Npe6

Page 1

DOSSIER : LES DOULEURS CHRONIQUES DU PIED CHEZ LES ÉQUIDÉ LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°6 - SEPTEMBRE/ NOVEMBRE 2005

N°6 SEPTEMBRE OCTOBRE NOVEMBRE 2005

LES DOULEURS CHRONIQUES DU PIED Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques - L’examen clinique et les affections rencontrées lors de douleurs chroniques du pied

- Fiche Diagnostic différentiel - Diagnostic et traitement des entorses du pied - Anesthésies nerveuses et intra-articulaires du pied

Imagerie médicale - Images radiographiques normales et anormales de l’extrémité digitée

DOSSIER : LES DOULEURS CHRONIQUES DU PIED

CHEZ LES ÉQUIDÉS Les douleurs chroniques du pied sont l’une des principales causes de boiterie antérieure chez les équidés. Outre l’examen clinique, les techniques d’imagerie médicale permettent d’effectuer un diagnostic précis et de définir une stratégie thérapeutique en fonction de chaque situation ... - Revue thématique des articles parus à l’étranger - Résumés des rencontres francophones E.C.V.S. à Lyon, le 6 juillet 2005 - Un panorama des meilleurs articles

Revue internationale

REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE

- Les principales images échographiques du pied - Stratégie thérapeutique lors de syndrome podo-trochléaire chronique - Maréchalerie orthopédique et boiterie chronique

Âne - Les douleurs chroniques des pieds chez l'âne et le mulet

Rubriques - Principe actif - L'isoxsuprine - Nutrition - Les foins dans l’alimentation chez le cheval - Observation clinique Un cas de harper australien bilatéral en région Rhône-Alpes chez un cheval - Ophtalmologie - Gestion thérapeutique d’une plaie de la sphère oculaire chez les équidés


sommaire Éditorial par Bruno Baup Test clinique : Boiterie postérieure associée à une douleur du pied Guy-Pierre Huchette

N°6 SEPTEMBRE OCTOBRE NOVEMBRE 2005

5 4

CHEVAL ET ÉQUIDÉS Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques - L’examen clinique et les affections rencontrées lors de douleurs chroniques du pied chez le cheval Mathieu Spriet 6 - Fiche - Diagnostic différentiel des douleurs chroniques du pied chez le cheval Mathieu Spriet 11 - Diagnostic et traitement des entorses du pied chez le cheval Mathieu Lenormand, Jean-Michel Casamatta, Serge Lenormand 13 Anesthésies nerveuses et intra-articulaires du pied chez le cheval Maxime Birague 17 Imagerie médicale - Images radiographiques normales et anormales de l’extrémité digitée chez le cheval Mathieu Spriet 22 - Les principales images échographiques du pied chez le cheval Nicolas Serraud 27 Conduites à tenir thérapeutiques - Stratégie thérapeutique lors de syndrome podo-trochléaire chronique chez le cheval Philippe Heiles, Christophe Descamps 33 - Maréchalerie orthopédique et boiterie chronique du pied chez le cheval Louis-Marie Desmaizières, Bruno Baup 39

DOSSIER LES DOULEURS CHRONIQUES DU PIED chez les équidés

ÂNE - Les douleurs chroniques des pieds chez l'âne et le mulet Ahmed Chabchoub, Mohamed El Messaoudi, Amel El Goulli, Faouzi Landolsi

42

RUBRIQUES Principe actif - L'isoxsuprine Mohamed Yassine Mallem, Marc Gogny Nutrition - Les foins dans l’alimentation chez le cheval Nathalie Priymenko Observation clinique - Un cas de harper australien bilatéral en région Rhône-Alpes chez un cheval Jean-François Jamet Ophtalmologie - Gestion thérapeutique d’une plaie de la sphère oculaire chez les équidés Olivier Bisseaud

47 49 53 58

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières Revue thématique des articles parus dans les revues internationales Résumé des rencontres francophones E.C.V.S. à Lyon le 6 juillet 2005 Youness Elouasbi, Laetitia Jaillardon, Aurélien Léonard Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection Colombe Benoist, Benoît Blachon, Émilie Guillot, Sophie Jullian, Bilitis Kuhn, Carine Lalangue, Aurélie Plotto, Camille Tourmente Synthèse - Apport de l’I.R.M. dans le diagnostic et le traitement des boiteries du pied chez le cheval Guillaume Tamba

65 Souscription d’abonnement en page 74

66

CHEVAL

67

ÂNE

71

RUBRIQUE Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses

73 74

REVUE INTERNATIONALE

3

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 83


test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr

boiterie postérieure associée à une douleur du pied

Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Pierre Chuit (praticien, Suisse) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)

Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (E.N.V.T.) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)

Comité de rédaction Nicolas Barety (Juridique, avocat) Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Chirurgie, E.N.V.L.) Anne Couroucé- Malblanc (Médecine interne et sportive, E.N.V.N.) Gwenaëlle Dauphin (A.F.S.S.A. Alfort) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.N.) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Claire Scicluna (Anesthésie, praticien)

Chargée de mission rédaction Valérie Colombani

Secrétaire de rédaction David Jourdan Abonnements Maryse Mercan Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 30 € T.T.C CEE : 32 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P en cours I.S.S.N. 1767-5081

comité de lecture

Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 84 - SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005

Un cheval Selle français de 10 ans, utilisé pour le dressage, est présenté à la consultation pour une boiterie postérieure chronique. Il boite depuis un an avec des phases de rémission complète et d’autres d’aggravation. ● La boiterie a été explorée plusieurs fois et le pied mis en cause par le vétérinaire traitant a été radiographié huit mois auparavant ; aucune anomalie n’a été notée ● Un autre vétérinaire émet l’hypothèse d’une douleur en regard du grasset et réfère l’animal pour une imagerie médicale de cette zone. ● L’examen statique montre : - une légère distension de l’articulation fémoro-patellaire gauche ; - une légère chaleur à la palpation du pied postérieur gauche ; - un pouls digité légèrement augmenté ; - une sensibilité discrète de l’ensemble de la sole lors du test à la pince exploratrice. Aucune douleur n’est présente aux manipulations passives et à la pression de tout le membre (y compris le paturon). ● L’examen dynamique montre une boiterie de grade 4 sur 5 au pas. L’anesthésie digitale proximale, difficile à réaliser sur cet animal, améliore la boiterie de 30 p. cent. ● L’examen radiographique et échographique du grasset gauche, réalisé à la demande du vétérinaire référent, ne révèle aucune anomalie. ● Un examen radiographique standard du pied (profil, face sur cale à 60°) est réalisé :

Guy-Pierre Huchette

4

Bruno Baup, Agnès Benamou, Jean-Jacques Bénet, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Cirier, Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Jean-Michel Krawiecki, Claire Laugier, Agnès Leblond,

Serge Lenormand, Pierre Leveillard, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jacques Monet, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Brigitte Siliart, Youssef Tamzali, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.

Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade

1

Radiographie du pied de face sur cale à 60°. Quelles sont les anomalies visibles ? (photo G.-P. Huchette).

aucune anomalie n’est visible sur l’incidence de profil ; l’incidence de face est présentée sur la photo 1. 1 Quelles sont les anomalies visibles sur la radiographie ? 2 Quel est votre diagnostic différentiel ? 3 Quel examen complémentaire effectuer ? 4 Quel traitement instaurer, quel est votre pronostic ? Réponses à ce test page 73

Pour recevoir le prochain numéro, souscrivez votre abonnement en page 74 ou tél. 01 41 94 51 51 ou mail neva@neva.fr


éditorial Qu’est-ce qu’une image sans celui qui la crée et qui l’interprète ?

"P

as de pied, pas de cheval", cette maxime que l’on nous dispense depuis nos premiers pas dans le milieu de l’équitation est une fois de plus au goût du jour. En effet, consacrer le dossier spécial d’une revue professionnelle entièrement à ce sujet ne fait que redorer le blason de la maxime. Avant de vous plonger dans les articles suivants du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine, un peu d’histoire : - 1970 : examen du 1er degré* en ligue du Nord : il m’a fallu égrener les vertus du curepied, de la graisse et des soins de la fourchette à un homme en noir botté, portant beau et raide comme seuls les écuyers de l’époque savaient l’être ! - 1980 : 1re consultation d’équine à l’École nationale vétérinaire de Toulouse. Le maitre de chaire apparaît barbe flamboyante, sublime dans sa blouse immaculée, pince à sonder dans une main, marteau à long manche dans l’autre. "Regardez, palpez, sondez …, percutez …”, nous disait-il. Et nous, déçus par cette démarche que nous jugions vieillotte, de hausser les épaules, plutôt prêts à anesthésier, à radiographier et que sais-je encore ? ... - 1990 : 1er E.P.U.** de radio/écho à l’École nationale vétérinaire d’Alfort. Un professeur en combinaison impeccable nous enseigne les mille et une façons d’imager le pied et ses annexes.

Bruno Baup Clinique vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

Qu’est ce qui a changé ? ... - Les manuels de nos anciens regorgent de détails, d’adjectifs qualifiant, qui le pouls, qui la lésion, qui l’attitude. - Certains, dans le privé comme dans les écoles, poussent la propédeutique à l’extrême et noircissent des feuilles de comptes rendus parfois incompréhensibles tant ils sont détaillés. - On nous éblouit de présentations Powerpoint truffées d’images de résonance magnétique de scanner et autres techniques d’avant-garde rivalisant de précision et de nouveauté. Anglais, Américains ou Français font étalage d’une technique toujours plus pointue et coûteuse. Rien n’a changé ... Certes la technique est là et c’est bien. Mais qu’est-ce qu’une image, sans celui qui la crée et qui l’interprète ? - Il y aura toujours des passionnés assoiffés de progrès, curieux de tout qui chercheront à progresser et ensuite, à transmettre ce qu’ils savent. Que dire de ceux qui, entre les murs de leur clinique, sans céder aux sirènes du numérique, préfèrent se lancer dans la mise au point du scanner mobile, et tenter ainsi de répondre aux innombrables questions qu’ils se posent ? Respect. Nombreux sont ceux qui cherchent au sein de leur clinique de campagne une nouvelle technique, une nouvelle approche. Non, rien n’a changé ... Car du marteau et de la percussion aux images d’I.R.M. (imagerie par résonance magnétique) du C.I.R.A.L.E.***, l’important est qu’il y aura toujours des passionnés pour affiner le diagnostic, pour toujours chercher à regarder mieux les chevaux en général, et leurs pieds en particulier.

NOTES * Le 1er degré correspondait au “galop 4” actuel, 1er examen de la Fédération Française d’Équitation. ** Enseignement post-universitaire. *** CIRALE : Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines.

