NPE N°42

Page 1

Couv NPE 42 NUM.qxp_Couverture NPE 27 15/06/2017 12:08 Page1

DOSSIER : LES AFFECTIONS DENTAIRES CHEZ LES ÉQUIDÉS

Volume 11

N°42 AVRIL 2017 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

LES AFFECTIONS DENTAIRES CHEZ LES ÉQUIDÉS - Histoire - la dentisterie équine : des origines à maintenant, une renaissance !

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°42 - AVRIL 2017

- Les affections dentaires du jeune cheval - Les affections dentaires et leurs traitements chez le cheval âgé - Imagerie Comment optimiser les radios dentaires chez le cheval

DOSSIER : LES AFFECTIONS DENTAIRES chez les équidés La dentisterie est une discipline qui a beaucoup évolué ces dernières années. Le développement d’outils diagnostiques plus efficaces et plus abordables nous ont fait prendre conscience que le simple regard et la palpation orale comportent de sérieuses limites ...

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Revue de presse internationale: notre sélection en Médecine du sport - Uro-néphrologie - Chirurgie / Locomoteur - Médecine interne - Thérapeutique

www.neva.fr

- Test clinique - Toux, abattement et dyspnée expiratoire

- La résorption odontoclastique et l’hypercémentose des dents équines (EOTRH) : une maladie des incisives et des canines - Thérapeutique - Comment et quand utiliser les antibiotiques dans les affections dentaires et sinusales chez le cheval ?

Âne - Les particularités dentaires chez l’âne

Rubriques - Réglementation - Les actes de dentisteries équines en France chez le cheval - Anesthésie - Les techniques d’anesthésies locales et régionales pour les procédures dentaires chez le cheval


3 sommaire NPE42 num.qxp_Sommaire NPE 21 14/06/2017 22:59 Page3

Volume 11

N°42 DOSSIER SPÉCIAL Plus d’informations sur www.neva.fr

sommaire

LES AFFECTIONS DENTAIRES chez les équidés

Test clinique - Toux, abattement et dyspnée expiratoire Emma Morand, Élodie Lallemand Éditorial Denis Verwilghen

4 5

CHEVAL ET ÉQUIDÉS Dossier : Les affections dentaires chez les équidés - Histoire - la dentisterie équine : des origines à maintenant … une renaissance ! Pierre Chuit 7 - Les affections dentaires du jeune cheval Sigrid Grulke, Geoffroy de la Rebière de Pouyade, Alexandra Salciccia 13 - Les jeunes bouches et leurs problèmes chez le cheval Pierre Chuit 19 - Les affections dentaires et leurs traitements chez le cheval âgé Lieven Vlaminck, Knut Nottrott 27 - Imagerie - Comment optimiser les radios dentaires chez le cheval Francesco Moja, Donatella De Zani 34 - La résorption odontoclastique et l’hypercémentose des dents équines (EOTRH) : une maladie des incisives et des canines Knut Nottrott, Tilman Simon, Denis Verwilghen 39 - Thérapeutique - Comment et quand utiliser les antibiotiques dans les affections dentaires et sinusales chez le cheval Astrid Bienert-Zeit, Denis Verwilghen 44

ÂNE - Les particularités dentaires chez l’âne Ahmed Chabchoub, Imen Nasri

48

RUBRIQUES - Réglementation - Les actes de dentisteries équines en France chez le cheval Jean-Yves Gauchot, Claude Laugier, Claire Scicluna - Anesthésie - Les techniques d’anesthésies locales et régionales pour les procédures dentaires chez le cheval Karine Portier, Knut Nottrott

53

57

Souscription d’abonnement en page 69 et sur www.neva.fr

(CAB International)

• CAB Abstracts Database

62

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)

- Médecine du sport - Effets du maintien de différentes intensités d’exercice sur les capacités aérobies de Pur-sangs, au cours d’une période de désentraînement - Uro-néphrologie - Signalement, caractéristiques cliniques et devenir des mâles avec une fissure urétrale traitée par urétrostomie périnéale ou par une incision dans le corps spongieux : 33 cas - L’évolution des myosites à médiation immune chez les chevaux et leurs répercussions cliniques - Chirurgie / Locomoteur - Une nouvelle technique écho-guidée pour la desmotomie du ligament annulaire palmaire / plantaire chez les chevaux - Thérapeutique - Les effets de la dexaméthasone sur la concentration en lactate chez les chevaux

Observations et résultats originaux

• Index Veterinarius (CAB International)

Mònica Maria Balaguer, Camille Marsan, Fanny Simon, Hélène Matthys, Marie Perrault

Test clinique - les réponses Tests de formation continue - les réponses

indexée dans les bases de données : • Veterinary Bulletin

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain, Sophie Pradier Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection par

revue de formation à comité de lecture

CHEVAL ÂNE RUBRIQUE

67 70

3

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 259


4 Test clinique Q NPE42 BAT.qxp_PP 4 Test clinique Q 12/06/2017 19:10 Page4

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

test clinique toux, abattement et dyspnée expiratoire

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Marc Gogny (E.N.V.A.) Jean-François Bruyas (Oniris) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (Anses

Rédacteurs en chef scientifiques

Emma Morand Élodie Lallemand

disponible sur www.neva.fr

Eddy Cauvin (praticien) Mathieu Lenormand (praticien) Sophie Pradier (E.N.V.T.)

Clinique équine - École nationale vétérinaire de Toulouse Chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 3

Comité de rédaction Vincent Boureau (Comportement, praticien) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, Oniris) Louis-Marie Desmaizières (Médecine, chirurgie, praticien) Aude Ferran (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.T.), Jean-Yves Gauchot (Médecine, dentisterie, praticien), Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Céline Mespoulhès-Rivière (Chirurgie, E.N.V.A.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Roland Perrin (Chirurgie, praticien) Jean-Marc Person (Immunologie) Didier Pin (Dermatologie, VetAgro Sup) Caroline Prouillac (Pharmacie - Toxicologie VetagroSup) Xavier Pineau (Pharmaco-Toxicologie, VetAgro Sup) Benoît Rannou (Biologie clinique, VetAgro Sup) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Fabien Relave (Chirurgie, praticien) Fabrice Rossignol (Chirurgie, praticien) Brigitte Siliart (Biologie- biochimie, Oniris) Renaud Tissier (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.A.) François Valon (Médecine interne, praticien) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 61 € Institutions, bibliothèques et admin : sur devis . SARL au capital de 7622 €

comité de lecture

Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0417 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Les contenus du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine sont protégés par la législation sur le droit d’auteur. Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon (loi du 11 mars 1957). Les “copies ou reproductions sont strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective (...)”. Le non respect de la législation constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 260 - AVRIL 2017

U

n hongre Pur-sang anglais de 22 ans est référé à l’école vétérinaire de Toulouse pour explorer une dyspnée expiratoire associée à un abattement marqué. l Ce cheval a été vu par son vétérinaire traitant 10 jours avant pour anorexie, jetage et toux ; un épisode de colique a alors été suspecté. Une injection de Finadyne® IV a été réalisée et un traitement à l’aide de PenHista-Strep® 20mL en IM pendant 5 jours a été prescrit. Les propriétaires rapportent une amélioration des symptômes, puis une rechute à l’arrêt du traitement. Les propriétaires lui ont administré 12 ml de Finadyne® IV le matin de la consultation car le cheval était abattu mais ne présentait pas de perte d’appétit comme précédemment. l Ce cheval vit au pré avec un autre congénère, n’est pas à jour de ses vaccins et est vermifugé selon le protocole établi par son vétérinaire traitant deux fois par an. Le cheval est à la retraite depuis 5 ans et aucun examen dentaire n’a été effectué depuis. l Deux ans auparavant, il a présenté un épi-

4

François Auzas, IIsabelle Barrier-Battut, Bruno Baup, Philippe Benoit, Géraldine Blanchard, Sarah Buisson, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), Élodie Chollet, Pierre Chuit (Suisse), Matthieu Cousty, Julie Dauvillier, Florent David (Irlande), Isabelle Desjardins, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Lætitia Jaillardon, Catherine Gaillard-Lavirotte, Xavier Gluntz,

Delphine Holopherne, Martine Kammerer, Emmanuel Lagarde, Elodie Lallemand, Claire Laugier, Jean-Pierre Lavoie (Canada), Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Pierre-François Mazeaud, Sarah Ménager, Ève Mourier, Valérie Picandet, Cyrille Piccot-Crézollet, Michel Péchayre, Mickaël Robert, Morgane Schambourg, Claire Scicluna, Christopher Stockwell, Sarah Ténédos, Etienne Thiry (Liège), Emmanuelle Van Erck (Liège).

