DOSSIER - LES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX CHEZ LES ÉQUIDÉS
Couv NPE 34 OK_Couverture NPE 27 23/12/2014 21:03 Page1
Volume 9
N°34 MAI / JUIN 2014 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV
(Comité de formation continue vétérinaire)
indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
• Veterinary Bulletin (CAB International)
• CAB Abstracts Database
LES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX CHEZ LES ÉQUIDÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°34 - MAI / JUIN 2014
- Comment réaliser un examen neurologique chez un équidé - Les encéphalopathies du cheval adulte : quels risques pour les équidés français ? - Le tétanos chez le cheval - Les atteintes traumatiques nerveuses périphériques des membres
DOSSIER :
LES AFFECTIONS
DU SYSTÈME NERVEUX Un amaigrissement, un manque de performance, ... : penser aux affections nerveuses qui sont à détecter précocement ...
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Revue de presse internationale: notre sélection en Ophtalmologie, Digestif, Chirurgie /Imagerie, Chirurgie osseuse, Thérapeutique
www.neva.fr
- Test clinique - Toux et jetage chez un cheval de 4 ans
- La myélopathie cervicale compressive chez le cheval
Âne - Les particularités du tétanos chez l’âne et le mulet
Rubriques - Geste Comment réaliser un prélèvement de liquide céphalorachidien - Analyse L’analyse biologique et cytologique du liquide céphalorachidien - Imagerie Sémiologie radiographique du syndrome de Wobbler chez le cheval
Sommaire NPE 34 BAT_Sommaire NPE 21 24/12/2014 12:02 Page3
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sommaire
Test clinique - Toux et jetage chez un cheval de 4 ans Caroline Marguet, Laurent Maurizi, Benoît Tainturier Éditorial - Agnès Leblond
DOSSIER SPÉCIAL 4 5
CHEVAL ET ÉQUIDÉS Dossier : les affections du système nerveux - Comment réaliser un examen neurologique chez un équidé Vincent Ammann, Isabelle Desjardins, Caroline Ammann - Les encéphalopathies du cheval adulte : quel risque pour les équidés français ? Céline Bahuon, Pierre Tritz, Stéphane Pronost, Cécile Beck, Agnès Leblond, Antonin Tortereau, Muriel Coulpier, Stéphan Zientara, Sylvie Lecollinet - Le tétanos chez le cheval Jean-Marc Person - Les atteintes traumatiques nerveuses périphériques des membres chez le cheval Sarah Ménager - La myélopathie cervicale chez le cheval Morgane Schambourg
N°34
LES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX chez les équidés
6
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ÂNE - Les particularités du tétanos chez l’âne et le mulet Ahmed Chabchoub, Zeyneb Gharbi
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RUBRIQUES - Geste - Comment réaliser un prélèvement de liquide cérébro-spinal chez le cheval Laurine Galant 43 - Analyse - L’analyse biologique et cytologique du liquide céphalorachidien Benoît Rannou 47 - Imagerie - Sémiologie radiographique du syndrome de Wobbler Eddy Cauvin, Emilie Segard 50
REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE
- Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain, Sophie Pradier - Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection par Claire Bouissonnié, Mylène Caillaud, Pascale Dussaud, Cyrielle Gabay, Camille Pinson, Aurélie Vigreux
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(CAB International)
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• CAB Abstracts Database
synthèse de deux études rétrospectives sur le succès thérapeutique
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV
- Digestif - Endotoxémie induite expérimentalement : les effets du clopidogrel
sur 12 juments adultes - Thérapeutique - Pharmacocinétique pulmonaire du desfuroylceftiofur après administration
(Comité de formation continue vétérinaire)
de ceftiofur sodique par nébulisation ou intramusculaire à des poulains sevrés - Thérapeutique - Facteurs associés à la survie de 148 chevaux en décubitus - Chirurgie osseuse - Ostectomie subtotale (coin crânial) : une nouvelle technique pour le traitement du conflit des processus épineux - Chirurgie / Imagerie - Névrectomie palmaire/plantaire chez des chevaux présentant des douleurs aux pieds évaluées par imagerie à résonance magnétique
Observations originales
Souscription d’abonnement en page 63 et sur www.neva.fr
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- Ophtalmologie - Phacoémulsification pour le traitement chirurgical de la cataracte :
Test clinique - les réponses Tests de formation continue - les réponses
revue de formation à comité de lecture
CHEVAL RUBRIQUE 64 67
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 MAI /JUIN 2014 - 197
4. Test clinique Q BAT_PP 4 Test clinique Q 23/12/2014 13:18 Page4
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Jean-François Bruyas (Oniris) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Marc Gogny (E.N.V.A.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) Stephan Zientara (Anses)
disponible sur www.neva.fr
toux et jetage chez un cheval de 4 ans
Caroline Marguet Laurent Maurizi Benoît Tainturier
Rédacteurs en chef scientifiques Eddy Cauvin (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Mathieu Lenormand (praticien) Sophie Pradier (E.N.V.T.)
Comité de rédaction Vincent Boureau (Comportement, praticien) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, Oniris) Louis-Marie Desmaizières (praticien) Jean-Yves Gauchot (praticien), Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, VetAgro Sup) Céline Mespoulhès-Rivière (Chirurgie, E.N.V.A.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Roland Perrin (Chirurgie, praticien) Jean-Marc Person (Immunologie, Oniris) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Florence Roque (Pharmaco-Toxicologie, VetAgro Sup) Fabrice Rossignol (Chirurgie, praticien) François Valon (Médecine interne, praticien) Youssef Tamzali (Médecine interne, E.N.V.T.) Rédacteur - rewriter Lolita Savaroc Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 61 € Institutions : 85 € T.T.C. Bibliothèques et admin : 120 € T.T.C. SARL au capital de 7622 €
1
Mauvais état général du cheval lors de l'admission (photo C. Marguet).
2
Hypertrophie des nœuds lymphatiques mandibulaires (photos B. Tainturier).
comité de lecture
Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey
Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0417 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux
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Vétérinaires des armées Antenne vétérinaire de Paris, Garde républicaine 18 boulevard Henri IV , 75181 PARIS Cedex 04
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n hongre Selle français de 4 ans est présenté en consultation pour une toux et un jetage évoluant depuis 2 semaines. Il a reçu de la bromhexine par voie orale, et des applications de vaseline camphrée et mentholée dans les naseaux, sans effet. l Le cheval présente un léger abattement et une perte d'état (photo 1). l Sa température rectale est de 38,3°C. Un jetage séreux jaunâtre bilatéral et une hypertrophie des nœuds lymphatiques mandibulaires sont notés (photo 2). l La fréquence respiratoire est normale, et aucune anomalie n'est décelée lors de l'auscultation pulmonaire. La toux, non déclenchable, n'est pas observée au cours de l'examen. l La fréquence cardiaque est élevée (88 battements/min), les muqueuses sont roses, avec un temps de remplissage capillaire normal. l Les conjonctives oculaires inférieures sont sévèrement œdématiées (photo 3). Un épiphora bilatéral est observé, mais un test à la fluorescéine montre qu'il n'y a pas de lésion cornéenne, et il n'y a pas de signe d'uvéite. l Le fourreau est œdématié. l L'auscultation digestive et la palpation transrectale ne révèlent pas d'anomalie.
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IIsabelle Barrier-Battut, Bruno Baup, Philippe Benoit, Géraldine Blanchard, Sarah Buisson, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Élodie Chollet, Pierre Chuit (Suisse), Matthieu Cousty, Florent David (Canada), Isabelle Desjardins, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Lætitia Jaillardon, Catherine Gaillard-Lavirotte, Xavier Gluntz,
Delphine Holopherne, Emmanuel Lagarde, Claire Laugier, Jean-Pierre Lavoie (Canada), Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Ève Mourier, Valérie Picandet, Cyrille Piccot-Crézollet, Xavier Pineau, Mickaël Robert, Morgane Schambourg, Claire Scicluna, Brigitte Siliart, Christopher Stockwell, Sarah Ténédos Etienne Thiry (Liège), Emmanuelle Van Erck (Liège).