T

ant que nous ferons ce métier en nous posant des questions, en cherchant, en échangeant nos expériences bonnes ... et mauvaises, nos congrès, nos revues, nos rencontres et autres séminaires resteront des mines inépuisables, susceptibles de satisfaire tous les appétits, même les plus gros ... Bonne lecture à tous. ❒

5

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 85


l’examen clinique et les affections rencontrées

lors de douleurs chroniques du pied chez le cheval

Mathieu Spriet Section of radiology Ryan Veterinary Hospital University of Pennsylvania 3900 Delancey St. Philadelphia PA 19104-6010, USA

Objectif pédagogique

La douleur chronique du pied est l’une des principales causes de boiterie antérieure chez le cheval. Cet article présente les caractéristiques sémiologiques des boiteries, la pathophysiologie de ces différentes entités, et les outils diagnostiques disponibles pour les identifier*, afin de préciser le pronostic et le traitement.

Repérer les affections à l’origine de douleur chronique du pied chez le cheval et savoir utiliser les outils diagnostiques. Définitions : ❚ Le syndrome podo-trochléaire dit “syndrome naviculaire” - Cette expression est utilisée pour décrire une affection dégénérative qui concerne l’os naviculaire, la bourse naviculaire, le tendon fléchisseur profond du doigt. - Ce syndrome se manifeste par une douleur chronique dans la région palmaire du pied, souvent bilatérale.

D

i ff é rentes affections sont à l’origine des boiteries des antérieurs : - le syndrome podo-tro c h l é a i re, dit “ n a v i c u l a i re”, avec ou sans lésions visibles sur l’os naviculaire lors de l’examen radiographique ; - les lésions de la boîte cornée, les lésions de la phalange distale et de l’articulation interphalangienne distale.

❚ La fourbure - se caractérise par une inflammation du podophylle et du kéraphylle ; - peut conduire à une désolidarisation entre la phalange distale et la boîte cornée et entraîner la rotation et/ou la descente de la phalange distale.

SÉMIOLOGIE R e p é rer l’affection en cause nécessite tout d’abord un examen statique, puis un examen dynamique du cheval.

Essentiel

L'examen statique

❚ Un pied plus petit,

L’examen statique comprend l’inspection de l’animal, la palpation, la pression et les tests de flexion passive du membre atteint et du membre collatéral.

plus haut, plus étroit témoigne souvent d’une douleur de la région palmaire du pied. ❚ La majorité des chevaux atteints de syndrome naviculaire présentent un axe pied-pâturon brisé vers l’arrière. ❚ Le trot est l’allure idéale pour évaluer une boiterie.

L'inspection

Lors de boiterie chronique, l’inspection de l’animal est susceptible de révéler une a m y o t rophie du membre boiteux et une posture de soulagement. En effet, en cas de douleur chronique de la région palmaire du pied, certains chevaux ont tendance à porter le membre atteint en protraction et en abduction afin de soulager les talons. Cette attitude est classiquement décrite comme "montrer le chemin de SaintJacques" (non en référence au célèbre lieu de pèlerinage, mais à la rue de Paris où se trouvaient autrefois les abattoirs). NOTE

CHEVAL

* Cf. “Diagnostic différentiel des douleurs chroniques du pied chez le cheval” du même auteur, dans ce numéro. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 86 - SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005

6

1

Le test “à la planche” : le pied du membre à tester est posé sur l’extrémité antidérapante d’une planche, le plan sagittal du pied dans l’axe de la planche. - Le membre opposé est levé par un aide. - L’autre extrémité de la planche est lentement et progressivement élevée de façon à provoquer une extension interphalangienne (photo L.-M. Desmaizières).

L’inspection rapprochée permet d’examiner la conformation du pied. - Un pied plus petit, plus haut, plus étroit, témoigne souvent d’une douleur de la région palmaire du pied car l’animal adopte une posture chronique de soulagement du membre. - Les ruptures de l’axe pied-pâturon, dues à une pince longue et à des talons bas, sont aussi importantes à identifier : une étude révèle que, parmi 118 chevaux atteints de syndrome “naviculaire”, 71,2 p. cent présentent un axe pied-pâturon brisé vers l’arrière, ce qui augmente les contraintes imposées à l’os naviculaire et à ses ligaments [16].

La palpation, la pression

Signes d’inflammation, la chaleur du pied et le pouls digité sont toujours import a n t s à évaluer. ● Le test à la pince exploratrice perm e t d’essayer de localiser la douleur à une région précise du pied (encadré). ●

Les flexions passives

Deux tests de mobilisation passive sont intéressants dans le cadre du diagnostic des boiteries du pied : le test de flexion digitale, et le test d’hyperextension interphalangienne, dit "test à la planche" (photo 1, encadré) [ 4 ] . L'examen dynamique L’examen dynamique du pied compre n d l’examen de l’animal au pas, au trot, en ligne droite ou avec des virages, le poser du pied, l’étude de la foulée, les tests dynamiques.


Fiche

diagnostic différentiel

des douleurs chroniques du pied

Mathieu Spriet

chez le cheval

Cette fiche présente la conduite du diagnostic différentiel à mettre en œuvre lors de douleur chronique du pied chez le cheval.

male lors de boiterie chronique de la région p a l m a i re du pied oriente vers une lésion de la sole ou de la phalange distale et exclurait, selon certains auteurs, une lésion de l’appareil podo-trochléaire [2].

A

2. IDENTIFIER UNE ÉVENTUELLE AFFECTION DE LA PHALANGE DISTALE

près la mise en évidence d’une boiterie du pied, un plan diagnostique en trois étapes peut être suivi : 1. identifier une éventuelle affection primaire de la boite cornée ; 2. identifier une éventuelle affection de la phalange distale ; 3. évaluer les diff é rentes entités du syndrome podotrochléaire dit "syndrome naviculaire". ● Les affections rencontrées lors de boiteries c h roniques du pied chez le cheval* sont énumérées dans le tableau 1. 1. IDENTIFIER UNE AFFECTION PRIMAIRE DE LA BOÎTE CORNÉE 1re

La étape du diagnostic consiste à s’assurer qu’une lésion de la boite cornée n'est pas responsable de la boiterie constatée. ● L’examen statique est essentiel à cet égard : - l’inspection permet de déceler des anomalies de conformation ; - le test à la pince* est l’outil idéal pour identifier une bleime. ● L’examen dynamique est aussi utile à ce stade : une phase caudale de la foulée nor●

La 2e étape s’intéresse aux éventuelles lésions de l’articulation interphalangienne distale et de la phalange distale. ● L’examen radiographique du pied permet d’évaluer la présence éventuelle d’art h rose, de fracture, d’ostéite ou de signes de fourbure chronique. ● D’autres lésions, telles les desmites des ligaments collatéraux de l’articulation interphalangienne distale et les contusions de la phalange distale, ont été identifiées récemment grâce à l’échographie et à l’imagerie par résonance magnétique (I.R.M.) (tableau 2). Leur diagnostic est donc plus délicat en 1re intention. 3. ÉVALUER LES DIFFÉRENTES ENTITÉS DU SYNDROME PODO-TROCHLÉAIRE DIT "SYNDROME NAVICULAIRE" Classiquement, un diagnostic de synd rome podotro c h l é a i re, dit "syndrome naviculaire", est établi : - lors de douleurs chroniques de la région palmaire du pied ;

chez le cheval Outils diagnostiques et techniques d’imagerie*

Lésions pricipales

Boîte cornée

- Inspection - Pince - (Radiographie)

- Bleimes - Anomalies de conformation - Abcès

Phalange distale

- Pince - Radiographie - (I.R.M.)

- Ostéite - Fourbure chronique - Fractures - Contusions

Articulation interphalangienne distale

- Flexion - Planche - Radiographie - (Échographie, I.R.M.)

- Synovite - Arthrose - Ostéochondrose - Desmite des ligaments collatéraux

Os naviculaire et structures associées (appareil podo-trochléaire)

- Planche - Pince - Radiographie - (Échographie) - (I.R.M.)

"Syndrome naviculaire" : - forme dégénérative de la facies flexoria - Forme dégénérative articulaire - Forme ligamentaire et tendineuse

Objectif pédagogique Conduire le diagnostic différentiel lors de douleur chronique au pied chez le cheval.

Tableau 1 - Diagnostic différentiel des boiteries chroniques du pied Localisation

Section of radiology Ryan Veterinary Hospital University of Pennsylvania 3900 Delancey St. Philadelphia PA 19104-6010, USA

NOTE * Cf. “L’examen clinique et les affections rencontrées lors de douleurs chroniques du pied chez le cheval”, du même auteur, dans ce numéro.

Essentiel ❚ L’inspection ou le test à la pince permet d’identifier une affection primaire de la boîte cornée. ❚ La radiographie du pied est l’outil idéal pour identifier une affection de la phalange distale. ❚ Trois formes de syndrome podo-trochléaire peuvent être distinguées : - une liée à des changements dégénératifs de la facies flexoria et de la bourse naviculaire ; - une liée à des changements dégénératifs articulaires ; - une de type ligamentaire et tendineux.

CHEVAL

* Les techniques d’imagerie entre parenthèses sont des examens complémentaires qui peuvent être utilisés si les examens principaux ne permettent pas de conclure.

11

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 91


diagnostic et traitement des entorses du pied

Mathieu Lenormand Jean-Michel Casamatta Serge Lenormand

chez le cheval

Clinique vétérinaire Conques 33420 Saint-Aubin-de-Branne

Aiguës ou chroniques, les entorses du pied affectent surtout les antérieurs. Outre un traitement médical, elles nécessitent du repos, la reprise d’un exercice contrôlé, voire l’utilisation d’ondes de choc.

L

’ a rt h ropathie interphalangienne distale est une cause majeure de boiterie chez le cheval. Un diagnostic définitif de l’origine de cette douleur n’est pas toujours chose aisée [9]. P a rmi les affections identifiées, l’entorse est souvent rencontrée. Elle résulte d’un mouvement forcé d’une articulation. Si les stru c t u res osseuses résistent, une élongation ou une déchirure des ligaments a lieu.

Ces lésions ligamentaires peuvent avoir un caractère aigu ou chronique. ● Même si les desmopathies interphalangiennes distales sont des affections récemment (et encore assez peu) décrites, elles méritent d’être prises en compte dans le diagnostic diff é rentiel des affections de cette région. ● Cet article s’intére s s e aux atteintes des ligaments collatéraux de l’articulation interphalangienne distale, des ligaments chond ro c o ronaux et chondrocompédaux, mais aussi des ligaments sésamoïdiens collatéraux et du ligament sésamoïdien distal impair. ●

Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter les entorses du pied chez le cheval.

1

Dans le test de la planche, le pied controlatéral est au soutien (photos M. Lenormand).