1

Cheval placé en isolement le jour de l’admission, présentant un abattement marqué (non sédaté) (photo Clinique équine - ENV Toulouse).

sode de piroplasmose et l’année passée, un bouchon œsophagien. l À l’admission, le cheval présente une tachycardie (72 bpm), des muqueuses congestives avec un temps de remplissage capillaire de 3 à 4 secondes, un jetage bilatéral séreux teinté de sang, et il est normotherme. l L’examen de l’appareil respiratoire révèle une tachypnée (44 mpm), une dyspnée expiratoire ainsi qu’une toux quinteuse spontanée non productive. L’auscultation pulmonaire met en évidence des râles expiratoires ainsi qu’une diminution des bruits en partie inférieure (photo 1). Aucune autre anomalie n’est alors constatée. 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? 2 Quels examens complémentaires réaliser ? 3 Quelle prise en charge mettre en place ? Réponses à ce test page 67

Je m’abonne en p. 69 et découvrez les offres spéciales et les offres parrainage sur www.neva.fr


5-6 editorial NPE42 dentisterie equine BATqxp.qxp_gabarit rubrique NPE 14/06/2017 16:55 Page5

disponible sur www.neva.fr

éditorial

La dentisterie équine, un changement de paradigme chez le cheval ...

L

à ou historiquement, les soins dentaires équins impliquaient un vétérinaire ou un laïc, balançant à l’aveugle une râpe rouillée dans la bouche d’un cheval afin d’éliminer des soi-disant pointes d’émails, cette approche n’est plus justifiable dans une profession mâture qui est la médecine vétérinaire de ce jour [12]. Clairement, cette citation de Henry Tremaine faite en 2012 n’est que devenue plus vraie en 2017. l À l’époque où le charpentier n’avait qu’un marteau, tout était clou. Et la période où le vétérinaire ne disposait que d’une variation de râpes soit manuelles soit électrique n’est pas encore si lointaine. Aussi, tout était défaut d’usure et pointes d’émail et demandait un râpage. Dans ce sens, trois causes majeures de défaut d’usure furent reconnues [2] : 1. les excroissances ou les pointes d’émail associées à la domestication du cheval ; 2. les excroissances liées à des anomalies de développements (défaut d’implantations, becs de perroquets, …) ; 3. les excroissances associées à des anomalies dentaires acquises comme la perte d’une dent ou le vieil âge. l Il est certes vrai que les protocoles plus efficaces de sédation ont contribué à diminuer le danger perçu lié à une intervention intra-orale chez le cheval, et à en améliorer la qualité et la sécurité pour le vétérinaire aussi bien que pour le cheval. Néanmoins, c’est “le marteau” qui a depuis peu été remplacé par des outils diagnostiques plus adéquats. Le développement d’outils diagnostiques plus efficaces et surtout, financièrement plus abordables, comme les miroirs dentaires, puis les vidéo endoscopes buccaux nous ont fait prendre conscience que le simple regard et la palpation orale comportent de sérieuses limites au niveau du diagnostic dentaire. Accompagné par une multiplication exponentielle de littérature scientifique sur le sujet de la dentisterie équine, il est devenu clair que le râpage ne prend qu’une place marginale dans les soins des dents équines. Conjointement à l’amélioration du diagnostic dentaire, la prise de conscience que certes les dents des chevaux poussent mais pas de façon illimitée, et qu’ainsi chaque râpage inutile porte atteinte au capital dentaire du cheval, a créé un changement de paradigme dans la dentisterie équine.

Denis Verwilghen MS, PhD, DES, Diplômé ECVS (European College of Veterinary Surgeons) Spécialiste européen en Chirurgie équine Equine Specialists.EU Danemark

Essentiel

z La notion de l’entretien régulier de la dentition du cheval par râpage doit être revue. Celle-ci ne cadre plus avec la notion actuelle de dentisterie équine. z Le râpage peut causer des dommages irréversibles ; c’est un traitement à effectuer lorsqu’un diagnostic est établi. z Les défauts d’usure ne sont pas des affections mais sont, en majorité, la conséquence d’autres affections qui conduisent à des défauts de mastication.

LE DIAGNOSTIC AVANT TOUT l

Depuis longtemps, nous nous sommes, comme vétérinaire, concentrés sur le traitement d’anomalies d’usure tout en ayant négligé le diagnostic des affections qui les causent [4]. Comme lors de chaque acte médical, un examen général, suivi d’un examen approfondi, permet d’établir un diagnostic, un pronostic, et de mettre en œuvre un traitement adéquat. Rien n’est différent en dentisterie équine. Tout comme le dentiste humain, qui ne fore ni ne remplit les cavités dentaires chaque année mais vous conseille un contrôle annuel de la santé bucco-dentaire, chaque cheval a le droit à un examen annuel qui détermine la nécessité d’une intervention spécifique. Cet examen inclut le besoin d’un râpage. Celui-ci doit en effet être considéré comme faisant partie de l’arsenal thérapeutique. l Il est de plus en plus clair que les anomalies d’usure et l’apparition de pointes d’emails ne sont, en fait, que des répercussions ou des symptômes secondaires à des affections dentaires [4]. L’article de Moore [9], qui présente deux cas de dentition en cisaille n’en démontre pas moins. La présence dans les cas décrits d’une atrophie du muscle temporal unilatéral illustre un défaut de mastication. Un examen oral approfondi révèle la présence d’une fracture de la 409 dans les deux cas. Après extraction de la dent, une nécrose interne totale de la pulpe est identifiée et révèle le processus chronique de l’affection. l La cause primaire du défaut de mastication ayant été identifiée et résolue, une correction progressive de l’angulation dentaire a été réalisée avec succès. Certaines affections congénitales (déviations de la face, becs de perroquets, …), des affections de l’articulation temporo-mandibulaire, ou encore certaines maladies neurologiques peuvent être à l’origine des défauts d’usure. Et la résolution de l’affection primaire ne peut, dans ces cas, pas nécessairement être achevée. Dans bien d’autres situations, un traitement primaire est possible, dès lors que l’affection est diagnostiquée.

En pratique

z Un contrôle annuel de la santé bucco-dentaire est conseillé.

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

5

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 261


5-6 editorial NPE42 dentisterie equine BATqxp.qxp_gabarit rubrique NPE 14/06/2017 16:55 Page6

La dentisterie équine, un changement de paradigme chez le cheval L‘IDENTIFICATION DE “NOUVELLES” AFFECTIONS

Références 1. Bettiol N, Dixon PM. An anatomical study to evaluate the risk of pulpar exposure during mechanical widening of equine cheek teeth diastemata and “bit seating”. Equine Vet J, 2011;43(2):163-9. 2. Dixon P. Removal of equine dental overgrowths. Equine Vet Education 2000;12(2):68-81. 3. Easley J, Odenweller S. Is your practice diagnosing cheeck teeth diastemata? Equine Veterinary Education 2015;27(7):376-84. 4.Easley J. Abnormal dental wear - a paradigm shift. Equine Vet Education 2016;28(1):20-2. 5. Haeussler S, coll. Intra-pulp temperature increase of equine cheek teeth during treatment with motorized grinding systems:influence of grinding head position and rotational speed. BMC Vet Res 2014;10:47. 6. Kennedy RS, Dixon P. The aetiopathogenisis of equine periodontal disease - a fresh perspective. Equine Vet Education 2016:in press. 7. Lundstrom T, Wattle O. Description of a technique for orthograde endodontic treatment of equine cheek teeth with apical infections. Equine Vet Education 2016;28(11):641-52. 8. Marshall R, Shaw DJ, Dixon PM. A study of subocclusal secondary dentine thickness in overgrown equine cheek teeth. Vet J 2012;193(1):53-7. 9. Moore NT, Clinical findings and treatment of shear mouth in two horses associated with ipsilateral painful dental disease. Equine Veterinary Education 2016;28(1):13-9. 10. O'Leary JM, coll. Pulpar temperature changes during mechanical reduction of equine cheek teeth: comparison of different motorised dental instruments, duration of treatments and use of water cooling. Equine Vet J 2013;45(3):355-60. 11. Staszyk C, coll. Equine odontoclastic tooth resorption and hypercementosis. Vet J 2008; 178(3):372-9. 12. Tremaine H, Casey M. A modern approach to equine dentistry 1. Oral examination. In Practice 2012;34(1):2-10.