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Œdème des conjonctives oculaires inférieures.
1 Quels examens complémentaires effectuer d’emblée ? 2 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 3 Quel traitement proposez vous dès ce jour, et les jours suivants ? Réponses à ce test page 64
5 édito 34 BAT - copie_edito NP ELSA 23/12/2014 21:12 Page5
éditorial Un amaigrissement, un manque de performance, ... : penser aux affections nerveuses, à détecter précocement ...
L
es affections du système nerveux des équidés sont mises sur le devant de la scène dans ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire équine. Ces affections nerveuses sont finalement assez rares en pratique équine, il reste donc difficile de considérer que la démarche clinique et diagnostique entreprise dans la prise en charge et la gestion de ces cas est une routine en clientèle. Mais, elles sont spectaculaires dans leur présentation clinique, ce qui est une source très importante de stress pour le propriétaire, l’entourage et le vétérinaire praticien qui se sent souvent mal préparé, d’où l’intérêt de ce numéro qui fait la synthèse des principales affections nerveuses rencontrées sur le terrain. Lorsqu’une affection nerveuse est suspectée, l’examen neurologique est indispensable dans la démarche clinique, suite à la prise de l’anamnèse, pour hiérarchiser les hypothèses diagnostiques. Pour autant, le praticien n’est pas souvent confronté à cet exercice. II est donc nécessaire de se remémorer fréquemment les différentes phases de sa réalisation et l’interprétation des résultats. Pour se familiariser avec les tests à réaliser et les variations de réponse observées usuellement chez des chevaux sains, il est recommandé d’inclure dans son examen clinique initial quelques éléments de l’examen neurologique. La pratique d’un test à la menace, l’évaluation de la sensibilité de la face ou encore l’observation du cheval en mouvement sont des éléments de l’examen neurologique, faciles à inclure en routine dans l’examen clinique de base. Ces différents gestes permettent de détecter précocement, ou à un stade débutant, une affection nerveuse qui pourrait expliquer, par exemple, un amaigrissement ou une diminution de performances. L’examen neurologique devrait être systématique, répétable (pas de variabilité intraobservateur) et, si possible, reproductible (pas de variabilité inter-opérateur). En particulier, l’évaluation des allures conduit le praticien à attribuer une note à chaque membre, de 0 à 5 selon le système de Mayhew, pour caractériser l’ataxie [2]. Dans le principe, de telles échelles de notation sont utiles et permettent, par exemple à l’occasion d’examens clinique répétés, d’évaluer la progression de la maladie, donc le pronostic. Une étude récente a permis d’évaluer la reproductibilité, la répétabilité et la capacité d’une telle échelle à évaluer les cas d’ataxie chez le cheval [3]. Dans cette étude, les observateurs sont des spécialistes en pratique équine, internistes et chirurgiens. Les résultats montrent une répétabilité globalement plutôt bonne, avec une corrélation de 74 p. cent intra-observateurs. En revanche, la reproductibilité est moyenne à mauvaise, les seuls éléments de l’examen obtenant un score de plus de 60 p. cent inter-observateurs sont ‘’le reculer’’ et ‘’le franchissement d’obstacles’’. Des travaux complémentaires sont donc nécessaires à l’avenir, soit pour faire évoluer cette grille, soit pour en améliorer les critères de notation.
Agnès Leblond Médecine Interne (Animaux de Compagnie, Équidés) Agrégé des Écoles Vétérinaires, Dipl ECVIM(CA) VetAgro Sup Campus Vétérinaire de Lyon, membre de l'Université de Lyon UMR 754 INRA-ENVL-UCBL Rétrovirus et pathologie comparée IFR 128, Université Lyon 1
Références 1. Leblond A, L Leblond P, Sabatier A, coll. Descriptive epidemiology of death in horses: results from a survey of French speaking equine practitioners in four countries. Annales de Medecine Vet. 2001;146: 122-9. 2. Mayhew IG, deLahunta A, Whitlock RH, coll. Spinal cord disease in the horse. Cornell Vet 1978;68(6):1-207. 3. Olsen E, Dunkel B, Barker WHJ, coll. Rater agreement on gait assessment during neurologic examination of Horses. J Vet Intern Med. 2014; 28:630-8.
à suivre ... - Le syndrome de la queue de cheval
L
a première cause d’affection nerveuse chez le cheval est probablement d’origine traumatique. Elle est donc fréquemment suspectée, y compris par les propriétaires [1]. Cependant, il est parfois difficile de savoir d’emblée si la chute, observée ou suspectée, est à l’origine des troubles, ou seulement une conséquence de l’évolution d’une encéphalite. C’est pourquoi, il convient d’inclure les encéphalomyélites infectieuses dans le diagnostic différentiel d’une atteinte nerveuse centrale, même si celle-ci est d’apparition brutale. Parmi ces encéphalites, se trouvent des zoonoses et des infections virales d’importance économique majeure. Le praticien équin doit se sentir concerné par les missions de prévention et de surveillance sanitaire. A ce titre, il doit être en mesure de détecter précocement une éventuelle crise sanitaire afin de mettre en œuvre des mesures de contrôle, incluant dans celles-ci la gestion de la communication. Vous trouverez dans le dossier spécial de ce numéro tous les éléments utiles à la prise en charge de ces cas parfois complexes et souvent frustrants. Bonne lecture ! ❒
Mathieu Lenormand
- Le Harper Australien Nathalie Priymenko Céline Domange
disponible sur www.neva.fr
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 MAI / JUIN 2014 - 199
6-11 Examen neurologique BAT V°_gabarit rubrique NPE 23/12/2014 18:20 Page6
comment réaliser Ammann1
Vincent Isabelle Desjardins2 Caroline Ammann1
un examen neurologique chez un équidé
1La maison Clauzet 4450 Miossens 2VetAgro Sup Campus Vétérinaire de Lyon Laboratoire de Biologie Médicale 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l'Étoile
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les étapes d’un examen neurologique complet. ❚ Savoir diagnostiquer une affection neurologique.
Essentiel ❚ L’examen neurologique a pour but d’expliquer les signes cliniques observés, en localisant la ou les lésions. ❚ Les signes cliniques reflètent la localisation de la lésion, et non sa nature. ❚ Les aires du cortex visuel sont situées dans les lobes occipitaux. ❚ Les lésions du cortex, même de taille importante, peuvent n’avoir que des manifestations cliniques légères.
La neurologie a la réputation d’être un domaine extrêmement complexe. Il convient cependant de ne pas se laisser décourager par un a priori négatif car, en pratique courante, il est aussi souvent possible de simplifier l’approche d’un cas neurologique.