Un rappel anatomique sur les ligaments concernés est proposé dans l’encadré 1. EXPRESSION CLINIQUE ET DIAGNOSTIC Ces atteintes ligamentaires affectent surtout les antérieurs. C’est encore plus vrai pour l’affection des ligaments sésamoïdiens collatéraux et distal impair. ● L’ a ffection des ligaments sésamoïdiens collatéraux et du ligament sésamoïdien distal impair est en général bilatérale, très souvent beaucoup plus marquée d’un côté [2], tandis que l’affection des trois autres stru c t ures ligamentaires est plutôt unilatérale. ●

Signes cliniques Des signes physiques et cliniques peuvent être observés (figure 1) : - un gonflement local ; - une distension articulaire ;

Figure 1 - Signes physiques et cliniques lors d’entorse du pied Signes physiques ● ● ●

Gonflement local Distension articulaire Pression douloureuse des structures anatomiques atteintes, jusqu’à l’atrophie du pied si l’affection s’avère chronique

Signes cliniques

2

Dans le test du coin, le pied controlatéral est au soutien, les ligaments sont mis sous tension côté partie basse de la cale.

Essentiel ❚ Les entorses peuvent être aiguës ou chroniques.

❚ Les atteintes ligamentaires affectent surtout les antérieurs. ❚ Les tests de la planche ou des coins (passif et actif) sont indiqués lors d’affection chronique uniquement. ❚ Parmi les outils diagnostiques, l’I.R.M. semble le plus intéressant.

Boiterie d’intensité variable selon le degré et l’ancienneté de la lésion, le plus souvent présente en ligne droite, quel que soit le ligament atteint ● Au pas, boiterie surtout observée lorsque le cheval est examiné en dessinant un huit en marchant, diminution de la phase de propulsion de la foulée ● De manière générale, boiterie plus marquée sur le cercle ● Pour le ligament sésamoïdien distal impair : boiterie plus marquée si le cheval est mis en cercle avec le membre affecté à l’intérieur de ce cercle (à main correspondante) ●

CHEVAL

Pour les autres structures ligamentaires : boiterie plus ou moins marquée selon la localisation de la lésion : - si l’affection est médiale, boiterie plus marquée à main correspondante en raison de la mise en contrainte des structures ligamentaires - si l’affection est latérale, c’est l’inverse, mais cela reste discuté [7]

13

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 93


anesthésies nerveuses et intra-articulaires du pied

Maxime Birague

chez le cheval

Bien que peu spécifiques, les anesthésies nerveuses digitales (distale, proximale), ou intra-articulaires (de la bourse podo-trochléaire, de l’articulation interphalangienne distale), peuvent donner des éléments de diagnostic intéressants lors de douleur digitée chez le cheval.

L

es anesthésies nerveuses et intra-art i c ulaires du pied sont utilisées pour aider à préciser la localisation d’un site de boiterie. Elles sont réalisées avant la mise en œ u v re des procédés d’imagerie médicale destinés à détecter la nature de la lésion. ● Il est indispensable que la boiterie initiale soit assez importante pour qu’aucun doute n’existe sur sa disparition après la réalisation du bloc nerveux. ● Il est important de toujours considérer les résultats d’une anesthésie à la lumière des observations cliniques [7]. De même, il convient de garder à l’esprit que la distribution des nerfs peut varier d’un cheval à un autre, et rendre confus les résultats et leur interprétation. LES ANESTHÉSIES NERVEUSES Lors d’anesthésies nerveuses, il convient de réaliser l’injection proprement, après une éventuelle préparation locale de type chirurgical si le site est proche d’un récessus synovial.

Objectif pédagogique Réaliser et exploiter les anesthésies nerveuses et intra-articulaires chez le cheval.

1

Test de la perte de sensibilité en talon, après une anesthésie digitale distale (photo M. Birague).

Des lésions cutanées ou sous-cutanées septiques sont une contre-indication. ● La suspicion de fracture ou de fêlure des phalanges (surtout distale ou moyenne, mais aussi proximale) ou de l’os sésamoïde distal est une contre-indication absolue. En effet, lorsque le cheval est libéré de sa douleur, il attaque franchement le sol, au risque d’une fracture sévère. ● Avant toute injection, il est important de s’assurer, en réalisant des aspirations, que l’aiguille ne se trouve pas dans un vaisseau. Si du sang s’écoule, c’est que l’extrémité de l’aiguille est placée, soit dans l’art è re, soit dans la veine associée. Dans ce cas, il convient de re t i rer partiellement l’aiguille et de la réorienter. ●

L’anesthésie digitale distale L’anesthésie digitale distale porte sur les nerfs digitaux pro p res palmaires, à l’extrémité distale du pâturon (figure 1) [2]. ● L’aiguille utilisée est de type 25 G - 16 x 0,5 mm. Le volume anesthésique est de 2 ml. ●

Figure 1 - Sites des anesthésies digitales proximale et distale (d’après [5]) Vue latérale

Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

Vue médiale

Essentiel ❚ La boiterie initiale doit être assez importante pour qu’aucun doute n’existe sur sa disparition après l’anesthésie. ❚ La suspicion de fracture ou de fêlure des phalanges ou de l’os sésamoïde distal est une contre-indication absolue aux anesthésies nerveuses. ❚ Avant toute injection lors d’anesthésies nerveuses, s’assurer que l’aiguille ne se trouve pas dans un vaisseau. ❚ L’anesthésie digitale distale se réalise membre levé, en sous-cutanée, parallèlement au trajet du nerf, en direction distale ou proximale, jusqu’à la garde.

CHEVAL

17

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 97


imagerie médicale images radiographiques normales

et anormales de l’extrémité digitée

Mathieu Spriet

chez le cheval

Section of radiology Ryan Veterinary Hospital University of Pennsylvania 3900 Delancey St. Philadelphia PA 19104-6010, USA

L’examen radiographique permet le diagnostic d’un certain nombre d’affections du pied à l’origine de boiteries. Cet article sous forme d’atlas présente les images normales et les principales anomalies rencontrées.

Objectif pédagogique Réaliser et interpréter l’examen radiographique du pied chez le cheval.

C

❚ L’examen radiographique standard du pied comprend un minimum de cinq clichés. ❚ D’autres projections pour la recherche de certaines lésions peuvent être ajoutées. ❚ Avant de faire une radio, déferrer pour éviter la superposition du fer sur les structures anatomiques.

1. déferre r pour éviter la superposition du fer sur des structures anatomiques d’intérêt ;

2. c u rer et nettoyer le pied pour éviter les artefacts dus à la présence de débris sur la boîte cornée ; de la pâte à modeler ou du savon noir pour éviter la superposition de zones radiotranspare ntes dues à la présence d’air ; cependant, une tendance à l’heure actuelle est de ne pas combler les lacunes, car la connaissance des artéfacts normaux permet une interprétation rationnelle, alors que la pâte à modeler peut laisser des artéfacts discrets, donc plus gênants ;

4. diaphragmer sur la région concernée pour limiter le rayonnement diffusé et réduire l’exposition de l’animal et de son entourage. lies rencontrées. Les plus courantes sont illustrées par les photos 10 à 19. ● L’encadré 1 présente les conseils techniques. ● L’encadré 2 présente les avantages et les inconvénients de l’utilisation d’une grille. ❒

Tableau 1 - Les cinq incidences standard de l’examen radiographique du pied Projection

Structures anatomiques évaluées

Latéro-médiale (photo 1)

- Bord dorsal et extrémité distale de la phalange distale - Position de la phalange distale par rapport à la boîte cornée - Forme du processus extensorius de la phalange distale - Bord proximal de l’os naviculaire - Facies flexoria de l’os naviculaire - Démarcation corticospongieuse de l’os naviculaire - Axe pied/pâturon - Conformation de la boite cornée (longueur de pince, hauteur des talons)

Dorso-palmaire (photo 3)

- Équilibre médio-latéral du pied - Espace articulaire interphalangien distal - Cartilages ungulaires

Oblique dorso-proximale palmaro-distale (phalange distale) (photo 5)

- Bord solaire de la phalange distale - Recherche de fracture de la phalange distale

Oblique dorso-proximale palmaro-distale (os naviculaire) (photo 7)

- Forme et contour du bord proximal et des extrémités de l’os naviculaire - Invaginations synoviales du bord distal de l’os naviculaire

Oblique palmaro-proximale palmaro-distale (photo 9)

- Contour palmaire de l’os naviculaire - Démarcation corticospongieuse de l’os naviculaire - Invaginations synoviales du bord distal de l’os naviculaire - Bord solaire des processus palmaires de la phalange distale

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 102 - SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005

Les conseils techniques pour réaliser des radiographies de qualité et utiles sont les suivants :

3. combler les lacunes de la fourc h e t t e avec

ompte tenu de la fréquence des boiteries de pied chez le cheval, l’examen radiographique de l’extrémité digitée est sans doute l’examen radiographique le plus couramment pratiqué. Il est donc important pour le praticien de bien connaître la technique, les images de r é f é rence, et les lésions qui peuvent être rencontrées. ● L’examen radiographique standard du pied comprend un minimum de cinq incidences (tableau 1). Des projections pour la recherche de certaines lésions peuvent être ajoutées. - Les images radiographiques normales et le positionnement pour les obtenir sont illustrées par les photos 1 à 9. - Le tableau 2 résume les principales anoma-

Essentiel

Encadré 1 - Conseils techniques

22


imagerie médicale

les principales images échographiques du pied chez le cheval Malgré le développement des techniques d’I.R.M., l’échographie est un examen complémentaire utile, en association avec la radiographie. Elle permet d’objectiver des lésions des tissus mous, en particulier lors de l’examen des articulations, dont les structures non minéralisées sont très souvent mises en cause.

C

hez le cheval de sport, un nombre imp o rtant de boiteries trouvent leur origine dans la partie distale des membres, notamment au niveau du pied. L’examen des tissus mous dans cette région permet, le plus souvent d’établir un diagnostic. Cette partie du membre reste toutefois peu accessible, en raison de l’existence de la boîte c o rnée. Plusieurs abords permettent d’obtenir des images échographiques. Cet article présente les re p è res anatomiques et les principales images anormales rencontrées lors d’examen échographique du pied (encadré 1), les abords possibles, le matériel nécessaire (encadré 2). L’ABORD DORSAL

Nicolas Serraud Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

Objectif pédagogique Réaliser et interpréter une échographie du pied chez le cheval Extenseur commun du doigt Capsule articulaire

1

Échographie d’une articulation inter-phalangienne distale normale en coupe longitudinale par abord dorsal (proximal à gauche).

