Npe22

DOSSIER - MISE À LA REPRODUCTION

Volume 6

N°22 JUIN 2010 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

MISE À LA REPRODUCTION - Le moment de l'insémination artificielle ou l'insémination artificielle post-ovulation - Comment préparer des doses de semence : - 1. Pour une insémination en frais - 2. Pour une insémination en sperme réfrigéré sur place

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°22 - JUIN 2010

- 3. Comment gérer les doses d’insémination

DOSSIER : LA MISE

À LA REPRODUCTION chez les équidés Pour proposer le bon conseil et appliquer la bonne technique, il est utile de bien connaître toutes les techniques d’inséminations, et le cadre de leur mise en œuvre : de l’insémination classique à la mise en place plus sophistiquée, en passant par les mini-doses, l’insémination profonde, ...

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles d’équine parus dans les revues internationales

- Les inséminations en minidoses : quoi en penser ?

- La conduite et l’hygiène de la saillie en main chez la jument - Les accidents lors de la saillie chez l’étalon et chez la jument

Âne - La conduite et l'hygiène de la saillie chez l'âne

Rubriques - Comment réaliser : - 1. une insémination artificielle classique - 2. une insémination artificielle profonde - 3. une insémination sous vidéoendoscopie - Réglementation La responsabilité civile professionnelle - Exigences sanitaires des règlements de “studsbooks“ chez les juments - Management - Installer et développer une activité de mise en place de semence

sommaire Éditorial par Laurent Mangold

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Test clinique - Une hypertrophie ovarienne unilatérale Ève Mourier

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CHEVAL ET ÉQUIDÉS - Le moment de l'insémination artificielle ou l'insémination artificielle post-ovulation Ève Mourier Fiches - La préparation des doses d'insémination artificielle Isabelle Barrier-Battut Comment préparer des doses de semence 1. Pour une insémination en frais 2. Pour une insémination en sperme réfrigéré sur place 3. Comment gérer les doses d’insémination - Les inséminations en minidoses - Quoi en penser ?

Jean-François Bruyas Fiche - La conduite et l’hygiène de la saillie en main chez la jument Christopher Stockwell - Les accidents lors de la saillie chez l’étalon et chez la jument Anne-Cécile Lefranc

Volume 6

N°22 JUIN 2010 DOSSIER MISE

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À LA REPRODUCTION 14 16 19 22 31 35

ÂNE, PONEY - La conduite et l'hygiène de la saillie chez l'âne Emmanuel Lagarde

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RUBRIQUES - Gestes techniques 1. Comment réaliser une insémination artificielle classique chez la jument Élodie Chollet 2. Comment réaliser une insémination artificielle profonde chez la jument Serge Lenormand 3. Comment réaliser une insémination artificielle sous vidéoendoscopie chez la jument Anne-Cécile Lefranc - Réglementation - La responsabilité civile professionnelle dans un centre de mise en place : analyse de la jurisprudence Philippe Lassalas - Réglementation - Exigences sanitaires des règlements de “studs-books“ chez les juments Laurent Mangold - Management - Comment installer et développer une activité de mise en place de semence équine dans une clientèle Élodie Chollet

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revue de formation à comité de lecture

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indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

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(CAB International)

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agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

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(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE - Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain - Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection par Camille Thomas, Laurine Galant, Claire Forgeard, Marion Boidot, François-Xavier Lalèyê, Pauline Pidou, Morgane Grall Test clinique - les réponses Tests de formation continue - les réponses Articles originaux

CHEVAL ÂNE RUBRIQUE

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REVUE INTERNATIONALE

Souscription d’abonnement en page 65

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol. 6 / n°22 2010 - page 67

test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

une hypertrophie ovarienne unilatérale

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Jean-François Bruyas (Oniris) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Marc Gogny (Oniris) Olivier Lepage(VetAgro Sup) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)

Ève Mourier Jean-François Bruyas

Rédacteurs en chef

Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction, Département des Sciences Cliniques, École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantique, ONIRIS BP 40706, 44307 Nantes cedex 03

Louis-Marie Desmaizières (praticien) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)

Comité de rédaction Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, VetAgro Sup) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, Oniris) Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, VetAgro Sup) Céline Mespoulhès-Rivière (Chirurgie, E.N.V.A.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Roland Perrin (Chirurgie, praticien) Jean-Marc Person (Immunologie, Oniris) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Fabrice Rossignol (Chirurgie, praticien) François Valon (Médecine interne, praticien) Youssef Tamzali (Médecine interne, E.N.V.T.) Chargée de mission rédaction Hélène Rose Gestion des abonnements et comptabilité Vanessa De Oliveira - Marie Servent Mise en page - Infographie Thomas Dobrzelewski Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 38 € T.T.C CEE : 39 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social :Europarc 15, Rue Le Corbusier, 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0412 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081 Impression : ETC-INN Av. des lions Ste-Marie des Champs - B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”.

Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 68 - JUIN 2010

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U

n suivi gynécologique est effectué depuis le début du mois d’avril sur une jument Selle Français de 17 ans, qui est dans un centre d’insémination pour la saison de monte 2010. Des examens réguliers, avec palpation et échographie transrectales, ont permis de détecter son 1er œstrus de la saison, qui a débuté entre le 13 et le 16 avril.

La semence n’étant pas disponible, la jument n’a pas été inséminée sur ce 1er cycle.

Le suivi régulier de cet œstrus n’a donc pas été poursuivi, et il a été décidé d’exploiter le cycle suivant.

Le 26 avril, la palpation transrectale permet de constater que l’ovaire gauche de la jument est de taille anormalement augmentée (un peu plus volumineux qu’un pamplemousse), et de consistance assez ferme.

La taille de l’ovaire droit est celle d’un ovaire dépourvu à la fois de gros follicule en croissance et de corps jaune, mais plus gros qu’un ovaire de jument en anœstrus profond.

La consistance de l’utérus est plus ou moins ferme.

L’examen échographique met en évidence une structure unique au niveau de l’ovaire gauche. Celle-ci mesure 6,5 x 5,3 cm de diamètre. Sa paroi est fine et échogène, et

comité de lecture Isabelle Barrier-Battut, Bruno Baup, Philippe Benoit, Géraldine Blanchard, Sarah Buisson, Christian Bussy, Eddy Cauvin, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Chuit (Suisse), Florent David (Canada), Isabelle Desjardins, Francis Desbrosse, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Lætitia Jaillardon, Xavier Gluntz,

Delphine Holopherne, Emmanuel Lagarde, Claire Laugier, Jean-Pierre Lavoie (Canada), Anne-Cécile Lefranc, Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Emmanuelle Moreau, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Morgane Schambourg, Claire Scicluna, Brigitte Siliart, Christopher Stockwell, Sarah Tenedos, Etienne Thiry (Liège), Emmanuelle Van Erck (Liège).

1

Aspect échographique de l’ovaire gauche de Fannette le 26 avril (6,5 x 5,3 cm) (photo È. Mourier, J.-F. Bruyas).

son contenu est d’une échogénécité moyenne mais très uniforme (photo 1).

- L’ovaire droit ne présente que de petits follicules, qui mesurent au maximum 20 mm de diamètre.

- L’aspect de l’utérus est légèrement hétérogène.

1 Quel est votre diagnostic ?

2 Quelle est la conduite à tenir ?

3 Quel est le pronostic reproducteur

pour cette jument ?

Réponses à ce test page 64

Abonnez-vous en page 65 Pour tous renseignements : tél. (33)1 41 94 51 51 fax (33)1 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr

éditorial Le praticien vétérinaire, un incontournable de la filière équine ...

E

n saison de monte, le vétérinaire gynécologue équin est soumis aux nombreuses interrogations de ses clients, surtout en ces périodes difficiles. La fameuse crise économique rend les gens soit inquiets et suspicieux, soit rêveurs pour oublier leurs soucis. La filière cheval n’est pas épargnée. Le désengagement de l’État qui frappe l’institution des Haras nationaux*, va donner un nouveau visage au paysage de la reproduction équine. Un marché peut s’ouvrir aux vétérinaires gynécologues équins, ou plutôt, ils peuvent occuper une place dans ce paysage.

Occuper une place ou réaffirmer sa position dans une filière, c’est avant tout, pour un professionnel, s’imposer comme un élément indispensable, donc mettre en avant sa compétence et s’appuyer sur elle pour devenir incontournable.

“Docteur, j’ai réservé une saillie de l’étalon X, mais ils ne me fournissent que deux paillettes qui ne m’appartiennent pas, comment pouvons-nous faire ?” ; “Docteur, ma jument va en monte en main à l’étalon Y, (vous comprenez les doses limitées, ça suffit, cela me coûte cher et elle ne remplit pas bien), mais je n’ai droit qu’à un seul saut par chaleur, comment pouvons-nous faire ?” ; “Docteur, cette année, je choisis un étalon disponible en réfrigéré transporté, vous m’avez dit que la fertilité était meilleure et que les frais étaient moindres, mais comment fait-on avec les jours fériés ?” Autant de questions que de cas particuliers. Tiraillé entre les réalités économiques, les contraintes techniques et physiologiques de la reproduction, les effets de mode et de marketing (ce qui est rare est cher !), et la fertilité intrinsèque de la jument et de l’étalon, …, l’éleveur interroge le vétérinaire, qui répond aux interrogations et gère les situations.

Laurent Mangold Cabinet vétérinaire de Magnac Laval 87190 Magnac Laval Centre de reproduction équine et de récolte d’embryon du Dorat 87210 Le Dorat

Son expertise et sa capacité d’analyse doivent permettre de proposer le bon conseil, et d’appliquer la bonne technique au bon moment. Il avertit l’éleveur quand les contraintes commerciales, les réalités économiques et les effets de mode, sont en désaccord avec les données scientifiques : même au plus haut de la corne utérine, le spermatozoïde et l’ovocyte ne font pas toujours bon ménage et la jument vide coûte toujours trop cher ! Or, les doses pour les étalons à la mode tendent à se raréfier.

Avec ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VETERINAIRE équine tourné vers la reproduction équine, la rédaction de NÉVA souhaite offrir au praticien un ensemble d’articles pour faire le point sur les techniques d’inséminations, en précisant le cadre de leur mise en œuvre : de la technique classique à la mise en place plus sophistiquée, de minidoses, en insémination “profonde” ou sous endoscopie. En effet, via le devenir incertain des centres techniques des Haras nationaux, des centres de mise en place qui ne doivent pas être agréés, et le retour massif à l’utilisation du sperme frais et réfrigéré transporté pour une partie croissante de la jumenterie, le praticien est sollicité pour assurer l’encadrement technique et sanitaire de la production de dose de sperme frais ou réfrigéré, ou/et pour gérer la reproduction de jument qu’il insémine à la clinique.

Des fiches techniques complètent les informations sur la fabrication de doses de sperme frais et de sperme réfrigéré, et sur la gestion de la commande et des différents types de doses de sperme disponibles sur le marché. Le témoignage de notre consœur Élodie Chollet sur la création de sa structure d’insémination équine, au sein de sa clinique donne l’occasion aux lecteurs de mieux appréhender un tel projet.

Les ânes ne sont pas oubliés, avec la gestion de leur monte (“pas toujours express”).

Comme chaque stud-book établit ses règles sanitaires pour la mise à la reproduction dans sa race, les règles actuellement applicables aux juments sont présentées dans la rubrique Réglementation.

NOTE * Le nouvel institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) et le futur groupement d’intérêt public (GIP) “France-Haras” voient le jour.

C

e dossier spécial “Mise à la reproduction”, est à laisser sur la table de chevet ou sur la table de jardin où vous faites la pause. Les informations qu’il apporte vont vous permettre de mieux vous affirmer comme un maillon indispensable et incontournable de la chaîne de la fertilité équine. ¿

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN 2010 - page 69

le moment de l’insémination l’insémination artificielle post-ovulation

Ève Mourier Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction, Département des Sciences Cliniques, École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantique, ONIRIS, BP 40706, 44307 Nantes cedex 03

chez la jument La fertilité de la jument varie selon le moment choisi pour la faire saillir ou inséminer.

