DOSSIER - LES COLIQUES AIGUËS D’ORIGINE DIGESTIVE
Volume 6
N°23 OCTOBRE 2010 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
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COLIQUES AIGUËS D’ORIGINE DIGESTIVE - Prise en charge du cheval en coliques - Les coliques d’origine gastrique
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°23 - OCTOBRE 2010
- Les coliques aiguës d’origine parasitaire - Diagnostic, traitement et pronostic de la torsion du côlon chez le cheval - Comment diagnostiquer et traiter les affections du côlon descendant - Approche médicale de l’accrochement néphrosplénique
- Observation clinique Suspicion de CIVD après une lésion étranglée de l’intestin grêle
DOSSIER : LES COLIQUES AIGUËS D’ORIGINE DIGESTIVE chez les équidés
Âne Combiner l’anamnèse, l’examen clinique et le résultat de certains examens complémentaires réalisables sur le terrain permet d’évaluer un cheval présentant des signes de coliques. Faut-il référer ? Faut-il opérer ? La décision est parfois difficile à prendre ...
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles d’équine parus dans les revues internationales
- L’hyperlipémie : une complication métabolique chez les poneys et chez les ânes
Rubriques - Analyses et commentaires Intérêts et limites de l’examen du liquide péritonéal lors de coliques aiguës chez le cheval - Principe actif - La lidocaïne - Urgence - Conduite à tenir face à une hernie inguinale aiguë chez l’étalon - Nutrition - Intérêt des aliments élaborés pour la prévention des ulcères gastriques
sommaire
Volume 6
N°23 OCTOBRE 2010
Test clinique - Une déviation du bout du nez chez une jument Nicolas Albert
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Éditorial par Céline Mespoulhès-Rivière
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DOSSIER
CHEVAL ET ÉQUIDÉS - Prise en charge du cheval en coliques : faut-il référer ? faut-il opérer ? Céline Mespoulhès-Rivière - Les coliques d’origine gastrique Valérie Deniau, Anne Courroucé-Malblanc, Fabrice Rossignol - Les coliques aiguës d’origine parasitaire Sarah Ménager - Diagnostic, traitement et pronostic de la torsion du côlon chez le cheval Christopher Stockwell - Comment diagnostiquer et traiter les affections du côlon descendant chez le cheval adulte Xavier Gluntz - Approche médicale de l’accrochement néphrosplénique chez le cheval Jose Maria Hervas, Xavier Gluntz Observation clinique - Suspicion de CIVD après une lésion étranglée de l’intestin grêle Antoine Lechartier, Benoît Staumont, Céline Mespoulhès-Rivière
LES COLIQUES AIGUËS D’ORIGINE DIGESTIVE
6 13 18
chez les équidés
23 27 33
37
ÂNE, PONEY - L’hyperlipémie : une complication métabolique importante chez les poneys et chez les ânes Peggy Moreau
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revue de formation à comité de lecture
RUBRIQUES - Analyses et commentaires - Intérêts et limites de l’examen du liquide péritonéal lors de coliques aiguës chez le cheval 47 Valérie Deniau, Anne Couroucé-Malblanc, Fabrice Rossignol - Principe actif - La lidocaïne Agnès Benamou 49 - Urgence - Conduite à tenir face à une hernie inguinale aiguë chez l’étalon Émilie Ouachée, Céline Mespoulhès-Rivière, Fabrice Rossignol 51 - Nutrition - Intérêt des aliments élaborés pour la prévention des ulcères gastriques chez les chevaux de course Laure Mathews Martin, Marie Varloud, Claire Scicluna, Jean-Pierre Blanquet, Véronique Julliand 55
indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
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agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE - Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain - Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection par Laure-Aline Dequier, Claire de Fourmestraux, Marion François, Élodie Lallemand, Olivia Moliner, Marie Nolf, Mickaël Robert, Céline Vélu. Test clinique - les réponses Tests de formation continue - les réponses Observations et résultats originaux
CHEVAL ÂNE RUBRIQUE
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REVUE INTERNATIONALE
Souscription d’abonnement en page 64
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol. 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 133
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr
une déviation du bout du nez chez une jument
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Jean-François Bruyas (Oniris) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Marc Gogny (Oniris) Olivier Lepage(VetAgro Sup) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)
Nicolas Albert Clinique vétérinaire équine de Méheudin 61150 Écouché
Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (praticien) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)
Comité de rédaction Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, VetAgro Sup) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, Oniris) Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, VetAgro Sup) Céline Mespoulhès-Rivière (Chirurgie, E.N.V.A.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Roland Perrin (Chirurgie, praticien) Jean-Marc Person (Immunologie, Oniris) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Fabrice Rossignol (Chirurgie, praticien) François Valon (Médecine interne, praticien) Youssef Tamzali (Médecine interne, E.N.V.T.) Chargée de mission rédaction Hélène Rose Gestion des abonnements et comptabilité Vanessa De Oliveira - Marie Servent Mise en page - Infographie Thomas Dobrzelewski Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr
Directeur de la publication
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Au repos, la déviation du bout du nez est bien visible (photos N. Albert).
1 De quelle structure anatomique suspectez-vous l'atteinte ?
Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 38 € T.T.C CEE : 39 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social :Europarc 15, Rue Le Corbusier, 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0412 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081
2 Quels examens complémentaires réaliser pour en préciser l'origine ? 3 Quels traitements envisager et quel est le pronostic ?
Impression : ETC-INN Av. des lions Ste-Marie des Champs - B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 134 - OCTOBRE 2010
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ne jument Trotteur Français de 4 ans, exploitée en courses, est présentée en consultation en raison de contre-performances soudaines. La jument ne fait plus d'effort pour finir ses parcours, à l'entraînement comme en courses. Elle souffle anormalement en fin d'exercice, où un bruit inspiratoire est parfois audible.
L'examen clinique montre une déviation marquée du bout du nez vers la gauche. Une auscultation respiratoire au sac et une endoscopie des voies respiratoires supérieures et profondes ne révèlent aucune anomalie significative.
La jument est examinée sur une piste, au cours d'un travail attelé. Sa locomotion est satisfaisante, et aucun bruit respiratoire anormal n'est entendu.
Lors d’un nouvel examen clinique pratiqué à l'issue d'un tour de piste à grande vitesse, le naseau droit présente un collapsus presque complet à chaque inspiration, et la jument est anormalement essoufflée (photos 1, 2).
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comité de lecture Isabelle Barrier-Battut, Bruno Baup, Philippe Benoit, Géraldine Blanchard, Sarah Buisson, Christian Bussy, Eddy Cauvin, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Chuit (Suisse), Florent David (Canada), Isabelle Desjardins, Francis Desbrosse, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Lætitia Jaillardon, Xavier Gluntz,
Delphine Holopherne, Emmanuel Lagarde, Claire Laugier, Jean-Pierre Lavoie (Canada), Anne-Cécile Lefranc, Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Emmanuelle Moreau, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Morgane Schambourg, Claire Scicluna, Brigitte Siliart, Christopher Stockwell, Sarah Tenedos, Etienne Thiry (Liège), Emmanuelle Van Erck (Liège).
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Le naseau droit apparaît quasi-complètement collabé pendant la récupération d’un exercice d’intensité submaximale.
Réponses à ce test page 65
Abonnez-vous en page 64 Pour tous renseignements : tél. (33)1 41 94 51 51 fax (33)1 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr
éditorial Les coliques restent une affection majeure. Toutefois, grâce à la prise en charge 24 heures sur 24 qui s’est développée, et grâce à l’amélioration des moyens diagnostiques, le taux de survie atteint, à moyen terme et toutes affections confondues, environ 80 p. cent en moyenne, ...
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a domestication des chevaux, puis leur utilisation comme animal athlète, ont fortement modifié leurs conditions de vie, les amenant à passer de longues heures dans un minimum d’espace tout en recevant le plus souvent une alimentation riche en concentrés et peu de fourrage. De plus, ils ont souvent des possibilités d’exercice limitées, en particulier dans notre civilisation urbanisée, et peu d’entre eux ont la chance de vivre le plus gros de leur temps en pâture. Cette évolution de leur mode de vie, associée à une anatomie digestive propice aux déplacements intestinaux et à un métabolisme favorisant la fermentation après la digestion, est statistiquement l’un des facteurs de la prédisposition aux coliques de “la plus belle conquête de l’homme”… Dans les années 50, outre la nécessité d’appartenir à un propriétaire fortuné, ces chevaux voyaient leur sort lié à la proximité ou non de structures pouvant réaliser une chirurgie de coliques ; Huskamp, Thorpe, et les autres acteurs des premières laparotomies étaient encore peu nombreux. Aujourd’hui, si les conditions financières propices sont toujours nécessaires, la donne a bien changé : de nombreuses cliniques prennent en charge les urgences 24 heures sur 24, et la pratique de la laparotomie s’est répandue. Grâce à ceci, le taux de survie atteint, à moyen terme et toutes affections confondues, environ 80 p. cent en moyenne. Si la nécessité d’une intervention chirurgicale ne concerne au maximum que 10 p. cent des chevaux présentant des signes de coliques, il est cependant indispensable, pour atteindre ce résultat, d’assurer l’arrivée du cheval dans les meilleures conditions possibles. Ceci implique une prise en charge adéquate, un diagnostic le plus précis possible et une éventuelle décision de référer, prise précocement lorsque celle-ci est nécessaire. Des moyens diagnostiques comme notamment, l’échographie abdominale et l’analyse du liquide de paracentèse lorsque celle-ci est réalisable, sont maintenant bien développés et peuvent être utilisés sur le terrain par le praticien. Ces thèmes inaugurent ce dossier spécial coliques aiguës proposé par LE NOUVEAU PRATICIEN VETERINAIRE équine, dans le but d’apporter aux praticiens les éléments nécessaires à leur prise de décision. Les autres articles privilégient les informations à apporter au lecteur dans un contexte d’urgence vitale (torsion de côlon, hernie inguinale, …) plutôt que de faire le tour de l’ensemble des affections, des procédures diagnostiques ou encore des traitements, qui sont l’objet de nombreux ouvrages de références. Ils abordent des thèmes parfois moins connus, tels que les coliques d’origine gastrique ou celles liées au côlon descendant. La gestion et la prévention des complications ne sont, de même, pas oubliées. En effet, significative au cours des 30 dernières années, l’amélioration des taux de survie suite à une chirurgie abdominale, a mis en lumière la prévalence et l’impact pronostique et financier des différentes complications post-opératoires telles que l’infection de plaie, l’endotoxémie et l’iléus postopératoire. Les thèmes choisis pour illustrer ce propos sont la gestion de l’hyperlipémie ou encore de la coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), sujets rarement abordés. Non moins importante, car selon l’adage, “il vaut mieux prévenir que guérir”, la prévention des coliques est développée avec deux articles sur l’impact du parasitisme et de l’alimentation. i tous les chevaux en coliques ne peuvent encore être sauvés, il est en revanche de notre devoir de leur permettre un accès aux soins et aux techniques actuelles, dans les meilleures conditions possibles, tout en fournissant à leurs propriétaires des informations claires et précises. Dans l’espoir d’apporter des éléments concrets d’information sur ce vaste sujet, je vous souhaite une bonne lecture. ¿
Céline Mespoulhès-Rivière Clinique équine École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine OCTOBRE 2010 - page 135
prise en charge du cheval en coliques : Céline Mespoulhès-Rivière
faut-il référer ? faut-il opérer ?
Clinique équine École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort
Combiner l’anamnèse, l’examen clinique et le résultat de certains examens complémentaires réalisables sur le terrain permet d’évaluer un cheval présentant des signes de coliques. Cependant, quels que soient les paramètres cliniques, la présence d’une douleur incœrcible doit conduire à référer le cheval en clinique, car un traitement chirurgical est alors souvent nécessaire.