L
Les symptômes des dysfonctionnements du système nerveux peuvent évoluer rapidement, en s’améliorant ou en se détériorant. Ainsi, un examen neurologique régulier est nécessaire au suivi des animaux qui présentent une atteinte de ce système. l Après avoir identifié les signes cliniques, il convient de les rattacher à une lésion ou un site lésionnel. Des lésions multifocales sont possibles, mais il est préférable de rechercher un seul site lésionnel pouvant expliquer l’ensemble des signes cliniques. l Dans tous les cas, les signes cliniques reflètent la localisation de la lésion, et non sa nature [10]. l Établir un diagnostic différentiel propre à cette région est ensuite possible. Il permet de préciser le diagnostic, et de proposer un traitement. l Dans ces conditions, un examen neurologique consciencieux peut être réalisé en moins de 30 min. l Bien décrit dans de nombreux ouvrages anglophones [1, 9] les publications francophones sur ce sujet sont plus rares.Cet article présente l’examen neurologique avec une approche par région du système nerveux*. L’EXAMEN DU CORTEX CÉRÉBRAL
Les lésions du cortex peuvent se manifester par des modifications du comporteCHEVAL ment et des habitudes : comportement stéréotypique, tourner compulsif avec ou sans position anormale de la tête, pousser au mur, convulsions, anomalies de la vision, ❚ Crédit Formation Continue : dépression, et coma. l Pour évaluer l’état mental du cheval, il est 0,05 CFC par article conseillé de ne pas trop interférer avec son l
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 200 - MAI /JUIN 2014
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état de conscience. Pour cela, il est préférable, au moins dans un premier temps, de le regarder de l’extérieur du box. l Les aires visuelles sont situées dans le cortex occipital. Une lésion à ce niveau peut être suspectée lors d’amaurose avec persistance du réflexe photo-moteur. Si la lésion corticale est unilatérale, elle se traduit par une perte de la vision dans le champ visuel contro-latéral de chaque œil, et non par une amaurose controlatérale simple. - Les aires de coordination spatiale sont situées en avant du cortex visuel. Le fonctionnement de cette zone peut être altéré lors d’injection intra-carotidienne accidentelle. - Le cortex sensoriel est en arrière du sulcus cruciatus. Il est très difficile d’évaluer le fonctionnement de cette zone chez l’animal. - Le cortex moteur occupe une zone assez importante, en avant du sulcus cruciatus. Si la lésion ne touche qu’un hémisphère cérébral, on observe alors une hémiparésie du côté controlatéral, sans grande altération de la démarche [5]. En effet, chez les ongulés, une grande partie des schémas moteurs ne part pas du cortex, mais des niveaux inférieurs. ➜ Ainsi, les lésions du cortex, même de taille importante, peuvent n’avoir que des manifestations cliniques légères. L’EXAMEN DU TRONC CÉRÉBRAL Les lésions plus profondes (diencéphale, mésencéphale) se traduisent le plus souvent par de l’abattement, car la formation réticulée activatrice est développée dans cette région. Des lésions de petite taille peuvent avoir des manifestations cliniques importantes. l Certaines lésions du tronc cérébral peuvent être associées à des lésions du tractus l
NOTE *Deux approches possibles existent pour réaliser un examen neurologique : - rechercher les signes cliniques de façon méthodique, dans une approche crânio-caudale, pour localiser le ou les site(s) des lésions possibles du système nerveux ; - considérer chacune des grandes régions du système nerveux, et en rechercher les atteintes cliniques. Ces deux approches sont équivalentes ; l’important est de se familiariser avec l’une d’entre elles pour développer une méthode rigoureuse.
12-20 Encephalites equines virales BAT V°_gabarit rubrique NPE 23/12/2014 13:44 Page12
les encéphalomyélites virales
Céline Bahuon1, Pierre Tritz2,3 Stéphane Pronost3,4, Cécile Beck1 Agnès Leblond3,5 Antonin Tortereau6 Muriel Coulpier3,7 Stéphan Zientara1 Sylvie Lecollinet1,3
quel risque pour les équidés français ? Alors qu’elles représentent la quatrième cause de mortalité chez le cheval, et qu’elles peuvent constituer un risque zoonotique grave ainsi qu’un risque économique majeur pour la filière équine, les affections nerveuses virales sont peu diagnostiquées. Il est donc primordial de connaître le contexte épidémiologique dans lequel elles évoluent, afin de cibler les hypothèses diagnostiques et les examens de laboratoire associés.
1Anses, Laboratoire de Santé Animale de Maisons-Alfort, UMR1161 Virologie Inra, Anses, ENVA 23, avenue du Général de Gaulle 94706 Maisons-Alfort 2Clinique vétérinaire 19, rue de Créhange 57380 Faulquemont 3Collège syndromes neurologiques du RESPE et commission maladies infectieuses de l’AVEF (PT, SP, AL) 4Labéo Frank Duncombe Unité de Recherche Risques Microbiens (U2RM), EA 4655, Université de Caen Basse-Normandie 14053 Caen Cedex 4 5Inra, UR346 Épidémiologie Animale et Département Hippique VetAgroSup, campus Vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile 6Unité de Pathologie Morphologique, VetAgro-Sup campus Vétérinaire de Lyon, 1 avenue Bourgelat, 69 280 Marcy l’Etoile 7Inra, UMR1161 Virologie, Inra, Anses, ENVA, 7 avenue du Général de Gaulle, 94700 Maisons-Alfort
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les maladies infectieuses virales à l’origine de syndromes nerveux chez le cheval en Europe. ❚ Connaître les outils diagnostiques à disposition du praticien pour un diagnostic de certitude des différentes maladies virales. Définition
❚ Encéphalite ou encéphalomyélite : une inflammation du système nerveux central avec lésion diffuse ou multifocale d’une partie plus ou moins étendue de l’encéphale (constitué par le cerveau, le tronc cérébral et le cervelet) et/ou de la moelle épinière.
L
es troubles nerveux font rarement l’objet d’investigations poussées en pratique vétérinaire équine. Parmi les causes d’affections nerveuses, les maladies infectieuses ou parasitaires sont les plus fréquentes, après les origines traumatiques et les malformations congénitales [5]. Or, un diagnostic précoce est souhaité lors d’encéphalites équines d’origine infectieuse, soit parce qu’elles sont des zoonoses, soit parce qu’elles ont une importance économique majeure dans la filière équine. ● Dans cet article, nous proposons d’aborder les encéphalites virales aux conséquences cliniques ou économiques les plus importantes, causées par le virus de la rage (Rhabdoviridae), l’herpès virus équin de type 1 (HVE1) (Herpesviridae), le virus de Borna (Bornaviridae), les virus West Nile (WN) et de l’encéphalite japonaise (EEJ) (Flaviviridae) ainsi que par les virus des encéphalites équines de l’Est, de l’Ouest et du Vénézuela (EEE, EEO et EEV respectivement) (Togaviridae). LES ENCÉPHALITES OU ENCEPHALOMYÉLITES
CHEVAL
Définition et signes cliniques
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 206 - MAI / JUIN 2014
● Une encéphalite, ou encéphalomyélite (cf. définition), se caractérise par des troubles du comportement, de la conscience, de la vigilance et/ou de la démarche.
12
Figure 1 - Étiologie
des encéphalites infectieuses
❶
Les bactéries
● Chez le poulain : - Streptococcus spp - Staphylococcus aureus ● Chez l’adulte : - Cryptococcus neoformus - Streptococcus equi - Streptococcus suis - Leptospira spp - Actinomyces spp - Klebsiella pneumoniae - Escherichia coli - Actinobacillus equuli - Pasteurella caballi [5] - Listeria spp [7]
❷
Les protozoaires
❸
Les virus
- Sarcocystis neurona - Neospora spp
(figure 2)
Étiologie ● Les encéphalites infectieuses peuvent être causées par des bactéries, des protozoaires, ou des virus (figure 1). ● Une grande variété de virus appartenant à plusieurs familles virales peut causer une encéphalite. Ces virus peuvent être classés en deux groupes : - les virus à transmission vectorielle, c'està-dire par piqûre d’un arthropode infecté (insecte, moustique, moucheron, tique, ....) ; - et ceux à transmission directe (figure 2). ● Les virus à transmission directe sont souvent associés à une grande contagiosité des équidés infectés ou de leurs sécrétions/excrétions (cas des infections à Herpèsvirus Equin 1 (HVE1) ou à virus de Borna). Cependant, dans la grande majorité des infections nerveuses à transmission vectorielle (arbovirus pour ‘’arthropod born virus’’), les équidés constituent des culs-de-sac épidémiologiques (avec l’exception notable des infections avec des souches épizootiques d’encéphalite équine du Vénézuela (EEV)). ● Beaucoup des virus transmis par des vecteurs sont encore exotiques en Europe, en raison de l’absence de vecteurs infectés par ces virus sur le continent. Cependant, le cheval peut contracter la maladie à l’étranger s’il participe à des compétitions sportives ou
21-26 Tétanos BAT_gabarit rubrique NPE 23/12/2014 13:28 Page21
le tétanos
Jean-Marc Person
chez le cheval
Objectifs pédagogiques
Toxi-infection responsable d’une affection nerveuse très grave et hautement létale chez les équidés, le tétanos devrait être une maladie du passé, grâce à une vaccination qui assure une prophylaxie d’une grande efficacité, mais qui demeure strictement individuelle.