Une fertilité optimale peut être obtenue, que la saillie ou l’insémination soit réalisée en période pré-ovulatoire comme post-ovulatoire, si le délai entre insémination et ovulation est respecté.

Déterminé par la disponibilité de la semence, et par les possibilités de suivi échographique des juments, le choix du moment de l’insémination a des répercussions économiques qu’il convient d’analyser au cas par cas.

Objectifs pédagogiques Connaître les délais à respecter entre la saillie ou l’insémination artificielle et l’ovulation, selon les types de semence, pour une fertilité optimale.

Comprendre la baisse de fertilité occasionnée par une augmentation du délai entre la saillie ou l’IA et l’ovulation.

Savoir choisir entre inséminations pré-ovulation et post-ovulation.

L

e moment de la saillie ou de l’insémination artificielle (IA) par rapport à l’ovulation a un effet déterminant sur la fertilité de la jument : les gamètes ont une durée de vie limitée, et la réussite de la fécondation et du début de la gestation qui s’ensuit repose sur la rencontre entre un ovocyte viable et un spermatozoïde capable de le féconder.

Le but de cet article est de déterminer le moment idéal pour réaliser une saillie ou une insémination artificielle (notée saillie ou IA dans la suite du texte) pour obtenir une fertilité optimale (photo 1).

Lors de la saillie ou de l’insémination, les spermatozoïdes sont déposés dans l’utérus, une partie d’entre eux se fixe rapidement à la jonction utéro-tubaire, puis remonte l’oviducte jusqu’à l’ampoule, qui est le lieu de rencontre avec l’ovocyte.

1

Pour obtenir une fertilité optimale, réaliser l’nsémination artificielle au meilleur moment : tel est l’objectif recherché (photo J.-F Bruyas).

Après avoir envisagé la période pré-ovulatoire, nous traitons la période post-ovulatoire.

INSÉMINER AVANT L’OVULATION Lorsque la saillie ou l’insémination artificielle a lieu avant l’ovulation, la fécondation dépend de la durée de vie des spermatozoïdes dans le tractus génital de la jument.

Les spermatozoïdes dans le tractus génital de la jument

Lors de la saillie ou de l’insémination artificielle, les spermatozoïdes sont déposés dans l’utérus. En 4 à 8 h, 2000 à 4000 “bons” spermatozoïdes, en état pré-capacité, se lient aux cellules épithéliales de la jonction utéro-tubaire de l’isthme de l’oviducte (OEC oviductal epithelial cells) : ils constituent le stock nécessaire à la fécondation.

Ils se détachent ensuite peu à peu, par groupes d’une dizaine, capacitent et remontent la trompe utérine grâce à ses contractions jusqu’à l’ampoule où ils rejoignent l’ovocyte (figure 1).

Figure 1 - Les spermatozïdes dans le tractus génital de la jument (d’après J.-F. Bruyas) Oviducte Utérus Saillie : 7 x 109 spermatozoïdes

Pavillon

Jonction utéro-tubaire

CHEVAL Isthme

Insémination artificielle (IA) : 400 x 106 spermatozoïdes

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 70 - JUIN 2010

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4 à 8 h post-IA : 2000 à 4000 spermatozoïdes

Ampoule

gestes et techniques insémination en frais comment préparer des doses de semence Isabelle Barrier-Battut Institut Français du Cheval et de l’Equitation La Jumenterie du Pin 61310 EXMES

Objectif pédagogique Savoir préparer des doses de semence destinées à être mises en place sur le lieu de collecte, et dans l’heure qui suit.

P

Essentiel Le sperme pur (non dilué) n’est utilisable que si l’insémination est réalisée immédiatement à la suite de la récolte.

Lorsqu’on fabrique des doses le matin et l’après-midi, le lait qui est resté au bain-marie en fin de matinée doit être jeté.

Utiliser des seringues “deux pièces”, c’est-à-dire sans caoutchouc sur le piston.

La technique des “doses réfrigérées” peut également être utilisée pour de l’insémination artificielle de semence fraîche.

CHEVAL

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 78 - JUIN 2010

L’insémination artificielle de semence fraîche (I.A.F.) utilise la semence sur le lieu de collecte, et dans l’heure qui suit.

Des règles et des recommandations pratiques sont à suivre pour préparer le laboratoire et les doses. our une insémination artificielle de semence fraîche, chaque dose doit contenir au minimum 200 millions de spermatozoïdes, le sperme doit être dilué au minimum au tiers (le volume du sperme pur ne doit pas représenter plus d’un tiers du volume de la dose totale).

Le sperme doit être dilué le plus vite possible. Il est donc nécessaire de préparer tout le matériel à l’avance (encadré matériel).

Les spermatozoïdes ne doivent subir aucun choc thermique. Aussi le matériel qui entre en contact avec la semence doit être à 36°C (dilueur, récipients, etc.).

Les règles d’hygiène habituelles sont à respecter, pour ne pas contaminer la semence.

1. PRÉPARER LE LABORATOIRE

Une demi-heure à l’avance, allumer le bain-marie, et y mettre du dilueur à chauffer.

Le dilueur classiquement utilisé est du lait demi-écrémé UHT. En insémination artificielle de semence fraîche (I.A.F.), il convient pour la plupart des étalons, et l’addition d’antibiotiques n’est pas obligatoire.

Une fois la brique de lait ouverte, le reste peut être conservé au réfrigérateur, pour fabriquer d’autres doses pendant la journée.

Le lendemain, ouvrir impérativement une nouvelle brique.

Préparer ensuite un biberon gradué, et un entonnoir contenant deux compresses pour filtrer le sperme, à conserver dans l’incubateur jusqu’à la récolte (photo 1).

Pour préparer le photomètre, allumer la lampe, placer une cuve contenant une solution de NaCl à 9 p. mille (volume variable selon les photomètres : 1,9 mL ou 3,9 mL).

Faire le zéro.

Mettre à réchauffer à 36°C : - des lames de microscope et des lamelles ; - des cônes embouts de micropipettes ; - autant de seringues de 20 mL que de doses de semence à préparer ; - des manchons de seringue (préparés à l’aide

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Filtration du sperme (photo Jumenterie du Pin).

matériel Le matériel indispensable comprend : - un bain-marie réglé sur 36°C ; - un photomètre ou un colorimètre, étalonné pour mesurer la concentration du sperme pur ; - un microscope équipé d’une platine chauffante (36°C) ; - un incubateur (36°C) ; - des micropipettes : de 5 mL, de 100 µL, et de 10 µL.

de mousse isotherme servant à isoler les canalisations). Prévoir des bouchons de seringue.

Les sondes d’insémination doivent aussi être réchauffées dans un incubateur à 36°C.

Vérifier que tout le matériel est à la bonne température avant d’aller récolter l’étalon.

2. PRÉPARER LES DOSES La technique des 2/3-1/3

La technique des 2/3-1/3 est la plus simple, elle évite la perte de semence. Mais, la concentration en spermatozoïdes dans les doses est la plupart du temps trop élevée pour que la semence puisse être conservée.

Toutes les doses doivent donc réellement être mises en place dans l’heure.

Les différentes phases avant d’inséminer Dès la récolte terminée, il convient de filtrer le sperme et de placer le biberon au bain-marie. Noter le volume de sperme pur.

Observer une goutte de sperme pur au microscope entre lame et lamelle, pour évaluer la mobilité, et vérifier l’absence de cellules pathologiques.

Mesurer la concentration au photomètre* : ajouter 100 μL de sperme pur dans la cuve

NOTE

* Il existe aussi des photomètres qui permettraient de mesurer directement la concentration du sperme pur (ex : Spermacue®).

gestes et techniques

insémination en sperme réfrigéré sur place

comment préparer les doses de semence

Isabelle Barrier-Battut Institut Français du Cheval et de l’Equitation La Jumenterie du Pin 61310 EXMES

Objectif pédagogique Savoir préparer des doses de semence réfrigérée, pour une mise en place différée, sur le lieu de collecte.

Lorsque l’insémination artificielle n’a pas lieu dans l’heure qui suit la récolte, la semence est conservée réfrigérée.

Quelques règles s’ajoutent à celles de l’insémination en sperme frais pour la concentration en spermatozoïdes dans les doses, et les caractéristiques du dilueur.

E Essentiel La préparation des doses réfrigérées doit toujours être effectuée sous la responsabilité d’un chef de centre diplômé.

Le lait UHT demi-écrémé est utilisé comme dilueur, après l’addition d’amoxicilline et de gentamicine.

Chaque dose doit contenir au minimum 200 millions de spermatozoïdes.

Le volume de sperme pur ne doit pas excéder un tiers de celui de la dose totale.

La concentration des doses conservées ne doit pas excéder 20 millions de spermatozoïdes par mL.

n plus des règles classiques de l'IA : un minimum de 200 millions de spermatozoïdes par dose et pas plus d'un tiers de sperme pur dans la dose, la concentration en spermatozoïdes dans les doses doit être le plus proche possible de 20 millions par mL, pour permettre la conservation à l'état réfrigéré. En outre, la réglementation est à respecter (encadré réglementation).

Préparation du laboratoire : doses en tube (photo Jumenterie du Pin).

1. PRÉPARER LE DILUEUR Le lait additionné d’antibiotiques

Du lait demi-écrémé UHT est utilisé, additionné d’antibiotiques.

Pour 1 L de dilueur, préparer : 1. 0,1 g d’amoxicilline - Clamoxyl 1 g ®* (présenté en poudre à diluer extemporanément) : - cette poudre doit être aliquotée en tubes de 0,1 g. Ne pas diluer tout le flacon (1g), car la solution ne se conserve pas, - la diluer dans 0,5 mL d’eau ppi.

Ne surtout pas utiliser le solvant fourni, qui contient de l’alcool benzylique ; 2. 50 mg de gentamicine - Gentalline 80®*, ou Gentalline 160®* (commercialisée en solution, l’excédent peut être conservé congelé).

N. B. Seules ces spécialités ont été testées, et peuvent donc être utilisées sans risque de toxicité pour les spermatozoïdes, notamment de la part des excipients.

Le dilueur ainsi préparé se conserve 24 h au réfrigérateur. Il ne doit pas être congelé, car les antibiotiques et certains composants du lait seraient altérés.

CHEVAL

Prélever, à l’aide d’une seringue de 1 mL, le volume nécessaire de Gentalline (50 mg de gentamicine correspondent à 0,625 mL de Gentalline 160®), et l’injecter dans la Crédit Formation Continue : brique de lait.

0,05 CFC par article * Spécialités de médecine humaine LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 80 - JUIN 2010

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réglementation - La semence doit être récoltée, et les doses préparées, dans un centre de collecte agréé par la Direction Départementale chargée du domaine vétérinaire - Si toutes les doses ne sont pas mises en place dans l’heure qui suit la collecte, même sans quitter le site du centre, le responsable technique du centre doit être titulaire d’une licence de chef de centre (arrêté du 24 janvier 2008).

- Pour respecter la traçabilité, chaque collecte doit être notée sur un registre, de même que le devenir des doses.

Aspirer ensuite à la seringue l’amoxicilline, dissoute dans l’eau ppi, et l’injecter dans la brique par le même trou.

Coller une étiquette sur le trou, indiquant la date, et la mention “antibiotiques”, puis agiter la brique pour mélanger le contenu.

Ouvrir ensuite la brique pour verser le dilueur dans un récipient à large col, et le mettre à chauffer au bain-marie.

Les autres dilueurs Lorsque la durée de conservation excède 12 h, ou même, pour certains étalons, quelle que soit la durée de conservation, la survie des spermatozoïdes est meilleure dans des dilueurs plus élaborés, tel que l’INRA96® (I.M.V., L’Aigle).

gestes et techniques comment gérer les doses d’insémination Lorsque la réglementation l’autorise, l’insémination artificielle est de plus en plus souvent effectuée avec de la semence transportée, qu’elle soit réfrigérée ou congelée.

