DOSSIER : LA FIN DE LA GESTATION CHEZ LES ÉQUIDÉS LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°3- NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
N°3 NOVEMBRE DÉCEMBRE JANVIER 2005
LA FIN DE LA GESTATION Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques
DOSSIER :
LA FIN DE LA GESTATION
- Le déroulement de la fin de la gestation - Diagnostic de la gestation de plus de 120 jours Imagerie médicale - Le suivi échographique par voie transrectale Fiche - Réglementation et activités sportives - Comment induire l’arrêt d’une gestation Anesthésie - Conduite à tenir pour l’anesthésie générale - Les traitements à risque chez la jument gravide - Les coliques génitales et digestives - Les affections pulmonaires non infectieuses Observation clinique - Placentite ascendante avec suivi échographique
CHEZ LES ÉQUIDÉS Âne - Particularités de Il est surprenant de constater que la phase la plus longue de la vie génitale des juments, la gestation, est aussi faiblement documentée. Levons le voile qui couvre cette période de la vie génitale de toutes les poulinières ...
Revue internationale - Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles - Synthèse - L’utilisation de l’acide hyaluronique chez le cheval
REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE
la gestation chez l’ânesse et les hybrides
Rubriques - Médecine préventive Comment vacciner une jument gestante - Geste chirurgical La correction des torsions utérines - Geste - La paracentèse abdominale - Nutrition - Comment modifier l’alimentation d’une jument gestante - Management La responsabilité du vétérinaire
sommaire Éditorial Jean-François Bruyas
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Test clinique Infertilité chez une jument Maxime Birague, Bruno Baup
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NOVEMBRE DÉCEMBRE JANVIER 2005
CHEVAL ET ÉQUIDÉS Conduites à tenir diagnostiques
- Le déroulement de la gestation de plus de quatre mois chez la jument Jean-François Bruyas, Brigitte Siliart - Diagnostic de la gestation de plus de 120 jours chez la jument Jean-François Bruyas Imagerie médicale - Le suivi échographique de la fin de la gestation par voie transrectale Sarah Buisson Fiche - Réglementation et activités sportives des juments Jean-François Bruyas Comment induire l’arrêt d’une gestation de plus de 120 jours chez la jument Jean-François Bruyas Anesthésie - Conduite à tenir pour l’anesthésie générale de la jument gestante Adélaïde Ardoin Saint Amand Thérapeutique - Les traitements à risque chez la jument gravide Jean-François Bruyas, Jean-Claude Desfontis Gestion diagnostique et thérapeutique des coliques génitales et digestives pendant la gestation chez la jument Christian Bussy Comment traiter des affections pulmonaires non infectieuses chez la jument gestante Agnès Leblond
N°3
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DOSSIER
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LA FIN
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DE LA GESTATION
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chez les équidés
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Observation clinique
Un cas de placentite ascendante avec suivi échographique chez la jument Aude Faugère
46
ÂNE - Particularités de la gestation chez l'ânesse et les hybrides Ahmed Chabchoub, Jamel Chemli, Faouzi Landolsi
51
RUBRIQUES Médecine préventive - Comment vacciner une jument gestante
Gwénaëlle Dauphin
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Geste chirurgical - La correction chirurgicale des torsions utérines
chez la jument Christian Bussy Geste - La paracentèse abdominale chez la jument gestante
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Agnès Leblond
63
Nutrition - Comment modifier l’alimentation d’une jument gestante Géraldine Blanchard Management - La responsabilité du vétérinaire : l’exemple de l’échographie chez la jument Nicolas Barety
67 71
REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières
Revue thématique des articles parus dans les revues internationales Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection Maxime Birague, Maryline Clément, Émilie Codron, Boubker Elmouhaine, Aurélie Guezennec,Nicolas Latouche, Margalida Llodrà, Aurélie Wilczynski Synthèse - L’utilisation de l’acide hyaluronique chez le cheval Julie Carnus, Julien Guillot
73
Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses
CHEVAL 74
ÂNE
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RUBRIQUE
81 82
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 163
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr
infertilité chez une jument
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Pierre Chuit (praticien, Suisse) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Sainte-Hyacinthe)
Maxime Birague Bruno Baup
Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (E.N.V.T.) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)
Comité de rédaction Nicolas Barety (Juridique, avocat) Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Chirurgie, E.N.V.L.) Anne Couroucé- Malblanc (Médecine interne et sportive, E.N.V.N.) Guenaëlle Dauphin (A.F.S.S.A. Alfort) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Claire Scicluna (Anesthésie, praticien)
Chargée de mission rédaction Valérie Colombani
Secrétaire de rédaction David Jourdan Abonnements Maryse Mercan Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
Directeur de la publication
Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne
1
La jument Trotteur français, âgée de 13 ans, présentée à la consultation pour infertilité (photos L.-M. Desmaizières).
2
1 Quelle peuvent être les affections responsables d’un "gros ovaire" ?
L’ovaire gauche après exérèse : noter l’augmentation de taille.
2 Quels examens complémentaires effectuer ?
3 Quel traitement mettre en place ? Quel est le pronostic ?
Réponses à ce test page 81
Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 30 € T.T.C CEE : 32 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P en cours I.S.S.N. 1767-5081
comité de lecture
Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 164 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
Une jument Trotteur français de 13 ans, utilisée comme reproductrice en monte naturelle, est présentée à la consultation pour infertilité depuis le début de la saison de monte (photo 1). Elle a déjà pouliné l’année précédente. ● Cette année, la jument présente des chaleurs irrégulières, qui sont tout de même exploitées. Elle a été saillie plusieurs fois au cours de la saison, mais le diagnostic de gestation s’est toujours révélé négatif, avec un retour en chaleur systématique. ● La jument ne présente pas de modification de son comportement, nous n’observons pas de signes de comportement mâle ou de virilisme. ● L’examen clinique ne révèle pas d’autre anomalie. ● Une palpation transrectale permet de mettre en évidence un ovaire gauche de taille augmentée, gros comme un pamplemousse (photo 2). L’ovaire droit mesure 6,7 cm de long et 3,2 cm de large ; il est de taille normale. ●
4
Bruno Baup, Agnès Benamou, Jean-Jacques Bénet, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Cirier, Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Jean-Michel Krawiecki, Claire Laugier, Agnès Leblond,
Serge Lenormand, Pierre Leveillard, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jacques Monet, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Brigitte Siliart, Youssef Tamzali, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.
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éditorial De toute la vie génitale d’une jument, les éléments physio-pathologiques qui concernent la gestation de plus de deux à trois mois sont les plus parcellaires...
“D
Jean-François Bruyas Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex
à suivre ... - Le suivi échographique de la fin de la gestation par voie transabdominale par Sarah Buisson - Vermifugation, gestation et allaitement chez la jument par Gilles Bourdoiseau LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 166 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
octeur, ma poulinière, que je croyais pleine, je ne la vois pas grossir, pouvezvous passer l’examiner ?... “ - “Docteur, j’ai pris un mois de vacances, pour surveiller le poulinage de ma seule jument reproductrice, cela fait un mois que je me lève toutes les 2 heures, je suis crevé et dois reprendre le travail demain, mais elle n’a toujours pas pouliné… “ Et pour cause, la jument n’était pas gravide, ayant sans doute avorté quelques mois plus tôt... - “Docteur, je dois bientôt régler la seconde partie du prix de saillie de ma jument, si elle est toujours pleine à la date du 30 octobre, pouvez-vous confirmer la gestation ?... “ Le début de la gestation est un stade physiologique qui a été beaucoup étudié et dont les particularités spécifiques de la jument sont assez bien déterminées. Le développement embryonnaire a été de multiples fois décrit dans le but notamment, de permettre de mieux interpréter les images échographiques obtenues lors d’un examen de l’appareil génital d’une jument gravide. De la même manière, afin de disposer de méthodes indirectes de diagnostic de gestation, l’endocrinologie du début de la gestion de la jument a été également souvent décrite. Il est surprenant de constater que la phase la plus longue de la vie génitale des juments, la gestation, est aussi faiblement documentée… Hormis les 45 à 60 premiers jours de la gestation, pour lesquelles les études physiologiques, endocrinologiques, échographiques sont nombreuses et les données descriptives légion ; le reste, la plus longue partie de la gestation, est assez peu connu. Les études physiologiques et endocriniennes sont assez rares, les suivis cliniques peu nombreux. Il n’y a guère que les arrêts plus ou moins tardifs de gestation et les avortements fœtaux qui fassent l’objet d’études, mais d’études limitées cherchant le plus souvent à tenter d’identifier les causes de ces arrêts de gestation, et pas forcément les mécanismes… De toute la vie génitale d’une jument, les éléments physio-pathologiques qui concernent la gestation de plus de 2 à 3 mois sont les plus parcellaires. Ce constat a incité le comité de rédaction du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine à proposer ce Dossier spécial sur la fin de la gestation, en laissant de côté les avortements spontanés qui sont le plus fréquemment abordés. Outre les éléments gynécologiques purs qui permettent de faire le point sur les techniques de diagnostic et de suivi de la gestation, les questions les plus fréquentes que tout un chacun se pose légitimement face à une jument gravide vue en consultation, ou que les propriétaires de ces juments formulent, ont servi de fil conducteur au sommaire de ce numéro. Vous venez de faire un diagnostic de gestation, jusqu’à quel stade le propriétaire peut-il l’engager en compétition ? Vous découvrez une gestation à un stade avancé sur une jument dont le propriétaire ignorait le statut physiologique et ne veut pas que la gestation aille à son terme, comment gérer ? Je dois faire une suture à une jument gravide ; quelles précautions prendre pour la tranquilliser ? Quel protocole anesthésique choisir avec le maximum de marge de sécurité pour la poursuite de la gestation ? Comment gérer des coliques chez une jument en cours de gestation aussi bien du point de vue du diagnostic différentiel que de celui de l’approche thérapeutique ? Cette très bonne jument de C.S.O. mise à la reproduction tardivement souffre d’affection pulmonaire non infectieuse ; comment gérer cette affection pendant la fin de sa gestation ? La gestation chez les ânesses : quelles sont ses particularités physiologiques et cliniques ? Comment m’y prendre pour faire une paracentèse abdominale sans risque ? Comment vacciner une jument gravide ? Comment la nourrir ? Au fil de ce numéro, les réponses à ces questions classiques et souvent formulées devraient être fournies. Essayons de lever ensemble le voile qui couvre paradoxalement cette période de la vie génitale de toutes les poulinières. ❒
6
le déroulement de la gestation de plus de quatre mois chez la jument
● Dès 60 jours, il est possible de reconnaître que le fœtus est de l’espèce équine. ● Dès lors, il ne se produit plus macroscopiquement qu’une croissance en taille et en volume du fœtus, du cordon ombilical est des annexes fœtales liquidiennes. Une maturation fine des différents organes va se poursuivre en parallèle, comme en atteste extérieurement pour l’épiderme l’apparition progressive des crins et des poils (photo 1, figure, encadré 1, tableau 1).
cinq fois par heure, la fréquence des déplacements du fœtus diminue à partir de 150 jours. Ces déplacements s’arrêtent vers 180 jours. En effet, entre le 5 et le 7e mois, le fœtus serait presque toujours dans le corps utérin, l’entrée des cornes utérines étant partiellement fermée par une striction du myomètre. ● Entre le 7 et le 9 e mois, l’entrée de la corne où s’attache le cordon ombilical permettrait le passage des membres postérieurs du fœtus. ● Après ce 9e mois et jusqu’au terme, une partie du fœtus semble rester dans le corps utérin et une autre partie dans la corne, du côté de l’attache du cordon ombilical (celle où la vésicule embryonnaire s’était arrêtée à 16 jours). Par ce mécanisme, le fœtus se positionne en présentation antérieure longtemps avant la mise bas, dès le 7e mois semble-t-il. Le fœtus serait, pendant toute la fin de la gestation, couché en position dorso-pubienne, voire dorso-iléopubienne avec les antérieurs et l’encolure fléchis à repliés [4, 5, 6, 8, 9]. ● Les mouvements fœtaux durant la gestation expliquent a priori que le cordon ombilical peut se torsader sur plusieurs tours au cours de la gestation, parfois jusqu’à anoxie et mort du fœtus [4, 15].
Les mouvements et les déplacements du fœtus au cours de la gestation
Les facteurs de variation de la croissance fœtale
Si c’est, semble-t-il, entre 60 et 100 jours qu’il est le plus mobile, changeant de localisation
●
Contrairement au début de gestation, à partir de quatre mois, son déroulement est souvent peu traité. Cet article propose de présenter, après un court rappel sur sa durée, les éléments connus du déroulement de la gestation qui pourront servir de base à son diagnostic et à son suivi.
L
’essentiel de l’organogénèse a lieu précocement et le cordon ombilical s’est formé entre 40 et 50 jours.
LE DÉVELOPPEMENT DU FŒTUS
●
Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03
Objectif pédagogique Décrire la fin de la gestation et poser les bases des méthodes de confirmation de diagnostic.
1
Fœtus d’environ 5 mois sorti de son amnios les deux ovaires de la jument ont été coupés en deux : plusieurs corps jaunes (les structures qui apparaissent rouges) en cours d’involution sont encore visibles (corps jaune primaire et corps jaunes secondaires) (photo J-F. Bruyas).
Essentiel ❚ La durée théorique de la gestation et celle observée en réalité diffèrent souvent. En pratique, elle est de 300 à 400 jours. ❚ Plusieurs facteurs sont responsables de cette variabilité : la race, l’âge, la parité, le statut nutritionnel de la jument, le sexe du fœtus, les facteurs liés à l’étalon et la date de la fécondation.
La croissance et le développement du fœtus apparaissent étroitement dépendants
Figure - La cinétique du développement fœtal Gestation ● À partir du 16-17e jour
- Immobilisation de la vésicule embryonnaire à la base d’une des deux cornes utérines - Début de la mise en place du placenta - Formation du cordon ombilical
●
Vers le 35-40e jour
●
À 45 jours
- Longueur cranio-caudale du fœtus de 25 mm environ
●
À partir du 50e jour
- Fœtus sur la paroi ventrale de la vésicule fœtale
●
Vers 60 jours
- Vésicule fœtale de forme plutôt ovoïde, avec un diamètre d’environ 10 à 13 cm qui occupe une partie du corps utérin et de la corne gravide - Longueur du fœtus d’environ 6 cm**
●
À 100 jours
- Longueur du fœtus : 14 cm**
●
À 140 jours
- Longueur du fœtus : 35 cm** - Volume des eaux fœtales : environ 2 l - Longueur du fœtus : environ 50 cm**
●
À 200 jours
●
À 300 jours
- Longueur du fœtus : environ 80 cm** - Volume des eaux fœtales : environ 11 à 20 l
Jean-François Bruyas
CHEVAL NOTE
** Mesures effectuées chez des poulinières de 500 kg.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 167
diagnostic de la gestation de plus de 120 jours chez la jument
Dans différentes situations, le praticien est conduit à effectuer un diagnostic de gestation plus ou moins avancée.