C
hez le cheval, le tétanos est une affection redoutable sur le plan clinique, en raison d’un taux très élevé de létalité. Elle est caractérisée par des contractions spastiques et toniques des fibres musculaires striées. Elle était autrefois répandue, mais s’est extrêmement rarifiée dans les populations équines bien vaccinées. En revanche, l’affection peut resurgir à tout moment si la protection vaccinale est levée, en raison de la persistance de l’agent dans le sol, notamment sous forme de spores, ou dans le tractus intestinal, source de sa présence dans les crottins qui contribuent à ensemencer le sol. ● Si les conditions sont favorables (environnement anaérobie, faible potentiel d’oxydoréduction), comme dans les plaies infectées et/ou profondes contenant des tissus nécrosés ou des corps étrangers, la spore germe et se transforme en bacille sécrétant l’exotoxine responsable de la maladie. Cependant, n'importe quelle effraction cutanée, même la plus superficielle, peut permettre la contamination : abrasion cutanée, brûlures ou engelures, injections … ● Le tétanos reste une complication très grave d’actes chirurgicaux pratiqués non stérilement, d’avortement, ou encore d’infections diverses comme une otite moyenne. Il peut également compliquer certaines maladies chroniques : ulcères de décubitus, abcès, gangrène [3, 4, 8]. Cet article se propose de rappeler les principales caractéristiques de l’agent responsable nécessaires à la compréhension de la maladie (encadrés 1, 2), puis de décrire le
41 bis rue de la Ferme 91400 Orsay
1
Formes sporulées de C. tetani.
mécanisme d’action de la neurotoxine tétanique (encadré 3), les signes cliniques de l’affection, son traitement et sa prophylaxie. LES FORMES CLINIQUES DU TÉTANOS Le tétanos est classiquement décrit sous quatre formes : - généralisée ; - localisée ; - céphalique ; - et néonatale [1, 2, 4, 9]. La forme la plus fréquente est la forme généralisée. Les équidés sont en effet très sensibles à la tétanospasmine. ● La période d’incubation est très variable, en fonction des possibilités de germination des spores. Elle est au minimum de 2 à 3 jours, souvent de 1 à 2 semaines, et rarement peut atteindre 6 à 8 mois, voire plus. ● Les premiers signes, le plus souvent représentés par une forme localisée proche de la porte d’entrée, se traduisent par une raideur musculaire occasionnant des troubles de la marche ou une difficulté à brouter. Fréquemment, une procidence du corps clignotant (troisième paupière) est observée. Le trismus (correspondant à une contraction permanente des muscles des mâchoires qui diminue l’ouverture de la bouche) et le rire sardonique (correspondant à une contraction permanente des muscles de la face qui provoque une sorte de rictus ressemblant à un rire) peuvent être des signes précoces. ● Dans les formes localisées (notamment chez un sujet présentant une immunité par●
❚ Connaître les signes cliniques du tétanos et le mécanisme d’action de la tétanospasmine, responsable du syndrome tétanique. ❚ Connaître l’épidémiologie du tétanos et les conditions de germination des spores. Savoir en déduire les mesures de prophylaxie sanitaire et leurs limites. ❚ Appliquer une démarche diagnostique et thérapeutique adéquate face à un sujet suspect. ❚ Connaître les bases de la prophylaxie vaccinale et les conditions d’emploi des vaccins tétaniques.
Essentiel ❚ Les équidés sont particulièrement sensibles au tétanos. ❚ Le tétanos équin est une maladie neurologique, due à l’action de la neurotoxine tétanique ou tétanospasmine. ❚ Cette maladie infectieuse n’est pas contagieuse. ❚ Elle est caractérisée par une paralysie spastique, généralisée ou localisée.
CHEVAL
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 MAI / JUIN 2014 - 215
27-32 Atteintes trauma nerveuses BAT_gabarit rubrique NPE 23/12/2014 13:34 Page27
les atteintes traumatiques nerveuses périphériques des membres chez le cheval
Les atteintes nerveuses périphériques sont très variées. Une bonne connaissance des nerfs périphériques et des symptômes occasionnés par leurs lésions permet un diagnostic rapide et une bonne information au propriétaire du pronostic, notamment sportif.
L
es atteintes des nerfs périphériques peuvent avoir des origines diverses comme des affections dégénératives (Shivering, maladie du neurone moteur,…), inflammatoires (polynévrite équine), toxiques (botulisme, intoxication aux ionophores…) ou encore traumatiques [1]. ● Les atteintes traumatiques sont les plus courantes. Leur pronostic est souvent réservé à sombre mais, dans certains cas, une récupération clinique favorable est possible, si on attend suffisamment de temps. ● Il est donc important de savoir reconnaitre quel type d’affection est présente pour mettre en place le traitement adapté, et pour informer au mieux le propriétaire du pronostic. ● Nous nous attachons, dans cet article, aux atteintes traumatiques des nerfs périphériques sur les membres. LES DIFFÉRENTES ATTEINTES TRAUMATIQUES DES NERFS PÉRIPHÉRIQUES DES MEMBRES Les lésions traumatiques des nerfs périphériques se produisent par différents mécanismes : compression, étirement, lacération, ischémie, brûlure chimique et peuvent aussi être secondaires à des injections, abcès ou tumeurs [2]. Les principaux nerfs touchés sont : - sur les antérieurs : le nerf suprascapulaire, le nerf radial, le nerf ulnaire et/ou médian, le nerf musculo-cutané (photo 1) ; - sur les postérieurs : le nerf fémoral, le nerf sciatique, le nerf tibial et le nerf péronier (ou fibulaire). ●
Sarah Ménager Bailly vétérinaires 1 rue du Tahuriaux 77700 Bally-Romainvilliers
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les principales atteintes nerveuses périphériques des membres. ❚ Savoir diagnostiquer et traiter les principales atteintes de ces nerfs périphériques.
1
Paralysie radiale (photo S. Ménager).
L’atteinte du nerf suprascapulaire ou ‘’sweeney’’ ●
Essentiel
L’atteinte du nerf radial
❚ Les traumatismes constituent la cause majeure d’atteinte des nerfs périphériques. ❚ Le diagnostic de certitude est effectué par électromyographie, mais cet examen est peu disponible, et onéreux. ❚ Une connaissance clinique des symptômes occasionnés par des lésions nerveuses périphériques peut permettre de s’en affranchir. ❚ Le pronostic de ces lésions est en général réservé.