Les juments ne sont pas ainsi déplacées sur de longues distances.

Toutefois, la gestion des doses nécessite une attention particulière, et le suivi gynécologique des juments être plus précis.

C

ette fiche expose comment gérer les doses de semence, leur commande, leur stockage, le choix de la mise en place, en fonction du type de semence utilisée : fraîche, réfrigérée avec conservation sur place, réfrigérée et transportée, congelée.

POUR L’INSÉMINATION AVEC DU SPERME FRAIS

Par définition, le sperme frais est mis en place sur place, dans l’heure qui suit la collecte.

Lorsque la jument n’est pas hébergée sur le site du centre de collecte, il faut commander une dose de semence dès que l’examen gynécologique de la jument en montre la nécessité (jument en chaleurs, si un suivi ovarien par échographie est réalisé : follicule de diamètre > à 35 mm), puis transporter la jument au centre de collecte.

L’heure limite de la commande pour pouvoir être servi varie en fonction des centres.

Elle est précisée sur le contrat de saillie signé par le propriétaire de la jument.

Répéter l’examen gynécologique tous les 2 jours, et répéter les inséminations jusqu’à la fin des chaleurs, ou jusqu’à la constatation de l’ovulation. Pour limiter le nombre d’inséminations (et les transports de la

Isabelle Barrier-Battut Institut Français du Cheval et de l’Equitation La Jumenterie du Pin 61310 EXMES

jument, par exemple), il est possible d’induire l’ovulation.

Objectif pédagogique

POUR L’INSÉMINATION AVEC DU SPERME RÉFRIGÉRÉ Transport par des circuits pré-établis Le transport est effectué dans la journée, selon des circuits pré-établis, par exemple, le réseau de transport des Haras nationaux, ou celui de certains centres privés.

Selon les centres de collecte (donc selon l’heure de collecte), la semence doit être commandée au plus tard la veille, ou le matin même. Les frais de transport sont en général forfaitaires pour la saison.

La gestion du sperme réfrigéré est identique à celle décrite en semence fraîche : 1. commander la semence lorsque la jument est en chaleurs (et éventuellement présente un follicule de diamètre > à 35 mm) ; 2. répéter les examens tous les 2 jours, ainsi que les commandes, jusqu’à la fin des chaleurs, ou jusqu’à l’ovulation.

N. B. Attention à la gestion des doses du week-end : si les étalons ne sont pas prélevés le samedi, il est recommandé de fournir une dose supplémentaire par jument le vendredi, pour réinséminer le samedi, ou le dimanche si la jument n’a pas ovulé.

Expédition par transporteur Le colis (boîte réfrigérante) arrive le lendemain de la commande, donc de la collecte.

Les envois sont en général facturés individuellement.

Pour limiter les coûts, il convient de limiter le nombre d’envois par cycle (idéalement, un seul envoi).

L’induction de l’ovulation est conseillée, elle peut être réalisée selon deux possibilités.

1. Induction de l’ovulation au moment de la commande de la dose (figure 1) :

Savoir gérer les doses d’insémination en fonction du type de semence utilisée.

Essentiel Pour l’insémination avec du sperme frais, commander une dose de semence, dès que l’examen gynécologique de la jument en montre la nécessité.

Pour le sperme réfrigéré, commander la semence lorsque la jument est en chaleurs et répéter les examens tous les 2 jours, jusqu’à la fin des chaleurs, ou jusqu’à l’ovulation.

Pour l’insémination avec du sperme congelé, bien s’assurer du nombre de paillettes préconisé pour une insémination, donc du nombre d’insémination qui peuvent être réalisées avec le stock.

Figure 1 - Induction de l’ovulation lors de la commande de la dose, en sperme réfrigéré Commande de la dose Induction de l’ovulation

I.A. 1 dose (ou 2) réfrigérée 24h

CHEVAL

Contrôle ovulation Ovulation

0h

24 h

36 h

48 h

19

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 JUIN 2010 - page 83

Jean-François Bruyas Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction, Département des Sciences Cliniques, ONIRIS Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

Objectifs pédagogiques Savoir expliquer aux propriétaires de juments et d’étalons les limites et les contraintes de l’insémination en minidoses.

Savoir choisir la technique et le matériel les mieux adaptés, en fonction du volume de la dose de sperme. Être capable de raisonner, pour chaque accouplement par insémination artificielle en sperme congelé, le mode de suivi des juments, le rythme des examens gynécologiques, et celui des inséminations.

Essentiel Les doses minimales et idéales de sperme congelé à utiliser en insémination artificielle ne sont pas déterminées, car elles dépendent : - de l’étalon, voire de l’éjaculat ; - de la jument ; - du délai entre l’insémination et l’ovulation ; - du type de matériel utilisé pour les mettre en place.

les inséminations en minidoses quoi en penser ?

La commercialisation de la semence à la dose, ou même à la paillette, incite les propriétaires de juments à économiser au maximum le nombre de paillettes par insémination, voire à tenter d’inséminer plusieurs juments avec la même dose fractionnée.

Ce type d’insémination avec des “minidoses” est-il de l’ordre du mythe ou de la réalité ?

L’

insémination avec des “minidoses” est une problématique réelle dans la pratique quotidienne. En effet, le système français de vente, de la semence mais surtout, du droit à faire naître un poulain à partir d’un étalon, n’est pas appliqué à la plupart des races de chevaux à l’étranger.

De ce fait, les propriétaires étrangers d’étalons, qui commercialisent des doses de sperme congelé dans ces races, ont tendance à les vendre soit à la paillette, soit à la dose d’insémination artificielle.

Avec le système français, la quantité de paillettes livrées pour faire naître un poulain est souvent de cinq ou six doses d’insémination (40, voire 48 paillettes), avec la possibilité, le cas échéant, d’avoir une livraison complémentaire à moindre coût.

Mais, certains propriétaires d’étalons de races françaises appliquent également ce mode de commercialisation à la paillette, ou à la dose (encadré 1).

Après un rappel de l’historique des minidoses et des éléments de physiologie de la

1

Insémination artificielle profonde sous hystéroscopie (photo J.-F Bruyas).

reproduction (encadré 2), nous rapportons les études sur le nombre minimal de spermatozoïdes nécessaire à la reproduction, les techniques d’insémination artificielle profonde, les résultats avec des essais confirmés et de terrain avec les minidoses.

LE NOMBRE MINIMAL DE SPERMATOZOÏDES NÉCESSAIRES

Il n’a pas été défini de valeurs seuil minimales, universellement reconnues, sur le nombre de spermatozoïdes nécessaires dans une dose d’insémination artificielle, pour obtenir une fécondation et une gestation.

Selon les équipes, les pays et les habitudes, le nombre minimal de spermatozoïdes dans une dose d’insémination artificielle (IA) est très variable. Certains prennent en considération le nombre de spermatozoïdes totaux, d’autres, selon la formule anglosaxonne, le nombre de spermatozoïdes mobiles progressifs (PMS), aussi appelé nombre de spermatozoïdes fléchants.

Alors qu’aux États-Unis, les doses d’IA classiquement utilisées renferment 500 x 106

Encadré 1 - Historique de l’utilisation des minidoses Il y a un peu plus de 10 ans, quelques travaux expérimentaux, qui visaient à obtenir des gestations chez la jument à l’aide de doses de sperme contenant un faible nombre de spermatozoïdes sexés, ont montré que le dépôt d’un nombre relativement réduit de spermatozoïdes par hystéroscopie, près de la jonction utéro-tubaire, pouvait permettre de féconder les juments [17, 29].

À la suite de ces 1ers essais, différentes études ont confirmé qu’il est possible d’obtenir des gestations avec une quantité beaucoup

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 86 - JUIN 2010

22

plus faible de spermatozoïdes que celle habituellement employée lors d’insémination artificielle (IA) [3, 10, 19, 20].

Dans un contexte d’internationalisation du marché du sperme équin, et dans le but d’économiser les doses de sperme d’étalons réputés, les techniques dites d’IA sous hystéroscopie ou profonde (IAP), par contrôle transrectal ou par hystéroscopie, sont de plus en plus employées sur le terrain, à la demande des propriétaires de juments, ou selon l’exigence des vendeurs de semence.

la conduite et l’hygiène de la saillie en main chez la jument La saillie en main est une technique de reproduction ancienne, qui n’est obligatoire à l’heure actuelle qu’en race Pur sang.

Elle entraîne des mesures de sécurité et d’hygiène qui lui sont propres.

Christopher Stockwell Clinique vétérinaire équine de Falaise L’Attache Rue Michel d’Ornano 14700 Falaise

Objectif pédagogique Connaître les particularités de la conduite et de l’hygiène de la saillie en main chez la jument.

L’

’insémination artificielle est de plus en plus répandue dans l’espèce équine, en particulier chez le trotteur français (insémination en sperme frais exclusivement), et chez les chevaux de sport (insémination en sperme réfrigéré et congelé également).

Certaines races lourdes utilisent indifféremment la monte naturelle ou l’insémination en sperme frais, ou en sperme réfrigéré et transporté.

À travers le monde, il n’y a guère que chez les chevaux de Pur-sang pour lesquels la saillie en main soit le seul mode de reproduction autorisé. La monte naturelle exclusive est un choix délibéré des autorités qui régissent l’élevage des chevaux de sang, et ce respect strict de la tradition fait l’objet de débats récurrents, en particulier en GrandeBretagne.

La saillie en main obéit à des règles anciennes, qui découlent de la connaissance des particularités physiologiques de l’espèce équine, ainsi qu’à des règlements sanitaires draconiens et indispensables.

Cet article envisage ces différents aspects, avant de décrire la conduite du “saut”.

PHYSIOLOGIE DE LA REPRODUCTION CHEZ LA JUMENT ET CONSÉQUENCES PRATIQUES

Entre février et septembre (période d’allongement des phases diurnes dans l’hémisphère nord), les cycles des juments alternent des phases de maturation folliculaire et d’ovulation (environ une semaine), et des phases d’interœstrus (environ 15 jours).

La jument ne peut être saillie que durant la dernière portion de la phase de maturation folliculaire, et refuse tout contact avec l’étalon en dehors de cette période. Le refus d’être saillie se traduit par des coups

1

L’étalon souffleur permet de détecter une jument en chaleur au moment du passage à la barre (photo C. Stockwell).

de pieds postérieurs violents, qui sont très dangereux pour le personnel et pour l’étalon.

Certaines juments n’obéissent pas à ce schéma classique, et refusent d’être saillies alors qu’elles sont prêtes à ovuler.

A contrario, certaines juments en début de gestation, qui sont censées refuser l’étalon, l’acceptent volontiers.

Le suivi gynécologique des juments, pratiqué par un vétérinaire, doit donc permettre de noter la progression de la croissance folliculaire, l’apparition et l’évolution de l’œdème utérin, ainsi que l’évolution de la taille et de la position du col utérin.

Les juments destinées à la monte naturelle doivent être testées par un souffleur (“passage à la barre”), afin de s’assurer qu’elles vont accepter la saillie sans faire courir de risques aux professionnels et à l’étalon (photo 1).

De plus, faire saillir “de force” une jument qui n’est pas bien en chaleur peut provoquer une métrite. En effet, l’utérus de la jument ne se défend bien contre les microbes naturellement présents dans le sperme que si la jument est en chaleur.

Les juments qui sortent de l’entraînement (appelées “maidens” chez les éleveurs de Pur-sang) sont parfois très réticentes, par peur de l’étalon, et refusent d’être chevauchées, alors qu’elles sont présentées au moment optimal de leur cycle. Il est parfois nécessaire de les tranquilliser.

Essentiel Les juments destinées à la monte naturelle doivent être testées par un souffleur, afin de s’assurer qu’elles vont accepter la saillie.

Faire saillir “de force” une jument qui n’est pas bien en chaleur peut provoquer une métrite.

Le responsable du haras doit contrôler l’ensemble des résultats des prélèvements sérologiques et bactériologiques lors de l’arrivée d’une jument.

