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DOSSIER : SYNDROME GRIPPAL CHEZ LES ÉQUIDÉS
Couverture NPVE 05
N°5 JUIN JUILLET AOÛT 2005
SYNDROME GRIPPAL Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques - Reconnaître et identifier les différents syndromes respiratoires d’origine virale - Épidémiologie des syndromes respiratoires aigus en France
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°5- JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
Fiches
DOSSIER : SYNDROME GRIPPAL
CHEZ LES ÉQUIDÉS Le praticien associe une connaissance rigoureuse des différents syndromes grippaux, à un effort pédagogique auprès des propriétaires de chevaux, pour une mise en œuvre des mesures curatives et préventives ...
Revue internationale - Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles
REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE
- Les prélèvements lors de syndrome respiratoire d’origine virale - Diagnostic : - de la grippe - de la rhinopneumonie - La fausse grippe ou le syndrome inflammatoire des voies aériennes du cheval de sport - Mise au point La gourme du cheval : les leçons du passé, les espoirs du futur
Observation clinique - Syndromes grippaux chez des équidés - Traiter et prévenir les syndromes respiratoires d’origine virale - Prévention : - de la grippe - de la rhinopneumonie
Âne - Particularités des syndromes grippaux chez l’âne
Rubriques - Urgence - La trachéotomie - Histoire - La gourme - Actualité : - L’anémie infectieuse des équidés - Un cas d’anémie infectieuse chez le cheval - Prévention La vermifugation pendant la gestation et l’allaitement
sommaire Éditorial Pierre Lekeux Test clinique : boiterie postérieure associée à une enflure du boulet Cyrille Piccot-Crézollet
JUIN JUILLET AOÛT 2005
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CHEVAL ET ÉQUIDÉS Conduite à tenir diagnostique - Reconnaître et identifier les différents syndromes respiratoires d’origine virale chez le cheval Valérie Picandet - Épidémiologie des syndromes respiratoires aigus en France chez les équidés Gwénaëlle Dauphin, Michel Bernadac, Claire Laugier, G. Fortier, B. Gicquel, J. Tapprest, P.-H. Pitel, A. Saison, F. Valon, S. Zientara Fiches - Diagnostic de la grippe chez le cheval Gwénaëlle Dauphin - Diagnostic de la rhinopneumonie chez le cheval Gwénaëlle Dauphin - Les prélèvements lors de syndrome respiratoire d’origine virale :
du cheval au laboratoire Valérie Picandet, Gwénaëlle Dauphin - La fausse grippe ou le syndrome inflammatoire des voies aériennes du cheval de sport Tatiana Art, Emmanuelle van Erck, Pierre Lekeux Mise au point - La gourme du cheval : les leçons du passé, les espoirs du futur Jean-Luc Cadoré Observation clinique - Syndromes grippaux chez des équidés Anthony Siegel
N°5
DOSSIER
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SYNDROME GRIPPAL chez les équidés
13 17 19 21 24 29 35
Thérapeutique - Traiter et prévenir les syndromes respiratoires d’origine virale chez le cheval Valérie Picandet 41 - Quels sont les risques potentiels de gestion inadéquate du cheval souffrant d’affection virale ? Tatiana Art, Emmanuelle van Erck, Pierre Lekeux 45 - Prévention de la grippe chez le cheval Gwénaëlle Dauphin 46 - Prévention de la rhinopneumonie chez le cheval Gwénaëlle Dauphin 50
ÂNE - Particularités des syndromes grippaux chez l’âne Ahmed Chabchoub, Amel El Goulli, Mohamed El Messaoudi, Faouzi Landolsi
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RUBRIQUES Urgence - La trachéotomie chez les équidés Catherine Gaillard-Lavirotte Histoire - La gourme Jean-Luc Cadoré Actualité - L’anémie infectieuse des équidés Gwénaëlle Dauphin,
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Nathalie Cordonnier, Stéphan Zientara
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Observation clinique - Un cas d’anémie infectieuse chez le cheval
Gwénaëlle Dauphin, Nathalie Cordonnier, Laure Bernier-Pierson, Pierre-Hugues Pitel, Stéphan Zientara, Camille Marty Prévention - La vermifugation pendant la gestation et l’allaitement chez la jument Gilles Bourdoiseau
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REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE CHEVAL
Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières
Revue thématique des articles parus dans les revues internationales Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection David Aebischer, Maxime Birague, Maryline Clément, Emmanuel Grange, Nicolas Latouche, Margalida Llodrà, Susana Monteiro
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RUBRIQUE
Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses
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REVUE INTERNATIONALE
ÂNE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 3
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr
boiterie postérieure associée à une enflure du boulet
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Pierre Chuit (praticien, Suisse) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)
Un Trotteur Français mâle entier de 2 ans est présenté à la consultation pour une boiterie chronique du postérieur gauche. ● Tenu au box et au pré, ce poulain est entraîné deux fois par semaine. ● L’apparition d’une boiterie postérieure gauche un mois avant la consultation a entraîné la mise au paddock du poulain. L’absence d’amélioration a suscité la consultation. Aucun traitement n’a été mis en oeuvre. ● À l’examen clinique, on observe qu’il manque les fers des membres antérieur et postérieur droits. Le boulet postérieur gauche montre une enflure tissulaire modérée, dont le caractère douloureux ou non est délicat à évaluer (poulain difficile). En mouvement, le poulain présente une boiterie du membre postérieur gauche de grade 3 sur 5, exacerbée par la flexion de l’extrémité distale du membre (pied-boulet).
Cyrille Piccot-Crézollet
●
Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (E.N.V.T.) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)
Comité de rédaction Nicolas Barety (Juridique, avocat) Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Chirurgie, E.N.V.L.) Anne Couroucé- Malblanc (Médecine interne et sportive, E.N.V.N.) Guenaëlle Dauphin (A.F.S.S.A. Alfort) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.N.) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Claire Scicluna (Anesthésie, praticien)
Chargée de mission rédaction Valérie Colombani
Secrétaire de rédaction David Jourdan Abonnements Maryse Mercan
Département hippique E.N. V. L. 1 avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
1 Quel diagnostic différentiel proposez-vous ?
Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray
2 Quels examens complémentaires permettent d’identifier les structures lésées ?
NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
3 Quel traitement proposer, et quel pronostic espérer face à cette affection ?
1
Radiographie du boulet postérieur gauche, incidence dorso-médiale (cliché E.N.V.L., D.H.).
Réponses à ce test page 81
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 30 € T.T.C CEE : 32 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0407 K 86 321 I.S.S.N. 1767-5081
comité de lecture
Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 4 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
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Bruno Baup, Agnès Benamou, Jean-Jacques Bénet, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Cirier, Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Jean-Michel Krawiecki, Claire Laugier, Agnès Leblond,
Serge Lenormand, Pierre Leveillard, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jacques Monet, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Brigitte Siliart, Youssef Tamzali, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.
Pour recevoir le prochain numéro, souscrivez votre abonnement en page 82 ou tél. 01 41 94 51 51 ou mail neva@neva.fr
éditorial Grippes et fausses grippes équines : même combat ! L’approche préventive doit être multiple : médicale, hygiénique et organisationnelle.
Pierre Lekeux Doyen de la Faculté de médecine vétérinaire Université de Liège Bd de Colonster 20, bât. 42 4000 Liège, Belgique
définition Syndrome : Association de plusieurs symptômes, signes ou anomalies constituant une entité clinique reconnaissable, soit par l’uniformité de l’association des manifestations morbides, soit par le fait qu’elle traduit l’atteinte d’un organe ou d’un système bien défini. (Le Petit Robert, 2004). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 6 - JUIN / JUILLET 2005
L
e syndrome grippal représente un problème délicat pour le praticien équin et ce, pour diverses raisons. - Il y a souvent un contraste important entre la symptomatologie, qui est le plus souvent discrète, et l'impact négatif sur les performances du cheval, qui est le plus souvent spectaculaire. - Le diagnostic étiologique n'est pas aisé. Entre la “vraie” grippe (infection virale, fébrile et contagieuse des voies respiratoires) et la “fausse” grippe (inflammation non fébrile des voies respiratoires d'origine multifactorielle), il existe une grande variété de tableaux cliniques dont l'agent causal principal n'est pas simple à déterminer. - La recherche de l'agent viral est un élément important du diagnostic étiologique. Malheureusement, la période pendant laquelle le virus peut être isolé est très courte, et le non respect des exigences méthodologiques pour le prélèvement engendre de nombreux faux-négatifs. - L'approche thérapeutique est le plus souvent symptomatique et ne marque ses effets qu'à moyen terme et non pas “sous la seringue”. - Vu l'absence de symptômes spectaculaires, il n'est pas simple de convaincre certains propriétaires d'arrêter momentanément l'entraînement de leur cheval et de leur administrer des traitements “chronophages” et dispendieux. - L'inadéquation de la stratégie thérapeutique peut être responsable, soit d'apparition de lésions parfois irréversibles, soit du développement d'une hyperréactivité durable des voies respiratoires, avec des conséquences non négligeables sur la santé et les performances futures du cheval. - Les vaccinations, bien qu'indispensables, ne confèrent pas une protection absolue contre les syndromes grippaux, même si elles en réduisent indubitablement l'incidence, la sévérité et les séquelles potentielles. Ce message n'est pas toujours simple à faire passer auprès des propriétaires. Pour certains virus comme les herpèsvirus équins (H.V.E.), la vaccination contribue plus à la réduction de la circulation du virus qu'à une protection individuelle garantie contre certaines formes de la maladie. Dans ces circonstances, la vaccination n'a de sens que si elle s'applique à l'ensemble d'une écurie. - La durée de la protection vaccinale est souvent surestimée par les propriétaires. À titre d'exemple, la Fédération Équestre Internationale (F.E.I.) exige actuellement des rappels tous les 6 mois (et non tous les ans) pour le virus Influenza. L'approche préventive doit être multiple à savoir, médicale (programmes de vaccination en conformité avec les prescriptions scientifiques), hygiénique (qualité de l'air inspiré au niveau de sa teneur en gaz, poussières et spores) et organisationnelle (gestion du stress de l'entraînement, des transports et des contacts avec des chevaux potentiellement contagieux). Il en résulte que le praticien doit associer une connaissance rigoureuse des différentes expressions de syndromes grippaux à un effort pédagogique auprès des détenteurs d'équidés afin de les associer étroitement à une mise en œuvre efficace des mesures préventives et curatives. ❒
6
reconnaître et identifier les différents syndromes respiratoires d’origine virale chez le cheval Les affections respiratoires aiguës sont une des causes les plus importantes de morbidité chez le cheval. En raison de leur contagiosité et des pertes économiques qu’elles engendrent, ces maladies sont une des préoccupations majeures des vétérinaires, en particulier dans les gros effectifs (centres d’entraînement, élevages).
F
ace à un cheval qui présente des symptômes respiratoires aigus, un "passage viral" ou une "grippe" sont souvent envisagés, et il est rare que le vétérinaire aboutisse à un diagnostic étiologique. ● Cet article n’a pas pour but de présenter les différentes maladies virales respiratoires du cheval, mais de donner au vétérinaire des points de comparaison entre ces affections, pour l’aider à mieux les reconnaître et à mieux les identifier. ● Les principaux virus respiratoires qui viennent à l’esprit aux vétérinaires équins sont ceux de la grippe équine et de la rhinopneumonie. Mondialement répandus, ils sont en effet responsables de la majorité des maladies respiratoires aiguës chez le cheval [1]. ● En réalité, de nombreux autres virus peuvent être à l’origine de maladie respiratoire chez le cheval. - Certains sont connus pour d’autres formes de maladie, comme le virus de l’artérite virale équine et le cytomégalovirus (H.V.E.-2). - D’autres sont moins connus, comme les rhinovirus, l’adénovirus et les réovirus, voire extrêmement rares comme l’Hendravirus (encadré 1). Les réovirus 1, 2, 3 infectent 10 à 20 p. cent de la population équine dans certains pays. Mais, il n’existe que de très rares cas de maladie respiratoire associée, et l’infection à réovirus semble majoritairement subclinique. Cette maladie n’est donc pas développée dans la suite de cet article. L’ÉPIDÉMIOLOGIE ● Les syndromes respiratoires d’origine virale affectent surtout les jeunes chevaux, de 6 mois à 3 ans.
Valérie Picandet Clinique équine E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Reconnaître, identifier et différencier les affections respiratoires d’origine virale chez le cheval.
1
Lors de l’examen clinique, la toux peut être induite par la manipulation du larynx (photos Clinique équine E.N.V.L.).
Les épidémies peuvent se produire toute l’année, mais une recrudescence est observée en automne et en hiver, lors du rassemblement des chevaux pour les ventes ou la mise à l’entraînement. ● Le mode de transmission et la rapidité d’expansion sont présentés dans l’encadré 1. ●
LES SIGNES CLINIQUES
2
Jetage séro-muqueux observé lors d’une infection virale des voies respiratoires.
Le signes cliniques les plus classiques Les signes cliniques les plus classiques d’une affection respiratoire aiguë d’origine virale chez le cheval sont la fièvre, un jetage bilatéral et la toux. Ils sont souvent associés à une intolérance à l’effort (tableau). ● Dans le cas de la grippe et de la rhinopneumonie, la fièvre peut atteindre des pics à 41,5° C, et est souvent biphasique. Elle persiste 3 à 10 jours. Elle est nettement moins fréquente et moins élevée lors d’infection à rhinovirus [8]. ● Dans le cas de la grippe, une toux sèche et quinteuse est observée dans la majorité des cas pendant 7 à 14 jours. ● Dans le cas de la rhinopneumonie, la toux est moins systématiquement rencontrée, et elle semble plus grasse. La toux peut être provoquée par la stimulation du larynx lors de l’examen clinique (photo 1). Un jetage bilatéral abondant est plus souvent observé. Il est d’abord séreux, puis muqueux (photo 2), voire purulent en cas d’infection bactérienne secondaire. ● La tachypnée et les difficultés respiratoires sont notées seulement dans les cas sévères de grippe équine, ou lorsque l’infection virale est compliquée d’une surinfection bactérienne au niveau pulmonaire. ●
Essentiel ❚ Les syndromes respiratoires d’origine virale affectent surtout les jeunes chevaux de 6 mois à 3 ans. ❚ Les épidémies peuvent se produire toute l’année, mais une recrudescence est observée en automne et en hiver, lors du rassemblement des chevaux pour les ventes ou la mise à l’entraînement.
CHEVAL
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 7
épidémiologie
des syndromes respiratoires aigus en France
G. Dauphin1, M. Bernadac2 C. Laugier2, G. Fortier4 B Gicquel1, J. Tapprest2 P.-H. Pitel4, A. Saison2 F. Valon5 S. Zientara1
chez les équidés
Un réseau de surveillance épidémiologique enregistre depuis 1999 la fréquence des syndromes respiratoires aigus dans la population équine française. Ces données permettent de dresser un état des lieux.
L
’épidémiologie des syndromes respiratoires aigus chez le cheval en France peut être décrite au travers du Réseau d’épidémiosurveillance en Pathologie Équine (R.E.S.P.E.), créé en 1999. Ce réseau ne couvre pas la totalité des cas ou des foyers de grippe et de rhinopneumonie en France, mais il peut être considéré comme un moyen efficace pour estimer l’incidence des syndromes respiratoires aigus en France métropolitaine. ● En dehors de ce réseau, très rares sont les études de prévalence en France. Par ailleurs, le niveau de couverture vaccinale des chevaux français vis-à-vis des virus influenza et herpès n’est pas connu. ● En Belgique, un tel réseau n’existe pas, donc nous n’avons pas pu obtenir de données épidémiologiques.
1. AFSSA Alfort, Unité de virologie INRA/AFSSA/ENVA, 22 rue P. Curie, 94703 Maisons-Alfort cedex 2. AFSSA Dozulé Unité d’épidemiologie 14430 Goustranville 3. Pasteur CERBA, Z.I. Les Béthunes 95310 Saint-Ouen L’Aumône 4. L.V.D. Frank Duncombe 1, route de Rosel, 14280 Saint Contest 5. Commission AVEF, Clinique Vétérinaire 44117 Saint-André-des-Eaux
SELON LE R.E.S.P.E., 137 suspicions de syndrome respiratoire aigu en 2004-2005 Au total, le R.E.S.P.E. a comptabilisé 707 déclarations pour 430 foyers de cas de syndromes respiratoires aigus depuis 1999, parmi lesquels 84 foyers de grippe ont été confirmés. Ce réseau a aussi permis d’isoler une dizaine de souches de virus influenza équins. Son analyse phylogénique a montré que des souches du lignage européen et américain co-circulent en France. ● Il est important de distinguer le nombre de foyers du nombre de cas de syndrome respiratoire aigu observés : - la notion de nombre de foyers exclut les cas dus à la transmission directe de l’infection (cas secondaires), et permet d’effectuer des statistiques sur des populations supposées indépendantes ; - la notion de nombre de cas permet de totaliser les cas déclarés, sans prendre en compte les éventuels liens entre ceux-ci. ● Le tableau 1 et la figure 1 permettent de comptabiliser le nombre total de foyers suspectés et confirmés de grippe et de ●
Objectif pédagogique Décrire l’épidémiologie des sydromes respiratoires aigus en France chez les équidés.
Essentiel ❚ Le R.E.S.P.E. prend en charge les analyses pour la recherche : - du virus grippal ; - des anticorps vis-à-vis des herpèsvirus équins 1 et influenza.
Figure 1 - Répartition du nombre de suspicions et des foyers de grippe et de rhinopneumonie (campagnes 2003-2004 et 2004-2005)
QU’EST CE QUE LE R.E.S.P.E. ? Le R.E.S.P.E., qui émane d’une collaboration entre l’A.F.S.S.A. et l’A.V.E.F., comporte deux sous-réseaux : - un réseau de surveillance des cas de syndromes respiratoires aigus (S.R.A.), mis en place dès la création du R.E.S.P.E., en 1999, et présenté en détail dans l’encadré ci-après ; - un réseau “affections nerveuses d'origine infectieuse, toxique ou parasitaire”, mis en place en juillet 2003.
Tableau 1 - Répartition du nombre de suspicions et de foyers de grippe et de rhinopneumonie lors des campagnes 2003-2004 et 2004-2005 Avril ●
Mai
Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier Février Mars
Campagne 2003-2004
- Suspicions - Foyers confirmés de grippe
- Foyers confirmés de rhinopneumonie*
●
CHEVAL
Campagne 2004-2005
7 - 12 12 - 12 2 - 7
4-4
3-4
7-4
3-1
8-4
13 - 2
6-7
15 - 6 14 - 9
1-3
0-4
0-0
1-1
0-0
0-0
0-0
1-0
4-0
3-0
4-1
3-0
0-0
0-0
0-1
0-0
1-0
2-0
0-0
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1-1
0-0
4-3
3-4
* par cinétique de fixation du complément
13
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 13
Fiche
diagnostic de la grippe
chez le cheval
Le diagnostic de la grippe, maladie hautement contagieuse, présente un intérêt à la fois individuel, pour le cheval malade, et collectif, à l’échelle de l’effectif potentiellement infecté.
L
es symptômes cliniques de la grippe équine sont moins sévères chez les chevaux partiellement immuns. Dans ce cas, les symptômes cliniques sont difficiles à différencier d’une maladie respiratoire causée par d’autres agents virus comme l’herpèsvirus équin (H.V.E.), le rhinovirus, l’adénovirus, l’artérite virale. C’est pourquoi il convient de confirmer un diagnostic clinique par des tests en laboratoire. ● Cependant, les chevaux vaccinés présentent des anticorps sériques qui ne peuvent pas être différenciés facilement de ceux des animaux naturellement infectés. De plus, les animaux vaccinés excrètent moins de virus que les animaux infectés, ce qui rend le diagnostic difficile. LES ANALYSES VIROLOGIQUES
Un test immuno-enzymatique de détection d’antigène* est directement réalisé à partir de l’écouvillon naso-pharyngé reçu par le laboratoire. Ce test détecte la nucléoprotéine spécifique et hautement conservée du virus grippal par dosage immuno-enzymatique (photo 1). Il permet de savoir rapidement si le prélèvement contient du virus grippal, vivant ou mort. ● En cas de résultat positif par E.L.I.S.A. de capture, un isolement viral est mis en œuvre (encadré ci-après). ● Dans la pratique, l’isolement du virus est délicat, car le virus grippal infectieux est fragile dans le milieu extérieur. C’est pourquoi une bonne conservation du prélèvement lors de son transport est primordiale. ● L’isolement du virus grippal est pratiqué, à l’heure actuelle, dans de nombreux laboratoires, sur des cellules en culture, pour des raisons pratiques et à cause de la sensibilité différente selon les souches sauvages de grippe. L’isolement sur cellules M.D.C.K. (Mardin Darby Canine Kidney) serait plus ●
Gwenaëlle Dauphin U.M.R. 1161 A.F.S.S.A.- I.N.R.A.- E.N.V.A. de virologie 22, rue Pierre-Curie, BP 67 94703 Maisons-Alfort cedex
Objectif pédagogique Connaître les techniques diagnostiques utilisées par les laboratoires pour la grippe.