Le nerf suprascapulaire est relativement volumineux, il est issu des 6è et 7è racines nerveuses cervicales et passe via le plexus brachial pour innerver les muscles supra et infra-épineux (il est exclusivement moteur) (figure 1). ● Son atteinte est assez fréquente et résulte en général d’un choc sur l’avant de l’épaule, ou d’une hyperextension du membre vers l’arrière. ● Le cheval présente une démarche caractéristique avec une instabilité de l’épaule latéralement lors de l’appui. ● Une atrophie des muscles supra-épineux et infra-épineux est visible avec une saillie de l’épine scapulaire après 2 à 4 semaines (photo 2).
Le nerf radial est le plus gros nerf du plexus brachial, il innerve les muscles extenseurs du coude, du carpe et du doigt (figures 1, 2). Il donne également une branche sensitive superficielle : le nerf cutané antébrachial latéral (innervation de la face latérale distale du bras et de la face dorso-latérale de l’avant-bras). Chez 10 p. cent des chevaux la 7è racine nerveuse cervicale constitue une part du nerf radial. ● La lésion du nerf radial est courante et survient généralement lors d’un traumatisme à ●
CHEVAL
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 MAI / JUIN 2014 - 221
33-37 Myélopathie cervicale BAT_gabarit rubrique NPE 23/12/2014 13:36 Page33
la myélopathie cervicale chez le cheval La myélopathie cervicale constitue la cause la plus commune d’ataxie chez le poulain. Chez l’adulte, cette affection est d’une fréquence croissante. Une malformation (rétrécissement généralisé) du canal vertébral, associée ou non à une instabilité, induit une compression médullaire responsable de signes nerveux allant d’une légère incoordination, au décubitus avec incapacité de se lever [9,10,16].
Sharjah Equine Hospital PO box 29858 Sharjah UAE
Objectifs pédagogiques ❚ Reconnaître les signes cliniques associés à une myélopathie compressive. ❚ Connaître les examens complémentaires nécessaires à la confirmation du diagnostic. ❚ Pouvoir proposer différentes approches (médicale ou chirurgicale) en connaissant leurs limites.
L
es premiers signes cliniques de myélopathie cervicale se manifestent le plus souvent chez des individus âgés de 6 mois à 3 ans à croissance rapide [5, 6, 7]. Elle est cependant de plus en plus diagnostiquée à l’âge adulte, suite au développement d’ostéophytes des processus articulaires dont l’expansion induit une compression, chez un individu prédisposé, en raison d’une sténose déjà présente, mais subclinique [5]. ● Une prédisposition des mâles est rapportée, ils sont en effet deux à trois fois plus affectés que les femelles. ● Cette affection fait partie du syndrome ostéochondrose. Des anomalies de développement de type OCD sont ainsi régulièrement retrouvées chez les individus atteints, le plus souvent de race Pur-sang ou de Selle [5, 6, 7, 12, 14]. ● Si la correction chirurgicale demeure lourde et rarement acceptée par le propriétaire, le traitement conservateur peut permettre d’améliorer les signes cliniques chez le poulain en modifiant la vitesse de croissance. Chez un adulte légèrement affecté, présentant un faible grade d’ataxie, les infiltrations peuvent le rendre apte à la compétition. ● La myélopathie cervicale touche, en général, un grand poulain âgé de moins de 3 ans. Elle se manifeste par des signes d’ataxie d’apparition insidieuse ou brutale, suite à une chute induisant un épisode inflammatoire aigu.
Morgane Schambourg
Essentiel 1
Le postérieur gauche du cheval a été positionné à distance de la verticale et le cheval maintient la position. - Noter également la torsion de la colonne vertébrale associée à une déviation de la queue, et l’écartement anormal des antérieurs (photo M.Schambourg, Sharjah Equine Hospital). ● Certains chevaux développent une myélopathie à un âge plus avancé, suite à une instabilité d’origine traumatique, ou suite à une arthropathie cervicale. Quelle que soit l’origine, l’expression clinique est comparable, à des degrés très variables.
LES EXPRESSIONS CLINIQUES [12, 14, 16] Ataxie, faiblesse, parésie et spasticité Ataxie, faiblesse, parésie et spasticité s’expriment à des degrés divers, et peuvent être associés à une hypo ou à une hypersensibilité cutanée de l’encolure [7]. ● Les signes locomoteurs sont en général symétriques et plus sévères sur les postérieurs, car les fibres nerveuses motrices des postérieurs de la substance blanche de la mœlle épinière sont localisées de manière superficielle. [12]. ● Les chevaux peu affectés montrent essentiellement une spasticité, caractérisée par
❚ La myélopathie cervicale équine constitue la cause la plus fréquente d’ataxie chez le jeune cheval. ❚ Elle est diagnostiquée, de façon régulière, chez l’adulte qui développe une arthropathie secondaire des facettes articulaires. ❚ La radiographie permet de mesurer des ratios indicatifs de compression cervicale. ❚ La myélographie est l’examen de référence pour le diagnostic de certitude.
●
CHEVAL
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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38-42 Tétanos âne BAT V°_gabarit NPE âne 23/12/2014 13:31 Page38
les particularités
du tétanos chez l’âne et le mulet
Ahmed Chabchoub Zeyneb Gharbi Service Sémiologie et Pathologie Médicale des équidés et Carnivores École Vétérinaire 2020 Sidi-Thabet Tunisie
de contamination de l’âne et du mulet par le tétanos. ❚ Aborder les particularités cliniques du tétanos. ❚ Appliquer une démarche diagnostique spécifique surtout dans le cadre du diagnostic différentiel. ❚ Maîtriser les particularités thérapeutiques.
Le tétanos de l’âne et du mulet demeure une affection dominante, notamment dans les pays en voie de développement, où ces équidés de travail, ne sont pas toujours vaccinés. C’est aussi une affection observée dans les campagnes françaises. La clinique, l’épidémiologie ainsi que l’attitude diagnostique et thérapeutique du tétanos de ces équidés comporte des spécificités à bien connaître afin de mieux maîtriser cette entité.
NOTE
L
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les circonstances
e tétanos équin demeure une entité importante, souvent mortelle, dans les pays en voie de développement, où sa fréquence et sa gravité sont majeures [7, 12] mais aussi en France pour l’âne “du ferrailleur”, avec l’âne qui cohabite avec du matériel agricole à l’abandon au fond du verger, ou encore l’âne contenu par des fils de fer barbelés. Nous passons en revue, dans cet article, les particularités épidémio-cliniques du tétanos chez l’âne et le mulet.
* cf. l’article “Le tétanos chez le cheval” de J-M Person dans ce numéro
Essentiel ❚ L’âne et le mulet sont sensibles au tétanos et sont peu expressifs de la symptomatologie dans la phase de début. ❚ Le diagnostic pose certaines difficultés. ❚ Le traitement doit tenir compte des particularités pharmacologiques, notamment pour la pénicilline et les tranquillisants.
L’ÉVOLUTION DU TÉTANOS
ÂNE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 232 -MAI / JUIN 2014
La chronologie évolutive du tétanos de l’âne se traduit par quatre stades : - au stade 1 : l’affection se manifeste par une petite raideur de la marche (difficile à diagnostiquer chez l’âne), mais l’animal continue à manger et à boire sans difficultés ; - au stade 2 : les membres sont raides, l’animal à des difficultés à marcher, un trismus (difficile à caractériser chez l’âne par rapport au cheval), des spasmes musculaires généralisés s’expriment à ce stade, l’âne est encore capable de manger et de boire ; - au stade 3 : l’âne est capable de maintenir la position debout, mais il est incapable de marcher, et il mange avec difficultés ; - au stade 4 : l’âne est en décubitus, il est incapable de manger. A ce stade, aucune rémission n’est envisageable, et l’euthanasie est la seule issue. ●
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1
Plaie accidentelle chez un âne (photos Ahmed Chabchoub).