CHEVAL

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

31

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 JUIN 2010 - page 95

les accidents

lors de la saillie chez l’étalon et chez la jument Des mesures préventives permettent de limiter les risques d’accidents lors de la saillie, mais elles ne peuvent empêcher la survenue de certains traumatismes de l’appareil génital chez l’étalon, et/ou la jument.

LES LÉSIONS TRAUMATIQUES DE L’APPAREIL GÉNITAL DE L’ÉTALON LORS DE LA SAILLIE Les lésions traumatiques du scrotum et des testicules se traduisent par une douleur aiguë.

Elles entraînent le plus souvent une augmentation locale de volume, notamment lors de la formation d'un hématocèle (accumulation de liquide hémorragique dans la cavité vaginale) ou d'un œdème du dartos [8, 9].

Vetagro Sup Campus Vétérinaire Département Hippique 1 avenue Bourgelat 69 280 Marcy l'Étoile

Objectifs pédagogiques Connaître les risques pour la jument, l’étalon, et le personnel, lors d’une saillie.

Savoir informer les propriétaires, anticiper les problèmes, et diagnostiquer les situations d’urgence.

L

a saillie naturelle nécessite un contact étroit entre la jument et l’étalon. Celui-ci se retrouve à proximité directe des membres postérieurs de la jument, d’où un risque potentiel d’accidents par ruades et par coups de pied (photo 1).

Il convient donc de prendre quelques précautions, pour éviter d’éventuels traumatismes de la jument, de l’étalon, et/ou du personnel.

Certains équipements permettent de limiter les accidents et/ou les lésions : - un protège-encolure en cuir sur la jument, pour éviter les morsures de l’étalon ; - un tord-nez et des entraves, pour empêcher les coups de pied de la jument ; - un protège-queue sur la jument, pour limiter les risques de lacération du pénis par les crins (photo 2) ; - des chaussons de feutre peuvent être placés sur les sabots postérieurs de la jument, afin de protéger l'étalon en cas de coup.

Malgré ces précautions, des accidents de saillie restent possibles. Leurs conséquences peuvent être importantes pour la survie de l’animal, ou pour son avenir reproducteur.

Cet article présente les lésions traumatiques de l’appareil génital mâle et femelle, leurs conséquences, et les traitements à envisager.

Anne-Cécile Lefranc

1

Saillie naturelle.

L‘étalon chevauche la jument en œstrus en plaçant ses deux membres antérieurs au niveau du flanc de la jument, et sa tête au niveau de son encolure.

Les membres postérieurs de l‘étalon sont en contact étroit avec les postérieurs de la jument (photos A.-C. Lefranc).

2

Une jument préparée pour la saillie naturelle avec : - un tord-nez et des entraves au niveau des membres postérieurs, pour limiter les coups de pieds et leurs impacts ; - un protège-encolure en cuir, pour ne pas être blessée en cas de morsure de l‘étalon ; - un protège-queue, pour limiter les lacérations du pénis.

CHEVAL

Les hématocèles

Un hématocèle se traduit par une douleur aiguë, et peut avoir des conséquences importantes sur la fertilité de l’étalon : - l'accumulation de liquide hémorragique

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 JUIN 2010 - page 99

la conduite et l’hygiène

Emmanuel Lagarde 44, route de la Châtre 18160 Lignières

Objectif pédagogique

de la saillie

chez l’âne La reproduction du baudet, monte en liberté, monte en main, insémination, et celle des juments saillies par des ânes, présentent des spécificités physiologiques et comportementales.

Connaître les particularités de la conduite et de l’hygiène de la saillie chez l’âne.

S

ur les sept races d’ânes inscrites en France pour la saison de monte 2008, 267 baudets ont fait la monte. Ils ont servi 2609 femelles (ânesses et juments confondues), soit 9,8 femelles par baudet en moyenne [5]. À titre de comparaison, sur la même année 2008, 7457 étalons (chevaux et ânes confondus) ont sailli 98 766 femelles, soit 13,2 femelles par étalon.

Les baudets ne fonctionnent pas comme les étalons sur le plan de la gestion de la saillie. Les modèles d’élevage appliqués chez le cheval sont souvent transposés chez l’âne, avec peu de réussite [8].

Cet article présente les particularités de la conduite de la saillie chez l’âne, qu’il s’agisse de la monte en liberté, de la monte en main, ou de la récolte avec un vagin artificiel.

Il évoque ensuite les mesures d’hygiène qu’il convient d’adopter.

Chiffres

En France, 62 000 ânes sont actuellement recensés (base de données SIRE).

La population asine mondiale compte approximativement 50 millions de sujets [3].

2

La monte en main se gère comme chez le cheval.

LA CONDUITE DE LA SAILLIE La monte en liberté

Essentiel La part de la monte en liberté est importante : 51 p. cent de l’effectif des baudets en 2008.

Toute saillie est précédée d’une longue phase pré-copulatoire, à bien respecter.

ÂNE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 104 - JUIN 2010

Une des spécificités de la monte dans l’espèce asine est la part importante de la monte en liberté (51 p. cent de l’effectif des baudets en 2008) (photo 1). La conduite de la reproduction dans les élevages en général inexistante.

Choisie pour des raisons économiques et par facilité, ou par manque de compétences et de connaissances pour assurer la monte en main, la monte en liberté comporte de nombreux risques. Le baudet peut, par exemple, mordre l’ânesse ou les ânons, parfois très profondément.

Si cette technique se solde par de nombreux incidents, et par quelques accidents, elle se pratique toutefois plus aisément chez l’âne que chez le cheval.

Il n’est pas nécessaire d'entretenir un troupeau de femelles fermé, car les ânesses

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1

La monte en liberté est importante dans l’espèce asine (photos E. Lagarde).

acceptent plutôt mieux que les juments l’arrivée et la sortie d’ânesses dans le troupeau.

Ceci est lié au comportement territorial de l’âne, qui diffère de celui du cheval [2] : - dans la nature, le cheval aime constituer un harem de femelles, il se positionne comme le mâle dominant, et il se déplace avec son harem sur un large territoire non délimité ; - en revanche, chez l’âne, le mâle est inféodé à un territoire, qu’il délimite par ses excréments posés en tas. Les femelles en chaleur se déplacent de territoire en territoire, donc de mâle en mâle.

Les luttes entre baudets ont lieu pour prendre le contrôle d’un territoire, ou pour agrandir un territoire existant : l’âne a un droit de saillie sur les femelles qui traversent son territoire.

N. B. Si la monte en liberté est envisageable avec des ânesses, elle est impossible avec des juments, pour produire des mules.

La monte en main Les différentes phases

La monte en main se gère comme chez le cheval, mais elle présente quelques particularités, notamment en ce qui concerne la gestion capricieuse de la libido du baudet, qui est la principale difficulté de la conduite de la monte chez les ânes (photo 2).

1. Toute saillie est précédée d’une longue phase pré-copulatoire, où se succèdent différents comportements : l’âne se présente vers l’ânesse, la mordille, sent la vulve de

geste technique comment réaliser une insémination artificielle classique chez la jument

A

cte technique simple, l’insémination artificielle classique demande une certaine rigueur, et doit respecter scrupuleusement les différentes phases que nous développons dans cet article.

Le Petit Hautier 2, route de Paris 76220 Menerval

Objectif pédagogique Savoir réaliser une insémination artificielle classique.

PRÉPARER LA JUMENT La jument à inséminer est placée dans une barre de gynécologie. Sa queue, suspendue, est scotchée ou enveloppée dans un protège-queue en plastique, attachée à sa base, pour éviter que les crins ne viennent salir la région périnéale. Le rectum est vidé des crottins (ce n’est pas indispensable).

Il convient de réaliser une série de trois lavages à la Vétédine savon®, en respectant un protocole classique : d’abord la vulve, puis chaque côté de la vulve, et le dessous de la vulve et l’anus, sans passer sur l’anus lors du 3e savonnage.

Il est conseillé de rincer entre chaque savonnage, puis de sécher soigneusement avec du papier essuie-tout (photo 1).

Élodie Chollet

PRÉPARER LA DOSE À INSÉMINER EXEMPLE D’UNE DOSE DE SEMENCE RÉFRIGÉRÉE EN SERINGUE

Dès la réception de la boîte de transport, il convient de procéder rapidement à l’insémination de la semence ou, à défaut, de mettre la dose en attente dans le bac du réfrigérateur, en la protégeant par un manchon.

Pour utiliser la seringue, prendre la dose de semence réfrigérée en seringue, aspirer 4 mL d’air, et brancher la seringue sur une sonde d’insémination, sans la réchauffer.

Si la semence est conditionnée en tube (de 10 mL), il est nécessaire de transférer le contenu du tube dans une seringue deux pièces (sans caoutchouc), à l’aide d’un Aspisem® par exemple, ou bien directement avec la sonde d’insémination au moment venu.

1. Déposer une goutte de sperme réfrigéré entre lame et lamelle, préalablement posées sur une platine chauffante, et observer rapidement au microscope le pourcentage de spermatozoïdes vivants. Si l’échantillon ne peut pas être réchauffé, il est néanmoins très intéressant d’observer au micro-

1

Pour le lavage de la vulve avant l’insémination, rincer entre chaque savonnage, puis sécher soigneusement (photos É. Chollet).

scope un pourcentage important de spermatozoïdes actifs avant d’inséminer !

2. Le sachet d’une sonde d’insémination classique (avec sa chemise sanitaire) peut alors être ouvert du côté de l’embout à seringue, et la seringue de semence réfrigérée branchée.

3. Enfiler le gant de fouille stérile, et sortir la sonde de son sachet, avec la main non stérile, en prenant garde de ne pas perdre la chemise sanitaire qui l’entoure. Saisir l’autre extrémité de la sonde avec la main gantée.

4. Positionner la seringue verticalement, le piston vers le haut, pour maintenir l’air dans cette partie, et pousser doucement la semence afin de remplir la sonde. Il est possible de retrousser un peu la chemise sanitaire pour voir la semence progresser, puis de remettre la gaine sanitaire en place.

5. Maintenir la sonde horizontale et la seringue verticale jusqu’à la fin de l’insémination (photo 2).

2

Maintenir la sonde horizontale et la seringue verticale jusqu’à la fin de l’insémination.

3 Les paillettes sont prélevées dans la cuve d’azote, et plongées au bain-marie pendant 30 s.

COMMENT RÉALISER L’INSÉMINATION Pour réaliser l’insémination, mettre un peu de lubrifiant (gel stérile non spermicide) sur le dos de la main, introduire la sonde dans le vagin, en la protégeant dans le creux de votre main.

Repérer le col de l’utérus, et introduire l’index (protégé jusqu’à ce stade) dans le

RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 JUIN 2010 - page 107

geste technique comment réaliser Serge Lenormand C linique équine de Conques 3 château de Conques 33420 Saint Aubin de Branne

Objectif pédagogique Savoir réaliser une insémination artificielle profonde.

une insémination artificielle profonde chez la jument Méthode parfois discutée, l’insémination artificielle profonde est un compromis, utilisable sur le terrain, entre l'insémination artificielle classique et l'insémination sous hystéroscopie.

L’

évolution des connaissances sur le mécanisme du transfert et du stockage des spermatozoïdes dans les voies génitales femelles, depuis le dépôt de la semence dans l'utérus jusqu'à la fécondation, a suscité l'étude de techniques nouvelles pour étendre l'utilisation de la semence congelée, et améliorer les résultats obtenus.

Les travaux de Rigby et coll. (2000) ont en particulier, montré que sur les 500 millions de spermatozoïdes déposés dans le corps utérin, approximativement 1600 sont retrouvés dans chaque oviducte 18 h plus tard.

Lors du dépôt de la semence en haut de la corne ipsitalérale au follicule préovulatoire, les auteurs retrouvent 77 p. cent de spermatozoïdes dans l'oviducte ipsilatéral, au lieu de 54 p. cent lorsque la semence est déposée dans le corps utérin.