NOTES 1
Un test E.L.I.S.A., directement réalisé à partir de l’écouvillon naso-pharyngé, détecte la nucléoprotéine spécifique et hautement conservée du virus grippal par dosage immuno-enzymatique (photos A.F.S.S.A. Alfort).
sensible pour les souches de lignée américaine. Étant donnés les faibles niveaux d’excrétion virale dans certains cas, plusieurs passages peuvent être nécessaires pour isoler le virus. ● La mise en évidence du virus grippal par R.T.P.C.R. (reverse transcriptase - “polymerase chain reaction”) à partir des écouvillons est aussi possible. Dans ce cas, les gènes codant pour l’hémagglutinine (H3) et la neuraminidase (N8) sont amplifiés. Cette technique permet aussi l’étude et la comparaison des séquences nucléotidiques, aussi bien à partir de virus infectieux que de virus mort ou non infectieux. ● L’analyse sérologique présente aussi l’avantage d’être rapide. LES ANALYSES SÉROLOGIQUES En raison du nombre important de chevaux vaccinés contre la grippe en France, il est préférable de réaliser des sérologies comparatives à partir du sérum prélevé au début des signes cliniques, et d’un autre prélevé en phase de convalescence (à J + 15). La comparaison des titres en anticorps permet de révéler une séroconversion. ● En cas de faible niveau d’excrétion virale, donc d’absence de détection du virus, la cinétique sérologique peut constituer un outil de diagnostic rétrospectif intéressant. Une augmentation d’au moins deux dilutions d’anticorps anti-grippaux entre les deux sérums est nécessaire pour conclure à une infection. ● Le diagnostic sérologique de la grippe peut être réalisé par la technique de fixation du complément**. ●
* Kit DirectigenTM Flu-A, Becton & Dickinson. ** Cf. fiche “Diagnostic de la rhinopneumonie chez le cheval” du même auteur dans ce numéro.
Essentiel ❚ Les chevaux vaccinés contre la grippe présentent des anticorps sériques qui ne peuvent pas être facilement différenciés de ceux des animaux naturellement infectés. ❚ Il est préférable de réaliser des sérologies comparatives à partir du sérum prélevé au début des signes cliniques, et d’un autre prélevé en phase de convalescence. ❚ Dans la pratique, l’isolement du virus est délicat, car le virus grippal infectieux est fragile dans le milieu extérieur.
CHEVAL
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 17
Fiche
diagnostic
de la rhinopneumonie chez le cheval
D
Connaître les techniques diagnostiques utilisées par les laboratoires pour la rhinopneumonie
1
Effet cytopathique produit par H.V.E.-1 sur des cultures de cellules (RK 13) (photos L.D.F.D.).
La recherche des herpèsvirus (H.V.E.) peut être effectuée par culture cellulaire ou par P.C.R. spécifique des types 1 et 4. ● L’isolement du virus en culture cellulaire requiert plusieurs jours, et surtout n’est pas d’une réussite facile. ● Les chances de succès de l’isolement viral dépendent étroitement des conditions de manipulation, de stockage et d’envoi des prélèvements. ● Elles sont aussi plus grandes si le mucus nasal est prélevé dans les 48 h après l’apparition des premiers signes cliniques, lorsque l’animal est en hyperthermie et présente un jetage séreux. ● H.V.E.-4 se cultive sur des cellules primaires de rein de porc et H.V.E.-1 sur des lignées de cellules de rein de porc (R.K. 13). Une fois que le virus a pu se répliquer dans les cellules en culture, l’effet cytopathique produit par H.V.E.-1 et 4 est caractéristique (photo 1). L’identification du sérotype isolé en culture cellulaire peut ensuite être effectuée par séroneutralisation. ● La mise en évidence du virus par P.C.R. à partir de prélèvements respiratoires, technique nettement plus sensible et plus rapide, prend souvent le relais de l’isolement viral. ● Par ailleurs, la mise en évidence de che-
NOTE * Cf. fiche “Diagnostic de la grippe chez le cheval”, du même auteur, dans ce numéro.
Essentiel
L’ANALYSE VIROLOGIQUE ●
U.M.R. 1161 A.F.S.S.A.- I.N.R.A.- E.N.V.A. de virologie 22, rue Pierre-Curie, BP 67 94703 Maisons-Alfort cedex
Objectif pédagogique
L’identification rapide et univoque d’un foyer de rhinopneumonie est essentielle pour la gestion sanitaire et médicale du foyer. Elle s’appuie sur le diagnostic de laboratoire. e même que pour la grippe*, les signes cliniques de la rhinopneumonie ne sont pas suffisamment spécifiques pour différencier les infections dues aux herpèsvirus équins (H.V.E.) de celles dues à d’autres virus respiratoires. Un diagnostic de laboratoire est donc nécessaire, avec les mêmes limites que pour le diagnostic de la grippe : les chevaux vaccinés présentent des anticorps vaccinaux qui ne peuvent être différenciés des anticorps postinfectieux.
Gwenaëlle Dauphin
2
Immunofluorescence permettant de révéler la présence de particules d’H.V.E.
vaux porteurs latents d’une infection par H.V.E.-1 ou 4 est difficile puisque le cheval ne présente aucun signe clinique et qu’aucun virus infectieux ne peut être détecté. Une quantification par P.C.R. quantitative des H.V.E. présents dans des prélèvements de sang peut être un outil intéressant pour ce type de diagnostic. ● La détection des antigènes viraux par immunofluorescence sur les sécrétions respiratoires est aussi réalisée par certains laboratoires, car elle présente l’intérêt d’être rapide, mais elle demande une confirmation par isolement viral ou par P.C.R. (photo 2). L’ANALYSE SÉROLOGIQUE
❚ Les chances de succès de l’isolement viral sont plus grandes si le mucus nasal est prélevé dans les 48 h après l’apparition des premiers signes cliniques. ❚ Un sérum qui présente un titre élevé d’anticorps par fixation du complément révèle une infection récente, ou une vaccination récente. ❚ Réaliser une comparaison des titres en anticorps des sérums prélevés 2 à 3 jours après l’apparition des premiers signes cliniques, et un autre prélevé 15 jours à 3 semaines après.
La sérologie de l’herpèsvirus équin (H.V.E.1, le plus souvent) fait appel aux techniques de fixation du complément et de séroneutralisation.
●
CHEVAL
La fixation du complément Un résultat positif de fixation du complément peut être considéré comme spécifique à partir de la dilution du 1/8e. Une fixation du complément positive est en faveur d’une infection aiguë et récente puis-
●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 19
les lors prélèvements de syndrome respiratoire
Fiche
d’origine virale du cheval au laboratoire
Objectif pédagogique Connaître les méthodes de prélèvement et d’envoi au laboratoire lors de syndrome respiratoire d’origine virale chez le cheval.
L
LA SÉROLOGIE Le matériel et la méthode à utiliser pour la sérologie sont présentés dans l’encadré 1. Conservation et transport Suite au prélèvement, le sang doit être laissé à température ambiante pendant environ 2 h pour permettre la coagulation. ●
* Clinique équine E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile ** U.M.R. 1161 A.F.S.S.A.- I.N.R.A.- E.N.V.A. de virologie 22, rue Pierre-Curie, BP 67 94703 Maisons-Alfort cedex
Cette fiche présente les méthodes de prélèvement et de transport des échantillons au laboratoire lors de syndrome respiratoire d’origine virale chez le cheval. ors de suspicion d’infection virale des voies respiratoires, obtenir un diagnostic étiologique paraît parfois secondaire au praticien, étant donnée la similitude des interventions thérapeutiques indiquées lors de maladie respiratoire virale. ● Pourtant, cette démarche est essentielle ; elle permet : - d’établir le diagnostic différentiel avec des maladies non virales, qui nécessitent une approche thérapeutique différente ; - de vérifier l’efficacité de la prévention sanitaire dans un effectif, dont le protocole de vaccination ; - de réunir des informations épidémiologiques sur l’évolution des souches virales, sur le plan national et international, dans le but de faire évoluer les souches vaccinales utilisées. Dans ce domaine, soulignons le rôle du Réseau d’épidémiosurveillance des pathologie équines (R.E.S.P.E)*. ● Sur le plan pratique, deux méthodes principales sont utilisées : - la mise en évidence d’une séroconversion, c’est-à-dire d’une montée significative du taux d’anticorps dirigés contre le virus dans le sang ; - la détection d’antigènes viraux, de leur matériel génétique (par P.C.R., "polymerase chain reaction"), ou l’isolement viral à partir d’un écouvillon naso-pharyngé. ● La mise en œuvre, l’intérêt et les limites de ces méthodes diagnostiques pour les virus respiratoires équins sont discutés par ailleurs**.
Valérie Picandet* Gwenaëlle Dauphin**
1
Prise de sang jugulaire pour sérologie (photo A.F.S.S.A. Alfort).
Encadré - Matériel et méthode pour la sérologie ● Le matériel nécessaire pour l’analyse sérologique est un tube de prélèvement sans anticoagulant (tube sec rouge). ● Le prélèvement s’effectue par une prise de sang à la jugulaire (photo 1). ● Ensuite, l’idéal est de le centrifuger et de séparer le sérum, pour une meilleure conservation. Si ce n’est pas possible, le tube de sang peut être envoyé tel quel au laboratoire, qui se charge de le décanter. ● Quelle que soit la méthode choisie, le prélèvement doit être envoyé rapidement, accompagné d’une anamnèse précise sur le cas, en particulier sur le protocole vaccinal de l’animal. ● Le laboratoire peut donner au praticien des renseignements sur les méthodes d’analyses sérologiques disponibles**.
Quand réaliser le prélèvement ? La mise en évidence d’anticorps sur un prélèvement isolé ne permet en général pas d’aboutir à un diagnostic. En effet, la présence d’anticorps peut signer une réponse vaccinale ou une infection ancienne. ● C’est pourquoi il est nécessaire d’effectuer une sérologie par paires : - prendre le 1er prélèvement en phase aiguë, très tôt dans le processus de la maladie ; - et le 2nd en phase de convalescence, 2 à 3 semaines plus tard. ● Envoyer si possible les échantillons en même temps au laboratoire, pour éviter les biais dans les analyses. ●
NOTES Cf. articles : - * "Épidémiologie des syndromes respiratoires aigus en France chez les équidés”, de G. Dauphin et A. Saison, dans ce numéro, et le site internet www.respe.net. - ** "Diagnostic des principales maladies respiratoires d’origine virale chez le cheval", de G. Dauphin, dans ce numéro.
Essentiel ❚ La mise en évidence d’une séroconversion et la détection d’antigènes viraux sont les deux méthodes de laboratoire pour le diagnostic étiologique d’une maladie respiratoire virale. ❚ Pour l’analyse sérologique effectuer deux prélèvements : - le 1er en phase aiguë ; - le 2nd deux à trois semaines plus tard. ❚ La détection virale n’est possible que si l’écouvillon pharyngé est réalisé en phase aiguë de la maladie.
CHEVAL
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 21
la “fausse grippe” ou le syndrome inflammatoire des voies aériennes
Tatiana Art Emmanuelle van Erck Pierre Lekeux
du cheval de sport
Centre de médecine sportive du cheval Faculté de Médecine Vétérinaire Université de Liège, Bât. B42, Sart Tilman 4000 Liège, Belgique
Objectif pédagogique Prévenir, reconnaître et traiter le syndrome inflammatoire des voies aériennes du cheval de sport.
Essentiel ❚ Le symptôme principal du syndrome inflammatoire des voies aériennes est l’inflammation du tractus respiratoire. ❚ Le syndrome inflammatoire des voies aériennes ne modifie ni la stratégie respiratoire ni l’état général du cheval ni les résultats hématologiques ou biochimiques d’une prise de sang. ❚ La présence de secrétions muqueuses dans les voies aériennes peut suffire à établir un diagnostic de syndrome inflammatoire des voies aériennes. ❚ Les bronchodilatateurs décontractent les fibres musculaires des petites voies aériennes et, par conséquent, permettent de lever le bronchospasme.
Le syndrome inflammatoire des voies aériennes est une affection respiratoire du cheval de sport mal connue. Cet article en présente le diagnostic et le traitement.
C
hez le cheval de sport sain, la fonction respiratoire est le principal facteur limitant de l’effort maximal. ● Lors d’un effort sous-maximal déjà, le cheval athlète peut développer une hypoxémie (c’est-à-dire une désoxygénation) artérielle physiologique significative. Celle-ci met en évidence le dépassement des capacités d’échanges gazeux de son système respiratoire, par rapport à la demande en oxygène de ses masses musculaires (photo 1). ● L’intégrité de l’appareil respiratoire et son fonctionnement optimal constituent donc une condition sine qua non à la réalisation de performances sportives. Toute atteinte respiratoire, aussi légère soit-elle, entraîne des conséquences délétères sur l’aptitude à l’effort. Les troubles respiratoires interfèrent avec la qualité des échanges gazeux. Ils rétrécissent par exemple les voies aériennes par une obstruction partielle, épaississent la membrane alvéolo-capillaire, encombrent les voies aériennes avec du mucus, du pus, du sang, perturbent l’adéquation du rapport ventilation/perfusion, etc. ● L’incidence élevée des troubles respiratoires s’explique largement par les conditions de vie du cheval athlète : - une mise au travail avant la maturité fonctionnelle et/ou morphologique ; - un entraînement quotidien ;
1
L’entraînement quotidien et la ventilation d’effort sont des facteurs qui favorisent le syndrome inflammatoire des voies aériennes (photo W. Westergren).
- des transports ; - un rassemblement de sujets venant de tous les horizons ; - un hébergement en box ; - une alimentation sèche ; - du stress. ● Parmi ces troubles respiratoires, certains sont bien connus dans le milieu équestre, et en général bien identifiés par les praticiens : les affections virales, les hémorragies pulmonaires, les allergies (encadré 1). UN SYNDROME INFLAMMATOIRE ENCORE MAL CONNU En revanche, le diagnostic de syndrome inflammatoire des voies aériennes chez le cheval de sport est rarement établi, en dépit de son incidence non négligeable (11 à 50 p. cent des chevaux de sport, en fonction des auteurs) [4] et de ses répercussions potentielles sur l’aptitude à l’effort des chevaux. Ce syndrome est encore mal connu, car défini plus récemment que les autres troubles, beaucoup moins caractérisé et caractéristique sur le plan symptomatique. Il ressemble en certains points à une grippe (toux, jetage,
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Encadré 1 - Affections virales, hémorragies pulmonaires et allergies 1. Les affections virales s’attaquent, entre au- 2. Les hémorragies pulmonaires induites par
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 24 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
tres, à l’épithélium bronchique, perturbent le système muco-ciliaire et peuvent altérer de façon durable les mécanismes de défense, ce qui favorise l’apparition de complications bactériennes. Ces maladies sont souvent englobées sous le terme générique de "grippe" ou désignées par les termes "influenza" et "rhinopneumonie" par les propriétaires plus avertis ;
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l’exercice, fréquemment observées, sont de plus en plus souvent incriminées comme facteurs de contre-performances ; 3. Un syndrome allergique appelé “pousse” : chez les chevaux de sport plus âgés, l’exposition répétée aux poussières et aux micro-organismes de l’environnement peut engendrer cette allergie, qui rend leur gestion quotidienne laborieuse et peut abréger leur carrière sportive.
mise au point la gourme
chez le cheval
Jean-Luc Cadoré
les leçons du passé, les espoirs du futur
Objectif pédagogique
La gourme est une affection fréquente, multiforme et contagieuse. Cet article la présente, puis décrit les méthodes de sa prévention et de son traitement.
S
uite à une conférence de consensus fondée sur la médecine factuelle, le Collège américain de médecine interne a édicté en 2005 des règles qui montrent combien les questions posées sur le diagnostic, le traitement et la prévention de la gourme sont importantes (figure 2, tableau 1) [11]. ● Observée en général chez de jeunes animaux, la gourme est due à l’action pathogène de Streptococcus equi sbsp equi, et se traduit, dans sa forme la plus habituelle, par une inflammation catarrhale des premières voies respiratoires, accompagnée d’adénopathie satellite, qui évolue classiquement vers la suppuration. D’autres formes sont décrites. ● Dénommée par les anciens "maladie des surprises", "maladie des rechutes","maladie des complications", la gourme demeure une maladie infectieuse et contagieuse du cheval, fréquente, invalidante et parfois grave (encadré 1). ● Les différentes études rétrospectives de foyers soulignent la contagiosité de la maladie, sa morbidité importante, qui contraste
Diagnostiquer, prévenir et traiter la gourme chez le cheval.
1
Jetage caractéristique lors de gourme.
avec une mortalité faible (mais pas nulle). Malgré l’absence actuelle de centralisation des observations épidémiologiques, les chiffres semblent être identiques aux études menées en France lors de l’épizootie de 1940 : la morbidité au sein d’un effectif était alors évaluée à 70 p. 100, la mortalité à 1 p. 100, l’indisponibilité moyenne de 20 jours par cheval, et le temps d’éradication de trois mois au minimum [6]. ● Les infections streptococciques sont nombreuses chez le cheval (encadré 2). LES PRINCIPALES FORMES CLINIQUES La forme catarrhale ● La forme catarrhale est la forme classique de gourme, la plus fréquente (9 cas sur 10). Elle se traduit par une atteinte des 1res voies respiratoires.
Encadré 1 - La description de la gourme du XIIIe au XXe siècle ● Les formes contemporaines de la gourme sont identiques aux 1res descriptions qui datent, pour la forme classique de la maladie, du XIIIe siècle [8]. Le terme "strangles", qui apparaît alors dans la littérature anglo-saxonne, trouve son étymologie dans la langue latine ("strangulina"). Le terme français "gourme" vient du francique "worm" (pus).
"formes bâtardes" est notamment attribuée à Solleyssel (1717), mais aussi à Gibson (1727) et à Braken (1737), qui ont décrit successivement les formes d’adénopathie mandibulaire et rétro-pharyngienne non suppurée. Les formes suppurées étaient décrites dans le tableau de la morve, jusqu’au XIXe siècle. Toutefois, dans les 1res descriptions anatomiques des poches gutturales, Bourgelat souligne la présence fréquente de collection ● L’expression
Département hippique Médecine interne, E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
purulente, à l’instar de "l’humeur s’écoulant par les fosses nasales chez le cheval morveux" (1791). ● Les abcès métastatiques sont inclus dans le tableau clinique possible de la gourme au XXe siècle. En marge de l’expression "forme bâtarde", on retrouve des appellations telles que "formes typiques et atypiques" : - les formes typiques-atypiques (catarrhe nasal et suppuration sur d’autres muqueuses) ; - des formes atypiques-typiques (suppurations de toutes les autres muqueuses) ; - les formes nettement atypiques (formes congestives et hémorragiques). Les descriptions de gourme catarrhale, suppurée et septicémique, sont retrouvées plus tard dans les cours de Verge (cité par [6]).
2 Jetage caractéristique lors de gourme 1 (photos E.N.V.L. D.H.).
Essentiel ❚ La gourme se traduit, sous sa forme la plus habituelle, par une inflammation catarrhale des premières voies respiratoires, accompagnée d’adénopathie satellite, qui évolue vers la suppuration. ❚ L’excrétion nasale débute 4 à 14 jours après l’infection pour se terminer 3 à 6 semaines plus tard. ❚ Les poches gutturales sont souvent, de façon conjointe, le siège de l’infection streptococcique.
CHEVAL
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 29
la gourme chez le cheval : les leçons du passé, les espoirs du futur Encadré 2 - Les infections streptococciques chez le cheval Le rôle pathogène de plusieurs streptocoques, appartenant au groupe C de Lancefield et hémolytiques, a été identifié :
1. Streptococcus dysgalactiæ sbsp equisimilis, isolé surtout à partir de placenta lors d’avortements, plus rarement à partir de nœuds lymphatiques abcédés ;
2. Streptococcus pneumoniæ, souvent associé à d’autres bactéries ou à des virus lors d’isolement chez des chevaux atteints de pneumonie ;
3.
Streptococcus zooepidemicus (Streptococcus equi sbsp zooepidemicus) : bien qu’il présente une grande
homologie avec S equi sbsp equi, il possède un pouvoir pathogène différent. Germe commensal des muqueuses, il se développe surtout en complication d’infections virales ou de lésions muqueuses d’autre nature et, à ce titre, est souvent isolé lors de suppurations modérées dans l’arbre respiratoire ou dans les articulations, mais aussi lors de métrites. De plus, ses propriétés zoonosiques doivent être retenues [12]. Selon des études de génome, Streptococcus zooepidemicus serait à l’origine de l’émergence d’un clone, représenté par Streptococcus equi sbsp equi [12].
Encadré 3 - Pathogénicité et immunogénicité Pathogénèse de l’infection et notion de portage
Les souches encapsulées sont les plus virulentes
● Le germe pénètre par voie orale et par voie nasale, et adhère aux cellules des formations lymphoïdes de l’oropharynx et du nasopharynx. En quelques heures, il emprunte les voies lymphatiques et n’est plus retrouvé à la surface muqueuse ; il se concentre alors dans les nœuds lymphatiques régionaux où, malgré l’afflux de polynucléaires, la phagocytose n’est pas efficace en raison de la présence des facteurs de virulence (cf. supra) couplée à l’action de la streptolysine. L’action de cette dernière, associée à la streptokinase sur les membranes cellulaires, conjuguée aux effets protéolytiques du plasminogène activé, explique le processus abcédatif [12]. ● Dans certains cas, le germe peut diffuser dans l’organisme par voie sanguine ou lymphatique. Il réalise ainsi de véritables "métastases" bactériennes, parfois même dans le tissu cérébral [9]. ● L’excrétion nasale débute 4 à 14 jours après l’infection pour se terminer 3 à 6 semaines plus tard (photos 1, 2). ● Les poches gutturales sont souvent, de façon conjointe, le siège de l’infection streptococcique [3] ; le germe peut être retrouvé pendant plusieurs mois après l’épisode d’infection aiguë, dans un faible nombre de cas, qui sont alors des sources d’infection potentielles au sein d’effectifs [4].