P2

- Il est possible de suivre le bord dorsal de P2, le condyle et l’espace articulaires, puis le processus extensorius, en dessous duquel vient s’insérer le tendon extenseur commun du doigt. - E n t re ce dernier et la surface osseuse de P2 se trouvent la capsule art i c u l a i re et la membrane synoviale, qui forme des replis.

P3

Processus extensorius Membrane synoviale

Extenseur commun du doigt

P2 Capsule articulaire Membrane synoviale

2

1. En coupe longitudinale

Échographie d’une articulation interphalangienne distale normale en coupe transversale, en regard de P2.

En coupe longitudinale dans un plan sagittal, le bord dorsal distal de P2 peut être observé (photo 1). Puis distalement, il est possible de rechercher, sur le pro c e s s u s extensorius, des remaniements, des ostéophytes ou des fractures.

- Il est possible de voir le bord dorsal de P2, la membrane synoviale et la capsule art i c u l a i re, puis dorsalement le tendon extenseur commun du doigt.

Geste ❚ Pour préparer le pied de l’animal : - tondre le pâturon distal ; - humidifier la peau à l’eau savonneuse ; - l’enduire de gel échographique.

Entre P2 et le processus extensorius se t rouve l’espace art i c u l a i re interphalangien distal, et seule une petite partie des surfaces art i c u l a i res des deux phalanges peut être

Encadré 1 - La préparation du pied L’échographie du pied nécessite de façon impérative une bonne préparation de toute la région : - tondre soigneusement le pâturon distal tout autour du membre ; - humidifier la peau avec de l’eau savonneuse ; - l’enduire de gel échographique. ● Étant donnée l’épaisseur de la peau dans cette région, l’examen peut rester difficile malgré cette préparation. ● Il peut s’avérer utile de raser la peau et de l’humidifier en laissant tremper une vingtaine ●

de minutes le pied dans un seau d’eau tiède, v o i re de l’envelopper pendant quelques heure s dans un pansement humide et tiède, lui-même placé dans une poche de perfusion de 5 litres. ● Ces préparatifs sont impératifs pour les abords réalisés à travers la boîte cornée. Il est aussi nécessaire de parer la fourchette à plat afin : - de re t i rer les portions de corne superficielles sales ; - de rendre sa surface aussi régulière que possible.

27

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 107


stratégie thérapeutique lors de syndrome podo-trochléaire chronique

Philippe Heiles Christophe Descamps

chez le cheval

Clinique équine des Bréviaires 78 610 Les Bréviaires

Objectif pédagogique

Lors de syndrome podo-trochléaire chronique chez le cheval, les réponses thérapeutiques sont multiples et nécessitent la mise en place d’une véritable stratégie. Celle-ci s’adapte aux résultats des différents traitements orthopédiques (parage et ferrure), médicaux (par voie locale et générale) et chirurgicaux, aux résultats des recommandations données au propriétaire sur l'activité, la rééducation de ces chevaux et le traitement des affections associées.

L

es douleurs de la partie postérieure du pied représentent plus d'un tiers des boiteries chroniques chez le cheval [3]. Le syndrome podo-tro c h l é a i re re g roupe de nombreuses entités pathologiques différe ntes, il se caractérise par l’aspect chro n i q u e de la boiterie et de la douleur et résulte de diverses affections tendineuses, ligamentaires et ostéo-articulaires. Sont exclues de cet article, les douleurs aiguës de la partie postérieure du pied (type abcès, "clou de rue") ainsi que les fracture s de la 3e phalange et de l’os naviculaire*. En revanche, les phases de réactivations de ce syndrome pendant lesquelles les signes cliniques s’exacerbent sont abordées dans leurs gestions, dans le cadre d’un phénomène chronique plus général. ● Plusieurs stru c t u res anatomiques peuvent être atteintes [6, 9]. Aussi, il est essentiel de les identifier le plus précisément possible [18], pour pouvoir recommander le ou les traitements spécifiques les plus adaptés. Outre l’examen orthopédique, les examens d’imagerie : radiographie, échographie, ainsi que le scanner et l'I.R.M. qui peuvent maintenant être réalisés sur cheval debout, pre n n e n t toute leur importance dans le diagnostic. LE TRAITEMENT ORTHOPÉDIQUE Le parage, qui consiste à corriger les anomalies afin que le pied pose à plat au sol, et la ferrure orthopédique constituent le point-

clé de la gestion des chevaux atteints de douleur de la partie postérieure du pied, quelle qu'en soit la cause**. ● Le parage et la ferru re doivent perm e t t re de rétablir l'alignement phalangien et la répartition des contraintes sur l’ensemble de chacune des surfaces articulaires, d’augmenter la surface d'appui en région postérieure pour éviter les tensions sur le fléchisseur profond du doigt, en limitant l'hyper-extension interphalangienne distale en fin de phase d’appui. Ceci est réalisé en évitant que les talons ne s'enfoncent dans le sol meuble. - L'utilisation d’une ferrure légère type “fer en œuf” en alliage léger (parfois compensée en région postérieure lors de rupture de l’axe phalangien, et toujours en augmentant le biseau et le relevé en pince) permet un meilleur envol du pied, évite la pression sur la fourchette, tout en augmentant la surface d'appui postérieure. Néanmoins, la compensation en talons n’est souvent préconisée qu’en phase initiale, pour une période limitée si l’alignement phalangien n’est pas respecté, car cette ferrure favorise à long terme une certaine rétraction tendineuse du fléchisseur profond du doigt. - L'utilisation d'un fer à l'envers se justifie également, dans la mesure où elle permet de faciliter encore plus l'envol du pied, donc limite l'hyper-extension interphalangienne distale lors de la phase postérieure de la foulée. - D ’ a u t res ferru res type N.B.S. (natural balance shoe) légèrement reculée sous le pied favorise également le départ du pied dans toutes les directions (ro l l i n g sur l’ensemble de la rive externe du fer). ● Lors d'affections tendineuses ou ligamentaires asymétriques, le but est d'éviter les tensions sur le ligament incriminé. Ceci peut être réalisé par une augmentation de la largeur du fer ou de la branche du côté de la lésion.

Savoir traiter le syndrome podo-trochléaire chronique en fonction des différentes situations.

1

Contrôle radiographique lors d’injection de la bourse podo-trochléaire (photo P. Heiles).

NOTES * Cf. “Conduite à tenir thérapeutique devant les plaies synoviales chez les équidés de M. Schambourg et “Consultation initiale : les premiers soins lors de plaies chez les équidés d’O. Geffroy dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine n° 4, pages 277-80 et 274-6. ** Cf. article de L.-M. Desmaizières, “Maréchalerie orthopédique et boiterie chronique du pied chez le cheval”, dans ce numéro.

Essentiel ❚ Le parage et la ferrure orthopédique constituent le point-clé de la gestion des chevaux atteints de douleur de la partie postérieure du pied. ❚ Le traitement médical doit permettre de soulager l’animal, d’éviter toutes complications sur le membre contro-latéral.

LE TRAITEMENT MÉDICAL Le traitement médical doit perm e t t re de diminuer au maximum les signes cliniques observés lors de la phase d’exacerbation afin de soulager l’animal, d’éviter toutes complications sur le membre controlatéral, en cas de boiterie fortement invalidante en rétablissant un appui correct sur le membre atteint (encadré 1).

CHEVAL

33

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 113


maréchalerie orthopédique et boiterie chronique du pied

Louis-Marie Desmaizières Bruno Baup

chez le cheval

Cet article présente les fers orthopédiques adaptés aux exigences médicales lors de différents types de boiteries chroniques chez le cheval.

Q

uelques mesures générales de parage concernent, d’une part, le respect des talons et, d’autre part, le parage à plat, en particulier pour les chevaux à parois dissymétriques. Pour ces animaux, il est nécessaire de rétablir un parallélisme entre la face solaire de la phalange et le sol, mais aussi de rétablir, autant que faire se peut, une symétrie dans l’axe des parois. ● Ces notions, déjà décrites dans un article consacré à la gestion des défauts d’aplombs du pied* peuvent être transposées à la maréchalerie orthopédique des affections chroniques du pied. ● D ’ a u t res mesures viennent s’ajouter à ces règles générales : augmenter la surface portante en talons, favoriser le départ du pied, diminuer les contraintes latérales, diminuer la résonance, et améliorer l’amortissement. ● Les mesures de maréchalerie orthopédique à mettre en place en fonction de l’affection rencontrée sont présentées dans le tableau ci-après. AUGMENTER LA SURFACE PORTANTE EN TALONS Le fer en ovale (ou en œuf)

Le fer en ovale (ou en œuf) permet d’augmenter la surface portante en talons en joignant les deux branches par une barre appelée planche (photo 1). ● L’ e ffet est de diminuer l’enfoncement des talons dans le sol, mais il ne se produit que dans un sol meuble. Ce fer permet de limiter l’extension interphalangienne distale (intéressant en cas d ’ a rt h ropathie dégénérative), et ainsi de soulager le tendon fléchisseur pro f o n d , donc les contraintes sur l’os naviculaire, ce qui est utile dans plusieurs formes du syndrome podo-trochléaire**. ● Même s’il semble idéal dans son principe, ce fer ne l’est pas toujours, pour deux raisons : 1. l’extrémité palmaire du fer doit être plus ●

Clinique vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

Objectif pédagogique

ou moins reculée en arrière des talons pour ne pas mettre la fourchette en appui afin de ne pas appuyer en regard de l’os naviculaire ; 2. la position très reculée favorise le déferrage si le cheval se forge, et la forme en œuf p roduit le même effet par ventouse dans un terrain collant. Il est donc nécessaire de laisser des cloches au cheval, et il est conseillé de placer une plaque de cuir pour limiter l’effet ventouse. ● De plus, à terme, ce type de fer écrase les talons. Il est donc conseillé de les retirer en période d’hiver ou de repos du cheval.

Proposer des fers orthopédiques adaptés lors de boiterie chronique chez le cheval.

1

Le fer en ovale (ou en œuf) augmente la surface portante en talons en joignant les deux branches par une barre appelée planche (photos L.-M. Desmaizières).

Le fer à couverture large en éponge Même si son effet n’est pas aussi marqué, il est préférable d’utiliser un fer à couvert u re large en éponge (à oignons) avec une pince étroite plutôt qu’un fer ovale (photo 2). ● Ce type de fer est aussi utilisé à la suite du fer en œuf dans le cadre d’une rééducation. ●

FAVORISER LE DÉPART DU PIED Trois moyens sont très utiles pour gérer la p l u p a rt des affections ostéo-art i c u l a i res chroniques du pied : 1. t ronquer la pince, en particulier pour les chevaux à conformation pince longue-talons fuyants ; 2. reculer le fer ; 3. faciliter la bascule du pied (effet “rolling”). ● Couplées au tronquage de la pince, ces mesures permettent de diminuer considérablement les contraintes sur les structures ostéo-art i c u l a i res lorsque le pied quitte le sol (bascule du pied au départ du sol). ● D i ff é rents fers mécaniques sont désormais à notre disposition pour augmenter ou favoriser le départ du pied : - les fers N.B.S. (“new balance shoe”) (photo 3) : issus de l’étude du pied des chevaux sauvages, ces fers à pince carrée, très reculés, sont un peu délicat à poser les prem i è res fois, mais demeurent une bonne alternative au fer en œuf ; NOTES ●

2

Fer à couverture large en éponge (à oignons) avec plaque amortissante SideWinder®.