Nous définissons et décrivons l’insémination artificielle profonde, méthode qui reste un choix personnel.

DÉFINITION DE LA MÉTHODE, AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS

Selon Steven P. Brinsko, l'insémination artificielle profonde a été décrite par des cherEssentiel cheurs russes en 1930. Elle a été remise au La palpation transrectale goût du jour en 1998, après la parution de permet de contrôler deux articles sur l'insémination sous hystéla position de la sonde roscopie avec l’utilisation de faibles doses dans l’utérus de la jument. de spermatozoïdes (sexés) ; le taux de gestations obtenues était satisfaisant.

Il convient de noter que les doses utilisées sous hystéroscopie sont environ dix fois inférieures à celles utilisées en insémination artificielle profonde (IAP), où la dose miniRUBRIQUE male reste la paillette. Certains praticiens estiment que l’intérêt du dépôt de la semence en IAP par rapport à l’insémination artifi Crédit Formation Continue : cielle classique n’est pas prouvé à cette dose.

0,05 CFC par article

L'insémination artificielle profonde, avec

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 110 - JUIN 2010

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1

Sonde d’insémination profonde avec cathéter, permettant d’utiliser un volume de sperme plus important, à l’aide d’une seringue (photo Clinique équine de Conques).

guidage par palpation transrectale, présente des avantages par rapport à l'insémination sous hystéroscopie : le temps passé par l’opérateur est moindre, de même que le coût de l'intervention, réalisable sur le terrain (encadré matériel).

Outre l’intervenant, la présence d’une seule personne est suffisante pour assurer la contention, préparer la jument, et réaliser l’insémination.

RÉALISER L’INSÉMINATION ARTIFICIELLE PROFONDE Après un nettoyage classique de la vulve, la sonde est introduite à travers le col de l'utérus.

Elle est ensuite guidée par palpation transrectale, dans la corne ipsilatérale au follicule ovulatoire, jusqu'à la jonction utéro-tubaire. En général, la sonde est facilement introduite dans la corne en exerçant une traction latérale sur la corne opposée, ce qui crée un alignement du corps et de la corne visée.

Après s'être assuré que la sonde est bien parvenue à l'extrémité de la corne dans laquelle elle est introduite, l'opérateur doit reculer très légèrement la sonde, pour éviter des pertes de semence dues à une

geste technique comment réaliser

une insémination artificielle sous vidéoendoscopie

Anne-Cécile Lefranc Vetagro Sup Campus Vétérinaire Département Hippique 1 avenue Bourgelat 69 280 Marcy l'Étoile

Objectif pédagogique

❚ Savoir réaliser une insémination artificielle sous vidéoendoscopie.

chez la jument Chez la jument, l’insémination de semence congelée peut être réalisée par vidéoendoscopie, au niveau de la jonction utéro-tubaire.

L’

insémination artificielle sous endoscopie d’un faible volume de semence congelée (500 µL, soit une paillette) peut être effectuée selon la méthode suivante : insémination réalisée 32 à 36 h après l’induction de l’ovulation avec 1500 à 2500 u.i. d’hCG (human chorionic gonadotrophin). ● La jument est placée dans une barre d’examen et est légèrement tranquillisée (détomidine, 6 mg IV). Les crottins sont vidés du rectum, et la région périnéale est nettoyée de manière aseptique. ● D’autres protocoles d’induction peuvent être utilisés pour induire l’ovulation, ou pour tranquilliser la jument.

Essentiel

❚ La vidéoendoscopie permet d’inséminer un faible volume de semence congelée, en déposant le sperme au niveau de la jonction utéro-tubaire (photo 1). ❚ Un protocole précis est nécessaire, pour déposer la semence peu de temps avant l’ovulation, à l’apex de la corne utérine ipsilatérale au follicule pré-ovulatoire.

1 Pièce anatomique montrant comment le fibroscope est dirigé par voie transrectale dans la corne utérine droite : la main dans le rectum tire vers l’arrière la corne gauche mettant la corne droite dans l’axe du corps utérin (photo J.-F. Bruyas).

Figure 1 - Coupe de l’extrémité distale de l’endoscope Canal de l'objectif Canaux lumineux

Canal de travail permet le passage du double cathéter d’insémination 3,5 mm

PROTOCOLE ET MATÉRIEL ● L’intervention se réalise, si possible, dans une pièce chauffée, et nécessite la présence de trois opérateurs : - un opérateur introduit l’extrémité distale de l’endoscope au niveau de l’utérus ; - un autre dirige l’endoscope à l’aide de la manette externe ; - un 3e opérateur dépose la semence au niveau de la jonction utéro-tubaire.

Utiliser un système vidéo permet une bonne coordination de l’équipe. ● L’endoscope mesure 1,6 à 1,8 m de long (minimum 1,6 m), avec un diamètre d’environ 11 mm, et un canal de travail de 3,5 mm de diamètre (figure 1). ● L’asepsie du matériel est effectuée à l’aide d’une solution de dialdéhyde, suivie d’un triple rinçage méticuleux de tous les éléments avec une solution de PBS (ou de Ringer Lactate) stérile chauffée. ● De l’air est insufflé dans les canaux de travail, par pression à l’aide d’une seringue de 60 à 100 mL, pour éliminer le liquide résiduel.

Figure 2 - Cathéter d’insémination double comprenant : - un cathéter interne de 0,7 mm de diamètre - un cathéter externe de 2 mm de diamètre

Cathéter interne

RUBRIQUE

Détail de l'extrémité du cathéter interne

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE vol 6 / n°22 équine 112 - JUIN 2010

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Canaux d'irrigation et d'insufflation d'air

Cathéter externe

réglementation la responsabilité civile professionnelle

dans un centre de mise en place

Philippe Lassalas Cabinet ANIMEX 4 ter, place de l’église 78125 Saint-Hilarion

Objectif pédagogique Définir la responsabilité du vétérinaire dans le cadre d’un centre de mise en place de semence.

analyse de la jurisprudence La prise en pension d’une jument ou d’un étalon dans un centre de mise en place de semence génère des obligations particulières pour le praticien, dont le diplôme recouvre la licence d’inséminateur et le travail d’étalonnier.

L’analyse de la jurisprudence et de la réglementation en vigueur permet de cerner le cadre juridique actuel qui s’applique en la matière.

C Essentiel L’inséminateur / étalonnier doit vérifier l’identité, le statut sanitaire et vaccinal des chevaux, dès leur introduction dans le centre.

Le contrat d’assurance du praticien doit couvrir les actes de récolte et d’insémination, et la garde des chevaux confiés.

Un document d’accueil peut être remis au propriétaire, à l’introduction des chevaux dans le centre.

Ce document présente les termes du contrat de dépôt, du contrat de saillie et des informations sur les risques encourus.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol. 6 / n°22 114 - JUIN 2010

ontrairement aux animaux malades hospitalisés dans les cliniques vétérinaires, les chevaux qui arrivent dans un centre de mise en place de semence sont supposés sains. Le signalement des animaux, leur statut vaccinal et leur état de santé initial sont contrôlés dès leur arrivée, afin de refuser les animaux douteux ou présentant des signes de maladie contagieuse.

Le responsable de centre vérifie que les règles de dépistage et de vaccination propres à chaque stud-book ont bien été respectées.

À ce titre, les photocopies des dépistages et des vaccinations sont à conserver pendant 3 ans par l’étalonnier, au lieu de stationnement de l’étalon. Celui-ci peut imposer aux animaux qu’il accueille des exigences sanitaires supérieures aux obligations des studs-books*.

LA PENSION

Prendre en pension une jument ou un étalon, pour la récolte ou la mise en place de semence, impose au praticien une obligation complémentaire, car il devient dès lors le gardien de l’animal, également appelé “dépositaire” (figure 1).

Il doit apporter, dans la garde de la chose déposée, les mêmes soins qu’il apporte dans la garde des choses qui lui appartiennent (selon l’art. 1927 du Code Civil).

Bien que les “choses” soient en principe des objets inanimés, le cheval, qui est juridiquement un bien meuble, est assimilable à une “chose” (encadré).

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Figure 1 - Les obligations du praticien 1. Soins : obligation de moyens 2. Pension payante : obligation de moyens renforcée

3. Information : obligation de moyens renforcée

4. Résultat de saillie : - obligation de moyens pour la gestation - obligation de résultat pour l’origine de la semence

Lorsque cette prise en pension est rémunérée, c’est-à-dire qu’elle n’est pas effectuée à titre gracieux (ce qui est le cas le plus fréquent), il en découle une obligation de moyens renforcée, qui impose au praticien de prouver qu’il n’a pas commis de faute dans la garde de l’animal confié.

Cette preuve est très difficile à établir, sauf en cas de cause étrangère identifiée : par exemple, la chute du toit du box, en raison d’une malfaçon imputable à un entrepreneur (Cour d’appel d’Amiens, 24 mai 2007).

Un contrat de dépôt** peut être établi entre le responsable de centre et le déposant. Il peut prévoir une clause de décharge de responsabilité. Toutefois, cet aménagement du contrat n’est valable qu’en l’absence de faute lourde du dépositaire.

En revanche, cette clause inverse la charge de la preuve, et c'est au déposant de prouver la faute du haras en cas de sinistre (Cour d’appel de Dijon, 9 octobre 2007).

Le praticien est également tenu pour responsable des dommages que le cheval confié peut causer pendant qu’il est sous sa garde. Ainsi, l’article 1385 du Code Civil précise : “Le propriétaire d’un animal, ou celui qui s’en sert, pendant qu’il est à son usage, est responsable du dommage que l’animal

NOTES * Source : www.haras-nationaux.fr Voir aussi l’article de L. Mangold “Monte 2010 : exigences sanitaires des règlements de stud-books “du côté des juments” dans ce même numéro. ** Des modèles de contrat sont proposés dans l’ouvrage “Le cheval : contrats et responsabilités“ édité par l’Institut du Droit Équin à Limoges.

Le praticien peut également solliciter les conseils d’un avocat spécialisé en droit équin, dont il obtiendra les coordonnées auprès de cet institut.

exigences sanitaires des règlements de stud-books

Laurent Mangold Cabinet vétérinaire de Magnac Laval 87190 Magnac Laval Centre de Reproduction équine et de Récolte d’embryon du Dorat 87210 Le Dorat

chez les juments La disparition de la notion réglementaire de monte publique a donné une plus grande responsabilité aux studs-books. À chaque saison de monte, les règles sanitaires exigées évoluent et ne sont, à ce jour, pas identiques d’un stud-book à l’autre.

Objectif pédagogique Connaître les exigences sanitaires pour mettre une jument à la reproduction.

L

a mise à la reproduction d’une jument, tout comme celle d'un étalon, répond à des exigences sanitaires. Celles-ci diffèrent en fonction des studs-books, c'est-àdire en fonction de la race du produit à naître suite à l’accouplement envisagé.

Ce ne sont pas les règles sanitaires de la race de la jument reproductrice qui s’imposent, mais bien celles du stud-book dont le produit sera éligible.

Cet article présente les règles sanitaires sur les juments en fonction des studs-books, et selon les différentes maladies. À CHAQUE MALADIE, SA RÈGLE DE STUD-BOOK Ces exigences sanitaires sont différentes en fonction de la maladie concernée et du studbook de la race de production (tableau 1).

Exigences sanitaires pour l’anémie infectieuse équine

Aucune règle particulière n’est imposée pour l’anémie infectieuse équine.

L’étalonnier doit définir son niveau d’exigence (tableau 1, photo).

Exigences sanitaires pour la métrite contagieuse équine Les studs-books Trotteur Français (TF), Selle Français (SF), et Anglo-arabe (AA) ne prononcent aucune obligation, et laissent aux étalonniers la latitude d’imposer des exigences sanitaires vis-à-vis de la métrite contagieuse équine (MCE) aux juments qui sont servies par leurs étalons (tableau 1).