● Les
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 30 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
souches encapsulées sont les plus virulentes. Cette particularité tient en partie à la présence d’acide hyaluronique dans la capsule, qui modifie le micro-environnement, et en particulier diminue la capacité d’adhérence des germes aux neutrophiles, donc de la phagocytose. Les modifications de charge protègent l’activité de protéases et des toxines comme la streptolysine S. ● La capsule permet l’activité de la protéine antiphagocytaire M. La streptokinase, lors de son interaction avec la portion C terminale du plasminogène, stimule l’activité de la plasmine, qui hydrolyse la fibrine, et contribue ainsi à disséminer plus facilement le germe dans l’organisme. ● L’activité bêta-hémolytique, qui aboutit à des modifications osmotiques de la paroi des érythrocytes, est due à la streptolysine S. Des peptidoglycanes, par ailleurs pyrétogènes, sont des activateurs du complément. ● D’autres substances pyrogènes ont été identifiées (SePE H, I, K, L) et participent à la réaction inflammatoire. Enfin la protéine M, très conservée (hormis lors du portage dans les poches gutturales), possède des propriétés antiphagocytaires [12].
● Un syndrome fébrile inaugural est noté : la température corporelle montre une élévation à 39,5 à 40° C, associée à un abattement et à une anorexie. ● L’angine gourmeuse catarrhale (atteinte des cavités nasales, du pharynx et du larynx ainsi qu’une adénite satellite) apparaît ensuite de façon brutale, et évolue vers la
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Figure 1 - Éléments de pathogenèse à retenir Excrétion du germe 1 à 2 jours après l’hyperthermie Excrétion nasale pendant 2 à 3 semaines, source potentielle pendant 6 semaines Portage latent dans les poches gutturales possible pendant plusieurs mois
suppuration en 2 à 3 jours. Le caractère explosif de l’apparition des signes physiques et fonctionnels est caractéristique. ● Une dysphagie d’origine pharyngée se traduit par une toux forte et grasse, puis par des expectorations muco-purulentes ; des cordes lymphatiques peuvent être observées dans la région céphalique ; les nœuds lymphatiques mandibulaires sont d’abord hypertrophiés, durs et douloureux, puis mous et fluctuants, et ont une tendance spontanée à l’abcédation en quelques jours, laissant alors sourdre un pus crémeux, jaunâtre (photo 3). ● Lors d’évolution spontanée favorable, l’amendement de ces symptômes est observé en 15 jours à 1 mois. ● Toutefois, des complications locorégionales peuvent survenir, surtout représentées par des sinusites, par des infections des poches gutturales (des empyèmes sont possibles dans ces deux cas). Rapidement ou à plus moyen terme, une hémiplégie ou une hémiparalysie laryngées peuvent aussi survenir [10]. La forme pyogénique ● La forme pyogénique, aussi appelée forme bâtarde, est plus rare (dans 8 cas sur 100 environ). Elle évolue d’emblée ou est associée à la forme précédente, parfois décalée dans le temps par rapport à celle-ci. ● Cette forme se caractérise par l’éclosion d’abcès multiples avec des adénites satellites suppurées, en général dans des organes riches en réseaux lymphatiques : - la peau et le tissu conjonctif : le garrot, l’encolure, la région de l’épaule ; - l’appareil locomoteur : les articulations, les muscles, les synoviales ; - l’appareil respiratoire : les poumons ; - le système nerveux ; - le tissu cérébral : le nœud lymphatique (nœud lymphatique mésentérique, …) ; - l’appareil génital, en cas de gourme de castration. Pendant l‘évolution de cette dernière forme dans un effectif, toute castration est formellement contre-indiquée.
La forme septicémique Bien plus rare que les deux formes précédentes (elle concerne deux cas sur 100),
●
la gourme chez le cheval : les leçons du passé, les espoirs du futur Encadré 4 - La gourme septicémique sous toutes ses formes
3
Abcédation des nœuds lymphatiques mandibulaires (photo E.N.V.L. D.H.).
La forme septicémique de la gourme revêt les formes suivantes : 1. des troubles tégumentaires (œdèmes et phlyctènes*) : c’est l’exanthème gourmeux, caractérisé par une éruption vésico-pustuleuse (vésicules, bulles, pustules, dépilations sur les postérieurs et aires de frottement). Ce peut être aussi l’échauboulure gourmeuse (urticaire), qui se traduit par une hyperesthésie cutanée, un œdème en plaques associé à un exsudat séreux. Cette dernière forme est le plus souvent observée sur l’encolure et sur le thorax, mais en général de façon fugace ; 2. une stomatite, une chéilite* ou une rhinite ; 3. la gourme coïtale : un œdème de la vulve et du vagin apparaît, une exsudation purulente survient en 4 à 7 jours après la saillie et évolue vers l’abcédation ; 4. la gourme viscérale, due à une congestion pulmonaire, à un œdème pulmonaire aigu, à une pleurésie, à une
péricardite ou à une péritonite ; 5. une uvéite ; 6. une forme bien particulière qui se traduit par un purpura hémorragique caractérisé par des hémorragies disséminées sur les muqueuses et les viscères (pétéchies et suffusions), un œdème sous-cutané et sous muqueux, notamment en région céphalique et à la racine des membres [7]. Elle relève d’un mécanisme d’hypersensibilité retardée. Cette forme clinique, aussi dénommée anasarque, est bien décrite aussi dans d’autres maladies infectieuses, en particulier l’anémie infectieuse. Il s’agit d’une vascularite, dont les signes sont en particulier retrouvés à l’examen histologique cutané, qui révèle la présence de leucoclasie. Des titres importants en anticorps de type immunoglobulines A, associés à des concentrations élevées en protéine M, corroborent les mécanismes d’hypersensibilité à l’origine de la vascularite [1].
la forme septicémique touche les chevaux surmenés ou convalescents. Aussi appelée gourme congestive ou hémorragique, elle relève de mécanismes immunitaires en général différés de 15 jours à 3 semaines par rapport à l’angine primitive (une sensibilisation à la toxine streptococcique) [1]. Elle peut revêtir différentes formes cliniques, toujours d’apparition brutale, inattendue, où dominent des phénomènes vasculaires (encadré 4). ● D’autres affections musculaires, qui relèvent sans doute aussi de mécanismes immunologiques, ont été rapportées, avec : - une forme ischémique, en relation avec la vascularite observée au cours du purpura hémorragique ; - une forme de rhabdomyolyse, observée chez des Quarter Horse. Dans les mécanismes d’apparition, une communauté antigénique entre des protéines de l’agent pathogène et la myosine est incriminée ; des glomérulonéphrites et des myocardites ont aussi été observées, ainsi que des agalacties chez la jument [13].
- par examen endoscopique des poches gutturales ; - par ponction sous contrôle échographique ; - par examen du liquide abdominal ; - par radiographie et échographie thoracique ; - éventuellement, par tomodensitométrie pour le tissu cérébral. ● Le processus abcédatif peut entraîner des modifications hématologiques et biochimiques (leucocytose neutrophilique, hyperfibrinogénémie, modification du profil électrophorétique des protéines sériques). ● Dans certains cas, le recours à des examens sérologiques peut s’avérer intéressant (figure 2, tableau 1) [5].
LE DIAGNOSTIC
LES MÉTHODES DE PRÉVENTION
● Le diagnostic repose sur la clinique et sur un certain nombre d’examens paracliniques, en fonction de la suspicion. ● Simples pour la forme classique, les signes d’appels, peuvent être très divers pour les formes bâtardes, et parfois déroutants pour le purpura. L’anamnèse, les antécédents pathologiques et le contexte épidémiologique guident le clinicien. Chaque fois que cela est possible, un isolement bactérien est déterminant (culture classique ou mise en évidence par polymerase chain reaction) (figure 2). ● La recherche d’abcès non extériorisés peut être réalisée :
Les trois quarts des chevaux qui présentent une gourme développent une immunité humorale et locale solide et durable. Les médiateurs de cette immunité sont des immunoglobulines G (humorales) dirigées contre la protéine M notamment, mais aussi les immunoglobulines A (locales), à des concentrations bien supérieures à celles obtenues après vaccination par voie intramusculaire. ● Ces mêmes anticorps sont retrouvés dans le lait de jument infectées, et leur transmission par le colostrum est protectrice chez le poulain [11, 12]. ● Les méthodes de traitement en fonction du degré d’atteinte sont présentées dans l’encadré 5. ●
NOTES * Phlyctènes : vésicules et bulles. ** Chéilite : inflammation des lèvres.
Essentiel ❚ La forme catarrhale est la forme la plus fréquente de gourme ; elle se traduit par une atteinte des 1res voies respiratoires. ❚ L’angine gourmeuse catarrhale apparaît ensuite de façon brutale, et évolue vers la suppuration en 2 à 3 jours. ❚ La forme pyogénique, plus rare se caractérise par l’éclosion d’abcès multiples avec des adénites satellites suppurées. ❚ La forme septicémique, bien plus rare, touche les chevaux surmenés ou convalescents.
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CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 31
la gourme chez le cheval : les leçons du passé, les espoirs du futur Prophylaxie sanitaire Une attention particulière doit être portée dans les effectifs où sévit la maladie. Un isolement des malades s’impose pendant son évolution ; la solution optimale consiste, si possible, à éloigner les chevaux sains du reste de l’effectif atteint.
●
Figure 2 - Conduite à tenir lors d’apparition de gourme dans un effectif [11] Objectif
Les soins sont dispensés en commençant par les chevaux les moins atteints. ● Il convient : - de nettoyer et de stériliser tout le matériel après son utilisation sur chaque animal ; - d’instaurer le port de casaques et de surbottes pour chaque box, avec la mise en place de pédiluves, dans toute la mesure du possible. - L’hygiène générale doit aussi être appliquée au personnel soignant et à tout le matériel de harnachement. ● L’application stricte de ces mesures permet de limiter l’extension de la maladie, et diminue le temps d’indisponibilité des chevaux atteints. ● Quel que soit l’effectif, et compte tenu du portage latent toujours possible et du temps d’incubation, la mise en quarantaine de tout cheval nouveau dans un effectif est une règle absolue. ●
Mesures à prendre
●
Limiter la possibilité de contamination
- Éviter les mouvements de chevaux - Établir une zone contaminée, une zone infectée et une zone saine - Utiliser une tenue vestimentaire particulière pour la zone infectée - Respecter l’hygiène générale - Désinfecter le matériel, des locaux et des moyens de transport à l’aide de : crésyl, phénol, hypochlorite de sodium, ammoniums quaternaires, chlorhexidine
●
Connaître le statut des animaux
- Gérer les effluents et les excrétions organiques - Réaliser un "vide sanitaire" des pâturages où ont séjourné des malades pendant 4 semaines - Effectuer une recherche polymerase chain reaction (P.C.R.) et une culture sur prélèvements toutes les semaines pendant trois semaines sur les convalescents - Réaliser des endoscopies des poches gutturales
Après la guérison clinique d’un cheval, l’auteur propose de réaliser des recherches de l’agent pathogène couplées à des examens sérologiques, afin d’apprécier l’éventualité d’un portage chronique.
●
Tableau 1 - Interprétation des résultats d’examen sérologique [11] Titres
Interprétation
●
Négatif
- Animal jamais exposé, ou exposé de façon récente (< 7 j)
●
1/200 à 1/400
- Exposition très récente, ou réponse résiduelle à une exposition ou à une vaccination
●
1/800 à 1/1600
- Exposition 2 ou 3 semaines auparavant, ou maladie 6 mois à 2 ans avant
●
> 1/1600
- Vaccination contre-indiquée
❚ Le diagnostic repose
●
1/3200 à 1/6400
- Exposition 4 à 12 semaines auparavant, ou vaccination 1 à 4 semaines avant
sur la clinique et sur des examens complémentaires. ❚ Les signes d’appels, simples pour la forme classique, peuvent être très divers pour les formes bâtardes. ❚ Isoler les animaux malades dans les effectifs.
●
> 1/12800
- Souvent, forme "métastatique", ou purpura hémorragique
Essentiel
Figure 3 - Comment réaliser un diagnostic bactériologique ou sérologique [11, 12] 1. Le diagnostic bactériologique Le diagnostic bactériologique s’effectue partir du pus, d’écouvillonnages nasaux ou de lavages nasaux ● Les lavages nasaux sont plus performants pour le diagnostic bactériologique lors de faible quantité de pathogènes : - utiliser une sonde de 15 cm - irriguer le plancher du méat ventral avec 50 ml de sérum physiologique, - aspirer stérilement ● Diagnostic différentiel à faire entre Streptococcus equi et Streptococcus zooepidemicus ● P.C.R.* (“polymerase chain reaction”), mise en évidence de la séquence d’ADN qui code la protéine M) - ne permet pas de différencier les bactéries vivantes et tuées - trois fois plus sensible que la culture - intéressante sur les prélèvements des poches gutturales - permet de connaître le statut infectieux ●
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2. Le diagnostic sérologique** L’antigène principal est la protéine M ● Un test E.L.I.S.A. est commercialisé ● Montée du titre après exposition en 5 semaines ● Maintien d’un titre élevé pendant 6 mois ●
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 32 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
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NOTES * Analyse effectuée au laboratoire départemental Frank Duncombe à Caen. Coût : 37 €. ** Analyse effectuée aux États-Unis (EBI, Lensington). Coût : 37 € + frais d’envoi.
la gourme chez le cheval : les leçons du passé, les espoirs du futur Figure 4 - Épidémiologie analytique Transmission directe et indirecte ● Importance de tout le matériel d’élevage ● Importance du matériel médical ● Importance de la recherche des porteurs ● Données du laboratoire : - résistance 63 jours à 2°C (bois) - résistance 48 jours à 20°C (bois, verre)
Tableau 2 - Index thérapeutique en pathologie respiratoire Principe actif
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La prophylaxie médicale Des vaccins sont disponibles depuis plusieurs décennies : - des vaccins inactivés classiques ; - des vaccins qui renferment la protéine M. ● Les résultats obtenus n’ont toutefois jamais été optimaux. Ces vaccins n’induisent pas une réaction immunitaire locale suffisante dans les 1res voies respiratoires, et provoquent, en particulier pour les vaccins inactivés classiques, des réactions locales et générales parfois importantes. Ils assurent une protection efficace dans environ 50 p 100 des cas [11]. ● Un vaccin vivant atténué administré par voie sous-muqueuse a été développé, et est disponible en France depuis quelques semaines. Le protocole proposé est une vaccination bisannuelle avec un rappel entre le 3e et le 6e mois s’il y a contact avec l’agent pathogène. Ce protocole a démontré son efficacité pour prévenir l’expression clinique d’une infection par Streptococcus equi sbsp equi chez les chevaux exposés à ce germe [2]. Il peut aussi être associé à d’autres valences comme la grippe. Des effets secondaires (jetage, adénopathie mandibulaire et rétro-pharyngée, hyperthermie) sont très rarement observés. ● Il apparaît intéressant de systématiser la prophylaxie médicale, notamment dans les effectifs et dans les régions où la gourme est souvent observée, compte tenu : - de la morbidité importante de la gourme et de la mortalité, certes rare, mais pas nulle ; - de l’importance à accorder au portage chronique, donc à la récurrence toujours possible de la maladie au sein des effectifs. ●
CONCLUSION La gourme, cette maladie du cheval, reconnue depuis des siècles, reste d’actualité. La richesse de sa symptomatologie, qui constitue parfois un défi au clinicien, sa contagiosité, sa forte morbidité ainsi que l’indisponibilité qu’elle entraîne chez les chevaux touchés, justifient qu’elle soit au cœur des préoccupations de l’éleveur et du vétérinaire. Ils doivent impérativement coupler leurs efforts pour mieux la reconnaître, et surtout
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Posologie du principe actif
Antibiotiques
- Amoxicilline sodique
- 10 mg/kg, I.V.-I.M.-S.C., 2 fois/jour
- Ampicilline sodique
- 10 à 15 mg/kg, I.V.-I.M., 3 à fois/jour
- Ampicilline trihydrate
- 11 à 22 mg/kg, I.M.-P.O., 2 à 4 fois/jour
- Céfalexine
- 10 à 30 mg/kg, I.V.-I.M., 3 à 4 fois/jour
- Cefquinome
- 1,6 mg/kg, I.M., 2 fois/jour
- Ceftiofur*
- 1 à 5 mg/kg, I.V.-I.M., 2 fois/jour
- Dihydrostreptomycine
- 11 mg/kg, I.M.-S.C., 2 fois/jour
- Enrofloxacine
- 7,5 mg/kg, P.O., 1 fois/jour
- Érythromycine
- 25 mg/kg, P.O., 2 à 3 fois/jour
- Fluméquine
- 7,5 mg/kg, I.M., 1 fois/jour
- Gentamicine
- 6,6 à 8,8 mg / kg, I.V.-I.M.-S.C., 1 fois/jour
- Métronidazole
- 15 mg/kg I.V., P.O.-I.R., 4 fois/jour
- Oxytétracycline*
- 5 à 20 mg/kg, I.V., 1 à 2 fois/jour
- Pénicilline G sodique*
- 10 000 à 50 000 U.I./kg, I.V.-I.M., 4 fois/jour
- Pénicilline G procaïne*
- 20 000 à 50 000 U.I./kg, I.M., 2 ou 3 fois/jour
- Pénicilline G benzatine*
- 10 000 à 40 000 U.I./kg, I.M., toutes les 48 à 72 h
- Rifampicine - Streptomycine
NOTES * A.M.M. cheval - I.V. : voie intraveineuse - I.M. : voie intramusculaire - S.C. : voie souscutanée - P.O. : voie orale - I.R. : voie intrarectale
- 10 à 20 mg/kg, P.O., 1 fois/jour - 3 à 5 mg/kg, P.O., 2 fois/jour - 11 mg/kg, I.M.-S.C., 2 fois/jour
- Sulfamides : - 15 à 30 mg/kg, I.V. lente-I.M., 1 fois/jour sulfadoxine-triméthoprime - Sulfamides : sulfaméthoxypyridazine- 30 mg/kg, P.O., 2 à 3 fois/jour (à jeun) triméthoprime ● Anti-inflammatoires non stéroïdiens - Acide acétylsalicylique (aspirine)*
- 10 à 100 mg/kg, P.O., 2 fois/jour, 20 à 70 mg/kg, I.V.-I.M.-S.C., 1 fois/jour
- Dipyrone ou Noramidopyrine*
- 5 à 22 mg/kg, I.V.-I.M., 1 fois/jour
- Flumixine Méglumine*
- 0,25 à 1,1 mg/kg, I.V.-I.M.-P.O., 1 à 4 fois/jour
- Kétoproféne*
- 2,2 mg/kg, I.V., 1 fois/jour
- Méloxicam*
- 0,6 m/kg, P.O., 1 fois/jour
- Phénylbutazone*
- 2 à 4,4 mg/kg, I.V.-P.O., 2 fois/jour
- Védaprofène
- 2 mg/kg, B.I.D., puis 1 mg/kg, P.O., 2 fois/jour
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Anti-inflammatoires stéroïdiens
- Béclométhasone
- 3,75 mg, aérosol, 2 fois/jour
- Dexaméthasone*
- 0,02 à 0,2 mg/kg, I.V.-I.M.-P.O., 1 fois/jour
- Fluméthasone
- 1 à 2,5 mg/450 kg, I.V. lente-I.M.
- Fluoro-prédnisolone
- 5 à 20 mg/ 450 kg, I.M.
- Méthyl-prédnisolone (acétate)*
- 0,2 à 0,7 mg/kg, I.M.
- Méthyl-prédnisolone (succinate sodique)*
- 2 à 4 mg/kg, I.V.