Objectifs pédagogiques Connaître les examens à réaliser sur le terrain pour évaluer un cheval en coliques. Savoir suspecter ou reconnaître une condition nécessitant un traitement chirurgical. Savoir référer vers une structure spécialisée.
L
a prise en charge d’un cheval en coliques sur le terrain est l’une des urgences fréquentes pour le praticien. Dans un contexte souvent confus, et à la lumière de l’anamnèse et de son examen clinique, il doit décider des soins à apporter au cheval, et de la conduite à tenir. Différents examens complémentaires permettent de préciser le diagnostic, et éventuellement de recommander le transport du cheval vers une structure hospitalière spécialisée.
Essentiel La fréquence cardiaque est un paramètre fiable, mais qui doit être corrélé au reste de l’examen clinique. Le sondage nasogastrique peut être salvateur. La douleur incoercible et la non réponse aux analgésiques indiquent la nécessité d’une intervention chirurgicale. Il peut être très difficile, voire impossible, de différencier une affection obstructive d’une inflammation généralisée de l’intestin grêle.
COMMENT ÉVALUER UN CHEVAL EN COLIQUES SUR LE TERRAIN
Le recueil de l’anamnèse constitue un élément essentiel à ne pas négliger.
De nombreuses affections peuvent en effet se traduire par des manifestations douloureuses similaires, que ce soit des coliques d’origine extra-digestives ou des affections telles que des intoxications, des affections musculaires (myosite) ou respiratoires (pleurésie).
Examen clinique Lors de l’examen d’un cheval en colique, il convient de bien observer son attitude et son aspect, puis de relever tous les paramètres vitaux habituels [7].
CHEVAL
Examen à distance
Certains types de coliques entraînent des manifestations douloureuses violentes et Crédit Formation Continue : intermittentes, lors d’étranglement de l’in0,05 CFC par article testin grêle débutant par exemple.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 136 - OCTOBRE 2010
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Cheval abattu et présentant des signes intermittents de coliques. Des escarres sont visibles sur la tête et les tuber coxae. Le cheval est en coliques depuis environ 24 h (photo C. Mespoulhès-Rivière).
Une attitude prostrée suite à des manifestations violentes évoque un passage vers une phase d’endotoxémie (lésion avancée), ou une rupture intestinale. Un pelage souillé, des signes de sudation antérieure, la présence d’escarres ou de rougeur conjonctivale sont des indices de crises douloureuses qui ont eu lieu avant l’examen (photo 1).
Une distension abdominale importante peut être associée à un déplacement du côlon, en particulier dans le flanc gauche lors d’accrochement néphrosplénique. Ces signes ne sont cependant observés qu’en début d’évolution de l’affection, l’abdomen devenant rapidement distendu si la malposition intestinale persiste, que le segment concerné soit du gros intestin ou de l’intestin grêle. Examen rapproché
Un examen clinique complet est à réaliser, en s’attachant particulièrement aux paramètres qui évaluent le statut cardiovasculaire et le transit digestif (encadré 1). Procédures diagnostiques
Deux actes sont essentiels pour évaluer un cheval en coliques : la palpation transrectale et le sondage nasogastrique. Une certaine expérience du praticien est nécessaire pour les réaliser et les interpréter.
Ils permettent souvent d’obtenir des informations précieuses, mais ils présentent des risques pour le cheval comme pour l’opérateur. Ils sont donc à pratiquer dans de bonnes conditions de contention physique (cheval dans une barre, protection par
les coliques aiguës
d’origine gastrique
chez le cheval adulte Les affections de l’estomac peuvent être des pièges diagnostiques lors de syndrome abdominal aigu, car aucune anomalie n’est décelable à la palpation rectale, et leur expression clinique est très variable. À court terme, la mortalité par rupture gastrique est la complication la plus grave. Les cas réfractaires peuvent aussi entraîner une atonie gastrique persistante. Identifier les facteurs favorisants, intrinsèques à l’estomac ou liés à l’environnement, est donc essentiel pour prévenir les récidives.
S
i les ulcérations gastro-duodénales constituent une entité pathologique majeure et peuvent avoir une expression clinique assez violente chez le jeune poulain, les affections de l’estomac sont comparativement moins fréquentes comme causes primaires de syndrome abdominal aigu chez le cheval adulte. Elles s’expriment plus souvent par des symptômes frustes : manque d’état chronique, baisse de performance, ou coliques récurrentes de faible intensité.
La relative fixité de l’estomac dans la cavité abdominale, l’épaisseur de sa paroi, le temps de séjour assez bref des aliments sont autant de facteurs qui le singularisent par rapport aux structures intestinales aborales, et le rendent nettement moins exposé aux syndromes inflammatoires sévères et aux affections étranglées.
À la différence des canidés par exemple, la torsion gastrique n’est jamais observée dans l’espèce équine.
Pour autant, l’estomac reste un site possible de déclenchement de douleurs aiguës et parfois très sévères, surtout lorsqu’il est soumis à une surcharge volumique importante et/ou que ses capacités de vidange sont altérées. Cette situation est rendue d’autant plus critique que l’anatomie parti-
Valérie Deniau1,2 Anne Couroucé-Malblanc2 Fabrice Rossignol1 1Clinique Vétérinaire Domaine de Grosbois 94470 Boissy Saint-Léger 2Clinique Equine École Nationale Vétérinaire Agro-Alimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantique, ONIRIS Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3
Objectifs pédagogiques
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Surcharge gastrique, pièce d’autopsie, vue ventrale, face diaphragmatique. Les zones congestives autour du cardia correspondent à des adhérences avec le diaphragme (photo clinique de Grosbois).
culière du cardia du cheval empêche tout soulagement par régurgitation spontanée. Si cette surcharge stomacale est une conséquence fréquente d’obstructions intestinales plus distales, elle peut parfois survenir de manière isolée.
Cet article présente les principales causes de douleur gastrique aiguë primaire chez le cheval adulte : les surcharges, les dilatations, et les autres causes inhabituelles (ulcères et tumeurs). Facteurs d’apparition, moyens diagnostiques et thérapeutiques disponibles, et mesures de prévention sont développés. LA SURCHARGE DE L’ESTOMAC Une surcharge de l’estomac (impaction en anglais) est caractérisée par une accumulation progressive, et par une stagnation d’un ingesta solide et déshydraté dans la lumière gastrique, qui occupe la totalité du fundus, jusqu’à sa limite de capacité de distension (photo 1).
Elle peut résulter de facteurs extrinsèques à l’estomac : 1. l’ingestion en grande quantité d’aliments à haute teneur en fibres ou de litière peu digestible (copeaux, lin) ; 2. un défaut de mastication consécutif à des problèmes dentaires ou temporo-mandibulaires, particulièrement chez les équidés âgés ; 3. un abreuvement insuffisant ou irrégulier ; 4. une ingestion rapide et massive d’aliments très appétents, dépassant les mécanismes de satiété (par exemple l’herbe haute de printemps) ;
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Savoir diagnostiquer et traiter les coliques aiguës d’origine gastrique. Connaître la conduite à tenir devant ces affections, les principaux facteurs de risque, et les moyens de limiter les récidives.
Essentiel Les stases et surcharges gastriques d’expression aiguë sont difficiles à diagnostiquer, et souvent découvertes à la laparotomie. La dilatation aiguë de l’estomac est une affection à caractère récidivant, favorisée par : - le comportement alimentaire ; - le rythme et la nature des repas ; - des anomalies du pylore.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 143
les coliques aiguës
d’origine parasitaire chez le cheval Sarah Ménager
Les parasites internes peuvent engendrer des coliques aiguës chez le cheval. Leur gestion passe avant tout par la prévention, et par un usage raisonné des anthelminthiques.
Clinique équine École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort
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Objectifs pédagogiques
es chevaux hébergent une douzaine d’espèces de parasites internes, responsables de signes cliniques variés [1, 2].
Les vers à l’origine de coliques sont les grands strongles (principalement Strongylus vulgaris), les ascaris (Parascaris equorum), et les cestodes (Anoplocephala perfoliata). En cas d’infestation massive, les petits strongles (cyathostomes) peuvent également être à l’origine de coliques.
Cet article présente les différents mécanismes parasitaires responsables de colique, et propose une approche diagnostique et thérapeutique des coliques parasitaires.
Connaître les principaux parasites responsables de coliques chez le cheval. Savoir traiter et prévenir les coliques d’origine parasitaire.
Essentiel Quatre parasites sont responsables de coliques : - Parascaris equorum ; - Strongylus vulgaris ; - Anoplocephala perfoliata ; - les cyathostomes. Le diagnostic de certitude de colique d’origine parasitaire est en général impossible ante-mortem. Examen intéressant, la coproscopie présente toutefois une sensibilité moyenne. La PCR semble prometteuse, mais elle n’est pas encore disponible en pratique.
MÉCANISMES PARASITAIRES INTERVENANT DANS L’APPARITION DES COLIQUES Tout au long de leur vie, les parasites induisent des stimuli pouvant provoquer des coliques, par leurs effets mécaniques (effet de masse, traumatisme), irritatifs ou immuno-pathologiques des parasites [3]. Ceux-ci sont rappelés dans l’encadré 1 ci-après. APPROCHE DIAGNOSTIQUE DES COLIQUES D’ORIGINE PARASITAIRE
Les coliques d’origine parasitaire sont souvent difficiles à diagnostiquer.
Une bonne anamnèse est indispensable, car peu d’examens complémentaires sont réalisables dans un contexte d’urgence.
Quand suspecter une colique aiguë d’origine parasitaire ? Les parasites responsables de coliques infestent des chevaux de tout âge.
Les jeunes (< 2 ans) et les chevaux débilités sont les plus souvent touchés. Lors de signes d’occlusion intestinale chez un poulain de 5 à 6 mois, l’hypothèse d’une ascaridose est toujours à prendre en compte.
Les coliques parasitaires aiguës sont en général modérées à sévères.
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 148 - OCTOBRE 2010
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Obstruction intestinale par Parascaris equorum (photo clinique équine ENVA).
Une origine parasitaire est à envisager si l’animal n’a pas été vermifugé ou si le protocole est inadapté, surtout chez des chevaux à risque.
Le mode de vie du cheval est un facteur à prendre en considération : chevaux vivant au pré, ou en surpopulation.
Une affection parasitaire est à suspecter en présence d’un cheval en mauvais état général, maigre, au poil piqué, et présentant souvent de la diarrhée.
Quels examens complémentaires réaliser ? En situation d’urgence
Il n’existe pas de diagnostic clinique spécifique d’une colique d’origine parasitaire. Lors de l’admission d’un cheval en colique, les examens complémentaires permettant un diagnostic de certitude ne sont pas envisageables. En effet, l’examen coproscopique, la sérologie ou la PCR (polymerase chain reaction) peuvent rarement être effectués dans un contexte d’urgence, en raison des délais nécessaires à leur réalisation et à leur interprétation.
Une éosinophilie sanguine peut être observée lors de parasitose, ainsi qu’une hypoalbuminémie et une hyperglobulinémie en cas d’infestation par des strongles. Ces modifications sanguines ne sont cependant pas pathognomoniques.
La palpation transrectale peut indiquer une colique ischémique due aux larves de Strongylus vulgaris. L’élargissement de l’artère mésentérique crâniale peut être palpable sur de petits
comment diagnostiquer traiter et pronostiquer la torsion de côlon chez le cheval La torsion de côlon est redoutée, car elle apparaît brutalement, et elle est souvent synonyme d’un pronostic vital réservé. Elle n’est pas seulement l’apanage des juments poulinières, tous les équidés peuvent être affectés.