2
Abcès du pied, porte d’entrée du tétanos de l’âne.
LA CONTAMINATION ● Lorsque les spores pénètrent dans une plaie profonde (accidentelle ou chirurgicale), elles se trouvent dans des conditions favorables (chaleur, obscurité, milieu pauvre en oxygène, …) pour germer et se multiplier* (photo 1). La bactérie se met alors à produire une toxine, qui atteint le système nerveux, et migre le long des nerfs. ● Le cordon ombilical de l’ânon constitue une autre voie de transmission possible. Ainsi, la toxine se fixe à la connexion motoneurone-muscle de la mère, et entraîne de violentes contractions. La toxine se transmet à partir du milieu extérieur vers le poulain via le cordon ombilical. Si la protection passive du poulain n’est pas suffisante (par le biais du colostrum), l’ânon développe alors un tétanos ombilical. La mère peut aussi être infectée et développer un tétanos après la mise bas. Le point de départ est le moignon ombilical infecté, surtout si la femelle parturiente n’est pas ou mal vaccinée. Le tétanos peut aussi apparaître
43-46 geste Prelevement LCR BAT_gabarit rubrique NPE 23/12/2014 13:08 Page43
geste
comment réaliser un prélèvement de liquide cérébro-spinal chez le cheval
Laurine Galant
Clinique équine Oniris Site de la Chantrerie Atlanpole Route de Gachet - CS 40706 44307 Nantes Cedex 3
matériel
Le prélèvement de liquide cérébro-spinal et son analyse permettent d’orienter le diagnostic lors d’atteinte nerveuse centrale chez le cheval.
L
e prélèvement de liquide cérébro-spinal (LCS), ou liquide céphalo-rachidien, est indiqué lors d’affection nerveuse localisée dans le système nerveux central. Associée à l’historique, aux signes cliniques et aux autres examens complémentaires, l’analyse du LCS* aide à établir un diagnostic. De plus, lors d’une myélographie**, il est nécessaire de ponctionner du LCS avant d’injecter le produit de contraste. COMMENT CHOISIR LE SITE
l Deux sites de prélèvements du liquide cérébro-spinal sont décrits en routine : le site atlanto-occipital (AO), et le site lombosacré (LS). l Le choix du site dépend de plusieurs facteurs : il convient de choisir le site le plus proche de la localisation suspectée de la lésion. Ainsi, le site AO est privilégié en cas de signes d’affection de l’encéphale, et le site LS en cas de signes d’affection de la moelle épinière [7]. l Le site atlanto-occipital (AO) requiert le plus souvent une anesthésie générale chez l’adulte, bien que des techniques sur cheval debout aient été décrites. - La technique atlanto-occipital (AO) sous anesthésie est donc déconseillée lorsque l’atteinte neurologique augmente beaucoup les risques de complications durant l’anesthésie ou le réveil (cheval débilité ou ataxique) [7].
Le matériel nécessaire au prélèvement de liquide cérébro-spinal est simple et peu coûteux [5, 7]. Seules les aiguilles spinales sont spécifiques à cet acte (tableau, photo 1). l Matériel de contention chimique (alpha2agoniste, opioïde) et physique (travail, tordnez) ou matériel d’anesthésie générale l Tondeuse, rasoir l Matériel d’asepsie : compresses, antiseptique, alcool l Gants stériles l Lidocaïne 2 p. cent, seringues et aiguilles pour anesthésie locale sous-cutanée l Lame de bistouri ou aiguille de 16 G (facultatif) l Aiguilles de prélèvement (tableau) l Seringues de 2 mL, 5 mL et 10 mL l Tubes de prélèvement : EDTA, sec
1 Matériel nécessaire au prélèvement de LCS (photo L. Galant, Oniris).
NOTES * cf. les articles de ce numéro : - Analyse - “L’analyse du liquide céphalorachidien” Benoît Rannou - Imagerie - Eddy Cauvin, Émilie Segard
selon la taille de l’animal et le site de prélèvement [5, 7] Site atlanto-occipital
Site lombo-sacré
Cheval adulte
- Aiguille spinale avec stylet - Longueur : 76-89 mm (3-3,5 in.) - Diamètre : 0,9-1,2 mm (20-18G)
- Aiguille spinale avec stylet - Longueur : 152-203 mm (6-8 in.) - Diamètre : 1,2 mm (18 G)
Poulain l +/- Petits poneys
- Aiguille hypodermique sans stylet - Longueur : 38 mm (1,5 in.) - Diamètre : 0,9 mm (20 G)
- Aiguille spinale avec stylet - Longueur : 89-100 mm (3,5-4 in.) - Diamètre : 0,9-1,2 mm (20-18 G)
l
- In : inch
❚ Comprendre les indications et les contre-indications du prélèvement de liquide cérébro-spinal. ❚ Connaître les repères anatomiques des sites de prélèvement de liquide cérébro-spinal. ❚ Savoir limiter les risques de complications lors du prélèvement de liquide cérébro-spinal.
Geste ❚ Relativement facile à réaliser en théorie. ❚ Des précautions sont à respecter pour éviter les complications.
Essentiel
Tableau - Aiguilles recommandées pour le prélèvement de LCS
l
Objectifs pédagogiques
❚ Le prélèvement de liquide cérébro-spinal peut être réalisé en région atlanto-occipitale ou lombo-sacrée. ❚ Il est déconseillé d’anesthésier un cheval ataxique pour réaliser cet acte. ❚ Les complications graves du prélèvement du liquide cérébro-spinal sont très rares.
RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
- G : Gauge
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 MAI / JUIN 2014 - 237
47-49 Analyse cytologique BAT_gabarit rubrique NPE 23/12/2014 13:10 Page47
analyse
l’analyse biochimique et cytologique
du liquide céphalo-rachidien L’analyse du liquide céphalo-rachidien occupe une place essentielle dans l’exploration des affections neurologiques chez le cheval lors d’affections nerveuses centrales, notamment inflammatoires ou dégénératives.
A
ssocié à l’anamnèse et à un examen clinique rigoureux, l’analyse de la composition cellulaire et biochimique du liquide céphalo-rachidien permet souvent d’orienter le clinicien dans sa démarche diagnostique, notamment en confirmant ou en infirmant des hypothèses d’atteintes inflammatoires, dégénératives, ou néoplasiques (plus rares). Après avoir rappelé dans quelles conditions ce liquide nécessite d’être traité, cet article décrit l’analyse du liquide céphalo-rachidien, et ses caractéristiques cytologiques et biochimiques. DES CONDITIONS PRÉ-ANALYTIQUES À RESPECTER Sur quel tube prélever ?
Il est possible de réaliser l’ensemble des analyses cytologiques et biochimiques sur un liquide céphalo-rachidien (LCR) récolté sur tube sec [2]. Néanmoins, il est préférable de collecter le LCR sur un tube sec et sur un tube EDTA (Ethylène Diamine Tétra Acétique) (définitions). l Le tube EDTA évite qu’un caillot se forme en cas de contamination sanguine de l’échantillon, et permet de réaliser l’analyse cytologique, et éventuellement des recherches d’agents pathogènes par PCR (polymerase chain reaction) [3]. l
Quel délai pour réaliser l’analyse ? Il est recommandé d’analyser le liquide céphalo-rachidien dans les 30 à 60 min qui suivent son prélèvement [2, 3], car le liquide céphalo-rachidien est pauvre en protéines et en lipides [3]. Ainsi, les cellules dégénèrent, et sont rapidement lysées après le prélèvement. Cela entraîne une baisse du comptage cellulaire et une altération morpholo-
l
Benoît Rannou MSc Dipl. ACVP (pathologie clinique) VetAgro Sup Campus Vétérinaire de Lyon Laboratoire de Biologie Médicale 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l'Étoile
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les conditions pré-analytiques à respecter pour une analyse du liquide céphalo-rachidien (LCR). ❚ Connaître les différentes étapes de l’analyse du LCR. ❚ Savoir interpréter un résultat d’analyse de LCR.