3

Un peu délicat à poser, le fer N.B.S. est une bonne alternative au fer en ovale.

CHEVAL

* Cf. articles de B. Baup et L.-M. Desmaizières. “La gestion orthopédique des asymétries de pied chez le cheval” et “L’examen des aplombs chez le cheval adulte” d a n s LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine, 2004;2:132-3 et 86-8. ** Cf. article de P. Heiles, "Traitement du syndrome podo-trochléaire chez le cheval", dans ce numéro.

39

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 119


les douleurs chroniques des pieds chez l’âne et le mulet

Ahmed Chabchoub Mohamed El Messaoudi Amel El Goulli Faouzi Landolsi S e rvice de pathologie médicale équine École nationale de médecine vétérinaire Sidi-Thabet, 2020 Tunisie

Les ânes et les mulets peuvent être victimes d’affections aux pieds, congénitales ou acquises. Ces affections et ces malformations entraînent de mauvaises positions, qui génèrent des douleurs aux pieds.

P

resque toutes les affections du pied p rovoquent une boiterie, dont l’intensité est toujours en rapport avec la gravité des lésions. Cet article résume les moyens diagnostiques et présente les affections à l’origine de douleurs. L’EXAMEN DE L’ANIMAL ET LES SIGNES CLINIQUES

La boiterie est plus accusée lorsque l’équidé pro g resse sur un chemin dur plutôt que sur un terrain meuble ou sur du gazon. ● Le mulet et l’âne expriment moins la douleur que le cheval [6]. ● Aussi, il convient de tenir compte de manifestations cliniques souvent plus discrètes [3]. Le pro p r i é t a i re doit bien observer et connaître son animal pour détecter tout signe éventuel d’affection. ● À l’inspection du pied, des symptômes locaux significatifs sont souvent constatés (figure 1). ● Les maladies de nature congestive ou inflammatoire s’accompagnent de rougeur, de chaleur, de tuméfaction et de douleur. Ces signes sont surtout observés dans la région de la couronne [6]. Moins expressive que chez le cheval, la douleur existe néanmoins presque toujours. ● Il est conseillé de percuter et de comparer les deux pieds. La percussion du pied atteint révèle une douleur vive et des réactions qui ne se re m a rquent pas en percutant le pied sain. ● La douleur se manifeste vivement lors de l’enlèvement du fer, et les percussions sur les rivets et les pressions exercées sur la région plantaire par les joues des tricoises provoquent de violents mouvements de retrait du membre. ● Lorsque les tissus situés sous la corne du sabot sont le siège de graves altérations, ●

Essentiel ❚ À l’examen, percuter les deux pieds de l’animal pour bien les comparer. ❚ L’âne est plus souvent victime de déformations du sabot que le cheval. ❚ Les ânes qui ne travaillent pas sont les plus affectés : en l’absence de curage par les propriétaires, les pieds ne s’usent pas.

ÂNE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 122 - SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005

42

Figure 1 - Principaux signes locaux lors de boiteries Le clinicien recherche les signes suivants : - un décollement partiel du sabot - des fistules de la couronne - des cercles ou des fissures de la muraille - l’absence d’un rivet ou sa situation trop élevée sur la paroi - la présence d’un corps étranger - la perforation de la sole - l’atteinte de la fourchette, etc.

des troubles fonctionnels surviennent. Ils sont plus ou moins importants en fonction de l’intensité de l’atteinte et de la susceptibilité des animaux. Une fièvre se déclenche, un s y n d rome en “hyper” se développe et les muqueuses de l’animal sont congestionnées. L’âne ou le mulet adopte parfois une position décubitale et fait entendre des plaintes fréquentes et prolongées. LES AFFECTIONS À L’ORIGINE DE DOULEUR DU PIED Les affections à l’origine de douleurs aux pieds chez l’âne et chez le mulet, classées par ordre décroissant de fréquence [5, 7], sont : - l’abcès du pied ; - les déformations des sabots par défaut de parage ; - la fourchette échauffée et pourrie ; - la fourbure ; - la fourmilière ; - le crapaud ; - la fissure des sabots ; - la contusion de la sole ; - la contracture du tendon fléchisseur profond ; - l’inflammation de la corne du sabot ; - l’ostéite du pied (figure 2). ● Il convient de distinguer dans ces aff e ctions celles qui sont communes au cheval et à l’âne et celles qui sont beaucoup plus répandues chez l’âne et chez le mulet (l’inflammation de la corne du sabot, la crapaud, la contracture du tendon fléchisseur profond). ●

Les affections communes au cheval et à l’âne L’abcès du pied

L’abcès du pied dû à un clou de rue constitue la cause la plus fréquente de boiterie


principe actif

l’isoxsuprine

Mohamed Yassine Mallem Marc Gogny Unité de pharmacologie et toxicologie E.N.V.N., BP 40706 44307 Nantes cedex 03

A

gent de synthèse doté de propriétés relaxantes puissantes sur le muscle lisse, l’isoxsuprine est utilisée en médecine vétérinaire : - chez le cheval, comme agent vasodilatateur périphérique (chlorhydrate d’isoxsuprine, en administration orale pendant plusieurs semaines) ; - chez les équins, les bovins et les carn i v ores, comme agent tocolytique (lactate d’isoxsuprine, en administration intramusculaire ou intraveineuse). ● Son caractère part i c u l i è rement "adhésif" est responsable de sa forte rétention dans l’organisme et de son excrétion prolongée sous forme conjuguée dans les urines. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique L’isoxsuprine est rapidement absorbée et distribuée chez l’Homme, le chien et le cheval. Lors de l’administration orale du chlorh ydrate d’isoxsuprine, les pics sériques sont atteints, chez le cheval, après huit heures. ● Au contraire de l’Homme, la biodisponibilité orale dans l’espèce équine est très faible (2,2 p. cent), sans doute en raison d’une forte et rapide conjugaison hépatique. ●

PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES chimique : 4-[1-hydroxy-2-(1-phenoxypropan-2ylamino)propyl]phenol hydrochloride. Deux formes galéniques sont connues : le chlorhydrate d’isoxsuprine et le lactate d’isoxsuprine. ● Dénomination commune internationale : Isoxsuprine. ● Noms commerciaux : Duphaspasmin®, Duvadilan®*, Vasodilan®*. ● Structure et filiation : - L’isoxsuprine est un composé dérivé de la phényléthylamine dont la stru c t u re chimique s’apparente, d’une part, à celle de la noradrénaline et de l’adrénaline et, d’autre part, à celle de la papavérine. - La présence d’un seul hydroxyle sur le noyau aromatique (au lieu de deux dans la noradrénaline ou l’adrénaline) confère à l’isoxsuprine une stabilité métabolique et une action prolongée par inhibition du recaptage extraneuronal. - De plus, la substitution d’un groupement méthyle sur le carbone α et l’addition d’un groupement

L’administration per os de 0,6 à 1,2 mg/kg de chlorhydrate d’isoxsuprine à des chevaux toutes les 12 h pendant quatre à dix jours n’induit pas d’effet pharmacologique notable, malgré une forte concentration plasmatique de la forme conjuguée. ● En revanche, l’administration par voie intraveineuse (I.V.) de 0,6 mg/kg induit une tachyc a rdie et une forte baisse de la résistance vasculaire systémique pendant 30 à 60 min. ● Après une administration I.V., la demi-vie plasmatique de l’isoxsuprine libre est de 2,67 h. Un volume de distribution apparent de 10,5 l/kg et une clairance plasmatique totale de 53 ml/kg/min suggèrent une large distribution extravasculaire et une élimination rapide. ● Après administration intramusculaire (I.M.) de lactate d’isoxsuprine, les pics sériques sont atteints en moins d’une heure. La distribution se fait dans tous les tissus et en part i c ulier, dans l’utérus. La relaxation utérine intervient 10 à 15 min et se maintient pendant plus de 2 h. Cet effet est neutralisé par l’ocytocine. ● Presque toute l’isoxsuprine administrée subit une sulfo- et une glucurono-conjuguaison hépatique. L’isoxsuprine est éliminée rapidement, surtout par voie urinaire. ● Chez le cheval, elle peut être détectée dans les urines plusieurs semaines après la fin de l’administration orale. ●

Figure - Structure de l’isoxsuprine

● Dénomination

lourd sur la fonction amine lui confèrent une sélectivité pour les récepteurs béta-adrénergiques. - La présence d’un seul hydroxyle sur le noyau aromatique entraîne une liposolubilité accrue et le passage dans le système nerveux central avec des effets stimulants. ● Caractéristiques : - Le chlorhydrate d’isoxsuprine est une poudre blanche cristalline inodore, insoluble dans l’eau, mais bien soluble dans l’éthanol. - Le lactate d’isoxsuprine est un liquide clair insoluble dans l’eau mais soluble dans l’alcool benzylique.

Classes pharmacologiques - Agoniste β2-adrénergique - Antagoniste α1-adrénergique - Agent vasodilatateur - Agent tocolytique - Agent rhéologique

Indications ❚ Induction de la tocolyse ❚ Maladie naviculaire et sésamoïdite

gestion Le flacon de 20 ml de lactate d’isoxsuprine coûte 5,97 e (prix indicatif centrale H.T.)

Essentiel ❚ En raison de ses effets agonistes β2-adrénergiques, l’isoxsuprine est considérée comme un agent dopant : elle fait partie de la liste des substances prohibées chez les chevaux de course. ❚ Grâce à son action antispasmodique utérine, le lactate d’isoxsuprine permet : - de lutter contre les douleurs des contractions utérines ; - de faciliter les manœuvres obstétricales ; - de limiter les complications infectieuses.

RUBRIQUE

* Spécialités humaines.

47

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 127


nutrition

les foins dans l’alimentation chez le cheval

Souvent utilisé une bonne partie de l’année dans l’alimentation des chevaux, le foin permet de constituer des stocks de fourrage pour les périodes où la pousse de l’herbe est faible ou nulle, en été et en hiver.

