restent globalement inconnus.

Sujet, matériel et méthodes Cette étude est effectuée en double-aveugle sur six chevaux : tirage au sort pour déterminer les trois chevaux traités, les trois chevaux placebo, et le carpe sur lequel la synovite est induite avec des lipopolysaccharides de E. Coli.

Après 2 semaines de pause, l’autre carpe est utilisé, les chevaux placebo sont traités et vice versa.

Sur les chevaux traités : du méloxicam 0,6 mg/kg 2 heures après l’induction de la synovite, puis une fois par jour pendant 7 jours.

les mesures sont effectuées de la manière suivante : examens cliniques, score de boiterie de 0 à 5, score d’épanchement synovial de 0 à 4, circonférence du carpe ; marqueurs de l’inflammation articulaire (prostaglandines E2, substance P, bradykinine, activité des MPM), et du renouvellement du cartilage (marqueurs de l’aggrecane et

du collagène de type II).

Objectif de l’étude

Résultats Une diminution significative du score de boiterie est notée 8 h (p = 0,039) et 24 h (p = 0,025) après l’induction.

Une forte diminution du score d’épanchement synovial est observée 8 h après l’induction (p = 0,059) et du périmètre du carpe (p = 0,052).

Le traitement a un effet significatif sur tous les paramètres mesurés dans le liquide articulaire, sauf un marqueur du cartilage.

Une diminution significative de l’activité des MPM est mesurée dans le sang 8 h et 24 h après le début de l’étude.

Conclusion L’amélioration clinique observée est en accord avec les précédentes observations sur les arthrites du chien et du cheval.

Peu de dégradation des molécules participant au renouvellement du cartilage et aucun effet négatif sur leur synthèse, contrairement à ce qui est observé avec la phénylbutazone, sont notés.

Ajoutée à l’inhibition de l’activité des MPM, l’administration de méloxicam pourrait contribuer à limiter l’atteinte du cartilage lors de synovite aiguë.

Aucun effet secondaire du méloxicam n’est observé durant l’étude. ¿

Etudier les effets du méloxicam sur les marqueurs de l’inflammation et du cartilage, et sur l’activité des métaloprotéinases de la matrice (MPM), sur des chevaux présentant une synovite expérimentale.

Equine Veterinary Journal 2009;41(7):693-9. In vivo effects of meloxicam on inflammatory mediators, MMP activity and cartilage biomarkers in equine joints with acute synovitis. De Grauw JC, Van de Lest CHA, Brama PAJ, Rambags BPB, Van Weeren PR.

Synthèse par Camille Thomas Clinéquine VetAgro Sup.

LES PROPRIÉTÉS ANTI-INFLAMMATOIRES DE LA LIDOCAÏNE ADMINISTRÉE PAR VOIE INTRAVEINEUSE chez des chevaux dont le jéjunum présente des lésions ischémiques Sujet, matériel et méthodes Quatre groupes de six chevaux sont formés. - Dans le 1er groupe, les chevaux reçoivent une dose d’une solution de NaCl à 0,9 % avant l’anesthésie. - Dans le 2nd groupe, ils reçoivent de la flunixine avant l’anesthésie puis toutes les 12 h. - Le 3e groupe reçoit un bolus de lidocaïne puis une perfusion à débit constant de lidocaïne, en per et post-opératoire. - Le 4e groupe reçoit de la flunixine et de la lidocaïne.

Des prélèvements sont effectués per-opératoire et post-mortem, au niveau du jéjunum ischémié et non ischémié.

L’atteinte jéjunale, villositaire et l’infiltration neutrophilique sont évaluées ainsi que l’expression des gènes COX-1 et COX-2 (cyclooxygènases) et la concentration du plasma en prostaglandine E2 (PGE) et thromboxane A2.

Résultats L’ischémie entraîne des lésions de l’épithélium et des villosités intestinales, ainsi qu’une augmentation de l’infiltration neutrophilique dans tous les groupes. On observe aussi l’augmentation de l’expression des COX-1 et COX-2 ainsi

que de la concentration plasmatique en PGE dans chaque groupe 18 h après ischémie.

On observe une infiltration neutrophilique encore augmentée 18 h après ischémie, notamment chez les chevaux traités avec de la flunixine seule.

En revanche, il n’est pas noté de différence d’infiltration neutrophilique par rapport au contrôle 18 h après ischémie pour le groupe traité avec de la flunixine et de la lidocaïne.

La lidocaïne administrée seule diminue l’expression de COX-2 2h après ischémie.

La concentration plasmatique de PGE n’augmente pas après ischémie lors d’association flunixine et lidocaïne. Conclusion L’administration intra-veineuse de lidocaïne a un effet anti-inflammatoire qui se traduit par une diminution de la production de PGEM et de l’expression de la COX-2.