l

Les “nouvelles” affections dentaires, certes existent depuis bien longtemps mais ont historiquement été mal définies et surtout identifiées. La recherche fondamentale et clinique dans le domaine ont apporté une série de nouvelles définitions des affections. La reconnaissance de l’apparition de caries chez le cheval en est un exemple. l L’Equine odontoclastic tooth resorption and hypermentosis (EOTRH), développée dans l’article par Knotrott et coll. dans ce numéro, est certes l’affection la plus récemment décrite en dentisterie équine. Pendant longtemps, on a considéré que des chevaux avaient une dentition de vieux. Rétraction de muqueuses et gingivites, forte angulation des incisives, pertes de dents, … toutes pouvant être liées au vieillissement. Néanmoins, depuis la description de cette affection par Stazyck et coll. en 2008 [11], il est devenu clair que de nombreux chevaux âgés souffrent en fait de cette affection évolutive. Aucun traitement ne permet d’abolir les processus, et l’extraction des dents affectées est actuellement le traitement de choix. l Les diastèmes et la périodontie, ne sont pas de nouvelles affections, mais de nouvelles vues sur leur apparition et leur évolution. Les diastèmes sont tout d’abord une cause non négligeable de dis-mastication, ils entraînent des défauts d’usure fortement sous-diagnostiqués [3]. Ensuite, une meilleure connaissance de l’étiopathogénèse de la périodontie apporte des perspectives différentes de traitement [6]. l Le diagnostic de diastèmes peut être difficile, un examen visuel superficiel ne permet pas souvent de les visualiser. Une bonne contention et un pas d’âne complet associé à un examen visuel et palpatoire précis est requis pour un bon diagnostic. Compte tenu du caractère évolutif du diastème, son identification précoce est importante. Une modification très localisée de la surface d’occlusion peut parfois être la seule chose nécessaire afin de résoudre la progression du diastème. Ceci illustre d’emblée la nécessité d’un râpage contrôlé lors de modifications de la table dentaire.

➜ A suivre les articles sur la chirurgie dentaire et l’article de Chris Pearce “Comment restaurer la partie vivante de la dent chez le cheval ?” : celui-ci explique les différentes apparitions de caries. Là ou préalablement beaucoup de fractures dentaires ont été classifiées comme idiopathiques, il semble clair, particulièrement au niveau des fractures sagittales des mâchelières maxillaires, que celles-ci résultent d’un processus avancé de caries infundibulaires. Le développement de techniques de reconstruction dentaire permet avec succès d’éviter l’évolution de la carie vers une fracture et vers une éventuelle sinusite secondaire. Leur identification précoce est donc la clé. De plus, là où préalablement, le succès des traitements endodontiques était faible chez le cheval, les résultats actuels sont encourageants et sont liés à l’avancée des techniques réalisées par voie orale [7]. L’identification d’affections pulpaires reste néanmoins un défi.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 262 - AVRIL 2017

PRIMUM NON NOCERE : D’ABORD, NE PAS NUIRE l

Le râpage à l’aveugle n’a pas de place dans la dentisterie actuelle. Le râpage s’effectue sous contrôle visuel tout en s’assurant de ne pas surchauffer la dent ni d’exposer la pulpe dentaire. Les parties vivantes de la dent pouvant se trouver à juste 2 mm sous la surface occlusale [1, 8], un râpage excessif

6

réalisé sans contrôle visuel peut risquer d’endommager sérieusement la dent. L’apparition de râpes motorisées plus agressives que les manuelles risquent également de surchauffer les parties vitales de la dent. Une augmentation de 5,5°C est nécessaire afin de causer des dommages irréversibles à la pulpe dentaire. Cette température peut facilement être atteinte en une trentaine de secondes lors de réductions d’excroissances dentaires avec les outils motorisés actuellement disponibles et n’ayant pas de refroidissement à l’eau [5, 10]. De plus, l’augmentation de la température intra-dentaire est cumulative. Il ne faut donc pas nécessairement un râpage continu pour arriver à la température critique. L’utilisation d’un appareil motorisé avec refroidissement et/ou laisser à la dent le temps de refroidir entre les périodes de râpages est donc impératif. l Les répercussions de traitement agressif et incontrôlé sont rarement visibles immédiatement. La symptomatologie d’une pulpe septique prenant des semaines, voire des mois à se développer, la nécrose de la partie vitale due à une dent surchauffée et les complications liées à la “mort” de la dent n’apparaissant que bien plus tard (prédispose la dent à des fractures, problèmes d’occlusion dus à une pousse altérée et autres affections), ajoutées au fait que le tissu dentaire a une capacité réparatrice inhérente et que certains dégâts causés n’apparaîtront jamais cliniquement, tout ceci rend difficile au quotidien de se rendre compte de la cause à effet. Alors que le praticien qui réalise une injection synoviale à mauvais escient cause une arthrite septique va être rappelé par le propriétaire de l’animal dans un délai relativement court en raison de l’apparition d’une boiterie sévère, il est peu probable de se voir être tenu responsable pour les dégâts liés à un traitement agressif dentaire dû au laps de temps nécessaire à un développement clinique des complications. CONCLUSION l L’avancée des données scientifiques et cliniques sur les dents du cheval nous apporte une vue totalement différente sur la façon d’approcher la dentisterie équine à ce jour. l Un râpage d’entretien doit, compte tenu de ces données, être remplacé par un contrôle régulier et systématique de la santé bucco-dentaire du cheval. La bonne connaissance de l’anatomie, et des différentes affections dentaires permet au vétérinaire d’établir un diagnostic juste et de définir le traitement adéquat, incluant ou non la réalisation d’un râpage dentaire. r


7-12 Histoire dentisterie BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 15/06/2017 11:44 Page7

histoire la dentisterie équine des origines à maintenant … une renaissance !

Pierre Chuit Médecin vétérinaire 1297 Founex Suisse

Voici une synthèse de l’histoire de la dentisterie équine. A lire, relire ou découvrir ... Le nouvel attrait pour cette discipline y est explicité.

Objectifs pédagogiques

z Découvrir l’histoire de la dentisterie équine avant sa récente renaissance. z Connaître les grandes étapes de l’évolution de cette discipline.

L

es facultés vétérinaires remettent enfin, après un grand vide de plusieurs décennies, l’enseignement de la dentisterie au goût du jour. Le collège européen de dentistertie équine (ECVD) s’est ajouté aux formations et le titre de spécialiste vétérinaire est désomais reconnu. Toute l’histoire de cette discipline est brossée afin de connaître les auteurs et les publications clés, et de comprendre comment la dentisterie équine, considérée jadis comme majeure (photo 1), est tombée en désuétude avant, ces toutes dernières décennies, de renaître avec le cheval, animal de sport et de loisir et non plus seulement animal de travail et d‘attelage. DÈS 1360 AVANT J-C, LA BOUCHE DES CHEVAUX, UNE PRÉOCCUPATION Dès Aristote, les maladies parodontales sont décrites ...

l Les premiers écrits sur les rudiments de l'art dentaire proviennent vraisemblablement des Hittites qui entretenaient une excellente cavalerie. Un document datant de 1360 av. J.C donne des renseignements sur l'alimentation et le dressage des chevaux d'attelage [19]. L'entraînement rapporté est rude : il dure 169 jours. Le cheval doit faire, dès le début, de 10 à 18 kilomètres au galop de course, et au 107e jour, de 70 à 84 kms [23]. l Xénophon (~426 à ~354 av. J.C.) a écrit un livre sur le dressage du cheval, il y mentionne un écarteur de bouche qu’il nomme “machina”. Simon d’Athènes (Ve siècle av. J.C.) a publié un traité sur l’équitation : l’Hipposcopique [10]. Aristote, dans des écrits de 350 av. J.C., fait de l'anatomie comparée et décrit les maladies parodontales [4, 12].

1 La “saignée du palais” : extrait de l’ouvrage “Le Parfait Mareschal”, de M Marcelicour, publié en 1691 (page 7) (photo P Chuit).

l Columelle (42-68 après J.C.) traite dans son De re rustica des maladies du bétail, bien qu’il ne soit pas praticien ; il parle de dystocies sur les brebis et même d’embryotomie.

Essentiel

z Ce n’est qu’en 1824 qu’un mémoire “Le traité de l’âge du cheval” de N-F Girard reprenant et complétant les données établies est édité. z Alors que le cheval utilitaire fait place au cheval de loisir et de sports avec d'autres prérogatives, le confort de la bouche vient s'ajouter au nivellement des dents, à l'arasement des pointes et autres techniques servant à améliorer la mastication.

En 400, les maladies des dents ... l En 400, un écrivain romain nommé Chiron nous parle dans un volume de joues enflées, de maladies des dents et comment traiter les fractures de mandibule ; dans un autre, il décrit les dents. l Publius Vegetius Renatus-Végèce écrit “L’art vétérinaire” , traduit et imprimé en 1528 : on trouve dans cet ouvrage le diagnose de l’âge, des notions de maladie parodontale. D’après Gaston Ramon, dans son “Histoire illustrée de la médecine vétérinaire”, il semblerait que l’on ne sache rien sur la vie de cet auteur, et l’on ne connaît ni l’origine du manuscrit ni la date de sa parution. Il semblerait que la majeure partie de ce travail soit inspirée par les écrits d’Apsyrtus, vétérinaire de l’armée d’Alexandre le Grand. l À cette époque, sur ordre de l’empereur Constantin VII (350-400), 17 textes rédigés par des hippiatres byzantins sont rassemblés et juxtaposés pour devenir les “Hippiatrica”. Une traduction latine de l’Hippiatrique a été éditée sur l’ordre de François 1er par le médecin Jean Ruel en 1530, sous le titre de “Veterinae medicinae libri duo Johanne Ruellio suessionensi interprete” [7].