L

e foin est un aliment plus grossier (plus riche en cellulose brute) que l’herbe, moins riche en énergie, en protéines, en minéraux et en vitamines. ● Les foins sont des fourrages, obtenus de façon usuelle par dessication de l’herbe spontanément ou artificiellement. Le foin présente ainsi une valeur nutritionnelle qui dépend d’abord de celle de l'herbe, puis de la qualité de sa fabrication et de sa conservation (encadré 1). ● Cet article présente une méthode pour c o n n a î t re la valeur alimentaire d’un foin. Il décrit l’utilisation et les perf o rmances permises, et analyse le cas particulier des foins enrubannés. COMMENT CONNAÎTRE LA VALEUR ALIMENTAIRE D’UN FOIN ? Il est très difficile d’établir une composition moyenne pour un foin. Deux solutions sont possibles : - apprécier le foin, puis extrapoler sa valeur alimentaire à partir de tables de composition chimique [1] ; - faire réaliser une analyse de sa composition chimique. ● Dans tous les cas, il est nécessaire d’examiner le plus de bottes de foin possible, en les ouvrant, ce qui peut être contraignant pour le client, 8 à 10 semaines après la fabrication du foin car, auparavant, des transformations, surtout liées à des fermentations, sont encore possibles (photo 1). ● Avant d’apprécier le foin, le vétérinaire doit p ro g resser par palier, et déterminer l’identité de la prairie, le stade où l’herbe a été coupée, la fabrication et la conservation du foin (encadré 2). ● Cette enquête minutieuse doit être réalisée pour éviter de distribuer à des chevaux des foins de piètre qualité et/ou toxiques. ●

Nathalie Priymenko Unité pédagogique d’alimentation et de botanique appliquée E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex 03

Objectif pédagogique Évaluer la qualité et les performances d’un foin dans l’alimentation du cheval.

1

Balle de foin de prairie permanente de bonne qualité : ouvrir le plus de bottes de foin possible pour apprécier sa qualité (photo N. Priymenko).

Elle permet aussi d’identifier un foin et de prévoir sa valeur en le comparant, dans les tables alimentaires, à un foin de même type. Elle ne se substitue pas à l’analyse de laboratoire (encadré 3). L’UTILISATION ET LES PERFORMANCES PERMISES D’une manière générale, pour des prairies fauchées autour du stade idéal, c’est-à-dire en pleine épiaison pour les graminées (50 p. cent des épis sont visibles) et au stade bourgeon floral pour les légumineuses, les foins contiennent environ (tableau 1) : - pour les prairies permanentes de plaine, 40 à 80 g de matière azotée digestible cheval (M.A.D.c.), ce qui est 10 p. cent inférieur aux prairies de montagne, qui contiennent moins d’énergie. La valeur énergétique d’une prairie de plaine est d’environ 0,52 à 0,66 unités fourrage cheval (U.F.c.). - la luzerne contient plus de M.A.D.c. que les prairies permanentes (+ 20 à 25 p. cent), mais moins d’énergie (- 10 p. cent) (photo 2). - le foin de Crau contient 30 à 50 p. cent de graminées et 25 à 35 p. cent de légumineuses et autres espèces, ce qui lui confère une valeur alimentaire élevée, notamment en calcium. Il est issu de prairies irriguées de la région d’Arles (Bouches-du-Rhône). ● Lorsqu’il est consommable, un foin, même m é d i o c re, permet en général de couvrir les besoins d’entretien du cheval. En revanche, pour un cheval au travail, il convient de choisir, soit un très bon foin de prairie naturelle (foin de Crau), soit un foin de ●

49

Essentiel ❚ La valeur nutritionnelle d’un foin dépend de la composition de l'herbe, des conditions de sa récolte et de sa conservation. ❚ Lors de la réalisation du foin par beau temps, au moins 15 à 25 p. cent de la matière sèche de l’herbe est perdue. Ce pourcentage augmente d’environ 40 p. cent par mauvais temps. ❚ Examiner le foin 8 à 10 semaines après sa fabrication car, auparavant, des transformations sont encore possibles.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 129


observation clinique

un cas de harper australien bilatéral en région Rhône-Alpes chez un cheval

L

COMMÉMORATIFS L'animal atteint est un cheval de race Selle français hongre d'environ 15 ans, en bon

Cabinet vétérinaire 11, rue du Professeur-Voron 42410 Pelussin

Objectif pédagogique

Le harper se manifeste par une flexion excessive du jarret et du grasset, lors de chaque mise au soutien du pied. Dans cette observation, réalisée dans le massif du Pilat, à l’ouest de Vienne, un cheval est atteint de la forme australienne bilatérale. e pro p r i é t a i re de deux chevaux de race Selle français nous appelle, le 20 octobre 2003, pour traiter un engouement de l'œsophage. Les signes d'obstruction œsophagienne (rejet de salive teintée d'aliments par la bouche et les nasaux) sont apparus dès la fin du repas de granulés, et ont persisté plus d'une heure. ● À notre arrivée, les symptômes ont disparu. Un sondage naso-œsophagien nous permet de contrôler la résolution de l'engouement. Nous prescrivons : - un traitement anti-inflammatoire à la flunixine (Finadyne®) pendant 5 jours à raison de 1mg/kg/jour (une administration par voie intraveineuse, suivie d'une prise orale quotidienne), pour limiter les risques de sténose œsophagienne cicatricielle ; - un traitement antibiotique pendant 7 jours (sulfamide et triméthoprime, une administration intraveineuse de 40 ml de Borgal 24 %®, suivie de six prises orales d’Avémix n°150® à raison de 100 g par jour) pour prévenir une éventuelle pneumonie par aspiration. Nous recommandons de supprimer tout apport de foin et de granulés pendant 5 à 7 jours. ● Dix jours après la première consultation, le propriétaire nous rappelle, très inquiet : il a re m a rqué une raideur apparue le surlendemain des injections. Les difficultés locomotrices se sont accentuées de façon régulière et son cheval ne peut presque plus se déplacer : “Les postérieurs sont tout raides”. Étant donnée la succession des événements, il met en cause le traitement administré, et pense à une intolérance médicamenteuse.

Jean-François Jamet

Diagnostiquer et soigner un harper bilatéral chez un cheval.

Hypothèses diagnostiques 1

❚ Syndrome de harper

Flexion spasmodique du postérieur droit lors de la tentative de marche. - Noter l’hyperflexion du membre, qui touche presque l’abdomen. Le membre est maintenu un court instant dans cette position, avant de redescendre brutalement sur le sol (photos J.-F. Jamet).

australien bilatéral. ❚ Accrochement de la rotule. ❚ Syndrome du trembleur “shivering”.

2

Hyperflexion du postérieur droit. - Noter le faciès douloureux qui accompagne la montée du membre.

état corporel. Il pâture le même pré chaque année, dans le massif du Pilat, avec une jument de même type, un peu plus âgée. ● Leur pro p r i é t a i re leur apporte du foin de pré (environ 8 kg par jour pour les deux chevaux) et 2 l d’un aliment granulé du commerce une fois par jour. ● Les deux chevaux ne travaillent pas.

3

Montée brusque du postérieur gauche. - Noter l’hyperextension du membre droit : ce dernier vient d’être ramené brutalement au sol tandis que le postérieur gauche subit une flexion involontaire et brusque.

EXAMEN CLINIQUE

Essentiel

À l'examen en mouvement, le cheval plie successivement chaque postérieur de man i è re brusque, excessive et pro l o n g é e , jusque sous l’abdomen, puis le projette vers le bas et frappe le sol tandis que le membre c o n t rolatéral présente à son tour une flexion spasmodique. Cette marche saccadée, très lente, semble lui occasionner de la souffrance ("faciès douloureux") (photos 1 à 3). ● L'examen au repos ne révèle aucune anomalie, ni lors de l'examen général ni lors de l'examen des membres. Lorsqu'il ne se déplace pas, l'animal présente un habitus et un comportement alimentaire normaux (photo 4).

❚ Le harper australien

53

est surtout observé après des chaleurs exceptionnelles. ❚ Il est associé au pâturage de prairies envahies par des porcelles enracinées.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 133


ophtalmologie gestion thérapeutique Olivier Bisseaud Clinique équine du Forez La Basse-Cour 42210 L’Hôpital-le-Grand

Objectif pédagogique Traiter les plaies de l’œil et de ses annexes chez les équidés.

Essentiel ❚ Le bilan d’extension visuel permet de vérifier l’intégrité de la tunique cornéenne, des structures intra-oculaires, des voies visuelles de l’œil atteint et des structures extra-oculaires. ❚ Examiner l’œil adelphe. ❚ Rechercher une éventuelle atteinte nerveuse.

NOTE * Cf. “Anesthésies locales et blocs loco-régionaux utilisables lors de suture de plaie chez chez les équidés” d’E. Moreau et O. Bisseaud, dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine N°4, févriermai 2005, pages 259-62.

Geste ❚ Face à une plaie de la sphère oculaire, pratiquer l’examen clinique avec précaution : ne pas forcer l’ouverture palpébrale manuellement, sans akinésie chimique préalable.

RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 138 - SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005

d’une plaie de la sphère oculaire

chez les équidés Lors de plaie oculaire chez les équidés, le praticien intervient souvent en urgence. Néanmoins, l’examen clinique doit être pratiqué minutieusement et avec méthode. Une anesthésie adéquate est indispensable.