L’infiltration neutrophilique est diminuée seulement lorsqu’elle est co-administrée avec la flunixine.

La lidocaïne n’a pas d’effet sur l’expression des COX-1. ¿

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Objectif de l’étude Montrer que l’utilisation de la lidocaine par voie intraveineuse favorise la réparation de la muqueuse jéjunale ischémiée.

American Journal of Veterinary Research 2009;70(10):1259-68. Anti-inflammatory effects of intravenously administered lidocaine hydrochloride on ischemia-injured jejunum in horses. Cook VL, Jones Shults J, Mc Dowell MR, Campbell NB, Davis JL, Marshall JF, Blikslager AT.

Synthèse par Pauline Pidou Clinéquine VetAgro Sup.

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test clinique les réponses

une infection à streptocoques par corps étranger 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?

D’après l’anamnèse, aucune palpation transrectale n’a été effectuée sur la jument, ni de saillie. Elle n’est pas gestante et aucun épisode de coliques n’a été décrit.

Une lacération rectale, vaginale ou utérine est donc à écarter, de même que les éventuelles conséquences d’une colique (rupture intestinale, entérocentèse, laparotomie exploratrice, …).

Les causes d’origine traumatique (corps étranger), infectieuse (parasites, abcès, pyomètre, pancréatite) ou néoplasique sont, en revanche, à retenir.

L’analyse du liquide de paracentèse abdominale étant compatible avec une péritonite, les recherches sérologiques habituellement réalisées lors d’hyperthermie n’ont pas été demandées (babésiose, erhlichiose, leptospirose, artérite virale et anémie infectieuse). 2 Quels examens complémentaires réaliser pour déterminer l’origine de cette hyperthermie ?

Une palpation abdominale transrectale ne révèle aucune anomalie.

L’échographie abdominale montre une masse très hétérogène d’environ 13 cm de diamètre localisée ventralement à droite, adjacente et caudale au diaphragme.

L’examen radiographique du thorax (vue caudo-ventrale) met en évidence cette même masse crâniale au diaphragme. Elle semble contenir un corps étranger radioopaque linéaire d’environ 6 cm de longueur.

La cytoponction échoguidée de cette masse, entre les deux côtes, indique un contenu inflammatoire neutrophilique compatible avec un abcès.

L’examen bactériologique a mis en évidence un Streptococcus Equizooepidemicus. 3 Quels traitements mettre en place ? Une intervention chirurgicale est pratiquée pour réaliser l’exérèse de l’abcès. Une thoracotomie avec excision d’environ 25 cm de la 7e côte à droite est effectuée. Le diaphragme est ensuite incisé pour avoir accès à la cavité abdominale et pour débrider l’abcès dans lequel est retrouvé un morceau de fil de fer. De nombreuses adhérences avec l’épiploon sont également disséquées.

La jument est placée sous antibiothérapie :

Marie Nolf Julien Olive Émilie Segard Susana Monteiro Olivier Lepage Jean-Luc Cadoré Clinéquine - E.N.V.L. 1, rue Bourgelat - BP 83 69280 Marcy l’Étoile

2

Masse abdominale montrant une image hyperéchogène linéaire.

3

Masse abdominale montrant une image radio-opaque linéaire verticale (photos clinéquine, E.N.V.L.).

4

Jument en soins post-opératoires : présence de drains pour permettre les lavages abdominaux.

- pénicilline 22 000 UI/kg I.M. deux fois par jour pendant 15 jours ; - gentamicine 6,6 mg/kg I.V. une fois par jour pendant 15 jours ; - métronidazole 15 mg/kg, par voie rectale, quatre fois par jour pendant 7 jours.

Ce traitement est complété par un antiinflammatoire non stéroïdien : flunixine méglumine 1,1 mg/kg I.V. deux fois par jour pendant 3 jours, puis une fois par jour pendant 5 jours.

Des lavages abdominaux sont réalisés une à deux fois par jour avec 10 L de RingerLactate.

Les contrôles cytologiques du liquide recueilli montrent une amélioration de la péritonite. La jument n’a plus présenté d’hyperthermie. CONCLUSION La convalescence a duré plusieurs mois mais la jument a repris la compétition sans aucune séquelle de cet épisode d’hyperthermie. ¿

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Pour en savoir plus Chadufaux C. Prise en charge diagnostique et thérapeutique d'une hyperthermie apparemment isolée chez le cheval adulte. Thèse Méd Vét ENVL 2008;1-179.

Reed SM, WM Bayly, Sellon DC. Equine Internal Medicine. Saunders 2e ed. 1998;941-9.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°21 FÉVRIER 2010 - 65


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