L
a torsion du côlon dans l’espèce équine est une entité pathologique associée à un pronostic vital réservé. Le temps de réponse face à cette affection conditionne largement la vie de l’animal.
Si l’expression de la douleur abdominale est variable d’un animal à l’autre, les signes cliniques en cas de torsion du côlon sont sans ambiguïté, car les chevaux sont soumis à des tiraillements mésentériques très douloureux, et à des distensions viscérales de grande ampleur.
L’urgence en cas de torsion de côlon est de prendre une décision, afin de sauver l’animal ou d’écourter sa souffrance. Après un rappel anatomique et physiologique (encadré 1), cet article apporte quelques éléments pour faciliter ce choix
difficile, et indique le traitement à mettre en œuvre. DIAGNOSTIC Examen clinique
Des signes de douleur abdominale très importante et continue, qui apparaissent brutalement sont un symptôme de torsion de côlon (encadré 2). Par ailleurs, lorsque la torsion du côlon survient après un déplacement de cet organe, les signes modérés de coliques qui avaient pu être observés empirent alors subitement [1, 5].
Dès que le côlon est étranglé, la distension gazeuse de l’abdomen devient spectaculaire, la respiration du cheval est pénible et superficielle, en raison de la compression du diaphragme et de la veine cave caudale.
Les analgésiques, même les plus puissants, tels que les analogues de la morphine, ne parviennent pas à contrôler la douleur.
La plupart des chevaux victimes d’une torsion de côlon se positionnent en décubitus dorsal. Le rythme cardiaque est souvent très élevé, mais pas toujours, en raison d’un éventuel tonus vagal.
Encadré 1 - Rappels anatomiques et physiologiques La torsion de côlon peut survenir spontanément, ou être secondaire à une autre affection du côlon ascendant.
La torsion de côlon est une lésion ischémique, car elle est associée à une occlusion partielle ou totale de l’artère iléo-colique ou de sa branche colique, dès que la rotation du côlon sur luimême est de 270°.
Le côlon ascendant du cheval est mobile au sein de la cavité abdominale, à l’exception du côlon dorsal droit et du côlon ventral droit [3]. Les contacts du côlon avec la paroi abdominale et avec les autres viscères en limitent les mouvements. Lorsque du liquide, du gaz, ou du contenu digestif, s’accumule dans une ou plusieurs de ses portions, les déplacements pathologiques et les torsions peuvent survenir.
La prise de nourriture stimule le péristaltisme, par l’intermédiaire du réflexe gastro-colique, mais celui-ci est altéré par un repas trop important, qui entraîne une accumulation des gaz provenant de la fermentation.
Le mode d’alimentation joue donc un rôle
fondamental dans la fréquence d’apparition des déplacements et des torsions de côlon : - les chevaux alimentés à l’aide d’importantes rations de concentrés, pauvres en fibres, ont plus de risques de présenter un déplacement de côlon que les autres ; - la mise en prairie brutale des chevaux au printemps, lorsque l’herbe est riche, peut entraîner une fermentation excessive dans le gros intestin, et provoquer un déplacement ou une torsion de côlon.
Le parasitisme lié à Stongylus vulgaris* est aussi un facteur favorisant des déplacements de côlon, car il diminue le flux sanguin dans certaines portions du gros intestin, ce qui augmente l’activité électrique et le péristaltisme.
L’incidence des torsions de côlon chez les juments poulinières autour du part est très élevée, en raison du relâchement des muscles de l’abodmen et de la vacuité soudaine de l’abdomen post-partum.
NOTE * cf. L’article “Les coliques aiguës d’origine parasitaire”, par S. Ménager, dans ce numéro.
Christopher Stockwell L'attache Rue Michel d’Ornano 14700 Falaise
Objectifs pédagogiques Savoir reconnaître les symptômes d’une torsion de côlon. Savoir prendre la bonne décision en urgence, et conseiller à bon escient l’euthanasie ou la chirurgie.
Essentiel Une ration alimentaire riche en concentrés et pauvre en fibres, et une mise en prairie brutale au printemps favorisent les déplacements et les torsions du côlon. L’incidence des torsions de côlon chez juments poulinières autour du part est très élevée. La douleur abdominale n’est pas contrôlable, en cas de torsion à 360° ou plus du côlon ascendant. La chirurgie est le seul traitement de la torsion de côlon.
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Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 153
comment diagnostiquer et traiter les affections du côlon descendant chez le cheval adulte Les affections du côlon descendant, ou petit côlon, sont à l’origine de coliques chez les chevaux. Elles sont cependant rares, et sont surtout représentées en France par les surcharges du côlon descendant.
L
es affections du côlon descendant, encore dénommé petit côlon ou “côlon flottant” chez les équidés, sont beaucoup moins fréquentes que celles des autres segments intestinaux. Selon les études, elles représentent 1,9 à 18 p. cent des cas de coliques admis dans des centres de référence [1, 9, 11, 14]. L’incidence de ces affections serait de l’ordre de 4 p. cent des coliques chirurgicales, selon deux études rétrospectives réalisées en Angleterre et aux États-Unis [3, 14]. Un certain nombre de ces affections sont cependant traitées médicalement sur le terrain, en pratique ambulatoire, ce qui augmente sensiblement leur incidence globale [3, 6].
Pour établir un diagnostic correct et mettre en place un traitement adéquat de ces affections, il est nécessaire de bien connaître l’anatomie et la physiologie du côlon descendant (encadré 1).
Cet article présente les différentes affections du côlon descendant chez les chevaux adultes, décrit les signes cliniques permettant d’établir un diagnostic, et aborde les principaux traitements médicaux et chirurgicaux à mettre en place pour les résoudre. Les affections du rectum sont spécifiques, elles ne sont pas abordées dans cet article. LES AFFECTIONS DU CÔLON DESCENDANT : CLASSEMENT ET DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES Les différentes affections du côlon descendant sont classées en obstructions non étranglées, obstructions étranglées ou lésions vasculaires (tableau 1) [3, 6]. Elles ne sont pas aussi bien documentées dans la littérature que les autres causes de coliques, en raison de leur relative faible incidence chez les chevaux adultes [9].
Les affections obstructives non étranglées du côlon descendant représentent la
Tableau 1 - Principales affections
Xavier Gluntz Clinique Vétérinaire des Lys 663 avenue Jean Jaurès 77190 Dammarie les Lys
Objectif pédagogique
du côlon descendant [6]
Savoir diagnostiquer et traiter les affections du côlon descendant.
Obstructions non étranglées - Surcharges du colon descendant - Corps étrangers (bézoards, entérolithes) - Lipomes pédiculés - Néoplasmes
Obstructions étranglées - Lipomes pédiculés - Hernies - Torsion - Intussusceptions
Lésions vasculaires - Hématomes sous-muqueux - Lésions consécutives à un poulinage (rupture du mésocolon, prolapsus rectal) - Infarcissement
majorité des affections du côlon descendant [2, 3, 8]. Elles se répartissent en : 1. obstructions intraluminales, dues à : - une surcharge, - un corps étranger : concrétions (entérolithes, phytobézoards, trichobézoards, phytotrichobézoards), ou matériau non digestible ingéré (ficelles de ballots de paille ou de foin, ruban de clôture électrique, morceau de caoutchouc, sac plastique, …) ; 2. obstructions extraluminales : lipomes pédiculés, pédicules ovairiens, néoplasmes (lymphome, léiomyome) ; 3. obstructions intramurales : œdème de paroi. Les obstructions extraluminales et intramurales ne sont pas traitées ici. En effet, ce sont des cas rencontrés très ponctuellement.
Les obstructions étranglées sont rares. Elles peuvent être provoquées par : - un lipome pédiculé ; - un volvulus ; - une intussusception (photo 1) ; - une hernie ombilicale, inguinale, ou diaphragmatique, ou une brèche dans le ligament large de l’utérus, dans le mésocôlon, ou dans le ligament gastro-splénique, … [1, 2, 3, 6, 9, 10, 14].
Les lésions vasculaires entraînant des affections du côlon descendant sont essentiellement des hématomes de la sousmuqueuse et des lésions subies par ce segment intestinal lors du poulinage.
Essentiel La surcharge du côlon descendant est l’affection la plus fréquente. Les entérolithes et les bézoards sont les principaux corps étrangers susceptibles de provoquer une obstruction du côlon descendant. Les lésions vasculaires sont des hématomes de la sous-muqueuse, et des lésions subies lors du poulinage.
CHEVAL
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approche médicale de l’accrochement néphrosplénique Jose Maria Hervas Xavier Gluntz
chez le cheval Entité pathologique bien connue chez le cheval, l’accrochement néphrosplénique est à l’origine de coliques d’intensité très variable. Gestes et traitements sont proposés pour tenter une résolution médicale, avant d’envisager une intervention chirurgicale.
L’
accrochement néphrosplénique (nephrosplenic entrapement en anglais) est un déplacement dorsal du côlon ascendant à gauche. En phase terminale de sa migration, le côlon se loge dans l’espace néphrosplénique, délimité entre le bord dorsal de la rate, le ligament néphrosplénique et le rein gauche.
Pour le praticien, l’aspect tridimensionnel de cette affection est primordial pour l’identifier et déterminer son stade d’évolution, grâce à la palpation transrectale et à l’échographie transpariétale.
Face à cette affection, l’objectif est de résoudre physiquement l’accrochement, et de lutter contre les conséquences de l’obstruction extraluminale, en stabilisant le cheval par un traitement médical classique lors de colique.
Les différents traitements de l’accrochement néphrosplénique sont présentés, et la technique du roulage est décrite, afin que le vétérinaire puisse réaliser les actes thérapeutiques adaptés à de chaque situation. LES DIFFÉRENTES PHASES OU STADES DU DÉPLACEMENT DORSAL DU CÔLON À GAUCHE
L’hypothèse étiologique la plus couramment admise concernant la physiopathologie du mouvement de déplacement du côlon à gauche correspond à [6, 7] (figure 1) : 1. une phase d’engagement ; 2. une phase de subaccrochement : ce stade peut être réversible spontanément, ou à défaut, des mesures médicales simples permettent souvent de le résoudre rapidement ; 3. une phase ou stade d’accrochement : elle nécessite souvent une prise en charge médicale prolongée, avec des soins intensifs ou des manœuvres thérapeutiques complexes, voire une intervention chirurgicale en cas d’échec du traitement ou de dégradation du cheval : ce stade est irréversible de manière spontanée. Il nécessite une gestion médicale prolongée, avec des soins intensifs ou des manœuvres thérapeutiques
Figure 1 - Phases ou stades du déplacement dorsal du côlon ascendant gauche (vue caudale) Phase réversible spontanément
Phase réversible spontanément
Clinique Vétérinaire du Lys 663, av. Jean Jaurès 77190 Dammarie-Les-Lys
Objectifs pédagogiques Comprendre le déplacement du côlon lors d’accrochement néphrosplénique. Connaître les actes thérapeutiques et les molécules à utiliser. Savoir pratiquer la manœuvre de roulage.
Essentiel Les phases d’engagement et de subaccrochement sont réversibles de manière spontanée. La phase d’accrochement est irréversible et nécessite une prise en charge médicale prolongée, voire une intervention chirurgicale. Un sondage naso-gastrique doit être réalisé systématiquement. Face à un cheval souffrant d’accrochement, l’analgésie est une priorité absolue.
Phase irréversible spontanément
Geste Espace néphrosplénique
Ponctionner le caecum à l’aide d’un trocart est conseillé lors de tympanisme.