- Prednisolone base*
- 0,2 à 4,4 mg/kg, I.M.-P.O., 2 à 3 fois/jour
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Divers
- Acétylcystéine 10 % (modificateur des sécrétions)
- 4 à 10 ml/100 kg aérosol, solution à 10 p 100, irrigations
- Bromhexine chlorydrate* (mucolytique)
- 0,5 mg/kg, P.O., 1 fois/jour, 3 à 10 jours
- Dembrexine* (fluidifiant, expectorant) - Diméthylsulfoxide (DMSO) (antifongicide, bactéricide, anti-inflammatoire)
- 0,15 à 0,3 mg/kg, I.M., 1 fois/jour, 3 à 5 jours - 0,3 mg/kg, P.O., 2 fois/jour - 0,5 à 1 mg/kg, I.V. (solution 10 % diluée dans du dextrose à 5 %), 3 à 4 fois/jour
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 33
la gourme chez le cheval : les leçons du passé, les espoirs du futur Encadré 5 - Les traitements curatifs et préventifs
Références 1. Galan, JE, Timoney JF. Immune complexes in purpura hemorrhagica of the horse contain IgA and M antigen of Streptococcus equi. J Immunol, 1985;135(5): 3134-7. 2. Jacobs AA et al. Investigations towards an efficacious and safe strangles vaccine: submucosal vaccination with a live attenuated Streptococcus equi. Vet Rec, 2000;147(20): 563-7. 3. Judy CE, Chaffin MK, Cohen ND. Empyema of the guttural pouch (auditory tube diverticulum) in horses: 91 cases (19771997). J Am Vet Med Assoc, 1999;215(11): 1666-70. 4. Newton JR et al. Naturally occurring persistent and asymptomatic infection of the guttural pouches of horses with Streptococcus equi. Vet Rec, 1997;140(4):84-90. 5. Newton JR et al. Control of strangles outbreaks by isolation of guttural pouch carriers identified using PCR and culture of Streptococcus equi. Equine Vet J, 2000;32(6):515-26. 6. Orgeval M. La Gourme : étude comparative de quelques traitements chimiques. Thèse de doctorat vétérinaire, Alfort, 1942:123p. 7. Pusterla N et al. Purpura hæmorrhagica in 53 horses. Vet Rec, 2003; 153(4):118-21. 8. Slater JD. Strangles, bastard strangles, vives and glanders : archeological relics in a genomic age. Equine Vet J, 2003;35:118-20. 9. Spoormakers TJ et al. Brain abscesses as a metastatic manifestation of strangles: symptomatology and the use of magnetic resonance imaging as a diagnostic aid. Equine Vet J, 2003;35(2):146-51. 10. Sweeney CR et al. Description of an epizootic and persistence of Streptococcus equi infections in horses. J Am Vet Med Assoc, 1989;194 (9):1281-6. 11. Sweeney CR et al. Streptococcus equi infections in horses : guidelines for treatment, control, and prevention of strangles. J Vet Intern Med, 2005;19:123-34 (http:/www.hblb. org.uk). 12. Timoney JF. The pathogenic equine streptococci. Vet Res, 2004;35 (4):397-409. 13. Valberg SJ et al. Myopathies associated with Streptococcus equi infection in horses. Proc Am Assoc Equine Pract, 1996;42:292-3. 14. Verheyen K et al. Elimination of guttural pouch infection and inflammation in asymptomatic carriers of Streptococcus equi. Equine Vet J, 2000;32(6):527-32.
Trois cas de figure sont à considérer [11] : 1er cas : le cheval exprime les tout premiers signes de gourme ● C’est le 1er cas dans un effectif, ou surtout un nouveau malade dans un effectif gourmeux ● Le cheval présente une hyperthermie, une anorexie et un jetage débutant ; il doit bénéficier d’un traitement antibiotique dans les 24 heures. ● Le choix se porte sur la pénicilline ou les sulfamides. Un traitement anti-inflammatoire peut le compléter pour améliorer le confort (tableau 2). 2e cas : le cheval présente une évolution vers l’abcédation ● Si le cheval présente déjà une évolution vers l’abcédation, tout doit être fait pour favoriser celle-ci sans traitement antibiotique avant que le drainage soit effectif et efficace. La maturation des abcès est favorisée par l’application de compresse alcoolisées chaudes le plus souvent possible, de substances phlogogènes (onguent vésicatoire, … ) ● Il peut arriver que des troubles respiratoires obstructifs sérieux imposent une trachéotomie en urgence*. ● Après la percée des abcès des nœuds lymphatiques, un traitement local est entrepris, associé le plus souvent à une antibiothérapie entérale ou parentérale. Celle-ci est associée à des traitements locaux reposant sur des irrigations de solutions iodées diluées à 3 à 5 p. 100. 3e cas : le cheval souffre de formes particulières de gourme avec des complications ● Les empyèmes sinusaux reconnus par examen radiographique, confirmés par sinusocentèse et
par sinusoscopie, justifient la mise en œuvre d’un drainage après trépanation. ● Les empyèmes des poches gutturales (en général dus à l’abcédation dans leur lumière des nœuds lymphatiques rétro-pharyngiens médiaux), reconnus par un examen endoscopique qui complète parfois l’examen radiographique, peuvent être drainés par les voies naturelles ou par voie chirurgicale (photos 4, 5). - Certains s’accompagnent de gutturolithes (chondroïdes), qui peuvent être présents sans liquide purulent : ces formations sont des concrétions dont la genèse est mal comprise, et qui renferment souvent de grandes quantités de germes. ● Des traitements locaux peuvent être proposés pour les dissoudre [14]. Il convient de les retirer sous contrôle endoscopique par les voies naturelles ou, mieux, par voie chirurgicale. ● Le traitement des autres abcès possibles dépend de leur diagnostic et de leur localisation. Pour le purpura hémorragique, administrer des corticoïdes sous couverture antibiotique pendant une durée variable en fonction de l’évolution et de la rétrocession des signes. ● Des traitements adjuvants peuvent s’imposer (pansement, nutrition particulière, etc.) en fonction de chaque situation. 4e cas : un cheval exposé à un malade contagieux, mais sans aucun signe Si ce cheval ne présente encore aucun signe, lui administrer sans hésitation de la pénicilline, jusqu’à ce qu’il soit isolé, de façon sûre et pérenne, de toute contamination par contact avec d’autres chevaux atteints ou convalescents.
NOTE * Cf. article “Urgence : la trachéotomie chez les équidés”, de C. Gaillard-Lavirotte, dans ce numéro.
formation continue 1. Streptococcus equi sbsp zooepidemicus est l'agent responsable de la gourme : ❑ oui ❑ non 2. L'empyème des poches gutturales est une complication fréquente lors de gourme : ❑ oui ❑ non 3. Les porteurs sains peuvent être identifiés par la mise en évidence de l'agent pathogène sur des prélèvements dans les poches gutturales par réaction de polymérisation ❑ non en chaine (P.C.R.) : ❑ oui LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 34 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
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Vue endoscopique d'une hypertrophie des nœuds lymphatiques rétro-pharyngiens médiaux sur le plancher de la poche gutturale (photos E.N.V.L. D.H.).
Vue endoscopique d'une abcédation des nœuds lymphatiques rétro-pharyngiens médiaux sur le plancher de la poche gutturale 1.
pour mener de façon efficace et consensuelle sa prophylaxie. ● Cette prophylaxie comprend des mesures sanitaires dans la conduite de l’élevage ou l’utilisation sportive des chevaux et des mesures de prophylaxie médicale. ● Grâce à des observations épidémiologiques et cliniques mieux centralisées par
les différents réseaux de veille, nous pourrons avoir une meilleure idée de la prévalence et de l’incidence de cette maladie qui pourrait constituer un danger potentiel pour les élevages. ❒
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REMERCIEMENTS À Valérie Picandet et Cyrille Piccot-Crézollet pour leur relecture, et aux internes de la clinique équine.
observations cliniques syndromes grippaux
Anthony Siegel
chez des équidés
Cet article présente quatre situations cliniques de syndromes grippaux en Seine-et-Marne de 2003 à 2005, les méthodes diagnostiques pratiquées et les modalités de gestion des cas et des foyers.
D
ans notre activité quotidienne, nous sommes souvent confrontés à des animaux présentant un syndrome grippal : une hyperthermie, un jetage, une inflammation des voies respiratoires supérieures. Dans ce contexte, établir un diagnostic étiologique peut s’avérer nécessaire, mais difficile. ● Il est cependant possible d’adopter une démarche systématique, et d’effectuer des prélèvements pour diagnostiquer les deux principales affections virales des voies respiratoires des équidés : la grippe, et la forme respiratoire de la rhinopneumonie. ● Cet article se propose d’étudier des situations cliniques de syndromes grippaux, et décrit de quelle manière la conduite diagnostique étiologique peut aider le praticien à limiter les conséquences de ces affections à l’échelon individuel, à celui d’un groupe ou à celui d’une région. La discussion est présentée en encadré. OBSERVATION CLINIQUE N°1 : suspicion d’infection à l’herpèsvirus équin 1 sur deux jeunes au pré Motif de consultation et commémoratifs Deux jeunes chevaux, un cheval de selle d’un an et demi et un poney Connemara de 2 ans et demi, sont visités pour leur rappel annuel de vaccination en septembre 2003 (tableau). Quelques jours auparavant, ils ont été réunis dans un pré. ● Le cheval de selle n’a pas d’antécédent médical. ● Le poney Connemara a présenté en décembre 2002, à son arrivée dans une écurie, un épisode d’infection des voies respiratoires (avec hyperthermie pendant quelques jours, jetage purulent bilatéral abondant et toux). Depuis lors, la propriétaire traite ses épisodes récurrents de jetage nasal bilatéral purulent par des cures d’Histabiosone®*. ●
S.C.P. Schlotterer, Siegel, Berthier 38, rue de Magny 77700 Bailly-Romainvilliers
Examen clinique
Objectif pédagogique
● Les deux chevaux présentent une hyperthermie : 39,6°C pour le Connemara, 38,7 °C pour le poulain. ● Le poney présente un abondant jetage nasal bilatéral muco-purulent. Il n’est pas atteint de toux, l’auscultation respiratoire est normale, ainsi que l’examen clinique. ● Le poulain ne présente pas d’autre anomalie clinique. ● Les signes cliniques et le contexte évoquent une infection virale des voies respiratoires supérieures. L’aspect muco-purulent du jetage du poney indique potentiellement une surinfection bactérienne (photo 1).
Diagnostiquer, traiter et prévenir les syndromes grippaux chez les équidés.
Gestion des cas et du foyer Face à ce syndrome grippal, des échantillons sanguins et des écouvillons nasaux sont prélevés pour examens virologique et sérologique (cf. encadré Gestion du cas). Traitement
Les chevaux reçoivent - de la phénylbutazone (Équipalazone®), 1 g matin et soir, per os, jusqu’à la résolution de l’hyperthermie ; - de la pénicilline procaïne (Depocilline®), 20 ml par voie intramusculaire, matin et soir, pendant 5 jours. Mesures de prophylaxie sanitaire
Il est expressément demandé aux deux propriétaires : - de ne pas déplacer leur animal pendant la maladie, et pendant les 7 jours suivant le dernier pic d’hyperthermie ; - de ne pas introduire de nouvel animal dans le pré ; - d’appliquer des mesures simples d’hygiène lorsqu’elles sont successivement en contact avec les chevaux malades, puis avec d’autres équidés (une des propriétaires est monitrice d’équitation dans un centre équestre) : changement de vêtements, hygiène des mains, en particulier.
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L’aspect muco-purulent du jetage indique potentiellement une surinfection bactérienne (photo P. Cirier).
Motifs de consultation ❚ Visites de routine ❚ Symptômes évocateurs d’état grippal.
Symptômes ❚ Hyperthermie. ❚ Jetage nasal. ❚ Manifestations respiratoires anormales. ❚ Abattement.
NOTE * Suspension injectable qui associe benzylpénicilline procaïne, dihydrostreptomycine, dexaméthasone et chlorphéniramine.
CHEVAL
Résultats des examens de laboratoire
Les résultats permettent de suspecter une atteinte respiratoire par l’herpèsvirus équin de type 1 (tableau).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 35
traiter et prévenir les syndromes respiratoires d’origine virale
Valérie Picandet
chez le cheval Le traitement et la bonne gestion des affections respiratoires d’origine virale chez le cheval sont essentiels compte tenu du risque d’épizootie. Quelques règles élémentaires de prévention permettent aussi de limiter leur apparition.
L
es syndromes respiratoires d’origine virale sont fréquents, contagieux et difficiles à diagnostiquer. C’est pourquoi le traitement individuel reste le plus souvent symptomatique et est associé à des mesures de gestion de l’effectif. ● Malgré tout, les épizooties engendrent des pertes économiques non négligeables chaque année. C’est pourquoi la lutte contre les maladies virales du système respiratoire est, depuis longtemps, fondée sur la prévention. ● Dans cet article, seules les méthodes sanitaires de prévention sont traitées. La vaccination fait l’objet de deux autres articles*. LE TRAITEMENT DU CHEVAL MALADE Les syndromes respiratoires d’origine virale sont des maladies auto-limitantes. Dans la plupart des cas, une guérison clinique est observée en 7 à 14 jours. C’est pourquoi le traitement est principalement symptomatique, bien que l’utilisation d’antiviraux puisse, dans certains cas, sembler prometteuse. ● Les traitements possibles du cheval malade sont le repos, les traitements de support, les antibiotiques et les traitements antiviraux. ●
Le repos ● Lorsqu’un syndrome respiratoire d’origine virale est diagnostiqué chez un cheval, la mesure la plus importante à prendre est le repos. En effet, la poursuite de l’exercice, même modéré, lors d’une infection expérimentale par le virus de la grippe équine, conduit à l’aggravation des signes cliniques [6]. De plus, il semble que le repos diminue le risque de développement de maladies respiratoires chroniques [2]. ● Le temps de repos préconisé lors de grippe équine est de 3 à 4 semaines [18], ou encore d’une semaine pour chaque jour de fièvre observé [15].
Département hippique E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Les traitements de support
Objectif pédagogique
● Il est important de limiter les effets délétères de la maladie, lorsque celle-ci est sévère, en particulier la déshydratation, la perte de poids et la fièvre. ● La mise à disposition d’eau propre et fraîche, ainsi que d’une alimentation appétente, est essentielle. L’administration de fluides par voie nasogastrique ou intraveineuse est à envisager si nécessaire. ● L’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens permet de lutter contre la fièvre, et de diminuer l’inflammation des voies respiratoires et réduit le risque d’avortement chez la jument gestante. Cette utilisation peut, toutefois, s’accompagner d’effets secondaires (insuffisance rénale, ulcères gastro-intestinaux), d’autant plus importants que l’animal est déshydraté, et peut masquer les signes de complications comme la pleuropneumonie (fièvre persistante, douleur thoracique). ● C’est pourquoi il est recommandé d’utiliser les anti-inflammatoires non stéroïdiens uniquement lorsque la fièvre est très marquée (> 40,3°C) ou s’accompagne de manifestations cliniques importantes (dépression, perte d’appétit, déshydratation) [18]. Dans cette situation, il convient de corriger la déshydratation pour éviter l’apparition d’effets secondaires. ● L’utilisation de bronchodilatateurs et de mucolytiques a été proposée lors de grippe pour limiter la tachypnée et la dyspnée parfois observées. Toutefois, lors d’une infection expérimentale, l’utilisation de clenbutérol, même à double dose, n’a permis aucune amélioration des signes cliniques respiratoires [7].
Traiter les affections respiratoires d’origine virale chez le cheval, gérer les foyers infectieux et prévenir l’apparition des épizooties.
NOTE * Cf. “Prévention de la grippe” et “Prévention de la rhinopneumonie” de G. Dauphin, dans ce numéro.
Essentiel ❚ Le repos est la mesure la plus importante à prendre en cas de syndrome respiratoire d’origine virale. ❚ Le temps de repos préconisé lors de grippe équine est : - de 3 à 4 semaines ; - d’une semaine pour chaque jour de fièvre observé. ❚ La mise à disposition d’eau propre et fraîche, ainsi que d’une alimentation appétente, est essentielle. ❚ Utiliser les anti-inflammatoires non stéroïdiens lorsque la fièvre est très marquée ou qu’elle s’accompagne de manifestations cliniques importantes.
Les antibiotiques à utiliser avec discernement ● L’utilisation systématique d’une couverture antibiotique pendant 7 à 15 jours a été préconisée par certains auteurs, étant donnée l’importance des infections bactériennes secondaires des voies respiratoires à la suite d’une atteinte virale [10]. ● Les bactéries les plus fréquemment isolées dans l’arbre respiratoire à la suite d’une infection virale sont Streptococcus equi subsp zooepidemicus et Actinobacillus sp.
CHEVAL
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 41
prévention
Gwenaëlle Dauphin UMR 1161 AFSSA-INRA-ENVA de virologie 22, rue Pierre-Curie BP 67 94703 Maisons-Alfort cedex
Objectif pédagogique Décrire les moyens traditionnels et les nouveautés dans la prévention de la grippe chez le cheval.
de la grippe
chez le cheval Pour prévenir la grippe, il convient d’utiliser la prophylaxie sanitaire et la vaccination. Mais, outre ces méthodes traditionnelles, de nouvelles techniques médicales de prévention apparaissent.
L NOTE * L’efficacité et la composition des vaccins seront traitées dans une fiche Prévention dans le prochain numéro.
a prévention et le contrôle de la grippe dépendent étroitement de la prophylaxie traditionnelle, qui passe par des des programmes de gestion de l'élevage et par des protocoles de vaccination. ● De nouvelles approches prophylactiques apparaissent, avec l’utilisation de vaccins de 2e génération et d’antiviraux. LA PROPHYLAXIE SANITAIRE Avant l’introduction d’un cheval dans un effectif, il est prudent d’effectuer une mise en quarantaine d’au moins 48 h et de vérifier son statut vaccinal. ● Après l’apparition d’un 1er cas, la séparation stricte entre les animaux indemnes et les animaux infectés constitue la principale mesure pour garantir l'absence de contamination, en limitant la diffusion du virus. Des mesures sanitaires doivent aussi être mises en œuvre : - soigner les chevaux sains avant les chevaux malades ; - utiliser du matériel séparé entre le groupe de chevaux sains et celui de chevaux malades (seaux, instruments de nettoyage, matériel de brossage) ; - se laver les mains et nettoyer ses bottes après avoir manipulé les chevaux malades. ●
Essentiel ❚ Plus de 70 p. cent de la population doit être correctement vaccinée pour prévenir les épizooties. ❚ L'immunité conférée par les vaccins est de courte durée. ❚ Il est recommandé de vacciner les jeunes chevaux, en particulier de course et de compétition, avec les vaccins conventionnels, tous les 6 mois, plusieurs années après la primovaccination.
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 46 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
LA PROPHYLAXIE MÉDICALE La vaccination réduit l’incidence et l’importance des épizooties ● Des modèles mathématiques validés avec des données expérimentales et de terrain montrent que la vaccination réduit nettement l’incidence et l’importance des épizooties, avec des foyers qui apparaissent de manière exceptionnelle dans les groupes de chevaux vaccinés*. ● Une politique de vaccination globale assure un niveau suffisant d’immunité de troupeau pour prévenir de larges foyers qui
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peuvent entraîner l’annulation de manifestations hippiques. ● Plus de 70 p. cent de la population doit être correctement vaccinée pour prévenir les épizooties. La pratique d’une vaccination obligatoire permet ainsi de réduire considérablement le risque d’épizooties. ● Toutefois, l'immunité conférée par les vaccins est de courte durée : une vaccination annuelle peut laisser les jeunes chevaux sans protection pendant plusieurs semaines et permettre l'apparition de petits foyers grippaux dans des écuries d'entraînement. Le protocole de vaccination La vaccination du jeune et de la mère ● Le protocole de vaccination antigrippal est le suivant (tableau ci-après) : - une primovaccination des jeunes de plus de 3 mois, en deux injections à 1 mois d'intervalle ; - un 1er rappel 6 mois plus tard ; - des rappels tous les 6 mois à 1 an, préconisés par les fabricants. ● Il est possible de vacciner le poulain : - à partir de l’âge de 5 à 6 mois si la mère est vaccinée ; - dès 3 à 4 mois si elle n’est pas vaccinée. La principale indication est de ne vacciner que les animaux en bonne santé. ● L’âge de la 1re dose vaccinale peut être déterminant sur la sécrétion des anticorps. Les poulains nés de mère vaccinée durant la période de gestation présentent des taux d’anticorps élevés après la naissance. Ces anticorps semblent être détectés jusqu’au 3e mois et disparaître vers l’âge de 6 mois. ● La tentation est de vacciner avant la chute des anticorps maternels afin d’éviter la fenêtre de sensibilité, mais les anticorps maternels risquent d’interférer avec la vaccination, et selon certains auteurs d’inhiber la réponse à de futures vaccinations. ● Les mères doivent donc être vaccinées dans les 4 à 6 dernières semaines de la gestation afin d’assurer un transfert passif de niveaux protecteurs d’anticorps dans le colostrum. ● Ensuite, les poulains ne doivent pas être vaccinés avant l’âge de 5 à 6 mois, tout au moins pas avant la disparition totale des anticorps maternels.
prévention
de la rhinopneumonie
Gwénaëlle Dauphin
chez le cheval
UMR 1161 AFSSA-INRA-ENVA de virologie 22, rue Pierre-Curie BP 67 94703 Maisons-Alfort cedex
Objectif pédagogique
Destinés à réduire le risque d’introduction et de transmission du virus aux populations sensibles, ces virus, les programmes de contrôle de la rhinopneumonie sont fondés sur des pratiques de management et sur la vaccination.
Décrire les moyens de prévention de la rhinopneumonie chez le cheval.
L Essentiel ❚ La prévention de la rhinopneumonie est primordiale. ❚ Tout avortement est à considérer comme d’origine infectieuse. ❚ Des rappels fréquents de vaccination sont nécessaires pour une efficacité maximale. ❚ Classiquement, la primovaccination est réalisée vers l’âge de 6 mois. ❚ Afin d’éviter les effets éventuels d’une réaction locale, éviter les vaccinations à moins de 7 à 10 jours d’une compétition.
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 50 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
es herpèsvirus équins de type 1 et 4 occupent une place importante parmi les pathogènes respiratoires du cheval. ● Ces virus font partie des pathogènes respiratoires primaires qui causent une maladie sans facteurs prédisposants. Ils sont remarquablement ubiquitaires dans la population équine mondiale (encadré 1). ● Ces infections respiratoires sont souvent subcliniques, mais les deux virus (H.V.E.-1 et H.V.E.-4) peuvent aussi générer des foyers de maladie respiratoire sévère, et parfois des complications ou des séquelles graves comme les avortements et les encéphalomyélites (H.V.E.-1, principalement). Les jeunes chevaux constituent le réservoir principal, avec une fenêtre de haut risque d’infection, entre le sevrage et l’âge de 2 ans. Enfin, le phénomène de latence, consécutif à une infection respiratoire chez plus de 50 p. cent des chevaux, entraîne l’existence de porteurs sains, excréteurs de virus.