L

a position proéminente latérale du globe oculaire et de l’orbite expose les équidés aux plaies et aux traumatismes. La paupière supérieure, la cornée et l’arcade zygomatique sont souvent concernées. Cependant, les lésions associées, dues à la forme ovale du globe oculaire : contusion et atteinte des stru c t u res intra-oculaires, voire ru p t u re du globe, ne doivent pas être négligées. ● Face à une plaie de la sphère oculaire, il convient de pratiquer l’examen clinique avec précaution : ne forcer en aucun cas l’ouvert u re palpébrale manuellement, sans akinésie chimique préalable du muscle orbiculaire de l’œil (encadré 1). Les risques d’éviscération sont trop importants. COMMENT EFFECTUER LE BILAN D’EXTENSION LÉSIONNEL Le bilan d’extension lésionnel doit avant tout vérifier l’intégrité de la tunique cornéenne, des stru c t u res intra-oculaires (cristallin, uvée, vitré et rétine), des voies visuelles de l’œil atteint et des stru c t u res extra-oculaires (orbitaires et osseuses), sans oublier l’œil adelphe et toute atteinte nerveuse éventuelle lors de polytraumatisme cranio-facial

(atteinte cérébrale lors de fracture par enfoncement, atteinte du nerf facial, …). ● Les examens à mettre en œuvre sont : - l’examen visuel ; - les tests neurologiques ; - le test à la fluorescéine ; - l’examen échographique ; - l’examen radiographique (encadré 2). CONDUITE À TENIR DEVANT LES LACÉRATIONS DES PAUPIÈRES Les lacérations des paupières concernent surtout la paupière supérieure. Deux règles sont à respecter : 1. toute lacération qui touche le bord palpébral doit être traitée par la chiru rgie en 1re intention ; 2. aucun tissu palpébral, même d’aspect non viable, ne doit être excisé : la tunique f i b reuse, la conjonctive et le bord palpébraux doivent être reconstitués. En effet, les risques de malformation cicatricielle (entropion, ectropion) sont importants et peuvent entraîner un ulcère cornéen ou une kératite d’exposition. ● Dans l’attente du vétérinaire, des compresses froides appliquées sur la plaie limitent l’hémorragie, souvent abondante. Attention, il convient d’éviter la glace. ● Après le retrait minutieux des débris et des corps étrangers, le débridement chiru rgical se fait à la compresse sèche, jusqu’à obtenir des marges de plaie saines. Alterner avec une irrigation de solution isotonique tiédie. ●

Cas d’une plaie de moins de 12 heures ●

Une plaie datant de moins de 12 heure s

Encadré 1 - Recommandations pour l’anesthésie de l’œil ● La

qualité de la sédation et des blocs loco-régionaux (notamment auriculo-palpébral et supra-orbitaire) est essentielle*. ● L’akinésie du globe oculaire s’obtient grâce au bloc nerveux rétro b u l b a i re , p ro c é d u re récemment décrite par Gilger, et très intéressante chez le cheval debout : - après antisepsie, un cathéter spinal (Spinocan® 0,9 x 75 mm) est inséré dans la fosse orbitaire , perpendiculairement au crâne, caudalement au re b o rd orbitaire dorsal et avec une inclinaison caudale au globe oculaire ;

58

- dès que le fascia du cône rétrobulbaire dorsal est atteint, un petit mouvement dorsal de l’œil est noté : 10 à 12 ml de lidocaïne 2 p. cent sont injectés dans l’espace rétrobulbaire, ce qui entraîne une légère exophtalmie ; - l’effet s’installe en 5 à 10 min et persiste 1 à 2 h. La perte temporaire des sensations oculaires, du réflexe de clignement et de la vision impose de placer l’animal dans la pénombre et de lui appliquer des protecteurs oculaires (Ocrygel®) durant deux à quatre heures après ce bloc.


revue internationale les articles parus ce dernier trimestre classés par thème CARDIO-RESPIRATOIRE ● Wong

DM, Buechner-Maxwell VA, Manning TO, Wa rd DL. Comparison of results for intraderm a l testing between clinically normal horses and horses affected with re c u rrent airway obstruction. AJVR 2005;66(8):603-5,1348-55. ● Brown JA, Derksen FJ, Stick JA, Hartmann WM, Robinson NE. Laser Vocal Cordectomy Fails to Effectively Reduce Respiratory Noise in Horses with L a ryngeal Hemiplegia. Vet Surg 2005;37(3):247-52. ● We s t e rmann CM, Laan TT, van Nieuwstadt RA, Bull S, Fink-Gremmels J. Effects of antitussive agents administered before bronchoalveolar lavage in horses. AJVR 2005;66(8):603-5,1420-4. ● Lankenau C. The effects of single acupuncture t reatment in horses with severe recurrent airway obstruction. Equine Vet J 2005;37(4):359. ● Ryan CA, Sanchez LC, Giguere S, Vi c k roy T. Pharmacokinetics and pharmacodynamics of pantoprazole in clinically normal neonatal foals. Equine Vet J 2005;37(4):336-41. ● Hoffman AM, Swanson LG, Bruns SJ, Kuehn H, Bedenice D. Effects of tension of the girth strap on re s p i r a t o ry system mechanics in horses at rest and during hyperpnea induced by administration of lobeline hydrochloride. AJVR 2005;66(7):6035,1167-74.

DIGESTIF ● Abutarbush

SM, Naylor JM. Comparison of surgical versus medical treatment of nephrosplenic entrapment of the large colon in horses: 19 cases (1992–2002). JAVMA 2005;227(4):603-5 ● Mair TS, Smith LJ. Survival and complication rates in 300 horses undergoing surgical treatment of colic. Part 1: Short - t e rmsurvival following a single laparotomy. Part 2: Short-term complications. Part 3: Long-term complications and survival. P a rt 4: Early (acute) relaparotomy. Equine Vet J 2005 Jul;37(4):296-318. ● We rners AH, Bull S, Fink-Gremmels J. Endotoxaemia: a review with implications for the horse. Equine Vet J 2005;37(4):371-83. ● P roudman CJ, Edwards GB, Barnes J, French NP. Modelling long-term survival of horses following surg e ry for large intestinal disease. Equine Vet J 2005;37(4):366-70. ● P roudman CJ, Edwards GB, Barnes J, French NR. Factors affecting long-term survival of horses recovering from surg e ry of the small intestine. Equine Vet J 2005;37(4):360-5. ● Rendle DI, Woodt JL, Summerhays GE, Walmsley JP, Boswell JC, Phillips TJ. End-to-end jejunoileal anastomosis following resection of strangulated small intestine in horses: a comparative study. Equine Vet J 2005;37(4):356-9.

● White NA, Elward A, Moga KS, Ward DL, Sampson DM. Use of web-based data collection to evaluate analgesic administration and the decision for surgery in horses with colic. Equine Vet J 2005;37(4):347-50. ● Latson KM, Nieto JE, Beldomenico RM, Snyder JR. Evaluation of peritoneal fluid lactate as a marker of intestinal ischaemia in equine colic. Equine Vet J 2005;37(4):342-6. ● Little D, Tomlinson JE, Blikslager AT. Post operative neutrophilic inflammation in equine small intestine after manipulation and ischaemia. Equine Vet J 2005;37(4):329-35. ● F reeman DE, Schaeffer DJ. Short - t e rm surv i v a l after surg e ry for epiploic foramen entrapment c o m p a red with other strangulating diseases of the small intestine in horses. Equine Vet J 2005;37(4):292-5. ● Merritt A. Where does the subject of black walnut extract-induced laminitis fit into a colic symposium ? Equine Vet J 2005;37(4):289-91. ● Mair TS, White NA. Improving quality of care in colic surgery: time for international audit? Equine Vet J 2005 Jul;37(4):287-8. ● M o o re JN. Five decades of colic: a view fro m thirty-five years on. Equine Vet J 2005;37(4):285-6. ● Hinchcliff KW, Rush BR, Farris JW. Evaluation of plasma catecholamine and serum cort i s o l concentrations in horses with colic. JAVMA 2005;227(2):276-80.

LOCOMOTEUR

rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 et Louis-Marie Desmaizières2 1 Département hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Clinique

vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

DENTISTERIE ● C a rmalt

JL, Cymbaluk NF, Townsend HGG. Effect of premolar and molar occlusal angle on feed digestibility, water balance, and fecal particle size in horses. JAVMA 2005;227(1):110-3.

NEUROLOGIE ● Pellegrini-Masini

A, Bentz AI, Johns IC, Parsons CS, Beech J, Whitlock RH, Flaminio MJBF. Common variable immunodeficiency in three horses with presumptive bacterial meningitis. JAVMA 2005;227(1):114-22.

CHIRURGIE ● D u c h a rme-Desjarlais

M, Céleste CJ, Lepault É, T h e o ret CL. Effect of a silicone-containing dressing on exuberant granulation tissue formation and wound repair in horses. AJVR 2005;66(7):6035,1133-9. ● Norman TE, Chaffin MK, Johnson MC, Spangler EA, Weeks BR, Knight R. Intravascular hemolysis associated with severe cutaneous burn injuries in five horses. JAVMA 2005;226(12):2039-43. ● Patterson G, Morley PS, Blehm KD, Lee DE, Dunowska M. Efficacy of directed misting application of a peroxygen disinfectant for environmental decontamination of a veterinary hospital. JAVMA 2005;227(4):597-602.

ANESTHÉSIE ● Farstvedt

● Schoonover

MJ, Jann HW, Blaik MA. Quantitative comparison of three commonly used tre a tments for navicular syndrome in horses. AJVR 2005;66(7):603-5,1247-51. ● Florin M, Arz d o rf M, Linke B, Auer JA. Assessment of Stiffness and Strength of 4 Diff e rent Implants Available for Equine Fracture Treatment: A Study on a 20° Oblique Long-Bone Fracture Model Using a Bone Substitute. Vet Surg. 2005;37(3): 231-8. ● Hewes CA, Schneider RK, Baszler TV, Oaks JL. Septic arthritis and granulomatous synovi tis caused by infection with Mycobacterium avium complex in a horse. JAVMA 2005;226(12):2035-8. ● Xie H, Colahan P, Ott EA. Evaluation of elect ro a c u p u n c t u re treatment of horses with signs of c h ronic thoracolumbar pain. JAVMA 2005;227(2): 281-6. ● Judy CE, Galuppo LD. Evaluation of iatro g e n i c h e m a rt h rosis of the metacarpophalangeal joint as a method of induction of temporary reversible lameness in horses. AJVR 2005;66(6):603-5,108489.

EG, Hendrickson DA. Intraoperative pain responses following intraovarian versus mesovarian injection of lidocaine in mares undergoing laparoscopic ovariectomy. JAVMA 2005;227(4):593-6. ● Mama KR, Wagner AE, Steffey EP, Kollias-Baker C, Hellyer PW, Golden AE, Bre v a rd LF. Evaluation of xylazine and ketamine for total intravenous anesthesia in horses. AJVR 2005;66(6):603-5,1002-7.

IMAGERIE ● Dyson

SJ, Murray R, Schramme C. Lameness associated with foot pain: results of magnetic resonance imaging in 199 horses (January 2001-December 2003) and response to treatment. Equine Vet J, 2005;37(2):113-21. ● Hoegaerts M, Pille F, De Clercq T, Fulton IC, Saunders JH. Comminuted fracture of the distal sesamoid bone and distal rupture of the deep digital flexor tendon. Vet Radiol 2005;46(3):234-7.