Rein gauche Ligament néphrosplénique Rate Côlon dorsal Côlon ventral
CHEVAL 1. Une phase d’engagement : les portions dorsale et ventrale du côlon gauche se glissent entre la paroi abdominale gauche et la rate. 2. Une phase de subaccrochement : le côlon dorsal est déjà logé dans l’espace néphrosplénique, mais le côlon ventral se trouve entre la rate et la
paroi abdominale, il n’a pas encore basculé.
3. Une phase ou stade d’accrochement : la totalité du côlon gauche est incarcérée dans l’espace néphrosplénique. Ceci entraîne une obstruction extraluminale non étranglée, malgré une torsion de 180º du côlon associée.
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observation clinique
observation originale
suspicion de CIVD aiguë après lésion étranglée de l’intestin grêle
chez une ponette
1Clinique Équine École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex
Le choc endotoxémique consécutif à une lésion intestinale étranglée peut entraîner des troubles de l’hémostase qui assombrissent le pronostic vital du cheval. Il augmente considérablement le coût global de la prise en charge, malgré une intervention chirurgicale adéquate.
C
hez le cheval en colique, la coagulation intra-vasculaire disséminée (CIVD) est une complication connue du choc endotoxémique [2, 4]. En pratique, le diagnostic de cette complication repose sur des signes cliniques, déjà parfois avancés lorsque le cheval est vu en consultation. Ce cas clinique présente les signes d’appels d’une coagulation intra-vasculaire disséminée. La pathophysiologie, les outils diagnostiques et thérapeutiques disponibles sont développés. CAS CLINIQUE Une ponette de race inconnue de 14 ans est référée en urgence pour des crises de coliques évoluant depuis 12 h, qui ne répondent pas au traitement médical instauré (flunixine méglumine, α2-agonistes). L’examen clinique
À son arrivée, la ponette est abattue. Sa fréquence cardiaque est de 120 battements/min (bpm), ses muqueuses sont congestives, ses extrémités sont froides, et le temps de recoloration capillaire (TRC) est de 3 s. Sa température est de 38,2°C, et sa fréquence respiratoire est de 28 mouvement/min (mpm). L’abdomen est distendu, et les bruits digestifs sont absents dans les quatre cadrans abdominaux.
La ponette est donc en état de choc endotoxémique (liseré gingival), en phase hypotensive (extrémités froides, et TRC = 3 s).
Les examens complémentaires
La palpation transrectale permet de sentir une distension des anses de l’intestin grêle et un déplacement à droite du côlon.
Antoine Lechartier1 Benoît Staumont2 Céline Mespoulhès-Rivière1
2Cabinet
vétérinaire Deponnat Lahaye 6, Chemin de Préfontaine 95420 Genainville
Objectifs pédagogiques Savoir diagnostiquer une coagulation intra-vasculaire disséminée lors d’affections gastro-intestinales aiguës. Savoir traiter une CIVD, et conseiller le propriétaire.
1
Intestin grêle et côlon ascendant d’une ponette en CIVD : noter la présence de pétéchies et de zones d’ecchymoses visibles à travers la séreuse. Les intestins n’ont pas été manipulés à ce stade (photo ENVA).
L’examen échographique montre une absence de motilité de l’intestin grêle et une paroi épaissie.
Un sondage nasogastrique permet de récupérer 3 L de reflux.
Les examens sanguins révèlent : - une hyperlactatémie sévère à 8,7 mmol/L (valeurs usuelles < 1mmol/L) ; - une concentration en créatinines phospho-kinases (CPK) > 200 000 UI/L (valeurs usuelles < 300 UI/L) ; - un hématocrite normal, à 41 p. cent (valeurs usuelles entre 32 et 52 p. cent) ; - des protéines totales, à 74 g/L (valeurs usuelles entre 58 et 77 g/L) ; - une fibrinogénémie de 187mg/dL, à la limite inférieure des valeurs usuelles (entre 200 et 450 mg/dL) ; - une numération plaquettaire normale, à 151 000 cellules/µL (valeurs usuelles 90 000 à 350 000 cellules/µL).
Une lésion étranglée de l’intestin grêle est fortement suspectée : anses intestinales distendues et peu mobiles. Les autres hypothèses diagnostiques sont une entérite de l’intestin grêle ou une stase de l’iléon. Compte tenu des commémoratifs, de la violence des signes cliniques, du peu de reflux obtenu, et de l’absence d’hyperthermie, ces hypothèses ne sont pas retenues.
Une laparotomie exploratrice est proposée au propriétaire, comme alternative à une euthanasie. L’intervention chirurgicale est décidée, et la ponette est anesthésiée en urgence.
Définition
Choc endotoxémique : choc septique dû à la circulation intravasculaire d’endotoxines provenant de la paroi des bactéries gram négatif, libérées suite à une lésion intestinale étranglée.
Essentiel La coagulation intra-vasculaire disséminée est une complication majeure des affections gastro-intestinales chez le cheval. Les moyens thérapeutiques sont ceux de l’endotoxémie. L’héparine de faible poids moléculaire est un traitement d’avenir.
CHEVAL
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 2010 - 167
l’hyperlipémie
une complication métabolique importante chez les poneys et chez les ânes
Objectifs pédagogiques
Affection métabolique relativement fréquente chez les poneys et chez les ânes malades, l’hyperlipémie peut avoir des conséquences graves. Diagnostiquer et traiter l’hyperlipémie précocement augmente les chances de survie des animaux atteints.
L’
hyperlipémie est une complication métabolique fréquente chez les poneys, les chevaux miniatures et les ânes adultes. Elle survient en cas de déficit énergétique, comme à la fin de la gestation, durant la lactation, lors de stress, ou lors de toute autre maladie concomitante (entérocolite, parasitisme, infection respiratoire, …), mais aussi lors de coliques (coliques sourdes durant quelques jours, mise à jeun lors du traitement post-opératoire de coliques chirurgicales) (photo 1), et lors d’adénome pituitaire (maladie de Cushing) (encadré 1). ÉPIDÉMIOLOGIE Les poneys, en particulier les poneys Shetland, les ânes et les chevaux miniatures sont les animaux les plus à risque. Une incidence de 5 p. cent par an est rapportée chez les poneys [12].
Les animaux obèses sont particulièrement susceptibles.
Les femelles sont prédisposées, quel que soit le statut reproducteur [8].
L’hyperlipémie peut survenir sur des animaux de tout âge. Bien que moins souvent diagnostiqués, les poulains poneys et ânons malades sont également sensibles [7, 15, 18] (photo 2).
Les animaux sont souvent obèses, avec un historique récent de perte de poids, d’anorexie, de maladie, de stress, de lactation ou de gestation (photo 3, encadré 1).
SIGNES CLINIQUES Les premiers signes cliniques d’hyperlipémie sont non spécifiques : abattement, inappétence, et faiblesse peuvent être observés. D’autres signes s’ajoutent ensuite : anorexie totale, ictère, incoordination, trem-
Peggy Moreau Clinique équine de La Boisrie 61500 Chailloué
Connaître les facteurs de risques de l’hyperlipémie. Savoir diagnostiquer et traiter un poney ou un âne hyperlipémique.
1
Poney en coliques (photos P. Moreau).
blement, ataxie, décubitus, diarrhée, coliques légères.
Dans les cas sévères, des signes d’insuffisance hépatique apparaissent, en particulier des signes nerveux d’hépato-encéphalopathie peuvent également être observés. Des morts subites ont été décrites suite à une rupture du foie, ou lors de choc acidocétosique [1, 8, 9].
Les signes de la maladie primaire s’ajoutent à ceux de l’hyperlipémie. DIAGNOSTIC Les examens biochimiques Le diagnostic repose sur l’examen du sérum ou du plasma, qui est blanchâtre et/ou opalescent (photo 4).
Une mesure précise des triglycérides permet d’estimer la sévérité de l’affection, puis de suivre son évolution dans le temps. Des valeurs de triglycérides > à 5,5 mmol/L ou 5 g/L caractérisent une hyperlipémie (tableau 1).
Il est nécessaire de réaliser un bilan biologique hépatique pour déterminer la sévérité de l’atteinte hépatique. Les paramètres mettant en évidence un dommage hépatobiliaire sont une augmentation de la gamma-glutamyltransférase (GGT), de l’alkaline phosphatase (ALKP), de l’aspartate aminotransférase (AST), de la sorbitol déshydrogénase (SDH), et de la glutamate déshydrogénase (GLDH). Une insuffisance hépatique est caractérisée par une diminution de l’urémie et du taux de glucose, et par une augmentation des concentrations sanguines en bilirubines et en ammonium.
2
Poulain poney, hyperlipémique à 24 h d’âge, secondairement à une septicémie. Le poulain reçoit une solution parentérale partielle intraveineuse.
Définitions
L’hyperlipémie est un signe biologique caractérisé par un sérum lactescent, secondaire à une accumulation excessive de triglycérides dans le sang (> 5 g/L), de la dépression, de l’anorexie et toujours, un dysfonctionnement hépatique pouvant se traduire par une lipidose hépatique.
L’hyperlipidémie est une augmentation modérée des triglycérides sanguins entre 1 et 5 g/L, sans lipémie visible du sérum. L’hypertriglycéridémie sévère fait référence à une augmentation marquée des triglycérides (> 5 g/L), sans lipémie visible [3].
ÂNE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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analyses et commentaires intérêts et limites
de l’examen du liquide péritonéal lors de coliques aiguës chez le cheval
1Clinique Vétérinaire Domaine de Grosbois 94470 Boissy Saint-Léger
La paracentèse abdominale est un acte simple à réaliser pour évaluer un cheval en coliques aiguës.
2Clinique Équine École Nationale Vétérinaire Agro-Alimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantique, ONIRIS Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3
L’
orientation thérapeutique, médicale ou chirurgicale est délicate lors de la prise en charge d’un cheval souffrant d’un syndrome abdominal aigu, surtout en début d’évolution, lorsque le diagnostic, et à fortiori le pronostic, sont incertains. Une surveillance attentive de l’évolution clinique du cheval est alors de règle.
Les examens complémentaires peuvent contribuer à décider rapidement d’une intervention chirurgicale. L’une des principales informations recherchées est la présence ou non de lésions intestinales ischémiques ou inflammatoires. Celles-ci entraînent, à un degré variable, des modifications du liquide péritonéal.
La paracentèse abdominale permet d’évaluer un cheval en coliques aiguës, même si la fiabilité de cet examen a pu être nuancée [3].
Le prélèvement est relativement simple à effectuer, à l’aide d’une aiguille ou d’une canule mousse [2] (photo 1).
Cet article présente les analyses qui peuvent être réalisées sur le liquide péritonéal dans un contexte d’urgence, et indique leur intérêt et les limites de leur interprétation.
Objectif pédagogique Savoir interpréter les résultats des analyses à réaliser en urgence sur un liquide de paracentèse abdominale.
1
Recueil de liquide par une ponction à la canule (photos V. Deniau).
Essentiel a
Liquide abdominal normal.
b
Sérohémorragique.
c
Brun lors de rupture digestive.
2 Les différents aspects du liquide abdominal.
VOLUME ET ASPECT MACROSCOPIQUE Liquide péritonéal normal
Le liquide péritonéal normal est un transsudat jaune clair et limpide.
La quantité recueillie est variable, de quelques gouttes à 10-15 mL (photo 2 a).
Liquide modifié Une turbidité est souvent consécutive à un afflux de neutrophiles, et à une augmentation du taux protéique. Ceci survient en présence de lésions inflammatoires primaires, comme lors de duodéno-jéjunite, ou au cours de l’évolution de lésions obstructives non étranglées, associées à un début de congestion pariétale.
Des lésions d’infarcissement avancé ou de nécrose des parois digestives entraînent en général un exsudat séro-hémorragique assez abondant (photo 2 b).