M
ême si le motif de consultation ne concerne pas la reproduction, le praticien doit reconnaître l’état gravidique lors de l’examen d’une jument dont le propriétaire, ou parfois simplement le gardien, ne connaissent pas son statut physiologique. ● L’absence de gestation doit être aussi systématiquement vérifiée chez une jument présentée pour infertilité ou plus encore, pour anœstrus. La première cause d’anœstrus est, en effet, la gestation ! ● Dans différentes situations, le praticien est conduit à effectuer un diagnostic de gestation plus ou moins avancé. ● Ce diagnostic peut permettre d’expliquer le cas, d’éviter de mettre en œuvre des examens complémentaires (nécessitant notamment un cathétérisme cervical) ou des mesures thérapeutiques qui pourraient se révéler néfastes pour la suite de la gestation. - Il arrive assez fréquemment qu’une jument dont la saillie est ignorée par le propriétaire soit présentée en consultation pour non venue en œstrus, c’est en particulier le cas de juments restées au pré avec leurs poulains mâles de deux ou trois ans des années précédentes, … (photo 1). - Parfois également, il arrive qu’une jument qui a été mise à la reproduction sans succès sur plusieurs cycles successifs n’ait pas subi de diagnostic de gestation à la suite du nème et dernier cycle de la saison, fin juillet ou début août, et soit présentée en automne ou en hiver pour infertilité alors qu’elle est gravide, … ● Lors de transactions commerciales lorsque le vendeur et/ou l’acheteur désirent un certificat vétérinaire attestant de la gestation, le praticien réalise un diagnostic de confirmation de gestation plus ou moins avancée. ● C’est également le cas, lorsque les propriétaires des juments ont des soldes de prix de saillie ou d’insémination à régler,
Jean-François Bruyas Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03
Objectif pédagogique Réaliser un diagnostic de gestation de plus de 4 mois chez la jument. 1
Les poulinières au pré sont souvent présentées en consultation pour non venue de l’œstrus (photo J-F. Bruyas).
le plus souvent au 1er octobre, uniquement si la jument est gravide. Dans le cas contraire des certificats vétérinaires dits “de vacuité” doivent être produits. ● Enfin, des propriétaires qui, pour une grande part, sont des éleveurs amateurs peuvent s’inquiéter de ne pas voir de modifications morphologiques de leur jument pourtant considérée comme étant gravide. Il convient, alors, à n’importe quel stade de la gestation supposée, de vérifier l’état gravidique de la jument. LE COMPORTEMENT DE LA JUMENT Le comportement de la jument peut apporter des indications sur son état gravide ou non. 1. Un anœstrus persistant peut indiquer qu’une jument est gravide, mais ce critère n’est pas un diagnostic absolu de gestation. - Il est en effet parfois difficile de mettre en évidence un comportement d’œstrus en l’absence de mâle. - Des allongements de la phase d’interœstrus en l’absence de gestation peuvent aussi être observés, lors par exemple, de mortalité embryonnaire survenue après l’émission du signal d’inhibition de la lutéolyse, ou lors d’allongements de la phase lutéale dus à des inflammations utérines, ou liés à des ovulations en phase lutéale, avec des situations de corps jaunes persistant. - Lors de mise à la reproduction tardive dans la saison, un anœstrus saisonnier peut se mettre en place après la dernière ovulation qui a pu être non fécondante. En outre, bon nombre de ces diagnostics tardifs de gestation sont réalisés pendant la période d’anœstrus saisonnier.
Essentiel ❚ À n’importe quel stade de la gestation supposée, vérifier l’état gravidique de la jument. ❚ Les modifications de la silhouette sont variables : dès le 4e ou le 5e mois de gestation, voire plus tôt pour certaines, après le 7e, 8e et 9e mois pour d’autres. ❚ La dilatation de l’abdomen est difficile à mettre en évidence chez des juments fortement musclées ou de grand gabarit.
11
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 171
imagerie médicale Sarah Buisson Clinique équine de Meheudin 61150 Ecouché
Objectif pédagogique Réaliser une échographie transrectale en fin de gestation chez la jument.
le suivi échographique de la fin de la gestation par voie transrectale Examen qui peut être réalisé en routine par tout praticien qui pratique la gynécologie, l’échographie transrectale s’avère très utile dans la gestion de la pathologie de fin de gestation chez la jument.
T
Essentiel ❚ Réaliser une échographie transrectale sur toute jument en fin de gestation lorsqu’elle a subi un stress ou qu’elle présente des signes d’avortement. ❚ Pour cet examen, il est recommandé de placer la jument dans une barre de contention. ❚ Utiliser le même échographe que celui utilisé pour le suivi ovarien, muni d’une sonde linéaire de 5 MHz.
CHEVAL
oute jument en fin de gestation qui a subi un stress ou qui présente des signes d’avortement devrait subir au moins une échographie transrectale afin d’évaluer les annexes fœtales. L’examen général de la jument est d’abord réalisé, ainsi qu’un examen génital. Le praticien s’attarde notamment sur la présence éventuelle d’écoulements vulvaires suspects ou de développement prématuré des mamelles. La palpation transrectale préalable à l’échographie permet de vidanger le rectum et de s’assurer de la présence du fœtus. LA RÉALISATION PRATIQUE DE L’ EXAMEN
● Pour réaliser cet examen, il est recommandé de placer la jument dans une barre de contention pour des raisons de sécurité du personnel, de la jument et du matériel (photo 1). En l’absence de travail, il est déconseillé de réaliser un examen échographique par voie transrectale. - En fonction du caractère de la poulinière, un tord-nez peut être utilisé. - La sédation de la jument est rarement réalisée, car les juments examinées ont, la plupart du temps, déjà subi au moins une palpation transrectale et parce que certains tranquillisants, comme la xylazine, peuvent induire des contractions utérines qui ne sont pas souhaitées à ce stade de la gestation. ● Le matériel comprend le même échographe que celui utilisé pour le suivi ovarien, muni d’une sonde linéaire de 5 MHz.
LES STRUCTURES VISUALISÉES ● Dès l’entrée par le rectum, le vagin peut être visualisé et la présence de liquide à l’intérieur de celui-ci peut être mise en évidence (figures 1, 2).
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 176 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
16
1
Échographie transrectale réalisée avec la jument dans la barre de contention (photo S. Buisson).
Figure 1 - Les structures visualisées 1. Le vagin - Présence ou non de liquide à l’intérieur
2. L’utérus - Degré de fermeture du col - Corps de l’utérus et son contenu
3. L’unité utéro-placentaire - Épaisseur de 7 à 13 mm - Structure échogène - Visualisée entre l’artère vaginale (structure anéchogène, de 5 à 10 mm) et le liquide allantoïdien (structure anéchogène, chargée spots hyperéchogènes en fin de gestation, hauteur entre 5,5 et 22,7 cm)
4. Le liquide amniotique - Structure anéchogène - Hauteur ≤ 8 cm - Membrane amniotique : ligne hyperéchogène (épaisseur : 1 à 2 mm)
5. L’orbite du fœtus - Visualisé si le fœtus est placé très haut - Diamètre : 43 à 48 mm
Figure 2 - Structures visualisées en fin de gestation par échographie transrectale (d’après J-M. Betsch, 2001)
Fiche
réglementation
gestation et activités sportives
Jean-François Bruyas
des juments
La réglementation applicable à la jument en gestation dépend de l’activité sportive. En cas d’infraction, la disqualification est parfois prononcée et une amende peut être infligée au propriétaire.
P
our connaître les règles applicables aux juments gestantes, comme pour toute disposition réglementaire en matière d’activité sportive, il convient de se reporter aux codes ou règlements de l’institution sous l’égide de laquelle se déroule la compétition : - pour les courses hippiques, les codes sont édictés par les deux sociétés mères, France Galop (courses de plat et d’obstacles) et la Société d’encouragement du cheval français, ou S.E.C.F. (courses de trot) ; - pour les sports équestres, les compétitions sont, dans la majorité des cas, régies par le règlement de la Fédération française d’équitation validé par le ministère chargé des Sports, sauf : 1. pour les compétitions d’élevage (jeunes chevaux), où le règlement de la Société hippique française (S.H.F.) s’applique ; 2. pour les concours internationaux, pour lesquels le règlement de la Fédération équestre internationale (F.E.I.) prévaut. ● Il est surprenant de constater que la situation est loin d’être homogène en la matière.
Objectif pédagogique Donner les différentes réglementations concernant la jument gravide dans les différentes activités sportives. 1
Pour les sports équestres, la gestation ne fait pas toujours l’objet de contraintes réglementaires (photo J.-L. Cosson).
Encadré 1 - Condition de validité et contenu de la déclaration de partant
Essentiel
(extrait de l’article 123 du code des courses de France Galop) ● “[ …] Lorsqu’une femelle déclarée à l’entraînement a été saillie (ou inséminée) depuis le 1er janvier de l’année en cours, le propriétaire doit en informer par écrit les commissaires de France Galop lors de la mise à l’entraînement ou dès le premier saut, en précisant : - la ou les dates de saillie (ou d’insémination) ; - le nom du ou des étalons concernés. ● Si, ultérieurement, la femelle concernée se révèle vide ou avortée, le propriétaire doit en aviser par écrit les commissaires de France Galop dans les plus brefs délais. ● Aucune femelle en état de gestation ne peut courir après les 150 jours suivant la dernière saillie. ● En cas d’inobservation de cette obligation, les commissaires de France Galop peuvent mettre le propriétaire à l’amende de 450 à 8 000 € et peuvent interdire à la femelle concernée de courir […]”.
POUR LES COURSES DE TROT POUR LES COURSES DE PLAT ET D’OBSTACLES ● Des dispositions spécifiques sur la gestation sont envisagées pour les courses de plat et d’obstacles (encadré 1). ● En outre, afin qu’il y ait une transparence maximale et que les parieurs soient informés des juments qui courent alors qu’elles sont en début de gestation, cette donnée est systématiquement notifiée dans les programmes. Ainsi, toutes les juments déclarées saillies (ou inséminées) sont signalées sur les programmes des courses par un petit sigle en forme de cœur.
Département des sciences cliniques Unité biotechnologie et pathologie de la reproduction E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03 Vétérinaire agréé F.E.I. Membre de la commission de discipline dopage de la F.F.E.
● Pour les courses de trot gérées par la Société d’encouragement du cheval français (S.E.C.F.), la gestation est également envisagée par le règlement, mais d’une manière légèrement différente (encadré 2). ● À l’inverse des courses de galop, les juments trotteuses déclarées saillies ne sont pas signalées sur les programmes des courses de trot.
❚ Les règlements qui concernent la jument gravide sont précisés par l’institution organisatrice de la compétition. ❚ Pour les courses de plat et d’obstacle, “aucune femelle en état de gestation ne peut courir après les 150 jours suivant la dernière saillie”. ❚ Toutes les juments déclarées saillies (ou inséminées) sont signalées sur les programmes des courses organisées par France Galop par un petit sigle en forme de cœur. ❚ Les juments trotteuses déclarées saillies ne sont pas signalées sur les programmes des courses de trot.
CHEVAL
POUR LES SPORTS ÉQUESTRES Concernant les sports équestres, la gestation ne fait pas l’objet systématiquement de contraintes réglementaires (photo 1). ●
19
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER - 2005 - 179
comment induire
l’arrêt d’une gestation de plus de 120 jours chez la jument
Comment arrêter une gestation non désirée chez une jument avec le moins de risques possibles et cela, même sur une gestation déjà bien avancée ? Le nombre de demandes d’informations formulées chaque année par les confrères montre combien cet acte correspond à une préoccupation réelle.
L
’interruption de la gestation est en règle générale demandée à la suite de gestations non souhaitées. Les motifs sont variés : pour une jument saillie par son poulain de 18 mois à deux ans vivant au pré avec elle, ou lors de transactions commerciales si la gestation de la jument est méconnue par l’acheteur, pour une jument saillie par un étalon échappé, une jument de course saillie qui ne peut plus participer à des épreuves (cf. fiche réglementation), ou encore une jument à un stade avancé de gestation qui est gravide de jumeaux, ... ● Cet article n’envisage pas le cas particulier de la gestation gémellaire, afin de ne conserver qu’un seul embryon ou fœtus [3, 5]. De même, il ne traite pas de l’arrêt de gestation précoce qui ne pose pas de difficulté particulière. ● Au-delà de 120 jours, plusieurs techniques sont possibles : 1. l’utilisation de prostaglandines (PGF2α) ; 2. le cathétérisme du col ; 3. les ponctions échoguidées ; 4. l’utilisation d’ocytocine (encadré 1). L’injection de PGF2α est la technique la plus simple.
Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03
tions ou rares essais regroupant des nombres significatifs de cas (encadré 2). notre expérience En ce qui nous concerne, nous conseillons depuis des années ce protocole à nos confrères et nous n’avons jamais eu de retour d’informations faisant état d’échecs ou de complications. ● En septembre 2004, nous avons induit quatre avortements par injections quotidiennes de 250 µg de cloprosténol par la voie intramusculaire. - Deux juments qui ont reçu la première injection au 104e jour de gestation ont avorté après seulement deux injections, toutes les deux, 43 h après la première injection. - Les deux autres qui étaient respectivement au 96e et au 138e jour de gestation ont eu leur expulsion fœtale plus de 12 h après la 5e injection. ●
Objectif pédagogique Induire un arrêt de gestation tardif chez la jument.
NOTE * Ne pas traiter ces petites coliques induites par les injections : elles retrocèdent spontanément.
Essentiel ❚ Les effets secondaires des prostaglandines sont inexistants : seule une légère douleur abdominale au moment de l’expulsion fœtale est notée. ❚ Aucune complication maternelle post-abortum n’est rapportée.
Les effets secondaires
Lorsque des avortements expérimentaux ont été induits par de tels protocoles (dose lutéolytique quotidienne ou biquotidienne par voie intramusculaire jusqu’à obtention de l’avortement) aucun effet secondaire grave n’a, semble-t-il, été enregistré, exceptée une légère douleur abdominale au moment de l’expulsion fœtale, liée aux contractions utérines* (tableau). Tableau - Les différentes molécules utilisées
●
pour induire un avortement tardif chez la jument Nom déposé ●
PGF2α
- Dinolytic®
Dose A.M.M. lutéolytique équins 5 à 10 mg
- Enzaprost® ●
Cloprosténol
- Estrumate®
Oui
●
Luprostiol
- Prosolvin®
●
Étiproston
- Prostavet®
●
Alfaprostol
Alfabédyl®
-
Indications - Induction de l'avortement à certaines périodes de la gestation
Non - Mort foetale précoce - Phases lutéales prolongées
250 µg Oui
L’UTILISATION DES PROSTAGLANDINES Leur efficacité ● Alors qu’une injection unique est inefficace, des injections quotidiennes de PGF2α sont efficaces pour induire une expulsion fœtale, quel que soit le stade de la gestation. Lors de gestation de plus de 120 jours, alors que les cupules endométriales et les corps jaunes ont involué spontanément, seules les sécrétions placentaires assurent le maintien de la gestation. ● L’efficacité du procédé sans complications particulières est attestée par les publica-
Jean-François Bruyas
7,5 mg
- Induction du poulinage en quelques heures à partir du 330e jour en présence de colostrum et d'un début de relâchement ligametaire
Non 3 mg
Oui
Dans 80 p. cent des cas rapportés ou observés, le fœtus est expulsé entouré de ses enveloppes fœtales non rompues. Les suivis échographiques réalisés avant l’expulsion fœtale, et l’examen des fœtus immédiatement après l’expulsion montre que la mort fœtale survient juste avant ou pendant l’expulsion. Néanmoins, Daels et coll. rapportent qu’un des six fœtus était encore vivant après son expulsion [4].