CHEVAL

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

7

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 263


13-18 Dentisterie jeunes chevaux BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 13/06/2017 17:03 Page13

les affections dentaires du jeune cheval

Sigrid Grulke1 Geoffroy de la Rebière de Pouyade2 Alexandra Salciccia3 1Phd,

Pourquoi réaliser un examen dentaire chez un poulain alors qu’il n’a pas encore toutes ses dents ? En effet, reconnaître le plus tôt possible des anomalies de coaptatione et des affections dentaires est important pour un diagnostic précoce et la mise en place d’un traitement adéquat.

L

es affections dentaires sont plus fréquemment associées au cheval d’âge moyen, et surtout au cheval âgé, alors que les poulains qui n’ont pas encore toutes leurs dents sont rarement examinés. Cet article illustre les affections dentaires du poulain et du jeune cheval jusqu’à l’âge de 5 ans afin de permettre au praticien de les reconnaître. Des traitements adaptés peuvent être instaurés de manière précoce afin de réduire l’apparition d’anomalies plus sévères par la suite. Dans les affections dentaires du jeune cheval, il convient de distinguer les affections maxillo-faciales de développement, et les affections dentaires à proprement parler. Certaines affections des mâchoires et des sinus, en lien direct avec la dentition, sont aussi abordées. LES ANOMALIES MAXILLO-FACIALES DE DÉVELOPPEMENT Plusieurs anomalies maxillo-faciales du poulain risquent d’engendrer secondairement des anomalies dentaires. Ce sont la malocclusion dentaire de type II ou le “bec de perroquet, la mâchoire de bouledogue ou malocclusion de type III, la Campylorrhinus lateralis, une malformation congénitale rare et La fente palatine. La malocclusion dentaire de type II ou le “bec de perroquet”

Définitions et clinique l

L’anomalie la plus courante est de loin le “bec de perroquet”, surtout rencontré chez les chevaux de selle. Cette mauvaise occlusion des incisives supérieures par rapport

Dipl. ECVS, 2Phd, 3Dipl. ECVS

Clinique équine B41, Chirurgie et orthopédie Faculté de Médecine Vétérinaire Université de Liège Avenue de Cureghem 5D 4000 Liège Belgique

Objectifs pédagogiques

z Comprendre l’importance d’un examen dentaire chez un poulain. z Connaître les affections maxillo-faciales et dentaires du jeune cheval et proposer des options de traitement.

1 Poulain de selle d’un an avec une sévère malocclusion de type II. - La flèche bleue indique le degré de “overjet”. - La flèche rouge indique le degré de “overbite” (photos Clinique équine, Faculté de Liège).

aux inférieures est scientifiquement nommée “malocclusion dentaire de type II”. Il est nécessaire de distinguer celle-ci, autrment appelée “overjet” de “l’overbite”. - Le “bec de perroquet” ou “overjet” est dépassement de l’os incisif et des incisives supérieures dans un plan horizontal rostralement par rapport aux incisives inférieures. - “L’overbite” signifie que la surface occlusale des incisives supérieures se retrouve plus ventrale que la surface occlusale des incisives inférieures (photo 1). l Une courbure anormale de l’os incisif se développe en l’absence de contact occlusal entre les incisives supérieures et inférieures. Lorsque les incisives gardent un contact, l’overbite ne se développe pas [2]. Le “bec de perroquet”(ou “overjet”) peut être présent à la naissance mais se développer parfois aussi lors de la croissance. Il peut également mener à une anomalie d’usure des prémolaires et des molaires, car dans certains cas, la rangée des dents maxillaires se trouve en position plus rostrale que les dents mandibulaires. l En cas de malocclusion sévère, l’overbite et la déformation rostrale de l’os incisif s’aggravent progressivement (photo 2). La position des incisives inférieures en arrière de l’os incisif peut en outre freiner la croissance de la mandibule et aggraver la déformation [7]. En absence de correction dentaire, cette malocclusion peut mener à des anomalies

Définitions

z Le “bec de perroquet” ou “overjet” : les incisives inférieures se trouvent en avant des incisives supérieures sur un plan horizontal.

z “L’overbite” signifie que la surface occlusale des incisives supérieures se retrouve plus ventrale que la surface occlusale des incisives supérieures.

CHEVAL

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

13

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 269


19-26 Jeunes bouches BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 15/06/2017 11:41 Page19

dentisterie les jeunes bouches et leurs problèmes chez le cheval Les plus importantes anomalies observées dans les jeunes bouches des chevaux sont présentées avec avec un nombre exceptionnel de photos. Voici donc un abord très pratique des problèmes rencontrés.

D

e sa naissance à la fin de la période des éruptions des dernières dents permanentes, nombre d'anomalies et d’affections peuvent survenir chez le cheval adolescent. Celles-ci sont très souvent ignorées car l'on examine peu souvent, voire jamais la bouche des jeunes avant de leur mettre une embouchure.

Pierre Chuit Médecin vétérinaire 1297 Founex – Suisse

Objectifs pédagogiques

z Ouvrir la bouche des jeunes dès 2 ans et demi. z Ne pas hésiter à évulser les dents lactéales.

1

Franches montagnes de 3 ans, les dents 801 et 701 font de l’équilibre sur les deux grosses dents définitives (photos P. Chuit).

LES ANOMALIES DE NOMBRE Absence de dent, oligodontie (oligodontia) l Assez rare chez le cheval, l’oligodontie est aussi bien rencontrée sur les incisives, que sur les canines ou les mâchelières. l L’absence d'une dent est due soit à une agénésie ou à une inclusion. l Ce que l’on peut appeler “fausse oligodontie” est la perte des dents par accidents ; ceci est fréquent sur les incisives suite à des accidents.

Dent en trop, polyodontie (polyodontia) l Les molaires surnuméraires seraient assez fréquentes à la mâchoire supérieure, soit dans l'axe de l'arcade normale, soit en dehors ou en dedans (Cadiot et Almy) [3]. Ils décrivent une 4e molaire surnuméraire au fond de l'arcade, qu'ils baptisent “dent de sagesse”. l La fausse polyodontie résulte le plus souvent de la persistance de dents lactéales. La plus fréquente est celle observée aux niveaux des coins (#03).

LES ANOMALIES D'IMPLANTATION l Les torsions sont une rotation d'une dent en direction vestibulaire ou en direction linguale (photos 2, 3). l Le plus souvent, l'origine est due à un manque de place sur l’arcade. Elle peut éga-

2

3 Pur-Sang arabe de 6 ans. - La 206 en torsion palatinale. - À arrondir tous les ans.

Torsion de la 402 sur un poney de 5 ans.

lement être secondaire et due à une affection périodontale tendant à déstabiliser la racine. LES DENTS HÉTÉROTOPIQUES (KYSTES DENTIFÈRES OU DENTIGÈRES) l

Une dent hétérotopique est située ailleurs que sur les arcades dentaires (photo 4). On pense qu'il s'agit d'un enclavement d'une partie de l'ectoderme de l'embryon, soit parce que l'une des fentes branchiales s'est anormalement fermée en permettant la formation d'une cavité où le tissu ectodermique poursuit son évolution soit parce que la muqueuse buccale déjà formée s'est anormalement invaginée au cours de son évolution embryonnaire [1]. l Lors du processus des remplacements des dents vers 2 ans et demi à 3 ans et demi, les kystes dentifères ou dentigères sont particulièrement fréquents ; l'œil du clinicien est souvent attiré par une masse molle, suintante, fistulante laissant s’écouler un liquide jaunâtre, parfois tâché de sang. Ceci peut être

4

Dent hétérotopique sur un 8 ans.

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

19

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - page 275


21-27 affections dentaires cheval age BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 13/06/2017 19:37 Page27

les affections dentaires et leurs traitements chez le cheval âgé Le cheval âgé est capable de masquer des troubles de la mastication. Ainsi, on rencontre souvent des affections dentaires trop avancées pour lesquelles une guérison/correction complète est rarement possible. Le choix et la réalisation d’un traitement adapté sur la base d’un examen dentaire minutieux, peut permettre d’apporter à la bouche du cheval le confort nécessaire à une mastication efficace.