Encadré 1 – Les autres viroses ● Les éléments de prévention de la grippe sont présentés dans l’article précédent de ce dossier. ● Aucune prévention vaccinale n’est effectuée contre l’adénovirus, le réovirus et le rhinovirus chez les chevaux. Un vaccin Bœhringer/Intervet contre la réovirose équine a existé, mais il n'est plus autorisé en France. ● Des vaccins sont commercialisés en France contre les adénoviroses pour le chien (C.A.V.-1, C.A.V.-2), pour les volailles (E.D.S.-76) et contre les réoviroses pour les volailles (réovirose aviaire). Aucun vaccin contenant des rhinovirus n’est en revanche enregistré à l’Agence nationale du médicament vétérinaire.
LES MESURES SANITAIRES ● La prévention de la rhinopneumonie est primordiale, bien plus que son éradication et que son traitement, car l’élimination d’une infection dans un troupeau est très difficile, avec un portage latent à vie (encadré 2).
LES PROTOCOLES DE VACCINATION CLASSIQUES La composition des vaccins et leur efficacité sont présentées dans l’encadré 3. ● Le protocole conseillé est en général : - pour la primovaccination, deux injections par voie intramusculaire à 4 à 6 semaines d’intervalle ; - un rappel tous les 6 mois, notamment pendant toute la carrière sportive du cheval ; - le rappel ultérieur peut être annuel. ●
Encadré 2 - Les mesures de prévention à mettre en œuvre ● Les mesures suivantes sont recommandées, à titre préventif : 1. pratiquer la mise en quarantaine et la surveillance attentive des nouveaux arrivants dans l’effectif pendant deux à trois semaines ; 2. assurer une bonne hygiène des locaux et des moyens de transport, avec nettoyage et désinfection (systématique, ou chaque fois que de besoin), selon un protocole précis, en utilisant des produits virulicides aux concentrations préconisées ; 3. réduire les causes de stress et maintenir le cheval en bon état d’entretien pour éviter les réactivations virales ; 4. en cas d’avortement, isoler la jument dans l’attente des résultats du laboratoire.
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Tout avortement (toute mortinatalité) est à considérer comme d’origine infectieuse (sauf lorsque la cause est connue : accident par exemple). C’est pourquoi il convient de : - dans un 1er temps, isoler la jument, envoyer les prélèvements dans un laboratoire de virologie équine, détruire les litières, l’avorton, les résidus de moulinage, désinfecter les locaux et les matériels souillés. - En cas de confirmation de l’origine virale, informer tous les professionnels intéressés par l’état sanitaire de l’établissement, mettre en œuvre une quarantaine, jusqu’à la dernière mise bas, des juments gestantes présentes à compter du 1er avortement confirmé, et prendre toutes les précautions à la monte. ●
particularités des syndromes grippaux
chez l’âne
*Laboratoire d’épidemiologie des maladies infectieuses et parasitaires **Service de pathologie médicale équine École nationale de médecine vétérinaire Sidi-Thabet 2020 Tunisie
Cet article présente les particularités chez l’âne de la grippe et de l’herpèsvirose. Celle-ci peut engendrer une maladie fébrile et à expression respiratoire simulant un syndrome pseudo-grippal.
P
our une meilleure approche diagnostique, il convient de connaître et de maîtriser les spécificités de l’âne, ses particularités anatomiques, cliniques, hématologiques et endoscopiques.
Ahmed Chabchoub* Amel El Goulli* Mohamed El Messaoudi** Faouzi Landolsi**
Objectif pédagogique Connaître les particularités des syndromes grippaux chez l’âne.
1
Dyspnée avec mobilisation des naseaux au cours du cycle respiratoire (photos A. Chabchoub).
LA GRIPPE ÉQUINE CHEZ L’ÂNE L’âne peut souffrir d’un syndrome grippal à la suite d’une atteinte par l’orthomyxovirus influenza. Données épidémiologiques ● La grippe équine, rapportée en 1874 [15], touche d’une manière comparable les chevaux, les mulets et les ânes [1, 4, 16]. Il n’existe ni prédisposition de race ni de sexe, des équidés atteints [4]. ● Néanmoins, Guo et al. rapportent en 1995, que l’âne n’est pas réceptif au virus grippal Jilin/89, malgré les conséquences que celui-ci a provoquées chez les chevaux et les mulets [8]. ● En revanche, Shortridge et al. démontrent, en 1995, que l’âne est plus sensible à l’infection par l’orthomyxovirus influenza que les chevaux et les mulets au cours de l’épizootie de 1993-1994 en Chine [13]. Données cliniques Les symptômes de la grippe équine chez l’âne sont similaires à ceux décrits chez le cheval, avec : - une hyperthermie en dents de scie ; - de la toux ; - du jetage ; - une dyspnée avec mobilisation des naseaux au cours du cycle respiratoire (photo 1) ; - une dépression (photo 2) ; - une inappétence. ● Cependant, les traductions cliniques des symptômes chez l’âne sont souvent plus discrètes que chez le cheval [5]. Il faudrait pouvoir comparer l’âne par rapport à lui-même dans le temps pour constater d’éventuelles modifications dans l’état général. ●
2
Abattement et jetage bilatéral chez un âne atteint.
4
Jetage purulent bilatéral, forme de grippe compliquée chez un mulet.
Essentiel
3
Jetage mucopurulent peu important chez un âne.
Dans des conditions expérimentales, et même dans certaines conditions naturelles, la morbidité est plus élevée, et la mortalité plus importante, chez l’âne que chez le cheval [16]. Ainsi, Shortridge et al. rapportent en 1995, qu’au cours de l’épizootie de grippe équine de 1993-1994 en Chine, les ânes étaient plus gravement touchés que les chevaux et les mulets [13]. ● De plus, les ânes et les mulets infectés sont davantage prédisposés à des complications bactériennes, à l’origine limitées aux premières voies respiratoires, d’où : - un jetage qui devient purulent (photos 3, 4) ; ●
❚ Les traductions cliniques des symptômes chez l’âne sont souvent plus discrètes que chez le cheval. ❚ La morbidité semble plus élevée et la mortalité plus importante chez l’âne que chez le cheval.
ÂNE
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urgence
la trachéotomie chez les équidés
Catherine Gaillard-Lavirotte Clinique vétérinaire des Lavandes 8, rue Aristide-Briand 26160 La Bégude-de-Mazenc
Objectif pédagogique
La trachéotomie est un acte parfois vital, à pratiquer rapidement mais calmement.
Savoir faire une trachéotomie en urgence chez les équidés.
L
a réalisation d’une trachéotomie s’impose, quelle que soit l’espèce concernée, lors d’obstruction des premières voies respiratoires. Il s’agit d’une intervention simple sur le plan technique, mais rendue difficile dans les cas où l’asphyxie est imminente. LES INDICATIONS
1
Dissection des anneaux trachéaux lors de trachéotomie permanente.
Pour une trachéotomie temporaire En urgence, la trachéotomie temporaire se pratique lors d’obstruction des 1res voies respiratoires en cas d’œdème laryngé dû à une envenimation, d’abcès des nœuds lymphatiques rétro-pharyngiens lors de gourme, de corps étranger, d’empyème ou de tympanisme des poches gutturales, de traumatisme des 1res voies respiratoires, etc. ● De façon préventive, elle se pratique : - lors de risque élevé d’œdème ou de saignement au cours de chirurgies des cavités nasales, du larynx, du pharynx, etc. ; - plus rarement, pour réaliser un examen endoscopique par voie rétrograde.
Figure 1 - Coupe transversale de la partie ventrale :
●
Pour une trachéotomie permanente La trachéotomie permanente est réalisée : - lors d’obstruction non réductible des 1res voies respiratoires (tumeur, paralysie du larynx) ; - lors d’affection obstruante dont la guérison traîne en longueur.
matériel ● La
trachéotomie se pratique en général en situation d’urgence. ● Il est bon d’avoir toujours avec soi une boîte contenant le matériel nécessaire : - des lames et un manche de scalpel ; - des gants stériles ; - des compresses ; - des pinces hémostatiques ; - du matériel de suture avec du fil irrésorbable (décimale 5) et résorbable (décimale 4), à adapter en fonction des habitudes de chacun ; - des tubes de trachéotomie de 18 et 28 mm de diamètre.
2
Suture cutanéo-muqueuse (photos L.-M. Desmaizières).
relations anatomiques de la trachée (d’après R. Barone)
LA PRÉPARATION DU SITE La trachéotomie est réalisée en général sur l’animal debout, de préférence tranquillisé. Un aide peut lui soutenir la tête pour bien dégager la trachée. ● Il convient d’intervenir sur la partie ventrale de l’encolure (où la trachée est normalement palpable), à la limite entre les tiers supérieur et médian chez les chevaux, et à mi-encolure chez les ânes et les poneys. Les relations anatomiques sont illustrées sur la figure 1. ● Le site est tondu ou rasé et préparé selon les règles classiques d’asepsie. ● Une anesthésie locale traçante est réalisée : 10 à 20 ml de lidocaïne 2 p. cent par voie sous-cutanée (cf. encadré matériel). ●
Geste ❚ En urgence, la trachéotomie temporaire se pratique lors d’obstruction des premières voies respiratoires. ❚ Intervenir sur la partie ventrale de l’encolure, à la limite entre les tiers supérieur et médian chez les chevaux, et à mi-encolure chez les ânes et les poneys. ❚ Désinfecter le site deux fois par jour.
LES TEMPS OPÉRATOIRES Les temps opératoires d’une trachéotomie provisoire sont présentés dans l’encadré. ● Lors de trachéotomie permanente, la voie d’abord est identique à celle d’une trachéotomie provisoire, mais il convient de pratiquer une incision en ellipse de la peau. ●
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RUBRIQUE
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histoire
Jean-Luc Cadoré Département hippique Médecine interne, E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
la gourme :
une maladie historique d’actualité La gourme : toute une histoire ...
L REMERCIEMENTS Nous remercions Mmes Lorgue-Pinaut et Scaglione, de la bibliothèque de l'École nationale vétérinaire de Lyon, pour l'aide précieuse dans la recherche de documents anciens.
Pour en savoir plus ● Barthès M. Des complications de l’angine gourmeuse. Thèse de doctorat vétérinaire, Alfort, 1930:57p. ● Dadot FP. De quelques localisations rares de la gourme. Thèse de doctorat vétérinaire, Alfort, 1927: 48p. ● Diderot D, d’Alembert JlR. Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, tome 7. Briasson, 1752. ● Hardou M. Des localisations abdominales de la gourme. Rec Méd Vét, 1904:199-200. ● Orgeval M. La gourme : étude comparative de quelques traitements chimiques. Thèse de doctorat vétérinaire, Alfort, 1942:123p. ● Quentin. Les abcès gourmeux erratiques intra-abdominaux chez le cheval. Rec Méd Vét, 1930;4:202-7. ● Solleysel (de) J. Le parfait mareschal, 1713. ● Spoormakers, TJ. et al. Brain abscesses as a metastatic manifestation of strangles: symptomatology and the use of magnetic resonance imaging as a diagnostic aid. Equine Vet J, 2003;35(2):146-51. ● Consultation des fonds anciens sur le site de la bibliothèque de l’E.N.V.L. (http://www.vet-lyon.fr/ bib/fondsancien/homefa.html).
RUBRIQUE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 60 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
a définition de la gourme dans un dictionnaire de la langue française décline ces acceptions : - ce terme désigne cette maladie bien connue chez le cheval ; - il désignait autrefois une dermatose affectant le visage et le cuir chevelu des enfants mal soignés ; - l’expression "jeter sa gourme" se disait de jeunes gens qui font leurs premières frasques. ● La définition qu’en donnait Bourgelat dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, inspiré pleinement de celle de Solleyssel dans "Le Parfait mareschal", est reprise : en effet, au delà de la comparaison avec la petite vérole de l’enfant, nos très anciens maîtres pensaient que la gourme permettait "la vidange ou décharge d’humeurs superflues contractées pendant la jeunesse se faisant ordinairement par abcès au-dessous de la gorge ou par les naseaux" qu’ils considéraient comme "une crise salutaire". ● Intéressant aussi est de noter que dans la 1re partie du "Parfait mareschal" consacrée aux maladies des chevaux et à leurs remèdes (de Solleyssel), la gourme est une des toutes premières dont il propose l’étude qui occupe huit chapitres et dans laquelle toutes les formes cliniques sont déjà décrites, en particulier les formes qualifiées aujourd’hui de bâtardes, après que "les chevaux aient imparfaitement jeté leur gourme". ● Dans les cours de pathologie médicale donné par Cadiot en 1918, on retrouve aussi la gourme dans les premières pages.
UNE SYNTHÈSE CLINIQUE REMARQUABLE ... ● Continuant de nous plonger dans la littérature ancienne française, la première moitié du XXe siècle est d’une richesse insoupçonnée. ● Cadiot, Lesbouyriès et Ries en proposent une synthèse clinique remarquable, décrivant parfaitement et précisément les différentes formes cliniques, non sans rappeler tous les grands noms ayant contribué à une meilleure connaissance de cette maladie et de son agent responsable ; on y retrouve aussi les propositions thérapeutiques mais aussi prophylactiques, sérumisation mais aussi vaccination.
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M. Claude Bourgelat : le premier à décrire les poches gutturales dans cet ouvrage, et sans le savoir, l’empyème des poches gutturales, si souvent incriminées dans la gourme.
● Toujours à cette époque, l’importance des effectifs militaires expliquent tout l’intérêt porté à une maladie contagieuse susceptible d’entraver l’état de santé des chevaux et de nombreuses observations sont réalisées. Des éléments chiffrés extrêmement précis figurent dans la thèse de doctorat vétérinaire d’Orgeval (1942).
... SOUS TOUTES SES FORMES ● On retrouve aussi dans celle de Dadot, en 1927, de très belles descriptions d’irido-cyclite et d’encéphalite et, en 1930, Barthès consacre la sienne à l’étude des complications de l’angine gourmeuse. Dans le “Recueil de Médecine vétérinaire” de cette même année, en avril, Quentin décrit des abcès erratiques intra-abdominaux, déjà décrites par Hardou en 1904. ● Toutes les formes, même les plus sournoises sur le plan clinique, ont donc été décrites depuis longtemps sans qu’elles ne soient forcément citées dans les articles les plus récents : Spoormakers et al. rapportent quatre cas d’abcès intra-cérébraux mis en évidence par imagerie en résonance magnétique ; il en est de même pour les autres formes bâtardes. ● En ce qui concerne la thérapeutique, l’analyse bibliographique montre la constance du recours à des onguents pour favoriser la maturation des abcès, en particulier des nœuds lymphatiques mandibulaires ; l’onguent vésicatoire du Codex demeure d’actualité. ● Par sa richesse symptomatologique mais aussi par son ingénuosité épidémiologique, cette maladie doit toujours être considérée comme la maladie des surprises, des rechutes et des complications, et demeure un magnifique modèle d’étude pour l’enseignement de la pathologie équine. ❒
actualité l’anémie infectieuse
Fiche
Gwenaëlle Dauphin1 Nathalie Cordonnier2 Stéphan Zientara1
chez les équidés
L’anémie infectieuse des équidés est une affection rare qui nécessite un diagnostic de laboratoire. Cette fiche en présente le diagnostic, l’épidémiologie et les obligations réglementaires.
L
’anémie infectieuse équine (A.I.E.) est une maladie virale strictement équine causée par un rétrovirus du genre lentivirus, genre qui regroupe aussi des virus majeurs en virologie vétérinaire (Visna-Maedi, arthrite-encéphalite caprine, virus de l’immunodéficience du chat, du singe, …) et humaine (virus du sida). Elle peut être diagnostiquée sur la base de signes cliniques, de lésions macroscopiques et de la sérologie. ● La période d’incubation normale est d’une à trois semaines, mais peut durer jusqu’à trois mois. ● Cette infection demeure souvent latente, mais elle peut s'exprimer cliniquement chez certains sujets. La maladie se traduit par une évolution le plus souvent chronique, semée d'épisodes aigus au cours desquels une hyperthermie, un abattement, une anémie, des œdèmes et un amaigrissement sont observés. - La primo-infection se manifeste cliniquement sous forme de crises fébriles pendant lesquelles l’anorexie et l’anémie dominent (tableau 1). Des signes inconstants comme une fièvre récurrente, des œdèmes sous-cutanés, un ictère, une baisse de forme, peuvent aussi être observés. Ils peuvent traduire une atteinte hépato-rénale ou gastro-intestinale. La primo-infection peut aussi être cliniquement inapparente. - La phase de latence peut durer plusieurs années : celle-ci est ponctuée de crises plus ou moins sévères selon l’évolution aiguë, subaiguë ou chronique de la maladie, et selon la virulence de la souche. DIAGNOSTIC CLINIQUE ET HISTOLOGIQUE
Les symptômes et les lésions varient en fonction de la maladie : - lors de maladie aiguë, une anémie, un ictère et des foyers hémorragiques muqueux (pétéchies), sous-cutanés et viscéraux liés à une ●
U.M.R. 1161 A.F.S.S.A.- I.N.R.A.-E.N.V.A. de virologie 22, rue Pierre-Curie BP 67 94703 Maisons-Alfort cedex 2Service d’anatomo-pathologie E.N.V.A. 7, avenue du Général-De-Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex
thrombocytopénie sont surtout observés. - en phase chronique, se surajoutent une émaciation, des œdèmes et une atrophie séreuse des graisses. Une splénomégalie peut être détectée par examen transrectal. ● À l’examen histologique, les animaux infectés sont infiltrés de lymphocytes et de plasmocytes. Les cellules de Küpffer du foie contiennent souvent de l’hémosidérine ou des érythrocytes (tableau 1).
Objectif pédagogique
DIAGNOSTIC DE LABORATOIRE
Essentiel
Devant un tableau clinique particulièrement protéiforme, seul le laboratoire offre un diagnostic de certitude. ● Le test de Coggins d’immunodiffusion en gélose est une technique sérologique simple,
❚ La période d’incubation normale est d’une à trois semaines, mais elle peut durer jusqu’à 3 mois.
Décrire les caractéristiques principales de l’anémie infectieuse des équidés.
●
Tableau 1 - Conséquences cliniques et lésionnelles de l’anémie infectieuse équine Symptômes
●
Fièvre récurrente
Lésions macroscopiques
Lésions histologiques
- Amaigrissement - Cachexie dans les cas chroniques - Œdèmes sous-cutanés en régions déclives - Foie : infiltrats lymphoplasmocytaires et macrophagiques périportaux, nécrose et hémorragies
- Hépatomégalie - Ictère
- Hémosidérose hépatique, splénique, ganglionnaire, pulmonaire et médullaire
Anémie sévère avec des paramètres - Anémie sanguins pouvant atteindre des valeurs très basses* - Anémie macrocytaire en début d’attaque fébrile, puis normocytaire normochrome - Splénomégalie non régénérative
●
- Rate : congestion, hémosidérose et plasmocytose (infiltration des tissus par des plasmocytes)
●
Thrombopénie durant les épisodes fébriles
- Hémorragies : pétéchies sur la face ventrale de la langue, les muqueuses oculaires et vulvaires et les viscères
●
Leucopénie avec neutropénie, lymphopénie et monocytose et accompagnée de la présence de sidéroleucocytes**
- Adénomégalie en phase - Nœuds lymphatiques : aiguë et atrophie œdème en phase chronique
●
Symptômes nerveux rares (ataxie)
- Encéphalomyélite
NOTES DU TABLEAU 1
RUBRIQUE
* Érythrocytes < 1 million/mm3 Hématocrite < 15 % Taux d’hémoglobine < 5 g/100 ml ** Monocytes contenant des érythrocytes ingérés
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observation clinique un cas d’anémie infectieuse
chez le cheval
Cette observation clinique décrit le cas d’une jument atteinte d’anémie infectieuse dans l’Eure-et-Loir, la chronologie de cette affection et les conséquences sur les animaux du voisinage.
U
ne jument de race Selle Français de 10 ans née à Barjouville (Eure-et-Loir), notée “jument 1”, appartient au propriétaire du centre équestre de cette commune. ● Elle a présenté une affection chronique et récurrente à partir d’août 2004 (encadré, figure 1). Cette jument a été diagnostiquée atteinte d’anémie infectieuse le 26 mars 2005, suite à une série d’examens de laboratoire. ● Deux autres chevaux (notés cheval 2 et cheval 3) sont déclarés infectés, suite à deux enquêtes sérologiques réalisées le 8 avril et le 13 mai 2005 sur la totalité des 22 chevaux et un âne du centre placé sous Arrêté préfectoral de déclaration d’infection (A.P.D.I.). Les trois chevaux ont été euthanasiés. ● Cet article décrit le seul cas clinique, celui de la jument 1, ainsi que des mesures réglementaires de gestion du cas et d’assainissement du centre équestre.