Les studs-books Pur Sang (PS) et Autre que Pur Sang (AQPS) demandent un test négatif en immunofluorescence ou en culture bactériologique sur sinus clitoridien et/ou sur fosse clitoridienne, effectué après

L’étalonnier doit définir son niveau d’exigence (photo L. Mangold).

le 1er janvier 2010 et avant le 1er saut.

Les studs-books Arabe et Anglo-arabe course, dans leur protocole sanitaire “label course” [1], appliquent les mêmes règles que le stud-book Pur Sang, sauf si l’étalon est exploité en insémination artificielle : dans ce cas, le test “métrite” sur la jument n’est pas obligatoire.

Exigences sanitaires pour l’artérite virale équine Les studs-books Pur Sang (PS), AQPS, Arabe et Anglo-arabe course (protocole sanitaire “label course”) demandent une séroneutralisation négative, ou une séropositivité stable ou déclinante, sur deux sérologies espacées d’au moins 14 jours si elles sont effectuées la même année, ou sur deux sérologies comparées d’une année sur l’autre (tableau 1).

Les deux analyses servant à l’étude de la stabilité sérologique peuvent être réalisées dans deux laboratoires différents (auparavant, les deux analyses servant la comparaison devaient être réalisées dans le même laboratoire).

Ces tests doivent être réalisés après le 1er janvier 2010 et avant le 1er saut.

Les autres studs-books ne dictent aucune obligation vis-à-vis de l’artérite virale.

Essentiel Studs-books Pur Sang, Autre que Pur Sang, Arabe et Anglo-arabe courses “label sanitaire course” : les exigences sanitaires concernent toutes les juments du harem, même si elles ne produisent pas dans ces studs-books.

Studs-books Selle Français et Anglo-arabe : la vaccination grippe est obligatoire, et la vaccination rhinopneumonie est fortement recommandée.

Stud-book Trotteur Français : les vaccinations grippe et rhinopneumonie sont obligatoires, la preuve est conservée 3 ans au minimum.

RUBRIQUE

Exigences sanitaires pour la grippe et la rhinopneumonie La réglementation est la même en ce qui concerne la grippe et la rhinopneumonie

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 JUIN 2010 - page 117

management comment installer et développer une activité de mise en place de semence équine

dans une clientèle Créer une activité de mise en place de semence équine au sein d’une clientèle est réalisable, les développements potentiels sont multiples.

En voici un témoignage.

A

près avoir créé une clientèle d’équine en 2000, je me suis installée en HauteNormandie en 2002, sur une ferme de 40 ha. L’activité de gynécologie s’est développée en 2003, avec des suivis de gestation et des échographies sur les juments de mes clients, qui étaient inséminées dans des centres privés, ou dans les Haras nationaux de la région, ou des régions avoisinantes.

Afin d’offrir un service supplémentaire, et par intérêt pour la reproduction équine, j’ai créé un centre de mise en place sur les locaux de la clinique en 2004.

Sur la base de notre expérience, partagée par un certain nombre de nos confrères, cet article présente les aspects réglementaires, pratiques, et budgétaires de la création d’une activité de mise en place de semence, dans une clientèle.

Le Petit Hautier 2, route de Paris 76220 Ménerval

Objectif pédagogique Connaître des démarches administratives, techniques et budgétaires, pour créer une activité de mise en place de semence équine dans une clientèle.

1

Nouveau bâtiment, dédié à la reproduction (photo É Chollet).

les conditions nécessaires

NOTE * cf. l’article “Insémination artificielle équine et collecte de sperme équin, le nouveau cadre réglementaire”, de L. Mangold et J.-F. Bruyas, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 2008;5(17):42-6.

- Être disponible et motivé pour cette nouvelle activité ;

- Posséder une bonne base de connaissances, afin de se démarquer de la concurrence ;

- Prévoir une stratégie de pérennisation ou de développement de ce secteur reproduction.

Cette formation est obligatoire pour fabriquer des doses de sperme réfrigérées ou congelées, ou pour transférer des embryons.

Essentiel

ASPECTS BUDGÉTAIRES ET ORGANISATIONNELS

LES ASPECTS RÉGLEMENTAIRES

Réaliser des prévisions budgétaires

Avec la modification de la législation sur l’insémination en 2008, les démarches administratives ont été simplifiées*.

Il n’y a plus d’obligation d’agrément des locaux pour un centre de mise en place, il suffit d’être inséminateur, et d’avoir un minimum de matériel, pour faire de la mise en place.

Comme vétérinaires, nous sommes inséminateurs de droit, il suffit donc de faire une demande de licence d’inséminateur auprès de la DRAAF de votre région (remarque : changement de dénomination des services vétérinaires départementaux), qui la transmet au Préfet. Celui-ci délivre une licence, le seul document administratif actuellement nécessaire.

Il existe aussi un diplôme de chef de centre en espèces asine et équine. La formation se déroule en 5 semaines, au sein des Haras nationaux, du CEZ de Rambouillet, et de l’école vétérinaire de Lyon. Elle se termine par un examen écrit et oral, à l’issue duquel un diplôme est délivré (ou non !).

Pour les dépenses de création d’un centre d’insémination, elle sont assez faciles à calculer. L’encadré gestion récapitule le prix des investissements et du petit matériel.

Certains instruments peuvent aussi servir dans l’activité générale de la clinique : le microscope pour lire des cytologies, l’étuve pour stériliser, etc.

Pour les recettes, il est important de facturer un tarif suffisant pour que l’activité soit rentable, et de justifier ce tarif, souvent plus élevé que dans des centres non vétérinaires, par une compétence, une analyse du cas, et des résultats supérieurs. Là encore, notre statut de vétérinaire nous donne des atouts, mais suppose également un niveau d’exigence supérieur. L’encadré gestion récapitule, à titre indicatif, les tarifs à pratiquer.

Pour l’étude de votre projet, des informations peuvent être obtenues sur le site internet des Haras nationaux : - le nombre de poulinières par département et par région ;

Élodie Chollet

Le vétérinaire est inséminateur de droit.

Le vétérinaire a l’avantage d’être à la fois échographiste et inséminateur.

La mise en place de cette activité amène des clients pour les autres activités vétérinaires de la clinique.

Notre qualité de vétérinaire expert nous oblige à un grand professionnalisme et à une grande rigueur.

Notre réputation se fait dès la 1re année.

RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 JUIN 2010 - page 121

revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 Jean-Philippe Germain2 1 Pôle

équin E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Clinique

vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

les articles parus classés par thème dans les revues - Equine Veterinary Journal ............................................................................................................................... ....... ...................... 2009;41(8):754-8, (2009);41(8):747-52, 2010;42(2),150-60, 2010;42(4):316-21 - American Journal Veterinary Research (Am J Vet Res) ............................................ .......................................................................................................................................... 2010;71(2):169-75, 71(4): 405-11 - Journal of Veterinary Internal Medecine ......................................................................................... ............................................................................................................................... ........................................................ 2010;24:206-12

Chirurgie des tissus mous

Anesthésie

Pharmacologie

- Thrombectomie chirurgicale sur 17 chevaux atteints de thrombose aortoiliaque - Quel est l’impact d’une énucléation unilatérale sur les performances sportives d’un cheval ?

- Échanges gazeux pulmonaires chez des chevaux anesthésiés, sous ventilation mécanique avec de l’oxygène ou un mélange d’hélium et d’oxygène

- Efficacité de la prednisolone et de la dexaméthasone par voie orale chez des chevaux présentant une obstruction récurrente des voies respiratoires lors d’exposition continue aux antigènes.

Locomoteur - Évaluation de la diffusion d’acétonide de triamcinolone de l’articulation interphalangienne distale vers la bourse naviculaire chez le cheval.

- Effets de l’exercice précoce sur l’articulation métacarpophalangienne chez le cheval.

Néonatalogie Cardiologie

Synthèses rédigées par par Camille Thomas, Laurine Galant, Claire Forgeard, Marion Boidot, François-Xavier Lalèyê, Pauline Pidou, Morgane Grall

- Anomalies cardiaques congénitales chez des poulains 18 cas (1992-2007)

un panorama des meilleurs articles d’équine Chirurgie des tissus mous

THROMBECTOMIE CHIRURGICALE SUR 17 CHEVAUX ATTEINTS de thrombose aortoiliaque

Objectifs de l’étude Décrire une série de cas atteints de thrombose aortoiliaque sur lesquels une chirurgie de thrombectomie a été réalisée.

Equine Veterinary Journal 2009;41(8):754-8.

Surgical thrombectomy in horses with aortoiliac thrombosis: 17 cases.

Rijkenhuizen ABM, Sinclair D, Jahn W.

L’occlusion chronique de l’aorte et de ses dérivées est caractérisée par une boiterie postérieure reproductible, induite par l’exercice, qui disparaît après 5 à 10 min de repos.

25 p. cent de la capacité normale de flux d’une artère suffisent à maintenir une perfusion tissulaire adéquate au repos.

L’affection peut donc être inapparente, ou aller jusqu’à entraîner des symptômes de type coliques après le travail.

La sévérité du tableau clinique dépend : - du degré d’occlusion ; - de la présence d’une vascularisation collatérale ; - de la rapidité d’installation du thrombus.

Les signes cliniques les plus courants sont : - l’absence de pouls en partie distale du membre ; - la mise en évidence d’une veine collabée ; - la palpation d’un membre froid.

Ces signes cliniques apparaissent typiquement après l’exercice.

Les traitements médicaux et basés sur un programme d’entraînement sont décevants.

Sujets, matériels et méthode

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 page 124 - JUIN 2010

L’étude porte sur 17 chevaux de sport, âgés de 5 à 20 ans, dont les signes cliniques évoluent depuis une semaine à 18 mois.

La technique chirurgicale utilisée est celle

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décrite par Brama et coll. (1996), et Rijkenhuizen (2006). Tous les chevaux sont placés sous traitement anticoagulant : héparine principalement au cours de la chirurgie, puis carbasalate de calcium per os pendant 3 à 6 mois.

Tous les chevaux sont marchés en main dès le lendemain de la chirurgie, selon les protocoles appliqués en médecine humaine.

Résultats La chirurgie est une réussite dans 16 cas. Le 17e cheval a été euthanasié, car le thrombus ne pouvait être retiré sans abîmer la paroi aortique.

La plupart des thrombi sont segmentés, rouges foncés, et adhèrent plus ou moins à la paroi.

La complication per-opératoire la plus grave est la survenue d’un saignement important.

Les complications postopératoires les plus importantes sont : - la formation d’un seroma : six chevaux ; - une myopathie postopératoire : trois chevaux, dont deux euthanasiés.

Neuf chevaux sont retournés en compétition au même niveau qu’avant l’apparition du thrombus.

Deux chevaux ont atteint un niveau supérieur.

Deux chevaux ont présenté une récidive 4 mois après la chirurgie (l’un d’eux a été euthanasié).

Un cheval s’est fracturé le fémur au réveil.

Au total, quatre chevaux ont été euthanasiés.

revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Discussion Aucun lien n’a été prouvé entre la durée, ou la sévérité des symptômes, et le degré d’adhérence du thrombus à la paroi artérielle, ou la longueur palpable de rugosité de la paroi artérielle.

Selon les auteurs, une occlusion bilatérale augmenterait le risque de myopathie post-opératoire ; il serait donc conseillé d’opérer ces chevaux en deux fois, à 7 à 10 jours d’intervalle.

Les traitements anticoagulants sont instaurés pour limiter les récidives, d’après des pratiques de médecine humaine. Ils doivent être retardés ou arrêtés en cas de saignement per-opératoire trop important, car ils augmentent les risques de séromas et d’hématomes.

Il semblerait que le succès de la chirurgie soit inversement corrélé à la longueur de l’adhérence du thrombus à la paroi artérielle, comme en médecine humaine.

Aucune association n’a pu être mise en évidence entre la durée ou la gravité des signes cliniques et le pronostic.

Conclusion 65 p. cent des chevaux ont pu retourner à un niveau d’activité au moins identique à celui précédant le thrombus.