Objectifs pédagogiques Dentition d’un cheval âgé de 25 ans souffrant de difficultés importantes de mastication. - Plusieurs anomalies peuvent être détectées (absence de la dent 106, dentition en escalier, déplacement de la dent 207, dentition ondulée) (photo L. Vlaminck).

Figure 1 - Les différents symptômes associés à des affections dentaires classés par ordre de gravité - Colique (stase) - Obstruction œsophagienne - Formation de boulettes alimentaires, recrachées par terre (quidding)

- Perte de poids - Défense au mors - Accumulation de nourriture

À partir de 20 ans, des affections comme des diastèmes, des parodontites, des anomalies d’usure (la dentition en escalier, ondulée, la dentition en ciseaux, la dentition lisse, …) sont plus souvent diagnostiquées, et des changements de position de dents ainsi que des pertes de dents sont constatés (photo 1) [5].

Après un rappel du diagnostic et du diagnostic différentiel, notament avec la maladie de Cushing, nous évoquons les maladies de vieillesse de la dentition équine (encadré 1) et l’importance d’une alimentation correcte (encadré en pratique). La dentition du cheval développe en effet des changements inévitables lors du vieillissement qu’il convient de bien comprendre.

z Reconnaître et comprendre les affections dentaires typiques du cheval âgé. z Faciliter le choix du traitement optimal de la dentition chez le cheval âgé.

1

l

l

de Chirurgie et Anesthésie des Grands Animaux Faculté de Médicine Vétérinaire – Université de Gand Salisburylaan 133 9820 Merelbeke Belgique Saint Laure VetAgro Sup, Campus vétérinaire de Lyon, Département hippique 69280 Marcy L’Étoile

L’

l Les examens et les soins dentaires préventifs sont désormais en général effectués à partir du plus jeune âge de l’animal, et régulièrement tout au long de sa vie.

1Département

263350

âge à partir duquel le cheval est considéré comme âgé dépend de sa race, de son état général et de la qualité de vie dont il a bénéficié. La prévalence des problèmes dentaires, et surtout ses affections parodontales augmente rapidement à partir de l’âge de 15 ans.

Des soins dentaires préventifs s’imposent à partir de cet âge au minimum.

Lieven Vlaminck1 Knut Nottrott2

entre la joue et les tables dentaires

- Ptyalisme/hypersalivation

Essentiel

z Les affections dentaires sont très fréquentes chez le cheval âgé. z Les sédatifs sont souvent volontairement sous-dosés pour compenser une sensibilité accrue des vieux chevaux à leurs effets.

- Haleine nauséabonde - Lenteur inhabituelle à finir le repas - Fibres longues et grains non digérés dans les fèces

- Bruits de mastication anormaux

DIAGNOSTIC Des symptômes variés l Les affections dentaires provoquent des symptômes variés. Cependant, jusqu’à 25 p. cent des chevaux atteints par une maladie dentaire restent asymptomatiques [1]. Les symptômes associés avec une affection dentaire sont listés dans la figure 1.

Diagnostic différentiel : Les maladies concomitantes de la vieillesse l

Un vieux cheval présenté pour un examen dentaire annuel ou dont les propriétaires se

CHEVAL

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

27

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 283


28-32 radios dentaires VERSO.qxp_gabarit rubrique NPE 15/06/2017 11:20 Page34

imagerie médicale

comment optimiser les radios dentaires chez le cheval

Francesco Moja Donatella De Zani Radiology Department, Centro Clinico-Veterinario e Zootecnico Sperimentale, University of Milan Italie

L

a radiologie est utile afin de confirmer la suspicion d’un diagnostic ou de déterminer un diagnostic différentiel quand des signes cliniques indiquent une affection dentaire, sinusale ou mandibulo-maxillaire [2, 3, 8].

Objectifs pédagogiques

z Savoir utiliser la radiographie pour effectuer les meilleurs clichés en fonction des différentes vues possibles. z Connaître les modes de contention à utiliser.

LES INDICATIONS La radiologie dentaire permet d’évaluer :

- des anomalies congénitales (malocclusions, dents surnuméraires), des anomalies d’éruption ; - des trauma dentaire et ou maxillo-facial ; - des infections dentaire et/ ou parodontales ; - des tuméfactions faciales, fistulisations et décharge nasale ; - des affections de la tête en général (infections, néoplasies, …). L’ÉQUIPEMENT NÉCESSAIRE L’équipement en radiologie l

CHEVAL

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 290 - AVRIL 2017

34

Un bon examen radiologique de la tête peut être réalisé dans des conditions de terrain avec un matériel de base et une personne qui aide, pourvu que les précautions de radioprotection soient respectées. l Pour la radiographie extra-orale, le matériel est le même que celui utilisé pour les diagnostics de boiterie : un générateur portable est donc adéquat. Tout système peut être utilisé, néanmoins les systèmes digitaux ont des atouts non négligeables [2]. l La radiologie conventionnelle, quoique moins chère, n’est pas recommandée pour la radiologie de la tête, car elle est trop lente, et ne donne pas la possibilité d’effectuer des clichés sur le terrain. l La radiologie de la tête et des dents demande souvent plusieurs vues et la répétition de celles-ci ; c’est pourquoi la rapidité du système d’acquisition et la possibilité d’une évaluation immédiate est importante. Une des limites des systèmes radiologiques digitaux directs est l’impossibilité de réaliser des radiographies intraorales. Les systèmes digitaux indirects (CR) sont un bon compromis pour obtenir des radiographies de qualité rapidement. Ces systèmes

1

Appareil de radiographie mobile dentaire.

- Dans ce cas précis, utilisé dans la réalisation de clichés de l’articulation temporo-mandibulaire (photo Radiology Department, University of Milan).

peuvent tout à fait être utilisés sur le terrain pour réaliser des radiographies dentaires [2, 3]. l Des appareils de radiologies dentaires mobiles existent (photo 1). C’est une solution optimale pour réaliser une imagerie dentaire de précision, particulièrement pour les clichés intra-oraux. Ces appareils sont petits, légers et faciles à manipuler avec une précision excellente [2, 3]. Sédation l La sédation de l’animal est impérative. Elle permet au cheval de descendre l’encolure afin de donner une exposition de la tête plus aisée, rend l’animal plus coopératif et implique plus de sécurité pour le praticien [2]). l De bon résultats peuvent être obtenus avec de l’acépromazine (0,02 - 0,03 mg/Kg) et de la xylazine (0,4 - 1,1 mg/Kg). l Pour des chevaux avec plus de tempérament, la combinaison acépromazine, detomidine (0,01-0,02 mg/Kg) et butorphanol (0,01-0,05 mg/Kg) est nécessaire.

Contention physique l Le cheval est, de préférence, placé dans un travail avec un support de la tête [1]. Un ouvre bouche / pas d’âne est mis en place (spéculums spéciaux comme un Stubbs ou Gunther-Hepke) afin d’obtenir des radiographie bouche ouverte ou intraorales. En l’absence de pas d’âne, l’utilisation d’un tube en


39-43 résorption dontoclastique BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 15/06/2017 11:22 Page39

la résorption odontoclastique et l’hypercémentose des dents équines :

Knut Nottrott1 Tilman Simon2 Denis Verwilghen3

une maladie des incisives et des canines

1. 63350 Saint-Laure VetAgro Sup, Campus vétérinaire de Lyon, Département hippique F-69280 Marcy L’Étoile 2. Bürg 27 83627 Warngau Allemagne 3. Nybollevej 15 2765 Smorum, Denmark

La résorption odonclastique et l’hypercémentose est une entité qui regroupe un ensemble d’affections dentaires chez les équidés. Cette affection touche surtout les incisives chez les individus âgés de plus de 15 ans ; elle est douloureuse pour l’animal.