Figure 2 - Carte schématique de la zone
G. Dauphin1, N. Cordonnier2 L. Bernier-Pierson3, P.-H. Pitel4 S. Zientara1, C. Marty5 1. A.F.S.S.A. Alfort, Unité de virologie 23 avenue du Général de Gaulle 94 703 Maisons-Alfort 2. Service d’anatomo-pathologie E.N.V.A. 7 avenue du Général De Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex 3. Docteur vétérinaire 27 bis Chavaudret 28 600 Luisant 4. L.V.D. Frank Duncombe (L.V.D.F.) 1 route de Rosel 14 000 Caen 5. D.D.S.V. d'Eure et Loir (28) 15, place de la république 28019 Chartres cedex
Objectif pédagogique
*
** *Arrêté préfectoral de déclaration d’infection **Arrêté préfectoral de mise sous surveillance
Diagnostiquer et gérer l’anémie infectieuse équine sur un cas et sur une zone géographique.
Figure 3 - Plan du centre équestre
CONTEXTE ÉPIDÉMIOLOGIQUE
1
La cour du centre équestre de Barjouville (photo L. Bernier-Pierson).
Environnement du cas Le centre équestre de Barjouville, où la jument vivait, s'étend sur une dizaine d'hectares de prés et de bois traversés par l'Eure (figure 2). Les promenades sont possibles à l'extérieur de la propriété. Les chevaux, de selle en majorité, présents dans ce centre ●
en avril 2005, appartiennent à des particuliers. Chacun a un box, un harnachement et un matériel de pansage individuels (photo 1, figure 3). Le centre équestre stocke son fumier en tas, à proximité des box et aussi des paddocks (en bordure).
Figure 1 - La chronologie des événements A.P.D.I.
Août 2004
1er avril
Enquête sérologique
Enquête sérologique
8-12 avril 14 avril 19 avril
1ers symptômes Confirmation Coggins positif
Euthanasie Confirmation Coggins positif
2 mai
Euthanasie Enquête sérologique
10 mai 13 mai 19 mai
Euthanasie Confirmation Coggins positif
NOTE * Cf. la fiche “Anémie infecteuse chez les équidés”, des mêmes auteurs, dans ce numéro.
21 juin
Jument 1 Cheval 2 Cheval 3 Autres
RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 63
prévention la vermifugation pendant la gestation et l’allaitement chez la jument
La vermifugation de la jument gravide et en allaitement nécessite des précautions liées à la santé du poulain à venir ou nouveau-né. Les parasites concernés sont essentiellement des helminthes du tube digestif.
L
a vermifugation est un acte médical, déduit d’un raisonnement fondé sur la récolte de renseignements (commémoratifs) caractérisant l’animal (en l’occurrence la jument gravide ou suitée), l’identification des parasites concernés (helminthes digestifs dans ce cas) et le choix d’une présentation médicamenteuse qui associe facilité d’administration, efficacité et toxicité aussi faible que possible. ● Le but de la vermifugation est de : 1. tarir la source de parasites que représente la mère pour le poulain et son environnement ; la jument infestée, le plus souvent en état asymptomatique, héberge une population parasite et dissémine dans son environnement des éléments immédiatement (ou rapidement) infestants pour le poulain ; 2. prévenir les infestations massives du poulain afin d’éviter des conséquences potentiellement graves, voire mortelles, et afin d’assurer une croissance et un développement corrects ; 3. éviter la contamination du milieu. ● La situation donnée est particulière pour plusieurs raisons : - situation 1 : l’animal à traiter est gravide, donc non seulement exposé, comme tout sujet, à tout effet toxique éventuel d’un médicament, mais aussi aux effets tératogènes ou embryotoxiques. En outre, à l’instar de ce qui est démontré chez d’autres espèces animales, la situation hormonale particulière pourrait induire une élimination accrue des formes parasites de dissémination ("post-parturient rise" des ruminants), voire une réactivation de certains stades hypobiotiques ; - situation 2 : le poulain à naître ou nouveau-né est exposé aux parasites et au médicament qu’il peut absorber par l’intermédiaire de la tétée (soit par le lait, soit par contact avec la région mammaire souillée).
Tableau 1 - La liste
Gilles Bourdoiseau Unité de Parasitologie Maladies parasitaires École nationale vétérinaire de Lyon 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy-l’Étoile
(non exhaustive)
des parasites digestifs Parasites
●
Strongylus
Stade(s) Formes de pathogène(s) dissémination p.p.p.* - Larves et adultes 6 à 11 mois
- Larves intra● Cyathostomes muqueuses 3 mois ●
Parascaris
- Larves et adultes 3 mois
- Larves ● Strongyloides et femelle 2 semaines ●
Oxyures
- Larves et femelle 5 mois
- Œuf avec morula
Objectif pédagogique Choisir la vermifugation adaptée à la jument gravide et en allaitement.
- Œuf simple
NOTES DU TABLEAU 1 - Œuf larvé et larve 1 - Œuf avec morula
De plus, l’immaturité de son système immunitaire n’est que partiellement compensée par les anticorps d’origine maternelle, et l’absence de réserves adipeuses l’expose particulièrement aux effets toxiques des molécules lipophiles ; - situation 3 : les parasites concernés sont essentiellement des helminthes du tube digestif (tableau 1), pour lesquels les formes de dissémination fécale (ou lactée) sont : a. soit immédiatement infestantes (donc très dangereuses pour le poulain : exemple des Strongyloides) ; b. soit rapidement infestantes (idem, exemple de Parascaris) ; c. soit infestantes uniquement pour un hôte intermédiaire (donc peu dangereuses pour le poulain en raison de son alimentation, des conditions et du délai exigés pour cette évolution : exemple des anoplocéphales) ; - situation 4 : les médicaments que le praticien peut utiliser chez le cheval sont peu nombreux (tableau 2) ; sont considérés ici : a. de façon prioritaire, les anthelminthiques avec autorisation d’utilisation chez le cheval et indications contre les helminthoses considérées ; b. en second lieu, les médicaments avec autorisation mais avec indications autres.
* P.p.p. : période prépatente, qui sépare le moment de l’infestation de celui où apparaît l’adulte. ● Ne sont pas abordés dans ce tableau : - les oxyures, la période prépatente. est de 5 mois, donc les traitements interviennent chez des poulains plus âgés ; - les anoplocéphales, la transmission se fait au pâturage par ingestion d’H.I. ; - les coccidies et cryptosporidies, peu fréquentes.
Essentiel ❚ L’animal à traiter est gravide, donc non seulement exposé à tout effet toxique éventuel d’un médicament, mais aussi aux effets tératogènes ou embryotoxiques. ❚ Le poulain à naître ou nouveau-né est exposé aux parasites et au médicament qu’il peut absorber par l’intermédiaire de la tétée.
LES PARASITES CONCERNÉS
RUBRIQUE
Les parasites concernés sont présentés dans le tableau 1 et dans les encadrés 1, 2, 3, 4.
●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 69
revue internationale les articles parus ce dernier trimestre classés par thème LOCOMOTEUR ● Parkin TD, Clegg PD, French NP, Proudman CJ, Riggs CM, Singer ER, Webbon PM, Morgan KL. Risk factors for fatal lateral condylar fracture of the third metacarpus/metatarsus in UK racing. Equine Vet J, 2005;37(3):192-9. ● Smith MA, Walmsley JP, Phillips TJ, Pinchbeck GL, Booth TM, Greet TR, Richardson DW, Ross MW, Schramme MC, Singer ER, Smith RK, Clegg PD. Effect of age at presentation on outcome following arthroscopic debridement of subchondral cystic lesions of the medial femoral condyle: 85 horses (1993--2003). Equine Vet J, 2005;37(2):175-80. ● Serena A, Schumacher J, Schramme MC, Degraves F, Bell E, Ravis W. Concentration of methylprednisolone in the centrodistal joint after administration of methylprednisolone acetate in the tarsometatarsal joint. Equine Vet J, 2005 Mar;37(2):172-4. ● Smith RK, Dyson SJ, Schramme MC, Head MJ, Payne RJ, Platt D, Walmsley J. Osteoarthritis of the talocalcaneal joint in 18 horses. Equine Vet J, 2005;37(2):166-71. ● Piccot-Crezollet C, Cauvin ER, Lepage OM. Comparison of two techniques for injection of the podotrochlear bursa in horses. JAVMA, 2005;226(9):1524-8. ● Kelmer G, Keegan KG, Kramer J, Wilson DA, Pai FP, Singh P. Computer-assisted kinematic evaluation of induced compensatory mouvements resembling lameness in horses trotting on a treadmill. Am J Vet Res, 2005;66(4):646-55. ● Menzies-Gow NJ, Bailey SR, Stevens K, Katz L, Elliott J, Marr CM. Digital blood flow and plasma endothelin concentration in clinically endotoxemic horses. Am J Vet Res, 2005;66(4):630-6. ● Santamaria S, Bobbert MF, Back W, Barneveld A, van Weeren PR. Effect of early training on the jumping technique of horses. Am J Vet Res, 2005;66(3):418-24. ● Erkert RS, MacAllister CG, Payton ME, Clarke CR. Use of force plate analysis to compare the analgesic effects of intraveineuses administration of phenylbutazone and flunixin meglumine in horses with naviculaire syndrome. Am J Vet Res, 2005;66(2):284-8. ● Sarratt SM, Hood DM. Evaluation of architectural changes along the proximal to distal regions of the dorsal laminar interface in the equine hoof. Am J Vet Res, 2005;66(2):277-83. ● Dahlgren LA, Brower-Toland BD, Nixon AJ. Cloning and expression of type III collagen in normal and injured tendons of horses. Am J Vet Res, 2005;66(2):266-70. ● Jenner F, Edwards RB 3rd, Voss JR, Southwood L, Markel MD, Richardson DW. Ex vivo investigation of the use of hydrothermal energy to induce chondrocyte necrosis in articular cartilage of the metacarpophalangeal and metatarsophalangeal joints of horses. Am J Vet Res, 2005;66(1):36-42. ● Barr ED, Clegg PD, Mark Senior J, Singer ER. Destructive lesions of the proximal sesamoid bones as a complication of dorsal metatarsal artery catheterization in three horses. Vet Surg, 2005;34(2):159-66. ● Andritzky J, Rossol M, Lischer C, Auer JA. Comparison of computer-assisted surgery with conventional technique for the treatment of axial distal phalanx fractures in horses: an in vitro study. Vet Surg, 2005;34(2):120-7. ● Benninger MI, Deiss E, Ueltschi G. Bipartite distal phalanx and navicular bone in an Andalusian stallion. Vet Radiol Ultrasound, 2005;46 (1):69-71.
CHIRURGIE ● Quinn GC, Kidd JA, Lane JG. Modified frontonasal sinus flap surgery in standing horses: surgical findings and outcomes of 60 cases. Equine Vet J, 2005;37(2):138-42. ● Dixon PM, Dacre I, Dacre K, Tremaine WH, McCann J, Barakzai S. Standing oral extraction of cheek teeth in 100 horses (1998--2003). Equine Vet J, 2005 Mar;37(2):105-12. ● Garcia-Seco E, Wilson DA, Kramer J, Keegan KG, Branson KR, Johnson PJ, Tyler JW. Prevalence and risk factors associated with outcome of surgical removal of pedunculated lipomas in horses: 102 cases (1987-2002). JAVMA, 2005;226(9):1529-37. ● Kraus BM, Ross MW, Boston RC. Surgical and nonsurgical management of sagittal slab fractures of the third carpal bone in racehorses: 32 cases (1991-2001). JAVMA, 2005;226(6):945-50. ● Beinlich CP, Nixon AJ. Prevalence and response to surgical treatment of lateral palmar intercarpal ligament avulsion in horses: 37 cases (1990-2001). JAVMA, 2005;226(5):760-6. ● Doyle AJ, Freeman DE. Extensive nasal septum resection in horses using a 3-wire method. Vet Surg, 2005;34(2):167-73. ● Jansson N. Gas arthroscopy for removal of osteochondral fragments of the palmar/plantar aspect of the metacarpo/metatarsophalangeal joint in horses. Vet Surg, 2005;34(2):128-32. ● Carmalt JL, Wilson DG. Arthroscopic treatment of temporomandibular joint sepsis in a horse. Vet Surg, 2005;34(1):55-8. ● Smith JJ, Embertson RM. Sternothyroideus myotomy, staphylectomy, and oral caudal soft palate photothermoplasty for treatment of dorsal displacement of the soft palate in 102 thoroughbred racehorses. Vet Surg, 2005;34(1):5-10.
IMAGERIE Dyson SJ, Murray R, Schramme MC. Lameness associated with foot pain: results of magnetic resonance imaging in 199 horses (Jan 2001-Dec 2003) and response to treatment. Equine Vet J 2005;37(2):113-21. ● Murray RC, Dyson SJ, Weekes JS, Short C, Branch MV. Scintigraphic evaluation of the distal tarsal region in horses with distal tarsal pain. Vet Radiol Ultrasound, 2005;46(2):171-8. ● Seco Diaz O, Desrochers A, Hoffmann V, Reef VB. Total anomalous pulmonary venous connection in a foal. Vet Radiol Ultrasound, 2005;46(1):83-5. ● Probst A, Henninger W, Willmann M. Communications of normal nasal and paranasal cavities in computed tomography of horses. Vet Radiol Ultrasound, 2005;46(1):44-8. ●
REPRODUCTION Zdovc I, Ocepek M, Gruntar I, Pate M, Klobucar I, Krt B. Prevalence of Taylorella equigenitalis infection in stallions in Slovenia: bacteriology compared with PCR examination. Equine Vet J, 2005;37(3):217-21.
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rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 et Louis-Marie Desmaizières2 1 Département hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Département
des sciences cliniques des animaux de sport et de loisirs E.N.V.T., 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex
neuron degeneration. Am J Vet Res, 2005;66(2):271-6. Benders NA, Dyer J, Wijnberg ID, Shirazi-Beechey SP, van der Kolk JH. Evaluation of glucose tolerance and intestinal luminal membrane glucose transporter function in horses with equine motor neuron disease. Am J Vet Res, 2005;66(1):93-9.
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PHARMACOLOGIE Sandersen CF, Detilleux J, Delguste C, Pierard L, van Loon G, Amory H. Atropine reduces dobutamine-induced side effects in ponies undergoing a pharmacological stress protocol. Equine Vet J, 2005;37(2):128-32. ● Robertson SA, Sanchez LC, Merritt AM, Doherty TJ. Effect of systemic lidocaine on visceral and somatic nociception in conscious horses. Equine Vet J, 2005;37(2):122-7. ● McClure SR, White GW, Sifferman RL, Bernard W, Hughes FE, Holste JE, Fleishman C, Alva R, Cramer LG. Efficacy of omeprazole paste for prevention of recurrence of gastric ulcers in horses in race training. JAVMA, 2005;226(10):1685-8. ● McClure SR, White GW, Sifferman RL, Bernard W, Doucet MY, Vrins A, Holste JE, Fleishman C, Alva R, Cramer LG. Efficacy of omeprazole paste for prevention of gastric ulcers in horses in race training. JAVMA, 2005;226(10): 1681-4. ● Feary DJ, Mama KR, Wagner AE, Thomasy S. Influence of general anesthesia on pharmacokinetics of intravenous lidocaine infusion in horses. Am J Vet Res, 2005;66(4):574-80. ● Savage KA, Colahan PT, Tebbett IR, Rice BL, Freshwater LL, Jackson CA. Effects of caffeine on exercise performance of physically fit Thoroughbreds. Am J Vet Res, 2005;66(4):569-73. ● Hess TM, Kronfeld DS, Williams CA, Waldron JN, Graham-Thiers PM, Greiwe-Crandell K, Lopes MA, Harris PA. Effects of oral potassium supplementation on acid-base status and plasma ion concentrations of horses during endurance exercise. Am J Vet Res, 2005;66(3): 466-73. ●
MALADIES INFECTIEUSES Boden LA, Charles JA, Slocombe RF, Sandy JR, Finnin PJ, Morton JM, Clarke AF. Sudden death in racing Thoroughbreds in Victoria, Australia. Equine Vet J, 2005;37(3):269-71. ● Ryan N, Marr CM, McGladdery AJ. Survey of cardiac arrhythmias during submaximal and maximal exercise in Thoroughbred racehorses. Equine Vet J, 2005;37(3):265-8. ● Wood JL, Newton JR, Chanter N, Mumford JA. Inflammatory airway disease, nasal discharge and respiratory infections in young British racehorses. Equine Vet J, 2005;37(3):236-42. ● Tessier C, Holcombe SJ, Stick JA, Derksen FJ, Boruta D. Electromyographic activity of the stylopharyngeus muscle in exercising horses. Equine Vet J, 2005;37(3):232-5. ● Sepulveda MF, Perkins JD, Bowen IM, Marr CM. Demonstration of regional differences in equine ventricular myocardial velocity in normal 2-year-old ●
NEUROLOGIE
REVUE INTERNATIONALE
● Van der Kolk JH, Rijnen KE, Rey F, de Graaf-Roelfsema E, Grinwis GC, Wijnberg ID. Evaluation of glucose metabolism in three horses with lower motor
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 73
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Thoroughbreds with Doppler tissue imaging. Equine Vet J, 2005;37(3):222-6. ● Cohen ND, Chaffin MK, Vandenplas ML, Edwards RF, Nevill M, Moore JN, Martens RJ. Study of serum amyloid A concentrations as a means of achieving early diagnostics of Rhodococcus equi pneumonia. Equine Vet J, 2005;37(3):212-6. ● Kaese HJ, Valberg SJ, Hayden DW, Wilson JH, Charlton P, Ames TR, Al-Ghamdi GM. Infarctive purpura hemorrhagica in five horses. JAVMA, 20051;226(11): 1845,1893-8. ● Buhl R, Ersboll AK, Eriksen L, Koch J. Changes over time in echocardiographic measurements in young Standardbred racehorses undergoing training and racing and association with racing performance. JAVMA, 2005;226 (11):1881-7. ● Dabareiner RM, Cohen ND, Carter GK, Nunn S, Moyer W. Lameness and poor performance in horses used for team roping: 118 cases (2000-2003). JAVMA, 2005;226(10):1694-9. ● Grogan EH, McDonnell SM. Behavioral responses to two intranasal vaccine applicators in horses and ponies. JAVMA, 2005;226 (10):1689-93. ● Kronfeld DS, Treiber KH, Geor RJ. Comparison of nonspecific indications and quantitative methods for the assessment of insulin resistance in horses and ponies. JAVMA, 2005;226 (5):712-9. ● Davidson AH, Traub-Dargatz JL, Rodeheaver RM, Ostlund EN, Pedersen DD, Moorhead RG, Stricklin JB, Dewell RD, Roach SD, Long RE, Albers SJ, Callan RJ, Salman MD. Immunologic responses to West Nile virus in vaccinated and clinically affected horses. JAVMA, 2005;226(2): 240-5. ● Hartley CA, Wilks CR, Studdert MJ, Gilkerson JR. Comparison of antibody detection assays for the diagnosis of equine herpes virus 1 and 4 infections in horses. Am J Vet Res, 2005;66(5): 921-8. ● Ward MP, Couetil LL. Climatic and aeroallergen risk factors for chronic obstructive pulmonary disease in horses. Am J Vet Res, 2005;66 (5):818-24. ● Lammers TW, Roussel AJ, Boothe DM, Cohen ND. Effect of an indwelling nasogastric tube on
Chirurgie osseuse
Objectif de l’étude ❚ Évaluer l’intérêt d’une technique chirurgicale de volet osseux fronto-nasal modifié sur cheval debout dans l’examen et/ou le traitement des affections sinusales.
Equine Vet J, 2005;37(2):138-42 Modified fronto-nasal flap surgery in standing horses: surgical findings and outcomes of 60 cases. Quinn GC, Kidd JA, Lane JG Synthèse par Maryline Clément, E.N.V.L.
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 74 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
gastric emptying rates of liquides in horses. Am J Vet Res, 2005;66(4):642-5. ● Hinchcliff KW, Jackson MA, Brown JA, Dredge AF, O'Callaghan PA, McCaffrey JP, Morley PS, Slocombe RE, Clarke AF. Tracheobronchoscopic assessment of exercise-induced pulmonary hemorrhage in horses. Am J Vet Res, 2005;66(4):596-8. ● Dahlgren LA, Nixon AJ. Cloning and expression of equine insulin-like growth factor binding proteins in normal equine tendon. Am J Vet Res. 2005;66(2):300-6. ● Toribio RE, Kohn CW, Hardy J, Rosol TJ. Alterations in serum parathyroid hormone and electrolyte concentrations and urinary excretion of electrolytes in horses with induced endotoxemia. J Vet Intern Med, 2005;19(2): 223-31. ● Donaldson MT, McDonnell SM, Schanbacher BJ, Lamb SV, McFarlane D, Beech J. Variation in plasma adrenocorticotropic hormone concentration and dexamethasone suppression test results with season, age, and sex in healthy ponies and horses. J Vet Intern Med, 2005;19(2):217-22. ● Sweeney CR, Timoney JF, Newton JR, Hines MT. Streptococcus equi infections in horses: guidelines for treatment, control, and prevention of strangles. J Vet Intern Med, 2005;19(1): 123-34. ● Aleman M, Nieto JE, Carr EA, Carlson GP. Serum hepatitis associated with commercial plasma transfusion in horses. J Vet Intern Med, 2005;19(1):120-2. ● Davis DG, Schaefer DM, Hinchcliff KW, Wellman ML, Willet VE, Fletcher JM. Measurement of serum IgG in foals by radial immunodiffusion and automated turbidimetric immunoassay. J Vet Intern Med, 2005;19(1):93-6. ● Sanchez A, Couetil LL, Ward MP, Clark SP. Effect of airway disease on blood gas exchange in racehorses. J Vet Intern Med, 2005;19(1):87-92.