Valérie Deniau1,2 Anne Couroucé-Malblanc2 Fabrice Rossignol1
Un liquide péritonéal brunâtre et nauséabond, contenant des particules alimentaires, peut être recueilli lors de rupture viscérale avec contamination de la cavité péritonéale, ou lors de ponction digestive accidentelle à l‘aiguille (photo 2c). Pour différencier ces deux situations, il convient de prendre en compte le contexte clinique, la mesure de la concentration en protéines totales et de la numération cellulaire, ou éventuellement de renouveler le prélèvement sur un autre site (tableau).
Les analyses à réaliser en urgence sur le liquide péritonéal sont à interpréter avec prudence, surtout dans les 1res heures d’évolution. Lors de coliques aiguës, un liquide séro-hémorragique révèle en général une obstruction étranglée. La concentration en protéines et la numération des cellules nucléées indiquent le caractère inflammatoire du liquide péritonéal.
LES ANALYSES À RÉALISER EN URGENCE Les analyses qui peuvent être réalisées en urgence sur le liquide abdominal sont pour l’essentiel : - une mesure de la concentration en protéines totales, au réfractomètre ;
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RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 177
principe actif
la lidocaïne Agnès Benamou-Smith Médecine Interne des Équidés Pôle Équin, VetagroSup Campus Vétérinaire de Lyon
a lidocaïne a des effets analgésiques, anti-inflammatoires et anasthésiques par voie intraveineuse. Chez le cheval, elle est de plus en plus utilisée en perfusion lors de chirurgie de coliques. Cet article présente son utilisation dans cette indication en se référant à ce qui est documenté et pratiqué en médecine humaine. En effet, depuis 2000, une dizaine d’articles ont été publiés sur l’utilisation de la lidocaïne IV chez le cheval, en majorité lors de chirurgies de coliques.
spinal, lors de syndrome douloureux [18]. Le blocage des canaux sodiques semble également contribuer à l’effet analgésique de la lidocaïne systémique.
Chez le rat, les réactions nociceptives lors de manipulations et de stimulations viscérales sont inhibées par la lidocaïne [14].
En médecine humaine, en raison de ses effets sur les douleurs neuropathiques, elle est utilisée lors de l'amputation d’un membre ; un effet dose-dépendant est démontré [19]. Effets anti-inflammatoires
Indications
PROPRIÉTÉS
La lidocaïne possède aussi des propriétés anti-inflammatoires [9], car elle atténue l’activation des polynucléaires neutrophiles lors d’inflammation, en agissant sur plusieurs mécanismes : l’adhésion et la margination des leucocytes, le chimiotactisme, la production de métabolites réactifs à l’oxygène, la sécrétion de cytokines, ... [19].
L’inhibition de la réaction inflammatoire n’étant pas totale, le risque infectieux ne serait pas accru suite à son administration.
L’effet anti-inflammatoire est confirmé par plusieurs études animales sur des modèles d’ischémie - reperfusion, ainsi que sur des modèles de syndrome de détresse respiratoire aiguë [9]. Cet effet dépend de l’inhibition d’une sous-unité (Gaq) de la protéine G membranaire, elle-même impliquée dans l’effet anti-thrombotique de la lidocaïne.
Chez l’homme, la lidocaïne par voie intraveineuse, administrée en peropératoire, diminue de manière significative la libération de toute une série de cytokines proinflammatoires, sans affecter la libération de cytokines anti-inflammatoires [7].
Diminuer significativement la durée du reflux, favoriser la reprise rapide du passage de crottins, et diminuer les temps d’hospitalisation lors de résection intestinale ou d’iléus post-opératoire.
Effet anesthésique
Les chevaux souffrant d’une atteinte hépatique, les poulains nouveau-nés, les chevaux âgés, et les animaux en hypoprotéinémie risquent de développer des signes de toxicité.
L
Les deux propriétés les plus connues de la lidocaïne sont le blocage de la transmission nerveuse du potentiel d’action (effet utilisé lors des anesthésies locales et régionales), et l’effet anti-arythmique. Ces deux effets sont dus au blocage des canaux sodiques.
En outre, administrée par voie intraveineuse, la lidocaïne a des propriétés anesthésiques et analgésiques, et des effets antiinflammatoires et anti-thrombotiques, ainsi que des effets bronchodilatateurs, antimicrobiens et neuroprotecteurs [9]. Ces actions sont bien documentées chez l’homme. Ces propriétés se manifestent pour des concentrations inférieures à celles nécessaires pour inhiber les canaux sodiques. Elles impliquent d’autres mécanismes : - un blocage des courants potassiques ; - un blocage des récepteurs cholinergiques muscariniques, et dopaminergiques ; - une inhibition des leucocytes (polynucléaires neutrophiles et macrophages). Une partie des effets bénéfiques des anesthésies locales et épidurales proviendrait ainsi d’un effet systémique de la lidocaïne [8].
LES EFFETS CONNUS DE LA LIDOCAÏNE CHEZ L’HOMME Effets analgésiques
Administrée par voie systémique, la lidocaïne possède des propriétés analgésiques. Le mécanisme passe par le blocage des décharges dites toniques au niveau des neurones périphériques, excités par des stimuli nociceptifs (augmentation du seuil d’excitabilité) [16].
En plus de cette action périphérique, la lidocaïne a une action directe sur la transmission spinale de la douleur ; elle réduit les phénomènes d’hypersensibilité et d’emballement des potentiels d’action au niveau
Un effet anesthésique de la lidocaïne par voie intraveineuse est rapporté chez plusieurs espèces, dont le cheval [3, 4]. La concentration minimale anesthésique de plusieurs anesthésiques volatiles est alors diminuée de 20 à 35 p. cent.
Chez l’homme, un effet anesthésique a été confirmé lors de chirurgie viscérale impliquant des manipulations douloureuses. Ceci met en évidence un phénomène dosedépendant d’épargne des besoins en agents anesthésiques lors de ces interventions [10].
Classe pharmacologique - Anesthésique local et anti-arythmique, famille des amino-amides.
Posologie Par voie intraveineuse, dose initiale de 1,3 mg/kg en bolus sur 15 min, puis perfusion à rythme constant, pendant 24 h, de 0,05 mg/kg/min.
Précautions d’emploi
RUBRIQUE
Analgésie post-opératoire Grâce à ses effets analgésiques et antiinflammatoires, la lidocaïne peut être utilisée
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - page 179
urgences conduite à tenir face à une hernie inguinale aiguë chez l’étalon
Émilie Ouachée1 Céline Mespoulhes-Rivière2 Fabrice Rossignol1 1Clinique
Le diagnostic d’une hernie inguinale est parfois évident, mais cette affection peut être sous-estimée. Tranporter rapidement le cheval vers un centre de référence est essentiel, afin d’effectuer une réduction chirurgicale avec un bon pronostic. Celui-ci devient sombre après 12 heures.
L
a hernie inguinale se produit presque exclusivement chez l’étalon. Elle peut également affecter les hongres, mais ceci est rare, car les anneaux vaginaux se rétrécissent après la castration. Un cas a également été décrit chez une jument [8].
Les hernies inguinales chroniques sont peu rapportées, mais elles semblent avoir une incidence réelle, et peuvent être à l’origine de troubles locomoteurs. Dans notre pratique, quatre cas ont été observés en 4 ans [10].
Dans cet article, nous montrons comment intervenir en urgence face à un cas classique de hernie inguinale aiguë et acquise de l’intestin grêle, chez l’étalon. COMMENT DIAGNOSTIQUER UNE HERNIE INGUINALE AIGUË ?
Si le diagnostic de hernie inguinale est évident dans certains cas, cette affection peut être sous-estimée (encadrés 1, 2).
Les signes cliniques sont ceux d’une occlusion du petit intestin. La douleur est en général marquée, mais selon les chevaux, elle varie d’un léger inconfort abdominal jus
vétérinaire de Grosbois Domaine de Grosbois 94470 Boissy Saint Léger
2École
Objectifs pédagogiques Savoir diagnostiquer une hernie inguinale aiguë chez l’étalon. Connaître les alternatives pour bien conseilller le propriétaire.
1
Anneau inguinal large (photo clinique de Grosbois).
qu'à des coliques violentes.
Les modifications des constantes vitales sont surtout fonction de la durée d’évolution des coliques avant l’examen [4, 7, 12, 13].
L’examen de la région inguinale atteinte révèle en général un scrotum plus gros que la normale, dur et froid à la palpation. Mais l’absence de dilatation scrotale ne permet pas d’éliminer l’hypothèse d’une hernie inguinale. Sur certains chevaux en effet, la déformation n’est visible et palpable qu’en région inguinale, et seul un examen attentif permet de suspecter une hernie.
La palpation des anneaux inguinaux par voie transrectale est indispensable lors de l’examen d’un cheval entier en coliques (photo 1).
Même si une augmentation de la taille d’un testicule suggére une hernie inguinale, le diagnostic différentiel comprend : - une torsion du cordon spermatique ; - une orchite [11] ; - une thrombose de la vascularisation testiculaire ; - une affection néoplasique.
Encadré 1 - Les hernies inguinales chez le poulain Chez le poulain, la tunique vaginale peut être ouverte, probablement à cause de la compression de l’abdomen du jeune lors de la parturition, le contenu se trouve alors sous la peau : il s’agit d’une hernie rupturée.
Les hernies inguinales congénitales du poulain nouveau-né sont en général non étranglées. Elles répondent efficacement à un traitement conservateur (réduction manuelle externe, bandage), en 3 à 6 mois, lorsque la tunique vaginale est intacte, ce qui est souvent le cas [1].
Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, av du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort
En cas de non réponse au traitement médical, une intervention chirurgicale est recommandée.
Nous effectuons une fermeture de l’anneau inguinal à l’aide d’agrafes, sous cœlioscopie, avec un poulain couché (position de Trendelenburg), après réduction des viscères herniés. Des nœuds intracorporels peuvent être aussi utilisés [10].
Les hernies du poulain sont probablement héréditaires. Il est donc conseillé de retirer ceuxci de la reproduction [5].
Définitions Une hernie inguinale est le passage anormal d’un organe de la cavité abdominale dans le canal inguinal. Cet état est nommé hernie scrotale quand le contenu descend jusque dans le scrotum, mais les termes hernie inguinale ou scrotale sont souvent utilisés de manière interchangeable.
Essentiel Pratiquer une palpation transrectale des anneaux inguinaux est indispensable lors de coliques chez un cheval entier. Le pronostic est favorable si une gestion chirurgicale est réalisée dans les 6 h. Le taux de complications augmente après 6 h, avec un pronostic sombre après 12 h.
RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 181
nutrition
résultats originaux
intérêt des aliments élaborés dans la prévention
des ulcères gastriques
Laure Mathews-Martin1 Marie Varloud2 Claire Scicluna3 Jean-Pierre Blanquet4 Véronique Julliand5
chez les chevaux de course La forte prévalence des ulcères gastriques chez les chevaux de course, et le coût des traitements incitent à chercher des mesures préventives, notamment en matière de pratiques alimentaires. Identifier les pratiques impliquées permettrait de modifier les recommandations alimentaires, pour prévenir le développement des ulcères.
L
e syndrome d’ulcération gastrique des chevaux (EGUS : equine gastric ulcerative syndrome), est une affection fréquemment rencontrée chez le cheval athlète en général, plus particulièrement chez les chevaux de course (photo 1). La prévalence de cette affection varie en effet de 50 à 82 p. cent chez les trotteurs à l’entraînement, et peut atteindre 92 p. cent, lorsqu’ils participent régulièrement à des courses [2, 12].
Ces affections ont des répercussions médicales et économiques importantes dans le secteur des courses, car les ulcères gastriques peuvent être à l’origine de coliques, de perte d’état et de baisse de performances, donc de gains [6, 14].