L’

importance accordée au bien-être du cheval est devenue de plus en plus grande au fur et à mesure de son changement de statut de cheval de travail en animal de compagnie ou de sport. Aussi, la dentisterie équine a évolué en même temps que l’avancée en âge des chevaux soignés. C’est dans ce contexte que la résorption odontoclastique et l’hypercémentose des dents équines dont le sigle anglais est EOTRH pour Equine odontoclastic tooth resorption and hypermentosis a été décrite pour la première fois dans la littérature en 2006 comme une affection qui atteint les incisives et les canines chez les équidés âgés [2, 3, 7, 10, 19]. Il est donc difficile de savoir si l’affection a une incidence croissante, ou si elle était simplement mal reconnue auparavant. Dans certains cas, cette affection est certainement sous-diagnostiquée car elle est confondue avec une simple dentition sénile. DÉFINITION ET DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES l

La résorption odontoclastique et l’hypercémentose est une maladie caractérisée par une résorption des matières dentaires et un dépôt consécutif ou concomitant d’un ciment irrégulier [1-5, 7-9, 12-14, 17-20]. Les sujets atteints sont très fréquemment atteints de maladie parodontale. l Ce sont surtout les incisives et les canines qui sont frappées, bien que les dents jugales puissent parfois l’être également [14]. Concernant les incisives, les coins sont souvent les dents les plus atteintes clinique-

ment [13] ; ceci tend à indiquer une progression de l’affection de caudal à mésial. l Selon la nature histopathologique observée, on dénombre au moins trois types de résorption odonclastique et d’hypercémentose : 1. une forme caractérisée par l’hypercémentose ; 2. une autre forme plutôt résorbante (ostéoclastique) ; 3. une forme combinant les deux précédentes. Il se pourrait cependant qu’il ne s’agisse là que de trois phases différentes d’une même affection. l Les chevaux âgés de plus de 15 ans, avec un âge moyen d’environ 23 ans sont prédisposés (cf. supra) [13, 18]. Il s’agit surtout de chevaux de selle et de Pur-sang hongres; mais cette observation pourrait être biaisée par leur surreprésentation dans les populations qui reçoivent des traitements dentaires réguliers et qui ont été analysées. l Selon une étude, il existe une prédisposition sexuelle, les hongres étant plus fréquemment touchés que les juments et les chevaux Demi-sang et Pur-sang semblent surreprésentés [13]. Mais le portrait d’un malade type (hongre Demi-sang de plus de 15 ans) n’a pas pu être confirmé dans une étude plus récente [8]. Il semble que sur des clichés radiographiques réalisés sur des chevaux de plus de 5 ans, présentés pour des traitements dentaires de routine, des lésions de résorption dentaires soient présentes dans 88 p. cent des cas, et d’hypercémentose dans 20 p. cent des cas [8]. l La résorption odonclastique et l’hypercémentose passe souvent inaperçue jusqu’à ce que sa progression soit déjà bien avancée. La manifestation sévère d’une parodontose et la destruction dentaire avec dépôt incontrôlé de ciment dentaire sont douloureuses ; le comportement du cheval s’en voit ainsi altéré. Aucun autre lien (génétique, alimentaire ou ayant un rapport avec le mode d’élevage) n’a pu être établi avec la résorption odonclastique et l’hypercémentose.

Objectifs pédagogiques

z Retenir les signes cliniques et spécificités radiologiques ainsi que les principes du traitement et le pronostic de la résorption odonclastique et l’hypercémentose. z Savoir différencier cette affection d’une parodontose sénile.

Essentiel

z La manifestation sévère d’une parodontose et la destruction dentaire avec dépôt incontrôlé de ciment dentaire sont douloureuses ; le comportement du cheval s’en voit ainsi altéré.

CHEVAL

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

39

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 295


44-47 sens et non sens utilisation antibiotiques presque BAT V°.qxp_gabarit rubrique NPE 13/06/2017 11:59 Page44

comment et quand utiliser les antibiotiques dans les affections dentaires et sinusales chez le cheval

Astrid Bienert-Zeit1 Denis Verwilghen2

1 Clinique pour les chevaux, Université de médecine vétérinaire de Hanovre, Fondation, Buenteweg 9, 30559 Hannover, Allemagne

L’antibiothérapie est un aspect clé dans le traitement de maladies infectieuses. Néanmoins, le développement de la résistance aux antimicrobiens, qui a des implications importantes pour la médecine et la santé publique, est un sujet avec un grand intérêt public. Ces raisons nous portent aujourd’hui plus que jamais à utiliser les antibiotiques de façon raisonnée. Le cas des sinusites et des affections dentaires, où leur utilisation n’est pas toujours justifié, en témoigne. L’antibiothérapie en dentisterie équine, allié ou ennemi ?

2 Equinespecialist, consultance spécialisée en médecine et chirurgie équine, nybollevej 15, 2765 Smorum, Danemark

Objectif pédagogique

z Savoir utiliser les antibiotiques à bon escient dans les affections dentaires et sinusales chez le cheval.

Essentiel

z L’utilisation des antibiotiques pour le traitement et la prévention des infections bactériennes a pour but de contrôler la croissance bactérienne afin que le système immunitaire de l’hôte puisse lui-même contenir ou éliminer les bactéries responsables de la maladie.

CHEVAL

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 300 - AVRIL 2017

D

ans la plupart des affections dentaires chez le cheval, le principal problème n’est pas l’infection bactérienne mais bien l’affection dentaire primaire. L’enjeu majeur est donc l’élimination de la cause primaire. Aussi, l'utilisation d'antibiotiques après des extractions “normales” devrait être soigneusement réévaluée. l En médecine équine, l'utilisation d'antibiotiques n'est justifiée que dans les cas où celle-ci est réellement requise et après un choix judicieux de la molécule à utiliser. En effet, toute utilisation d'antibiotiques peut conduire au développement de résistances non seulement au niveau de l’individu concerné mais aussi au niveau de son environnement et de la population entière de chevaux de l’élevage ou de l’écurie ou de l’établissement concerné. Le risque de résistance augmente avec l’utilisation non ciblée, le dosage sub-thérapeutique, et l’application prolongée ou répétée [10, 14, 18]. l De plus, l’utilisation d’antibiotiques chez le cheval n’est pas sans risque pour l’animal luimême. Les diarrhées induites par l’administration d’antibiotique semblent notamment avoir une prévalence élevée [24] (photo 1). l L’utilisation des antibiotiques pour le traitement et la prévention des infections bac-

44

1 Ecoulement nasal purulent chez un cheval (photo A. Bienert-Zeit).

tériennes a pour but de contrôler la croissance bactérienne afin que le système immunitaire de l’hôte puisse lui-même contenir ou éliminer les bactéries responsables de la maladie [15]. RÉALISER UN ANTIBIOGRAMME l

Idéalement, avant d’utiliser des antibiotiques, une culture microbiologique est requise afin d’identifier l’organisme responsable et afin d’obtenir un test de sensibilité. Le choix d'un antibiotique efficace à spectre étroit doit dès lors être possible [10, 17]. l En pratique, le délai nécessaire pour obtenir le résultat d’un antibiotique peut être problématique. Lorsque le traitement doit être commencé sans tarder, un agent antimicrobien de première ligne à large spectre (comme le triméthoprime-sulfamides) efficace contre les agents pathogènes les plus probables peut être initié [10]. Si ce traitement initial ne semble pas efficace, celui-ci est adapté selon les résultats de l’antibiogramme [10]. Veiller cependant à ne pas utiliser des antibiotiques de 2e ou de 3e génération lorsqu’un antibiotique de 1ère génération peut être tout aussi efficace. SUITE À UNE INTERVENTION CHIRURGICALE l Lors d’utilisation prophylactique après une intervention chirurgicale, afin d’obtenir l’effi-


48-52 DENTS ANE presque BAT V°.qxp_gabarit NPE âne 13/06/2017 12:19 Page48

les particularités dentaires Ahmed Chabchoub1 Imen Nasri 2

chez l’âne

1École nationale de médecine vétérinaire Sidi-Thabet 2020 Tunisie 2 Spana Tunisie BP 465 Kasserine 1200, Tunisie

Les dents jouent un rôle important dans la digestion et dans le bien-être de l’âne. Des similitudes, mais aussi des différences, sont rapportées entre les dents des ânes et des chevaux. Cet article présente les particularités anatomiques, les différences des délais d’éruption entre les deux espèces, les maladies dentaires acquises et les anomalies congénitales chez l’âne, et décrit quelques particularités thérapeutiques.

Objectifs pédagogiques

z Connaître les particularités anatomiques des dents, et la chronologie de l’apparition des dents de l’âne. z Connaître les principales affections dentaires de l’âne.

L Essentiel

z Les dents de l’âne disposent de structures plus dures que celles du cheval. z La chronologie de l’éruption des dents est plus tardive que celle du cheval. z Les surdents sont souvent en rapport avec un régime alimentaire inadapté.