La myopathie post-opératoire est la complication majeure de cette chirurgie sur les chevaux atteints. ¿

Synthèse par Camille Thomas, VetAgroSup

Chirurgie des tissus mous

QUEL EST L’IMPACT D’UNE ÉNUCLÉATION UNILATÉRALE sur les performances sportives d’un cheval ?

Chez le cheval, l’énucléation est pratiquée lors de douleur oculaire intense, en général associée à une perte irréversible de la vision.

Cette étude rétrospective sur 34 chevaux a évalué les chances de retour à la discipline pratiquée avant l’énucléation, ainsi que l’influence de différents facteurs : l’âge au moment de l’énucléation, la discipline équestre pratiquée, les raisons de la perte de vision et de l’énucléation, la rapidité de la perte de vision, l’œil énucléé.

Les raisons de l’énucléation ont été : une kératite ulcérative, un prolapsus de l’iris, une uvéite, un carcinome, un abcès cornéen, un glaucome, un phtisis bulbi, un hémangiosarcome.

Résultats 85 p. cent (29/34) des chevaux ont pu reprendre leur ancienne activité : loisir (11/13), course de plat (7/10), hunter/obstacles (4/4), dressage (3/3), club (1/1), complet (1/1), steeplechase (1/1), poulinière (1/1).

Quatre chevaux (12 p. cent) ne sont pas retournés au travail à cause de l’énucléation : ils ont été réformés pour baisse de performances anticipée, ou pour changement de comportement non compatible avec l’ancienne activité.

Un cheval a été retiré des courses pour boiterie, sans relation avec l’énucléation.

88 p. cent des chevaux (22/25) avec une perte soudaine de la vision, et 78 p. cent (7/9) avec une perte progressive, sont retournés à leur ancienne discipline.

Objectifs de l’étude Évaluer les chances de retour à la discipline sportive pratiquée avant une énucléation unilatérale chez le cheval. Étudier l’influence de différents facteurs au moment de l’énucléation, (âge, discipline équestre, motif de l’énucléation, œil).

Conclusion L’âge ne semble pas avoir d’effet sur le retour à la discipline initiale.

Aucune conclusion n’a pu être tirée concernant le facteur œil énucléé.

N.B. La plupart des fédérations équestres ont des règles qui autorisent ou non les chevaux borgnes à participer aux compétitions officielles. ¿

Equine Veterinary Journal 2010;42(2):156-60.

Return to work following unilateral enucleation in 34 horses (20002008).

Utter ME, Wotman KL, Covert KR.

Synthèse par Laurine Galant E.N.V.T.

Locomoteur

EFFETS DE L’EXERCICE PRÉCOCE sur l’articulation métacarpophalangienne chez le cheval

Les affections musculosquelettiques du cheval sont fréquentes et parfois graves. Elles peuvent entraîner des pertes économiques substantielles pour les propriétaires.

Bien que les méthodes diagnostiques et thérapeutiques aient beaucoup progressé au cours des dernières décennies, il est nécessaire que les techniques de prévention soient améliorées.

L’étude concerne 12 poulains de race Pur-Sang, élevés et nourris de façon identique. Elle cherche à déterminer quels sont les effets d’un exercice précoce sur l’articulation métacarpophalangienne. L’hypothèse de départ est que les chevaux ayant subi un exercice précoce ont, à l’âge adulte, des cartilages articulaires et des os souschondraux de meilleure qualité, et qui présentent moins de lésions macroscopiques. Les chevaux

sont répartis en deux groupes : 1. groupe P : six poulains sont élevés en pâture ; 2. groupe E : six poulains effectuent un exercice supplémentaire de 1020 m/jour, 5 jours par semaine, dès l’âge de 3 semaines ; l’exercice s’intensifie progressivement.

Les 12 animaux sont sacrifiés à 18 mois, et les articulations métacarpophalangiennes sont examinées macroscopiquement, histologiquement, et par scanner.

Résultats Les animaux du groupe P présentent plus de lésions macroscopiques apparentes, comme : - des irrégularités de surface du cartilage articulaire ; - des lésions d’ostéochondrite dissécante ; - des fragments cartilagineux.

Objectif de l’étude Déterminer les effets de l’exercice à un âge précoce sur les tissus des articulations métacarpophalangiennes chez le cheval.

Synthèse par Marion Boidot E.N.V.T.

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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 JUIN 2010 - page 125

revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine

En revanche, chez les animaux du groupe E, une croissance sous-chondrale supérieure est observée. Aucune lésion macroscopiquement visible n’est remarquée.

Aucune différence significative n’est notée entre les deux groupes lors de l’examen des articulations par scanner ou par analyse histopathologique de la membrane synoviale et du cartilage articulaire.

American Journal of Veterinary Research 2010;71(4):405-11.

Effects of early exercise on metacarpophalangeal joints in horses.

Kawcak CE, McIlwraith CW, Firth EC.

Conclusion

L’exercice précoce dès 3 semaines d’âge n’est pas délétère pour l’articulation métacarpophalangienne.

Il permettrait de diminuer l’apparition de lésions macroscopiques, et de favoriser la croissance de l’os sous-chondral. ¿

ÉVALUATION DE LA DIFFUSION D’ACÉTONIDE DE TRIAMCINOLONE de l’articulation interphalangienne distale vers la bourse naviculaire chez le cheval

Boyce M, Malone ED, Anderson LB, Park S, Godden SM, Jenner F, Trumble TN.

Cette étude menée sur 11 chevaux ne présentant pas de boiterie antérieure vise à montrer que l’acétonide de triamcinolone diffuse jusque dans la bourse podotrochléaire, suite à une injection intra-articulaire dans l’articulation interphalangienne distale (AIPD).

Chaque cheval reçoit deux injections : - une injection intra-articulaire de 10 mg d’acétonide de triamcinolone + 20 mg d’acide hyaluronique (goupe 1), dans l’articulation interphalangienne distale d’un antérieur choisi au hasard ; - et une injection intra-articulaire de 10 mg d’acétonide de triamcinolone + 2 mL de Ringer Lactate (groupe 2), dans l’AIPD de l’autre antérieur.

Un échantillon de liquide synovial est ensuite prélevé sur chaque cheval 6 h après les injections (ceci correspond au pic de concentration en acétonide de triamcinolone constaté lors d’une étude préalable), au niveau de la bourse podotrochléaire des deux antérieurs et d’un postérieur.

Synthèse par Claire Forgeard E.N.V.T.

Objectifs de l’étude Déterminer si l’acétonide de triamcinolone diffuse de l’articulation interphalangienne distale vers la bourse podotrochléaire, si la diffusion est directe ou systémique, et si l’ajout d’acide hyaluronique a un effet sur la diffusion.

American Journal of Veterinary Research 2010;71(2):169-175.

Evaluation of diffusion of triamcinolone acetonide from the distal interphalangeal joint into the navicular bursa in horses

Résultats

Anesthésie

L’acétonide de triamcinolone se retrouve dans la

bourse podotrochléaire, à des concentrations variables chez tous les chevaux. Aucune différence significative de concentration en acétonide de triamcinolone n’est notée entre les deux groupes.

Les concentrations en acétonide de triamcinolone sont significativement plus importantes au niveau des bourses podotrochléaires des antérieurs que de celles des postérieurs.

Conclusion

L’acétonide de triamcinolone diffuse majoritairement par voie locale, en plus d’une diffusion par voie systémique.

Des injections intra-articulaires, dans l’articulation interphalangienne distale, d’acétonide de triamcinolone, couplée ou non à de l’acide hyaluronique, sont donc potentiellement intéressantes pour traiter le syndrome podotrochléaire.

D’autres études sont toutefois nécessaires, pour déterminer si la triamcinolone diffuse aussi bien jusqu’à la bourse podotrochléaire chez les chevaux atteints de syndrome podotrochléaire. ¿

ÉCHANGES GAZEUX PULMONAIRES CHEZ DES CHEVAUX ANESTHÉSIÉS, sous ventilation mécanique avec de l’oxygène ou un mélange d’hélium et d’oxygène

Cette étude repose sur deux hypothèses :

Résultats :

Objectif de l’étude

1. les échanges gazeux pulmonaires chez les che-

Évaluer l’impact de différentes fractions inspirées d’oxygène (FiO2) sur les échanges respiratoires de chevaux sous anesthésie générale gazeuse (isoflurane), recevant un mélange d’hélium (He) et d’oxygène (O2), ou de l’oxygène pur.

vaux sous anesthésie générale et ventilation mécanique baissent proportionnellement à l’augmentation de la fraction inspirée d’oxygène (FiO2) ; 2. la ventilation avec une FiO2 élevée, mais progressivement augmentée, s’accompagne d’une diminution des échanges gazeux respiratoires moins importante que celle observée lors d’une administration immédiate, en post-induction, d’un mélange gazeux (He et O2) à forte FiO2.

Les résultats des deux groupes sont quasiment identiques, sauf pour deux paramètres : - la pression partielle artérielle (PaO2) ; - le delta de pression partielle alvéolo-capillaire (PA-a), qui dans le groupe HX augmente progressivement suite à l’augmentation de la fraction inspirée d’oxygène FiO2.

La PaO2 et le rapport PaO2/FiO2 sont significativement plus bas dans le groupe O que dans le groupe HX, pour une FiO2 identique de 90.

Equine Veterinary Journal (2009);41(8):747-52.

Sujets, matériels et méthodes

Discussion et conclusion :

Deux groupes de 15 chevaux chacun sont utilisés pour l’étude : - les chevaux du groupe HX sont ventilés avec un mélange d’He et d’O2, pour des chirurgies au laser des voies respiratoires supérieures ; - les chevaux du groupe O ont été ventilés avec de l’O2 pur, pour des interventions chirurgicales autres qu’abdominales et thoraciques.

Chez des chevaux sains sous anesthésie générale gazeuse (isoflurane), ventilés mécaniquement et en décubitus latéral, administrer un mélange He-O2 avec une fraction inspirée d’oxygène (FiO2) basse préserve mieux les échanges respiratoires pulmonaires que d’administrer ce même mélange, mais avec une FiO2 élevée. ¿

Pulmonary gas exchange in anaesthetised horses mechanically ventilated with oxygen or a helium/oxygen mixture.

Staffieri F, Bauquier SH, Moate PJ, Driessen B. Synthèse par François-Xavier Lalèyê, VetAgroSup. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 page 126 - JUIN 2010

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revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine ANOMALIES CARDIAQUES CONGÉNITALES CHEZ DES POULAINS : 18 cas (1992-2007)

Une étude rétrospective est réalisée sur 18 poulains atteints de malformations cardiaques congénitales, afin de décrire les signes cliniques, l’aspect échographique et anatomopathologique des lésions, et de déduire des prédispositions de race.

Sujets, matériel et méthodes L’étude porte sur 18 poulains de moins de 15 jours. Le diagnostic est réalisé par échocardiographie et/ou par autopsie.

Les différentes anomalies diagnostiquées sont : une communication inter-ventriculaire (CIV), une tétralogie de Fallot (TDF), une atrésie de la valve tricuspide (AVT), une combinaison de TDF et AVT, une AVT combinée à l’atrésie de la valve pulmonaire, une persistance du canal artériel, une dysplasie de la valve mitrale, un retour veineux pulmonaire totalement anormal, une sténose de la valve aortique, une communication inter-atriale (CIA).

Résultats Seuls cinq poulains ne présentaient qu’une anomalie. Des anomalies associées à un shunt ont été identifiées chez 17 des 18 poulains.

Les anomalies les plus fréquentes ont été : 14 cas de communication inter-ventriculaire, cinq cas de tétralogie de Fallot, huit cas de communication inter-atriale et de perméabilité du foramen ovale, huit cas de défaut de valvule, cinq anomalies des gros vaisseaux.

Les chevaux arabes étaient surreprésentés.