21
- Synchronisation de l'œstrus
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VETERINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 181
conduite à tenir
pour l’anesthésie générale de la jument gestante
Surveiller l’anesthésie générale chez la jument en gestation et proposer des protocoles adéquats.
1
out praticien en clientèle équine peut être un jour confronté à la nécessité de réaliser une anesthésie générale sur une jument en gestation. ● Chez le cheval, l’anesthésie est soumise à deux difficultés : 1. la nécessité de coucher le cheval à l’induction, puis de le relever au réveil, ces deux opérations pouvant être source de blessures graves ; 2. des complications fréquentes : le décubitus prolongé, ajouté à l’hypotension qui accompagne l’anesthésie sont très mal tolérés dans cette espèce. ● Lors de gestation, le vétérinaire doit de plus prendre en compte la jument et son fœtus, tous deux très sensibles aux effets secondaires de l’anesthésie, et exposés à un risque anesthésique élevé. ● Une anesthésie générale n'est indiquée que si l’intervention est urgente et ne peut être reportée, et qu'une anesthésie locale ne suffit pas. C'est le cas lors de coliques, de traumatismes, ou d'interventions propres à la jument gestante, telles que les torsions
L’anesthésie gazeuse et un monitoring minimum sont nécessaires pour garantir la survie de la jument et de son fœtus (photo C.Bussy).
●
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS PRATIQUES 1. Lors de l’anesthésie d’une jument en gestation, il convient d'abord de limiter au maximum le temps d’anesthésie. 2. L’anesthésie doit être la plus faible possible, pour limiter l’ampleur des dépressions associées, ce qui peut être délicat lorsqu’une ventilation contrôlée en pression positive est utilisée : si la respiration n’est pas déprimée, la jument peut respirer contre le respirateur, et la ventilation devient alors médiocre (photo 1).
●
●
Durée d’action
Sédation Analgésie
à 0,04 - Plusieurs h Phénothiazines - Acépromazine - 0,02 mg/kg
α2-agonistes
Opioïdes
- Xylazine
- 0,5 mg/kg
- Détomidine
- 10 à 20 μg/kg
- Romifidine
- 30 à 60 μg/kg
- Butorphanol (non disponible en France)
- 0,02 mg/kg
Essentiel
utérines ou les dystocies. En effet, les anesthésiques locaux utilisés en pratique équine ne représentent aucun danger pour le fœtus et peuvent être utilisés sans précautions particulières chez de tels animaux (tableau 1). ● Cet article présente les principes de l’anesthésie chez la jument gestante, décrit les risques maternel et fœtal (encadrés 1, 2) et les précautions qui en découlent, pour garantir la sécurité de la jument et du fœtus.
Tableau 1 - L’usage des tranquillisants chez la jument en gestation Posologie (voie I.V.)
Clinique vétérinaire Le Grand Renaud 72650 Saint-Saturnin
Objectif pédagogique
Le cheval est par nature une espèce difficile à anesthésier. Le risque est majoré lorsqu’il s’agit d’une jument gestante. Certains paramètres physiologiques, modifiés par la gestation, sont à surveiller, afin de limiter les risques pour la mère et pour le fœtus.
T
Adélaïde Ardoin Saint Amand
+ +++
- 30 à 60 min +++ - 30 à 45 min
+
❚ Limiter au maximum le temps d’anesthésie. ❚ L’élément clé d’une anesthésie bien conduite est d’assurer un apport d’oxygène au fœtus. ❚ Surveiller la profondeur de l’anesthésie pour éviter que la jument ne s’intoxique. ❚ Les apnées et les dyspnées à l’induction et au réveil, représentent un risque majeur chez la jument en gestation. ❚ Pour la prémédication, les α2-agonistes sont à préférer à l’acépromazine. ❚ L’induction à la kétamine est bien adaptée à la jument en gestation. ❚ La jument gestante est plus sensible aux conséquences d’une hémorragie.
Avantages et inconvénients - Persistance prolongée des effets dépressifs cardiorespiratoires - Courte durée d’action - Risque controversé d’avortements ; dépression cardiovasculaire - Peu d’effets cardiorespiratoires
CHEVAL
+ : léger ; +++ : fort.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 185
les traitements Jean-François Bruyas* Jean-Claude Desfontis** *Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction **Unité de pharmacologie et toxicologie E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03
Objectif pédagogique Savoir quels traitements administrer ou éviter chez la jument gravide.
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 192 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
Une jument gravide en gestation avancée peut-elle recevoir n’importe quel traitement lorsqu’elle est malade ?
Q
* cf. article induire un arrêt de gestation dans ce numéro. cf. article de C. Bussy sur les coliques génitales et digestives et observation clinique de A. Faugère dans ce numéro
❚ Les injections d’ocytocine et de PGF2α sont totalement contre-indiquées chez la jument gravide. ❚ Lors d’injection accidentelle de PGF2α sur une jument gravide, administrer des progestagènes pendant une semaine pour prévenir un avortement. ❚ Pour maintenir une gestation, outre la progestérone naturelle, le seul progestatif de synthèse efficace est l’altrénogest. ❚ Le clenbutérol peut être utilisé pour induire une tocolyse, ou de différer la mise bas.
chez la jument gravide
uelques très rares molécules sont totalement contre-indiquées, certaines sont utilisées, à tort ou à raison, afin de tenter de prévenir un avortement, mais la situation est moins claire pour la plupart des outils thérapeutiques habituellement employés chez la jument. Cet article fait le point en fonction des données disponibles.
NOTE
Essentiel
à risque
LES CONTRE-INDICATIONS ABSOLUES Les molécules capables d’induire un avortement par leurs propriétés intrinsèques sont totalement contre-indiquées*. Ainsi, les injections d’ocytocine et de PGF2α et de ces analogues structuraux sont à proscrire. ● Comme les injections de prostaglandines doivent en principe être renouvelées pour obtenir un effet abortif, le praticien pourrait être tenté de ne pas redouter a priori un avortement, lors d’une injection unique accidentelle de PGF2α chez une jument en gestation avancée. Squires et Bosu rapportent néanmoins que, ponctuellement, certaines juments gravides de plus de 35 jours, qui n’ont reçu qu’une dose lutéolytique de PGF2α, ont tout de même avorté dans des essais expérimentaux (quatre sur six entre 40 et 60 j, deux sur quatre entre 70 et 90 j et une sur cinq entre 100 et 150 j) [12]. Dans un autre essai, une dose lutéolytique unique de 7,5 mg de luprostiol (Prosolvin®) a induit, à 50 jours de gestation, sept avortements sur les 10 juments traitées. ● Il convient donc d’être vigilant vis-à-vis des injections accidentelles de PGF2α, et si elles surviennent, des progestagènes doivent être administrés à la jument pendant une semaine pour prévenir un avortement. Ce traitement peut être arrêté après vérification que la progestéronémie n’est pas effondrée (avant 100 jours) ou que le placenta est bien fonctionnel. ● Les anti-inflammatoires non stéroïdiens n’ont en revanche aucune efficacité préventive lors d’une telle injection accidentelle, ●
32
car ils sont administrés après l’injection, donc trop tardivement. LES TRAITEMENTS À VISÉE ANTI-ABORTIVE Lors de risque ou de menace d’avortement, différents traitements pour tenter de le prévenir sont classiquement administrés. Qu’en penser ? La progestérone et les progestagènes Il a été démontré qu’il était possible de maintenir une gestation par administration de molécules à activité progestagènes par des essais d’induction de lutéolyse, d’ovariectomie en cours de gestation, ou de transfert d’embryons sur des juments en anœstrus ou ovariectomisées. - Dans ce cadre, outre la progestérone naturelle, le seul progestatif de synthèse efficace est l’altrénogest (Régumate®). Tous les autres progestatifs commercialisés pour les autres espèces et testés chez la jument se sont révélés non efficaces [5, 6]. - L’altrénogest est administré, par voie orale, à la dose quotidienne de 0,044 mg/kg. La progestérone naturelle en suspension huileuse est à injecter quotidiennement à la dose de 150 à 300 mg. Des traitements de 500 mg/semaine, de 500 mg tous les quatre jours, ou de 250 mg un jour sur deux sont inefficaces. Cette inefficacité des injections non quotidiennes est liée au métabolisme très rapide de cette hormone chez la jument [5, 6]. Remarque : ●
Outre-Atlantique une progestérone associée à un excipient retard vient d’être commercialisée. Elle permet, d’après les premiers essais, de ne réaliser qu’une injection hebdomadaire de 1500 mg par voie intramusculaire [2 bis]. ● En revanche, lorsque le placenta assure une sécrétion de progestagènes suffisante, soit après le 100e jour de gestation, toute supplémentation progestative devient inutile, sauf lors de période à risque d’avortement, lors d’une endotoxémie ou d’une placentite ascendante pendant le traitement anti-infectieux** [5, 6, 13]. Dans ces cas, lors d’épisodes à risque sur des gestations avancées, la dose quoti-
gestion diagnostique et thérapeutique des coliques génitales et digestives pendant la gestation
Christian Bussy
chez la jument
Objectif pédagogique
Comment différencier les coliques génitales des coliques digestives au cours de la gestation chez la jument ? Quels examens réaliser et quels traitements mettre en œuvre ?
Diagnostiquer et traiter les coliques lors de gestation chez la jument
L
es juments au cours de leur gestation peuvent développer des épisodes de coliques, qui sont liés à leur état gravide, ou qui sont parfois sans relation avec cet état (photo 1). La fréquence des épisodes de coliques ne semble pas augmenter sur une population de juments gravides, seule une augmentation des signes de coliques est constatée à la fin de la gestation, quand le fœtus effectue sa rotation. Les facteurs hormonaux évoluent au cours de la gestation, mais ils ne semblent pas influencer l’apparition des coliques. L’encombrement utérin réduit progressivement la place de la masse intestinale. C’est surtout après le poulinage que la vacuité abdominale permet la mise en place de cas de torsions du gros intestin, beaucoup plus fréquentes que sur une population non gravide. Cet article présente les cas les plus fréquents, montre que le diagnostic n’est pas facile à effectuer, et que les traitements à envisager doivent tenir compte de l’état de gestation. ANAMNÈSE ET EXAMEN CLINIQUE
● Il est essentiel d’obtenir une anamnèse la plus complète possible avec des renseignements sur : - la jument elle-même : race, âge, date de saillie, jument primipare ou multipare, suitée ou non, antécédents en rapport avec les éventuelles gestations précédentes ou non, … ; - le mode de vie de l’animal : nourriture, litière, logement, … ; - son statut médical : vermifugation, traitements reçus depuis le début des coliques et effets, … ● L’examen clinique doit être le plus complet possible et comprendre une palpation transrectale, un sondage naso-gastrique et une prise de sang. L’examen du col par voie vaginale est à réaliser si un début de parturition est suspecté.
Clinique vétérinaire Le grand Renaud 72 650 Saint-Saturnin
NOTES 1
Les hernies peuvent intéresser la ligne blanche et être à l’origine de coliques chez la jument gestante (photos C. Bussy). ● L’échographie est l’examen complémentaire de choix*. Elle peut apporter de nombreux renseignements : présence d’intestin grêle dilaté, de liquide abdominal, … Pour réaliser cette échographie, une sonde de 5 MHz (fréquemment employée en gynécologie) ou bien une sonde de 3,5 MHz qui est plus adaptée peuvent être utilisées. ● La paracentèse permet de récupérer du liquide abdominal afin d’obtenir des renseignements sur la viabilité des viscères**. Il est recommandé de réaliser cet acte sous échoguidage, en raison de la place prise par l’utérus, et par conséquent du risque de ponction de l’utérus ou des intestins. - Le liquide abdominal normal est jaune clair, translucide et existe en quantité modérée. - Lors de colique, ce liquide peut prendre toutes les teintes intermédiaires entre le jaune clair et le rouge (nécrose intestinale), voire même le vert (rupture intestinale). Plus le liquide devient trouble, plus l’inflammation est importante. - Une analyse biochimique est également intéressante : le liquide abdominal normal a un taux de protéines et de fibrinogène faibles. Lors de colique, ces taux augmentent en raison de l’inflammation des viscères.
* cf. article de S. Buisson dans ce numéro. ** cf. article d’A. Leblond dans ce numéro.
Essentiel ❚ L’examen clinique comprend une palpation transrectale, un sondage naso-gastrique et une prise de sang. ❚ Lors de coliques, l’examen par palpation transrectale est indispensable pour la prise de décision chirurgicale. ❚ L’endotoxémie est souvent à l’origine des avortements qui suivent les épisodes de coliques. ❚ Le liquide abdominal récupéré par paracentèse est utile : plus il devient trouble, plus l’inflammation est importante. ❚ Les torsions utérines sont observées souvent après six mois de gestation.
CHEVAL
UN DIAGNOSTIC DIFFICILE EN FIN DE GESTATION L’examen par palpation transrectale est déterminant dans la prise de décision chirurgicale. Or, la présence d’un utérus gravide limite énormément cette inspection en fin de gestation.
●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 195
comment traiter des affections pulmonaires non infectieuses chez la jument gestante
Les affections pulmonaires obstructives sont souvent d’origine allergique. Un mode de vie à l’extérieur est alors préconisé pour la jument, avec des règles hygiéniques et, si besoin, l’utilisation de médicaments administrés par aérosol.
L
es affections pulmonaires inflammatoires et/ou obstructives (anciennement dénommées "emphysème") sont fréquentes chez les chevaux adultes. Leur origine n’est pas encore complètement élucidée. Elles sont probablement d’origine multifactorielle, avec une composante allergique dans la plupart des cas. ● Ce syndrome se manifeste par de la toux accompagnée de jetage, sans fièvre et, dans les cas graves, d’une dyspnée expiratoire (photos 1, 2). Les signes cliniques doivent être détectés précocement afin d’instaurer un traitement destiné à limiter l’importance des séquelles. Il convient ensuite de conseiller des mesures de prévention qui diminuent la fréquence des récidives. ● La prévalence de cette affection chez les juments gravides n’est pas connue.
Médecine interne des équidés École nationale vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Étoile
Objectif pédagogique Instaurer un traitement des affections pulmonaires inflammatoires et/ou obstructives chez la jument gestante.