PARASITOLOGIE ● Giangaspero A, Traversa D, Otranto D. A new tool for the diagnosis in vivo of habronemosis in horses.
Equine Vet J, 2005 May;37(3): 263-4.
ANESTHÉSIE ● Steffey EP, Woliner MJ, Puschner B, Galey FD. Effects of desflurane and mode of ventilation on cardiovascular and respira tory functions and clinicopathologic variables in horses. Am J Vet Res, 2005;66(4):669-77. ● Steffey EP, Mama KR, Galey FD, Puschner B, Woliner MJ. Effects of sevoflurane dose and mode of ventilation on cardiopulmonary function and blood biochemical variables in horses. Am J Vet Res, 2005;66(4):606-14.
OPHTALMOLOGIE ● Keller RL, Hendrix DV. Bacterial isolates and antimicrobial susceptibilities in equine bacterial ulcerative keratitis (1993--2004). Equine Vet J, 2005;37(3):207-11. ● Gemensky-Metzler AJ, Wilkie DA, Kowalski JJ, Schmall LM, Willis AM, Yamagata M. Changes in bacterial and fungal ocular flora of clinically normal horses following experimental application of topical antimicrobial or antimicrobial-corticosteroid ophthalmic preparations. Am J Vet Res, 2005;66(5): 800-11.
DERMATOLOGIE Tryon RC, White SD, Famula TR, Schultheiss PC, Hamar DW, Bannasch DL. Inheritance of hereditary equine regional dermal asthenia in Quarter Horses. Am J Vet Res, 2005;66(3):437-42.
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NEPHROLOGIE ● Gallatin LL, Couetil LL, Ash SR. Use of continuousflow peritoneal dialysis for the treatment of acute renal failure in an adult horse. JAVMA, 2005;226(5): 732,756-9.
un panorama des meilleurs articles d’équine CHIRURGIE DE VOLET OSSEUX FRONTONASAL MODIFIÉ SUR CHEVAL DEBOUT : conclusions chirurgicales et résultats de 60 cas - Les progrès techniques associés à une amélioration des agents sédatifs et analgésiques ont autorisé un accroissement du nombre des affections qui peuvent être évaluées et traitées sur cheval debout. Les affections nasales et des sinus paranasaux en font partie, les chirurgies sous anesthésies générales sont réservées aux procédures plus invasives. - Une diversité d’approche chirurgicale des sinus paranasaux est décrite, mais l’abord fronto-nasal via le sinus conchofrontal reste la voie d’accès la plus fonctionnelle. Matériel et méthode - Soixante chevaux atteints d’une maladie sinusonasale qui ont subi une chirurgie de volet osseux fronto-nasal debout sont suivis afin d’éprouver l’efficacité de la technique chirurgicale sur le diagnostic, les conclusions chirurgicales et les conséquences à court et long termes . - Cette technique chirurgicale utilise un trépan de 5 cm de large. Le site de trépanation est centré 5 cm médialement au canal lacrymal, 4 cm latéralement au plan médian, et 2 cm sous une ligne re-
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liant le canthus médial de l’œil à la ligne médiane. Un volet cutané et un autre périosté sont soulevés, puis un disque d’os est réséqué à l’aide du trépan. L’exploration du sinus conchofrontal est ensuite suivie de la réalisation d’une ouverture dans l’extension caudo-dorsale du sinus maxillaire rostral qui permet l’inspection du sinus maxillaire rostral et du sinus conchal ventral. Résultats Dans tous les cas, la chirurgie a contribué au diagnostic. Une résolution des signes cliniques est observée sur 54 des 60 chevaux. L’esthétique de la cicatrice est rapportée comme excellente ou satisfaisante sur 48 des 54 chevaux non euthanasiés. Conclusion Cette technique de volet osseux fronto-nasal semble une méthode diagnostique et thérapeutique efficace dans de nombreux cas de maladie des sinus paranasaux. De plus, elle aboutit à des résultats esthétiques acceptables malgré le re❒ trait du volet osseux.
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine L’UTILISATION DE LA DIALYSE PÉRITONÉALE CONTINUE dans le traitement d’insuffisance rénale aiguë chez un cheval adulte - Un cheval Paso Fino hongre de 15 ans est admis à l’Hôpital vétérinaire de l’Université de l’Ohio pour insuffisance rénale suite à un épisode de rhabdomyolyse ne répondant ni à la fluidothérapie ni à un traitement diurétique depuis 3 jours. - Le cheval présente une dépression modérée, une anorexie et une tachycardie à 52 b.p.m. Les analyses sanguines révèlent des trouble ioniques et une azotémie sévère avec urée sanguine à 136 mg/dl (8 à 27 mg/dl) et créatinine sanguine à 19 mg/dl (0,6 à 1,8 mg/dl). - La fluidothérapie, les diurétiques et l’administration de dopamine n’entraînent pas d’amélioration. Un système de dialyse péritonéale intermittente est essayé pendant 4 jours, mais l’urée reste à 85 mg/dl, la créatinine à 16,1 mg/dl et une inflammation du liquide est constatée. Le 7e jour d’hospitalisation, un système de dialyse péritonéal permanente est mis en place. Matériel et méthode - Un cathéter est mis en place dans le flanc gauche de l’animal, comme pour l’abord par laparoscopie, et une tubulure, réalisée dans la partie ventrale de l’abdomen, permet la sortie du liquide de dialyse. - Du liquide de perfusion parentérale stérile avec 1,5 p. cent de glucose est administré de façon permanente à une vitesse de 3l/h et récolté dans un système de sac stérile. Le sac est attaché sur la
Néphrologie
paroi costale et positionné de façon à maintenir une pression intrapéritonéale modeste et constante. Résultats - La clearance de créatinine dans le liquide de dialyse permanente est de 40,9 ml/min, contre 12,5 ml/min dans le système intermittent. - Après 72 h, l’urée baisse à 33 mg/dl et la créatinine à 7,4 mg/dl. Le cheval tolère bien le système et voit son appétit augmenter progressivement. - À la sortie, l’urée est dans les valeurs normales (23 mg/dl) et la créatinine est légèrement augmentée (3,0 mg/dl). Trois mois après, un contrôle révèle des résultats dans les valeurs normales (urée : 20 mg/dl, créatinine : 1,5 mg/dl). Conclusion - La clearance de créatinine lors de la dialyse péritonéale permanente pour ce cheval représente 5,7 p. cent de la fonction rénale normale. Lors de dialyse intermittente, elle est à 1,7 p. cent. - Le taux de succès de la dialyse péritonéale pourrait être amélioré si l’installation de ce système était plus précoce. Il dépend du caractère de l’animal. - Les complications sont plus fréquentes pendant l’utilisation du système de dialyse intermittent. - La dialyse péritonéale permanente s’avère utile dans les cas d’insuffisance rénale qui ne répon❒ dent pas aux traitements de 1re intention.
Objectif de l’étude ❚ Présenter la dialyse péritonéale permanente comme traitement additionnel dans les cas d’insuffisance rénale aiguë.
J Am Vet Med Assoc, 2005;226(5):756-9 Use of continuous-flow peritoneal dialysis for the treatment of acute renal failure in an adult horse Gallatin LL, Couëtil LL, Ash SR
Synthèse par Susana Monteiro, E.N.V.L.
RÉPONSES COMPORTEMENTALES À DEUX APPLICATIONS SIMULÉES DE VACCINS INTRANASAUX chez des chevaux et des poneys - Trente-six chevaux sont utilisés : 28 juments de race légère, trois poneys hongres, deux étalons de race légère et trois poneys entiers. - Évalué lors de l’utilisation de deux applicateurs différents de vaccins par vaporisation intranasale en utilisant de l’eau stérile à la place d’une substance vaccinale, leur comportement est apprécié en fonction du nombre de réponses d’évitement, de leur sévérité, et du temps nécessaire pour approcher le cheval et pour administrer le pseudo-vaccin. Matériel et méthode - Une série d’application est réalisée en été pour 15 juments, l’autre en hiver pour 13 juments et les deux étalons. Pour l’application hivernale, la solution est chaude pour six chevaux ; elle est conservée à température ambiante, plus froide, pour six autres. L’administration hivernale d’une solution à température ambiante est pratiquée sur les six poneys. - Le comportement des chevaux et leur facilité de manipulation lors de procédures d’examen physique standardisées sont évalués avant et après l’administration. - Les examens consistent à passer la main sur l’abdomen et le flanc avec un stéthoscope, à manipuler chaque oreille, à cacher chaque œil, à palper chaque narine et à y insérer le doigt sur 2 à 3 cm, à examiner la cavité buccale et les dents, à administrer de l’eau dans la gueule avec une seringue et à faire une prise de sang à la jugu-
Pharmacologie
laire. Les comportements sont appréciés sur une échelle 1 à 10 en fonction du temps mis pour leur réalisation, de la durée accordée par le cheval à l’examen et du nombre de signes d’évitement. Tous ces actes sont réalisés sous vidéosurveillance pour mieux analyser les résultats a posteriori. Résultats - Les résultats ne montrent pas de différences de comportement chez les chevaux, ni entre les deux applicateurs ni entre la solution chaude et la froide. Les chevaux semblent assez bien supporter l’application de vaccins intranasaux et les manipulations lors des examens cliniques divers. - Pour trois des six poneys, le comportement d’évitement est observé lors de l’application des vaccins intranasaux et leur caractère devient plus difficile lors des examens physiques qui suivent. Conclusion - Cette expérience semble en désaccord avec le rapport de différents vétérinaires, selon lesquels les applications intranasales ne sont pas toujours faciles à réaliser. - Les biais de l’étude sont peut-être liés au fait que la personne qui tient le cheval est expérimentée et/ou que les chevaux sont habitués aux manipulations vétérinaires (ils sont habituellement utilisés pour la reproduction) et/ou que le vaccin par luimême est irritant, alors que dans cette étude c’est ❒ une solution saline qui est utilisée.
Objectif de l’étude ❚ Évaluer le comportement des chevaux et des poneys lors d’une simulation d’administration de vaccins par vaporisation intranasale et leur crainte lors de manipulations vétérinaire.
J Am Vet Med Assoc, 2005; 226(10):1689-93 Behavioral responses to two intranasal vaccine applicaors in horses and ponies Grogan EH, McDonnell SM
Synthèse par Aurélie Wilczynski, E.N.V.L.
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 75
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine INFLUENCE DE L’ANESTHÉSIE GÉNÉRALE SUR LA PHARMACOCINÉTIQUE DE LA LIDOCAÏNE ADMINISTRÉE par perfusion intraveineuse Matériel et méthode ● Une étude réalisée par l’université du Colorado porte sur 16 chevaux répartis en deux groupes : - un 1er groupe de huit juments (poids moyen : 546 kg), qui ne reçoivent pas de médication ; - un 2nd groupe de huit chevaux (poids moyen : 424 kg), qui subissent une anesthésie générale associée à une arthroscopie du grasset. ● Des analyses hémato-biochimiques sont réalisées avant l’étude, de manière à s’assurer du bon état général des animaux. Les cathéters sont posés après une anesthésie locale (2 à 10 ml de lidocaïne à 2 p. cent), environ 30 min avant le début des prélèvements, et sans sédation pour ce qui concerne le groupe non anesthésié. Une perfusion polyionique de soutien (5 ml/kg/h, par voie intraveineuse) est administrée à l’ensemble des chevaux. ● L’induction de l’anesthésie est réalisée à l’aide de xylazine, de guaifenesine, et de kétamine, avant qu’un relais gazeux au selvofurane ne soit entrepris. ● Les chevaux des deux groupes reçoivent la même dose d’induction (1,3 mg/kg par voie intraveineuse) sur 15 min, suivie d’une dose d’entretien (0,05 mg/kg/min) pendant 90 min grâce à une pompe à perfusion. Pour le groupe de chevaux anesthésiés, l’administration de la lidocaïne débute dans les 10 à 15 minutes qui suivent l’induction. ● Lors des prélèvements sanguins (lidocaïne, protéines totales, pH, pression en O2 ou PO2, pression en CO2 ou PCO2), la fréquence cardiaque, respiratoire et la pression artérielle moyenne sont relevées. Ces prélèvements sont conservés dans de la glace et analysés, dans l’heure qui suit la ponction, par une méthode de chromatographie
Objectif de l’étude ❚ Comparer la biodisponibilité de la lidocaïne administrée par voie intraveineuse lors d’une anesthésie générale, à celle administrée sur un cheval vigile, afin de préciser la dose recommandée et le risque de survenue d’effets secondaires cardiaques ou neurologiques.
Am J Vet Res, 2005;66 :574-80 Influence of general anesthesia on pharmacokinetics of intravenous lidocaine infusion in horses. Darien J. F., Khursheed R.M., Wagner A.E., Thomasy S. Synthèse par Emmanuel Grange, E.N.V.L
en phase liquide pour le dosage de la lidocaïne. Chez les chevaux non anesthésiés, des examens neurologiques sont régulièrement réalisés à la recherche de l’apparition d’effets secondaires. Résultats - Dans les deux groupes, un pic de concentration en lidocaïne est observé lors de la phase de charge. Les concentrations évaluées sont toujours supérieures dans le groupe anesthésié. - La plupart des variables pharmacocinétiques évaluées différent de manière significative selon le groupe, notamment en ce qui concerne la concentration maximale (plus élevée pour le groupe anesthésié), la clearance et le volume de distribution (plus élevés pour le groupe non anesthésié). Les différences observées pour les paramètres temps de demi-vie, de durée moyenne de présence, et de durée d’obtention du pic, ne se révèlent pas significatives. - Les variations des paramètres cliniques sont celles prévisibles : une diminution de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle moyenne couplée à une augmentation de PO2 pour le groupe de chevaux anesthésié. Conclusion - Cette étude confirme la présence d’une différence de concentration plasmatique de lidocaïne plus importante dans le groupe de chevaux anesthésié, et souligne la nécessité de prendre en considération ce paramètre dans son dosage. - Aucun effet secondaire classiquement décrit n’a été observé sur le groupe de chevaux non anesthésiés. ❒
L’UTILISATION DE LA FLÉCAINIDE INTRAVEINEUSE pour la conversion du cheval souffrant de fibrillation atriale Objectif de l’étude ❚ Évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’utilisation de la flécainide par voie intraveineuse à 2 mg/kg dans la conversion de chevaux NOTE souffrant de fibrillation atriale * Safe and d’apparition naturelle.
efficacious dosage of flecainide acetate for treating equine atrial fibrillation. Equine. Vet med Sci, 2000;62: 711-5.
Equine Veterinary Journal, 2004;36(7):609-14 Use of intravenous flecainide in horses with naturally-occurring atrial fibrillation Van Loon G, Blissitt KJ, Keen JA, Young LE Synthèse par Emmanuel Grange (E.N.V.L)
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 76 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
- Cette étude fait suite aux résultats prometteurs (taux de conversion intéressants, diminution des effets secondaires par rapport à la quinidine) obtenus grâce à la flécainide par voie intraveineuse sur six chevaux chez lesquels un modèle expérimental de fibrillation atriale avait été provoqué [Ohmura et al., 2000*]. - Trois paramètres sont étudiés : la fréquence cardiaque, la durée des complexes QRS, et l’intervalle entre deux ondes de fibrillation. Matériel et méthode - Une étude porte sur 10 chevaux qui présentent une fibrillation atriale. Une auscultation, un électrocardiogramme au repos, et une échocardiographie doppler sont réalisés afin de confirmer le diagnostic, ainsi que l’indication de la tentative de conversion. - Les chevaux sont traités avec une 1re dose d’acétate de flécainide (2 mg/kg) par voie intraveineuse à l’aide d’une perfusion au débit de 0,2 mg/kg/min
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pendant 10 min. En cas de non conversion, une demi-dose supplémentaire (1 mg/kg) est administrée pendant 20 min. - En cas d’échec thérapeutique, une tentative de conversion est réalisée sous cinq jours à l’aide de sulfate de quinidine (22 mg/kg) per os. Résultats et conclusions - Sur les 10 chevaux traités à la flécainide, un seul a été converti à un rythme sinusal normal (il s’agit du seul cheval souffrant d’une affection de type aiguë, survenue 12 jours avant le traitement). - Sur les neuf chevaux non convertis (affection chronique ou récidivante), huit ont eu une réponse positive au traitement au sulfate de quinidine. - Sur les chevaux traités, aucun effet secondaire (hors système cardiovasculaire) n’a été rapporté, à l’exception d’une importante tachycardie à plus de 100 b.p.m. rencontrée sur trois chevaux, dont deux avec une dysrythmie ventriculaire majeure durant les 15 premières minutes du traitement. ❒
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine BOITERIES ET BAISSES DE PERFORMANCES chez les chevaux de "team roping" : 118 cas de 2000 à 2003 Matériel et méthode - Une étude rétrospective est réalisée sur 118 chevaux de “team roping”* présentés à la Texas A&M University pour boiterie ou baisse de performance. - Les informations sur le signalement, l’utilisation du cheval (deux types : cheval de "header" ou de "heeler"), les commémoratifs, les résultats des examens physique et dynamique, les tests diagnostiques (pince exploratrice, anesthésies loco-régionales …), les examens d’imagerie, le diagnostic final et le traitement, sont étudiés et comparés. Résultats - Sur les 118 chevaux atteints, 63 p. cent (74/118) sont utilisés comme cheval de "header" (p = 0,022 par rapport à l’hypothèse de 50 p. cent). Une proportion significativement plus grande de chevaux de "headers" présentent une boiterie de l’antérieur droit (35 p. cent, 26/74), par rapport aux chevaux de "heelers" (16 p. cent, 7/44). Les chevaux de "headers" ont aussi significativement plus de boiteries bilatérales des antérieurs (24 p. cent, 18/74), par rapport aux chevaux de "heelers" (9 p. cent, 4/44). À l’inverse, ces derniers ont significativement plus de boiteries bilatérales des postérieurs (7 p. cent, 3/44, contre 0 p. cent), et de boiteries de l’antérieur gauche (25 p. cent, 11/44 contre, contre 3 p. cent, 2/74). - Les défauts musculo-squelettiques les plus communs des chevaux de "headers" sont : des signes de douleur limités à la zone naviculaire (24/74), une douleur de la zone naviculaire accompagnée d’arthrose des articulations distales des tarses (10/74), et des lésions des tissus mous dans la région du paturon (6/74).
Locomoteur
- Les chevaux de "heelers" ont plus souvent : des signes de douleur dans la zone naviculaire (12/44), de l’arthrose des articulations métatarsophalangiennes (6/44), et de l’arthrose des articulations distales des tarses (4/44). Conclusion - Les chevaux de "headers" sont le plus souvent boiteux de l’antérieur droit. Les chevaux de "heelers" sont plus souvent atteints de boiterie bilatérale des postérieurs que les chevaux de "headers". - Le défaut le plus souvent rencontré chez les deux types de chevaux est une douleur dans la zone naviculaire. Discussion - Les chevaux de "heelers" qui consultent ont souvent une réticence à faire les arrêts nets ; ceci s’explique par l’arthrose des étages distaux des tarses souvent constatées suite à ces arrêts violents. - Les chevaux de "headers" sont plus souvent atteints de l’antérieur droit ; ces chevaux doivent tourner de 90° sur la gauche une fois que le bouvillon est attrapé, ce qui étend cranialement et latéralement l’antérieur droit, qui se situe du côté où le bouvillon tire. L’antérieur droit subit donc plus de contraintes. - Les chevaux de "heelers" sont plus souvent atteints de l’antérieur gauche que de l’antérieur droit ; ces chevaux doivent aussi tourner à gauche rapidement pour se mettre à côté de la hanche gauche du bouvillon, l’antérieur gauche subissant ainsi plus de contraintes. - La forte prévalence de maladie naviculaire chez les chevaux de "team roping" n’est pas surprenante puisque tous les chevaux sont des Quarter Horses, une race prédisposée. ❒
Objectif de l’étude ❚ Déterminer quels types de défauts musculosquelettiques engendrent une boiterie ou une baisse de performance chez les deux types de chevaux utilisés dans une discipline western du nom de "team roping".
J Am Vet Med Assoc, 2005;226(10):1694-9 Lameness and poor performance in horses used for team roping : 118 cases (2000-2003). Dabareiner RM, Cohen ND, Carter GK, Nunn S, Moyer W
Synthèse par Nicolas Latouche,
E.N.V.T.
NOTE * “Team roping” : une équipe de deux cavaliers doit immobiliser un bouvillon. Le "header" le rattrape, lui saisit les cornes au lasso et le traîne, puis le "heeler" lui lie les postérieurs avant de s’arrêter net, ce qui arrête le chronomètre.