De nombreux facteurs de risque incriminés sont inhérents au cheval athlète. 1. L’exercice intensif contribue largement à augmenter la prévalence et la sévérité des ulcérations gastriques [4, 5, 11]. Un niveau d’activité élevé peut avoir des répercussions : - mécaniques ; - hormonales, en stimulant la sécrétion de gastrine, donc la sécrétion d’acide chlorhydrique ; - hémodynamiques, en provoquant une diminution de la circulation sanguine au sein de la paroi gastrique en particulier. 2. Les paramètres environnementaux, tels que le confinement en box, avec un accès restreint au pâturage, sont des facteurs d’aggravation des ulcères gastriques. 3. Les pratiques d’alimentation ont aussi des conséquences sur la physiopathologie
1 Domaine Barbette 58300 Sougy sur Loire 2 In Vivo NSA, Recherche et Développement 56250 Saint-Nolff 3 Clinique Vétérinaire du Plessis 60300 Chamant 4
AgroSup Dijon, Laboratoire MAIS 21079 Dijon 5 AgroSup Dijon URANIE USC Nutrition du cheval athlète 21079 Dijon
Objectifs pédagogiques
1 Trotteur français sur un champ de course (photo C. Scicluna).
de l’estomac, notamment les intervalles de distribution, eux-mêmes conditionnés par l’entraînement et le programme des compétitions [7]. De plus, des rations riches en glucides fermentescibles augmentent la production de gastrine circulant dans le sang, et d’acides gras volatiles intra-gastriques, ce qui favorise l’apparition des ulcères [1, 8, 9, 10, 13].
Cet article présente les résultats d’une étude menée sur 39 chevaux afin de déterminer l’effet des pratiques d’alimentation sur les ulcères gastriques des chevaux de courses Trotteurs Français. MATÉRIEL ET MÉTHODE Le choix des chevaux inclus dans l’étude Pour cette étude, 39 chevaux Trotteurs Français, de 3 et 4 ans, à l’entraînement, ont été choisis au hasard dans l’effectif de plusieurs écuries d’une clientèle équine de l’Oise, entre mars 2007 et février 2008.
Tout traitement anti-ulcéreux administré dans les 2 mois précédant la visite du vétérinaire était un facteur d’exclusion.
Pour chaque cheval, un questionnaire a été complété avant le diagnostic, auprès de la personne responsable de l’alimentation (entraîneur ou 1er garçon d’écurie). L’objectif était d’obtenir un maximum d’informations sur les chevaux examinés et sur leur environnement, notamment sur les pratiques d’alimentation (type, quantité, et rythme de distribution des aliments), afin de définir différents types de rations.
Connaître les pratiques d’alimentation des jeunes Trotteurs Français à l’entraînement. Mieux connaître les liens entre alimentation et ulcères gastriques.
Définitions Un ulcère gastrique est une érosion, de taille et de profondeur variables, des muqueuses de l’estomac. Ration : ensemble des aliments distribués à un cheval sur 24 h. Aliments concentrés : aliments à forte teneur en matière sèche, concentrés en énergie et/ou en protéines. Aliments composés : aliments fabriqués à partir de l’assemblage de plusieurs matières premières.
Essentiel Le syndrome d’ulcération gastrique est une affection à forte prévalence chez les chevaux de course soumis à un exercice intensif.
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RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 185
revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 Jean-Philippe Germain2 1 Pôle
équin E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Clinique
vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne
les articles parus classés par thème dans les revues - Equine Veterinary Journal ............................................................................................................................... ....... ...................... 2009;41(8):754-8, (2009);41(8):747-52, 2010;42(2),150-60, 2010;42(4):316-21 - American Journal Veterinary Research (Am J Vet Res) ............................................ ....................................................................................... 2010;71(2):169-75, 71(4): 405-11, 2010;237(2):196-9 - Journal of Veterinary Internal Medecine ......................................................................................... ............................................................................................................................... ........................................................ 2010;24:206-12
Reproduction - Comparaison du traitement chirurgical et médical de la déchirure utérine suspectée ou confirmée chez 49 juments en post-partum - Points d’attache anormaux du cordon ombilical chez la jument : une revue illustrée par trois cas
Chirurgie osseuse
- Injection de tiludronate dans le traitement d’un épravin : une étude en double aveugle
- Exérèse de fractures de la malléole latérale du tibia sous arthroscopie : étude rétrospective de 13 cas
Locomoteur - Débridement sous arthroscopie de fragments du processus extensorius de la phalange distale chez 13 chevaux : évolution à long terme
Pharmacologie
Ophtalmologie
- Effets anti-inflammatoires de la morphine injectée en intra-articulaire chez des chevaux souffrant de synovite induite expérimentalement
- Mise en place d’un implant de cyclosporine au niveau suprachoroïdal chez des chevaux atteints d’uvéite récurrente : résultat à long terme
Chirurgie des tissus mous - Extraction chirurgicale d’un Parelaphostrongylus tenuis intraoculaire chez un cheval Synthèses rédigées par par Laure-Aline Dequier, Claire de Fourmestraux, Marion François, Élodie Lallemand, Olivia Moliner, Marie Nolf, Mickaël Robert, Céline Vélu.
un panorama des meilleurs articles d’équine Reproduction
COMPARAISON DU TRAITEMENT CHIRURGICAL ET MÉDICAL de la déchirure utérine suspectée ou confirmée chez 49 juments en post-partum Les déchirures utérines sont la 3e cause de mortalité post-partum, après la rupture de l’artère utérine et celle d’organes digestifs.
En général, elles se produisent lors de la 2nde phase de la parturition, de manière spontanée ou lors de part dystocique. Quelques jours après le part, la jument présente des signes cliniques variables : abattement, anorexie, coliques, hyperthermie.
Le diagnostic est fondé sur les palpations trans-rectale et trans-vaginale. La déchirure utérine est cependant à considérer en premier dans le diagnostic différentiel d’une péritonite sans signe cytologique évident de rupture d’organes digestifs, même si celle-ci n’est pas mise en évidence à la palpation.
Un traitement chirurgical est recommandé, il améliore le pronostic vital et reproducteur de la jument. De plus, l’exploration chirurgicale permet de déterminer la cause de la péritonite, lorsque la déchirure n’est pas confirmée.
Mais, le traitement chirurgical n’est pas toujours possible. Un traitement médical a été rapporté : - ocytocine ; - fluidothérapie intra-veineuse ; - antibiothérapie, associée à une thérapeutique anti-inflammatoire et anti-endotoxinique de la péritonite engendrée par une déchirure utérine.
Objectifs de l’étude Comparer le pronostic des traitements chirurgical ou médical de la déchirure utérine, chez des juments dont la déchirure est suspectée ou confirmée.
X Veterinary surgery 2010;39:254-60. Comparaison of surgical and medical treatment of 49 postpartum mares with presumptive or confirmed uterine tears. Javsicas L, Giguère S, Freeman DE, Rodgerson DH, Slovis NM.
Objectif de l’étude
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 190 - OCTOBRE 2010
L’objectif de l’étude est de comparer le pronostic des traitements chirurgical ou médical de la
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déchirure utérine, chez des juments dont la déchirure est suspectée ou confirmée. Sujets, matériel et méthode
L’étude porte sur 49 juments admises dans les 7 jours post-partum.
Elles présentent une déchirure utérine confirmée lors de l’exploration chirurgicale, ou chez les juments traitées médicalement, la déchirure est suggérée par la palpation ou par l’analyse du liquide de paracentèse, en faveur d’une péritonite.
Résultats La déchirure n’est diagnostiquée à la palpation que dans 31 p. cent des cas. Il est plus facile de palper une déchirure du corps utérin qu’une déchirure au niveau d’une corne utérine.
L’intervention chirurgicale permet d’établir le diagnostic de déchirure utérine dans 100 p. cent des cas.
La péritonite a été confirmée pour 100 p. cent des cas, soit par analyse du liquide de paracentèse, soit par la mise en évidence à l’échographie d’un volume du liquide péritonéal augmenté.
15 juments ont été traitées médicalement, et 34 chirurgicalement. 73 p. cent des juments traitées médicalement ont survécu, et 76 p. cent des juments traitées chirurgicalement.
La déchirure utérine touche davantage le corps utérin (74 p. cent), que les cornes (26 p. cent). La corne droite (72 p. cent) est plus souvent touchée que la gauche (28 p. cent).
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Conclusion La palpation n’est pas un examen fiable pour le diagnostic de la déchirure utérine. Il est plus facile de palper une déchirure du corps utérin.
La mise en évidence d’une péritonite par la paracentèse ou par l’échographie est un élément diagnostique intéressant. Cependant, il existe également des péritonites idiopathiques.
Le pronostic vital et reproducteur à long terme des juments traitées médicalement et
chirurgicalement est bon ; dans cette étude, il est équivalent quel que soit le mode de traitement choisi.
En revanche, le pronostic du traitement médical en fonction de l’étendue des lésions utérines ne peut pas être évalué.
Le coût du traitement et la durée de l’hospitalisation semblent également les mêmes dans les deux types de traitement, et ne peuvent donc pas être des arguments lors du choix du traitement. ¿
Synthèse par Céline Vélu, interne Clinéquine VetAgroSup.
Reproduction
POINTS D’ATTACHE ANORMAUX DU CORDON OMBILICAL CHEZ LA JUMENT une revue illustrée par trois cas
Le site de fixation de l’embryon dans l’utérus indique le futur lieu d’ancrage du cordon ombilical. La vésicule embryonnaire s’y fixe entre le 15e et le 17e jour après l’ovulation, à la base d’une des cornes utérines.
Chez les chevaux, le disque embryonnaire se positionne au pôle anti-mésométrial. De nombreux paramètres jouent un rôle dans l’implantation et l’orientation de la vésicule embryonnaire. La région où s’apposent l’allantoïde et les vestiges du sac vitellin forme le cordon ombilical.
CAS N°1
Le cas n°1 est une jument Pur-sang anglais de 6 ans, multipare, dont le poulain est né à terme (352 jours).
Le site d’attache du cordon ombilical est situé à 15 cm de la pointe de la corne non gestante. Le sac vitellin est toujours présent (9 x 8 cm), et les artères ombilicales asymétriques. Aucune anomalie n’a pu être observée à l’examen histologique.
Une augmentation du tonus utérin, suite à une prolongation de la dominance progestéronique par le corps jaune, et une quantité croissante d’œstrogènes produits par l’embryon seraient responsables de ce point d’attache anormal.
La taille de la vésicule embryonnaire semble jouer un rôle important. Même si le site d’attache n’est pas idéal pour une bonne croissance du fœtus, aucune difficulté n’est survenue au poulinage ou dans la vie du poulain.
CAS N°2
Le cas n°2 est une ponette de 15 ans (140 cm au
garrot), primipare, utilisée précédemment comme donneuse d’embryon.
Les différents contrôles échographiques postinsémination ont montré une persistance de la position ventrale de la vésicule embryonnaire. Le poulinage a eu lieu après 361 jours de gestation, mais sans développement mammaire. Le poulain, émacié (15,7 kg), a été retrouvé mort.
L’examen du placenta a indiqué une hypoplasie de certaines villosités et un cordon ombilical attaché à un site anormal, à la base de la corne gravide. Le cordon ombilical était long, pâle, avec un manque d’élasticité. Aucune anomalie n’a été mise en évidence à l’examen histologique. CAS N°3 Le cas n°3 est le cas n°2 à sa seconde gestation. Le même processus d’orientation anormale de l’embryon a été observé lors des contrôles échographiques réalisés en début de gestation. La jument a été euthanasiée, mais aucune anomalie n’a pu être observée lors de l’examen nécropsique.