1
Dyspnée expiratoire chez une jument atteinte d'une affection pulmonaire inflammatoire et obstructive aiguë. Noter la "ligne de pousse" visible sur l'abdomen, et caractéristique de la contraction des muscles abdominaux au moment de la phase expiratoire (photos E.N.V.A.).
Dans la plupart des cas, leur mode de vie en pâture devrait permettre de limiter l’apparition des signes cliniques. En revanche, la rentrée au box en prévision du poulinage peut être une étape délicate, susceptible de provoquer une crise de pousse aiguë chez les juments sensibles. Il s’agit alors d’être en mesure de conseiller le propriétaire sur les traitements possibles et les mesures de prévention à instaurer, spécifiques à l’état de la jument. ● Le traitement de ces affections comporte deux grandes composantes : un traitement hygiénique et un traitement médicamenteux symptomatique.
Encadré 1 - Les polluants atmosphériques La source principale de polluants atmosphériques dans une écurie est constituée par la nourriture et la litière. Le foin, même de très bonne qualité, doit être trempé dans de l’eau au moins une heure avant le repas. Cette eau est à renouveler tous les jours. ● Si l’alimentation à base de foin mouillé ne permet pas d’obtenir une amélioration suffisante, il peut être nécessaire de supprimer complètement le foin et de constituer une ration à base de granulés complets ou de grains. Pour diminuer encore le risque de contact avec des poussières, ces aliments peuvent être mouillés ou mélangés à un peu de mélasse. De tels régimes alimentaires présentent cependant l’inconvénient d’être ingérés très rapidement, le cheval au box peut alors développer des troubles de comportement. ● L’ensilage d’herbe constitue une alternative. Cependant, pour éviter le risque de botulisme,
Agnès Leblond
[2]
le propriétaire doit être vigilant sur la qualité de l’ensilage distribué et sur ses conditions de conservation (moins de 5 jours lorsqu’une balle est ouverte). ● Il est conseillé d’adopter une litière non poussiéreuse : des fibres de caoutchouc ou des copeaux de bois sont satisfaisants dans de nombreux cas. La paille est en général déconseillée. La composition de ces matériaux est très variable selon les fournisseurs, et il n’est pas toujours facile de trouver celui qui convient. ● La litière doit être propre et bien entretenue. Une litière épaisse de fumier n’est pas appropriée, elle est source de particules irritantes pour les voies respiratoires. ● Les box voisins doivent être aménagés de la même manière, sans stock de foin ou de paille à proximité. Le cheval doit être sorti au box au moment du renouvellement de la litière et au moment du pansage.
2
Toux chez une jument atteinte de bronchite obstructive chronique.
Essentiel ❚ Les syndromes inflammatoires et obstructifs résultent souvent de l’inhalation de poussières et de moisissures. ❚ La meilleure prévention consiste à éviter le contact avec les allergènes potentiels. ❚ Le traitement de ces affections comporte : - un traitement hygiénique ; - un traitement médicamenteux.
CHEVAL
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 203
observation clinique un cas de placentite ascendante avec suivi échographique chez la jument
Aude Faugère 5 bis, porte B, Richeville 28410 Saint-Lubin-de-la-Haye
Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter une placentite ascendante chez la jument.
Motif de consultation ❚ Les propriétaires craignent un avortement.
Symptômes ❚ Écoulements vulvaires.
Essentiel ❚ Les placentites sont une cause majeure d’avortement chez la jument. ❚ Souvent tardive, la détection de l’infection rend la gestion du traitement difficile avec un pronostic toujours réservé pour la survie du fœtus.
Une jument anglo-arabe de 12 ans, qui entre dans son 7e mois de gestation, est présentée à la consultation pour des écoulements vulvaires, apparus depuis quelques jours. Les propriétaires redoutent un avortement.
A
chetée par un particulier pour faire du concours, cette jument n’a jamais été exploitée. Mise à la reproduction pour la première fois l’année précédente, elle a avorté, sans que l’étiologie de cet avortement n’ait pu être déterminée. La jument est à nouveau saillie cette année, en monte naturelle. ● Au préalable, des prélèvements au niveau du sinus clitoridien et du col utérin ont révélé : - l’absence de Pseudomonas æruginosa et de Klebsiella pneumoniæ à l’examen bactériologique ; - un examen cyto-immunologique négatif pour Taylorella equigenitalis. ● Une prise de sang effectuée pour recherche de l’artérite virale s’est aussi révélée négative. ● Un diagnostic de gestation positif est réalisé au 1er mois par palpation transrectale et par échographie. Le diagnostic est confirmé lors des examens suivants, au 2e mois de gestation.
Paroi utérine Liquide amniotique Amnios Liquide allantoïque
1
Lors de placentite, les juments sont généralement en bon état général et peuvent ne pas présenter de symptômes externes visibles (photo A. Faugère).
Figure 1 - Vulve inclinée et rectum enfoncé, favorisant la contamination du vagin par l’air ou les matières fécales Colonne vertébrale Queue Anus Commissure supérieure de la vulve
Rectum Vagin Pubis
EXAMEN INITIAL ● La jument est présentée vers 180 jours de gestation. L’examen clinique révèle : - un état d’embonpoint normal et un bon état général (photo 1) ; - une fréquence cardiaque de 36 b.p.m. ; - une température rectale de 38,1°C ; - des mamelles légèrement œdématiées sans sécrétion ; - des écoulements vulvaires blanchâtres ; - une mauvaise conformation périnéale prédisposant au pneumovagin et aux contaminations utérines chroniques (figure 1). ● L’examen au vaginoscope met en évidence un vagin et un col congestifs avec d’abondantes sécrétions muco-purulentes.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES À ce stade, une placentite est suspectée, mais cette hypothèse doit être confirmée par une palpation et par une échographie transrectales afin de rechercher des lésions du placenta.
CHEVAL
Palpation transrectale et échographie 2
L’échogénicité des liquides fœtaux à sept mois de gestation. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 206 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
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La palpation transrectale et l’échographie donnent les résultats suivants :
particularités de la gestation chez l’ânesse et les hybrides
Ahmed Chabchoub Jamel Chemli Faouzi Landolsi Département des sciences cliniques École véterinaire Sidi-Thabet 2020 Tunisie
Objectif pédagogique
La gestation de l’ânesse ressemble à celle de la jument mais présente quelques particularités. Les gestations des hybrides menées à terme sont exceptionnelles.
Connaître les particularités de la gestation chez l’ânesse et les hybrides.
L
a proximité phylogénétique entre les ânes et les chevaux explique pourquoi les systèmes d’élevage utilisés chez les chevaux ont été transposés directement à l’âne. Même si les résultats sont satisfaisants dans l’ensemble, des troubles de la reproduction sont régulièrement rapportés. Le manque de connaissance des particularités de la gestation de l’ânesse en est souvent en cause. ● Cet article décrit les particularités de la gestation de l’ânesse, aborde successivement les signes de la gestation de l’ânesse, les manœuvres sémiologiques, les précautions à prendre lors de gestation. Les gestations hybrides sont aussi évoquées. ● Les ânesses sont adultes vers l’âge de 3 à 5 ans. Elles peuvent se reproduire plus tôt, mais mieux vaut attendre en raison des risques d'avortement, d'abandon de l’ânon, des problèmes de lactation, des troubles possibles de la croissance de l’ânon, etc. ● La gestation gémellaire est rare chez l’ânesse, mais elle est plus fréquemment rencontrée que chez la jument [10]. LES SIGNES DE LA GESTATION CHEZ L’ÂNESSE
● Un des premiers signes de la gestation chez l’ânesse est le changement de caractère. L’ânesse gravide devient comme "épanouie", plus douce et tolérante aux caresses, a une tendance à l’engraissement [2, 7]. ● La disparition du lait vers le 5e ou le 6e mois, pour celles qui nourrissent des ânons, constitue un des signes en faveur de la gestation. ● L’absence de réapparition de chaleurs après une période correspondant au cycle œstral peut également être considérée comme un signe de fécondation. ● Le développement du ventre et l’augmentation de son volume sont aussi des éléments de diagnostic positif de la gestation chez l’ânesse (photo 1). Un diagnostic diffé-
1
Le ventre d’une ânesse gravide au dernier tiers de gestation (A. Chabchoub).
rentiel doit cependant être évoqué avec l’excès de volume dû à l’ascite ou à l’ampleur abdominale acquise par la nourriture abondante à la prairie et en fourrage. À l’inverse, certaines ânesses, notamment les primipares, tout en étant gestante, restent assez "légères" jusqu’à la mise bas. Un gros ventre est parfois considéré comme le signe d’une grossesse gémellaire. En fait, il n’existe pas de corrélation certaine, car la grande quantité de liquide entourant le fœtus suffit à produire ce volume anormal. Par ailleurs, les vieilles ânesses ont l’abdomen plus distendu. ● La mamelle subit des variations morphologiques, au cours de la gestation : celles-ci peuvent être un signe clinique. Néanmoins, l’ampleur prise par la mamelle ne permet pas de conclure d’une manière définitive. En effet, les jeunes portant pour la première fois montrent souvent une hypertrophie de cet organe qui pourrait faire craindre un avortement proche. LE DIAGNOSTIC CLINIQUE ● Après l’observation des signes de gestation précédemment décrits, un examen clinique permet le diagnostic de gestation. ● En pratique courante, la palpation du flanc gauche, l’examen transrectal de l’utérus, l’examen par voie vaginale et l’auscultation obstétricale constituent les différentes phases de cet examen.
Essentiel ❚ La gestation de l’ânesse se caractérise par un changement de caractère, la disparition du lait vers le 5e ou le 6e mois et une absence de réapparition de chaleurs. ❚ Si le ventre de l’ânesse se développe et augmente de volume, penser à vérifier que ceci n’est pas dû à de l’ascite ou à une nourriture trop abondante. ❚ Les variations morphologiques de la mamelle peuvent être un signe clinique de gestation.
ÂNE
● Attention,
les manœuvres rectales et vaginales exigent de la douceur et de l’habileté afin d’éviter tous ennuis et réactions de défense de l’ânesse dont les conséquences seraient l’avortement.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 211
médecine préventive comment vacciner
Gwénaëlle Dauphin
une jument gestante La vaccination de la jument gestante est soumise à des règles précises. Elle permet de préserver la santé du poulain à naître et de lui faire bénéficier des anticorps de sa mère. Cet article résume, pour chaque vaccin, les conditions optimales d’injection pendant une gestation.
E
n Europe, les équidés sont régulièrement vaccinés contre la grippe, la rhinopneumonie, le tétanos et la rage. À ce jour, seule la prophylaxie de la grippe équine est soumise à réglementation. ● Tous les vaccins équins actuellement disponibles en France sont inactivés, ce qui leur assure une innocuité, chez la jument gravide en particulier. De plus, ils sont tous adjuvés de façon à accroître la durée de l’immunité post-vaccinale. ● Il existe des vaccins à plusieurs valences : grippe/tétanos, ou grippe/rhinopneumonie. ● Il convient en général d’éviter de vacciner une femelle reproductrice dans la semaine qui précède et les 3 semaines qui suivent la saillie, par précaution vis-à-vis du propriétaire. ● En plus d'une protection de la mère, la vaccination de la jument gravide permet la protection du poulain via le transfert passif des anticorps maternels. Les anticorps induits par la vaccination chez la mère passent en effet dans le colostrum et permettent la protection contre la maladie jusqu’à ce que le poulain puisse être à son tour vacciné. Un programme de vaccination de la mère est donc essentiel pour la santé du poulain (photo). ● C’est pourquoi il est aussi primordial de s’assurer d'une prise de colostrum efficace à la naissance du poulain. Dans le cas contraire, le poulain doit recevoir le colostrum d’une donneuse ou une injection de sérum immun. ● L’idéal est d’effectuer une vaccination initiale des juments qui entrent dans le troupeau. Si l’historique de leur vaccination est incertain, administrer la première injection, ainsi que le premier rappel, avant le 3e trimestre de la gestation (encadré 1).
A.F.S.S.A. Alfort Laboratoire d’études et de recherches en pathologie animale et zoonoses 22, rue Pierre-Curie B.P. 67 94703 Maisons-Alfort
Objectif pédagogique Déterminer l’utilité et les modalités de la vaccination de la jument gestante. Un programme de vaccination de la mère est essentiel pour la santé du poulain (photo S. Mouawad).
Encadré 1 - Le protocole de vaccination ● Le protocole classique de vaccination de tout cheval est le suivant : - une primo-vaccination en deux injections ; - un 1er rappel 6 mois plus tard ; - des rappels annuels. ● Pour les poulinières, le protocole comporte généralement plusieurs injections avant et pendant la gestation, la difficulté étant de concilier la période d’efficacité maximale des injections avec le calendrier de reproduction. Par exemple : - chez les juments primipares : une vaccination un mois avant la saillie et un rappel au moment de la saillie de façon à éviter l'infection de la jument par un virus EHV-1 ; - chez les juments multipares : un rappel dans l'intervalle mise bas/saillie fécondante, puis un rappel au 5e ou 6e mois de gestation.
Ensuite, il est recommandé d'effectuer les rappels de vaccination de la mère 4 à 6 semaines avant le poulinage, afin d’assurer une concentration suffisante d’anticorps dans le colostrum. ● La vaccination contre le tétanos et la rage induit une réponse en anticorps de longue durée, ce qui permet de réaliser ces vaccinations dès le début de la gestation. Pour la raison inverse, la vaccination contre la grippe doit être prioritairement effectuée en fin de gestation.
Essentiel ❚ Éviter de vacciner une femelle reproductrice dans la semaine qui précède et les 3 semaines qui suivent la saillie. ❚ Tous les vaccins équins actuellement disponibles en France sont inactivés. ❚ La vaccination de tout l'effectif associée à des mesures de défense sanitaire permet d'assurer un contrôle satisfaisant de la rhinopneumonie. ❚ Les vaccinations contre la rhinopneumonie sont effectuées de préférence avant la saillie et au cours de la gestation.
VACCINER CONTRE LA RHINOPNEUMONIE L’ntérêt de la vaccination ● L’infection de juments poulinières par EHV1 après le 4e mois de gestation engendre des avortements (ou la naissance de poulains mort-nés ou faibles) 2 à 16 semaines
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 215
geste chirurgical la correction chirurgicale des torsions utérines chez la jument
Les torsions utérines sont observées le plus souvent du 7e mois de gestation jusqu’au poulinage. Cet article présente comment les réduire par voie chirurgicale, les précautions à prendre avant de référer une jument atteinte de torsion et les soins postopératoires à mettre en œuvre.