Digestif
EFFICACITÉ DE L’OMÉPRAZOLE EN PÂTE DANS LA PRÉVENTION DES ULCÈRES GASTRIQUES chez les chevaux de course à l’entraînement Les ulcères gastriques chez les chevaux de course, dont la prévalence se situe autour de 90 p. cent, sont à l’origine de baisse de performance. Les conditions environnementales susceptibles de diminuer leur incidence est souvent inadéquate pour ces chevaux : un traitement médical préventif est donc indiqué. Matériel et méthode L’étude concerne 175 chevaux en début d’entraînement, répartis en deux lots puis en groupes, traités per os, une fois par jour, de la façon suivante : - lot 1 : "Sélection de la dose efficace pour la prévention des ulcères" (95 chevaux) : - groupe 1 : placebo, 28 jours ; - groupe 2 : 1 mg/kg, 28 jours ; - groupe 3 : 2 mg/kg, 28 jours ; - groupe 4 : 4 mg/kg, 4 jours, puis 1 mg/kg, 24 jours ; - groupe 5 : 4 mg/kg, 4 jours, puis 2 mg/kg, 24 jours ; - lot 2 : "Confirmation de la dose effective" (80 chevaux) : - groupe 1 : placebo, 28 jours ; - groupe 2 : 1 mg/kg, 28 jours. ●
● Au départ, aucun cheval ne présente d’ulcère gastrique, aucun n’a reçu d’A.I.N.S. dans les deux semaines qui précédent l’étude, et tous commencent un entraînement intensif. ● Les ulcères sont évalués par gastroscopie dans la semaine qui précède J 0, et à J 28. Le système de scores est fondé sur trois grades (0 à 3). Si, à J 28, un grade 0 est constaté, il n’y a pas d’augmentation de la sévérité des ulcères ; si le grade est supérieur à 0, les lésions se sont aggravées.
Résultats - Dans le lot 1, la sévérité des ulcères augmente significativement dans le groupe placebo par rapport aux groupes traités à l’oméprazole. Quand on compare le nombre de chevaux sans ulcères à J 28, aucune différence significative entre les groupes sans dose d’attaque (2 et 3) et ceux avec dose d’attaque (4 et 5) n’est constatée. La dose d’attaque n’a pas d’effet dans la prévention des ulcères gastriques. - Dans le lot 2, 10 p. cent des chevaux du groupe placebo ne présentent pas d’ulcères à J 28, contre
Objectif de l’étude ❚ Déterminer la dose minimale efficace d’oméprazole en pâte orale pour prévenir l’apparition des ulcères gastriques chez les chevaux de course en début d’entraînement.
J Am Vet Med Assoc, 2005; 226(10):1681-4 Efficacity of omeprazole paste for prevention of gastric ulcers in horses in race training Mc Clure SR, White GW, Sifferman RL, Bernard W, Doucet MY, Vrins A, Holste JE, Fleishman C, Alva R, Cramer LG
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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 77
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Synthèse par Émilie Codron, E.N.V.L.
82 p. cent des chevaux du groupe 2 : une différence significative est constatée entre les deux groupes. Conclusion L’oméprazole est efficace pour prévenir l’apparition des ulcères gastriques chez les chevaux en
ÉVALUATION ENDOSCOPIQUE DE L'HÉMORRAGIE PULMONAIRE induite à l'exercice chez les chevaux pur-sang de course
Respiratoire
Objectif de l’étude ❚ Évaluer les variations entre les observateurs dans l'observation endoscopique de l'hémorragie pulmonaire induite à l'exercice.
Am J Vet Res, 2005;66(4):596-8 Tracheobronchoscopic assessment of exercise-induced pulmonary hemorrhage in horses Hinchcliff KW, Jackson MA, Brown JA, et al. Étude menée conjointement par The Ohio State University (États-Unis) et par University of Melbourne (Australia). Synthèse par David Aebischer, E.N.V.L.
début d’entraînement à la dose de 1 mg/kg per os, une fois par jour, pendant 28 jours. Par ailleurs, cette molécule est utilisée à dose thérapeutique à 4 mg/kg et n’entraîne pas d’effets secondaires jusqu’à 10 fois cette dose. ❒
- L'hémorragie pulmonaire induite à l'exercice est très répandue chez les pur-sang de course. Il est donc nécessaire d’avoir une méthode d'évaluation de cette affection universelle, fiable et facile à répéter par différents observateurs, afin de pouvoir évaluer correctement la performance, le facteur de risque potentiel de cette affection, l'efficacité d'un éventuel traitement, ou encore le bien-être du cheval. - La technique la plus simple et la plus rapide est l'examen endoscopique des voies respiratoires supérieures : il est donc fondamental d'évaluer la fiabilité entre les observateurs de l'appréciation des images endoscopiques. Matériel et méthode ● Huit cent cinquante examens endoscopiques sont réalisés sur 747 chevaux pur-sang de course, dans un intervalle qui n'excéde pas 2 h après l'effort. Les courses de plats de 1 000 à 3 200 m, corde à gauche et sur herbe, se déroulent sur quatre hippodromes de la région de Melbourne, en Australie, entre mars et juin 2003. ● Tous les examens endoscopiques sont enregistrés sur une bande vidéo soumise par la suite à trois observateurs vétérinaires spécialisés, qui évaluent la sévérité de l'affection, sur chaque examen, selon l'échelle établie par J.-R. Pascoe en 1981 : - grade 0 : aucune trace de sang dans le pharynx, le larynx, la trachée ou les bronches premières ; - grade 1 : une ou plusieurs taches de sang ou un à deux filets de sang, courts et étroits, sont visibles dans la trachée ou les bronches premières ; - grade 2 : un long filet de sang, ou plus de deux courts filets de sang, recouvre(nt) moins du tiers
de la circonférence de la trachée ; - grade 3 : de nombreux filets de sang recouvrent plus du tiers de la circonférence de la trachée, sans accumulation à l'entrée du thorax ; - grade 4 : de nombreux filets de sang, confluents recouvrent plus de 90 p. cent de la surface de la trachée. Le sang s’accumule à l'entrée du thorax. ● Les appréciations de chaque observateur sont comparées au moyen d'une analyse statistique pondérée Kappa qui évalue leur degré de concordance. Résultats - Dans 68,4 p. cent des examens, au moins un observateur détecte une trace de sang dans la trachée. Dans 68,7 p. cent des cas, l'appréciation des trois observateurs concorde. Dans 30,7 p. cent des examens, l'un des observateurs diffère des deux autres d’un grade. Dans 0,2 p. cent des cas, les appréciations des trois observateurs divergent. - Il existe donc une forte concordance de l'appréciation par des observateurs expérimentés de la sévérité de l'hémorragie pulmonaire induite à l'exercice, selon l'échelle proposée. Conclusion - La corrélation entre la sévérité de l'hémorragie et l'évaluation quantitative de l'hémorragie par le comptage des érythrocytes dans le lavage broncho-alvéolaire n'est pas encore bien déterminée. Chacun de ces deux examens présente des avantages et des inconvénients. - Toutefois, la trachéo-bronchoscopie ne présente pas l'inconvénient de la sédation et de l'application d'anesthésique local chez les chevaux de course. ❒
FACTEURS DE RISQUE CLIMATIQUES ET AÉROALLERGÈNES ASSOCIÉS à la maladie des petites voies respiratoires chez le cheval Sujets, matériel et méthode
Objectif de l’étude ❚ Estimer l’association entre les facteurs climatiques, le pollen, les champignons de l’environnement et la maladie inflammatoire des petites voies respiratoires chez le cheval.
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 78 - JUIN / JUILLET / AOÛT 2005
- Sur un total de 157 791 chevaux accueillis dans 17 hôpitaux des États-Unis et du Canada entre le 1er janvier 1990 et le 31 décembre 1999, 1 444 ont présenté des signes de maladie des petites voies respiratoires. - Les données étudiées sont : la quantité d’eau de pluie tombée, les températures minimale et maximale de chaque mois, la quantité de pollen et de champignons de l’environnement, les types plus fréquents de pollen et de champignons observés. - La population à risque regroupe les chevaux accueillis dans les hôpitaux chaque mois pendant l’étude. La prévalence mensuelle de la maladie
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est le rapport entre le nombre total de chevaux diagnostiqués avec cette affection, et celui des chevaux à risque. - L’association entre le nombre de cas, les allergènes de la région, la saison, l’année, la quantité d’eau de pluie et la température sont explorés par un modèle de régression ordinaire. Résultats - La prévalence moyenne de la maladie des petites voies respiratoires par mois est de 0,92 p. cent, et la médiane de 0,86 p. cent. - La prévalence maximale est de 2,15 p. cent, en juillet 1999.
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine - La majorité de cas sont observés à l’Université du Tennessee entre janvier 1990 et novembre 1994. - L’étude des facteurs climatiques indique que la quantité moyenne d’eau de pluie tombée par mois est de 8,6 cm (3 à 17,3). La température minimale moyenne est de + 6,4º C (- 9,5 à 19,8) et la maximale de 18,3º C (0,7 à 31,8). - La prévalence de la maladie n’est pas significativement corrélée avec la température maximale. - Elle est significativement corrélée avec la quantité totale de pollen mesurée pendant les trois mois qui précèdent l’admission. - La région où se trouve l’hôpital, et la saison, sont significativement associés avec le diagnostic de la maladie. Les chevaux admis aux hôpitaux localisés au sud, et pendant l’hiver et le printemps, sont les plus affectés.
Am J Vet Res, 2005;66(5): 818-24
- L’exposition aux pollens est significativement associée avec la maladie.
Climatic and aeroallergen risk factors for chronic obstructive pulmonary disease Ward MP, Couetil LL
Conclusion - L’exposition aux particules environnementales exacerbe les signes de cette maladie chez le cheval.
Synthèse par Margalida Llodrà, E.N.V.L.
- La prévalence de l’affection est associée à de hautes concentrations de pollen pendant les trois à quatre mois qui précèdent l’admission du cheval, à la quantité des précipitations depuis trois mois, aux températures minimales depuis un à deux mois et à la quantité de champignons présents dans l’environnement dans le mois qui précède l’admission. - Une variation de la prévalence de 30 p. cent peut être expliquée par les concentrations d’allergènes de l’environnement et les facteurs climatiques. ❒
EFFETS RESPIRATOIRES ET MÉTABOLIQUES DE L’ADMINISTRATION MASSIVE DE SOLUTION SALINE chez des chevaux atteints de maladie des petites voies respiratoires Matériels et méthodes - Quatorze chevaux sont utilisés, d’un poids moyen de 400 à 550 kg. Leurs paramètres hématologiques et l’endoscopie des voies respiratoires supérieures sont dans les normes. - Ils sont répartis en deux groupes : le groupe H (neuf chevaux atteints de maladie des petites voies respiratoires chronique), et le groupe C (cinq chevaux témoins). - Un volume de 30 l de solution saline isotonique est administré pendant trois heures. - Plusieurs paramètres sont mesurés à différents moments avant, pendant et après la perfusion, pendant 6 jours (le T0 est fixé au début de l’administration). Les résultats sont analysés selon un test de Friedman.
- l’administration de solution saline isotonique dans le groupe H entraîne une augmentation significative des valeurs de R.p., de F. r. et de V.e. à T + 180 min, et une réduction significative de la pression O2 à T + 90 min par rapport aux valeurs de base du même groupe ; - l’augmentation de la R.p. suggère une détérioration de la fonction pulmonaire chez les deux groupes. ● En ce qui concerne les effets métaboliques de l’administration de S.S., le groupe H présente une alcalose métabolique avec hypochlorémie dans les valeurs de base, qui est résolue avec l’administration de S.S., mais qui revient aux valeurs de base à T + 6 h. L’hématocrite du groupe H ne change pas pendant la perfusion.
Résultats
Conclusion
● Les réponse clinique et les complications associées à l’administration rapide de solution saline isotonique sont : - un jetage séreux pendant la perfusion (tous les chevaux) ; - des bruits audibles dans la trachée (7 sur 9 dans le groupe H, 2 sur 5 dans le groupe C) ; - de la toux (5 dans le groupe H, 1 dans le groupe C) ; - de l’anxiété (4 dans le groupe H, 4 dans le groupe C) ; - des trémulations musculaires (3 dans le groupe C), - une diminution des bruits digestifs (2 dans le groupe C) ; - de la tachycardie (2 dans le groupe H). ● En ce qui concerne la fonction pulmonaire : - le groupe H présente à la base des valeurs de fréquence respiratoire (F.r.), de volume expiratoire (V.e.), de variation de la pression transpulmonaire en chaque respiration, de résistance pulmonaire (R.p.), d’élasticité pulmonaire et de pression CO2 significativement plus élevées, et des valeurs de pression O2 plus basses que le groupe C ;
- Une surhydratation pour permettre de sortir les sécrétions de la trachée et d’améliorer la fonction pulmonaire chez les chevaux atteints de maladie des petites voies respiratoires chronique était proposée [Deegen, 1981*]. - Les résultats de la présente étude montrent que seule, une administration de solution saline isotonique n’améliore pas significativement les différents paramètres en relation avec la fonction pulmonaire. Les résultats sont donc contradictoires avec ceux des études précédentes. - En revanche, l’administration de solution saline isotonique. peut améliorer la clearance des sécrétions, mais cet effet résout seulement une partie de l’obstruction des voies respiratoires, puisque que le bronchospasme est toujours présent. ❒
Objectif de l’étude ❚ Déterminer les effets métaboliques et respiratoires de l’administration rapide de solution saline isotonique, chez des chevaux atteints de maladie des petites voies respiratoires, par rapport à des chevaux témoins.
Equine Veterinary Journal, 2004;36(7):628-33 Respiratory and metabolic effects of massive administration of isotonic saline solution in heaves-affected and control horses Jean D, Vrins A, Lavoie JP Synthèse par Margalida Llodrà, E.N.V.L.
NOTE * Massive intravenous infusions : a novel secretolytictherapy for horses with chronic obstructive pulmonary disease (COPD). Proc Am Ass equine pract, 1981;27:27-32.
REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 79
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine
European College of Equine International Medicine (E.C.E.I.M) 1st Scientific Symposium Leipzig (Allemagne) du 20 au 22 janvier 2005
Respiratoire
Objectif de l’étude ❚ Établir une méthode de ligature de l’artère carotide interne par des clips sous endoscopie chez des chevaux sains, et appliquer ce traitement chez des chevaux atteints de mycose des poches gutturales.
Transendoscopic clip ligation of the ICA in horses with guttural pouch mycosis Ohnesorge B, Markus R, Deegen E
Synthèse par Maxime Birague, E.N.V.T.
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synthèse de congrès POSE DE CLIPS PAR ENDOSCOPIE POUR LIGATURER L’ARTÈRE CAROTIDE INTERNE chez des chevaux atteints de mycose des poches gutturales - La mycose des poches gutturales est une inflammation nécrotique de la muqueuse, qui affecte habituellement une poche gutturale, parfois les deux, chez le cheval. - Le symptôme principal de cette maladie rare est un épistaxis parfois mortel, en général causé par une érosion fongique de l’artère carotide interne, de l’artère carotide externe ou de l’artère maxillaire. - Pour prévenir ces hémorragies et occlure l’artère affectée, plusieurs procédés chirurgicaux ont été développés. Il s’agit ici de ligaturer l’artère carotide interne en posant des clips par endoscpie. L’étude sur chevaux sains ● Matériel et méthodes - L’artère carotide interne droite de 14 chevaux sains est ligaturée par application de clips sous endoscopie, sur cheval debout tranquillisé. - Trois chevaux sont euthanasiés un jour après l’application (à J 1), deux respectivement J 3, J 9, J 21 et J 50, et trois à J 84. Un examen pathomorphologique et histopathologique de l’artère carotide interne est réalisé. ● Résultats - À partir du 3e jour, un thrombus blanc est détecté à proximité du clip, alors qu’un thrombus rouge est détecté à distance du clip. - Durant la période d’examen, une organisation progressive du thrombus est considérée comme un signe de thrombose complète, de l’artère carotide interne chez 13 des 14 chevaux.
L’application sur chevaux atteints ● Matériel et méthodes - Entre 2002 et 2003, quatre chevaux avec des mycoses des poches gutturales (artère carotide interne gauche : deux chevaux, artère carotide interne droite : un cheval, artère carotide interne droite et gauche : un cheval) sont traités par application de clips sous endoscopie. - Un suivi endoscopique est réalisé chez deux chevaux pendant 45 jours. ● Résultats - Chez les deux chevaux concernés par le suivi endoscopique, les plaques mycosiques ont été partiellement excisées par électrochirurgie, avec une anse diathermique au jour 16 ou 39, respectivement, après application des clips. Dans un cas, la mycose semble être associée à un anévrisme de l’artère carotide interne. - Aucun des quatre chevaux n’a présenté d’épistaxis trois, quatre ou six mois après l’application des clips. À l’endoscopie, il n’y a pas de persistance des plaques mycosiques à l’intérieur des poches gutturales. Conclusion - L’avantage de l’application de clip sous endoscopie par rapport aux thérapies conventionnelles de mycose des poches gutturales est d’éviter une anesthésie générale. - Cette méthode semble être un procédé thérapeutique complémentaire lors de mycoses des poches gutturales avec atteinte de l’artère carotide interne. ❒
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test clinique les réponses
desmopathie d’insertion du ligament annulaire plantaire 1 Quel diagnostic différentiel proposez-vous ? ● Le diagnostic différentiel d’une boiterie avec enflure du boulet inclut les affections impliquant les différentes structures anatomiques régionales : peau, tissu conjonctif sous-cutané, gaine digitale et son contenu (tendons fléchisseurs superficiel et profond), os métatarsien III, os sésamoïdes proximaux, première phalange, ligament suspenseur du boulet, ligaments sésamoïdiens distaux, ligament annulaire palmaire. ● Les clichés radiographiques obtenus montrent une irrégularité osseuse sur la partie abaxiale de l’os sésamoïde proximal médial. Aussi, nous retenons les hypothèses suivantes pour le diagnostic différentiel : - fracture de l’os sésamoïde proximal ; - sésamoïdite ; - desmite du ligament suspenseur du boulet ; - desmite du ligament annulaire plantaire.
2 Quels examens complémentaires permettent d’identifier les structures lésées ? ● Réalisés en 1re intention en raison d’une anomalie macroscopique susceptible d’être en rapport avec la boiterie, les clichés radiographiques révèlent a priori l’implication de l’os sésamoïde proximal médial (photo 1). La région abaxiale est irrégulière en surface et en profondeur, la possibilité d’une solution de continuité osseuse détachant un fragment est à prendre en considération. Les autres structures du boulet ne montrent pas d’anomalie radiographique. Il paraît ensuite nécessaire de réaliser un examen échographique pour compléter l’évaluation de la surface abaxiale de l’os sésamoïde et pour détecter les lésions des tissus mous : - le cliché 2, image réalisée en vue longitudinale au bord abaxial de l’os sésamoïde, confirme la solution de continuité osseuse et la présence d’un fragment ; - le cliché 3, image réalisée en vue transversale au membre, en région plantaro-médiale du boulet, montre que cette fragmentation est en rapport avec l’insertion (enthèse) médiale du ligament annulaire plantaire ; - le cliché 4, image réalisée en vue plantaire au boulet, montre un épaississement des tissus
●
Cyrille Piccot-Crézollet Département hippique E.N. V. L. 1 avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
mous en région plantaire du boulet, avec une desmite modérée du ligament annulaire, et un épaississement du mésotendon. ● Cet épaississement, et la présence de liquide dans la gaine digitale, signent une légère ténosynovite. 3 Quel traitement proposer, et quel pronostic espérer face à cette affection ? L’évaluation clinique, complétée par les examens d’imagerie médicale, permet de conclure au diagnostic de desmopathie d’insertion du ligament annulaire plantaire, avec fragment d’avulsion. La présentation lésionnelle, comme l’association à une ténosynovite digitale légère, font évoquer une hypothèse traumatique. ● La desmopathie d’insertion du ligament annulaire est une affection dont la description clinique est récente, et concerne un nombre restreint de cas. ● Le traitement conservateur, reposant sur le respect d’un protocole d’exercice contrôlé après confinement au box, est recommandé. ● Le poulain a fait l’objet des recommandations suivantes : - confinement au box pendant le 1er mois ; - box et marche en main 10 minutes par jour le 2e mois ; - box et marche en main 20 minutes par jour le 3e mois ; - bandes de repos, sauf pendant les sorties, sur les deux postérieurs ; - contrôle trois mois plus tard. ● En raison d’une évolution satisfaisante au terme de cette période, le propriétaireentraîneur n’a pas représenté le poulain, mais a repris l’entraînement sans observer de boiterie. ● Le pronostic des desmopathies d’insertion du ligament annulaire est favorable. ●
CONCLUSION
3
Échographie du boulet postérieur gauche (région abaxiale médiale, position transversale) (cliché E.N.V.L., D.H.).
4
Échographie du boulet postérieur gauche (région plantaire, position transversale) (cliché E.N.V.L., D.H.).
Pour en savoir plus Enzerink E, Dik KJ. Palmar/plantar annular ligament insertion injury: a report of 4 cases. Equine Vet Educ, 2001;13(2):75-80. ● Piccot-Crézollet C, Schambourg M, Spriet M, Rossier Y, Laverty S. Pathologie du ligament annulaire du boulet : syndrome du canal métacarpo-phalangien. Pratique Vétérinaire Equine, 2003;35(139):31-7. ●
Les affections du ligament annulaire sont à inclure au diagnostic différentiel des boiteries de boulet. ● La desmopathie d’insertion, facile à identifier à l’échographie, répond favorablement au traitement conservateur. ❒ ●
2
Échographie du boulet postérieur gauche (région abaxiale, position longitudinale par rapport à l’os sésamoïde) (cliché E.N.V.L., D.H.).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine JUIN / JUILLET / AOÛT 2005 - 81