D’autres études ont montré qu’une mauvaise orientation de l’embryon était souvent associée à un faible tonus utérin et à une réduction de l’épaississement endométrial.
Objectifs de l’étude Préciser les causes des mauvaises implantations du cordon ombilical.
X Equine Veterinary Journal 2009;41(9):930-9. Abnormal umbilical cord attachment sites in the mare: a review illustrated by three case reports. Wilsher S, Ousey J, Allen WR.
Conclusion
Les trois cas décrits ne permettent pas de préciser l’origine de ces mauvaises implantations du cordon ombilical.
De nombreuses études sont encore à réaliser pour en comprendre tous les mécanismes. ¿
Pharmacologie
EFFETS ANTI-INFLAMMATOIRES DE LA MORPHINE injectée en intra-articulaire chez des chevaux souffrant de synovite induite expérimentalement Au cours des dernières années, différents auteurs ont rapporté des effets anti-inflammatoires et analgésiques de la morphine utilisée par voie intra-articulaire (IA), chez des patients humains.
Des récepteurs aux opioïdes ont été découverts récemment dans la membrane synoviale
Synthèse par Marie Nolf, VetAgroSup.
du cheval, ce qui permet de penser à des effets similaires dans cette espèce.
Le but de cette étude est de comparer les effets de la morphine lorsqu’elle est administrée en intra-articulaire (IA), ou par voie intraveineuse (IV), sur la réponse inflammatoire locale et systémique de chevaux présentant une synovite, induite au
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 191
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Objectif de l’étude Comparer les effets de la morphine, administrée en intra-articulaire (IA), ou par voie intraveineuse (IV), sur la réponse inflammatoire locale et systémique de chevaux présentant une synovite induite expérimentalement.
X American Journal of Veterinary Research 2010;71(1):69-75. Anti-inflammatory effects of intra-articular administration of morphine in horses with experimentally induced synovitis. Lindegaard C, Gleerup KB, Thomsen MH, Martinussen T, Jacobsen S, Andersen PH.
moyen d’une injection de lipopolysaccharides (LPS). Matériels et méthodes Cette étude est réalisée sur un mode aléatoire, contrôlé, en aveugle, avec essais croisés, sur huit chevaux ayant des membres antérieurs sains.
Chaque cheval reçoit une injection de lipopolysaccharides dans une articulation radio-carpienne. Une injection de morphine à 0,05 mg/kg est administrée à chaque animal 4 h plus tard par voie IA ou IV ; un volume équivalent de solution saline est injecté par l’autre voie.
Une synovite radio-carpienne controlatérale est induite 3 semaines plus tard, et les voies d’administration de la morphine et de la solution saline sont inversées.
Des examens cliniques avec mesure du périmètre du carpe et de la température cutanée de sa face dorsale sont réalisés, et des prélèvements sanguins et articulaires sont effectués avant et après induction de la synovite, à intervalles réguliers, jusqu’à 168 h post-induction.
Des comptages leucocytaires sont effectués sur chaque échantillon, les concentrations sériques et synoviales de substance amyloïde A (SAA) sont mesurées, tout comme la cortisolémie et la concentration en protéines totales du liquide articulaire.
Résultats Après administration de morphine par voie intra-articulaire, le périmètre du carpe et la concentration en substance amyloïde A sérique sont le plus souvent significativement inférieurs à ceux obtenus après injection intraveineuse. Les protéines totales du liquide synovial sont
Synthèse par Mickaël Robert, VetAgroSup.
Locomoteur
Objectif de l’étude Évaluer l’évolution à long terme d’une exérèse sous arthroscopie de fragments du processus extensorius de la phalange distale chez le cheval.
Long-terme outcome after arthroscopic debridement of the distal phalanx extensor process fragmentation in 13 horses. Crowe OM, Hepburn RJ, Kold SE, Smith RK.
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 192 - OCTOBRE 2010
Discussion et conclusion La réduction significative du périmètre articulaire, de la substance amyloïde A articulaire et sérique, et des protéines totales après injection intra-articulaire de morphine, par rapport à une administration intraveineuse, indique que l’administration intra-articulaire induit des effets anti-inflammatoires locaux et systémiques.
L’administration intra-articulaire tendrait à avoir un effet maximal sur les variables inflammatoires évoluant lentement, comme les protéines totales, les substances amyloïdes A ou l’effusion articulaire, alors que les leucocytes, qui affluent et diminuent très rapidement, ne sont pas influencés.
Les effets anti-inflammatoires observés après une injection intra-articulaire de morphine sont apparemment dus à des récepteurs périphériques aux opiacés, comme démontré dans d’autres espèces.
Les auteurs estiment que ces résultats seraient pertinents pour une utilisation clinique, même si des examens macroscopiques et histologiques de la membrane synoviale et du cartilage, ainsi que des études cliniques, seraient indiqués. ¿
DÉBRIDEMENT SOUS ARTHROSCOPIE de fragments du processus extensorius de la phalange distale chez 13 chevaux : évolution à long terme
Les fragments du processus extensorius de la phalange distale sont relativement rares, bien que les affections des articulations interphalangiennes des membres antérieurs soient très communes.
Ces fragments sont considérés comme des fractures de type IV de la phalange distale, ce qui suggère une origine traumatique.
Sujets, matériel et méthodes X Veterinary surgery 2010;39:107-14.
également plus basses, en moyenne, sur l’ensemble de la durée de l’étude.
Cependant, la température de surface, le comptage leucocytaire synovial et les concentrations en cortisol sont similaires entre les deux traitements.
Concernant le comptage de la lignée blanche sanguine et la concentration en substance amyloïde A synoviale, seule une différence ponctuelle est notée.
L’étude porte sur 13 chevaux présentés sur une période d’un an (2003-2004), qui ont subi une exérèse d’un fragment du processus extensorius de la phalange distale sous arthroscopie.
Les deux critères d’inclusion exigés sont : - une réponse positive à une anesthésie palmaire digitale ; - la possibilité d’un suivi sur 4 ans minimum.
L’anesthésie diagnostique de la bourse naviculaire a aussi été réalisée sur 10 chevaux.
Des radiographies du pied controlatéral sont effectuées sur tous les chevaux, ainsi qu’une éva-
luation chiffrée de la taille du ou des fragments. L’arthroscopie de l’articulation interphalangienne distale controlatérale est réalisée en fonction des résultats des radiographies.
Des analyses statistiques sont effectuées, pour évaluer une éventuelle relation entre la durée de la boiterie, les signes radiographiques d’ostéoarthrose, l’utilisation de glycosaminoglycanes, et l’évolution à long terme.
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Résultats
Une boiterie chronique (> 3 mois), apparaît insidieusement sur environ la moitié des chevaux. Tous les chevaux présentent une distension palpable de l’articulation concernée, et toutes les boiteries sont aggravées lorsque les chevaux sont marchés sur le cercle dur sur un sol dur, à main correspondante.
Une boiterie controlatérale est montrée sur plus de la moitié des chevaux après anesthésie. Celleci est due à une affection de l’articulation inter-
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine phalangienne distale (ostéo-arthrose en majorité).
Une anesthésie complémentaire de la bourse naviculaire permet de faire disparaître complètement la boiterie, lorsque l’anesthésie palmaire digitale n’est pas suffisante.
La majorité des chevaux présente une atteinte du cartilage en regard du lit du fragment.
Neuf chevaux ont reçu des injections intra-articulaires de glycosaminoglycanes après la chirurgie. 85 p. cent des chevaux étaient non boiteux 12 semaines après la chirurgie. 46 p. cent des chevaux sont retournés à leur niveau initial, et sont toujours non boiteux 50 à 60 mois plus tard.
Il semble que plus le traitement chirurgical est réalisé sur une boiterie récente, plus le résultat est bon à long terme, mais ceci n’est pas statistiquement significatif.
Discussion et conclusion Réaliser des injections intra-articulaires de glycosaminoglycanes ne semble pas avoir influencé le pronostic.
Aucune corrélation entre la taille du fragment et le pronostic n’a été mise en évidence dans cette étude.
Le pronostic donné par cette étude (46 p. cent de chevaux sains 4 ans après le débridement) est moins bon que ceux d’études précédentes, avec une évolution à moins long terme, mais 80 p. cent des chevaux opérés moins de 12 semaines après l’apparition de la boiterie sont restés sains, même après une reprise du travail à plein régime, ceci suggère qu’un débridement chirurgical précoce améliore le pronostic à long terme. ¿
Synthèse par Laure-Aline Dequier, VetAgroSup.
MISE EN PLACE D’UN IMPLANT DE CYCLOSPORINE au niveau suprachoroïdal chez des chevaux atteints d’uvéite récurrente : résultat à long terme
L’uvéite récurrente équine est la cause la plus commune de cécité chez les chevaux.
Cette maladie à médiation immune a plusieurs causes, notamment Leptospira spp.
Ophtalmologie
In vitro, la diminution de la cyclosporine est mise en évidence à partir de 38 mois.
Discussion et conclusion Ces données montrent qu’à partir de 48 mois, un nouvel implant est fortement recommandé pour éviter la reprise des récidives et la perte de vision. De nombreux chevaux ne perdent pas la vision après les 48 mois, grâce à la présence à long terme de cyclosporine qui permet au système immunitaire de s’y habituer, et diminue le nombre de réponses inflammatoires réactionnelles.
La pose d’un implant présente cependant des inconvénients, il n’est pas disponible sur le marché, il est efficace pour le traitement des uvéites récurrentes équines mais pas toujours pour les uvéites primaires ; une anesthésie générale est, de plus, recommandée pour sa pose.
Malgré ces inconvénients, cette étude montre le maintien de la vision à long terme sur les chevaux atteints d’uvéites récurrentes équines qui a reçu l’implant. Les chiffres de cécité obtenues dans l’étude démontrent qu’une nouvelle intervention peut être nécessaire 48 mois après la première. ¿
Matériels et méthodes L’étude est menée sur 133 chevaux (151 yeux) atteints. L’implant utilisé contient de la cyclosporine pure en poudre en son centre, qui est diluée avec un polymère d’alcool pour créer une matrice. L’implant est posé sous anesthésie générale dans la grande majorité des cas. Un volet est réalisé jusque dans la sclère profonde adjacente à l’espace suprachoroidale afin d’y placer l’implant.
Pour cette étude sans groupe témoin, les chevaux sont suivis de 13 à 85 mois, le suivi moyen est de 28,6 mois. Celle-ci est comparée à une étude qui utilise le traitement médical classique, le nombre de chevaux gardant une vision est de 78,8 p. cent contre 44 p. cent avec la thérapie classique à long terme.
Résultats Le nombre de chevaux perdant la vision sur l’œil atteint augmente fortement à partir des contrôles 48 mois après la chirurgie.
Objectif de l’étude Évaluer la durée d’efficacité de l’implant, les complications de l’implant de cyclosporine chez des chevaux atteints d’uvéite récurrente. X Veterinary Ophtalmology 2010;13(5):294-300. Long - term outcome after implantation of a suprachoroidal cyclosporine drug delivery device in horses with recurrent uveitis. Gilger BC, Wilkie DA, Clode AB, McMullen Jr RJ, Utter ME, Komaromy AM, Brooks DE, Salmon JH.
Synthèse par Marion François, VetAgroSup.
Chirurgie osseuse
EXÉRÈSE DE FRACTURES DE LA MALLÉOLE LATÉRALE DU TIBIA SOUS ARTHROSCOPIE : étude rétrospective de 13 cas La fracture de la malléole latérale du tibia est une fracture commune de l'articulation tibiotalienne. Les ligaments collatéraux latéraux recouvrent la malléole, et sa portion intra-articulaire est réduite, ce qui rend difficile le traitement de ce type de fracture sous arthroscopie.