A
natomiquement, la torsion se situe en avant du col (contrairement aux vaches) et la correction manuelle au moment du terme par la voie utérine est souvent décevante sur un poulain de bonne taille. La correction sous anesthésie générale en faisant rouler la jument et en stabilisant le poulain à l’aide d’une planche est aussi décevante et n’est pas dénuée de risques de rupture de l’utérus (figure 1). Pour ces raisons, une correction chirurgicale de la torsion est souvent envisagée. Deux grandes techniques sont utilisées : - l'intervention par le flanc sur une jument debout, l'animal étant juste tranquillisé ; - l'intervention par la ligne blanche sur une jument couchée, sous anesthésie générale. L'INTERVENTION SUR LA JUMENT DEBOUT Conditions L'intervention sur une jument debout peut être envisagée chez le propriétaire, avec des conditions chirurgicales minimales (cf. gestion). Le propriétaire doit être averti que les frais sont réduits , mais qu’en cas de complications, il devient alors difficile de sauver la jument. Il semble préférable de tenter cette intervention chez le propriétaire, uniquement sur des animaux de faible valeur, et avec l’accord de ce dernier. ● Le plus sage est de réaliser cette intervention dans une clinique équine chirurgicale, ce qui permet, en cas de complication, de passer l'animal sous anesthésie générale dans de bonnes conditions. ● Avant d’intervenir, il est essentiel de déterminer le sens de rotation de la torsion par palpation transrectale (cf. article sur les coliques ●
Christian Bussy Clinique vétérinaire Le grand Renaud 72650 Saint-Saturnin
Objectif pédagogique Réduire les torsions utérines chez la jument par une intervention chirurgicale.
Geste
1
La jument est placée dans une barre de contention munie d’une ouverture latérale (photo C. Bussy).
du même auteur dans ce numéro). Les juments étant souvent agitées, il peut être utile de les tranquilliser ou d’anesthésier la muqueuse rectale avec 40 ml de lidocaïne à 2 p. cent. ● L’incision est réalisée dans le creux du flanc, du côté du sens de la rotation : ouverture à droite sur une rotation dextrogyre (dans le sens des aiguilles d’une montre), et inversement. L’incidence des deux types de rotation est la même. Le praticien s’assure de la viabilité du fœtus par palpation ou par échographie transabdominale*. Si le poulain est mort et qu’une césarienne est envisagée, il est préférable de choisir d’intervenir sous anesthésie générale, par la ligne blanche. Préparation de l’animal Si les conditions matérielles le permettent, la jument est placée dans une barre adaptée aux chirurgies par le flanc (photo 1). Cette barre de contention est réglable en hauteur et possède une ouverture latérale. ● Une prémédication est souvent utilisée : - un antibiotique à large spectre (ceftiofur : 2 mg/kg par voie intraveineuse, hors A.M.M.) ; - un anti-inflammatoire (flunixine-méglumine 1,1 mg/kg par voie intraveineuse). ● La tranquillisation est réalisée avec un α-2 agoniste (xylazine, détomidine, romifidine)**. Puis, selon la sensibilité de la jument, de petites quantités de morphiniques peuvent être utilisées (utilisation hors A.M.M.) : le butorphanol est employé à la dose de 0,05 mg/kg à 0,1 mg/kg. Des protocoles de tranquillisations en perfusions lentes sont maintenant utilisés et rendent l'intervention plus confortable que lors de l’utilisation de bolus. ●
❚ En chirurgie debout, geste à la portée des vétérinaires équins et mixtes. ❚ La chirurgie couchée est plus délicate et nécessite l’intervention d’un praticien expérimenté, formé aux interventions par la ligne blanche chez le cheval. NOTES * cf. article de Sarah Buisson sur l’échographie transabdominale, à paraître. ** cf. article d’A. Ardoin Saint-Amand dans ce numéro.
Essentiel ❚ Avant l’intervention, déterminer le sens de rotation de la torsion par palpation transrectale. ❚ Réaliser l’incision dans le creux du flanc, du côté du sens de la rotation. ❚ S’assurer de la viabilité du fœtus par palpation ou échographie transabdominale. ❚ Placer la jument dans une barre adaptée aux chirurgies par le flanc. ❚ Utiliser un drapé stérile du site car le péritoine des juments est réactif.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 219
geste
la paracentèse abdominale chez la jument gestante
Agnès Leblond Médecine interne des équidés École nationale vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Étoile
Objectif pédagogique
La paracentèse abdominale a essentiellement pour but d’estimer la gravité des phénomènes inflammatoires intra-abdominaux. Souvent réalisé en urgence, ce geste doit être effectué selon une procédure standardisée.
L
a paracentèse abdominale est un examen complémentaire à réaliser lors douleur abdominale. Cet examen est à réaliser lors de douleur abdominale aiguë ou récurrente. Il constitue une aide à la décision lorsqu’une chirurgie peut être envisagée (encadré 1). Les coliques chez la jument en fin de gestation représentent en effet un défi diagnostique pour le praticien. Un inconfort abdominal léger peut être dû à des contractions utérines, normales, ou à d’autres causes de douleur abdominale [2]. Un certain nombre de ces affections sont des urgences, et un pronostic doit être établi rapidement pour décider d’une conduite thérapeutique. LA MÉTHODE L’abdominocentèse est à réaliser dans la partie crâniale de l’abdomen. Repérer le point le plus déclive de l’abdomen, en arrière de l’appendice xiphoïde, 1 à 2 centimètres à droite de la ligne blanche. ● Chez la jument gestante au-delà de 7 mois, il peut être utile de repérer la zone auparavant, à l’aide d’un échographe. Ainsi, le site exact de la ponction peut être ajusté en fonction de la présence ou non de liquide abdominal et de la proximité des membranes placentaires avec la paroi abdominale. Une sonde de 3,5 ou de 5 MHz permet d’estimer la quantité et la cellularité du liquide (figure 2 ci-après). ●
Décrire la pratique de la paracentèse abdominale chez la jument gestante.
1
La réalisation de la paracentèse abdominale (photo E.N.V.L.).
Encadré 1 - Les indications et les contre-indications Particulièrement indiquée pour l’évaluation d’un cheval en coliques aiguës, chroniques ou récurrentes, la paracentèse abdominale peut également être réalisée dans le cadre de l’exploration d’un amaigrissement, d’un diagnostic de péritonite, d’une tumeur intra-abdominale, ou encore d’une rupture de vessie. ● La paracentèse abdominale est en général déconseillée chez la jument gravide en raison des risques de lésion des enveloppes fœtales et de la paroi utérine, particulièrement au delà du 7e mois de gestation (figure 1). ● Il en est de même lors de forte présomption de surcharge du côlon par du sable ou de distension gazeuse. ● La paracentèse est inutile et peut même faire perdre un temps précieux si la décision chirurgicale a déjà été prise suite aux résultats de l’examen et à l’évolution clinique. ●
Figure 1 - La position de l'utérus de la jument gestante en fonction du stade de la gestation (D’après Department of Anatomy, University of Bristol)
Essentiel ❚ L’indication principale de la paracentèse abdominale est l’évaluation d’un cheval en coliques aiguës, chroniques ou récurrentes. ❚ Les autres indications sont : - l’exploration d’un amaigrissement ; - le diagnostic de péritonite ; - une tumeur intra-abdominale ; - une rupture de vessie. ❚ Au-delà du 7e mois de gestation, cet examen est contre-indiqué. ❚ Réaliser une contention à l’aide d’un tord-nez. La sédation est rarement nécessaire. ❚ Recueillir au moins 1 ml de liquide, sur tube E.D.T.A. pour la cytologie, et sur tube sec pour le dosage des protéines et la biochimie.
LES RÉSULTATS L’analyse du liquide péritonéal permet de mettre en évidence des lésions inflammatoires, vasculaires ou ischémiques du gros intestin, qui peuvent indiquer une intervention chirurgicale [2]. ● La séquence des événements qui surviennent lors de lésion vasculaire aiguë est ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 223
nutrition comment modifier l’alimentation
Géraldine Blanchard
d’une jument gestante
Les besoins nutritionnels de la jument n'évoluent réellement qu'à partir du 8e mois de gestation. Selon que la jument appartient à un particulier, ou qu'elle est dans un élevage qui attend un poulain par an et qui utilise au maximum les pâturages, les besoins de la jument et son alimentation diffèrent.
S
i la jument est adulte (5 ans et plus) et entre dans son premier cycle de reproduction, elle doit simplement être considérée en gestation et nous allons voir quelles adaptations s'imposent. ● Si elle est encore en croissance, ses besoins de fin de croissance viennent s'ajouter à ses besoins de gestation. Nous ne traitons pas ce sujet ici. ● Si elle est suitée alors qu'une nouvelle gestation commence, la jument est généralement tarie vers le 5e mois de gestation, c'està-dire avant que cette gestation ait un impact sur les besoins nutritionnels. Cependant, entre le sevrage du poulain précédent et la fin de gestation, il convient d'adapter l'alimentation pour que la jument arrive en fin de gestation avec un état corporel satisfaisant, ni trop maigre ni trop grasse, de manière à limiter les risques de poulinage et à préparer au mieux la future lactation. Ce cas peut nécessiter d’augmenter d’un demi à 1 kg par jour les apports de concentrés si la jument est trop maigre, ou de les diminuer par rapport aux habitudes si elle est trop grasse, en favorisant une ration simple : fourrage + complément minéral et vitaminique (photo). LA JUMENT GESTANTE EST D'ABORD UN HERBIVORE ! En France, les poulinages sont centrés sur le mois de mars (un peu plus tard pour les chevaux de selle, un peu plus tôt pour les chevaux de course), ce qui signifie que les quatre derniers mois de gestation correspondent à l'hiver, période où, même dans la région Ouest, l'herbe est plutôt rare. ● La plupart des juments en fin de gestation reçoivent donc un fourrage conservé, qu'il s'agisse de foin ou, plus rarement, d'enru●
Service de nutrition E.N.V.A. 7, avenue du Général-De-Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
banné. Les autres peuvent profiter d’une herbe de printemps plutôt pauvre, et pas toujours abondante, ceci étant variable selon les régions, les surfaces disponibles par jument, les années et la conduite d’élevage (jument au pré la journée rentrée la nuit, ou sortie seulement l’après midi…). ● L’essentiel est que ce fourrage, frais ou conservé, soit disponible à volonté pour le cheval, et a fortiori pour la jument en fin de gestation, compte tenu de l’augmentation de ses besoins et de son appétit. En effet, jusqu'au 8e mois de gestation, la jument peut voir tous ses besoins nutritionnels couverts par un bon fourrage, pour peu que la quantité dont elle dispose soit suffisante (au moins 2 kg d'équivalent foin pour 100 kg de poids corporel), et par la mise à disposition d'une pierre à sel enrichie en oligo-éléments (cuivre, zinc, sélénium). ● Il est probable que, dans les années à venir, la dose d’oligo-éléments, de cuivre en particulier, à délivrer dès le 6e mois de gestation soit revue à la hausse, si les essais de Pearce et coll. (1998) sont confirmés. Il n’est pas certain que l’apport testé par ces auteurs, chez le Pur-sang, soit 0,5 mg Cu/kg de poids vif per os pour la jument durant 13 à 25 semaines avant le poulinage en dose de charge toutes les trois semaines, correspondant à 250 mg de Cu par jour pour une jument de 500 kg, apporté sous forme de sulfate de cuivre, soit idéal pour limiter les troubles ostéo-articulaires juvéniles du poulain à croissance rapide, au moins dans sa composante alimentaire. À l’avenir, d’autres essais permettront de mieux cerner les doses et les sources d’apports, des chélates par exemple. ● Si la jument fournit un travail, comme une jument de loisir qui peut être montée jusqu’à un stade assez avancé de gestation, des aliments concentrés doivent le plus souvent être ajoutés pour couvrir la dépense énergétique, à raison approximativement de 1 à 2 kg de concentré par heure de travail, selon l'intensité et selon que l’animal sort en manège ou en extérieur.
Objectif pédagogique Savoir bien nourrir une jument gestante.
La jument gestante doit être en état corporel normal, ni trop maigre ni trop grasse. Le fourrage et l'eau doivent être disponibles à volonté (photo G. Blachard).
Essentiel ❚ Le fourrage, frais ou conservé, doit être disponible à volonté pour le cheval, et a fortiori pour la jument en fin de gestation. ❚ La jument en fin de gestation a des besoins nutritionnels augmentés, mais pas dans les mêmes proportions pour chaque nutriment. ❚ Une analyse alimentaire annuelle minimale permet de connaître la teneur du fourrage en énergie et en azote.
LES BESOINS AUGMENTENT RÉELLEMENT APRÈS LE 7e MOIS À partir du 8e mois de gestation, il est nécessaire de modifier la ration car les besoins nutritionnels de la jument évoluent, en raison ●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 227
management la responsabilité du vétérinaire : l’exemple de l’échographie
chez la jument
Avant de réaliser un examen sur une jument gestante, le vétérinaire a un “devoir d’information et de conseil” envers le propriétaire de l’animal. Deux décisions de la cour d’appel de Caen ont été favorables au propriétaire.
L
a gestation chez la jument est une période propice à l’intervention du vétérinaire, qui met en œuvre certains examens nécessaires, ou simplement utiles, au suivi de l’animal. Comme tout professionnel, le vétérinaire peut engager sa responsabilité à l’égard du propriétaire de l’animal sur trois fondements juridiques principaux : 1. l’obligation contractuelle de moyens sur les soins ; 2. l’obligation contractuelle de résultat sur le matériel utilisé ; 3. le devoir d’information et de conseil. ● Cet article s’intéresse au3e : la mise en œuvre du devoir d’information et de conseil dans le cadre de la réalisation d’une échographie. ● De façon schématique et par principe, le devoir d’information concerne le fait de porter à la connaissance du propriétaire de l’animal les renseignements sur les risques encourus lors de cet examen, en dehors de toute appréciation particulière sur l’opportunité de le réaliser. ● Le devoir de conseil complète le devoir d’information en ce qu’il concerne l’avis que doit donner le vétérinaire au propriétaire sur l’opportunité de mettre en œuvre l’examen, dans ce cas précis. ● Ces deux notions ne se confondent pas, dès lors qu’un vétérinaire peut avoir bien informé son client, mais l’avoir mal conseillé. ● Le but recherché par les tribunaux est de permettre au propriétaire d’autoriser ou de ne pas autoriser l’examen en toute connaissance de cause, c’est-à-dire en ayant été complètement éclairé lors de la prise de sa décision. C’est la notion jurisprudentielle de "consentement éclairé" que retiennent les magistrats pour envisager l’éventuelle faute du praticien.
Nicolas Barety Avocat Membre de l’Institut du Droit Équin 29, avenue de Suffren 75007 Paris
Objectif pédagogique Définir la responsabilité du vétérinaire dans le cadre des examens réalisés lors de la gestation chez la jument.
● Rappelons que : - l’obligation d’informer concerne même les risques exceptionnels ; - c’est au praticien qu’il appartient de prouver qu’il a satisfait à son obligation d’information et de conseil. ● Au regard de ces rappels juridiques, il convient de s’intéresser à deux décisions de la cour d’appel de Caen, juridiction très largement sollicitée en matière de droit équin, compte tenu de sa compétence territoriale.
CONDAMNÉ CAR PAS DE CONSENTEMENT ÉCLAIRÉ
NOTE * Cour d’appel de Caen, 1re chambre, 26.01.1989, jurisdata 1989-040096.