1
Deux grandes cellules mononucléées reposant sur un fond contenant quelques érythrocytes (Wright-Giemsa, Objectif x 100, huile à immersion) (photo B. Rannou, pathologie clinique, VetAgro Sup).
gique des cellules. l Si le liquide céphalo-rachidien ne peut pas être analysé immédiatement ou doit être envoyé à un laboratoire, rajouter une goutte de sérum du même animal par 0,25 mL de liquide céphalo-rachidien récolté. Cela permet de préserver les cellules pendant 24 à 48 h si le LCR est gardé à + 4°C. l Il est aussi possible d’utiliser du sérum de veau (1 goutte pour 0,25 mL de LCR) [3]. Dans tous les cas, si un additif a été ajouté au LCR, ce prélèvement ne doit pas être utilisé pour la mesure des protéines ou pour des titrages d’anticorps ; il convient alors de réserver le LCR récolté dans un tube sec pour ces analyses. L’ANALYSE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN L’analyse du liquide céphalo-rachidien (LCR) comprend un examen macroscopique du liquide, la mesure de la concentration en protéines, le comptage cellulaire, et l’examen cytomorphologique après cytocentrifugation du liquide. l En fonction des résultats de cet examen, d’autres analyses sont parfois envisagées, notamment des recherches d’agents pathogènes par PCR ou par titrage d’anticorps. l
Définitions
❚ Tube sec : Tube au bouchon rouge ne contenant aucun anticoagulant.
❚ Tube EDTA : Tube au bouchon mauve contenant de l’éthylène diamine tétra acétique qui chélate le calcium et bloque ainsi la formation du caillot.
En pratique ❚ Analyser le liquide céphalorachidien dans les 30 à 60 min qui suivent son prélèvement. ❚ Collecter le LCR sur un tube sec et sur un tube EDTA : - ce tube évite qu’un caillot ne se forme en cas de contamination sanguine de l’échantillon ; - permet de réaliser l’analyse cytologique ; - et, si besoin, des recherches d’agents pathogènes par PCR.
1. L’examen macroscopique du liquide Le liquide céphalo-rachidien (LCR) présente un aspect eau de roche et ne coagule pas, en raison de l’absence de fibrinogène. Ce liquide peut devenir turbide si le sang
RUBRIQUE
l
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 MAI / JUIN 2014 - 241
50-58 syndrome du wobbler BAT V°_Gabarit rubrique 23/12/2014 12:45 Page50
imagerie
sémiologie radiographique du syndrome de Wobbler chez le cheval
Eddy Cauvin1 Émilie Segard2 1 Azurvet Hippodrome 2 boulevard Kennedy 06800 Cagnes sur Mer 2Département de médecine
La radiographie conventionnelle reste la technique principale pour rechercher la présence d’affections cervicales chez le cheval. Toutefois, la radiographie sans préparation a des limites. La myélographie est l’examen de choix pour confirmer et localiser une compression médullaire.
et chirurgie des équidés, service d’imagerie médicale, VetAgroSup, Lyon
Objectif pédagogique ❚ Connaître les techniques d’imagerie pour le diagnostic du syndrome de Wobbler chez le cheval.
L
Essentiel ❚ La radiographie est toujours indiquée en première intention. ❚ Des radiographies de qualité diagnostique correcte peuvent être obtenues sur le cheval debout. ❚ L’absence de lésion radiographique visible n’indique pas une absence de compression médullaire. ❚ À l’inverse, la présence d’anomalies de forme, de diamètre du canal cervical ou des processus articulaires, n’implique pas forcément une compression de la moelle.
RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 244 - MAI / JUIN 2014
e diagnostic du syndrome de Wobbler chez le cheval se fonde avant tout sur un examen clinique et neurologique complet, qui met en évidence des signes de parésie et/ou d’ataxie, donc qui permet de préciser la neurolocalisation. ● Les techniques d’imagerie révèlent les anomalies morphologiques, et peuvent ainsi confirmer la présence de lésions vertébrales. Toutefois, la sensibilité de ces techniques pour détecter une compression médullaire chez le cheval reste relativement faible, même avec le recours à la myélographie. ● La tomodensitométrie (‘scanner’’), ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM), sont les techniques de référence habituelles chez l’homme. De même, elles sont de plus en plus utilisées pour les petits animaux de compagnie. En revanche, elles restent peu praticables chez les équidés, en raison de la difficulté, dans la majorité des unités disponibles, à placer la partie caudale de la colonne cervicale dans le statif ou l’aimant (en général au delà de C3 à C5). ● Dans un certain nombre de cas, la radiographie sans préparation met en évidence des signes de malformations, d’instabilité intervertébrale, ou des remodelages et des remaniements des facettes articulaires. Plus rarement, des lésions spécifiques impliquent directement la présence de compression médullaire (fractures, tumeurs, lésions infectieuses, notamment de spondylodiscite). ● Il est cependant important de reconnaître les limites de cette techinique d’imagerie. La radiographie est très peu sensible, en raison de l’épaisseur des tissus, et surtout des superpositions complexes des structures osseuses. De plus, les lésions affectent
50
1
Obtention de clichés de profil de la colonne cervicale. Le cheval est tranquillisé, la cassette et le tube sont autoportés, nécessitant ainsi un seul assistant pour tenir la tête du cheval. Une barrière peut être ajoutée pour mieux contenir l’animal (photo E. Cauvin).
essentiellement les tissus mous pour lesquels la résolution en contraste sur un examen radiographique est très faible. ● D’autre part, interpréter une myélographie peut être difficile chez le cheval pour des raisons techniques, et parce qu’il existe des lésions non compressives de la moelle épinière ou des racines nerveuses qui ne s’accompagnent pas de modification de l’espace sous-arachnoïdien. ● Malgré ces désavantages majeurs, l’accès limité aux techniques d’imagerie de coupe (scanner et IRM) implique que la radiographie conventionnelle reste la technique principale pour rechercher la présence d’affections cervicales. COMMENT EFFECTUER UNE RADIOGRAPHIE SANS PRÉPARATION ● La radiographie est toujours indiquée en première intention. Elle permet d’éliminer certaines lésions morphologiques des vertèbres, telles que les fractures, les tumeurs, ainsi que certains signes d’instabilité (encadré matériel).