Matériels et méthodes Douze chevaux de course et un cheval de loisir ont été opérés par les auteurs, avec un âge
moyen de 6,2 ans (2 à 10 ans). Tous les chevaux présentent à l'examen clinique initial une boiterie marquée, une distension articulaire importante, ainsi qu'un œdème local.
L'incidence radiographique optimale pour le diagnostic est une incidence oblique dorsomédiale-plantaro-latérale (10°). Dans tous les cas, la fracture est légèrement déplacée.
Lors du traitement chirurgical, la palpation est peu utile pour identifier le fragment.
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 193
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Objectif de l’étude Reporter des éléments de technique chirurgicale et le pronostic sportif de l'exérèse sous arthroscopie de fragments de malléole latérale résultant d'une fracture. X Equine veterinary journal 2010;42(6):558-62. Arthroscopic removal of fractures of the lateral malleolus of the tibia in the tarsocrural joint: a retrospective study of 13 cases. O’Neill HD, Bladon BM.
Les auteurs se placent à l'endroit supposé de la fracture (latéralement à la jonction entre la lèvre latérale du talus et le sillon latéral du tibia), et pratiquent une dissection minutieuse, à l'aide d'une sonde à coblation et d’un résecteur motorisé.
Une fois la dissection achevée, la taille du fragment est réduite. La palpation du site permet presque toujours de trouver un autre fragment, les fractures des cas présentés étant toujours comminutives, malgré l’image radiographique. Il est fréquent qu'un fragment migre dans le culde-sac plantaire, une porte arthroscopique dans ce récessus permet de le retirer. Résultats
Synthèse par Élodie Lallemand, résidente en chirurgie, ONIRIS.
Chirurgie des tissus mous
Conclusion
L'exérèse de fractures de la malléole latérale sous arthroscopie permet d'obtenir un excellent pronostic sportif, avec 91,6 p. cent des chevaux qui retrouvent leur activité initiale.
Ce pronostic est meilleur que celui d'une fixation interne (50 p. cent), d'un traitement conservateur (75 p. cent), ou d'une arthrotomie (81 p. cent). ¿
EXTRACTION CHIRURGICALE d’un Parelaphostrongylus tenuis intraoculaire chez un cheval Un Hongre Hanovrien de 4 ans est présenté à la consultation dans le Wisconsin en raison d'une structure vermiforme mobile, présente dans l’œil droit depuis 15 jours sans modification du comportement ni trouble de la vision. Le cheval a déjà reçu un traitement d’ivermectine et de fenbendazole.
Le cheval est hospitalisé et l’examen ophtalmologique met en évidence la présence d’un parasite blanc, fin, enroulé, mobile dans la chambre antérieure de l’œil droit. L’œil a une apparence normale si ce n’est quelques effusions vitréennes coalescentes. Tous les réflexes oculaires sont normaux.
Une intervention chirurgicale est réalisée sous anesthésie générale. La cornée est incisée obliquement avec un couteau à vitrectomie de 19 G en regard de la localisation du parasite.
Du hyaluronate de sodium 1 p. cent est injecté dans la chambre antérieure afin d’envelopper le parasite, d’en faciliter l’extraction et de prévenir les dommages iatrogènes de l’endothélium cornéen.
Le parasite est extrait à l’aide d’un crochet irien et d’une pince, puis la cornée est suturée.
Au 3e jour d’hospitalisation, l’examen ophtal
Objectif de l’étude Montrer comment l’oeil et la vision d’un cheval sont préservés après extraction d’un Parelaphostrongylus.
X Journal of American Veterinary Medicine Association 2010;237(2):196-9. Surgical extraction of an intraocular infection of Parelaphostrongylus tenuis in a horse. Reinstein SL, Lucio-Forster A, Bowman DD, Eberhard ML, Hoberg EP, Pot SA, Miller PE.
Synthèse par Claire de Fourmestraux, ONIRIS.
Le pronostic sportif de cette affection est très
bon : 10 chevaux retrouvent une activité normale en course (médiane de cinq départs), un cheval est euthanasié sans lien avec la chirurgie, et le cheval de loisir retourne à son activité initiale.
La durée médiane entre la chirurgie et le retour en course est de 241 jours (180 à 366 jours).
mologique ne présente aucune anomalie et le cheval peut retourner chez son propriétaire. Résultats Un examen de contrôle ophtalmologique est réalisé 2 mois après la chirurgie. L’examen est normal, la vision est conservée. Seule une petite cicatrice cornéenne persiste au niveau du site d’incision.
Le parasite est identifié comme étant un Parelaphostrongylus tenuis (P. tenuis) adulte, un nématode neurotropique (petit vers des méninges) de forte prévalence en Amérique du nord chez le Cerf de Virginie. L’infestation de l'ongulé par P. tenuis se produit par ingestion d'un gastéropode (hôte intermédiaire).
Conclusion Ce cas est le seul répertorié concernant une infection oculaire par P. tenuis chez un cheval, avec une vision conservée.
L’infection par P. tenuis est extrêmement rare chez les chevaux. Cependant, elle doit être considérée lors de l’identification d’un parasite intraoculaire chez un cheval, associée ou non à des signes cliniques neurologiques. ¿
Réf. NPe 23
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paralysie du nerf facial 1 De quelle structure anatomique
suspectez-vous l'atteinte ? La jument présente une hémiplégie faciale droite, localisée à la lèvre supérieure et au naseau.
Le déficit de fonctionnement des muscles droits entraîne une perte de tonus et une déviation du côté des muscles fonctionnels controlatéraux. Ces muscles sont innervés par le VIIe nerf crânien, ou nerf facial (encadré).
Dans ce cas, la déviation du bout du nez est le seul signe clinique d'atteinte du nerf facial.
2 Quels examens complémentaires
réaliser pour en préciser l'origine ? Un examen complet du nerf facial a pour objectif de localiser la lésion : - observer la symétrie du bout du nez (parties supra et infra-buccales) ; - évaluer le tonus des muscles et leur fonctionnement, par stimulation tactile cutanée, mettant en jeu des fibres sensitives du nerf trijumeau (nerf crânien V) ; - examiner le trajet superficiel du nerf facial, à la recherche d’une déformation physique (hématome, œdème, …). La partie osseuse de la face est également palpée ; - examiner la bouche à la recherche d’une sécheresse buccale, une partie des fibres intra-pétreuses du nerf VII contribuant au nerf lingual pour l’innervation parasympathique des glandes mandibulaires et sublinguales ; - pratiquer un examen oculaire : vérifier l’absence de ptose palpébrale, de sécheresse oculaire, voire d'ulcères cornéens, ainsi que l’absence d’aréflexie palpébrale, par disparition de la réponse musculaire fournie par le nerf auriculo-palpébral ; - évaluer le tonus des oreilles, fourni par les rameaux auriculaires du nerf facial ; - réaliser une endoscopie des poches gutturales, car le nerf facial passe à proximité de l’articulation stylo-hyoïdienne. La spécificité des signes cliniques permet ici de suspecter une atteinte localisée rostralement, au rameau buccal dorsal.
La localisation superficielle des rameaux buccaux les rend très vulnérables, en particulier au contact du licol. Le port d’un licol trop petit ou trop serré, une compression par les boucles du licol lors de l’attache entre deux longes, ou un décubitus latéral prolongé sont les causes les plus fréquentes de lésions nerveuses de ce type.
Nicolas Albert Clinique vétérinaire équine de Méheudin 61150 Écouché
Dans ce cas, comme la jument est entraînée pour des courses au trot, une compression par l’enrênement est suspectée.
Encadré - Rappel sur les nerfs faciaux chez le cheval
3 Quels traitements envisager
et quel est le pronostic ?
Chez le cheval, la portion superficielle du nerf facial émerge en avant de la glande parotide, où il reçoit le nerf auriculotemporal, branche du nerf trijumeau (nerf crânien V). Il se termine très rapidement en se divisant en deux branches aplaties : les rameaux buccaux dorsal et ventral.
Visibles et palpables à travers la peau chez les sujets assez fins ces rameaux buccaux, sont particulièrement vulnérables à la surface du muscle masséter (photo).
Laisser faire le temps
Une régénérescence du nerf est possible, avec une croissance estimée à 1 mm/jour. Le temps de récupération dépend donc du lieu de la lésion.
La dégénérescence Wallerienne peut toutefois induire une nécrose des muscles distaux ainsi qu’une fibrose irréversible, d’un pronostic défavorable pour la récupération fonctionnelle.
Corticothérapie
Durant la phase aiguë de l’atteinte, l’emploi d’anti-inflammatoires par voie générale et locale peut être envisagé. Dans ce cas, une pommade à base de prednisolone et de lidocaïne (Ekyflogyl®) a été appliquée sur tout le trajet du nerf, matin et soir, pendant 1 semaine.
Des corticoïdes ont été administrés par voie intraveineuse (dexaméthasone : Dexadreson® selon un protocole à doses dégressives partant de 0,05 mg/kg/jr, 15 mL pendant 2 jours, puis 12 mL pendant 2 jours, puis 10 mL pendant 2 jours, enfin 8 mL pendant 2 jours).
Mésothérapie
Une mésothérapie à base de dexaméthasone et de strychnine a été mise en place, à raison de trois séances espacées de 2 semaines. Pour la mésothérapie, un multi-injecteur linéaire muni de cinq aiguilles est utilisé pour l’administration d’un mélange de 2 ampoules de Strynervene Canin® (soit 0,4 mg de strychnine) et de 6 mL de Dexadreson® (soit 12 mg de dexamétasone), en plusieurs lignes parallèles à la crête zygomatique s’étendant de la parotide au naseau.
Le pronostic fonctionnel de ce type de cas est relativement bon, mais il dépend de l’affection initiale (traumatisme, section complète), ainsi que de sa localisation.
Après 3 mois d'évolution, la déviation vers la gauche observée chez cette jument est moins marquée. La stimulation tactile du nerf par frottement en regard de son passage sur le muscle masseter entraîne des mouvements du bout du nez à droite. De plus, sa mobilisation semble montrer une certaine résistance du côté droit.
La jument va reprendre l'entraînement sous peu, et sera réexaminée après essoufflement. ¿
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Rameau buccal dorsal
Artère transverse de la face
Branche temporo-faciale du plexus sous-zygomatique
Branche cervico-faciale du plexus sous-zygomatique Rameau buccal ventral
- Le rameau buccal dorsal se termine en mêlant ses fibres motrices à celles, sensitives, des rameaux du nerf infra-orbitaire (V). - Le rameau buccal ventral se termine de même, en mêlant ses fibres motrices à celles, sensitives, les rameaux du nerf alvéolaire mandibulaire (V) (photo C. Robert).
Pour en savoir plus
Barone R. Anatomie comparée des mammifères domestiques. Tome 6, Neurologie. I, Système nerveux central. Paris Vigot 2004:652p.
Degueurce C. Cours d’anatomie. ENVA. 2000.
Moissonnier P. Réparation des lésions nerveuses traumatiques : apport des modèles développés chez les grands animaux. La recherche médicale à l’aube du XXIe siècle : recherche médicale et modèle animal. Institut Servier. Elsevier ed. 2002.
Robinson NE. Current Therapy in Equine Medicine 5th ed. St. Louis: Saunders 2002:960p.
Robinson NE, Sprayberry KA. Current therapy in equine medicine 6th ed. St. Louis:SaundersElsevier 2009:1104p.
Rose RJ, Hodgson DR. Manual of equine practice, 2nd ed. St. Louis: Saunders 2000:818p.
Traub-Dargatz JL, Brown CM. Equine endoscopy. 2nd ed. St. Louis Mosby Year Book,1997:252p.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 6 / n°23 OCTOBRE 2010 - 195