Essentiel
La décision de la cour d’appel de Caen du 26 janvier 1989* est relative aux investigations menées par un vétérinaire recherchant l’état de vacuité ou de gestation d’une jument. ● Après une exploration manuelle du rectum, a priori insuffisante, le vétérinaire décide de réaliser une échographie par voie rectale. ● Au cours de l’examen échographique survient une contraction brutale de la paroi rectale, qui entraîne son endommagement. La blessure réalisée devient le siège d’une infection microbienne suivie d’une péritonite aiguë septique entraînant la mort de la jument. ● Le propriétaire met en cause la responsabilité civile professionnelle du vétérinaire et lui reproche, non pas le caractère fautif de la blessure, mais le non respect de son obligation d’information et de conseil. ● La cour d’appel de Caen accueille favorablement les demandes d’indemnité du propriétaire en retenant les deux motifs suivants : 1. le vétérinaire ne démontre pas avoir obtenu de son client un "consentement éclairé" sur sa décision d’accepter l’examen ; 2. l’examen échographique litigieux n’était pas indispensable, mais seulement utile. ● S’agissant du 1 er motif, la Cour d’appel applique une jurisprudence désormais
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❚ Le devoir d’information concerne le fait de porter à la connaissance du propriétaire de l’animal les renseignements sur les risques encourus. ❚ Le devoir de conseil concerne l’avis que donne le vétérinaire au propriétaire sur l’opportunité de mettre en œuvre l’examen. ❚ L’obligation d’informer concerne même les risques exceptionnels. ❚ C’est au praticien qu’il appartient de prouver qu’il a obtenu le “consentement éclairé” du propriétaire.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 231
revue internationale tous les articles parus ce dernier trimestre classés par thème LOCOMOTEUR Hill AE, Gardner IA, Carpenter TE, Stover SM. Effects of injury to the suspensory apparatus, exercice, and horseshoe characteristics on the risk of lateral condylar fracture and suspensory apparatus failure in forelimbs of thoroughbred racehorse. AJVR, 2004;65 (11):1508-17. ● Erichsen C, Eksell P, Roethlisberger Holm K, Lord P, Johnston C.Relationship between scintigraphic and radiographic evaluation. of spinous processes in thoracolumbar spine in riding horses without clinical signs of back problems. Equine Vet J, 2004;36(6):458-65. ● Parkin TD, Clegg PD, French NP, Proudman CJ, Riggs CM, Singer ER, Webbon PM, Morgan KL. Race- and course-level risk factors for fatal distal limb fracture in racing Thoroughbreds. Equine Vet J, 2004;36(6):521-6. ● Parkin TD, Clegg PD, French NP, Proudman CJ, Riggs CM, Singer ER, Webbon PM, Morgan KL. Horse-level risk factors for fatal distal limb fracture in racing Thoroughbreds in the UK. Equine Vet J, 2004;36(6):513-9. ● Johnston C, Holm KR, Erichsen C, Eksell P, Drevemo S. Kinematic evaluation of the back in fully functioning riding horses. Equine Vet J, 2004; 36(6):495-8. ● Erichsen C, Eksell P, Holm KR, Lord P, Johnston C. Relationship between scintigraphic and radiographic evaluations of spinous processes in the thoracolumbar spine in riding horses without clinical signs of back problems. Equine Vet J, 2004; 36(6):458-65. ● Backstrom KC, Bertone AL, Wisner ER, Weisbrode SE. Response of induced bone defects in horses to collagen matrix containing the human parathyroid hormone gene. AJVR, 2004; 65(9): 1223-32. ● Pietra M, Guglielmini C, Nardi S, Gandini G, Cipone M. Influence of weight bearing and hoof position on Doppler evaluation of lateral palmar digital arteries in healthy horses. AJVR, 2004;65 (9):1211-5. ●
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rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 et Louis-Marie Desmaizières2 1 Département hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Département
des sciences cliniques des animaux de sport et de loisirs E.N.V.T., 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex
gic variables in awake or halothane-anesthetized horses. JAVMA,2004;225 (4):560-6. ● Boyle AG, Higgins JC, Durando MM, Galuppo LD, Werner JA, DeCock HEV. Management of hemodynamic changes associated with removal of a large abdominal myofibroblastic tumor in a pony. JAVMA, 2004;225(7): 1079-1083. ● Brosnan RJ, LeCouteur RA, Steffey EP, Imai A, Farver TB. Intracranial elastance in isofluraneanesthetized horses. AJVR, 2004;65(8): 1042-6.
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Comparison of 4 blood storage methods in a protocol for equine pre-operative autologous donation. Vet Surg, 2004;33:475-86.
DIGESTIF ● Tomlinson JE, Blikslager AT. Effects of ischemia and the cyclooxygenase inhibitor flunixin on in vitro passage of lipopolysaccharide across equine jejunum. AJVR, 2004;65(10):1377-83. ● Cohen ND, Lester GD, Sanchez LC, Merrit AM, Roussel Jr AJ. Evaluation of risk factors associated with development of postoperative ileus in horses. JAVMA, 2004;225(7):1070-8.
PHARMACOLOGIE ● Toutain PL, Cester CC. Pharmacokinetic-pharmacodynamic relationships and dose response to meloxicam in horses with induced arthritis in the right carpal joint. AJ.R, 2004;65(11):1533-41. ● Toutain PL, Reymond N, Laroute V, Garcia P, Popot MA, Bonnaire Y, Hirsch A, Narbe R. Pharmacokinetics of meloxicam in plasma and urine of horses. AJVR, 2004;65(11), 1542-7. ● Sanchez LC, Murray MJ, Merritt AM. Effect of omeprazole paste on intragastric pH in clinically normal neonatal foals. AJVR 2004;65(8): 1039-41. ● Mealey KL, Matthews NS, Peck KE, Burchfield ML, Bennett BS, Taylor TS. Pharmacokinetics of R(–) and S(+) carprofen after administration of racemic carprofen in donkeys and horses. AJVR, 2004;65(11): 1479-82. ● Rötting AK, Freeman DE, Constable PD, Eurell JAC, Wallig MA. Effects of phenylbutazone, indomethacin, prostaglandin E2, butyrate, and glutamine on restitution of oxidant-injured right dorsal colon of horses in vitro. AJVR, 2004;65(11):1589-95.
HYGIÈNE ● Zubrod CJ, Farnsworth KD, Oaks JL. Evaluation of arthrocentesis site bacterial flora before and after four methods of preparation in horses with and without evidence of skin contamination. Vet Surg, 2004;33:525-30.
ANESTHESIE Lin HC, Johnson CR, Duran SH, Waldridge BM. Effects of intravenous administration of dimethyl sulfoxide on cardiopulmonary and clinicopatholo-
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REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 233
un panorama des meilleurs articles d’équine Respiratoire
LES EFFETS D’UNE UNIQUE SÉANCE D’ACUPUNCTURE CHEZ DES CHEVAUX atteints d’obstruction récurrente sévère des voies respiratoires
Objectif de l’étude ❚ Évaluer l’efficacité d’une seule séance d’acupuncture pour soulager les chevaux atteints de "pousse", et diminuer l’obstruction des voies respiratoires, comme cela est utilisé pour traiter l’asthme chez l’Homme.
Equine Veterinary Journal, 2004;36(6):489-94 The effects of a single acupuncture treatment in horses with severe recurrent airway obstruction Wilson DV, Lankenau C, Berney CE, Peroni DL, Mullineaux DR, Robinson NE Synthèse par Nicolas Latouche, E.N.V.T.
Matériel et méthode
Résultats
- Une unique séance d’acupuncture a été testée sur 10 chevaux atteints d’obstruction récurrente des voies respiratoires (R.A.O.). - Dans une 2de étude, l’effet d’enlever les chevaux d’un milieu fermé et poussiéreux a également été testé sur cinq chevaux souffrant de R.A.O. - Avant traitement, les 10 chevaux ont été mis dans une écurie pour induire l’obstruction et, hormis les déplacements au laboratoire pour les mesures de la fonction pulmonaire, ils sont restés dans cette écurie pour la durée de chaque traitement. - La sévérité de l’obstruction a été quantifiée par des mesures de la fonction pulmonaire avant traitement et à 20, 60, 120, 240 min et 24 h après les traitements suivants administrés en ordre aléatoire : 1. une contention en licol et caresses ; 2. une unique séance d’acupuncture réalisée par une personne expérimentée ; 3. une unique séance d’acupuncture réalisée par un vétérinaire sans expérience en acupuncture et utilisant des points prédéterminés. - Dans la 2de étude, les cinq chevaux n’ont pas été traités et ils étaient, soit enfermés dans l’écurie (sans transport au laboratoire), soit sortis dans un paddock, pour les mesures de la capacité pulmonaire, après les mesures de base faites.
- Dans la 1re étude, après chaque traitement, une amélioration temporaire de moins de 24 h a été notée dans les mesures de la dépression pleurale, de la résistance pulmonaire, de la compliance dynamique, de la fréquence respiratoire, et du volume courant. Il n’y a pas d’effets significatifs d’un unique traitement d’acupuncture. - Dans la 2de étude, le fait d’enlever les chevaux de l’environnement poussiéreux n’a pas entraîné d’amélioration de la fonction pulmonaire dans les 6 premières heures. - Le fait d’emmener les chevaux au laboratoire dans la 1re étude pour effectuer les mesures ne change donc pas la réaction des chevaux. Conclusion - Les améliorations de la capacité pulmonaire observées dans cette étude sont majoritairement dues à la manipulation des chevaux grâce à un effet placebo. - Une unique séance d’acupuncture, réalisée par un professionnel ou non, durant une attaque de "pousse", ne donne pas plus d’effets que de caresser le cheval. - L’acupuncture ne doit pas remplacer les traitements allopathiques conventionnels pour traiter la l’obstruction récurrente des voies respoiratoires ❒
ÉVALUATION DE LA FLORE BACTÉRIENNE SUR UN SITE D’ARTHROCENTÈSE AVANT ET APRÈS L’UTILISATION DE QUATRE MÉTHODES
Hygiène
de préparation des chevaux, avec et sans trace de contamination cutanée
Objectif de l’étude ❚ Évaluer l’efficacité sur la flore bactérienne cutanée de quatre méthodes de préparation à la povidone iodée de sites d’arthrocentèse, chez le cheval, avec et sans trace de contamination cutanée.
Veterinary Surgery, 2004;33:525-30 Evaluation of arthrocentesis site bacterial flora before and after four methods of preparation in horses with and without evidence of skin contamination Zubrod CJ, Farnsworth KD, Oaks JL Synthèse par Maxime Birague, E.N.V.T.
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 234 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
Matériel et méthode
Résultats
- Il s’agit d’une étude prospective randomisée sur 24 chevaux adultes. Les chevaux sont séparés en deux groupes en fonction de leur environnement et des traces visuelles de contamination : l’un propre, l’autre contaminé. - Grâce à l’utilisation d’écouvillons humides stériles, des échantillons de cultures microbiennes sont obtenus à partir de la peau de l’articulation interphalangienne distale, immédiatement avant et après préparation. - Chaque site de prélèvement est préparé de façon aseptique avec l’une des quatre techniques utilisant la povidone iodée : 1. un scrub de 10 min ; 2. un scrub de 5 min ; 3. trois scrubs de 30 s ; 4. l’utilisation d’une solution iodée chirurgicale commerciale. - Les colonies formant unités (C.F.U.s) sont déterminées pour chaque prélèvement, 24 h après l’inoculation sur des boîtes de gélose de sang.
- La moyenne de C.F.U.s par millilitre pré-scrub est significativement plus élevée dans le groupe contaminé que dans le groupe propre. - Après préparation des sites d’arthrocentèse, il n’y a pas de différences significatives dans la moyenne de C.F.U.s par millilitre post-scrub, quelle que soit la technique utilisée. Il n’y a pas non plus de différences significatives entre le groupe propre et le groupe contaminé.
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Conclusion - La préparation du site d’arthrocentèse de l’articulation interphalangienne distale avec chacune des techniques diminue de façon significative la flore bactérienne à un niveau similaire chez les chevaux, qu’ils aient des traces de contamination cutanée ou non. - La préparation aseptique de la peau de l’articulation interphalangienne distale peut être réalisée avec n’importe laquelle de ces quatre techniques. ❒
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine TECHNIQUE DE VOLET DE MUQUEUSE VAGINALE pour traiter les fistules recto-vaginales chez les juments 3. Le temps post-opératoire - Les fistules recto-vaginales sont un défi chirurgi-
Chirurgie tissus mous
cal en raison de la mauvaise visibilité opératoire, des contaminations bactériennes et du péristaltisme rectal. Différentes techniques sont décrites, mais les échecs sont fréquents. - Cette technique de volet de muqueuse vaginale, utilisée dans cette étude sur trois juments, permet de produire une source de tissu pour la cicatrisation en diminuant les points de tension.
- Une administration de flunixine méglumine (1,1 mg/kg, une fois/j) est réalisée pendant 3 jours. - Les juments sont ensuite placées en box pendant 10 jours, puis elles retournent chez leur propriétaire. Pendant ces 10 jours, l’alimentation destinée à ramollir les crottins est poursuivie. - Un contrôle est effectué après 6 semaines et un autre après 6 mois.
Matériel et méthode
Résultats - Deux juments ont cicatrisé par 1re intention sans complications. Pour la troisième, deux points supplémentaires ont été posés suite à une déhiscence partielle le 10e jour. - À 6 semaines, les trois fistules étaient cicatrisées. - Une des juments a pouliné, sans complications.
1. Le temps pré-opératoire - Une semaine avant l’intervention, les juments sont nourries à base de son et de mélasse afin de ramollir les crottins. - Juste avant la chirurgie, une vidange manuelle et un lavage du rectum sont effectués et un spasmolytique administré (30 ml par injection intraveineuse de Buscopan®). Les juments sont tranquillisées et 6 ml d’hydrochloride de mepivacaïne injectés par voie épidurale basse. 2. La technique chirurgicale - La queue est écartée du champ opératoire et les lèvres vulvaires fixées de façon latérale à la peau par un point simple. - Les bords de la fistule sont débridés. - Une incision en forme de U dans la muqueuse et la sous-muqueuse vaginale de façon latérale et ventrale à la fistule permet de former un volet pédiculé d’une épaisseur de 2 à 4 mm. - La taille de la base du volet, située à 1-2 mm de la fistule, correspond à la profondeur de la fistule et, au minimum, aux deux tiers de sa propre longueur. Celle-ci doit permettre au volet, soulevé pour couvrir la fistule, de dépasser d’1 à 2 mm des marges de la fistule. - Le volet est fixé par des points simples à intervalle approximatif d’1 mm. Ils traversent l’épaisseur du volet et la sous-muqueuse vaginale, et ne doivent pas pénétrer le rectum. - Un antiseptique est déposé sur la plaie formée dans la paroi vaginale, qui cicatrise par 2e intention.