ÂNE z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 304 - AVRIL 2017

a dentition en mauvais état peut être considérée comme une des causes majeures de perte de poids chez l’âne, au même titre que le parasitisme ou le développement d’une maladie générale [2]. Divers troubles dentaires retrouvés chez les ânes sont en grande partie similaires à ceux décrits chez les chevaux. l Les spécificités anatomiques, la chronologie de l’éruption dentaire de l’âne ainsi que les principales anomalies dentaires que nous avons rencontrées chez l’âne sont exposées. LES PARTICULARITÉS ANATOMIQUES l

L’anatomie des incisives est remarquablement uniforme dans les diverses espèces d’équidés. Seuls des points de détails, souvent difficiles à apprécier, permettent une diagnose différentielle de l’espèce. l Les dents des ânes sont plus petites en longueur et en largeur que celles des chevaux [6]. l Chez l’âne, ces dents sont plus étroites transversalement : il en résulte que leur table prend plus tôt la forme ronde, puis triangulaire. Leur dureté est plus grande et leur usure plus lente que chez le cheval [4]. Les coins inférieurs ont un infundibulum à paroi linguale plus mince, souvent fissurée et incomplète. l La structure de cet infundibulum est en forme d'entonnoir et apparaît comme un cercle blanc et rond lors de l'éruption des dents permanentes. Chez les chevaux, il est

48

1 Examen interne de la cavité buccale montrant des crochets des dents 106 et 206 et irrégularités des arcades 1,2 et 3 (photo A. Chabchoub).

rapporté que l’infundibulum disparaît des pinces à l’âge de 7 ans, des mitoyennes à l’âge de 7 à 10 ans et des coins de 10 à 14 ans, laissant une marque [10]. Chez les ânes, l’infundibulum disparaît des incisives centrales à l’âge de 11 ans, ce qui indique une date plus tardive pour la perte de cette structure que chez les chevaux [10]. L’usure des coins est particulièrement irrégulière. l Les molaires de l’âne ont les mêmes caractéristiques que celles du cheval et ne s’en distinguent que par de petits détails. En effet, dans les molaires inférieures, la table d’usure est proportionnellement plus étroite que chez le cheval; ce caractère est surtout net sur les dents déciduales. l D’autre part, l'âne a un plus grand degré d’anisognathie par rapport au cheval. En effet, l’arcade maxillaire possède une largeur 20 à 30 p. cent supérieure par rapport à l’arcade mandibulaire [11]. LES DENTS SELON LES ÂGES CHEZ L’ÂNE l

Quelques différences sont rapportées entre les temps d'éruption des dents de l’âne par rapport au cheval (tableau 1). l La dureté des dents de l’âne est plus grande. De ce fait, l’usure et le nivellement sont plus tardifs, et les dents paraissent plus longues quand l’animal avance en âge (figure 1). l Les premières prémolaires (dents de loup) sont souvent présentes (jusqu'à 90 p. cent


53-56 Réglementation BAT.qxp_Gabarit rubrique 13/06/2017 13:09 Page53

réglementation les actes de dentisteries équines en France Jean-Yves Gauchot1 Claire Scicluna2 Claude Laugier3

chez le cheval Plusieurs catégories d’acteurs peuvent désormais en France réaliser des soins dentaires. La France est sans doute le seul pays à avoir réussi à légiférer et à encadrer les para-professionnels que sont les techniciens dentaires équins. Cet article synthétise les informations juridiques disponibles au 31 janvier 2017.

E

n France, et selon le Code Rural et de la Pêche Maritime (CRPM), plusieurs acteurs sont autorisés à effectuer certains actes de dentisterie équine. LES ACTEURS AUTORISÉS Les vétérinaires Seuls les vétérinaires, en raison du diplôme qui valide leurs compétences, ont le plein exercice, notamment sur les actes de dentisterie et sur l’utilisation de l’anesthésie, cette dernière relevant de leur prérogative exclusive (selon l’article L243-1 du CRPM). Les professionnels propriétaires ou détenteurs d’équidés l

Par dérogation, certains actes sont accessibles aux professionnels propriétaires ou détenteurs d’équidés (L243-2 du CRPM) : “Dès lors qu'ils justifient de compétences adaptées définies par décret, les propriétaires ou détenteurs professionnels d'animaux relevant d'espèces dont la chair ou les produits sont destinés à la consommation humaine, ou leurs salariés, peuvent pratiquer, sur les animaux de leur élevage ou sur ceux dont la garde leur a été confiée dans le cadre de leur exploitation, dans le respect des dispositions relatives à la protection des animaux, certains actes de médecine ou de chirurgie dont la liste est fixée, selon les espèces, par arrêté du Ministre chargé de l'agriculture”. Le meulage de dents, l’extraction des dents de lait sont les actes qui leur sont autorisés en dentisterie équine (cf. liste limitative, arrêté du 5 octobre 2011).

1Président de l’AVEF Clinique Vétérinaire Terre de Fontenille 24260 Le Bugue 2Vice Présidente de l’AVEF Vétérinaire Haras du Plessis 60300 Chamant 3Président d’APFORM , Clinique Vétérinaire 13700 Marignane

Les salariés de vétérinaires l Les salariés de vétérinaires peuvent avoir accès à la dentisterie équine, selon le CRPM en son article L243-3, alinéa 7 : “Les techniciens justifiant de compétences adaptées définies par décret, intervenant dans le cadre d'activités à finalité strictement zootechnique, salariés d'un vétérinaire ou d'une société de vétérinaires habilités à exercer, […] La liste des actes que ces techniciens peuvent réaliser est fixée, […] par arrêté du Ministre chargé de l'agriculture.” l Le décret n° 2011-1244 du 05.10.11 fixe le niveau de qualification requis : - ces personnes doivent soit détenir une licence délivrée conformément aux dispositions de l’article R. 653-96, ou un certificat d’aptitude délivré conformément aux dispositions des articles R. 653-87 ou R. 653-87-1; - soit elles peuvent être titulaires d’un diplôme ou d’un titre homologué dans le domaine de l’élevage, de niveau égal ou supérieur au baccalauréat professionnel agricole; - ou d’un titre reconnu par un État membre de l’Union européenne ou par un État partie prenante à l’accord sur l’Espace économique européen, conférant le niveau IV agricole. - Enfin, elles peuvent disposer d’une attestation de formation à la pratique des actes énumérés par l’arrêté prévu au 7e de l’article L. 243-3, délivrée par un organisme de formation continue enregistré conformément aux dispositions de l’article L. 6351-1 du code du travail.

La formation requise pour les salariés des vétérinaires l La profession vétérinaire permet ainsi à des salariés de vétérinaires, de bénéficier du cadre de ce décret. l Une formation et une qualification reconnue par la branche a été mise en place par AP-FORM, l’organisme de formation du personnel soignant de la profession, en partenariat avec Equ’Institut et l’AVEF (association française des vétérinaires équins). Le processus de certification comportent un examen théorique et pratique, il est assuré par le GIPSA (Groupement d’intérêt public en santé animale, organisme certificateur co-géré par le MAAF (ministère de l’Agri-

Objectif pédagogique

z Appréhender et maîtriser l’environnement juridique des acteurs en dentisterie équine en France.

Essentiel

z Les propriétaires ou les détenteurs professionnels, dès lors qu’ils justifient de compétences, peuvent pratiquer certains actes simples de dentisterie (meulage et extraction de cent de lait) sur leurs équidés. z Les Auxiliaires en Dentisterie Équine (ADE), auxiliaires salariés de vétérinaires, peuvent réaliser également le meulage et les extractions de dents de lait sous réserve de formation qualifiante. z Seuls les vétérinaires habilités peuvent pratiquer la sédation.

RUBRIQUE z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

53

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 309


57-61anesthesie dentisteriepresque bat.qxp_gabarit rubrique NPE 13/06/2017 12:53 Page57

techniques d’anesthésies locales et régionales pour les procédures dentaires chez le cheval

Karine Portier Knut Nottrott Département des animaux de compagnie, de sport et de loisir

Cet article présente l’anesthésie des nerfs de la tête afin de permettre les actes de dentisterie. La zone désensibilisée, la localisation et la technique sont décrits pour les nerfs infra-orbitaire, mandibulaire, mentonnier et maxillaire. Quelques astuces sont délivrées et les bonnes pratiques de l’anesthésie loco-régionale sont également rappelées.

VetAgro-Sup 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile, France

Figure 1 - Zone désensibilisée par l’anesthésie du nerf infraorbitaire

Objectif pédagogique

z Connaître : - les structures anatomiques qui permettent de localiser le nerf, - la technique, et le matériel à utiliser pour réaliser l’anesthésie, ainsi que les parties de la mâchoire ou de la mandibule qui sont désensibilisées.

C

hez le cheval, les procédures de dentisterie sont en général réalisées debout sous sédation. Ces actes sont facilités par la réalisation d’anesthésies locorégionales des nerfs de la tête.

Essentiel

L’ANESTHÉSIE DU NERF INFRA-ORBITAIRE POUR L’ANESTHÉSIE DES INCISIVES, ET DES PRÉMOLAIRES MAXILLAIRES Zone désensibilisée l

Cette anesthésie du nerf infra-orbitaire permet de réaliser des chirurgies au niveau des incisives supérieures, des canines (crochets), des dents de loup (P1) et des deux premières prémolaires (P2, P3) (figure 1). l La gencive et l’os alvéolaire peuvent aussi être désensibilisés [1, 10]. Localisation l

Le nerf infra-orbitaire émerge au niveau du foramen infraorbitaire. l Le foramen infraorbitaire n’est pas toujours facile à palper à cause du muscle releveur nasolabiale (m. levator nasolabialis) qui le recouvre. On peut le localiser (à gauche avec la main droite, à droite avec la main gauche) en plaçant le pouce de la main droite dans l’angle formé par l’os nasal et l’os incisif, le majeur au niveau de la terminaison rostrale de la crête faciale (apophyse ou arête zygomatique) (photo 1).