Néonatalogie Cardiologie

En ce qui concerne les signes cliniques :

- 82 p. cent des poulains présentaient une tachycardie, et 100 p. cent une tachypnée ; - les sept poulains dont les muqueuses étaient cyanosées avaient un shunt intracardiaque ; - neufs poulains présentaient une hypoxie ; - 100 p. cent des poulains présentaient un souffle de grade≥ 3/6.

L’étude rapporte 83 p. cent de mortalité, dus à l’annonce du pronostic sombre, ou à la non réponse au traitement.

Discussion et conclusion La limite d’âge choisie dans l’étude a peut-être sélectionné les cas les plus graves. La persistance du canal artériel et la perméabilité du foramen ovale sont physiologiques en début de vie.

Cette étude renforce la suspicion sur la prédisposition de la race arabe pour les anomalies cardiaques congénitales.

Les anomalies cardiaques congénitales sont rarement isolées.

Il est utile d’explorer les souffles cardiaques de grade ≥3/6, surtout si une tachypnée, une tachycardie, et des muqueuses cyanosées sont associées.

Le pronostic d’un shunt de droite à gauche est sombre.

Les poulains présentant une communication inter-ventriculaire peuvent vivre, et même réaliser de bonnes performances sportives. ¿

Objectifs de l’étude Décrire les signes cliniques, l’aspect échographique et anatomopathologique des lésions associées aux malformations cardiaques congénitales.

Déterminer l’existence de prédispositions raciales aux malformations cardiaques congénitales.

Journal of Veterinary Internal Medecine 2010;24:206-12.

Congenital cardiac defects in neonatal foals: 18 cases (1992-2007).

Hall TL, Magdesian KG, Kittleson MD.

Synthèse par Pauline Pidou, VetAgroSup.

Pharmacologie

EFFICACITÉ DE LA PREDNISOLONE ET DE LA DEXAMÉTHASONE PAR VOIE ORALE chez des chevaux présentant une obstruction récurrente des voies respiratoires, lors d’exposition continue aux antigènes

Sept chevaux avec une anamnèse d’obstruction récurrente des voies respiratoires lors d’exposition à du foin de mauvaise qualité, rétrocédant lors de modifications environnementales ou de corticothérapies, ont été mis au pré au moins 6 semaines avant le début de l’étude.

Pendant l’étude, les chevaux sont logés en box individuel sur paille, nourris avec du foin mal conservé. Ils sont sortis pendant au moins 2 h par jour.

Les chevaux ont commencé à présenter des signes d’obstruction des voies respiratoires après 12 jours d’exposition aux antigènes.

L’étude s’intéresse à deux traitements :

1. la dexaméthasone à la dose de 0,05 mg/kg par voie orale, une fois par jour pendant 7 jours ;

2. l’acétate de prednisolone à la dose de 2 mg/kg par voie orale, 1 fois/jour pendant 7 jours.

Ces deux traitements sont mis en œuvre successivement sur les sept chevaux, à 14 jours d’intervalle.

Des évaluations de la fonction pulmonaire sont effectuées pendant la période au pré, puis à J0, J3 et J7 de chacun des deux traitements : différence maximale de pression pulmonaire, résistance pulmonaire, élasticité.

La concentration en cortisol endogène est mesurée à différents temps de chaque traitement.

Résultats La dexaméthasone améliore tous les marqueurs de la fonction pulmonaire à partir de J3, alors que la prednisolone améliore la différence de pression et la résistance respectivement à partir de J3 et J7, mais n’a pas d’effet sur l’élasticité.

Pour tous les chevaux, les marqueurs de la fonction pulmonaire sont meilleurs à la fin du traitement à la dexaméthasone par rapport à la fin du traitement à la prednisolone.

Après 7 jours de traitement à la prednisolone, les marqueurs de la fonction pulmonaire sont différents de ceux mesurés pendant la période au pré, alors que le traitement à la dexaméthasone permet d’égaler les valeurs de différence de pression et d’élasticité mesurées pendant la période au pré.Les deux traitements entraînent une diminution significative de la concentration sérique en cortisol.

Conclusion

Objectif de l’étude Évaluer l’efficacité de la prednisolone et de la dexaméthasone par voie orale sur l’amélioration de la fonction pulmonaire chez des chevaux atteints d’obstruction récurrente des voies respiratoires, lors d’exposition continue aux antigènes.

Cette étude montre l’efficacité de la dexaméthasone et de la prednisolone par voie orale, dans le cadre du traitement d’une obstruction récurrente des voies respiratoires, avec une exposition constante aux antigènes.

La dexaméthasone à la dose de 0,05 mg/kg est plus efficace que la prednisolone à la dose de 2 mg/kg. ¿

63

Equine Veterinary Journal 2010;42(4):316-21.

Efficacy of oral prednisolone and dexamethasone in horses with recurrent airway obstruction in the presence of continuous antigen exposure.

Leclere M, Lefebvre-Lavoie J, Beauchamp G, Lavoie JP.

Synthèse par Morgane Grall ENVT

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 JUIN 2010 - page 127

test clinique

les réponses

Ève Mourier Jean-François Bruyas Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction, Département des Sciences Cliniques, Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantique, ONIRIS BP 40706, 44307 Nantes cedex 03

un hématome ovarien 1 Quel est votre diagnostic ?

La structure identifiée au niveau de l’ovaire gauche de la jument est un hématome ovarien.

C’est une cause non exceptionnelle d’hypertrophie ovarienne unilatérale chez la jument, qu’il convient de bien différencier d’une tumeur ovarienne.

Un hématome ovarien résulte d’une hémorragie excessive dans la lumière folli-

Structure d'échogénicité uniforme

Paroi hyperéchogène

Parenchyme de l'ovaire

2

Aspect échographique de l’ovaire gauche de Fannette le 26 avril (photos E. Mourier, J.-F. Bruyas).

Liquide anéchogène

Ovaire

Membranes hyperéchogènes

3 Aspect échographique de l’ovaire gauche de Fannette le 29 avril (diamètre : 5,9 cm).

Le liquide anéchogène se résorbe

Le caillot de l'hématome s'organise

4 Aspect échographique de l’ovaire gauche de Fannette le 3 mai (diamètre : 3,1 cm).

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°22 128 - JUIN 2010

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culaire à la suite d’une ovulation (cela correspond donc à un corps jaune excessivement hémorragique). Ceci peut être observé chez toute jument, au cours de la saison de reproduction.

Un hématome ovarien entraîne une hypertrophie ovarienne unilatérale. Celle-ci apparait brutalement et peut être détectée à la palpation trans-rectale. La taille initiale de cette structure est variable, mais elle est plus importante que toute structure folliculaire ou lutéale physiologique.

Son aspect échographique initial caractéristique est celui observé chez cette jument lors de l’examen du 26 avril (c'est-à-dire une structure unique de grande taille, au contenu d'une échogénicité moyenne et très uniforme) ; un tel aspect peut être observé lors du suivi d’un cycle (photo 2).

En revanche, lorsqu’un ovaire volumineux est découvert sans suivi préalable, l’hématome peut avoir un aspect échographique variable, selon son ancienneté (photos 3, 4 et 5).

Un diagnostic différentiel avec les autres causes d’hypertrophie ovarienne unilatérale s’impose donc parfois : 1. les tumeurs ovariennes : - la tumeur des cellules de la granulosa : l’aspect échographique peut parfois être proche de celui d’un hématome en cours d’évolution ; - le lutéome : cette tumeur est beaucoup plus rare, mais les images échographiques sont assez semblable à celles de l’hématome ; - les autres tumeurs ovariennes : cystadénome, dysgerminomes, tératomes, dont les images échographiques sont différentes (de type kystique pour la 1re, et très hétérogènes pour les autres).

2. les abcès ovariens, après une ponction non aseptique de l’ovaire.

N.B. Lors de tumeur ovarienne (surtout lors de tumeur de la granulosa), l’ovaire controlatéral est de taille réduite, sans activité folliculaire. Ceci est un élément diagnostique essentiel.

2 Quelle conduite à tenir proposez-vous ?

Un hématome de l’ovaire ne nécessite en général pas de traitement : il se résorbe sur une période de quelques semaines à 2 mois.

Dans la plupart des cas, l’ovaire garde (ou retrouve) une fonctionnalité normale.

test clinique - un hématome ovarien Face à un hématome ovarien, il convient d’attendre qu’il se résorbe, et que la jument revienne en chaleurs, en effectuant un suivi régulier.

Il vaut mieux s’abstenir d’une ovariectomie décidée trop rapidement lorsqu’une tumeur ovarienne est suspectée.

Une fois le diagnostic d’hématome ovarien établi, un traitement peut éventuellement être proposé.

Des progestagènes (progestérone ou altrenogest), ainsi que de l’œstradiol, peuvent être administrés pendant 10 jours ou plus, ainsi que de la PGF2α les 1er et dernier jours.

Son objectif est de supprimer l’œstrus, afin de laisser le temps à l’hématome de se résorber et de régresser correctement et rapidement.

Cependant, ce traitement n’est pas éprouvé et il n’est pas formellement prouvé qu’il accélère l’involution de l’hématome.

3 Quel suivi réaliser et quel est le pronostic reproducteur pour cette jument ?

Un suivi quasi hebdomadaire a été réalisé.

- Le 29 avril, la structure est toujours présente, sa taille est identique (diamètre moyen : 5,9 cm), mais son aspect échographique a évolué : des membranes hyperéchogènes flottent dans un liquide anéchogène (photo 3). L’ovaire droit est petit.

L’utérus est ferme, et son aspect est homogène.

- Le 3 mai, la structure ne mesure plus que 3,1 cm (photo 4) ; le 7 mai, elle ne mesure plus que 1,7 cm (photo 5). Le liquide anéchogène s’est progressivement résorbé, et les zones hyperéchogènes se sont organisées.

- Dès le 10 mai, il ne reste qu’une cicatrice, qui forme une petite zone hyperéchogène à l’échographie. Aucune nouvelle structure n’est apparue au niveau de l’ovaire gauche, redevenu petit. L’ovaire droit n’a pas évolué,

Le liquide anéchogène se résorbe

Petit follicule

Le caillot de l'hématome régresse

5 Aspect échographique de l’ovaire gauche de Fannette le 7 mai (diamètre : 1,7 cm).

et l’utérus est resté ferme et homogène.

Un début d’œstrus a été remarqué le 28 mai. Le 2 juin, l’ovaire gauche présente un follicule préovulatoire de 43 mm de diamètre. La jument est alors inséminée avec une dose de sperme frais. Le 4 juin, elle n’a pas encore ovulé, et une nouvelle insémination est réalisée. La jument a ovulé entre le 4 et le 7 juin.

En géneral, le pronostic reproducteur d’une jument à la suite d’un hématome ovarien est bon : l’hématome se résorbe, la jument conserve une cyclicité régulière au niveau de ses deux ovaires, et sa fertilité n’est pas affectée.

Parfois, un hématome particulièrement sévère peut détruire le tissu germinal ovarien, ce qui rend l’ovaire atteint non fonctionnel. Une ovariectomie unilatérale peut alors être envisagée.

CONCLUSION

L’hématome ovarien est l’une des causes les plus fréquentes d’hypertrophie ovarienne unilatérale. Il est nécessaire de savoir le diagnostiquer, en particulier de le différencier d’une tumeur de la granulosa.

Un tel cas est simple à prendre en charge.

Ces cas sont étonnamment peu décrits dans la littérature. ¿

Pour en savoir plus Curtin DJE. Ovarian hematoma in an 11-year-old Thoroughbred-Hanovarian mare. Can Vet J 2003;44:58991.

Hinrichs K, Hunt P. Ultrasound as an aid to diagnosis of granulosa cell tumour in the mare. Equine Vet J, 1990;22(2):99-103.

McCue PM. Review of ovarian abnormalities in the mare. Proc AAEP, 1998;44:125-33.

Samper JC. Current Therapy in equine reproduction. Saunders, 2007:512 p.

Watson ED. Granulosa cell tumours in the mare: a review of 9 cases.

Equine Vet Education, 1999;11(3): 136-42.

Réf. NPe 22

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