Discussion - L’avantage principal de cette technique est d’éviter les tensions sur la cicatrice de la fistule rectovaginale. - Il est important, pour la réussite de la procédure, que le volet soit d’une épaisseur suffisante, que sa largeur mesure au moins les deux tiers de sa longueur et que sa rotation n’excède pas 90°, afin de préserver sa vascularisation. - Les autres principes à respecter sont les suivants : gérer la consistance des crottins en période périopératoire et au début de la cicatrisation ; débrider de façon adéquate la fistule ; imperméabiliser les points pour éviter la contamination fécale. - Il convient aussi de lutter contre la douleur qui peut être à l’origine de constipation. - La relaxation périnéale (anesthésie épidurale) et la rétraction des lèvres vulvaires permettent une visibilité et un accès acceptables. - La cicatrice obtenue par cette technique est discrète et n’affecte pas la défécation. Le tissu de cicatrisation est moins épais que les autres tissus, mais il ne s’est pas déchiré lors du poulinage ❒ d’une des juments.
Objectif de l’étude ❚ Évaluer l’utilisation de la technique de volet de muqueuse vaginale pour traiter les fistules recto-vaginales chez les juments.
Veterinary Surgery, 2004;33(5):517-21 A vaginal mucosal pedicle flap technique for repair of rectovaginal fistula in mares Schönfelder AM, Sobiraj A
Synthèse par Aurélie Guezennec, E.N.V.T.
Digestif
APERÇU DE L’UTILISATION DES PROKINÉTIQUES chez les chevaux présentant des lésions gastro-intestinales Matériel et méthode Un questionnaire électronique (21 questions) est envoyé à 112 diplômés de l’American College of Veterinary Surgeon (A.C.V.S.) qui réalisent des interventions chirurgicales abdominales. Résultats - Cinquante-huit chirurgiens (52 p. cent) de 44 cliniques ont répondu. - Le choix de l’agent prokinétique pour des conditions gastro-intestinales spécifiques est relativement uniforme. Mais des variations considérables existent dans la dose administrée. - Pour l’iléus post-opératoire, associé à la plupart des lésions intestinales, le choix se porte communément sur la lidocaïne à 2 p. cent. Les autres prokinétiques, dans l’ordre décroissant de leur
fréquence d’utilisation, sont : le lactobionate d’érythromycine, le métoclopramide et le cisapride. - Ces agents sont le plus souvent administrés après des strangulations obstructives de l’intestin grêle et moins utilisés pour des lésions du colon. - Aucun nouvel agent n’est identifié dans les réponses au questionnaire. Conclusion - Les prokinétiques sont communément employés pour la gestion ou l’atténuation des iléus post-opératoires chez les chevaux, mais les doses et les voies d’administration diffèrent. - De nouvelles études sont alors indispensables pour définir les doses efficaces et développer de ❒ nouveaux agents prokinétiques.
Objectif de l’étude ❚ Présenter les stratégies d’utilisation des prokinétiques dans la gestion des chevaux après les chirurgies gastro-intestinales. Veterinary Surgery, 2004;33(3):279-85 Survey of prokinetic use in horses with gastrointestinal injury Van Hoogmoed LM, Nieto JE, Snyder JR, Harmon FA Synthèse par Maxime Birague, E.N.V.T.
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 235
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine LE CURETAGE PÉRIAPICAL : UNE APPROCHE CHIRURGICALE ALTERNATIVE pour les dents mandibulaires molariformes chez le cheval
Dentisterie
Matériel et méthode
Objectif de l’étude ❚ Évaluer une nouvelle approche pour traiter les infections périapicales des dents mandibulaires molariformes en laissant la dent infectée en place.
Veterinary Surgery, 2004;33:267-71 Periapical curettage : an alternative surgical approach to infected mandibular cheek teeth in horses Carmalt JL, Barber SM
Synthèse par Nicolas Latouche, E.N.V.T.
- Une étude rétrospective est réalisée sur 11 chevaux âgés de 3 à 13 ans, atteints d’une infection d’au moins une dent molariforme (au niveau de sa partie périapicale) sur la mandibule. - Les suivis hospitaliers, de 1992 à 2002, de ces 11 chevaux traités par drainage périapical pour soigner l’infection de la racine dentaire, sont rapportés. Les signes cliniques et les examens radiographiques (avec parfois une fistulographie) sont examinés pour identifier la dent atteinte. - L’intervention sous anesthésie générale consiste à ouvrir jusqu’à l’alvéole dentaire par abord ventral de la mandibule. Les racines dentaires ne sont pas enlevées et la pulpe dentaire n’est pas exposée. Les plaies sont laissées ouvertes pour permettre le drainage et guérissent par seconde intention. - Les résultats sont obtenus par téléphone pour sept chevaux et par examen clinique pour deux chevaux. Résultats - Onze chevaux (14 dents infectées) ont subi un drainage périapical. - Le suivi moyen est de 41 mois. Deux chevaux n’ont pu être suivis. - Deux chevaux (22 p. cent) ont une répulsion
Locomoteur
Objectifs de l’étude ❚ Décrire et comparer les observations à la scintigraphie et à la radiographie des processus épineux chez des chevaux de selle sans signes cliniques de problèmes de dos.
Equine Veterinary Journal, 2004;36(6):458-65 Relationship between scintigraphic and radiographic evaluation of spinous processes in thoracolumbar spine in riding horses without clinical signs of back problems Erichsen C, Eksell P, Roethlisberger Holm K, Lord P, Johnston C
Synthèse par Boubker Elmouhaine, E.N.V.L.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 236 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
Conclusion Le drainage périapical apparaît comme une bonne option pour les infections périapicales des dents molariformes sur la mandibule. Discussion - Le fait de laisser la dent infectée en place prévient les anormalités de l’arcade dentaire à long terme, contrairement à l’extraction ou à la répulsion dentaire. - Les dents infectées dans les 2 ans suivant leur éruption n’ont pas eu de façon significative plus d’échec, au contraire de ce que décrivent Kirkland et al. - Deux chevaux ont présenté des signes de douleur à la manipulation de la dent infectée ; ce sont les deux chevaux qui ont subi une répulsion dentaire. Ceci peut être dû à une petite (mais importante) affection dentaire qui n’aurait pas été détectée. - La profondeur des poches périodontales autour de la dent infectée serait un indicateur du succès thérapeutique du drainage périapical pour savoir si la dent peut être conservée (Stock). ❒
RELATION ENTRE L’ÉVALUATION À LA SCINTIGRAPHIE ET À LA RADIOGRAPHIE DES PROCESSUS ÉPINEUX DES VERTÈBRES THORACO-LOMBAIRES chez des chevaux de selle, sans signes clinique de problèmes de dos - Les caractéristiques anatomiques de la colonne vertébrale chez le cheval rendent l’examen clinique et l’imagerie difficiles à réaliser. - À l’heure actuelle, il n’existe pas de relation établie entre l’étude radiographique et l’étude scintigraphique chez des chevaux normaux. C’est dans cette perspective que cette étude a été menée. Matériel et Méthode - L’étude porte sur 33 chevaux de selle cliniquement sains qui subissent un examen scintigraphique et radiographique. - L’examen scintigraphique consiste en des vues latérales obliques de gauche et de droite au niveau de la colonne vertébrale thoracolombaire. - Les résultats sont classés en 4 classes en fonction du degré de fixation du produit radioactif le long de la portion T10-L2 de la colonne vertébrale. - L’évaluation radiographique a pris en considération et la présence de sclérose, ou de zone de radio-luminescence, au niveau de chaque processus épineux, la mesure de la distance des espaces interépineux. Résultats
REVUE INTERNATIONALE
dentaire consécutive à la chirurgie ; sept chevaux (78 p. cent) guérissent complètement, bien que deux gardent un peu d’œdème mandibulaire.
- Seuls 7 chevaux ne présentent aucun trouble, ni
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à la scintigraphie, ni à la radiographie. - Neuf chevaux ne présentent aucun trouble à la scintigraphie. - Dix-sept chevaux ne présentent pas de lésion de sclérose. - Vingt et un chevaux ne présentent pas de zones de radio-luminescence. - Onze chevaux présentent des espaces interépineux normaux. - La majorité des lésions sur l’ensemble des chevaux se localise entre T13 et T18. - La relation entre les différentes observations est très significative. - Il existe une relation entre l’augmentation de l’âge et la diminution de l’espace interépineux, cette relation peut être qualifier de significative. Conclusion - Cette étude montre que la présence d’anomalies au niveau de la scintigraphie ou de la radiographie semble n’avoir aucune signification clinique. - Une comparaison de ces résultats avec d’autres études sur des chevaux avec des signes cliniques peut apporter des éléments de réponse sur la relation entre la présence de lésions et la déclaration ou non des signes cliniques. ❒
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine RELATIONS PHARMACOCINÉTIQUE-PHARMACODYNAMIQUE ET DOSE-EFFET DU MELOXICAM CHEZ DES CHEVAUX présentant une arthrite induite sur l’articulation du carpe droit Matériel et méthode - L’étude concerne 6 chevaux vivant dans les mêmes conditions d’habitat, d’alimentation et d’exercice. - L’arthrite est induite par l’injection d’un adjuvant complet de Freund dans le carpe droit de chaque cheval. La première injection de meloxicam est administrée 8 jours après celle de l’adjuvant. - Différentes doses de meloxicam sont attribuées à chaque cheval (0 ; 0,25 ; 0,5 ; 1 ; 2 mg/kg), l’administration se fait par voie intraveineuse. Plusieurs prises de sang sont effectuées à intervalle régulier après chaque injection de meloxicam. - Afin d’apprécier les effets du meloxicam, les paramètres de score de boiterie (noté de 0 à 20) et de longueur de foulée ont été pris en compte. - Une analyse statistique permet de quantifier la relation dose-effet du meloxicam. L’analyse pharmacocinétique-pharmacodynamique est fondée sur les concentrations plasmatiques du meloxicam. Résultats - La relation dose-effet est significative pour la
Pharmacologie
longueur de foulée (p < 0.05) et le score de boiterie (p < 0.001). - La dose effective moyenne du meloxicam pour améliorer au mieux l’amplitude de la foulée (soit une augmentation de 11,15 p. cent) est de 0,12 mg/kg. De même, la dose effective moyenne pour améliorer au mieux le score de boiterie (soit une amélioration de 9,16 p. cent) est de 0,265 mg/kg. - L’analyse pharmacocinétique-pharmacodynamique permet de déduire que la concentration plasmatique effective de meloxicam pour améliorer la longueur de foulée est de 130 ng/ml ; la concentration pour améliorer le score de boiterie est de 195 ng/ml. Conclusion - Cette étude suggère que le meloxicam est un anti-inflammatoire non-stéroïdien efficace chez le cheval. - L’analyse de tous les résultats permet de proposer une dose de 0,6 mg/kg/j, efficace lors d’étude ❒ clinique.
Objectif de l’étude ❚ Déterminer une relation dose-effet et le rapport entre les propriétés pharmacocinétiques et pharmacodynamiques du meloxicam afin de proposer une posologie adéquate et applicable pour les études cliniques.
American Journal of Veterinary Research, 2004;65(11):1533-41 Pharmacokinetic-pharmacodynamic relationships and dose response to meloxicam in horses with induced arthritis in the right carpal joint Toutain PL, Cester CC
Synthèse par Émilie Codron, E.N.V.L.
Parasitologie
LA PRÉVALENCE DE LA RÉSISTANCE DES CYATHOSTOMES aux anthelminthiques chez le cheval Matériel et méthode - L’étude porte sur 786 chevaux dans 44 élevages et écuries de Géorgie, de Caroline du Sud, de Floride, de Kentucky et de Louisiane (États-Unis). Ils sont âgés en moyenne de 8 ans (du sevrage à 29 ans). - Les chevaux sont répartis en quatre groupes traités respectivement avec une pâte orale à base de : 1. fenbendazole (5 mg/kg) ; 2. oxibendazole (10 mg/kg) ; 3. pamoate de pyrantel (6,6 mg base/kg) ; 4. ivermectine (0,2 mg/kg). Ils n'ont reçu aucun traitement anthelminthique depuis au moins 8 semaines. - Une coproscopie quantitative est réalisée avant le dosage, et un pourcentage de réduction du comptage des œufs fécaux (R.C.O.F.) est calculé pour chaque élevage et chaque anthelminthique après 10 et 14 jours d'administration des produits. Un modèle linéaire est établi pour les pourcentages de la R.C.O.F. selon les différences entre les élevages, l'âge et le traitement. Des R.C.O.F. inférieures à 90 p. cent indiquent la résistance de l’anthelminthiques dans un élevage. Les traitements sont considérés comme : - efficaces (parasites sensibles), si la réduction du comptage des œufs fécaux est supérieure 90 p. cent ; - douteux (suspicion de résistance), si elle se situe entre 80 et 90 p. cent ; - inefficaces (parasites résistants), si elle est inférieure à 80 p. cent.
Résultats - La réduction du comptage des œufs fécaux moyenne dans tous les élevages est de 24,8 p. cent pour le fenbendazole, 99,9 p. cent pour l'ivermectine, 73,8 p. cent pour l'oxibendazole et 78,6 p. cent pour le pamoate de pyrantel. - Selon les critères établis dans cette étude, la prévalence de résistance au fenbendazole est de 97,7 p. cent, à l'ivermectine de 0 p. cent, à l'oxibendazole de 53,5 p. cent, et au pamoate de pyrantel de 40,5 p. cent. - Les intervalles de confiance de 95 p. cent pour le pourcentage de R.C.O.F. dans les différents États et traitements ne permettent de prédire le statut de résistance ni pour l'ivermectine, ni pour l'oxibendazole, ni pour le pamoate de pyrantel. En revanche, l’intervalle de confiance maximal dans tous les États pour le fenbendazole est de 72,2 p. cent, qui suggère une résistance ubiquitaire pour cet anthelminthique. Conclusion - La résistance au fenbendazole, oxibendazole et pamoate de pyrantel prouvée dans cette étude est plus grande que lors d’études précédentes. La résistance des cyathostomes aux anthelminthiques s’aggrave aux États-Unis et ailleurs. - En revanche, l'ivermectine continue à être efficace sur l'élimination des œufs dans les fèces. - Les résultats de l'étude révèlent une haute prévalence de cyathostomes résistants à plusieurs anthelminthiques : il devient donc nécessaire de réexaminer les programmes de contrôle des ❒ parasites internes.
Objectif de l’étude ❚ Déterminer la prévalence de la résistance aux anthelminthiques.
Journal of American Veterinary Medecine Association, 2004; 225(6):903-10 Prevalence of anthelmintic resistant cyathostomes on horse farms Kaplan RM, Klei TR, Lyons ET, Lester G., Courtney CH, French DD, Tolliver SC, Vidyashankar AN, Zhao Y Synthèse par Margalida Llodrà, E.N.V.L.