REVUE INTERNAT I O N A L E

65

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 145


synthèse apport de l’I.R.M. dans le diagnostic

et le traitement des boiteries du pied

chez le cheval

L

es praticiens sont souvent confrontés à des boiteries du pied qui sont améliorées par des anesthésies tronculaires digitales distales ou proximales. ● La radiographie est l’examen complément a i re le plus utilisé pour affiner le diagnostic. Toutefois, cet examen manque de sensibilité, et les études qui corrèlent les lésions radiographiques à la douleur font défaut. En outre, une absence d’anomalie radiographique est parfois observée [5]. ● L’échographie permet d’affiner le diagnostic, entre autres, lors de tendinites du tendon fléchisseur digité profond ou de desmites des ligaments collatéraux de l’articulation interphalangienne distale. Cependant, les artéfacts sont nombre u x , l’échographie transfurcale nécessite une préparation fastidieuse et la technique manque de sensibilité. ● La scintigraphie est très sensible pour détecter des remaniements osseux précoces primaires, ou secondaires à des lésions tendineuse ou ligamentaire. Cependant, il est difficile d’établir la nature exacte de la lésion et si elle est à l’origine de douleur. De plus, le développement de la scintigraphie en France est freiné par les contraintes réglementaires. ● Lorsque le diagnostic est imprécis, le traitement mis en œuvre n’est souvent qu’en p a rtie efficace. Ainsi, il est intéressant de f a i re appel à l’imagerie par résonance magnétique (I.R.M.), la technique de référe nce dans le diagnostic des boiteries du pied. ● Dans leur étude, Dyson et al. ont tenté de définir les causes de boiterie du pied identifiées par I.R.M., leur incidence et le résultat des traitements entrepris. MATÉRIELS ET MÉTHODES Les 199 chevaux retenus pour l’étude répondent aux anesthésies tronculaires digitales proximales. Cependant, ils ne présentent pas de lésions évidentes après les examens clinique, radiographique et échographique menés de façon systématique et approfondie. Ils subissent alors une I.R.M. de la région du pied et du pâturon. Les deux pieds sont examinés, même lorsque la boiterie est unilatérale. ● Les traitements mis en œuvre comprennent ●

- de la maréchalerie ; - du repos complet, puis un exercice contrôlé (six mois au minimum pour toutes les lésions primaires de tissus mous) ; - des infiltrations de la bourse naviculaire, de l ’ a rticulation interphalangienne distale ou de la gaine digitée (acide hyaluronique et triamcinolone), pour la plupart des tendinites du tendon fléchisseur digité profond ; - des séries de traitement d’ondes de choc, pour les quelques cas de tendinites du tendon fléchisseur digité profond ou desmites de ligaments collatéraux. Les chevaux sont suivis par téléphone, et pour la plupart, réévalués cliniquement au plus tôt six mois après la mise en œuvre du traitement. RÉSULTATS Huit cas sur les 199 chevaux concernent les membres postérieurs, tous avec une boiterie et des lésions unilatérales. ● Sur les 191 cas de boiterie des membres antérieurs, 77 sont bilatérales : les lésions sont similaires sur les deux membres. ● Une à deux lésions majeures sont décrites sur tous les membres douloureux, aucune sur les membres non douloureux. ● Les résultats précis sont présentés dans le tableau ci-après.

Guillaume Tamba S.C.P. Pénide Clinique équine Haras de la Bécassière Route de Cazaux 33260 La Teste de Buch

Objectif pédagogique Évaluer l’apport de l’I.R.M. dans le diagnostic et dans le traitement des boiteries du pied chez le cheval.

Synthèse d’après l’article de Dyson SJ, Murray R, Schramme C. Lameness associated with foot pain: results of magnetic resonance imaging in 199 horses (January 2001-December 2003) and response to treatment. Equine Vet J, 2005;37(2):113-21.

DISCUSSION : L’I.R.M., DIAGNOSTIC DE CERTITUDE ? Cette étude montre de façon explicite que les causes de boiterie du pied sont nombreuses et peuvent se combiner. Les lésions les plus fréquentes impliquent le tendon fléchisseur digité profond et les ligaments collatéraux de l’articulation interphalangienne distale (dont 74 p. cent le ligament collatéral médial [2]), et non l’os naviculaire. L’expression “syndrome naviculaire” paraît donc incorrecte : en effet, la cause supposée de ce syndrome était une combinaison de remodelage osseux, d’ischémie et d’une bursite chronique entraînant une dégénérescence de l’os naviculaire et de ses structures anatomiques adjacentes [4]. ● Si les autres techniques permettent d’orienter ou d’infirmer un diagnostic des lésions, seule l’I.R.M. donne un diagnostic de certitude et détermine les tissus lésés. ●

Essentiel ❚ L’étude tente de définir les causes de boiterie du pied identifiées par I.R.M., leur incidence et le résultat des traitements entrepris. ❚ Sur les 191 cas de boiterie des membres antérieurs, 77 sont bilatérales. ❚ Cette étude montre que les causes de boiterie du pied sont nombreuses et peuvent se combiner. ❚ Les lésions les plus fréquentes impliquent le tendon fléchisseur digité profond et les ligaments collatéraux de l’articulation interphalangienne distale.

71

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 151


test clinique les réponses

Guy-Pierre Huchette

abcès de pied chronique compliqué

Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade

d’une ostéite septique de la 3e phalange 1 Quelles sont les anomalies visibles sur la radiographie ? La radiographie de face du pied posé sur une cale inclinée à 60° montre la présence d’une zone d’ostéolyse du bord plantarolatéral de la 3e phalange à contour arro n d i , sauf dans sa partie la plus dorsale, où le contour est plus irrégulier. 2 Quel est votre diagnostic différentiel ? ● Le diagnostic différentiel d’une ostéolyse dans cette partie de la phalange inclut : - les lésions de nécrose osseuse, en particulier dans les processus infectieux (abcès sous corné avec ostéite septique) ; - les lésions d’ostéolyse par compression chronique ( p a rmi lesquelles les tumeurs de la boite cornée, en particulier les kératomes), les abcès sous-cornés sans atteintes osseuse ; - les lésions d’ostéolyse par compression compliquées d’une ostéite septique. ● La localisation des lésions varie sur le bord solaire de la 3e phalange pour les abcès, mais la lésion se trouve toujours : - soit en pince, pour un kératome sphérique, à ne pas confondre avec la carène présente sur certains chevaux ; - soit en quartier, pour les kératomes cylindriques : c’est le cas de ce cheval. 3 Quel examen complémentaire effectuer ? ● Des clichés du pied en incidence oblique (pied posé sur cale à 60°) sont réalisés pour mieux objectiver l’atteinte osseuse. Une étendue importante de la lésion est notée. 4 Quel est votre pronostic ? ● La boiterie au pas régresse complètement en trois jours et le cheval reprend le travail après la repousse complète de la corne, huit mois plus tard. ● L’abcès de pied est en général une affection à évolution rapide. Le plus souvent, un parage simple réalisé debout permet de mettre en évidence une zone anormale sur la sole et de drainer l’abcès. Ce cas illustre bien qu’un abcès peut évoluer à bas bruit sans jamais percer s’il est contenu dans des zones à corne dure. ● Seuls les signes radiologiques d’implication de la 3e phalange, apparu assez tardivement ont donné l’indication chirurgicale. Sans signes radiographiques majeurs, il aurait été nécessaire de réaliser un examen scanner ou un I.R.M. du pied pour orienter le diagnostic. ● Un traitement chirurgical agressif est nécessaire pour permettre la guérison d’un abcès

Encadré - Traitement chirurgical et soins post-opératoires ne plus souple Equibuild Vettec®, est placée 1. Le traitement chirurgical ● Le traitement de cette affection passe par l’avulsion de la paroi et de la sole pour explorer la zone. L’ i n t e rvention peut être réalisée debout sous anesthésie locale, mais la localisation postérieure nous a fait choisir une anesthésie générale en décubitus latéral droit. ● En raison de la suspicion d’atteinte septique, et devant la faible diffusion des antibiotiques dans la partie la plus distale du membre, un cathéter est placé dans la veine digitale latérale pour permettre, après la pose d’un garrot proximal au cathéter, de réaliser : - une anesthésie locale, par injection de 100 mg de lidocaïne ; - une perfusion loco-régionale d’antibiotiques (1 g de gentamicine dans 100 ml de Ringer lactate). ● La sole est blanchie et amincie en quartier latéral. Lors du parage, une cavité sous-solaire remplie d’un liquide purulent est découverte (photo 2). Un débridement complet de cet abcès est réalisé : il s’étend sous la quasi-totalité de la sole et sous la paroi du quartier latéral, ce qui oblige à une avulsion partielle de celle-ci. La zone de nécrose osseuse, en regard de la pointe de la fourchette, est curetée (photo 3). Un fer aluminium en œuf, préparé pour la mise en place d’une plaque acier protectrice, est posé. L’avulsion de la paroi est en partie comblée avec de la résine dure Superfast Vettec® pour consolider le pied (photo 4). De la rési-

dans la partie la plus plantaire des lacunes pour étanchéifier le montage (photo 5). Le garrot est retiré, mais le cathéter de la veine digitale est laissé en place. ● Après un rinçage abondant du site, un pansement sec, réalisé avec des compresses stériles, puis un bandage rembourré pied-canon sont mis en place. 2. Les soins post-opératoires ● Le cheval est placé sous flunixine méglumine, à la dose de 1,1 mg/kg une fois par jour pendant sept jours. ● Une perfusion loco-régionale quotidienne de gentamicine est réalisée sous sédation durant 48 h, selon la même technique que précédemment. Le cathéter est retiré après la dernière perfusion, et l’animal placé sous triméthoprime-sulfamides, à la dose de 25 mg/kg deux fois par jour pendant quinze jours. ● Le bandage est changé tous les jours pendant cinq jours, puis remplacé par une plaque en acier de protection boulonnée sur le fer. ● Les soins de plaies consistent d’abord en des irrigations quotidiennes sous pression avec de la povidone iodée diluée, puis en l’application d’Antibiotulle® jusqu’à ce que l’os soit recouvert d’un tissu de granulation. Par la suite, les soins consistent en des douches régulières du site et en l’application de compresses imbibées de povidone iodée de plus en plus concentrée.

2 Lors du parage, une cavité sous-solaire remplie d’un liquide purulent est découverte (photos G.-P. Huchette).

3 Une zone de nécrose osseuse, présente en regard de la pointe de la fourchette, est curetée.

Pour en savoir plus

4

L’avulsion de la paroi est partiellement comblée avec de la résine dure pour consolider le pied.

sans récidives. Le pronostic sportif pour cette affection est bon à excellent. ❒

● Cauvin ERJ, Munroe GA. Septic osteitis of the distal phalanx: findings and surgical treatment in 18 cases. Equine vet J, 1998;30(6):512-9. ● Chan CH, Munroe GA. Treatment of a keratoma in a Clydesdale horse, Ve t e r i n a ry Record, 1997;140:453-6. ● Dyson S, Marks D. Foot pain and the elusive diagnosis. Vet Clin Equine, 2003;19:531-65. ● Honnas CM, Dabareiner RM, McCauley BH. Hoof wall surgery in the horse : approaches to and underlying disorders. Vet Clin Equine, 2003;19: 473-99.

73

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 153


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.