59-63 Revue internationale NPE 34 BAT2_Revue Internationale 23/12/2014 13:22 Page59
revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 Jean-Philippe Germain2 Sophie Pradier3
les articles parus ce dernier trimestre classés par thème dans les revues
1 Pôle équin VetAgro-Sup, 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile
- The Vet Journal .................................................................................................................................. 2014;199:110-4 - Equine Vet J ..................................................................................... DOI:10.1111/evj.12262 ; evj.12316 ; ...................................................................................................................................... 46(1):575-8 ; 596-600 ; 46(3):339-44 - Am Vet J Reserarch ............................................................................................................................. 2014(Août) - Vet Ophthalmol ............................................................................................. 2014;17(1):117-28; (1):160-7 - J Vet Intern Med .............................................................................................................................. 2014;28:918-24
Ophtalmologie - Phacoémulsification pour le traitement chirurgical de la cataracte : synthèse de deux études rétrospectives sur le succès thérapeutique chez 136 chevaux
Thérapeutique - Pharmacocinétique pulmonaire du desfuroylceftiofur après une administration de ceftiofur sodique par nébulisation ou intramusculaire à des poulains sevrés
- Facteurs associés à la survie de 148 chevaux en décubitus
2 La clinique du cheval 3910, Route de Launac 31330 Grenade 3 Clinique équine Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse 23 Chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex
à résonance magnétique : résultats sur 50 cas (2005-2011)
Chirurgie osseuse
Digestif
- Ostectomie subtotale (coin crânial) : une nouvelle technique pour le traitement du conflit des processus épineux : étude chez 25 chevaux
- Endotoxémie induite expérimentalement : les effets du clopidogrel sur 12 juments adultes
Chirurgie / Imagerie - Névrectomie palmaire/plantaire chez des chevaux présentant des douleurs aux pieds évaluées par imagerie
Synthèses rédigées par Claire Bouissonnié, Mylène Caillaud, Pascale Dussaud, Cyrielle Gabay, Camille Pinson, Aurélie Vigreux
un panorama des meilleurs articles d’équine Ophtalmologie
PHACOÉMULSIFICATION POUR LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA CATARACTE : synthèse de deux études rétrospectives sur le succès thérapeutique chez 136 chevaux Ces deux études rétrospectives portent sur 136 chevaux, ayant subi une technique chirurgicale de phacoémulsification, dans le but de restaurer la fonction visuelle perdue lors de cataracte. Matériel et méthodes Les études incluent des chevaux ou des poulains avec une cataracte congénitale, suite à une uvéite chronique, traumatique ou à une raison indéterminée. ● La technique de phacoémulsification (PE) est réalisée afin de restaurer la vue de ces chevaux. - L’étude d’Edelmann et coll regroupe 41 chevaux, dont cinq ayant subi une PE bilatérale. - L’étude de Brooks et coll regroupe 95 chevaux, et sur 16 d’entre eux, une PE bilatérale a été pratiquée. ● Les données regroupent l’âge des chevaux au moment de l’acte chirurgical, la mise en place ou non d’une lentille intra-oculaire (LIO), d’un implant de ciclosporine (IC), les complications intra ou post-opératoires, la présence d’une uvéite chronique (UC) antérieure à la chirurgie et la vue du cheval à long terme. ●
Résultats
Objectifs des études
Dans la première étude, l’âge auquel le cheval a subi la phacoémulsification (PE) n’est corrélé au résultat visuel à long terme. Une lentille intra-oculaire (LIO) est placée chez 50 p. cent des chevaux, et chez 9 p. cent des chevaux dans la seconde étude. La mise en place d’une LIO n’est pas corrélée avec le résultat visuel à long terme de l’ensemble des chevaux confondus, mais permet un taux plus important de retour de la vue chez les chevaux avec uvéite chronique (UC) (étude 1). Plus de chevaux avec UC retrouvent la vue dans l’étude 2 que dans l’étude 1. ● La complication intra-opératoire la plus observée est la déchirure de la capsule postérieure, qui n’est pas associée à la perte de vue, alors qu’un prolapsus vitré ou un hyphéma entraînent sa perte totale (étude 1). ● Les complications post-opératoires sont un œdème cornéen résolutif, l’apparition de synéchies, d’ulcère cornéen, d’un hyphéma, d’opacité de la capsule postérieure et d’un iridocy-
❚ Évaluer la vision à long terme des chevaux ou des poulains suite à une phacoémulsification, pour éliminer la cataracte. ❚ Déterminer si l’âge du cheval au moment de l’acte chirurgical, la mise en place d’une lentille intra-oculaire ou la présence d’une uvéite chronique antérieure influe sur la vision à long-terme.
●
u Vet Ophtalmology 2014;17(1):160-7 Retrospective evaluation of phacoemulsification and aspiration in 41 horses (46 eyes) : visual outcomes versus age, intraocular lens, and uveitis status Edelmann ML, McMullen R Jr, Stoppini R, Clode A, Gilger BC.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 MAI /JUIN 2014 - 253
64-66 Test clinique R BAT_PP 64-65 Test clinique R 23/12/2014 21:45 Page64
test clinique
observation originale
les réponses
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un lymphome multicentrique chez un cheval de 4 ans
Caroline Marguet Laurent Maurizi Benoît Tainturier Vétérinaires des armées Antenne vétérinaire de Paris, Garde républicaine 18 boulevard Henri IV 75181 PARIS Cedex 04
1 Quels examens complémentaires effectuer d’emblée ? ● Une première numération-formule sanguine met en évidence une leucocytose (35 000/µL)1, et une lymphocytose (17 000/µL)2. Aucune anomalie de la lignée rouge n'est notée. ● L'hémogramme est renouvelé au bout de 10 jours, et montre une nette augmentation de la leucocytose (60 000/µL) et de la lymphocytose (58 000/µL). ● La numération leucocytaire atteint 82 000/µL quelques jours plus tard, dont 86 p. cent de lymphocytes (71 000/µL). ● La lecture des frottis sanguins confirme la leucocytose sévère et révèle la présence de lymphocytes atypiques de morphologie polymorphe, de taille variable, avec des noyaux à chromatine mature souvent encochés ou scindés en deux (photo 6). De nombreuses cellules lymphoïdes blastiques de taille moyenne sont observées, présentant un rapport nucléocytoplasmique élevé, un cytoplasme basophile et un noyau excentré parfois polylobé. ● L'analyse biochimique révèle une légère hypoalbuminémie (25,4 g/L)3. La fibrinogènémie (2,47 g/L) est dans l'intervalle des valeurs usuelles4.
Essentiel ❚ Le lymphome est une affection rare chez le cheval et touche généralement des chevaux de 5 à 10 ans. ❚ Très peu de chevaux malades présentent une lymphocytose sévère et les examens de laboratoire sont souvent peu spécifiques.
Diagnostic ❚ Le diagnostic se fait par mise en évidence de lymphocytes néoplasiques dans les tissus, le sang, la moelle osseuse.
Pronostic ❚ Le pronostic est défavorable malgré le récent développement de nouvelles thérapies.
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 9 / n°34 258 - MAI / JUIN 2014
2 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● Le jetage, la toux, l'hypertrophie des nœuds lymphatiques mandibulaires et la leucocytose (quoique sévère) orientent vers une infection de l'appareil respiratoire. Le cheval est correctement vacciné contre la grippe et la rhinopneumonie ; cependant, une autre virose respiratoire est envisageable, ainsi que la gourme. ● L'œdème du fourreau et des conjonctives oculaires évoquent des lésions vasculaires et ceci, associé à l'abattement du cheval, nous conduit également à envisager l'artérite virale équine, ainsi que l'anémie infectieuse des équidés. ● En présence d'une lymphocytose sévère et persistante, il faut suspecter un processus tumoral affectant la lignée lymphoïde.
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Ponction de nœud lymphatique mandibulaire à l'aiguille fine.
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Ponction de moelle osseuse (photos B. Tainturier).
3 Quel traitement proposez-vous dès ce jour, et les jours suivants ? ● Le cheval présente des signes généraux assez sévères. Dans l'attente d'un diagnostic définitif, il est isolé, et un traitement à la dexaméthasone (0,1 mg/kg) est instauré ainsi qu’un traitement antibiotique (pénicilline G procaïne, 30 000 UI/kg/j), dans l'éventualité d'une gourme. ● La réponse au traitement est globalement favorable. Le volume des nœuds lymphatiques et du fourreau, la fréquence cardiaque, et la numération leucocytaire diminuent. En revanche, les conjonctives oculaires restent œdématiées, et le cheval perd encore du poids. NOTES 1 Intervalle de référence 6 000-11 000/µL [8] 2 Intervalle de référence 1 600-5 400/µL [8] 3 Intervalle de référence 28 à 36 g/L [8] 4 Intervalle de référence 1 à 4 g/L [8]