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 237
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine COMPARAISON DE QUATRE MÉTHODES DE STOCKAGE DE SANG pour un protocole de don de sang autologue pré-opératoire chez le cheval
Hématologie
- Le don de sang est une précaution intéressante à prendre lors de chirurgies comme celle des sinus, dont la principale complication per-opératoire est l'hémorragie. La transfusion autologue de sang est plus avantageuse que la transfusion homologue pour la longévité des érythrocytes transfusés et pour minimiser le risque transfusionnel. - Un délai suffisamment long entre le prélèvement et la transfusion, utile pour la récupération du cheval, justifie la nécessité d’un stockage approprié du sang.
Objectif de l’étude ❚ Déterminer les changements biochimiques et hématologiques qui se produisent lors du stockage de sang total, et comparer la viabilité du sang total stocké, selon quatre méthodes différentes.
Matériel et méthode
Comparison of 4 blood storage methods in a protocol for equine pre-operative autologous donation Mudge MC, MacDonald MH, Owens S, Tablin F
- L’étude comporte deux phases. Six chevaux sont prélevés à chaque phase. - Le sang de chaque cheval est collecté dans quatre récipients différents : ● une bouteille de verre contenant une solution d’acide-citrate-dextrose (A.C.D.) (récipient a) ; ● un sachet plastique contenant de l’A.C.D. (b) ; ● un sachet plastique contenant du citratephosphate-dextrose (C.P.D.) (c) ; ● un sachet plastique contenant du C.P.D. complémenté en adénine (C.P.D.A.-1) (d) - Le sang est conservé à une température comprise entre 1°C et 6°C et remué manuellement pendant 60 à 90 s, une fois par jour et avant prélèvement. - Des analyses hématologiques et biochimiques, réalisées respectivement lors des phases 1 et 2, sont effectuées régulièrement au cours des 5 semaines de stockage. - Une analyse statistique des variables est réalisée par comparaison des moyennes.
Synthèse par Maryline Clément, E.N.V.L.
Résultats - La concentration en hémoglobine (Hb) plasma-
Veterinary Surgery, 2004;33:475-86
❚ Déterminer les paramètres phamacocinétiques d'un anti-inflammatoire non stéroïdien, le meloxicam, chez les chevaux.
American Journal of Veterinary Research, 2004;65(11), 1542-7 Pharmacokinetics of meloxicam in plasma and urine of horses Toutain PL, Reymond N, Laroute V, Garcia P, Popot MA, Bonnaire Y, Hirsch A, Narbe R. Synthèse par Aurélie Wilczynski, E.N.V.L.
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 238 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005
Conclusion - L’étude suggère que, dans de bonnes conditions, le sang total peut être stocké pendant plusieurs semaines. - Cependant, le sang subit une détérioration lors du stockage, quel que soit le mode de conservation, et les altérations les plus significatives concernent les concentrations en 2,3-D.P.G., en Hb plasmatique, en lactate, en ammonium, en potassium et le pH. - Le sachet plastique contenant du C.P.D.A.-1 semble être le récipient permettant la meilleure ❒ conservation.
PHARMACOCINÉTIQUE DU MELOXICAM dans le plasma et dans l'urine des chevaux
Pharmacologie
Objectif de l’étude
tique, le pourcentage d’hémolyse, la concentration en lactate, en potassium, en ammonium et en lactate deshydrogénase (L.D.H.) augmentent tandis que la concentration en glucose et le pH diminuent durant le stockage selon toutes les méthodes. - Le pourcentage d’hémolyse s’avère significativement plus élevé lors de stockage dans le récipient a par rapport aux autres méthodes. En revanche, l'hématocrite est supérieur avec l'utilisation d'A.C.D. - La concentration en A.T.P. est clairement plus élevée lors du stockage dans le récipient d, et plus basse lors du stockage dans le récipient a. Le stockage dans le récipient d entraîne même une augmentation de la concentration en A.T.P. - La concentration en 2,3-D.P.G. décroît au cours du stockage mais la concentration lors de stockage dans le récipient d est supérieure à celle des autres méthodes. - La fragilité osmotique des érythrocytes augmente avec le temps dans toutes les méthodes, mais l'accroissement est plus nette lors du stockage dans les récipients a et b.
Matériel et méthode - L’étude a pour but de déterminer les concentrations urinaire et plasmatique du meloxicam et son élimination urinaire chez les chevaux lors d’une administration orale quotidienne durant 14 jours. Huit chevaux sains sont utilisés. - Durant la phase 1 de l’étude, les chevaux reçoivent une dose unique de meloxicam à 0,6 mg/kg. - En phase 2, ils sont divisés en deux groupes : le groupe 1 le reçoit par voie orale (per os), le groupe 2 par voie intraveineuse. - Sept jours après, les deux groupes sont inversés, le groupe 1 reçoit le meloxicam par voie intraveineuse et le groupe 2 per os. - Six semaines plus tard, les 8 chevaux reçoivent une administration quotidienne de meloxicam durant 14 jours. Ils sont nourris immédiatement après l’administration. - Les concentrations plasmatique et urinaire du meloxicam sont mesurées par des méthodes validées. Résultats - La clairance du plasma est basse (34 ml/kg/h, plus ou moins 0,5), le volume de distribution est
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limité à 0,12 l/kg (plus ou moins 0,018) et le temps de demie-vie est 8,54 h (plus ou moins 3,02). Après administration orale, la biodisponibilité est presque totale par rapport à l’alimentation, 98 p. cent (plus ou moins 12) chez les chevaux nourris et 85 p. cent (plus ou moins 19) chez les chevaux non nourris. - Lors d’administration quotidienne durant 14 jours, il n’a pas été mis en évidence d’accumulation de la molécule dans le plasma. - Le meloxicam est éliminé par l’urine avec une concentration urinaire de 13 (la concentration plasmatique est de 18). - Les concentrations ne sont pas détectées plus de 3 jours après la dernière administration. Conclusion - Les résultats de cette étude suggèrent que le même dosage de meloxicam peut être utilisé par voie orale ou intraveineuse, et que sa biodisponibilité n’est pas influencée par l’alimentation. - La dose de 0,6 mg/kg de meloxicam est appropriée à son administration quotidienne par voie ❒ orale chez les chevaux.
synthèse
l’utilisation de l’acide hyaluronique
Julie Carnus Julien Guillot
chez le cheval
Quel est le mode d’action de l’acide hyaluronique sur les affections articulaires à long terme ?
L
’acide hyaluronique est un glycosaminoglycane endogène utilisé dans le traitement de diverses affections articulaires. L’usage de cette molécule devrait donc faire l’objet de contrôle anti-dopage. L’objectif de l’étude “Acide hyaluronique chez le cheval : production physiologique, concentration dans le plasma et le liquide synovial, avant et après administration d’acide hyaluronique” de M.A. Popot et coll. [9] est double : 1. établir les concentrations physiologiques d’acide hyaluronique dans le plasma et dans le liquide synovial articulaire chez des chevaux de sport, après une compétition ; 2. les comparer aux mêmes concentrations chez des chevaux qui ont reçu, soit une injection intra-articulaire, soit une injection intraveineuse d’acide hyaluronique. MÉTHODES Les concentrations plasmatiques en acide hyaluronique ont été mesurées grâce à une méthode ELISA, les concentrations intra-articulaires par une méthode radiométrique. RÉSULTATS La moyenne du taux plasmatique en acide hyaluronique sur 120 chevaux moins d’une heure trente après une compétition est de
●
Figure 2 - Différences entre cartilage
89 ng/ml. Elle est de 328 +/- 112 mg/ml dans le liquide synovial. ● Après administration par voie intraveineuse de 37,8 mg in toto d’acide hyaluronique (correspondant aux doses recommandées), la demi-vie plasmatique est de 43 +/29 min, et la concentration plasmatique revient à la normale 3 h après administration. ● La production endogène quotidienne d’acide hyaluronique est de 33 +/- 164 mg/j in toto, c’est-à-dire une à quatre fois la dose thérapeutique recommandée par voie intraveineuse. ● 24 heures après une administration intraarticulaire d’acide hyaluronique, la concentration en acide hyaluronique n’est pas significativement différente des valeurs de référence (328 +/- 112 mg/ml).
Clinique équine E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03
Indication ❚ Traitement des affections articulaires.
La détection pour le contrôle antidopage d’acide hyaluronique semble difficile par le seul contrôle de la concentration de cette molécule dans l’organisme, en raison d’une disparition rapide de l’acide hyaluronique dans le plasma après administration intraveineuse, ou dans le liquide synovial après une administration intra-articulaire. ● Des méthodes de recherche différentes doivent donc être mises au point.
Figure 1 - L’inflammation d’une articulation traumatisée
●
Articulation normale
DISCUSSION Le mode d’action de l’acide hyaluronique ● Les figures 1, 2 et 3 illustrent les principes généraux de l’inflammation dans une articulation traumatisée.
Figure 3 - Les mécanismes cellulaires de l’inflammation articulaire
articulaire sain et lésé
Articulation traumatisée
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 239
test clinique les réponses
Maxime Birague Bruno Baup Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne
tératome ovarien chez une jument 1 Quelles peuvent être les affections responsables d’un "gros ovaire" ? ● Différentes affections peuvent entraîner l’augmentation de la taille d’un ovaire : - une tumeur ovarienne (encadré) ; - un hématome ovarien : une hémorragie peut apparaître dans la cavité folliculaire à la suite de l’ovulation, qui produit un corps hémorragique ; il ne cause en général pas de problème de fertilité mais provoque parfois un anœstrus temporaire de durée variable ; il régresse sans traitement après un laps de temps variable ; les tests de stimulation hormonale, l’imagerie, le moment d’apparition au cours du cycle et l’évolution permettent de le différencier d’une tumeur ovarienne ; - un abcès ovarien : rare, il apparaît généralement après une ponction de l’ovaire ; - un kyste ovarien, très exceptionnel, il semble correspondre à un follicule qui n’ovule pas et qui augmente de taille ; sa paroi peut partiellement se lutéiniser. ● Il est donc nécessaire d’effectuer des examens complémentaires pour différencier ces affections et établir un diagnostic. 2 Quels examens complémentaires effectuer ? L’examen échographique permet de caractériser un gros ovaire. ● La jument montre une hypertrophie de l’ovaire gauche et une masse liquidienne importante. Une zone hyperéchogène est observée, compatible avec un tissu non ovarien, comme une dent ou de l’os. ● Quatre hormones peuvent être dosées : ●
1. l’œstradiol : synthétisée par l’ovaire, elle accompagne le développement folliculaire ; dans ce cas, la valeur de l’œstradiol est de 113 pmol/l, compatible avec une période de diœstrus. 2. la progestérone : synthétisée par le corps jaune ; une augmentation de la progestéronémie qui accompagne une infertilité fait aussi penser à un corps jaune persistant ou à un lutéome. Cette jument a une progestéronémie augmentée, compatible avec un fonctionnement normal de l’ovaire controlatéral ; 3. la testostérone : la testostéronémie peut-être élevée lors de tumeur ovarienne (tumeur des cellules de la granulosa, essentiellement) ; 4. la prolactine : elle est stimulée par les œstrogènes et participe à la maturation ovocytaire, à la formation et au maintien du corps jaune ; elle est augmentée chez les chevaux stressés et chez certaines juments "pisseuses", avec ou sans liaison avec le cycle sexuel de ces juments ; il est possible de la faire doser, pour affiner le diagnostic. ● L’idéal est de réaliser quatre prélèvements à une semaine d’intervalle, pour avoir un suivi du cycle. Le dosage peut aussi être
Encadré - Les tumeurs ovariennes
a. La tumeur des cellules de la granulosa : c’est la plus fréquente ; elle produit différentes hormones. Ces tumeurs ont un effet direct sur la fonction sexuelle. Le comportement de la jument peut être modifié : de l’anœstrus à la nymphomanie, et même au virilisme. Il existe plusieurs formes de ces tumeurs. Certaines sont caractérisées par une ou deux structures liquidiennes de grande taille de type kystique. D’autres, plus fréquentes, se caractérisent par de multiples petites structures, de 10 à 15 mm de diamètre,
de type follicule ou petit kyste. Elles ont alors un aspect en "nid d’abeille". b. Le tératome : bien que rare, c’est la 2e tumeur ovarienne par sa fréquence. c. L’adénome, le cystadénome ovarien : d’origine épithéliale, ces tumeurs non sécrétrices sont très rares. d. Le lutéome est une tumeur des cellules lutéales, la jument est en général en anœstrus. e. Le dysgerminome : hautement maligne, non sécrétrice cette tumeur est issue de l’épithélium germinal de l’ovaire.
réalisé sur une prise de sang unique, à condition de connaître la phase du cycle œstral. ● En cas de tumeur ovarienne, les synthèses hormonales ne sont pas toujours modifiées. Les dosages hormonaux s’avèrent ainsi décevants. L’imagerie est alors préconisée. ● Un examen histologique sur une pièce d’exérèse chirurgicale est préférable à la biopsie ovarienne. L’examen histopathologique a ici permis de conclure à un tératome constitué de structures ovariennes (stroma essentiellement) et cutanées (épithélium kératinisé, poils, glandes).
3 Quel traitement mettre en place ? Quel est le pronostic ? ● L’exérèse chirurgicale est de rigueur dans les cas de néoplasie de l’ovaire. Dans ce cas, la persistance d’un ovaire gauche de taille augmentée et la présence de structures d’échogénicités hétérogènes oriente vers un phénomène néoplasique. ● Cette jument a subi une ovariectomie par laparotomie par le flanc gauche (technique de Marcenac), sous contrôle cœlioscopique. L’ovaire gauche présente une taille augmentée (photo 2). À l’ouverture, des poils et une dent sont trouvés à l’intérieur (photos 3, 4). ● Une période de repos de 15 jours au box est prescrite, puis la jument est sortie au pas en main pendant un mois, et mise dans un petit paddock (10 m x 10 m) le mois suivant. L’hémi-ovariectomie permet de conserver une cyclicité grâce à l’ovaire controlatéral. La reprise de la cyclicité dépend de l’animal et de la saison à laquelle est réalisée l’opération. Cette jument est revenue en chaleur au début de la saison suivante. Elle a été saillie et est actuellement gravide. ● Le pronostic vital est favorable (il peut varier avec le type de tumeur) et celui de reproductrice est favorable car l’ovaire restant permet d’assurer une cyclicité normale. ❒
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Des poils sont présents à l’ouverture de l’ovaire (photos L.M. Desmaizières).
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Une dent est mise en évidence à l’intérieur de l’ovaire.
Pour en savoir plus ● Catone G, Marino G, Mancuso R, Zanghi A. Clinicopathological features of an equine ovarian teratoma. Reprod domest. anim, 2004; 39(2):65-9. ● Colahan PT, Mayhew IG, Merrit AM, Moore JN. Equine medecine and surgery, 5th ed, Saint Louis, Mosby, 1999,2076p. ● Panciera RJ, Slusher SA, Hayes KE. Ovarian teratoma and granulosa cell tumor in two mares. Cornell vet, 1991;81(1):43-50.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine NOVEMBRE / DÉCEMBRE / JANVIER 2005 - 241