1

Il est possible de localiser le foramen infraorbitaire (à gauche avec la main droite, à droite avec la main gauche) en plaçant le pouce de la main droite dans l’angle formé par l’os nasal et l’os incisif, le majeur au niveau de la terminaison rostrale de la crête faciale (apophyse ou arête zygomatique) (photo K. Portier).

Figure 2 - Repères anatomiques pour la réalisation des anesthésies locorégionales de la tête (excepté l’œil)

z Une bonne connaissance des structures anatomiques est essentielle pour réussir les anesthésies locorégionales. z Une contention adéquate (sédation, analgésie, contention physique) est aussi très importante. z L’utilisation de techniques plus élaborées comme l’échographie permet de réduire les volumes utilisés et d’améliorer le taux de réussite de l’anesthésie du nerf.

CHEVAL

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

57

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 313


62-66 Revue internationale 42V°BAT.qxp_Revue Internationale 16/06/2017 10:05 Page62

revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 Jean-Philippe Germain2 Sophie Pradier3 1 Pôle

équin VetAgro-Sup, 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 La clinique du cheval 3910, Route de Launac 31330 Grenade 3 Clinique équine École Nationale Vétérinaire de Toulouse 23 Chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex

synthèse d’une sélection d’articles publiés classés par thème dans les revues - Am

J Vet Res Am Vet Med Assoc - Journal of Veterinay Internal Medicine

..................................................................................................................

-J

......................................................................

2017 Feb;78(2):215-222

2016 Dec15;249(12):1421-1427

...................................................

2017;31:170-175

....................................................................... 2017;31(1):164-69. doi: 10.1111/jvim.14630. - Veterinary

Surgery

......................................................

Médecine du sport

2017;00:000-000. doi:10.1111/vsu.12630

dans le corps spongieux : 33 cas (1989-2013)

- Effets du maintien de différentes intensités d’exercice sur les capacités aérobies de Pur-sangs au cours d’une période de désentraînement

Chirurgie / Locomoteur - Une nouvelle technique écho-guidée pour la desmotomie du ligament annulaire palmaire / plantaire chez les chevaux

Uro-néphrologie - Signalement, caractéristiques cliniques et devenir des mâles avec une fissure urétrale traitée par urétrostomie périnéale ou par une incision

-Médecine

interne

- L’évolution des myosites médiation immune chez les chevaux et leurs répercussions cliniques

Thérapeutique - Les effets de la dexaméthasone sur la concentration en lactate chez les chevaux Synthèses rédigées par Camille Marsan, Fanny Simon, Hélène Matthys, Monica Maria Balaguer, Marie Perrault

LES EFFETS DE DIFFÉRENTES INTENSITÉS D’EXERCICE sur les capacités aérobies de Pur-sangs au cours d’une période de désentraînement

Médecine du sport

● De nombreux programmes de désentraînement sont utilisés chez les chevaux de course, notamment lors de convalescence, mais très peu d’études ont évalué les conséquences physiologiques d’une réduction ou d’un arrêt de l’entraînement. ● Cette étude a pour objectif d’évaluer, chez des chevaux de course déjà entraînés soumis à une période d’exercice physique réduit, les changements dans leurs capacités cardio-pulmonaires et de transport de l’oxygène selon qu’ils suivent des programmes de désentraînement d’intensité sportive différentes, ou sont laissés au repos au box.

Objectif de l’étude

❚ Évaluer la différence de maintien des capacités cardio-pulmonaires et de la capacité à transporter l’oxygène chez des Pur-Sang soumis à deux programmes de désentraînement d’intensité sportive différentes ou laissés au repos au box.

Matériel et méthode

u Am J Vet Res. 2017 Feb;78(2):215-222.

● Vingt sept Pur-sang ont été entraînés sur tapis roulant pendant 18 semaines, en se basant sur un protocole de référence, avant de subir une période d’activité réduite de 12 semaines (désentraînement). ● Les individus ont été répartis au hasard dans l’un des trois programmes suivants :

Effects of maintaining different exercise intensities during detraining on aerobic capacity in Thoroughbreds. Mukai K et coll.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 318 - AVRIL 2017

62

- activité physique 5 jours par semaine, soit à raison de 3 min de galop par jour à 70 p. cent de la VO2max (groupe “canter”) ; - soit à raison de 1 h par jour de marche (groupe “marche”) ; - ou repos complet au box (groupe “box”). ● Chaque niveau d’activité mime le programme de réhabilitation susceptible d’être utilisé en situation réelle respectivement lors de myosite, de tendinite et de fracture. ● Différentes variables relatives aux capacités aérobies et à la performance physique ont été mesurées lors de protocoles d’exercice standardisés, avant puis après la période de désentraînement, lors des semaines 0 (avant le début de l’entraînement), 10, 18 (post-entraînement) et 30 (post-désentraînement). Résultats ● Après 12 semaines d’activité physique réduite, le taux maximal de consommation


67-69 Test clinique Réponses NPE 42 BAT R°.qxp_PP 64-65 Test clinique R 12/06/2017 19:18 Page67

test clinique

les réponses

pleuropneumonie bactérienne associée à une endotoxémie chez un hongre Pur-sang anglais âgé 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? l Plusieurs hypothèses diagnostiques, que nous avons hiérarchisées selon leur probabilité peuvent expliquer les signes cliniques observés chez ce cheval. 1. La présence d’une dyspnée expiratoire associée à de l’abattement ainsi que la modification de l’auscultation pulmonaire peuvent faire suspecter une pleuropneumonie bactérienne. Si le cheval avait pâturé avec des ânes, une pneumonie parasitaire due à Dictyocaulus arnfieldi aurait pu être envisagée [1]. 2. Une cause néoplasique primaire ne peut pas être écartée. 3. La coexistence de deux affections ayant un lien l’une avec l’autre peut être à l’origine des signes cliniques. Ainsi, une mycose des poches gutturales ou un bouchon œsophagien, entraînant une dysphagie, aurait pu entraîner une broncho-pneumonie bactérienne. 4. La coexistence de deux affections n’ayant pas de lien peut être envisagée. Une maladie inflammatoire des petites voies respiratoires (appelée aussi asthme équin) pourrait être à l’origine des symptômes respiratoires. Une fièvre d’origine inconnue ou un sepsis avec développement d’une endotoxémie de manière concomitante expliquerait l’altération de l’état général. 2 Quels examens complémentaires réaliser ? l Une prise de sang avec une numérationformule sanguine et des dosages biochimiques, dont le fibrinogène ou le sérum amyloïde A (SAA), sont les premiers examens à réaliser. Dans ce cas clinique, les analyses ont mis en évidence une leucopénie (4380 cellules/uL avec pour valeur usuelle au laboratoire de l’ENVT 6000 à 12500 cellules/uL) associée à une déviation à gauche et à des neutrophiles toxiques, une thrombopénie (75000 plaquettes/uL, valeurs usuelles : 90000 à 350000 plaquettes/uL), une hypo-

Emma Morand Élodie Lallemand Clinique équine École nationale vétérinaire de Toulouse Chemin des Capelle 31076 Toulouse Cedex 3

2

Échographie de l’hémi thorax gauche révélant un épanchement thoracique en quantité importante (photo clinique équine ENV Toulouse).

albuminémie et hypoprotéinémie ainsi qu’un fibrinogène augmenté (4,30 g/L, valeurs usuelles : < 2 g/L). l La thrombopénie, l’abattement du cheval, l’aspect des muqueuses et le jetage teinté de sang nous ont orientés vers une endotoxémie associée à une coagulation intravasculaire disséminée. Le reste des paramètres étaient dans les normes. l Une endoscopie est conseillée afin d’explorer une mycose des poches gutturales ainsi que l’aspect des voies aériennes supérieures et inférieures. Elle a été réalisée et une hémiplégie laryngée gauche de grade 2/4 a été objectivée. Le cheval présentait un exsudat trachéal mousseux en quantité importante. l Un lavage broncho-alvéolaire et un lavage trans-trachéal avant endoscopie sont également recommandés mais n’ont pas pu être réalisés car le cheval montrait une détresse respiratoire sévère lors de l’examen.

67

disponible sur www.neva.fr

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 11 / n°42 AVRIL 2017 - 323


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.